Novembre
1876 -
La neige. - La neige a fait son apparition dans notre ville,
il en est tombé mercredi soir et jeudi dans la nuit. Hier, les toits
étaient entièrement couverts, et le froid persistant l'a maintenue sur
la terre. Aujourd'hui, le thermomètre est descendu à 6 degrés
au-dessous de zéro.
Janvier
1877
-
Naufrage et naufragés. -
Mercredi matin, vers
huit heures, une petite barque du port d'Arromanches, montée par deux
hommes faisant la pêche des huîtres sur le littoral, se trouvait près
de Commes, en face de la dépression des falaises connue sous le nom de la
Goulette, lorsqu'une saute de vent la fit tellement pencher du côté où
se trouvaient les engins de pèche et les cordages quelle chavira. Les
deux hommes tombèrent à la mer. Ils parvinrent heureusement à se
cramponner aux voiles tendues et ensuite à la quille de leur
embarcation.
Avril
1877
-
Récompenses. -
Le Ministre de la marine a
décerné des récompenses pour faits de sauvetage aux personnes ci-après
dénommées, savoir : Eugène-Robert Liot, cordonnier, témoignage de
satisfaction : sauvetage d'un baigneur à Beuzeval le 21 août 1876.
Jean-Jacques
Lamy, matelot, témoignage de
satisfaction : sauvetage des équipages de deux canots chavirés à Arromanches
en septembre et en janvier.
Jacques-Pierre
Simon, préposé des douanes ; médaille de 2ème classe en
argent : sauvetage d'un homme à Grandcamp le I6janvier.
Décembre
1877
-
Disparition. -
Nous
avons signalé la disparition du nommé Hardy, jardinier à la ville
d'Arromanches. Voici de nouveaux détails sur cet événement : Le 24, le
sieur Hardy, âgé de 58 ans, vêtu d'une blouse et d'un paletot et
coiffé d'un chapeau à basse forme, s'arrêta à 6 heures du soir au
carrefour du Pont, en disant à la personne qui l'accompagnait qu'il
allait entrer quelques instants seulement au moulin de l'Islet. Son
compagnon l'ayant attendu vainement pendant une demi-heure, pensa qu'il s
était rendu directement sans lui à Arromanches, et fut très surpris d’apprendre
qu'il n'étais pas entré au moulin de l'Islet.
Depuis
ce jour, le sieur Hardy n'a pas reparu. Pensant que, dans l'obscurité, il
aurait pu tomber dans la rivière, très forte à ce moment,
l'administration municipale, à deux reprises différentes, a fait
explorer soigneusement le lit de la rivière, et même les
recherches ont eu lieu sur le territoire de St-Vigor-le-Grand et de
Vaux-sur-Aure. Ces recherches jusqu'à ce jour, ont été infructueuses.
Hardy s'est-il noyé, comme on peut le croire, ou aurait-il quitté
furtivement le pays ?
Voila
ce que nul ne sait encore. Les personnes qui pourraient donner quelques
renseignements à son sujet sont priées de les transmettre au
commissariat de police de Bayeux.
Juillet
1878
-
Excellente mesure. -
Le Ministre
vient d'interdire dans les écoles communales les quêtes qui s'y font
habituellement sous divers prétextes religieux ou autres. Pendant qu'il y
était, le Ministre aurait bien fait d'interdire aussi les souscriptions
ouvertes dans certaines écoles pour offrir soit à l'instituteur, soit au
curé, un cadeau à l'occasion de leur fête ou anniversaire.
Août
1878
-
Les dangers du bain. -
Un
bien malheureux accident est venu dimanche attrister la population
d'Arromanches. Le sieur Defoy, couvreur à St-Vigor, prenait un bain entre
Arromanches et Fresney, à peine avait-il fait quelques pas dans la mer,
qu'il disparut tout, d'un coup en poussant un cri. Plusieurs personnes
étant accourues, se précipitèrent pour le secourir, mais leurs efforts
furent inutiles, le cadavre de Defoy ne put être retrouvé qu'après une
demi-heure de recherches. On juge de la douleur de sa pauvre femme,
restée avec sa petite fille sur le bord du rivage, elle poussait des cris
déchirants, dans son désespoir, elle voulait se jeter à la mer pour
retrouver son mari. On dut employer la force pour la retenir. Le corps de
Defoy a été rapporté à Saint-Vigor et son inhumation a eu lieu mardi
dans l'église de cette paroisse.
Octobre
1878
-
Instruction. -
Une subvention de 1 200 fr. a
été accordée à Arromanches, et une de 200 fr. à Englesqueville,
pour le service de la gratuité en 1878.
Janvier
1879
-
Récompenses. -
A
M. Jules Malon, témoignage de satisfaction : sauvetage de deux personnes
à Bernières-sur-Mer, le 3 août 1878.
A
M. Jean-Jacques Lamy, matelot, médaille de deuxième classe argent :
sauvetage d'une jeune fille à Arromanches, le 12 août 1878
A
M. Gustave Niard, maître d'hôtel à Saint-Aubin, témoignage officiel de
satisfaction : sauvetage d'un homme à Langrune, le 28 septembre
1878.
Juin
1879
-
Pêche rare. -
Des pêcheurs
d'Arromanches ont capturé un poisson d'une espèce peu répandue
sur nos côtes. Ce poisson, de la famille des squales, qui poursuivait un
banc de maquereaux, mesure 2 mètres 50 de longueur. Sa queue, d'une très
grande dimension, ressemble exactement à la lame d'une faux. Il a été
apporté à la poissonnerie de Bayeux, où on le faisait voir moyennant
rétribution.
Mai
1880 - La grande marée de la semaine dernière.
- La
grande marée du 26 avril a pris des proportions effrayantes : le vent du
nord soufflait sur elle avec une violence peu ordinaire. Sur certains points
du littoral, les digues ont été endommagées. Le vent était si violent,
qu'il fallait des efforts inouïs pour se maintenir debout sur la plage.
Un bateau de pêche a été brisé à Port-en-Bessin, un autre l'a été
à Arromanches, mais il n'y a que des pertes matérielles à déplorer, et
nos braves marins ont pu rentrer sains et saufs au port.
Juillet
1880 -
Fêtes d’Arromanches.
- Tournée magnifique,
fête très réussie, affluence considérable sur la place et dans les
rues, un cirque et quantité de baraques. En raison du nombre des bateaux
concurrents (il y en a eu jusqu'à 10 pour une course), des prix ont dû
êtrè ajoutés : ils étaient offerts par MM. Bertauld, de St-Pierre,
Gravier, de Toustain, Guernier et Tromoulet.
M.
le préfet assistait à la fête. La quête au profit des pauvres, qui a
bien produit, a été faite par Mmes Gravier et Guernier, accompagnées de
MM. Guernier et Strauss, sous-préfet.
A
une heure, on a remis un drapeau aux sapeurs-pompiers, des braves,
esclaves du devoir et de la consigne, au point que l'un d'eux a failli
embrocher sa belle-mère, comme une dinde, parce qu'elle voulait trop
s'avancer pour admirer, le nouveau sous-lieutenant avec son uniforme neuf.
Le conseil municipal tout entier assistait à la cérémonie du drapeau,
sauf l'adjoint, occupé, dit-on, à peindre les poteaux « chasse gardée
» dont il décoré les vingt mètres de terrain dont il est propriétaire
dans la commune. .
Le
soir, retraite aux flambeaux avec l'excellente musique du Breuil et feu d
artifice très réussi : à neuf heures, la commune présentait un coup d'œil
féerique. Toutes les maisons étalent pavoisées et illuminées, à
l'exception de deux ou trois qui en n'éclairant pas ont essayé, sans y
réussir, de jeter un peu d'ombre sur cette fête qui marquera dans les
fastes d'Arromanches.
Janvier
1881
- Postes et télégraphes.
- Un bureau de
postes va être établi à Arromanches.
Mars
1881
- En mer !
- Lundi, à 11
heures du matin, un bateau de pêche d'Arromanches a sombré sous voile en
face Port-en-Bessin. Les trois hommes de l'équipage, qui s'étaient
cramponnés aux avirons, ont été sauvés par le patron Pierre Cudebege,
également d'Arromanches, qui se trouvait à ce moment dans les parages de
l'accident, qui a failli coûter la vie à trois braves marins. On espère
renflouer le bateau.
Août
1883 -
Appel. –
M. Harang, ancien instituteur à
Arromanches, avait été condamné, pour ouverture d'école sans
autorisation, à 1 fr. d'amende. Opposition à été formée à ce
jugement de son côté. Le parquet a fait appel à minima.
Septembre
1883
- Vache furieuse. –
Dimanche
l'après-midi, Mme veuve Corbel, traversant un herbage situé en face de
sa maison, à Arromanches, a été renversée par une vache furieuse, qui
se mit à la piétiner et la labourer avec ses cornes. Heureusement pour
elle, le nommé François Lefèvre put entendre ses cris, et se
précipiter à son secours, armé d'un maillet en bois, il attaqua
violemment la vache à la tète et il fut assez heureux pour dégager la
victime qui est âgée de 82 ans, et qui sera quitte pour quelques
contusions.
Août
1885 -
Noce d’or.
-
On a
célébré, dans l'église d'Arromanches, au milieu d'une affluence
considérable, les noces d'or d'un marin, bien connu des baigneurs, le
père Jean Guérard, ancien patron de pèche, retraité de la marine.
Avril
1887 -
Recensement des chevaux. -
Il sera procédé, du 15 mai
au 13 juin 1887, à l'inspection et au classement : 1° de tous les
chevaux et juments âgés de 6 ans et au-dessus, de tous les mulets et
mules de 4 ans et au-dessus (l'âge se compte à partir du 1er
janvier de l'année de la naissance) ; 2° des voitures attelées
susceptibles d'être requises.
Avril
1887 -
La tempête. - Mercredi
et jeudi, violente tempête sur les côtes de la Manche. Elle a causé des
dégâts considérables. A Port-en-Bessin, la jetée ouest a été
découronnée des blocs énormes de son parapet, sur une longueur de
plusieurs mètres. A Asnelles, les digues ont été fort éprouvées,
celle de l’hôtel Repos a beaucoup souffert. Une épave, la mâture d'un
bateau, est venue s'échouer du large au pied des falaises de Longues. A Arromanches
les remparts ont souffert en plusieurs endroit du choc des vagues.
Il
y a eu plusieurs accidents de mer, à Cherbourg, la goélette
« Diligente » est entrée dans le port prête à couler bas.
A
Calais, terrible tempête, le bateau de pêche 65 s’est échoué. L’équipage
a pu se sauver. La mer était tellement grosse dans le détroit, que le
paquebot n’a pu quitter Douvres.
Mai
1887 -
Un naufrage. -
Samedi matin,
la « Champagne », l'un des plus grands transatlantiques du
Havre, quittait le port pour l'Amérique. Il y avait à bord 1 150
passagers, dont 973 émigrants italiens. Le temps était beau, la mer
calme, mais il faisait un brouillard tellement épais que c'est à peine
si on y voyait à cinq pas. Soudain, on entend le commandant crier qu'on a
été abordé et donner des ordres pour que les canots soient prêts à
être mis à la mer. Un choc épouvantable se produit. A bord de la
« Champagne », c'est une panique indescriptible. Les matelots
veulent mettre les canots à la mer. Mais, pendant que des émigrants
italiens, à genoux sur le pont, chantent des cantiques, d'autres,
affolés, se jettent dans un canot avant qu'il ne soit à la mer, ni les
menaces du lieutenant, ni la hache d'un quartier-maître ne peuvent les
empêcher de commettre cette imprudence qui a coûté la vie à 35 hommes,
car le canot surchargé ne tarde pas à basculer avant d'avoir pris la
mer.
Parmi
les malheureux qui venaient de tomber à la mer, se trouvaient un certain
nombre de femmes, l'une d'elles tenait dans ses bras son jeune enfant,
qu'elle pressait convulsivement sur sa poitrine. La
« Champagne » ne put leur porter secours, elle faisait eau et
le commandant n'avait qu'une préoccupation, aller échouer pour sauver la
vie des passagers.
C'est
entre Asnelles et Arromanches que l'échouage de 1a
« Champagne », qui avait déjà quatre mètres d'eau dans sa
cale a eu lieu, c'est là qu’un trois-mâts norvégien, qui passait, a
recueilli plus de mille personnes de la « Champagne »
avant que, de la côte, des embarcations aient pu aborder le bateau
naufragé. La « Champagne »
pourra être renflouée. 120 matelots de l'État ont été envoyés du
port de Cherbourg pour cette opération difficile.
Ce
sinistre est dû à la « Ville-de-Rio », venant de la Plata,
avec très peu de passagers et de marchandises.
La
« Ville-de-Rio » en abordant la « Champagne »
s'est brisée. Très peu de temps, après l'abordage, elle sombrai là,
mais, heureusement, la « Ville-de-Bordeaux » avait,
auparavant, pu recueillir à son bord les matelots et les passagers.
De
ce côté, il n'y a donc que des pertes matérielles estimées à
plusieurs millions, en raison des marchandises entassées dans la cale. La
« Champagne » a été très avariée et beaucoup de
marchandises et de bagages sont abîmés.
La
nuit suivante, la « Bretagne », autre grand transatlantique du
Havre, coupait un grand trois-mâts norvégien qui sombrait en moins de
dix minutes. Heureusement les dix-sept hommes d'équipage ont pu être
sauvés et ramenés au Havre,
à bord de la
« Bretagne ».
Mai
1887 -
Le naufrage de la « Champagne ».
- La
« Champagne » à été renflouée et est rentrée au Havre. On
a découvert en mer et sur le sable plusieurs cadavres de naufrages.
Mai
1887 - La
tempête.
- Depuis
trois jours, une bourrasque des plus violentes sévit sur la Manche
Avant-hier,
surtout, à Port-en-Bessin, la mer rugissait avec un fracas épouvantable,
enveloppant, Sous des lames immenses, le port et les jetées. Les dégâts
sont considérables.
Les
vagues, poussées par le vent contre les falaises, déferlaient avec
furie, inondant la côte entière sous des montagnes d'eau et d'écume.
Bon
nombre de bayeusains sont allés contempler ce spectacle grandiose et
terrifiant.
Avril
1887 - La
tempête.
-
Nous avons dit, dans
notre dernier numéro, qu'une violente tempête sévissait depuis quelques
jours sur nos côtes, et que les dégâts commis sur le littoral par la
mer en furie étaient considérables. Nous pouvons, aujourd'hui,
compléter nos renseignements :
A
Arromanches, la digue a bien été abîmée en certains endroits,
mais les dégâts sont de peu d'importance.
A
Asnelles, au contraire, les pertes sont considérables. Les parapets de la
digue sont détruits sur une grande étendue, ils sont renversés par
blocs énormes, les uns du coté de la mer, les autres sur la chaussée.
La route construite le long de la mer est en ce moment impraticable, non
seulement pour les voitures, mais encore pour les piétons.
A
Port-en-Bessin, les parapets de la jetée Ouest, sur une longueur de 10
mètres environ, ont été démolis. Les blocs énormes de granit, qui
forment ces parapets, oui été complètement détachés de la digue avec
laquelle ils faisaient corps et rejetés dans le bassin.
Profitant
d'un beau jour et d'un lundi férié, grand nombre de bayeusains sont
allés, hier, constater ces ruines de visu.
Par
la même occasion, ils ont été témoins d'une fête religieuse à
laquelle ils étaient loin de s'attendre. On baptisait un bateau
« la Vierge Marie », de Port.
Le
nouveau Curé, M. l’abbé Hamel, auquel ses paroissiens ont conservé
une affection de vieille date, a expliqué aux assistants le sens des
diverses cérémonies prescrites par le rituel pour la circonstance. On
l'écoutait avec un vif plaisir, et la foule réunie autour de lui, a
ressenti une vive émotion, lorsque faisant allusion au nom de la nouvelle
barque, il a rappelé la protection dont Marie, l'étoile de la mer, a
environné nos matelots en ces jours de tourmente que nous venons de
traverser. Le désastre est grand, mais pas une mort d'homme à déplorer.
Tous les pêcheurs de Port ont trouvé refuge et abri pour leurs navires
et leurs personnes.
Un
pain bénit et des dragées ont été distribués
en abondance.
Juin
1888 -
Clémence.
- La
demoiselle Edeline, l'ancienne directrice des postes d'Arromanches, qui
avait été condamnée, au mois de novembre, à un an de prison, par le
jury du Calvados, pour détournements de toute sorte, a été graciée.
Juin
1888 -
Erreur de personne.
-
La personne qui avait
cru reconnaître la demoiselle Édeline s'est trompée. L'ex-directrice
des postes d’Arromanches est toujours sous les verrous où elle fait de
la lingerie. Elle a bien adressé une demande de grâce, mais elle a été
rejetée par le président de la République.
—
La directrice des postes de la Cambe, canton d'Isigny, vient d'être
arrêtée pour des faits ayant une certaine analogie avec ceux qui ont
fait condamner la fille Edeline à un un de prison.
Juillet
1888
-
Récompense.
-
Le conseil d'administration de la Cie Générale Transatlantique,
vient de décerner à M. Lefèvre aine, négociant à Arromanches, une
médaille d'argent en souvenir du dévouement dont il a fait preuve
pendant les opérations du renflouement de « La Champagne ».
Août
1888 -
Trop tôt venu. -
Il y a une dizaine
de jours, deux jeunes mariés débarquaient à Arromanches et descendaient
à l'hôtel du Chemin de fer. Ils n'étaient mariés que depuis le 6 juin
dernier, et cependant la mariée était déjà dans un état intéressant
apparent. A peine arrivée, là jeune femme se sentit souffrante. « C'est
le voyage et l'air de la mer, pourvu qu'il n'en résulte pas un accident,
» disaient les amis des mariés. Mais les braves femmes du pays, qui y
voient clair, murmuraient : « Chest pas l'air d'la mé cha, y a ben
plutôt la-dessous un air de père.. »
Elles
avaient raison, les commères, car, dimanche, la jeune femme était prise
de douleurs et, après les opérations d'usage, le médecin présentait un
gros garçon. A cette vue, le jeune époux fit la tête que tout mari doit
faire quand sa femme, au bout de deux mois et demi de mariage, lui donne,
un héritier qu'il n'a rien fait pour avoir. On dit que la jeune épouse a
avoué devant témoins que l'enfant n'était pas de son mari. L'infortuné
est aussitôt parti pour Paris afin de ne pas signer l'acte de naissance
et demander son divorce. Ces jeunes époux sont des marchands aisés de la
rue de Rome. Ils revenaient de faire leur voyage de noces en Suisse. La
jeune femme n'avait confié son état à personne, petite et rondelette,
elle avait pu le dissimuler à tous les regards. Elle était douce,
timide, toujours rougissante. « Ce n'est pas étonnant, disaient les
parents, elle n'a jamais quitté le cotillon de sa mère. » (Il faut
croire que si). On dit que le marié avait délaissé une maîtresse pour
se marier, et que le jour du mariage, par crainte du scandale, il avait
fait placer des sergents de ville aux abords de l’église.
On dit aussi, que le mariage, fixé au mois de mai, avait été
remis en juin parce qu'on prétend que le mois de Marie n'est
pas, d'après un dicton, profitable aux unions. Que fût-il donc arrivé,
si le mariage eût été célébré durant ce mois néfaste : deux
bébés, alors !
Juin
1889. -
Sauvetage. - Jeudi,
à Arromanches, vers 3 h. 1/2 du soir, un petit bateau de pêche monté
par Cuetdeberge patron, Louis Cunin et Édouard Duval, marins, a sombré
par suite d'un coup de vent à 1 200 mètres environ de la jetée de
Tracy.
Ces
trois hommes ont été sauvés par Camille Lithard et Eugène Marie,
marins de la commune, qui se sont rapidement portés à leur secours avec
leur bateau. Le bateau naufragé a été retiré de la mer le même jour.
( Bonhomme Normand)
Septembre
1889. -
Terrible accident. -
Lundi matin, M. Lecouvreur, cultivateur et loueur de voitures à
Arromanches, envoyait son jeune domestique, Alphonse Quiquemelle, 12 ans.
faire ferrer un de ses chevaux à Ryes. Au retour, l'enfant s'attacha une
corde autour du corps pour se faire traîner par le cheval ; puis, à
l'aide d'une baguette, il excita l'animal.
Au
début, le cheval resta calme, mais, bientôt agacé, il s'emballa,
l'enfant tomba et reçut au crâne un coup de pied qui le
tua net.
Pendant
près d'un kilomètre, le pauvre petit corps a été traîné, bondissant
sur les sinuosités de la route. Si l'animal n'eut pas été arrêté, la
route eût été semée des morceaux du cadavre.
Le
malheureux imprudent est le troisième enfant que les époux Quiquemelle
perdent cette année. Deux,
un garçon et une fille de 16 à 18 ans, sont morts de maladie. ( Bonhomme
Normand)
Mars
1890 -
A propos d’eau.
- Dimanche, le conseil
municipal d'Arromanches était convoqué en réunion consultative, au
sujet d'une pétition adressée au préfet. Cette pétition, revêtue
de près de cent signatures, y compris celles de l'adjoint et de trois
conseillers, a pour objet de réobtenir l'eau conservée par une des dames
du pays pour l'élevage de ses petits poissons. Au cours de cette
réunion, deux conseillers se sont pris de querelle, et il s'en est peu
fallu, à propos d'eau, que le sang ne coulât. Ce n'est pourtant pas une
solution, cela.
Mai
1890 -
Un vilain tour. -
Le
cantonnier d Arromanches, ayant reçu son mandat mensuel, le mit dans sa
poche. Le matin, il s'assure que le papier y est toujours et va le faire
signer par le maire. Celui-ci signe sans regarder. Le cantonnier se rend
chez le percepteur qui reconnaît que ce n'est pas un mandat, mais un
certificat de vie qu'on lui présente. Le cantonnier accusait déjà la
malin esprit de ce tour, lorsqu'il apprit qu'il lui avait été joué par
sa femme. Inutile d'ajouter que le cantonnier a flanqué à sa femme une
volée de bois vert.
( Bonhomme Normand)
Avril
1891 -
Les plages du Calvados. -
Lundi, a eu lieu,
à Caen, l'adjudication des plages du Calvados. Beuzeval, sur une mise à
prix de 500 fr. ; Arromanches, à 150 fr. et Tourgéville, à 100 fr.,
n'ont pas trouvé preneurs. Partie de Trouville (Roches Noires), 500 fr. ;
Deauville, 200 fr. ; Honfleur, 50 fr., ont été adjugés à des
particuliers avec des surenchères
relativement insignifiantes.
Les
plages de Saint-Aubin, 1 000 fr. ; Courseulles, 250 fr., et Langrune, 200
fr., ont été adjugées aux communes.
Mais
à Villers-sur-Mer le pompon ! La mise à prix de la plage était fixée
à 2 025 fr., la commune s'en est rendue adjudicataire pour 4 050 francs
Or,
écoutez ceci : il y a six ans, la commune s'était aussi rendue
adjudicataire du même terrain, mais pour 1 000 fr. seulement, et elle a
trouvé moyen d'y manger 2 à 3 000 fr.
Comment
fera-t-elle pour s'en tirer en payant 4 050, plus les frais d'adjudication
et les constructions en planches ? Est-ce que quelque conseiller municipal
généreux y mettra du sien ? Nous en doutons. Certains entrepreneurs
trouveront plutôt le moyen d'y faire leur beurre.
( Bonhomme Normand)
Octobre
1891 -
Chien enragé. -
A
Arromanches, un jeune
chien, appartenant à M. Corbel, a mordu samedi matin la fille de M.
Hudebert, âgée de 7 ans 1/2. Le vétérinaire ayant reconnu que ce chien
était enragé, celui-ci a été abattu.
Jeudi,
à midi, ce chien avait mordu déjà le jeune Émile Lemoine, 8 ans, le
vendredi soir, il avait également mordu une petite fille Connin, âgée
de 10 ans et demi. On a fait cautériser les morsures et les trois enfants
sont partis pour l'institut Pasteur.
—
Vendredi, M. Rattier, vétérinaire à Bayeux, a constaté qu'un cheval du
sieur Vincent, voiturier, était enragé. Cet animal a été abattu. Il
avait été mordu par un chien. (source B-N)
Octobre
1891 -
Les chiens. -
On commence à revenir,
dans le pays d'Arromanches, de la panique causée par une bataille de
chiens suivie de coups de dents donnés à deux enfants par un animal
peut-être moins enragé que certains habitants qui abattaient, à coups
de fusil, tout chien montrant le bout de la queue sur la voie publique.
Les enfants, envoyés à l'institut Pasteur, sont de retour et ils ne
s'aperçoivent de rien. (Source
B-N)
Juillet
1892 -
Bains de mer. -
Les
chaleurs font fuir
Paris et rechercher les bords de la mer. Aussi les baigneurs
commencent-ils à arriver. Le casino de Trouville, toujours dirigé par M.
de Maraine, vient de publier son tableau de troupe. Il est très complet.
La jetée en fer a été essayée. Tout porte à croire que vers le 10
juillet le public pourra bénéficier des inestimables avantages d'un
nouveau service régulier, sans souci des bases-mer. Les régates de
Trouville auront lieu les 30 et 31 juillet et le 1er
août.
-
Ouverture du casino de Luc le 10 juillet, Jeux, orchestre choisi, petite
troupe d'opéra et de comédie recrutée parmi les meilleurs
artistes.
-
Mme Messeline qui a joué 80 fois miss Helyette, à Bruxelles, est
descendue à l'hôtel Belle-Plage.
-
Caen Bains de Mer a fait sa réapparition. Toujours frais, toujours
soigné, notre confrère. Il fera bien de surveiller son correspondant d'Arromanches
qui lui fait dire que le maire ne fait pas réparer l'effondrement des
digues : d'abord, parce que les digues ne sont pas défoncées, ensuite,
parce que cela ne regarde pas le maire.
-
Autre éclosion : « l'Écho des Plages », bi-hebdomadaire,
journal des stations de Beuzeval-Houlgate, Dives. Cabourg, le Home,
Ouistreham, Lion, Luc, Langrune, St-Aubin, Bernières et Courseulles. —
Bureaux et rédaction, 102, rue Saint-Pierre, Caen.
(Source
B.N.)
Juillet
1892 -
Potins de plage. -
Les communes
du littoral sont réputées pour donner naissance à tous les cancans
possibles et impossibles. Les uns n'y font pas attention, les autres y
portent une oreille par trop complaisante. Témoins ces deux personnages
d'Arromanches qui ont accusé, dans une lettre, estampillée de confiance
par le maire, la receveuse des postes d'une commune voisine de répandre
le bruit que la fièvre typhoïde régnait à Arromanches à tel degré
que huit personnes en étaient atteintes dans la même rue. En apprenant
ce qu'on lui reprochait, la pauvre receveuse tomba de son fauteuil,
d'abord parce qu'elle n'avait rien dit de semblable, et cela par cette
excellente raison,
c'est qu'il n'y a pas un cas de fièvre à Arromanches,
l’une des plage les plus saines du Calvados. La receveuse s'est fâchée
et a porté plainte. Une enquête a été faite et a démontré la
fausseté de l'accusation. L'affaire n'ira pas plus loin, quoique les
accusateurs se soient contentés d'adresser à la receveuse une lettre
banale, et sans l'affranchir encore !
(Source
B.N.)
Juillet
1893 -
Abatage de viande.
-
Un bœuf gras
a été abattu samedi, à Lisieux, pour le compte d'un cultivateur des
environs et, la viande vendue bien au-dessous du cours. Quelques
jours auparavant, à Arromanches, un épicier a fait aussi abattre 2 bœufs,
qu'il a tués et vendus au-dessous du cours. Le maire, qui est boucher,
l'a, dit-on, menacé de lui faire dresser procès-verbal pour avoir, sans
autorisation tué dans la commune.
Nous
ne pouvons le croire. Car si peu de charité ne peut entrer dans l'âme
d'un... chrétien, et le maire d'Arromanches l'est doublement.
A
Caen, on offrait à une femme de Saint-Gilles 6 fr. de son veau. Elle l'a
vendu 10 et 12 sous la livre. La peau lui a été achetée presque le prix
proposé.
(Source B.N.)
Août
1894 - La saison.
- Le
temps est décidément contre la saison balnéaire. Juillet a été tout
ce qu'il y a de plus mauvais. Août est relativement moins bon encore. Il
y a chaque jour presque autant de départs que d'arrivées. C'est la ruine
pour les uns, la misère noire pour les autres cet hiver.
Quelques
hôtels sont cependant privilégiés : à Luc, Belle-Plage est comble ; à
Arromanches, les hôteliers ne savent où donner de la tète en
présence de l'invasion d'Anglais qui les assaillent.
Partout,
les directeurs de casinos se mettent en quatre pour attirer le monde,
mais, malgré les réclames suggestives publiées par les journaux de
Paris, les salles de théâtre, de concert et de bal sont vides, le
baccara et les petits chevaux mêmes sont délaissés.
Ce
qui ne manque pas par exemple, ce sont les bicycles hommes et femmes.
Toutes les routes droites en sont sillonnées, non sans danger pour les
piétons.
A
ce propos, le maire de Trouville, qui a réussi cette année à faire
aller à peu près au pas les voitures rue des Bains, ferait bien
d'interdire cette voie étroite et tortueuse aux bicyclettes. Chose rare
par ces temps pluvieux, la santé publique est bonne partout. Trouville
seul est sous le coup d'une douce épidémie : on ne peut pas faire quatre
pas sans rencontrer une femme en position intéressante. On met cet état
de bien faire sur le compte de la vaccination que tous les Trouvillais,
hommes et femmes, ont dû subir cet hiver. Aussi, chaque fois que les
baigneurs rencontrent une femme grosse, murmurent-ils en riant
: « Encore une qui a été vaccinée » ! (source
B. N.)
Août
1894 - Conseil
général. -
Exhaussement
du plan d'eau du canal a été admis.
—
La question des tramways est résolue. Sont concédées les lignes de
Grandcamp à la Mine-de-Littry ; de Courseulles à Arromanches
et à Bayeux ; de Caen à Falaise ; de Port-en-Bessin à Bayeux
et Caen, Tilly, Balleroy et La Mine. Une gare centrale serait construite
place du Parc à Caen où tous les trains aboutiraient. (source
B. N.)
Novembre
1895 - Les victimes de
la mer. -
Un
soir de la semaine dernière, plusieurs marins d'Arromanches
étaient à la pêche. Il ne faisait pas de vent, mais la mer était
houleuse. Plusieurs barques regagnèrent la rive, non sans peine, car les
embarcations furent chavirées. Seul, François Lithare et un de ses fils
restèrent à l'ancre, disant : « Mourir pour mourir, mieux vaut rester
à l’ancre, il y a au moins quelque chance de se sauver », II
était une heure du matin, la nuit était noire. Munies de lanternes, les
femmes des pêcheurs exploraient la rive. Bientôt, elles découvrirent
l'embarcation de Lithare et de son fils, ainsi que leurs vêtements. La
barque avait été chavirée par une lame et les deux hommes avaient
tenté de se sauver à la nage. Ils ne purent y réussir. Lithare avait 47
ans, il laisse une veuve et six orphelins. C'était un bon marin. Son
travail lui avait déjà permis de payer les deux tiers du prix de la
barque, qu'il avait fait bénir le lundi de Pâques, et dans laquelle il a
trouvé la mort. (source B. N.)
Décembre
1895 - Victimes de la
mer. -
Nos lecteurs se rappellent que, dans
la nuit du 21 octobre, une barque montée par Jean Lithare et l'un de ses
fils sombra à peu de distance de la plage d'Arromanches. Le cadavre de
Jean Lithare vient d'être retrouvé à l'entrée du chenal d'Isigny. Sa
montre était arrêtée à une heure trois quarts. (source B. N.)
Juillet
1896 -
Enfin. -
Prochainement,
inauguration du tramway d'Isigny à Grandcamp-les-Bains.
A
quand celle du tramway de Courseulles à Arromanches ? (Source : Le
Bonhomme Normand)
Décembre
1896 -
Merci,
mon dieu ! - Les
dunes d'Arromanches
ont failli être arrosées du sang de deux amis. Heureusement qu'il n'y en
avait qu'un qui voulait se battre, et que l'autre n'y tenait guère. Le
premier voulait à toute force envoyer ses témoins, l'autre, plus
prudent, ne les a pas attendus et a joué la Fille de l'Air. C'est grâce
à la
reproduction de cette comédie qu'il n'y a pas eu de sang de répandu à
Arromanches. Merci, mon Dieu !
(source B. N.)
Juillet
1897 -
La saison.
- Peu
de monde en général sur nos côtes. Les plages pas chères, comme
Courseulles, paraissent les préférées. Arromanches la Paisible est
toujours la plage des
familles, on y rencontre beaucoup d’Anglais ainsi que sur tout le
littoral. Cela tient à la réclame faite en Angleterre par les directeurs
du casino de Luc, qui voudraient bien pouvoir imiter leur collègue du
casino de Boulogne. Chaque samedi, un bateau part de ce port et va en
Angleterre chercher des Anglais, qu'il rapatrie le lundi, et tout
cela a l’œil ; pensez s'il y a des amateurs !
—
Le Lutin, sous le titre de « Caen-Bains-de-Mer », et « l’Écho
de Cabourg » ont fait leur réapparition. Salut et succès à ces
braves confrères. (source B.N.)
Octobre
1897 - La prospérité de la station. - Un pas
vient d'être fait dans cette station balnéaire en vue de favoriser par
tous les moyens possibles la prospérité de la station.
En
s'inspirant de l'idée émise dans le n° 12 de L'Écho des plages, M. Trémoulet,
l'organisateur dévoué de toutes les fêtes d'Arromanches, a convoqué
dans la salle de la mairie, le dimanche 3 octobre dernier, tous les
propriétaires et commerçants de la localité en vue d'étudier ensemble
les moyens efficaces à prendre pour augmenter le nombre des baigneurs,
en améliorant leur situation et en rendant leur séjour moins
coûteux et plus agréable. Il est évident que la prospérité du pays
dépend de la prospérité de la plage ; c'est donc vers ce but que
tous les efforts doivent se concentrer, et c'est ce qui a été mis en
lumière et parfaitement démontré par M. Trémoulet.
D'abord,
en suivant un premier ordre d'idées, il a été question de publicité,
d'affichage dans les gares de l'Ouest et de la banlieue de Paris ; c'est
alors qu'un comité de 12 membres composé ainsi qu'il suit : MM. Saillet,
Maire d'Arromanches, président d'honneur : M. Trémoulet,
président, Paris, Beaufils, Hélie, Brout, Dupuis, conseillers municipaux
: Lapique, Rouze, Bures, Goudot propriétaires et commerçants :
Harang, secrétaire, a été formé pour établir une souscription parmi
tous les habitants d'Arromanches et auprès de toutes les personnes
étrangères à la localité, mais cependant intéressés, plus ou moins
directement, à sa prospérité.
Le comité s'est d'abord imposé personnellement pour une somme minimum de
10 francs, ce qui forme un premier fond de caisse de 120 francs. Puisse ce
premier fond de caisse faire la boule de neige et rouler sans
obstacle vers le but de désiré.
Dans
un second ordre d'idées, le président du comité a ensuite proposé de
faire les démarches nécessaires auprès de l'administration des chemins
de fer de l'Ouest, afin d'obtenir une réduction de prix notable sur les
transports. Une commission a été nommé à cet effet ; elle s'occupera
également de solliciter le prompt achèvement du tramway, de
façon qu'il puisse être livré à la circulation avant la saison
prochaine.
Août
1898 -
Accidents de travail. –
Le
sieur Beaudoin, ouvrier
charpentier à Dozulé, est tombé d'une estrade qu'il montait et s'est
brisé trois côtes.
—
Le sieur Jules Chalaux, jardinier à Arromanches, est tombé d'une
échelle sur laquelle il était monté pour émonder des arbres, et s'est
blessé assez sérieusement au dos.
—
Le sieur Jean Christian, 16 ans, ouvrier d'usine à Glos, a eu le pied
écrasé par un camion, en marche, du sieur Crison, entrepreneur de
transports, sur lequel il essayait de se hisser, malgré la défense du
conducteur. (source
le B. N.)
Octobre
1898 -
Tramway d’Arromanches.
- On
travaille enfin activement au tramway qui doit relier Courseulles
à Arromanches, Bayeux et
Port-en-Bessin. On construit les gares, des stations et les haltes. Ca ne
va pas tout seul pour le raccordement de Courseulles au tramway de Luc,
venant de Ouistreham. Mais il faut espérer que tout s'arrangera.
(source
le B.
N.)
Décembre
1898 -
Les tempêtes de vent, d’eau et de neige. - Nous
avons annoncé dans notre dernier numéro
que le canot-barque 77, de Trouville, s'était perdu à Arromanches avec
trois hommes, et que « l’Adophine », également de
Trouville, s'était échouée en vue de Cabourg.
—
Plusieurs autres sinistres sont signalés. Le sloop « Désiré-Emma »,
du Havre, parti de Trouville avec un chargement de sable, s'est perdu
corps et biens. Il étaitt
monté par Louis
Rivoallan, père de cinq enfants, Frédéric Gélard, matelot, et César
Lelouet, mousse.
—
La barque-pilote 186, du port de Honfleur, se trouvait au large du Havre,
quand le pilote Hettier, monté dans les haubans pour carguer la voile, a
été emporté par la mer. Son cadavre a été retrouvé par un bateau de
pêche de Honfleur.
—
Les sieurs Lange, Mathier et Troude étaient occupés, sous la falaise de
Vasouy, à former une drôme de bois avec les débris de « l’Adda »,
coulé il y a plusieurs mois, quand ils ont été entraînés au large par
un coup de mer. Ils ont été recueillis par un bateau-pilote qui les a
rapatriés à Honfleur.
—
Le sloop « Saint-Joseph », allant du Havre à Trouville,
chargé de sable, a manqué l'entrée du port et s'est jeté sur
l'extrémité de l'estacade de l'Est. L'équipage a été sauvé. Les
dégâts à la jetée sont évalués a 15 000 francs.
—
Dans la nuit de mardi, le canot « Père-de-Famille » s'est
perdu à l'entrée des jetées de Saint-Valery-en-Caux, par suite du
mauvais état de la mer et de l'amas de galets se
trouvant à cet endroit. Ont péri : Eugène Fro, patron du canot, 52 ans,
il laisse une veuve et deux enfants ; Fro, son fils, 17 ans, et le matelot
Lacaille, 26 ans, marié depuis 15 jours.
—
Dans la même nuit, le dundee « Sainte-Marie », de Honfleur,
surpris au fort de la tempête, s'est brisé à la côte sous les bains,
à Cherbourg. L'équipage est sauvé.
—
Le trois-mâts norvégien « Wilfernay », parti du Canada à
destination de Honfleur, serait perdu. On est aussi sans nouvelles d'un
steamer du Nord et d'un voilier long-courrier qui, étant donnée la date
de leur départ, devraient être arrivés depuis plusieurs jours à
Honfleur.
—
On estime à plus de 150 le nombre des navires perdus ou échoués sur les
cotes de la Nouvelle-Angleterre pendant la tempête de samedi et de
dimanche. Le chiffre des hommes perdus est inconnu.
—
Dans le midi de la France, des trombes d'eau ont fait des dégâts
irréparables.
—
Dans l'ouest et le nord de l'Angleterre, des trains ont été bloqués par
les neiges. — En Amérique, une tempête de neige d'une violence
extraordinaire a causé des ravages considérables, principalement dans la
région de Boston, où on cite une douzaine d'accidents mortels. Deux
navires ont sombré, corps et biens, en face du cap Cod (Massachusetts).
—
Le paquebot « Isly » est arrivé à Oran (Algérie) venant de
Port-Vendre, avec 781 recrues. Au cours de la tempête essuyée par
« l'Isly », un jeune soldat s'est jeté à la mer, un autre a
été emporté par une lame, un troisième a eu les jambes broyées par
une caisse de porcelaines. Un quatrième jeune soldat est devenu
subitement fou. On a dû le surveiller étroitement. Il voulait se
précipiter dans les flots.
—
A Marseille, la jetée du Roucas-Blanc a été enlevée sur une longueur
de dix mètres. Le brick-goélette « Berthe » venant de
Saint-Pierre, avec un chargement de morue, a coulé après avoir touché
les rochers du fort Saint-Nicolas. Un seul homme a été noyé.
—
Une collision a eu lieu entre deux contre-torpilleurs anglais. Un
chauffeur a été tué.
—
Le vapeur anglais « Ftlz-James » a fait naufrage dans la
Manche. Neuf marins ont disparu.
—
En traversant la Volga, à Kineschma (Russie), une embarcation surchargée
de passagers a chaviré. 29 personnes ont été noyées.
(source le B. N.)
Février
1899 -
Sages lenteurs. -
Notre
département est l'un de ceux où les travaux de tout genre marchent avec
une trop sage lenteur. Depuis plusieurs années, on nous
promet de relier entre elles plusieurs localités importantes du Calvados
avec des chemins de fer à voie étroite.
De
temps à autre, les entrepreneurs font publier des notes annonçant que
les travaux sont poussés avec la plus grande activité, puis on apprend
que les travaux n'ont pas avancé d'un demi-kilomètre.
Telle
est la situation de la petite ligne de Courseulles à Arromanches et de
Bayeux à Ryes : Elle est commencée depuis cinq à six ans.
Dernièrement, on annonçait son achèvement pour la saison prochaine.
Cette inauguration est douteuse aujourd'hui, car le travail a été de
nouveau interrompu et pour une cause peu ordinaire : parce que la
compagnie des Tramways du Calvados manque de rails ! C'est un comble! Cela
nous promet de beaux jours pour le temps lointain où, enfin, marchera
cette lignette de quelques kilomètres qui aura demandé des années à
construire. (source le B. N.)
Mars
1899 -
Il reste seul …..
- Le
produit du marché d'Arromanches-les-Bains, pour 1898, a été versé en
octobre au maire, celui-ci ne l'avait pas encore remis dans la caisse
municipale lors de la dernière réunion du conseil. Déjà, l'année
dernière, le même retard avait été constaté. Cette négligence a pour
conséquences d'empêcher le percepteur de payer les ouvriers auxquels la
commune est redevable.
Les
conseillers d'Arromanches se sont fâchés et, en signe de protestation,
ils ont tous quitté la salle des délibérations, laissant le maire seul
pour se voter des félicitations pour sa bonne gestion. (source
M. du C.)
Avril
1899 -
Les débits de boissons. -
Une loi est
proposée au Sénat pour que les débits de boissons à consommer sur
place soient réduits à un par 300 habitants.
En
ce moment, il y a en France un débit par 85 habitants. L'écart est
grand. (source le B. N.)
Avril
1899 -
Fausse sortie. -
Il y a quelques semaines,
le conseil municipal d'Arromanches-les-Bains laissait seul son maire se
voter des... félicitations pour sa bonne gestion financière.
Depuis,
nouvelle séance orageuse. Lemaire détient depuis huit mois les fonds des
régates destinés à payer les ouvriers qui ont construit le cabestan des
marins. Cet étrange administrateur
ne pouvant pas justifier cette « détention illégale », le conseil lui
vota un blâme énergique qui ne fut pas inscrit au procès-verbal, le
blâmé s'étant engagé à donner sa démission. Mais il faut croire
qu'il a la mémoire courte pour tout, car il a oublié d'envoyer sa
démission au sous-préfet, comme il a oublié de régler les ouvriers du
cabestan et autres.
(source le B. N.)
Mai
1899 -
On demande un spécifique. -
La commune
d'Arromanches réclame un spécifique pour se guérir d'une verrue qui lui
pousse en plein corps, sous la forme d'un gigantesque abattoir.
Si
le préfet, se faisant remettre le dossier, voulait bien l'examiner,
peut-être trouverait-il dans le fond de son encrier le spécifique
demandé, et, d'un bon trait de plume, retirerait-il une autorisation qui
n'aurait pas dû être donnée. Cela éviterait aux opposants d'aller
là-bas, place Beauveau, et peut-être ensuite au conseil d'État. (source
le B. N.)
Mai
1899 -
Élections.
- Le
maire d'Arromanches a enfin donné sa démission. Il n'en pouvait être
autrement à la suite des faits dont nous avons parlé. Des élections
complémentaires vont avoir lieu.
(source le B. N.)
Juin
1899 -
Terrible accident. - Mardi
matin, sur la ligne en construction du tramway de Courseulles à
Arromanches, deux wagonnets chargés de rails et montés par quatre hommes
revenaient de Ryes à une allure vertigineuse par suite de la pente.
A
l'entrée d'Arromanches, où se trouve une courbe très prononcée, les
wagonnets ont déraillé et les rails ont été projetés à dix mètres,
entraînant les quatre hommes qui étaient montés dessus et qu'ils ont
écrasés.
Ces
malheureux sont : Alphonse Thouroude, 41 ans, dont l'amputation de la
jambe droite a été pratiquée ; Eugène Thiébaut, de Saint-Vigor, 38
ans, contusions graves, poignet mutilé (on croit l'amputation
nécessaire) ; Louis Cassé, 28 ans, de Bayeux, contusions multiples,
lésions internes, et Paysant, 28 ans, au service du sieur Lamare, de
Bayeux, contusions très graves, lésions internes.
Deux
des victimes, Thouroude et Thiébaut, sont soignées à la mairie. Les
deux autres ont été recueillies dans des maisons particulières. (source
le B. N.)
Juin
1899 -
Inauguration des tramways.
- Lundi 26, réception
des lignes de Bayeux à Port-en-Bessin, Courseulles et Arromanches. La
commission se réunira à la gare de Bayeux à 8 heures. Les lignes
doivent être ouvertes à la circulation le 1er juillet ; mais on
retardera jusqu'à la fin du mois la fête solennelle d'inauguration. Pour
concerter les mesures relatives à cette fête, les maires des communes
traversées se sont réunis à Bayeux le samedi 24 juin.
Juin
1899 - Nomination du maire.
- M. Dupuy, agent voyer retraité, a été élu, jeudi, maire
de la commune d'Arromanches, en remplacement de M. Saillet,
démissionnaire.
Juin
1899 -
Les pommes.
- La
pluie et le froid glacial de la quinzaine dernière ont été
préjudiciables à la deuxième floraison. On craint pour la dernière.
Aussi les prix ont-ils augmenté. On a cependant traité des premières
pommes à 1 fr. 75 et 2 fr. la barattée, livrables fin octobre.
(source le B. N.)
Juin
1899 -
Tramways.
- Aux lignes de Grandcamp-les-Bains à la Mine de Littry, de
Courseulles à Arromanches et à Bayeux, de Caen à Falaise, et de Port à
Bayeux, déclarées depuis deux ans d'utilité publique, il faut ajouter
deux nouvelles lignes entre la Mine de Littry et Balleroy et entre Bayeux
et la gare de la Besace, par Caumont.
Si
ces deux lignes sont aussi longues à construire que les autres, les
voyageurs ont le temps d’aller à pied.
Enfin,
on dit que le service des tramways de Bayeux à Port-en-Bessin et de
Bayeux à Courseulles et Arromanches commencera le 1er juillet.
Sous réserves, car le public a été tant de fois déçu. (source le B.
N.)
Juillet
1899 -
Les récoltes. -
Elles ont belle
apparence. Les foins bien récoltés sont en abondance, mais ils
conserveront leur prix par suite du manque de regains.
—
Pour les pommes, il y a du pour et du contre. On croit généralement à
une récolte au-dessous de la moyenne. (source le B. N.)
Juillet
1899 -
Nouvelles de la côté. -
Le
mois de juillet s'annonce mal, moins de monde que les années
précédentes.
-
Une bonne nouvelle : si l'hôtel Belle-Plage ne trouve pas acquéreur le
20 juillet, on dit que le propriétaire est en pourparlers pour louer son
rez-de-chaussée afin d'y installer un café-concert.
-
La villa Fayel est louée à M, Mellerio, bijoutier, rue de la Paix, à
Paris. C'est à cette famille qu'appartenait M. Mellerio, châtelain de
Tailleville, qui se jeta du haut de son belvédère après s'être brûlé
les mains jusqu'au poignet. Disons en passant qu'on annonce le mariage de
Mlle Fayel avec un avocat normand.
-
L'Écho des Plages, dont le succès augmente chaque année, va
reparaître.
-
Nous avions bien raison de faire des réserves au sujet de l'exploitation
du tramway de Courseulles à Arromanches. Le tassement a rendu la voie si
mauvaise dans le marais de Meuvaines, qu'il va falloir procéder à de
nouveaux travaux dont la durée dépassera peut-être la saison des bains.
-
On se plaint de la façon dont les horaires ont été combinés. Ainsi, le
premier train pour Port-en-Bessin part à 6 heures 50 du matin, alors que
le train de Caen n'arrive à
Bayeux qu'à 7 heures 36.
-
Le bruit de la location d'une villa de Houlgate à Mme Dreyfus n'est pas
exact. (source le B. N.)
Juillet
1899 -
Bains de Mer. - Si le mois de juillet a été calme, le mois d'août
s'annonce comme très animé.
Presque
partout, de Trouville à Arromanches, les locations sont à peu près
toutes faites.
—
Excellents débuts aux casinos de Luc et de Cabourg. C'est tout le
contraire au casino de Trouville ; troupe
détestable, nous écrit-on ; le public, cependant en majeure partie
composé d'entrées gratuites, fait un froid accueil aux nouveaux
pensionnaires.
—
L'hôtel Belle-Plage, de Luc, n'a pas trouvé acquéreur le 20
juillet. Voilà maintenant qu’on annonce, pour fin août, la mise en
vente, à l'amiable et avec facilités de paiement, du casino de Luc.
(source le B. N.)
Août
1899 -
Fêtes. - Grande
fête à Arromanches, le dimanche 27 août : régates, nombreux prix, jeux
et divertissements variés, mât de cocagne, coneert, illuminations,
retraite aux flambeaux et brillant feu d'artifice de la maison du Bonhomme
normand.
On
demande, pour le dimanche 27 août, fête d'Arromanches : 1° une bonne
musique se contentant d'une subvention ; 2° un orgue de barbarie
puissant, jouant des airs de danse. Ecrire au maire d'Arromanches. (source
le B. N.)
Octobre
1899 - Coups
d'épingle. - Au
mois de juillet, une femme Smith, ,53 ans, se faisant appeler Mme
Champagne, descendait à Arromanches-les-Bains, au restaurant Dougnac.
Elle
faisait d’assez larges dépenses, qu'elle ne réglait pas, du reste. Un
jour, elle donna l'ordre qu'on lui attelât un cheval et une voiture.
Le
restaurateur refusa, sa pensionnaire n'ayant pas payé sa note se montant
à près de 500 Ir. Cette dame, aussi pétulante que le vin, dont elle a
pris le nom, se jeta alors sur le garçon d'écurie et sur l'hôtelier et
les larda tous les deux avec l'une de ses épingles à chapeau.
La
dame Champagne était, citée devant le tribunal correctionnel de Bayeux.
Elle ne s'est pas présentée et a été, par défaut, condamnée à
quinze jours de prison. (source le Bonhomme
Normand)
Juin
1900 - Un buffet. - Il paraîtrait qu'un buffet
serait installé très prochainement à la gare d'Arromanches et serait
tenu par M. Mignon. Nous ne pouvons qu'applaudir à cette
installation et sommes assurés que la Compagnie des Chemins de fer du
Calvados l'encouragera de tous ses efforts en autorisant le promoteur de
cette entreprise. Le plus tôt sera le mieux. (Source
: Le Bonhomme Normand)
Août
1900 -
Bains de mer. -
Le
mois de septembre sera aussi mauvais que le mois de juillet. Presque
toutes les maisons sont à louer.
A
Trouville, rue de Paris, sept magasins n'ont pas loué de la saison. Les
fêtes du littoral s'en sont ressenties.
Du
reste, Courseulles, Bernières, Langrune, Lion et Arromanches avaient eu
la malencontreuse idée de faire leurs fêtes ou régates le même jour.
—
Les loueurs sont désolés, les hôteliers, consternés. Heureusement que
les directeurs de casinos ont les petits chevaux et la cagnotte. En effet,
on a remarqué que si le nombre
des joueurs était moindre cette année, le chiffre des décavés était
plus grand. Cela semblerait indiquer qu'il faut que la cagnotte se
remplisse quand même, pour faire face aux frais énormes dont sont
surchargés les tenanciers. (Source
: Le Bonhomme Normand)
Août
1900 -
La neige en août. -
Dans la nuit de dimanche
à lundi, une tempête a sévi dans la Manche. A la suite, une pluie,
mêlée de petits flocons de neige qui fondaient aussitôt après avoir
touché le sol, est tombée au Havre.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Septembre
1900 - Curieuse découverte.
- On a découvert à Arromanches dans la falaise de Fresné, près
de la propriété des Tourelles, l'extrémité septentrionale de l'aqueduc
romain qui amenait à Arromanches les eaux du Mont de
Ryes ; cette intéressante trouvaille est due aux recherches
intelligemment dirigées par M. Nouvel, propriétaire à Arromanches.
Octobre
1900 - Sauvetage. - Vendredi dernier, à la marée
du matin, prenaient leur bain, de compagnie, MM. Lemoult, docteur-médecin
à Paris, Javelier, et Dubosq, ce dernier fils d'un de nos concitoyens. Au
bout de quelques instants, Mme Javelier, mère, qui suivait des yeux les
ébats des trois baigneurs, s'aperçut que le jeune Duboscq glissait sous
la lame et était en passe de se noyer.
Elle
appela à l'aide. Son fils se dirige vers son camarade et s'efforce de le
saisir, mais ses mouvements sont paralysés par son ami qui se
cramponne à son bras. Les rares spectateurs de cette scène sont
empêchés de porter secours par l'état de la mer ; l'un d'eux, cependant
lance une bouée de sauvetage qui ne parvient pas au deux jeunes gens. Le
docteur, le nageur le plus éloigné du rivage ne semblait pas devoir
revenir à temps pour les sauver, quand tout à coup survient un M.
Salaire qui se jette tout habillé dans les flots et est trop heureux
d'arracher le jeune Duboscq à une mort certaine.
À
demi-asphyxié déjà, on le transporte à l'établissement des bains
chauds ou les soins les plus empressés lui sont prodigués sous la
direction savante du docteur Lemoult, et quelques temps après, il rouvre
les yeux et est rappelé à la vie. Ce triste accident qui sans
l'intervention providentielle de M. Salaire fut certainement devenu une
catastrophe, paraîtra-t-il suffisant pour faire décider la prolongation
de la surveillance du baigneur rétribué au-delà du 15 septembre, et
empêcher le remisage à la mairie du canot de sauvetage.
Octobre
1900 - Jeté à la côte. - Un cétacé,
d'assez forte dimension, de l'espèce que les marins de notre littoral
désignent sous le nom de " religieuse ", est venu s'échouer
est sur la plage.
Cet
animal, qui mesurait environ de mètres de long, avait cessé de vivre
quand on l'a retrouvé ; sa tête a été conservée à titre de
curiosité.
Octobre
1900 -
Acte de dévouement. -
Vendredi,
à Arromanches, le jeune Pierre Duboscq a failli se noyer en se baignant,
et aurait péri sans le dévouement de M. Salari, demeurant à Paris, qui
s'est jeté à l'eau tout habillé pour le sauver.
Si
la surveillance des bains froids à Arromanches était mieux organisée,
on n'aurait pas à redouter de semblables accidents.
(Source : Le Bonhomme Normand)
|