1er Novembre 2024

UN SIÈCLE D'HISTOIRE DU CALVADOS

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BAYEUX 

Canton de Bayeux

Les habitants de la commune sont des Bajocasses ou Bayeusains, Bayeusaines

Février 1876   -  Tempêtes et inondations.  -  A Bayeux et dans les environs, la bourrasque a occasionné de nombreux dégâts. Des toits ont été enlevés et des cheminées renversées. Toutes les rues étaient jonchées de débris de couvertures. Un nombre incalculable d'arbres et de pommiers ont été déracinés. 

Dans un hameau appelé Sagy, qui se trouve à peu de distance de Tilly-sur-Seulles, l'ouragan a failli faire deux victimes. Les époux Lahaye dînaient tranquillement quand ils s'aperçurent que le vent enlevait le chaume de leur demeure. Le mari monta vite au grenier pour aviser aux moyens de consolider la toiture. A peine avait-il commencé son travail que la charpente tombant subitement défonça la plancher qu'elle entraîna dans sa chute. Il put heureusement se dégager des décombres et appeler les voisins au secours de sa femme littéralement ensevelie sous les ruines. On la trouva près de l'horloge, entièrement privée de connaissance, ayant à la tête une blessure grave.  

 

Avril 1876   -  Les Pommiers.  -  Malgré les gelées, les intempéries et les perturbations atmosphériques de ce printemps, les pommiers, dans notre région, ont jusqu'à présent une superbe apparence et promettent une récolte exceptionnelle telle, au dire des cultivateurs de certains pays, et notamment de la Manche, qu'on n'en a pas va depuis trente ans. 

 

Mai 1876   -  Accident.  -  Samedi dernier, au hameau de Bellefontaine, près Bayeux, le jeune Émile Marie, âgé de 15 ans, aidait son père dans les travaux de la forge, lorsqu'à la suite d'un mouvement trop brusque, les tenailles brûlantes qu'il tenait à la main lui sautèrent dans l’œil. Malgré les soins qui lui ont été prodigués par le docteur Nicolle, l’œil du pauvre enfant est considéré comme perdu.

 

Mai 1876   -  Armée.  -  Le fusil Gras ou chassepot modifié vient d'être distribué à toutes les troupes du 3e corps. Contrairement à l'ancien fusil, celui-ci a le canon et les capucines bleu foncé. La batterie est en métal poli. Quant au fonctionnement, il est, à peu de chose près, le même que pour le chassepot, mais le fusil Gras est bien moins sujet à s'encrasser, et on sait que c'était là le défaut principal de l'arme dont se servaient depuis quelques années les troupes français.  

 

Mai 1876   -  Cavalcade.  -  A. l'occasion des fêtes de l'inauguration de la statue d'Arcisse de Caumont, à Bayeux, il est question d'organiser une grande cavalcade.

 

Mai 1876   -  Nos récoltes.  -  La longue période de sécheresse que nous avons subie pendant près d'un mois avec grands vents d'amont continuels et très-froids, inspirait des craintes sérieuses à l'agriculture : plantes légumineuses et fourragères, prairies naturelles et artificielles, tout semblait dépérir sur pied faute d'humidité. Le temps vient heureusement de changer, il est à l'eau. Dans le Midi, il pleut beaucoup, les orages sont à redouter.  

 

Juin 1876   -  Cavalcade de Bayeux.  -  La cavalcade organisée pour le 13 juillet aura pour sujet l'entrée à Bayeux de François 1er , en 1532.  

 

Août 1876   -  Imprudence.  -  Dans la soirée de vendredi, un jeune clerc d'huissier, nommé Mallet, baignait un cheval dans l'abreuvoir, à Bayeux. Debout sur le mur, il tenait l'animal à bout de longe. Celui-ci, par un brusque mouvement de tête, a attiré à lui son conducteur qui est tombé sur une des pierres où les lessivières placent leur linge, et a roulé de là dans la rivière. Il allait se noyer infailliblement si une femme, témoin de sa chute, ne l'avait retiré de l'eau. Un médecin, appelé en toute hâte, a constaté que le jeune imprudent avait une jambe fracturée.

 

 Août 1876   -  Taureau furieux.  -  Dimanche dernier, M Louis Dubosq, propriétaire-cultivateur, rue Saint-Patrice, à Bayeux, était allé dans l'un de ses herbages pour rentrer un taureaux devenu furieux, qui avait déjà blessé sa domestique. L'animal s'est précipité subitement sur son maître, l'a terrassé et allait le tuer à coups de cornes, quand le fils Dubosq est arrivé au secours de son père. Celui-ci a brisé un énorme bâton sur la tête du taureau qui s'élançait déjà sur lui, lorsqu'est survenu. M. l’abbé Delaunay, vicaire de St Patrice, qui s'est porté  résolument à leur secours et a pu calmer un instant le terrible animal et donner à ses victimes le temps de se mettre à l'abri de sa fureur. 

M. Dubosq père a reçu dans le côté plusieurs blessures qui, nous l'espérons, n'auront pas la gravité que l'on pouvait craindre. La blessure qu'a reçue la domestique n'offre aucun danger.  

 

Octobre 1876   -  Les élections.  -  V’la que ça commence les histoires d'élection….. J'en ai déjà haut comme cela.

Je pêche dans le tas :

A X……., canton de Dozulé, un prétendant municipal a tant fourré de galette et de goutte à ses partisans, que la plupart, pris d'une indigestion subite, n'ont pu aller voter.

Naturellement, c'est l'autre qui a été élu.

Dans une autre commune, à Y…….., canton de Vire, un citoyen a été éliminé parce qu'il est fabricant de tombeaux.

C'est l’adjoint qui a poussé à la roue$ en disant : « Si no l'nomme, cha portera malheu à la commeuns. » .

Dans l’arrondissement de Bayeux la commune de C……., a rappelé de l'exil un seigneur et maire dégommé.

Il a promis qu'à l'avènement du comte de Chambord il ferait ériger la commune en duché..., afin d'en prendre le titre.

A Saint-……., arrondissement de Pont-l'Evêque, et à B…….., arrondissement de Caen, quelques conseillers municipaux avaient un plumet de première classe.....

Ce qui me fait dire que ces administration-là ont été élevées au petit pot……  

 

Novembre 1876   -  Les Pommes.  -  On calcule qu'il se fabrique annuellement 12 millions d'hectolitres de cidre en Normandie, représentant une valeur de plus de 100 millions de francs. Il n'en sera pas brassé autant cette année, car presque partout la récolte est mauvaise. 

Dans les parties du Pays d'Auge et de la Manche, où la pomme a un peu donné, le prix varie entre 4fr. 50 et 5 fr. l'hectolitre. 

 

Novembre 1876   -  Passage de troupes.  -  L'état-major et deux bataillons du 136e de ligne, comprenant 30 officiers et 542 hommes de troupes, passeront à Caen le 25 novembre et repartiront le 26 pour Bayeux. 

Il serait à désirer que l'Administration municipale fit connaître, par la voie de la presse, les quartiers soumis au logement. Nos concitoyens ne seraient plus entendus à justifier leur absence par un « nous ne savions pas », et l'on verrait moins souvent des soldais exténués de fatigue être obligés, trouvant visage de bois, de faire le trajet de la mairie à la  Demi-Lune et de la Demi-Lune à la mairie. 

Cette mesure n'est pas une innovation, elle est en usage à Lisieux, Bernay et autres villes de passage.  

 

Janvier 1877   -  Températures.  -  La Température ne varie pas, et le temps reste humide, au grand déplaisir des cultivateurs qui voudraient voir succéder un peu de froid à la température anormale que nous subissons depuis trop longtemps. Hâtons-nous de le dire, cependant, il n'y a quant à présent, aucun dégât et tout serait pour le mieux s'il survenait sous peu du froid et de la sécheresse. 

Dans la nuit de dimanche, un ouragan terrible s'est fait sentir sur notre contrée, les dégâts sont presque insignifiants. 

 

Janvier 1877   -  Accident.  -  Une poutre du plafond d'un dortoir du collège de Bayeux est venue à céder tout à coup. Avertis par un craquement précurseur, les élèves ont pu échapper à temps. Il n'y a que des dégâts matériels.

 

Janvier 1877   -  Permis de chasse.  -  Voici le nombre des permis de chasse qui ont été délivrés par la préfecture du Calvados, pendant l'année 1876 : Arrondissement de Caen, 1 887 ; id. de Bayeux, 933 ; id. de Falaise, 902 ; id. de Lisieux, 1 430 ;  id. de Pont-l’Évêque, 1 137 ; id. de Vire, 683 ; Total, 6 072.

 

Février 1877   -  Carte du Calvados.  -  La carte routière du département du Calvados, dressée par M. l'Agent voyer en chef, vient d'être mise en vente aux prix suivants : un exemplaire non colorié, 2 fr. 50 ; un exemplaire colorié, 3 fr.

Cette carte étant une propriété départementale, sera livrée à MM. les libraires et marchands d'estampes, qui en feront la demande à M. le Préfet, au prix de revient du tirage et par quantité de 25 exemplaires au moins.  

 

Février 1877   -  La dentelle.  -  L'industrie dentellière traverse depuis plusieurs années une crise qui pèse particulièrement sur les arrondissements de Caen et de Bayeux, où 25 000 femmes vivent de cette fabrication. 

Pour remplacer nos produits, on a essayé des imitations en coton, en laine et même en or, ces innovations n'ont eu qu'une heure de succès. Aujourd'hui, la mode semble vouloir  revenir à la dentelle de soie. Les principaux fabricants de l'arrondissement de Caen ont, à ce sujet, adressé à Mme la maréchale de Mac-Mahon, une pétition qui, remise par MM. Bertauld et d'Harcourt, a été favorablement accueillie, la maréchale a aussitôt demandé qu'on lui envoyât quelques spécimens de notre fabrication. Attendons-nous donc d'ici peu à voir Mme  la duchesse de Magenta parée de nos dentelles, et faisons des vœux pour que son exemple soit, dans l'intérêt du bien-être des campagnes, suivi par toutes les élégantes.  

 

Juin 1877   -  Les orages.  -  Lundi, dans l'après-midi, un orage violent a éclate sur la ville et la plaine de Caen, des grêlons gros comme des noisettes qui été ramassés, les arbres à fruits et certaines plantes ont beaucoup souffert.

— A Saint-Contest, vers 5 heures et demie du soir, la foudre est tombée sur un corps de bâtiments à usage de grange, écurie et remise, appartenant à M. Bertaux. L'immeuble a été  réduit en cendres.

— L'orage s'est fait aussi sentir sur l'arrondissement de Bayeux. Lundi, vers huit heures du soir, la foudre est tombée sur une ferme appartenant à M. de La Conté, et louée au sieur Baptiste Guillot, fermier. En un clin d’œil, la toiture a été embrasée dans toute la longueur du bâtiment qui a été entièrement détruit. Pertes, 40 000 fr., dont 40 000 fr. pour le mobilier. Assuré.

— Le même jour, à Pont-l'Evêque, après une matinée splendide, un violent orage a éclaté à trois heures après-midi, sur la vallée de la Calonne. La grêle et la pluie sont tombées avec intensité. On a ramassé des grêlons pesant de 10 à 15 grammes.

— A Saint-Pierre-sur-Dives, les logettes du marché ont été renversées, un marronnier fort gros a été brisé à une hauteur de deux mètres par la violence du vent.

— Le lundi précédent, la foudre était tombée à Rapilly, canton de Falaise, sur une ferme appartenant à M de Magny. Une cheminée a été disloquée, on sera obligé de la reconstruire. Ce qu'il y a eu de plus particulier, c'est que la commotion a passé sur deux autres fermes sans les atteindre, pour aller, à 300 mètres environ de la première, frapper un mouton qui se trouvait dans une pièce. On ne s'est aperçu que l'animal était tué que lorsqu'on l'a touché. Il était resté debout, dans l'altitude qu'il avait au moment où le fluide l'atteignit. La laine et la chair ne portaient nulle trace d'altération.

— L'orage de la soirée et de la nuit de lundi s'est fait peu sentir à Honfleur et aux environs, mais à la Rivière-Thibouville, deux maisons auraient été emportées par les eaux. 

 

Octobre 1877   -  -  Incendie.  -  Le 19 septembre, vers 9 heures du soir, le sieur Jacques Pelhâtre, domestique à l'hôpital général de Bayeux, rentrant avec une voiture chargée de paille, s'engagea sous le porche de cet établissement où un bec de gaz se trouvait allumé. Le feu se communiqua en un clin d’œil à la paille qui, malgré les secours survenus, fut entièrement consumée.  

 

Mars 1878   -  Cheval emporté.  -  Samedi dernier, à Bayeux, un cheval attelé à un banneau qui se dirigeait vers la gare s'est subitement emporté, en traînant pendant près de deux cents mètres le conducteur, qui essayait en vain d'arrêter l'animal. Heureusement que le banneau est venu se heurter sur un camion de roulage en station devant le bureau d'octroi, et que, grâce à l'intervention de M. Bidot, du domestique de M. Bidgrain et des employés de l'octroi, le cheval a pu être maîtrisé et le malheureux conducteur sauvé assurément d'une mort certaine.     

 

Avril 1878.   -   Accident de  voiture.   -   Mardi soir, vers cinq heures, le nommé Laroche, aubergiste à Port-en-Bessin, a été victime d'un grave accident, qui met ses jours en danger.

Il conduisait sa carriole, à laquelle était attelée une jument un peu vive, lorsque, arrivé à un kilomètre de Bayeux, a un endroit que l'on appelle le Gibet, la sous-ventrière de l'attelage s'est rompue et le cheval est tombé dans un herbage situé à 5 mètres au-dessous du niveau de la route.

Dans sa chute le sieur Laroche a eu l'épaule gauche démise et a été fortement contusionné. La jument, en tombant dans l'herbage, a été fichée en terre par un des brancards de la carriole, qui lui a traversé le cou de part en part. ( Bonhomme Normand)

 

Avril 1878.   -   Voiture versée.   -   Samedi, vers sept heures du soir, la voiture que conduisait M. Verdant, propriétaire à Villiers, ayant heurté un camion abandonné rue de la Cave, à Bayeux, a été renversée et le conducteur précipité sur le sol. Plusieurs personnes se sont empressées de relever la voiture et de porter secours à M. Verdant, qui en sera quitte pour quelques contusions.

Chacun se retirait satisfait d'avoir accompli son devoir, lorsqu'un individu est survenu et a accueilli les personnes présentes dans des termes qui permettent de supposer qu'il n'était pas en état d'envisager sainement les choses, ( Bonhomme Normand)

 

Avril 1878   -  Gaz.  -  Une souscription pour établir l’éclairage au gaz dans la cathédrale de Bayeux est ouverte par Monseigneur l’Évêque.

 

Juin 1878   -  Les suites de l’orage.  -  Un orage très violent a éclaté dimanche dans l'après-midi et a parcouru une partie des arrondissements de Caen, de Bayeux, de Vire et de Falaise. La grêle, qui est tombée dans certains endroits, a causé des dommages assez sérieux aux récoltes.

Grand nombre de communes du canton de Balleroy ont eu beaucoup à souffrir de la grêle qui est tombée en grains d'une proportion énorme, beaucoup de récoltes sont perdues. M. Richomme, qui exploite la ferme d'Hommey, à Livry, a subi une perle de 10 000 fr., et M. Percy une de cinq.

La foudre est tombée à Littry chez M. Bagnollet, maréchal, le fluide est entré par une fenêtre en traversant un carreau, mais pour sortir il a renversé une fenêtre entière.

Du côte d'Ouilly, la grêle est tombée pendant vingt minutes avec une intensité effroyable, et a détruit une très grande partie des récoltes sur une longueur de quatre kilomètres et une largeur de trois kilomètres. La foudre  est tombée en plusieurs endroits, mais n'a causé aucun accident.

A Pretreville, un incendie, allumé par la foudre, a détruit un corps de bâtiment à usage d'habitation, appartenant à M. Morin, de Lisieux. Perte du propriétaire, 18 000 fr., assurés. Perte du fermier, 500 f., non assurés.

Au Theil, la foudre a consumé trois mètres de la couverture en chaume de la maison du sieur Boutrois, cantonnier.

 

Juin 1878   -  Les suites de l’orage.  -  De nouveaux renseignements nous parviennent sur l'orage qui a éclaté la semaine dernière sur le Calvados. A Planquery. canton de Balleroy, les débats s'élèveraient à 28 000 francs.

Cet orage a causé aux sieurs Lampérière, Lejemble et Tiphaigne, cultivateurs à Cormolain, canton de Caumont, une perte de 5 800 fr., que ne couvre aucune assurance. La foudre est tombée à Montfiquet, canton de Balleroy, chez M. Désiré Bazire, marchand de bois et charbons, et a mis le feu à un tas de sciures de bois.

Plusieurs communes de l'arrondissement de Falaise, ravagées par la grêle, ont demandé la remise totale de leurs impôts.

 

Juillet 1878   -  Excellente mesure.  -  Le Ministre vient d'interdire dans les écoles communales les quêtes qui s'y font habituellement sous divers prétextes religieux ou autres. Pendant qu'il y était, le Ministre aurait bien fait d'interdire aussi les souscriptions ouvertes dans certaines écoles pour offrir soit à l'instituteur, soit au curé, un cadeau à l'occasion de leur fête ou anniversaire. 

 

Août 1878   -  Subventions.  -  M. le ministre a alloué au collège de Bayeux une subvention annuelle de 1 000 fr., pour les dépenses de l'enseignement, et une subvention annuelle de 1 800 fr. au collège de Honfleur pour la création d'une chaire de physique.

 

Août 1878   -  Plancher écroulé.  -  Un accident, qui pouvait avoir des suites graves, est arrivé, la semaine dernière, dans une maison, rue Montfiquet, en face l'église St-Patrice, à Bayeux. Par suite de la rupture d’une poutre, le plancher du grenier de cette maison s'est écroulé. Une demoiselle Le Chevalier, âgée de 74 ou 75 ans, qui était couchée à l'étage inférieur, a failli être étouffée sous les décombres qui couvraient son lit. Grâce à de prompt secours, elle a pu être retirée saine et sauve de cette dangereuse position.  

 

Septembre 1878   -  Au loup !  -  Les bandes de loups qui dévastent en ce moment certaines parties des départements de la Manche et de l'Orne, menacent les frontières, du Calvados du côté des arrondissements de Bayeux et de Vire. Dans la Manche, à Belle-fontaine, ces carnassiers ont dévoré une brebis et deux agneaux, à Saint-Martin-de-Chaulieu, trois moutons, appartenant à un boucher, ont été également étranglés par les loups dans un pré situé à environ 100 mètres des habitations. Dans l'Orne, à Juviguy, Tessé et Saint-Michel, les loups, non contents d'étrangler les moutons, ont attaqué et tué trois bœufs et un cheval. 

 

Janvier 1879   -  La neige et les inondations.  -  Une partie de la France a été pendant plusieurs jours enfouie sous les neiges. Sur beaucoup de points, la circulation a été interrompue.

Dans le Calvados, la ligne de la mer a dû suspendre son service. La neige a atteint dans certains endroits plus de trois mètres de hauteur. Dans un grand nombre de localités, on se plaint que les cantonniers n'aient pas été, dès les premiers jours, envoyés sur les routes pour déblayer. Sur la route de Pont-l'Évêque à Bonnebosq, on nous signale des excavations produites par les eaux, ayant pour cause des puits creusés il y a longtemps pour extraire de la marne ou des moellons, à l'administration des ponts et chaussées de veiller.

Au dire des anciens, il faudrait remonter à cinquante ans pour trouver l'exemple d'une semblable avalanche de neige. Pendant l'hiver 1829-1830, on avait été obligé d'employer des soldats de la garnison de Caen pour tracer des voies sur les routes aboutissant à Caen, les neiges relevées sur les côtés du chemin formaient un talus de 4 à 5 mètres de hauteur. De distance en distance on avait réservé des espaces pour le croisement de deux voitures. C'est le mardi 7 janvier que la neige a commencé à tomber, il y a cent soixante-dix ans, jour pour jour (le 7 janvier 1709), entre 8 et 9 heures du soir, le vent qui était au midi et à la pluie, tourna subitement au nord et à la neige. Le froid fut tellement intense que le pain et l'eau gelaient auprès du feu, les prêtres à l'autel étaient obligés de faire mettre un réchaud plein de feu à côté du calice qui gelait encore, malgré cette précaution.

Le dégel qui s'est produit va amener des inondations, tous nos cours d'eau débordent. Sur les rives de la Loire, la consternation est grande, des villages entiers sont sous l'eau, à Nantes, plusieurs quartiers sont submergés. Les dégâts sont incalculables. L'évêque de Nantes fait un appel à la charité des fidèles en faveur des victimes des inondations. L'une des plus grandes inondations occasionnées en Normandie par les neiges est celle du 2 février 1508. Tous les cours d'eau débordèrent, la Seine s'éleva à trois pieds au-dessus des rives.

 

Avril 1879  -  Écoles de filles, répartition de secours.  - Le Conseil, conformément au rapport de M. le Préfet, répartit une somme de 2 500 fr. à prendre sur le crédit de 5 000 fr. inscrit au budget de 1879, pour établissement et entretien d'écoles de filles.  Bayeux (paroisse Saint-Patrice), 8 614 habitants, Mme Desmarest, 26 élèves payantes, 46 gratuites ; 300 fr. de traitement en 1878 ; indemnité personnelle accordée 40 fr. Insuffisance de ressources. Deux maîtresses.

 

Mai 1879   -  Un duel.  -  Une rencontre au pistolet vient d'avoir lieu en Belgique entre le sous-préfet de Bayeux, M. Pluchart, et M. le docteur Soubise, de Vendôme. Deux balles ayant été échangées sans résultat, les témoins ont déclaré l'honneur satisfait. La politique est étrangère à cette rencontre.  

 

Juillet 1879   -  Secours et subventions.  -  Il a été accordé à Méry-Corbon 18 000 fr. pour la construction d'une école de garçons et de filles.      300 fr. à la fabrique de l'église de Missy,  pour l'achat d'objets mobiliers ; à l'école municipale de dessin de Bayeux, 200 fr.  

 

Septembre 1879   -  Vache furieuse.  -  Lundi matin, en face du marché, à Bayeux, une vache en fureur jetait l'épouvante parmi le public. Devant l'épicerie Benard, M. Lecarpentier, boucher à Littry, s'élança sur elle et la terrassa, la vache se releva plus furieuse encore, l’homme la terrassa une seconde fois et, avec l'aide de quelques spectateurs, il parvint à la garrotter.  

 

Octobre 1879   -  Une distraction lugubre.  -  La semaine dernière, dans un chef-lieu de canton de l'arrondissement de Bayeux, il y avait un matin à l'église un mariage et un enterrement. Le bedeau, qui avait accompagné le curé au cimetière, entend sonner le mariage. Il a peur de n'être pas là pour recevoir les mariés. Il quitte le cimetière, court à la sacristie et, voyant entrer les époux dans l'église, va au devant d'eux fort empressé. Mais il fut mal accueilli. Le malheureux avait oublié de quitter son costume d'enterrement, et semblait ainsi prendre les mariés pour deux défunts.  

 

Octobre 1879   -  Pêche.  -  La pêche du saumon, de la truite et de l'ombre-chevalier est interdite dans tous les cours d'eau du département, depuis le 19 octobre, au coucher du soleil, jusqu'au premier février 1880, au lever du soleil. Cette interdiction s'applique à tous les procédés de pêche, même à la ligne flottante à la main. 

 

Novembre 1879  -  Les pompiers de Bayeux.  -  Dimanche dernier, la compagnie de sapeurs-pompiers de Bayeux a été passée en revue par la municipalité. A la suite de cette revue, elle a exécuté avec quatre pompes toute une série de manœuvrées qui ont présenté le plus vif intérêt, et qui ont été applaudies par les nombreux spectateurs qui y assistaient. A cette  revue figuraient deux pompes curieuses, données à la ville de Bayeux il y a cent ans par M. Larcher de la Londe.  

 

Novembre 1879  -  Explosion de gaz.  -  Lundi de la semaine dernière, vers 5 heures du soir, une forte odeur de gaz se répandait dans les magasins de M. Sassot, marchand de nouveautés, rue Saint-Martin, à Bayeux, M. Sassot, ayant voulu s'assurer d'où pouvait provenir la fuite, pénétra avec de la lumière dans un des appartements contigus à son magasin. Le gaz s'enflamma aussitôt et il se produisit une violente détonation. Il n'y a pas eu d'accident de personnes à déplorer, l'explosion a simplement occasionné quelques dégâts matériels : deux glaces ont été brisés. 

 

Novembre 1879  -  On en réclame un second.  -  Un certain nombre d'habitants de Bayeux, qui connaissent les excellentes relations que nous entretenons avec la municipalité bajocasse, nous signalent le mauvais état et l'insuffisance du cabinet inodore (inodore est risqué) situé près du marché. Ils en réclament un second un peu mieux installé et voudraient qu'il fût à l'usage des deux sexes. Nos correspondants espèrent que les édiles de Bayeux sentiront que cette réclamation n'est pas sans fondement, puisqu'elle est de première nécessité.  

 

Janvier 1880  -  Ou il va être prouvé que les bajocasses ont raison de ne pas être contents.  -  On leur avait promis une représentation de Marceau, et cette représentation n'a pas eu lieu ! Est-ce que l'administration municipale craint de voir éclater une insurrection à Bayeux, si on y jouait cette pièce patriotique ? Ou bien l'autorisation a-t-elle été brûlée lors de l'incendie qui a éclaté chez le maire ?

Autre sujet de mécontentement. Mercredi de la semaine dernière un concert a eu lieu à Bayeux au profit des pauvres. Les moindres places étaient de 1 fr. par personne. Les assistants étaient au nombre de 650 à 700. Or il paraît que la recette a été de 280 fr. Cela tient, dit-on, aux entrées de faveur. Ainsi il y aurait eu des richards qui seraient entrés sans payer à ce concert des pauvres. Eh bien ! ceux-là peuvent se vanter de n'être pas honteux.

Un de nos confrères rapporte, au sujet de cette soirée de bienfaisance, que M. Dragon de Gomiécourt, directeur de l'usine à gaz de Bayeux, aurait voulu imposer des modifications au programme, sinon il refusait d'éclairer la salle. Malgré sa mauvaise volonté, le Dragon qui dispense si parcimonieusement la lumière à la ville de Bayeux, a été obligé de céder aux  justes injonctions de l'administration.

M. Strauss, le nouveau sous-préfet de Bayeux, vient d'arriver sans tambour ni trompette, comme était du reste parti son prédécesseur.

 

Janvier 1880  -  Encore l’hiver.  -  Un vieux proverbe prétend qu'à la fin de janvier, l'hiver s'en va ou redouble de rigueur. Si ce proverbe est vrai, nous n'avons pas tout lieu de nous réjouir, car à la température relativement douce de la semaine dernière a succédé une vive reprise du froid. La saison a été bien dure pour les malheureux. Un retour de l'hiver serait presque un désastre pour tout le monde. 

 

Janvier 1880  -  Échenillage.  -  C'est dans 18 courant de février, que tout propriétaire, fermier ou locataire est tenu d'écheniller les arbres, haies ou buissons, sur les propriétés qu'il exploite où qu'il occupe.

 

Février 1880  -  Morte de peur.  -  Dans la nuit de lundi, Mme Haley, demeurant rue St-Jean, 55, à Bayeux, gravement malade depuis quelque temps, se sentit tout à coup brûlée à la tète. Une veilleuse mal posée sur la table de nuit avait mis le feu à son bonnet et à son oreiller. Elle put encore réveiller son mari qui parvint à éteindre la feu. Sa maladie et, sans nul doute, l'émotion qu'elle avait éprouvée par cet accident, ont causé sa mort.  

 

Mars 1880  -  Accident.  -  Il y a quelques jours, une femme lavant du linge près le pont, à Bayeux, est tombée dans la rivière. Elle était en danger de se noyer, lorsque le sieur Levêque, journalier sans quitter ses vêtements, se jeta à l’eau et fut assez heureux pour pouvoir la saisir et la ramener au quai saine et sauve.  

 

Mai 1880  -  Un cheval emporté.  -  Un événement, qui aurait pu avoir des suites plus graves, est arrivé à Bayeux lundi, vers deux heures d'après-midi, un cheval attelé à un banneau, s'est échappé d'une maison située à Saint-Vigor-le-Grand, et descendait à fond de train la rue Saint-Jean, lorsqu'arrrivé rue Saint-Martin, l'agent de police Reydellet, se jetant à la tête de l’animal, le fit tomber à terre, le cheval, se relevant précipitamment, reprit sa course effrénée, et une des roues du banneau passa sur l'épaule de l'agent et lui occasionna de très graves contusions. Arrêtés un instant après, cheval et véhicule ont été ramenés au domicile du propriétaire.

 

Avril 1880  -  Pourquoi ?  -  Le curé d'une commune de l'arrondissement de Bayeux vient de refuser, en termes peu parlementaires, de communiquer au maire les comptes de la fabrique. Le maire a dû déposer plainte au parquet. Mais pourquoi diable M. le curé ne veut-il pas, conformément à la loi, communiquer les comptes de la fabrique ?  

 

Septembre 1880  -  Sauvetage.  -  Vendredi, à sept heures, une jeune fille, occupée à laver du linge en amont du pont, à Bayeux, s'est laissé choir dans la rivière, qui était très forte en ce moment, par suite des pluies torrentielles qui tombent depuis plusieurs jours. Le sieur Malherbe, teinturier, s'est porté aussitôt à son secours et a été assez heureux pour la retirer saine et sauve.  

 

Octobre 1880  -  Inondation.  -  Qu'a donc fait notre pauvre France ? Toutes les calamités semblent accumulées sur elle. Presque toute;notre région est sous l'eau, plus loin, nos lecteurs trouveront les désastreux détails de cette crue que nous n'avions pas vue aussi forte depuis vingt ans. L'été a été déplorable. Il n'y a pas de pommes, les récoltes ont été faites dans les conditions déplorables, et si le temps continue, on se demande comment on arrivera à faire, le blé. Les pluies qui ont tombé pendant toute la semaine dernière ont considérablement grossi les cours d'eau de notre département. 

A Bayeux, dans la nuit de vendredi à samedi, une crue d'eau subite a fait refluer la rivière jusque dans les quartiers avoisinants les habitants des  rez-de-chaussée se sont vus forcés de se réfugier aux étages supérieurs. La rue Teinture, notamment, a présenté samedi toute la journée un spectacle navrant, c'était avec les plus grandes difficultés que l'on  pouvait faire parvenir des vivres aux habitants, que l'eau retenait chez eux, le bureau de l'enregistrement, situé dans cette rue, envahi par les eaux était inaccessible au public. La violence du courant était telle que les vannes de plusieurs moulins ont été emportées. Les pertes en linges, marchandises, etc….., sont, assure-t-on, très considérables. L'usine à gaz envahie également par l'eau, n'a pu faire son service accoutumé, et samedi soir la ville était plongée dans la plus complète obscurité.  

 

Octobre 1880  -  Dévouement.  -  A Bayeux, le jour de l'inondation, le maréchal des logis de gendarmerie Boutry, passant à cheval dans la rue Teintures, pour porter secours aux habitants surpris par les eaux, apprend qu'une femme Hue, lessivière, et ses quatre enfants étaient en péril dans leur demeure, située au fond d'une cour. Le sieur Boutry descend aussitôt de cheval et, reprenant sa monture par la bride, il pénètre résolument dans cette cour, où l'eau s'élevait à plus d'un mètre de hauteur, il place un enfant sur son cheval, en prend un autre dans ses bras et revient les mettre en lieu de sûreté, il retourne une seconde fois pour chercher la mère, enfin, malgré le froid qui commençait à l'envahir, il fait un troisième voyage et rapporte les deux derniers enfants.  

 

Février 1881  -  Accident de voiture.  -  La semaine dernière, vers les cinq heures et demie du soir, une petite carriole, contenant cinq personnes et conduite par M. Lefèvre, propriétaire, rue d'Eterville, tournait rapidement le carrefour de la rue Alain-Chartier, à Bayeux, pour s’engager dans la Grande-Rue, quand le derrière de la voiture, mal maintenu par la chaîne qui devait le retenir, se renversa tout à coup, entraînant avec les deux chaises où elles étaient assises, Mme Lefèvre et une autre dame qui se trouvait à ses côtés. La dégringolade avait été si rapide, que le conducteur, n'ayant rien entendu, pas plus que ses compagnons, continuait son train. Il fallut courir et crier après eux pour les arrêter. Les deux dames avaient perdu connaissance. Malgré la gravité de la chute, qui pouvait être mortelle, elles n'avaient reçu que de légères contusions. Mme Lefèvre, cependant, avait la figure ensanglantée, après une violente attaque de nerfs, elle dut être reconduite dans un coupé à son domicile. Quant à l'autre personne , elle put regagner le soir même Sommervieu, où elle habite.

 

Février 1881  -  Bayeux se remue.  -  MM. Niobey, maire de Bayeux ; Lamy, adjoint ; Bertot, président du Tribunal de commerce ; Couillard et Lefèvre, conseillers, sont partis pour Paris, afin de présenter au Président de la République et au ministre de la guerre une demande de garnison.  

 

Août 1881  -  Élections.  - A Bayeux, il y a ballottage. Ce résultat, qui est un échec pour le baron Gérard, doit donner à réfléchir à ce candidat richard, dont cependant les largesses ne se font sentir qu'à l'approche des, périodes électorales. 

M. Colbert triomphe à Lisieux avec 665 voix. Ce succès de la réaction est dû à la maladresse du comité républicain, qui n'avait pas besoin de crier par dessus les cheminées d'usine qu'une souscription était ouverte pour payer les frais de l'élection Banaston. 

A Vire, la réussite de M. Delafosse est attribuée au peu de surface de son adversaire, et aussi au bruit répandu qu'il pourrait bien sous peu tourner casaque, tout comme M. Dugué de La Fauconnerie. Hébert, le candidat radical et ridicule, doit être satisfait, il a obtenu 112 voix, 25 de plus qu'en 1877.

 

Août 1881  -  Une servante pas commode.  -  En juillet dernier, nous avons raconté les démêlés du curé de Saint-Exupère de Bayeux avec sa servante, la nommée Adèle Vicquelin, âgée de 46 ans, qui, passablement émue, s'était mise à l'injurier grossièrement. Flanquée à la porte, elle rentra par la fenêtre en brisant les carreaux. Le curé fut obligé de requérir la police pour se débarrasser d'elle et la faire sortir de chez lui. A la suite de ces incidents, Adèle Vicquelin avait été condamnée à deux mois de prison par le tribunal de Bayeux pour bris de clôture et abus de confiance. Elle a porté appel et la cour de Caen, écartant l'abus de confiance, a réduit sa peine à six jours.  

 

Octobre 1881  -  Un phénomène.  -  La semaine dernière est né chez M. Langlois, boucher à Bayeux, un veau dont la tête tient en partie de celle du chien, et qui a les oreilles et les narines d'un bouledogue. Les pattes, très courtes, sont d'une certaine épaisseur. Le barnum qui l'exhiberait dans les foires réaliserait de fructueuses recettes... Avis aux députés non réélus qui se trouvent sans emploi.

 

Février 1882  -  Mis au monde dans le cimetière.  -  Dimanche matin, à Bayeux, le sacristain de Saint-Patrice traversait l'ancien cimetière qui entoure cette église, quand il entendit des plaintes étouffées et de sourds vagissements. Il se dirigea du côté d'où ils semblaient venir et trouva étendue sur l'herbe une femme froide, ayant à ses côtés un tout petit enfant, qu'elle venait de mettre au monde. Fille, et sur le point de devenir mère, elle avait quitté Ryes de grand matin pour venir accoucher à Baveux, mais, surprise par les douleurs de l'enfantement, elle n'avait eu que le temps de chercher un refuge dans le cimetière. On s'empressa de relever et de faire entrer la malheureuse dans une maison voisine, le commissaire de police, prévenu, donna des ordres pour la faire conduire chez une sage-femme.

 

Février 1882  -  Un suppléant à quatre pattes.  -  Dans une commune de l'arrondissement de Bayeux, l'instituteur s'absente quelquefois pendant la classe, et pour empêcher que les  élèves confiés à ses soins ne se livrent à un tapage trop accentué, il les fait garder par son suppléant dont ils ont grand peur. Seulement, ce suppléant là n'est pas agréé par l'autorité et n'a guère chance de l'être, car c'est le chien du maître d'école. On dit d'ailleurs qu'il ne tient pas la classe plus mal que ce dernier.  

 

Avril 1882  -  Armée.  -  En ce moment, dans certaines garnisons de notre région, on tire au sort 75 hommes par bataillon, qui sont dirigés sur l'Afrique.

 

Avril 1882  -  Questions d’eaux.  -  L'importante question, d'une distribution d'eau à Bayeux semble entrer dans la phase de l'exécution. Une grande compagnie a fait de sérieuses propositions, qui seront prochainement soumises à l'examen du conseil municipal. Espérons que ces propositions ne tomberont pas dans l'eau.

 

Septembre 1882  -  La tapisserie de Bayeux.  -  Sous Louis-Philippe, un artiste anglais fut autorisé à copier la fameuse tapisserie de Bayeux, attribuée à la reine Mathilde, femme de Guillaume le Conquérant, dont elle représente l'histoire.  Or, la femme de ce copiste,  nommé Stothard, en vola un morceau qui fut acquis plus tard par un musée de Londres. L'administration de ce musée vient de se décider à restituer le morceau manquant de cette tapisserie.

 

Octobre 1882  -  Apprentis et petits domestiques.  -  Dans notre dernier numéro, nous avons annoncé qu'un certain nombre d'enfants assistés, filles et garçons, ayant, atteint l'âge de  treize ans, et sachant lire et écrire, sont à la disposition des personnes qui voudraient les prendre, comme petits domestiques ou apprentis. Il faut s'adresser à la préfecture, service des enfants assistés. Ajoutons que durant l'année dernière, aucune poursuite judiciaire n'a été dirigée contre les 443 enfants assistés, âgés de 14 à 20 ans, placés dans le Calvados. Au 18juillet, 333 de ces enfants avaient déposé 20 040 fr. à la caisse d'épargne.

 

Octobre 1882  -  Orage et foudre.  -  La semaine dernière, un violent orage a éclaté sur le Calvados.

La foudre est tombée  sur l'église de Norrey. Les dégâts occasionnés par le tonnerre sont insignifiants, ils peuvent être estimés à une centaine de francs. Voilà la troisième fois que pareil accident se renouvelle sur le même édifice.

Un nommé Lemarchand, garde-barrière à la gare de Bretteville-Norrey, déjà privé d'un bras, a été renversé par la foudre, au moment où il donnait le signal d'arrivée, lorsqu'il s'est relevé, il n'y voyait plus. Aujourd'hui, il est certain que cet infortuné ne restera pas aveugle, il est père de cinq enfants.

Le même jour, MM. Jules Lecocq, d'Amblie, et Charles Lecocq, de Creully, revenaient en voiture sur la route de Saint-Léger à Creully. Le cheval, effrayé par les éclairs, s'est emporté et a brisé la voilure contre une borne kilométrique. Les deux voyageurs ont été projetés sur la route avec la capote du cabriolet, ils n'ont heureusement eu que quelques contusions sans gravité. La voiture a été complètement brisée.

A la même heure, un poulain appartenant à M. Jules Lecocq, de Creully, a été tué par la foudre, dans un herbage situé près des Carrières d'Orival .

La foudre est aussi tombée à l'entrée de la ville de Bayeux, dans un herbage situé entre les routes de Nihault et Vaucelles. Une jument poulinière, de toute beauté, primée dans plusieurs concours, a été tuée sur le coup, le jeune poulain n'a rien eu. Elle appartient à M. Desmazures, propriétaire, rue Saint-Patrice, à Bayeux.

Le même jour à la Villette, la foudre est tombée au hameau des Binettes, sur une ferme occupée par les époux Victoire et appartenant au docteur Ferdinand Vaulegeard de Condé. Le sieur François Mullois, domestique, venait de se coucher dans l'écurie depuis quelques minutes, quand il entendit un formidable coup de tonnerre. II se mit aussitôt sur son séant : une forte odeur de soufre le prit à la gorge et il vit une grande lueur : la couverture de la ferme était déjà embrasée. Malgré de prompts secours qui furent apportés, le feu se développa avec une rapidité extrême, et l'on dut se borner à protéger les bâtiments voisins. Les chevaux purent être sauvés, mais avec beaucoup de difficultés Pertes environ 19 000 fr. 

 

Octobre 1882  -  Statistique.  -  La statistique vient de découvrir que la Calvados est un des départements dans lesquels il y a le plus de vieilles filles, et où les vieillards se trouvent en  plus grand nombre.

 

Novembre 1882  -  Une cloche qui se détraque.  -  Samedi, vers trois heures du soir, au moment où l'on sonnait les premières vêpres de la fête du lendemain à la Cathédrale de Bayeux. Le battant de la cloche se détacha tout à coup et fut projeté avec violence sur le plancher qui a été traversé.  

 

Mars 1883  -  Un évêque à l’index. –  Mgr Ducellier, évêque de Bayonne, ancien grand vicaire de Bayeux, est déféré au conseil d'État pour son mandement au sujet de la décision de la congrégation de l'Index, condamnant les manuels Paul Bert.

 

Mai 1883  -  Un riche député. –M. le baron Gérard, député de l'arrondissement de Bayeux, riche déjà de 40 millions, vient, dit-on, de faire un nouvel héritage de 12 millions.  

 

Mai 1883  -  Une drôle de grève. –  Les commerçants bajocasses avaient demandé à la compagnie un gaz mieux épuré, une pression plus forte et à discrétion, la réduction de 40 à 35 centimes le prix du mètre. Les commerçants de Bayeux et la compagnie n'ont pu s’entendre. Les intéressés ont donné jusqu’au. 1er juin à la compagnie pour réfléchir. Si à cet date il ne  leur a pas donné satisfaction, ils feront enlever leurs compteurs et reprendront l'éclairage à l’huile et à la chandelle des douze, comme au temps du bon Roi Dagobert.  

 

Juin 1883  -  La mâchoire miraculeuse. –  On nous communique une lettre curieuse de M. le curé de Saint-Laurent, de Bayeux. De cette lettre, il résulte qu'autrefois l'église Saint-Laurent possédait la mâchoire miraculeuse de saint Etienne, et que cette mâchoire n'avait qu'une, dent. Voici, du reste, d'après les registres paroissiaux, l'un des miracles opérés par cette dent miraculeuse :

« Le traiziesme jour d'octobre, moy-soubsigné, curé de Saint-Martin de Bayeux, mo suis transporté en la maison de honneste fille, Françoise Lhonoroy, de la paroisse de St-Mâlo, où j'ay trouvé lad. fille couchée malade, depuis trois seumaines, laquelle avoit perdu la parolle, la vue et estoit demeurée de tous les membres sans les pouvoir remuer... Et portant dans mes mains un certain os de la mâchoire de St-Estienne, premier martir, dans lequel il y a encor une dent, je me suis approché du lict afin de lui faire baiser lad relique, laquelle lui appliquant sur les yeux, les lèvres et les mains en disant : « Sancte Stéphane, ora pro ca ».

« Aussitôt, elle a eu les yeux, clairvoyant et un parfait mouvement de la parole et de tout son corps, assurant toutte la compagnie qui ostoit bien de six a sept personnes qu'elle ne sentoit plus aucun mal et qu'elle se voulloit se lever, lequel miracle jateste estre véritable pour obliger à l'advenir, les catholiques à avoir pour les reliques tout le respect qu'elles méritent. »

Mais. malheureusement, toujours d'après la lettre de M. le curé de Saint-Laurent, cette précieuse mâchoire, qui rendrait de si grands services aujourd'hui, est perdue. Celui qui l'aurait trouvée est prié de la rapporter à M. le curé de Saint-Laurent. Il y aura... indulgence !  

 

Juin 1883  -  L’électricité à Bayeux. –  Les commerçants de Bayeux ont tenu et n'ont pas voulu se soumettre aux exigences du directeur du gaz. Vendredi 1er juin, un grand nombre d'entre eux ont fait enlever leurs compteurs et ont repris l'éclairage à l'huile ou à la luciline. D'autres ont bravement arboré l’antique chandelle qui, d'ailleurs, ne fait pas regretter le gaz de la compagnie. Quelques-uns songent à examiner la question de l'éclairage par l'électricité. Les mécontents sont assez nombreux à Bayeux, pour l'essayer avec quelques chances de succès.

 

Mai 1883  -  Plus de cachot. –  Le ministre de l'instruction publique vient d'adresser aux recteurs d'académie une circulaire, dans laquelle il les informe que l'usage du séquestre dans les lycées et collèges doit être abandonné partout.

 

Juillet 1883  -  Fête Nationale.    La fête du 14, a été un peu partout, comme à Caen, contrariée par le temps. Les illuminations et les décorations privées s'en sont ressenties. 

Bayeux a fait exception, jamais fête n'a été aussi belle et animée. Mais des malintentionnés, mus par l'esprit de parti, ont sur divers points arraché et déchiré des drapeaux, renversé des colonnes et brisé les verres dont elles étaient garnies. 

A Troarn, la municipalité n'a pas donné signe de vie à l'occasion du 14 juillet, ce qui n'a pas satisfait les commerçants, qu'une fête fait toujours gagner. Il y a eu pourtant quelques illuminations particulières, notamment celles de la gendarmerie, de l'école et du nez d'un cochonnier de l'endroit. Le matin, le manifeste du prince Jérôme avait été placardé sur les murs. Il a été arraché par la police. 

A Touques, le maire, qui tient à ne rien faire comme ses autres confrères, a laissé le marché avoir lieu le jour de la fête nationale.  

 

Octobre 1883  -  Effondrement.    Mardi, vers deux heures et demie, un grave accident s'est produit rue Laitière, à Bayeux. Deux journaliers, occupés à démolir une vieille maison, achetée par la ville à M. Delaunay et située près le nouvel hôtel des postes, venaient d'enlever la dalle du dernier palier de l'escalier et se préparaient à descendre cette énorme pierre qui pèse au moins 250 kilos, lorsque l'escalier s'est, effondré complètement sous leurs pieds. Les ouvriers sont tombés du troisième étage, au milieu des marches et des décombres,  l'un d'eux, le nommé Royer, a été relevé grièvement blessé, son camarade, le sieur Yon, n'a reçu dans sa chute que des contusions légères.

 

Août 1884  -  Orage.    Une tempête épouvantable a traversé le Calvados dimanche soir. La foudre est tombée à plusieurs endroits dans le Pays-d'Auge, du côté de Mézidon, elle a allumé plusieurs incendies sans importance. Sur le littoral, on a constaté que des dégâts matériels. 

Le cirque Robba, installé à Bayeux, a vu sa représentation interrompue par une rafale qui fit rompre une corde de la toile qui s'est détendue et affaissée sur le public.  

 

Août 1884  -  Parents, veillez.    Mercredi, à Bayeux, un enfant de 6 ans, Léon Gambier est tombé à l'eau en lançant un petit bateau. Un jeune homme se jeta à la rivière pour le retirer, mais le pauvre petit était déjà mort.  

 

Septembre 1884  -  Ouragans et sinistres.    Mercredi et jeudi. un violent ouragan a causé de grands ravages sur plusieurs points de notre région. A Bayeux, une trombe a abattu des peupliers et enlevé des toitures. Dans les campagnes environnantes, beaucoup de pommiers ont été dépouillés, ce qui est un véritable désastre à cette époque de l'année. 

Sur nos côtes, on a eu à signaler plusieurs sinistres. Une barque montée par le patron Veziel, de Ver, et trois hommes d'équipage, a chaviré. Les trois marins ont pu se sauver, mais Veziel a péri. 

A Saint-Aubin, deux bateaux de pêche ont échoué. Les services de bateaux à vapeur entre le Havre et Trouville, le Havre et Caen ont dû interrompre leur service. A Trouville, plusieurs barques de pêche ont été jetées à la côte. 

Le yacht français « l'Iris », mouillé en rade de Cherbourg, a fait côte et un sloop du Havre a sombré en mer.

 

Septembre 1884  -  Les beurres de Bayeux.    Le jury de l'exposition universelle d'Amsterdam vient de déclarer à l'unanimité que les beurres envoyés par la Société d'agriculture de Bayeux occupaient le premier rang parmi tous les beurres exposés.

 

Septembre 1884  -  Accouchée dans la rue.    Vendredi dernier, vers huit heures du soir, une fille Levacher, en mal d'enfant, se présentait à la porte de la dame Rogelet, sage-femme à Bayeux, qui ne voulut pas la recevoir, alors, la malheureuse fille-mère, prise de douleurs, se coucha sur le perron de l'hôpital. Des passants se hâtèrent d'aller chercher les secours que cette femme réclamait, il n'y avait personne au poste de police, lorsqu'ils s'y présentèrent. S'étant rendus ensuite chez l'agent Marie, celui-ci leur répondit « qu'il n'avait pas à se déranger, que, d'ailleurs, on trouverait quelqu’un au poste dans vingt minutes. » Le docteur Davy, que le commissaire de police, aussitôt prévenu, alla quérir, donna ses soins à la malade, qui mit au monde, un gros garçon, la mère et l'enfant ont été ensuite transportés chez Mme Berthaume, sage-femme, qui n'a fait, elle, aucune difficulté pour les recevoir et les soigner.  

 

Octobre 1884  -  Un nouveau Musée.  -  On disait avec justice que depuis 40 ans, la municipalité de Bayeux n'avait rien fait pour l'amélioration de la ville. L'administration actuelle, relevant le gant, vient de faire acte d'énergie en se rendant adjudicataire des vieilles masures en bois qui sont le plus bel ornement et aussi le plus gênant de la rue des Cuisiniers. Il est question d'y établir un musée !

Bayeux possèdera donc cinq musées….  En perspective, sans compter le musée des antiques au conseil municipal.... A quand les choses utiles ?  

 

Décembre 1884  -  Pluie et tempêtes.  -  A Caen, la Crétine a monté, mais sans faire de sérieux dégâts. A Bayeux, la crue a été plus grande, plusieurs personnes ont été obligées d'abandonner leurs demeures. A Honfleur, le vent a renversé la baraque du Massacre des Innocents, et occasionné un incendie qui à fait 400 fr. de dégâts.

 

Janvier 1885  -  Exécution du parricide de Cormolain.  -  Nos lecteurs s'en souviennent. Dans l’après-midi du 15 Septembre, la nommé Jules Lamoureux, âgé de 30 ans, se trouvant seul avec sa mère, se jeta sur elle, il la terrassa et l'étrangla avec un foulard. Mais, la mort ne venant pas assez vite, Lamoureux, agenouillé sur sa victime, lui frappait la téte sur le  pavé en même temps qu'il serrait de plus en plus fort le foulard autour du cou, jusqu’à ce que la pauvre femme ne fit plus un mouvement.

Il se mit ensuite à table, mangea et but sans manifester aucune émotion, puis il se jeta sur son père et essaya de l'étrangler comme il avait étranglé sa malheureuse mère.

Voilà le crime. Quant au mobile, c'est l'avarice qui l'a fait commettre. Lamoureux aimait l'argent avec passion, avec frénésie, non pour le dépenser, mais pour le cacher, car jamais il n'a dépensé un centime au cabaret.

Cette brute n'a jamais manifesté le moindre repentir. Chaque fois qu'on lui demandait pourquoi il avait tué sa mère, il répondait avec indifférence : « Je n'en sais rien ! »

Lundi, on nous informait que là grâce de Lamoureux, qui avait refusé de se pourvoir en cassation, était rejetée et que l’exécution aurait lieu jeudi matin. Les bois de l'échafaud étaient expédiés à Bayeux par la chemin de fer, accompagnés des aides du bourreau, qui examinèrent à leur arrivée la place où la fatale machine, qui est toute petite, sans estrade, devait être montée. Ce lugubre travail a eu lieu mercredi au milieu de la nuit.

Lamaureux ayant appris que M. Grévy avait gracié le jeune Birée et la femme Aveline, eut le pressentiment que son heure dernière était proche. Il ne manifesta cependant aucune émotion, seulement comme la brut craintive, il prêtait l'oreille au moindre bruit et regardait d'un oeil interrogateur les gardiens. Le crime de Lamoureux est si horrible, son attitude a été telle, que nous nous étonnons qu'un examen médical n'ait pas été ordonné pour savoir s'il jouissait bien de toutes ses facultés.

Quand, jeudi, vers une heure et demie du matin, l'abbé Cosson et le gardien sont entrés dans la cellule de Lamoureux, ils l'ont trouvé sommeillant. Il a fait un soubresaut et a écouté d'un air hébété les prières, lorsqu'on lui a annoncé que l'heure de l'expiation avait sonné. Il s'est levé, s'est habillé machinalement et a écouté les prières sans paraître comprendre que c'était son oraison funèbre qu'on récitait. Il a mangé et bu du vin qu'il s'est versé lui-même.

 A 2 heures 35, il est monté dans un omnibus bien chauffé de l'entreprise Richier, avec les représentants de Dieu et de la Loi. Nous étions six à assister à ce triste départ, sans compter trois agents de police et les hommes du poste de la prison.

Lamoureux portait les habits de la prison et était chaussé de sabots. Quatre gendarmes à cheval escortaient la voiture.

Malgré le froid, beaucoup de curieux attendaient, à 6 heures, l'arrivée du condamné à Bayeux.

C'est là qu'a eu lieu la lugubre toilette. On n'a observé d'autre émotion visible durant ces tristes préparatifs, qui se sont accomplis dans la plus profond silence, qu'un frisson à peine sensible au moment où le froid des ciseaux coupant les cheveux, s'est fait sentir sur le cou qui allait bientôt tomber sous le glaive de la loi.

Dans la prison, il a entendu deux messes avec calme. A deux reprises différentes, les prêtres qui l'assistaient l'ont pressé de questions pour savoir où il avait caché l'argent volé dans l'armoire de ses parents. Un instant on a cru qu'il allait le révéler, mais il a gardé un silence obstiné. On lui a demandé s'il voulait manger. Il a refusé et a demandé du café, il en a pris deux tasses.

On l'a enveloppé d'une chemise blanche, ses pieds ont été déchaussés et sa tête a été couverte d'un voile noir. Ainsi le veu la loi.

A la sortie de la prison, Lamoureux qui conserve son énergie sauvage, monte en voiture, cinquante mètres avant d'arriver sur la place du Marché, on le fait descendre et placer entre les deux ailes du bourreau. Un carré composé de deux compagnies du 36e retient à distance les trois mille spectateurs qui assistent à ce triste spectacle. Lamoureux, toujours impassible, écoute avec insouciance la lecture de l'arrêt. Puis le bourreau s'empare de lui et accomplit sa sinistre tâche avec une telle rapidité, qu'il est impossible de savoir si, en ce moment suprême, le parricide a eu un instant d'émotion ou de repentie.

Quelques secondes après, le couperet abattait la tête de ce criminel qui, malgré l'horreur de son forfait, avait peut être, en raison de son état intellectuel, plus de droits à la clémence que la femme Aveline et Birée, qui s'est mise rire et a hausser les épaules lorsqu'on lui a lu sa lettre de grâce.  

 

Septembre 1885  -  La population.  -  On vient de publier le tableau officiel du mouvement de la population en 1884. Dans les cinq départements de Normandie, il y a eu excédent des décès sur les naissances. Cet excédent a été, pour l'Orne, de 1 713 décès ; Eure, 1 474 ; Seine-inférieure, 1 424 ; Manche, 1 123 ; Calvados, 1 013. Pour toute la France, l'augmentation  de la population a été de 2 pour mille. Sur 11 naissances, il y en a une d'illégitime.

 

Septembre 1885  -  L’orage.  -  L'orage de la nuit de mercredi à jeudi a causé plusieurs accidents dans notre région. A Bayeux, route de Port, la foudre est tombée d'abord sur le milieu de la voie, entre deux voitures venant en sens inverse, les deux chevaux se sont arrêtés subitement. La foudre est également tombée à St-Vigor-le-Grand sur un orme, situé près l'église. A Sully, un cheval et une génisse ont été tués dans un herbage. A St-Sulpice, trois arbres ont été brisés. 

A l'Hôtellerie, près Lisieux, un bâtiment a été détruit par la foudre avec tout le matériel qu'il contenait, appartenaient aux sieurs Alphonse Lefèvre, de la Chapelle-Gautier, et Hippolyte Petit, boucher à l'Hôtellerie.

 

Juillet 1885  -  Sauvetage.  -  Dimanche malin, jour de la louerie, une scène de sauvetage des plus émouvantes s'est passée près le pont Saint-Jean, à Bayeux.

Mlle Remy, jeune personne de 17 ans, dont les parents tiennent un restaurant rue Larcher, était descendue sur les bords de l'Aure pour laver une toile d'emballage, lorsque le pied lui manquant, elle tomba à la rivière.

La jeune fille fut promptement entraînée jusque sous les vannes du moulin, levées en ce moment, les dépassa sans sombrer et fut amenée par le courant jusque devant l'établissement de H. Grand, teinturier. La situation devenait critique, vu la proximité des voûtes de la halle, sous lesquelles l'infortunée jeune fille allait s'engager et où elle allait indubitablement trouver la mort.

Cependant sa chute à l'eau avait été aperçue par M. Léopold Soyer, ouvrier maréchal, qui après un long détour, put arriver à temps pour tendre à Mlle Remy un balai qui se trouvait à sa portée et que celle-ci put saisir, ce qui permit au jeune sauveteur de la ramener saine et sauve sur le quai, aux applaudissements de la foule.  

 

Décembre 1885  -  La neige.  -  La neige a fait son apparition à Paris, elle est tombée lundi la nuit et une partie de la journée de mardi. Mercredi dans la nuit, il en est tombé dans le Calvados.

 

Décembre 1885  -   Vengeance.  -  Une agression nocturne a eu lieu samedi, route de Vaux, contre le fils Fermine, habitant le clos St-Nicolas, à Bayeux, par deux individus qui, sans mot dire, l'ont assommé à coups de bâton, et l'ont laissé à demi mort sur la route. La même nuit, une pouliche appartenant au sieur Fermine a été tuée à coups de couteau dans un herbage.

 

Janvier 1886  -  Cheval coupé en deux.  -  Samedi, dans la matinée, un cheval de 800 fr., appartenant à M. Marie, marchand de chevaux à Bayeux, venait d'être introduit dans un wagon, quand, à peine installé, et dans un mouvement de gaieté, l'animal, d'une forte ruade, brisa les parois qui le retenaient captif. Libre, il s'élança joyeusement sur la voie ferrée. Malheureusement, arrivait à toute vapeur le train de Caen. La pauvre bête fut atteinte par la locomotive et littéralement coupée en deux.  

 

Juillet 1886  -  Effondrement.  -  Dimanche, au n° 59 de la rue Saint-Patrice, à Bayeux. M. Jeanne, sculpteur, qui habite le premier étagère cette maison, reposait encore, ainsi que son épouse et leur jeune enfant, quand, vers les cinq heures du matin, ils furent réveillés par un horrible craquement. C'était la poutre du plafond de leur chambre qui s'effondrait, entraînant avec elle tout le deuxième étage. Heureusement, pour les époux Jeanne, que leur armoire s'est trouvée là pour arrêter dans sa chute l'énorme pièce de bois, qui est ainsi demeurée suspendue par un bout, sans quoi, ils auraient été probablement écrasés. Seul, M. Jeanne a été assez gravement contusionné à une jambe. La mère et l'enfant étaient sains et saufs.  

 

Janvier 1887  -  Pauvre fille.  -  Une fille Marie, âgée de 27 ans, originaire d'Englesqueville, a été trouvée dans la nuit de dimanche, à Bayeux, assise dans une cour, grelottant de froid, et affaiblie par la faim. Un agent de police, l'ayant aperçue, l'a interrogée et elle lui a déclaré se trouver enceinte et sans place, ses maîtres l'ayant renvoyée quand ils avaient reconnu son état. Elle a été arrêtée pour vagabondage.  

Mai 1887  -  Les monuments historiques de l'arrondissement de Bayeux. -  Jeudi dernier, a paru au Journal Officiel, la loi nouvelle sur la conservation des monuments et objets d'art ayant un intérêt historique et artistique.

A la suite, figurait le tableau de ces monuments et objets. Nous en extrayons le relevé en ce qui concerne l'arrondissement de Bayeux :

Monuments du Moyen-age, de la Renaissance et des temps modernes :

Asnières. — Église.

Bayeux. — Cathédrale  Notre-Dame ; Chapelle du séminaire ; Tapisserie de la reine Mathilde dans la bibliothèque ; Maison dite du Gouverneur, rue Bourbesneur ; Maison rue Saint-Malo, n° 4 ; Maison rue des Cuisiniers, n° 1 ; Maison place de la cathédrale.  

Saint-Loup de Bayeux. — Église. -  Bricqueville. — Église. -  Campigny. — Tour de l'Église et tombeaux dans la chapelle sud.  -  Colleville-sur-Mer. —  Église.  -  Colombiers-sur-Seulles. — Tour de l'église. -  Etréham. —  Église. -  Formigny. —  Église.  -  Louvières. —  Église.  -  Marigny. —  Église.Ryes. —  Église. -  Tour. —  Église. -  Ver-sur-Mer. — Tour de l'église.

Dans la partie de la loi concernant les monuments mégalithiques de la Basse-Normandie, on cite le Menhir de Colombiers-sur-Seulles.

 

Mai 1887  -  Cavalcade fixée au lundi de la Pentecôte 30 mai 1887.  -  La petite fêle donnée l'année dernière à la Mi-carême, ayant pleinement réussi, les jeunes gens de la ville de Bayeux qui y avaient pris  part soit comme organisateurs, soit comme participants, se sont réunis en comité et se sont mis d'accord à l'effet d'organiser une Cavalcade à Bayeux pour le lundi de la Pentecôte 30 mai prochain. 

Ceux donc qui désireraient en faire partie, peuvent se faire inscrire dès maintenant. Les adhésions sont reçues chez M. Pesquerel fils, 40, rue Saint-Martin, le soir, de six à dix heures.  

 

Juin 1887  -  Les fortes chaleurs.  -  Les fortes chaleurs que nous subissons ne sont rien auprès de celles que nos pères eurent à supporter. Ainsi, en 1803, la Normandie vit s'écouler  une période de quatre-vingt-quinze jours sans pluie. En 1811, année de la fameuse comète, les rivières tarirent dans plusieurs départements. En 1844, nouvelles chaleurs, le thermomètre resta stationnaire entre 50 et 60 degrés. Dans quelques départements, les bestiaux périrent faute d'eau. En 1859, 1860, 1869 et 1874, le thermomètre monta à 38 degrés. L'année dernière, il y eut 20 degrés au mois d'octobre, température exceptionnelle pour la saison.

 

Juillet 1887  -  La sécheresse.  -  Si le temps devenu si chaud, si serein, n'est pas défavorable aux céréales, la maraicherie se plaint vivement de la sécheresse prolongée, les légumes et les fruits ont soif. D'autre part, les vers rongeurs, qui font, sous terre, la guerre à nos récoltes, se développent à l'aise, la pluie ne venant plus les noyer. 

On demande un peu d'eau.

 

Juillet 1887  -  Louerie de domestiques.  -  Le Maire de la ville de Bayeux, chevalier de la Légion d'honneur, Vu la loi du 5 avril 1884

Vu l'arrêté municipal en date du  30 juin 1862. 

Arrêté

Art. 1er. — La Louerie de Domestiques établie à Bayeux se tiendra, celte année, le Dimanche 10 juillet, sur la place Saint-Patrice. 

Art. 2. — Cette Assemblée ouvrira à 8 heures du matin.

Art. 3. — Il ne sera perçu aucun droit de terrage. 

Le Maire du Bayeux profite de cette occasion pour faire savoir aux personnes étrangères à la localité que cette Louerie, située au centre d'une contrée essentiellement agricole, est devenue une Foire d'une importance réellement exceptionnelle.  A l'Hôtel-de-Ville, le 18 mai 1887.   NIOBEY.

 

Juillet 1887  -  Curage de la rivière.  -  Le Maire de la ville de Bayeux, Chevalier de la Légion d'Honneur,

Vu l'arrêté préfectoral du 9 germinal an X ; Vu la loi du 14 floréal an XI ; Vu l'arrêté de M. le Préfet en date du 16 juin 1887.

Considérant que l'Administration municipale est chargée d'assurer, sur le territoire de la commune, le libre cours des eaux et la conservation de leur lit.   Arrête :

Art. 1er. — Il sera procédé au curage de la rivière d'Aure et de tous les fossés et rigoles sur le territoire de la ville de Bayeux.

Le curage commencera le Lundi 12 Septembre prochain, à 6 heures du matin, et devra être terminé le jeudi suivant.

Le Jeudi, à midi, aura lieu la visite des travaux. Ceux qui ne seraient pas faits convenablement seront exécutés d'office au compte des retardataires. Dans le cas où cette mesure devrait être prise, les vannes resteraient levées jusqu'au Vendredi 10 Septembre.

Art. 2. — Les propriétaires et les fermiers des moulins et usines seront tenus de lever leurs vannes et de maintenir les eaux basses pendant tout le temps du curage, et, pour que le travail puisse commencer le lundi 12 septembre, à 6 heures du matin, les vannes seront levées, dès la veille, à 6 heures du soir.

Art. 3. — Le curage sera fait partout à vif fond et à vifs bords. Les alluvions seront détruites, les terres, pierres, sables et vases, seront enlevés ou jetés a un mètre loin du bord, sans qu'on puisse les déposer sur les talus intérieurs. On arrachera les arbres et souches qui sont dans le lit du cours d'eau, on coupera les bronches, racines et broussailles qui l'obstrueraient. On supprimera aussi et on détruira les ouvrages en saillie non autorisés, tels qu'enrochements, piquets, et enfin tous les obstacles naturels ou artificiels pouvant nuire  au libre cours des eaux. Les berges, digues et  chaussées seront partout réparées avec le plus grand soin, et fortifiées de manière à éviter les filtrations et pertes d'eau, les curures seront employées à recharger les digues et chaussées dans les endroits où elles n'auraient pas les dimensions convenables, conformément aux dispositions de l'article 3 de I'arrêté de M. le Préfet.

Art. 4. — Des procès-verbaux seront dressés contre les personnes qui se refuseraient à l'opération du curage.

 

Octobre 1887  -  L’ouragan.  -  Dans la nuit de samedi à dimanche, un ouragan furieux s'est déchaîné sur notre région. A Caen, des monuments funéraires ont été gravement endommagés dans les cimetières, dix des peupliers séculaires du cours Circulaire ont été fauchés à ras de terre par le cyclone. Deux arbres ont été abattus sur le cours la Reine et un boulevard du Théâtre. Le lierre qui recouvrait une grande partie de la maison de M. Lelort, avoué, rue Ecuyère, a été détaché du mur et projeté dans la rue. Aux environs de Caen, les dégâts sont considérables. Une centaine d'arbres ont été abattus sur le canal de Caen à Ouistreham. De Caen à Colombelles, on en compte une quarantaine de brisés par la tempête. La campagne était pleine de pommiers arrachés et d'arbres brisés. A Bretteville-sur-Odon, un échafaudage considérable, qui servait aux réparations de l'église, a été complètement renversé par le vent, il va sans dire que toutes les pommes ont été gaulées, c'est besogne faite malheureusement trop tôt pour les espèces dites  « pommes dures », qui auraient encore demandé une quinzaine au moins pour arriver à leur complète maturité. Dans la nuit de samedi à dimanche, un ouragan furieux s'est déchaîné sur notre région. A Caen, des monuments funéraires ont été gravement endommagés dans les cimetières, dix des peupliers séculaires du cours Circulaire ont été fauchés à ras de terre par le cyclone. Deux arbres  ont été abattus sur le cours la Reine et un boulevard du Théâtre. Le lierre qui recouvrait une grande partie de la maison de M. Lelort, avoué, rue Ecuyère, a été détaché du mur et projeté dans la rue. Aux environs de Caen, les dégâts sont considérables. Une centaine d'arbres ont été abattus sur le canal de Caen à Ouistreham. De Caen à Colombelles, on en compte une quarantaine de brisés par la tempête.  La campagne était pleine de pommiers arrachés et  d'arbres brisés. A Bretteville-sur-Odon, un échafaudage considérable, qui servait aux réparations de l'église, a été complètement renversé par le vent, il va sans dire que toutes les pommes ont été gaulées, c'est besogne faite malheureusement trop tôt pour les espèces dites  « pommes dures », qui auraient encore demandé une quinzaine au moins pour arriver à leur complète maturité.

A Bayeux, route de Vaucelles, deux ormes magnifiques se sont abattus sur des jardins riverains. Route de Caen, un orme puissant a été enlevé avec une partie du talus en pierre qui bordait la route en cet endroit, et est allé s'étendre dans un champ voisin. Heureusement que les pertes sont purement matérielles. Boulevard de la Gare, les peupliers ont été élagués.  Pour éviter les accidents, il a fallu faire enlever les branches qui l'encombraient. On ne compte pas les toitures endommagées et les cheminées renversées. C'est un véritable désastre.

Sur le littoral, les ravages sont énormes. Au Havre, la tempête a été terrible, le chaland « Neptune » des docks de St-Ouen a été coulé. A la gare, un garde-barrière, un moment aveuglé  par la pluie, pendant son service, et poussé par le vent, a été atteint et renversé par un train de manœuvre qui lui est passé sur le corps, la jambe et le bras droit du malheureux étaient littéralement arrachée du corps, il a succombe immédiatement.

Plusieurs navires ont fait naufrage en Manche. A Dunkerque, un sloop hollandais a été jeté à la côte, le capitaine, sa sœur, un matelot et un novice ont péri. Une dame de Tourcoing a été atteinte à la tête par une tuile en traversant la rue et tuée sur le coup.

— Le fil téléphonique de Paris à Bruxelles a été brisé en plusieurs endroits.

— A Jersey, une jeune fille a été tuée dans son lit par la chute d'une cheminée.  

 

Avril 1888  -  Cadeaux de Pâques.  -  Cette année Pâques, étant tombé le 1er avril, les bons habitants de Bayeux ont eu à la fois, leurs, oeufs de Pâques et leur poisson d'avril, sous, forme d'une surtaxe de 6 francs sur chaque hectolitre d'alcool qui entrera en ville. Cette surtaxe est nécessitée par la dépensé d'installation du service des eaux. Le conseil municipal avait proposé une surtaxe de 9 fr.  Mais le conseil d'État l'a réduite à six. Ce qui est déjà assez joli pour les contribuables qui la paieront.  

 

Mai 1888  -  Un biau mariage.  -  On a célébré ces jours-ci, Bayeux, un mariage comme on n'en voit peu, car la mariée était plus âgée que la mère du mari.

La mariée a passé la cinquantaine et le marié en a vingt et un ou vingt-deux.

Je dis vingt et un ou vingt-deux, voici pourquoi :

Quand on a demande son âge au marié, il a déclaré vingt et un.

Sa mère s’est récriée :

- Mais té, té, bêtas ! tu sais bien qu't'en as vingt-deux.

- Vos êtes folle, ma mère.

- Y m'semble pourtant que j’en sieux pu sure que té !

- Eh ben ! et mé, est-ce que j'n'y étais pas...

Dans le doute, il a fallu faire des recherches sur les livres de l'état civil.

Et comme la mariée manifestait hautement son mécontentement de ce retard, l'un des parents n'a pas pris des mitaines pour lui dire :

- Hélas ! qu'vos m'paraissez pressée pou vot'âge...

- M'nâge !... nos vait bien qu'vos n'connaissez rien à l'hostriculture .. Car vos sériez que pour avait de biaux fruits, faut greffer su d’vieux pieds.

- Ah ben ! non !… J’demande à voir les rejetons.  

 

Juillet 1888  -  Ce n’est pas possible.  -  On nous affirme que les chiens errants trouvés dans Bayeux sont empoisonnés en pleine rue, et qu'on a vu de pauvres bêtes se débattre pendant plus d'un quart d'heure sur le pavé avant de mourir, on dit même qu'un chien à demi empoisonné aurait été jeté dans un tombereau rempli de terre que ses soubresauts soulevaient.

Si ces actes de cruauté sont vrais, nous voudrions bien savoir si les brutes qui les commettent le font de leur propre mouvement, ou si ces ordres aussi bêtes que méchants leur sont donnés par la municipalité.  

 

Juillet 1888  -  Vol à la Poste de Bayeux.  -  Depuis quelque temps, on remarquait certaines irrégularités dans la comptabilité du bureau de poste de Bayeux. Dernièrement, un chargement du bureau de Ryes contenant une somme de 400 francs disparaissait. On soupçonna un jeune employé d’une vingtaine d'années et on le surveilla. Ces jours-ci, 50 à 60 fr. disparaissaient encore de la caisse. A tort ou à raison, on accusa le jeune employé, qui a été arrêté.

 

Juillet 1888  -  Les beurres margarinés.  -  Le sieur Badufle avait été condamné par défaut à 3 mois de prison et 3 000 fr. d'amende, pour avoir fait des mélanges de margarine, ce jugement a été confirmé samedi par le tribunal de Bayeux.  

 

Juillet 1888  -  Il faut chercher ailleurs.  -   Nous avons dit qu'un chargement de 400 francs, provenant du bureau de poste de Ryes, avait disparu à la poste de Bayeux, et que des déficits de caisse avaient aussi été constatés dans ce bureau. Un jeune employé avait été soupçonné et arrêté. Après une longue enquête, il a été mis en liberté.  

 

Août 1888  -  Marché aux beurre.  -  Encouragée par le succès de son nouveau marché aux bestiaux, la municipalité de Bayeux vient de créer un marché au beurre qui aura lieu le mardi de chaque semaine.  

 

Septembre 1888  -  Laïcisation.  -   L'école communale congréganiste de la rue Saint- Laurent, à Bayeux, est laïcisée. Les Frères de la doctrine chrétienne sont partis. M. Roberge, instituteur à Balleroy, a été nommé directeur.  

 

Octobre 1888  -  Dans la gueule du loup.  -  Le nommé Malherbe, qui a continuellement maille à partir avec la police, était accusé d'avoir soustrait 80 fr. 

Malherbe étant ivre eut la malheureuse idée de venir à Bayeux pour y trouver une place. Comme il n'y voyait pas très clair, il prit la gendarmerie pour un bureau de placement et y entra. Il ne se trompait qu'à demi, car le gendarme auquel il s'adressa lui mit la main au collet et le plaça à la maison d'arrêt, où il est encore.

 

Décembre 1888  -  Bestiaux furieux.  -  Rue Saint-Martin, à Bayeux, une vache, faisant partie d’un troupeau revenant du marché de Littry, a été prise d'une furie subite et est entrée chez M. Guilbert, marchand de volailles, de là, elle s'est introduite dans la cour de M. Troude, quincaillier, enfin on a pu lui couvrir la tête avec un linge. Bien que « bônée » la bête a  repris, dans la rue, sa course vertigineuse et est allée donner de la tête dans le contrevent du magasin de M. Thomine, pâtissier. Enfin, plus loin, la bête affolée put reprendre place avec ses compagnes et continuer paisiblement sa route.  

 

Décembre 1888  -  Abandon d’enfants.  -  La semaine dernière, une jeune femme se présentait à l'hôpital de Bayeux, tenant dans ses bras un petit, enfant de 8 ou 9 mois, et en conduisait deux autres par la main, l'un âgé de 3 ans, l'autre de 2 ans. Elle raconta que, son mari l’ayant abandonnée, elle se trouvait hors d'état de nourrir ses enfants et venait les  déposer à l'hospice. On lui répondit de s'adresser au sous-préfet. Elle revint l'après-midi, disant que sa démarche n'avait pas réussi. En causant, elle entra avant sous le portail, jusqu'à la crèche des petits enfants, mit à terre le petit qu'elle portait dans les bras, puis se sauva de toute la vitesse de ses jambes, au grand ébahissement de la religieuse qui ne put que faire entrer dans la crèche les pauvres petits abandonnés. Les privations les avaient tellement épuisés qu'ils ressemblaient à de véritables squelettes, l'un d'eux est mort le lendemain.

 

Juin 1889.   -   ???.   -  Samedi, vers 6 heures du soir, la rue Saint-Malo, à Bayeux, était en émoi. Une personne ayant affirmé qu'une somme de 500 fr. lui avait été dérobée pendant qu'elle se trouvait dans le magasin d'un de ses fournisseurs, la police s'est livrée à une enquête, qui n'a pas confirmé les soupçons de la plaignante. (Bonhomme Normand)

 

Août 1889.   -   Les héros inconnus.   -   Dans son discours prononcé à l'inauguration du monument des Enfants du Calvados, M. Guillouard a livré à la postérité les noms de plusieurs soldats, morts héroïquement à l'ennemi. Voici ce que

le général Ambert, dans ses Récits militaires, dit de l'un d'eux :

« Dans la matinée du 21 octobre 1870, un fort détachement ennemi s'avança jusqu'à Chérisy, afin de reconnaître les défenses de Dreux.

Chérisy était occupé par une grand'garde des mobiles du Calvados. Dans les rangs de ce bataillon se trouvait un héros inconnu. Il se nommait Binet. Surpris dans une maison de Chérisy qu'il défendait en tirant par les fenêtres, le garde mobile est sommé de se rendre par plusieurs soldats du 13e régiment

hanovrien. Binet refuse de mettre bas les armes, et couche en joue ses ennemis, mais son fusil rate, et la baïonnette soule lui reste. Il en perce un Hanovrien, et se jette à la gorge d'un autre. « Rends-toi ! » lui crie un officier. « Jamais ! » répond Binet, qui tombe tout sanglant pour ne plus se relever. Binet était ouvrier menuisier à Bayeux, il avait 21 ans, et il était marié depuis quelques mois seulement au moment de la guerre.

M. Guillouard a aussi cité Charles Golibourg, né à Cormelles, près Caen, engagé volontaire à l'âge de 70 ans, tué à Villejuif, et il a ajouté : « Je ne sais quel est ce soldat, ni d'où il vient ni quel est son passé, mais je m'arrête à ce nom, et je salue, avec un respect et une émotion que vous partagez, J'en suis sur, la mémoire de ce brave ! » ( Bonhomme Normand)

 

Septembre 1889.   -   Morts accidentelles.   -   La dame Lecarpentier, demeurant impasse des Capucins, à Bayeux, lavait du linge à l'endroit dit le douet d'Olivet, lorsqu'elle fut prise d'un étourdissement subit et tomba dans l'eau, une petite fille l'ayant aperçue se mit à crier. M. l'abbé Pignolet passait dans le moment avec des enfants, mais ne pouvant atteindre l'infortunée qui avait gagné l'autre coté du lavoir, envoya chercher du secours à la Croix-Rouge.

Ce n'est qu'au moyen d'un râteau qu l'on a pu la ramener au bord. La dame Lecarpentier, dont l'état de santé était mauvais depuis quelque temps, transportée à son domicile, est morte.  ( Bonhomme Normand)

 

Février 1890  -  Agression.  -  La semaine dernière, vers 6 heures du soir, à Bayeux, le sieur A. Tubœuf, chargé de l'éclairage des réverbères à huile dans la ville, a été attaqué dans la voie de Bière par deux individus ivres, qui l'ont frappé et lui ont mis la figure en sang. Procès-verbal a été dressé contre ces vauriens.  

 

Février 1890  -  Mutinerie à la prison de Bayeux.  -   Un commencement de mutinerie s'est produit mercredi soir à la prison de Bayeux. Un nommé Tanquerel, de Hottot-les-Bagues, qui purge une condamnation à trois mois  et un jour de prison, avait refusé défaire la corvée imposée aux prisonniers à tour de rôle. On le mit en cellule. A huit heures, les 19 détenus qui  étaient dans l'atelier déclarèrent qu'ils n'iraient pas se coucher si Tanquerel ne leur était pas rendu. A la tête des mutins était le nommé Sabine. Le sous-préfet averti se rendit à la prison et mata les mutins en les menaçant de la gendarmerie.  

 

Mars 1890  -  Parents dénaturés.  -   Un sieur Bonnet, ouvrier menuisier à Bayeux, a été arrêté et écroué à la maison d'arrêt, sous l'inculpation d'attentat à la pudeur, sur sa propre fille, âgée de 13 ou 14 ans.  

 

Mars 1890  -  Incidents à la justice de paix.  -  Depuis quelque temps, un groupe de mauvais sujets prennent plaisir à troubler les audiences de la justice de paix de Bayeux. A l ‘avant dernière audience, le nommé Delorme, 24 ans, journalier à Bayeux, se mit à fumer devant le tribunal. Des agents de service lui ordonnant de sortir de la salle, il les injuria. Le juge de paix le fit amener à la barre et le condamna à 21 heures de prison. La bande des vauriens voulut empêcher aux agents de conduire Delorme au violon. Le nommé Charles Frérot, 38 ans, injuria grossièrement le commissaire de police Delorme et Frérot n'en furent pas moins conduits au poste de police. Ils ont comparu devant le tribunal correctionnel et le premier a été condamné à 2 mois de prison ; le second, pour rébellion, à 10 jours.  

 

Avril 1890  -  Récompense.  -  Par arrêté du ministre de l'instruction publique, une médaille de bronze a été décernée à M. Eugène Artu, instituteur à Bayeux, pour son travail relatif à l'établissement de jeux gymnastiques dans les écoles.  

 

Mai 1890  -  Suicide. -  Vendredi dernier, Amand Huet. demeurant rue du Louvre, à Bayeux, quittait ses enfants, une fille de 15 ans et un petit garçon de 11 ans, leur disant qu'il allait se rendre en prison pour faire les deux jours auxquels il avait été condamné. Ne le voyant pas rentrer au bout des deux jours, on s'informa à la prison s'il était venu purger sa  condamnation, et l'on apprit qu'il ne s'y était pas présenté. L'une des voisines se souvint avoir vu passer Huet, se rendant à son cellier. C'est là qu'on l'a trouvé pendu.  

 

Mai 1890  -  Les orages.  -  Un violent orage a éclaté dimanche sur Paris et les environs. On a ramassé des grêlons gros comme une petite noix.  Sur divers points du Calvados, notamment dans l'arrondissement de Bayeux, il est tombé beaucoup d'eau.

 

Mai 1890  -  Abandon d’enfant.  -  Mercredi matin, à Bayeux, un employé du gaz a trouvé sur les marches de l'hôtel-Dieu, rue de Nesmond, un enfant du sexe masculin, paraissant âgé de 7 à 8 mois, enveloppé dans un jupon de coton, rayé de fils noirs, bleus et rouges. Cet enfant a été admis à l'hôpital général. L'auteur de cet abandon a été arrêtée vendredi.

 

Mai 1890  -  Deux interrogations.  -  Le maire de Bayeux ne veut plus que les entrepreneurs laissent en transit, sur le territoire de la ville, des matériaux destinés à des travaux du dehors.  Est-ce pour compenser les billets de cent que certains amis de la municipalité doivent à la ville pour fraude sur les droits d'octroi ? 

— A propos d'octroi, l'employé Bordel, inculpé de soutirages illicites, a repris son service mardi. Le maire de Bayeux, au lieu de le suspendre, lui avait donné un congé. Maintenant, il le réinstalle à l’octroi de la gare. Il est évident que le maire protège l'employé aux soutirages ! Pourquoi ?  

 

Juin 1890  -  Ils vont bien, à Bayeux.  -  La voiture du maire était ces jours-ci en réparation. Un mauvais plaisant a collé sur ce corbillard (c'est ainsi qu'on appelle le véhicule mairial) une pancarte avec ces mots : « A désinfecter... »  

 

Juin 1890  -  Chenilles, criquets et grenouilles.  -  Dans notre région, les chenilles ont dévasté une grande partie des pommiers. — En Algérie, les criquets ont fait leur réapparition. Les dégâts sont considérables. — A Yvetot (Seine-Inférieure), une pluie de grenouilles s'est abattue sur une partis de la ville. C'est par milliers que l'on comptait ces batraciens sur les chemins.

 

Juin 1890  -  Fête-Dieu.  -  Le deuxième dimanche de la Fête-Dieu, les processions sont sorties par un temps admirable. Aucun incident sérieux. 

— A Bayeux, le feu a pris au reposoir dressé sous la porte cochère du couvent des dames Ursulines. On a dû renverser le reposoir afin d'empêcher la propagation de l'incendie qui menaçait l'immeuble.  

 

Juillet 1890  -  Suicide.  -  La police de Bayeux a fait ouvrir par un serrurier la porte de la chambre occupée, dans cette ville, rue St-Flexel, par le sieur Michel Hue, qu'on a trouvé pendu au moyen d'une corde à un clou fixé au mur. Ce malheureux, né à Tour, était âgé de 75 ans. Depuis plusieurs jours, il donnait des signes manifestes d'un dérangement de ses facultés mentales.  

 

Juillet 1890  -  Un jour de congé.  -  Le préfet, en raison de sa nomination dans le Calvados, a accordé le 15 juillet, comme jour de congé supplémentaire, aux écoles primaires. 

 

Juillet 1890  -  Les récoltes.  -  Les pluies persistantes de ces derniers temps ont compromis les récoltes dont les apparences étaient des plus belles. La plupart des foins ne sont pas rentrés et l'eau a pénétré dans les meulons, Les blés et les avoines sont versés et, comme roulés, sur certains points. On craint aussi que l'humidité n'atteigne les pommes de terre. La récolte de pommes à cidre sera encore moindre que l'an dernier.

 

Juillet 1890  -  Salubrité.  -  M. Niobey, le maire têtu de la bonne ville de Bayeux, s'obstine à laisser, route de Vaux, à 500 mètres des habitations, un atelier d'équarrissage, vrai foyer d'infection. Il attend sans doute pour le faire disparaître qu'un de ses administrés soit mort de la piqûre d'une mouche charbonneuse ? Et encore si ce malheur arrivait M. Niobey serait bien capable de prétendre que c'est son administré qui a eu tous les torts.  

 

Juillet 1890  -  Orages.  -  Jeudi, un orage épouvantables s’est fait sentir presque par toute la France. A Caen, il n'a pas éclaté dans toute sa force mais dans les arrondissements de Lisieux, de Bayeux et sur tout le littoral, le cyclone a fait d'immenses ravages. Les cours d'eau ont débordé emportant les récoltes coupées, les outils, des poules, des lapins et jusqu'à de jeunes bestiaux. 

Dans la Seine-Inférieure, la foudre est tombée en plusieurs endroits. Une femme couchée a vu la foudre passer sur son lit, tomber sur une horloge, qui est toute démolie, presque fondue, et ensuite sortir par un trou pour aller carboniser deux malheureuses poules qui étaient devant la porte. A Paris, l'orage s'est déchaîné avec uns violence inouïe, la foudre est tombée rue Popincourt, sur le groupe scolaire de garçons. Aucun enfant n'a été atteint. Dans l'Est et dans le Nord, la grêle est tombée accompagnés de torrents d'eau. A. Troyes, la  foudre a incendié une maison, elle a tué un cultivateur. A St-Quentin, une famille de sarcleurs de betteraves, qui s'était réfugiée contre une gerbe de blé, a été surprise par la foudre, trois de ses membres ont été carbonisés. 

Dans la Sarthe, les récoltes sont complètement perdues. Au Lude, un domestique de ferme a été tué par la foudre, au moment où il se réfugiait sous un ormeau du chemin. Un fermier, chez qui la foudre est tombés, a eu le bras instantanément paralysé. Dans la commune de Nouans, 300 arbres ont été arrachés, notamment un chêne mesurant 3 mètres de tour. 

A Bruxelles, on signale de nombreux accidents. A Gand, au champ de courses, une panique s'est emparée de la foule, des chevaux se sont emportés, les bookmakers en ont profité pour filer avec la caisse. Un cyclone a détruit une rue de Slonim (Pologne), il y a 19 morts.  

 

Septembre 1890  -  Le charivari de Bayeux.  -  Le tapage fait pendant plusieurs jours autour de la demeure d'une divorcée de près de 50 ans, remariée à un jeune homme n'en ayant  pas 30, est terminé, grâce aux condamnations sévères prononcées en justice de paix contre les charivariseurs, dont la plupart s'étaient laissé embaucher par des fanatiques ou des  gens intéressés.

 

Septembre 1890  -  Vol d’une voiture de marchandises.  -  Dans la nuit de samedi à dimanche, d'audacieux voleurs ont enlevé une lourde voiture chargée de mercerie, draperie, etc…..., appartenant au sieur Lespagnol, marchand forain à Bayeux, qui était restée sur la place du Marché. Ce n'a été qu'à 9 heures et demie du matin qu'on s'est aperçu de sa disparition. On a signalé comme ayant passé, vers 2 h. du matin, devant l'octroi du Pont-Trubert, un véhicule conduit à fond de train. Jusqu'à présent, les recherches n'ont pas abouti et l'enquête se poursuit.

 

Septembre 1890  -  Chiens enragés.  -  Un chien à l'allure suspecte circulait place St-Patrice, à Bayeux, on se mit à sa poursuite et, comme il s'était réfugié dans l'allée du café Laville, on parvint à l'abattre. L'autopsie, pratiquée par un vétérinaire, a révélé que l'animal, qui appartenait au sieur Drouet, marchand de faïence, était atteint de la rage.

Un autre chien enragé a été tué à Vaucelles. Jusqu'à nouvel ordre, la circulation des chiens en liberté est interdite dans la ville de Bayeux.  

 

Octobre 1890  -  Les pommes.  -  Dans le Calvados, le pays-d'Auge surtout, n'a pas de pommes, on parle de 4 et 5 fr. la barretée. Dans la Manche, il y en a davantage, les prix varient entre 3 et 3 fr. 50. La Bretagne est plus favorisée, on en trouva en gare à 2 fr. 25 et 2 fr. 50. Sur certains points on les vend au poids.

 

Octobre 1890  -  Encore des crimes impunis.  -  Au mois de juillet dernier, deux superbes chiens, appartenant au sieur Osmont, cuItivateur, hameau de Bellefontaine, à Bayeux, mouraient empoisonnés. 

Quelque temps après, deux personnes vinrent lui donner le nom de celui qui avait empoisonné ses chiens et du pharmacien de Bayeux qui avait vendu le poison. Plainte fut déposée entre les mains du commissaire de police et les deux témoins signèrent cette plainte. 

Jusqu'ici, il n'y a été donné aucune suite. S'il est vrai que le pharmacien en question ait vendu du poison sans ordonnance, pourquoi ne pas le rappeler au respect de la loi. C'est de  l'injustice, et ce fait donnerait raison à ceux qui prétendent qu'avec des protections, à Bayeux, on peut se tirer des plus mauvais cas. Mais ce n'est pas tout. Depuis la mort de ces  chiens, on a commis plusieurs vols chez le sieur Osmont, et ces jours derniers encore on lui coupait un pommier. Quant aux coupables, ils se promènent tranquillement.  

 

Octobre 1890  -  Conducteur imprudent.  -  Dimanche, le sieur Montroty, camionneur à Bayeux, stationnait causant avec des amis, rue St-Jean, il avait auprès de lui sa petite fille âgée de 22 mois. Une voiture, conduite par la servante du sieur Gouville, boucher, remontait en ce moment la rue à une allure rapide. L'enfant fut renversée et une des roues lui passa en travers de la figure. L'état de la pauvre enfant est désespéré.  

 

Novembre 1890  -  Un procès pour deux sous.  -  Un gros procès s'est plaidé à Bayeux à propos de deux sous. Mais la question de droit est grave. Il s'agit de savoir si l'État ou dans l'espèce la caisse des dépôts et consignations a le droit, lorsqu'elle paie une somme, de faire payer par la personne qui reçoit les fonds le timbre de 10 centimes dont toute quittance supérieure à 10 fr. doit être revêtue. Les frais de libération devant être soldés par le débiteur, le timbre devrait donc rester à la charge de l'État. Une demoiselle Jouenne le fait soutenir, le ministère public est de son avis. Le tribunal civil de Bayeux donnera son avis dans huit jours.

 

Novembre 1890  -  La misère.  -  Mercredi soir, à Bayeux, vers 6 heures, le nommé Poirier, habitué du Pont, s'affaissait subitement dans la rue Laitière. Relevé et interrogé, cet homme avoua n'avoir pas mangé depuis deux jours. 

 

Novembre 1890  -  Mort par imprudence.  -  Le bruit s'est répandu, à Bayeux, qu'un militaire du nom de Chasles, qui était venu en permission pour une journée, et regagnait son corps par l'express qui quitte Bayeux à 8 heures 56 minutes du soir, a ouvert la portière du compartiment qu'il occupait, au moment où le train passait sous le tunnel de Bernay. Cet imprudent serait tombé si malheureusement qu'il s'est tué. 

 

Novembre 1890  -  Les receveuses peuvent aimer.  -  Par arrêté ministériel, les receveuses sont autorisées à contracter mariage avec le fiancé de leur choix. Une seule exception subsiste : elle concerne les personnes du sexe masculin, remplissant une fonction de police, comme les gendarmes, commissaires et les gardes champêtres. 

 

Décembre 1890  -  Défonceur de violons.  -  L'autre soir, le sieur Paulmier, couvreur à Bayeux, se présentait ivre au bureau de police où on le fourra au violon. Dans la nuit, il défonça le mur à l'aide du baquet et rentra tranquillement chez lui, où on l'arrêta pour le mettre à la maison d'arrêt, dont les murailles sont plus solides que celles du violon. 

 

Décembre 1890  -  Le froid.  -  Le froid est général. En Russie, il est à peu près du double plus fort que celui que nous éprouvons. On signale la mort de nombreux bestiaux, et, dans les steppes, plusieurs caravanes dont les voyageurs et les chevaux seraient également morts gelés. A Valladond [Espagne], au moment où on relevait la garde, une sentinelle de nuit a été trouvée morte de froid.  

 

Décembre 1890  -  Suicide d’une fille.  -  Une jeune fille de 17 ans, orpheline, originaire de Livry, demoiselle de magasin chez M. Gibert, confiseur, rue St-Malo, à Bayeux, a été trouvée, dans sa chambre, affaissée au pied de son lit dans une mare de sang. Elle avait la gorge ouverte de deux coups de rasoir. Les traces de sang, relevées sur le parquet, semblent indiquer que cette malheureuse jeune fille, pour se donner la mort, est venue se placer devant sa glace, et que, après s'être porté un premier coup, elle a eu l'affreuse énergie de se frapper une seconde fois, avec une force dont témoignent les profondes entailles qu'a faites le rasoir. 

On a trouvé dans la chambre, sur la table de toilette, une feuille de papier à lettre tachée de sang, sur laquelle était écrite d'une main ferme cette phrase laconique : « Le désespoir (désespoir d'amour sans doute) me force à mourir ». Signé : Maria Lebourgeois.  

 

Janvier 1891  -  Question intéressante.  -  Le préfet a-t-il entendu parler qu'il y a, dans l'arrondissement de Bayeux, un maire qui se sert des fonds de la commune pour ses besoins personnels, payant seulement au fur et à mesure qu'elles se présentent les notes partielles dues par la commune ?

Ces faits ont dû cependant être reconnus devant témoins par ce maire, qui s'est, en outre, reconnu débiteur d'une certaine somme envers la commune.  

 

Février 1891  -  Enfant abandonné.  -  Mardi soir de la semaine dernière, une jeune fille de 18 ans se présentait vers 7 heures à l'hôpital général de Bayeux demandant à parler à la supérieure. La sœur portière alla prévenir celle-ci, mais à son retour la jeune fille avait disparu, laissant un panier dans lequel on découvrit une petite fille âgée d'environ 1 mois. On a retrouvé cette jeune fille, qui a prétendu avoir agi d'après les ordres de sa maîtresse, la dame G…….., propriétaire à Sully. Cette dernière, interrogée, a déclaré que l'enfant appartenait à une de ses anciennes servantes, la fille Tostain, de Campigny, qui serait venue le déposer chez elle le 14 janvier. Après avoir essayé vainement de le faire admettre à l'hôpital général, la dame G……... l'y avait envoyé déposer.  

 

Mars 1891  -  accouchée à la mairie.  -  Vendredi, à Bayeux, la nommée Margueritte, servante, née à Colombiers-sur-Seulles, se disposait à monter l'escalier de la mairie où elle venait demander un bon afin d'être admise chez une sage-femme, lorsqu'elle fut prise, dans le vestibule, des premières douleurs. Elle ne tarda pas à mettre au monde une petite fille qui fut transportée à l'hôpital général. La mère a été admise à l'hospice.

 

Mars 1891  -  Accouchée à la mairie.  -  Encore une fille qui accouche à l'hôtel-de-ville de Bayeux. Lundi, matin, vers 10 heures, la nommée Marie Pain, 26 ans, originaire de Marigny, en état de grossesse avancée, venait de réclamer à la mairie une autorisation afin d'être admise chez une sage-femme. Pendant qu'elle attendait, au bas du grand escalier du tribunal, la voiture qui devait la conduire, elle fut prise des douleurs de l'enfantement et accoucha d'une petite fille. La fille Pain a été conduite à l'hospice et l'enfant a été admis à l'hôpital général.  

 

Mai 1891  -  Les mains lestes.  -   Les parents d'enfants d'une commune de l'arrondissement de Bayeux ont porté plainte contre un instituteur qui se serait livré à des voies de fait envers les enfants de l'école. Une enquête a été faite, elle a été favorable à l'instituteur. 

Cela n'a rien d'étonnant, car on a interrogé et fait signer une pétition à des personnes qui n’ont plus depuis longtemps ou qui n'ont jamais eu d'enfants à l'école. On a même recueilli des signatures de célibataires.  (source B-N)

 

Juin 1891  -  Les exploits de l’octroi.  -  Les gendarmes de Balleroy venaient d'amener à la maison d'arrêt de Bayeux la femme Geffroy, inculpée de vol d'eau-de-vie au sieur François Maine, débitant au Breuil. 

Pendant qu'ils déposaient au greffe, comme pièce à conviction, la bouteille l'eau-de-vie saisie, deux employés de l'octroi trop zélés arrivèrent et exigèrent des gendarmes le paiement d'une somme de 30 sous pour droit d'octroi, avec menace de dresser procès-verbal en cas de non-paiement. Pour éviter toute difficulté, les gendarmes payèrent. C'est roide, n'est-ce pas ?  Il est vrai que cela se passe à Bayeux où on en a vu bien d'autres.  (source B-N)

 

Juillet 1891  -  Vilain voisinage.  -  Depuis 60 ans, deux vieilles filles, nommées Le Blanc, habitaient une pièce du 2e étage près du pont Saint-Jean, à Bayeux. On vient de les expulser de leur logement. Un huissier et deux recors étaient chargés de cette sale besogne. On ne peut s'imaginer les odeurs infectes qui sortaient de ce tas d'ordures, véritable foyer de putréfaction. Des bouquets fanés ramassés dans les cimetières et dans la ville depuis plus de 25 ans, des os, des chiffons, de la ferraille, plus de cent paires de vieilles chaussures, savates, bottines usées, composaient ce mobilier où la vermine circulait librement. Deux banneaux ont à peine suffi pour enlever ces débris, sans compter ce qui a été enlevé par les chiffonniers.  (source B-N)

 

Juillet 1891  -  Lâche agression.  -  Dimanche, le nommé Raphaël Martine, ouvrier chez M. Tognetti, fumiste, rue Saint-Jean, à Bayeux, rentrait vers 11 heures du soir pour se coucher, lorsque, arrivé près de sa porte, il fut bousculé par cinq individus aux allures suspectes. Martine, aussi courageux que robuste, fit face à ses agresseurs et les tint, en respect jusqu'au moment où l'un d'eux lui porta lâchement à la cuisse un violent coup de couteau, puis s'enfuit, avec ses complices. 

L'arme a fait une blessure de 15 centimètres de long, qui a occasionné au blessé une perte considérable de sang. Le nommé Tailpied, ouvrier porcelainier, habitant Saint-vigor, a été arrêté comme ayant porté le coup de couteau. Le sieur Martine est originaire de Caen. Son agresseur est, dit-on, son neveu.  (source B-N)

 

Septembre 1891  - Manœuvres du 5e.  -  Du 3 au 11 septembre, aux environs de Caen, du 12 au 16 septembre, sur le terrain longeant la cote, entre l'embouchure de l'Orne et Bayeux. 

  Direction générale des opérations : Saint-Aubin-d'Arquenay, Douvres, Courseulles et Bayeux. 

  Cantonnements : le 12 septembre, Douvres ; le 13, Courseulles, deux bataillons ; Graye, un bataillon ; le 14 Bayeux, deux bataillons ; Vaux-sur-Aure, un bataillon ; le 15 Bayeux.  (source B-N)

 

Septembre 1891  -  Les manœuvres.  -  Les manœuvres dans le Calvados sont terminées. Elles ont été faites par une chaleur torride, dont les réservistes surtout ont beaucoup souffert. Plusieurs ont été ramenés et mis à l'hôpital. Le 5e est rentré mercredi à Caen.  (source B-N)

 

Septembre 1891  -  Retour de Brest.  -   M. Bertaux, cycliste caennais, est arrivé le 18e sur 207 concurrents, dans la grande course de Paris à Brest. On lui a fait une très belle réception.  (source B-N)

 

Septembre 1891  -  Un marcheur qui n’a pas de cors.  -   M. Bénard, élève en pharmacie chez M. Levêque, avait parié de faire à pied le trajet de Bayeux à Caen en 2 heures. M. Bénard, parti à, 6 heures du soir de Bayeux, est arrivé à Caen à 7 h. 50.  Les dépêches télégraphiques mettent plus que ça.  (source B-N)

 

Octobre 1891  -  Voituriers et vélocipédites.  -   Dimanche soir, à Bayeux, route de Port, le sieur François Aumont, cultivateur à Nonant, a, par méchanceté, heurté avec sa voiture une bicyclette montée par le sieur L…….., de Paris, qui a été renversé, puis il a fouetté son cheval et est parti à fond de train. Mais il a dû arrêter, car sa femme effrayée avait sauté de voiture. Le bicycliste n'a pas été blessé. Il se propose de poursuivre Aumont. (source B-N)

 

Octobre 1891  -  Conducteur imprudent.  -  Vendredi, à Bayeux, à 2 heures, Mme Desheulles, marchande de légumes, 72 ans, a été renversée dans la rue des Bouchers par le brancard d'une voiture qui descendait la rue à fond de train. Elle a eu l'épaule démise.  (source B-N)

 

Octobre 1891  -  Chien enragé.  -  Vendredi, M. Rattier, vétérinaire à Bayeux, a constaté qu'un cheval du sieur Vincent, voiturier, était enragé. Cet animal a été abattu. Il avait été mordu par un chien. (source B-N)  

 

Octobre 1891  -  Lequel croire ?  -  Un vélocipédiste de Bayeux affirme qu'il a fait le trajet, aller et retour, de Bayeux à Carentan, en 4 heures. Un journal de Carentan soutient que le vélocipédiste bajocasse ne serait pas arrivé sur une bicyclette, mais bien en chemin de fer.  (Source B-N)

 

Décembre 1891  -  Brûlures graves.  -  A Bayeux, un sérieux accident est arrivé à Mme d'Estaing, femme d'un employé de la sous-préfecture. Elle se trouvait près de son fourneau allumé, sur lequel était une timbale remplie d'eau bouillante. Tout à coup, le fourneau mal assujetti, a basculé et est tombé sur Mme d'Estaing, l'eau bouillante lui a fait sur le corps de graves blessures.  (Source B-N)  

 

Décembre 1891  -  Cheval enragé.  -  Nous avons raconté que le sieur Vincent, messager à Bayeux, avait eu un cheval atteint de la rage et qu'il avait fallu l'abattre. Le deuxième, également atteint du virus rabique, avait succombé au commencement de novembre. Le prolongement de la moelle épinière et le cervelet avaient été soumis à M. Pasteur. On a fait à plusieurs animaux des inoculations le 14 novembre, et ils ont été tous pris de rage le 27.  (Source B-N)

 

Janvier 1892  -  67 ans de ménage.  -  M. et Mme Baricaud rentiers, habitaient depuis de longues années à Bayeux, rue des Teinturiers. Mme Baricaud avait 82 ans ; son mari 93. Tous les deux sont morts à quatre heures d'intervalle, sans que rien fit présager cette fin.

Mme Baricaud était bien souffrante, mais la veille de sa mort, elle fredonnait encore un vieux refrain terminé par ces mots : « Il faut s'attendre à tout ». M. Baricaud était encore très alerte et dansait la gavotte... Il y avait 67 ans qu'ils étaient mariés. (Source B-N)  

 

Février 1892  -  Pauvre folle.  -  Vendredi, la nommée Armandine Legris, ancienne domestique, qui résidait à Bayeux depuis quelque temps, parcourait la rue Saint-Jean en poussant des cris et frappant dans les croisées. Elle fut arrêtée et on reconnut qu'elle était folle. On va l'interner.  (Source B-N)  

 

Mars 1892  -  Course à pied.  -   Cinq jeunes gens, de 18 à 29 ans, sont partis de Bayeux dimanche matin pour Port-en-Bessin (aller et retour), soit 18 kil. Louis Benoist a fait le trajet en 1 h. 35 ; Louis Raoult, 1 h. 36 ; Léon Letellier, 1 h. 37 ; Paul Daniel, l h. 45, et Constant Grellin, 2 h. ½.   (Source B.N.)  

 

Avril 1892  -  Excitation de mineurs à la débauche.  -  Procès-verbal a été dressé contre la nommée Eugénie Lothain, femme Waast, 18 ans, débitante à Bayeux, pour excitation de mineurs, à la débauche.  (Source B.N.)  

 

Avril 1892  -  Accident de voiture.  -  Vendredi, le sieur Lebrun, maire de Crouay, arrivait à Bayeux. A la tournée dit le Goulet, voulant éviter plusieurs petits enfants qui se trouvaient sur son passage, il détourna légèrement son cheval, mais l'animal manqua des quatre pieds et vint s'abattre dans la devanture de la pharmacie Dupont, n'y occasionnant que des dégâts matériels. (Source B.N.)

 

Mai 1892  -  Enfant noyé.  -  Le jeune Charles Lecomte, 11 ans, ayant aperçu dans une mare située route de Port, à Bayeux, un petit chien en train de se noyer, voulut essayer de l'attraper. Malheureusement, il tomba dans l’eau. Ses petits camarades appelèrent aussitôt au secours. Deux ouvriers, qui travaillaient dans le voisinage, les nommés Albert Lefèvre, charpentier, et Jules Greffin, maçon, accoururent à la hâte et se précipitèrent dans la mare qui est très profonde. Déjà le pauvre petit Lecomte avait coulé au fond. Lefèvre, qui ne sait  pas nager, et qui était arrivé le premier, plongea sans pouvoir le retirer. On dut même l'aider à sortir de l'eau, car, à ce moment là, le sang lui sortait par le nez. Quelques minutes après, il se rejetait dans l'eau et il parvenait à retirer de la vase le corps du pauvre petit Leeomte. Malgré les soins prodigués à cet enfant, il a été impossible de le ramener à la vie. L'asphyxies était complète. (Source B.N.)  

 

Juin 1892  -  Nos marcheurs.  -  Le Petit journal avait ouvert un concours de marche, distance 500 kil. de Paris à Belfort. 

Les-vainqueurs sont MM. Ramogé et Gounet. Des ovations splendides ont été faites. Plusieurs normands y ont pris part : M. Raoul, de Caen, est arrivé le 223e  ; M. Le Martinel, de Bayeux, le 242e. Moyenne, 15 lieues par jour.  (Source B.N.)   

 

Juin 1892  -  Récompenses.  -  Médailles argent 2e classe à MM. Jules Greffin et Albert Lefèvre dit Sévérin, ouvrier maçon à Bayeux, pour avoir le 5 mai 1892 exposé leur vie en tentant le sauvetage d'un enfant tombé dans une mare profonde. 

— Mention honorable, à M. Arthur Moutier, 14 ans, domestique à Vendeuvre, pour avoir, le 23 avril 1892, courageusement porté secours à une petite fille en danger de se noyer dans la Dives. (Source B.N.)      

 

Juillet 1892  -  Nos récoltes.  - La récolte du foin est réduite aux deux tiers d'une récolte ordinaire par la sécheresse. On parle de 100 fr. le cent : mais ce prix ne se maintiendra pas. Blé, orge, avoine, sarrasin, assez bons. Pommes peu nombreuses en général. Quelques contrées en ont cependant.  (Source B.N.)

 

Juillet 1892  -  Vaches furieuses.  -  Jeudi soir, une servante de M. Lequesne, propriétaire à Bayeux, s'était rendue pour traire les vaches dans un herbage situé rue de Cremel, et avait emmené avec elle, malgré la défense qu'on lui avait faite à plusieurs reprises, une petite fille de 3 à 4 ans, parente de ses maîtres. La servante avait commencé de traire une vache, achetée récemment dans la Manche, quand celle-ci, devenant soudain furieuse, se précipita sur elle et l'enlevant avec ses cornes la projeta en l'air. Aux mugissements de la bête, les autres vaches qui se trouvaient dans l'herbage accoururent menaçantes et entourèrent la servante. Celle-ci eut cependant la présence d'esprit de prendre l'enfant qui était auprès d'elle et de la cacher sous ses vêtements. Aux cris de la servante on accourut. Le sieur Richard, journalier à Bellefontaine, qui arriva le premier, fut renversé et piétiné par une vache. Mais de nouveaux arrivants parvinrent, à coups de bâtons et de triques, à disperser les vaches. On s'empressa autour de la servante, qui était évanouie et dont les vêtements étaient déchirés par les coups de cornes. Elle n'a aucune blessure sérieuse, l'enfant non plus, mais l'imprudente servante a eu tant de peur qu'elle a été, à la suite, prise de plusieurs syncopes. (Source B.N.)  

 

Août 1892  -  Orages et foudre.  -  Un orage épouvantable s'est abattu sur la France vendredi et samedi. Après avoir fait de très sérieux dégâts dans la Manche, le fléau a atteint le Calvados et s'est étendu sur presque toute la France en faisant des victimes et en occasionnant des pertes immenses.

A Caen et dans l'arrondissement, rien de grave heureusement. A Villers-Bocage cependant, deux vaches appartenant au sieur Delaunay ont été foudroyées dans un herbage où elles étaient à pâturer.

A Authie, la foudre a tué un cheval dans un herbage. A Bayeux, elle est tombée dans les herbages de M. Langlois, boulevard de la Gare. A Bellefontaine, elle est tombée sur la maison inhabitée appartenant à Mme Duperron et connue sous le nom de « Maison hantée, ou « Maison du Diable ». Elle a démoli un tuyau de cheminée et fait deux brèches assez larges à la toiture.

A Sully, dans un herbage, une vache appartenant à M. Jacques Lefèvre, de Ranchy, a été tuée.

A Ver, la foudre est tombée chez le sieur Ponty, menuisier, mais n'a fait que des dégâts insignifiants. Personne n'a été attrapé sauf un ouvrier qui s'est plaint d'avoir reçu une commotion dans les reins. : A Crépon, la foudre est tombée sur un veau qu’elle à tué et sur une maison dont elle a abattu la cheminée.

A Vire, l'orage a été d'une violence inouïe. La foudre a tué deux personnes sur le champ de foire. Ce sont les sieurs Sourdeval fils, 20 ans, à Saint-Martin-de-Tallevende, et Lechevalier, 50 ans, cultivateur, demeurant à Pleines-Oeuvres, qui s'étaient retirés sous les marronniers. Une femme qui se trouvait près d'eux est tombée sans faire le moindre mouvement, et a été portée à l'hospice. Elle n'est pas morte, et la paralysie des jambes qu'on a crainte ne se produira pas. Elle sera quitte pour la peur. Plusieurs bestiaux ont été foudroyés à Roullours, la foudre, a incendié la ferme du sieur Briard. Les pertes sont importantes, assuré. La foudre est tombée également à Neuville, à St-Germain-de-Tallevende, à St-Martin-de-Chaulieu où elle a tué des bestiaux. A Pont-Erembourg, elle a mis le feu à la filature Baron-Langlois, mais l'incendie a été rapidement éteint. Elle est tombée également dans un champ où elle a brûlé des gerbes de seigle.

A Saint-Pierre-sur-Dives, la foudre est tombée par deux fois sur l'église, où elle a fait des dégâts considérables, découvrant une partie de la tour du milieu, crevassant les murs en nombreux endroits et endommageant la charpente et faisant de grands dégâts dans l'intérieur de l'église. MM. Lechoisne et Lecerf étaient montés sur la grosse tour, comme ils en descendaient, Un coup de tonnerre les renversa. M. Lechoisne se releva avec un bras endolori, M. Lecerf fut quelque temps avant de reprendre connaissance. Il n'a eu d'ailleurs aucun mal. Une religieuse qui priait a été renversée sans  avoir aucun mal. La foudre est tombée également sur l'école des garçons et plusieurs habitations. Dans les environs, il y a eu des gerbes de blé de brûlées, sur la route de Crèvecoeur, les poteaux du téléphone de M. Lepetit ainsi que plusieurs peupliers ont été atteints et teillés. A Victot-Pontfol, le tonnerre est tombé sur une jument, que M. Marie venait de dételer, elle a été tuée net.

A Méry-Corbon, M. Semaison, l'éleveur bien connu, a eu un cheval de course, d'une très grande valeur, tué par la foudre dans un herbage.

A Coulibœuf, la foudre est tombée sur un poteau près de la gare et a interrompu les communications télégraphiques avec Falaise.

A Urville, la foudre est tombée sur le calvaire en contournant le fût de la croix, elle a détaché le Christ qui, est resté suspendu par un bras. Même commune, trois bestiaux ont été tués dans l'herbage de M. Macé.

Les campagnes sont dévastées et les récoltes entièrement perdues. (Source B.L.)  

 

Août 1892  -  Les horsains.  -  Tous les Bayeusains ont donc des emplois ? L'on serait tenté de le supposer, puisque la municipalité a chargé du service des fontaines un homme habitant Saint-Vigor-le-Grand. On pense à Bayeux qu’il eût été plus sage de donner cette place à un bajocasse que d'en faire bénéficier un étranger arrivé depuis peu dans le pays. (Source B.N.)  

 

Août 1892  -  Chaleurs et orages.  -  A la suite des chaleurs tropicales que nous avons ressenties, de nouveaux orages se sont déchaînés sur le Calvados.

- On annonce aussi qu'à Longueville, deux vaches ont été broyées par la foudre.

- A Grandcamp, la foudre est tombée sur le bateau le « Robert », tous les hommes sont tombés sur le pont. Le bateau a de fortes avaries. Le mât a été brisé, le Pont labouré par la  foudre.

 - A Venoix, elle est tombée sur la cheminée d'une maison et a brisé une glace dont les morceaux sont restés incrustés dans le mur.

 - A Fresnay-Ie-Puceux, le calvaire de cette commune a été atteint, les deux bras de la croix et la moitié du montant ont été pulvérisés.

 - A Bayeux, le tonnerre est tombé sur la maison de M. Talvest, limonadier, rue St-Malo, et a causé quelques dégâts à la toiture.

 - A Vire, la foudre est tombée sur un pommier du séminaire et l'a littéralement haché.

 - Dans les monts de Vaudry, près de la chapelle Saint-Roch, elle a enfoncé en terre une barre de fer qui se trouvait sur le sol.

 - A Bény-sur-Mer, la foudre est tombée sur la maison du sieur Jules Lacouve et l'a endommagée.

 - A Préaux, près Rouen, deux hommes ont été tués par la foudre.

De nouveaux orages sont à craindre. Partout la chaleur a été excessive et la sécheresse compromet beaucoup les récoltes.

Par suite de ces chaleurs, quelques cas de diarrhée cholériforme se sont déclarés à Rouen, à la caserne des chasseurs à cheval. 120 fièvres typhoïdes sont en traitement dans les hôpitaux.

Beaucoup de bestiaux sont morts, dans les wagons. A Paris, 120 porcs ont été retirés gonflés et pourris d'un wagon où ils étaient restés 12 heures. (Source B.N.)  

 

Septembre 1892  -  Fête religieuse.  -  Nous l'avons dit, les fêtes données en l'honneur de Monseigneur de Bayeux ont été splendides. Pas d'incident sérieux, pas trop de mécontents.  Seules, les dames de Bayeux ont, paraît-il, trouvé mal placée la chape dont elles ont fait don à Mgr Hugonin. Parmi les objets offerts citons : une crosse donnée par le clergé, chape offerte par les dames de la société de Bayeux et de l'arrondissement, chasuble offerte par le Bon-Sauveur de Caen,  une mitre par les Dames Ursulines de Bayeux, un paravent, peint à la main, représentant des scènes de la vie de Jeanne d'Arc, par les Religieuses Bénédictines de Bayeux, fauteuil et prie-Dieu brodés au petit point par les Religieuses de l'hotel-Dieu de Bayeux, tapis de pied en tapisserie, aux armes de Monseigneur, par le couvent de la Charité de Saint-Vigor, portrait de Monseigneur Hugonin par les Carmélites de Lisieux, Pontifical offert par les Bénédictines de Lisieux, tous les vêtements et objets à l'usage du prélat pour l'office pontifical offerts par les diverses communautés de la ville et du diocèse, etc., etc……. 

Assistaient à cette imposante cérémonie : les archevêques de Rouen et de Besançon, les évêques d'Évreux, de Coutances et de Laval. 

Menu du repas, 450 couverts, servi par M. Mancel de l'hôtel d'Angleterre de Caen : 

Potage : tapioca. Relevé : saumon sauce verte. Entrée : filet de bœuf béarnaise, tête de veau en tortue. Rots : poularde du Mans, pâté de lièvre. Salade, haricots verts à l'anglaise, pudding de riz, dessert. Vins : Madère, Graves, Pomerol, Champagne mousseux, café, liqueurs. (Source B.N.)  

 

Octobre 1892  -  Trois enfants pour 10 fr. par mois.  -  Marie Fleury, 27 ans, est une grosse luronne qui était servante chez un sieur Lemanissier, fermier du côté de Bayeux. Marie Fleury étant devenue servante-maîtresse, eut de son maître trois enfants. Trouvant cette fille trop productive, il la renvoya en lui faisant une pension de 10 fr. par mois, ce qui est peu  pour trois enfants. Mais Lemanissier, trouvant que c'était trop encore, les lui supprima. 

Pour se procurer des ressources, la fille Fleury vola deux vaches à son ancien amant et alla les vendre à Villers-Bocage. Le vol fut découvert et la pauvre fille a été condamnée à deux mois de prison, mais avec le bénéfice de la loi Bérenger. Quant au vieil amoureux, il a été arrangé de la belle façon à l'audience. (Source B.N.)  

 

Octobre 1892  -  Un amant pas galant.  -  Une fille Vauclin, 15 ans et demi, couturière, rue St-FIoxel, à Bayeux, avait des relations avec un nommé Paul Leplatois, 25 ans, ouvrier porcelainier. 

Elle devint enceinte. Ayant, il y a quelques jours, rencontré son amant, la fille Vauclin le supplia, à plusieurs reprises, de l'épouser comme il lui avait promis. Celui-ci lui répondit qu'il ne la connaissait pas, qu'il n'avait pas affaire à elle et, finalement, lui porta plusieurs coups de pied et de poing qui la firent tomber. La mère de Leplatois, survenant au même moment, la frappa également à coups de balai. La fille Vauclin a porté plainte.  (Source B.N.)  

 

Octobre 1892  -  Enfant abandonné qui a bien tourné.  -  Le 21 mai 1849, une inconnue mettait au monde chez Mme Chauvin, sage-femme à Caen, un garçon, auquel on donna les noms de Gustave Brassicourt. Cet enfant, devenu homme, habite Bayeux. II est dans une assez belle situation et voudrait connaître sa famille pour lui laisser ce qu'il possède. (Source B.N.)  

 

Janvier 1893  -  Disparition.  -  Le facteur rural Loisel, du bureau de Bayeux, parti dimanche pour faire sa tournée, n'avait pas encore reparu mardi. Dans la soirée de dimanche, Loisel a été vu en compagnie de plusieurs individus. (Source B.N.)

 

Janvier 1893  -  Retrouvé.  -  La gendarmerie de Vassy a procédé à l'arrestation du nommé Eugène Loisel, 28 ans, né à St-Denis-Maisoncelles, facteur rural, attaché au bureau de poste de Bayeux, dont nous avions annoncé la disparition. Loisel avait disparu emportant avec lui toutes les lettres et les chargements qu'il devait remettre aux intéressés des localités qu'il desservait et ne l'a pas fait.  (Source B.N.)  

 

Janvier 1893  - Sacrilège.  -  A l'église Saint-Exupère de Bayeux, un Belge, employé chez un des industriels de la ville, a reçu communion sans s'être confessé. Son attitude, à l'issue de la messe, avait fait soupçonner le sacrilège. 

Interrogé, il a soutenu d'abord s'être confessé et avoir reçu l'absolution, mais il a fini par avouer. Il a quitté la ville de Bayeux.  (Source B.N.)

Février 1893  - A propos de brouette.  -  Un commerçant de Bayeux avait, comme réclame pour son commerce, mis sur son trottoir une brouette debout et retenue seulement par une cale. Les gamins s'amusaient à enlever la cale, ce qui faisait perdre l'équilibre à la brouette. Le commerçant les guetta et, l'autre jour, les prenant sur le fait, leur distribua des coups de fouet. Mais, cognant au hasard et sans regarder, il cingla aussi plusieurs passants qui ont porté plainte. Cette affaire menace de lui coûter beaucoup plus que ne vaut la brouette. (Source B.N.)

 

Février 1893  - Accident de travail.  -  Lundi à Bayeux, Aubert, 18 ans, originaire d'Agy, employé chez le sieur Gillard, rue Saint-Loup, a eu le pouce de la main gauche pris par l'engrenage d'un moulin à pommes. Il devra subir l'amputation. 

 — Dimanche, un ouvrier du sieur Le Trône, marchand de bois, rue Saint-Loup, à Bayeux, qui émondait un arbre, est tombé de 13 mètres de haut. Il s'est cassé la clavicule gauche et s'est blessé au côté droit. Son état est fort grave. (Source B.N.)

 

Février 1893  -  Un facteur qui avait trop bu.  -  Eugène Loisel, 28 ans, ancien facteur à Bayeux, partait, le 15 janvier, du bureau de poste de Bayeux, pour faire sa tournée. Il gelait dur. Loisel, qui n'avait pas l’habitude de boire, entra dans un café et prit quelque chose afin de se réchauffer, mais il se trouva gris. 

Il prit alors le train à Bayeux, pour se rendre à Vassy, chez son frère, emportant 12 lettres et 50 imprimés. Cependant, il renvoya six de ces lettres et se disposât à renvoyer les six autres quand on l'arrêta. Le préjudice causé est nul. Aussi le tribunal de Bayeux, vu ses bons antécédents, ne l'a-t-il condamné qu'à, 16 fr. d'amende. (Source B.N.)  

 

Mars 1893  -  Un gaillard pas facile.  -  Samedi, le nommé Ernest Le Bugle, journalier à Bayeux, qui était recherché pour un vol d'argent commis chez Mlle Blavet, débitante de tabac, fut aperçu par deux agents de police sur la place Saini-Patrice et arrêté. Il a fallu l'attacher sur un camion pour le conduire à la prison. (Source B.N.)

 

Mars 1893  -  Maigre ou gros ?  -  Il y a, en la bonne ville de Bayeux, une dame Evette qui est presque aussi curieuse que le fut jadis la mère Eve, de curieuse mémoire. 

Elle a pour époux un monsieur plat comme un latte. La curieuse, voulant s'assurer si les hommes maigres et les hommes gras se ressemblaient, a fait la connaissance d'un bedonard du pays. 

Ayant appris que son gros amoureux avait une autre connaissance, elle lui donna rendez-vous dans la vallée de Vaucelles pour lui faire des reproches sanglants. 

Mais notre bedonard a clos le bec à dame Evette, en lui disant : 

— Tu trumpe by t'n'homme. Porqui que je n'te trump'rais pas ? (Source B.N.)  

 

Avril 1893  -  Le gui.  -  Nous rappelons qu'un arrêté préfectoral ordonne a tout cultivateur ou propriétaire d'enlever le gui des pommiers. Des procès-verbaux seront dressés aux cultivateurs et propriétaires qui ne se conformeraient pas à cet arrêté. (Source B.N.)

 

Avril 1893  -  Courses de vélocipèdes.  -  La société vélocipédique les « Cyclistes normands » a organisé le 9 avril prochain, une course à fond, sur route, de Caen à Bayeux, 50 kilomètres. Des médailles de vermeil et d'argent, grand module, avec diplôme, seront décernés aux dix premiers arrivants, qui auront fait le trajet en moins de 4 heures. Des diplômes de constatation seront accordés à ceux des coureurs qui arriveront ensuite et auront fait le parcours en moins de 4 heures. A 1 heure, départ du siège social, café du Théâtre, pour la Maladrerie. (Source B.N.)

 

Avril 1893  -  Courses de cyclistes.  -  De Caen à Bayeux et retour, trajet, 47 kilomètres. Sur les quinze coureurs, partis de la Maladrerie à 1 h. 30, neuf ont accompli le trajet dans le délai fixé. Ce s'ont : MM. Bouhours, 1 h. 49 m. 40 s. ; Capron, 1 h. 49 m. 41 s. ; Delahaye, 1 h. 56 m. 8 s. ; Daumalle, 1 h. 59 m. 15 s. ; Salmon, 2 h. 30 s. ; Debrune, 2 h. 25 m. 30 s. ; Angot, 2 h. 34 m. 34 s. ; Lemanicier, 3 h. 24 m. 3 s. ; Bazin, 3 h. 24 m. 4 s.. (Source B.N.)

 

Mai 1893  -  Infanticide.  -  Dans la nuit de mercredi, Angèle Ménage, 19 ans, née à Blay , domestique chez le sieur Osmont, boucher à Bayeux, est accouchée clandestinement. Elle a étranglé son enfant et à enfermé le petit cadavre dans sa malle, où on l'a trouvé. Elle nie lui avoir donné la mort, mais les conclusions de l'autopsie sont formelles. (Source B.N.)

 

Mai 1893  -  La sécheresse.  -  Dimanche, dans toutes les églises du diocèse, on a donné lecture d’une lettre de l’évêque de Bayeux, prescrivant des prière pour obtenir la Cessation de la sécheresse. (Source B.N.)

 

Juin 1893  -  Les jambes de laine.  -  L'un des soirs de la semaine dernière, pendant deux heures, une femme ivre a, sur le pont Saint-Jean, à Bayeux, insulté grossièrement les passants.

Messieurs les agents, surnommés, « les Jambes de Laine », ne feraient-ils pas mieux de surveiller la voie publique que de se mettre à l'affût derrière des rideaux pour pincer les débitants en retard de quelques minutes pour la fermeture de leurs établissements. (Source B.N.)  

 

Juin 1893  -  Morts subites.  -  Ces jours-ci, on a trouvé, dans les écuries Primois, à Bayeux, le cadavre du sieur Louis Mahé, originaire de Pacé (Ille-et-Vilaine), cocher sans place. Des constatations, il résulte que la mort est naturelle et due probablement à une hémorragie, car on a trouvé près du défunt une cuvette pleine de sang coagulé. (Source B.N.)  

 

Juin 1893  -  Récoltes dans le Calvados.  -  Blé d'hiver, bon ; seigle, bon ; avoine de printemps, assez bonne ; orge de printemps, passable ; foin, peu abondant par suite de la sécheresse, pommes, récolte moyenne sur certains points, presque nulle sur d'autre.  (Source B.N.)

 

Juin 1893  -  A propos de sécheresse.  -  La plus grande que nous avions eue en Normandie est celle de 1559. De Pâques à la Toussaint la chaleur fut fort grande, dit M. de Bras. Le temps était toujours à l'orage et, pendant plus de six mois, il ne tomba pas, ou très peu d'eau. L'hiver qui suivit fut très doux et les violettes de mars parurent en janvier. Les arbres, trop avancés, donnèrent peu de fruits. (Source B.N.)

 

Juin 1893  -  Les fourrages.  -  Une circulaire ministérielle indique de ne pas acheter le foin à plus de 100 fr., les 1 000 kilos quand les grains, les tourteaux et autres résidus, tels que  drèches, pulpes, etc…….., peuvent donner l’équivalent en nourriture à un prix moindre. 

— On peut donner les feuilles d'arbres aux bestiaux, elles ont la valeur de la luzerne. Ne pas donner de châtaigniers, pas, de feuilles de noyers, elles tarissent le lait. Ne pas donner de très jeunes feuilles, elles nuisent à l'arbre et donnent la maladie du bois aux animaux. (Source B.N.)

 

Juillet 1893  -  Louerie.  -  La louerie de domestiques a Bayeux aura lieu le 9 juillet. (Source B.N.)  

 

Juillet 1893  -  Orages.  -  Mardi l'après-midi, un orage d'une grande violence s'est déclaré sur notre région. A Caen et environs, pluie, vent et tonnerre. A 3 heures du matin, la foudre est tombée place Singer sur les ateliers de M. Margellé, fabricant de pain d'église. Une cheminée de six mètres a été coupée et est tombée sur les ateliers dont les ouvriers étaient absents. Mme Margellé a cru voir comme un pigeon blanc passant devant ses yeux.

Une heure après le tonnerre tombait sur le clocher d’Allemagne et, par contre-coup causait des dégâts à la maison de M. Boivenel, de plus l’enseigne du restaurant Lecomte, soutenue par une tige en fer, était brisée. 

A Luc, elle est tombée sur le clocher sans occasionner de dégâts appréciables.

A Bayeux, le tonnerre est tombé sur une maison située, rue des Bouchers et occupée par M. du Boscq de Beaumont. La foudre a frappée sur le bord de la toiture, enlevant une cinquantaine d’ardoises et faisant un trou d’un mètre de diamètre environ, elle a suivi le tuyau de la gouttière et est allée se perdre dans un puisard établi au pied.

A Crocy, la foudre est tombée sur un bâtiment qui a été complètement brûlé. (Source B.N.)  

 

Juillet 1893  -  Réhabilitation.  -  La cour de Caen vient dé réhabiliter le sieur Oscar Benoist, ex-receveur d'octroi à Bayeux, qui avait payé, ainsi que cela arrive souvent, pour un plus coupable que lui.

 

Juillet 1893  -  Les guêpes.  -  Il y a beaucoup de guêpes cette année par suite des chaleurs. Nos campagnes et nos plages en sont couvertes. Dans le Cher, ces insectes sont si nombreux qu'on ne peut pas cueillir les fruits. (Source B.N.)

 

Juillet 1893  -  Le jus de tabac.  -  En vue de permettre aux cultivateurs de défendre leurs récoltes contre les ravages des nombreux insectes que la sécheresse a fait éclore, l'administration des contributions indirectes rappelle que le commerce en détail des jus de tabac dénaturés est entièrement libre et toute personne peut, sans être astreinte à la moindre formalité, obtenir la livraison de ces produite et même en constituer un dépôt, où chacun à la faculté de venir s'approvisionner. 

Une notice indiquant le mode d'emploi, les conditions de vente et d'expédition des jus de tabac dénaturés, est tenue à la disposition des intéressés par les entreposeurs de tabacs de Caen: Bayeux, Lisieux, Honfleur, Vire et Falaise. (Source B.N.)  

 

Juillet 1893  -  Mérite agricole.  -  Sont nommés, chevaliers : MM. Conard, agriculteur à Beaufour ; Londe, conseiller d’arrondissement à Curcy ; Rattier, vétérinaire à Bayeux ; Levavasseur, maire d'Ussy ; Voisin, maire de Saint-Rémy. (Source B.N.)

 

Août 1893  -  Un gamin qui promet.  -  Léopold Raoult, 8 ans, demeurant à Bayeux, s'est présenté chez M. Bellanger, pépiniériste à Bayeux, route de Vaucelles, et, en l'absence de celui-ci, ne trouva que sa grand-mère, âgée de 86 ans, à qui il demanda l'autorisation de visiter les pépinières, ce qui lui fut refusé. Alors, furieux, il s'empara d'un bâton, et, à trois reprises différentes, frappa violemment la pauvre femme qui était dans l'incapacité de se défendre. Procès-verbal a été dressé contre ce méchant garnement. (Source B.N.)  

 

Août 1893  -  Infanticide.  -  Dans la nuit du mercredi 13, mai, Angèle Ménage, 19 ans, née à Blay, domestique chez le sieur Osmont, boucher à Bayeux, accouchait clandestinement. Après avoir étranglé son enfant, elle enferma le petit cadavre dans sa malle, où on l'a trouvé. La fille Ménage a été condamnée à 5 ans de prison. (Source B.N.)  

 

Décembre 1893  -  Grève de croque-morts.  -  Mercredi, on enterrait un détenu de la prison de Bayeux. Malgré la promesse de l'aumônier qu'ils seraient payés après l'enterrement, les croque-morts ont refusé leurs services. Ils voulaient être payés d'avance. On a remplacé par des personnes de bonne volonté ces singuliers grévistes. (Source B.N.)

 

Décembre 1893  -  Fumisterie anarchiste.  -  La semaine dernière, l'évêque de Bayeux, le curé de la cathédrale et le commissaire de police recevaient des lettres les informant qu'une bombe serait lancée dans la cathédrale à la messe de minuit. 

Les mesures ont été prises pour parer à toute éventualité. Mais il ne s'est rien produit. Ces lettres étaient l’œuvre d'un mauvais farceur qui pourrait payer cher sa fumisterie s'il était découvert. (Source B.N.)  

 

Décembre 1893  -  Statistique.  -  Le nombre des déclarations de vélocipèdes pour le Calvados est de 1 822 : arrondissement de Caen, 723, dont 456 pour Caen ; Bayeux, 177 ; Falaise, 208 ; Lisieux, 284 ; Pont-l'Evéque, 309 ; Vire, 121. (Source B.N.)  

 

Décembre 1893  -  Les voleurs de zinc.  -  Les voleurs de zinc, à la gare de Bayeux, viennent d'être jugés. Ces hardis coquins opéraient la nuit, entre une et trois heures du matin, ils prenaient un camion laissé sur la voie publique et se rendaient à la gare en pénétrant entre le quai de la voie et les herbages de Mme Pagny, ils prenaient une certaine quantité, de vieux zinc déposé dans cet enclos, le chargeaient sur le camion et se hâtaient de partir avant le réveil des employés pour le passage du train-poste. 

La quantité de zinc ainsi disparue est évaluée à 2 400 kilos. C'est la fille Aimée Marie, dite Louis XVI, qui a vendu tout ce zinc par quantités variables, disant que ce zinc était abandonné à son amant en paiement de ses journées de couvreur. Elle le vendait environ 24 cent. le kilo. 

Tous les accusés, sauf Émile Cheret, sont des repris de justice. Ils ont été condamnés : François Désiré, 30 ans, couvreur à Bayeux, 6 mois ; sa concubine, la fille Aimée Marie, dite Louis XVI, 20 ans, 8 mois ; Émile Cherel, 29 ans ; Pierre Collette, 30 ans ; Léon Morin, 20 ans, et Alexandre Lahaye, 20 ans, journaliers à Bayeux, chacun 4 mois ; Amand Marie, dit Louis XVI , 31 ans, journalier à Bayeux, 2 mois. Les sieurs Jaume et Fortecu, marchands de chiffons, qui ont acheté le zinc, ont été acquittés faute de preuves de complicité. (Source B.N.)  

 

Février 1894  -  Chronique judiciaire.  -  Femme Victorine Lenocq, 22 ans, vol de zinc au préjudice de la compagnie de l'Ouest et de onze lapins aux époux Marie, à Bayeux, 6 mois. 

— Veuve Varin, 32 ans, à Juaye-Mondaye, avait été condamnée à 3 mois et 1 jour de prison pour vols, fait opposition et reconnaît avoir volé une couverture de cheval, au sieur Hodier. Le tribunal réduit la peine à 2 mois. (Source B.N.)  

 

Février 1894  -  Mort subite.  -  Mardi matin, le sieur Michel, employé à la section de la compagnie des chemins de fer de l'Ouest, à Bayeux, venait d'arriver à son bureau, quand il s'est trouvé subitement indisposé. Transporté immédiatement à son domicile, il n'a pas tardé à y rendre le dernier soupir. (Source B.N.)  

 

Février 1894  -  Le froid.  -   L'hiver nous est revenu brusquement cette semaine. Mardi matin le thermomètre marquait 4 degrés au-dessous de zéro et mercredi 6 degrés.  (Source B.N.)

 

Mars 1894  -  Voleuse incorrigible.  -  La fille Alphonsine Alexandre, 20 ans, s'est introduite chez son beau-frère, le sieur Martin, menuisier, rue Larcher, à Bayeux, s'est offert à boire et à manger et a enlevé, dans les meubles, 260 fr. Cette fille est en fuite, la veille, elle avait été condamnée à quatre mois, avec loi Bérenger, pour vol à Neuilly et à St-Germain. (Source B.N.)

 

Mars 1894  -  Les bajocasses ne sont pas contents.  -  Ils ont raison. Depuis une trentaine d'années, un brave homme, bon musicien, compositeur distingué, dirigeait la musique de Bayeux. Le malheureux artiste tombé malade et la municipalité, avec une précipitation regrettable, le remplace. On dit même que la mairie n'a pas eu la main heureuse. 

Le nouveau chef est étranger à la ville, ses galons, il les a gagnés dans une petite commune de quelques cents habitants. Bref, il est loin de valoir l'ancien, voire même le sous-chef. En réponse à cette méconnaissance des services rendus et à ce choix, un grand nombre de musiciens ont démissionné. Ils ont bien fait. (Source B.N.)

 

Avril 1894  -  Disparitions.  -  La demoiselle Huguet, marchande de mercerie et de légumes, à Bayeux, rue St-Malo, n'avait pas été vue à son domicile depuis plusieurs jours. Comme  elle avait souvent manifesté de vives inquiétudes au sujet de son commerce, se plaignant de ne pas faire d'affaires, et paraissant presque désespérer de son avenir, on s'est ému de cette disparition et on à prévenu la police. 

Une perquisition a été faîte et on a trouvé la maison entièrement vide, tout le mobilier avait disparu aussi bien que la locataire, et on n'a pu découvrir aucun indice, ni recueillir aucun renseignement de naturel mettre sur la tracé de Mlle Huguet. On pense, cependant, qu'il n'y à pas lieu de croire à un suicide. (Source B.N.)  

 

Mai 1894  -  Jeanne d’Arc.  -  Des fêtes en l'honneur de Jeanne d'Arc auront lieu pendant le mois de mai dans les principales églises du diocèse de Bayeux. Des artistes et des amateurs s'y feront entendre. 

— L'audition musicale du 8 mai, en l'honneur de Jeanne d'Arc, dans la cathédrale de Bayeux, aura un retentissant écho. Caen y sera très honorablement représenté par des solistes et un nombre important de choristes. Toutes les sociétés de Bayeux sont déjà en mesure, dit-on. Leurs chefs les font activement travailler, y compris même le « maître-heurier » de la  cathédrale, faisant fonctions de maître de chapelle, qui, en retour de tant de peines, n'aura que la douleur, encore ! de céder son pupitre à M. Dupont, organiste de St-Pierre de Caen, qui dirigera l'exécution. Les Bayeusains doivent compléter leur fête par la décoration et l'illumination des maisons. Qui vivra verra ! 

— A Caen, on dit que l'étendard rappelant celui que Jeanne d'Arc portait à Orléans ne coûtera pas moins de 1 000 fr., au prix où est la frange, c'est un peu cher. On dit aussi que de vrais patriotes ont écrit au comité pour lui demander de fêter, après Jeanne d'Arc, Hoche et Marceau. (Source B.N.)  

 

Juin 1894  -  Accros historique.   -   Les jeunes gens de Bayeux organisent, pour le 24 juin, une cavalcade dont le succès est d'ores et déjà assuré. 150 cavaliers figureront dans le cortège emprunté à l'histoire du pays, puisqu'il représentera l'entrée d'Arthur de Bretagne, le vainqueur de la célèbre bataille de Formigny.

Mais pourquoi le comité fera-t-il figurer un char où Jeanne d'Arc trônera avec son étendard ? 

C'est là un accroc historique, car Arthur de Bretagne a remporté la bataille de Formigny en l'an 1450 et Jeanne d'Arc ne pouvait l'accompagner, avant été brûlée en 1431. (Source B.N.)  

 

Juin 1894  -  Cavalcade.   -  La cavalcade organisée à Bayeux pour le dimanche 24 juin promet d'être très belle, Les costumes viennent de chez le fournisseur du Grand-Opéra. Il y aura 300 figurants, 7 chars et 100 chevaux. 

— Le char de la conquête avec Jeanne d'Arc, chars d'horticulture, de la musique, des enfants, d'agriculture, comique et de bienfaisance. Le soir, retraite aux flambeaux. Trains supplémentaires. (Source B.N.)

 

Juin 1894  -  Avis.   -  Lundi matin, la France entière a appris avec stupeur une épouvantable nouvelle. Dimanche soir, M.Carnot, président de la République, avait été assassiné à Lyon.

On n'osait croire à la réalité de telle affreuse catastrophe, car M. Carnot était aimé de tous les partis. Il n'avait pas un seul ennemi.

Le président de la République était allé visiter l'exposition de Lyon. Samedi, à son arrivée dans la seconde ville de France, il avait été accueilli avec un chaleureux enthousiasme. 

M. Carnot était, dans sa 57e année. Il appartenait à une vieille famille républicaine de Limoges. Son grand-père, membre du Comité de Salut public sous la Révolution française,  organisa les vaillantes armées qui repoussèrent l'étranger et mérita le titre d' « organisateur de la victoire ». Son père, Hippolyte Carnot, fut ministre de la République en 1848. (Source B.N.)

 

Août 1894  -  Les orages.   -   Depuis dix jours, notre contrée est sous le coup d'orages désastreux, les récoltes sont en souffrance, les pommes de terre se gâtent, les fruits ne mûrissent pas ou pourrissent aux arbres. La nouvelle lune parait vouloir nous être clémente. Il n'est pas trop tôt. (source B. N.)

 

Août 1894  -  Légion d’Honneur.   -   M. Augustin de Basly, éleveur à Cresserons, a été nommé chevalier de la Légion d'honneur. C'est la série B dont nous parlions au moment du concours régional. 

— M. Pilet-Desjardins, ancien député de Bayeux, conseiller à la Cour de Paris, a été également crucifié. (source B. N.)

 

Août 1894  -  La Cocotte.   -  Dans divers cantons de la Manche, limitrophes du Calvados, la fièvre aphteuse prend un tel caractère envahissant que le préfet a pris un arrêté interdisant l'introduction dans le Calvados des animaux des espèces bovine, ovine, caprine et porcine de la Manche. (source B. N.)  

 

Août 1894  -  La peine du talion méconnue.   -   Les femmes Tillaye et Fortier ont essayé de persuader aux juges de Pont-l'Evêque que, puisque leurs maris les trompaient, elles avaient bien le droit d'en faire autant. Ça n'a pas pris. 

— Commençons par Zoé Duquesne, femme Tillaye, 42 ans, trouvée en compagnie de Ferdinand Bosquet, 36 ans, journalier à Honfleur. Son mari vivait de son côté, elle croyait pouvoir en faire autant. Quant à Bosquet, c'est par humanité qu'il a reçu la femme Tillaye en son logis. Cette philanthrope action n'est pas appréciée du tribunal, car il condamne les deux coupables à chacun huit jours de prison. 

— Même cas pour la femme Léontine Fortier, 23 ans, trouvée dans le lit de Léopold Lesnis, 35 ans, journalier à Danestal. La femme à Lesnis est partie avec un autre, Marie Fortier a trouvé son mari couché avec une fille, dans le lit conJugal. Malgré ces détails très atténuants, les deux amants ont été aussi condamnés, chacun à huit jours de prison. 

— L'adultère commis à Bayeux, par la femme AiméeTailpied, 35 ans, n'a pas les mêmes motifs pour excuse. Son mari est un brave homme. C'est pendant qu'il était en traitement à l'hôpital que la femme Tailpied a eu des relations avec Etienne Manoury, 26 ans, ouvrier couvreur. Mais ce qui aggrave leur cas d'adultère, c'est qu'il a eu lieu en présence des enfants Tailpied. Aussi sont-ils condamnés chacun à quatre mois de prison, et Manoury à 100 fr. d'amende en plus. (source B. N.)

 

Août 1894  -  Conseil général.   -   Exhaussement du plan d'eau du canal a été admis. 

— La question des tramways est résolue. Sont concédées les lignes de Grandcamp à la Mine-de-Littry ; de Courseulles à Arromanches et à Bayeux ; de Caen à Falaise ; de Port-en-Bessin à Bayeux et Caen, Tilly, Balleroy et La Mine. Une gare centrale serait construite place du Parc à Caen où tous les trains aboutiraient. (source B. N.)  

 

Novembre 1894  -  Chasse au bœuf.   -  Mercredi, à Bayeux, un bœuf, pris de peur, se sépara de la bande dont il faisait partie et s'échappa par la rue Saint-Exupère. Un des conducteurs et plusieurs chiens le poursuivirent, et le rejoignirent près du carrefour Saint-Georges. Le bœuf rebroussa chemin et se précipita, tête baissée, dans la devanture de M. Bosquain, coiffeur, qu'il défonça. Les chiens s'élancèrent à la poursuite de l'animal, le rattrapèrent prés de la gare et le ramenèrent jusqu'au carrefour St-Georges, où il fut enfin repris.  (source B. N.)  

 

Décembre 1894  -  L’Entrée des casernes interdite.   -  Les parents demandant à voir un militaire devront l'attendre au dehors, tandis qu'un soldat du poste ira appeler le demandé. Il sera interdit de pénétrer dans les cantines, même pour y remettre des colis, et les cantiniers seront tenus d'en faire prendre livraison à la porte du quartier, de même pour les fournitures. (source B. N.)

 

Décembre 1894  -  Absences illégales.   -  Plusieurs jeunes gens de Bayeux et un de Longues enrégimentés au 5e de ligne, qui étaient venus, dimanche, sans permission spéciale, ont été arrêtés à la gare par le gendarme de planton et reconduits à Caen dans l'après-midi. (source B. N.)

 

Décembre 1894  -  Année pluvieuse.   -  Sur 340 jours l'Observatoire de Paris a compté 204 jours de pluie ; 100 jours brumeux, créant de la boue, mais sans pluie, et enfin une quarantaine de jours beaux. Les derniers jours

 de l'année seront plutôt pluvieux que froids. —      Mercredi, sur notre région, éclairs, tonnerre, vent, pluie et grêle. (source B. N.)

Janvier 1895  -  Le déplacement des marchés.   -  Le conseil d'État vient de décider qu'en cas de déplacement d'un marché on doit réduire la contribution foncière imposée aux propriétaires du quartier où il était situé. (source B. N.)

 

Février 1895  -  Fâcheuse mesure.  -  Samedi, avait lieu, à Bayeux, le tirage de la classe 1894. De temps immémorial, on laisse les parents des conscrits séjourner sous le péristyle au bas de l'escalier conduisant à la salle du tirage. Cette année, on les a fait sortir et ils ont dû attendre les pieds dans l'eau et la neige. Qui donc peut avoir prescrit cette mesure inhumaine ? (source B. N.)  

 

Février 1895  -  Le froid.   -  Le froid a continué cette semaine. Il a été particulièrement intense vendredi et samedi, le thermomètre est descendu à - 20 degrés. A Caen, certaines rues, notamment celles qui donnent accès aux quartiers élevés, ont été véritablement impraticables. On ne dispose pas d'assez de personnel, pour les mesures exceptionnelles qu'il faudrait prendre. Il y a de nombreux accidents un peu partout. 

Le chauffeur Michel, de la Cie de l'Ouest, a glissé près de l'aiguillage du dépôt et a eu une jambe cassée. En gare de Dozulé, le mécanicien Thibert est tombé de sa machine, frappé d'une congestion causée par le froid. Il a été transporté à l'hôtel-Dieu de Caen. Le nommé Boulet, marchand de peaux de lapins à Vire, est tombé sur la route à Vassy et s'est cassé une jambe.

A Bayeux, une femme qui parcourt les rues avec un orgue mécanique a été frappée de congestion sur la voie publique et on l'a transportée à l'hôpital. A St-Martin-de-la-Lieue, une femme Turquetil, 69 ans, est morte de froid. A Lisieux, l'amoncellement des glaçons au pont de la rue du Moulin-à-Tau a causé un commencement d'inondation qui a cessé dès qu'on a pu lever les vannes du canal de décharge. 

DERNIÈRE HEURE. — Cette nuit, à Caen, le thermomètre est descendu à - 25 degrés. (source B. N.)

 

Février 1895  -  Asphyxié.   -  Dans la nuit de mercredi, un employé de M. Guillaume Lamazure, quincaillier à Bayeux, Alfred Armand, 20 ans, pour se réchauffer, avait allumé des briquettes dans sa chambre dépourvue de cheminée. Le lendemain matin, on le trouvait mort asphyxie. (source B. N.)

 

Février 1895  -  Neige et froid.   -  L'hiver que nous traversons menace d'être un des plus longs que nous ayons eu depuis longtemps. Il est de nouveau tombé de la neige dimanche la nuit, et le froid continue. Les routes et les chemins sont impraticables. On s'étonne de l'inaction des administrations que cela concerne. Les bras inoccupés sont nombreux dans nos campagnes et en leur faisant appel on pourrait rétablir la circulation sur beaucoup de points, au besoin, on pourrait avoir recours aux prestataires. Si cet affreux temps continue, les navires ne pourront plus arriver à Caen. L'Orne est prise et le paquebot La « Dives » est resté huit jours retenu par les glaces près de Longueval. Il n'a été dégagé que mercredi matin. Quant au canal, les glaçons l'encombrent. Cette situation est d'ailleurs générale. La Seine est prise à Paris et à Rouen. (source B. N.)  

 

Février 1895  -  La nouvelle noblesse.   -  La municipalité de Bayeux a fait installer, dans tous les coins, des pissotières pour hommes. Les Bajocasses, atteints d'une affection de la vessie, voulaient, par reconnaissance, offrir une médaille emblématique à celui qui prend tant de soin de leurs besoins. Mais ils se sont heureusement rappelé que, jadis, les rois et les empereurs ennoblissaient les hommes qui, par leurs idées, leur savoir ou leurs hauts faits, se rendaient immortels, et ils vont adresser une pétition au gouvernement ayant pour but d'autoriser le créateur de ces lieux indispensables à signer à l'avenir : Cyrus de la Pissotière. (source B. N.)  

 

Mars 1895  -  Le bétail américain.   -   Une délégation des députés et sénateurs des départements du Calvados, de l’Eure, de l'Orne et de la Seine-Inférieure sont allés, jeudi matin, voir le ministre de l'agriculture, pour l'entretenir de la question des blés américains et ont insisté très vivement pour que l'entrée du bétail d'Amérique soit prohibée en France. Ils ont aussi appelé son attention sur la question des bouilleurs de cru et sur la répression de la fraude sur les beurres. A la suite de cette démarche on a interdit l'entrée du bétail américain. (source B. N.)

 

Mars 1895  -  Est-ce fini ?   -   Nous pouvons espérer en avoir fini enfin avec le froid, le dégel a lieu lentement, ce qui évite les crues, mais n'améliore pas vite l’abominable état des rues de Caen. Il est vrai que notre ville n'est pas seule en cette situation. 

On pourrait en dire autant de Bayeux. Dans la Seine, et sur la Loire on redoute la débâcle des glaces. A Rouen, on a fait sauter, avec de la mélinite, les glaces qui arrêtaient la navigation. (source B. N.)

 

Avril 1895  -  Pour faire fine taille.  -  Le nommé Delory, restaurateur, rue St-Jean, à Bayeux, s'est emparé d'une boîte contenant un corset à l'étalage du Sans-Pareil et s'est enfui rapidement. Aussitôt on se mit à sa poursuite. Mais en ne put l'atteindre. Les agents lui tendirent alors une souricière. Ils se postèrent aux approches de sa demeure et le cueillirent à son arrivée. Conduit au bureau de police, il fut trouvé porteur du corset qu'il avait volé pour faire fine taille, il a été condamné à trois mois de prison. (source B. N.)  

 

Avril 1895  -  Médecine gratuite.  -  Les préfets sont en train de mettre à exécution une loi votée depuis longtemps déjà par les Chambres : L'assistance médicale dans les campagnes. 

Ça ne va pas tout seul, car les conditions sont dérisoires pour les médecins : 1 fr. par visite jusqu'à quatre kilomètres ; 50 centimes par kilomètre en plus. Passe encore pour les médecins qui ont cheval et voiture, mais, pour les autres, quatre kilomètres aller et retour à pied, ajoutés au temps de visite et du repos, donnent bien trois heures, quelque chose comme sept sous de l'heure. C'est-à-dire que le dernier des maçons gagnera davantage que ne recevra un médecin. 

Comment veut-on que ce service soit bien fait ? C'est impossible. Il sera fait comme celui du dispensaire, à Caen, où il faut la croix et la bannière pour avoir la visite des médecins titulaires. (source B. N.)

 

Avril 1895  -  Tué par une vache.  -  M. Rémy, boucher à Bayeux, rue Saint-Patrice, était allé à Esquay, pour voir une vache qu'il se proposait d'acheter, quand l'animal lui lança un coup de pied qui l'atteignit au flanc. Transporté à son domicile, le malheureux boucher reçut les soins les plus empressés, mais il fut impossible de conjurer les effets désastreux des lésions internes qui s'étaient produites, et M. Rémy est mort après trois jours de cruelles souffrances. Il était âgé de 39 ans, était veuf et père de 2 enfants. (source B. N.)  

 

Juillet 1895  -  Faudra aller nu-pieds.  -  La chaussure est menacée d'une hausse importante par suite de l'élévation du prix des cuirs due à la disette des fourrages en 1893, forçant l'éleveur à vendre ses bestiaux, et à la fertilité de 1894 engageant l'éleveur à garder ses élèves. 

D'autre part, en 1893-94, l'Amérique, par suite d'une crise monétaire, avait réduit sa fabrication qu'elle reprend avec ardeur, enfin, pendant la guerre de Chine, on a absorbé d'énormes quantités de chaussures et il va en falloir davantage encore à la Chine et au Japon pour rechausser leurs armées. 

C'est en raison de ces causes diverses que les fabricants de chaussures de Paris et de province ont résolu d'élever leurs prix de 20 à 30 pour cent. (source B. N.)

 

Juillet 1895  -  Spectacle manqué.  -  Des prospectus distribués à Bayeux portaient que, à la suite d'un pari, un jeune homme bien connu de la ville s'était engagé à pénétrer dans la cage avec les lions du dompteur Max-Himm.  Aussi y avait-il foule le soir. Mais il y a eu désillusion, car le maire avait interdit l'entrée dans la cage. (source B. N.)

 

Juillet 1895  -  Armée.  -  Sont nommés chevaliers de la Légion d'honneur : MM. Gaultier, capitaine au 5e de ligne ; Ferrier, capitaine acheteur à Caen ; Guillemard, capitaine de  gendarmerie  à Bayeux. 

— La médaille militaire est conférée à MM. Yvelin, adjudant au 5e de ligne ; Renaud, maréchal des logis de gendarmerie à Dives ; Soury, brigadier à Vire ; Falue et Keller, gendarmes à Vire. (source B. N.)  

 

Septembre 1895  -  Grave accident.  -  Dimanche, un accident est arrivé rue du Petit-Rouen, à Bayeux. Le sieur L…... finissait d'atteler sa carriole pour la famille A…..., qui se disposait à faire une promenade, et s'occupait à refermer la remise lorsque sa fille et Mlle A…... eurent l'idée de monter avant lui en voiture. A peine étaient-elles montées que le cheval partit sans conducteur. 

La voiture heurta une borne placée à rentrée de l'impasse, et le cheval, sentant une résistance, tira tellement fort qu'il parvint à entraîner la voiture avec une violence qui la fit verser, projetant sur le sol Mlle A…….. La malheureuse jeune fille resta longtemps sans connaissance. Son état inspire de sérieuses inquiétudes. Mlle L….... qui a eu la hardiesse de sauter, en a été quitte pour une légère foulure au poignet. (source B. N.)  

 

Novembre 1895  -  Truc de filles.  -  Malgré leur jeune age, Léonie Langlois, 19 ans, et Élise Castel, 15 ans, connaissent tous les trucs pour apiper les hommes. Leur principal truc consistait à se promener sur les routes qui aboutissent à Bayeux, et, lorsqu'elles apercevaient un conducteur à la figure enluminée, à l’œil enflammé, elles lui demandaient à monter dans sa voiture. Une fois installées, elles faisaient les gentilles et les conducteurs finissaient par leur dire : « Ma p'tiote, qu'vos êtes agréable, faut que j'vos embrache ». Les fillettes se laissaient faire et pendant que l’amoureux les tenait à brassée, elles visitaient son gousset, qu'elles allégeaient de tout ce qu'elles pouvaient. Puis, elles descendaient et allaient avec leur souteneur, un nommé Ernest Lebugle, 3l ans, faire la noce. 

C'est à l'aide de ce moyen, et d'autres aussi, qu'elles ont soulagé de 30 francs le sieur Catherine, demeurant à Saint-Vigor-le-Grand, de 42 fr., le sieur Chevalier, voiturier à Vienne, de 200 fr., un commerçant de Caen qui n'a pas voulu dire son nom, et de bien d'autres qui n'ont pas porté plainte pour ne pas se faire ficher d'eux et aussi peut-être par crainte que la chose ne vienne aux oreilles de leurs épouses.  

Le tribunal de Bayeux a condamné Ernest Lebugle à six mois de prison et à la relégation, les deux filles, à chacune quatre mois de la même peine. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1895  -  Départ des conscrits.  -  Le 12 novembre, départ des jeunes gens de la classe 1894 appelés pour un an, le 14, des conscrits appelés pour deux ou trois ans et  appartenant à des subdivisions impaires, le 16, des jeunes gens des subdivisions paires. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1895  -  Pas d’argent, pas de prières.  -  Dans une paroisse des environs de Bayeux, une quête avait été faite, le matin du 1er novembre, pour les trépassés. Les paroissiens, pensant que, dans l'autre monde, toutes les pièces avaient cours, s'étaient empressés de déposer, dans le plat, toute leur fausse monnaie.

Cela n'a pas fait l'affaire du vicaire qui est venu, aux vêpres, déclarer aux fidèles que ce qu'ils avaient donné le matin ne comptait pas, et qu'il fallait redonner de bonnes pièces, s'ils voulaient des prières pour leurs défunts.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1895  -  Un bolide.  -  Lundi soir, vers neuf heures, les nombreuses personnes qui se trouvaient sur le champ de foire, à Bayeux, ont pu apercevoir une boule de feu, paraissant assez grosse, qui est passée au-dessus de cette ville, dans la direction du Sud au Nord, et s'est éteinte au bout de quelques instants.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1895  -  Les années bissextiles.  -  Tout le monde sait que l'année prochaine sera bissextile, son millésime étant divisible par quatre. Mais ce que l'on sait peut-être moins généralement, c'est que ce sera la dernière bissextile du siècle, l'année séculaire, celle qui clôturera le dix-neuvième siècle, l'année 1900, ne le sera pas, et nous devrons attendre huit ans pour revoir un mois de février ayant 29 jours. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1895  -  Costume ecclésiastique.  -  Maintenant, les chanoines de la cathédrale de Bayeux porteront le rochet en dentelles et la barrette à filets rouges, de leur côté, les Pères missionnaires de la Délivrande auront comme costume distinctif la barrette blanche et le camail blanc, à bandes bleues, ils auront la mosette. Les Pères missionnaires porteront ce costume à la chapelle et dans leurs prédications, les supérieurs de maisons auront seuls le droit de le porter dans le diocèse. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1896  -  Attention.  -  Le ministre vient d'ordonner que les auteurs d'acte de cruauté ou de mauvais traitements excessifs envers les animaux, soient rigoureusement poursuivis, ainsi que les personnes qui se servant de chien pour faire traîner leurs camions. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1896  -  La chasse au lapins.  -  La chasse au lapin qui était permise en temps prohibé vient d'être singulièrement restreinte. Elle ne sera plus permise que pour huit jours seulement aux propriétaires et fermiers, qui auront donné des preuves de l'abondance du lapin sur leurs terres et des ravages causés par lui. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1896  -  Congés des jours gras.  -  Les congés des jours gras dans les lycées et collèges ont été fixés aux lundi 17 et mardi 18 février. Les cours reprendront le mercredi 19. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1896  -  Vive Bayeux.  -  Pendant le mois de janvier, il n'y a eu que 14 décès à Bayeux au lieu de 32 la moyenne des années précédentes. Et depuis 15 jours il n'y a eu aucun décès. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1896  -  Mouvement de la population dans le Calvados.  -  Voici le relevé de la population dans notre département en 1895. Population : 429 417 habitants ; mariages, 2 895 ; divorcés, 100 ; naissances, 8 453, dont 7 436 légitimes et 1 017 illégitimes ; décès, 10 709. Excédent des décès sur les naissances. 2 256. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1896  -  Un cas assez rare.  -  Presque toujours, c'est le mari qui fait condamner sa femme pour adultère. Cette fois, c'est le contraire, car c'est à la requête de son épouse que Gustave Greffïn, 46 ans, demeurant à Bayeux, rue St-Floxel, a été poursuivi pour adultère avec sa maîtresse, la fille Léa Sebire, demeurant à Bretteville. Ce doux délit coûte à chacun des amoureux une amende de 16 fr.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1896  -  Tué par les chevaux.  -   Le sieur Jules Hérissey, journalier au service de M. Lesieur, propriétaire à Bayeux, conduisait une voiture chargée de pièces de bois destinées à faire une pompe, un de ces lourds morceaux ayant heurté le cheval, celui-ci, pris de peur, s'emballa. Hérissey descendit pour se jeter à la tête de l'animal, et, se cramponnant au brancard, fut traîné sans parvenir à maîtriser son cheval dont, il reçut à la tête un coup violent : il tomba, et la roue lui passa sur tout le côté gauche du corps.

Hérissey avait la colonne vertébrale brisée, et, malgré les soins qui lui ont été prodigués, il a succombé dans l'après-midi. Il était marié et père de famille. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1896  -  Comédies bajocasses.   -   Depuis longtemps déjà, la rue Laitière, à Bayeux, est le théâtre de scènes réjouissantes.

Les acteurs sont : d'un côté, maître Sebire, agent d'affaires, et les deux Lucas, commerçants, et de l'autre côté, messire d'Arthenay, aussi commerçant Sans-Pareil. A les entendre tous les quatre voudraient se battre à mort, mais il y en a toujours trois qui ne veulent pas. Ils préfèrent s'adresser à la justice pour lui demander la réparation des gros mots qu'ils échangent entre eux. On dit même que la police se serait mise de la partie, et voilà pourquoi d'Arthenay a toujours des poursuites sur la planche, quand ce n'est pas en police correctionnelle, c'est en simple police. La semaine dernière, il était encore cité devant le tribunal de Bayeux qui le condamnait à 100 fr. de dommages-intérêts pour insultes envers Sebire et à 50 fr. d'amende.

D'un autre côté, Sebire était condamné à un franc de dommages-intérêts aussi pour insultes envers la dame d'Arthenay et à un franc d'amende. Mais le plus curieux de ces dernières, entre voisins, c'est que les injures échangées entre eux ne sont rien auprès de ce que les avocats révèlent au public.

Cette affaire a failli se compliquer. Une personne, qui assistait aux débats, pas satisfaite du jugement, a lancé contre les juges et contre l'avocat de d'Arthenay une épithète qui aurait pu conduire loin son auteur si l'injure eût été relevée.

Cette rue Laitière est vraiment appelée à en voir de toutes les couleurs et à en entendre de toutes sortes. Samedi, une querelle des plus amusantes avait lieu entre un débitant et une femme qui plaidait pour son saint, en protestant bruyamment contre l'eau avec laquelle le susdit débitant baptisait son gros bère. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1896  -  Allure trop vive.   -   Samedi soir, à Bayeux, le sieur Finel, 60 ans, jardinier rue Montfiquet, regagnait son domicile, lorsqu'il fut renversé, rue des Bouchers, par une voiture qui descendait à une allure assez vive, et dont sa surdité l'avait empêché de se garer. Les roues lui passèrent sur les deux jambes.

Relevé par les passants, Finel a été admis d'urgence à l’Hôtel-Dieu. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1896  -  Un veau en litige.   -   M. Suzanne, boucher à Trévières, a reconnu à Bayeux, au moment même où M. Etienne Delamare, boucher rue St-Jean, venait de s'en rendre acquéreur pour 140 fr., un veau qu'il avait acheté au marché de Littry pour 125 fr. et dont il n'avait pu prendre livraison, son vendeur ayant disparu. M. Suzanne a porté plainte contre son vendeur, un nommé Broullié, cultivateur à Planquery.

En attendant, l'animal a été mis en fourrière. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1896  -  Grave accident.   -   Vendredi soir, au plus fort de la tempête, le sieur Merry revenait d'Arromanches avec un omnibus, le sieur Lecouvreur, loueur de voitures, y retournait également en voiture. A l'entrée de Bayeux, le cheval du sieur Lecouvreur, qui était emballé, se jeta sur l'omnibus. La voiture du sieur Lecouvreur culbuta et celui-ci fut projeté sur le sol avec une telle violence qu'on le crut tué sur le coup. On espère cependant le sauver. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1896  -  Cultivateurs, prenez garde.   -  Comme tous les ans, nos campagnes sont visitées par des individus qui se présentent pour acheter des pommes ou du cidre et se font héberger à l’œil. Heureux encore quand nos confiants cultivateurs en sont quittes à ce prix.

Mais quand ils apportent le cidre acheté à l'endroit indiqué et qu'ils trouvent visage de bois, c'est plus embêtant. C'est ce qui est arrivé dernièrement à M. Bisson, cultivateur à Bérigny. Un individu lui avait acheté 180 fr. un tonneau de cidre livrable à « Désiré Hamel, place aux Pommes, 16, à Bayeux. » A cette adresse, pas de Désiré Hamel.

Notre cultivateur avait été joué. Heureusement qu'il a trouvé à passer son tonneau à un marchand de casquettes de Bayeux, mais avec un rabais de 40 francs. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1896  -  Vol du jument.   -   La nommée Ismérie Yver, servante à la Cambe, avait volé, dans la plaine de Grandcamp, une jument de 150 fr. Cette particulière avait eu l'audace d'amener la bête à Bayeux et de la faire mettre en vente par le commissaire-priseur. Mais, aucun acquéreur ne s'étant présenté, elle s’en retournait avec l'animal, lorsque les gendarmes l'ont arrêtée. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1896  -  Explosion de gaz.   -   En cherchant une fuite de gaz dans la cuisine de M. Leclerc, épicier à Bayeux, un employé de la compagnie approcha une lumière du bec installé au milieu de cette pièce. Une violente explosion retentit aussitôt, le plafond s'effondra dans toute sa longueur et deux glaces de la devanture éclatèrent. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1896  -  Vols de bestiaux.   -   Une vache de 700 fr. appartenant au sieur René Mauger, demeurant à Bayeux, a été volée, la nuit, dans l’herbage où elle était à paître.

Une vache, robe rouge, deux dents, poids 150 kilos, à été volée, la nuit, commune de, Cerisy-la-Forêt et emmenée sur Bayeux. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1896  -  L’hiver arrive.   -   Il a neigé dans le midi et le centre de la France. En Angleterre, il a gelé assez fort. En Normandie, nous avons eu des pluies abondantes et persistantes qui ont produit des Inondations. L'Orne a dépassé trois mètres.

Toutes les prairies ont été couvertes d'eau. Entre Mézidon et Beuvron, un train a été arrêté par l'eau. La plupart des hirondelles, sont parties, il ne reste que quelques retardataires. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1896  -  Pour faire la noce.   -   La fille Apolline Pestel n'a que 20 ans. C'est cependant une ancienne fille publique qui a quitté le métier pour se mettre en place chez une loueuse de Bayeux. M. Youf, receveur des domaines, vint y faire un séjour de quelques jours. La fille Pestel était chargée de son ménage. Profitant de l'absence de M. Youf, elle ouvrit l'armoire avec une fausse clef et y prit 640 fr. en or, laissant de côté 300 fr. en billets. Puis elle télégraphia à ses parents, qui habitent St-Aubin-sur-Mer, de la demander par dépêche. Le jour même, elle partait pour Caen avec une camarade, Aline Leplard, 21 ans. C'est là qu'elles ont été arrêtées. 340 fr. ont été retrouvés en leur possession, le reste avait été dissipé en dépenses de bouche et en achats divers.

La fille Peste! a été condamnée à six mois de prison ; sa compagne à un mois. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1896  -  Noyés.  -  Mardi l'après-midi, un individu inconnu, 60 ans environ, a été trouvé dans l'Aure, au Pont Trubert, à Bayeux. Quand on l'a découvert, il y avait à peine deux heures qu'il s'était noyé. 

—  Le même jour, le sieur Auguste Jacqueline, 77 ans, rentier à St-Paul-du-Vernay, s'est noyé accidentellement dans une mare, à 200 mètres de son habitation. 

—  On a trouvé dans la « Morelle », à Honfleur, le cadavre du sieur Hansen, interprète norvégien. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1896  -  Vélocipédistes, attention ! -  Au commencement de l'hiver, il est utile de rappeler aux vélocipédistes l'arrêté préfectoral. Pour répondre au vœu du conseil général du  Calvados, les ordres ont été donnés pour que prescriptions de cet arrêté soient observées, surtout en ce qui concerne l'éclairage et l'addition d'un grelot ou sonnette pour avertir les piétons et éviter les accidents. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1896  -  Accalmie.  -  Cela se calme, mais il y a eu un moment où la rue des Laitiers, à Bayeux, en a vu et entendu de drôles. Il n'y avait pas de jour où les d'Arthenay, les Sebire et les Lucas ne se jetassent des défis sous les espèces de papier timbré. Mais, nous le répétons, le calme paraît renaître dans ce coin de la vieille cité bajocasse. Le départ du  commissaire Collinet, envoyé dans un chef-lieu de canton de Meurthe-et-Moselle, va assurément précipiter la conclusion de la paix entre, ces messieurs. 

En attendant, la cour de Caen a eu ces jours-ci à s'occuper d"un procès qui remonte au mois d'août, le tribunal de Bayeux avait condamné le sieur d'Arthenay à 100 f. d'amende et 50 fr. de dommages-intérêts pour injures envers le sieur Sebire. D'un autre côté, le sieur Sebire avait été condamné à 1 fr, d'amende et 1 fr. de dommages-intérêts pour injures envers la dame d'Arthenay. La cour a porté à 200 fr. les dommages-intérets à verser par d'Arthenay au sieur Sebire et a déchargé ce dernier de la peine prononcée contre lui pour injures à Mme d'Arthenay. Tous les frais des deux procès sont à la charge des époux d'Arthenay. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1896  -  Le Patois normand.  -  M. Guerlin de Guer fils vient de réunir en brochure, sous le titre « Introduction à l'étude des parlers de Normandie », un travail des plus intéressants. M. Guerlin de Guer termine sa courte préface en déclarant que son « plus vif désir est de travailler en Normandie pour la Normandie et pour les Normands » Cette idée est trop belle pour ne pas être encouragée. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1896  -  Les potins bajocasses.  -  Ce n'est pas fini d'un côté, à Bayeux, que cela recommence de l'autre. Le calme se faisait à peine au centre que les échos d'un boulevard de la ville nous apportaient le récit de faits plus graves. Un monsieur, paraît-il, sous prétexte de règlement de compte, en aurait attiré un autre, et lui aurait flanqué une magistrale tripotée parce qu'il aurait outragé sa fille. On à dû enlever le battu et le transporter chez un médecin qui a constaté que les coups pouvaient entraîner une longue interruption de travail. Qu'est-ce que c'est encore. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1897  -  Un petit drame.  -  Un jeune couple avait un ami. Le mari avait tant de confiance en lui qu'il n'en était pas jaloux. Un jour, à Bayeux, le mari entend prononcer le nom de sa femme par deux jeunes gens qui riaient en lisant une lettre. Il demanda à la voir et la garda. Cette lettre avait été perdue par son ami. Il revint au logis et montra la lettre à sa femme. 

La pauvrette avoua et demanda pardon. Le mari fut impitoyable. Il corrigea la coupante et lui coupa à ras ses cheveux, auxquels elle tenait tant. Puis, comme l'ami indigne devait venir le lendemain, le mari l'attendit. A son arrivée, notre don Juan campagnard fut prévenu. Il ne détela pas et regagna sa commune, au grand trot de son bidet. Heureusement pour lui, car il aurait passé un mauvais quart d'heure, autrement touchant que celui qu'il espérait. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1897  -  Accident de voiture.  -  Le sieur Legallois, cantonnier-chef des ponts et chaussées, à Bayeux, n'entendant pas les avertissements du conducteur d'une carriole qui marchait à une allure très modérée rue St-Martin, a été renversé par la roue sur le bord de la chaussée, il a été blessé légèrement. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Février 1897  -  Le carnaval de Bayeux.  -  Mardi prochain à l'occasion du carnaval, aura lieu à Bayeux une sortie costumée, organisée par les jeunes gens de la ville. Nombreux chars, cavaliers, clowns etc.. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1897  -  Rien que cela.  -  Nous comprenons très bien qu'il est difficile de demander, même à Bayeux, son billet de confession à un monsieur qui sollicite l'honneur de marcher à la tête d'une compagnie de sapeurs-pompiers, comme tambour. Mais au moins si on consultait leur casier judiciaire, ce qui est arrivé à Bayeux ne se serait pas produit.

Jules Massière, 32 ans, était tambour des sapeurs-pompiers de la ville épiscopale. Il en a profité pour solliciter, au nom de la compagnie, des souscriptions qu'il a empochées. Pour cette escroquerie, Massière a été condamné à un mois de prison. C'est sa quatrième condamnation, dont une à deux ans pour vol, rien que cela. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1897  -  Blessures graves.  -  Le sieur Azé, pompier à Bayeux, dont les vêtements s'étaient engagés dans la tarière, mue par une machine à vapeur, servant à percer les pompes, a été entraîné par le mouvement de rotation, et avait fait trois tours quand on put arrêter la machine. Le sieur Aze a été grièvement blessé à une oreille, à un bras et à un genou. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1897  -  La neige.  -  Dès samedi, il en est tombé sur notre région. Mardi, elle a été plus abondante, mais sans tenir. Dans les Alpes, il y a eu une véritable tourmente. Au col de la Traversette, où trois de nos soldat ont été récemment engloutis, la neige a atteint près de 5 mètres d'élévation. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1897  Vent et tempête.  - Ces derniers jours, la mer a été démontée sur nos côtes. Il n'y a pas eu de sinistres causant mort d'hommes, mais les embarcations ont eu beaucoup à souffrir, et le vapeur « le Havre » a coulé à pic en vue de Cherbourg. Les six hommes qui le montaient ont été sauvés.(Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1897  -  Chute mortelle.  -  Samedi soir, à Bayeux, les cloches de la cathédrale allaient finir de sonner l’Angélus, quand le sieur Paul Lechevalier, 17 ans, manquant tout à coup la pédale, et perdant l'équilibre, tomba dans l'intérieur du beffroi, et, rencontrant la cloche en plein mouvement, fut violemment atteint dans les reins et à la tête par cette énorme masse de 4 500 kilos, et rejeté sur le plancher intérieur, où il resta tout ensanglanté. Transporté immédiatement à l'hôpital, ce malheureux y est mort dans la nuit. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1897  -  Meurtre à Bayeux.  -  Le nomme Aimé Labbey, 51 ans, jardinier, habite à Bayeux avec sa concubine, Marie Delaunay, femme Henry, une maison isolée à l'endroit connu sous le nom de « Bois de Boulogne ». Dimanche soir, à la suite d’une discussion avec Ernest Jeanne, dit Lebois, 32 ans, charpentier à Putot-en-Bessin, qui avait festoyé avec lui et qui voulait que Labbey lui donnât encore du cidre, ce dernier menaça Labbey de son fusil. Lebois saisît l’arme par le canon, essayant de désarmer son adversaire. Mais Labbey fit feu et atteignit Lebois dans la région du cœur . La mort a été instantanée. Labbey a été arrête. (source B.N.)

 

Septembre 1897  -  Concurrence.  -  Pour obtenir à Caen, l'un des quatrièmes bataillons, on va proposer à l'Etat la construction d'une nouvelle caserne estimée 250 000 fr. Bayeux se remue pour avoir ce 4e bataillon. Qui l'emportera ? (source B.N.)  

 

Septembre 1897  -  Conducteur imprudent.  -  Mardi matin, à Bayeux, au croisement des rues Alain-Chartier, Royale, St-Malo et St-Patrice, une carriole de la campagne, conduite à fond de train, contrairement aux règlements, a culbuté la voiture de M. Hierolty, fumiste, et blessé le cheval. L'essieu de la carriole a été brisé. (source B.N.)  

 

Octobre 1897  -  Encore meurtre.  -  Lundi, vers huit heures du soir, le sieur Aimé Lemasson, 61 ans, rue St-Loup, à Bayeux, était assis devant sa porte, auprès de son frère infirme, qui venait de tomber et qu'il avait ramassé avec l'aide des voisins. A ce moment, vint à passer un mauvais sujet de 23 ans, Marc Geinsbach, journalier, qui interpella grossièrement le sieur Lemasson. Celui-ci dit à Geinsbach qu'il était ivre et lui ordonna de passer son chemin. Geinsbach alla alors chercher une grosse pierre de granit et la lança avec une telle force dans la poitrine de Lemasson que celui-ci s'affaissa en disant : « Tu ne m'as pas manqué ». En effet, il n'a pas repris connaissance .* Geinsbach a été arrêté. (source B.N.)  

 

Novembre 1897  -  Par la fenêtre.  -  Dans un accès de fièvre chaude, le sieur Donatz, pâtissier, rue St-Martin, à Bayeux, s'est jeté, du deuxième étage, par la fenêtre de sa chambre. La mort a été instantanée. (Source B.-N.)  

 

Novembre 1897  -  Ça continue.  -  Après les chiens, les chèvres, après les chèvres, les brebis. Tous les animaux de la création y passeront. Albert Fleury qui à la monomanie de la bestialité, ayant été surpris, à Bayeux, avec une chèvre, a été condamné à un mois. 

Un autre individu, qu'on croit originaire de Tilly, a été surpris par deux femmes, à Bayeux, au moment où il se livrait à un acte da bestialité sur une brebis qu'il avait renversée sur le dos. L'individu a menacé de frapper les femmes avec un fouet et s'est sauvé à travers les herbages. (Source B.-N.)  

 

Janvier 1898  -  Médailles d’honneur.  -  La médaille de bronze des postes et des télégraphes a été décernée aux sous-agents : Cœuret, brigadier-facteur des postes et des télégraphes à Caen ; Denis, facteur de ville à Bayeux ; Lebrethon, facteur rural à Aunay-sur-Odon ; Pilastre, chef surveillant des télégraphes à Caen. (source B. N.)  

 

Février 1898  -  Voleurs de grand chemin.  -  Deux malfaiteurs inconnus ont arrêté M. Gueron, près Bayeux, le sieur Eugène Dubois, marchand à Fontenay-le-Pesnel, qui s'en allait à Port-en-Bessin acheter du poisson. Après l'avoir frappé à coups de bâton, ils lui ont volé son porte-monnaie contenant 26 francs. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1898  -  Gui-Gui l’enragé. -   Eugène Delorme, dit Gui-Gui, dit l'Enragé, marchand de guimauve à Bayeux, est un partisan de la médecine homéopathique. 

Un samedi, un chien venait de se faire à demi écraser par une voiture. Gui-Gui ne trouva rien de mieux que de panser la pauvre bête en lui appliquant des coups de galoches. Ce remède ne fut pas du goût du commissaire qui voulut arrêter Gui-Gui. Celui-ci résista. Survint alors un agent de police que l'enragé Gui-Gui mordit à un doigt comme un chien. Pour tous ces méfaits, Gui-Gui l'Enragé a été condamné à un mois de prison. Ça lui apprendra à frapper les bêtes et à mordre les gens. (source B. N.)  

 

Mars 1898  -  Tentative de suicide.  -  La fille Estelle Marie, 20 ans, cuisinière chez le sieur Cottenet, propriétaire à Bayeux, après avoir tenté de s'empoisonner en buvant de l'eau phéniquée, s'est jetée par une fenêtre du deuxième étage, d'une hauteur de huit mètres, se blessant assez gravement au front. La fille Marie venait d'être congédiée pour vol d'effets d'habillement et de linge à une autre bonne qui était venue offrir ses services. (source B. N.)  

 

Mars 1898  -  Les chevaux américains. -  L'importation des chevaux américains augmente sans cessé. Le syndicat agricole du Calvados fait signer une pétition demandant que les chevaux étrangers soient frappés d'un droit de 200 fr. à leur entrée en France. Protéger l'élevage français c'est, effet, assurer le recrutement des chevaux de cavalerie. (source B. N.)

 

Mars 1898  -  La Mi-carême à Bayeux. -  Comme les années précédentes, il y aura sortie costumée a Bayeux, le jeudi de la mi-carême. Cinq chars. Le soir, grande retraite avec chars illuminé. (source B. N.)

 

Mai 1898  -  A propos de Saints.  -   Les saints de glace, la terreur des horticulteurs, figurant au calendrier les 11, 12 et 13 mars, ne paraissent vouloir faire parler d'eux. Fin de la lune rousse, le 20 mai. (source le B. N.)

 

Juin 1898  -  A méditer par les conducteurs de chevaux.  -  Le tribunal correctionnel de Bayeux a condamné dernièrement le sieur Decaen, boucher, à un mois de prison, avec la loi Bérenger, et à 100 fr. d'amende pour avoir, en conduisant sa voiture à une trop vive allure, blessé grièvement une dame Bêche, qui n'est pas encore complètement remise de ses blessures. 

Il y a eu tentative de conciliation pour le chiffre des dommages-intérêts, mais, l'entente n'ayant pas pu s'établir, la dame Bêche va introduire une action civile contre le sieur Decaen. 

Puisque la police ne fait pas observer les arrêtés sur l'allure trop rapide, dans les rues, des chevaux et voitures, cette condamnation va sans doute faire réfléchir les conducteurs qui mènent leurs chevaux comme des fous. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1898  -  Réservistes et territoriaux.    Les réservistes et territoriaux d'infanterie, convoqués pour accomplir une période d'instruction en 1898, sont invités à retirer dans la première quinzaine de juin leurs ordres d'appel qui sont déposés à la gendarmerie de leur résidence. (source le B. N.)

 

Juin 1898  -  Généreux donateur.    M. René Beaupoil, ancien commerçant à Bayeux, décédé le 27 mai, a légué 20,000 fr, à la Société de secours mutuels de Bayeux, 4 000 fr. à la Ligue de l'enseignement, et a institué les hospices de Bayeux légataires universels de sa fortune, évaluée à 200 000 fr. (source le B. N.)

 

Juin 1898  -  Fiacres électriques.     Dans deux mois, la compagnie des Voitures de Paris mettra en circulation des coupés, des voitures découvertes et des landaus automobiles électriques. Pour les petites voitures, la course sera de 2 fr. Chacune de ces petites voitures revient de 5 à 6 000 fr. (source le B. N.)

 

Juin 1898  -  La taxe sur les vélocipèdes.     Nous avons déjà annoncé qu'à dater du 1er janvier 1899 la taxe vélocipédique sera ainsi fixée : 6 fr. pour les machines à une place ; 12 fr. pour les machines à deux places, et 5 fr. pour chaque place en plus. Mais, comme conséquence de la réduction de la taxe, toutes les machines des cyclistes devront être munies, à partir du 1er juillet prochain, de la plaque de contrôle. Les cyclistes doivent faire, avant cette date, la déclaration proscrite par la loi. Toute contravention à l'obligation de la plaque de contrôle sera punie de peines de simple police, sans préjudice du doublement de taxe qui serait encouru pour défaut ou inexactitude de déclaration. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1898  -  Saisie de viande.     Des procès-verbaux ont été dressés contre des bouchers établis sur la place du Marché, à Bayeux, pour détention ou mise en vente de viande impropre à la consommation. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1898  -  Incendies.     Un violent incendie a éclaté dans la nuit de dimanche à lundi, chez M Thomine. pâtissier à Bayeux. Le feu qui a pris dans la salle à manger, a gagné les appartements voisins et, faisant sauter une toiture vitrée, s'est attaqué a un second corps de bâtiments. Réveillé par le bruit de cette explosion, M.Thomine s’est vit levé et a prévenu les pompiers qui sont arrivés au plus vite. Dans deux heures tout était terminé. On croit que le sinistre serait dû à un jeune employé qui dans la soirée, aurait accidentellement mis le feu au contenu d’un placard ou il cherchait des essuis. Les pertes sont évaluées à 20 000 fr, il y a assurance. 

Si le plancher de la chambre sise au-dessus du foyer d'incendie n'eût pas été en terre les époux Thomine, endormis, seraient tombés dans le brasier.  (source le B. N.)  

 

Juillet 1898  -  La série continue.     Un violent incendie s'est déclaré, la nuit, dans le magasin de M. Danne, coiffeur, rue Saint-Martin, à Bayeux. M. Danne, parent de M Colongne, coiffeur à Caen, était rentre chez lui, vers onze heures et demie, et n'avait rien remarqué d'anormal. A une heure, les aboiements de son chien et le bruit de vitrages volant en éclats le réveillaient en sursaut. 

Apercevant son magasin en feu, il donna l'alarme. Le magasin tout entier et presque toutes les marchandises qu'il contenait ont été la proie des flammes. Les pertes couvertes par une assurance, s'élèvent a 11 000 fr. une imprudence serait la cause du sinistre. 

 - Quatre jours auparavant, un incendie s’est déclaré dans une grange remplie de fourrages, appartenant au sieur Victor Radiguet, propriétaire, rue des Teinturiers, à Bayeux, et louée au sieur Jules Morel, débitant à Mathieu. Tout a été brûlé. Les pertes s'élèvent à 1 000 fr. environ : 650 fr. pour le propriétaire et 350 fr. pour le locataire. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1899  -  Inauguration des tramways.  -  Lundi 26, réception des lignes de Bayeux à Port-en-Bessin, Courseulles et Arromanches. La commission se réunira à la gare de Bayeux à 8 heures. Les lignes doivent être ouvertes à la circulation le 1er juillet ;  mais on retardera jusqu'à la fin du mois la fête solennelle d'inauguration. Pour concerter les mesures relatives à cette  fête, les maires des communes traversées se sont réunis à Bayeux le samedi 24 juin.  (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Juin 1898  -  Les voleurs de bestiaux.     On a volé un mouton de 40 fr. au sieur Adam maçon à Bayeux. 

Une vache de 380 à 400 fr. a été volée, dans un herbage, au sieur Louis Robert, propriétaire à Vaudry, près Vire. L'auteur de ce vol serait, suppose-t-on, un ancien serviteur du sieur Robert. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1898  -  Fille trop confiante.    Au commencement du mois de mai, Auguste Jean, 30 ans, rencontrait à Bayeux une fille Bourrey, domestique à Clécy. Tout de go il la demanda en mariage, la malheureuse accepta avec empressement. Pour prendre sans doute un petit acompte sur le bonheur du mariage, ils se rendirent à Caen, dînèrent au restaurant Moulinet chez lequel ils louèrent une chambre pour la nuit. Le lendemain, notre Jean disparut, mais, auparavant, il avait emprunté la montre de sa compagne, avec laquelle il est parti. 

Pendant plusieurs jours, Auguste Jean s'est fait servir à boire et à manger chez des restaurateurs de Bayeux, de Ryes, de Littry, de Port, etc….., puis, au moment de régler, il disait qu'il n'avait pas le sou. 

Cette manière de vivre sur le paysan ne pouvait pas durer, aussi notre escroc a-t-il été arrêté. Le tribunal de Bayeux l'a condamné à quatre mois de prison et à la relégation. (Source  : Le Bonhomme Normand)   

 

Août 1898  -  Un peu de modestie.      Le maire de Bayeux, dans une proclamation à ses concitoyens, trouve que ses fêtes locales d'hier ont surpassé celles de 1876, 86 et 91. 

C'est son opinion, mais une opinion que peu partagent. Pour ne parler que des premières qui durèrent six jours consécutifs, avec un enthousiasme sans cesse croissant, elles protestent hautement contre la comparaison. Qu'a-t-on vu, en effet, ces jours-ci, qui puisse rappeler, même de loin, la magnifique cavalcade représentant l'entrée de François 1er , le splendide festival donné devant une salle comble, le concours de musique et d'orphéons où 75 sociétés se rencontrèrent, le majestueux apparat de l’inauguration de la statue où était réunie l'élite intellectuelle du pays, l'énorme foule de visiteurs, dont beaucoup étrangers, qui encombrèrent littéralement les habitations de la ville et dont le séjour fut un profit pour Bayeux ? Il faudrait être plus modeste et ne pas voir les choses à travers le prisme décevant de son ruban rouge. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Août 1898  -  Ce qu’il en coûte d’aller trop vite.   -   Nos lecteurs se rappellent que le sieur Decaen, boucher à Bayeux, avait été condamné à un mois de prison avec la loi Bérenger et 100 fr. d'amende pour avoir renversé et blessé avec sa voiture une dame Bêche. Cette dame fut si grièvement blessée qu'elle est restée plusieurs mois à l'hôpital et qu'aujourd'hui elle n'est pas encore parfaitement remise. La dame Bêche a cité devant le tribunal civil le sieur Decaen, qui a été condamné à lui verser 600 fr. et à lui faire jusqu'à sa mort une pension de 1 fr. 50 par jour. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1898  -  Outrage public à la pudeur.   -   Le nommé Manoury, 55 ans, journalier à Graye, et la femme Jamet, 53 ans, journalière à Vaux-sur-Seulles, ont été surpris en flagrant délit d'outrage public à la pudeur dans un herbage situé près l'église Saint-Exupère, de Bayeux. Ils sont arrêtés. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1898  -  Plaisirs olfactifs.   -   Un ukase municipal avait ordonné que le curage de la rivière traversant Bayeux aurait lieu du 12 au 17 septembre, sans souci de la température exceptionnelle que nous subissons. Aussi, cette opération, toujours dangereuse, a-t-elle été plus particulièrement pénible et désagréable cette année, non seulement pour la population, mais encore pour les nombreux étrangers que la belle saison lui amène. 

Les touristes se bouchaient le nez à l'envi en passant dans certaines rues où séchaient au soleil les vases extraites de la rivière. Certains quartiers ne fleuraient pas la rose, et les curés, venus à la retraite ecclésiastique, ont dû remporter autant de microbes que de bénédictions. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1898  -  Animaux tués par la foudre.   -  On peut évaluer à une trentaine le nombre des bestiaux tués par la foudre dans les champs du Calvados pendant les derniers orages. L'arrondissement de Bayeux est le plus atteint. Presque tous ces animaux étaient assurés. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Octobre 1898  -  Amoureux de sa belle mère.   -  Il est quelquefois dangereux de prendre une femme plus jeune que soi. Jean Savary, journalier à Bayeux, en sait quelque chose. 

Notre Jean a 53 ans aujourd’hui. En 1892, il n'en avait que 48, il est vrai, mais il eut le tort de prendre pour épouse une veuve Amanda qui n'avait alors que 22 ans. Savary était veuf aussi et avait un fils à peu près de l'âge de la veuve Amanda. Jusqu'au retour du fils, revenant d'un régiment d'Afrique, le ménage fut asssi uni, mais le fils à papa ayant fait la cour à sa belle-mère, celle-ci l'écouta si bien qu'à différentes reprises le pauvre Jean trouva les deux tourtereaux dans son lit. 

Chaque jour, le fils faisait des scènes de jalousie à son père et le maltraitait. Enfin, le mari quitta le domicile conjugal et fit, dans une auberge de St-Vigor, pincer son fils et sa femme en flagrant délit d'adultère. La femme Savary est enceinte, et, à l'audience, on disait que c'était pour le fils de son mari. Malgré cette circonstance aggravante, ils n'ont été condamnés qu'à quinze jours d'emprisonnement chacun. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Octobre 1898  -  A propos de « L’Affaire ».   -  Léon Dangoumaux, tailleur au Havre, se rendait à Port pour ramener son fils qui avait passé ses vacances chez des parents. Dimanche soir, en traversant Bayeux, Dangoumaux fit la rencontre d’un copain. On entra au café. On parla d'abord métier, puis de l'affaire Dreyfus. 

Les deux tailleurs n'étant pas du même avis, la discussion était des plus vives lorsqu'ils sortirent du café, Dangoumaux s'en allait de son coté, lorsque son compagnon, revenant sur ses pas, lui tira un coup de revolver dont la balle traversa la joue et cassa deux dents au pauvre Dangoumaux, qui en sera quitte pour manger de la bouillie pendant quelques jours. 

L'auteur de cet acte inqualifiable n'a pas été arrêté sur le champ. Il se cache, mais, étant connu, on ne tardera pas à le pincer.  (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Octobre 1898  -  Arrestation.   -   Nous avons dit dans notre dernier numéro que Victor Havard, 36 ans, ouvrier tailleur, venant de Bayeux, avait été admis a l'hôtel-Dieu de Caen pour être soigné d'une blessure qu'il s'était fuite à la main en nettoyant un revolver. Nous ajoutions qu'il pourrait bien être l'auteur du coup de revolver tiré sur le sieur Léon Dangoumaux, tailleur au Havre, de passage à Bayeux, par un buveur de rencontre, à la suite d'une discussion au sujet de l'affaire Dreyfus. Nous n'avions pas tort, car Havard, qui est complètement guéri, a quitté l'hôtel-Dieu et a été écroué à la maison d'arrêt, sous la prévention de tentative de meurtre sur le sieur Léon Dangoumaux.  (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Novembre 1898  -  Laïcisation.   -   C'est en vertu d'un arrêté ministériel du mois de septembre que toutes les écoles communales en faveur desquelles il n'y a pas de fondations ont été laïcisées à partir du 1er novembre. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Novembre 1898  -  Le coup des vices rédhibitoires.  -  Un cultivateur était venu a Bayeux à la foire Toussaint. Il était sur le champ de foire avec un cheval à vendre, lorsque deux individus s'approchèrent et lui offrirent d'acheter son cheval. 

Après quelques pourparlers, le marché fut conclu. Vendeur et acheteurs se dirigèrent du côté de la gare où le cheval devait être immédiatement embarqué. Lorsque le cheval fut installé dans le wagon, l'un des acheteurs, dit au cultivateur : « Je ne vais pas vous payer aujourd'hui, je vous enverrai de l'argent dans neuf jours, car d'ici là, je verrai bien si votre cheval a des vices rédhibitoires ». 

Certain d'avoir affaire à des fripons, le pauvre cultivateur est allé raconter son affaire à la gendarmerie. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Décembre 1898  -  Le nouvel Évêque de Bayeux.  -   Mgr Amélie, évoque de Bayeux et Lisieux, sera sacré dans la cathédrale d'Évreux le mercredi 25 janvier prochain. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Décembre 1898  -  Recensement.  -  Les propriétaires de chevaux, juments, mulets et mules et de voitures attelées, devront, sous peine de poursuites, se présenter à la mairie, avant le 1er janvier, pour en faire la déclaration. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Décembre 1898  -  Pendu….. et dépendu.  -  Eugène Sabine, un des « soleils » habitués du pont, à Bayeux, s'est pendu au domicile de ses parents, rue St-Jean. C'est sa mère qui, en rentrant, l'a découvert dans l'allée de son habitation. 

Elle appela au secours, la corde fut coupée et Sabine put être rappelé à la vie. Ne trouvant pas sa dépendaison à son goût, Sabine essaya de recommencer, mais on parvint à l'empêcher. Sabine devait passer ces jours derniers en correctionnelle pour violences exercées sur une femme. Il paraîtrait que c'est là ce qui l'aurait décidé à prendre cette  détermination.  (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Janvier 1899  -  Les enfants martyrs  -  La femme Dauge, âgée de 31 ans, demeurant à Bayeux, rue Saint-Jean, accouchait fin août 1898 d'un garçon  bien constitué. Il fut confié provisoirement à une voisine qui le remit en parfait état à sa mère. Depuis, le pauvre petit ne fit que dépérir et, deux mois après, il mourait. Une enquête eut lieu, et il fut établi que la femme Dauge, qui s'enivre tous les jours, avait laissé mourir son enfant de faim et de misère. Cette femme a eu cinq enfants, un seul est vivant. Quand on a arrêté cette femme, elle était ivre et avait vendu une tourte de pain pour boire. Elle a été condamnée à 2 ans.

— Dans la commune des Oubeaux, près Isigny, habite le couple Jugan, journaliers, qui a trois enfants, dont un petit gamin de 11 ans venu avant le mariage. Ses parents le maltraitent avec la dernière cruauté en le frappant avec un bâton. A cette saison de l'année, il couche dans un grenier ouvert à tous les vents. Sa petite sœur de 6 ans est également très maltraitée par ses parents, qui n'ont de tendresse que pour leur dernier enfant, un jeune garçon de 2 ans.

— Toujours dans l'arrondissement de Bayeux, à Aignerville, canton de Trévières, un nommé Eugène Lemarchand a épousé une femme ayant deux petits enfants. Il ne travaille pas et veut que sa femme le nourrisse. Il envoie les enfants mendier et quand ils ne lui rapportent pas grasse recette, il les bat. La semaine dernière, la petite de 8 ans ne pouvant pas fermer une porte, il la fit coucher à côté de son frère et, armé d'un bâton, il frappa à coups redoublés sur les deux pauvres créatures. Procès-verbal a été dressé. (Source  : Le Bonhomme Normand)   

 

Janvier 1899  -  Sacre.  -   Mgr Amette, le nouvel évêque de Bayeux, sera sacré le 25 janvier dans la cathédrale d'Évreux. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Avril 1899  -  Les débits de boissons.  -   Une loi est proposée au Sénat pour que les débits de boissons à consommer sur place soient réduits à un par 300 habitants. 

En ce moment, il y a en France un débit par 85 habitants. L'écart est grand. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Avril 1899  -  Concours retardé.  -   Par crainte de la propagation de la fièvre aphteuse qui règne dans certaines localités de la contrée, le concours de taureaux, vaches, génisses et veaux d’un an qui devait  avoir lieu à Bayeux le mardi 25 avril, n’aura pas lieu.  Une nouvelle date sera fixée ultérieurement.  (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Avril 1899  -  Vélocipèdes.  -   On sait que la taxe sur les vélocipèdes, depuis le 1er janvier, est la suivante : vélocipèdes à une place, 6 fr. ; à 2 places, 12 fr. ; à 3 places, 18 fr., etc…. Les machines à moteur sont taxées au double.

— A partir du 1er mai 1899, tout vélocipède ou machine à moteur devra porter une plaque de contrôle. Cette plaque sera délivrée gratuitement par le percepteur sur le vu de l’avertissement et contre le payement des douzièmes échus de la taxe.  (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Avril 1899  -  Pendu qui vit encore.  -   Camille Victoire, dit Tailpied, 15 ans, domestique, détenu à la prison de Bayeux, s'est pendu, avec un bout de corde, à un barreau d'une fenêtre. On est arrivé à temps pour le sauver. Victoire avait été condamné, en février dernier, à quinze jours de prison pour escroquerie de 5 francs à la dame Geffine, à Juaye Mondaye.

A la suite de nouveaux vols commis par Victoire, le tribunal l'avait condamné samedi dernier à être enfermé dans une maison de correction. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Juin 1899  -  On dit….   -   On dit que Mgr de Bayeux a envoyé aux membres du clergé de son diocèse une lettre confidentielle leur enjoignant de ne pas rentrer trop tard en leur presbytère. Cette invitation vise certainement celles que l'on pourrait leur faire d'assister à des repas de corps et autres.

Ces divagations nocturnes ont, il est vrai, de nombreux inconvénients. Dernièrement, une sainte famille célébrait ses noces d'argent, La veille, il y eut un grand dîner, auquel assistèrent le curé et les vicaires de la paroisse, l'une des plus importantes du diocèse.

Or, comme ce repas familial avait lieu pendant la quinzaine de Pâques, les pénitentes venues le soir à l'église, pour obtenir l'absolution, trouvèrent visage de bois à tous les confessionnaux et furent obligées de renvoyer à plus tard leur communion pascale, à moins qu'elles ne se soient, adressées au quatrième vicaire adjoint, non invité à ce repas de « noces ».

L'histoire est parvenue à l'oreille du nouvel évêque, Mgr Amette prit alors sa bonne plume pastorale et rédigea la lettre abstinence en question, qui dû faire faire la grimace à tous les prêtres bonnes fourchettes du diocèse. (Source  : Le Bonhomme Normand)   

 

Juin 1899  -  Les pommes.   -   La pluie et le froid glacial de la quinzaine dernière ont été préjudiciables à la deuxième floraison. On craint pour la dernière. Aussi les prix ont-ils augmenté. On a cependant traité des premières pommes à 1 fr. 75 et 2 fr. la barattée, livrables fin octobre. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Juin 1899  -  Tramways.   -    Aux lignes de Grandcamp-les-Bains à la Mine de Littry, de Courseulles à Arromanches et à Bayeux, de Caen à Falaise, et de Port à Bayeux, déclarées depuis deux ans d'utilité publique, il faut ajouter deux nouvelles lignes entre la Mine de Littry et Balleroy et entre Bayeux et la gare de la Besace, par Caumont.

Si ces deux lignes sont aussi longues à construire que les autres, les voyageurs ont le temps d’aller à pied.

Enfin, on dit que le service des tramways de Bayeux à Port-en-Bessin et de Bayeux à Courseulles et Arromanches commencera le 1er juillet. Sous réserves, car le public a été tant de fois déçu. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Juillet 1899  -  Enfants abandonnés.   -  Dimanche, on a trouvé, avant la messe de 5 heures du matin, à la porte de la cathédrale de Bayeux, trois enfants en bas âge, qui ont été conduits à l'hospice. L'aîné, qui est âgé de 5 ans environ, a déclaré se nommer Charles Fouquet, quant aux deux autres enfants, l'un est une fille de 2 ans et l'autre un garçon d'environ 2 mois. 

D'après les déclarations du petit Charles, ces enfants auraient une tante à Crouay, et c'est leur mère qui les aurait emmenés à Bayeux pour les conduire ensuite à Caen. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Juillet 1899  -  Ignoble vieillard.  -  Le nommé Bouland, 74 ans, propriétaire, rue St-Loup, à Bayeux, a été arrêté pour actes immoraux qu'il faisait commettre par une enfant de six ans. Cet immonde personnage a voulu se suicider en se précipitant dans la rivière, mais on l'a repêché aussitôt. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Juillet 1899  -  Ce que l’on gagne a être ministre.  -  Les ministres reçoivent 60 000 fr. par an, ou 5 000 fr. par mois. Quand le mois n'est pas complet, on verse à chaque ministre autant de trentièmes de mois qu'il est resté de jours au pouvoir. M. Lebret a donc touché en chiffres ronds 37 000 fr. comme traitement ministériel, desquels il faut déduire son indemnité législative qu’il n'a pas touchée pendant son passage au ministère. Ce n'est pas trop payé pour les injures qu'on y récolte. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Juillet 1899  -  Récompenses au dévouement.  -  Médaille de bronze : M. Victor Vastel, boucher à Isigny : a sauvé un enfant qui se noyait et maîtrisé un cheval emporté. 

—   Mentions honorables : MM. Octave Perrotte, employé de commerce à Bayeux : a maîtrisé des chevaux emportés ; Auguste Le Rochais, employé de commerce à Lisieux ; a sauvé une jeune fille qui se noyait. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Juillet 1899  -  Tristes sires.   -  La police de Bayeux a arrêté le nommé Lehec, 19 ans, journalier, né à Longueville, sous l'inculpation d'actes contre nature commis par lui avec un nommé Biraben, actuellement en prison. Ces sales individus avaient été surpris, à Bayeux, le mois dernier, dans un fossé, aux abords de la gare de l'Ouest. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Juillet 1899  -  A éclaircir.   -  La semaine dernière, à la suite d'une violente discussion avec sa femme, au sujet d'une montre qu'elle avait trouvée, le nommé Charles Frérot, 48 ans, journalier à Bayeux, qui était malade, se trouva plus mal et mourut presque subitement.

Son frère Alexandre étant intervenu au cours de la querelle, la rumeur publique l'accusa d'avoir porté à son frère un coup de pied dans le ventre, qui aurait pu déterminer la mort.

Le parquet a fait procéder à l'autopsie du corps de Frérot. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Juillet 1899  -  Tramways.   -  Dimanche 30 juillet, inauguration officielle des tramways de Bayeux à Port-en-Bessin, à Arromanches et à Courseulles, par M. Bret, préfet du Calvados. Iront-ils mieux après cela ? (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Août 1899  -  On ne roule pas.   -  Nos confrères de Bayeux parlent avec enthousiasme de l'inauguration de leur tramway. 

Ce qu'ils ne disent pas, c'est qu'au moment du départ le train officiel a patiné sur place pendant vingt minutes. Il y avait quelque chose de détraqué dans la machine. On y a remédié et le train est enfin parti. Mais il s'essoufflait facilement et il a fallu s'arrêter en route pour permettre à la machine d'aller faire de l'eau. 

On dit que c'est le personnel surtout qui est défectueux, et que les employés connaissent imparfaitement ce qu'ils ont à faire. 

Cette inauguration n'a pas été drôle pour tout le monde, car cent personnes au moins, qui stationnaient à la gare d'Arromanches pour se taire ramener à Bayeux par le train de 8 heures 29, n'ont pas appris sans colère que ce train n'aurait pas lieu. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Août 1899  -  C’est se fiche du monde.   -   Dimanche, le tramway qui doit partir de Bayeux à midi pour Port est parti avec 20 minutes de retard. 

Comme compensation, le soir, il est parti de Port 10 minutes avant l'heure, laissant en panne un grand nombre de promeneurs. 

Qu'en pense l'administration préfectorale ? (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Août 1899  -  Éclairage des automobiles.   -   Un décret vient de réglementer l'éclairage des automobiles. Elles devront porter un feu blanc à l'avant et un feu rouge à l'arrière. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1899  -  Grave accident.   -   Un chariot lourdement chargé passait dans la rue Bourbesneur, à Bayeux, quand un cabriolet venant en sens inverse, que conduisait le sieur Auguste Binet, propriétaire à la Cambe, accompagné de sa femme, de la dame et de la demoiselle Droulon, s'engagea dans cette rue très étroite. 

Un choc se produisit. La roue du cabriolet monta sur le moyeu d'une des roues du chariot, la voiture versa et le cheval s'abattit. La capote fut lancée sur un mur et retomba emprisonnant le sieur Binet, qui se trouva serré à la gorge. Relevé évanoui avec deux graves blessures à tête, le sieur Binet fut transporté dans une maison voisine, où il reçut les premiers soins, puis à l'hotel-Dieu. Ses jours sont en danger. 

Les dames Binet et Droulon et la fillette n'ont pas été blessées. Au dire de plusieurs témoins de l'accident, le conducteur du chariot, le sieur Gardin, tenait, comme il le devait, la droite de la rue. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1899   -   Vol important de dentelles.   -   De hardis malfaiteurs, malheureusement encore inconnus, ont volé au sieur Bazire, marchand de blancs à Bayeux, des dentelles de Valenciennes estimées 6 000 fr. et les plus belles qu'il existe. 

C'est en voulant ouvrir la boite où elles étaient sous clef, que le sieur Bazire s'est aperçu qu'on en avait cassé le cadenas et a découvert le vol dont il est victime. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1899   -   La dentelle.   -   Comme nous l'avons annoncé, M. Fernand Engerand a fait, à Bayeux, une conférence sur la dentelle et sur les moyens de provoquer une reprise de cette industrie. 

Tous les journaux sont unanimes pour reconnaître que notre concitoyen a traité cette question avec beaucoup d'esprit et d'à-propos. M. Fernand Engerand à la parole claire et persuasive de son père. Aussi a-t-il été écouté avec beaucoup de plaisir et d'attention. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1899  -  A surveiller.   -   L'un de nos confrères de Bayeux signale une bande de marchandes de toile peu recommandable qui a exploité Bayeux et les environs. 

L'une de ces femmes se présentait dans les maisons comme mourant de faim, et si on ne lui achetait rien, elle devenait acariâtre, reprochait aux clients de manquer de cœur et les menaçait en leur disant : « Vous vous rappellerez de moi, souvenez-vous de ce que je vous dis, il vous arrivera malheur, etc... » Ces femmes se disposent sans doute à exploiter notre région. Les autorités feront bien de les surveiller.  (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1899  -  Un découragé.   -   Nous avons dit dans notre dernier numéro que M. Chouquard, 42 ans, voyageur en dentelles, s'était pendu dans la cuisine de son domicile, rue Bourbesneur, à Bayeux. Le bruit a couru que ce malheureux s'était tué parce qu'il ne pouvait pas faire face à ses affaires. Et Chouquard était atteint depuis plusieurs années d'une maladie dont il se montrait très affecté, il craignait de ne pouvoir continuer d'exercer sa profession, et semblait parfois très découragé. 

Il avait cependant paru se décider à suivre un traitement, et revenait de Paris d'où il venait d'obtenir de sa maison un congé pour se soigner. C'est donc dans un moment de découragement qu'il s'est suicidé. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1899  -  Mordu par un cheval.   -   Le sieur Tanquerel, 20 ans, journalier à Bayeux, a été mordu cruellement à la main par un cheval qu'il attelait. Il a une partie des chairs enlevée et deux doigts de la main droite broyés. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1899  -  Le temps.   -   Depuis samedi nous sommes en automne. Après les grandes chaleurs, le frais, presque froid.

Dans l'Isère, il est tombé une légère couche de neige bientôt disparue sous l'action du soleil.

L'hiver ne sera cependant pas dur, si on s'en rapporte à ce fait que les oignons n'ont qu’une légère pelure qui s'enlève d'elle-même. Les oignons sont peu velus, donc pas besoin de se couvrir. Voilà pourtant comme se font les prédictions.

— Dans la nuit de samedi, le vent a soufflé en tempête sur le Havre. Un bateau a coulé, deux hommes ont été noyés, dont un chef de manœuvre à bord de la grande drague des ponts et chaussées, M. Barassin, marié, père de plusieurs enfants. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1899  -  Mort des suites d’un accident.   -   Nous avons dit dans notre avant dernier numéro que le sieur Léon Bazire, 45 ans, employé à la gare de Bayeux, avait eu un bras broyé entre deux wagons. L'amputation fut pratiquée et réussit, mais la gangrène s'étant déclarée, puis le tétanos, le malheureux Bazire a succombé, à l'hospice, aux suites de sa blessure. Il laisse une veuve et une fille de 10 ans. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Octobre 1899   -   Plus de peur que de mal.   -   Des réparations sont exécutées, en ce moment, aux fondations de la tour nord, à la cathédrale de Bayeux, et un trou profond de 6 mètres a été creusé tout auprès de la porte. 

Or, la dame Desnoyers, 81 ans, propriétaire à Bayeux, entrait le soir dans l'église par cette porte que les ouvriers avaient omis de barricader, lorsque, trompée par l'obscurité, elle tomba dans le trou, heureusement à moitié rempli d'eau. A ses cris, des personnes accoururent la retirer de sa fâcheuse position. 

La dame Desnoyers en a été quitte pour de légères égratignures aux jambes. (source le Bonhomme Normand)  

 

Novembre 1899   -   Victimes du travail.   -  Le sieur Adolphe Lair, 50 ans, journalier à, Villy-Bocage, chargeait une voiture de chaux au four du sieur Madelaine, à Monts, près Villers, lorsqu'en passant sur un madrier, pour effectuer son travail, il est tombé d'une hauteur de 1 mètre 80. Relevé sans connaissance, le malheureux, qui dans sa chute s'était rompu la colonne vertébrale, a été transporté à la cantine du four à chaux où il est mort le lendemain. Lair laisse trois enfants ; il était veuf. 

— Le sieur Alfred Lemaitre, 30 ans environ, ouvrier maçon à Saint-Pierre-sur-Dives, est tombé du deuxième étage d'une maison où il travaillait, commune de Vaudeloges. On l'a relevé dans un état très grave. 

— Le sieur Victor Pagnant, 26 ans, serrurier chez son père, habitant rue St-Jean, à Bayeux, travaillait à une machine à percer, il a eu un doigt de la main droite écrasé. Il a été amputé. (source, le Bonhomme Normand)  

 

Novembre 1899   -   Froc aux orties.   -  Le Journal de Caen annonce qu'une Sœur de la Providence de Rouen aurait quitté l'école de la Poterie, à Bayeux, en compagnie d'un personnage qui, comme elle, aurait jeté, avant de partir, son froc aux orties. (source, le Bonhomme Normand)  

 

Novembre 1899   -   C’est a dégoûter d’être honnête.   -   L'autre jour, le commissaire de police de Bayeux, liquidant un stock d'objets trouvés, convoquait à son bureau les personnes qui les y avaient déposés et tirait de chacune d'elles un reçu.

Mais voilà que le fisc a mis son nez curieux dans les susdits reçus et qu'il a réclamé 62 fr. d'amende pour défaut de timbre mobile, non au commissaire qui pourtant se libérait, mais, chose incroyable, aux signataires. Tellement que pour avoir été honnêtes, ceux-ci, — l'administration fédérât-elle ses exigences. — en seront pour 5 fr. 60.

Un célèbre assassin a dit jadis : N’avouez jamais. En présence des exigences du fisc, nous disons à nos lecteurs : Ne signez jamais. (source, le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1899   -   Le doublement des voies de la ligne de Caen à Cherbourg.   -   La seconde voie sur la ligne de Cherbourg sera livrée à l'exploitation le 1er mars 1899, de Montebourg à Sottevast, le 1er avril suivant, de Bayeux à Lison et le 1er juillet de Caen à Bayeux. À partir de cette dernière date, le service de Caen à Bayeux et de Montebourg à Cherbourg pourra être assuré sur double voie, sauf dans la traversée du marais de Carentan, entre Lison et Montebourg. -   La seconde voie sur la ligne de Cherbourg sera livrée à l'exploitation le 1er mars 1899, de Montebourg à Sottevast, le 1er avril suivant, de Bayeux à Lison et le 1er juillet de Caen à Bayeux. À partir de cette dernière date, le service de Caen à Bayeux et de Montebourg à Cherbourg pourra être assuré sur double voie, sauf dans la traversée du marais de Carentan, entre Lison et Montebourg.  

 

Décembre 1899   -   Jambes cassées.   -   Le sieur Gustave Poisson, 23 ans, commis-épicier à Bayeux, arrivait à cheval devant la porte de son patron, quand l'animal, glissant sur le pavé manqua des quatre pieds et tomba lourdement, entraînant sous lui le jeune employé. Ce dernier eut une jambe cassée! !

Le sieur Bisson, facteur rural à Falaise, est tombé de bicyclette en sortant de la gare et s'est brisé une jambe. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1899   -   Un cheval dans une pharmacie.  -  Le cheval du sieur Laville, boulanger à Bayeux, stationnait dans la rue Alain-Chartier, attelé à une carriole. Pris d'une peur  subite, il est parti à fond de train, sans conducteur, et est allé se jeter dans la devanture de la pharmacie située à l'angle des rues Saint-Malo et des Terres.

Entrant dans la porte du magasin, il l'a défoncée et a brisé glaces et bocaux. Les dégâts sont évalués à 800 francs. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Décembre 1899   -   Les premières victimes du froid.  -   Lundi matin, on a trouvé, au haut de la côte de Fresne, au pied d'un mulon, le cadavre du nommé Castel, journalier à Arromanches. Cet individu, qui était paresseux et ivrogne, est mort de froid et de misère.

Dimanche, à Bayeux, la veuve Martin, 63 ans, journalière, est tombée, en faisant ses provisions, frappée d'une congestion causée par le froid, à laquelle elle a succombé. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1899   -   Pauvres parents.  -    Il y a une quinzaine de jours environ, la petite Louise Grente, 15 mois, demeurant rue du Louvre, à Bayeux, était tombée sur une plaque de tôle toute brûlante, chez son père, qui est boulanger dans cette rue. Elle est décédée dimanche des suites de ses blessures. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Décembre 1899   -   Distinction honorifique.  -  M Félix Jeanne, secrétaire de la mairie de Bayeux, est nommé officier d'académie. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Janvier 1900   -   Enfant abandonnée.  -  Une enfant de quatre semaines, enveloppée dans des langes trempées par la pluie, a été trouvée, mardi matin, à la porte de la cathédrale de Bayeux. 

La pauvre petite fut portée à l'hospice où l'on apprit qu'une femme s'était présentée, la veille, demandant à y placer son enfant. C'était la fille Marie Lecoq, 27 ans, domestique, vivant depuis un an en état de vagabondage. C'est la misère qui l'a décidée à commettre cet abandon. Elle a été arrêtée. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1900   -   Ce qu'il en coûte d'avoir des enfants.      Une fille Marie Legrand, 28 ans, née à St-Georges-Montcocq (Manche), venant de Bayeux, avait été prise des douleurs de l'enfantement à Caen et avait été admise à l'hôtel-Dieu.

Le 20 décembre, elle quittait l'hôpital et reprit la route de Bayeux où elle vécut de mendicité. Le 8 janvier, elle se présentait à l'hôpital de cette ville pour y faire admettre son enfant. On lui répondit que c'était impossible.

Le lendemain, au petit jour, le custos de la cathédrale trouvait, devant l'évêché, une petite fille de trois à quatre semaines dont les langes étaient trempés par la pluie. Cette enfant était celle de Marie Legrand, depuis longtemps sans domicile. Le tribunal de Bayeux l'a condamnée à trois mois de prison.  (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Février 1900   -   Scandale.     Samedi matin, vers 7 heures 1/2, devait avoir lieu, à Bayeux, l'enterrement de la dame veuve Navet, journalière, rue Saint-Jean.

Le clergé arriva à l'heure précise, mais aucun porteur ne se présente, c'était un enterrement de pauvre. Les assistants durent patienter une demi-heure par un froid très vif en attendant l'arrivée des porteurs. De semblables incidents ne devraient jamais se produire. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Février 1900   -   Disparition d’un facteur.  -   Le sieur Richard Le Révérend, facteur rural à Bayeux, parti lundi matin pour faire sa tournée habituelle, n'a pas reparu. 

Il s'est présenté au château d'Etréham et y a remis le courrier, depuis ce moment, on a perdu sa trace. Le Révérend avait l'habitude de traverser la rivière sur une passerelle faite de deux planches vermoulues. On a constaté qu'une d'elles était rompue, on suppose qu'elle s'est brisée sous le poids du facteur et que celui-ci, tombé dans l'eau, s'est noyé.  (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Mars 1900   -   Broyés.  -  Le sieur Léon Brichard, 35 ans, ouvrier apprêteur chez le sieur Paris, à Condé-sur-Noireau, chargeait une pièce de tissu sur son dos, l'étoffe s'étant accrochée au volant actionnant la roue sur laquelle se trouve la courroie de transmission, le malheureux a eu la tête projetée contre le volant qui a une vitesse de 1 000 tours à la minute.

Le crâne fut fendu jusqu'à la racine du nez et Brichard expira sous les yeux de son jeune frère, seul témoin de l'accident.

Brichard était un ouvrier modèle, au service du sieur Paris depuis 23 ans. Il était marié et n'avait pas d'enfants.

— Dimanche soir, le sieur Victor Pellerin, 36 ans, journalier à Bayeux, employé à la minoterie Chaumard, s'approcha trop près de l'arbre de couche en mouvement, une courroie le saisit et il fut emporté avec une vitesse vertigineuse. Son corps en passant sur le cylindre, qui a été brisé, a fait arrêter la machine et a produit un violent choc.

Au bruit, le surveillant descendit précipitamment dans le moulin, Pellerin était broyé et son corps comme ficelé par les courroies. La mort a été instantanée.

On ne sait comment l'accident s'est produit. Pellerin, paraît-il, n'avait nullement besoin dans le moulin. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1900   -   Accident à la gare de bayeux.  -  Le sieur Jean L'Haridon, 26 ans, homme d'équipe, accompagnait une « rame » de wagons chargés qui descendaient le long de la voie des tramways.

Après avoir abattu le frein à main d'un des wagons, L'Haridon posa la main droite sur la tige de l'un des tampons, quand le tamponnement se produisit, le tampon, rentrant brusquement dans son « boisseau », serra la main de l'homme d'équipe, qui fut grièvement blessé : le pouce est complètement écrasé, on pense que l'amputation sera nécessaire.  (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Avril 1900 - La consommation du lait à Paris. - Chaque matin, vers 3 heures, arrivent à Paris les « trains de lait » avec 3 ou 4 wagons venant des départements limitrophes, contenant 690 000 litres de lait que Paris absorbe chaque jour, sans compter l'eau que les laitiers y ajoutent. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1900 - Absence regrettable. - Mgr l'évêque n'assistait pas aux obsèques de l'abbé Planquette, curé de Saint-Patrice de Bayeux. Sa Grandeur était, dit-on, à bénir une chapelle dans un château de son diocèse. Cette absence a produit un mauvais effet.

Si la bénédiction de la chapelle ne pouvait être remise, on pouvait certainement retarder d'un jour l'inhumation du regretté curé de Saint-Patrice.(Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1900  -  Assassinat.  -  La veuve Anfry, 68 ans, habitait seule à Bayeux, hameau de Cremel, une maison lui appartenant, située sur le bord de la route de Bayeux à Tilly-sur-Seulles et d'assez belle apparence. Dimanche matin, ses voisins, surpris de voir les volets clos, pénétrèrent dans la maison. La porte, d'ailleurs, était entre-bâillée. Ils ne remarquèrent d'abord rien d'anormal, mais, en entrant dans la buanderie, ils aperçurent la dame Antry étendue sur le sol, baignant dans une mare de sang et sans vie. La pauvre femme portait à la nuque une blessure déterminée par une balle de revolver.

Rien n'ayant été dérangé dans la maison de la dame Anfry, ou se demande dans quel bût le crime a été commis. La veuve Anfry était la femme d'un ancien chef de section du chemin de fer de l'Ouest. Elle était souvent volée et avait le pressentiment qu'elle serait assassinée, car, la veille du crime, elle avait demandé à un employé du chemin de fer de venir passer la nuit près d'elle.

Souffrant, il n'avait pas pu s'y rendre. L'assassin ne doit pas être loin : surpris et reconnu par la veuve Anfry, il l'aura tuée pour ne pas être dénoncé. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1900   -   Sage opposition.  -  La présence d'une sage opposition dans le conseil municipal de Bayeux porte ses fruits. Pour la première fois, les enfants des écoles laïques et congréganistes ont été conviés indistinctement aux joies gratuites du 14 juillet.

Stricte justice, d'ailleurs, les impôts qui soldent les fêtes étant payés par les parents des uns et des autres. Cette concession ne serait-elle point, de la part de quelques-uns, le paiement de certains suffrages inexplicables, sinon inespérés ?

Beaucoup d'entrain au bal populaire, ouvert par le second adjoint et auquel le sous-préfet a concouru par ses talents chorégraphiques. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1900   -   La chaleur.  -   La chaleur accablante que nous avons eue lundi et qui s'est élevée à 35° degrés à l'ombre s'est fait sentir partout ; à Paris et en Angleterre, il y a eu des cas d'insolation mortels.

Par place, il y a eu des orages ; à Rouen, la foudre est tombée dans un café et a traversé la salle sans faire de dégâts. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Juillet 1900   -   Baguette mal tombée.  -   Samedi soir à Bayeux, pendant le tir du feu d'artifice sur la place du Château, une baguette de fusée enflammée est tombée si malheureusement sur le sieur Lavolo, typographe, qu’elle l'a coupé au nez, et lui a fendu, la lèvre. Les plaies ont été recousues aussitôt, et l’accident n'aura pas de suites. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Juillet 1900   -   Victimes de la chaleur.  -  Le sieur Jean Quoidbach, 42 ans, journallier à Lisieux, déchargeait des wagons à la gare, quand il est tombé tout à coup frappé d’insolation. Transporté à l'hôpital, le malheureux y est mort Sans avoir repris connaissance.

— On a trouvé mort dans un champ, à St Martin-de-Fontenay, près Caen, un ouvrier qui avait été loué à Caen pour relever de l'avoine. Le malheureux avait succombé à une congestion déterminée par une insolation.

— La dame Verrier, née Clotilde Fieffey, 43 ans, journalière à Soignolles, près Bretteville-sur-Laize, travaillant à la moisson, s’est trouvée subitement indisposée par la chaleur et s'affaissa, sur le sol. Transportée chez elle, cette femme est morte le lendemain, elle laisse deux enfants.

— Le sieur Lecomte, 59 ans, couvreur à  Bayeux, qui partait, le matin, pour son travail, portant une échelle, est mort subitement, sur le boulevard Sadi-Carnot,   d'une congestion.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1900   -   Vilaine farce.  -  Dimanche la nuit, à Bayeux, de mauvais, plaisants ont escaladé la clôture du jardin appartenant au sieur Lesieur, et dans lequel se trouve un petit pavillon habité par la dame veuve Mériel, appartenant a une famille de luthiers bien connue à Caen, puis ils se sont mis à frapper à coups redoublés sur le pavillon, au grand effroi de la dame Mèriel, très âgée et malade depuis quelque temps.

Elle a eu, néanmoins, la présence d'esprit de se servir d'une corne d’appel dont le son a mis les tapageurs en fuite. Depuis, cette pauvre dame est restée malade. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1900 - Mort d'un retraité, à Bayeux : M. Félix Godillot, 80 ans, était l'inventeur et le fabricant des chaussures militaire qui porte son nom.

 

Août 1900   -   Récompenses honorifique.  -  La médaille d'honneur des eaux et forets a été décernée au sieur Constant Louvel, brigadier domanial au cantonnement de Bayeux. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Septembre 1900   -   Escroquerie d’un sacristain. -  Au mois de juillet, nous signalions les escroqueries commises par un individu employé dans une église de Bayeux. Les plus grosses sommes escroquées par ce voleur, un sacristain, furent rendues, mais les petites sommes, soustraites en majorant les factures d'inhumation et autres, n'ont pas été remboursées.

Une enquête a  lieu, mais le voleur, qu'on aurait dû arrêter lors de la première plainte, a disparu. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1900   -   Retards ennuyeux.  -  Jeudi soir, vers sept heures, en gare de Bayeux, trois wagons de marchandises ont déraillé pendant une manœuvre. Deux se sont brisés et ont encombré les voies. Il n'y a pas eu d'accident, mais simplement des retards de trois à quatre heures. A un moment donné, il y a eu sept trains en détresse dans la gare, plus une machine de secours. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Septembre 1900   -   Attaque à main armée.  -  Le sieur Cliquet, ancien commis des hypothèques, demeurant à Bayeux, se promenait tranquillement le soir, vers 7 heures 1/2, quand, au Pont-Trubert, il fut accosté par un individu, qui, sans aucune provocation, lui porta plusieurs coups de fourreau d'une canne-épée.

Cliquet appela au secours. Le sieur Auguste Fontaine, gardien d'herbages, étant accouru, l'agresseur prit la fuite dans, la direction de Bayeux où il fut arrêté par le receveur d'octroi qui le relâcha après l'avoir reconnu. C'est un ouvrier couvreur, demeurant à Saint-Vigor-le-Grand.

Le lendemain, la lame de la canne à épée a été retrouvée sur la route. Le sieur Cliquet, en se défendant, avait pu s'emparer du fourreau de l'arme. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1900   -   Quitte pour une émotion.  -  Plusieurs maçons travaillaient à la construction d'un calorifère et d'une sacristie à la cathédrale de Bayeux, lorsqu'un bloc de terre et de vieilles pierres de 4 à 5 000 kilos, qu'on n'avait pas suffisamment étayé, a failli s'abattre sur l'un des ouvriers, le sieur Henri Françoise dit Radiguet, demeurant à Bayeux.

Heureusement le bloc a été arrêté par une pièce de bois. Henri Françoise en a été quitte pour quelques contusions sans gravité et une émotion facile à comprendre. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1900   -   La consigne est de ronfler.  -   Bayeux est la ville la plus morte du Calvados. Le samedi, jour de marché, elle donnait seulement signe de vie. 

Le maire vient de la condamner à une léthargie éternelle. Dans un arrêté qui restera célèbre, M. Lamy interdit aux colporteurs de crier, le samedi, leur marchandise dans les rues. Plus d'hérengs frais ! plus d'biâs balais ! plus d'choux poumés ! 

Mais pourquoi plutôt le samedi que les autres jours ? Demandez-le à l'ami de Morphée, le dieu du sommeil. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1900   -   Deux écrasés.  -  On a trouvé, lundi matin, sur la voie, au passage à niveau de la gare de Bayeux, le sieur Louis Bazire, 51 ans, veilleur de nuit, qui avait été broyé parle train de marchandises venant de Caen et arrivant à Bayeux à 4 heures 35.

Le malheureux était étendu à plat ventre, il avait le bras gauche entièrement arraché, et la tête complètement détachée du tronc. On suppose que Bazire, en voulant traverser la voie pour ramasser une sacoche de vélocipédiste, aura fait un faux pas et aura été surpris par le train en manœuvre. L'infortuné, qui était veuf, était depuis vingt et un ans au service de la Compagnie et allait prochainement être admis à la retraite.

— La dame veuve Rioult, née Zoé Marteau, 78 ans, demeurant à St-Jacques de Lisieux, traversait la voie, au passage à niveau de Beuvillers, quand elle fut tanponnée par le train de Paris à Cherbourg, lancé à toute vitesse. Elle roula sous les roues du convoi qui la broya littéralement. La tête, presque détachée du tronc, ne formait plus qu'une bouillie.

La pauvre femme, atteinte de surdité et faible de vue n'a pas entendu les cris de la garde-barrière ni vu arriver le train. Elle laisse six enfants, tous d'un certain âge. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1900   -   Pour les petits,  S. V. P.   -   La rivière de Bayeux serait-elle devenue propriété particulière ?

Toujours est-il que le minotier du Moulin-Renaud en usé comme d'un fief du bon vieux temps. Il la tient par les deux bouts. Il lève les vannes de son moulin de l'Hôpital, quand bon lui semble, pour procurer de l'eau à sa trop gourmande usine, inondant subitement l'espace entre ces deux moulins extrêmes.

Le reste du temps, il met l'eau si bas qu'il est impossible aux rivérains d'exercer leur industrie et que le déversoir vide est un foyer d'infection. Est-ce que les autorités démocrates laisseront ce gros manger les petits. (Source  : Le Bonhomme Normand)    

 

Novembre 1900   -   Domestique voleur  -  Pendant une absence du sieur Levillain, dresseur de chevaux à Bayeux, son domestique, Albert Riquier, 19 ans, originaire de Trouville, a fouillé les meubles et s'est emparé de 500 fr. en billets déposés dans un bol recouvert d'une soucoupe et d'un billet de 1 000 fr. placé dans une commode.

Après s'être équipé à neuf, Riquier a pris un train se dirigeant vers Caen. On a retrouvé dans un herbage près de la gare les vieux habits du voleur. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1900   -   La poste fermée le dimanche.  -  A partir du 1er novembre, les guichets des postes, télégraphes et téléphones seront fermés à midi les dimanches et jours fériés. La remise des lettres poste restante et le paiement des mandats télégraphiques seront assurés l'après-midi par les agents des guichets télégraphiques.

— Quant aux malheureux facteurs, ils continueront à trimer toute l'après-midi, les dimanches comme les autres jours. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Novembre 1900   -   L’ami des femmes.  -  C'est M. Tillaye, qui vient de faire voter par le Sénat qu'à l'avenir les femmes, munies des sacrements nécessaires, pourront se faire inscrire comme avocats et plaider. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Novembre 1900   -   Suicide d’un directeur des Postes.   -   Le sieur Auguste Albert, 61 ans, receveur des postes à Bayeux, avait été signalé à l'administration comme étant dans une situation financière des plus mauvaises. En dehors de son ménage, le sieur Albert avait des relations dont l'une devait lui coûter assez cher.

Sa femme ne devait pas l'ignorer, car elle avait souvent avec son mari de vives altercations. La semaine dernière, un inspecteur des postes arrivait à Bayeux. Deux jours après, Albert  était trouvé pendu dans l'un des greniers de l'hôtel de la poste.

Nous ne savons pas dans quelle situation l'inspecteur a trouvé la caisse du suicidé, mais ce qu'il y a de certain c'est que sa malheureuse veuve reste sans un sou. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Novembre 1900   -   Mort accidentelle et non suicide.  -   Dans notre dernier numéro, nous avons dit que M. Auguste Albert, receveur des postes à Bayeux, s'était suicidé.

Il résulte des constatations médicales que cette mort est due à une chute qui a déterminé une congestion cérébrale. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Décembre 1900   -   Abandon d’enfants.  -   Une petite fille, âgée d'une quinzaine de jours, a été trouvée dans un panier en osier contre la porte de l'hôpital, à Bayeux. La mère de la pauvre petite est connue : c'est la veuve Gancel, née Célina Noblet, 33 ans, servante sans place, ayant servi à Ecrammeville.

— On a trouvé également à Bayeux, sous le porche d'entrée de la tour sud de la cathédrale, une petite fille âgée d'un mois environ. Elle a été également portée à l'hospice. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Décembre 1900   -   Abandon d’enfant.  -  Nous avons annoncé dans notre dernier numéro que la veuve Gancel, née Célina Noblet, 33 ans, servante sans place, avait abandonné sa petite fille, âgée d'une quinzaine de jours, sur les marches de l'hôtel-dieu de Bayeux.

Elle a été arrêtée à Ecrammeville, où elle s'était rendue la nuit même de l'abandon. Interrogée la veuve Gancel a dit que la misère seule l’avait forcée à agir ainsi. En plus de son dernier-né abandonné, elle a deux autres enfants. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1900   -   Un tonneau qui roule.  -  Un bajocasse était tout prêt à piler. Il n'attendait plus qu'un tonneau qui devait lui arriver en gare. Mais le tonneau avait roulé vers une destination inconnue.

Enfin, il revint à Bayeux. On en informa le propriétaire. Celui-ci se rend le lendemain à la gare pour se livrer de son tonneau. On le chercha partout. Il roulait encore en compagnie d'autres tonneaux et fut vendu à l'encan place du Marché. Le propriétaire réclame 300 fr. d'indemnité, la Compagnie offre la modique somme de 45 fr. On va plaider. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1900   -   Remarque à propos du temps.  -   Le mois de novembre 1872, fut encore davantage pluvieux que celui de cette année et il fut suivi d'un hiver où il n'y eut que de très rares jours froids. D'autre part, presque tous les hivers rigoureux dont on a gardé souvenance ont fait suite à un mois de novembre clair et sec.

D'après cela, l'hiver qui a commencé le 22 décembre serait donc clément.  (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Décembre 1900   -   Cheval tué.  -  En traversant Bayeux, un fort beau cheval, attelé à une voiture appartenant au sieur Morel, propriétaire à Coulombs, est tombé si malheureusement sur la tête qu'il s'est assommé du coup, et est resté mort sur place. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

50   -  BAYEUX (Calvados)  -  Place du Marché  -  Tentes de la boucherie

 

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