15 Mai 2025

  EUN SYIELLE D'HISTOUÈRE D'CALVADOS   

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BERNIÈRES  s/ MER 

Canton de Douvres-La-Délivrande

Les habitants de la commune sont les Bernièrais et les Bernièraises.

Février 1790   -   Le Département du Calvados.   -    le comité de constitution chargé de proposer des appellations nouvelles avait demandé que l’on donnât aux départements des noms de rivières, ou des noms rappelant quelque particularités géographique bien évidente.

Or un député du bailliage de Caen proposa pour ce qu’on appelait encore en janvier 1790 le « département de Caen » un  simple nom de rocher, prenant ainsi une initiative originale, qui est d’ailleurs restée unique en France.

Rejetant les noms d'Orne, de basse Orne et Orne Inférieur, auxquels le comité avait d’abord songé, il fit adopter celui de « Calvados ».

D’après la tradition, on doit cette appellation à une femme, mademoiselle Delaunay, bourgeois de Bayeux et sœur d’un député de cette ville, Jean baptiste Gabriel Delaunay. (Source : Calvados de René Lepelley) 

 

Décembre 1789   -   L’assemblée nationale a décrété & décret ce qui suit :

  -  1°  Il sera fait une nouvelle division du Royaume en Département, tant pour la représentation que pour l’administration. Ces Départements seront du nombre de soixante quinze à quatre vingt cinq.

  -  2°  Chaque département sera divisé en District, dont le nombre qui ne pourra être ni au-dessous de 3, ni au-dessus de 9, sera réglé par l’Assemblée nationale, suivant le besoin et la convenance du département, après avoir entendu les députés des provinces.

  -  3°  Chaque district sera partagé en division, à appelées Canton, d'environ 4 lieux quarrées (lieues commune France). 

  -  4°  La nomination des représentants à l'Assemblée nationale, sera fait par le département.  

  -  5°   Il sera établi au chef-lieu de chaque département, une assemblée administrative supérieur, sous le titre d'administration de département. 

  -  6°  Il sera également établi au chef-lieu de chaque district, une assemblée administrative inférieur, sous le titre d'administration de district.

  -  7°  Il y aura une  municipalité en chaque ville, bourg, paroisse, ou communauté de campagne.

  -  8°  Les Représentant nommé à l'Assemblée nationale, par les départements, ne pourrons pas être regardé comme les représentants d'un département particulier, mais comme les représentants de la totalité des départements, c'est-à-dire de la nation entière. (Source : Archives Nationales)

 

Février 1790   -   Suite de décret sur la division du Royaume.   -   Département de Caen :

l’Assemblée nationale d’après l’avis de son comité de constitution décrète :

  -  1°   Que le département de Caen et divisé en six districts dont les chefs-lieux son Caen, Bayeux, Vire, Falaise, Lisieux, Pont-l’Évêque.

  -  2°  Que le tribunal du district de Lisieux sera placé à Orbec.

  -  3°   Que la ville de Pont-l’Évêque réunira l’un & l’autre établissement de son district, mais que la ville d’Honfleur aura aussi un tribunal du même genre, & que les ressorts des deux sièges seront déterminé par l’Assemblée Nationale sur les mémoires qui seront fournis à cet effet. (Source : Archives Nationales)

 

Février 1790   -   Le 5 février 1790, paraissait le décret officiel de l’Assemblée nationale sur la formation du Calvados. (Source : Archives Nationales)

 

Juillet 1791  -  Garde Nationale.  -  Tandis qu’on cherche à nous alarmer sur la crainte prochaine, d’une invasion en France, nos frontières sont dans le meilleur état , et l’Assemblée Nationale, vient de multiplier les précautions, dans le Décret suivant : 

Il sera mis sur le champ en activité 97 000 hommes de Gardes Nationales, y compris les 26 000 qui, par le Décret du …., ont été destinés à la défense des frontières du Nord, ces Gardes Nationales seront soldées et organisées conformément aux précédent Décrets, et seront distribuées ainsi qu’il suit :

En Normandie : La Douzième division, de Saint-Malo au Grand-Vey, 3 000 hommes fournis par les départements de l’Isle et Vilaine, La Manche et la Mayenne.

Treize division, du Grand-Veys, à l’embouchure de la Somme, 4 000 hommes fournis par les départements du Calvados, de la Seine-Inférieure et de l’Eure. (Source  : Conseil Général du Calvados)

 

Juillet 1830   -   Les orages menacent les récoltes de colza.   -  La semaine dernière, beaucoup moins pluvieuse que les précédentes, a permis de travailler à la récolte des gros foins et des colzas. L'activité qu'y ont apportée les cultivateurs, dans la crainte qu'un changement de temps ne compromît cette partie importante de leur revenu, en a beaucoup avancé les travaux. Encore deux ou trois jours de beau temps et les derniers colzas seront à l'abri.

Toutefois, les orages qui ont régné pendant quelques jours, et tandis que la plante était arrachée et étendue sur le sol, ont occasionné la perte d'une assez grande quantité de graine, les cosses venant à s'ouvrir par la transition brusque d'une pluie abondante à un soleil ardent.

Ces circonstances ont fait monter le prix de cette graine jusqu'à 14 fr. et 14 fr. 50 cent. La barattée. (Le Pilote du Calvados)

 

Février 1831    -    Des températures anormalement élevées pour la saison.   -    Depuis quelques jours, dans notre pays a succédé à un froid assez vif une chaleur inaccoutumée dans une saison aussi peu avancée, pendant les trois derniers jours le thermomètre s'est élevé à 12 degrés, aujourd'hui il est monté à 14.

Il est à craindre que ces variations de l'atmosphère ne soient préjudiciables à la végétation, qui, par suite de ces chaleurs, va prendre des développements d'autant plus considérables que les nuits même conservent une grande partie de la chaleur du jour. (Le Pilote du Calvados)

 

Mai 1831    -    Charivari à Bernières-sur-Mer.   -   Le sieur Jean Basley est un de ces vigoureux compères comme on n'en voit guères aujourd'hui, chez lesquels l'age passe volontiers incognito : 74 ou 76 hivers ont pu blanchir sa tête, mais ils n'ont point refroidi son cœur, c'est une jeunesse qui reverdit tous les ans. Il y a deux mois et demi la mort vint rompre les liens qu'il avait contractés bien avant la fin du siècle dernier, et comme il n'est pas de ceux pour lesquels l'hymen n'eut que des rigueurs, au lieu de perdre en regrets et en soupirs superflus les derniers beaux jours de sa vie, il a bientôt songé à remplacer le vide de la couche nuptiale, et un tendron qui probablement était majeur lorsque Louis XVI convoqua les états généraux, a reçu, comme gage de son ardeur, l'anneau des fiançailles.

C'était à Bernières-sur-mer que le 19 mars, à huit heures et demie du soir, l'officier municipal, revêtu de son écharpe administrative, lisait au futur prochain couple le titre du code civil relatif aux devoirs réciproques qui naissent du lien matrimonial et règlent la paternité. Et tandis que l'officier civil leur traçait ces obligations, le papa Basley tenait sur ses genoux sa nouvelle épouse, et leurs vieilles lèvres, rajeunies par le bonheur et la tendresse, échangeaient les premiers gages d'amour. Cependant autour de la salle municipale un nombreux concours de curieux, qui ne croyaient pas que l'amour put se glisser sous des cheveux blancs, faisaient un bruyant concert d'éclats de rire, de sifflets et de propos malins sur le couple fortuné qui, tout entier à sa félicité, ne pouvait supposer que le second plus beau jour de la vie dut être un jour d'orage, et cependant il n'était que trop certain que l'orage s'amoncelait.

A peine le seuil de la mairie était franchi pour regagner le domicile conjugal, que les nouveaux mariés se virent environnés par une multitude agaçante comme le hibou que le grand jour a surpris loin de sa retraite, se voit harcelé par tous les oiseaux criards du voisinage. Encore si la foule se fut contentée de célébrer l'hyménée par de simples vociférations ! mais non, des pierres volèrent bientôt contre eux, et ce ne fut que hués, froissés, et la femme blessée assez gravement à la tête, qu'ils purent arriver chez eux.

Une plainte fut aussitôt portée à l'autorité, et par suite une douzaine des auteurs du charivari comparaissaient en police correctionnelle pour y apprendre, avec dépens, à respecter l'ordre public et surtout un amour aussi respectable que celui dont ils avaient troublé les premiers épanchements.

L'instruction a prouvé que tous les prévenus avaient pris part au charivari, mais elle n'a point fourni de preuve suffisante qu'ils fussent les auteurs des coups et blessures, la nuit n'ayant pas permis de reconnaître les véritables coupables. En conséquence, tous ont été seulement déclarés coupables d'un tapage nocturne et injurieux, ayant troublé la tranquillité publique ( et surtout la tranquillité particulière des époux ), et condamnés chacun à 11 fr. d'amende. L'un d'eux, le sieur Félix Mériel, convaincu d'avoir pris au trouble une part plus active que les autres, a été condamné, en outre, à cinq jours d'emprisonnement.

Tel est le dénouement ordinaire des charivaris, avis à ceux qui croient encore qu'on puisse se permettre ces scènes scandaleuses. (Le Pilote du Calvados)

 

Juin 1831    -    Service d’une voiture publique de Caen à Courseulles.   -   M. PIEL, cafetier-restaurateur, au Rocher de Cancale, place du Marché à Bois, à Caen a l'honneur de prévenir MM. les Voyageurs qu'il fait partir tous les jours deux Voitures suspendues pour Courseulles, passant par les beaux hameaux de Mathieu ; la Délivrande ; Langrune ; St-Aubin et Bernières, qui longent la Mer.

L'une part de Caen à 7 heures du matin, et fait son retour le soir, l'autre à 5 heures du soir, et revient lendemain matin, à 7 heures, à Caen.

Le prix des places est de 75 centimes pour la Délivrande ; Langrune et Courseulles, 1 fr.

Un Service pour Luc part tous les matins à 7 heures ; le prix est de 1 fr.

Les guides ne sont pas fixés, ils sont à la disposition des voyageurs.

Baptiste Louard, conducteur de ces voitures, fait son possible pour mériter la confiance du public. (Le Pilote du Calvados)

 

Juin 1831    -    Appel à la vigilance des maires.   -   M. le préfet du Calvados vient d'adresser à MM. les maires du département une circulaire pour inviter ces fonctionnaires à prendre de suite toutes les mesures nécessaires pour empêcher la divagation des chiens.

Plusieurs de ces animaux attaqués de la rage ont parcouru différentes communes et ont mordu d'autres animaux. Il importe

donc dans l'intérêt de la sûreté publique, que les règlements sur cette matière soient exécutés avec sévérité, afin de prévenir les accidents qui résulteraient d'un défaut de précaution et de surveillance. (Le Pilote du Calvados)

 

Septembre 1831    -   Pénurie de cidre.   -   La boisson la plus habituelle, pour ne pas dire la seule boisson du pays, le cidre, manquera généralement cette année, aussi depuis quelques mois il a sensiblement augmenté de valeur.

On pense cependant que le prix ne peut que fléchir maintenant, attendu que dans un assez grand nombre de localités, où l'on croyait la récolte des pommes devoir être tout à fait nulle, il se trouvera de ce fruit beaucoup plus qu'on ne l'espérait.

L'état des pommiers donne d'ailleurs toute raison d'espérer une brillante récolte l'été prochain, la chenille et les vents n'ont fait cette année aucun mal aux arbres, qui partout ont une belle végétation que l'on considère comme une demi certitude d'une riche floraison au printemps. (Le Pilote du Calvados)

 

Novembre 1831    -    Police correctionnelle.   -   Le sieur Lecomte, vérificateur des poids et mesures, demeurant à Caen, comparaissait comme prévenu d'avoir chassé sur le territoire de la commune de Bernières-sur-mer, sans permis de port d'armes.

Le sieur Lecomte a donné des explications desquelles il serait résulté qu'il n'avait point chassé, mais il n'a pas demandé à faire la preuve de ses assertions, et comme le procès-verbal du garde champêtre invoqué contre lui fait foi en justice jusqu'à preuve contraire, il a été déclaré coupable du délit qui lui était imputé, et condamné à l'amende de 50 fr. et à la confiscation de son fusil. (Le Pilote du Calvados)

 

Novembre 1831    -    Mise en place d'un cordon sanitaire.   -   D'après la décision de la commission sanitaire qui s'est réunie il y a deux jours pour prendre les mesures nécessaires contre l'invasion du choléra, il a été arrêté qu'un cordon sanitaire va être établi sur les côtes du Calvados depuis la rive gauche de la Seine jusqu'à la rive droite de la Vire. Ce cordon sera formé de détachements du 50e de ligne dont un bataillon est en garnison à Caen, il se composera en outre des proposés des douanes, de la gendarmerie, des gardes champêtres et de tous les agents de la force publique.

Tout individu qui chercherait à franchir ce cordon on qui, l'ayant franchi, ne s'arrêterait pas à la première injonction, s'exposerait à être victime de son imprudence, les troupes ayant ordre de faire feu sur les personnes qui fuiraient ou forceraient la consigne.

Les précautions nécessitées par l'approche de la maladie ont motivé en outre de la part de la commission, ou intendance sanitaire, les résolutions suivantes : « Tous les navires provenant des états où le choléra s'est manifesté seront soumis, avant d'être admis à la libre pratique, à une quarantaine que le défaut de lazaret ou de lieux d'isolement sur notre côte les forcera de subir à l'île Tatihou ou à la pointe du Hoc. Les bateaux pécheurs qui s'absenteront de la côte pendant plus de 24 heures pour se livrer à leur industrie, ou qui auront communiqué en mer avec d'autres navires, ne seront point admis à la libre pratique, seront seuls exceptés de cette mesure les bateaux pêcheurs qui, sans avoir communiqué, auraient été forcés de tenir la mer pendant plus de 24 heures, par suite de mauvais temps, ou qui auront relâché dans un port français, mais dans ce dernier cas ils devront en justifier par un certificat de l'agent sanitaire du lieu.

Mais c'est surtout contre les débarquements clandestins et l'introduction de marchandises frauduleuses que le cordon sanitaire est formé, attendu que c'est presque toujours par cette voie que les maladies pestilentielles sont importées. L'arrêté de l'intendance va être affiché dans tout le département, afin de prévenir les citoyens sur les graves dangers auxquels ils s'exposeraient en introduisant ou en recevant chez eux des marchandises provenant de lieux infectés.

En outre, des détachements du 50e de ligne déjà stationnés sur les côtes du Calvados, avant-hier trois nouveaux détachements ont été envoyés à Sallenelles, à Ouistreham et à Villers-sur-Mer. Hier un autre détachement a été dirigé sur Grandcamp.  (Le Pilote du Calvados)

 

Avril 1832    -    Levée des mesures spécifiques contre le choléra.   -   Par arrêté du 20 de ce mois, dont communication a dû être donnée immédiatement à M. le maréchal de camp, commandant le département, l'intendance sanitaire, vu l'inutilité des mesures qui avaient été prises sur le littoral contre l'invasion du choléra, a décidé que les navires provenant des ports où cette maladie a éclaté, seront à l'avenir admis à la libre pratique, ainsi que les bateaux de pêche, quelque soit le peu de temps qu'ils aient passé à la mer.

En conséquence, les détachements éparpillés en cordon sanitaire sur notre côte vont être rappelés, à moins que, suivant les instructions qui, dit-on, lui ont été adressées par le ministre de la guerre, M. le commandant du département ne juge convenable de ne pas faire rentrer tout ou partie de ces détachements.

Les formalités concernant les quarantaines ordinaires des navires dont la patente de santé ne serait pas en règle, qui auraient des malades à bord ou perdu par maladie des hommes à la mer, continuent à subsister, les agents et préposés chargés du service de santé, feront en conséquence observer sous ce rapport les réglemente sanitaires. (Le Pilote du Calvados)

 

Janvier 1833    -    Observations météorologiques pour 1832.   -    Voici le relevé des observations météorologiques pour 1832. Plus grand degré de chaleur le 13 août, 35 degrés centigrades. Plus grand degré de froid le 1er janvier, 5 d. 87. Jours de pluie 135, de brouillard 218, de gelée 50, de neige 2, de grêle et grésil 10, de tonnerre 18.

Le vent a soufflé du nord 59 fois, du nord-est 46, de l'est 28, du sud-est 22, du sud 66, du sud-ouest 54, de l'ouest 54, du nord-ouest 37. Eau de pluie tombée 525 hect. 58 cent. (Mémorial du Calvados)

 

Octobre 1833    -    Bilan des sinistres maritimes.   -  Voici le relevé exact des sinistres occasionnés par la tempête du premier septembre, sur les côtes de la Manche et de la mer du Nord :

Navires échoués à la cote, ou brisés sur les rochers, ou qui ont sombré à la mer, mais dont l'équipage a été sauvé en totalité : 63.

Navires péris corps et biens avec tous leurs équipages : 17.

Navires qui ont peri, et dont une partie seulement de l'équipage a été sauvée : 6. Total 86.

32 navires ont éprouvé de grosses avaries. (Mémorial du Calvados)

 

Janvier 1840 - Le temps qu'il fait. - La température douce et modérée qui règne depuis l'entrée de l'hiver donne lieu, dans notre pays, à des phénomènes de végétation peut-être sans exemple dans nos annales d'horticulture.

On voit à Salies, dans le château qui domine la ville, un pommier en pleine floraison pour la troisième fois, durant le cours de l'année 1839. Ce pommier, de médiocre taille mais vigoureux, a donné abondamment du fruit des deux premières poussés, et, chose remarquable, les produits de cette double sève sont encore, en ce moment suspendus à l'arbre. Chacun peut voir et palper ces pommes, filles de la même année, quoique d'âges divers, belles, fraîches, appétissantes, couronnées de fleurs et de verdure, et contempler sur le même arbre, au plein cœur de l'hiver, comme sous les régions tropicales, la fleur, le bouton et le fruit.

Dans le même local, un poirier voisin a donné, aussi en 1339, deux floraisons très abondantes. Les premières gelées de décembre ont seules empêché le fruit de nouer.

En outre, le propriétaire peut offrir chaque jour des fraises en parfaite maturité, cueillies aux pieds de ces arbustes. (Source  : L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1840 - Explication. - Voici comment un journal explique l'origine du proverbe : «  Je m'en moque comme de l'an quarante  ».

«  Dans le siècle dernier , dit-il , aux plus belles années du règne de Louis XV, les almanachs annoncèrent que l'an 1740 serait fatal, et verrait éclore et s'accomplir de grands et terribles événements.

Le roi, dont l'imagination se frappait aisément, conçut de graves craintes au sujet de ces prophéties. Il s'en montra très affecté, et ce fut alors que, pour dissiper les ennuis du monarque et lui rendre le courage et la sécurité, les courtisans accablèrent l'oracle de leurs plaisanteries et de leurs dédains. Les flatteurs de l'Oeil-de-Bœuf inventèrent, en 1739, le proverbe : «  Je m'en moque comme de l'an quarante ».

Et l'année quarante passa en effet sans avoir vu s'accomplir aucunes sinistres prophéties qui l'avaient précédée. (Source  : L’Indicateur de Bayeux)

 

Février 1840 - Naufrage. - Voici des détails circonstanciés qui nous parviennent sur un sinistre arrivé sur nos côtes.

Nous laissons parler le rapport du capitaine Segard, commandant la bisquine la «  Liberté  », de la Hougue.

«  Étant sorti du port de la Hougue, hier 6 février 1840, chargé d'huîtres à destination de Courseulles, j'étais devancé d'environ trois milles, par la bisquine le «  Dauphin  », qui partait du même lieu, avec le même chargement et pour la même destination.

A neuf heures du matin, je me trouvais N. N. O. d'Arromanches, environ à neuf milles de distance, lorsque j'aperçus le «  Dauphin  » qui avait hissé son pavillon à son grand mât. Je me dirigeai immédiatement sur lui, et ne tardai pas à apercevoir la coque d'un navire naufragé.

Une heure après j'y étais rendu, et comme le «  Dauphin  », je frappai une remorque sur le navire pour le terrir. Presqu'au même instant, cinq petits bateaux pécheurs d'Arromanches, qui se trouvaient dans ces parages donnèrent aussi une amarre pour le remorquer.

A 11 heures, le bateau-pilote de Courseulles, Maître Connin, sortit du port, et se dirigea de notre côté. Au bout d'une heure il était rangé avec nous et nous prêtait secours. Vers 3 heures, un sloop, venant de la baie de Caen, se joignit aussi à nous. Les vents étaient alors de l'ouest. Nous terrissions difficilement. La nuit approchait. A 5 heures, le navire échoua sur la pointe ouest des roches de Bernières, à marée basse, quoiqu'il restât encore 6 mètres d'eau sous le navire.

Nous restâmes néanmoins amarrés dessus, jusqu'à 3 heures du soir, mais à l'arrivée du flot, le vent s'étant calmé, et étant devenu sud-ouest, le navire suivit le courant. Nos forces étaient devenues impuissantes, et nos amarres se brisaient. A ce moment, le navire dérapa, et toucha de nouveau sur l'île de Langrune. Nous éprouvions alors du danger dans le remou du navire, nous prîmes le parti de nous en éloigner, larguant et coupant nos remorques. Je me dirigeai vers Courseulles, où je suis arrivé ce matin à 3 heures.

Le navire naufragé avait sombré sous voiles, ses mâts étaient placés horizontalement sur l'eau. J'allai plusieurs fois à bord avec quelques-uns de mes compagnons, nous vîmes le corps d'un homme amarré dans les haubans de bâbord. Le nommé Connin, patron du bateau-pilote de Courseulles, coupa les amarres qui le retenaient, et le prit à son bord. Avant cela, un des petits bateaux d'Arromanches avait pénétré à bord, et avait trouvé dans les porte-haubans de misaine de bâbord, un homme donnant encore quelques signes de vie. Les hommes de son équipage le portèrent sur le bateau, le déshabillèrent et lui prodiguèrent tous les soins que réclamait son état. Nous pensâmes qu'il convenait de le transporter à terre, mais les matelots ne déposèrent à Bernières qu'un cadavre. Le malheureux était mort pendant la traversée. Je présume, d'après quelques vestiges d'habits que j'ai aperçus dans les porte-haubans de misaine, qu'un autre cadavre y était encore amarré.

Le navire était tellement enfoncé dans l'eau, qu'il me fut impossible de m'assurer en quoi consistait son chargement, ni même de distinguer le nom du navire, qui est un trois-mâts du port d'environ 3 à 400 tonneaux. »

Hier, 7 février, vers le matin, on s'est aperçu que le navire naufragé avait dérapé pendant la nuit, et qu'il était environ à moitié route du Havre à Courseulles. Sept embarcations étaient encore occupées à le remorquer. Il est probable que lorsqu'il va être aperçu, on va envoyer un ou plusieurs steamers pour le terrer au Havre.  (Source  : L’Indicateur de Bayeux)

 

Avril 1840   -    Le danger caché des moules .  -   On a remarqué que l'usage des moules à l'époque des grandes marées, déterminait parfois tous les symptômes de l'empoisonnement.

Les toxicologistes ont supposé que les accidents auxquels ces bivalves donnaient lieu, étaient dus à un état morbide de ce coquillage, qui se manifesterait chez lui au moment de la reproduction qui a lieu dans ce temps-ci.

Les habitants de nos côtes qui apportent à nos marchés, pendant le carême , une si grande quantité de moules, ont la mauvaise habitude de les conserver plusieurs jours chez eux, plongées dans de l'eau de mer, placées dans de grandes bassines de cuivre. Ces vases, par l'action du sel marin, ne tardent pas à se tapisser de vert de gris. Les moules qu'on en retire après ce temps ne doivent certainement pas être sans danger pour les personnes qui les mangent, si surtout elles sont cuites dans une petite quantité d'eau, selon la très mauvaise habitude des cuisinières du pays.

Ce coquillage pendant sa cuisson devrait toujours être entièrement couvert de ce liquide, et l'écume albumineuse qui le surnage, rejetée avec soin, comme contenant le principe délétère de la moule. Quelle que soit d'ailleurs la nature du principe vénéneux de celle-ci, plus la quantité d'eau employée pour la cuire sera grande, moins il y aura de danger à en faire usage.

C'est donc une économie très mal entendue, une vieille routine des cuisinières qui les portent à cuire pour ainsi dire à la vapeur ce coquillage, dans la crainte de le dessaler en employant une plus grande quantité d'eau. (Source  : L'Indicateur de Bayeux)  

 

Avril 1840   -   Agriculture.  -   Malgré la grande sécheresse que nous éprouvons depuis deux mois, les produits du sol, dans notre pays, ont la plus belle apparence. Les premiers blés sont magnifiques, les derniers faits sont un peu clairs, parce que l'hiver est venu trop tôt et s'est terminé trop tard pour eux; mais comme ils se trouvent en général sur de fortes terres, il y a tout lieu de penser qu'ils épaissiront en croissant.

Les craintes qu'avait fait concevoir l'action des gelées du mois de mars sur les colzas ne se sont heureusement pas réalisées. Il est vrai qu'en plaine quelques-uns ont beaucoup souffert, mais ceux qui ont été transplantés et qui se trouvent abrités par des haies se présentent sous un aspect tout à fait rassurant, ils sont en fleurs et donnent les plus belles espérances.

On avait également eu des inquiétudes à l'égard des avoines d'hiver, mais tout fait espérer que le mal n'est pas aussi grand qu'on l'avait supposé. Si la récolte de ce grain n'est point des plus abondantes, elle sera sans nul doute satisfaisante.

Quant aux pommiers, ils sont on ne peut plus beaux. Les bourgeons commencent à se montrer, et, ce qui donne beaucoup de sécurité, les feuilles précèdent les fleurs. Le cidre, quoique rare, a déjà éprouvé une baisse notable. Tout fait donc augurer que la récolte prochaine nous dédommagera de la stérilité des années dernières.

En somme, la campagne est aussi belle qu'elle puisse l'être après les froids tardifs que nous venons d'éprouver. S'il continue à nous arriver des blés des ports de la Baltique et autres lieux, il faut espérer que le prix des céréales va éprouver un mouvement de baisse sensible. Car il est à remarquer que le blé est plus cher dans le Calvados que sur tous les autres points de la France.

Dans l'est, il n'a pas sensiblement augmenté depuis le commencement de l'année, dans le département des Vosges, il ne vaut que 19 à 20 fr, l'hectolitre. Il est bien certain dès lors que quand même les céréales seraient rares chez nous, ce qui n'est heureusement pas à craindre, nos halles seront abondamment approvisionnées et que les prix continueront à fléchir. (Source  : L'Indicateur de Bayeux) 

 

Avril 1840   -   Une année prometteuse.  -  Nous sommes heureux de pouvoir annoncer, d'après les renseignements qui nous arrivent de différents côtés, que chaque jour vient ajouter aux espérances que l'état de nos campagnes permet de recevoir depuis trois semaines.

Les blés sont magnifiques, la floraison des pommiers se fait favorablement. Toutes les poires et les pommes précoces sont généralement assurées, aussi la baisse dans le prix des blés et du cidre continue-t-elle en s'affermissant. ( Source : Pilote du Calvados.)  

 

Juin 1840   -   Agriculture.  -  La campagne continue à se montrer sous le plus bel aspect. Les blés du canton de Caumont et de quelques communes de celui de Balleroy, sont un peu clairs, mais dans les autres parties de l'arrondissement, ils sont magnifiques.

Sous peu de jours, les épis commenceront à paraître. Les avoines printanières s'annoncent bien, et les orges, confiées à la terre depuis peu de temps, lèvent passablement, malgré la sécheresse.

Depuis quelques jours, les colzas sont entièrement défleuris, et la graine paraît devoir être abondante, eu égard au nombre de plantes qui ont survécu aux gelées de mars. Nous n'avons pas entendu dire que le puceron ait attaqué cette plante.

Quant aux pommiers, ils continuent à donner les plus belles espérances. Les pommes précoces sont assurées presque partout. A côté d'un pommier chargé de fruits naissants, on en admire plusieurs autres couverts de fleurs magnifiques. Tout le monde s'accorde à dire et à espérer que la récolte du cidre sera abondante.

Le temps est toujours beau et sec. Les herbages et les prairies ont besoin d'eau, mais les blés et les pommiers n'en réclament pas instamment. La terre avait été tellement abreuvée par les grandes pluies de l'hiver, que la sécheresse n'a guère eu d'influence qu'à la surface du sol et à une profondeur peu considérable. Le peu d'eau qui est tombée dans le courant de mai a maintenu les terres labourables dans un état tel que les cultivateurs ne se plaignent pas qu'elles soient beaucoup trop sèches. ( Source : L’Indicateur de Bayeux.) 

 

Juillet 1840   -   La sape conquiert les campagnes.   -   On commence à sentir dans quelques communes des environs  de Caen, toutes l'utilité de la sape pour couper les blés. Déjà cet instrument si répandu dans la Flandre, est apprécié par nos cultivateurs instruits.

La société d'agriculture de Caen, a promis encore cette année des récompenses aux ouvriers qui remplaceront la faux par la sape dont tout le monde reconnaîtra insensiblement la supériorité. On se rappelle combien on a eu de peine à substituer la faux à la faucille. Il doit en être de même de la sape.

Ce n'est qu'avec de la persévérance qu'on triomphe des préjugés dans les campagnes comme dans les villes. On peut se procurer des sapes, chez M. Lair, secrétaire de la société d'agriculture. ( Source : L’Indicateur de Bayeux.)

 

Septembre 1840   -   10 000 marins au service du Roi.   -    La levée de 10 000 marins, prescrite par l'ordonnance royale du 29 juillet, s'effectue sur tout le littoral de la France, elle sera complètement terminée dans quelques jours.

Des hommes provenant de cette levée arrivent sans cesse par détachement aux chefs-lieux de leurs arrondissements maritimes respectifs. 

Ces 10 000 marins fourniront les équipages nécessaires aux 6 vaisseaux de ligne et aux 13 frégates en armement dans nos ports militaires.  (Source  : L’indicateur de Bayeux)

 

Septembre 1840   -   Échenillage et destruction des hannetons.  -   Le conseil d’arrondissement rappelle pour ce qui concerne l'échenillage, les dispositions de la loi du 26 ventôse an IV , modifiée par l'article 471 du code pénal , et prie M. le préfet d'en prescrire l'exécution dans toutes les communes de l'arrondissement.

Quant à la destruction des hannetons, le conseil pense qu'en attendant une mesure législative toute spéciale, il faudrait que l'administration invitât les maires des communes a requérir, vers l'époque où le scarabée sort de terre, les vieillards et les enfants pour lui l'aire la chasse, et qu'elle les autorisât à leur accorder une prime proportionné e à la quantité détruite .

Ce mode, pratiqué avec fruit dans quelques départements, pourrait être complété par le zèle des cultivateurs qui, au moment des labours d'automne et d'hiver, feraient ramasser les larves que la charrue aurait mises a découvert.

On ne peut dire que ce procédé fasse disparaître entièrement cet ennemi de nos champs, mais on peut au moins assurer qu'il arrêterait l'accroissement de sa reproduction. (Source  : L’indicateur de Bayeux)

 

Septembre 1840   -   La tempête a tout emporté.  -   Nous apprenons de toutes les parties de notre département que le coup de vent de mercredi dernier a fait beaucoup de dégâts dans les campagnes, et surtout qu'il doit avoir de fâcheux résultats pour la récolte des pommes. Dans les champs les plus exposés aux coups de la tempête, il ne reste plus, pour ainsi dire, de fruits aux arbres : les pommes tardives même sont tombées. Beaucoup de pommiers sont ou déracinés ou éclatés, tant le vent avait de violence, tant il a eu d'empire sur les arbres chargés de fruits et couverts de feuilles.

En quelques endroits les arbres qui résistent le mieux aux gros vents ont été rompus.

Jusqu'à présent nous n'avons pas appris qu'il y ait sur nos côtes aucun sinistre à déplorer.

Sur les côtes du Havre, tous les travaux avancés, destinés à défendre contre la mer les chantiers de construction et autres établissements, ont été détruits ou considérablement endommagés. (Source  : L’indicateur de Bayeux)  

 

Janvier 1841   -    Le Calvados en chiffres : un état des lieux en 1840.  -   Voici quelles sont l'étendue et les divisions territoriales du Calvados :

Ce département présente une superficie de 556 093 hectares, divisés ainsi qu'il suit entre les 6 arrondissements : Bayeux, 94 912 ; Caen, 113 564 ; Falaise, 87 047 ; Lisieux, 90 127 ; Pont-l'Évêque, 74 806 ; Vire, 95 637.

Division physique et agricole.    Terres labourables: 316 523 hectares 40 ares ; prés, 123 058 h. 95 a. ; vignes, 6 a. ; bois, 39 794 h. 93 a. ; vergers, pépinières et jachères, 40 325 h. 7 a. ; oseraies, aulnaies, saussaies, 29 h. 67 a. ; étangs, abreuvoirs, mares, canaux d'irrigation, 304 h. 65 a. ; landes, pâtis, bruyères, 13 113 h. 65 a. ; cultures diverses, 98 h. 15 a.

Superficie des propriétés bâties : 3 587 h. 68 a.

Total de la contenance imposable : 535 836 h. 21 a. Routes, chemins, places publiques, rues, etc… : 13 890 h. 84 a. Rivières, lacs, ruisseaux; 2 175 h. 8 a. ; forêts, domaines non productifs : 2 794 h. 72 a. ; cimetières, églises, presbytères, bâtiments publics : 317 h. 5 a. Total de la contenance non imposable : 19,257 h. 69 a.

Nombre des propriétés bâties, imposables : Maisons et autres bâtiments consacrés à l'habitation : 127 003 ; moulins à vent et à eau, 988 ; forges et fourneaux, 152 ; fabriques, manufactures et autres usines, 144. Total : 128 287. Nombre total des propriétaires, 167 605 ; nombre des parcelles : 1 142 252. (Source  : L’indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1841   -   Nouvelles locales.  -   Il a été constaté que la population militaire de la classe de 1839, dans le Calvados, se composant de 4 025 individus, en comprenait 327 sachant lire seulement, et 2 671 sachant lire et écrire. (Source  : L’indicateur de Bayeux)  

 

Février 1841   -   Nouvelles du Département.  -  Un arrêté de M. le recteur de l'académie en date du 28 janvier porte les dispositions suivantes :

Les commissions d'instruction primaire des départements du Calvados, de la Manche et de l'Orne, ouvriront leur première session ordinaire de 1841, à Caen , à St-Lo et à Alençon, le mardi 2 mars prochain.

Instituteurs.     Les individus , âgés de 18 ans accomplis, et domiciliés dans le département, qui désirent obtenir le brevet de capacité nécessaire pour exercer les fonctions d'instituteur primaire, devront s'inscrire, avant le mardi 2 mars prochain, chez M. l'inspecteur de l'instruction primaire, secrétaire de la commission. Il n'ont à produire que leur extrait de naissance en forme, et un certificat du maire de leur commune qui constate la résidence.

Les candidats seront appelés à subir l'examen dans leur ordre d'inscription. Ils devront, à cet effet, se trouver à la séance d'ouverture, dont le lieu et l'heure leur seront indiqués par le secrétaire.

D'après le résultat de l'examen, les candidats, qui en auront été jugés dignes , obtiendront le brevet de capacité correspondant à leur degré d'instruction. 

Institutrices.    Les aspirantes au brevet de capacité d'institutrices, âgées de vingt ans accomplis, et domiciliées dans le département, devront s'inscrire, avant le vendredi 5 mars prochain, chez M. l'inspecteur primaire.

Chaque aspirante sera tenue de présenter,    son acte de naissance ; si elle est mariée, l'acte de la célébration de son mariage ; si elle est veuve, l'acte de décès de son mari ; un certificat de bonne vie et mœurs délivré, sur l'attestation de trois conseillers municipaux, par le maire de la commune ou de chacune des communes où elle aura résidé depuis trois ans.

A partir du 5 mars prochain inclusivement, les aspirantes seront appelées à subir l'examen dans leur, ordre d'inscription. A cet effet, elles devront se trouver à la séance d'ouverture, dont le lieu et l'heure leur seront indiqués par le secrétaire.

D'après le résultat de l'examen, les aspirantes, qui en auront été jugées dignes , obtiendront un certificat d'aptitude correspondant à leur degré d'instruction, et en échange duquel, sur leur demande, il leur sera délivré un brevet par le recteur de l'académie.   (Source  : L’indicateur de Bayeux)

 

Mars 1841   -   Un printemps précoce.  -   On avait vu passer il y a plusieurs jours sur tout le littoral, de nombreuses volées de gibier sauvage qui retournaient vers les contrées septentrionales qu'elles habitent, et d'où les froids rigoureux les éloignent tous les ans : Il était facile d'augurer de ce fait que les mauvais jours de l'hiver étaient passés.

Aussi depuis bientôt quinze jours le plus beau temps est-il venu nous dédommager des rigueurs de la mauvaise saison que nous avons traversée. L'aspect de la campagne a déjà complètement changé : partout les blés s'annoncent bien et les pommiers sont chargés d'autant de boutons que l'année dernière. Les herbages sont magnifiques et les herbes vont bientôt venir en aide à la rareté des fourrages secs. La plupart des colzas, grâce aux neiges qui les couvraient, ont été garantis des derniers froids : partout la plante présente une assez belle apparence.  (Source  : L’indicateur de Bayeux)  

 

Octobre 1841   -   Nouvelle locale.   -  Nos pêcheurs ont déjà pris au-delà de quatre millions d'huîtres sur les bancs, quoique la pêche n'ait pas été active, mais il paraît que les Anglais n'ont pas renoncé à en avoir leur part, car dans la nuit du 13 au 14 courant, on a eu connaissance de bateaux anglais qui étaient encore à y pécher. (Source  : L’indicateur de Bayeux)

 

Octobre 1841   -   Les éclipses.   -  Il y aura en 1842 cinq éclipses dont trois de soleil et deux de lune. De ces éclipses, deux seulement seront visibles pour nous.

La première, de lune, arrivera le 25 janvier, et la seconde, de soleil, le 8 juillet. L'éclipse de soleil du 8 juillet sera partielle ( environ 9 doigts ) pour notre latitude, mais totale dans une partie du midi de la France.

La portion du territoire français sur laquelle passera l'ombre portée par la lune est renfermée entre deux lignes, dont l'une, septentrionale, passe un peu au sud de Die, d'Alais, de Pamiers , de Bagnoles-de-Luchon ; et 'autre méridionale, un peu au sud de Nice et de Toulon. Les villes de Foix, Narbonne, Carcassonne, Bèdarieux, Montpellier, Avignon, Orange, Gap, Briançon, Aix, Marseille, Draguignan, Castellane, Gasse, sont comprises entre ces limites. L'éclipse sera à la fois centrale et totale à Digne et à Perpignan. (Source  : L’indicateur de Bayeux)

 

Novembre 1841   -   Nouvelles locales.   -   On sait que les pêcheurs des cotes de Normandie et de Bretagne prétendaient avoir remarqué depuis la chute de l'empereur que le poisson se trouvait en moins grande quantité dans les parages français. Les pêches miraculeuses que l'on fait actuellement au Tréport et dans le voisinage n'ont pas détruit cette idée superstitieuse, elles en ont amené un autre, et aujourd'hui ces mêmes pêcheurs sont persuadés que le poisson est revenu sur les cotes de France avec les restes mortels de Napoléon.  .  (Source  : L’indicateur de Bayeux)

 

Juin 1842  -   Nouvelles locales.   -   Par ordonnance royale, les jeunes soldats de la classe 1841, sont appelés à l'activité, le départ aura lieu le 15 juillet prochain pour le corps de l'armée de mer, de la cavalerie, de l'artillerie, du génie et des équipages militaires, pour les autres corps, le 16 du même mois. (Source  : L’indicateur de Bayeux)

 

Juin 1842  -   Nouvelles locales.   -   La cour de cassation vient de résoudre une question qui intéresse vivement les populations maritimes de notre pays.

Elle a décidé que l'arrêt du conseil du roi dit 24 mars 1787, qui défend, sous des peines fort graves aux pêcheurs de la côte de Normandie d'apporter dans nos ports des harengs pêchés par des navires étrangers, était aboli et qu'il n'y avait lieu, dans l'état actuel de la législation, de prononcer aucune peine pour contravention à cette ancienne prohibition. (Source  : L’indicateur de Bayeux)

 

Juillet 1842   -  Nouvelles locales.   -   Il paraît que les abondantes pluies versées, depuis quelques jours, sur notre plaine, ont détruit en très grande partie, ces myriades de petites chenilles noires qui ravageaient tous les colzas et les menaçaient même, dans quelques contrées, d'une dévastation complète.

Aussi nos cultivateurs qui, dans la crainte d'être obligés de semer une seconde fois, avaient fermé leurs magasins de graines au commerce, commencent-ils à les lui rouvrir.

La plus grande partie de cette plante précieuse est sauvée et presque partout elle présente le plus magnifique développement. Il est assez remarquable qu'aucune pièce de terre plantée en colza, quelque petite qu'on la suppose, n'a été dévorée entièrement par les insectes dont nous parlons, et qu'ils se sont contentés, au contraire, d'y marquer leur funeste passage en les dépouillant partiellement, tantôt de deux sillons en deux sillons, tantôt en losange, en écharpe, en zig-zag, tantôt en y laissant juste au milieu, un grand vide quasi circulaire. Tout le monde a pu vérifier ce fait, que nous avons nous-même été a portée de constater, sur une vaste étendue de terrain. (source : L’Indicateur de Bayeux)  

 

Août 1842    -  Nouvelles locales.   -   Par arrêté de M. le recteur de l'académie de Caen, la 3e  session de 1842, pour les épreuves du baccalauréat ès-lettres, ouvrira le 1er août prochain ( pour l'épreuve écrite ). Les épreuves orales et publiques auront lieu le lendemain et les jours suivants jusqu'au 16 août inclusivement. (source : L’Indicateur de Bayeux) 

 

Août 1842    -  Varech et astéries considérés comme engrais.   -    Le varech est, comme chacun le sait, une plante aquatique qui croit sur les rochers, que la mer arrache en montant et jette sur ses bords. Les Bretons l'appellent gouësmon, les Normands varech, et, en Saintonge, on le nomme Sar.

On emploie le varech comme engrais dans les terres du littoral. On le coupe sur les rochers dans le mois de mars ou de septembre, on le recueille au rivage où d'ordinaire, après une tempête, la mer l'apporte de loin.

Le varech qu'on récolte sur le rocher est plus estimé, mais il n'est pas aussi abondant. J'ai remarqué que, depuis quelques années, ce ne sont pas les cultivateurs riverains des côtes maritimes qui font le plus fréquent emploi d'engrais marins. Le varech est porté à une demi-lieue et même jusqu'à quatre à cinq lieues de la mer. C'est à la nature du sol qu'il faut demander raison de ce lointain transport.

Le varech est un engrais échauffant, mais il n'est pas nutritif, substantiel, si je puis ainsi dire, on l'emploie, quand on veut buter la végétation. C'est vraiment plaisir de voir accourir avec leurs charrettes, les cultivateurs des campagnes voisines des côtes, lorsqu'après quelque terrible tourmente, la mer a amoncelé le varech sur les grèves, c'est qu'alors il faut préparer les terres, il faut les alimenter, il faut les féconder, si l'on veut qu'elles produisent au centuple. Toutefois, nous devons le dire, le varech ne vaut pas le fumier, et ne peut pas le remplacer.

Quand, l'année précédente, la terre a été bien fumée, on peut se contenter de l'engrais marin, mais employer deux années de suite le varech seul, ce serait vouloir appauvrir, stériliser le sol, car, nous le répétons, le varech accélère la végétation, mais ne fait pas fructifier.

Le seigle, l'avoine, l'orge, le chanvre, le lin, le sarrasin, la cameline, l'ognon, aiment le varech, mais le blé ne le souffre pas. (source : L’Indicateur de Bayeux) 

 

Août 1842    -  Nouvelles locales.   -   Le mot varech ou wrack, dans notre pays, ne désigne pas et n'a jamais désigné une plante unique de la famille des algues : il signifie une plante, une herbe quelconque que la mer jette sur ses bords, et jadis, par extension, tous les débris qui échouaient sur les côtes. — Il était synonyme d'épave.— De là les expressions tomber en wrack, jeter en wrack, encore fort usitées aujourd'hui.

C'est à tort que M. Pilet a dit que le varech avait autre fois sa législation, mais que les lois qui régissent la matière sont tombées en désuétude. Trois ou quatre condamnations ont frappé, cette année même, en 1842, dans l'arrondissement de Caen, des individus qui y avaient contrevenu.

Le droit de recueillir le varech appartient au premier occupant, le droit de récolter les algues qui croissent sur les roches et que sans doute, par analogie, on appelle aussi varech, appartient généralement aux communes sur le territoire desquelles il a poussé.

Au moyen-âge il constituait un droit féodal. Nous voyons, en effet, par une charte du XIIe  siècle, conservée aux archives de la préfecture du Calvados, que Richard-Cœur-de-Lion donne aux moines de St-Etienne de Caen le port de Dives, avec un chantier pour la construction des navires auquel il ajouta le droit de wrack. L'abbesse de Sainte-Trinité de Caen jouissait aussi de ce droit dans diverses paroisses du Cotentin, notamment dans celles de Saint-Vast, de Quettehou et de Morsalines. Beaucoup d'autres seigneurs possédaient de semblables privilèges, mais il est probable que les uns et les autres de ces privilèges étaient plus ou moins restreints et que les cultivateurs riverains en étaient quittes pour abandonner aux suzerains les épaves proprement dites.

En tout cas, si ces dîmes existèrent jamais, on ne les payait plus, bien avant le XVIIe  siècle, car la Coutume de Normandie n'appelle droit de varech que le droit de s'emparer des choses jetées par la mer à terre.

L'ordonnance de la marine de 1681 organisa par son titre X du livre 4e, la coupe du varech dans les paroisses situées sur les côtes.

Les habitants des paroisses devaient s'assembler le premier dimanche du mois de janvier de chaque année, pour régler les jours auxquels devait commencer et finir la coupe des herbes marines croissant en mer à l'endroit de leur territoire.

Les habitants des communes d'Hermanville, Lion et ses hameaux, Luc, Langrune et ses hameaux, Bernières, Courseulles, Arromanches, Tracy, Manvieux , Fontenailles, Longues, Marigny, Commes et ses hameaux, Port-en-Bessin, Huppain, Villers, Ste-Honorine-des-Pertes, Colleville et St-Laurent, pourront faire ladite coupe pendant trente jours, qui seront choisis entre le troisième jour avant la pleine lune de mars, et le troisième jour après la pleine lune d'avril. Ceux des communes de Vierville, St-Pierre-du-Mont, Englesqueville et Grandcamp, pourront faire la coupe des dites herbes, pendant trente jours. à compter du 1er du 15 mars jusqu'au 15 avril suivant.

-  Les conseils municipaux desdites communes, s'assembleront le 11 ventôse prochain, sur la convocation des maires, pour faire ledit choix, auquel il sera procédé les années suivantes, à la session fixée au i5 pluviôse par les lois du 28 pluviôse an VIII.

-  La coupe ou récolte desdites herbes sera faite à la main, avec un couteau ou faucille. Il est défendu de la faire d'une autre manière, et d'arracher lesdites herbes avec la main ou avec des râteaux et autres instruments qui puissent les déraciner, la peine de trois cents livres d'amende pour la première fois, et de peine corporelle en cas de récidive.

-  Ceux qui ne seront point habitants des communes dénommées en l'art. II, ne pourront y faire la coupe desdites herbes de Mer, pour quelque cause et sous quelque prétexte que ce puisse être, à peine de trois cents livres d'amende pour la première fois, et de peine corporelle en en cas de récidive.

-  Il est également permis à toutes personnes de prendre indifféremment, en tous temps et en tous lieux, lesdites herbes détachées des rochers par l'agitation de la mer et jetées à la côte par le flot, et de les transporter où bon leur semblera, soit pour être employées à l'engrais des terres ou à faire de la soude. Il est défendu de les y troubler ni inquiéter, quand bien même ceux qui enlèveraient ces herbes les auraient prises sur d'autres territoires que le leur, à peine contre les contrevenants , de cinquante livres d'amende.  (source : L’Indicateur de Bayeux) 

 

Août 1842    -  Nouvelles locales.   -   Les travaux de la récolte des blés sont bien avancés dans notre contrée. On paraît généralement satisfait des produits et la qualité du blé est jugée très  bonne. II en a été de même de la récolte des colzas qui cette année surtout a été une augmentation de richesse pour les cultivateurs. (source : L’Indicateur de Bayeux) 

 

Août 1842    -  Nouvelles Maritimes.   -   Il y a quelques mois, un des membres de la Société d'agriculture et de commerce de Caen, prétendit que la récolte du varech, faite aux époques fixées par l'arrêté, pourrait nuire à la pêche maritime, le frai des poissons déposé dans les algues, n'ayant pas encore eu le temps d'éclore. Une commission de cette Société fut nommée afin d'examiner l'exactitude de ces observations et de les soumettre au ministre, s'il y avait lieu. Sans rien préjuger de la question, nous ferons remarquer que presque toujours les coutumes établies depuis un grand nombre de siècles, n'ont été définitivement consacrées que lorsqu'on a eu reconnu qu'aucun intérêt n'était gravement compromis. (source : L’Indicateur de Bayeux)  

 

Novembre 1842    -  Nouvelles locales.   -    Nous avons appris que le mauvais temps de ces jours derniers a causé sur nos côtes plusieurs sinistres maritimes, et que l'on aurait eu à déplorer de nouveau la mort de plusieurs marins de notre contrée. Nous attendons à ce sujet des détails précis pour les transmettre à nos lecteurs dans notre prochain numéro. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Novembre 1842    -  Nouvelles locales.   -    Nous invitons les cultivateurs à vérifier par eux-mêmes le fait suivant que l'on nous donne comme étant de la plus grande exactitude, et qui doit étrangement modifier les idées reçues dans nos campagnes.

C'est, nous assure-t-on, une erreur grave de penser que les corbeaux qui s'abattent sur les champs nouvellement ensemencés, nuisent à la production de ces terres, en enlevant une partie ne table de la semence. Il paraît qu'un cultivateur qui avait pendant plusieurs jours gardé son champ pour le défendre contre l'invasion de ces oiseaux, étant parvenu à en tuer plusieurs et en ayant fait l'autopsie, a toujours remarqué qu'ils n'avaient dans le gésier que des vers, des mans et d'autres insectes nuisibles, tandis qu'il ne s'y trouvait pas un seul grain de blé.

Cet agronome est un membre correspondant de la Société d'agriculture, et à l'heure qu'il est, c'est avec plaisir qu'il voit les corbeaux s'abattre par voliers sur ses terres ensemencées. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Novembre 1842    -  Nouvelles locales.   -   « Le Moniteur » a publié, d'après les tableaux de recensement, considérés comme seuls authentiques, à partir du 1er novembre 1842, la population de chacun, des départements de la France.

Le département du Calvados compte aujourd'hui 496 198 habitants, répartis comme i! suit : arrondissement de Caen, 139 777 ; de Vire, 88 488 ; de Bayeux, 80 784 ; de Lisieux, 68 313 ; de Falaise , 61 163 ; de Pont-l’Évêque, 57 673.

La population de la France toute entière se trouve être de 34 millions 194 875 habitants.

En 1836, elle était de 33 540 910, d'après le dénombrement fait par les intendants en 1700, elle était alors seulement de 19 669 320. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Novembre 1842    -  Nouvelles locales.   -   Un assassinat a été commis dans la commune de Bernières-sur-Mer, dans la nuit de mercredi à jeudi dernier, sur la personne du sieur Arnaud Lair, marchand boulanger.

Par suite de l'instruction dirigée sur les lieux par M. le procureur du roi de Caen, un nommé Varin, ouvrier maçon, demeurant même commune, a été déposé à la maison d'arrêt de cette ville comme auteur de ce crime, qui avait, dit-on, pour but d'assouvir une vengeance particulière. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Février 1843   -  Nouvelles locales.   -  On avait annoncé un hiver rigoureux pour l'année 1842-43, déjà le solstice d'hiver est passé, l'année 1843 s'ouvre, le soleil commence à remonter sur l'horizon, et la température est restée jusqu'ici fort douce et fort égale, on a compté, en décembre, des journées comparables à celles de mars et d'avril.

Les cultivateurs en sont arrivés au point de désirer quelques gelées pour empêcher que les plantes semées ne s'avancent trop.

En Suisse, on récolte déjà des fraises dans les bonnes expositions, et de toutes parts on signale des phénomènes de précocité surprenants. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Février 1843   -  Nouvelles Locale.   -  La semaine dernière la neige est tombée pendant trois jours sur notre contrée avec une abondance inaccoutumée, surtout à l'époque avancée de la saison où nous nous trouvons. Un tapis blanc, d'une épaisseur très considérable en certains endroits, a couvert les champs, les routes, les rues , les toits des maisons.

L'arrivée des voitures publiques a été retardée, les malles-poste de Paris et de Cherbourg ont subi dans les heures de passage en notre ville, six à huit de retard : vendredi, celle de Granville à Bayeux a été retardée de 24 heures, il paraît que le parcours de la forêt de Neuilly était devenu impraticable.

Au reste, le dégel dure depuis plusieurs jours, la température s'est sensiblement adoucie et les circulations se rétablissent sur tous les points. Nous n'avons pas appris qu'il soit arrivé dans notre, contrée, par suite de ce mauvais temps, d'accidents graves. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Février 1843   -  Nouvelles Locale.   -  Les plus grandes marées qui en 1843, pourront occasionner des sinistres si elles sont favorisées par les vents, seront celles du 16 février, 18 mars, 16 avril, 27 août , 26 septembre et 25 octobre.

Celles du 25 septembre et du 18 mars, atteindront, sur toute notre côte, presque le maximum. (source : L’Indicateur de Bayeux)  

 

Mai 1843   -  Nouvelles locales.   -   Le mauvais temps qui dure depuis un mois est préjudiciable aux céréales ; déjà sur notre marché le blé a un peu renchéri et le pain a subi une augmentation de 5 centimes par kilog. Il est vrai que les blés des fortes terres ont gagné plus en herbe qu'en épi, en plusieurs endroits ils sont déjà même couchés. Toutefois, il suffirait de quelques jours de beau temps pour réparer le mal.

Les foins auraient aussi besoin d'un temps sec ; dans beaucoup de prairies ils jaunissent par le pied.

Les colzas se présentent bien cependant, et tout annonce que cette denrée aura une bonne année.

On nous écrit du pays d'Auge que les pommiers offrent les plus belles espérances ; il y a longtemps même qu'on n'avait cru à une récolte aussi abondante ; déjà le cidre a subi une certaine baisse, et dans nos faubourgs hors-barrière on le donne à 20 centimes le double-litre. (Haro ) (source : L’Indicateur de Bayeux)  

 

Août 1843   -  Nouvelles locales.   -   On nous communique un remède aussi sûr que prompt contre la brûlure. Nous croyons utile de le faire connaître à nos lecteurs.

On prend une pincée de pousses de jeunes buis que l'on pile avec trois blancs de poireaux, et on y ajoute une cuillerée d'huile d'olive. On renferme ensuite le tout dans un linge bien blanc et on l'applique sur la partie brûlée.

Plusieurs personnes qui ont fait l'essai de ce remède, en ont obtenu les plus prompts et les plus heureux résultats. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Septembre 1843   -  Nouvelles locales.   -  Nous lisons dans le « Haro » les réflexions suivantes sur un abus qui a lieu fréquemment sur notre littoral et qu'il est bon de signaler :

Pêche de moules. - Depuis quelque temps , les habitants de la côte ne se contentent pas des engrais tels que le varech et les ammonites ( fifottes, étoiles que la mer leur apporte, ils pèchent les moules pour les porter clans la terre.

Avons-nous besoin de dire que la moule est la nourriture des pauvres, et que sur la côte même un grand nombre de familles n'ont souvent pas d'autre mets ?

C'est-là un fait reconnu ; il importe donc au dernier degré de protéger ce coquillage contre une spéculation désastreuse.

Le gouvernement républicain avait senti cette nécessité ; aussi, dans une instruction ministérielle de prairial an X, adressée aux syndics de mer nous trouvons le passage suivant : « La pêche des moules doit se faire avec un couteau de sept pouces sur les moulières qui découvrent et sur celles qui ne découvrent pas, et avec un râteau dont les dents sont de quinze lignes de distance les uns des autres ».

Depuis longtemps cette instruction est tombée en désuétude, et cela par défaut de surveillance.

Nous devons toutefois faire une exception : Depuis quelque temps, M. Lepetit, syndic à Ouistreham, s'est fortement opposé à l'enlèvement des moules fait par un autre moyen que celui toléré par l’instruction de prairial ; et hier encore, à Lion, il dressait procès-verbal contre un pêcheur.

Nous croyons que l'instruction est inefficace et le sera jusqu'à ce qu'on ait interdit formellement l'enlèvement des moules pour servir d'engrais, et attaché une pénalité sévère à l'infraction de cette interdiction.

La chambre s'occupe de chasse et de braconnage ; la chasse et le braconnage ne font guère tort qu'aux grands possesseurs ; la pêche des moules cause le plus grand préjudice aux populations misérables. S'occupera-t-on de les protéger ! (source : L’Indicateur de Bayeux)  

 

Octobre 1843   -  Nouvelles locales.   -   Nous lisons dans le « Pilote », les lignes suivantes sur un genre d'abus qui n'est que trop fréquent dans notre pays et contre lequel nous ne cessons nous même de réclamer :

« Il ne se passe guères de semaine sans que les personnes qui parcourent à cheval ou en cabriolet la route de Caen à Luc ne soient victimes du mauvais vouloir et de la brutalité des rouliers dont ils font rencontre. La plupart de ces tyrans de grands chemins appartiennent à la population de notre littoral, il est d'autant plus surprenant qu'ils s'acharnent à vexer les voyageurs qui se rendent à la mer, que l'intérêt bien entendu de leurs familles leur fait une obligation, plus étroite de se montrer polis vis-à-vis des personnes habituées à payer à beaux deniers comptant les quelques heures de distraction qu'elles viennent passer sur leurs grèves.

Un honorable habitant de notre ville a encore été, ces jours derniers, renversé dans un fossé, avec son cabriolet et son cheval, par la méchanceté purement gratuite d'un de ces charretiers qui, loin de lui céder passage, s'est plu au contraire à le lui intercepter, en barrant la route avec son équipage. C'est là le cas de regretter que les cantonniers ne soient point investis du droit de verbaliser contre les auteurs d'actes aussi blâmables, mais en attendant qu'il en soit ainsi, ce qui doit vraisemblablement arriver tôt ou tard, il est urgent de solliciter l'autorité compétente de mettre fin à un si déplorable état de choses par tous les moyens coercitifs dont il lui est possible de disposer. (source : L’Indicateur de Bayeux)  

 

Octobre 1843   -  Nouvelles locales.   -   En Basse-Normandie, l'existence de phénomènes de la nature, que depuis le commencement de l'automne ils se sont multipliés autour de nous.  Beaucoup d'arbres d'espèces diverses se sont parés d'un second feuillage, et dans plusieurs communes du Pays-d'Auge, voire même sur la route de Caen à Lisieux, on remarque en ce moment certains pommiers tout couverts de fleurs parmi d'autres qui menacent de se rompre sous le poids des fruits maintenant à peu près murs dont, par extraordinaire, ils sont surchargés cette année jusqu'à l'extrémité des branches les plus frêles et les plus délicates en apparence. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Novembre 1843   -  Une circulaire.   -   Par une circulaire, en date du 13 de ce mois, M. le ministre de l'agriculture et du commerce a rappelé aux préfets les injonctions de la loi du 22 mars 1841, sur le travail des enfants dans les manufactures, et les a invités à surveiller activement l'exécution de cette loi, dictée par une pensée d'humanité et de civilisation. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Novembre 1843   -  La Poste.   -   Si l'on en croit les journaux, le gouvernement prépare une réforme de notre régime postal. 

II s'agirait d'établir une taxe uniforme sur les lettres circulant à l'intérieur ; celles de l'intérieur à l'étranger et de l'étranger à l'intérieur resteraient soumises à une taxe graduée. 

La taxe uniforme serait de 20 centimes, qu'elle que fût la distance. Il paraît que pour simplifier les rouages de l'administration, l'affranchissement serait obligatoire. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Novembre 1843   -  Nouvelles locales.   -   D'après le dernier recensement, la population de la France se trouve être aujourd'hui de 34 494 875 individus. Le département de la Seine compte à lui seul une population de près d'un million et demi.

Dans l'espace de 150 années, la population a presque doublé. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Novembre 1843   -  Nouvelles locales.   -   Sur 50 352 instituteurs primaires répandus sur la surface de la France, 23 048 ont un traitement minimum fixe de 200 francs ; 2 003 reçoivent depuis 201 jusqu' à 209 francs ; les autres touchent 300 fr. et au-dessus ; 52 sur 100 sont mariés, et 4 sont veufs avec ou sans enfant.   (source : L’Indicateur de Bayeux)  

 

Décembre 1843   -  Nouvelles locales.   -   Nous avons eu plusieurs fois occasion de parler de la manière dont on fait la pêche sur nos côtes. Nous avons surtout réclamé contre celle des  moules. 

Il en est une autre contre laquelle nous devons nous élever, celle du petit poisson : c'est vraiment une chose désastreuse que cette pêche, les marins de la côte du Calvados, notamment ceux de l'arrondissement de Caen, se servent de filets à mailles très serrées, et il n'est pas étonnant de voir à la Délivrande, par exemple, vendre le poisson par mesure. Ajoutons même que lorsque le poisson est trop petit pour être vendu, on le garde pour le donner aux volailles du pays. 

C'est là un abus que nous signalons à MM. les syndics, et qu'il est temps de voir disparaître. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Février 1844   -  Échenillage.   -   Avons nous besoin de dire ici tous les dégâts, que causent les chenilles ?  Nous croyons donc utile de rappeler à l'administration qu'il y a une loi du 20 ventôse an IV, qui fixe l'époque à laquelle l'échenillage doit avoir lieu ; qu'en outre le § 8 de l'article 471 et l'art. 474 du Code pénal punissent de l'amende, et même de 3 jours de prison, ceux qui auront négligé d'écheniller dans les jardins ou dans les campagnes où ce soin est proscrit.

Ce serait un grand service à rendre à l'agriculture que d'exiger l'exécution de la loi de l'an IV. Or, cette loi prescrit à tous propriétaires, fermiers, locataires ou autres faisant valoir d'écheniller ou faire écheniller avant le 1er mars prochain, les arbres plantés sur leurs héritages, et de brûler sur le champ les bourses et toiles tirées des arbres, haies ou buissons.

Il importe d'autant plus de rendre cette loi exécutoire que les arbres ont à craindre cette année, outre les chenilles, un ennemi bien redoutable, les hannetons. Déjà les laboureurs et les jardiniers qui ont remué la terre en ces derniers temps, en ont rencontré en grand nombre.

Pour notre compte, nous en avons vu il y a déjà huit jours détruire deux cent cinquante à trois cents dans un espace très restreint. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mars 1844   -  Nouvelles locales.  -   Un vent de nord-est souffle en ce moment avec une grande violence, ce qui contrarie beaucoup la pèche sur notre côte. 

Des marins nous affirment que depuis plus de 40 ans, la mer n'avait été plus terrible que la nuit dernière. Nous sommes, quant à présent, assez heureux pour n'avoir aucun sinistre à signaler.  (source : L’Indicateur de Bayeux)  

 

Mai 1844   -  Nouvelles de France.   -   D'après la statistique de l'instruction publique en France, on compte 1 466 établissements d'instruction secondaire, savoir : 41 collèges royaux, dirigeant l'instruction de 15 780 élèves ; 312 collèges communaux, dirigeant l'instruction de 28 200 élèves ; 102 institutions, dirigeant l'instruction de 2 580 élèves.  — Total : 75 930 élèves. 

En y comprenant les écoles primaires, le total des maisons d'éducation approche de 40 000, dans lesquelles sont reçus 3 millions d'enfants et d'adultes. 

Voici, en outre, comment sont divisées les écoles communales : 26 470 sont spécialement affectées aux catholiques, 365 aux protestants, 29 aux Israélites, et 2 450 reçoivent des élèves de cultes différents. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mai 1844   -  Nouvelles locales.  -    II y aura, le 31 du mois, une éclipse totale de lune, visible à l’œil nu. L'éclipse commencera à 8 heures 14 minutes du soir, et cessera à 1 heure 26 minutes du matin. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juillet 1844   -  Nouvelles locales.   -  On coupe de toutes parts les colzas dans la plaine de Caen. Ceux qui n'ont point été transplantés ne sont presque pas inférieurs aux autres, tant l'hiver a été favorable à cette plante importée chez nous il y a un demi siècle, et qui forme aujourd'hui un des principaux éléments d e notre richesse agricole. Quelques blés ont été roulés par les dernières pluies, mais seulement dans quelques parties du Calvados, le dommage est peu considérable. (source : L’Indicateur de Bayeux) 

 

Juillet 1844   -  Nouvelles locales.   -  L'année 1844 sera aussi précoce qu'abondante. Les seigles des environs sont déjà tellement avancés qu'il seront bons à couper dans la première quinzaine de juillet. Quant aux blés, ils commencent à jaunir aussi.

La fauchaison des foins est commencée. Les fruits devront être à bon marché cet année. Les arbres en général en sont tellement chargés qu'on a été obligé d'étayer leurs branches.  (source : L’Indicateur de Bayeux)  

 

Juillet 1844   -  Nouvelles locales.   -   Voici quel a été le mouvement de la population dans le Calvados en 1843 .

NAISSANCES. Enfants légitimes : garçons, 4 432 ; filles, 4 277 ; total : 8 709 .

Enfants naturels reconnus : garçons, 113 ; filles, 116 ; total : 229.

Enfants naturels non reconnus : garçons, 442 ; filles, 382 ; total : 824 . Total des naissances : 9 762.

MARIAGES. Entre garçons et filles, 3 034 ; entre garçons et veuves, 217 ; entre veufs et filles, 375 ; entre veufs et veuves, 120. Total des mariages : 3 746.

DÉCÈS. Garçons, 2 708 ; hommes mariés, 1 332 ; veufs, 781 ; total : 4 821. Filles, 2 709 ; femmes mariées, 1204 ; veuves, 1 285 ; total : 4 998. Total des décès : 9 819.

Il résulte du tableau ci-dessus qu'en 1843, les décès ont excédé les naissances de 57. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Octobre 1844   -  Nouvelles locales.  -  Le hareng qui depuis un assez grand nombre d'années n'apparaissait plus que rarement et en petite quantité sur nos côtes, y est revenu ces jours derniers par bancs nombreux. 

La semaine passée, l'abondance de ce poisson était telle qu'on en prenait pour ainsi dire avec la main sur les bas fonds, à deux mètres à peine du rivage. Le débit en est très considérable à la poissonnerie et dans toutes nos rues. (Pilote.) (source : L’Indicateur de Bayeux)  

 

Novembre 1844   -  Nouvelles locales.  -   Des phénomènes de végétation, que beaucoup de gens regardent comme l'indice certain d'un hiver rigoureux, se font remarquer cette année dans le midi de la France. Non seulement des poiriers et des amandiers sont en pleine floraison dans plusieurs localités des environs, mais on voit des fleurs de lilas aussi belles et aussi parfumées qu'au mois d'avril. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Novembre 1844   -  Nouvelles locales.  -   La mer vient d'envahir les herbages situés entre Bernières et Courseulles. C'est un événement grave et fâcheux pour ceux dont les propriétés se trouvent ainsi, sinon perdues tout à fait du moins complètement dénaturées.

Mais ce qui est beaucoup plus grave et plus fâcheux encore, c'est que si l'on ne trouve moyen d'empêcher de nouvelles irruptions, les eaux séjournant dans ces terrains qui sont au-dessous du niveau de la mer et s'étendent jusqu'au centre des deux communes, ne manqueront pas dans les chaleurs, d'engendrer des miasmes pestilentiels dont les populations deviendront les victimes. 

Le seul écoulement de ces eaux en ce moment, consiste en deux goulets. L'un propriété particulière et servant à des parcs à huîtres, est presque continuellement fermé. L'autre appartenant à la commune de Bernières, établi à plus de 40 centimètres trop haut, et de 15 à 20 mètres trop court, est presque continuellement bouché, par les apports de la mer. 

Avec de pareils moyens, de dessèchement, les plus grands malheurs sont inévitables, et nous appelons l'attention de l'autorité sur un état de choses qui, si l'on n'y porte de prompts et énergiques remèdes, doit nécessairement avoir des conséquences désastreuses. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juin 1845   -  Nouvelles locales.   -   Nous lisons dans « le Pilote » les réflexions suivantes auxquelles nous nous associons, en les appropriant aux faits analogues qui se passent dans notre ville : « Puisqu'un règlement de police, fort sage du reste, interdit aux habitants de notre cité de se livrer à aucune profession bruyante avant une certaine heure de la matinée, pourquoi les prescriptions de ce règlement ne sont-elles pas rendues obligatoires pour les marchands de moules qui entrent en ville, la plupart du temps avant la lever du jour, en soufflant à perdre haleine dans un énorme coquillage foré, en guise de trompe, et en faisant ainsi retentir l'air d'un bruit affreux qui trouble au plus haut degré la tranquillité publique ?

Nous nous empressons de reporter à l'administration municipale cette réclamation qui nous est adressée par une multitude de personnes et que, pour notre part, nous savons être parfaitement fondée.

Puisque nous nous occupons ici des marchands de moules, nous ne saurions trop engager notre commissaire de police à s'assurer souvent, par lui-même, de la qualité de ce mollusque qui est en quelque sorte, durant une partie de l'été, la seule nourriture de la classe ouvrière. La santé publique s'en trouvera bien…..  (source : L’Indicateur de Bayeux) 

 

Juin 1845   -  Nouvelles nationales.   -   La comète observée par M. Arago est visible à l'œil nu, depuis quelques jours sur notre côte.

La direction dans laquelle elle paraît, son peu d'élévation sur l'horizon et l'heure à laquelle elle montre sa plus vive lumière sont probablement les causes qui ont empêché qu'elle ait été remarquée de la ville.

On la voit dans l'Ouest de onze heures à minuit : sa queue qui est dans une position horizontale est considérable, et n'offre pas la même lumière dans toute son étendue.  (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Février 1846   -   Cour d'Assises du Calvados.  -  Jean-Baptiste Léguillon âgé de 53 ans, maître au cabotage, à Berniéres-sur-Mer, accusé d'avoir fabriqué un faux connaissement afin  d'extorquer les fonds, mais reconnaissant qu'il avait agi par imprudence, le ministère public a abandonné l’accusation. Léguillon à été acquitté. (Source  : Journal de Honfleur)  

 

Février 1846   -  Un naufrage.   -  Le 8 de ce mois, le navire « Pierre Auguste », de Saint-Vaast, a sombré entre Arromanches et Sallenelles. Les hommes composant l'équipage ont eu le temps de s'embarquer dans leur chaloupe et de gagner le rivage par une mer affreuse. Les jours suivants tout le littoral était couvert de pommes dont une assez grande quantité a pu être ramassée. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juin 1846   -   Pèche des Moules.  -  Une ordonnance du roi du 18 décembre 1723 a statué sur la pèche des moules. Malgré les dispositions qu'elle contient, il est souvent arrivé que les  pécheurs y ont contrevenu. Plusieurs fois des condamnations ont été prononcées, et l'an dernier notamment, un délinquant a été condamné par le tribunal correctionnel de Pont-l'Évêque à 25  .fr. d'amende pour une contravention à cette ordonnance ( V. notre n° du 14 septembre 1845)

Cependant les contraventions se renouvellent et récemment encore, on en a pu reconnaître à Saint-Sauveur.

Les pécheurs devraient pourtant savoir plus que personne combien il est préjudiciable à l'intérêt commun et à leurs intérêts particuliers de dévaster ainsi les moulières. C'est, sans servir aucunement les intérêts du moment, se priver, pour l'avenir, d'une ressource précieuse, tant pour la nourriture des populations riveraines que pour les bénéfices qu'en tirent les mareyeurs qui en portent dans l'intérieur.  (source Journal de Honfleur)  

 

Septembre 1846   -   Conseil Général du Calvados.  -  Après avoir remarqué que l'esprit public est bon dans le département, M. le préfet en aperçoit une preuve nouvelle dans la  décroissance des crimes et délits. Leur nombre a été moindre que les années précédentes et notamment ceux contre les personnes ont diminué dans une proportion plus forte que ceux contre les propriétés.

L'activité constante des travaux publics et particuliers, maintenue partout, a occupé beaucoup de bras. Le nombre des caisses d'épargnes, celui des déposants et le montant des sommes déposées témoignent du bien-être des populations et des habitudes d'économie qu'elles contractent. Prés de 5 millions y ont été déposés par 8 180 individus.

D'autre par, le nombre des faillites et le montant de leur passif va toujours en diminuant.

La navigation dans les ports du département prend aussi de l'accroissement, tant celle extérieure que celle du cabotage. Il en est de même des constructions navales.

Quant à l'agriculture, malgré les soins des cultivateurs et les améliorations qu'ils y ont apportées, son produit n'a pas été ce qu'on pouvait espérer. Les céréales surtout et les colzas sont  dans ce cas, les fourrages ont été abondants et de bonne qualité.

Sur 3889 jeunes gens appelés à fournir le contingent militaire du département, 915 ont eu à répondre à l'appel de cette année. Un progrès remarquable, c’est que la proportion de ceux qui savent lire et écrire est portée à 68 p. % lorsqu'elle n'était autrefois que de 50 p. %. La taille moyenne s'est aussi élevée. Elle est de 1 m. 656.

Les inscrits maritimes ont, en dix ans, augmenté de 1 103. (source : Journal de Honfleur)

 

Décembre 1846   -  Nouvelles locales.  -  La neige tombée en grande abondance a rendu les routes impraticables. Nous recevons le courrier de Paris à 1 heure, quelquefois même à 2 heures  après midi. Les diligences de Rouen et  de Caen n'arrivent guère que vers 2 heures du matin. ( source : Journal de Honfleur)

 

Décembre 1846   -  Nouvelles locales.  -  La police a saisi, la semaine dernière, a un marchand de comestible de notre ville, un lièvre, prétendant qu'on ne peut en vendre quand il y a de la neige sur terre.

La loi défend de chasser en temps de neige, défend-t-elle de vendre le gibier tué avant la chute de la neige ? parce qu'en revenant de la chasse, la neige tombe, lorsqu'on a encore quelques kilomètres à parcourir, faut-il vider son carnier sur la route pour ne pas être dépouillé de son contenu avant d'entrer en ville ? ( source : Journal de Honfleur)  

 

Février 1847   -  Histoire.   -   Il est a quatre lieues de Caen, sur le bord de la mer, un village jusqu'ici vierge des fouilles de l'antiquaire, c'est St-Aubin-sur-Mer. Cette localité cependant est digue de l'exploration archéologique. Sur les anciennes cartes, ce hameau porte le nom de Camp romain, et la falaise qui s'avance un peu dans la mer, s'appelait Cap romain, elle se nomme aujourd'hui le Castel. Jusqu'ici on avait soupçonné sur cette falaise l'existence d'un château fort : la réalité maintenant doit écarter la conjecture.

Avant l'année 1610, la Seulle n'avait pas, comme aujourd'hui, son embouchure à Courseulles. Après avoir baigné le pied du château de ce bourg, elle dirigeait son cours de l'ouest à l'est, tout le long de la plage, et se jetait dans la mer, à Bernières, prés du Cap romain, où elle formait un port.

De Bras confirme ce fait : « Je ne dois pas omettre, dit-il, que depuis le havre de Berniéres jusqu'au havre du dit Oystreham, sont basties de long temps le long de la mer trois fortes hautes tours pyramides, à savoir à Berniéres, à Langrune et audit Oystreham : l'on dit de grande antiquité que audit Berniéres demeura sur le sable une grande baleine, etc... » Au témoignage de M. de Bras se joignent les actes : Joute le havre de Berniéres, lit-on dans quelques contrats. Ce port existait encore au commencement du XVIIe  siècle, et ce fut en 1610 qu'une tempête épouvantable obstrua le passage de la Seulle, qui se fraya une autre embouchure entre Graye et Courseulles.

Les traces de cete révolution, géologique sont encore visibles aujourd'hui et on peut suivre l'ancien lit de la Seulle. De Courseulles à Saint-Aubin, à une distance très rapprochée de la mer, on rencontre une chaîne irrégulière, mais non interrompue, de flaques d'eau, toutes invariablement étendues dans une longueur parallèle à la ligne des côtes. Ces flaques communiquent entre elles par des infiltrations souterraines. Ce sont là les ruines, si je puis ainsi dire, les débris de l'ancien lit de la rivière. Au reste, on ne peut pas contester l'existence d'un port à Bernières.

Lorsqu'en 1610, la Seulle, par la violence des marées se forma une autre embouchure, ses dégâts firent naître des procès considérables entre les propriétaires riverains, et dans une enquête, faite par ordre du Parlement sur les ravages causés par le déplacement du cours de cette rivière, on voit que la mer n'avait pas seulement comblé l'embouchure et le port, mais qu'elle avait englouti les magasins et les maisons qui les environnaient. Et d'ailleurs, des vieillards interrogés ont encore vu des baraques en cet endroit, ils y ont vu pêcher, et moi-même, en mon enfance, j'ai vu, dans de grandes marées, la mer pénétrer là où fleurissent maintenant la luzerne et le sainfoin. L'abbé Outhier, dans sa Carte topographique du diocèse de Bayeux, en 1736, indique l'ancien port de Bernières, et, plus tard, Cassini l'appelle l'ancien havre de Bernières.

De Reviers à Tailleville, de Bernières à Saint-Aubin, on reconnaît les traces visibles d'un camp romain. Le terrain, quelque remué qu'il soit, en trahit encore les vestiges. Le comte de Caylus en a parlé (Recueil d'antiquités, tom. V, pag. 309). Puis on lit dans quelques actes : Delle de la grande Guerre. La passait aussi une voie romaine, qui, partant de Bayeux, joignait, le camp de Reviers à celui de Bénouville. On sait que les Romains gardaient l'embouchure des rivières, parce que les Barbares pénétraient par là dans l'intérieur du pays. Or, comme la Seulle passait à Berniéres, ils y avaient un fort avancé qui se détachait du camp principal et s'y ramifiait. On n'en peut douter en présence des débris de construction renversée qui se trouvent tout près. L'établissement devait être considérable, parce que à quelque distance il y avait un lieu de sépulture : c'était un monticule, on l'appelait le Saint-Aubin.

Dans le pays, on pensa que là s'élevait autrefois une chapelle. A la révolution, ce tertre fut vendu comme bien national. Quand on nivela le terrain pour en faire un jardin, on trouva beaucoup de cercueils en pierre, pareils à ceux que M. l'abbé Durand a découvert à Bénouville ; on recueillit aussi quelques pièces d'or et d'argent, mais elles furent prêtées, et on ne les a pas revues. Dans les jardins contigus a ce lieu, on déterre encore souvent des ossements.

La falaise de Saint-Aubin, que le flot ronge au vif chaque jour, se prolongeait autrefois bien d'avantage dans la mer. Des vieillards consultés m'ont dit avoir vu creusé dans la falaise, un puits où l'on trouva des vases, des cuillères, une meule à broyer du grain que l'on conserve à Saint-Aubin. Il y avait encore un autre puits plus avancé dans la mer, mais il a aussi disparu par les éboulements successifs de la falaise. En cet endroit, M. Vaugeois, de l'Aigle, recueillit, en 1828, des fragments de tuile, du ciment romain, et un morceau de marbre de Vieux, qu'il déposa dans le Muséum des antiquités de la Normandie.

Voici ce que j'ai lu dans un acte passé en 1709, devant le tabellion de la sergenterie de Bernières, relativement à une pièce de terre située sur la falaise de Saint-Aubin : « Delle du Mesnil, bute d'un bout le grand chemin du Roi, et de l'autre le chastel de Saint-Aubin en Ville. En avril 1839, sur ce même emplacement, un habitant de Saint-Aubin, voulant enclore un petit champ, fit creuser un fossé d'un mètre de profondeur. On découvrit un mur dont on suivit la trace sur une longueur de dix mètres, allant du nord au sud, il avait un mètre seize centimètres d'épaisseur, mais d'autres murs venant s'y joindre, de l'ouest à l'est, étaient moins épais et paraissaient former des cellules. On ne creusa pas plus loin, car là se bornait le terrain du propriétaire. Là, j'ai vu des ossements, j'ai recueilli des briques, des tuiles, de la poterie, du ciment romain, et sept médailles romaines, je la dois à M. Lambert, bibliothécaire de la ville de Bayeux.

Ces médailles renferment entre elles un espace de trois siècles environ, depuis l'avènement de Claude à l'empire, jusqu'à la mort de Constantin-le-Grand. Sans doute, elles ne sont point remarquables sous le rapport numismatique, car elles ne sont pas rares, mais elles sont importantes pour l'histoire de la localité, puisqu'elles confirment l'opinion que l'on avait de l'existence d'un établissement romain sur ce point de notre littoral.

Nul doute que, si l'on faisait des fouilles sérieuses à Saint-Aubin-sur-Mer, on ne trouvât des choses, puisque, dans un si petit espace, on a découvert des objets d'une aussi grande valeur historique. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juin 1847  -  Nouvelles locales.   -   Malgré les conseils sans cesse répétés, il se trouve encore des personnes qui, en temps d'orage, vont chercher abri sous quelques arbres, elles en sont  toujours victimes.

On assure cependant que le hêtre n'est jamais frappé de la foudre, et même qu'il l'éloigne. Les naturels de l'Amérique septentrionale ont, dit on, l'habitude de se réfugier sous cet arbre et il n'y a pas d'exemple qu'ils aient jamais été atteints.

Ce phénomène est digne de fixer, l'attention des observateurs. C'est un fait, facile à vérifier et qu'en tout, cas on doit faire connaître surtout aux habitants des campagnes. ( source : Journal  de Honfleur)  

 

Septembre 1847  -  Nouvelles Maritimes.   -   Les marées de samedi, dimanche et lundi prochains seront très fortes, et les plus hautes de l'année. Pour peu que les vents les favorisent, la mer s'élèvera, dimanche 26 à 7 mètres 90, et sera pleine à 10 heures.

Il y aura le 24 une éclipse de lune invisible à Paris.

L'automne commencera le 23, à 4 heures 32 du soir, temps moyen de Paris. (source : Journal de Honfleur)  

 

Septembre 1847  -  Nouvelles Locales.   -   Sur les 80 000 hommes formant le contingent de la classe de conscription de 1846, 60 000 sont appelés à l'activité par une ordonnance du roi insérée au « Moniteur », savoir :

53 650 pour l'armée de terre ; 6 350 pour l'armée de mer.

L'époque du départ sera ultérieurement déterminée par le ministre de la guerre. (source : Journal de Honfleur)  

 

Octobre 1847  -  Nouvelles du Roi.   -   Le roi a accompli le 6 octobre sa soixante-quatorzième année. (source : Journal de Honfleur) 

 

Septembre 1847   -  La grande marée.   -   La grande marée de syzygie qui commencera vendredi prochain 24 courant et dont le maximum de hauteur aura lieu sur nos côtes le 26, sera la plus considérable de l'année et une des plus considérable qu'on puisse voir.

Avec des gros temps et des vents de large, cette marée pourrait produire des effets dévastateurs : celle du 11 août dernier, qui n'était que de 1 mètre 11 centimètres, avait déjà causé des dommages. Celle du 26 calculée à 1 mètre 16 centimètres atteindra une unité de hauteur de 2 mètres 48 centimètres ; des précautions auront dû être prises sur tous les points, de nature à garantir tout accident grave. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Septembre 1847   -  Nouvelles locales.   -   Nous aurons prochainement le spectacle d'une éclipse annulaire et centrale du soleil. C'est le 6 octobre, à six heures vingt et une minutes du matin que commencera l'éclipse pour Paris ; la fin de l'éclipse annulaire aura lieu à 8 heures 58 minutes. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Septembre 1847   -  La grande marée.   -   La grande marée de syzygie qui commencera vendredi prochain 24 courant et dont le maximum de hauteur aura lieu sur nos côtes le 26, sera la plus considérable de l'année et une des plus considérable qu'on puisse voir.

Avec des gros temps et des vents de large, cette marée pourrait produire des effets dévastateurs : celle du 11 août dernier, qui n'était que de 1 mètre 11 centimètres, avait déjà causé des dommages. Celle du 26 calculée à 1 mètre 16 centimètres atteindra une unité de hauteur de 2 mètres 48 centimètres ; des précautions auront dû être prises sur tous les points, de nature à garantir tout accident grave. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Septembre 1847   -  Nouvelles locales.   -   Nous aurons prochainement le spectacle d'une éclipse annulaire et centrale du soleil. C'est le 6 octobre, à six heures vingt et une minutes du matin que commencera l'éclipse pour Paris ; la fin de l'éclipse annulaire aura lieu à 8 heures 58 minutes. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Octobre 1847  -  Nouvelles locales.   -   Dans l'appel à l'activité des 60 000 hommes de la conscription de 1846, le nombre à fournir par le département du Calvados est de 158.

Le départ s'effectuera du 20 au 28 octobre.

Le conseil de révision pour l'examen des remplaçants se réunira à Caen, les 15 et 18 courant, à onze heures du matin.

Le dernier numéro du canton de Honfleur est 42. (source : Journal de Honfleur)

 

Octobre 1847  -  Nouvelles locales.   -   Dimanche dernier entre neuf et dix heures du soir, l'horizon était bordé de nuages noirs et épais au-dessus d'eux, une lueur rouge foncé s'étendait du nord à l'ouest, sur une grande largeur, laissant entrevoir les étoiles comme à travers un voile. On eût dit du reflet d'un immense et violent incendie.

Ce phénomène, qui répandait une lueur sinistre dura une demi heure environ et s'éteignit par degrés.

Il a été observé à Bayeux, à 8 heures et demie dit l’ « Écho Bayeusain ».

Les pêcheurs français qui étaient à la mer en tirèrent le présage de mauvais temps, ils se hâtèrent de regagner le port, et en effet le vent souffla jusqu'au jour avec violence et par rafales, en même temps que la pluie tombai à torrents.

Les marins se rappellent avoir remarqué un semblable fait, il y a quatre ou cinq ans. (source : Journal de Honfleur)  

Novembre 1847  -  On lit dans le « Journal de Caen ».   -   La récolte des pommes n'est pas entièrement terminée et déjà nos cultivateurs sont embarrassés de leurs fruits. Les fûts à cidre manquent, on s'occupe beaucoup à faire bouillir.

L'hectolitre de pommes se vend de 50 c. à 1 fr. 28, des tonneaux de cidre de 1 600 litres se sont vendus aux prix minimes de 45 et même 40 fr. (source : Journal de Honfleur)

 

Novembre 1847  -  Nouvelles locales.   -   Le sloop « Victor », capitaine Le Chartier, parti de Granville le 24 octobre dernier, transportant à Paimpol treize passagers arrivés récemment de Terre-Neuve, a fait côte près de Cherrueix (Bretagne), par suite d'une épouvantable tempête, et a été complètement démoli. L'équipage et les passagers se sont heureusement sauvés. (source : Journal de Honfleur)

 

Novembre 1847  -  Nouvelles locales.   -   Il arrive que, dans quelque petit port, des barques, de simples canots se permettent d'arborer à leur mat la flamme nationale et de déployer à poupe le pavillon national, ce qui est défendu par les ordonnances, notamment celle de 1827. Aucune embarcation de commerce que ce soit ne peut déferler le pavillon à poupe.

De même aucun bâtiment de commerce ne peut porter la flamme nationale, même quand on y placerait quelque signe que ce fût, ou quand on la ferait d’une longueur différente à cette réglementaire.

Il n'y a d'exception que pour les pataches de la douane qui peuvent porter la flamme nationale, mais auxquelles il est interdit de déferler le pavillon à l’arrière. (source : Journal de Honfleur)

 

Mars 1848  -  Acte du Gouvernement Provisoire.   -   1er mars. — Les fonctionnaires de l'ordre administratif et judiciaire ne prêteront pas de serment.

— Considérant que l'égalité est un des grands principes de la République française, qu'il doit, en conséquence, recevoir son application immédiate,

Décrète : Tous les anciens titres de noblesse sont abolis ; les qualifications qui s'y rattachaient sont interdites. Elles ne pourront être prises publiquement, ni figurer dans un acte public  quelconque. (source : Journal de Honfleur)

 

Mars 1848  -  Ordre Judiciaire.   -    D'après un arrêté du Gouvernement provisoire, les arrêts des cours et les jugements des tribunaux seront désormais rendus : AU MOM DU PEUPLE FRANÇAIS.    (source : Journal de Honfleur)

 

Mars 1848  -  Nouvelles Diverses.    -   La marée du 5 mars est la plus haute de l'année ce sera, comme on sait, demain que son effet se fera sentir, et assez fortement si les vents soufflent du S. 0. au N. 0.  (source Journal de Honfleur)

 

Mars 1848  -  Le drapeau.    -   ( 6 mars ) Considérant que le drapeau de la France est le signe visible de l'unité nationale.

Considérant dès lors que la forme du drapeau national doit être fixée d'une manière invariable.

Arrête : Art. 1er . — Le pavillon, ainsi que le drapeau national, sont rétablis tels qu'ils ont été fixés par le décret de la Convention nationale du 27 pluviôse an II, sur les dessins du peintre David.

Art. 2. — En conséquence, les trois couleurs nationales, disposées en trois bandes égales, seront à l'avenir rangées dans l'ordre suivant : le bleu attaché à la hampe, le blanc au milieu, le rouge flottant à l'extrémité. (source Journal de Honfleur)

 

Mars 1848  -  Le gouvernement provisoire de la république décrète : 1e La journée de travail est diminuée d'une heure.

En conséquence, à Paris, où elle était de onze heures, elle est réduite à dix et en province, où elle avait été jusqu'ici de douze heures elle est réduite à onze. (source Journal de Honfleur)

 

Mai 1848  -  Nouvelles diverses.    -    Les conscrits des classes antérieures à 1847 qui étaient restés faisant partie de la réserve, ont reçu ordre de rejoindre,

Le nombre de ceux de la classe de 1847, dans la répartition de 1 055 que doit fournir le département du Calvados, est pour le canton de Honfleur de 38 sur 146 inscrits.

Le conseil de recrutement établi à Caen s'assemblera les 8 et 9 mai pour l'examen et l'admission des remplaçants. (source Journal de Honfleur)

 

Mai 1848  -  Nouvelles diverses.    -   Il est enjoint à MM. les Maires de ne délivrer des passeports pour Paris aux ouvriers que dans le cas où ceux-ci justifieraient qu'ils y seront utilement employés.

Les ouvriers qui avaient leur domicile à Paris avant le 24 février seront seuls admis désormais dans les ateliers nationaux, les autres seront dirigés sur leur département respectif. (source Journal de Honfleur)

 

Mai 1848  -  Nouvelles diverses.    -   L'ordre est donné d'armer le littoral du département de la Seine-Inférieure.

— On dit que des dispositions analogues à la mesure qui précède sont prises aussi pour le Calvados. (source Journal de Honfleur)  

 

Juillet 1848  -  Nouvelles Locales.    -   Le préfet du Calvados vient de prescrire aux maires du département de veiller à ce qu'aucun inconnu ne puisse traverser les communes ou y séjourner sans qu'on se soit assuré de ses antécédents et de l'objet de son voyage.

Ils devront faire saisir par la gendarmerie et conduire devant le procureur de la République tout individu étranger à la commune qui ne serait pas pourvu d'un passeport régulier, qui serait porteur d'armes et de munitions de guerre, sans appartenir à la garde nationale ni justifier d'une mission spéciale.

L'administration municipale de Caen a fait placer en conséquence au pont de Vaucelles un poste de sûreté, où un agent de police se tient en surveillance, chargé d'examiner au passage les voilures et les piétons qui lui paraîtraient suspects. (source : Le Journal de Honfleur)

 

Juillet 1848  -  Nouvelles Locales.    -   Des propriétaires, habitant les campagnes voisines de la ville, nous ont fait part d'une observation qu'ils ont faite et qui pourrait se rattacher aux événements qui ont ensanglanté Paris : il y a quelques semaines, la campagne était sillonnée par des individus réunis en groupes de 6 ou 7, qui demandaient à manger et souvent y coucher, se donnant pour des ouvriers sans ouvrage ; depuis quinze jours environ, ces voyageurs ont disparu presque entièrement.

On en a tiré cette conclusion : que ces individus se rendaient à Paris de tous les points de la France sur un appel convenu.  (source : Le Journal de Honfleur)  

 

Août 1848   -   Nouvelles locales   -  Dans la plaine de Caen, la moisson s'est généralement bien faite. Il n'en est pas malheureusement ainsi dans une partie du Bocage et sur nos cotes. On sait que, dans les communes de notre littoral, en raison de la nature du sol, on ne récolte que du gros blé, dont la maturité est plus tardive.

Les pluies de ces derniers jours n'ont pas permis de la rentrer, les épis son l'en souffrance et beaucoup sont germés. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Novembre 1848   -     Une aurore boréale.   -   Vendredi soir, une aurore boréale a attiré l'attention des habitants. Le ciel qui était entièrement couvert de nuages, devint tout-à-coup d'un rouge feu et présenta un spectacle fort rare dans nos contrées. Quelques personnes croyaient à un incendie, mais bientôt elles furent désabusées, ce phénomène dura a peu près vingt minutes. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1849   -     Tempête.   -  Un violent coup de vent de N . O. s'est élevé, hier dans la soirée, et a grondé toute la nuit.

Ce matin, il soufflait encore par rafales, avec accompagnement de grêle et de pluie, et, la mer, furieuse, venait se briser contre les jetées et la digue, en s'élevant à une hauteur prodigieuse. C'était un de ces beaux et terribles spectacles qu'il nous est donné de temps en temps de contempler.

Ce coup de vent, qui coïncide avec l'époque des grandes marées, a occasionné sur toute l'étendue de notre plage. Aucun sinistre n'a été par bonheur, constaté jusqu'à présent, malgré l'état affreux de la mer, qui n'a pas permis aux paquebots de Caen et d'Honfleur de sortir. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Avril 1849  -  Nouvelles Locales.   -   La semaine qui vient de s'écouler a été remarquable par le temps affreux que nous avons éprouvé. La pluie, la grêle, la neige, ne cessaient de tomber ; le soleil reparaissait par intervalle, mais sa présence compromettait davantage nos arbres en fleurs.

Jeudi soir un coup de vent de N.-N.-E. s'est déclaré en tempête et a duré pendant toute la journée de vendredi, avec une violence à peu près toujours égale.

Une barque de pêche se trouvant à la mer dans la nuit de jeudi à vendredi, a eu un de ses matelots en[1]levé par une lame ; on n'a pu le sauver. Un autre sinistre, dans lequel quatre hommes ont péri, a, dit on, eu lieu. Nous manquons de détails.  (source Journal de Honfleur)

 

Avril 1849  -  Nouvelles diverses.   -   Dans une des dernières grandes marées, la mer a rompu les digues qui s'étaient élevées à l'ancien lit de la Seulles près Bernières ( Calvados) et en se retirant a reformé le lit de cette rivière sur une largeur de 8 mètres et une profondeur de 2 m 50.

Si un prompt remède n'est apporté, une portion considérable des communes de Bernières et de Courseulles, sera rendue à la mer sur laquelle elle avait été prise.

Ce fait vient à l'appui de tout ce qui a été dit récemment sur la nécessité indispensable d'achever sans interruption des travaux de ce genre. (source Journal de Honfleur)  

 

Juin 1849  -  Cour d’Assises du Calvados.   -   Présidence de M. d'Angerville.   -   Audience du 31.

Le nommé Victor Morin, âgé de 30 ans, marchand de veaux, domicilié à Bernières-sur-Mer, comparait devant le jury pour répondre à diverses accusations de faux, en écriture de commerce.

Le jury rapporte sur toutes les questions un verdict de non culpabilité.

— Le 5 avril dernier, Amand-Prosper Victoire, dit Amand Brochet, dit Lesjardins, dit Marie, s'empara, à l'aide d'effraction intérieure, d'une somme d'argent au préjudice du sieur Jean-Baptiste Cahours, dont il était le domestique à gages. Il vola en outre (le même jour dans la maison), un pantalon et une chemise au préjudice du sieur Théodore Cahours, et une blouse au préjudice du sieur Louis Lafosse.    Il subira 6 ans de travaux forcé. (source Journal de Honfleur)  

 

Juin 1849  -  Servitudes sur le rivage de la mer.   -   Une question grave a été résolue par le conseil d'État, le 24 janvier dernier, elle peut intéresser les propriétaires des côtes du Calvados. 

Là où la configuration des côtes de la mer ne permet pas le passage sur le rivage, existe t-il une servitude légale de passage sur des terrains appartenant à des particuliers ? l'établissement de clôtures faites par ceux-ci constitue-t-il une contravention de grande voirie ? 

Le ministère public reconnaissait qu'il n'y a pas dans notre législation de texte précis qui établisse expressément cette servitude, et cependant il était porté à l'admettre comme intéressant la défense du territoire, le service des douanes, l'intérêt de la navigation et la protection des navires naufragés. 

Le conseil a rendu un arrêt où il vise l'ordonnance de la marine de 1681, titre 7, livre 4, les lois des 1er décembre 1790, 4 germinal an XI, 22 pluviôse an VIII, 29 germinal an X, 8 floréal an XI. L'article 538 du code civil, les décrets des 16 décembre 1811,10 avril 1812, enfin la loi du 21 avril 1818, aucune disposition de ces lois ou règlements ne rangeant au nombre des contraventions aux règlements de grande voirie ou de celles qui leur sont assimilées, la clôture des propriétés particulières joignant le rivage de la mer, rejette le pourvoi du ministre des finances, etc. (source Journal de Honfleur)

 

Septembre 1849   -   Nouvelles locales.   -  En présence des nouvelles inquiétudes qu'entretient autour de nous l'annonce de quelque cas de choléra dans plusieurs communes de notre littoral, et sous le coup de la température pluvieuse et froide qui règne depuis huit jours, il est bon de redoubler de soins hygiéniques pour la propreté de la ville. Nous engageons la police à surveiller l'état insalubre de certaines cours, et à exiger des habitants qu'elles soient assainies et désinfectées. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Octobre 1849   -  Nouvelles locales.   -   La pêche des moules est prohibée du 1er de ce mois.

L'abus qui en a été fait les années précédentes a dépeuplé les moulières, malgré la surveillance des gardes-pêches, on en a peu apporté à Honfleur où l'on savait que des mesures étaient prises, mais on en a porté au Havre et sur divers points des rives de la Seine.

Nous avons, il y a trois ans, le 21 juin 1846, rappelé les dispositions de l'ordonnance de 1723 toujours en vigueur. Nous rappelions les obligations imposées aux autorités civiles par celle de 1726 qui, dès 1760 était peu ou point exécutée.

Celle ordonnance imposait aux officiels ordinaires de police le devoir d'informer le ministère public des contraventions qu'ils auraient reconnues. Elle renvoyait à celle citée de 1723, qui spécifiait le minimum de longueur des moules, 0 m. 024 (15 lignes,).

Plusieurs fois des condamnations ont été prononcées, notamment en 1845 par le tribunal correctionnel de Pont-l’Évêque.

Au préjudice qui résulte pour les moulières de l'inexécution des disputions conservatives de l'ordonnance de 1723, nous devons ajouter cette année, une importante considération, le maintien de la santé publique. (Source.  : Le Journal de Honfleur)

 

Novembre 1849   -  Nouvelles divers.   -   Plusieurs cultivateurs ont fait cette année une expérience pour la plantation de la pomme de terre, qui a été suivie d'un plein succès.

Au lieu de semer des morceaux dits mères, suivant l'habitude du pays, ils se sont contentés de semer le germe extrait de la pomme de terre.

Le résultat a dépassé leurs espérances : la semence a parfaitement réussi, et ses produits, qui sont très abondants, se font en outre remarquer par leur grosseur et leur bonne qualité.

Sur cinquante boisseaux de pommes de terre l'on retire un boisseau de germe. On gagne quarante-neuf boisseaux sur cinquante en les semant de la manière précitée.

Pour extraire le germe, on le cerne avec une lame pointue à un demi-centimètre, plus ou moins de chaque côté sur une profondeur d'un centimètre et demi. Les germes ne pourrissent point en terre comme le font souvent les morceaux coupés dits mères. L'on peut semer de deux à trois germes dans le même endroit, en les séparant de trois à quatre centimètres seulement.

Le même procédé avait déjà été découvert et employé avec succès par Louis Touch, propriétaire au Mans. (Source.  -  Journal de Honfleur)

 

Décembre 1849   -   Cour d’Assises du Calvados.   -   Présidence de M. le conseiller GÉRALDY. Audience du 27 novembre. 

Le nommé Lefort, âgé de 17 ans, demeurant à Bernières-sur-Mer, est accusé d'avoir, dans le commencement de cette année, commis des attentats à la pudeur sur des jeunes filles âgées de moins de 11 ans.

Reconnu coupable de ces crimes, il est condamné à cinq années de détention. (Source. :  Journal de Honfleur)  

 

Novembre 1849   -   Nouvelles locales.   -   L'état sanitaire du reste de notre contrée et de notre ville est des plus satisfaisants, à part quelques dérangements causés par l'influence et les variations de la température, aucun des cas de choléra ne s'est manifesté dans aucune de nos communes. Nous avons à ce sujet les renseignements les plus positifs et les plus certains. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Novembre 1849   -   Nouvelles locales.   -   Des pluies abondantes, accompagnées de tonnerre et de vent, règnent depuis huit jours sur notre pays. Un grand nombre de pommiers ont été déracinés. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Décembre 1849   -   Police correctionnelles.   -   Audience du mercredi 19 décembre 1849.

— Thomas Dauval, âgé de 49 ans, journalier, né à Tessy, demeurant à Bernières-sur-Mer, a été condamné en 15 jours de prison pour outrages et violences envers le garde champêtre de Sommervieu.  (source : L’Indicateur de Bayeux)

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 BERNIÈRES  -  Sur la Digue

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