1er Juin 2024

EUN SYIELLE D'HISTOUÈRE D'CALVADOS   

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CAEN

Canton de Caen

Les habitants de la commune de Caen sont des Caennais, Caennaises.

Février 1860   -   le temps qu’il fait.   -   Le premier mois de l'année 1860 a été aussi mauvais que les derniers de 1859 qui ont été si féconds en tempêtes et si désastreux pour la navigation.

Les pluies que nous avons eues se sont fait généralement sentir sur tous les points de la France. Partout les rivières et les fleuves sont débordés et sur certains points les eaux ont atteints la hauteur des grandes inondations de la néfaste année 1856.

Depuis quelques jours cependant le temps a changé un peu ; les vents ont sauté au nord, en nous donnant un peu de neige et il faut espérer qu'ils y resteront quelque, temps afin de sécher les terres qui sont imprégnées d'eau. ( Le journal de Honfleur )

 

Février 1860   -   Un accident ferroviaire.   -   Mardi vers 1 heure d'après-midi, un accident est arrivé à environ neuf cents mètres de la gare de Caen. Des hommes employés au service de la voie conduisaient deux lorys chargés de rails près du pont de l'Orne, à Montaigu. En entrant sur la voie n° 6, le premier lory a déraillé. Le second, qui suivait le premier de dix mètres, arrive sur celui-ci, et trois ouvriers qui n'avaient pu se retirer à temps furent blessés par les rails. Un d'eux surtout a reçu une blessure très grave à la jambe droite. (Moniteur du Calvados)

 

Février 1860   -   Les accidents maritimes.   -   L'augmentation croissante du nombre des sinistres maritimes est une conséquence naturelle du développement inusité que prennent depuis un certain nombre d'années les relations internationales par la voie de mer.

Les statistiques de 1859 nous signalent un total de 2 520 navires perdus. Sur ce nombre, 472 appartiennent à la marine française. Ce chiffre comprend 109 longs courriers et 565 caboteurs. Notre marine de guerre a perdu le « Duguesclin », le « Sané » et « La Stridente ». La marine anglaise, plus cruellement éprouvée, a perdu en tout 1 501 navires, de 5 à 4 par jour.

Les navires dont on n'a pas reçu de nouvelles, et qu'on doit présumer dès lors s'être perdus corps et biens, sont au nombre de 165, qui comprennent 24 français et 77 anglais.

Un nombre assez considérable de navires ont péri par le feu, savoir : 39 américains, 21 anglais, 9 français et 44 sous pavillons divers. En tout 113.

La navigation à vapeur occupe une large place dans la liste des sinistres : 126 steamers ont péri par suite de causes diverses : 11 français, 23 américains et 58 anglais. — 12 navires français ont été victimes d'abordages : ce chiffre est le seul moins élevé que celui des années précédentes. —- Enfin, 47 navires ont été condamnés pour cause d'innavigabilité.

Les sinistres que nous venons d'énumérer se répartissent ainsi qu'il suit entre nos principaux ports de commerce : Marseille, 43 navires perdus ; Bordeaux, 39 ; Nantes. 56 ; le Havre, 19 ; Bayonne, 11 ; Granville, 11 ; Saint-Malo, 13.

En 1858, le nombre total des pertes ne s'était élevé qu'à 2 085 ; c'est donc pour 1859 une augmentation de 237. Ce chiffre, relativement considérable, n'a rien qui doive effrayer, si l'on songe que le nombre des navires employés par le commerce, augmente de son côté, et dans une bien autre proportion. ( Le journal de Honfleur )

 

Février 1860   -   Les effets de la grande marée.   -   Poussée par des vents de N.-E., assez violents, la grande marée de jeudi dernier a atteint dans notre port une hauteur inaccoutumée ; nous n'avons aucun accident à déplorer, seulement l'eau a envahi la route de Honfleur à Pont-Audemer au pont de Ficquefleur. Il y avait 45 centimètres d'eau sur la route et la circulation, pour les piétons, a été interrompue pendant deux heures environ.

Au Havre l'élévation de l'eau a atteint, en certains endroits, le niveau des quais.

A Rouen les eaux de la Seine se sont aussi élevées à une grande hauteur et ont débordé sur les quais. Et enfin, à Caen, le cours Caffarelli ainsi que toutes les prairies basses ont été inondées. ( Le journal de Honfleur )

 

Février 1860   -   Le froid.   -   Au froid glacial des jours derniers, a succédé une température un peu moins rigoureuse. Mais le temps n'en est pas plus beau, bien au contraire ; jeudi, dans l'après-midi, une bourrasque de vents de nord-est, accompagnée de grains de neige et de grésil, est venue avec une furie extraordinaire fondre sur notre localité et a endommagé beaucoup de cheminées et de toitures. ( Le journal de Honfleur )

 

Février 1860   -   Nous lisons dans la Gazette de France.   -   Le projet de créer un département des Alpes-Maritimes, dont le chef-lieu aurait été Nice, paraît décidément abandonné, mais on maintient la formation de trois autres départements, savoir : celui du Mont-Blanc, chef-lieu Chambéry ; celui de l'Escaut, chef-lieu Douai, formé par des morceaux des départements du Nord et de la Somme ; enfin, le troisième serait celui des Bouches de la Seine, chef-lieu le Havre, il prendrait une fraction de la Seine-Inférieure et du Calvados.

Depuis longtemps le projet de créer un département à l'embouchure de la Seine, dont le Havre serait le chef-lieu, est à l'ordre du jour, mais jusqu'à présent des motifs que nous ne connaissons pas en ont retardé l'exécution. Le Havre cependant a une importance telle qu'il devient urgent d'en faire un centre administratif.

Mais revenons au projet mis en avant par la Gazette de France : d'après ce projet le département des Bouches de la Seine doit être formé d'une fraction de la Seine-Inférieure et d'une autre fraction du Calvados. Honfleur alors deviendrait sous-préfecture, cela est évident, mais l'espace compris entre la Touques et la rivière de Ficquefleur serait-il suffisant pour la formation des cantons dont se composerait cet arrondissement ? Nous ne le croyons pas et comme moyen d'agrandissement nous n'en voyons pas d'autres que de prendre sur le département de l'Eure une partie de territoire, Beuzeville, par exemple, pour en faire un chef lieu de canton du nouveau département.

On voit d'après ce que nous avons dit que, dans ce cas, Honfleur, chef-lieu d'arrondissement, serait placé alors au centre de son territoire administratif ce qui n’est pas une considération de peu d'importance.

Il est peu de villes, il n'en est peut-être pas, qui, comme Honfleur, ayant une population de 10 000 habitants et une importance commerciale et maritime telle qu'elle rapporte annuellement 5 500 000 francs, ne soit au moins chef-lieu d'arrondissement.

Nous désirons ardemment que la nouvelle transmise par la Gazette de France soit vraie et notre ville, nous n'en doutons pas, par sa position géographique, son activité commerciale, ne peut manquer d'attirer les yeux du Gouvernement et de devenir sous-préfecture. ( Le journal de Honfleur )

 

Mars 1860   -   Un accident sur la voie ferrée.  -   Lundi matin, à sept heures et demie, la voie de fer, entre Caen et Bretteville, a été le théâtre d'un malheureux accident. Le sieur Chevillard Jacques , employé sur la ligne, se rendait à son ouvrage et marchait sur la voie en face Bretteville. En cet endroit, la voie forme une courbe de huit cents mètres.

Le train descendants n° 3 arrivait en ce moment. Le mécanicien n'aperçut pas Chevillard, et le mauvais temps empêcha celui-ci de se ranger à temps. Il fut atteint par la machine et eut le bras et la jambe coupés. Il a été transporté à l'Hôtel-Dieu. Son état est désespéré. (l’Écho Bayeusain )

 

Avril 1860   -   Les logettes de l’église St-Pierre.   -   Nous nous empressons d'annoncer une nouvelle importante, et qui ne manquera certainement pas d'être accueillie avec bonheur par les amis de l'art archéologique.

Une des logettes qui déshonorent l'église Saint-Pierre vient de disparaître, c'était celle occupée, par une bouquetière et qui était située sur la place et à la droite du portail latéral.

Puissent les autres logettes avoir bientôt un pareil sort ! (Le Ordre et la Liberté)

 

Avril 1860   -   Le froid.   -   Dans la nuit de mardi à mercredi, il a gelé à glace à Caen . Nos correspondances nous annonce qu'il en a été de même à Paris. aujourd'hui la pluie recommence avec plus d'abondance que jamais. (Le Ordre et la Liberté)

 

Avril 1860   -   Les travaux.   -   Depuis jeudi dernier, on s'occupe, dans la rue de la Prairie-Saint-Gilles, de constructions en planches pour les ouvriers qui vont commencer leurs travaux sur la rivière, en exécution de l'arrêté préfectoral en date du 16 mars.

Déjà les locataires des maisons sises sur le pont Saint-Pierre prennent leurs dispositions pour déménager à l'époque prescrite et qui est assez rapprochée.

Hier, à l'angle de la place Saint-Pierre, on lisait ces mots sur une immense toile placée au-dessus d'une boutique de lingerie : « Vente au grand rabais, pour cause de prochaine démolition ». (Le Ordre et la Liberté)

 

Avril 1860   -   Tribunal correctionnel de Caen.   -   Extrait de jugement.

Suivant jugement rendu par le tribunal correctionnel de Caen, département du Calvados, le 22 mars 1860.

La nommé Urbaine-Victoire-Françoise-Émilie Gaumont, femme Marie, âgé de 60 ans, née à Noron, cultivatrice, demeurant à Mondeville.

Déclarée coupable : 1° d'avoir à Caen, le 3 mars 1860, mis en vente et vendu du lait qu'elle avait falsifié par un mélange d'eau dans la proportion de deux dixième de sa valeur ;

2° d'avoir en la même ville, le 4 du même mois, mis en vente du lait qu'elle avait falsifié en le mélangeant de trois dixième d'eau.

A été condamnée à six semaines d'emprisonnement, et par corps à cinquante francs d'amande et aux dépens.

Le tribunal a déclaré confisqué le lait saisi pour être mis à la disposition d'un établissement de bienfaisance, a ordonné que le jugement serait inséré, par extrait, dans les journaux qui se publient à Caen, sous le titre du « Moniteur du Calvados » et de « l'ordre et la liberté » et affiché, également par extrait, au nombre de soixante exemplaires, dans la ville de Caen, dans toutes les communes chef-lieu de canton de l'arrondissement de Caen et aux portes de l'église paroissiale et de la mairie de Mondeville, le tout aux frais de la condamnée.

Le présent extrait certifié conforme, délivré sur la réquisition de M. le Procureur impérial. (Le Ordre et la Liberté)

 

Avril 1860   -   Les Rameaux.   -   L'usage de porter des rameaux le dimanche qui précède le jour de Pâques, est comme on sait universellement répandu. À Paris une immense consommation de verdure et faite cette journée, non seulement dans les églises, mais encore dans les rues ou pas un cheval ne circule sans être orné d'un rameau sur la tête.
Dans l'arrondissement de Bayeux, les rameaux bénits ne figure pas seulement à l'adoration du signe sacré de la Rédemption, ils sont employés à honorer la mémoire des morts et à fleurir les tombes, d'où la dénomination de Pâques -Fleuries.
Avant hier, notre population s'est conformée comme les années précédentes à cette antique tradition, et toute la journée une longue file de parents et d'amis est allée accomplir un pieux pèlerinage dans le cimetière de la ville. (l’Écho Bayeusain )

 

Avril 1860   -   Les orages.   -   Dans la nuit de dimanche dernier, le vent, accompagné de pluie et de grêle, s'est déchaîné sur Caen, avec une impétuosité extrême et a dû endommagé les toits et les cheminées des maisons.

Hier à une heure de l'après-midi, deux violents coups de tonnerre ont été le signal d'un véritable ouragan. L'orage a duré avec toute sa force environ une demi heure, et, pendant le restant de la journée, la pluie n'a pas cessé de tomber.

Ce matin, les nuages ont disparu pour faire place à un ciel magnifique.

La foudre aurait elle voulu enfin joindre sa mauvaise humeur à la nôtre pour chasser honteusement et avec éclats les pluies qui nous abreuvent depuis déjà trop longtemps ? (l’Ordre et la Liberté )

 

Avril 1860   -   La Poste.   -   L'administration des postes s'occupe activement d'une amélioration qui sera bien avantageuse pour les campagnes. Il s'agit d'organiser le service rural de façon à ce que, dans les plus petites communes de France, il y ait régulièrement un service quotidien. ( Le Pays d'Auge )

 

Avril 1860   -   Le printemps arrive.   -   Mardi dernier à 9 heures 14 minutes du matin, nous avons quitté d'hiver pour entrer dans le printemps. Nous amènera t-il de la chaleur ? Il faut l'espérer, car nous avons ressenti assez cruellement les atteintes de l'hiver pour espérer que le printemps nous ramènera le soleil et des beaux jours. ( Le Pays d'Auge )

 

Avril 1860   -   Un feu de cheminée.   -   Un violent feu de cheminée s'est déclaré, le 4 de ce mois, au presbytère de Saint-Julien. Ce feu a été éteint après une heure et demie de travail des voisins, sur les ordres du caporal des sapeurs-pompiers Barbulée. Une petite pompe a été mise en manœuvre. (Le Ordre et la Liberté)

 

Avril 1860   -   La rigole alimentaire.   -   Les travaux relatifs à la rigole alimentaire, qui commencent à peine, se poursuivent déjà avec activité. Un barrage a été établi au bas du pont Saint-Pierre, afin de détourner les eaux de leur cours naturel. Ces eaux longent aujourd'hui le Petit-Cours et l'hospice Saint-Louis, et vont se jeter dans l'Orne, à l'abreuvoir près de la Caserne.

Des constructions en planches ont été faites, des deux côtés de la rive, pour clore les chantiers de la rue des Quais de la rue de La Prairie-Saint-Gilles et les ouvriers ont mis la main à l’œuvre. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1860   -   Un accident du travail.   -   Le 14 de ce mois, vers 6 heures du soir, le jeune Blin, âgé de 14 ans, ouvrier couvreur, demeurant chez ses parents, rue du Tour-de-Terre, était à travailler sur la maison sise rue de Geôle, n° 22. Au moment où il descendait une échelle placée contre la maison, il fut pris subitement d'un étourdissement, et est tombé sur le pavé de la cour d'une hauteur d'environ 3 mètres.

Appelé immédiatement à donner ses soins, M. le docteur Bourrienne a déclaré que, dans cette déplorable chute, le jeune Blin s'était facturé la cuisse gauche. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1860   -   La S.P.A.   -   Cette année, comme les précédentes, la Société Prospective des Animaux, fondée à Paris en 1845, et placée sous le patronage de M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux Publics, tiendra dans les derniers jour de mai, une séance solennelle et publique pour la distribution de ses récompenses aux cochers, palefreniers, charretiers, bergers, garçons et servantes de fermes, garçons maréchaux, conducteurs de bestiaux, garçons bouchers, à toute personne enfin qui a fait preuve, à un haut degré, de bienveillance, de bon traitements et de soins assidus envers les animaux.

On sait que cette Société accorde aussi des médailles et des primes aux inventeurs d'appareils destinés à diminuer les souffrances des animaux, et aux auteurs de publications utiles au développement de son œuvre.

Les pièces concernant les candidats à proposer doivent être adressées franco, avant le 15 mai, à M. le vicomte de Valmer, président de la Société, rue de Lille, 19, à Paris. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1860   -   Les travaux de l’église St-Pierre.   -   Nous apprenons à l'instant que le pilier de la tour de l'église Saint-Pierre est démoli, et que le public est admis à visiter les travaux de dix à onze heures du matin et de quatre à cinq heures du soir. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1860   -   L’hiver.   -   Le bonhomme hiver veut-il ou ne veut-il pas céder sa place au printemps ? Telle est la question que nous nous adressons depuis trop longtemps déjà. Mardi dernier, les rayons du soleil étaient tellement splendides qu'on se sentait aise de prendre les vêtements d'été.

Hier et toute la nuit, un vent du nord assez violent a soufflé sur Caen et a changé tout-à-coup la température. Ce matin, des rafales de grêle sont tombées sur notre ville, le vent est aussi fort et le froid est aussi vif qu'au milieu de l'hiver. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1860   -   Tribunal correctionnel de Caen.  -  Extrait de jugement.

Suivant jugement rendu par le tribunal de police correctionnelle de l'arrondissement de Caen, département du Calvados, le 19 avril 1860.

Le nommé François-Noël Hue, âgé de 48 ans, marchand de lait, né et demeurant à Éterville.

Déclaré coupable d'avoir falsifié du lait par lui apporté à Caen, le 24 mars 1860, pour y être vendu, en mélangeant ce lait d'un dixième d'eau pour une partie, et de cinq dixièmes pour l'autre partie.

A été condamné à trois mois d'emprisonnement, à cinquante francs d'amende et aux dépens.

Le tribunal a déclaré confisqué le lait saisi pour être mis à la disposition d'un établissement de bienfaisance, a ordonné que le jugement serait inséré, par extrait, dans les journaux qui se publient à Caen, sous le titre du Moniteur du Calvados et de l'Ordre et la Liberté, et affiché également par extrait, au nombre de soixante exemplaires, dans la ville de Caen, dans toutes les communes chefs-lieux de canton de l'arrondissement de Caen, ainsi qu'aux portes de l'église paroissiale et de la mairie d'Éterville, le tout aux frais du condamné.

Le présent extrait certifié conforme et délivré sur la réquisition M. le procureur impérial. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1860   -   La Foire de Caen  -   Le beau temps si impatiemment attendu est enfin arrivé.

Hier, la ville de Caen avait pris un air de fête. Dès le matin toutes les campagnes des environs accouraient en foule et les promeneurs inondaient les rues qui conduisent au grand Cours, où les marchands désespérés de la persistance de l'hiver qui faisait le vide autour de leurs magasins, ont, comme on le pense bien, salué joyeusement sa bienvenue, c'est donc hier seulement à proprement parler, qu'a commencé la foire de Caen. Tout annonce qu'elle sera des plus brillantes et des plus productives. ( Moniteur du Calvados )

 

Mai 1860   -   Un accident.   -   Hier matin, vers 9 heures, un accident, qui pouvait avoir de graves conséquences, a mis en émoi la population d'un des quartiers de la ville de Caen.

La rue Pavée, qui est le prolongement de la route de Vire, était alors encombrée de voiture arrivant en ville ou stationnant devant le bureau d'octroi, et les cavaliers de la compagnie de remonte venaient de passer dans cette rue, allant conduire leurs chevaux sur la route. Tout à coup un cheval, ayant pris le mors aux dents, redescendit la rue avec une rapidité effrayante et vint se briser le poitrail sur le timon d'une voiture arrêtée au coin de la rue Damozane.

Le sang sorti à flots, inondant la rue, et ce fut avec peine que le cheval put être ramené à la caserne, à la porte de laquelle il tomba en rendant le dernier soupir.

Des accidents de ce genre, et même plus graves, arrivent fréquemment dans cette rue, depuis qu'elle est traversée chaque jour, plusieurs fois, par ces chevaux neufs, souvent vicieux et indomptés, qui sont l'effroi des habitants du quartier, celui d'hier aurait pu coûter la vie à plusieurs personnes. Un enfant a été sur le point d'être tué, et la sûreté publique exige que l'on prenne immédiatement des mesures de précaution.

Les chevaux pourraient être conduits dans la campagne, par le chemin du Clos-Caillet qui va de la rue Damozane à la route de Venoix, et les chevaux ombrageux ne devraient pas sortir des cours de la caserne du Bourg-l'Abbé.

Manquer de prévoyance en ceci, ce serait assumer la responsabilité des malheurs qui en seraient la suite. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1860   -   Passage de troupes.   -   Le 3e bataillon et le dépôt du 5e de ligne, fort d'environ 30 officiers, 260 hommes et de chevaux, quitteront Argentan le 25 mai et iront loger le même jour et le lendemain à Falaise ; le 27, à Caen ; le 28, à Bayeux ; et le 29, 30, à Isigny d'où ils partiront le 31 pour Montebourg. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1860   -   Les facteurs ruraux.   -   Les habitants des communes rurales sont informés que les facteurs ruraux sont autorisés à accepter des particuliers qui leur en donneront commission, et cela sans qu'il puisse en résulter aucune responsabilité pour l'administration des postes, le pouvoir de retirer du bureau de poste auquel ils sont attachés des valeurs côtées et des lettres contenant des valeurs déclarées, ou de toucher à ce bureau des mandats d'articles d'argent.

Les facteurs ruraux en cours de tournée seront munis du modèle des procurations, ce modèle sera communiqué toutes les fois qu'on le demandera. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1860   -   La situation de l'agriculture.   -   On nous communique les détails suivants sur la situation de l'agriculture dans notre canton.

Quoique le défaut de chaleur nui à nos herbages, ils ont pourtant encore un aspect satisfaisant. Les blés, malgré les pluies abondantes, promettent beaucoup. Nos arbres à noyau ont eu belle floraison ; les poiriers ont également bien réussi et les pommiers qui ont été bien retardés par une température défavorable donnent de grandes espérances.

Il faudrait maintenant du beau temps et de la chaleur et l'année serait, nous assure-t-on, très fertile. ( Le moniteur du Calvados )

 

Juin 1860   -   Un accident.   -  Lundi, le nommé Soisnet Jacques-François, âgé de 50 ans, ouvrier du port, travaillait au déchargement du bateau à vapeur le « Cygne », dans le bassin de Caen, et, se trouvant dans la cale du bâtiment, il était chargé d'attacher, à l'aide d'une sangle, plusieurs sacs de guano que d'autres ouvriers montaient sur le quai au moyen d'une grue.

Tout à coup et au moment où on enlevait dix sacs, la grue dérapa, et toute la charge tomba d'une hauteur d'environ  trois mètres sur le corps du malheureux Soisnet, qui, outre de fortes contusions, eut la jambe gauche fracturée un peu au-dessus de la cheville. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   Un ouragan.   -   Samedi dernier, au moment où nous mettions sous presse, un violent ouragan se déchaînait sur la ville de Caen. Un vent d'ouest et sud-ouest, qui avait soufflé avec force pendant la matinée, devint tout à coup d'une violence extrême, et bientôt les ardoises, les tuiles de nos toitures voltigèrent dans la rue, des cheminées entières furent rasées. Sur le Cours et devant la Préfecture, plusieurs de nos magnifiques arbres furent déracinés et renversés. Dans nos établissements militaires, des guérites de fonctionnaires ont été jetés à terre. Les dégâts dans les jardins et dans la campagne sont grands, et les pertes occasionnées dans cette circonstance ne sauraient être évaluées

Il n'est heureusement survenu aucun accident dans notre ville. Un seul, qui aurait pu avoir des suites funestes nous a été signalé : un jeune mousse, qui se trouvait sur le bord du bassin, a été subitement enlevé par une rafale et jeté à l'eau, mais, heureusement, il savait nager et il a pu se retirer promptement. Nous faisons des vœux pour n'avoir point à enregistrer de cruels sinistres que cet ouragan pourrait avoir causés sur nos côtes. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   Un accident.   -   Hier, à une heure et demie, une pauvre femme de la campagne, la nommée Rose Leroy, dit-on, âgée d'environ 45 ans, de la commune d'ifs, se trouvait au coin de l'impasse Cauvigny, attendant, pour traverser la rue St-Jean, qu'une charrette l'eût dépassée. Au même instant, un cheval monté par un domestique, déboucha dans l'impasse et arriva sur cette femme, qui, en poussant des cris de détresse, tomba à la renverse.

Malheureusement, le cheval, bien qu'il n'allât qu'au pas, fut effrayé des cris qu'il entendait, et, dans un mouvement qu'il fit sous la main de son cavalier, il frappa d'un coup de pied la pauvre Rose Leroy et lui fit au front une assez profonde blessure.

Aussitôt la foule s'empressa autour de la victime de l'accident, qui reçut les soins les plus empressés de la part de M. le docteur Viger.

L'état de la blessée, quoique assez grave, n'offre pourtant aucune inquiétude. Elle a été transportée chez elle par les soins du propriétaire du cheval, qui avait eu la bonté de lui remettre de l'argent.

Il résulte des renseignements pris sur cet événement que le domestique n'est coupable d'aucune imprudence.

On nous assure que la femme Leroy est presque atteinte de cécité, ce qui explique le peu de soin qu'elle a mis à se garer du cheval. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   Une chute au château.   -   Hier, une vache, qui paissait sur les remparts du château, est tombée d'une hauteur d'environ cinq mètres, et, dans sa chute, elle s'est brisé les reins.

Cette bête, qui n'avait que trois ans, a dû être transportée à l'abattoir, où elle a été tuée. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   Bains et lavoirs publics.   -   Jeudi dernier, le Conseil municipal de Caen, sous la présidence de M. Bertrand, s'est réuni à l'effet de statuer sur d'importantes questions.

Nous nous empressons d'annoncer que, dans cette séance, le Conseil à voté à l'unanimité l’établissement de bains et lavoirs publics dans l'ancien quartier de la Foire, à l'endroit connu sous le nom de séchoir du boulevard.

Le montant des dépenses qu'occasionneront ces travaux, auxquels s'intéresse si vivement notre population, s'élèvera à la somme de 405 746 fr. 69 c., et le Conseil a autorisé M. le maire à traiter avec une compagnie anonyme pour leur exécution.

Nous espérons pouvoir publier le procès-verbal de la séance du Conseil municipal. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   Les actes administratifs.   -  Le n° 10 du Recueil des Actes administratifs contient la circulaire suivante, adressée par M. le préfet aux sous-préfets, maires et instituteurs du département.                                                                                                                                                                        

Caen, le 25 mai 1860

Messieurs,

 

Un instituteur du département à omis volontairement sur les rôles de la rétribution scolaire, pendant plusieurs mois, un élève payant de son école, contrairement aux dispositions du paragraphe VII de l'instruction réglementaire du 31 juin 1854.

Cette infraction m'a paru ne pas devoir rester impunie, j'ai infligé, en conséquence, à l'instituteur qui s'en était rendu coupable la peine de la réprimande.

Agréez, etc...                           Le préfet du Calvados. Tonnet

( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   Curage du Grand-Odon et des canaux, rigoles, fossés, etc…   -   Le maire de la ville de Caen, officier de l'Ordre Impérial et de la Légion d'honneur.

Prévient les habitants que les eaux du Grand-Odon seront détournées le samedi 16 courant, afin que le curage puisse commencer, sur tout le parcours de cette rivière, le lundi 18.

Le curage se fera à vieux fonds et à vieux bords, la largeur primitive sera rétablie, les pierres, sables, plantes, ainsi que les vases et autres immondices, seront enlevés et jetés à un mètre loin du bord, on fera disparaître les alluvions, les arbres, souches, racines et tout ce qui peut mettre obstacle au libre cours des eaux.

On donnera au lit du cours d'eau une pente régulière et uniforme, et on réparera avec le plus grand soin les berges, talus, digues et chaussées, de manière à empêcher les filtrations.

Les habitants sont, en conséquence, invités à se conformer exactement à ces dispositions et à préposer des ouvriers en nombre suffisant pour que le curage soit effectué dans les délais prescrits, et faute, par les riverains, d'avoir fait commencer les travaux de curage, le 18 courant, il sera préposé des ouvriers à leur frais.

Les propriétaires, locataires ou fermiers qui désireraient faire effectuer le curage, pour la partie qui les concerne, par un entrepreneur choisi par la ville, sont invités à en faire la déclaration au secrétariat de la mairie, avant le lundi 18 de ce mois.

À l'hôtel de ville le 12 juin 1860                                      F.-G Bertrand 

( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   Pour les élèves des lycées et collèges.   -   A l'occasion de l'annexion de la Savoie et de l'arrondissement de Nice à la France, le ministre de l'instruction publique a décidé qu'il y aurait congé avec sortie demain dimanche 17, pour les élèves des lycées et collèges des départements. Deux jours seront ajoutés aux grandes vacances pour tous les lycées et collèges de l'Empire. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   L'annexion de la Savoie et de l'arrondissement de Nice à la France.   -   Dimanche dernier, à midi, le Te Deum solennel pour la réunion de la Savoie et de l'arrondissement de Nice à la France a été chanté dans la basilique Saint-Étienne, en présence de toutes les autorités civiles et militaires de la ville, à la tête desquelles se trouvaient M. Le premier président, M. le préfet et M. le général commandant la subdivision du Calvados.

Au moment où le vénérable curé de Saint-Étienne qui officiait, a entonné le chant d'actions de grâces, une salve de vingt-un coups de canon a été tirée par l'artillerie du château.

Malheureusement, une pluie diluvienne n'a cessé de tomber pendant toute la matinée et jusqu'à deux heures de l'après-midi. A partir de ce moment, le temps s'étant remis, on a pu, le soir, illuminer les édifices publics, principalement l'Hôtel-de-Ville, l'hôtel de la Préfecture, et le Palais de Justice. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   Pour les élèves des lycées et collèges.   -   A l'occasion de l'annexion de la Savoie et de l'arrondissement de Nice à la France, le ministre de l'instruction publique a décidé qu'il y aurait congé avec sortie demain dimanche 17, pour les élèves des lycées et collèges des départements. Deux jours seront ajoutés aux grandes vacances pour tous les lycées et collèges de l'Empire. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   Travaux à l'église Saint-Julien.   -   Le maire de la ville de Caen, officier de l'Ordre Impérial et de la Légion d'honneur.

Informe ses  concitoyens que, le lundi 2 juillet prochain à deux heures de l'après-midi, dans une des salles de l'hôtel-de-ville, il procédera à l'adjudication au rabais, sur soumissions cachetées, des travaux et fournitures à faire pour la reconstruction de l'un des bas-côtés de l'église Saint-Julien.

Chaque soumission devra être écrite sur papier timbré et accompagnée d'un certificat de capacité, délivré par un ingénieur ou un architecte.

Le devis des travaux s'élève à 25 268 fr. 04 c.

Jusqu'au jour de l'adjudication, les devis et cahier des charges resteront déposés au bureau des Travaux publics de la mairie, où il en sera donné communication tous les jours.

À l'hôtel de ville le 22 juin 1860                      F.-G. Bertrand

( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   Une décision du ministre.   -   Par suite une décision du ministre de la guerre, les mousquetons de la gendarmerie sont expédiés actuellement aux manufactures impériales, pour y être transformés en mousquetons rayés. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   Une belle mesure.   -   Le chemin de fer de l'Ouest vient de prendre une mesure de laquelle nous le félicitons, surtout au nom des dames. Sur l'invitation du président du conseil d'administration, le directeur de la compagnie a décidé que, dans chaque train, il serait réservé un compartiment spécial de première classe pour les fumeurs. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   Une dépêche.   -   Par une dépêche qu'il vient d'adresser à M. le préfet, M. le général commandant la subdivision du Calvados, fait connaître qu'il autorise le 98e de ligne à mettre à la disposition des agriculteurs 120 hommes de ce régiment.

De nouvelles instructions, dit le général, autorisent à changer l'époque du départ et du retour des travailleurs suivant l'avancement des moissons. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   Un duel.   -   Dans la matinée de dimanche, deux grenadiers du 98e de ligne, à la suite d'une querelle violente se sont battus en duel. L'un d'eux, ayant eu la poitrine traversée par le fleuret de son adversaire, a été transporté à l'Hôtel-Dieu, dans un état très alarmant. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Brûlée vive.   -   Samedi, vers deux heures, la femme Dubuisson, demeurant rue Coupée, avait, pendant une absence laissé son enfant, jeune fille âgée de 11 ans et demi, dans une cuisine où il y avait du feu.

La pauvre enfant, voulant mettre des copeaux dans la cheminée, s'approcha imprudemment, et la flamme se communiqua à ses vêtements. Aux cris poussés par la jeune fille, les voisins et la mère accoururent, mais lorsqu'on parvint à éteindre les flammes, l'enfant avait le corps couvert de brûlures.

On espérait cependant la sauver, mais dimanche, vers deux heures après-midi, la malheureuse enfant a succombé à ses blessures. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Le ciel et les étoiles.   -   Les astronomes en plein vent font en ce moment fortune. Le jour, ils font voir les tâches qui maculent le disque du soleil, le soir, c'est le tour des planètes, de Saturne surtout avec son prodigieux anneau et ses nombreux satellites. La comète n'est plus visible. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Un feu de cheminée.   -  Hier matin, vers 10 heures, un violent feu de cheminée s'est déclaré dans la maison de M. Brard-Suriray, rue des Quatre-Vents, logement occupé par M. Bellecroix. Des pompiers se sont transportés dans cette maison et n'ont pas tardé à éteindre le feu. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Les militaires au champ.   -   Depuis quelques jours nous jouissons d'une température admirable qui répare les dégâts causés dans nos campagnes par des pluies incessantes qui, dernièrement, nous faisaient concevoir de sérieuses craintes pour nos récoltes. Aujourd'hui nos prairies ont repris leur riant aspect et les travaux des champs s'exécutent dans de bonnes conditions.

On sait que, sur la demande de M. le préfet, un certain nombre de militaires de la garnison sont mis, pendant le temps des moissons, à la disposition des agriculteurs. Voici quelles sont les conditions exigées pour l'obtention de ces militaires.

1° leur transport gratuit au lieu de travail.

2° la fourniture d'habits de travail.

3° la nourriture et le couchage.

4° le repas à demi-paie le dimanche.

5° le salaire est fixé à 1 fr. 50 c. par jour.

Les demandes de travailleurs doivent être adressées à M. le préfet. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Dégagement de l'église Saint-Pierre.   -   Enquête d’expropriation.

Le maire de la ville de Caen, officier de l'Ordre Impériale et de la Légion d'Honneur.

Vu le décret du 29 février 1860, qui déclare d'utilité publique l'expropriation des logettes et maisons adossées à l'église Saint-Pierre.

Vu la loi du 3 mai 1841.

Informe les intéressés que le plan et l'état parcellaires des immeubles à exproprier seront déposés, pendant huit jours francs, au secrétariat de la mairie, depuis le Vendredi 13 juillet présent mois jusqu'au samedi 21 du même mois, que, pendant tout ce laps de temps, les déclarations verbales seront reçues et consignées au procès-verbal ouvert à cet effet, et que les réclamations écrites seront annexées audit procès-verbal lequel sera soumis ensuite au Conseil municipal et transmis à M. le préfet.

Le présent avis sera publié à son de caisse et affiché en cette ville.

Il sera en outre inséré dans les journaux de Caen.

A l'Hôtel de Ville, le 11 juillet 1860        ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Accident de la route.   -   Mardi dernier vers sept heures et demie du soir, M. F........, demeurant rue Jean-Romain, revenait dans sa voiture du bord de la mer avec deux de ses voisins, les sieurs D....... père et fils. La voiture allait bon train, et M. F...... dépassait rapidement, sur la route de la Délivrande, des voitures qui le précédaient. Malheureusement, et ainsi que cela arrive ordinairement, cette course devait être suivie d'un accident. Au moment où, dans un passage étroit de la route, M. F........ ne put éviter un tas de cailloux, et sa voiture fut brusquement renversée. Les lanternes, le brancard, les traits, tout fut brisé, de leur côté, les trois amis avaient roulé dans la poussière, où ils restèrent étendus sans connaissance.

On se hâta de les relever, et, transportés ensuite dans une maison voisine, on leur prodigua les premiers secours. Le sieur F...... avait reçu un coup violent dans la région temporale et des blessures aux genoux et sur les bras ; quant aux sieurs D..... père et fils, ils en ont été quittes pour de graves contusions, qui les obligent à garder le lit. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Un orage.   -   Hier, dans la matinée, un fort orage à éclaté sur la ville de Caen. Le tonnerre est tombé sur un arbre du cours Caffarelli, vis-à-vis du jardin du sieur Leplanquois, l'écorce en a été enlevée sur toute la longueur du tronc, sur une largeur d'environ 10 centimètres. Un second arbre, placé un peu plus loin sur le même rang, a été également foudroyé, il ne porte qu'une traînée à ses légère, mais fort longue. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Le danger des bains.   -   L'époque des bains étant chaque année le retour inévitable de déplorables accidents, M. le général de division commandant la 2e division militaire vient de rappeler aux militaires sous ses ordres que les instructions ministérielles leur interdisent expressément de se baigner isolément, hors des écoles publiques de natation.

Afin de prémunir les militaires contre les dangers en se soustrayant à la surveillance de leurs supérieurs, des ordres ont été donnés à MM. les chefs de corps pour conduire la troupe au bain et dans des emplacements choisis à cet effet, en prenant toutes les mesures d'ordre et de précautions nécessaires. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Des récompenses.   -   Le Moniteur universel de dimanche a publié une liste de récompenses pour faits de sauvetage, décernées par une décision de M. le ministre de la Marine, en date du 29 juin dernier.

Voici pour les actes de courage qui ont eu lieu dans le 1er arrondissement maritime (Calvados et Manche), les noms des marins qui les ont accomplis :

Martin Pierre-Victorin, maître au cabotage à Caen, a recueilli en mer, le 26 février 1860, l'équipage d'un navire en détresse. (Témoignage de satisfaction).

Le Cavey Michel-Pierre, maître au cabotage à Caen, Boudard Pierre, matelot à la Hougue, Tournaille Guillaume-Nicolas, matelot à la Hougue, et Crespin Paul-Clément, mousse à Dieppe, ont sauvé en mer près de Port-en-Bessin, le 26 février 1860, quatre marins exposés à une mort certaine. (Le sieur Le Cavey a obtenu une médaille d'argent de 2e classe, les trois autres, chacun un témoignage de satisfaction) ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Accidents.   -   Samedi, dans l'après-midi, le nommé Lemarinier Louis, maçon à Caen, rue de Falaise, travaillant à la réparation extérieure d'une croisée de l'église de Vaucelles, est tombé accidentellement d'une hauteur de 5 mètres. Sa position est désespérée.

Cet homme montait du plâtre, et c'est lorsqu'il fut arrivé au haut de son échelle que celle-ci, probablement mal assujettie, a glissé contre son échafaudage et a occasionné la chute du malheureux ouvrier.

-   Le même jour, vers huit heures du soir, M. de Savignac revenait de la gare, quand tout-à-coup son cheval pris le mors aux dents dans la rue des Abattoirs.

Un militaire d'artillerie qui se trouvait sur la route, n'ayant pu se ranger assez tôt, a été atteint par le cheval qui l'a précipité à terre, et une des roues de la voiture lui a passé sur le corps sans lui faire aucune blessure. Il en a été quitte seulement pour une légère contusion à la jambe droite. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Les congés scolaires.   -  Par décision du 16 juillet, M. le ministre de l'Instruction publique, conformément à la proposition de M. le recteur et à l’avis du Conseil académique, a fixé l'ouverture des vacances  au mercredi 8 août prochain, et la rentrée des classes au jeudi 4 octobre suivant, pour des lycées et des collèges du ressort académique de Caen.

Dans cette fixation sont compris les deux jours supplémentaires accordés à l'occasion de l'annexion de la Savoie et du Comté de Nice à la France. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Une éclipse.   -   Un temps couvert de nuages n'a pas permis, dans notre contrée, d'observer les phases de l'éclipse de soleil qui a eu lieu mercredi.

Ce phénomène n'a eu d'autres effets pour nous que de rendre le temps encore plus obscur, surtout vers trois heures. ( Le Pays-d’Auge )

 

Juillet 1860   -   Le grand recensement quinquennal.   -   C'est l'année prochaine, en 1861, que le grand recensement quinquennal de l'Empire français et de ses nouvelles annexes aura lieu, le dernier ayant eu lieu en 1856.

Au recensement de cette année 1856, la population de la France fut trouvée être de 36 millions 39 634 individus. On suppose, d'après les données, que la France a grandi sera peuplé de 40 millions d'individus en 1861.

Au recensement de 1856, Paris, avec ses 12 arrondissements, était peuplé de 1 million 174 346 individus, et le département de la Seine de 1 million 727 419 personnes. ( Le Pays-d’Auge )

 

Juillet 1860   -   Le prince Napoléon.   -   Le prince Napoléon, venant de Cherbourg, est arrivé à Caen hier soir, 9 h. 35 m.  Le prince, qui voyage en gardant l'incognito, accompagné de M. le général Fleury et d'un officier d'ordonnance, a passé la nuit à l'hôtel d'Angleterre, d'où il est parti ce matin, à 6 heures, pour Trouville. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Des chutes de pierres.   -    Samedi, vers midi, au moment où la pluie tombait avec la plus grande violence, plusieurs moellons se sont détachés tout-à-coup de la cheminée de la maison portant le n° 50, rue Notre-Dame, et sont tombés sur le camion que traînaient les frères Viard, marchand de charbon, rue Froide. Fort heureusement ils n'ont pas été atteints par les moellons, qui, partant du 5e étage, les auraient infailliblement tués. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Une mort subite.   -    Ce matin, vers 6 heures, le nommé Lebailly Hippolyte, âgé de 28 ans, ouvrier  poulieur, à Caen, est mort frappé d'une attaque d'apoplexie foudroyante. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Un courageux.   -   Dimanche, un douloureux événement est venu plonger dans l'affliction, une famille de notre ville. Le jeune Verel Achille, âgé de 11 ans, demeurant chez ses parents, rue des Vieilles-Carrières-Saint-Julien, était allé, vers 7 heures du soir, avec plusieurs de ses camarades, se promener sur les bords de l'Orne. Arrivé au fossé des Quatre-Carabines, qui se jette dans le fleuve, ce malheureux enfant eut la funeste pensée de prendre un bain.

S'étant trop avancé, il perdit bientôt pied, et le courant ne tarda pas à l'emporter. Plusieurs personnes étaient présentes, mais aucune n'osait porter secours à l'infortuné, qui n'allait pas tarder à disparaître.

Tout à coup un jeune homme, dont nous sommes heureux de signaler la noble conduite, le nommé Lerebourg Anatole, âgé de 13 ans, apprenti typographe, rue Bosnières,  n'écoutant que son courage, et, malgré qu'il ne sût pas nager, se jeta tout habillé à l'eau pour sauver son malheureux camarade. Il fut bientôt lui-même entraîné par le courant.

Cependant, à l'aide d'herbes sauvages, il parvint à regagner le bord. Alors il s'élança de l'autre côté du fossé, ou une barque se trouvait amarrée, il en brisa le cadenas et courut au secours du malheureux Verel.

Mais le dévouement du jeune Lerebourg avait été stérile, Verel, après s'être vainement débattu, avait disparu dans l'Orne.

A l'heure où nous écrivons, son corps n'a pu être rendu à sa famille au désespoir.

La conduite du nommé Lerebourg, dans cette fatale circonstance, est digne des plus grands éloges. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860   -   Contre la fièvre.   -   La graine de persil est un puissant spécifique contre la fièvre intermittente. Des soldats revenus malades d'Afrique, des fièvres habitant le voisinage des marais, ont été guéris par ce moyen . On la prend en fusion, comme du thé, le matin et le soir. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860   -   Nouvelles recrues.   -   Quatre carabiniers sardes, dont deux brigadiers, sont arrivés hier à Caen, pour être incorporés dans la compagnie de gendarmerie du Calvados.

L'un des brigadiers a été placé à la tête d'une des brigades à pied de Caen, en remplacement du sieur Mesnil, qui passe à Bény-Bocage, le titulaire de cette résidence étant appelé lui-même en Savoie. Les trois autres ont été placés en subsistance en attendant une destination.

C'est quatre militaires ont été accueillis avec la plus franche et la plus vive cordialité par leurs nouveaux collègues de Caen,  qui, autorisés par leurs chefs, se sont réunis pour fêter leur bienvenue. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860   -   Des chevaux épouvantés.   -   Jeudi, vers 5 heures ½, la voiture de Mme la marquise de Roncherolle se trouvait sous le pont du chemin de fer, rue des Abattoirs, au moment où le train passait. Les chevaux épouvantés, s'enfuirent à toute vitesse et ne purent être arrêtés que dans la rue de Falaise. Le timon de la voiture a été brisé et les traits cassés.

Heureusement personne n'a été blessé dans cette course furibonde. Mme la marquise elle-même en a été quitte pour la peur. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860   -   Découverte d’un cadavre.   -   Le corps du jeune Verel (Achille), dont nous avons annoncé la mort si déplorable dans notre numéro de mardi, a été retrouvé ce matin, à 5 heures, vis-à-vis des Abattoirs, près du pont du chemin de fer. Il a immédiatement été rendu à sa famille. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860   -   Nomination des maires.   -   Le Moniteur universel d'hier publie un rapport du ministre de l'intérieur sur le renouvellement des maires et adjoints qui doit se faire dans toute l'étendue de la France, aux termes de la loi du 5 mai 1855.

M. le ministre ne propose à l'Empereur que très peu de changements. Sur les 3 096 qui doivent être nommés, 2 825 sont disposés à continuer leurs fonctions. Quant aux 271 maires qui ne doivent plus reprendre leur mandat, 22 l'ont résigné, 51 sont morts, 118 sont forcés de renoncer à leurs fonctions pour diverses causes, et 80 sont, dit le rapport, restés au-dessous de leur tache et n'ont pas répondu à ce qu'on attendait d'eux.

Le rapport est suivi du décret qui nomme les maires et adjoints dans les villes et communes de France, conformément à l'art. 2 de la loi. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860   -   Un incendie.   -   Un commencement d'incendie s'est manifesté, le 4 du courant, au domicile des époux Devaces, journaliers à Caen, rue Saint-Etienne. Une armoire et plusieurs effets d'habillement ont été brûlés. La perte est estimée 225 fr. ; rien n'était assuré.

Le feu paraît avoir été causé par de la braise mal éteinte que la femme Devaces venait d'acheter chez le boulanger, et qu'elle avait placée dans un cabas près de armoire, et c'est pendant que cette femme était allée porter de l'ouvrage en ville que l'incendie s'est déclaré. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860   -   Une chute.   -   Le 4 du courant, dans l'après-midi, le nommé Noël (Jean-François), âgé de 70 ans, journalier, domicilié à Caen, rue de Bras, est tombé accidentellement en voulant monter à cheval ; il s'est fracturé la hanche droite. Ce malheureux est sans fortune, et sa femme est atteinte de cécité. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860   -   Un acte de courage.   -   Nous enregistrons avec bonheur le trait de courage suivant : Le sergent Maurin, du 98e de ligne, s'est signalé, le 30 juillet dernier, par un acte de dévouement, en sauvant la vie à un homme qui se noyait dans l'Orne.

Ce sous-officier, entendant crier au secours, aperçoit de la fenêtre de la caserne un homme qui se débattait dans la rivière. Il sort aussitôt, et, arrivé sur les lieux, il franchit le parapet, haut de 6 à 7 mètres, malgré les efforts des personnes qui croyaient à l'impossibilité de sauver ce malheureux, et le ramène sain et sauf. Le sergent Maurin avait déjà mérité une médaille de sauvetage pour son dévouement, ce nouveau trait lui fait donc le plus grand honneur. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860   -   Le Conseil de guerre.   -   Le 23 juin dernier, le 2e  Conseil de guerre de Caen a condamné le nommé Caste (Napoléon-Louis), sergent- fourrier au 26e de ligue, à la peine de cinq ans de réclusion, à la dégradation militaire, à la surveillance perpétuelle de la haute police et à la privation de l'ordre turc du Medjidié et de la médaille anglaise de Crimée, pour vol d'argent envers un militaire et désertion à l'étranger.

A la suite de ce jugement, le condamné s'était pourvu en révision et avait adressé un recours en grâce. L'un et l'autre ayant été rejetés, ce matin, à onze heures et demie, le nommé Caste a subi la dégradation militaire dans la cour du Château, en présence de divers détachements des corps de la garnison, assemblés sous les armes.

Après cette cérémonie, le condamné Caste, qui désormais n'appartient plus à l'armée, a été remis entre les mains de la gendarmerie pour être conduit dans une maison de détention. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860   -   Un accident de la route.   -   Mardi, vers 9 heures du matin, le nommé Briard (Hippolyte), maçon, domicilié au hameau de la Maladrerie, descendait la rue Saint-Pierre pour se rendre à son travail, quand tout-à-coup il entendit une voiture arriver au galop derrière lui et dont la vitesse ne lui a pas permis de se garer. Atteint par la voiture, il fut précipité à terre, et la roue droite lui passa sur le corps en lui faisant de fortes contusions à l'épaule gauche.

L'auteur de cette imprudence est le sieur Mondehard, aubergiste, demeurant place Villers, qui a été arrêté immédiatement et conduit devant M. le commissaire central. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860   -   Fête du 15 août.   -   Le maire de la ville de Caen, officier de la Légion-d'Honneur, Informe ses concitoyens qu'en conséquence des dispositions arrêtées par les autorités civiles et militaires, le programme de la fête est fixé ainsi qu'il suit :

La solennité de la fête de l'Empereur sera annoncée, le matin au lever du soleil, par des salves d'artillerie, et, le soir, de nouvelles salves d'artillerie seront encore tirées au château.

Dès le matin, tous les navires seront pavoisés et le drapeau national sera arboré sur les édifices publics.

A 11 heures 1/2, les autorités se rendront à l'église Saint-Étienne où sera chanté un Te Deum.

Après la cérémonie religieuse, les troupes de la garnison et le corps des sapeurs-pompiers seront passés en revue sur le Cours.

A 2 heures, des régates et des joûtes auront lieu sur le Bassin, et des prix seront décernés aux marins et aux amateurs qui satisferont aux conditions déterminées dans le programme de la Société des régates.

Le soir, tous les édifices publics seront illuminés. Les habitants sont invités à pavoiser et illuminer leurs maisons.

Une distribution de pain sera faite aux pauvres, dans la journée, par les soins de MM. les curés et de M. le président du consistoire.

A l'Hôtel-de-Ville, le 10 août 1860,   F. G. BERTRAND. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860   -   Un condamné à mort.   -   Par décision impériale du 4 août courant, la peine des travaux forcés à perpétuité, que subit actuellement, à la maison centrale du Mont-Saint-Michel, le nommé Boiton (Louis-Pierre), ex-gendarme à la compagnie du Calvados, pour avoir frappé son supérieur d'un coup de feu ayant occasionné la mort, a été commuée en dix ans de la même peine, qui commencera à dater du jour où cette décision a été rendue. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860   -   Un accident de travail.   -   Le 14 du courant, dans la soirée, le sieur Lecointe (Théodore), maître couvreur à Caen, et le nommé Poulet (Théodore), son ouvrier, domicilié à Verson, étaient sur un échafaudage pour placer une gouttière à la maison de M. Simon, rue des Abattoirs. Un troisième ouvrier, le nommé Boulanger, venait de monter pour les aider, lorsque tout-à-coup l'échelle qui formait l'échafaudage se brisa, et les malheureux Lecointe et Poulet tombèrent d'une hauteur d'environ 8 mètres.

Dans cette chute, le nommé Lecointe a eu l'épaule gauche fracturée et plusieurs légères blessures ; mais le malheureux Poulet a eu le crane brisé. Transporté aussitôt à l'hôpital, il est mort, dans la soirée, des suites de ses blessures. Cet homme laisse une femme très malade avec deux enfant, dont un en bas age.

Par un bonheur providentiel, le nommé Boulanger a eu la présence d'esprit de s'accrocher à une échelle qui était attachée sur la couverture. En montant sur le toit, d'où il en est descendu par l'intérieur de la maison, il a pu ainsi éviter le sort de ses malheureux compagnons. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860   -   Un décret.   -   Par décret du 15 août, la médaille militaire a été conférée aux militaires dont les noms suivent :  4e légion de gendarmerie. MM. Thomasse (Jean- Jacques), gendarme à la compagnie du Calvados ; Seigle (Michel-Jacques-François), maréchal-des-logis à la compagnie du Calvados ; Mauny (Paul-Pierre-Antoine), maréchal-des-logis à la compagnie de la Manche.

98e  régiment de ligne. MM. Jampy (Jean-Joseph), fusilier ; Nogues (Jean-Marie), fusilier : 2 blessures. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860   -   Des actes de courage.   -   Le 19 du courant, vers une heure et demie, le jeune Guerard, âgé de 10 ans, domicilié à Caen, rue Porte-au-Berger, jouait sur le bord du bassin, près du pont de Courtonne, avec plusieurs de ses camarades. Tout-à- coup, ayant fait un faux pas, il tomba dans l'eau, où il allait périr sans le dévoûment du sieur Brée, patron du navire « Africain », de Honfleur, qui se jeta à la nage tout habillé pour le sauver.

Un gendarme, qui avait entendu les cris de détresse poussés par les camarades du malheureux Guerard, accourut pour lui porter du secours, mais à peine était il arrivé sur le lieu de l'accident que déjà l'enfant était sauvé par le brave patron de l' « Africain », qui, dit-on, a plusieurs fois accompli de pareils actes de courage et de dévouement.

-   Le même jour, dans l'après-midi, le nommé Leneveu (Léon), employé chez M. Ricouard, marehand quincaillier à Caen, s'est fracturé la jambe en voulant franchir un sentier dont la terre était très humide, sur la route de la Délivrande, vis-à-vis du calvaire de Saint- Pierre.

-   Dimanche 12, le nommé Carpentier, chauffeur à l'usine de M. de Boislaurent, s'est jeté à l'eau, près les Abattoirs, pour retirer un petit enfant qui y était tombé. Nous sommes heureux de publier un acte de dévouement si honorable pour son auteur. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860   -   Les grâces du 15 août.   -   Par décision en date du 14 du courant, l'Empereur a daigné accorder remise du restant de leur peine aux nommés Pouchin (Léopold-Léon), jeune soldat de la classe de 1857 du département du Calvados, et Tabourin (Jacques-Etienne), fusilier au 15e de ligne, qui subissaient une année d'emprisonnement à la prison militaire du château de Caen : le premier, pour insoumission en temps de guerre, et le second pour coups et blessures. Ces deux hommes ont été incorporés dans des régiments d'infanterie. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860   -   Curage des cours d'eau.   -   Le n° 16 du Recueil des Actes administratifs contient la circulaire et l'arrêté suivants, relatifs au curage de tous les cours d'eau du département du Calvados :

A MM. les sous-préfets, maires et ingénieurs du département.                          Caen, le 10 août 1860.

 

Messieurs,

 

Le Calvados a eu sa trop large part dans les inondations depuis le mois d'octobre dernier, et, même encore aujourd'hui, dans des bassins très importants, les eaux submergent les terrains et occasionnent à l'agriculture des pertes énormes.

Le curage de tous les cours d'eau du département devient donc plus que jamais une nécessité, et j'ai cru devoir le fixer à une époque où les beaux jours seront probablement revenus et les eaux descendues à leur plus petite profondeur.

Ce n'est pas une demi-mesure qu'il faut prendre, l'agriculture et l'industrie la veulent complète et efficace. Je fais donc appel au zèle de tous les fonctionnaires qui doivent concourir à l'exécution de la mesure, et je suis persuadé qu'aucun d'eux, par égard pour certains intérêts privés, d'ailleurs fort mal entendus, ne faiblira dans l'exercice des devoirs que réclame en cette circonstance l'utilité publique.

Vous trouverez ci-après l'arrété qui prescrit le curage, et, pour donner à la mesure toute la publicité possible, je ne me borne pas à la faire connaître par le Recueil des Actes administratifs, je fais encore imprimer des affiches dont chaque commune recevra deux exemplaires qui devront être apposés à la mairie et à l'église, le 26 de ce mois au plus tard.

Agréez, etc...,

Le préfet du Calvados,   TONNET.    ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860   -   Rapport de M. le Préfet.   -   Les ports : De notables améliorations se sont déjà réalisées et vont s'exécuter dans nos ports.

Le port de Dives est menacé dans son existence, et il faut se håter de le préserver d'une ruine complète. Vous connaissez les dispositions de l'embouchure de la Dives.

Le port de Caen reçoit en ce moment les importantes améliorations qui lui ont été promises par l'Empereur, en 1858. L'approfondissement du canal s'exécute sans nuire à la navigation, et, dans deux ans, nous pourrons voir arriver, dans le bassin, des navires de 500 tonneaux, ce qui comporte le service de tout le grand cabotage.

On prépare l'exécution du projet qui doit jeter la rivière dans l'avant-port du canal, afin d'assurer le chenal contre l'encombrement des sables, ce projet présente un intérêt d'autant plus grand que la presque totalité de la navigation se fait aujourd'hui par le canal, et qu'il ne reste plus sur la rivière que celle des bateaux à vapeur qui, peut-être, pourront être admis à circuler dans le canal avec une vitesse réduite. ( L’Ordre et la Liberté) 

 

Août 1860   -   Rapport de M. le Préfet.   -   Réunions de communes : Vous savez, Messieurs, quel intérêt j'attache à dégager l'administration des difficultés qui prennent leur source dans les embarras des finances municipales. Déjà plusieurs fois je vous ai signalé la déplorable situation des communes trop petites, dont les ressources, insuffisantes pour couvrir les charges dont elles sont écrasées, conduisent à des impositions extraordinaires qui fatiguent et blessent la population.

Les églises, les presbytères, les écoles, les cimetières, les chemins vicinaux, exigent des réparations qui prennent parfois de fâcheuses proportions, et l'impuissance de les faire, dans les conditions qu'elles exigeraient, entraîne la ruine plus fâcheuse encore de ces indispensables établissements.

Le seul moyen de remédier à de tels maux est de fusionner des communes qui manquent d'éléments constitutifs propres. Vous serez saisis cette année encore d'un assez grand nombre de projets de réunion, et j'espère que vous vous associerez à des vues d'amélioration qui seront justifiées par tous les documents qui vous seront communiqués. ( L’Écho Bayeusain )

 

Septembre 1860   -   Un vol.   -   Hier, un procès-verbal constatant un vol de 64 fr., dans le domicile et au préjudice des époux Manchon, cultivateurs à Couvrechef, a été rédigé contre une fille Augustine Launay, servante, âgée de 37 ans, qui n’a pu être arrêté. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1860   -   Un anniversaire.   -   Aujourd'hui, 8 septembre, est le 773e anniversaire de la mort de Guillaume-le-Conquérant. Fils du duc Robert-le-Diable et de la fille d'un tanneur de Falaise, Guillaume eut à combattre les collatéraux légitimes de son père pour assurer son héritage de Normandie, et fit la conquête de l'Angleterre de 1066 à 1070.

Une querelle étant survenue entre lui et Philippe 1er roi de France, le Conquérant s'avança avec ses troupes vers Paris, ravageant tout sur sa route, mais il fut renversé de son cheval en franchissant les décombres de la ville de Mantes, livrée aux flammes, et mourut abandonné.

Son tombeau, comme on sait, se voit dans l'église de Saint Etienne en Abbaye-aux-Hommes à Caen. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1860   -   Une chute.   -   Avant-hier, vers une heure et demie de relevée, le sieur Hébert, âgé de soixante ans, maître maçon, demeurant rue de Bayeux, à Caen, était monté sur une maison en démolition du quartier de la Foire. Tout-à-coup, les pierres sur lesquelles il se trouvait se sont écroulées, et il est tombé d'une hauteur d'environ 8 mètres. Heureusement que, dans cette chute, M. Hébert ne s'est fait que de légères meurtrissures à la joue, au bras droit et à l'épaule gauche, qui, dans quelques jours, lui permettront de reprendre ses occupations. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1860   -   Le Moniteur universel d'hier publie le tableau des récompenses pour faits de sauvetage décernés par M. le ministre de la marine. Voici, pour le Calvados, les noms des courageux citoyens qui ont été jugés dignes de ces récompenses :

M. Baron (Pierre), patron de bateau à Villerville (témoignage de satisfaction), pour avoir à Honfleur, le 26 mai 1860, recueilli à bord de son bateau quatorze personnes dont l'embarcation venait de chavirer.

MM. Cagniard (Jean-Baptiste), quartier-maître de manœuvre à Caen, patron de bateau (médaille d'argent de 2e classe) ; Letellier (Pierre-Clément), maitre voilier à Caen (médaille d'argent de 2e classe) ; Legourdier (Ernest-Augustin), novice à Caen (médaille d'argent de 2e classe ) ; Thomas (Jules-Alfred), maître au cabotage à Caen ; Le Dard (Paul), pilote à Courseulles ; Jeanne (Augustin), matelot à Caen ; Cagniard (Théodore-Auguste), novice à Caen ; Broult (Jules-Camille), ouvrier charpentier à Courseulles ; Roger (Pierre-Constant), journalier à Courseulles ; Lemoigne, receveur des douanes à Courseulles ; Lebreton, vicaire de la paroisse de Courseulles (ces huit derniers, chacun un témoignage de satisfaction), pour s'être, à Courseulles, le 26 mai 1860, portés avec des embarcations au secours du bateau-pilote « Ariel ». ( L’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1860   -  Les engrais.   -   De nombreuses réclamations s'élevaient depuis longtemps sur l'impossibilité dans laquelle se trouvaient les cultivateurs de faire essayer les divers engrais qui sont dans le commerce, et de se prémunir ainsi contre les fraudes dont ils ont eu souvent à se plaindre.

M. le préfet, à la disposition de qui le Conseil général a bien voulu mettre les fonds nécessaires, aidé du concours éclairé et plein de zèle de M. l'ingénieur des mines, a fait établir à Caen, dans une des dépendances des anciens bureaux, rue de la Préfecture, un laboratoire où les essais dont il s'agit auront lieu gratuitement. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1860   -  Un accident.   -   Le train n° 37, qui devait arriver hier soir à Caen, à 10 heures 40 minutes, n'est arrivé qu'à 1 heure 15 minutes du matin. Ce retard de prés de trois heures a été occasionné par la machine du train 255, qui, ayant tamponné sur des wagons qui se trouvaient dans la gare de Saint-Mards, a déraillé et mis sur les deux voies plusieurs wagons qui ont été brisés.

Par suite de cet accident, il n'y a eu, fort heureusement, personne de blessé. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1860   -  les chevaux.   -   Le terme fixé pour la rentrée des chevaux de l'armée confiés aux cultivateurs expire au 30 septembre. Une ordonnance du ministre de la guerre statue que ces chevaux seront laissés aux particuliers jusqu'à nouvel ordre. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1860   -  Chemins de fer de l'Ouest.   -    L'exploitation des voies ferrées établies sur les quais de Caen, pour mettre en communication les bassins et la gare de la ville, commencera le 8 du courent.

On sait que ces voies sont destinées à faciliter à la Compagnie l'enlèvement et la rentrée en gare des marchandises destinées au chemin de fer, en provenance des navires en déchargement dans les bassins. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1860   -  L’éclairage au gaz.   -   L'administration municipale, si dévouée à tout ce qui tient aux intérêts de la cité, vient de faire placer sur le cours la Reine, le cours Circulaire, le boulevard de la Préfecture, la rue Saint-Manvieux et les promenades Saint-Julien, des candélabres pour l'éclairage au gaz de ces promenades.

Dès samedi, on a commencé à éclairer le cours la Reine, il en sera bientôt de même sur les autres promenades, où il ne reste plus qu'à placer les lanternes. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1860   -  L’église Saint-Pierre.   -   La démolition des maisons du pont Saint-Pierre commencera demain. L'église, du côté de la place, va donc être complètement dégagée.

Nous faisons des vœux ardents pour que la pioche de démolition ne tarde pas à atteindre également ces boutiques, ces échoppes, qui avilissent ce magnifique monument. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1860   -  Foire Saint-Michel, à Caen.   -   Bestiaux exposés sur le champ de foire : 589 chevaux, 13 ânes, 13 bœufs, 460 vaches, 1 veau, 330 moutons, 230 porcs, 111 pores de lait.

Le mauvais temps a été désastreux pour les affaires, en fait de bestiaux surtout. Les chevaux ont eu à subir une baisse notable, si l'on compare les opérations de cette année avec celles des années précédentes. Les animaux d'un certain prix étaient restés dans les écuries de Vaucelles et de Bourg-l'Abbé ; mais les offres étaient si éloignées des prétentions des détenteurs que ceux-ci ont préféré faire reprendre à leurs chevaux le chemin de la ferme.

Les vaches maigres se sont vendues difficilement et en baisse. Les moutons, dont le nombre était de 736 inférieur à celui de l'an dernier, ont également fléchi. Les porcs seuls ont à peu près conservé leur prix.

L'ognon, qui n'était pas généralement d'aussi bonne qualité que l'année dernière, se vendait de 3 fr. 50 à 4 fr. le 1/2 hectolitre. On en a vendu à 3 fr., mais de qualité inférieure. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1860   -  Une récompense bien méritée.   -   Hier, à une heure après midi, les préposés des douanes de Caen et ceux des postes de côte les plus voisins étaient réunis, en grande tenue, sur la place d'Armes, où l'un de leurs camarades, l'intrépide Lefèvre, sous-patron à Ouistreham, devait recevoir, des mains de son premier chef, la décoration de chevalier de l'ordre impérial de la Légion d’Honneur.

A deux heures, M. David, officier de la Légion-d'Honneur, commandeur de plusieurs ordres étrangers, directeur des douanes et des contributions indirectes du Calvados, délégué de S. Exc. M. le grand-chancelier, arriva sur la place. Il était accompagné de M. le commissaire de l'inscription maritime, ainsi que de MM. Les inspecteurs et sous-inspecteurs des deux services qu'il dirige.

Dès qu'il eut passé la revue des brigades réunies, M. le directeur se tourna vers le front du peloton et prononça, d'une voix fortement accentuée, le discours suivant, au milieu d'une grande affluence, dans laquelle on remarquait, malgré le mauvais temps, plusieurs dames des plus élégantes de la ville :

 

Messieurs,

 

De tous les grands services de l'État, l'institution des douanes est celui qui protège le plus grand nombre d'intérêts, le seul qui se rattache par tous les points et tout à la fois, à la fortune publique, à la sûreté du pays, à la sécurité des citoyens. N'est-ce pas parmi vous que se rencontrent, presque à chaque pas, le courage civil et militaire, le zèle désintéressé, le dévouement qui ne recherche que la satisfaction, d'un devoir accompli, sans viser presque jamais à l'éclat ou à la gloire ?

Quoi de plus noble, en effet, quoi de plus digne de louange que l'acte de généreuse intrépidité dont j'ai mission de proclamer aujourd'hui la glorieuse récompense !

Un navire se perdait au milieu d'une nuit obscure et d'une effroyable tempête, son équipage était voué à une mort certaine. Le sous-patron Lefèvre, averti du danger, accourt, il voit les vagues s'élever à plus de quinze pieds au-dessus du pont, que les flots irrités submergeaient à tout moment. A lui seul, et sur-le-champ, il organise le plus ingénieux moyen de sauvetage, et s'élance hardiment dans cette mer en furie. Vainement elle le repousse, il lutte avec acharnement contre elle, sans songer qu'à chaque instant il y va de sa vie, il tend aux naufragés une corde dont il s'est ceint les reins, l'un d'eux, au moment de la saisir, est enlevé par le vent, entraîné par la vague, Lefèvre, qui redouble d'efforts, l'atteint, le ramène vivant à terre, vole tout aussitôt au secours de l'autre marin, et, non moins heureux dans sa seconde tentative, l'arrache pareillement à une mort inévitable.

C'est là le dernier trait de courage qui vaut, à votre intrépide camarade l'étoile de l'honneur.

Mais ce n'est pas, à beaucoup près, le seul qui ait marqué sa carrière. Dès avant 1849, il avait déjà sauvé la vie à neuf personnes en danger de périr dans les eaux de l'Orne. Un peu plus tard, il risquait de nouveau ses jours, et sauvait encore un de ses semblables. En 1850, au sortir de table, sans songer qu'il y allait pour lui d'un double danger, il se précipitait dans la Noë pour lui disputer une femme que le courant entraînait sans ressource, si la Providence ne l'eût encore appelé là pour la sauver....

Le gouvernement de S. M. l'Empereur, attentif à tous les nobles dévouements, ne pouvait laisser sans récompense un tel ensemble de glorieuses actions. Ce n'était point assez d'une médaille en argent, ni même d'une médaille en or, il était trop juste pour ne pas compléter ces distinctions, déjà si bien méritées, par la plus éminente de toutes, et ce n'est pas un médiocre bonheur pour moi d'être appelé à la transmettre au brave qui honore avec tant de courage et d'abnégation le corps auquel il appartient.

Il y a, Messieurs, entre tous les membres de ce corps, où la place est d'avance marquée pour les chevaleresques dévouements de notre vaillante armée, une sympathique solidarité qui fait que l'honneur d'un de ses membres rejaillit sur tous les autres. C'est pour cela que j'ai voulu vous rendre, en y conviant aussi l'honorable représentant de l'administration maritime, qui a si souvent applaudi à votre bravoure, les témoins d'une solennité dont vous rehaussez l'éclat par votre présence, en même temps qu'elle vous confond tous dans la personne du digne camarade que vous êtes fiers de voir au milieu de vous, comme je le suis moi-même de le compter aux premiers rangs des agents si dévoués et si consciencieux que j'ai l'honneur de commander.

Sortez des rangs, brave Lefèvre, et venez recevoir, avec l'accolade de votre premier chef, cette croix qu'une vigilante et auguste bienveillance s'est plu à vous accorder, et qui n'aura jamais brillé sur un plus noble cœur !

Vive l'Empereur !

 

Après s'être rendu à cet appel et avoir répondu affirmativement à la formule officielle du serment, le sous-patron Lefèvre reçut, non sans une émotion visible, l'accolade de son directeur, qui, ensuite lui attacha sur la poitrine la récompense, si bien méritée, de ses nombreuses actions d'éclat.

Aussitôt après cette cérémonie, à laquelle assistait le vieux père du sous-patron Lefèvre, les brigades se mirent en mouvement et rentrèrent à leur corps-de-garde du rond-point des quais, en défilant devant leurs chefs. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1860   -  Un suicide.   -   Mardi, le nommé Benard (Pierre), âgé de 65 ans, né à Bretteville-sur-Odon, ouvrier menuisier, demeurant rue Saint-Jean, 167, a été trouvé pendu dans sa chambre par la veuve Baptiste, aubergiste, chez laquelle il vivait.

On ne sait à quoi attribuer la cause de ce suicide. Cet homme était bon ouvrier et très rangé. C'est pendant la nuit qu'il a accompli son sinistre et déplorable projet au moyen de sa ceinture. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1860   -  Un incendie.   -    Hier, vers midi, un feu de cheminée a eu lieu chez le sieur Hallois, marchand de chevaux, rue du Marais, 1. Ce feu a été éteint avec l'aide des nommés Guille, pompier ; Guillot et Cornu, ramoneurs. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1860   -  Les causes du suicide.   -   Nous apprenons que le menuisier Benard, qui a été trouvé pendu chez lui, rue St-Jean, sans qu'on pût d'abord soupçonner la cause de son suicide, donnait depuis quelque temps des preuves d'aliénation mentale. Ce fait a été attesté par plusieurs personnes dignes de foi qui avaient avec lui des relations fréquentes, et c'est d'après ces déclarations qu'on lui a rendu les honneurs de la sépulture ecclésiastique. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1860   -  Le chemin de fer.   -   Nous venons de recevoir une nouvelle importante pour le Calvados et pour la ville de Caen, en particulier.

L'Empereur a rendu, le 5 de ce mois, un décret qui, statuant sur l'enquête faite par l'administration préfectorale, a déclaré d'utilité publique l'établissement du chemin de fer de Caen à Flers.

Les études de détail pour l'exécution des travaux vont commencer, et tout fait espérer que le pays sera bientôt en possession de cette nouvelle voie ferrée, si utile et même si nécessaire au développement de la prospérité du commerce et de l'industrie. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1860   -  La répartition du contingent.   -   Le contingent de la classe appelée sous les drapeaux vient d'être réparti de la manière suivante : Pour la marine, 5 100 hommes ; infanterie, 79 400 ; cavalerie, 9 000 ; artillerie, 5 500 ; génie, 1 009. Total, 100 000 hommes.

Le 98e de ligne doit recevoir 509 jeunes soldats provenant de divers départements.

La revue des jeunes gens faisant partie du contingent du Calvados, et que doit passer M. le général de Mirandol, commandant la subdivision, doit avoir lieu du 20 au 25 du courant, dans la cour du Château, lieu ordinaire de ces sortes de réunions. Nous ferons connaître l'époque certaine de cette revue. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1860   -  Un accident de la route.   -   Hier soir, vers 4 h. 1/2, un grave accident a eu lieu sur la place Malherbe. Le nommé Sauvage (Félix), âgé de 55 ans, couvreur, demeurant à Amayé-sur-Orne, a eu la jambe droite broyée au-dessus de la cheville, et le mollet de la jambe gauche écrasé par la roue de derrière de la voiture du sieur Laurent, qui fait le service de Caen à Torigny.

Ce malheureux a reçu les premiers soins de M. Picard, ancien médecin, et de MM. Faucon-Duquesnay et Desruisseaux, docteurs-médecins. Il a été ensuite transporté à l'hospice. Ce matin, il est très bien pour sa position.

Il n'y a eu aucune imprudence de la part du sieur Laurent, c'est en voulant monter dans la voiture du sieur Girard, voiturier, qu'il a manqué le marchepied et qu'il est tombé sous la roue de celle qui passait. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1860   -  Un accident.   -    Le 13 de ce mois, vers 10 heures du matin, la sieur Berthelot, âgé de 21 ans, ouvrier plâtrier, demeurant à Verson, travaillait à la réparation du plafond d'une chambre de la maison appartenant à M. Bourlier, officier en retraite, rue Caponière, et, à cet effet, il était monté sur un échafaudage dressé prés de la fenêtre de l'appartement.

Tout-à-coup et au moment où il voulut descendre, le sieur Berthelot fit basculer une planche sur laquelle il se trouvait, et il tomba d'une hauteur d'environ un mètre. Dans cette chute, l'ouvrier, ayant voulu s'accrocher à la fenêtre, se coupa, en brisant une vitre, une artère du poignet gauche et le petit doigt de la main du même côté.

Après avoir reçu les premiers soins de M. le docteur Godefroy, le sieur Berthelot a été conduit à l'Hôtel- Dieu. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1860   -  Un accident.   -    Hier, vers 10 heures du matin, le nommé Cantel (Alphonse), âgé de 62 ans, ouvrier ferblantier chez M. Pontonnier, rue Samuel-Bochard, nº 3, est tombé d'une échelle sur une palissade, d'environ 5 m. 50 de hauteur, en posant des crochets de gouttière.

Dans sa chute, il s'est enfoncé une côte. Le docteur Denis, appelé pour lui donner les premiers soins, l'a fait transporter à l'hospice. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1860   -  Passage de troupes.   -    Par suite de l'appel de la première moitié de la classe de 1859, 124 jeunes soldat de la Manche, dont 28 pour le 2e d'artillerie, 37 pour le 6e de ligne, à 14 pour le 3e du génie et 45 pour le 21e de ligne avec le sont arrivés aujourd'hui à Caen, se rendant à Vincennes, Saint-Germain, Arras, et Calais.

Le 30 courant, 51 soldats de la Seine inférieure, destinés au 67e de ligne, en garnison à Cherbourg, recevront le logement dans notre ville.

65 d'Eure-et-Loir, dont 31 pour le 5e de ligne et 34 67e tous deux à Cherbourg, logeront à Caen le 1er novembre. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1860   -  Décret impérial.   -    Par décret impérial du 6 octobre, le sieur Pinchard Louis-Charles-Eugène, né à Caen, caporal au 2e régiment de voltigeur de la garde Impériale, a été admis à une pension de retraite, liquidée à la somme de 499 fr., pour blessures ou infirmités évaluées à la perte absolue de l'usage d'un membre. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1860   -  On lit dans le Journal d'Agriculture Pratique.   -  Le mois de septembre, avec ses pluies continuelles, n'a pas apporté d'amélioration à l'état des récoltes. On est plus en retard que jamais dans les travaux de la saison, les labours préparatoires pour les semailles d'automne sont à peine commencées, et beaucoup de champs portent encore des récoltes qui, dans les années ordinaires, sont rentrées du 1er au 15 septembre.

Les avoines ont été maltraitées par la pluie, elles donneront toutefois un produit passable en grains.

Les vendanges occupent en ce moment tous les bras dans les pays vignobles. On aura pas de vin de bonne qualité, mais le rendement se rapprochera assez de celui d'une année moyenne. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1860   -  Une invention.   -   Un industriel américain vient d'arriver à Paris,  afin de vendre en France un appareil des plus ingénieux pour traire les vaches. Cet appareil, employé avec succès aux États-Unis, dans les exploitations agricoles où il existe un grand nombre de vaches, permet de traire à la fois, et dans l'espace de quelques minutes, un troupeau entier de ces animaux.

L'appareil consiste en une pompe aspirante en caoutchouc munie de plusieurs tuyaux, lesquels s'adaptent a autant de pis que l'on veut. En un tour de manivelle la succion s'opère, et les mamelles de la vache sont complètement vidées. Ce qu'il y a de curieux, c'est qu'une fois qu'elles ont été traites par ce procédé, les vaches ne reviennent que difficilement à l'ancienne méthode. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1860   -  Un accident.   -   Ce matin, vers 11 heures, le sieur Roussel, journalier, employé aux travaux de démolition de deux maisons, sises place du Marché-aux-Bois, a été atteint au sommet de la tête par une énorme pierre lancé d'un premier étage. Cet homme est tombé privé de connaissance, et, en un instant, il a été inondé de sang.

M. Fayel, pharmacie, rue du Montoir-Poissonnerie, qu'on avait prévenu, s'est empressé d'accourir et de prodiguer, avec sa charité ordinaire, les premiers soins à la victime de l'accident. Le nommé Roussel a été ensuite transporté à l'Hôtel-Dieu. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1860   -  Un accident.   -   Ce matin, vers 11 heures, le sieur Roussel, journalier, employé aux travaux de démolition de deux maisons, sises place du Marché-aux-Bois, a été atteint au sommet de la tête par une énorme pierre lancé d'un premier étage. Cet homme est tombé privé de connaissance, et, en un instant, il a été inondé de sang.

M. Fayel, pharmacie, rue du Montoir-Poissonnerie, qu'on avait prévenu, s'est empressé d'accourir et de prodiguer, avec sa charité ordinaire, les premiers soins à la victime de l'accident. Le nommé Roussel a été ensuite transporté à l'Hôtel-Dieu. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1860   -  Le pont St-Pierre.   -   L'Administration municipale a réuni, hier lundi, les propriétaires des maisons du pont Saint-Pierre qui n'avaient pas encore traité pour la cession des droit qu'ils peuvent avoir.

Plusieurs d'entre eux ont accepté les proposition qui leur ont été faites.

Par suite des différentes transactions réalisées, la ville a pris l'obligation de payer. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1860   -  Brûlée vive.   -   L'approche de l'hiver se fait à peine sentir que déjà nous avons à signaler un de ces nombreux accidents que, chaque année, la presse a à enregistrer.

Mardi dernier, dans l'après-midi, de douloureux gémissements se faisaient entendre de la chambre occupée par la veuve David, née Goulet, âgée de 85 ans, demeurant rue de la Préfecture, nº 23. Frappée bientôt par ces cris, une voisine pénétra dans le logement de la veuve David, et aperçut cette dernière dans l'état le plus déplorable, ayant ses vêtements entièrement brûlés et se tenant à peine debout, en s'appuyant au pied de son lit.

A cet aspect, la voisine, effrayée, appela au secours. Son mari, étant accouru, s'empressa de saisir la femme David, qu'il déposa sur son lit, et où, quelques instants après, cette malheureuse rendit le dernier soupir.

Il a été constaté par M. le commissaire de police du quartier que c'est en plaçant un pot rempli de braise ardente dans une chaufferette sans couvercle que cette pauvre femme a communiqué le feu à ses vêtements, qu'en raison sans doute de son grand age elle n'a pas eu la force d'éteindre. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1860   -  Les compagnies de marins-canonniers.   -   On s'occupe activement dans les commissariats de marine, dit le Pays de Caux, de créer des compagnies de marins canonniers le long de littoral. On fait choix de vieux marins qui n'ont point passé sous voiles le temps nécessaire pour avoir droit à la retraite, droit qu'ils acquerront de cette sorte.

On dit, toutefois, qu'il leur serait permis de faire le petit cabotage et la pêche côtière. Cette mobilisation ferait cependant partie des garnisons de la réserve dans les chefs-lieux d'arrondissement. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1860   -  Le temps.   -   Depuis quelques jours, nous jouissons d'un temps exceptionnel qui permet de recommencer la récolte prochaine dans d'excellentes conditions. Il est bien rare de rencontrer, à l'époque où nous sommes, une série de beaux jours comme ceux que nous avons depuis quelque temps : un soleil splendide pendant le jour, qui permet de faire de belles et bonnes semailles, et, pendant la nuit, des gelées blanches, qui font un bien immense en détruisant les vers et tous les animaux parasites qui nuisent à la végétation. Cette conduite de beau temps, qui permet aux travaux de la campagne de marcher régulièrement, fait concevoir pour l'avenir les plus belles espérances.

On a généralement remarqué que la qualité des blés nouveaux était meilleure cette année que par le passé. Il est certain que lorsque les blés, en 1860, auront essuyé les premiers froids de l'hiver, ils se trouveront dans d'excellentes conditions pour la mouture. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1860   -  Les suites d’un accident.   -   Nous avons annoncé, dans notre numéro du 27 du mois dernier, le triste accident arrivé au sieur Roussel, journalier, qui, dans la matinée du même jour, avait été si totalement atteint au sommet de la tête par une énorme pierre d'une des maisons à la démolition desquelles il était employé, place du Marché-au-Bois.

Ce malheureux, qu'on avait transporté à l'Hôtel-Dieu dans un état désespéré, a succombé dimanche, et hier ses camarades l'ont conduit à sa dernière demeure.

Le sieur Roussel, qui était veuf depuis quelques années, laisse sans aucune ressource, c'est-à-dire dans la misère, un pauvre enfant, âgé de neuf ans seulement. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1860   -  Un incendie.   -   Samedi dernier, vers 8 heures, un commencement d'incendie s'est manifesté dans une écurie de l'hôtel d'Angleterre. Prévenus aussitôt, les pompiers, sous les ordres de leur sous-lieutenant, M. Lechangeur, accoururent avec une pompe, et, en moins de vingt minutes, ils s'étaient rendus maîtres du feu, qui avait déjà envahi toute l'écurie. Grâce à cette activité, le dégât a été de peu d'importance.

Prévenu seulement à 8 heures 1/4 M. le capitaine de la compagnie n'a pu arriver sur les lieux qu'au moment où il ne restait que quelques parties de bois à éteindre.

On nous signale la conduite digne d'éloges du sapeur-pompier Lepage. Cet homme, qui s'était rendu le premier dans la cour de l'hôtel, n'a pas hésité, en attendant la pompe, à pénétrer dans l'écurie et à attaquer le feu avec vigueur. Le courage du sieur Lepage n'a pas peu contribué à empêcher le développement de l'incendie.

Le lendemain, un feu de cheminée s'est déclaré dans une maison, rue Caponière, 28, chez M. Clément. Les pompiers Castel, Maréchaux et Bisson sont parvenus à éteindre ce feu après une demi-heure de travail. ( L’Ordre etla Liberté)

 

Novembre 1860   -  On a beaucoup parlé dernièrement de la suppression des octrois en France.   -   Les bruits qui circulent à ce sujet paraissent exagérés, et le journal l'Yonne rapporte, par les lignes suivantes, ce qui a pu les accréditer :

Le 4 octobre dernier, M. le ministre de l'intérieur a demandé aux préfets une série de renseignements sur les octrois établis dans les communes de leurs départements, et, de leur côté, les préfets ont écrit aux maires pour voir les produits de chaque octroi, la part contributive des habitants riches et pauvres, la dépense du personnel chargé de recouvrer les taxes, en un mot, tous les détails de nature à éclairer l'autorité supérieure sur la question.

Ce travail considérable sera centralisé dans les préfectures et résumé dans un rapport d'ensemble par département, pour être transmis à M. le ministre de l'intérieur.

On voit, d'après ce qui précède, que la question des octrois est seulement mise à l'étude. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1860   -  Un remède.   -   On signale comme infaillible un procédé très simple pour guérir la météorisation des bestiaux : on délaie une cuillerée de chaux éteinte dans un demi-litre d'eau, et on fait avaler la liqueur au bœuf ou à la vache malade.

Si, au bout d'un quart d'heure, l'animal de commence pas à désenfler, on lui donne une dissolution de chaux, en mettant seulement un quart de litre d'eau. Pour un mouton, les doses de chaux et d'eau doivent être réduites au quart. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1860   -  Encore un succès.   -   Nous apprenons avec plaisir et nous sommes heureux d'annoncer qu'un de nos plus jeunes mécaniciens de Caen, M. Osmont, vient de remporter un nouveau succès au concours organisé à Rouen par la Société centrale d'agriculture de la Seine-Inférieure : il a obtenu une mention honorable et 40 fr., pour un broyeur à pommes qu'il avait exposé.

On sait que cet habile mécanicien avait remporté une médaille d'argent au concours régional de Caen, et qu'il a été aussi le sujet d'un rappel de médaille d'argent au concours de l'Association normande tenu à Valognes. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1860   -  Un remède.   -   Il s'est déterminé cette année, par suite de la température anormale du printemps et de l'été, une mortalité extraordinaire parmi les mouches à miel. Pour obvier à ce mal, M. Cauchard, apiculteur à Ville-en-Tardennois, recommande une composition alimentaire qu'il formule ainsi : Sucre, 5 kilog. ; glucose, 5 kilog. ; suc de groseilles, 1 litre ; son, 1 litre. Faire cuire en consistance de sirop.

Il convient de présenter cet aliment en couches assez minces sur des assiettes, afin d'en rendre la préhension plus facile aux abeilles, qui, d'ailleurs, sont friandes de tout ce qui est sucré et légèrement acidulé. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1860   -  Le Pont St-Pierre.   -   Le maire de la ville de Caen, officier de la Légion- d'Honneur.

Vu les lois des 16-24 août 1790 et 5 mai 1855 ;

Vu l'arrêté de M. le préfet, du 29 de ce mois ;

Considérant que les maisons dont la ville est devenue propriétaire sur le pont Saint-Pierre, doivent être abattues immédiatement ; que la démolition a déjà commencé pour quelques-unes, et qu'il y a urgence de prendre des mesures pour garantir la sûreté publique pendant les démolitions ; qu'il devient ainsi nécessaire d'interdire provisoirement la circulation sur le pont Saint-Pierre ;

Arrête :

Art. 1er. A partir de lundi prochain, 3 décembre, La circulation sera provisoirement interdite sur le pont Saint-Pierre.

Art. 2. La voie préparée par les soins de MM. les Ingénieurs, entre la rue des Quais et la place Saint-Pierre, Sur la rigole alimentaire et l'emplacement de l'ancien Corps-de-Garde, servira à la circulation pendant les travaux de démolition sur le pont Saint-Pierre.

Art. 3. M. le commissaire central et MM. les commissaires de police sont chargés de l'exécution du présent arrêté.

A l'Hôtel-de-Ville, le 30 novembre 1860.   F.-G. BERTRAND. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1860   -  Une restauration.   -   L'église Saint-Jean possédait depuis longtemps un tableau d'assez grande dimension, dont quelques artistes avaient soupçonné le mérite et la couleur, qui avaient en partie disparu sous une couche épaisse de poussière que le temps et l'humidité y avaient déposée.

Un artiste, qui s'occupe tout spécialement de la restauration des tableaux, et dont le talent était connu par quelques-uns des amateurs distingués de notre ville, sollicita dernièrement la faveur de nettoyer et de restaurer ce tableau, dont la toile commençait à éprouver de sérieuses détériorations.

Le travail dont il s'était chargé est maintenant terminė.

Le tableau, qui représente une descente de croix, et dans lequel on reconnaît facilement la main d'un maître (des artistes compétents croient pouvoir l'attribuer au Carrache), est exposé jusqu'à jeudi prochain dans l'atelier de M. Jules Guédy, rue Saint-Jean, impasse Cauvigny, où on pourra juger de la valeur de cette œuvre et du mérite de la restauration. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1860   -  De tristes nouvelles.   -   Hier, vers cinq heures du matin, un mouton, appartenant à M. Lemarchand, demeurant à Bény-sur-Mer, est mort au marché qui se tient sur la place Saint-Martin, et a été de suite transporté au Moulin-au-Roi.

Hier soir, entre neuf et dix heures, un nommé Bourget, homme de peine chez M. Lepetit, pharmacien, place Malherbe, étant en état d'ivresse, est tombé dans le bassin. Il en a été retiré immédiatement par le préposé Valtreye et les hommes d'équipage de la goëlette la « Généreuse ». Bourget a été de suite transporté à la Morgue, ou M. Le Cœur, docteur-médecin, lui a donné les premiers soins, et il a ordonné son transfert à l'Hôtel-Dieu, où l'on espère le sauver. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1860   -  Les travaux.   -   Depuis quelque temps, des transports considérables de vases, destinées à remblayer les vides résultant de la construction de la rigole alimentaire du canal, s'effectuent depuis le bassin jusque sur l'emplacement des travaux.

L'administration municipale avait eu récemment la bonne pensée de tracer, pour les banneaux chargés, d'où découle la partie la plus liquide des vases, un itinéraire par suite duquel, pour se rendre de Courtonne à la rue de Bernières, ils parcouraient, non plus la rue Neuve-Saint-Jean, rue très populeuse et bordée de maisons, qu'ils avaient convertie en un vaste marais noir et infect, mais bien la rue de l'Engannerie, rue déserte, comme chacun sait. Tout le monde avait applaudi à cette mesure.

Hier, les banneaux, chargés de vases, passaient de nouveau par la rue Neuve-Saint-Jean, qui a repris son aspect paludéen.

Cette innovation ne nous a pas paru heureuse. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1860   -  L’hiver arrive.   -   Qu'on vienne dire maintenant que tout est bouleversé dans la nature et que l'ordre des saisons est changé ! L'hiver de 1860 n'arrive-t-il pas à propos pour donner le plus éclatant démenti à tous ces bruits, à toutes ces calomnies?

Aux termes des décisions du bureau des longitudes, c'est demain, à une heure 55 minutes du soir, que la pluvieuse automne cède la place à l'hiver, et déjà ce dernier nous envoie des émissaires pour nous annoncer son approche.

Il y a deux jours, quelques éclaireurs, sous la forme de flocons de neige, s'étaient abattus sur notre ville ; mais ils n'avaient pas tardé à disparaître honteusement sous l'humide influence de l'automne. Hier soir, cependant, et ce matin, la neige a pris une brillante revanche, et l'aspect de nos campagnes sous laquelle elles sont littéralement ensevelies, nous prouve que décidément le bonhomme Hiver est à notre porte. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1860   -  Un retard.   -   Le train nº 9 de la ligne de Bretagne qui devait arriver hier, à 9 heures 10 minutes du soir, n'est entré en gare qu'à 11 heures 56, c'est-à-dire avec un retard de 2 heures 46, occasionné par la grande quantité de neige tombée sur cette ligne entre Argentan et Caen. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1860   -  Des accident.   -   La journée de samedi dernier a été marquée par de graves accidents survenus sur la ligne du chemin de fer. Vers neuf heures du soir, le sieur Heremerel, employé supplémentaire à la gare de Caen, pris entre le quai et un wagon qu'il poussait avec d'autres ouvriers, a eu trois côtes cassées.

Dans la matinée du même jour, deux terrassiers, les sieurs Hurel et Flot, âgés, le premier, de 40 ans, et le second, de 45, ont été surpris par le train, dans la traverse de la commune de Neuilly, au moment où ils se rendaient à leur travail. Ces deux malheureux ont été écrasés, et leur mort a été instantanée. Ils laissent tous deux de nombreux enfants en bas-âge. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1861   -   Le temps qu’il fait.   -   Aujourd'hui, le temps est vif et sec, le baromètre est à beau fixe, le soleil est resplendissant. La Seine charrie des glaçons et des bandes d'oiseaux sauvages sont posées dessus. Les canards se donnent le plaisir de descendre la Seine sur les glaces qui leur servent de bateaux. ( L’Écho Honfleurais)

 

Janvier 1861   -   Les Hivers Historiques.   -    La durée, plus encore que l'intensité du froid qui s'évi en ce moment, attire naturellement la pensée sur les hivers dont les rigueurs exceptionnelles ont laissé des traces dans l'histoire.

L'un des plus néfastes dont fassent mention les chroniqueurs est l'hiver de 1408 ; cette année fut surnommée l'an du grand hiver. Le fait le plus caratéristique à la charge de cette saison exceptionnelle se trouve consigné sur les registres du parlement de Paris. Le greffier y a écrit lui-même qu'il lui fut impossible d'enregistrer les arrêts, par ce que l'encre gelait dans sa plume, bien qu'on eut soin d'entretenir un grand feu dans les chambres. La Seine était prise et lorsque vint le dégel la neige était si haute que l'on y entrait jusqu'à mi-jambe.

Le quinzième Siècle fut fécond en terribles hivers. Félicien rapporte qu'il gela pendant deux mois et vingt et un jours consécutifs, et que la neige tomba quarante jours sans interruption. En 1458, au dire d'Oeucas Sylvius une armée de 40 000 hommes campa sur le Danube. Dix ans plus tard, Philippe de Commines rapporte que les gens du Duc de Bourgogne recevaient des morceaux de vin. On défonçait les tonneaux et on rompait le vin à coup de hache.

Le XVIe  siècle ne compte aucun hiver mémorable. Au XVIIe  siècle, nous citerons celui de 1608, dont un mot emprunte à Mézeray, peut faire apprécier l'intensité : Le 23 janvier dit cet historien, le pain qu'on servit à Henri IV fut gelé. L'hiver de 1657 à 1658 s'évit dans l'Europe entière. Charles X, roi de Suède, fit passer sur la mer Baltique, dans un trajet de 5 à 6 lieues, une armée entière avec artillerie, cavalerie, caissons et bagages.

A Paris, la Seine porta des glaces de 5 pieds d'épaisseur, et le dégel détruisit le pont Marie, sur lequel étaient construites 22 maisons.

Il fit très grand froid au XVIIIe  siècle. Les journaux de l'époque, ainsi que les mémoires, enregistrent les hivers de 1709, 1740, 1776, 1784, 1788, 1794, etc…

Celui de 1709 attriste, par les terribles désastres, la vieillesse de Louis XIV.

Tous les grains confiés à la terre furent gelés et périrent dans les sillons, il fallut labourer et ensemencer de nouveau dans le printemps. La disette se joignit aux rigueurs de la saison. A la ville, dans les champs on ramassait chaque jour des personnes mortes de froid. Le pain était si rare, si cher, que Madame de Maintenon, au milieu des splendeurs de Versaillies, faisait servir sur sa table du pain d'avoine.

Louis XIV vendit pour 800 000 fr. de vaisselle d'or et d'argent, afin de venir en aide aux infortunés. Tous les de arbres frulliers furent détruits par la gelée.

En 1740, la Tamise fut entièrement gelée et le mouvement commercial entièrement suspendu. On construisit sur la glace une vaste cuisine dans laquelle on fit rotir un bœuf entier. John Bull fit à cette occasion un joli mot : Il dit que Londres avait célébré des noces de Gamache pour le bon homme hiver de 1740.

Les hivers de 1776 et de 1784 n'eurent pas moins d'intensité. Le roi Louis XVI, qui régnait alors, fit ouvrir au peuple les cuisines du palais de Versailles. On allumait de grands feux dans les rues de Paris, pour que les pauvres vinssent s'y chauffer. Le froid était si intense que plusieurs cloches se cassèrent en sonnant. Le vin gelait dans les caves, c'etait en 1776. Voltaire écrivait alors : « Ma santé ne peut plus tenir à l'hiver Barbare qui nous accable au mois d'avril ».

Plus rude encore fut l'hiver de 1784. C'est en cette année que les boutiquiers et les passants élevérent au roi Louis XVI, au coin de la rue du Coq et de la rue Saint-Honoré, en face de la porte du Louvre, un monument tout à fait de circonstance : c'était une pyramide de neige portant cette inscription :

« Louis, les indigents que ta bonté protége,

Ne peuvent t'élever qu'un monument de neige,

Mais il plait d'avantage à ton cœur généreux

Que le marbre payé du pain des malheureux ».

L'hiver le plus rigoureux de notre siècle est celui de 1812, que la désastreuse retraite de Moscou a écrit en lettres de sang et de deuil dans notre histoire, 1820 eût encore un hiver des plus rigoureux, 1830, 1838, 1841, 1842 compteront aussi parmi les années qui ont laissé dans nos climats les souvenirs d'un froid exceptionnel. L'hiver de 1853 et celui de 1860 sont les derniers qui méritent d'être cités avant celui que nous traversons. ( L’Écho Honfleurais)

 

Janvier 1861   -   Le dégel.   -   Le dégel  s’est fait sentir dés vendredi et a continué jusqu'à hier soir.

Depuis trois jours, c'est-à-dire dimanche, lundi et mardi, nous avons eu une brume très intense, surtout hier ou elle tombait en pluie très fine, cependant les baromètres marquaient plus que très sec (30 pouces).

Ce matin le temps est plus clair, les vents à l'Est et un peu de gelée, puis à midi nouveau brouillard. ( L’Écho Honfleurais)

 

Janvier 1861   -   Une saison bien rigoureuse.   -    Nous vivons dans une saison bien rigoureuse et bien calamiteuse.

A Londres, un grand nombre d'ouvriers sont sans ouvrage et crient misère aux portes des ateliers de charité. D'aucuns, ont même, pour appaiser leur faim, enfoncé les portes des boulangeries et pillé les boutiques. En Espagne, des débordements de rivières ont enlevé des villages entiers et tué ou ruiné les habitants.

En Hollande, l'eau à fait irruption dans les terres basses en brisant les digues, dix-sept villages ont été submergés, les bestiaux noyés et plus de 3 000 individus sont errants, sans abri et sans nourriture. ( L’Écho Honfleurais)

 

Janvier 1861   -   Le temps.   -    La Seine charrie toujours beaucoup de glaces devant Honfleur. A mer baissante celles qui passent devant le port, semblent ne pas avoir de solution de continuité, c'est comme une banquise sans fin qui descend la Seine.

Le froid est toujours très vif et le temps beau. Hier. au mouvement de la lune, le dégel s'est fait sentir un instant, mais cette nuit, il a gelé de plus bel. ( L’Écho Honfleurais)

 

Janvier 1861   -   Le temps.   -   La gelée est arrivée à temps pour nous préserver des inondations. Dans tous les departements, le cours des rivières s'était enflé dans des proportions menaçantes.

A Paris, la Seine a acquis un niveau auquel elle ne s'était pas élevée, assure-t on, depuis 1819. A cette époque et au moment des plus grandes eaux, la Seine fut prise, et les promeneurs, traversant le fleuve sur cette nappe unie de glace, purent se donner la satisfaction d'inscrire leur nom au-dessus des arches du Port-Royal. ( L’Écho Honfleurais)

 

Janvier 1861   -   Le service postal.   -   On évalue à près de 300 millions les lettres de la correspondance privée transportées par la poste en 1860 ; le nombre de lettres des administrations publiques a dépassé 32 millions.

On compte en France 8 lettres par habitant, et en Angleterre, 24, le triple. Il s'agit, il est vrai, de l'Angleterre proprement dite. Pour l'Ecosse et pour l'Irlande, la proportion est beaucoup moins forte. ( L’Écho Honfleurais)

 

Février 1861   -   Toujours le temps.   -   Depuis Mercredi la température a changé du tout au tout et a atteint plusieurs degrés au-dessus de O. Aujourd'hui, à l'exposition du midi et au soleil le thermomètre a atteint 15 degrés ; c'était comme un beau jour de printemps.

Mercredi la brume était tellement intense le soir, que le bateau à vapeur du Havre ici, n’a pas pu effectuer son voyage. ( L’Écho Honfleurais)

 

Février 1861   -   Cavalcade.   -   Une cavalcade s'organise à Caen, pour les jours gras. Un grand nombre de jeunes gens ont souscrit les 10 fr. demandés pour faire partie de la fête.

Autrefois, Honfleur avait aussi sa cavalcade que les jeunes gens d'alors organisaient et il a y en de ces fêtes qui ont rivalisé avec celles du Havre.

Est-ce que nous n'avons plus de jeunesse à Honfleur ? ( L’Écho Honfleurais)

 

Mars 1861   -   Incendie.   -   Un feu de comble s'est déclaré hier, vers midi, dans l'hôtel de la préfecture, au-dessus des archives. Ce feu a été attaqué avec la plus grande énergie par douze pompiers, sous les ordres du capitaine-commandant.

La partie de la charpente embrasée a été jetée à terre par le caporal Touchard et les sapeurs Guillouet, Delaunay et Goupil, aidés par plusieurs autres personnes. Ce feu a été promptement éteint par le jeu d'une petite pompe, montée dans les combles, et très bien alimentée. Elle était servie par les ouvriers maçons que les entrepreneurs de l'hôtel de gendarmerie et de l'Hôtel-de-Ville s'étaient empressés de conduire sur les lieux.

La perte peut s'élever à la somme de 4 à 500 fr. Il est probable que le feu s'est communiqué à la charpente par un tuyau en tôle de la cheminée des archives, qui ont été heureusement préservées du feu par une voûte en brique et pierre.

M. le préfet, M. le lieutenant-colonel du 98e et M. l'architecte du département étaient présents, ainsi que M. le commissaire central. M. le commandant de place avait envoyé un fort détachement de troupe, sous les ordres d'un capitaine. A une heure, tout était terminé. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1861   -   Une subvention à l’église St-Jean.   -   Dans sa séance du 27 février dernier, le Conseil municipal a accordé à la fabrique de l'église St-Jean une subvention de 7 000 fr., pour contribuer à la réparation de l'orgue et de l'horloge de cette paroisse.

Ces réparations sont estimées à 20 500 fr. L'orgue est compris dans ce chiffre pour 19 590 fr., montant du devis dressé par M. Werschneider, entrepreneur, qui déjà a établi l'orgue de la paroisse de Notre-Dame et est chargé de la restauration de l'orgue de St-Etienne, en cours d'exécution. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1861   -   Un départ.   -   Nous avons appris hier que le 98e de ligne, qui tient garnison à Caen, avait été désigné pour faire partie du prochain camp de Chalons.

Par ordre de M. le ministre de la guerre, en date du 28 mars dernier, ce régiment doit former immédiatement un détachement composé de 1 officier (lieutenant ou sous-lieutenant), 4 caporal et 14 hommes, pour être dirigé, par les voies rapides, sur le camp, de manière à y arriver le 8 avril.

Ce détachement, destiné à préparer la mise en culture des jardins potagers du corps, partira de Caen, vendredi prochain, 5 du courant. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1861   -   Pâques.   -   Pâques est tombé cette année le 31 mars. On sait que Pâques est une fête mobile dont la date est déterminée par la lune.

Le Concile de Nicée a décidé que Pâques était toujours le premier dimanche qui suit la pleine lune postérieure au 21 mars. Si la pleine lune tombe le 21 mars et que le 21 mars soit un samedi, Pâques sera le 22 mars. Pâques ne peut jamais arriver avant le 22 mars, ni après le 25 avril. Le 25 avril est la date extrême. Dans le siècle où nous sommes, Pâques ne tombera le 25 avril qu'une seule fois, en 1886.

Le 25 avril est le jour de Saint-Marc. Cette année là, le Vendredi Saint tombera le 25 avril, jour de Saint-Georges, et la Fête-Dieu, le jour de Saint-Jean-Baptiste. Or, il y a une vieille prédiction, répétée par Nostradamus en ses Centuries, et qui dit :

Quand Georges Dieu crucifiera,

Que Marc le ressuscitera

Et que Saint Jean le portera,

 La fin du monde arrivera.

D'après cette prédiction, la fin du monde doit donc arriver en 1886. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1861   -   Enfants trouvés.   -    Deux enfants nouveau-nés, trouvés samedi sur la voie publique, ont été déposés à l'hospice Saint-Louis. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1861   -   Un accident.   -    Hier, un ouvrier coureur, qui travaillait dans une maison de la rue de l'Oratoire, est tombé d'une hauteur de plusieurs mètres. Resté sans mouvement, on a cru d'abord que ce malheureux était mort, mais bientôt il s'est relevé en se plaignant seulement de douleurs à la tête.

Le médecin, appelé à visiter l'ouvrier, a déclaré qu'il en serait quitte pour quelques jours de repos. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1861   -   Nous signalons avec plaisir le trait de probité suivant.   -    Ce matin, le jeune Duval, apprenti typographe, employé dans l'imprimerie de M. Domin, se rendait à la préfecture pour le service du journal, lorsqu'à l'extrémité de la rue du Musée, il aperçut par terre un portefeuille. L'ayant ramassé, il l'ouvrit et reconnut qu'il contenait un billet de banque de 1 000 fr. et plusieurs papiers de commerce, le tout appartenant à M. P……, tanneur, à Pont-Audemer.

Aussitôt, ce jeune homme se rendit au bureau central de police pour en faire le dépôt, mais à peine y était-il entré que le propriétaire du portefeuille y arrivait lui même pour déclarer la perte qu'il avait faite, et rentrait en la possession de son portefeuille.

Cette bonne action a valu à son auteur de vifs remerciments et une gratification du sieur P……( L’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1861   -   Des accidents.   -   Le nommé Héroult (Albert), journalier, âgé de 25 ans, demeurant à Caen, rue de l'Ancien-Chemin-d'Hérouville, a été trouvé noyé dans une mare située près de sa demeure. On suppose que ce jeune homme, peut-être pris de boisson, aura voulu se laver les mains ou la figure, et que, pris d'un étourdissement, il sera tonbé dans cette mare, qui est profonde d'environ 3 mètres.  ( L’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1861   -   Un accident.   -   Un accident, qui eût pu avoir les suites les plus graves, est arrivé avant-hier mardi, à 6 heures du soir, dans la rue du Montoir-Poissonnerie, à la sortie de la place de la Victoire.

La voiture de Caen à Douvres et Courseulles, contenant six personnes et un enfant en bas âge, a versé en tournant sur elle-même pour éviter une charrette dételée qui, placée en travers de la rue du Montoir-Poissonnerie, obstruait complètement cette voie rapide et encore insuffisamment large.

Un voyageur a reçu des contusion à la jambe, et la femme qui tenait l'enfant, en voulant préserver celui-ci, a été blessée assez sérieusement à main.

A cette occasion, nous ne saurions trop vivement appeler l'attention de la police sur les causes qui obstruent si fréquemment la voie publique. Dans certaine rues, on voit des gens qui scient et cassent du bois jusqu'au milieu de la chaussée, et souvent les trottoirs, qui sont encombrés par des marchandises ou par des garçon épiciers qui brûlent du café, sont inaccessibles aux piétons. Il nous suffit de signaler ces inconvénients à l'administration pour qu'elle prenne des mesures en conséquence. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juin 1861   -   Rigole alimentaire.   -   Hier, la commission des travaux publics, sous la présidence de M. le maire, et à laquelle avait été adjoint M. Marchegay, ingénieur en chef des ports, s'est transportée sur tout le parcours de la rigole alimentaire, à l'effet de vérifier les alignements qui ont été élaborés par MM. Le Painteur, ingénieur, et Auvray, architecte.

Nous croyons savoir que, très prochainement, la population sera appelée à pouvoir émettre son opinion sur une enquête faite pour l'alignement et le nivellement de cette nouvelle voie. Nous faisons des vœux pour que, très prochainement, les travaux soient commencés, et qu'avant la fin de cette année la circulation soit complètement rétablie sur le long parcours de la rigole.

D'après le projet, l'une des plus importantes améliorations est l'isolement de notre magnifique église Saint-Pierre, qui se trouverait complètement dégagée des tristes boutiques et bâtiments qui y sont accolés. Cette basilique serait entourée d'un square fermé par une grille. Il parait que cette combinaison permettrait de donner à l'abside son ancienne hauteur, et, au lieu de descendre dans l'église, on y monterait.

Tout le monde applaudira à ce projet, dont l'exécution, si impatiemment attendue, rendra à l'édifice son ancienne splendeur. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juin 1861   -   Orages et incendie.   -    Depuis dix heures du matin, un violent orage menace d'éclater sur Caen. Le tonnerre se fait entendre et le ciel est chargé de gros nuages.

Au moment de mettre sous presse, nous apprenons que la foudre est tombée sur une ferme, à Allemagne, à laquelle elle aurait communiqué le feu, et que nos sapeurs-pompiers viennent de partir dans cette direction pour porter secours. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juin 1861   -   Avis aux militaires.   -    Par un ordre du jour à la date du 31 mai, M. le maréchal Magnan, commandant le corps d'armée, dans lequel se trouve placée la 2e division militaire, vient de défendre aux troupes sous ses ordres de se baigner isolément.

MM. les chefs de corps et de détachements devront, à cet égard, exercer la plus active surveillance pour empêcher des actes malheureux de désobéissance dont plusieurs militaires ont été victimes tout récemment.  ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juin 1861   -   Un accident.   -    La journée, d'hier a été marquée par un douloureux événement. Un malheureux ouvrier, père de cinq enfants, le sieur Lecornu, âgé de 45 ans, demeurant rue Damozane, employé aux travaux de construction de la gendarmerie, est tombé de dessus un échafaudage d'une hauteur d'environ 13 mètres. Il a été transporté à l'Hôtel-Dieu dans un état qui laissait peu d'espoir.

Nous apprenons que le sieur Lecornu est décédé ce matin, à deux heures et demie. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juin 1861   -   Nécrologie.   -    On nous annonce que M. Jobert, ancien capitaine de la compagnie de pompiers de Caen, chevalier de la Légion-d Honneur, est mort subitement dimanche dernier. Comme commandant de la compagnie de pompiers, M. Jobert a rendu à la ville de très grands services, et chacun a pu apprécier le zèle et l'ardeur dont ce courageux citoyen a constamment fait preuve, chaque fois qu'un incendie éclatait dans la cité. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juin 1861   -   Interdit provisoirement.   -    M. le ministre de l'instruction publique et des cultes vient de prendre un arrêté aux termes duquel est interdit provisoirement, dans les écoles primaires publiques et libres de l'empire, l'ouvrage intitulé : « Petit Cathéchisme pour les temps présents », publié à Paris par la librairie Lecoffre, et à Saint-Brieuc, par l'imprimeur-libraire Prudhomme.

Aucun cathéchisme autre que le diocésain ne doit d'ailleurs être introduit dans les écoles. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juin 1861   -   Découverte macabre.   -    Hier, à onze heures du matin, on a retiré du bassin, sur la rive du quai de Juillet, le cadavre du nommé Louaru (Paul), âgé de 36 ans, capitaine du navire la « Jeanne-d'Arc » en station à Caen.

Les renseignements recueillis font connaître que sa mort est accidentelle, par suite d'ivresse. Ce capitaine avait l'habitude de boire beaucoup, et, depuis dimanche dernier, jour où on l'avait vu dans plusieurs cabarets, il n'avait plus reparu. On présume que, le soir, en voulant rentrer à son bord, il sera tombé dans le bassin. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juin 1861   -   Processions de la fête Dieu à Caen.   -    Les processions faites hier dans les diverses paroisses, à l'occasion de la fête du Très Saint- Sacrement, ont été, pendant la matinée, favorisées par un très beau temps.

Elles présentaient partout un coup d'œil magnifique. Leur marche lente et solennelle à travers les rues, remplies d'une foule recueillie, a produit, comme à l'ordinaire, l'impression vive et profonde qui résulte du déploiement de toutes les pompes de la religion, dans son jour de fête le plus imposant.

Les mains pieuses des fidèles avaient orné de fleurs, de guirlandes et de riches draperies les reposoirs élevés dans les divers quartiers de la ville. On a beaucoup admiré surtout celui du grand atrium du palais académique.

L'incertitude du temps a contraint, dans la soirée, quelques-unes des paroisses à faire la procession dans l'intérieur des églises. La musique du lycée a accompagné celle de Saint-Etienne, et la fanfare caennaise, dirigée par M. Aug. Carlez, a prêté son concours à celle de Saint-Julien.  ( Le Moniteur du Calvados )

 

Juin 1861   -   L’instruction publique en France.   -   Lorsque M. Charles Dapin publia sa carte teintée sur le degré de l'instruction publique répandue dans les différents départements de la France, on n'avait pas encore déployé tous les efforts que le gouvernement annonce aujourd'hui. Il est curieux de rapprocher les chiffres de l'instruction secondaire d'il y a dix ans avec ceux de l'année dernière.

En 1850, 19 269 élèves suivaient les cours des 57 lycées et 31 700 les cours des 305 collèges communaux.

En 1860, 27 996 élèves ont été instruits dans les 61 lycées et 27 985 dans les 245 collèges communaux.

Enfin, 4 millions 16 923 enfants reçoivent les bienfaits de l'instruction primaire dans les écoles. De plus, 68 708 enfants sont élevés dans des établissements privés ecclésiastiques ou laïques. ( Le Moniteur du Calvados )

 

Juin 1861   -   La canicule.   -    Depuis trois ou quatre jours, la températures s'est élevée d'une manière assez inattendue. Le printemps, qui n'a compté que quelques belle journées, finit avec des chaleurs caniculaires.

Hier, le thermomètre de M. Nessy marquait, à huit heures du matin, 15 degrés au-dessus de zéro ; midi, il avait monté de 13 degrés et marquait 28 ; à huit heures du soir, 26 degrés.

Ce matin, à huit heures, le thermomètre marquait, à l'ombre, 20 degrés, et 28 5/10es  à midi.

Au soleil il s'est élevé de dix à quinze degrés en plus, ce qui a donné de 40 à 42 degrés à midi. ( Le Moniteur du Calvados )

 

Juin 1861   -   L’uniforme du gendarme.   -   Une modification, dit « Le Constitutionnel », vient d'être tout récemment introduite dans l'uniforme de la gendarmerie départementale. Le pantalon bleu de ciel, au lieu d'être de couleur unie, comme par le passé, est maintenant orné, pour les gendarmes à cheval et pour les gendarmes à pied, d'une bande de drap bleu de roi, comme celui des militaires de la garde de Paris.

En ce qui concerne particulièrement les gendarmes à pied, la capote est supprimée et sera remplacée, dit-on, par un manteau de fantaisie en drap bleu de roi. Ce manteau, ajoute-t-on, sera orné sur le devant de brandebourgs en drap bleu de ciel, pareil au drap du pantalon. ( Le Moniteur du Calvados )

 

Juin 1861   -   Le temps qu’il fait.   -   Aujourd'hui, à midi et demi, le thermomètre de M. de Raveton marquait 28° 5 centièmes de chaleur. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juin 1861   -   Adjudication des herbes de l'hippodrome de Caen.   -   Le vendredi 28 juin courant, à une heure de l'après-midi, il sera procédé, dans une des salles de l'Hôtel-de-Ville, à l'adjudication, aux enchères et à l'extinction des feux, de la récolte des herbes venues sur ledit hippodrome.

Le cahier des charges, clauses et conditions de cette adjudication, est déposé au secrétariat de la mairie. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juin 1861   -   Découverte macabre.   -   Un nommé Lethan, âgé de 40 ans, marié sans enfants, domicilié rue de Vaucelles, qui avait disparu de chez lui depuis mardi, a été retiré de l'Orne hier, à 8 heures du soir, en face du bac de Clopée.

Il est résulté de l'enquête à laquelle on s'est livré que cet homme donnait depuis quelque temps des signes non équivoques d'aliénation mentale.

Afin de mieux accomplir son funeste dessein, ce malheureux s'était attaché à l'aide de son mouchoir une énorme pierre au cou.

Après les formalités d'usage, le cadavre du nommé Lethan a été remis à sa famille. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juin 1861   -   Un suicide.   -   Dimanche, vers quatre heures de relevée, la nommée Fosset (Victorine), couturière, âgée de 38 ans, domiciliée à Caen, rue Neuve-Saint-Jean, nº 8, s'est, dans un accès de délire, jetée sur le pavé de la cour, par la fenêtre de sa chambre située au premier étage. Dans sa chute, elle ne s'est fait qu'une légère blessure au front.

Le soir, vers neuf heures un quart, cette malheureuse, trompant la vigilance de sa mère et de quelques voisins qui se trouvaient près d'elle, monta l'escalier jusqu'au deuxième étage et se précipita de nouveau par la fenêtre, cette fois, elle se brisa le crâne et expira presque instantanément.

Les soins prodigués par M. le docteur James, appelé aussitôt, furent inutiles. Cette fille, qui faisait des excès en boissons alcooliques, a déjà, il y a cinq ou six mois, attenté à ses jours par le même moyen. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juin 1861   -   Tapage nocturne.   -    Dans la nuit de dimanche à lundi dernier, vers onze heures et demie, la rue Notre-Dame, à l'extrémité de la rue Froide, était mise en émoi par des gens ivres des deux sexes. Après une discussion des plus bruyantes, dans laquelle les cris : « à l'assassin ! » se faisaient entendre, une lutte ne tarda pas à s'engager au milieu d'un rassemblement considérable de curieux, et, nous devons en convenir, hommes et femmes, armés de branches de fagots, frappaient avec un zèle égal.

Nous ne déplorons certainement pas les coups qui ont été reçus dans cette circonstance, par des gens en ribotte, mais ce que nous regrettons, c'est que la police n'intervienne jamais, ou toujours trop tard, dans ces scènes nocturnes qui troublent trop souvent le repos des citoyens. Il parait même que ces scènes se reproduisent périodiquement les samedis, dimanches et lundis.

L'activité que déploient les agents à constater, pendant le jour, de simples contraventions est sans doute fort louable, mais cela ne suffit pas. Il est également de leur devoir d'exercer pendant la nuit une surveillance plus active encore, et d'assurée par leur présence, dans les rues de la cité, la tranquillité et la sécurité publiques. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juillet 1861   -   Un accident de la route.   -    Hier, vers neuf heures du soir, la nommée Tartarin (Marie), âgée de dix ans, demeurant rue Coupée, fut renversée, rue Saint-Jean, en face la rue Saint-Louis, par une voiture que conduisait le sieur Mauban, postillon. L'une des roues de la voiture passa sur le corps de cette malheureuse enfant, qui fut transportée aussitôt dans une maison voisine, où elle reçut les soins du docteur Vigier, lequel constata qu'elle n'avait rien de fracturé.

Il y a eu imprudence de la part du conducteur, qui conduisait sa voiture avec une très grande rapidité. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juillet 1861   -   La comète.   -    La comète, qui a fait son apparition d'une façon si subite et qui a si bien trompé la vigilance des astronomes parisiens, a toujours le privilège d'attirer les regards des curieux.

Hier encore, Ie phénomène céleste se faisait admirer de toutes parts, jusqu'à une heure très avancée de la nuit. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juillet 1861   -   Un suicide.   -    Dimanche dernier, vers 6 h. 1/2 du soir, le nommé Beauvais (Jean-Pierre), journalier, âgé de 45 ans, demeurant rue d'Auge, a tenté de se suicider en se frappant la poitrine de plusieurs coups de couteau. On attribue cet acte de désespoir au chagrin que lui causait l'inconduite de sa fille, âgée de 17 ans.

Depuis plusieurs mois, Beauvais était séparé de sa femme. L'ayant rencontrée, venelle de la Requête, avant-hier soir, il eut avec elle une vive discussion au sujet de sa fille dont on venait de lui annoncer l'état de grossesse.

Cette discussion exaspéra tellement ce malheureux, qu'il tira tout à coup son couteau de sa poche, et, s'en frappant à plusieurs reprises, il tomba bientôt baigné dans son sang. Deux médecins de notre ville, MM. Luard et Leprovost, ont été appelés à donner des soins au nommé Beauvais, dont l'état des blessures laisse peu d'espoir. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juillet 1861   -   Un incident de mer.   -    La goëlette l' « Estelle-Marie », capitaine Croisy, dont nous avons annoncé la relâche à Cherbourg par suite d'une explosion de feu grisou, arrivée dans sa cargaison de houille, a réparé promptement les avaries faites son pont par cet accident, et est sortie du bassin la 4 juillet pour se rendre à Caen, port de destination de son chargement. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juillet 1861   -   Reconstruction du bureau d'octroi du Vaugueux.   -    Le mardi 9 juillet courant, à une heure de l'après-midi, dans une des salles de l'Hôtel-de-Ville, il sera procédé à l'adjudication, au rabais et sur soumissions cachetées, des travaux et fournitures à faire pour la reconstruction du bureau d'octroi du Vaugueux.

Le devis s'élève à 9 006 fr. 80 с.  Les soumissions devront être sur papier timbré.

Jusqu'au jour de l'adjudication, il sera donné communication des devis, cahier des charges et plan, au bureau des travaux publics, à la mairie, de dix heures du matin à quatre heures du soir. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juillet 1861   -   La Comète.   -    Depuis dimanche, on a pu voir une magnifique comète qui s'est fait remarquer dans la partie nord du ciel.

Hier, entre 10 et 11 heures du soir, sa queue, perpendiculaire à l'horizon, avait plusieurs degrés.

Dans la saison où nous sommes, on peut espérer de belles soirées pendant lesquelles les astronomes pourront étudier dans sa course l'astre voyageur, et les astrologues, s'il en existe encore, conjecturer l'avenir et débrouiller les destins obscurs de l'Europe et de l'Amérique. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juillet 1861   -   Un suicide.   -    Dans la nuit du 30 juin au 1er juillet, vers onze heures et demie du soir, le sieur Ruault, demeurant rue Montaigu, entendit un bruit semblable à celui produit par la chute d'un corps dans l'eau. S'étant approché et ayant fait des recherches dans la rivière, à l'endroit d'où provenait ce bruit, il vit une casquette flotter à la surface, et, ce matin, à huit heures, le cadavre du nommé Magloire Lemarchand, bas-estamier, âgé de 63 ans, demeurant rue de Falaise, a été retiré de la rivière de l'Orne, vis-à-vis de l'endroit où la casquette avait été vue la veille.

Après examen du corps, fait par un médecin, le nommé Lemarchand a été transporté à son domicile. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juillet 1861   -   La comète.   -    A mesure que la comète, espèce de fusée stellaire, s'avance dans sa trajectoire hélicoïde pour s'en aller se perdre dans l'infini de l'espace, sa queue change de direction. C'est ainsi que, dans les premiers jours de son apparition, cette queue s'en allait de nord-nord-ouest à sud-sud-est. Aujourd'hui, elle a pris la direction du Sud, comme si, en tournant sur sa trajectoire, elle devait toujours avoir la tête du noyau tournée vers le soleil. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juillet 1861   -   L’orage.   -   Hier, dans l'après-midi, un violent orage a éclaté à Caen. Vers cinq heures, la pluie tombait avec tant de force qu'en un instant la plupart des rues de la cité présentrit l'aspect de véritables lacs. Dans les rues de l'Engannerie, Gabriel,  Ies Carmes, etc..., la circulation étant interrompue, était de même dans la rue Notre-Dame, où l'égout, étant obstrué, ne laissant qu'un faible passage pour l'écoulement des eaux.

Ce n'est que vers sept heures que, cet orage s'étant apaisé, la circulation a pu être rétablie. Il est a craindre que la campagne des environs, déjà passablement éprouvée par les pluies intermittentes dont elle souffre depuis quelque temps, n'ait eu à supporter encore de nouveaux et désastreux dégâts.  ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juillet 1861   -   Les prières publiques.   -   Dimanche dernier, au prône de toutes les paroisses de la ville, a été lue une lettre de Mgr l'évêque de Bayeux et Lisieux, prescrivant des prières publiques pour demander à Dieu la cessation des pluies, qui donnent les plus sérieuses inquiétudes pour les récoltes. Ces prières, qui ont commencé dimanche, ont lieu tous les soirs à 8 heures 1/4, et se continueront jusqu'au lundi 22. ( L’Écho Bayeusain )

 

Juillet 1861   -   Nouvelles des récoltes.   -   Les renseignements recueillis par le ministère de l'agriculture constatent que la moisson sera cette année de trois semaines en avance sur la moisson de l'année dernière, ce qui revient à dire qu'elle pourra avoir lieu à peu près en temps ordinaire, puisque la moisson de l'année dernière était d'un mois en retard. ( L’Écho Bayeusain )

 

Juillet 1861   -   Chronique religieuse.   -   Mgr l'évêque de Bayeux et Lisieux vient d'adresser à MM. les curés la lettre suivante prescrivant des prières publiques pour demander à Dieu la cessation des pluies, qui donnent les plus sérieuses inquiétudes pour les récoltes :

 

Monsieur le curé,                   Bayeux, le 18 juillet 1861.

 

La persévérance des pluies inspire aux campagnes de sérieuses inquiétudes, et je sais que les religieuses populations de ce diocèse désirent vivement que des prières publiques soient ordonnées pour écarter le fléau qui nous afflige.

C'est pour obéir à ce vœu trop légitime qu'en terminant la dernière retraite sacerdotale, j'ai autorisé MM. les curés qui en faisaient partie à célébrer dans leur paroisse une neuvaine à cette intention. Depuis dimanche, ces prières ont lieu dans l'église cathédrale et dans la plupart des églises du diocèse.

C'est l'union, Monsieur le curé qui donna la force à la prière publique. Vous inviterez donc vos paroissiens à s'associer à nos supplications pour obtenir du ciel la cessation de ces pluies désastreuses.

Notre intention est que, pendant neuf jours, il soit donné, dans chaque paroisse et dans la chapelle du grand séminaire, où s'accomplissent avec édification les exercices de la seconde retraite, un Salut de pénitence. On y chantera les antiennes au Saint Sacrement, à la Sainte Vierge, le psaume Deus noster, refugium et virtus, et le trait Domine, non secundum, qu'on terminera par les versets et oraisons accoutumés, auxquels on ajoutera l'oraison Ad postulandem aeris serenitatem.

Recevez, Monsieur le curé, l'assurance de mon sincère et affectueux dévouement.    

Charles

« Évêque de Bayeux et Lisieux. »       ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juillet 1861   -   L’exécution d’un jugement.   -   Hier, à midi, a eu lieu, dans la cour du Château, l'exécution du jugement rendu, le 12 de ce mois, par le 2e Conseil de guerre de Caen contre le nommé Patry, canonnier au 3e d'artillerie, condamné à cinq ans de travaux publics pour outrages et voies de fait, en dehors du service, envers son supérieur.

Un peu avant l'heure fixée par l'autorité militaire, le condamné, revêtu de l'uniforme affecté aux ateliers de travaux publics, a été amené par un piquet de service et placé devant le front des troupes sous les armes, qui étaient composées de plusieurs pelotons des 26e et 98e de ligne, et d'un détachement de la 1re compagnie de cavaliers de remonte. Presque aussitôt après, M. le greffier du conseil a donné lecture du dispositif du jugement; ensuite les troupes ont défilé, et le nommé Patry a été remis entre les mains de la gendarmerie, chargée de le conduire en Algérie, où il doit subir sa peine. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juillet 1861   -   La comète.   -   Encore une ou deux soirées, et c'en sera fait de la comète de 1861, du moins pour nos faibles yeux. Les astronomes seuls, grâce à leurs puissants instrument pourront la suivre encore quelque temps dans sa course vraiment échevelée. En ce moment, l'immense queue travers l'extrémité de laquelle la terre a, dit-on, passé sans que nous nous en soyons aperçus, ne ressemble plus qu'à une pâle lueur.

Ce qu'il y aura eu de bizarre dans l'apparition si peu prévue de astre voyageur c'est qu'on n'a pu se mettre d'accord pour lui donner un nom. Elle est arrivée incognito, elle va partir anonyme. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Août 1861   -   Faculté des lettres.   -   Dix candidats se sont présentés devant la Faculté des iettres de Caen pour la licence. Quatre ont été admis aux épreuves orales et ont été jugés dignes du grade de Licencié ès-lettres.

Ce sont : MM. Marie (Jean-François), né à Alleaume (Manche) ;  Lemare (Jules-Pierre), né à Anville (Manche) ; Rathier (Emile-Charles), né à Mortague (Orne) ; Charma (Victor-Antoine), né à Caen. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Août 1861   -   Régates caennaises.   -   Joutes à la lance sur l’eau.  Règlement.

Art. 1er. - Les embarcations des jouteurs porteront un pavillon avec lances croisées.

Les jouteurs devront être décemment vétus.

Art. 2. - Les deux embarcations devant lutter ensemble partiront au même moment de la filière ; elles se rendront à la première bouée. Arrivés là, les lutteurs se salueront de la lance, puis l'embarcation ayant le plus bas numéro reviendra à la filière et la prendra à tribord du navire de l'Etat ; celle qui aura le plus haut numero restera à la boure. Au signal donné, les deux embarcations marcheront l'une vers l'autre pour se rencontrer par babord, et à leur rencontre la lutte commencera.

Art. 3. - La lutte aura lieu en partie liée. Aussitôt qu'un des lutteurs sera à l'eau, l'embarcation du vainqueur se rendra à la filière, l'autre embarcation reprendra son lutteur tombé et se rendra à la première bouée ; lorsque celui-ci sera prêt à recommencer la lutte, il élèvera sa lance, puis il se tiendra prêt à partir ; un nouveau coup de pierrier sera le signal du départ des deux embarcations pour commencer la seconde manche.

Si le lutteur vainqueur de la première manche est encore vainqueur dans la deuxième, la partie sera gagnée pour lui ; sinon il y aura lieu à jouer la troisième manche, ce qui se fera comme pour la deuxième, c'est-à-dire que l'embarcation du vainqueur reviendra à la filière ; l'autre, après avoir repris son lutteur, se rendra à la première bouée, le lutteur de celle-ci élèvera sa lance lorsqu'il sera prêt à recommencer la lutte, les deux embarcations partiront au signal donné.

Art. 4. - Les coups de lance ne doivent être portés ni à la tête, ni aux jambes, ils doivent être portés en plein corps. Le lutteur qui porterait volontairement son coup à la tête ou aux jambes et ferait tomber son adversaire, serait déclaré vaincu.

MM. les juges-commissaires sont chargés de constater le fait : leur décision sera sans appel.

Art. 5. - Si, à la première rencontre, aucun des deux lutteurs ne tombe, la lutte recommence entre eux ; si les deux lutteurs tombent à l'eau à la même rencontre, la manche est nulle et à recommencer.

Art. 6. - Il ne sera admis que six lutteurs au plus ; les premiers inscrits auront la preference. Chaque lutte formant un intermède des courses, le rang des lutteurs sera tiré au sort ; le nº 1 luttera contre le nº 2, et ainsi de suite. S'il se trouve un nombre impair de lutteurs, le dernier numéro pourra lutter contre un des premiers : s'il se présente parmi les premiers numéros plusieurs concurrents pour lutter avec le dernier numéro, le lutteur possesseur du dernier numéro tirera au sort le numéro qui devra lutter contre lui.

-   Le prix pour chaque lutte en partie liée est de 100 fr. ou un objet d'art de pareille valeur ; il sera remis au vainqueur.

Nota. - La Société fournit les lances ; il n'est pas permis de se servir d'autres lances que celles qui seront fournies par elle. Elle

fournira deux embarcations pour la lutte. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Août 1861   -   l'exécution du jugement.   -   Hier, à midi, a eu lieu en la forme ordinaire, dans la cour du Château de Caen, l'exécution du jugement rendu le 26 juillet dernier par le Conseil de guerre, contre le nommé Tariel, fusilier au 33e de ligne, condamné à 8 ans de travaux publics, pour outrages dans le service envers son supérieur et pour bris d'effets de casernement. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Août 1861   -   AVIS.   -   Dans l'intérêt de l'agriculture, de la salubrité publique et de la conservation des chemins, l'administration doit réprimer un abus qui consiste à laisser écouler sur la voie publique les purins provenant des fumiers, au lieu de conserver ces matières fertilisantes, qui ameliorent notablement les engrais de ferme.

MM. les maires sont donc engagés à prendre, en vertu des lois des 16-24 août 1790, 19-22 juillet 1791 et 18 juillet 1837, des arrêtés portant interdiction de cet abus, et à les faire exécuter après les avoir soumis à l'approbation préfectorale et publiés en la forme ordinaire. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Août 1861   -   Le feu.   -   Ce matin, vers six heures trois quarts, le feu s'est subitement déclaré dans le grenier de la maison occupée par M. Pelletier, pâtissier, rue Notre-Dame, et donnant sur la rue de Bras.

De la braise mal éteinte n'avait pas tardé à se rallumer et à communiquer le feu a du linge et au plancher. La flamme, se développant, atteignit bientôt la toiture.

Aussitôt des secours furent organises, deux pompes furent amenées, et, grâce à l'empressement des voisins et des pompiers, une heure après on était maitre du feu.

Nous ne connaissons point encore le chiffre des dégâts. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Août 1861   -   Un commencement d’incendie.   -   Un commencement d'incendie s'est déclaré jeudi, à quatre heures du soir, chez M. Desaunay, rue du Montoir-Poissonnerie, nº 9, maison appartenant à M. Lapersonne. Le feu a pris au troisième étage, dans un grenier contenant des caisses vides et de la paille. Il fut attaqué, au moyen de seaux d'eau, par plusieurs sapeurs-pompiers du quartier, aidés des voisins, sous les ordres du sieur Soude, sergent. Une pompe arriva, accompagnée du lieutenant Lechangeur, mais elle ne fut pas mise en manœuvre, le feu ayant été éteint après une demi-heure de travail. Il n'a occasionné aucun dégât à la charpente. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Août 1861   -   Extraits du rapport de M. le Préfet.   -   Port et canal maritime de Caen   -   L'achèvement de la rigole alimentaire, un instant retardé par les oppositions de quelques intéressés, touche à son terme, et la lacune du pont Saint-Pierre va être comblée.

Une autre lacune va également disparaître par la continuation de l'aqueduc en face de la préfecture, jusqu'à l'abreuvoir situé au delà du pont des Vaches.

En tête de la voûte existera une ventellerie destinée à régler la quantité d'eau nécessaire à la navigation et permettant de faire les chasses réclamées par les besoins du service.

En attendant la création d'un deuxième bassin, dont le besoin se fait déjà et se fera de plus en plus sentir, d'actifs efforts tendent à perfectionner la navigation du canal de Caen à la mer, au moyen de l'approfondissement du lit. Sur deux points seulement, au Maresquier et devant le château de Bénouville, le travail de creusement rencontre de graves difficultés provenant d'un fond de roches, et ne pourra probablement être exécuté qu'en 1862.

Un autre projet, qui intéresse également à un haut degré l'avenir du port de Caen, et qui a été récemment soumis au gouvernement, consiste à détourner dans l'avant-port d'Ouistreham la rivière d'Orne, qui fournirait tous les moyens de chasse nécessaires pour maintenir aux bâtiments une passe toujours libre et profonde.

Phares et fanaux. - Les côtes da Calvados sont suffisamment éclairées, et il ne restait que trois feux à établir pour que ce service ne laissât rien à désirer. L'un est déjà posé et signalera l'extrémité de la jetée Est d'Ouistreham ; les deux autres vont être places pour favoriser , pendant la nuit, l'entrée du port. de Dives.  ( L’Ordre et la Liberté )

 

Août 1861   -   Les chemins de fer.   -   Il est question d'établir, sur les lignes de chemins de fer français, des wagons-dortoirs d'un confort et d'une élégance peu communs. Ils renfermeraient trente-six lits sur trois rangs, chaque lit, entouré de rideaux, de manière à former alcôve, serait composé d'un sommier à ressort, d'un matelas en crin et d’une couverture très chaude, un compartiment spécial serait réservé pour les dames qui voyagent seules. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Août 1861   -   Un suicide.   -   Le nommé Dupont, journalier, ágé de 66 ans, demeurent à Caen, arrêté et conduit au poste de police de la place Royale, sous la prévention de vol de tuyaux de gouttière, a été trouvé pendu mardi, vers onze heures du matin, au moment où il allait être extrait du poste pour être mis à la disposition de M. le procureur impérial. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Août 1861   -   La garnison.   -   C'est demain, à 3 heures du matin, que le brave 98e de ligne quittera notre garnison pour se rendre, par les voies ferrées, à Strasbourg.

Le dépôt du 99e de ligne arrivera à Caen le 5 septembre prochain, venant de Saint-Brieuc. Nous espérons que l'état-major et les bataillons actifs de ce régiment, qui sont actuellement au camp de Chalons, seront dirigés sur notre ville, à la levée du camp. En attendant, les quatre compagnies da 26e, détachées à Caen, continueront à faire le service de la place. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Août 1861   -   Un sauvetage.   -   Avant-hier, un jeune enfant, qui jouait, non loin de sa bonne, sur les bords de l'Orne, est tombé dans la rivière. La domestique s'élança pour le retirer et sauta sur un amas d'herbe qu'elle croyait assez solide pour la soutenir, mais, à son tour, le poids de son corps allait l'entraîner au fond de l'eau, lorsque, témoins de cette double chute, des baigneurs et le maître nageur de l'école de natation tenue par M. Vauquelin, sont arrivés assez à temps pour les sauver tous deux. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   La vigilance de la gendarmerie.   -   Une véritable expédition vient d'être dirigée, à la grande satisfaction des disciples de Saint-Hubert, contre plusieurs tribus de Nemrod de mauvais aloi, et, hâtons-nous de le dire, elle a été couronnée d'un magnifique succès.

Lundi dernier, vers deux heures du matin, notre vigilante gendarmerie, dirigée par son adjudant, et accompagnée de quelques agents de police, que M. le commissaire central avait mis à sa disposition, se rendait, munie de pleins pouvoirs, à la Maladrerie, où elle procédait à une perquisition dans le domicile de certains Individus qui étaient signalés à l'autorité comme étant des filetiers de la plus dangereuse espèce.

Le lendemain, nos agents, continuant leur opération, se rendirent successivement à Garcelles-Secqueville, à Fontenay-le-Marmion, à Clinchamps, à Mondeville, et firent dans toutes ces communes une razzia complète : vingt-deux filets, un nombre considérable d'appeaux, de collets et

d'autres engins prohibés, furent saisis et comme de glorieux trophées de cette courte campagne, pendant laquelle procès-verbale été dressé contre quinze délinquants.

Cette première expédition ne sera pas isolée, et nous espérons bien que le gibier continuera d'être placé sous l'égide toute paternelle de l'autorité. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   Un éboulement.   -   Nous apprenons que, ce matin, deux ouvriers ont été écrasés par suite d'un éboulement, dans les carrières de la Maladrerie. L'un d'eux a été tué sur le coup, et l'autre est dans un état qui laisse peu d'espoir de le sauver. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   Cours d'eau.   -   Vœu que M. le préfet veuille bien prendre des mesures définitives avec les commissions syndicales pour la direction et l'exécution du curage de chaque cours d'eau. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   Secours aux instituteurs se destinant à l'instruction des sourds muets.   -   Le Conseil arrête que la somme de 500 fr. portée au budget de l'instruction primaire, exercice 1861, pour indemnité à des éleves-maîtres et à des instituteurs qui seront envoyés à Paris pour y étudier la méthode de l'instruction à donner aux sounds-muets, sera employée à défrayer des sujets qui iraient étudier la méthode des salles d'asile dans les établissements modèles de la capitale. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   Grosses réparations aux bâtiments communaux.   -   Vu le rapport de M. le préfet concernant les grosses réparations d'églises, presbytères et maisons d'école.

Considérant que la plupart des communes sont dans l'impossibilité de faire face aux dépenses qu'exige la reconstruction de leurs édifices communaux.

Le Conseil s'associe au projet de M. le préfet et l'invite à faire, en 1862, les propositions qu'il croira nécessaires pour sa réalisation, jusqu'à concurrence de deux centimes extraordinaires. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   Arrivés de troupe.   -   Le 10e régiment de dragons, se rendant de Napoléonville à Lille, passera par Caen, où il recevra le logement. La première colonne, forte de 12 officiers, de 176 hommes et 170 chevaux, arrivera lundi prochain, 16 courant.

La seconde colonne, comprenant 18 officiers, 205 hommes et 205 chevaux, avec l'état-major, arrivera mardi, ( L’Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   Un arrêté.   -   Un arrêté de M. le préfet du Calvados, en date du 2 courant, porte qu'il sera procédé, du 15 septembre au 15 octobre prochain, au curage de tous les cours d'eau du département qui ne sont ni navigables ni flottables, ni enfin soumis à un régime d'association syndicale. Les dispositions de cet arrêté sont les mêmes que celles de l'année dernière. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   Incendie au Jardin des plantes.   -   Dimanche dernier, vers onze heures du soir, les sons sinistres du tocsin de Saint-Pierre et de Saint-Julien annonçaient aux habitants qu'un incendie venait d'éclater dans notre ville, et bientôt le bruit se répandait que c'était au Jardin des plantess.

En effet, au moment où, à 10 heures 1/2 un employé de l'octroi, M. Fessard, sortait du bureau, dit de Creully, pour vérifier la voiture de M. Valembourg qui revenait de la campagne, il aperçut les flammes alors que déjà elles avaient envahi une partie de la toiture du bâtiment où se trouvent à la fois l'orangerie et l'habitation du directeur, M. Herment.

Aussitôt cet employé s'élança avec les personnes qui étaient dans la voiture à la porte de l'établissement où, après dix minutes seulement, ils parvinrent à réveiller les habitants. Mais déjà le danger était si grand que M. Herment eut à peine le temps de sortir de sa chambre, et que la servante, comme ses maîtres, ne put se vêtir. M. Vatembourg et le brave employé de l'octroi couvrirent les incendiés de leurs manteaux.

L'alarme fut promptement donnée, et, pendent que les premiers témoins de l'incendie s'occupaient à déménager tout ce qu'ils trouvaient dans les appartements du rez-de-chaussée, on vit accourir la foule. D'un autre côté, la troupe était avertie. Les compagnies du 26e de ligne, casernées au Château, sortaient par la porte de Secours et, en quelques minutes, arrivaient sur le lieu du sinistre, où elles ne tardaient pas à être rejointes par le dépôt du 99e de ligne de la caserne de Vaucelles et par un détachement de la compagnie de remonte.

Pendant quelque temps la foule ne put, faute de pompes et d'eau, qu'assister au développement du feu, mais, à 11 heures et quelques minutes, les pompiers arrivèrent en toute hâte, et alors toutes les mesures furent prises pour combattre énergiquement l'action du fléau. Les pompes furent mises en jeu, alimentées par des chaires dont l'une d'elles avait 500 mètres de longueur.

Malheureusement, malgré les efforts des travailleurs, parmi lesquels on distinguait pour leur zèle et leur courage les frères des écoles chrétiennes, tout le bâtiment et un hangar qui y était adossé ont été réduits en cendre.

Les dommages sont grands, ils s'élèvent en totalité à 35 000 fr. environ. Des plantes, estimées à 4 000 fr.  approximativement, ont été perdues. Les bâtiments étaient assurés.

Dés que la nouvelle du sinistre leur fut connue, M. le préfet, M. le maire, M. Abel Vautier, M. le commandant de la place, M. le chef du bataillon du génie se transportèrent au Jardin des plantes, où ils dirigèrent eux-mêmes les secours. M. Berjot jeune a été remarqué par son activité.

Enfin, vers 3 heures, le feu paraissant éteint, le rappel eut lieu, et la troupe ainsi que la foule se retirèrent. Mais à peine les travailleurs furent-ils partis que le feu se déclara de nouveau et qu'on eut alors à regretter des ordres trop légèrement donnés, car le nombre de personnes présentes n'était plus suffisant pour transporter l'eau que les pompiers réclamaient à grands cris. Bref ce n'est qu'hier, vers 10 heures et demie du matin, que le feu a complètement été éteint. M. le capitaine de la compagnie de pompiers a passé douze heures sur le théâtre de l'incendie, ou deux pompes sur quatre qui avaient été employées sont restées jusqu'a ce matin.

Plusieurs accidents ont été signalés, et c’est particulièrement dans notre brave garnison qu'ils ont eu lieu. Quelques soldats, dont un de la remonte, ont eu à supporter des brûlures, d'autres ont été coupés par des vitres. Mais le malheur le plus regrettable est la blessure extrêmement grave d'un caporal du 99e de ligne, le sieur Lebourdet, qui reçu sur la tête des pierres détachées d'une corniche et qui l'ont renverse sans connaissance. Ce militaire a été aussitôt transporté à l'Hôtel-Dieu, où il a été l'objet des soins les plus assidus. Hier, dans la Journée, ce pauvre soldat a supporté avec grand courage la douloureuse opération du trépan, et ce matin, à 8 heures, bien qu'en journal annoncé son décès dés hier, son état était aussi satisfaisant que possible.

Deux pompiers furent également renversés par les éclats de la corniche, et l'un d'eux, le sapeur Lemonnier, a reçu de fortes contusions qui le forceront à garder la chambre pendant plusieurs jours. Le second pompier n'a rien eu.

Nous regrettons d'avoir à signaler ici un scandale qui s'est produit dans ces tristes circonstances, un assez grand nombre d'individus employés à la chaîne se croyaient autorisés à insulter des femmes, qui travaillaient elle-mêmes, en leur jetant des seaux d'eau sur le corps et en leur prodiguant les injures les plus grossières, la police doit, dans ces occasions, se multiplier pour empêcher des actes d'une telle nature. Sa présence doit empêcher aussi la rupture des chaînes, ainsi que cela a eu lieu plusieurs fois dans la nuit de dimanche, et sur un ou deux cris partis on ne sait d'où. Ensuite, nous nous demanderons pourquoi M. l’ingénieur des pompiers ne se transporte pas avec la compagnie lorsqu'elle est appelée à un incendie. Sa présence eut peut-être évité au 99e de ligne la douleur qu'il éprouve aujourd'hui de la triste situation d'un de ses soldats. Le premier devoir de l’autorité compétente est d'empêcher les hommes de s'exposer inutilement. On a vu aussi des pompiers faire la chaîne, ce n'est pas là leur poste.

Mais nous sommes heureux d'avoir à remercier notre brave et excellente garnison, ainsi que la vigilante gendarmerie, pour le dévoument et l'activité incessante que, sous l'impulsion de leurs officiers et de tous leurs chefs, ces troupes n'ont cessé de montrer dans cet triste circonstance.

Nous apprenons que le nommé Baudelier, le cavalier de la remonte, dont il est question plus haut est entré à l’hôpital ce matin, à la suite de brûlures graves aux mains et aux genoux. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   Les suites de l’incendie.   -   Le mieux qui s'était manifesté dans l'état du malheureux caporal Lebourdet, si cruellement atteint lors de l'incendie au Jardin des plantes, ne s'est pas continué. Nous apprenons que ce pauvre soldat a passé une mauvaise nuit. Rien n'est encore désespéré cependant. Espérons que les efforts des savants médecins auxquels il est confié seront couronnés de succès, et que Lebourdet pourra être rendu à sa famille et à son régiment. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   On nous écrit.   -   Le 11 de ce mois, deux chevaux de prix, appartenant à M. Buret, de Basly, ayant brisé la longe dont se servait le conducteur pour les mener à l'abreuvoir du pont de Courtonne, s'étaient engagés, jusqu'à une hauteur de 500 mètres environ, dans la rigole alimentaire récemment couverte.

Deux témoins de cet événement venaient d'essayer en vain de les ramener, quand arriva le sieur Lambert, matelot des douanes à Caen. Sans se préoccuper ni du danger que lui faisait courir la proximité d'un repas qu'il achevait à peine, ni des obstacles matériels qui avaient rendu d'autres efforts infructueux, il se jeta à l'eau et s'avança résolument à la nage dans des eaux glacées sans une voûte à peu près obscure. Au bout de quelques instants, il ramenait les chevaux sains et saufs.

Une telle conduite, de tous points désintéressée, est au-dessus de tout éloge. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   Conseil municipal de Caen.   -   Par suite d'une demande adressée à M. le ministre des travaux publics, et formée par MM. Gervais frères, en date des 29 juillet et 31 août, tendant à la réglementation de leurs usines ou à la suppression, par voie de rachat, du barrage de Montaigu, Ie Conseil municipal, dans sa séance du 16 de ce mois, a arrêté ce qui suit :

Art. 1er. M. le ministre des travaux publics est instamment prié de mettre au plus tôt à exécution sa décision relative à la suppression du barrage de Montaigu telle qu'elle a toujours été comprise, c'est-à-dire avec la destruction de l'usine nouvelle, établie, sans autorisation, au milieu de la rivière, au-dessous du barrage lui-même.

Art. 2. La somme de 50 000 fr. offerte par la ville, et acceptée par l'Etat pour cet objet, sera mise à la disposition du gouvernement aussitôt que seront entrepris les travaux relatifs à la suppression du barrage.

Art. 3. - Le Conseil proteste contre toute proposition qui tendrait à ne détruire qu'une partie du barrage de Montaigu et à laisser subsister les autres contrations qui font obstacle au libre cours des eaux de l'Orne.

-       Dans la même séance, le Conseil a déclaré maintenir le projet d'alignement et de nivellement de nouvelle voie tel qu'il a été adopté précédemment, sauf une modification de l'alignement dans la partie de la rue des Quais, devant les maisons Desloges, Lecœur et Etienne.

-       Le Conseil a invité ensuite M. le maire à se pourvoir de nouveau auprès de l'autorité compétente pour obtenir la création de magasins généraux, et l'ouverture d'une salle de vente publique pour les marchandis admises. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   Le Recensement de la population.   -   Le recensement de la population de Caen a donné les résultats suivants :

Population normale et sédentaire. . . . . . .37 725

Population flottante. .  . . . . . . . . . . . . . . .  .6 015

Total. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  43 740

 

En 1856, les résultats étaient :

Population normale et sédentaire. . . . . . . 35 618

Population flottante. . . . . . . . . . . . . . . . . .   5 775

Total. . . . . . .  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  41594

 

Il y a donc une augmentation de . . .  . .  . 2,546

( L’Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   Les suites de l’incendie.   -   Nous devons réparer une omission qui s'est glissée involontairement dans notre compte-rendu de l'incendie qui a éclaté, dimanche dernier, au Jardin des plantes. Nous avons fait connaître le zèle et l'empressement des divers corps de la garnison dans cette triste circonstance, mais nous avons oublié de dire qu'au premier avis du danger, quarante-cinq agents du service des douanes, commandés par un officier, se sont rendus au pas de course sur le lieu du sinistre, où, par leur courage et leur dévoument, ils ont été d'un puissant secours.

On sait trop bien apprécier, à Caen, les services que la brigade locale des douanes rend tous les jours et ceux qu'elle est constamment prête à rendre, pour que nous ne saisissions avec un vif empressement l'occasion de signaler à la reconnaissance de nos concitoyens ce nouvel acte de dévouement.

- Le caporal Lebourdet, du 99e de ligne, est toujours dans la situation que nous avons fait connaître, il a passé hier une assez mauvaise nuit. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   les prairies.   -   Les prairies, desséchées par la sécheresse qui les frappai de stérilité, ne fournissaient plus une nourriture suffisante aux bestiaux. L'eau, qui est venue si à propos, a changé entièrement cet état de choses. La terre, humectée et rafraîchie, a retrouvé les conditions nécessaires pour produire, nos vallées ont reverdi comme par enchantement, et présentent une herbe épaisse et vigoureuse qui fournit une nourriture abondante aux bestiaux mis au pâturage. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   Le chemin de fer.   -   Depuis quelques jours, des curieux, en assez grand nombre, se portaient chaque matin sur les promenades Saint-Julien, dans le triste espoir d'assister à l'exécution du nommé Delataille, condamné, le 15 août, à la peine de mort pour assassinat sur la personne de sa femme.

Les amateurs de ce sanglant spectacle vont être déçus dans leurs espérances. Nous apprenons que, par décision impériale, la peine prononcée contre Delataille a été commuée en celle des travaux forcés à perpétuité. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Octobre 1861   -   La démolition.   -   L'œuvre de démolition de la maison Guérard-Deslauriers, sur le pont Saint-Pierre, a commencé dès mardi dernier, elle se poursuit avec activité. Les travaux de la rigole alimentaire vont donc pouvoir être achevés sur ce point, où, enfin, à la satisfaction générale, la circulation sera bientôt rétablie. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Octobre 1861   -   On lit dans la presse.   -   L'état-major et un bataillon du 99e de ligne sont arrivés aujourd'hui à Caen, au milieu d'un nombreux concours de citoyens qui étaient allés au-devant de cette première colonne de troupe.

C'est après-demain et dimanche prochain que doivent arriver les deux autres bataillons du même régiment.

Les quatre compagnies du 26e de ligne, qui, depuis le départ du 98e, faisaient le service à Caen, quitteront demain notre ville pour se rendre à Dieppe. L’Ordre et la Liberté )

 

Octobre 1861   -   Accident.   -   Le 13 de ce mois, vers 10 heures du matin, le sieur Berthelot, âgé de 21 ans, ouvrier plåtrier, demeurant à Verson, travaillait à la réparation du plafond d'une chambre de la maison appartenant à M. Bourlier, officier en retraite, rue Caponière, et, à cet effet, il était monté sur un échafaudage dressé près de la fenêtre de l’appartement. Tout-à-coup et au moment où il voulut descendre, le sieur Berthelot fit basculer une planche sur laquelle il se trouvait, et il tomba d'une hauteur d'environ un mètre.

Dans cette chute, l'ouvrier, ayant voulu s'accrocher à la fenêtre, se coupa, en brisant une vitre, une artère du poignet gauche et le petit doigt de la main du même côté.

Après avoir reçu les premiers soins de M. le docteur Godefroy, le sieur Berthelot a été conduit à l'Hôtel-Dieu. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Octobre 1861   -   Un accident.   -   Hier soir, vers 4 h. 1/2 un grave accident a eu lieu sur la place Malherbe. Le nommé Sauvage (Félix), âgé de 55 ans, couvreur, demeurant à Amayé-sur-Orne, a eu la jambe droite broyée au-dessus de la cheville, et le mollet de la jambe gauche écrasé par la roue de derrière de la voiture du sieur Laurent, qui fait le service de Caen à Torigny. Ce malheureux a reçu les premiers soins de M. Picard, ancien médecin, et de MM. Faucon-Duquesnay et Deruisseaux, docteurs-médecins. Il a été ensuite transporté à l'hospice. Ce matin, il est très bien pour sa position.

Il n'y a eu aucune imprudence de la part du sieur Laurent, c'est en voulant monter dans la voiture du sieur Girard, voiturier, qu'il a manqué le marchepied et qu'il est tombé sous la roue de celle qui passait. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Octobre 1861   -   On lit dans le Moniteur de l'Armée.   -   Pour faciliter le service, comme aussi pour éviter aux gendarmes qui escortent des prisonniers par les voies rapides une perte notable de temps et un surcroît de dépense, M. le maréchal ministre de la guerre a décidé, le 27 septembre, que l'intendant qui délivrera un ordre d'escorte sera autorisé à délivrer en même temps l'ordre de retour.

En outre, dans la pensée d'épargner des fatigues aux gendarmes et des dépenses à l'État, le ministre a recommandé de ne mettre, autant que possible, les détenus en route que lorsqu'ils seront en nombre suffisant pour remplir, avec les gendarmes d'escorte, un compartiment de dix places. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Octobre 1861   -   La tournée de l’Ouest.   -   M. le directeur général des Haras va commencer sa tournée dans l'Ouest, il sera à Caen ce soir, afin de pouvoir passer toute la journée de demain mercredi à visiter les étalons qui sont restés douteux ou dont l'achat est demeuré en suspens, et sur lesquels M. le directeur général pourra faire un nouveau choix.

Après cette présentation, MM. les éleveurs auront le temps de faire partir leurs chevaux pour le haras du Pin, où ils doivent être rendus le 25, pour la livraison, qui devra avoir lieu ce jour-là, aussi bien pour les chevaux du Calvados que pour ceux de l'Orne. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Octobre 1861   -   Un accident de la route.   -   Dans la nuit du 18 au 19, vers trois heures du matin, le sieur Noël, marchand brocanteur, demeurant à Caen, revenait du marché d'Argences avec sa voiture attelée d'un cheval et renfermant diverses marchandises. Il était accompagné du sieur Quesnel (Charles), journalier.

Étant arrivé rue des Quais, et au moment où il allait parvenir sur le pont de Courtonne, qu'il devait traverser pour se rendre à l'auberge du sieur Lefèvre, rue Montoir-Poissonnerie, le cheval, sans doute abandonné à lui-même, tourna tout-à-coup dans la direction du bassin. Des deux compagnons de voyage, l'un dormait profondément, c'était le sieur Quesnel, quant au sieur Noël, comme il ne faisait probablement que sommeiller, il eut le temps de se jeter hors de sa voiture au moment où celle-ci, entraînée par le cheval, était précipitée dans le bassin.

Aux cris de détresse poussés par Noël, un douanier, le sieur Ledresseur, qui se trouvait de service du côté opposé, accourut et parvint, à l'aide de son manteau, à retirer de l'eau le sieur Quesnel, dont le réveil avait été on ne saurait plus désagréable. Malheureusement le pauvre cheval a été noyé, et on l'a retiré hier matin, ainsi que la voiture, du bassin. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Octobre 1861   -   La charité.   -   On ne lira pas sans la plus douce émotion l'admirable trait de charité que nous sommes véritablement heureux d'enregistrer dans nos colonnes.

Il y a un peu plus de deux ans, un conducteur d'une des diligences faisant le service de Caen à Vire remarquait, non sans une profonde pitié, que de pauvres enfants, couverts de haillons, venaient, dès qu'il approchait de la commune de M...., implorer la charité des voyageurs. Chaque jour, ces malheureux petits se présentaient à la portière, mais les dons qu'ils recevaient semblaient être insuffisants pour soulager leur infortune, car chaque jour leur misère semblait encore augmenter.

Le conducteur, dont il ne nous est pas permis de livrer le nom à la publicité, prit des renseignements sur la situation de la famille, et bientôt, par l'intermédiaire d'un gendarme de la localité, il sut qu'elle était composés du père de la mère et de dix enfants, tant filles que garçons. Le père était employé à casser des galets sur la route, et son salaire, qui était d'environ 1 fr. 50 c., était sa seule ressource pour nourrir et entretenir sa famille !

Si, jusque-là, ce problème avait pu se résoudre, c'était grâce à l'état de mendicité dans lequel avaient été élevés quelques-uns des enfants.

Ces renseignements connus, un spectacle navrant était encore réservé au conducteur. S'étant présenté au domicile du casseur de galets, il vit avec effroi toute la famille réunie dans une seule chambre, les enfants demi-nus, dénués de tout et couchés sur de la paille réduite à l'état de fumière. Le sieur X... fut épouvanté, mais il sentait son cœur animé de ce noble et courageux sentiment qu'inspire la charité, et, à partir de ce moment, il se constitua le bienfaiteur de la famille.

Cette tache était rude pour ce brave homme, car il n'est pas riche, mais la Providence, qui ne laisse stérile aucune bonne action, a voulu que son entreprise fût couronnée de succès.

Depuis deux ans, chaque jour le conducteur fait appel à la générosité de ses voyageurs, en leur racontant la détresse de ses protégés, et chaque jour la collecte est plus ou moins abondante. Mais comme, à dater de ce moment, c'est lui qui s'est érigé en ordonnateur de la dépense, les fonds, distribués avec plus de discernement, ont pu apporter, au fur et à mesure de leur emploi, un mieux sensible dans la position des membres de la famille.

Il a d'abord songé à assurer leur subsistance, et ce n'était pas peu de chose, car le montant du pain consommé mensuellement s'élevait à 50 fr. environ ! Puis il fit disparaître cette litière affreuse, où frères et sœurs couchaient pêle-mêle, et il la remplaça par trois grandes couchettes garnies d'objets de literie, des vêtements furent ensuite achetés pour tout le monde, et bientôt, au tableau immoral, effrayant, que nous connaissons, succéda un peu d'aisance, d'ordre et de propreté.

Mais là ne devait pas se borner la tâche du conducteur. A côté des besoins matériels, les besoins moraux se faisaient non moins impérieusement sentir. Les petits enfants furent envoyés à l'école, et, comme cette dernière est à quelque distance de l'habitation, tous les jours le conducteur a soin d'en prendre un ou deux à côté de lui pour les y transporter. Il a envoyé au catéchisme et contribué à faire faire la première communion aux plus âgés, puis ensuite il les a fait recevoir comme domestiques dans d'honnêtes maisons. Trois d'entre eux sont déjà placés, mais comme, depuis ces faits, un onzième enfant est venu augmenter l'effectif de la famille, il en reste encore huit à la charge du père, de la mère et... du conducteur, dont l'ardente. charité est loin de faiblir. Nous devons ajouter que ce brave et excellent homme est secondé dans son œuvre par la femme du gendarme dont nous avons eu occasion de parler, et qui s'est chargée de réparer les vêtements et le linge de la famille.

Est-il un plus touchant exemple de charité chrétienne ? Une pareille conduite n'est-elle pas digne des bénédictions de la divine Providence et de l'admiration de tous ? ( L’Ordre et la Liberté )

 

Octobre 1861   -   La note à MM. Préfets.   -   Le ministre de l'intérieur vient d'adresser à MM. les préfets la circulaire suivante :  Paris, le 14 octobre 1861.

 

Monsieur le Préfet,

 

Le Sénat, dans sa séance du 13 mars dernier, a prononcé le renvoi au ministre de l'intérieur d'une pétition ayant pour but de demander que le Gouvernement prenne des mesures pour réprimer l'ivrognerie :

Le temps ne me paraît pas venu de provoquer une loi contre l'ivrognerie ; mais, à défaut de dispositions légales directement répressives de l'ivresse, le décret du 29 décembre 1851, sur les débits des boissons, me semble devoir fournir à l’administration le moyen de remédier à la plupart des abus qui ont été signalés, et je vous invite, à cet effet, à donner les instructions nécessaires pour que ce décret soit rigoureusement appliqué.

Les débitants de boissons seront formellement et expressément avertis que s'ils favorisent l'ivresse en poussant à la consommation des boissons, ou s'ils servent à boire à des individus déjà ivres, l'autorité n'hésitera pas à faire fermer leurs établissements, en vertu des dispositions de l'article 2 du décret précité.

Quant aux individus dont l'ivresse se manifesterait au dehors par des actes de nature à troubler l'ordre ou à inquiéter les citoyens dans leur sûreté personnelle, l'autorité locale peut également interdire à ces individus la libre circulation et le stationnement sur la voie publique, et même les faire arrêter et déposer en lieu sur, tant qu'ils peuvent compromettre, par leurs excès ou leurs sévices, la sécurité des habitants.

Je compte sur votre concours, monsieur le préfet, pour atteindre autant que possible, et dans la limite des conditions que je viens d'indiquer, le but qui fait l'objet de la présente circulaire.

Recevez, etc…

F. DE PERSIGNY

 

Octobre 1861   -   Un accident.   -   Lundi dernier, un triste événement a eu lieu dans la brasserie tenue, rue de Bras, par M. Rémy. Un ouvrier, le sieur Nartz, qui s'était trop approché d'une machine en mouvement, a été saisi au bras droit par le volant et, en un instant, a eu le poignet coupé.

Appelés aussitôt, plusieurs médecins sont accourus et ont donné les premiers soins à ce pauvre ouvrier, dont la main était entièrement détachée du corps. Transporté ensuite à l'Hotel-Dieu, Nartz a subi, dès le lendemain, mardi, l’amputation du bras. L'opération a été faite par M. Le Cœur, chirurgien-adjoint de l'hospice, accompagné de MM. Denis, Dumont, Lémeray et des élèves internes.

Aucun accident n'est venu jusqu'alors entraver la marche de la cicatrisation, la plaie est dans les meilleures conditions, les voies digestives sont bonnes, et aujourd'hui tout fait espérer un prompt rétablissement. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Octobre 1861   -   Les récompenses.   -   Sur la liste des récompenses accordées par le ministre de la marine et des colonies, publiée dans le « Moniteur universel » d'hier, nous trouvons les noms de courageux citoyens appartenant à notre département :

Témoignage de satisfaction : Françoise (Jules-Lucien). mousse inscrit à Caen, et Colleville (Pierre Jean-François). marin inscrit à Caen, pour sauvetage d'un enfant, à Port-en-Bessin, le 4 mai 1861. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Novembre 1861   -   Tentative de suicide de l’ex-capitaine de gendarmerie.   -   Mardi, dans l'après-midi, la gendarmerie s'est rendue à la maison d'arrêt pour opérer le transfèrement à la maison centrale de Beaulieu de cinq condamnés, au nombre desquels l'ex-capitaine de gendarmerie Leprovost était désigné, son pourvoi en cassation ayant été rejeté.

Au moment de faire descendre ces condamnés, le nommé Leprovost, qui n'avait été averti que quelques minutes avant, avait demandé au gardien-chef la permission d'écrire deux mots à son avocat; il a profité de ce temps pour se pendre au moyen d'une ficelle qu'il avait cachée dans ses poches. Voyant qu'il ne répondait pas l'appel, on est monté à sa chambre, où on l'a trouvé pendu.

La corde ayant été coupée aussitôt, on a remarqué qu'il n'était pas mort. Un médecin, appelé en toute hâte, a réussi, à force de soins, à le rappeler à la vie. Aujourd'hui, il est hors de danger. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Novembre 1861   -   On lit dans le Moniteur.   -   Quelques journaux ont annoncé que, par suite d'une réduction d'effectif de 6 000 chevaux, le département de la guerre allait faire de nouvelles cessions aux cultivateurs.

Ces journaux ont été induits en erreur : une réduction d'effectif est, en effet, décidée, mais elle n'est en réalité que de 2 000 chevaux, et, après la vente de ceux de ces animaux qui n'étaient pas susceptibles de faire un bon service, il en reste 1 500 seulement à placer chez les cultivateurs, à titre de dépôt.

La répartition s'en fait en ce moment, et il n'est déjà plus possible de satisfaire aux nombreuses demandes qui ont été formées. Toutes celles qui seraient adressées au ministre de la guerre pour le même motif resteraient donc forcément sans effet. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Novembre 1861   -   On lit dans le Moniteur.   -   L'hiver est définitivement arrivé, et c'est par un violent coup de tonnerre, qui a retenti dimanche, à sept heures du matin, qu'il a annoncé son apparition. Depuis ce jour, le froid s'est fait vivement sentir, et, aujourd'hui, il a gelé à glace.

Dieu veuille que nos pauvres n'aient pas trop à se plaindre de la rigueur de la saison ! ( L’Ordre et la Liberté )

 

Novembre 1861   -   Un incendie.   -   Un feu de cave, dont la cause est inconnue, s'est déclaré, le 15 de ce mois, vers onze heures du soir, chez M. Marie, cafetier, rue du Moulin. Ce commencement d'incendie a été éteint par les voisins, les sapeurs-pompiers Binet, Guibault, le caporal Delaunay et l'adjudant Bellebarbe.

Une pompe avait été conduite sur les lieux, mais elle n'a pas été mise en manœuvre. La cave du sieur Marie contenait plusieurs pièces d'eau-de-vie, qui, fort heureusement, ne se sont pas enflammées, les secours étant arrivés assez à temps. La perte se réduit à un ou deux petits fûts d'eau-de-vie, d'une valeur de 200 à 250 fr. La maison n'a pas souffert, et les marchandises étaient assurées. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Novembre 1861   -   Des vols.   -   Depuis quelque temps, des vols se commettent dans nos églises. Il y a un mois environ, à Saint-Jean, pendant que deux dames communiaient, on dérobait à l'une son parapluie et à l'autre un magnifique diurnal. Hier, à Notre-Dame, on constatait l'effraction de plusieurs troncs, dont les malfaiteurs avaient enlevé le contenu.

Ce matin, c'était le tour de l'église Saint-Sauveur. Trois troncs ont également été fracturés, sur lesquels deux ont pu résister aux efforts des filous.

M. le commissaire central s'est transporté sur les lieux et a fait les constatations d'usage. Espérons qu'on ne tardera pas à mettre la main sur ces audacieux voleurs. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Novembre 1861   -   Un incendie.   -   Un commencement d'incendie s'est déclaré le 18 de ce mois, à 9 heures 1/2 du soir, dans un appartement au 4e étage, rue Saint-Jean, 27, occupé par la Mlle Virginie Vidy. Le feu a été éteint par les sapeurs Drauts, Gesnin, le sergent-major Le Guillard et le caporal-fourrier Gesnin, sous les ordres du lieutenant Letimonnier.

Une petite pompe avait été conduite sur les lieux ; mais il n'a pas été nécessaire de la mettre en manœuvre.

Sans la promptitude avec laquelle les secours sont arrivés, on eût eu à déplorer un incendie considérable. La perte mobilière s'élève seulement à 100 fr. environ. ( Ordre et la Liberté )

 

Novembre 1861   -   L’uniforme du gendarme.   -   Par modification à l'uniforme actuel de la gendarmerie impériale de la Seine et des autres départements de la France, l'infanterie de cette arme cesse de porter la capote de drap bleu de roi, boutonnant sur la poitrine par deux rangs de boutons espacés de chaque côté.

Cette capote est remplacée par un manteau que portent, dès à présent, les gendarmes à pied des brigades de Paris et de la banlieue.

Ce manteau, également de drap bleu de roi, est semblable, pour les dimensions et pour la coupe, à celui que porte l'infanterie du corps de la garde de Paris. Seulement, dans la gendarmerie, le collet est orné, de chaque côté, d'une grenade blanche, brodée en laine pour les gendarmes, et en argent pour les officiers, sous-officiers et brigadiers. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Décembre 1861   -   Incendie à l'Hôtel-Dieu.   -   Jeudi dernier, vers 10 heures 1/4 du soir, un incendie, dont, heureusement, les conséquences n'ont pas été aussi regrettables qu'on le craignait tout d'abord, éclatait à Caen, dans un établissement à usage d'écurie, dépendant de l'Hôtel-Dieu.

Au son du tocsin de l'Hôtel-Dieu, des églises Saint-Gilles et Saint-Pierre, un grand concours de population se portait sur le lieu du sinistre, tandis que, de leur côté, arrivaient en toute hâte des détachements de la garnison et la compagnie de sapeurs-pompiers de la ville.

A la première nouvelle du sinistre, Mme la supérieure de l'Hôtel-Dieu, aidée des employés et des malades de l'établissement, avait organisé les premiers secours. A l'arrivée des troupes et des pompiers, les chaînes furent formées ; mais telle était la rapidité avec laquelle les flammes s'étaient répandues dans toute l'étendue du bâtiment que tous les efforts restèrent, pour ainsi dire, impuissants pour les arrêter. Le feu, d'ailleurs, était isolé des bâtiments principaux de l'hôpital, et le vent, qui chassait les flammèches dans la direction de la campagne, ne laissait aucune crainte au sujet de ce bel établissement.

Informés de cet événement, M. le préfet et M. le maire s'étaient immédiatement rendus sur les lieux, où déjà se trouvait M. Dubus, procureur impérial, M. le commandant de la place, M. le sous-intendant militaire, M. le colonel du 99e de ligue, M. le receveur général, M. Lefèvre, chef de bataillon du génie, qu'on est toujours certain de rencontrer partout où un sinistre est signalé, étaient accourus, ainsi que la plupart des autorités civiles et militaires.

La cause de cet incendie est, jusqu'à présent, attribuée à du foin échauffé. Vers dix heures, le charretier de l'hospice, qui couche dans l'écurie, ainsi qu'un autre charretier employé par l'administration municipale, fut tout-à-coup réveillé par un bruit inusité que faisait son cheval. Pensant que ce dernier était mal attaché, il se leva, et à peine était-il arrivé dans cette partie de l'écurie, qu'il aperçut le feu dans le grenier à fourrages, situé au-dessus de la tête du cheval. Ce charretier n'eut que le temps de réveiller son camarade, profondément endormi, et, après s'être hâtés de faire sortir les chevaux et les animaux que renfermait l'écurie, ils crièrent au feu. Le bâtiment, qui était d'une certaine étendue, et dont la valeur était d'environ 3 000 fr., a été entièrement consumé. Il était assuré.

Nous avons déjà signalé, lors d'un récent incendie, le désordre que l'on remarque dans les chaînes, dont l'organisation est vicieuse, et dont la tête est mal dirigée ou confiée à des mains inhabiles. Les personnes présentes à l'Hôtel-Dieu ont pu, comme nous, constater encore ce vice, auquel il serait bon de remédier par des ordres préalables. A cet effet, on disait qu'il serait nécessaire de placer un pompier à la tête de chaque chaîne. Nous ne le pensons pas, les pompiers ne doivent pas être distraits du service des pompes. Il suffirait qu'un agent de police y soit placé lui-même pour surveiller le travail, lui imprimer une bonne direction, et empêcher, par son autorité, qu'aucun désordre ne se produise. La mauvaise impulsion donnée aux têtes de chaîne, jeudi dernier, avait fait supposer que le réservoir de l'hôpital, qui contient ordinairement 400 000 litres d'eau, était vide. Il n'en était rien, cependant ; car on pu constater que l'eau atteignait 70 centimètres de hauteur, et cette quantité était plus que suffisante pour assurer le service.

Mais c'est par suite de la défectueuse organisation des chaînes et les intervalles que l'on mettait à passer le seaux, dont beaucoup étaient vides ou à peu près, que l'eau a manqué plusieurs fois.

On sait trop de quelle importance est cette partie du service dans un incendie pour que nous insistions davantage sur la nécessité de l'organiser d'une façon plus convenable. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Décembre 1861   -   Enlèvement des trois Grâces de la place Saint-Pierre.   -   Depuis deux jours, les muses caennaises, et Dieu sait si elles sont nombreuses, sont dans la douleur et la consternation : Euphrosine, Thalie et Aglia, leurs compagnes chéries, ces Grâces dont l'image ornait d'une façon si..... pittoresque la place Saint-Pierre, viennent de disparaître de cette espèce de cuvette dans laquelle depuis trop longtemps, hélas ! elles semblaient prendre un bain de pied.

Cet enlèvement des trois Grâces s'est fait, dit-on, sans tambours ni trompettes, cependant, si nous sommes bien renseignés, l'administration municipale n'a pas voulu enfouir à jamais le chef-d'œuvre que tant d'étrangers accouraient..... critiquer dans nos murs, et elle lui a assigné, comme lieu de sépulture, la cour des Pompes !

Puissent ces trois Grâces, au milieu des tuyaux et des appareils à incendie, conserver cet air riant qui nous égayait si fort ! ( L’Ordre et la Liberté )

 

Décembre 1861   -   Un peu de statistique à propos du dernier recensement.   -   Nous avons fait connaître déjà le résultat sommaire du recensement auquel, cette année, il a été procédé dans notre ville. Le tableau de la population du département, que nous avons sous les yeux, nous permet de communiquer aux lecteurs de l'Ordre et la Liberté les renseignements suivants, qu'on lira peut-être avec intérêt :

Le département du Calvados, qui compte 6 arrondissements et 37 cantons, comprend 767 communes, divisées de la manière suivante, sous le rapport de la population : au-dessous de 100 habitants, 12 ; de 100 à 200 h., 100 ; de 201 à 300 h., 164 ; de 301 à 400 h., 131 ; de 401 à 500 h., 90 ; de 501 à 1 000 h., 198 ; de 1 001 à 1 500 h., 42 ; de 1 501 à 2 000 h., 12 ; de 2 001 à 3 000 h., 6 ; de 3 001 à 4 000 h., 4 ; (il n'existe pas de communes de 4 001 à 5 000 h.); de 5 001 à 10 000 h., 6 ; de 10 001 à 20 000 h., 1 ; enfin de 20 001 habitants et au dessus, 1.

La commune de Malloué, dans le canton de Bény-Bocage, est celle du département qui à la population la plus faible, elle ne compte que 75 habitants.

Les dix-huit communes dont le dénombrement est le plus élevé sont, en suivant l'ordre progressif : Aunay, 2 005 h. ; Douvres, 2 131 h. ; Isigny, 2 305 h. ; Saint-Désir, 2 347 h. ; Littry, 2 351 h. ; Saint-Germain-de-Tallevende, 2 940 h. ; Vassy, 3 080 h. ; Pont-l'Evêque, 3 114 h. ; Saint-Jacques, 3 234 h. ; Orbec, 3 266 h. ; Trouville, 5 200 h. ; Vire, 7 036 h. ; Condé-sur-Noireau, 7 234 h. ; Falaise, 8 561 h. ; Bayeux, 9 483 h. ; Honfleur, 9 553 h. ; Lisieux, 13 121 h. , et Caen, 43 740 h.

Parmi les cantons, neuf n'atteignent pas le chiffre de 10 000 habitants. Ce sont : Cambremer, 6 997 h. ; Saint-Pierre-sur-Dives, 7 790 h. ; Mézidon, 8 172 h. ; Livarot, 8 474 h. ; Morteaux-Coulibœuf, 8 522 h. ; Blangy, 8 666 h. ; Dozulé, 8 761 h. ; Falaise (Sud), 8 906 h. ; Bourguébus, 9 019 h.

Vingt-un ont une population de 10 000 à 15 000 habitants : Villers-Bocage, 10 631 h. ; Caumont, 11 062 h. ; Ryes, 11 310 h. ; Trévières, 11 666 h. ; Aunay, 11 875 h. ; Vassy, 12 092 h. ; Évrecy, 12 145 h. ; Orbec, 12 293 h. ; Bény-Bocage, 12 674 h. ; Troarn, 12 834 h. ; Creully, 12 880 h. ; Falaise (Nord), 13 394 h. ; Tilly-sur-Seulles, 13 455 h. ; Bretteville-sur-Laize, 13 724 h. ; Thury-Harcourt, 13 734 h. ; Condé-sur-Noireau, 14 174 h. ; Lisieux, (1re  section), 14 368 h. ; Bayeux, 14 531 h. ; Saint-Sever, 14 585 h. ; Douvres, 14 892 h. ; Isigny, 14 947 h.

Cinq cantons présentent une population qui varie de 15 000 à 18 000 environ : Balleroy, 15,571 h. ; Pont-l'Evêque, 15 755 h. ; Honfleur, 16 423 h. ; Lisieux (2e section), 17 044 h., et Vire, 17 710 h.

Enfin les deux cantons de Caen offrent les chiffres suivants : canton ouest, 22,343 h. ; canton est, 28 225.

Le total général de la population pour le département est de 480 992. Il est réparti ainsi qu'il suit dans les six arrondissements: Pont-l'Evêque, 56 701 h. ; Falaise, 58 026 h. ; Lisieux, 67 667 h. ; Bayeux, 79 064 h. ; Vire, 83 110 h., et Caen, 136 424 h.

D'après le dénombrement fait en 1856, deux arrondissements présentent une différence en moins : Falaise, de 690 individus, et Vire, de 1 189. La population des quatre autres arrondissements s'est accrue ainsi : Bayeux, 329 h. ; Lisieux, 957 h. ; Caen, 1 369 h. ; Pont-l'Evêque, 1 839 h. Le total de la différence en plus, pour le département, est donc de 2 595 individus.

Du rapprochement de ces chiffres, on voit que, si le Calvados était livré à ses propres ressources, et en admettant même le mariage de tous les garçons indigènes, 4 071 filles seraient encore nécessairement condamnées au célibat. On voit également que la femme semble supporter plus stoïquement les douleurs du veuvage, puisque le nombre des veuves dépasse de 18 888 celui des veufs.

L'arrondissement qui a le plus de veuves à consoler est Caen, qui en compte 8 802 ; vient ensuite Bayeux, 5 185 ; puis Vire, 5 138, et Lisieux, 4 493. Falaise et Pont-l'Evêque sont ceux qui en ont le moins.

Après Caen, c'est dans l'arrondissement de Vire où l'on trouve le plus de veufs, 2 074. viennent ensuite ceux de Lisieux, 1 896 ; de Bayeux, 1 890 ; de Falaise, 1 574, et Pont-l'Evêque, 1 406. Seule, la ville de Caen compte 1 000 veufs et 2 651 veuves.

Il nous reste maintenant à faire connaître le dénombrement de la population caennaise, par professions. Ce sera l'objet d'un prochain article. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Décembre 1861   -   Le temps qu’il fait.   -   Le thermomètre de M. de Raveton, opticien, place Saint-Pierre, marquait :

Dans la nuit du 26 au 27, 4 degrés 1/2 au-dessous de 0.

-  27 au 28, 4 degrés au-dessous de 0

-  28 au 29, 4 degrés au-dessous de 0

-  29 au 30, 5 degrés 5/10 au-dessous de 0

-  30 au 31, 7 degrés 2/10 au-dessous de 0

-  Ce matin, à 9 heures, 5 degrés 5/10 au-dessous de 0.   ( L’Ordre et la Liberté )

Janvier 1862   -   Le temps qu’il fait.   -   Depuis le 27 décembre, la navigation sur le canal de Caen, a été interrompue par la gelée. La couche de glace avait plus de 5 centimètres d'épaisseur.  (Journal de Honfleur)

 

Janvier 1862   -   Les logettes de l’église St-Sauveur.   -   Nous sommes heureux d'annoncer à nos lecteurs que les logettes qui deshonoraient l'église Saint-Sauveur ont enfin disparu sous le martean des ouvriers.

La réparation des profondes dégradations faites au monument par les habitants des échoppes dont, depuis si longtemps, on demandait la démolition, est confiée, dit-on, par l'administration municipale à l'habile ciseau de notre compatriote M. Lechesne.

Les travaux pour le dégagement de Saint-Pierre se poursuivent, d'un autre côté, avec vigueur. Espérons que, là aussi, les marchands de fromages, de paniers, de boudins, etc..., ne tarderont pas à plier bagage et à aller planter leurs tentes ailleurs. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Janvier 1862   -   Tableau officiel.   -   D'après les tableaux dressés officiellement en 1861, et qui seront considérés comme seuls authentiques pendant cinq ans, à partir du 1er janvier dernier, la population des cinq départements de l'ancienne Normandie s'élève au total à 2 681 412, divisé ainsi : 

Calvados.                480.992

Eure.                       598,661

Manche.                  591,421

Orne.                      425,350

Seine-Inférieure.     789,988

 

Février 1862   -   Une revue.   -   Dimanche dernier, une revue magnifique du 99e de ligne a eu lieu à Caen à cause de son départ pour le Mexique. Cette revue, passée par le général Courson de Villeneuve accompagné par le préfet, le maire, le secrétaire général, les conseillers de préfecture et beaucoup d'officiers de grades supérieurs et entourée par presque toute la population caennaise a été saluée des cris de « vive l'Empereur ! » « vive l'Impératrice, vive le Prince Impérial ». (Journal de Honfleur)

 

Janvier 1862   -   L’hiver est là !   -   Le froid nous est revenu depuis deux jours avec une grande intensité. Le thermomètre de M. de Raveton, opticien, place Saint-Pierre, marquait :

Nuit du 16 au 17, 3 degrés 1/2 cent. au-dessous de 0.

Les 17 au 18, 7 degrés, au-dessous de 0

Aujourd'hui, à neuf heures du matin, 6 degrés, au-dessous de 0. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1862   -   Un incendie.   -   Hier matin, un incendie, qui menaçait de prendre de graves proportions, en raison de la proximité où il se trouvait de l'établissement de la Manutention militaire, s'est déclaré chez M. Onfroy, menuisier-ébéniste, rue des Capucins, nº 32.

Le feu, qu'on suppose avoir été communiqué par un réchaud placé dans un hangar servant d'atelier au sieur Onfroy, s'est manifesté, vers 10 heures, dans des copeaux, et les flammes ont promptement envahis tout le hangar, qui contenait une assez grande quantité de bois et quelques meubles confectionnés.

A peine l'alarme était-elle donnée que les pompiers du quartier sont arrivés avec la pompe du dépôt de la rue Bourg-l'Abbé, qu'ils ont mise immédiatement en manœuvre avec l'aide des cavaliers de remonte et des voisins. Après une demi-heure de travail, ce feu a été concentré et éteint. Il n'a pas été utile de faire fonctionner une seconde pompe qui avait été dirigée du dépôt central sous les ordres du lieutenant Le Changeur.

M. le capitaine Paysant, commandant la compagnie de pompiers, a pris, dès son arrivée sur les lieux du sinistre, vers 10 heures 3/4, la direction des secours, à laquelle contribuât puissamment M. Lefèvre, chef de bataillon, commandant le génie de la place de Caen, et, à 11 heures 1/2 il faisait rentrer les pompes. Dix-huit pompiers étaient présents avec leurs officiers.

Les dommages causés par cet incendie sont assez sensibles : la charpente est brûlée, ainsi qu'une partie du bais que contenait le hangar, rien n'était assuré. On évalue à environ 1 500 fr. le chiffre des pertes occasionnées dans cette circonstance. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1862   -   Une mort foudroyante.   -   Samedi dernier, un inconnu est descendu, pour coucher, chez la veuve Daligault, aubergiste à la Maladrerie. Le lendemain, cette femme, ne le voyant point descendre de sa chambre, y entra pour s'assurer ce qu'il était devenu, elle le trouva mort. L'inconnu avait succombé à une attaque d'apoplexie foudroyante. Cet homme n'ayant aucun papier et n'ayant pas même son nom, il a été impossible jusqu'à ce jour d'établir son identité. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1862   -   Un accident de la route évité.   -   Aujourd'hui, à midi, il a failli arriver un grave accident à la voiture de Caumont à Caen. Au moment où elle passait rue Notre-Dame, devant la rue de l'Impératrice, une des roues est sortie de l'essieu, sans qu'heureusement la voiture ait versė. Si, malheureusement, pareille chose fût arrivée en descendant une côte, les conséquences auraient pu être très graves. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1862   -   Les listes électorales.   -   C'est aujourd'hui 25, à minuit, que seront closes les listes électorales dans les 89 départements, 373 arrondissements, 2 938 cantons et les 37 510 communes de l'empire français. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1862   -   Un incendie.   -   Un assez violent feu de cheminée s'est déclaré le 7 de ce mois, à deux heures de l'après-midi, chez M Lecomte, maison occupée par M. Hains, rue Saint-Jean, 214. Ce ſeu a été éteint après trois quarts d'heure de travail des sapeurs-pompiers. Leguillard, sergent-major ; Seigneurie, caporal-fourrié ; Lecouvreur, Lecarpentier et Tillard, aidés de plusieurs douaniers et employés de l'octroi, sous les ordres de M. le capitaine des pompiers.

Au sujet de ce feu, on nous fait remarquer combien il est fâcheux de voir les propriétaires faire placer, sur la tête des cheminées, des mitres en bois, c'est souvent une cause d'incendie, et toujours un aliment de plus au feu lorsqu'il se déclare dans une cheminée.

-   Mardi, vers cinq heures du soir, on a retiré de l'abreuvoir des Prés le cadavre de la femme Flot, tombée accidentellement le 19 janvier dernier. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1863  -  L’école primaire.  -   La situation du service de l'instruction primaire, dans le Calvados, devient de plus en plus satisfaisante.

Le rapport annuel de M. l'Inspecteur d'Académie constate qu'il n'y a plus, dans le département, que 16 communes sur 767 qui ne possèdent pas d'écoles ou ne se trouvent pas réunies à d'autres communes ayant des établissements scolaires. 22 constructions et 14 appropriations sont venues diminuer, en 1862, le nombre des maisons signalées comme ne  convenant pas à leur destination. On compte, en outre, 8 maisons d'école en voie de construction, et M. l'Inspecteur porte à 72 le nombre des projets en instruction, sur lesquels 14 sont approuvés.

Le nombre des enfants de 7 à 13 ans qui ne fréquentent aucune école et ne reçoivent aucune instruction dans la maison paternelle a diminué de 120.

Celui des classes d'adultes et des classes d'apprentis est resté stationnaire, on comptait, en 1861, 27 classes d'adultes et 11 classes d'apprentis, en 1862, il y avait 30 établissements de la première catégorie et 8 seulement de la seconde, mais le nombre des élèves a augmenté de 43.

Sur 300 écoles mixtes, le nombre de celles dont la direction est confiée à des instituteurs célibataires ou veufs a pu être duit à 34.

On signale aussi une augmentation de 2 936 dans le nombre des jeunes filles qui sont exercées aux travaux à l'aiguille.

 

Novembre 1865  -  Le feu.  -  Hier matin, le sieur Lavigne fils, perruquier, rue Saint-Julien, ayant remarqué de la fumée sortir par la croisée d'une chambre occupée par un nommé Henault, rentier, s'introduisit dans le domicile de ce dernier, qu'il trouva couché sans mouvement, sur un lit qui avait été en partie consumé par les flammes.

Le docteur Bourienne, immédiatement appelé, a déclaré que cet homme était mort asphyxié.

Cet accident est le résultat de la prudence du sieur Henault.

 

Novembre 1865  -  Triste nouvelle.  -  Avant-hier, la rue des fiefs, à Caen, a été mis en émoi par l'annonce d'une triste nouvelle, que nous ne donnons que sous toutes réserves.

Deux jeunes enfants de deux à trois mois serait morts étouffés sous les couvertures dont ils étaient recouverts. Ce serait assure-t-on, la mère des victimes qui aurait été la cause  involontaire de cet accident.

 

Novembre 1865  -  Une vente.  -  Le vendredi 15 décembre prochain, à une heure d'après midi, dans une des salles de la mairie de Caen, il sera procédé à l'adjudication publique :

  A l'extinction des feux, des fumiers à provenir, pendant l'année 1866, des diverses écuries du dépôt de remonte de Caen.

  Sur soumissions cachetées, des peaux de chevaux appartenant audit établissement, qui viendront à mourir ou à être abattu pendant le courant de la même année.

192.    CAEN  -  Le Boulevard Saint-Pierre et l'Hôtel Moderne

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