1er Octobre 2024

UN SIÈCLE D'HISTOIRE DU CALVADOS

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BAYEUX

Canton de Bayeux

Les habitants de la commune sont des Bajocasses ou Bayeusains, Bayeusaines

Janvier 1857   -   Le temps qu’il fait.  -   Par suite de l'abondance des dernières pluies, la rivière d'Orne est sortie de son lit, à Caen, un peu au-dessous des Abattoirs. Les contre-allées du Grand-Cours, des deux côtés, sont submergées sur plusieurs points, Le passage en barque est interrompu. Le tablier du pont du passage Bellivet baigne dans l'eau. Les caves des maisons situées sur l'Odon jusqu'au pont Saint-Pierre doivent être envahies. Jusqu'à présent, cet état de choses ne doit inspirer aucune inquiétude.

A Bayeux, quoique considérablement grossie sur plusieurs points de la ville et des environs par ces mêmes pluies, la rivière n'a pas débordé. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1857   -   Un accident.  -   Samedi dernier, vers trois heures de l'après-midi, une femme de la campagne, en passant sur le pont de planches dit du Moulin-Renard, dont la largeur est, comme on sait, beaucoup trop étroite, s'était laissée tomber dans la rivière. Le courant de l'eau l'avait entraînée au-delà du Pont-Trubert, et ce n'est qu'aux approches du moulin de Saint-Vigor qu'elle fut aperçue par plusieurs personnes qui se portèrent immédiatement à son secours.

Quoique sans connaissance, elle n'avait pas lâché d'une de ses mains un panier rempli de provisions, qui avait contribué à la maintenir sur l'eau, en l'empêchant de couler tout à fait.

Recueillie chez M. Dubosq, maire de St-Vigor, elle fut, de la part de M. le docteur Huard, appelé sur les lieux, l'objet des soins les plus intelligents et les plus énergiques. Au bout de quelques heures, elle était hors de danger. La victime de cet accident, dont nous supplions notre administration municipale de prévenir le retour, en faisant élargir le pont, est la femme d'un maçon de Tracy-sur-Mer. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1857   -   Le temps qu’il fait.  -   Pendant que, sur plusieurs points du territoire, et notamment dans les départements limitrophes de la Seine-Inférieure et de l'Orne, la neige est tombée en abondance et rend les communications difficiles, il règne dans toute notre contrée une température très douce, trop douce même, et, dans les intervalles de la pluie, qui tombe presque incessamment depuis quinze jours, nous jouissons de quelques chauds rayons de soleil et d'une véritable température de printemps. Il serait bien à désirer que cette humidité trop prolongée fit place à une bonne et franche gelée.

Les visites du jour de l'an se sont accomplies, dans notre ville, sous la pluie et à travers des lacs de boue. On a généralement constaté une notable diminution dans le nombre des cartes distribuées à domicile. Faut-il l'attribuer au mauvais temps ou à une appréciation plus vraie de la solennité du jour de l'an, dite la fête des familles ! (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1857   -   Nécrologie.  -   La semaine dernière est décédé à Bayeux, à l'âge de 84 ans, le sieur Gilles Le Vavasseur, jardinier. Le sieur Le Vavasseur, ancien soldat des armées de la République, avait assisté à tous les combats de l'expédition d'Egypte et y avait reçu plusieurs blessures. C’était, croyons-nous, dans notre arrondissement, le dernier survivant de ce grand et glorieux drame, dont le théâtre fut les plaines des Pyramides et le versant du Thabor.

Dans les dernières années de sa vie, le sieur Le Vavasseur, sur la recommandation des autorités locales, avait obtenu de l'Empereur une petite pension. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1857   -   Le temps qu’il fait.  -   L'hiver qui se fait attendre dans notre contrée et qui jusqu'ici ne s'est encore fait sentir que par des pluies incessantes, semblait devoir commencer la nuit dernière.  Une neige assez abondante avait blanchi les toits et l'air était devenu plus vif. Ce matin, le dégel a déjà commencé, avec le retour de la pluie, et nos ruisseaux et nos rues ne présentent plus qu'un mélange fangeux de neige fondue, de houe et d'eau ruisselante. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1857   -   Démolitions.  -  On commence à démolir les maisons de la rue Bienvenue, contiguës au côté gauche de la Cathédrale. Il faut espérer que cette démolition s'étendra jusqu'à la rue des Cuisiniers, en face de celle de la Juridiction. Ce déblaiement permettra de mettre à découvert la salle Capitulaire, ce curieux monument de l’architecture XIIIe siècle. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1857   -   Le temps qu’il fait.  -  Enfin l'hiver se fait sentir aussi pour nous. Il était temps, et quoique la dure saison augmente les souffrances des classes pauvres, il faut s'applaudir de ce retour a un état normal de la température. Il a gelé la nuit dernière assez fortement pour que les récoltes en terre, aussi bien que les pommiers et autres arbres fruitiers, ne soient plus menacés d'une végétation trop précoce. Ces quelques jours de froid, si nécessaires à l'époque où nous sommes, seront bien largement compensés par les heureux résultats qu'ils nous préparent. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Février 1857   -   Les transmissions télégraphiques.  -  Voici un nouvel exemple de la rapidité des transmissions télégraphiques : La dépêche qui a transmis à Rouen le discours de l'Empereur contient seize cents mots. Cette transmission a eu lieu en moins de deux heures. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Février 1857   -   Le temps qu’il fait.  -  Depuis huit jours, le dégel a continué de se faire sentir dans notre contrée, et aujourd'hui, nous sommes débarrassés de la neige qui a entièrement disparu. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Février 1857   -   Les mascarades.  -   Mardi dernier, par une soirée magnifique, la population bayeusaine parcourait la grande rue à la rencontre des mascarades qui étaient assez nombreuses. L'influence des promeneurs était énorme et jusqu'à dix heures l'animation était grande. II n'y a eu ni désordre ni accident.

La température actuelle, disent nos cultivateurs, est propice aux grains en terre et semble promettre une récolte précoce. Il faut donc espérer que l'année 1857 nous donnera cette abondante moisson qui seule peut mettre un terme à la cherté du pain qui existe depuis quelques années. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mars 1857   -   L’éclairage public.  -    L’éclairage au gaz de notre ville a été inauguré, dimanche dernier, avec un plein succès.

Une foule nombreuse a parcouru, pendant toute la soirée, la rue d’Orléans, qui, éclairée par douze candélabres, présentait le plus bel aspect.

Nous devons profiter de cette occasion pour féliciter la compagnie du zèle et de l’activité qu’elle a déployés. Espérons que cette activité ne se démentira pas, et que, sous peu, la ville sera complètement éclairée.

Peu d’établissements particuliers ont, jusqu’à présent, adopté ce genre d’éclairage, mais nous ne pouvons douter qu’un nombre beaucoup plus considérable, reconnaissant bientôt les avantages qu’il procure, ne s’empressent de l’employer. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mars 1857   -   Le temps qu’il fait.  -  La journée de vendredi dernier était tiède et humide, et la température semblait être devenue définitivement printanière. Dans la nuit, le vent d'est a amené un brusque changement, et depuis samedi matin le froid a pris une intensité notable. Dimanche matin, il est même tombé à Bayeux quelques flocons de neige. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mars 1857   -   Poste.  -   Entreprise du transport des dépêches de Bayeux à Ryes, par distance de sept kilomètres environ, à exécuter à pied. -— Les personnes qui désireraient concourir à l'adjudication de l'entreprise du service des dépêches sur la route ci-dessus désignée, sont invitées à se présenter tous les jours, de dix heures du matin à quatre heures du soir, jusque et compris le seize du mois de mars 1857, aux bureaux des postes de Bayeux et de Ryes, pour prendre connaissance des charges de l'entreprise et y déposer leurs soumissions, que les directeurs des dits bureaux sont chargés de transmettre à l’Administration des postes. Les soumissions devront être écrites sur papier timbré et signées des soumissionnaires, ou, à défaut de leurs mandataires en vertu de procurations notariées, jointes aux soumissions.

Elles devront être conformes aux modèles annexés au cahier des charges ; elles seront remises cachetées.

Toute soumission extra conditionnelle, indéterminée, ou qui ne donnerait pas une désignation exacte du service, sera considérée par l'Administration comme nulle et non avenue.

Tout candidat devra joindre à sa soumission, et sous la même enveloppe, un certificat, délivré par le maire de sa commune, constatant non seulement sa moralité, mais encore sa solvabilité et son aptitude ; faute par lui d'avoir fourni cette pièce, sa soumission serait considérée comme non avenue. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mai 1857   -   Le recensement de la population.  -   Le dernier numéro du Recueil des actes administratifs contient le recensement de la population de toutes les communes du département. Les tableaux seront considérés comme officiels pendant 5 ans, du 1er janvier 1857 au 1er janvier 1861.

La population totale du département est de 478 397 habitants, répartie entre 37 cantons et 784 communes.

La population des arrondissements est ainsi répartie :

Caen. 9 Cantons ; 189, Communes ; 135 126 habitants.

Bayeux.  : 6 Cant. ; 143 Com. : 78 735 habit.

Falaise. 5 Cant. ; 119 Com. ; 58 634 habit.

Lisieux. 6. Cant. ; 124 Com. ; 66 742 habit.

Pont-l’Évêque. 5 Cant. ; 113 Com. ; 54 864 habit.

Vire. 6 Cant. ; 96 Com. ; 84 299 habit.

Voici maintenant comment se divise la population de notre arrondissement :

Cantons de Balleroy. 26 communes 15 429 habitants.

Cantons de Bayeux. 16 communes 14 531 habitants.

Cantons de Caumont. 19 communes 11 062 habitants.

Cantons de Isigny. 28 communes 14 791 habitants.

Cantons de Ryes. 27 communes 11 101 habitants.

Cantons de Trévières. 27 communes 11 821 habitants.

Pour Bayeux, la population flottante est de 9 667 ; population fixe, 9 087.

Pour Isigny, population flottante, 2 186 ; population fixe , 2 186.  (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mai 1857   -   Vol.  -   Nous avons encore à signaler un vol audacieux commis dans une église.

Dans la nuit de mardi à mercredi des malfaiteurs sont entrés dans le cimetière de l'église de Saint-Éxupère, à Bayeux, dont la grille est descellée en ce moment par suite de réparations. A l'aide d'un énorme levier laissé sur le lieu et provenant sans doute d'une barrière d'herbage, ils ont arraché un des barreaux en fer de la fenêtre (côté sud) de la sacristie, de manière à donner passage à un homme. Après s'être introduits dans cette partie de l'édifice, située au levant, derrière le maître-autel, ils en ont ouvert tous les fermants avec des fausses clés et ont enlevé deux calices en argent d'une certaine valeur et la coupe d'un ciboire également en argent, dont ils ont eu la précaution de dévisser le pied, en cuivre argenté, qu'on a retrouvé à terre. Ils ont pris de plus une somme de 36 à 40 francs en monnaie blanche. Une somme plus importante placée dans un tiroir à côté, ainsi qu'un ostensoir renfermé dans un étui leur ont échappé. Une panique sera venue sans doute précipiter leurs investigations.

Selon toute probabilité, la même circonstance fortuite les aura empêché d'entrer dans l'intérieur de l'église et de s'attaquer au tabernacle. Il est consolant, à la suite de cet audacieux coup de main, de n'avoir pas eu à regretter de profanation sacrilège. C'était du moins une pieuse compensation laissée à l'honorable curé de cette paroisse et dont il se félicitait hautement au milieu de ses paroissiens accourus en foule, dès le matin, sur le lieu de l'événement.

Mercredi, de bonne heure, MM. le procureur impérial, le juge d'instruction, le capitaine de gendarmerie, l'un des adjoints au maire de Bayeux et le commissaire de police s'étaient rendus à Saint-Exupère, où procès-verbal a été rédigé. Les investigations des agents de la force publique qui immédiatement commencé avec la plus grande activité. Malheureusement, il est à craindre que les auteurs de ce vol, gens qui paraissent très[1]exercés en cette spécialité, soient de ces industriels nomades et rôdeurs que leur ubiquité soustrait presque toujours aux poursuites de la justice. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mai 1857   -   Réclamations.  -   Plusieurs réclamations nous ont été adressées sur la différence qui existe journellement entre l'heure de la Poste aux lettres et celle de la Cathédrale, qui est la seule horloge publique de la ville. Il serait à désirer, dans l'intérêt du commerce, que cette dernière fût réglée exactement sur celle du bureau de la poste, qui l'est, elle-même, sur l'heure de Paris et du chemin de fer.

La différence fâcheuse que nous signalons, existe aussi entre l'heure de Caen, de quinze à vingt minutes. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mai 1857   -   Assemblée Saint-Marcouf.  -  Dimanche, dans la matinée, l'assemblée Saint-Marcouf a été contrariée par une pluie d'orage qui est venue s'abattre sur les boutiques en toile des petits marchands forains, installés sur la place du Château. Heureusement que vers cinq heures le ciel s'est éclairci, le temps redevenu beau a permis à de nombreux promeneurs de venir circuler pendant toute la soirée au tour des étalages de bimbolotleries, de sucre d'orge et de pâtisseries.

La loge élégante de maître Polichinelle a pu donner deux représentations qui ont dû être fructueuses. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mai 1857   -   Les trois cloches.  -   Hier dans la journée, une voiture chargée de trois belles cloches, toutes neuves, et de diverses dimensions, entrait dans Bayeux par la rue Saint-Loup venant de Villedieu. Ces cloches sont destinées à l'église de Saint-Patrice ; leur baptême et leur pose auront lieu, dit-on, très prochainement.

On nous assure aussi que cette jolie église sera incessamment dotée d'une horloge publique. Ce sera un véritable bienfait pour les habitants de ce quartier. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mai 1857   -   Bénédiction des cloches de l’église Saint-Patrice.  -    Hier matin, avait lieu en la paroisse Saint-Patrice, la solennelle cérémonie de la bénédiction et du baptême des nouvelles cloches, dues à l'active et pieuse initiative de l'honorable curé, et à la généreuse coopération d'un certain nombre de fidèles de cette paroisse. Revenu tout exprès de sa tournée de confirmation, Mgr Didiot présidait cette solennité religieuse, qui était un vrai jour de fête pour les habitants du quartier, et qui avait attiré, de bonne heure, une foule immense. La jolie église était littéralement remplie. On remarquait dans l'assistance, les principales autorités de l'ordre administratif, judiciaire et militaire. Dans le chœur, sous une charpente de feuillages et de fleurs, étaient appendues dans l'ordre de leur dimension et de leur poids, les trois belles cloches, fondues à Villedieu. Elles étaient garnies à leur sommet d'élégantes couronnes de verdure et de laurier.

A dix heures, Monseigneur, accompagné de ses vicaires-généraux, descendait de voiture à la porte de l'église, où il a été reçu par un nombreux clergé. A ce moment, M. l'abbé Yvon, curé de la paroisse, a adressé au prélat une allocution respectueuse et bien sentie, à laquelle S. G. a répondu quelques mots, empreints de sa bienveillance habituelle. Puis, le nombreux cortège s'est dirigé processionnellement vers le chœur, où Monseigneur a pris place sur le trône qui avait été disposé à droite de l'autel. Après la messe, qui a été dite par M. l'abbé Michel, vicaire-général, et la bénédiction épiscopale qui l'a suivie, Mgr Didiot est monté en chaire au milieu d'un sympathique et profond recueillement.

Après être descendu de la chaire, Mgr l'évêque a procédé aux consécrations mystiques de la bénédiction et du baptême des cloches, selon les rites de la liturgie de l'Église. Le prélat avait à ses côtés, les parrains et les marraines, qui étaient, dans l'ordre de la consécration religieuse, MM. Pezet, Douesnel et de Rotz ; Mme de Germiny, Lubin-Desvallées et de Bricqueville.

Les cloches ont été nommées : Antoinette, Rosalie et Marie. A ce moment, on a pu se convaincre de la justesse et de la sonorité de ces belles cloches, que Monseigneur, et après lui les parrains et les marraines, ont fait tinter trois fois.

De retour à l'autel, Mgr l'évêque a entonné le Te Deum. Pendant le chant du cantique sacré, les cloches ont été revêtues des splendides cadeaux offerts à l'église Saint-Patrice par la libéralité des honorables parrains et marraines. Ces magnifiques ornements consistent en une chappe, une chasuble et deux dalmatiques, en velours, brodées soie et or, d'une grande richesse et d'un merveilleux travail.

Après la cérémonie, Monseigneur, placé sous le dais, a été reconduit processionnellement au presbytère de Saint-Patrice. Quoique ce fût un jour de congé, une députation des écoles de la Doctrine chrétienne marchait en tête du cortège, précédée de deux élégantes oriflammes en soie, l'une aux riches couleurs bleue, blanc et rose, brodée or et au chiffre impérial, due tout récemment à l'auguste et maternelle munificence de S. M. l'Impératrice ; l'autre, bleue, brodée argent, aux lettres H. M., hommage de bon et patriotique souvenir, offert à l'excellente et précieuse institution des Frères de la Doctrine chrétienne de notre ville, par notre brave et glorieux concitoyen, M. le général Henri de Malherbe.  (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juillet 1857   -   Un accident.  -  Lundi soir, un malheureux accident est arrivé rue Tardif. Une enfant de deux ans, fille d'un contremaître anglais attaché au chemin de fer, est tombée par la fenêtre d'un premier étage sur le trottoir de la rue. La pauvre petite a eu le bras fracassé et la tête fortement contusionnée. Son état est aujourd'hui aussi satisfaisant que possible. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juillet 1857   -   Un accident.  -   Samedi dernier, 18 du courant, à sept heures du matin, le nommé Baptiste Dilley, demeurant rue Laitière, à Bayeux, employé comme terrassier au chemin de chemin de fer, à l'atelier de Saint-Loup, se trouva renversé sur un des rails par un éboulement de terre. Par suite de violence de cette chute, il a eu trois côtes fracassées et a été rapporté à son domicile dans un étal de souffrance assez grave. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juillet 1857   -   Un accident.  -   Un autre accident, dû à l'ivresse, a eu lieu lundi dernier, aussi à la tranchée de St-Loup. Le nommé Mancel Isidore, de Caen, ouvrier terrassier, avait quitté les travaux à sept heures du soir, étant déjà un peu troublé par la boisson. Vers les dix heures du soir, s'étant rappelé qu'il avait oublié sa pelle, il s'achemina vers le chantier. En voulant sauter un fossé, il se cassa la jambe et resta sur la place, sans pouvoir se faire entendre et obtenir le secours, jusqu'à une heure du matin.

A ce moment, des ouvriers de la campagne entendirent ses cris de détresse et s'empressèrent de le transporter à son domicile, chez le sieur Laplanche, rue Saint-Loup, d'où il fut transféré dans la matinée à Hôtel-Dieu. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juillet 1857   -   Les premières communions.  -  Les premières communions de Saint-Exupère et de Saint-Laurent ont eu lieu dimanche dernier.

L'après-midi, vers cinq heures, les communiants de Saint-Exupère sont venus processionnellement, bannière et oriflammes en tête, à la Cathédrale, pour faire leur consécration à la Sainte[1]Vierge. Ceux de Saint-Laurent ont fait leur pieux pèlerinage à l'église Saint-Patrice.

A la procession de Saint-Exupère, on remarquait à côté de celles données par M. le général de Malherbe, une nouvelle et brillante oriflamme en cachemire écarlate, ornée de galons et de drap d'argent, du plus bel effet, donnée par notre honorable concitoyen, M. Charlemagne Jean de Lamare, à l'école des Frères Par cet acte gracieux d'une munificence qui lui est habituelle, M. Charlemagne Jean de Lamare a voulu laisser un nouveau et durable souvenir de l'intérêt tout paternel qu'il porte à l'éducation chrétienne de la jeunesse de notre cité. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Août 1857   -  Les travaux de la Cathédrale.  -  La reconstruction du pilier sud-est est arrivée à peu près à la moitié de sa hauteur. Les travaux continuent sans interruption, et la démolition du quatrième pilier va commencer prochainement.

Les deux piliers nord-ouest et nord-est sont complètement dégagés des piliers provisoires en charpente qui les entouraient, et, à cette heure, ils supportent de ce côté, le poids de la tour centrale. La première arcade, côté gauche de la nef, qui était primitivement en ogive, a été refaite en plein cintre ; elle est entièrement terminée. Celle qui lui fait face, côté droit, est encore entourée de ses blindages. Elle sera rétablie aussi en plein cintre, lors de la reconstruction du quatrième pilier auquel elle est adhérente. Celui des petits piliers du chœur, qui fait suite au principal pilier nord-est de la tour et que son mauvais état avait fait démolir, est reconstruit. On procède en ce moment au raccordement de la voûte latérale, ouverte en cet endroit par suite de cette reprise.

Aujourd'hui, l'œil peut embrasser, de tout ce côté, l'ensemble de ce beau travail, dégagé qu'il est des charpentes et des énormes poteaux qui en gênaient l'aspect. Il est permis d'en apprécier toute l'importance, d'en admirer la hardiesse d'exécution, de se rendre un compte approximatif de la marche progressive des travaux et de l'époque de leur achèvement probable, tout fait espérer, croyons-nous, qu'ils seront terminés, a l'intérieur, dans le courant du mois de décembre prochain. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Août 1857   -  Destruction des fourmis.  -  Voici un excellent moyen pour détruire les fourmis : faire fondre du sucre dans un mélange d'eau et d'eau-de-vie, mettre la liqueur dans un verre et enfoncer celui-ci dans la terre jusqu'au bord. Le lendemain, le verre sera plein de fourmis qui seront venues s'y noyer.

Un semblable verre, placé dans une armoire, sans autre précaution, attire aussi ceux de ces insectes qui s'y sont introduits, et qui, très friands du mélange sucré qu'on leur offre, viennent promptement y périr. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Septembre 1857   -  Curage des cours d’eau.   -   Un arrêté de M. le préfet du Calvados, en date du 26 août 187 , porto qu'il sera procédé, du 15 septembre au 16 octobre, au curage de tous les cours d'eau du département qui ne sont ni navigables, ni flottables. Cet arrêté contient une série de prescriptions, concernant sa bonne exécution et conformes à celles des arrêtés précédents. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Septembre 1857   -   Le chloroforme.  -  Nous lisons dans un journal que la propriété que possède l'éther de mettre les insectes dans un état de léthargie complet et de les tuer si la dose est considérable, a suggéré l'idée d'appliquer ce moyen contre les insectes qui attaquent les céréales.

Deux grammes de chloroforme ou de sulfure de charbon par quintal métrique de blé suffisent pour faire périr, tous les charançons en quatre ou cinq jours. Il faut placer cet ingrédient dans l'intérieur des tas de blé et dans les greniers hermétiquement fermés. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Novembre 1857   -  Nouvelles locales.   -   On sait qu'à la naissance du Prince Impérial, l'Empereur déclara que lui et l'Impératrice seraient les parrain et marraine, de tous les enfants légitimes nés et venus au monde la même journée que leur auguste fils.

Deux enfants se trouvaient, à Bayeux, dans les conditions nécessaires pour revendiquer l'honneur de ce haut parrainage, tout les deux appartenaient à de pauvres familles.

Le résultat vient de prouver que ce parrainage n'est pas un vain mot.

L'un de ces enfants, Eugénie-Aimée-Adélaïde Lesage, dont la mère était morte quelque temps après lui avoir donné le jour, ayant eu le malheur de perdre dans le mois de juin dernier son père, qui fut écrasé sous la roue d'une charrette, était, par suite de cet accident, tombé à la charge du sieur Lesage, son grand-père, vieillard honnête, mais entièrement dénué de ressources.

Informé de la triste situation dans laquelle se trouvait sa filleule, S. M. l'Empereur, qui avait envoyé d'abord quelques secours provisoires, vient, en chargeant M. le maire de Bayeux de surveiller l'emploi des fonds, d'accorder un secours annuel de 300 francs, pour subvenir aux frais de l'éducation et de l'entretien de  la pauvre orpheline.

Un tel acte de munificence n'a pas besoin de commentaires. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Novembre 1857   -  Nouvelles locales.   -   Samedi dernier, le soir, la femme du sieur Huet, ferblantier à Bayeux, trouva sur la voie publique un sac à ouvrage, renfermant, entre autres objets, un porte-monnaie dans lequel se trouvait une somme de 26 fr. Elle s'empressa aussitôt d'en faire le dépôt au bureau de M. le commissaire de police. Bientôt après le sac fut réclamé par son propriétaire, qui récompensa dignement un tel acte de probité. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Décembre 1857   -  le temps qu’il fait.   -   Les cultivateurs s'inquiètent et s'étonnent d'un hiver parvenu sans gelée jusqu'au mois de décembre.

En 1684, la gelée ne commença qu'à la fin de janvier; mais elle sévit avec une telle violence que pendant plusieurs semaines on a pu se promener en carrosse sur la Seine, et qu'on y établit même, sur une glace épaisse de trente-trois centimètres, environ, non seulement une sorte de foire, mais encore des guinguettes où l'on dansait. Ce grand froid tardif s'est reproduit lorsque l'armée française envahit la Hollande et que la cavalerie républicaine prit les vaisseaux de ligne néerlandais.

Enfin, en 1753, il ne commença à geler à Anvers que le 24 février, mais en revanche, le 15 mars, on circulait encore à pied et à cheval sur toute la surface de l'Escaut, comme l'attestent les lignes suivantes gravées au-dessus de l'axe des portes d'Anvers : « A la Saint-Thomas, il n'y avait ni neige, ni glace ; à la mi-mars, on passait l'Escaut à pied et à cheval. » (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1858   -   Les chemins de fer.   -   Une locomotive, nommée la « Normandie », est passée par Bayeux ce matin, traînée par 27 chevaux. Elle est destinée aux travaux du chemin de fer, section du Molay. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1858   -   Le temps qu’il fait.   -   Presque partout en France le froid a sévi avec rigueur.

A Nîmes, dont la température est presque toujours douce même en hiver, le thermomètre a minimo est descendu à 7 degrés 6/10.

Le 7 janvier, à six heures du matin, il marquait à Lille 10 degrés 1/10.

Dans la nuit du 5 au 6, à Bordeaux, il était descendu jusqu'à 12 degrés au-dessous de zéro.

La neige a fait son apparition sur plusieurs points. Elle est tombée en abondance dans les Cévennes et dans le département de l'Ardèche. Sur la ligne ferrée de Paris à Bordeaux, elle a retardé la marche des convois.

— Les historiens ont signalé des froids excessifs en Europe en 299 et 388, c'est l'empereur Julien, en cette année à Paris, qui on parle. En 359, en 358, en 605, 670, 695, 759, 760, 763, on mesura dans certains endroits 50 pieds de neige ; en 821, 874, 908, 998, 1044, 1063, 1067, 1124, 1125, 1205, 1216, 1234, 1269, 1281, 1323, 1325, 1399, 1402, 1405, 1407, 1418, 1420, 1422, 1423 , 1426, 1433, 1427, la gelée commença à Paris le 31 décembre, dura 2 mois 21 jours ; la neige tomba pendant 40 jours consécutifs ; 1458, 1468-69, Philippe de Comines, dont le tableau est au Louvre, rapporte qu'on coupait le vin dans les tonneaux avec des haches, si bien qu'en guise d'un verre on en recevait un morceau ; 1499, 1515, 1537, 1543, 1544, 1570, 1595, 1608 ; il y eut deux mois de gelée à Paris ; les cotterets se vendaient 35 sous pièce ; 1621, 1655, 1658.

Il y a deux siècles, la mer Baltique gela à une profondeur énorme ; 1683, 1684, 1709, 1724, 1733, 1735, 1738, 1740, 1748, 1754, 1760, 1768, 1774, 1776, 1779, 1784, 1785, pendant 115 jours ; 1786, 1788, il y eut à Paris 18 degrés 1/4 Réaumur de froid ; 1789, froid extraordinaire pendant sept semaines ; 1794, 1796, 1799 ; en 1810, le mercure gela à Moscou ; on se souviendra longtemps, hélas ! de 1812, 1813, 1814, 1820, 1830 ; en 1840, à l'arrivée des cendres de l'empereur, il y avait à Paris, 18 degrés centigrades de froid. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1858   -   Le temps qu’il fait.   -   Le bulletin quotidien de l'état, atmosphérique de divers points de la France et de l'étranger, a signalé tout récemment ce fait curieux, que le 6 janvier, à huit heures du matin, tandis que la température était de 7 degrés 4 dixièmes au dessous de zéro, à Paris, le thermomètre ne marquait, à Saint-Pétersbourg, que 2 degrés 7 dixièmes au dessous de zéro, et, à Brest, 2 degrés 7 dixièmes au-dessus de zéro. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Février 1858   -   Le télégraphe.   -   Nos lecteurs savent qu'une station télégraphique va être établie dans notre ville. Aujourd'hui même, on travaille à la pose des fils électriques et à l'installation du matériel dans l'ancienne maison de M. Hébert, rue Laitière. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mars 1858   -   Une éclipse de lune.   -   Nous avons eu, samedi soir, le spectacle toujours curieux d'une éclipse partielle de lune, dont le tiers s'est trouvé plongé dans l'ombre de la terre. Le 15 courant, il y aura une éclipse totale de soleil, également visible pour nous. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mars 1858   -   La neige.   -   Hier la nuit, la neige est tombée pour la première fois dans notre ville. Hier matin les maisons et les rues étaient couvertes d'une couche de plusieurs centimètres. A midi, dégel complet. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mars 1858   -   Une blessure à la Joue.   -   Samedi dernier, vers les dix heures du soir, Léopold Hébert, jeune homme laborieux et complètement inoffensif, rentrait chez ses parents, domiciliés rue Laitière, dans la cour du n° 13. A peine a-t-il fait quelques pas dans cette cour, qu'il se sent atteint à la joue droite d'une forte cuisson, provenant d'une substance corrosive qui lui a été lancée par une fenêtre, à l'aide d'une seringue.

Ses vêtements, dans leur partie supérieure, sont brûlés a différents endroits, et malgré ce dommage, le pauvre enfant s'estime encore bien heureux d'avoir eu les yeux sauvegardés.

La justice informe : de graves soupçons planent sur un individu qui n'échappera pas, il faut l'espérer, à ses investigations. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mars 1858   -   Nouvelle diverses.   -   La saison d'hiver est certainement la plus favorable aux fabricants de chaussures, et cependant bon nombre d'ouvriers de notre localité se plaignent de ne pas être suffisamment occupés.

Est-ce que cela viendrait de ce que les patrons bayeusains tiendraient leurs prix de vente trop élevés, et que les achats se feraient ailleurs ?

Nous ne sommes pas suffisamment édifiés pour nous prononcer, mais nous croyons devoir soumettre le fait aux intéressés. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mars 1858   -   Le Télégraphe.   -   Par suite de l'ouverture des stations télégraphiques de Bayeux et Coutances, les stations de la ligne de l'Ouest. (Basse-Normandie), sont ainsi fixées : Paris, Mantes, Évreux, Lisieux, Caen, Bayeux, Saint-Lô, Cherbourg.

Coutances, Granville et Saint-Malo qui se relient en même temps aux lignes de Bretagne.

Nous donnerons, aussitôt qu'il sera fixé, le prix des dépêches pour ces diverses villes. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Avril 1858   -   Chemin de fer.   -  Dans la matinée de dimanche dernier, une locomotive, pavoisée de drapeaux et partie de la station de Lison, près lsigny, a traversé la gare de Bayeux pour se rendre à Caen. Elle emportait les ingénieurs et les employés de cette partie de la ligne.

Arrivée sans encombre à sa destination, cette locomotive dut s'arrêter au pont de la rue de Vaucelles, à Caen, dont la traverse n'est point encore terminée. Elle est répartie le soir au milieu ,. des applaudissements de la population caennaise. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Avril 1858   -   Un accident de la route.   -  Hier, soir, vers cinq heures, le courrier de la malle-poste de Saint-Lô à Bayeux, descendait le pont du chemin de fer, à l'extrémité de la rue Saint-Loup, lorsque ses chevaux s'emportèrent. Ne pouvant les maîtriser, il voulut s'élancer de sa voiture, mais dans ce mouvement, sa blouse s'accrocha au siège, et le malheureux conducteur, après avoir été traîné quelques pas, tomba sur la voie, où il eut les deux jambes écrasées par les roues de la voiture. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Avril 1858   -   Nous lisons dans le Moniteur du Calvados.   -   Sur la demande de M. le maire de Bayeux, S. Exe. M. le ministre de l’agriculture et du commerce vient d'accorder à la bibliothèque de la ville de Bayeux, l'ouvrage publié par MM. les inspecteurs-généraux de l'agriculture sur les espèces bovine, ovine et porcine. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Avril 1858   -   La vaccination.   -   Nous croyons utile de rappeler à nos lecteurs que M. le docteur Féron, continue de vacciner, à son domicile, tous les samedis, à midi, les personnes qui se présentent.

La revaccination, ordonnée récemment pour l'armée par le Ministre de la guerre est une utile précaution, qui ne peut que contribuer efficacement à diminuer l'intensité des épidémies varioliques. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Avril 1858   -   La grosse cloche de la cathédrale.   -   Depuis plusieurs jours, un certain nombre d'ouvriers, sous la direction d'un contre-maître des ateliers de M, Havard étaient occupés à détacher la grosse cloche de la Cathédrale, dite Trémonde, du milieu des charpentes qui la tenaient suspendue dans la tour du Nord. Cette difficile opération, s'est accomplie après de minutieuses précautions.

Ce matin, vers six heures, elle sortait par la trappe, ouverte à cet effet, sur la façade de la tour, et atteignait, une heure après, le sol, au pied de cette tour.

Beaucoup de curieux assistaient à l’opération, qui a été conduite et menée à fin sans accident. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Avril 1858   -   Nous lisons dans le Moniteur du Calvados.   -   De tous côtés, on entend dire que cette année la récolte des pommes à cidre sera abondante, Les connaisseurs assurent que si le mois de mai n'amène pas de blanches gelées pour, détruire les apparences, il n'y aura pas assez de tonneaux pour loger le cidre, et cette fois du cidre, car depuis quelques années, on le sait, les puits et les fontaines ont été d'un grand secours à nos brasseurs des campagnes. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mai 1858   -   La Saint-Marcouf.   -   C'est dimanche prochain 9 mai, qu'aura lieu, sur la place du Château à Bayeux, l'assemblée annuelle dite Saint-Marcouf. Tous les marchands forains, saltimbanques, chanteurs, jeux non prohibés, marchands de boissons et de comestibles s'établiront sur cette place sans être tenus de payer aucun droit de terrage. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mai 1858   -   L’horloge de la cathédrale.   -   Notre population apprendra avec plaisir que l'ancien timbre de l'horloge de la cathédrale vient d'être replacé dans la tour centrale, et qu'il sonne l'heure aujourd'hui. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mai 1858   -   On lit dans « L'Ordre et la Liberté ».   -   Le vent nord-est qui soufflait depuis quelques jours avec une âpreté excessive avait considérablement refroidi le temps. C'est à se croire en février. On craint qu'en se prolongeant; cette inclémence du temps ne soit fatale à la première floraison des pommiers et au développement du colza. Quant aux blés dont la végétation trop active va être retardée, ils n'éprouvent aucun préjudice de l'intensité du froid.

Au reste, les nouvelles des campagnes annoncent que les blés en terre sont en avance de plus de quinze jours sur une année ordinaire, par suite de la température exceptionnelle du mois d'avril. Les seigles vont bientôt être en fleurs, les froments sont épais et assez élevés, ainsi que les orges ; les fourrages naturels et artificiels sont très avantageusement venus, la végétation de la vigne est également très avancée ; elle a déjà des feuilles et de nombreuses pousses, ce qui n'arrive pas avant la deuxième quinzaine de mai. Aussi la récolte des céréales et du vin donne en ce moment les plus grandes espérances. On craint seulement, depuis quelques jours, que les variations d'atmosphère qui se succèdent, et nous font passer avec violence du vent du midi au vent du nord, ne nous amènent des gelées printanières qui seraient funestes.

Depuis lundi dernier, la température s'est notablement adoucie, il tombe aujourd'hui une pluie bienfaisante et depuis longtemps désirée. La lune rousse a fini hier, jour de l'Ascension.  (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mai 1858   -   Les statistiques.   -   Le ministre de l'agriculture vient de faire dresser la statistique des landes et bruyères qui, en France, attendent encore les bras et les machines pour les défricher. Il n'y a pas moins du 8 millions d'hectares de terres incultes dans toute l'étendue de la France. Les deux départements qui en ont le plus sont les Landes et la Corse ; ceux qui en ont le moins sont la Seine et l'Eure-et-Loir. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mai 1858   -   Avis.   -   Le Maire de Bayeux rappelle aux militaires actuellement en congé renouvelable, ainsi qu'aux jeunes soldats disponibles de la classe 1856, que, conformément aux ordre de M. le Ministre de la guerre, ils doivent se présenter en tenue, lundi prochain 24 mai, à midi, dans la Cour de la mairie, pour être passés en revue par M. le général commandant le département, aussitôt les opérations du Conseil de révision terminées pour le canton de Bayeux.

Ceux qui négligeraient de se présenter à cette revue, seraient passibles de peines sévères.

A l’Hôtel-de-ville, le 21 mai 1858. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mai 1858   -   Avis.   -   Les prairies de Bayeux, ayant été ravagées complètement l'année dernière, par les baigneurs, le propriétaire, afin d'éviter que pareille chose se renouvelle cette année, a fait nommer un garde particulier qui est chargé d'une surveillance active, nous croyons devoir en donner connaissance afin d'empêcher de nombreuses contraventions. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mai 1858   -   Les récoltes en terre.   -   L'aspect des récoltes en terre continue à être des plus satisfaisants. Partout, les colzas sont beaux ; seulement, dans quelques cantons, les cultivateurs se plaignent de la présence des pucerons qui se tiennent dans la fleur. Cependant, on croit que la pluie qui est tombée les fera disparaître, si elle est suivie de chaleurs.

Les pommiers sont dans un excellent état, et tout fait espérer que cette année, le cidre, sera abondant à moins, ce qui n'est guère à craindre maintenant, qu'il n'intervienne de fortes gelées et des vents d'est, le cidre sera à très bon marché. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juin 1858   -   L’orage.   -  Avant-hier mercredi, vers cinq heures du soir, un orage épouvantable a éclaté sur notre ville et sur une partie de notre contrée.

Depuis le matin, l'atmosphère était d'une chaleur écrasante, lorsque tout-à-coup une pluie torrentielle, mêlée de tonnerre et d'éclairs, vint à fondre avec violence, en quelques minutes, les rues inondées n'offrirent plus que de larges ruisseaux, interceptant les communications. Puis une véritable trombe d'énormes grêlons et de morceaux de glace vint compliquer le désastreux effet de cette bourrasque, et causer de grands dégâts dans tous les quartiers. Des toitures en verre, des serres, des cloches à melons ont été complètement brisées, des jardins ont été ravagés, des planches entières de légumes et de fleurs ont été littéralement hachées. Une hirondelle a été ramassée morte, tuée par la grêle. Enfin, dans la plupart des habitations, ce n'étaient que débris d'ardoises, de carreaux et de plâtre.

Personne n'a souvenir, à Bayeux, d'un pareil désastre.

Ce cataclysme, ne paraît pas d'ailleurs s'être étendu sur toute la contrée. Il s'est fait sentir surtout sur une partie des cantons de Balleroy, de Tilly, de Ryes et de Creully.

Sur le territoire de la commune du Molay, une femme âgée, conduisant une vache, a été tuée par la foudre, ainsi que la Vache, qui a été portée à plus de vingt mètres de l'endroit où elle a été frappée. Une autre femme de 28 à 30 ans, qui se trouvait à quelques pas de la première, est restée paralysée.

On nous a montré un glaçon apporté de Creully, d'une largeur de quinze centimètres. On s'accorde heureusement jusqu'à présent à constater que les désastres sur les récoltes ne sont pas aussi considérables qu'on eût pu le craindre. Partout où l'orage à sévi, beaucoup de pommiers ont été dépouillés de leurs fleurs. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juin 1858   -   Nouveaux orages.   -   Samedi, vers cinq heures du matin, de violents déchirements du tonnerre, accompagnés d'éclairs continus, vinrent surprendre et réveiller brusquement notre population. Après une nuit dont la fraîcheur n'était pas de nature à le faire appréhender, un nouvel orage éclatait sur la ville, et pendant près de deux heures, une pluie torrentielle s'étendait sur la contrée. La foudre est tombée à plusieurs endroits sans causer d'accidents notables. Un des deux sapins situés sur le bord de la route de Port, à la sortie de l'octroi, a été fendu dans toute sa longueur, deux poules, qui s'étaient réfugiées sous cet arbre, ont été asphyxiés. Aucun sinistre regrettable n'a été signalé.

Hier matin, lundi, à dix heures, par un vent d'est assez froid, une bourrasque, entremêlée de tonnerre et d'éclairs, de pluie et de vent, et venant dans la direction de l'ouest, s'est de nouveau abattue sur Bayeux. Pendant une heure, la pluie est tombée avec abondance ; le reste de la journée a été beau.

Heureusement que ces deux orages n'étaient pas compliqués de ces énormes grêlons et morceaux de glace qui avaient, dans la soirée de mercredi, jonché nos habitations et nos jardins d'une masse de débris de toute sorte. Le séminaire de Villiers surtout a beaucoup souffert de la violence de cet orage. Là sont tombés de gros morceaux de glace, et en telle abondance, que les toitures en ardoise de l'établissement en ont été littéralement broyées. On n'évalue pas le dégât à moins de dix mille francs. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juin 1858   -   Le travaux de la Cathédrale.   -   Depuis quelques jours, la nouvelle assez vague, d'ailleurs, qu'un crédit de 150 000 francs venait d'être accordé pour la continuation des travaux de la Cathédrale, était répandue dans notre ville. Aujourd'hui, nous pouvons annoncer de source certaine que le fait est vrai, et que ce nouvel acte de munificence de la part du gouvernement de l'Empereur va sans doute permettre de pousser avec activité l'œuvre de restauration complète, qui menaçait d'être prochainement interrompue. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juin 1858   -   Nouveaux orages.   -   De nouveaux orages sont venus s'abattre ces jours-ci sur une partie de notre contrée. Celui de lundi matin, que nous avons déjà mentionné, parait s'être étendu sur divers points et avoir eu des résultats regrettables.

La foudre est tombée sur le château de Bernesq, occupé par M. Vallée. Elle a, pour ainsi dire, parcouru le vaste édifice depuis le haut jusqu'en bas, visité tous les appartements. La tourelle a été dévastée. Des meubles ont été brisés à l'intérieur, d'autres bousculés et dispersés. Un berceau d'où un enfant venait d'être retiré depuis quelques minutes, a été enlevé et lancé par dessus un lit à l'extrémité de l'appartement. Une domestique a été atteinte au cou par le fluide qui, heureusement, ne lui a occasionné qu'une légère brûlure. Personne autre n'a été blessé.

Presqu'au même moment, la foudre tombait à Saonnet, dans un herbage appartenant à M. Barbey, frappait un arbre, tuait trois vaches qui avaient cherché là un abri et en blessai une quatrième.

Le tonnerre est encore tombé dans plusieurs localités voisines, notamment, dit-on, sur la commune du Molay. On n'a pas signalé, jusqu'à présent, qu'il ait occasionné d'autres accidents graves.

Le même jour, le bourg de Tilly a été inondé pendant une heure par de véritables cataractes, ruisselant par masses torrentielles, avec une violence et une intensité telles que, de mémoire des plus âgés parmi les habitants, on n'avait pas souvenir d'un pareil déluge.

Mardi, à cinq heures après midi, une profonde obscurité s'est étendue pendant un quart d’heure sur toute la ville, puis, tout à[1]coup, ces sombres nuages se sont fondus en une pluie torrentielle qui a duré jusqu' à sept heures. Le reste de la soirée et la journée de mercredi, le temps est resté beau. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juin 1858   -   On lit dans « Le Moniteur de l'Armée ».   -   D'après les ordres de l'Empereur, tous les régiments d'infanterie de ligne vont recevoir des armes rayées, en échange des armes à canon lisse qu'ils possèdent actuellement. Cet échange nécessitera diverses mesures préparatoires qui sont détaillées dans une circulaire que M. le ministre de la guerre a récemment adressée aux corps. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juin 1858   -   Nouvelles diverses.   -  La sécheresse avait fait concevoir un instant des craintes pour l'avenir de la récolte. Heureusement il y a eu plus de peur que de mal, et les pluies bienfaisantes que nous avons depuis quelques jours ont déjà redonné à la végétation une vigueur admirable.

Sur quelques points du département, entre autres dans les arrondissements de Vire et de Falaise, les orages ont causé quelques dommages aux arbres à fruits. Mais ce sont là des accidents partiels.

Quelques-unes de nos campagnes sont encore aujourd'hui  affectées des suites de la sécheresse.

L'état de nos récoltes en terre est généralement satisfaisant. Les blés ont souffert de la chaleur dans les terres légères, mais presque partout ils sont très beaux : l'épiage et la floraison s'opèrent dans des conditions qui ne peuvent que confirmer l'espoir d'une bonne récolte.

Les seigles sont défleuris et promettent un rendement abondant en grain et en paille. Si le temps continue à être favorable, on pourra les couper à la fin du mois de juin.

La pluie a été particulièrement propice aux avoines, surtout à celles du printemps, qui ont un très bel aspect à peu près partout.

On a commencé à couper les luzernes. Les jeunes sont généralement bonnes, mais les anciennes ont peu donné.

En résumé, la situation est bonne, et tout fait espérer qu'elle se maintiendra dans ces Conditions. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juin 1858   -   L’armée.   -   M. le général Chatry-Lafosse, a passé hier, la revue des jeunes militaires du Calvados de la classe de 1858, appelés à l'activité.

Ces militaires, au nombre d'environ 340 , seront répartis dans les 16e, 32e, 41e, 47e, et 97e régiments de ligne.

— La 3e batterie du 3e régiment d'artillerie, forte de 3 officiers, 68 sous-officiers et soldats, et 4 chevaux, venant de Strasbourg et allant à Cherbourg, fera étape, jeudi, à Bayeux, et vendredi à Isigny. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juin 1858   -   Passage de troupes.   -   Aujourd'hui vendredi, sont passés par Bayeux, 1° un détachement de 68 jeunes soldats du département de la Somme ; 2° un détachement de 80 jeunes soldats du département de la Sarthe.

Un autre détachement de 66 hommes du département du Seine-et-Oise, passera dimanche 27 juin.

Un détachement de 84 hommes du département de l'Yonne, est attendu pour le dimanche 4 juillet.

Tous ces détachements se rendent à Cherbourg, pour être incorporés au 42e de ligne, en garnison dans cette ville.

Le 2 juillet, 17 soldais de l'artillerie de marine, se rendant à Cherbourg, séjourneront dans notre ville. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juillet 1858   -   Le chemin de fer.   -   Lundi dernier a eu lieu la réception officielle de la ligne de Caen à Cherbourg et le service général va être incessamment ouvert à la circulation. De nouvelles affiches doivent d'ailleurs renseigner le public à cet égard. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juillet 1858   -   Un accident.   -   Un triste accident est arrivé, dimanche dernier à la gare de Bayeux. A l'arrivée du train de Paris de quatre heures du matin, le nommé Moulin (Modeste-François), garde-train, demeurant à Paris, était descendu du convoi sur la voie pour accrocher un wagon de supplément. Pendant qu'il procédait à cette opération, le train fut mis en mouvement sans que ce malheureux, peu alerte par suite de blessures reçues en Crimée, ait eu le temps de se dégager.

Une des roues lui mutila la jambe, pendant qu'un de ses bras, à partir de l'épaule, était broyé entre deux tampons. Transporté immédiatement à l'Hôtel-Dieu, il est mort au bout de trois heures. II était marié et laisse une veuve enceinte. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juillet 1858   -   Les cloches de la cathédrale.   -   Les trois nouvelles cloches de la Cathédrale sont arrivées samedi soir à Bayeux, venant de Villedieu, où elles ont été fondues dans les ateliers de M. Havard. La foule ne cesse de les visiter et d'en admirer le beau travail artistique et le fini d'exécution.

Après la cérémonie du baptême qui aura lieu, dit-on, lundi prochain 12 juillet, elles seront placées, les deux grosses dans la tour du Nord, la 3e dans la tour du Midi.  (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Août 1858   -   La porcelaine de Bayeux à l'exposition d'Alençon.   -   Nous extrayons du rapport de l'exposition d'Alençon, le passage suivant relatif à la porcelaine de Bayeux : La porcelaine de Bayeux est signalée depuis plus de trente années, non-seulement en France, mais encore dans toute l'Europe, pour son excessive solidité, et la propriété toute spéciale de supporter l'action du feu.

Pour les objets de ménage, cette manufacture produit une grande quantité d'articles qui, aux avantages précieux de résister au feu, joignent ceux d'une bonne fabrication et d'un prix réduit de près de moitié, depuis que M. Gosse la dirige.

Aujourd'hui la porcelaine de Bayeux, qui résiste au feu, coûte moins cher que bien des porcelaines qui n'ont pas cette qualité.

Ces précieux résultats lui méritèrent, à l'exposition universelle de 1855, une médaille d'argent pour le bon marché de ses produits, et une deuxième pour leur supériorité exceptionnelle.

M. Gosse a présenté à l'exposition d'Alençon des capsules d'un grand volume et d'une magnifique exécution, une superbe tortue, une variété d'objets de ménage, cotés aux prix les plus réduits.

Le jury, appréciant la supériorité de la porcelaine de Bayeux, et voulant rendre hommage à l'excellence de ses produits, a décerné à l'habileté de M.,Gosse la plus haute distinction dont il pût disposer en faveur de la céramique, et lui a accordé une médaille d'argent. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Août 1858   -   Le règlement.   -   Il arrive quelquefois que des fonctionnaires municipaux croient pouvoir, nonobstant les termes des règlements sur la fermeture des débits de boissons, autoriser certains habitants à laisser ouverts leurs établissements après l'heure de fermeture fixée par ces règlements.

Il parait utile, dès lors, de porter à la connaissance de MM. les maires que la Cour de cassation vient de décider qu'un maire n'a pas le droit, lorsqu'il existe un arrêté qui ordonne la fermeture des établissements publics à une heure déterminée, de donner la permission de dépasser cette heure, pour quelque cause que ce soit. Il ne peut, en effet, appartenir à l'autorité municipale de modifier un arrêté régulièrement pris. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Août 1858   -   Un violent orage.   -   Vendredi soir, un violent orage, accompagné de tonnerre et d'éclairs incessants, ainsi que d'une pluie torrentielle, a éclaté sur Bayeux et sur toute la contrée. Il a duré par intervalles une partie de la nuit et n'a cessé entièrement qu'au point du jour.

Nous n'avons pas appris que la foudre, à part son bruit formidable qui a tenu bien des gens éveillés, ait causé d'accidents regrettables. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Août 1858   -   Pour le 15 août.   -   A l'occasion de la fête du 15 août, des secours ont été accordés par S. Exe. M. le ministre d'Etat, au nom de l'Empereur, aux parents d'un certain nombre des enfants qui, étant nés le 15 mars 1856, le même jour que S. A. le Prince Impérial, ont eu l'honneur d'avoir pour parrain et marraine Leurs Majestés l'Empereur et l'Impératrice. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Septembre 1858   -   La comète.   -   La comète signalée à Nantes et à Paimbœuf ces jours derniers a été observée hier soir à Bayeux, vers huit heures, dans la direction de l'ouest, environ 10° nord. Elle pouvait avoir, à cette heure, une hauteur du 15° au-dessus de l'horizon, et quoique visible à l'œil nu, elle n'a jusqu' à présent que peu d’éclat.

Cette comète, découverte par M. Douati, n'a aucune analogie avec les autres comètes qui ont été observées dans les temps historiques.

En tout cas, ajoute-l-il, ce n'est pas la célèbre comète de Charles Quint, dont le retour attendu, en vertu d'hypothèses, purement gratuites, a tant effrayé le public dans ces dernières années. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Septembre 1858   -   L’orage.   -   Hier soir, de onze heures à minuit, le bruit formidable du tonnerre est venu tout à coup terrifier la population de notre ville. Un affreux orage, accompagné d'éclairs et d'un roulement continu, s'étendait sur notre contrée. Pendant une demi-heure, la foudre déchirait la nue avec une violence d'autant plus effrayante que la pluie n'est tombée que plus lard. On n'a guères souvenir d'une pareille scène. On nous assure, ce matin, que le tonnerre est tombé à plusieurs endroits.

Nous venons de voir, dans un jardin de la rue des Teinturiers, un immense peuplier qui a été frappé en travers, immédiatement au-dessous des branches et à une hauteur de trois mètres environ du sol. Tout un côté du tronc a été déchiré en longs ligaments, dont plusieurs ont été portés à plus de quarante mètres, dans un autre jardin de la rue de la Cave.

Au bout d'une heure, cet orage qui se dirigeait vers la côte avait cessé de gronder sur Bayeux. Nous désirons n'avoir pas à constater qu'il ait causé au loin des effets plus désastreux. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Septembre 1858   -   Élargissement d'une rue à Bayeux.   -  L'élargissement de la rue Echo, à Bayeux, est nécessaire pour accéder à la gare du chemin de fer. Dans le cas où cet élargissement s'opérerait actuellement par voie d'acquisition, il serait juste que la ville de Bayeux contribuât à la dépense dans une certaine proportion. Le conseil prie M. le préfet de mettre la ville de Bayeux en demeure de s'expliquer sur la part qu'elle entend prendre dans la dépense d'acquisition des maisons frappées d'alignement. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Octobre 1858   -   Avis.   -   Une circulaire de M. le Préfet du Calvados à MM. les maires, leur enjoint de s'abstenir avec soin de viser pour l'étranger les passe-ports à l'intérieur, et les livrets des ouvriers.

Aux termes de la loi du 22 juin 1854 et du décret portant règlement d'administration publique, du 30 avril 1855, le livret d'ouvrier n'équivaut au passe-port que lorsqu'il a été revêtu d'un visa spécial de l'autorité compétente pour une destination fixe à l'intérieur. Le livret est donc seulement valable comme passe-port à l'intérieur. Il ne dispense jamais l'ouvrier français qui veut sortir de France de se pourvoir d'un passe-port à l'étranger, assujetti au visa des agents diplomatiques ou consulaires compétents. . (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Octobre 1858   -   Le temps qu’il fait.   -   Les astronomes ont compulsé toutes les tables météorologiques quotidiennes depuis deux siècles, et ils n'ont pas trouvé un seul 16, ni 17, ni 18 octobre ni aucun jour voisin dans le calendrier où l'on ait joui, d'une température de vingt-cinq degrés centigrades au-dessus de zéro.

L'année 1858 est l'une des années les plus extraordinaires de ce siècle pour la beauté de la température.

Malheureusement beaucoup, d'industries ont à souffrir de la sécheresse extraordinaire aussi, cette année. Quinze jours de pluies seraient un véritable bienfait pour elles. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Novembre 1858   -  La sécheresse.   -   Les cultivateurs appellent en ce moment la pluie de tous leurs vœux :

« Entre la Toussaint et la Noël, rappellent-ils, il ne saurait trop pleuvoir ni trop venter. » L'application de cette sentence agricole serait surtout justifiée cette année. Les semailles ont été faites sans doute dans de bonnes conditions, mais les terres sont devenues légères par suite de la prolongation de la sécheresse et elles ont besoin d'être raffermies pour résister aux gelées qui s'annoncent de bonne heure. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Novembre 1858   -  Voici qui intéresse les ménagères.   -   Il s'agit d'un procédé de nouvelle lessive économique et rapide, trouvé par M. Chapoleaut, pharmacien à Decise. On fait dissoudre 1 kilogramme de savon dans 50 litres d'eau de rivière ou de fontaine. Lorsque, à l'aide de la chaleur, la dissolution est complète, on retire du feu et on ajoute : essence de térébenthine rectifiée, 15 grammes ; ammoniaque liquide à 22°, 30 grammes. Remuer le mélange avec une baguette pendant quelques minutes et le verser encore chaud, sur la quantité de linge à lessiver. Au bout de quatre heures de contact, on frotte le linge entre les doigts, on le passe à l'eau : il est d'un blanc parfait. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Novembre 1858   -  Brûlée vive.   -   Vendredi dernier, vers dix heures du soir, la dame veuve Jacquelin-Duval, née Van-Hecken, ancienne cafetière, demeurant en cette ville, a été trouvée brûlée dans son domicile, rue St-Patrice, on présume qu'une chaufferette aura communiqué le feu à ses vêlements, et que la fumée l'aura étouffée sans qu'elle ait pu appeler à son secours.

Quand les voisins l'ont trouvée elle était tombée sur le plancher de sa chambre toute carbonisée et ne donnant plus signe de vie. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Novembre 1858   -  Nouvelles diverses.  -  Sur les réquisitions de M. le substitut Jousselin, et afin de protéger dorénavant les voyageurs et les dames contre certains fumeurs obstinés et acharnés que rien n’arrête, le tribunal correctionnel de la Seine vient de condamner un voyageur à 50 fr. d’amende et aux dépens pour avoir fumé en wagon, malgré les réclamations des dames et des autres voyageurs. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Novembre 1858   -  Nouvelles diverses.  -  Nous signalons à l’attention de la police un nouveau genre de vol qui se pratique le soir aux portes de la ville de Bayeux. Un industriel, porteur d’un mauvais sabre dit briquet, et se disant agent de police, déclare des procès verbaux aux habitants de la campagne, qui n’ont pas de lanternes allumées à leurs voitures, cet agent apocryphe affecte d’abord une grande incorruptibilité, mais il finit par consentir à arranger l’affaires moyennant finance.

Il y a une quinzaine de jours, le sieur X….., cultivateur à Audrieu, monté dans son banneau, partait de Bayeux par un beau clair de lune, lorsqu’il fut accosté dans la rue de Cremelle, entre l’octroi et la gare, par notre agent de police qui lui déclara procès-verbal pour n’avoir pas allumé sa lanterne.

Le campagnard lui fit observer que cela était inutile, puisque la lune était dans tout son éclat, le filou insiste pour savoir le nom du délinquant, qui, effrayé de ses menaces et voulant d’ailleurs éviter un procès, lui offre deux francs pour le laisser poursuivre son chemin ; l’autre les refuse avec indignation d’abord et finit par les accepter sur les instances de M. A….., qui atteint sa bourse pour payer la somme convenue. Mais tout à coup, et avec la rapidité de l’éclair, l’incorruptible agent s’empare vivement de la bourse et gagne à toutes jambes l’intérieur de la ville, où il disparaît bientôt. Le volé eut beau crier au voleur, il a perdu son argent. La bourse contenait 22 fr.

Quelques instants avant, un autre campagnard avait été victime de la même manœuvre, mais plus heureux que le sieur X….., il s’en était tiré pour 2 francs.

Le volé n’a pas déposé de plainte, dans la crainte, d’être lui-même poursuivi pour infraction à l’arrêté du Préfet, sur la police du roulage. C’est par trop de naïveté !  (Source : Le journal de Honfleur)

 

Décembre 1858   -  Un suicide.   -   Hier soir, vers 10 heures et demie, une pauvre fille, nommée Elisabeth, habitant une petite mansarde au troisième étage d'une maison de la rue Bienvenue, s'est jetée par sa fenêtre sur le pavé de la rue. La mort a été instantanée. Cette malheureuse, qui était âgée de cinquante ans environ et qui vivait d'aumônes, avait donné depuis longtemps des signes non équivoques d'aliénation mentale.

Relevée par des passants, son cadavre mutilé a été, quelques instants plus tard, transporté à l'Hotel-Dieu. Un médecin, appelé sur les lieux, avait constaté l'inutilité de toute, espèce de secours. ( Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Décembre 1858   -  Les expropriations.   -   Le jury d'expropriation de l'arrondissement de Bayeux s'est réuni de lundi à jeudi soir pour s'occuper de l'expropriation définitive des terrains occupés par les gares de Bayeux, le Molay et Lison.

Après diverses visites faites sur les lieux mêmes, il a eu a statuer sur vingt affaires. Les opérations ont été conduites avec une grande habileté, et les parties respectives se sont montrées satisfaites des résultats obtenus.

Dans l'arrondissement de Bayeux, il ne reste plus à exproprier que les terrains de la gare d'Isigny. (Moniteur du Calvados).

 

Décembre 1858   -  Les prix de la viande.   -   Les charcutiers de Lisieux viennent de faire une grande diminution sur le prix de la viande de porc ; cette diminution a été annoncée à son de tambour, elle n'est pas de moins de 15 à 20 c. p r 1/2 kilog., ce qui établit cette viande à 40 et 45 c.

  A Bayeux, la diminution du prix de la viande sur pied a aussi influé depuis quelque temps d'une manière heureuse sur l'approvisionnement et le nombre des étaux de bouchers établis le samedi au marché. Samedi dernier, il y avait cent trois bouchers sur la place Saint-Patrice, presque tous marchands forains.

Cette affluence de bouchers du dehors, dont l'entrée en ville est favorisée par le tarif équitable de l'octroi, a contribué puissamment à résoudre à Bayeux le problème de l'abaissement du prix de la viande.

En effet, sur le marché, on se procure actuellement de la viande de très bonne qualité à 1 fr. le kilog. les morceaux choisis, et de 70 à 90 c. les morceaux ordinaires.

En présence de ces prix, un grand nombre de bouchers de la ville ont compris avec raison qu'ils compromettraient leurs intérêts, en ne suivant pas le cours du marché, et ils ont fait une diminution à leur clientèle, nous espérons que leur exemple va être immédiatement suivi par les autres.

Avis. — Nous rappelons aux personnes intéressées que le marché de Bayeux, se tenant ordinairement le samedi, aura lieu les vendredi 24 et 31 décembre courant, à cause des fêtes de Noël et du premier de l'An, qui cette année se trouvent le samedi. ( Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Décembre 1858   -  Des récompenses.   -   Par décision en date du 12 juillet 1858, le ministre de l'instruction publique a décerné, les récompenses suivantes, aux instituteurs et institutrices appartenant à l'arrondissement de Bayeux, qui, pendant l'année scolaire 1856-1857, se sont fait remarquer dans l'accomplissement de leurs devoirs :

Mention honorable : à M. Besche, instituteur à Neuilly.

Médaille de bronze : à Mme Belliard, religieuse de la Providence, institutrice à Bayeux,

Mention honorable : à Mlle Enguerrand, institutrice à Sept-Vents. .  ( Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Décembre 1858   -  Les délinquants de la route.   -   Un arrêté de M. le Maire de Bayeux, en date du 1er octobre 1858, défend aux conducteurs de voitures de faire courir leurs chevaux dans les rue de la ville, et l'art. 477, n° 4, et 476 du Code pénal, puni d'une amende de 6 à 10 fr. et d'un à trois jours d'emprisonnement, ceux qui font ou laissent courir leurs chevaux, bêtes de trait, de charge ou de monture dans l'intérieur d'un lieu habité, et ceux qui violent les règlements contre la rapidité des voitures.

Nous voyons néanmoins tous les jours dans nos rues, et particulièrement les jours de marché, les conducteurs de chevaux et voitures commettre des infractions à ces lois et règlements, au risque de faire arriver des accidents fort graves, aussi, la police s'est mise en éveil et se met en devoir de dresser des procès-verbaux contre les contrevenants, et le Tribunal de simple police à prononcé, mardi dernier, des condamnations contre quatre délinquants. ( Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Décembre 1858   -  Des récompenses.   -   Le Moniteur d'hier publie une longue liste des personnes auxquelles l'Empereur vient de décerner des récompenses, pour des actes de dévouement qui lui ont été signalés, pendant le troisième trimestre de 1858. Nous y remarquons les suivantes :

Gérard (Jacques), maitre-mineur ; Bailleul (Théodore-Félix) ; Mondehard (François), mineur, reçoivent des médailles d'honneur en argent, le premier de 1er classe, les deux autres de 2e classe, pour avoir, à Bayeux, les 4, 5, 6, 7 et 8 mai 1858, au péril de leur vie, pris part au sauvetage d'un puisatier enseveli sous un éboulement.

Marie-Benoit, garde-champêtre, et Sevestre (Félix), chaufournier à Vaux-sur-Seulles, pour avoir, à Vaux-sur-Seulles, le 7 avril 1858, dans une circonstance semblable, montré même dévouement en cherchant à sauver trois ouvriers. ( Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Décembre 1858   -  La population du Calvados.   -   L'état du mouvement de la population dans le Calvados en 1857 présente les résultais suivants :

La progression décroissante de la population, après s'être arrêtée en 1856, a repris son cours. Les naissances avaient été, en 1856, de 9 612, elles ne sont plus, en 1857, que de 9 401, soit en moins 211 ; de même, les décès qui, en 1856, étaient de 9 712, sont, en 1857, de 10 188, soit en plus 476.

Si maintenant on compare le nombre des décès. 10 188 à celui des naissances,  9 401 on trouve un excédant de décès de 787 soit 687 en plus de 1856. ( Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1859   -  Mouvement de la population de Bayeux.   -   En l'année 1858 : Naissances, 179 ; Décès, 309 ; Mariages, 61.

Différence entre les naissances et les décès, 130. ( Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1859   -  Dispense.   -   D'après l'art. 79 de la loi du 15 mars 1850, les jeunes gens qui se destinent à l’enseignement public doivent, pour être dispensés du service militaire, contracter, avant l'époque fixée pour le tirage, un engagement décennal devant le recteur de l'Académie. Ils ne perdront pas de vue que l’engagement contracté par eux à leur entrée à l'Ecole normale de les affranchit point de celui prescrit par ladite loi. ( Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1859   -  Curieux mariage.   -   Un mariage, contracté la semaine dernière devant l'officier public de l'état civil de Bayeux, présentait des particularités assez curieuses et fort rares.

Les deux époux sont nés la même année. Ils portent le même nom de famille, sont cousins-germains, tous les deux ont deux frères, et ces quatre frères étaient les témoins de l'acte de mariage au bas duquel on ne voyait comme signatures que le même nom de famille, y compris celui des père et mère de chacun des époux, qui sont eux-mêmes frère et sœur. ( Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1859   -  Le feu.   -   Un feu de cheminée a eu lieu, mardi, dans une maison de la rue Laitière. De prompts secours portés par un détachement de sapeurs-pompiers, n'a pas tardé à venir à bout de ce commencement d'incendie. ( Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1859   -  Il n’y a plus d’hiver.   -   Le crédit de M. Babinet commence à baisser, depuis que l'atmosphère a eu le mauvais goût de donner le plus complet démenti à ses prédictions. M. Babinet avait prédit que l'hiver de 1858 à 1859 serait un des plus rigoureux que nous ayons eus, et que cette rigueur, excessive commencerait à se faire sentir surtout à partir du 15 décembre jusqu'au 1er janvier. Or, le 1er janvier est passé, et l'on peut dire, sans crainte d'être démenti par personne, que nous n'avons pas encore eu d'hiver, il est vrai que M. Babinet explique qu'il a pu se tromper de quelques jours dans ses calculs, mais il ajoute qu'il maintient sa prédiction qui commencera très certainement à se réaliser à partir du 15 du présent mois. ( Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1859   -  Usurpation d’identité.   -   Aux Comices agricoles du 19 septembre dernier la demoiselle Cottard, servante chez M. Louis Delamare, à Etréham, a obtenu un prix de 60 fr. à l'appel de ce nom, une personne s'est présentée et a reçu cette somme des mains de M. le président de la Société, depuis, ce prix a été réclamé au nom de la Dlle Cottard, avec déclaration que ce n'était point elle qui l'avait reçu.

MM. les Maires du canton de Trévières et autres personnes présentes à la distribution sont priées de donner à M. Thieulin, trésorier de la Société, au secrétariat de la Mairie de Bayeux, les renseignements qu'elles pourraient avoir sur la confusion qui aurait pu s'opérer au moment de la remise des récompenses décernées par la Société d'agriculture de Bayeux, aux anciens domestiques.[1]( Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1859   -  Avis.   -   La Société impériale et centrale de médecine vétérinaire, consultée par S. Exc. le ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics sur la loi des vices rédhibitoires, vient de décider que la méchanceté et la rétivité seraient comprises désormais dans la nomenclature des vices qui peuvent donner lieu à la résiliation des marchés. ( Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Février 1859   -  Le printemps montre son nez.  -  Depuis quelques jours, nous jouissons d'une température toute printanière ; la campagne commence à changer de vêtement ; la verdure se hâte déjà de paraître ; l'oiseau gazouille et recommence ses petits chants d'amour ; la vigilante abeille et la prévoyante fourmi continuent leurs travaux ; enfin, tout semble renaître. Quelques papillons osent aussi se montrer ; à bientôt les z'hannetons, les catonnets et la prommerole pour un’épingue. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Février 1859   -  Une chute mortelle.   -    Dimanche dernier, une dame Élisabeth, âgée de 65 ans, passait dans la rue d'Aprigny, revenant de la messe de Saint-Patrice, accompagnée de sa fille. Celle-ci, se trouvant malade et près de tomber, appela sa mère, qui voulut soutenir sa fille, mais elles tombèrent l'une sur l'autre si malheureusement que la dame Elisabeth ne s'en releva pas ; sa mort avait été instantanée. ( Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Février 1859   -  Un peu d’hygiène.   -   Dans presque toutes les fermes, les employés attachés aux étables, aux écuries, aux bergeries, etc…, y couchent auprès des animaux auxquels ils donnent leurs soins. Non seulement on ne regarde pas cette habitude comme vicieuse, mais encore on croit que certaines maladies sont guéries par un séjour plus ou moins, prolongé dans les étables.

Cette méthode, basée sur la routine, doit être répudiée par le bon sens.

Le séjour des hommes dans les étables, les bergeries, les écuries, etc…, est contraire à toutes les règles de l'hygiène, dans un endroit rempli d'animaux, on ne peut respirer qu'un air usé, vicié par leur respiration, et manquant des principes organiques nécessaires à la santé.

Les cultivateurs chez lesquels ce système est en faveur objecteront sans doute que leurs gens n'éprouvent pas de malaise et ne se plaignent d'aucun dérangement de santé. Il est vrai que les maladies provenant de ce régime sont longues à se déclarer, parce qu'il y a intermittence et que l'air pur du jour peut remédier jusqu'à, un certain point à l'effet des miasmes putrides de la nuit ; mais, si l'influence du mal est lente, on ne peut nier son existence réelle.

En été, l'air est généralement sec, les animaux sont dehors une partie de la journée, la nuit on établit des courants d'air, alors il y a moins d'inconvénients, peut-être ; mais l'hiver les bêtes à cornes et les moutons restent presque toujours enfermés, les ouvertures sont hermétiquement bouchées, les exhalaisons animales n'ont aucune issue ; alors il y a véritablement danger sérieux à forcer les ouvriers des fermes à y demeurer la nuit. ( Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mars 1859   -  Tribunal Police Correctionnelle.   -   Audience du 23 février 1859.

— Jean-baptiste Savarin, âgé de 28 ans, épicier, né à Longueville, demeurant à Bayeux, en 6 jours de prison et en 25 fr. d'amende, pour ouverture de cabaret sans autorisation.

-— Jean-Baptiste Grain, âgé de 58 ans. propriétaire, né et demeurant à Ver, en 16 fr. d'amende et à la confiscation de son fusil pour délit de chasse.

— Adolphe Alexandre, âgé de 18 ans, et Michel Alexandre, âgé de 26 ans, cultivateurs à Ranchy, chacun en 5 fr. d'amende, pour coups et blessures. ( Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mars 1859   -   Le temps.   -   La température du mois de mars, dit le Moniteur du Calvados, si redoutée des cultivateurs, se montre on ne peut plus favorable aux biens de la terre. Les gelées matinales n'ont pas assez de force pour compromettre les récoltes, et elles arrêtent les progrès de la végétation qui, en l'absence de l'hiver proprement dit, avaient pris un essor considérable. Partout les céréales en terre ont une apparence magnifique, et si cette température se soutient, on peut compter sur une récolté exceptionnelle. Les ensemencements de mars se font dans d'excellentes conditions.

Les colzas ont généralement une bonne apparence. Avant peu nous les verrons en fleur.

Les fourrages artificiels se comportent à merveille.

Nous recevons de la vallée d'Auge d'excellentes nouvelles de nos pommiers. Sur les sujets hâtifs, on remarque déjà de nombreux bourgeons à fruit. ( Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mai 1859   -   Contingent de la classe de 1858.   -  La sous-répartition du contingent départemental, entre les cantons proportionnellement au nombre des jeunes gens inscrits, est fixée pour le Calvados au chiffre total : inscrits, 3 659 ; contingent à fournir, 1 674.

Voici la répartition pour les six cantons de l'arrondissement de Bayeux : Balleroy, inscrits 130, contingent 59 ;  Bayeux, inscrits 82, contingent 38 ;  Caumont, inscrits 87, contingent 40 ;  lsigny, inscrits 137, contingent 63 ;  Ryes, inscrits 74, contingent 34 ;  Trévières, inscrits 97, contingent 44. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juin 1859   -   La victoire de Cavriana.   -   Samedi matin, vers dix heures, pendant que la nouvelle du nouveau triomphe de nos armes était placardée à la mairie, le son des cloches et des salves d'artillerie annonçaient à la population bayeusaine qu'un glorieux événement venait encore de s'accomplir. La dépêche de l'Empereur était proclamée à son de caisse et lue à tous les carrefours de la ville. La joie et l'enthousiasme rayonnaient sur tous les visages, chacun répétait à son voisin chaque terme du bulletin de Sa Majesté, et la grande nouvelle se répandait dans toutes les maisons et dans les quartiers les plus éloignés avec la rapidité du courant électrique. Les fenêtres se garnissaient de drapeaux, aux cris de : « Vive l'Empereur ! »

Pendant toute la journée, la foule se portait vers la mairie pour lire et relire ce nouveau et éloquent témoignage de l'admirable bravoure de nos invincibles soldats et de leurs chefs. Au juste sentiment d'orgueil national qui animait tous les cœurs, se joignait, à l'annonce de cette nouvelle défaite de l'ennemi, l'espérance d'un résultat définitif et prochain, bientôt suivis d'une paix solide et durable !...

Le lendemain dimanche, jour de la solennité de la Fête-Dieu, la ville était en fête dès le matin, Les drapeaux étaient restés en permanence ; les rues, qui devaient être parcourues par la procession générale de toutes les paroisses, se garnissaient de tentures et se jonchaient de verdure et de fleurs.

Cette magnifique procession, qui est sortie de la cathédrale à onze heures et demie, empruntait aux circonstances un éclat inaccoutumé à son brillant et solennel cortège d'ecclésiastiques, aux riches ornements se mêlaient celui des autorités et des fonctionnaires en costumes officiels, la longue file des écoles de garçons et de jeunes filles, vêtues de blanc, enfin une longue et double ligue de fidèles des deux sexes. La compagnie des sapeurs-pompiers et la gendarmerie faisaient escorte au Saint-Sacrement, qui était porté par Mgr l'Évêque. En avant du dais pontifical, la musique municipale faisait entendre des symphonies qu'elle alternait avec la marche des tambours.

Cette belle manifestation religieuse était, comme toujours, empreinte d'un caractère de grandeur et d'une majesté surhumaine, mais, ce jour-là surtout, elle devenait comme le solennel hommage des actions de grâces de toute une population reconnaissante, envers la divine Providence qui protège la France !

La procession a suivi son parcours ordinaire par un beau temps, et à travers des flots d'une population respectueuse et recueillie. Quatre élégants reposoirs étaient espacés sur sa route. Monseigneur a donné, à ces diverses stations, la bénédiction solennelle du Saint-Sacrement. Il était près d'une heure quand la procession rentrait en l'église cathédrale.

L'après-midi, à l'issue des vêpres du chapitre, les enfants de la première communion de la paroisse Notre-Dame se sont rendus processionnellement en l'église Saint-Laurent. Le temps avait continué d'être magnifique, cette seconde et touchante solennité a doucement complété, pour toutes les familles, cette belle journée d'une fête à la fois religieuse et nationale. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Septembre 1859   -   Curage de la rivière .   Le Maire de Bayeux, chevalier de la Légion d’honneur, publie l'arrêté suivant :

Art. 1er.      Il sera procédé au curage de la rivière d'Aure et de tous les fossés et rigoles, sur le territoire de la commune de Bayeux. Le curage commencera le lundi 5 septembre, à 6 heures du matin, et devra être terminé le jeudi soir suivant. Le jeudi, à midi, aura lieu la visite des travaux, ceux qui ne seraient pas convenablement effectués, seront exécutés d’office au compte des retardataires. Dans le cas où cette mesure devrait être prise, les vannes resteront levées jusqu'au samedi 10.

Art. 2.      Les propriétaires et les fermiers de moulins et usines de la ville seront tenus de lever leurs vannes, et de maintenir les eaux basses pendant tout le temps du curage, et, pour qu'il puisse s'opérer le 5 septembre, à 6 heures du matin, les vannes seront levées dès le dimanche matin, à 6 heures.

Art. 3.      Le curage se fera partout à vif fond et vifs bords, de manière à rétablir autant que possible le plat fond, et à y donner une pente en long, régulière et uniforme.

Art. 4.   —-   Les alluvions seront détruites, les terres, pierres, sables ou vases, seront enlevés ou, jetés à un mètre loin du bord, sans qu'on puisse les déposer sur les talus intérieurs. On arrachera les arbres à souches, on coupera les branches, racines et broussailles, on supprimera et détruira les ouvrages en saillie non autorisés, tels qu'enrochements, piquets et tous autres obstacles, naturels ou artificiels, pouvant nuire au libre cours des eaux.

Art. 5.      Dans le cas où quelques personnes se refuseraient à cette opération de curage, il y serait préposé des ouvriers à leurs frais, sans préjudice des poursuites dont elles seraient l'objet. ( L’Indicateur de Bayeux)

 

Septembre 1859   -   Les marais.   -   Nous empruntons au rapport de M. l'ingénieur en chef sur le service hydraulique dans le département du Calvados, les passages suivants, qui sont relatifs aux marais de l'arrondissement de Bayeux

Vallée d'Aure. Les marais de la vallée d'Aure, dans l'arrondissement de Bayeux, à 55 kilomètres de Caen, ont une étendue de 5 000 hectares. Ils sont administrés par un syndical, conformément à un arrêté du 5 mai 1813.

Des travaux ont déjà été exécutés pour rectifier la rivière, faciliter le départ de l'eau et faire baisser son niveau dans le marais. Un dernier projet a été approuvé, le 14 septembre 1856, par l'administration supérieure.

Outre ces travaux, on voudrait encore en entreprendre d'autres pour empêcher les crues de l'Aure supérieure et de la Drome d'arriver dans la vallée de l'Aure inférieure. Un avant projet, présenté le 29 juillet 1857, a été soumis au Conseil général des ponts et chaussées, et un crédit de 1 500 fr. a été accordé pour des études complètes qui vont être terminées. Ce dernier projet donnerait à une surface de 2 600 hectares une plus value de 2 600 000 fr. Il coûterait 500 000 fr. ( L’Indicateur de Bayeux)

 

Septembre 1859   -   Un dépôt à la maison d'arrêt de Bayeux.   -   Mardi la nuit, la gendarmerie de la Seine a amené et déposé à la maison d'arrêt de Bayeux, un nommé Y…...., habitant Paris. Cette arrestation se rattache à l'assassinat de la veuve Simier, de Saint-Martin-des-Entrées, qui a eu lieu dans le mois de janvier dernier. Y…….. est parent de la victime. (Moniteur du Calvados.)

 

Septembre 1859   -   Un jugement réformé   -   Par arrêt de la Cour impériale de Caen en date du 25 août dernier, le jugement du tribunal civil de Bayeux qui condamnait le sieur Alexandre Rosier, marchand boucher à Caen, en quatre mois d'emprisonnement, pour vol d'un veau, a été réformé.

La condamnation a été annulée, et le sieur Rosier s'est même vu déchargé de tous les frais du procès. ( L’Indicateur de Bayeux )

 

Septembre 1859   -   On lit dans le « Moniteur du Calvados ».   -   Sous le premier Empire, la ville de Caen était le siège d'une division militaire, son importance, sa position stratégique avaient déterminé cette mesure, qui a été maintenue jusqu'en 1830.

Si nous sommes bien informé, il serait sérieusement question de faire revivre cet état de choses. Nous nous faisons l'interprète, de la cité en appelant de tous nos vœux la réalisation prochaine de ce projet.

Caen est restée l'Athènes normande. Elle tend à donner un nouvel essor à son commerce. Quand elle sera redevenue le siège d'une division militaire, elle aura recouvré sa brillante physionomie d'autrefois. ( Le Moniteur du Calvados)

 

Octobre 1859   -   Passage de troupe.   -   Le 67e régiment d'infanterie de ligne, se rendant à Cherbourg pour y tenir garnison, traversera prochainement notre département.

Un bataillon, fort de 18 officiers et de 577 sous-officiers et soldats, logera le 26 octobre à Bayeux, et les 27 et 28 à Isigny. Un autre bataillon, fort de 16 officiers et de 554 sous-officiers et soldats, logera le 28 octobre à Bayeux et le 29 à Isigny.

L'état-major et un bataillon, forts de 24 officiers et de 650 sous-officiers et soldats logeront les 29 et 30 octobre à Bayeux et le 31 à Isigny.

Le 4e bataillon et le dépôt, forts de 17 officiers et de 892 sous-officiers et soldats, logeront le 31 octobre à Bayeux et le 1er novembre à Isigny. ( L’Indicateur de Bayeux)

 

Octobre 1859   -   Une remarque sur le temps.   -   Une chose digne de remarque, c'est que à Bayeux, les mois de septembre 1858 et 1859 ont éprouvé les mêmes variations atmosphériques. Lis ont eu, l'un et l'autre, 24 jours de sec et six jours de pluie, avec, chacun, 22 degrés de chaleur et des vents dominants de sud. ( L’Indicateur de Bayeux)

 

Octobre 1859   -   Le temps qu’il fait.   -   Dans la nuit de vendredi à samedi, il s'est manifesté dans notre contrée une suite successive et continue de phénomènes atmosphériques : il a plu, grêlé, neigé, gelé, éclairé et tonné.

Le matin, dans nos environs, du coté de la mer, les chemins étaient couverts d'une légère couche de neige qui, du reste, n' a pas tardé à foudre. ( L’Indicateur de Bayeux)

 

Décembre 1859   -   L’hiver.   -   Nous sommes entrés depuis huit jours en plein hiver. La neige est tombée en assez grande abondance dans notre contrée. Le premier jour, les flocons fondaient dès qu'ils avaient touché le sol. La température s'est brusquement abaissée, la neige est tombée en abondance, et aujourd'hui le sol en est jonché. Elle a persisté, et est devenue glissante.

La campagne en est couverte. Les cultivateurs se réjouissent de cet état de choses : la neige protége les blés contre le froid, qui, de son côté, tue les insectes et les larves. ( L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1860   -   Un gendarme décoré.   -   Par décret impérial du 28 décembre, M. Marie (Charles), Marechal-des-logis de la gendarmerie à Bayeux, est promu au grade de chevalier de la Légion d'honneur (28 ans de services effectifs).

Déjà, au passage de l'Empereur par Bayeux, M. Marie avait été décoré par S. M. de la Médaille militaire.

Tout le monde, dans notre contrée, applaudira vivement à la nouvelle distinction décernée à ce brave et loyal militaire, auquel ses excellentes qualités publiques et privées, l'honorabilité de son caractère ont acquis depuis longtemps l'estime et l'affection universelles. ( L’Écho Bayeusain )

 

Janvier 1860   -   Les inondations.   -   A Vire, la rivière de ce nom a débordé vendredi vers six heures du soir. Elle a envahi tous les quartiers bas de la ville et s'est élevée à plus de un mètre dans la rue aux Teintures. Toutes les autorités se sont rendues sur les lieux du sinistre, ainsi que la gendarmerie, pour prévenir les accidents. A minuit, les eaux ont commencé à se retirer.
Les pluies torrentielles qui ont accéléré la fonte des neiges, ont produit dans notre arrondissement de nombreuses inondations.
La rivière d'Aure, de Drôme et de Tortonne ont débordé dans les vallées qu'elles arrosent. La Fosse du Souci est devenue insuffisante pour recevoir les deux premiers de ces cours d'eau qui refluent par Etréham et vont gagner la baie d'Isigny en inondant les marais de La Cambe et de Trévières. Du sommet de la butte d'Escures les prairies inondées présentent à la vue l'aspect d'un vaste lac.
La ville de Bayeux n'a eu aucunement à souffrir de l'inondation, dès les premiers symptômes de gonflement manifestés par l'Aure, l'Administration municipale avait prudemment fait lever tous les barrages pour prévenir l'accumulation des eaux. ( L’Écho Bayeusain )


Janvier
1860   -   Le ruban Rouge.   -   Un de nos compatriotes, M. A. Bence, capitaine au 2e Régiment de Cuirassiers, vient d'être nommé Chevalier de la Légion d'Honneur. M. Bence compte 25 années de services effectifs. ( L’Écho Bayeusain )

 

Février 1860   -   Les chevaux.   -    On se rappelle qu'à l'issue de la campagne d'Italie, les chevaux de trait et les mulets furent mis à la disposition des agriculteurs sur la seule condition de les nourrir et de les entretenir.

Cette mesure a porté ses fruits, aujourd'hui, 15 000 chevaux sont placés dans les départements, qui ont tous ou presque tous participé au bénéfice de la décision ministérielle. (L’Écho Bayeusain)

 

Février 1860   -   Des malfaiteurs.   -    La semaine dernière, des malfaiteurs se sont introduits la nuit, à l'aide d'escalade, dans l'atelier de MM. Salles et Croquevielle , carrossier, passage de la Boucherie, et se sont emparés d'une certaine quantité de cuir évaluée à une somme de 100 fr. Jusqu'à présent les auteurs de ce vol sont restés inconnus. (L’Écho Bayeusain) pas de gravité. (L’Écho Bayeusain)

 

Avril 1860   -   Les Rameaux.   -   L'usage de porter des rameaux le dimanche qui précède le jour de Pâques, est comme on sait universellement répandu. À Paris une immense consommation de verdure et faite cette journée, non seulement dans les églises, mais encore dans les rues ou pas un cheval ne circule sans être orné d'un rameau sur la tête.
Dans l'arrondissement de Bayeux, les rameaux bénits ne figure pas seulement à l'adoration du signe sacré de la Rédemption, ils sont employés à honorer la mémoire des morts et à fleurir les tombes, d'où la dénomination de Pâques -Fleuries.
Avant hier, notre population s'est conformée comme les années précédentes à cette antique tradition, et toute la journée une longue file de parents et d'amis est allée accomplir un pieux pèlerinage dans le cimetière de la ville. (l’Écho Bayeusain )

 

Avril 1860   -   Le temps qu’il fait.   -   La pluie tombée hier matin ayant fait considérablement gonfler la rivière, on dut hier soir lever les vannes des moulins pour éviter l'accumulation des eaux qui arrivaient avec violence.
Par suite de cette opération un domestique qui se trouvait à traire dans la vallée-des-Prés, fut surpris par les eaux, et n'eut que le temps de se sauver avec sa petite charrette et son petit cheval, heureux d'en être quitte pour un bain improvisé. (L'Écho Bayeusain )

 

Avril 1860   -   Nous lisons dans l'Echo Bayeusain.   -   La première période des travaux de restauration de la cathédrale est arrivée à sa fin, et l'atelier des quelques ouvriers occupés encore dans l'intérieur du monument vient d'être définitivement licencié.

Dimanche, a quitté notre ville M. Lasvignes, qui collaborateur de M. de Dion, avait pris la direction des travaux après le départ pour l'Espagne de l'éminent ingénieur dans lequel M. Flachat avait si justement placé sa confiance.

Associé dès l'origine à l'œuvre de restauration si habilement effectuée, M. Lasvignes y a eu une large part, aussi notre population associera-t-elle son nom à ce qu'elle entoure de sa reconnaissance. (Le Ordre et la Liberté)

 

Avril 1860   -   Jugement correctionnel.   -    Napoléon, par la grâce de Dieu et la volonté nationale, Empereur des Français, à tous présents et à venir, salut.

Aujourd'hui trente novembre mil huit cent cinquante-neuf.

Le tribunal correctionnel séant à Bayeux, a rendu le jugement suivant :

A la requête de M. le Procureur impérial près ledit tribunal.

Contre

François Triquet, âgé de 60 ans, charpentier, né le 2 prairial, an 5, à La Folie, demeurant à La Folie, célibataire.

Cité, pour avoir à Bayeux, le 29 août 1859, vendu une certaine quantité d’œufs, denrée alimentaire qu'il savais être corrompue.

La cause appelée, le prévenu à comparu, etc...

Motifs, etc...

Par ces motifs, le tribunal, que M. de Procureur impérial, en son réquisitoire et le prévenu en ses moyens de défense, après avoir délibéré conformément à la loi, déclare Triquet coupable d'avoir vendu des oeufs corrompus, en conséquence, le condamne en 20 jours d'emprisonnement et aux dépens, ordonne en outre l'insertion du présent jugement dans les deux journaux de Bayeux et son affiche aux lieux ordinaires de la ville et des communes de l'arrondissement de Bayeux, dans lesquelles il se tient des marchés.

Ainsi jugé en audience publique, les jours, mois et an que dessus.

Enregistré à Bayeux, le 20 décembre 1859. (Le Ordre et la Liberté)

 

Avril 1860   -   Le froid.   -   Dans la nuit de mardi à mercredi, il a gelé à glace à Bayeux. Nos correspondances nous annonce qu'il en a été de même à Paris. aujourd'hui la pluie recommence avec plus d'abondance que jamais. (Le Ordre et la Liberté)

 

Mai 1860   -   Passage de troupes.   -   Le 3e bataillon et le dépôt du 5e de ligne, fort d'environ 30 officiers, 260 hommes et de chevaux, quitteront Argentan le 25 mai et iront loger le même jour et le lendemain à Falaise ; le 27, à Caen ; le 28, à Bayeux ; et le 29, 30, à Isigny d'où ils partiront le 31 pour Montebourg. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   Nécrologie.   -   La ville de Bayeux vient d'être cruellement éprouvée. L’honorable chef d'une noble et importante maison de cette ville, M. le comte Charles-Antoine-Gustave de Germiny, a succombé aux atteintes d'une longue et douloureuse maladie. Il est mort en son hôtel, dans la soirée de mardi, à l'âge de 59 ans.

Ses obsèques ont eu lieu, hier matin, en l’église Saint-Patrice sa paroisse, au milieu d'une grande affluence. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860  -  Loueries.  -  Le Conseil général, a émis vœu de rendre obligatoires les livrets des domestiques qui s'occupent des travaux de l'agriculture, ou qui sont attachés à la personne et rende obligatoire l'inscription sur le livret du denier à Dieu au moment même de l'acceptation des conventions réciproques. Les vœux émis dans le but : 

De ne pas créer de nouvelles loueries dans le département du Calvados. -  De restreindre leur nombre, si c'est possible.  -  Que le denier à Dieu soit absolu et non conditionnel.  -  Que les époques des loueries soient toutes fixées après le 15 septembre. Considérant que l'époque et le nombre des loueries n'est pas du ressort de l'administration.

 

Août 1860   -   Contre la fièvre.   -   La graine de persil est un puissant spécifique contre la fièvre intermittente. Des soldats revenus malades d'Afrique, des fièvres habitant le voisinage des marais, ont été guéris par ce moyen . On la prend en fusion, comme du thé, le matin et le soir. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860   -   un crédit extraordinaire.   -   Nous sommes heureux de pouvoir annoncer à nos lecteurs que M. le Ministre de l'Instruction publique et des cultes vient d'informer Mgr l'Evêque que, sur un crédit extraordinaire d'un million ouvert au budget des Cultes par la loi du 14 juillet dernier et applicable aux grands travaux des édifices diocésains, une somme de 90 000 fr. a été allouée par décision de S. Exc., du 27 du même mois, au budget de 1860, pour les travaux de la tour centrale de la cathédrale de Bayeux. ( L’Echo Bayeusain)

 

Août 1860   -   un bien triste évènement.   -   Un douloureux évènement vient de frapper de la manière la plus imprévue, une famille justement considérée, dont la bienfaisante influence agit d'une manière si heureuse sur l'activité industrielle de notre ville. Mme Gosse, à peine âgée de 40 ans, a succombé mercredi matin aux atteintes d'une maladie aussi violente que rapide.

Tout le monde s'associera à Bayeux à la douleur légitime que va ressentir de cette perte cruelle l'honorable propriétaire de notre manufacture de porcelaine, M. Gosse, qui soutient avec tant d'habileté, d'intelligence et de sacrifices, la renommée et la prospérité de cette utile et important établissement.

Les obsèques de Mme Gosse ont eu lieu ce matin en présence d'une grande affluence d'habitants de toutes les classes de la société et de ses nombreux ouvriers justement attristés.

Ce soir, à six heures, sa dépouille mortelle, déposée dans l'église Saint-Patrice, sera conduite à la gare, pour de là être transportée à Paris et être inhumée au cimetière du Père-Lachaise. ( L’Echo Bayeusain)

 

Août 1860  -  Kilométrage des lignes, poteaux indicateurs.  -  Les opérations ayant pour but le kilométrage complet des lignes et la pose des poteaux indicateurs au croisement en  rase campagne des lignes vicinales, ainsi que des tableaux indicateurs dans les traverses bâties, sont à l'étude, inséparables les unes des autres, elles ne pourront être terminées que  simultanément. 

Les plans généraux de chaque ligne demandés aux agents-voyers me sont indispensables pour contrôler ce travail d'une manière efficace, ces plans vont être livrés dans un très bref  délai, ce travail si important, si utile en même  temps, recevra avant la fin de l'année une exécution presque complète.

 

Août 1860   -   Un accident.   -   Dans la soirée du 24, vers six heures, le nommé Lamy, terrassier, âgé de 50 ans, demeurant rue Saint-Malo, voulut pénétrer dans le domicile d'une femme qu'il connaissait, rue Coupée. Cette dernière, ne voulant pas le recevoir, le poussa si brusquement qu'il fut précipité au bas de l'escalier. Dans cette chute, le nommé Lamy s'est fait des blessures si grave, qu'il a été transporté dans un état désespéré à l'Hôtel-Dieu. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860   -   Éclairage au gaz.   -   Dans sa séance de vendredi dernier le Conseil municipal a donné son approbation à un traité passé entre l'administration municipale et une Compagnie qui s'est formée dans les meilleures conditions pour éclairer au gaz la ville de Bayeux. ( L’Écho Bayeusain )

 

Août 1860   -   Une arrivée.   -   Aujourd'hui un détachement du 3e d'artillerie fort de 130 hommes et 20 chevaux est arrivé à Bayeux d'où il ne partira que jeudi. ( L’Écho Bayeusain )

 

Septembre 1860   -  Un taureau furieux.   -   Le 14 du courant, un taureau furieux s'est échappé du champ de foire, à Bayeux, après avoir blessé ses deux conducteurs, les sieurs Ainé, cultivateur, et Marie, journalier, domicilié à Russy.

L'animal prit ensuite sa course dans la rue Royale, et s'est introduit dans la cour du sieur Rupalley, aubergiste. On a pu s'en rendre maître.

Les blessures faites aux sieurs Ainé et Marie sont assez sérieuses, le premier a reçu un coup de corne dans le côté gauche, et le sieur Marie a été atteint d'un même coup à la cuisse. Sa blessure présentait dix centimètres de longueur et un de profondeur. Tous deux ont reçu les soins que réclamait leur position, qui ne laisse aucune inquiétude. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1860   -  L’usine à gaz.   -   Depuis quelques jours, dit l'  « Echo Bayeusain », on travaille avec une grande activité à la construction de l'usine à gaz, placée à Saint-Laurent, le long de la rivière, sur un terrain concédé temporairement par la ville pour cette destination.

Aux termes du marché passé avec le Conseil municipal, la compagnie concessionnaire sera tenue de fournir l'éclairage, le 1er septembre 1861.

D'après les renseignements que nous fournit l' « Indicateur de Bayeux », voici les rues qui jouiront, au début, du nouveau mode d'éclairage :

Rue Saint-Laurent, jusqu'au pont de la Poissonnerie ; Grande-Rue (à droite), jusqu’au collège ;

Idem (à gauche), jusqu'au Grand-Bureau ;

Rues Franche et de la Juridiction ; abords de la cathédrale, de l'évêché et de la mairie ;

Rues de Nesmond, de Cremel, jusqu'à la gare ;

Rues des Chanoines, de la Poterie, la Porcelaine ;

Rues Saint-Loup et de la Gambette. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1860   -  Des gens honnêtes.   -   Dimanche, jour de la foire Toussaint à Bayeux, et pendant qu'une foule immense se pressait à la gare, le sieur Félix Vengeon perdit un porte-monnaie contenant une somme de 240 fr. 14 c.

Ce porte-monnaie a été trouvé sur le trottoir de la gare par le sieur Rongy, cultivateur à Monfréville, et remis par lui au conducteur Vauquelin, qui s'est empressé d'en faire le dépôt au bureau de M. le commissaire de police.

Pendant ce temps-là, le malheureux Vengeon revenait par le train suivant pour rechercher son porte-monnaie et sa joie a été grande quand on lui a remis l'objet intact. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1860   -  Le temps.   -   Depuis quelques jours, nous jouissons d'un temps exceptionnel qui permet de recommencer la récolte prochaine dans d'excellentes conditions. Il est bien rare de rencontrer, à l'époque où nous sommes, une série de beaux jours comme ceux que nous avons depuis quelque temps : un soleil splendide pendant le jour, qui permet de faire de belles et bonnes semailles, et, pendant la nuit, des gelées blanches, qui font un bien immense en détruisant les vers et tous les animaux parasites qui nuisent à la végétation. Cette conduite de beau temps, qui permet aux travaux de la campagne de marcher régulièrement, fait concevoir pour l'avenir les plus belles espérances.

On a généralement remarqué que la qualité des blés nouveaux était meilleure cette année que par le passé. Il est certain que lorsque les blés, en 1860, auront essuyé les premiers froids de l'hiver, ils se trouveront dans d'excellentes conditions pour la mouture. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1860   -  Brûlé vif.   -   Lundi la nuit, le sieur Cordhomme, boulanger, rue des Chanoines, à Bayeux, a été cruellement victime de son intempérance.

A une heure avancée, sa femme et son fils s'étant aperçus qu'il n'était pas rentré, se mirent à sa recherche et se rendirent à son jardin de la rue des Terres, où il avait l'habitude d'aller souvent. Ils le trouvèrent étendu sur une planche de bois, râlant et ne donnant plus que quelques signes de vie ; le feu avait pris à sa blouse, ses vêtements étaient brûlés, il avait le dos et la nuque presque calcinés. Un reste de bougie, qui se trouvait près de lui, indiquait la cause de cette horrible combustion. Malgré les prompts secours qui lui ont été donnés, il a succombé au bout de quelques instants.

On a constaté que, dans la soirée de dimanche, après s'être livré à de copieuses libations dans plusieurs cafés, il avait emporté à son jardin un flacon d'eau-de-vie dont on a retrouvé un reste dans un verre, sur la table d'un pavillon situé dans le jardin.

On présume qu'étant sorti en état complet d'ivresse et sa lumière à la main, il aura fait une chute, dans laquelle sa bougie aura mis le feu à ses vêtements. (Indicateur de Bayeux)

 

Avril 1861   -   Nous lisons dans l'Écho Bayeusain.   -    Depuis les travaux extraordinaires exécutés à notre cathédrale pour la consolidation de la tour centrale, il n'y avait plus d'architecte diocésain chargé de ce service. Par un motif dont tout le monde comprendra la portée, c'était l'éminent ingénieur auquel la confiance du gouvernement avait confié le salut de notre monument, qui centralisait entre ses mains toutes les branches du service.

Aujourd'hui que la reconstruction des quatre piliers a terminé la première partie du travail de restauration, S. Exe. M. Rouland vient de reconstituer le service en le replaçant dans ses conditions normales. C'est sur M. Cretin, architecte de la Banque de France et de la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest, que s'est fixé le choix de M. le ministre.

M. Cretin n'est point un étranger pour nous, car, depuis 1855, c'est lui qui, en qualité d'architecte, a apporté à M. Flachat le dévoůment éprouvé et désintéressé que M. de Dion lui prêtait comme ingénieur.

La marque de confiance dont vient d'être l'objet M Cretin, acquitte donc à son égard la dette de la ville et du diocèse de Bayeux. Aussi applaudissons-nous à cette désignation.

M. Delaunay, architecte de la ville de Bayeux, secondera M. Cretin dans son service, en qualité d'inspecteur. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1861   -   Arrondissement de Bayeux.   -    La ville de Bayeux vient de perdre un de ses plus dignes citoyens, un homme de bien, dans toute la noble acception du mot. M. le chevalier Gustave de Grimouville, ancien commandant dans la garde royale, chevalier des ordres de la Légion d'honneur et de Malte, est décédé mercredi matin à la suite d'une longue maladie et de douloureuses souffrances supportées avec la calme et patiente résignation du chrétien. Il était dans sa 76e année. ( Moniteur du Calvados )

 

Juin 1861   -   Interdit provisoirement.   -    M. le ministre de l'instruction publique et des cultes vient de prendre un arrêté aux termes duquel est interdit provisoirement, dans les écoles primaires publiques et libres de l'empire, l'ouvrage intitulé : « Petit Cathéchisme pour les temps présents », publié à Paris par la librairie Lecoffre, et à Saint-Brieuc, par l'imprimeur-libraire Prudhomme.

Aucun cathéchisme autre que le diocésain ne doit d'ailleurs être introduit dans les écoles. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juin 1861   -   L’instruction publique en France.   -   Lorsque M. Charles Dapin publia sa carte teintée sur le degré de l'instruction publique répandue dans les différents départements de la France, on n'avait pas encore déployé tous les efforts que le gouvernement annonce aujourd'hui. Il est curieux de rapprocher les chiffres de l'instruction secondaire d'il y a dix ans avec ceux de l'année dernière.

En 1850, 19 269 élèves suivaient les cours des 57 lycées et 31 700 les cours des 305 collèges communaux.

En 1860, 27 996 élèves ont été instruits dans les 61 lycées et 27 985 dans les 245 collèges communaux.

Enfin, 4 millions 16 923 enfants reçoivent les bienfaits de l'instruction primaire dans les écoles. De plus, 68 708 enfants sont élevés dans des établissements privés ecclésiastiques ou laïques. ( Le Moniteur du Calvados )

 

Juin 1861   -   Arrondissement de Bayeux.   -    Depuis longtemps plusieurs cultivateurs des environs de Bayeux se plaignaient de nombreux vols commis à leur préjudice pendant la nuit. On faisait main basse sur leurs poules et poulets, et, malgré toute la vigilance possible, le larron parvenait toujours à s'échapper.

Enfin la semaine dernière, l'un d'eux fut plus heureux. En parcourant le marché, il reconnut plusieurs poules qu'il avait le matin même trouvées en moins dans son poulailler, et qu'il trouvait alors exposées en vente. Elles étaient bien innocentes de cette escapade, les pauvres bêtes, et semblaient protester avec énergie contre la violence dont elles avaient été victimes.

Derrière elles se tenait le ravisseur. L'imprudent ne se doutait pas qu’on pût reconnaître précisément ces poules au milieu de centaines d'autres. Aussi fut-il surpris quant le commissaire de police vint à lui et lui déclara qu'il allait le mettre en cage, cette mesure semblant la meilleure pour assurer aux gallinacés des environs un sommeil à l'abri de toute surprise. ( Le Moniteur du Calvados )

 

Juin 1861   -   La canicule.   -    Depuis trois ou quatre jours, la températures s'est élevée d'une manière assez inattendue. Le printemps, qui n'a compté que quelques belle journées, finit avec des chaleurs caniculaires.

Hier, le thermomètre de M. Nessy marquait, à huit heures du matin, 15 degrés au-dessus de zéro ; midi, il avait monté de 13 degrés et marquait 28 ; à huit heures du soir, 26 degrés.

Ce matin, à huit heures, le thermomètre marquait, à l'ombre, 20 degrés, et 28 5/10es  à midi.

Au soleil il s'est élevé de dix à quinze degrés en plus, ce qui a donné de 40 à 42 degrés à midi. ( Le Moniteur du Calvados )

 

Juin 1861   -   Signature du décret.   -    Nous apprenons avec une vive satisfaction que S. M. l'Empereur vient de signer le décret relatif au détournement de la route départementale nº 6 de Port-en-Bessin à Falaise et au prolongement jusqu'à la gare de la route départementale nº 12 de Bayeux à Courseulles.

Ainsi se trouve définitivement résolue par la sanction et la haute sollicitude du Chef de l'Etat, la question si intéressante des accès de notre gare.

D'après cette solution qui satisfait tous les intérêts, les rues Echo et de Cremel, élargies dans une proportion suffisante, deviendront le prolongement jusqu'au chemin de fer, de la route de Courseulles ; tandis que la route de Port-en-Bessin se dirigera à travers la prairie pour fournir un double accès à la gare. ( Le Moniteur du Calvados )

 

Juin 1861   -   Arrondissement de Bayeux.   -    Depuis longtemps plusieurs cultivateurs des environs de Bayeux se plaignaient de nombreux vols commis à leur préjudice pendant la nuit. On faisait main basse sur leurs poules et poulets, et, malgré toute la vigilance possible, le larron parvenait toujours à s'échapper.

Enfin la semaine dernière, l'un d'eux fut plus heureux. En parcourant le marché, il reconnut plusieurs poules qu'il avait le matin même trouvées en moins dans son poulailler, et qu'il trouvait alors exposées en vente. Elles étaient bien innocentes de cette escapade, les pauvres bêtes, et semblaient protester avec énergie contre la violence dont elles avaient été victimes.

Derrière elles se tenait le ravisseur. L'imprudent ne se doutait pas qu’on pût reconnaître précisément ces poules au milieu de centaines d'autres. Aussi fut-il surpris quant le commissaire de police vint à lui et lui déclara qu'il allait le mettre en cage, cette mesure semblant la meilleure pour assurer aux gallinacés des environs un sommeil à l'abri de toute surprise. ( Le Moniteur du Calvados )

 

Juillet 1861   -   La comète.   -    A mesure que la comète, espèce de fusée stellaire, s'avance dans sa trajectoire hélicoïde pour s'en aller se perdre dans l'infini de l'espace, sa queue change de direction. C'est ainsi que, dans les premiers jours de son apparition, cette queue s'en allait de nord-nord-ouest à sud-sud-est. Aujourd'hui, elle a pris la direction du Sud, comme si, en tournant sur sa trajectoire, elle devait toujours avoir la tête du noyau tournée vers le soleil. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juillet 1861   -   Un suicide.   -    Le sieur Aubin-Louis Cosne, ouvrier boulanger et coquetier, dans la rue de Nesmond, était disparu de son domicile depuis le dimanche 30 juin, à 10 heures du soir.

Le lendemain, une partie de ses vêtements trouvés sur le bord de la rivière, dans la prairie, près du lieu dit le Ver-au-Quesne, donnèrent à penser qu'il s'était noyé. On prit immédiatement des précautions pour abaisser le cours de l'Aure, et de minutieuses recherches n'amenèrent aucune découverte immédiate.

Samedi matin, des pécheurs, qui jetaient leur ligue au même endroit, aperçurent un corps flottant et en donnèrent avis à la police. Le cadavre fut repêché, et, malgré son état de décomposition, il fut reconnu pour celui de Aubin Cosne. Il a été inhumé dans l'après-midi, par les soins de M. le commissaire de police.

On suppose que l'état embarrassé de ses affaires aura porté ce malheureux à cet acte de désespoir.  (L'Indicateur de Bayeux.)

 

Août 1861   -   Les chemins de fer.   -   Il est question d'établir, sur les lignes de chemins de fer français, des wagons-dortoirs d'un confort et d'une élégance peu communs. Ils renfermeraient trente-six lits sur trois rangs, chaque lit, entouré de rideaux, de manière à former alcove, serait composé d'un sommier à ressort, d'un matelas en crin et d’une couverture très chaude, un compartiment spécial serait réservé pour les dames qui voyagent seules. ( L’Ordre et la Liberté ) 

 

Août 1861   -   Une tentative de vol.   -   Dans la nuit de vendredi à samedi, une tentative de vol fort audacieuse a eu lieu au grand Séminaire de Bayeux.

Trois malfaiteurs, qui s'étaient introduits dans cet établissement en escaladant les murs, s'étaient déjà emparés de vingt-quatre couverts d'argent et de plusieurs calices qu'ils avaient empaquetés, lorsqu'un domestique, en entendant le bruit qu'ils faisaient, donna l'alarme.

Un des voleurs, en descendant un escalier pour fuir, frappa ce domestique qui se trouvait sur son passage, et tous les trois prirent la fuite en abandonnant leur butin. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   Cours d'eau.   -   Vœu que M. le préfet veuille bien prendre des mesures définitives avec les commissions syndicales pour la direction et l'exécution du curage de chaque cours d'eau. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   Grosses réparations aux bâtiments communaux.   -   Vu le rapport de M. le préfet concernant les grosses réparations d'églises, presbytères et maisons d'école.

Considérant que la plupart des communes sont dans l'impossibilité de faire face aux dépenses qu'exige la reconstruction de leurs édifices communaux.

Le Conseil s'associe au projet de M. le préfet et l'invite à faire, en 1862, les propositions qu'il croira nécessaires pour sa réalisation, jusqu'à concurrence de deux centimes extraordinaires. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   Création d'une deuxième brigade de gendarmerie à Bayeux.   -   Vœu renouvelé que M. le préfet veuille bien rappeler à M. le ministre la nécessité qu'il y aurait pour Bayeux d'obtenir la création d'une deuxième brigade de gendarmerie. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   Secours aux instituteurs se destinant à l'instruction des sourds muets.   -   Le Conseil arrête que la somme de 500 fr. portée au budget de l'instruction primaire, exercice 1861, pour indemnité à des éleves-maîtres et à des instituteurs qui seront envoyés à Paris pour y étudier la méthode de l'instruction à donner aux sounds-muets, sera employée à défrayer des sujets qui iraient étudier la méthode des salles d'asile dans les établissements modèles de la capitale. ( Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   Nous lisons dans l’ « Echo bayeusain ».   -   Il n'est bruit, en ce moment, dans la ville, que d'une tentative de vol qui aurait eu lieu, dans la nuit de dimanche dernier à lundi, chez M. Louis Carpentier, rue des Bouchers.

Voici, d'après les renseignements qui nous sont parvenus, ce qui se serait passé :

Vers 3 heures du matin, après l'extinction du gaz, un des employés de la poste, qui habite en face de l’hôtel de M. Carpentier, aperçut, en sortant de chez lui pour se rendre à son service, quatre individus groupés contre la grande porte de cet hôtel et observant le plus profond silence. L'un d'eux portait en sautoir sur l'épaule une trousse de cuir semblable à celles dont se servent habituellement les serruriers, un autre tenait un rouleau de cordages, un troisième était penché contre terre, et le quatrième, un peu à l'écart des trois autres, semblait surveiller les alentours.

La demi obscurité qui régnait alors et la distance qui le séparait de ces quatre individus ne permirent pas au jeune employé de remarquer d'une manière bien distincte leurs costumes et leurs physionomies. Il lui sembla, cependant, qu'ils portaient de longues vestes et avaient la figure noircie.

Pendant le peu de temps que dura son examen, les individus qui en étaient l'objet semblèrent s'interroger par un mouvement de tête et s'éloignèrent sans rien dire, faisant entendre à peine le bruit de leurs pas. Un coup de sifflet retentit tout à coup, et, au moment où celui qui les avait si malencontreusement dérangés allait quitter la rue des Bouchers pour entrer dans la rue Alain-Chartier, il vit venir sur lui, sortant de la rue Cabourg, un homme de haute taille, enveloppé d'un manteau dont un des coins était rejeté sur l'épaule, qui lui dit en dirigeant une arme quelconque, poignard ou pistolet, sur sa poitrine : « Passe, et pas un cri, ou tu es mort ».

Profondément ému et de cette menace et de ce qu'il venait de voir, le jeune homme se rend au plus vite à son bureau, sonne le directeur et lui raconte ce qui vient de se passer. Tous deux se rendent à l'instant à la gendarmerie et donnent l'alerte, mais il était trop tard, nos hommes avaient fui..... se réservant sans doute pour une occasion meilleure.

Et cette occasion viendra, cela est à craindre. Notre ville semble un lieu d'asile pour les malfaiteurs, eux seuls y sont en sécurité, et c'est à bon droit que la population s'inquiète en voyant depuis quelques semaines les tentatives de ce genre se renouveler impunément. Il est temps, en vérité, qu'un tel état de choses ait un terme. Nous ne nous ferons pas l'écho des plaintes qui s'élèvent de toutes parts contre notre police municipale. Il ne faut pas lui demander plus qu'elle ne peut faire. Nous savons qu'elle n'est point organisée pour un service continu durant la nuit, mais il nous semble qu'une exacte surveillance des maisons publiques et de certains étrangers qui viennent, trop souvent, exercer dans notre ville des industries équivoques, devrait refréner cette hardiesse déployée dans différentes tentatives assez récentes, et peut-être les prévenir.

La tolérance en pareille matière a toujours des inconvénients. Du reste nous sommes de ceux qui pensent qu'on ne peut plus tarder à venir en aide à la police, en augmentant le nombre de ses agents. Nous savons que déjà l’administration municipale s'est occupée du projet d'établir un service de sûreté pendant la nuit, rien assurément ne serait plus utile. La légère depense qui en résulterait serait plus que compensée par le sentiment de confiance qu'elle donnerait aux citoyens en leur assurant la sécurité. Cette mesure serait le complément indispensable de l'éclairage au gaz, à la condition qu'un extinction prématurée des derniers becs ne viendrait pas, en quelque sorte, donner le signal aux malfaiteurs, car, il faut bien le reconnaître, leur plus incommode surveillant, c'est la lumière. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Octobre 1861   -   Un accident.   -   Samedi dernier, dit l'Indicateur de Bayeux, un triste événement a eu lieu dans une des cours de l'Hôpital général de notre ville.

Vers 7 heures du matin, le nommé Bénard, couvreur, demeurant rue Saint-Jean, occupé à des travaux de réparation à la toiture de l'établissement, après avoir fixé son échafaudage au moyen de cordes passées dans les pitons à anneaux de la corniche, venait s'installer debout sur cet échafaudage.

Presque aussitôt le piton de gauche se détache et fit basculer la planche qui portait Bénard, l’entraînant dans sa chute, d'une hauteur de près de 7 mètres. Il s'est brisé le crâne sur la dalle de la cour, et un médecin, appelé immédiatement, a constaté que la mort avait été instantanée.

Ce malheureux, ouvrier laborieux et estimé, laisse une veuve et quatre jeunes enfants. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Octobre 1861   -   Foire de Toussaint à Bayeux.   -   La fête religieuse de la Toussaint, tombant cette année le vendredi 1er  novembre, le concours des Juments poulinières et la distribution des primes auront lieu dans la matinée du lendemain samedi 2, sur la place Dauphine.

La montre des chevaux ne se tiendra que le dimanche 3, et la foire, proprement dite, que le lundi 4 novembre. De cette manière, les éleveurs et les cultivateurs ne seront point détournés, par le soin de leurs intérêts commerciaux, de l'exhibition, toujours si intéressante pour eux, des juments poulinières, qui avait lieu ordinairement en même temps que la montre des chevaux.

Tout le monde y trouvera facilité et profit, nos industries locales y gagneront un jour de plus. ( Indicateur de Baуeuх )

 

Octobre 1861   -   La note à MM. Préfets.   -   Le ministre de l'intérieur vient d'adresser à MM. les préfets la circulaire suivante :  Paris, le 14 octobre 1861. 

Monsieur le préfet,

 

Le Sénat, dans sa séance du 13 mars dernier, a promoncé le renvoi au ministre de l'intérieur d'une pétition ayant pour but de demander que le Gouvernement prenne des mesures pour réprimer l'ivrognerie :

Le temps ne me paraît pas venu de provoquer une loi contre l'ivrognerie; mais, à défaut de dispositions légales directement répressives de l'ivresse, le décret du 29 décembre 1851, sur les débits des boissons, me semble devoir fournir à l’administration le moyen de remédier à la plupart des abus qui ont été signalés, et je vous invite, à cet effet, à donner les instructions nécessaires pour que ce décret soit rigoureusement appliqué.

Les débitants de boissons seront formellement et expressément avertis que s'ils favorisent l'ivresse en poussant à la consommation des boissons, ou s'ils servent à boire à des individus déjà ivres, l'autorité n'hésitera pas à faire fermer leurs établissements, en vertu des dispositions de l'article 2 du décret précité.

Quant aux individus dont l'ivresse se manifesterait au dehors par des actes de nature à troubler l'ordre ou à inquiéter les citoyens dans leur sûreté personnelle, l'autorité locale peut également interdire à ces individus la libre circulation et le stationnement sur la voie publique, et même les faire arrêter et déposer en lieu sur, tant qu'ils peuvent compromettre, par leurs excès ou leurs sévices, la sécurité des habitants.

Je compte sur votre concours, monsieur le préfet, pour atteindre autant que possible, et dans la limite des conditions que je viens d'indiquer, le but qui fait l'objet de la présente circulaire.

Recevez, etc…

F. DE PERSIGNY

 

Octobre 1861   -   On lit dans le Moniteur de l'Armée.   -   Pour faciliter le service, comme aussi pour éviter aux gendarmes qui escortent des prisonniers par les voies rapides une perte notable de temps et un surcroît de dépense, M. le maréchal ministre de la guerre a décidé, le 27 septembre, que l'intendant qui délivrera un ordre d'escorte sera autorisé à délivrer en même temps l'ordre de retour.

En outre, dans la pensée d'épargner des fatigues aux gendarmes et des dépenses à l'État, le ministre a recommandé de ne mettre, autant que possible, les détenus en route que lorsqu'ils seront en nombre suffisant pour remplir, avec les gendarmes d'escorte, un compartiment de dix places. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Mars 1862   -   La cavalcade de la Mi-carême.   -   La jeunesse bayensaine vient d'organiser, pour la mi-carême, une cavalcade au profit des pauvres.

Voici le programme de cette fête dans laquelle figureront, à côté de personnages historiques, des groupes dont les héros seront des personnages populaires :

1. Un peloton de magnifiques sapeurs, - 2º Un pyramidal tambour-major suivi de ses lapins, - 3º Musique d'amateurs, - 4º Le char des Charlatans et leur musique d'harmonie, - 5º L'illustre Don Quichotte de la Manche, accompagné du fidèle Sancho et de la belle Dulcinée de Toboso. - 6° La noce de M. Mardi-Gras et de Mme Mi-carême, précédé des deux premiers violons de France et de Navarre. - 7º Le Roi d'Yvetot et Jeanneton. - 8° L'infortuné Sire de Framboisy, - 9° M. Dumollet partant pour son bon voyage. - 10° Le magnifique bœuf gras Pékin, élevé et nourri dans les herbages de M…., porté triomphalement sur les épaules et entouré de son cortège, suivi du sacrificateur obligé. - 11º Deux hérauts d'armes à cheval. - 12º Guillaume-le-Conquérant, duc de Normandie (à cheval), hommes d'armes à pied ce groupe sera revêtu de costumes dessinés d'après la tapisserie de la reine Mathilde). - 15° Mousquetaires du règne de Louis XIII à cheval. – 14° Groupe de gentilshommes, pages, écuyers de différentes époques, - 15° Char d'Amphytrite, - 16° Char de l'Agriculture, - 17° Char de la Victoire, 18° Peloton de cavalerie fermant la marche. ( l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1862   -   L’Assemblée Saint-Marcouf.   -   L'assemblée Saint-Marcouf aura lieu, à Bayeux, sur la place du Château, le dimanche 4 mai prochain.

Tous les marchands forains, saltimbanques, chanteurs, jeux non prohibés, marchands de boissons et de comestibles s'établiront sur cette place, sans être tenus de payer aucuns droits de terrage.

M. le commissaire de police sera chargé d'indiquer les places à ceux qui en réclameront. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1862   -   Phénomène Météorologique.   -   Jeudi soir, vers 6 heures moins un quart, un météore lumineux, de la grosseur apparente d'une bombe, a éclairé toute la région comprise entre la Délivrande et Bayeux.

A Creully, au moment du passage de ce globe de feu, quelques personnes prétendent avoir ressenti une sorte de secousse. Le météore, depuis sa naissance jusqu'à sa chute dans la direction de Bayeux, a duré environ vingt secondes. Le ciel était très-pur, le vent du sud-est presque nul, une petite gelée blanche commençait à se faire sentir. Le baromètre marquait 756 millimètres, très peu au-dessous du variable, avec une tendance à monter. Il se pourrait que ce phénomène fût une sorte de contre-coup des perturbations atmosphériques et souterraines qui viennent de se manifester dans le midi de la France, à Nîmes, par un tremblement de terre ; à Marseille et à Cette, par des raz-de-marée et de violentes tempêtes. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1862   -   Avis.   -   Le préfet du Calvados a l'honneur d'informer les institutrices du département que le Jury international de l'exposition de Londres a décerné une mention honorable collective aux écoles de filles du département, pour les travaux d'aiguille exécutés dans ces écoles. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1862   -   Les suites du phénomène météorologique.   -   Le météore dont nous parlions samedi a été vu au Havre comme à Caen, à Creully et à Bayeux.

Le Journal du Havre rapporte qu'un globe de feu d'un volume assez considérable a été observé jeudi soir, vers six heures, courant dans l'espace du Nord au Sud, avec une vitesse extrême et paraissant très élevé au-dessus de l'horizon. Ce météore, qu'un grand nombre de personnes ont vu au Havre, et qui jetait une clarté surprenante, a été visible presqu'à la même heure à Rouen, comme l'atteste le Nouvelliste.

Tout porte à croire que ce bolide si lumineux est venu achever sa course dans les environs de Bayeux. Dans cette dernière région, en effet, il paraissait assez près de la terre, et nous n'apprenons pas qu'il ait été vu dans le département de la Manche. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1862   -   Le rétablissement de la station d'étalons.   -   La Société d'agriculture de Bayeux a obtenu, à force d'instances, de M. le directeur général des haras, le rétablissement dans cette ville de la station d'étalons qui avait été supprimée depuis plusieurs années, sous le prétexte, rarement invoqué par l'État en d'autres matières, que les ressources de l'industrie privée suffisaient pour le service de cette circonscription.

La station de Bayeux se composera de quatre étalons des haras et va être installée, aux frais de la ville, dans les bâtiments de la Charité. Les propriétaires de juments des cantons de Creully, de Ryes et de Bayeux, bénéficieront largement de cette institution vivement réclamée par le Conseil général et les cultivateurs. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1863   -   Accident de la circulation.   -   Lundi, un malheureux événement a eu lieu dans la rue Saint-Martin, à Bayeux. La dame Perrée, âgée de 81 ans, a été renversée par un omnibus, dont la roue lui a passé sur le corps. Elle a succombé

presqu'immédiatement.

La dame Perrée était sourde, et, en voulant imprudemment traverser la rue, elle n'a pu entendre les cris du postillon, qui a arrêté son cheval avec tant de force qu'il l'a presque renversé.  (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1863   -   Brûlé vif.   -   Mardi soir, vers six heures, un jeune enfant de 5 ans, fils du nommé Piédavent, journalier à Bayeux, resté seul, pendant une courte absence de sa mère, avec ses deux petits frères âgés de 2 et 3 ans, dans un appartement où la soupe du ménage chauffait sur le feu, s'approcha trop près de la cheminée et mit le feu à ses vêtements.

En un instant, il fut envahi par la flamme, à ses cris, une voisine, la femme Bailly, accourut et se jeta courageusement sur le pauvre enfant. Elle parvint, au prix de plusieurs brûlures, à étouffer le feu, mais déjà son corps n'était plus qu'une plaie.

Porté immédiatement à l'Hôtel-Dieu, le jeune Albert Piédavent a succombé dans la nuit aux suites de ses cruelles blessures. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1863   -   Avis.   -   On annonce que l'administration des tabacs vient de prendre une mesure qui sera approuvée par les consommateurs. Les débits de tabac pourront dorénavant livrer au public des paquets de tabac à fumer de 100 grammes (1 fr.) Jusqu'à présent, les moindres paquets étaient de 200 grammes (2 fr.) (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1863   -   Avis.   -   MM. les éleveurs sont prévenus que M. l'inspecteur général des haras visitera les étalons approuvés et autorisés et ceux qui lui seront présentés pour des approbations et autorisations nouvelles, savoir :

A Vire, le 23 septembre, à 8 heures du matin.

A Bayeux, le 4 novembre, à onze heures du matin, près de l'établissement de M. Lesénécal.

A Caen, le 5 novembre, à midi. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1863   -   Avis.   -   Une louerie spécialement affectée aux domestiques des deux sexes se tiendra dorénavant à Bayeux, dans le courant du mois de juillet, sur la place Saint-Patrice.

Cette assemblée aura lieu, cette année, le dimanche 19 juillet. L'ouverture en sera fixée à 6 heures du matin.

Ainsi qu'aux assemblées ordinaires, les marchands forains, directeurs de spectacles, acrobates, chanteurs, etc..., pourront s'établir sur la place sans être tenus de payer aucun droit de terrage. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1863   -   Nous lisons dans l'Indicateur de Bayeux.   -   Avec le beau temps dont nous jouissons, la fête de dimanche s'annonce sous de favorables auspices. L'administration municipale décore l'élégante place Dauphine, qui sera transformée le soir en un square brillamment illuminé. Elle fait établir à l'entrée du pont un arc de triomphe, et planter dans la Grande-Rue des mâts vénitiens.

On dresse aussi, sur la place du Château, une estrade pour la distribution des récompenses des deux concours, et on établit une autre estrade sur la place Saint-Patrice, pour le concours des musiques et des fanfares.

De leur côté, les habitants de la rue Saint-Martin élèvent aussi un portique en verdure, et beaucoup de nos concitoyens se proposent d'illuminer.

Nous apprenons qu'un grand nombre de membres du Conseil général ont accepté l'invitation que leur a adressée l'administration municipale de venir assister aux deux concours de dimanche.

Nous savons aussi que divers représentants de la presse de Caen et de Paris s'y trouveront.

Il est vivement à désirer, dans l'intérêt de notre pays, que les agriculteurs amènent beaucoup de bestiaux, pour donner aux étrangers une juste idée de la valeur de nos races.  (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1863  -  L’école primaire.  -   La situation du service de l'instruction primaire, dans le Calvados, devient de plus en plus satisfaisante.

Le rapport annuel de M. l'Inspecteur d'Académie constate qu'il n'y a plus, dans le département, que 16 communes sur 767 qui ne possèdent pas d'écoles ou ne se trouvent pas réunies à d'autres communes ayant des établissements scolaires. 22 constructions et 14 appropriations sont venues diminuer, en 1862, le nombre des maisons signalées comme ne convenant  pas à leur destination. On compte, en outre, 8 maisons d'école en voie de construction, et M. l'Inspecteur porte à 72 le nombre des projets en instruction, sur lesquels 14 sont approuvés.

Le nombre des enfants de 7 à 13 ans qui ne fréquentent aucune école et ne reçoivent aucune instruction dans la maison paternelle a diminué de 120. 

Celui des classes d'adultes et des classes d'apprentis est resté stationnaire, on comptait, en 1861, 27 classes d'adultes et 11 classes d'apprentis, en 1862, il y avait 30 établissements de la première catégorie et 8 seulement de la seconde, mais le nombre des élèves a augmenté de 43.

Sur 300 écoles mixtes, le nombre de celles dont la direction est confiée à des instituteurs célibataires ou veufs a pu être duit à 34.

On signale aussi une augmentation de 2 936 dans le nombre des jeunes filles qui sont exercées aux travaux à l'aiguille.

 

Octobre 1863   -   Inspection générale.     -   M. l'inspecteur général des haras du 2e arrondissement devait visiter à Bayeux, le 4 novembre prochain, à 11 heures du matin, près de l'établissement de M. Lesénécal, les étalons approuvés et autorisés et ceux qui lui seraient présentés pour des approbations et autorisations nouvelles, mais les exigences du service ont fait avancer l'époque de cette réunion, qui aura lieu le mardi 3, à deux heures de l'après-midi. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1863   -   Nous lisons dans l'Écho Bayeusain, du 16.     -    Mercredi soir, la rue Saint-Jean a été le théâtre d'une scène de violence d'un genre heureusement fort rare dans notre ville. Le nommé Le Cler, repris de justice libéré et vaurien de la pire espèce, échauffé par la boisson, se livrait à des menaces depuis assez longtemps, lorsque l'agent de police Dubreuil vint l'engager à se retirer.

Bien que ce conseil fut donné avec toute la douceur possible, Le Cler n'en tint pas compte, et redoubla au contraire ses cris et ses invectives. L'agent de police, pour faire cesser ce spectacle scandaleux, essaya de nouveau des voies persuasives, mais, des injures ayant été le prix de sa patience, il se trouva dans la nécessité de procéder à l'arrestation de Le Cler. Le Cler opposa la plus vive résistance et frappa à coups redoublés l'agent. Une lutte des plus acharnées s'engagea entre les deux adversaires qui roulèrent sur le pavé, lutte dans laquelle l'agent, renversé d'abord par Le Cler, finit par avoir le dessus et se rendit maître de la personne de celui-ci avec l'aide de passants et de voisins qui, justement indignés, garrottèrent ce forcené, et, malgré ses rugissements, le conduisirent sur un camion au violon, d'où, hier matin, il a été extrait pour être mis à la disposition de M. le procureur impérial.

Dans cette lutte, l'agent de police Dubreuil a eu le pouce de la main droite fracturé, tous les témoins de cette scène s'accordent à rendre hommage à la prudence et à la modération dont il a fait preuve. On ne peut donc que le louer de la manière dont il a rempli son devoir en cette circonstance, et que féliciter aussi les bons citoyens qui, avec un honorable dévouement, n'ont pas hésité à prêter main-forte au mandataire de la loi.  (L 'Écho Bayeusain )

 

Décembre 1863   -   La tempête.   -   A la dernière heure, nous apprenons qu'hier une partie du chapeau en toile et en zinc qui recouvre la tour encore inachevée de la cathédrale de Bayeux a été emportée par le vent.

Une malheureuse femme, qui traversait, à Bayeux, la rivière d'Aure sur une passerelle, a été enlevée par le vent et précipitée dans la rivière, où elle a trouvé la mort. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1864   -   Un facteur.   -   Le 9 de ce mois, le sieur Jeanin, ancien militaire du 33e de ligne, libéré récemment du service, après avoir fait les campagnes de Crimée et de Chine, et qui avait été admis comme facteur à la direction des postes à Bayeux, s'était brisé la jambe en voulant sauter un fossé et au moment où il allait arriver à la dernière commune de sa tournée de distribution. Dans l'impossibilité de se relever, il était resté sur la route, couché dans la neige, jusqu'à l'arrivée de paysans que ses gémissements avaient attirés. Ces derniers, au lieu de coucher cet homme, le firent asseoir sur une chaise dans une charrette, et, pendant plus d'une heure et demie, le pauvre Jeanin eut à endurer une souffrance inouïe par suite du mouvement imprimé à sa jambe par la voiture. Cependant, tel était le sentiment du devoir chez cet employé, qu'il voulait encore, dans cette triste situation, achever sa distribution.

Ramené à Bayeux, il fut aussitôt l'objet de soins, mais des désordres graves étaient survenus pendant le trajet qu'il venait de faire, et hier ce malheureux a succombé à sa blessure.

Jeanin, qui n'avait aucune ressource, laisse une jeune femme avec laquelle il était marié depuis peu de temps. Nous croyons savoir que l'administration des postes va accorder un secours provisoire à la femme de l'excellent employé qu'elle vient de perdre. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1864   -   Le manque d’eau.   -   On nous prie d'appeler l'attention de l'autorité sur les plaintes que font entendre les habitants de la rue et du quartier de Bayeux, qui, depuis quelque temps, sont privés d'eau. Il paraît que, pour trouver une borne-fontaine qui a sa raison d'être, il faut aller la chercher très loin.

De qui cela dépend-il ? On prétend que les réservoirs, qui, certainement, sont pleins à cette époque de l'année, sont construits de telle manière que l'eau  arrive difficilement et même pas du tout dans certains endroits trop élevés du quartier en question. Quoi qu'il en soit, nous ne doutons pas que l'administration ne s'empresse de faire droit aux réclamations que provoque ce regrettable état de choses. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1864   -   Un accident.   -    Jeudi matin, dit l'Indicateur de Bayeux, un cheval attelé à un chariot et appartenant à M. Julien, marchand de fers, s'est échappé de la gare où son conducteur chargeait des marchandises, et, après avoir descendu à fond de train les rues de Cremel et Écho, il s'est jeté dans la boutique de Mme veuve Pouchin, marchande de tabac.

Heureusement celle-ci a eu le temps de se retirer dans son arrière-boutique, et on n'a eu d'autre mal à constater que le bris de la devanture et de sept ou huit carreaux. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1864   -   La procession.   -   Lundi dernier, à quatre heures et demie, la procession dite du vœu de Louis XIII est sortie de la cathédrale de Bayeux pour faire son parcours accoutumé.

Cette imposante cérémonie était présidée par Mgr l'évêque, revêtu de riches ornements pontificaux et précédé d'un nombreux clergé. Toutes les autorités civiles et militaires, les Sociétés musicales et les corporations de la ville faisaient partie de l'immense cortège. La procession a été suivie d'un Te Deum solennel et des prières pour l'Empereur.

La vaste basilique n'a pu contenir la foule immense, dont une grande partie a dû stationner sur les places et les rues avoisinantes.

Une procession semblable a eu lieu lundi, après les vêpres, dans trois paroisses de Caen : Saint-Jean, Saint-Michel de Vaucelles et Saint-Julien. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1864   -   Le nouveau jardin botanique.   -   A l'occasion de la fête du 15 août , la municipalité de Bayeux a eu l'heureuse idée d'inaugurer le nouveau jardin botanique, aménagé et planté sur un terrain dû à la générosité d'un des bienfaiteurs de la ville, M. Charlemagne-Jean Delamarre, par la corporation des jardiniers de l'arrondissement, sous la direction de leur zélé et savant président, M. de Bonnechose, secrétaire de notre Société d'horticulture de Caen.

Le jardin botanique de Bayeux, dont le plan primitif a été tracé par l'habile paysagiste Buhler, mêlera pour les habitants du pays l'utile à l'agréable, ce sera une charmante promenade et, de plus, un lieu d'étude pour les botanistes, et probablement une école d'arboriculture pour les jardiniers des environs. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1864   -   La procession.   -   Lundi dernier, à quatre heures et demie, la procession dite du vœu de Louis XIII est sortie de la cathédrale de Bayeux pour faire son parcours accoutumé.

Cette imposante cérémonie était présidée par Mgr l'évêque, revêtu de riches ornements pontificaux et précédé d'un nombreux clergé. Toutes les autorités civiles et militaires, les Sociétés musicales et les corporations de la ville faisaient partie de l'immense cortège. La procession a été suivie d'un Te Deum solennel et des prières pour l'Empereur.

La vaste basilique n'a pu contenir la foule immense, dont une grande partie a dû stationner sur les places et les rues avoisinantes.

Une procession semblable a eu lieu lundi, après les vêpres, dans trois paroisses de Caen : Saint-Jean, Saint-Michel de Vaucelles et Saint-Julien. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1864   -   Accident de la route.  -   Hier, dans la matinée, dit l'Indicateur de Bayeux, du 20, M. Mulot, directeur du Comptoir d'escompte de notre ville, passait en cabriolet près du Moulin-Renard. Voulant éviter une voiture qui venait à sa rencontre, il se rangea de côté d'une façon trop prononcée, et une des roues donna contre le talus servant de trottoir à la route.

Le choc fut violent, et M. Mulot fut précipité en dehors de la voiture. Le cheval et la voiture allaient lui passer sur le corps, lorsqu'un passant arrêta le cheval avec promptitude. Grâce à ce secours que le hasard lui a fourni, M. Mulot a pu être relevé sur le champ et transporté à son domicile, on croit cependant qu'il a une jambe très gravement démise. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1864   -   La foire aux Etocs.   -   Hier 14 septembre, à Bayeux, la foire aux Etocs était assez bien fournie en bestiaux de toute espèce. Les prix étaient bons, surtout pour les vaches grasses, qui se sont vendues jusqu'à 1 fr. 40 à 1 fr. 60 le kilogramme.

Les génisses étaient recherchées de 1 fr. 50 à 1 fr. 80 la 1re qualité. Ces prix s'expliquent par la croissance subite des herbes et la cherté inusitée des beurres. Les bêtes maigres ne manquaient pas à cette foire importante, et elles trouvaient acheteurs, quoiqu'à des prix modérés. . (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1864   -   Un accident.  -   Un ouvrier charpentier de Caen, père de deux enfants, qui travaillait à l'agrandissement de l'église Saint-Patrice, à Bayeux, est tombé, lundi dernier, du haut d'un des échafaudages de la voûte. Ce malheureux n'ayant aucune lésion apparente, on avait espéré qu'il survivrait à la commotion causée par une telle chute, mais il a succombé avant-hier aux suites de cette commotion.  (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1864   -   Un accident.   -   Avant-hier, vers 3 heures du soir, dit l'Indicateur de Bayeux, un triste accident est encore arrivé dans l'église de St-Patrice. Le sieur Tréfeu, lessivier, rue de Nesmond, était allé porter du linge dans le voisinage de l'église, lorsque l'idée lui vint ou lui fut suggérée de visiter les travaux de restauration. Il monta au haut des échafaudages au-dessus de l'ancienne voûte ; là un faux mouvement le précipita sur cette voûte, dont le bois pourri céda, et il tomba de cette hauteur sur le pavé de l'église. M. Tréfeu expira quelques instants après. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1865   -   Un accident.   -   Lundi soir, un funeste accident a eu lieu à la station de Bayeux. Le train de Paris à Cherbourg venait d'entrer, à 6 heures 17 minutes, en gare, quand une femme Goupil, sans attendre que le convoi fut complètement arrêté, eut la fatale pensée de vouloir descendre.

Elle s'élança si malheureusement qu'elle tomba sur la tête entre le marche-pied et le mur du quai, et fut traînée plus d'un mètre ou deux. Elle a eu les vertèbres du cou brisées, et les médecins ont constaté que la mort a dû être instantanée.

Il résulte de l'enquête judiciaire faite immédiatement que cette malheureuse femme n'a péri que par suite d'une imprudence, trop fréquente et trop commune à beaucoup de voyageurs.

Elle était âgée de 49 ans, son mari est garde particulier de M. Létot, au Vernay. (l’Ordre et la Liberté)

 

 

Janvier 1865   -   Nous lisons dans l'Écho bayeusain du 26.   -   Hier, à trois heures d'après-midi, un événement dramatique a vivement émotionné les habitants du quartier du Pont-Saint-Martin, à Bayeux. Un jeune garçon de 7 ans, le petit Polin, ayant voulu aller puiser de l'eau, est tombé à la rivière, dans la cour du Pressoir. Emporté par la violence du courant, il était fort heureusement soutenu à la surface par ses vêtements de laine, mais il n'allait pas tarder à être submergé.

La rivière l'emportait avec une grande vitesse vers les vannes du Moulin-Renard, où sa perte était certaine. Dans le trajet, le pauvre enfant s'accrocha au baquet d'une lessivière, celle-ci se précipita à son secours et lui tendit la main, leurs doigts se touchaient déjà lorsque la violence du courant les empecha de se joindre...  Éloigné de 200 mètres du point de départ, il était presqu'arrivé aux vannes, sa blouse lui recouvrant la tête, lorsqu'une dame Avonde accourut vers lui et fut assez heureuse pour le saisir au passage avec un râteau.

Lorsqu'on le retira de l'eau, il était complètement inanimé, mais de prompts secours administrés d'abord par M. Doullys, pharmacien, et ensuite par M. le docteur Labbey, accourus tous les deux à la nouvelle de l'accident, réussirent à rétablir la circulation du sang chez le pauvre petit, qui, ce matin, est complètement hors de danger. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1865   -   Le temps qu’il fait.   -   Le peu de neige tombée ici, dans la nuit du 17 au 18 de ce mois, est aujourd'hui fondue, et, tandis que le centre et l'est de la France ont repris leur manteau blanc de chaque hiver, notre Normandie garde, à peu de chose près, sa physionomie quasi-printanière.

La violente tempête qui a sévi sur nos côtes la semaine dernière, sans y causer en somme de bien graves sinistres, n'a pas produit non plus dans nos champs autant de dégâts qu'on aurait pu le croire. Quelques pommiers, plutôt rompus que déracinés, à cause de la sécheresse de la terre, représentent le dommage des bourrasques réitérées de ces derniers jours. Ces bourrasques étaient accompagnées d'éclairs et de tonnerre, et mêlées de grêlons ; en somme, pourtant, elles ont amené peu de pluie, et nos sources n'ont pas encore reconquis leur niveau d'hiver. En revanche, les chemins soulevés par de petites averses et par des alternatives de gelée et de dégel sont dans un état affreux de défoncement, et on fera bien de n'y épargner, d'ici à la belle saison, ni matériaux, ni cantonnage.

L'agriculture souffre toujours du prix du blé, qui varie de 14 à 16 fr. l'hectolitre, du poids moyen de 82 kilos.

Les colzas, quoique si peu avancés, n'ont pas trop été éprouvés ; si cela continue, on obtiendra environ un tiers de la récolte ordinaire. On comptait sur beaucoup moins que cela, quoique le prix du colza, par une cause non encore expliquée, n'ait pas varié sensiblement depuis la récolte dernière.

Les foins valent toujours de 60 à 70 francs les 750 kilog. Les bestiaux maigres se vendent 40 centimes le demi-kilog., et les bestiaux gras 60 centimes tout au plus.

En résumé, comme les semailles ont bonne apparence, on peut dire que l'année s'annonce bien, et que si les céréales, d'un côté, et les poulains, de l'autre, avaient des prix un peu plus haut, les cultivateurs n'auraient guère de plaintes à formuler. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1865   -   Un météore.   -   Samedi dernier, vers 11 heures du soir, un météore, ayant toutes les apparences d'un bolide, a été vu à Bayeux et aux environs. Cette traînée lumineuse, dirigée du zénith vers l'est de l'horizon, a mis un peu plus de deux secondes pour parcourir cette moitié de la voûte céleste ; à ce moment l'atmosphère était calme, le ciel pur et étoilé. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1865   -   Un accident.   -    Mardi dernier, vers trois heures de l'après-midi, un fâcheux accident est arrivé dans une maison en réparation de la rue Saint-Martin à Bayeux. Des ouvriers maçons, au nombre de huit, étaient occupés à soulever de quelques centimètres le plancher de la boutique, quand tout-à-coup il vint à s'affaisser, ensevelissant les ouvriers sous ses décombres.

Cet accident était d'autant plus inattendu que, la veille, la même opération avait été faite avec les mêmes moyens et les mêmes précautions, à l'étage supérieur. Trois ouvriers ont été blessés assez grièvement ; l'un surtout, le nommé Cornuel a eu la clavicule brisée, et son état nécessite des soins assidus. Les deux autres en seront quittes heureusement pour d'assez fortes contusions.  (L'Indicateur de  Bayeux)

 

Juin 1865   -   Direction Générale des Postes.   -   Boites mobiles.

A partir du 1er juillet prochain, une boîte aux lettres mobile sera fixée à la voiture du sieur Sénécal, qui fait le service des messageries entre Isigny et Bayeux par Formigny et La Cambe.

Les départs auront lieu : D'Isigny, à 6 heures du matin. De Bayeux, à 4 heures du soir.

Les lettres trouvées dans cette boîte, à destination de Bayeux, seront distribuées à 11 heures du matin.

Čelles pour Caen, Paris et la route seront dirigées immédiatement sur le chemin de fer.

Au retour, des lettres destinées pour La Cambe et Isigny seront distribuées dans la soirée.

Cette boîte fixée à l'arrière de la voiture pourra recueillir, pendant le parcours, tous les objets de correspondance que le, public voudra expédier. Elle mettra les habitants des communes rurales en communication le matin avec Bayeux et le bureau ambulant de Caen à Paris, et le soir avec Isigny et le bureau ambulant de Cherbourg à Paris.

Le directeur des postes du département du Calvados, MALHÉNÉ. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1865   -   L’orage.   -   L'Écho bayeusain nous apprend que jeudi, pendant l'orage qui a éclaté sur la contrée, la foudre est tombée sur le clocher septentrional de la cathédrale, le fluide électrique suivant le paratonnerre n'a laissé aucune trace de son passage.

La foudre serait aussi tombée sur l'église d'Audrieu, et aurait causé d'assez grands désordres dans la couverture.

Dans cette partie du canton de Tilly, la pluie était tellement abondante que la voie du chemin de fer a été pendant quelque temps submergée.

On nous écrit que, par suite de cet orage, les blés ont été un peu versés, on a pourtant l'espoir qu'ils se redresseront. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1865  -  Découverte d'un cadavre.  -   Lundi, on a retiré de la rivière de Drôme, près du pont de Vaucelles, à Bayeux, le cadavre d'un homme qui a été reconnu pour être le nommé Tribout (Jean-Louis), de Formigny ou de Surrain. Cet individu avait disparu depuis une huitaine de jours.

On présume que s'étant appuyé sur le parapet du pont, il sera tombé par accident dans la rivière.  

 

Mars 1866   -   Un déraillement.   -   Jeudi matin, vers sept heures et demie, un wagon est déraillé pendant une manœuvre dans la gare de Bayeux.

Le temps nécessaire pour remettre le wagon sur les voies a occasionné au départ du train qui quitte Bayeux à 8 heures 40 minutes du matin, un retard de 57 minutes.

Par suite le train de Bretagne, qui part le matin de Caen 8 heures 50 minutes a éprouvé, au départ, 40 minutes de retard, pour attendre le train de Bayeux.

 

Mars 1866   -  Des travaux.   -  Par suite des travaux qui s'exécutent présentement dans la tour centrale de la cathédrale de Bayeux, le timbre de l'horloge sera transféré, et l'heure frappera sur une des cloches de la tour du nord.   

 

Mars 1866   -    Un ouragan.   -   Vendredi soir, un ouragan s'est manifesté à Bayeux et aux environs. Cette tempête a duré une demi-heure, et a renversé un certain nombre de  cheminées, enlevé des portions de toitures et déraciné une grande quantité d'arbres.   -   Vendredi soir, un ouragan s'est manifesté à Bayeux et aux environs. Cette tempête a duré une  demi-heure, et a renversé un certain nombre de cheminées, enlevé des portions de toitures et déraciné une grande quantité d'arbres.   -   Vendredi soir, un ouragan s'est manifesté à Bayeux et aux environs. Cette tempête a duré une demi-heure, et a renversé un certain nombre de cheminées, enlevé des portions de toitures et déraciné une grande quantité d'arbres.  

 

Mai 1866   -   Une belle histoire.   -   Un pays des environs d'Aunay, qui n'avait pas en sa vie vu beaucoup de pays, poussa un jour ses pérégrinations jusqu'à Bayeux.  -   Un pays des environs d'Aunay, qui n'avait pas en sa vie vu beaucoup de pays, poussa un jour ses pérégrinations jusqu'à Bayeux.

Son premier soin fut de visiter la cathédrale. Il en fit plusieurs fois le tour, en ouvrant de grands yeux émerveillés et en faisant force exclamations. Il était arrêté en face des clochers et  s'extasiait à son aise, lorsque deux jeunes gens s'approchèrent de lui :

   -   N'est-ce pas, mon bonhomme, dit l'un d'eux, que voilà un beau moulin à vent ?

   -   Ah ! Mes bons messieurs, répliqua-t-il, je vous remercie ben, je ne savais pas ce que ce était, pourtant j'aurais dû m'en douter en voyant deux ânes au pied.  

 

Juillet 1866   -   La louerie.   -   La louerie qui s'est tenue à Bayeux dimanche, a eu les proportions les plus considérables. à huit heures du matin, il y avait sur la place Saint-Patrice  environ trois mille personnes venues non seulement de tous les points de l'arrondissement, mais encore de l'arrondissement de Caen et du département de la Manche.

Les marchés entre maîtres et serviteurs se sont effectués avec facilité et à des conditions avantageuses.  

 

Septembre 1866   -   Les travaux du diocèse.   -   En ce moment on travaille aux deux plus grands édifices religieux du diocèse.   -   En ce moment on travaille aux deux plus grands  édifices religieux du diocèse.

La tour centrale de la cathédrale de Bayeux est entourée d'un immense échafaudage savamment construit. La maçonnerie se poursuit avec activité. Le couronnement de la coupole se fera en fonte de fer, ce qui nous paraît être peu en harmonie avec le caractère du monument.

à Saint Étienne de Caen, on échafaude la tour nord-ouest à partir de la hauteur des cloches. On se propose de refaire à neuf le sommet de la pyramide, qui fut trop légèrement préparé, il y a une vingtaine d'années.

En attendant la fin des travaux, la grande sonnerie et de nouveau condamnée au silence.

 

Décembre 1866   -   Les cours pour adultes.   -   M. le préfet a autorisé les instituteurs et institutrices ci-aprés désignés à ouvrir des cours d'adultes, le soir, dans leurs communes  respectives à savoir :  -   M. le préfet a autorisé les instituteurs et institutrices ci-après désignés à ouvrir des cours d'adultes, le soir, dans leurs communes  respectives à savoir :

MM. Dumont à Fontenay-le-Pesnel ; Lerat, à Bricqueville ; Vidal, frère Abias-Marie à Bayeux ; Mmes Huet à Dozulé ; Haulard, à Cahagnes ; Youf à Bures (arrondissement de Vire).  

 

Décembre 1866   -   La pluie torrentielle.   -   La pluie torrentielle qui n'a cessé de tomber pendant toute la journée de dimanche dernier, a fait enfler tous les cours d'eau. La rivière  d'Aure, lundi matin, a amené dans notre ville un certain nombre d'arbres abattus qui n'auraient pas manqué d'obstruer la voûte de l'hôpital, si on ne les avait arrêtés au passage.

Dans la prévision de la crue, l'administration municipale avait fait lever toutes les vannes des barrages. Aussi nous n'avons eu aucune inondation.  

 

Janvier 1867   -   Le froid.   -   la soirée et une partie de la nuit de samedi à dimanche dernier ont été marquées par une température exceptionnelle.

Il est tombé, pendant plusieurs heures consécutives une sorte de pluie fine et glacée qui a converti nos rues et nos places publiques en une véritable mer de glace, sur laquelle les  mieux aguerris ne parvenaient que fort difficilement à conserver l'équilibre. Aussi les chutes ont-elles été nombreuses.

Plusieurs d'entre elles ont donné lieu à des accidents plus ou moins graves.

Ainsi, l'on nous signale à Caen une jeune fille qui a fait dans la rue Saint-Jean, une chute si malheureuse, qu'on a du la reconduire chez elle, hors d'état de poursuivre sa route.

Quelques jours auparavant, une femme Lebourg, balayeuse à Caen, s'était également fracturé la jambe, en faisant un faux pas sur la neige glacée.

à Bayeux, une dame Langlois s'est brisé la jambe, en tombant dans la rue des Cuisiniers.

 

Août 1867   -   L'Exposition universelle.   -    21 départements ont envoyé leurs instituteurs à Paris, à l'occasion de l'Exposition universelle, ces MM. sont répartis entre les trois lycées Louis-le-Grand, Saint-Louis et Napoléon.

Les instituteurs du Calvados habitent le lycée Louis-le-Grand.

L'Empereur et l'Impératrice ont reçu lundi dernier tous les instituteurs en ce moment à Paris.

En tête du cortège marchaient ceux du Calvados, représentés par MM. Douétil, instituteur à Vire ; Cauvin, chef à Bayeux ; Delarue, à St-Sever ; Barbier, à Castillon-en-Auge ; Biron, à  St-Pierre-sur-Dives ; Castel, à Harcourt ; Briens, à Coulonces ; Harang, à Pierres, et quelques autres dont les noms n'échappent.

L'Empereur et l'Impératrice ont reçu ces députation avec des paroles de bienveillance et d'encouragement, qui ont porté à son comble l'enthousiasme des assistants privilégiés.  

 

Septembre 1867   -   La foire.   -   Samedi prochain, 14 septembre, aura lieu la foire Sainte-Croix à Bayeux.

Afin d'assurer à la vente des animaux de la race bovine toutes les conditions de commodité désirables, les bestiaux de cette catégorie seront rangés sur l'emplacement de l'ancienne prison, attenant immédiatement au marché et aujourd'hui complètement nivelé. 

 

Septembre 1867   -   Une visite.   -   M. le comte de Quast, inspecteur général des monuments du royaume de Prusse, a passé près d'une semaine dans le Calvados.

Il a visité successivement Falaise, Saint-Pierre-sur-Dives et plusieurs églises rurales de la contrée. À Caen, il a vu avec le plus grand intéret nos églises de l'Abbaye, de la Trinité et de Saint-Pierre, et dans  l'arrondissement celles de Bernières, Langrune, Thaon, etc..., les châteaux de Lasson et de Fontaine-Henry. Enfin, à Bayeux, M. Lambert lui a fait voir la cloche de Fontenailles, la Tapisserie et la cathédrale.

 

Septembre 1867   -   Les travaux.   -   La pose de la charpente en fer du dôme qui doit couronner la tour octogone de la cathédrale de Bayeux est commencée depuis quelques jours et  tous les matériaux sont arrivés sur place.

Ce travail qui est exécuté par des ouvriers serruriers de Paris sera terminé à la fin d'octobre.

Il sera appliqué sur cette charpente des arêtes en cuivre, à crochets et à sculptures, avec frises et ornements, le tout dans le style des deux tours en maçonnerie. Le dôme ainsi  reconstruit présentera la silhouette exacte et plus élancée de l'ancien, il sera surmonté d'un clocheton en fer, entouré comme autrefois d'un rond de fer à la rampe historiée et élégante.

La population de bayeusaine va suivre avec un nouvel intérêt l'accomplissement de ce travail qui complètera définitivement la restauration de sa magnifique basilique.  

 

Octobre 1867   -   Les travaux.   -   La carcasse métallique du dôme et le campanile de la tour centrale de la cathédrale de Bayeux sont posés. Ce dernier travail a nécessité un second et hardi échafaudage au dessus de celui déjà connu. La croix a été plantée, ainsi qu'un drapeau, sur le sommet du campanile, le 30 octobre, à quatre heures après  midi. Les ouvriers ont  fait assaut de hardiesse.  

 

Janvier 1868  -  Exécution de Juhel.  -  Juhel, condamné à mort par arrêt de la Cour d'assises du Calvados, le 27 novembre dernier, a subi son châtiment sur la place Saint-Patrice, à Bayeux, ainsi que le portait le jugement, lundi dernier à 8 heures du matin.

Depuis 18 h, l'échafaud n'avait point été dressé à Bayeux, aussi est-ce avec une impression pénible que les habitants virent les lugubres préparatifs.

Dimanche, à 11 heures du soir l'instrument du supplice était dressé, les exécuteurs étaient arrivés, c'était celui de Caen et celui de Rennes, qui avait amené un aide avec lui.

Dans la soirée, M. l'abbé du Bisson, aumônier de la prison de Bayeux, s'était rendu à Caen pour assister M. l'abbé Lemoine dans sa pénible mission. Vers 2 heures du matin, ils se  rendirent dans la cellule du condamné et lui annoncèrent que le moment fatal était venu.

Juhel, qui s'était paisiblement couché la veille, dormait encore. Au bruit des verrous, il s'éveilla et comprit ce dont il s'agissait, mais il était préparé, calme, soumis, acceptant avec  résignation le châtiment comme expiation de son crime.

La camisole de force lui fut retiré et on lui donna les vêtements qu'il portait pendant son procès. Il descendit ensuite les escaliers, traversa la cour et se rendit à la chapelle, où il  entendit la messe, se confessa et reçut la communion.

Pendant tout ce temps, Juhel se tint à genoux sur un escabeau devant l'autel, son impassibilité ne  s'est pas un instant démentie, ses traits sont restés calmes, et son pouls consulté avait gardé un mouvement régulier.

Juhel fut ensuite conduit dans la geôle, où le greffier lui signifia le rejet de sa demande en grâce. Il était alors 3 h. 10 m., le départ pour Bayeux était fixé à 3 h. 1/2 précises. Juhel attendit environ pendant 20 minutes assis près du poêle.

Sur l'invitation de l'aumônier, il accepta avec lui un petit morceau de pain et but un verre de vin rouge. Avant de boire, il se tourna vers les aumôniers et les assistants et dit d'une voix faible, mais parfaitement assurée : « A votre santé, messieurs, et la compagnie. »

Lorsque l'heure fut arrivée, il salua tranquillement, suivit les gardiens d'un pas ferme, et fut remis entre les mains des gendarmes. Il monta dans la voiture, petit omnibus de louage, dans laquelle les deux aumôniers et deux gendarmes prirent place, et le triste convoi partit au trot.

A Carcagny, l'escorte fut prise par des gendarmes de Bayeux. Sur l'invitation de l'aumônier, Juhel fit sa prière. C'est à cet endroit qu'il avait assassiné Bernard.

Le cortège se rendit directement à la maison d'arrêt de Bayeux, où il arriva vers 7 heures.

Les exécuteurs commencèrent alors l'horrible toilette. Le condamné en a supporté les tristes apprêts sans défaillance et avec résignation, recommandant de ne pas le manquer. En quittant la maison d'arrêt, il est monté de lui même dans la charrette, ayant à ses cotés les deux prêtres qui le soutenaient par leurs exhortations.

Le lugubre cortège, ayant en tête un fort peloton de gendarmes à cheval, et escorté d'une double haie de soldats détachés de la garnison de Caen, arrivés le matin, a pris lentement sa marche Le long des rues Larcher, du Louvre, des Bouchers, et pour s'arrêter, à huit heures précises, sur le lieu de l'exécution.  Pendant le parcours, par un sentiment d'humanité et pour dérober les traits du patient aux regards avides de la foule, M. l'abbé Lemoine lui avait jeté sur la tête un foulard qui lui à été enlevé avant de descendre de la charrette. A ce moment, le condamné, dont la pâleur était extrême, a franchi les marches de la plate-forme, sans hésitation, et sans avoir besoin d'être soutenu par le deux aumôniers, aussi pâles et plus émus  peut être, qui l'ont accompagné jusqu'auprès de la fatale bascule et après lui avoir fait une dernière fois baiser le crucifix et l'avoir eux-mêmes embrassé, l'ont livré aux  exécuteur... Quelques secondes à peine et tout était fini. Un bruit sourd annonçait à la foule que l'assassin Juhel venait de payer sa dette à la justice humaine !...

Sur le parcours et sur la place de l'exécution, l'affluence des spectateurs était considérable. Autour de l'échafaud, les habitants des campagnes voisines étaient en majorité, mais cette foule, d'abord bruyante et tumultueuse, était devenue silencieuse et haletante au moment fatal.

Les brigades de gendarmerie, les soldats du 70e de ligne ont quitté la ville presque immédiatement après l'exécution. Immédiatement aussi, la tête et le corps du supplicié, réunis dans  le même cercueil, ont été enterrés dans le cimetière de l'Ouest, en présence des représentants de l'autorité civile. 

 

Juillet 1868   -   Le Conseil municipal.    -   Les journaux de Bayeux annoncent que le Conseil municipal de cette ville vient de voter une somme de 6000 francs pour l'appropriation,  comme salle de réunions publiques et de concerts, de l'ancienne salle de l'enseignement mutuel, dite salle Saint-Laurent.

Cette salle est excellente pour la musique, bonne nouvelle donc pour les dilettante de Bayeux et des environs, qui ne peuvent que remercier le Conseil municipal de la résolution généreuse qu'il vient de prendre.  

 

Août 1868   -   La récolte des pommes.   -   Il résulte des plus récentes communications faites à la Société centrale d'agriculture, que la récolte des pommes, dans les contrées à cidre,  sera cette année, d'une abondance extraordinaire.

 

Août 1868   -   Un cadeau.   -   M. le ministre de la Maison de l'Empereur et des Beaux-Arts vient d'accorder, pour l'école publique de dessin de la ville de Bayeux, un exemplaire de 60 planches, reproduite par les procédés de l'héliogravure.  

 

Septembre 1868   -   La foire.   -   La foire Sainte-Croix, à Bayeux, a été considérable sous le rapport de la quantité des bestiaux exposés à la vente. On y remarquait surtout un nombre considérable de moutons.  

 

Septembre 1868   -   Une drôle d'histoire.   -   Vendredi dernier, au matin, des ouvriers maçons procédaient à la démolition d'une vieille masure démodée, connue sous le nom de « Maison Chappon », qui forme l'encoignure de la rue des Cuisiniers, à Bayeux.

L'un des ouvriers venait de donner, en chantant « C'est dans l'nez qu'ça m' a chatouille », au mur d'un cabinet..... particulier, un mémorable coup de pioche, qui avait mis à nu une tête couverte d'une magnifique chevelure.

A cette étrange découverte, il appelle ses compagnons de travail....... On regarde, on examine..... de loin. Pas de doute, cette trouvaille ne sent rien de bon, il y a un crime là-dessous.

Immédiatement, on va prévenir l'autorité, chercher un médecin et une caisse à savon, pour y déposer le corps du pauvre assassiné.

En un clin d'œil le bruit se répand, et tout Bayeux se rend sur les lieux, c'est à grand peine que les maçons, armés de pioches, tiennent à distance le flot populaire.

Les versions les plus lugubres circulent .... Est-ce un homme, est-ce une femme ? Est-il jeune, est-elle vieille ?

Les uns prétendent que c'est l'assassin de Lecarpentier, qui a demandé au suicide l'oubli de son crime. D'autres, que ce pourrait bien être la femme qui a disparu, depuis que le  tribunal  de Bayeux l'a honorée d'une condamnation à pas mal de mois de prison. Les anciens eux, pariaient pour un prussien ou un cosaque.

Mais, au milieu de l'assemblée apparaît soudain un perruquier voisin, le père Gloria-Patri, qui s'écrie en criant :

« C'est une tête à perruque !..... je la reconnais au parfum..... »

A cette révélation, l'autorité tend le nez, pour constater le fait. Les hommes de l'art le baissent, devinant une évidence probable. Et le public se le bouche, en flairant une évidence  reconnue.

 

Janvier 1869   -   Les vocations.   -   Les vocations ecclésiastiques diminuent dans de larges proportions dans le diocèse de Bayeux. Le clergé de Bayeux a perdu, en effet, quarante et  un prêtres dans le  courant de l'année 1868, et la liste totale des nouveaux prêtres de cette même année ne comprend que vingt-huit noms.

 

Janvier 1869   -   Un don.   -    La ville de Bayeux vient de recevoir un don qui ne manquera pas d'être accueilli par elle avec les sentiments d'une profonde gratitude ; c'est une belle  toile représentant un des événements les plus glorieux de notre histoire, la bataille de Formigny.

Cette oeuvre, d'un des peintres les plus estimables de la ville de Caen, M. Julien, mort tout récemment, a été léguée à cette ville par son auteur.  

 

Mars 1869   -  Un ouragan.   -  L'ouragan du 2 mars a occasionné des dégâts assez importants sur divers points de notre département.

A Luc, le clocheton de la chapelle du Nouveau-Luc a été renversé dans la matinée par une violente rafale. En tombant, l'une des pierres de ce clocheton après avoir défoncé la toiture,  le  plafond et brisé la balustrade, a pénétré dans la chapelle, où elle a creusé dans le pavé un trou d'une profondeur de 20 centimètres environ. Il n'y avait personne dans la chapelle en ce moment. Les autres pierres sont tombées ça et là sur le mur d'enceinte du monument et en ont démoli une vingtaine de mètres. La couverture en ardoises et les enduits en plâtre ont  éprouvé des détériorations importantes. L'orgue a également souffert. On évalue la perte totale a près de 3000 francs.

A Lion, la mer, poussée par le vent, à défoncé le mur de soutènement situé en face du Casino. Dans la direction de Luc, elle a submergé une certaine quantité de terrains, et amené des éboulements de la dune.

A Langrune, la mer a également envahi le jardin de M. de Franquenet sur une longueur de plus de 20 mètres.

Aux environs de Bayeux et de Pont-l'Evêque, bon nombre des pommiers ont été arrachés par le vent.

A Bayeux même, l'ouragan a renversé la partie supérieure de pinacle sur le côté méridional du portail de la cathédrale.

A Trouville, la mer était tellement grosse qu'elle a submergé les quais à l'heure de la marée, et que ses lames ont déferlé jusque par-dessus le pont qui traverse la Touques.

Près de Honfleur, la tempête a fait éprouver quelques dégâts aux propriétés longeant la mer, mais sans pertes considérable.

A Cabourg, la tempête s'est élevée avec une telle impétuosité, que la mer a remporté la digne des bains de Cabourg, passé par-dessus la route et envahi des maisons qui se trouvent à  la descente de Caumont, au pied de la falaise, le long du chemin du Mauvais-Pas.  

 

Avril 1869   -   Un avis.    -   A partir du 1er avril, le marché aux bestiaux et les marchés aux veaux, aux porcs et à la volaille de la ville de Bayeux, sont avancés d'une heure : le premier ouvrira à sept heures et les autres à huit heures du matin.  

 

Juin 1869   -   Fait divers.   -  Jeudi, vers 2 heures, d'après-midi, un enfant de deux ans et demi, appartenant à une femme occupée au lavoir du sieur Pierre Edine, lessivier, rue de Nesmond, à Bayeux, est tombé à l'eau et allait périr, lorsque le sieur Edine se jeta courageusement à son secours et fut assez heureux, malgré la profondeur de l'eau et la rapidité du  courant, pour pouvoir le rendre à sa mère. 

L’indicateur de Bayeux rappelle que l'année dernière, un homme, près de se noyer, avait été sauvé par le sieur Edine, dont la modestie et le dévouement méritent un public hommage.

 

Août 1869   -   Pour les Beaux-Arts.   -  M. le ministre de la Maison de l'Empereur et des Beaux-Arts vient d'accorder, pour l'école publique de dessin de la ville de Bayeux, un exemplaire de 60 planches, reproduites par les procédés de l'héliogravure.  

 

Septembre 1869   -   Fait divers.   -   Bayeux est depuis deux jours sous le coup d'une pénible émotion. L'incendie vient de semer ses ravages autour de cette ville. Dans la nuit de dimanche, à minuit, le feu s'est manifesté subitement dans la grange de la ferme de M. Duhomme, à Saint-Vigor-le-Grand, et occupée par M. Dubosq, maire de cette  commune. Un voisin ayant aperçu des flammes donna l'alarme, et quelques instants après un messager, emmenant des chevaux, accourait à Bayeux réclamer le secours des pompes. Bientôt la générale, battue dans les rues, réveillait la population qui se rendait sur le théâtre de l'incendie, que lui indiquait de loin une lueur sinistre et d'une énorme intensité.

Les premiers secours donnés avec intelligence et énergie durent faire la part du feu, mais préservèrent le groupe de bâtiments contigus remplis d'un grande quantité de fourrages.  Une tranchée faite aux  toitures arrêta le feu dont l'intensité circonscrite dans son foyer, c'est-à-dire dans la grange, fut vigoureusement combattue par l'action de deux puissantes  pompes qu'alimentait une longue chaîne puisant l'eau au pont Trubert, situé à près de 300 mètres du lieu du sinistre.

Jusqu'à 6 heures et demie, la population de Saint-Vigor et de Bayeux ne cessa de travailler aux chaînes. Après cette heure, elle se retira, laissant aux sapeurs-pompiers et aux  travailleurs qui les secondaient, le pénible et dangereux soin d'extraire de la grange les 4.000 gerbes de blé qui s'y trouvaient renfermées, et qui, bien que s'enflammant à l'air, durent  être transportées dehors. Ce ne fut qu'à 9 heures et demie que les sapeurs-pompiers, exténués de fatigue, rentrèrent en ville, laissant le soin de coopérer à  l'achèvement du déblaiement de la grange à quelques-uns d'entre eux, qui ne sont revenus à Bayeux que lundi soir.

Au moment où nous nous disposions à rendre compte de cet incendie, le tambour s'est fait entendre de nouveau, et nous avons appris qu'un sinistre considérable venait d'éclater à Gueron, dans le hameau qui, il y a maintenant un an, fut désolé par le feu.

Une pompe et un fort détachement de sapeurs-pompiers sont en effet partis et se sont rendus à Gueron, suivis d'une foule considérable des habitants de Bayeux.

Le feu dévorait l'habitation de la dame veuve Marais, et s'étendait sur une longueur de 65 mètres de bâtiments. A l'arrivée des secours, presque toutes les toitures étaient en feu, les  flammes allaient gagner un groupe d'habitations voisines que l'on tentait de protéger en les recouvrant de draps mouillés. La violence du feu était telle que les pierres éclataient  comme des coups de fusil, le jeu de la pompe, habilement dirigé, est parvenu à préserver les deux étages inférieurs d'une partie de l'habitation, dont les planchers ont été sauvés ainsi que le mobilier et le grain que le grenier contenait.

Après quatre heures d'un travail sans relâche, l'incendie a été éteint. On ignore encore la cause de ces deux incendies, dont la perte est heureusement couverte par des assurances.

S'il est affligeant de voir ces tristes événements se renouveler aussi fréquemment dans notre pays, il y a au moins un fait qui console, c'est l'empressement, si honorable pour elles, avec lequel nos populations se précipitent sur le lieu du sinistre pour porter secours. Hommes, femmes, enfants, riches et pauvres, fonctionnaires et administrés, tous rivalisent de zèle  et ne se retirent que lorsque tout danger a disparu. A Saint-Vigor, tout le monde a payé sa dette. M. le vicomte de Bony, sous-préfet, de Bayeux ; M Despalières, maire de Bayeux ; MM. Villers et Niobey, adjoints ; M. de Gourmont, remplissant les fondions de juge d'instruction ; M Deshameaux, conseiller d'arrondissement ; M. le curé de Saint-Vigor, et d'autres  ecclésiastiques ; M. Le Moyne, ingénieur des ponts et chaussées ; M. Delcroix, commissaire de police et ses agents étaient accourus des premiers, pour organiser les secours, ainsi que la gendarmerie.

Nous avons retrouvé ce matin presque. Nous avons retrouvé ce matin presque tous les mêmes fonctionnaires à Gueron, où nous avons constaté aussi là présence de M. Trébutien, président du tribunal civil ; M. Pellerin, substitut du procureur impérial ; MM. les maires de Gueron et de Saint-Loup ; MM. les curés d'Arganchy, de Subles et de Gueron ; MM. les abbés  Dubisson et Elie, vicaires de la cathédrale, et Trébutien, etc….

Quant aux personnes qui se sont fait remarquer par leur travail aussi persévérant que courageux, nous voudrions les citer toutes, mais leur nombre est tellement grand que  nous sommes dans l'impossibilité de leur payer ce tribut de reconnaissance. Nous nous bornerons à citer quelques noms. Ce sont ceux des sieurs Fauconnier, déchargeur à la halle, et du  sieur Coquière qui, pendant toute la nuit de dimanche à lundi, se sont tenus dans la rivière pour remplir les seaux ; le sieur Manoury, qui a travaillé aux endroits périlleux avec une grande énergie ; le sieur Langlois, boulanger, et un sieur Amand Adam, charpentier à Subles qui, à l'incendie de lundi matin, a rendu par son intelligence et son courage de grands  services.

Quant à nos sapeurs-pompiers, comme toujours ils ont fait leur devoir; mais parmi les plus intrépides, une mention spéciale, et que ratifiera l'opinion publique, est due au caporal  Hémel qui, aux deux incendies, a tenu la lance au milieu du feu avec autant de courage que d'habileté ; aux sapeurs Lesseine, Ecolasse, Carville père, Robine, Gabriel, Lecomple, Liégard, aux caporaux Noircy et Bourmont,et aussi au sergent Dauchez et au clairon Thomas, qui se sont tenus tous aux endroits les plus périlleux. .

Nous accomplissons un devoir en signalant aussi à la reconnaissance publique M. Halley, adjudant, qui, en remplacement de M. Moutier, momentanément absent, a exercé le  commandement aux deux incendies, et, intelligemment secondé par M. Eugène Chasles, sergent, a dû, comme ce dernier, se multiplier et bravement payer de sa personne.  

 

Octobre 1869   -   Le chemin de fer.   -  Mercredi, sur l'initiative de l'administration municipale, une réunion de notables commerçants de la ville de Bayeux, où figuraient la plupart des membres du tribunal de commerce, a eu lieu à l'Hôtel-de-Ville, au sujet du chemin de fer de Bayeux à Caumont, par Balleroy, Noron, etc…

L'assemblée a donné son adhésion au tracé par Noron, le Tronquay et Balleroy. Informée qu'une souscription ouverte à Balleroy et à Noron avait été généreusement accueillie, elle a  manifesté son intention de répondre de la même manière à celle qu'on se proposait d'ouvrir à Bayeux.

Cette souscription est en effet ouverte, et déjà M. le maire et MM. les adjoints de Bayeux s'y sont fait inscrire pour 500 fr.

 

Décembre 1869   -   Fait divers.   -   On nous annonce pour dimanche prochain, à l'occasion de la Sainte-Cécile, une solennité musicale qui aura lieu à midi, dans la Cathédrale de Bayeux, une messe sera chantée par l'Orphéon. La musique municipale y fera entendre quelques-uns de ses morceaux. La compagnie des sapeurs-pompiers accompagnera les deux  Sociétés. L'après-midi, à 4 heures, la musique municipale se propose de donner un concert.  

 

Janvier 1870   -   Fait divers.   -  Dans les derniers jours de l’année qui vient de se terminer, une femme Marie, âgée de 38 ans, d'une forte corpulence, était occupée a laver à environ  50 mètres du pont Saint-Martin à Bayeux, lorsque se penchant pour mouiller son linge, elle tomba dans la rivière, elle était entraînée par le courant, et les personnes présentes n'osaient lui parler secours ne sachant pas nager, lorsque, n'écoutant que son courage, M. Jeanne, teinturier, se précipita dans la rivière tout habillé et fut assez heureux pour saisir et  ramener sur le quai la femme Marie, qui déjà, sous la double impression du froid et de la frayeur, avait perdu connaissance.

La conduite de M. Jeanne dans cette circonstance est d'autant plus digne d'éloges que, sortant de son atelier dans lequel régnait une haute température, il était complètement en  sueur, et qu'en se plongeant ainsi brusquement dans l'eau, il pouvait compromettre gravement sa santé. 

En apprenant cet acte de dévouement,  M. le maire de Bayeux a écrit officiellement à M. Jeanne pour le féliciter de son courage.

 

Janvier 1870   -   Les poivriers.   -  Depuis longtemps la ville de Bayeux, est le théâtre des pérégrinations nocturnes d'un genre de malfaiteurs que la police parisienne désigne sous le nom de poivriers.

Ces rôdeurs de nuit ont pour spécialité de suivre dans les rues écartées ou sur les places publiques les pas avinés, principalement étrangers à la localité, et de profiter de leur état d'ivresse pour les dépouiller de l'argent qu'ils peuvent avoir sur eux.

Dans les premiers jours de ce mois, trois de ces quidam qui étaient en chasse, ayant avisé un habitant de la campagne dont la marche chancelante indiquai qu'il avait festoyé  largement la dite bouteille, n'eurent rien de plus pressé que de lui faire la conduite et de l'accompagner hors la ville. Une fois dans les champs, passant des prestations d'amitié à des actes d'une autre nature, ils dépouillèrent, en le menaçant même d'un coup de couteau, l'ivrogne attardé  de l'argent qu'il portait sur lui, puis, cette opération terminée, ils lui souhaitèrent le bonsoir.

Il est  probable que les trois poivriers allaient gaiement fêter à leur tour l'heureux résultat de leur chasse, si une plainte de leur victime n'avait mis la police sur la piste de ces  chasseurs de nuit.

Activement dirigée par notre zélé et intelligent commissaire de police, M. Delacroix, l'enquête ne tarda pas à faire connaître les noms des individus coupables d'un délit qui ne se commet que trop souvent dans notre localité et qui demeure aussi trop souvent impuni, par suite de l’impossibilité dans laquelle les individus dépouillés se trouvent presque toujours de faire connaître les noms de ceux qui les ont allégés de leur argent.

La répression de cette agression nocturne ne s'est pas fait attendre, et samedi dernier, le tribunal correctionnel de Baveux, agissant avec une juste sévérité, a condamné à quinze mois  d'emprisonnement les nommés Jeanne, dit la Plus-Belle, et Belhon, comme acteurs principaux du vol que nous venons de raconter, et à 6 mois de la même peine, le nommé Adrien, comme ayant été leur complice.

 

Mars 1870   -   Fait divers.   -   L'année 1870 aura vu dans le Calvados un certain nombre de cavalcades. À Bayeux, l'idée d'organiser dans des conditions réellement sérieuses, une cavalcade ayant un caractère historique et charitable, s'est aussi produite, et a été accueillie sur-le-champ avec beaucoup d'empressement par un très grand nombre de jeunes gens,  aussi, on nous affirme que la réalisation de ce projet est aujourd'hui pour ainsi dire assurée.

Le sujet choisi pour cette cavalcade serait l'entrée dans la ville de Bayeux du comte de Dunois, lieutenant général du roi Charles VII, après la capitulation de la garnison anglaise, le 16  mai 1450, à la suite de la bataille de Formigny. Cette cavalcade, destinée à raviver le souvenir d'un des plus glorieux événements de notre histoire, présentera, comme on voit, un caractère tout local. Elle aura lieu, le lundi 18 avril, date concordant à quelque chose près avec l'anniversaire de la victoire de Formigny.

Les inscriptions seront reçues chez M. Andrieu, président du comité d'organisation de la Cavalcade, rue St-Laurent, à Bayeux.

En ce moment, le chiffre des adhésions déjà reçues s'élève à près de 150 fr.

 

Avril 1870   -   Fait divers.   -   La grande cavalcade de Bayeux a complètement réussi : Dimanche soir, le mandement du vicomte-maire a été lu, aux carrefours, par des sergents de l'hôtel de ville. Le lendemain, l'entrée du chancelier a eu lieu suivant l'ordre, annoncé.

Les chars de l'horticulture, de la bienfaisance et de la musique étaient fort coquettement décorés.

La fanfare municipale a été ce qu'on attendait d'elle, excellente et courageuse jusqu'au bout. Les commissaires se sont acquittés de la quête avec un zèle au-dessus de tout éloge.  Nous croyons que la part des pauvres est belle, et nous constatons d'autant plus volontiers ce succès, qu'il est dû à une oeuvre toute d'initiative privée des jeunes gens de la ville.

Le départ du cortège a eu lieu à 11 heures et demie et il ne s'est séparé qu'à 6 heures.

La ville s'était pavoisée, des mâts vénitiens étaient disposés de place en place, la foule était énorme.

Elle ne s'est retirée qu'après une retraite aux flambeaux qui n'a pas démenti l’entrain de la journée. Nous regrettons vivement que le soir un bal n'ait pas été organisé soit à la mairie,  soit au théâtre.  

 

Avril 1870   -   Fait divers.   -   Les mans ont déjà commencé leurs ravages printaniers, les hannetons vont bientôt sortir de terre. Nous recommandons tout spécialement la destruction  de ces coléoptères qui, l'année dernière, ont causé aux agriculteurs des pertes qui se chiffrent par des millions de francs.

 

Mai 1870   -   Fait divers.  -  Les nouvelles les plus récentes que nous recevions sur l'état des récoltes dans le département du Calvados sont du 20 mai.

Partout on déclare les arbres à fruits, pommiers et poiriers, dans un très bon état. La floraison s'opère par un temps favorable.

On se plaint généralement des blés que la sécheresse et le froid du commencement de mai ont étiolés sur un assez grand nombre de points. Néanmoins on cita certaines contrées où les blés sont très beaux.

Les avoines, les orges, les betteraves, les colzas, les pommes de terre, les foins aspirent après la pluie, même dans les terres franches.

La récolte sur laquelle on fonde le moins d'espoir est le colza. De tous côtés on se plaint de son apparence chétive, à peine signale-t-on du côté de Bayeux une légère amélioration.

Les prairies naturelles et artificielles, à quelques exceptions près, sont très mauvaises. Si la sécheresse continue, on sera embarrassé pour nourrir les bestiaux.

Toutes les pommes de terre sont en fleur et nous promettent une abondante récolte.

 

Juillet 1870   -  Une Louerie.   -   Le maire de Bayeux a l'honneur de rappeler au public que la louerie de domestiques, établie à Bayeux, se tiendra cette année le dimanche 10 juillet,  sur la place Saint-Patrice. Cette assemblée, devenue l'une des plus importantes du département, ouvrira à 8 heures précises du matin. 

Les dispositions nécessaires seront prises pour que le plus grand ordre règne dans cette assemblée, où il ne sera perçu aucun droit de terrage, La faveur de plus en plus grande qui accueille l'établissement de cette louerie, heureusement située au centre d'une contrée essentiellement agricole, est un sûr garant de l'empressement avec lequel les maîtres et les  domestiques de l'arrondissement de Bayeux, et même des arrondissements voisins, continueront de saisir l'occasion qui leur est offerte de se mettre  réciproquement en rapport.  

 

Août 1870   -  Mobilisation.   -    La garde mobile du Calvados, formant un effectif de plus de 6,000 hommes, est définitivement constituée, elle comprend quatre bataillons, divisés en  huit compagnies chacun.

Le premier bataillon, composé des cantons de Balleroy, Bayeux, Isigny, Ryes, Trévières, Creully, Douvres et Tilly-sur-Seulles, et le quatrième bataillon, composé des cantons de; Caumont, Villers-Bocage, Aunay, Beny-bocage, Condé-sur-Noireau, St-Sever, Vassy et Vire tiennent provisoirement garnison à Caen.

Le deuxième bataillon, composé des cantons de Bourguébus, Caen (Est et Ouest), Évrecy, Troarn, Bretteville-sur-Laize, Falaise, Coulibœuf et Thury-Harcourt, tient garnison Lisieux.

Le troisième bataillon composé des cantons de Lisieux, Livarot, Orbec, Mézidon, St-Pierre-sur-Dives, Blangy, Cambremer, Dozulév  Honfleur et Pont-l'Evêque, tient garnison à Bayeux.

 

Septembre 1870   -  Fait divers.   -   M. de Gyresme, ancien capitaine d'état-major, vient de se mettre à la disposition du ministre de la guerre. On assure qu'il va être nommé aide de camp du général commandant le Calvados. M. de Gyresme est âgé de 60 ans. Il est père de trois enfants, le dernier de ses fils vient de s'engager dans le 3e chasseurs. M. de Gyresme  est un des propriétaires les plus riches de l'arrondissement de Bayeux.  

 

Janvier 1871   -  Pour les blessés.   -  Monseigneur l'Évêque de Bayeux a organisé une nouvelle ambulance à Bayeux. Déjà sa Grandeur avait donné 30 lits à l'Hôtel Dieu. La nouvelle ambulance, qui renferme 70 lits, est établie dans l'hôtel de la famille de Vacognes.  

 

Mai 1871   -  Nécrologie.   -  Le corps du général Le Roy de Dais, tué dans les rues de Paris, a été ramené à Bayeux, où il est né le 1er avril 1814.

 

Juin 1871   -  Fait divers.   -  La louerie de domestiques établie à Bayeux se tiendra, cette année, le dimanche 9 juillet, sur la place Saint-Patrice. Cette assemblée ouvrira à 8 heures précises du matin. Il ne sera perçu aucun droit de terrage.

 

Juin 1871   -  Fait divers.   -  Le marché à foin, établi sur la place du Château, à Bayeux, ouvrira samedi prochain, à 9 heures du matin. Exemption de droits.  

 

Juillet 1871   -  Le Conseil municipal.   -   Dans l'une de ses dernières séances, le Conseil municipal de Bayeux, sur la proposition d'un de ses membres, a décidé par acclamation que le nom glorieux du général de Dais serait donné à la rue Saint-Nicolas.  

 

Août 1871   -  Fait divers.   -   Des phénomènes atmosphériques singuliers se sont produits dans le département de la Seine-Inférieure et du Calvados. A Elbeuf, une pluie de fourmis ailées avait couvert de cette manne d'un nouveau genre les toits des maisons et le pavé des rues à Caudebec, des hirondelles ont été ramassées surchargées de ces insectes qui s'étaient attachées à elles et avaient entravé leur vol. Une véritable pluie de papillons s'est abattue aux environs de Paris.

 

Août 1871   -  Les impôts  -  Seigneur ! Seigneur ! Que va devenir le pauvre monde ? On met des impôts sur tout.

Sur les chats, sur les serins, sur le tabac, sur le boire et sur le manger.

Mais ce n'est pas tout encore, figurez-vous qu'un député de la droite, qui en aura sans doute mangé comme .. un satisfait, vient de proposer qu'on mette un impôt sur la teurgoule.

La teurgoule ! qu'est-ce que c'est que cela, vont se demander les petites maîtresses et les muscadins.

Mes petits agneaux, c'est le riz cuit au four, c'est la terrinée, que les gens comme il faut de la campagne appellent de la teurgoule…...

Et cela, parce que les jours de fête, ces nobles goulifards se fourrent de telles cuillerées de ce mets délectable, que la.... bouche leur en teurd !

 

Septembre 1871   -  Fait divers.   -  On nous signale le départ prématuré des hirondelles, malgré la température élevée à cette époque de la saison. Il en reste cependant encore, mais peu dans nos contrées. On peut voir dans ce phénomène un indice certain d'un hiver précoce et rigoureux.

 

Octobre 1871   -  Médaille militaire.   -  Par décret du 17 septembre, la médaille militaire est décernée à M. Ratier, vétérinaire à Bayeux, pour fait d'armes et blessures.

 

Décembre 1871   -  Fait divers.   -  En France, les vols dans les églises se multiplient tellement, que les autorités diocésaines invitent les curés, et desservants à vider tous les soirs le tronc des pauvres et à retirer les vases sacrés du tabernacle.

 

Février 1872   -  Fait divers.   -  La Normandie a eu dimanche soir le spectacle d'une aurore boréale, ou pour dire plus exactement, d'une aurore polaire. A six heures, après avoir passé  par leurs phases ordinaires de mobilité et d’éclat divers, deux colonnes éblouissantes, sillonnées de traits de feu jaune et pourpre, se sont réunies au zénith, pour y former une  couronne, dont l’aspect a semblé donner raison à ceux qui soutiennent cette opinion, que ce météore est dû à la matière magnétique qui s’enflamme comme de la limaille de fer.

On eut dit qu'un obus gigantesque venait d’éclater à des espaces incommensurables, allait couvrir la terre de ses débris.

Puis les pluies du météore, obéissant au mouvement de rotation de l'atmosphère qui les entraînait prirent des nuances plus sombres, et finirent par disparaître, pour ne plus laisser dans le nord qu'un immense rideau de pourpre, qu'à minuit et demi, avait entièrement disparu.

Comme de juste, ce phénomène météorologue a donné lieu aux commentaires les  plus étranges, car une croyance populaire veut que le retour de ce, phénomène soit l’annonce d'un événement important.

   -   C’est signe de mort, disaient les uns.

-   C'est signe de sang, c'est signe de revanche, disaient les autres.

A l'avenir de prononcer.  

 

Février 1872   -  Fait divers.   -  La nomination de M. l'abbé Mabire comme chanoine titulaire de l'église cathédrale de Bayeux a été agréée du gouvernement par décret du 14 février 1872. 

M. l'abbé Guérin, curé-doyen de St-Sever, est décédé samedi dernier, à la suite d'une courte maladie.  

 

Juillet 1872   -  Mort accidentelle d’un enfant.   -  Mercredi vers 6 heures du soir, le nommé Louis-Auguste-Adolphe Anne,  âgé de 8 ans 1/2, est tombé accidentellement dans la rivière  d'Aure en pêchant derrière le domicile de sa mère, situé rue Nesmond, et s'y est noyé. M. Levilly, marchand de vins, prévenu de l'accident, accourut en toute hâte et se jeta à l'eau,  mais l'enfant, qui un instant auparavant avait pris son repas, avait déjà disparu, ce n'est qu'après dix minutes de recherche qu'il le trouva, il avait cessé de vivre. Les médecins,  appelés  à lui donner des soins, ne purent que constater la mort.

 

Octobre 1872   -  La tapisserie de Bayeux.  -  Sous Louis-Philippe, un artiste anglais fut autorisé à copier la fameuse tapisserie de Bayeux, attribuée à la reine Mathilde, femme de Guillaume le Conquérant, dont elle représente l’histoire. Or, la femme de ce copiste, nommé Stothard, en vola un morceau qui fut acquis plus tard par un musée de Londres.  L'administration de ce musée vient de se décider à restituer le morceau manquant de cette tapisserie.  

 

Décembre 1872   -  Cartes-poste.  -  Il va être établi des cartes-poste qui seront vendues par l'administration au prix de 10 centimes et qui circuleront en franchise dans tout le territoire français. Sur ces cartes on met l'adresse d'un côté, et quelques lignes de l'autre. Elles existent déjà en Suisse et en Angleterre, où elles rendent les plus grands service. 

 

Janvier 1873   -   L'Ouragan de dimanche.   -   Les prédictions de nos astronomes qui nous ont annoncé les tempêtes pour la dernière dizaine de janvier s'accomplissent.

Un véritable ouragan s'est déchainé dimanche au soir sur nôtre pays.

Accompagné d'une pluie torrentielle, il a duré près de trente-six heures, torturant les arbres, faisant voler les ardoises, ébranlant les cheminées et retournant avec une prestesse de  prestidigitateur les parapluies qui s'aventuraient dans les rues.

Dans la soirée de dimanche, il a pris des proportions inquiétantes. Le vent mugissait d'une manière effroyable et menaçait d'enfoncer les fenêtres sous sa violence. Ces rafales étaient  accompagnées de grêle, d'éclairs et de tonnerre.

Cet orage nous est également Signalé de Bayeux, de Lisieux, de Rouen, de Paris, etc...... A Paris surtout, sa violence a été extrême, la foudre a frappé plusieurs personnes, des  passants et jusqu'à des voitures ont été renversés, des toitures enlevées, les spectacles interrompus même à l'Odéon, il y a eu un moment de panique indescriptible.

Aux portes de Caen, la force de l'ouragan a brisé le calvaire de St-Pierre à un mètre du sol,  sur la route de Bayeux, un cabriolet a été enlevé et les voyageurs jetés sur le sol, la foudre  est tombée sur divers points.

A Tilly-sur-Seulles, l'ouragan à enlevé la toiture de l'église, renversé les murs, bouleversé les étables, déraciné les pommiers, une pierre énorme a été enlevée par le vent et transportée  à plus de cinquante mètres. L'ouragan s'est dirigé vers le midi.  

 

Janvier 1873   -   Papier à douleurs !   -  Cette semaine, les avertissements pour paiement aux contributions, vulgairement nommés papier à douleurs, sont tombés dru comme grêle sur  chacun. Les commerçants sont furieux, car le taux des patentes a encore augmenté, les propriétaires, eux, se frottent les mains, car la contribution foncière ne paraît pas avoir subi d'augmentation. 

 

Janvier 1873   -   Échenillage.   -  M. le préfet rappelle aux intéressés que la loi prescrit l'échenillage des arbres, haies ou buissons, sous peine d'amende. La douceur exceptionnelle de la température depuis le commencement de l'hiver, qui aura pour effet de hâter réclusion, rend encore plus nécessaire cette année l'exacte application de la loi. 

 

Mars 1873   -   Tirage au sort.   -  On procède en ce moment au Tirage au sort. Malgré l’établissement du, service militaire obligatoire, ce tirage à été maintenu. Il a, du reste, une  certaine importance, les jeunes gens qui tireront les numéros les plus élevés ne feront qu'une année de service, où même six mois, s'ils passent avec succès, au corps leurs examens. Les jeunes gens qui tireront les numéros les plus bas, 1, 2, 3, etc……, jusqu'à un chiffre que le ministre à la guerre fixera suivant le nombre de soldats dont il aura besoin chaque année, feront cinq ans de service.

 

Mars 1873   -   Prenez garde à vous !   -  Nous rappelons à nos lecteurs qu'il est interdit d'introduire dans les colis expédiés par voiture ou chemin de fer, des lettres ou circulaires assujetties à des droits de poste. Et si nous faisons cette remarque, c'est qu'en ce moment l'administration des postes fait fouiller tous les colis à leur arrivée dans les gares de chemins de fer et dans les bureaux de voitures  publiques. De nombreuses contraventions ont été constatées en ces derniers jours.  

 

Avril 1873   -   Enfant abandonné.   -  Deux ouvriers de l'usine à gaz, les sieurs Hamel et Enguerrand, ont trouvé, mercredi, à 5 heures du matin, sur le perron de la classe des sœurs  de  la Providence, rue de la Poterie, à Bayeux, un panier dans lequel était déposé un enfant nouveau-né, qui, remis entre les mains de M. Guillemin, brigadier de police, a été admis à  l'Hospice général, après avoir reçu de la dame Guillemin les soins les plus empressés. L'auteur de cet abandon est recherché.

 

Avril 1873   -   Pauvre mère.   -  Dans la nuit de vendredi à samedi dernier, une femme a accouché, vers une heure du matin, sur la place du marché, à Bayeux. Un médecin qui passait à  recueilli l'enfant, et a fait transporter, dans une voiture à bras, la mère à l'Hôtel-Dieu.  

 

Mai 1873   -  Les Événements.   -   Samedi soir, M. THIERS a donné sa démission, de Président de la République française. Il a été remplacé par le maréchal DE MAC-MAHON, duc DE MAGENTA. Le maréchal-Président est âgé de 65 ans.

 

Mai 1873   -   Les orages.   -   Depuis quelques jours, les orages se succèdent dans notre région, du côté de Lisieux et de Vimoutiers les abats d'eau ont déterminé une véritable inondation : deux personnes de l'Orne se seraient noyées. Sur divers points des arrondissements de Caen et de Bayeux, il est tombé des glaçons de la grosseur d'une noisette. Les colzas et les arbres à fruits ont beaucoup souffert. Mercredi, les caves des bas quartiers de la Ville de Caen ont été inondés.

 

Août 1873   -   Enfant abandonné.   -  Jeudi matin, des personnes en passant sur la route de St-Lô à Bayeux, près l'auberge dite l'Image Saint-Pierre, ont trouvé un enfant du sexe masculin, âgé d'environ un mois, placé dans une bourriche et soigneusement enveloppé dans des langes très propres. Un billet ainsi conçu a été trouvé dans la bourriche : « Je me  nomme Alexandre, ma mère est morte en couches, ayez pitié de moi ! » Cet enfant, qui semble bien portant, a été déposé à l'hospice.

 

Août 1873   -   Les présages.   -   Un immense vol de corbeaux a passé sur Paris, se dirigeant vers le sud-ouest. On eût dit un nuage noir en forme de triangle, fendant l'étendue avec une vitesse de locomotive.  C'est signe de grand froid pour l'hiver, quand les vols de corbeaux passent aussi tôt. Pour les personnes superstitieuses, c'est signe de malheur.  

 

Avril 1874   -   Centenaire.  -  Une centenaire, chose rare de nos jours, vient de décéder à l'Hôpital de Bayeux. Les Bayeusains l'ont vue, il n'y a pas bien des années encore, parcourir  les rues en criant de sa voix aigre et débile : « Allumettes chimiques à un sou le paquet ! chaque allumette chaque fois du feu !….., » Elle s'appelait Victoire Portail, dit Goulet, elle  était  âgée de 104 ans.

 

Mai 1874   -   Température.  -  Brouillard en mars, gelées en mai. Ce proverbe reçoit depuis quelques jours son application. Après des chaleurs tropicales un vent froid souffle sur nos contrés et les nuits sont glaciales. Déjà certains arbres à fruits ont été endommagés ainsi que les légumes précoces. Les pommiers à cidre sont jusqu'à présent épargnés, mais si la  température continue  à être aussi rigoureuse, il est à craindre que les dégâts ne s'étendent et ne s'aggravent. La perspective de la récolte des céréales est excellente,  malheureusement il n'en est pas de même. dans les pays vignobles, et le froid qui sévit toutes les nuits a déjà fait éprouver de grands dégâts dans le centre et le Midi.

 

Mai 1874   -   Récoltes.  -  Les nouvelles des pays vignobles sont toujours désastreuses, les gelées de ces nuits dernières, ont détruit ce que les froids précédents avaient épargné.

Les premières fleurs de nos pommiers à cidre ont souffert.  On commence à se plaindre de la sécheresse : cultivateurs et jardiniers demandent deux jours d'eau. Des orages sont à  craindre.

 

Mai 1874   -   fait divers.  -  Lundi dernier, une femme de la campagne, escortée de deux enfants de deux à trois ans, et en portant un autre âgé de quelques semaines, s'arrêta pour acheter des pommes chez Mme Marie, marchande de légumes, rue de Nesmond, à Bayeux. Après quelques minutes de conversation, la paysanne pria la marchande de lui garder ses  enfants pendant un quart d'heure, le temps, dit-elle, d'aller à St-Patrice chercher sa mère qui l'y attendait, Mme Marie entra les deux aînés dans sa boutique, prit le poupon sur ses bras et la mère partit. Elle oublia de revenir.

Le soir, on s'occupa de la rechercher, mais ce fut en vain, et le lendemain seulement, guidé par les indications obtenues de l'aînée des enfants, on apprit la vérité. Ayant été condamnée à quelques semaines de prison et n'ayant personne à qui confier ses enfants, cette femme n'avait rien trouvé de mieux à faire que de les abandonner à la grâce de Dieu et sous la protection de la première personne qui lui tomberait sous la main. Grâce, au bon cœur de Madame Marie et au concours empressé des voisins, ces pauvres petits êtres n'ont  manqué de rien, jusqu'à ce que la police intervenant, on les ait retirés des mains de la dépositaire, pour les placer à l'hôpital-général, où ils resteront jusqu'à la libération de leur mère.

 

Juillet 1874   -   Orages et tonnerres   -  Les orages annoncés par le prophète Nick pour le mois de juillet ont éclaté à leur heure. Paris et ses environs, la Seine-Inférieure et l'Eure en ont ressenti les effets. — Notre pays n'a pas non plus été épargné, il y a même eu morts de hommes. Le sieur Lefort, boulanger à Bernières, a été tué par la foudre au moment où il  sortait de son jardin avec une brouette, et le sieur Ferdinand Séron, propriétaire à Tournay-sur-Dives, arrondissement d'Argentan, a été frappé par la foudre, vendredi dernier,;dans un pré où il était à faucher.

— L'arrondissement de Lisieux a eu beaucoup à souffrir, le vent, l'eau, et la grêle, dont certains, grêlons atteignaient la grosseur d'un marron, ont fauché les colzas, les blés et les  pommiers. Une grande consternation règne dans les communes de Moyaux, Fumichon, etc…...où en quelques heures, les cultivateurs ont vu anéantir l'espoir de toute une année. 

— La comète n'est pas étrangère aux grandes chaleurs que nous subissons. En 1811, une comète fut visible, et les chaleurs et la sécheresse furent telles qu'un grand nombre de rivière tarirent, en 1846, nouvelle comète, nouvelle sécheresse, l'eau devint tellement rare dans certains endroits que des bestiaux périrent de soif. En 1811 comme en 1846, le vin fut  abondant et d'une qualité supérieure, on espère qu'il en sera de même en 1874, aussi les cours des vins sont-ils en baisse de 10 fr. par hectolitre. A Marseille, le thermomètre a marqué, à l'ombre, 40 degrés, à Paris, au soleil, 44 degrés. De nombreux cas d'insolation sont signalés.  

 

Janvier 1875   -   Triste accident.  -  Un bien triste accident est arrivé à Bayeux la semaine dernière. M. Langlois, capitaine de gendarmerie, étant allé consulter M. Tassine, armurier en cette ville, à propos d'un revolver nouveau modèle qu'il venait de recevoir, déposa l'arme non chargée, pour aller sur le pas de la porte parler à une personne qu'il venait de voir passer. Pendant ce temps, M. Tassine glissait dans le revolver une cartouche, afin d'essayer le jeu de la culasse, puis abandonnait imprudemment l'arme sur son comptoir au moment où M. Langlois rentrait. 

Celui-ci, sans défiance, reprit son arme qu'il se mit à manier, la croyant toujours inoffensive. A cet instant le coup partit et la balle vint frapper l'armurier en plein estomac. Je vous laisse à penser le désespoir de M. Langlois qui, cependant, ne mérite pas en cette circonstance le moindre reproche d'imprudence, la fatalité seule a tout fait. La balle est allée se  loger dans les intestins, elle se trouve placée du côté de la colonne vertébrale, ce qui n'a pas encore permis aux docteurs Denis-Dumont, Aubrée et Basley, qui donnent simultanément  leurs soins au blessé, de procéder à son extraction. Au moment de mettre sous presse, nous apprenons que M. Tassine vient d'expirer.

 

Janvier 1875   -   Une rosière bajocasse.  -  Lundi 25 courant, une commission municipale, sous la présidence de M. le maire, décernait à la jeune fille la plus sage de la paroisse St-Exupère la dot annuelle de 400 fr. fondée par M. Charlemagne Delamarre, en faveur des jeunes filles dont l'éducation se sera faite dans l’établissement scolaire, qu'il a fondé à cet  effet dans ladite paroisse. Ce prix dotal a été accordé à Mlle Clémence Sabine, âgée de 18 ans, l'aînée de sept enfants, et domiciliée chez ses parents, rue Saint-Jean. Un mariage d'inclination doit bientôt couronner cette faveur bien méritée.

 

Janvier 1875   -   Éclipses.  -  Si, en 1875, il n'y a pas d'éclipse de lune, le soleil, en revanche, sera éclipsé deux fois : le 6 avril et le 29 septembre. La deuxième seule sera visible, en  partie, à Paris.

 

Février 1875   -   L’École.  -  Le ministre de l'instruction publique a décerné une médaille de bronze à M. Biron, directeur de l'école municipale de garçons de Bayeux, connue sous le nom d'École mutuelle.  

 

Juillet 1875   -   Récoltes.  -  Le temps s'est enfin mis au beau. Les travaux des champs sont poussés avec une très grande activité. Sur la place de Caen, les hommes se cotaient à un  prix élevé. Le colza rend bien, le seigle est bon. Le blé chicot rendra au moins autant que l'année dernière. 

Il en est de même dans les environs de Paris. Les pommiers ont toujours très belle apparence, la plaine de Caen est, sous ce rapport, bien partagée. On est inquiet au sujet de la récolte des blés dans certaines régions du nord et du centre de la France. Les mauvaises nouvelles de Russie, d'Angleterre, de Belgique et de Hollande font augmenter les blés et les farines,  et par suite, le prix du pain.

 

Juillet 1875   -   Fait divers.  -  Nous nous faisons l'écho des nombreux auditeurs qui assistaient au concert donné à Bayeux dans le Jardin botanique, en réclamant l'érection de la  statue, ou du moins le buste de M. Charlemagne de La Mare, l'homme de bien auquel la ville est redevable de cet établissement.

 

Juillet 1875   -   Récompense.  -  C'est le jeune Albert Hamon, qui a obtenu le prix (un livret de caisse d'épargne de cinquante francs) fondé par M. Daligault, en faveur de l'élève qui, chaque année, se sera le plus distingué par sa conduite, son application, ses progrès, et qui aura mérité, après examen, le certificat d'études primaires.

 

Novembre 1875   -  Abjuration.  -  Lundi, 15 novembre, dans la chapelle, des malades de l'Hôtel-dieu de Bayeux, un jeune turc, âgé de 28 ans, a abjuré solennellement la secte de Mahomet et demandé le baptême. Mohammed Ben-Ali avait quitté l'Afrique pour prendre part à la guerre de 1870, il était venu malade, il y a trois mois, demander l'hospitalité à l'Hôtel-Dieu de Bayeux, c'est là qu'il s'est, converti. Mohamed avait à ses côtés son parrain, M. Olive, administrateur des hospices, et sa marraine, Mme Loir, née Demagny.  

 

BAYEUX  -   Chemin de fer du Calvados, Gare de Bayeux

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