1er Octobre 2024

EUN SYIELLE D'HISTOUÈRE D'CALVADOS   

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CAEN

Canton de Caen

Les habitants de la commune de Caen sont des Caennais, Caennaises.

Janvier 1862   -   Le temps qu’il fait.   -   Depuis le 27 décembre, la navigation sur le canal de Caen, a été interrompue par la gelée. La couche de glace avait plus de 5 centimètres d'épaisseur.  (Journal de Honfleur)

 

Janvier 1862   -   Les logettes de l’église St-Sauveur.   -   Nous sommes heureux d'annoncer à nos lecteurs que les logettes qui deshonoraient l'église Saint-Sauveur ont enfin disparu sous le martean des ouvriers.

La réparation des profondes dégradations faites au monument par les habitants des échoppes dont, depuis si longtemps, on demandait la démolition, est confiée, dit-on, par l'administration municipale à l'habile ciseau de notre compatriote M. Lechesne.

Les travaux pour le dégagement de Saint-Pierre se poursuivent, d'un autre côté, avec vigueur. Espérons que, là aussi, les marchands de fromages, de paniers, de boudins, etc..., ne tarderont pas à plier bagage et à aller planter leurs tentes ailleurs. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Janvier 1862   -   Tableau officiel.   -   D'après les tableaux dressés officiellement en 1861, et qui seront considérés comme seuls authentiques pendant cinq ans, à partir du 1er janvier dernier, la population des cinq départements de l'ancienne Normandie s'élève au total à 2 681 412, divisé ainsi : 

Calvados.                480.992

Eure.                       598,661

Manche.                  591,421

Orne.                      425,350

Seine-Inférieure.     789,988

 

Février 1862   -   Une revue.   -   Dimanche dernier, une revue magnifique du 99e de ligne a eu lieu à Caen à cause de son départ pour le Mexique. Cette revue, passée par le général Courson de Villeneuve accompagné par le préfet, le maire, le secrétaire général, les conseillers de préfecture et beaucoup d'officiers de grades supérieurs et entourée par presque toute la population caennaise a été saluée des cris de « vive l'Empereur ! » « vive l'Impératrice, vive le Prince Impérial ». (Journal de Honfleur)

 

Janvier 1862   -   L’hiver est là !   -   Le froid nous est revenu depuis deux jours avec une grande intensité. Le thermomètre de M. de Raveton, opticien, place Saint-Pierre, marquait :

Nuit du 16 au 17, 3 degrés 1/2 cent. au-dessous de 0.

Les 17 au 18, 7 degrés, au-dessous de 0

Aujourd'hui, à neuf heures du matin, 6 degrés, au-dessous de 0. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1862   -   Un incendie.   -   Hier matin, un incendie, qui menaçait de prendre de graves proportions, en raison de la proximité où il se trouvait de l'établissement de la Manutention militaire, s'est déclaré chez M. Onfroy, menuisier-ébéniste, rue des Capucins, nº 32.

Le feu, qu'on suppose avoir été communiqué par un réchaud placé dans un hangar servant d'atelier au sieur Onfroy, s'est manifesté, vers 10 heures, dans des copeaux, et les flammes ont promptement envahis tout le hangar, qui contenait une assez grande quantité de bois et quelques meubles confectionnés.

A peine l'alarme était-elle donnée que les pompiers du quartier sont arrivés avec la pompe du dépôt de la rue Bourg-l'Abbé, qu'ils ont mise immédiatement en manœuvre avec l'aide des cavaliers de remonte et des voisins. Après une demi-heure de travail, ce feu a été concentré et éteint. Il n'a pas été utile de faire fonctionner une seconde pompe qui avait été dirigée du dépôt central sous les ordres du lieutenant Le Changeur.

M. le capitaine Paysant, commandant la compagnie de pompiers, a pris, dès son arrivée sur les lieux du sinistre, vers 10 heures 3/4, la direction des secours, à laquelle contribuât puissamment M. Lefèvre, chef de bataillon, commandant le génie de la place de Caen, et, à 11 heures 1/2 il faisait rentrer les pompes. Dix-huit pompiers étaient présents avec leurs officiers.

Les dommages causés par cet incendie sont assez sensibles : la charpente est brûlée, ainsi qu'une partie du bais que contenait le hangar, rien n'était assuré. On évalue à environ 1 500 fr. le chiffre des pertes occasionnées dans cette circonstance. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1862   -   Une mort foudroyante.   -   Samedi dernier, un inconnu est descendu, pour coucher, chez la veuve Daligault, aubergiste à la Maladrerie. Le lendemain, cette femme, ne le voyant point descendre de sa chambre, y entra pour s'assurer ce qu'il était devenu, elle le trouva mort. L'inconnu avait succombé à une attaque d'apoplexie foudroyante. Cet homme n'ayant aucun papier et n'ayant pas même son nom, il a été impossible jusqu'à ce jour d'établir son identité. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1862   -   Un accident de la route évité.   -   Aujourd'hui, à midi, il a failli arriver un grave accident à la voiture de Caumont à Caen. Au moment où elle passait rue Notre-Dame, devant la rue de l'Impératrice, une des roues est sortie de l'essieu, sans qu'heureusement la voiture ait versė. Si, malheureusement, pareille chose fût arrivée en descendant une côte, les conséquences auraient pu être très graves. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1862   -   Les listes électorales.   -   C'est aujourd'hui 25, à minuit, que seront closes les listes électorales dans les 89 départements, 373 arrondissements, 2 938 cantons et les 37 510 communes de l'empire français. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1862   -   Un incendie.   -   Un assez violent feu de cheminée s'est déclaré le 7 de ce mois, à deux heures de l'après-midi, chez M Lecomte, maison occupée par M. Hains, rue Saint-Jean, 214. Ce ſeu a été éteint après trois quarts d'heure de travail des sapeurs-pompiers. Leguillard, sergent-major ; Seigneurie, caporal-fourrié ; Lecouvreur, Lecarpentier et Tillard, aidés de plusieurs douaniers et employés de l'octroi, sous les ordres de M. le capitaine des pompiers.

Au sujet de ce feu, on nous fait remarquer combien il est fâcheux de voir les propriétaires faire placer, sur la tête des cheminées, des mitres en bois, c'est souvent une cause d'incendie, et toujours un aliment de plus au feu lorsqu'il se déclare dans une cheminée.

-   Mardi, vers cinq heures du soir, on a retiré de l'abreuvoir des Prés le cadavre de la femme Flot, tombée accidentellement le 19 janvier dernier. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1862   -   Plantation d’arbres.   -   Depuis mercredi dernier, on remarque, les uns avec plaisir, les autres avec regret, que la plantation d'arbres sur le nouveau boulevard est en voie d'exécution. L'opération se poursuit activement, sous la direction de M. Herment, directeur du Jardin-des-Plantes.

Espérons que les branches des acacias et des marronniers, destinés à orner ce boulevard, ne raviront pas aux habitants les rares rayons du soleil de Normandie. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1862   -   Le froid.   -   Le froid fait de nouveau son apparition. Cette nuit, le thermomètre de M. de Raveton, opticien, place Saint-Pierre, marquait 2 degrés 5/10 au-dessus de 0. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1862   -   Un accident de la circulation.   -   Hier, vers une heure de l'après-midi, le nommé Lecoq (Auguste), âgé de 11 ans, demeurant chez ses père et mère, impasse Cauvigny, jouait avec son frère dans la rue Saint-Jean, lorsqu'il est venu tomber la tête sur l'avant de l'une des roues de la voiture d'un sieur Lemarinier (Amédée), boucher à Troarn, qui, heureusement, conduisant en ce moment sa voiture au pas, et voyant la position critique dans laquelle se trouvait le jeune Lecoq, a arrêté brusquement son cheval.

Les docteurs Vastel et Viger ont constaté qu'il n'existait que de fortes contusions au cou et à l'oreille de l'enfant.

Cet accident doit être attribué à l'enfant seul, et non au sieur Lemarivier. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1862   -   Nécrologie.   -   Le gendarme Bernoulat (Jean), de la résidence de Caen, chevalier de la Légion-d'Honneur, décoré de la médaille militaire, qui, pendant de longues années, avait servi son pays avec ce dévouement et cette abnégation dont la gendarmerie nous offre tant d'exemples, est décédé, le 11 du courant, à 4 heures du soir.

Son inhumation a eu lieu le 13, à 9 heures du matin, à l'église Saint-Jean.

MM. Bouttier, chef d'escadron commandant la compagnie du Calvados ; Pedrou, capitaine commandant l'arrondissement de Caen ; Fabre, capitaine trésorier ; plusieurs officiers et sous-officiers du 99e de ligne, et tous les sous-officiers et gendarmes de la résidence, assistaient à la cérémonie funèbre et ont accompagné le corps jusqu'au cimetière.

Les honneurs militaires ont été rendus par un détachement de 25 hommes du 99e de ligne, commandé par un lieutenant. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1862   -   Cour d’Assises du Calvados.   -   Présidence de M. le conseiller Adeline. Le fauteuil du ministère public est occupé par M. l'avocat général Jardin.   Audience du 10 février.

Affaire. - Valois (François-Louis-Jean-Marie), 19 ans, novice matelot, domicilié à Nantes.

Le sieur Delamer, patron du navire la « Reine des Fleurs », amarré au quai de Caen, avait quitté son bord, le 9 novembre dernier, pour aller passer une journée à Saint-Aubin. A son retour, il reconnut qu'une armoire, placée dans sa cabine, avait été forcée, et qu'on lui avait pris un petit sac contenant une centaine de francs en diverses monnaies étrangères.

Valois, novice à bord de la « Reine des Fleurs », fut soupçonné et confessa étre l'auteur de ce vol. Il avait vu le capitaine, au moment de son départ, serrer le sac dans son armoire et la fermer à clef. La pensée lui était venue à l'instant de s'emparer de ce sac, et il avait réalisé son projet en forçant l'armoire avec ses mains.

Cependant, comme les pièces étrangères présentaient quelque difficulté à dépenser et pouvaient même devenir compromettantes, il avait seulement gardé deux guinées, et, après avoir bourré le sac de cailloux, l'avait jeté à la rivière.

Au moment de son arrestation, Valois ne possédait plus que 3 francs sur les 24 francs que lui avait produits le change des deux guinées opéré par lui chez un horloger de la rue Saint-Jean.

Déclaré coupable avec circonstances atténuantes, il n'es condamné qu'a un an de prison.

Défenseur : Me  Potel. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1862   -   Un départ.   -   Le 3e bataillon et le dépôt du 99e de ligne sont sur le point de quitter notre ville pour se rendre à Lons-le-Saunier (Jura) ; ils seront remplacés à Caen par le 102e régiment d'infanterie, dont le dépôt arrivera dans les premiers jours de mars, époque à laquelle partira le 99°.

Les bataillons de guerre du 102e, qui, comme on le sait, faisaient partie du corps expéditionnaire en Chine, rentrent en France et doivent débarquer prochainement à Cherbourg. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1862   -   Un accident de la route.   -   Hier matin, vers dix heures et demie, la dame Avenel, âgée de 59 ans, demeurant rue Pémagnie, et qui a presque entièrement perdu la vue, a fait une chute, rue des Teinturiers. Au même instant une voiture, qu'on n'eut pas le temps d'arrêter, lui passa sur le corps et lui fractura la jambe.

Transportée aussitôt dans une boutique voisine, cette pauvre femme a reçu les premiers soins de M. le docteur Chancerel, qu'on s'était hâté de faire venir. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1862   -   Le tirage au sort.   -   Hier a commencé simultanément, dans tous les chefs-lieux de canton, la grande opération du tirage au sort des jeunes gens de la classe de 1861 nés en 1841, pour la formation du contingent annuel. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1862   -   Un accident.   -   Il y a une quinzaine de jours, un nommé Tellier, occupé à casser du galet pour le compte de la ville, fut blessé à l'œil par un éclat de pierre. Depuis lors l'état du malade a toujours été en s'aggravant, l'œil est complètement perdu, et les efforts du médecin n'ont plus d'autre but que de diminuer les souffrances atroces qu'endure ce malheureux.

Nous nous faisons un devoir de recommander à la sollicitude de l'administration municipale la fâcheuse position dans laquelle se trouve le sieur Tellier. Cet homme est dans une misère profonde, il est d'autant plus digne d'intérêt qu'il y a quelques années, il a perdu une jambe en travaillant au canal. ( l’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1862   -   Découverte d’un cadavre.   -   Hier lundi, vers dix heures du matin, on a retiré de la rivière de l’Orne, à Montaigu, le cadavre d'une femme dont l'identité n'a pu, jusqu'à présent, étre établie. Cette femme, dont la mort est attribuée à un suicide, porte le signalement suivant :

Âgée de 55 à 60 ans, taille moyenne, d'une assez forte constitution, figure pleine, cheveux châtains grisonnants, assez bien vêtue. ( l’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1862   -   Canal de Caen à la mer.   -   Interruption de la navigation.

Nous, préfet du département du Calvados, officier de l'ordre impérial de la Légion-d'Honneur,

Vu le rapport de MM. les ingénieurs sur la nécessité de mettre en chômage le canal maritime de Caen à la mer pour opérer l'approfondissement des parties de ce canal qui ont été établies sur un rocher inattaquable par les moyens ordinaires de dragage.

Vu les observations de la chambre de commerce.

Vu le décret, en date du 8 février 1860, qui a autorisé les travaux d'approfondissement dont il s'agit.

Considérant que, dans ce moment, la rivière d'Orne est en bon état et qu'elle s'y maintiendra jusqu'au retour de la saison des chaleurs qu'en conséquence, la navigation pourrait emprunter cette voie jusqu'au mois de juin, sans avoir gravement à souffrir de l'interdiction du canal maritime.

Considérant que le résultat de ces travaux mettra le commerce en jouissance d'un canal amélioré, sans que l'état transitoire ait pu occasionner des embarras sérieux.

 

Arrêtons :

 

Art. 1er. - MM. les ingénieurs sont autorisés à faire intercepter toute navigation sur le canal de Caen à la mer, à partir du 20 de ce mois.

Tous les agents de l'administration devront faire les plus grandes diligences dans l'exécution des travaux d'approfondissement mentionnés ci-dessus, et, à partir du 10 mai prochain, le canal maritime de Caen à la mer devra être rendu à la navigation.

Art. 2. M. Marchegay, ingénieur en chef, est chargé de l'exécution du présent arrété, qui lui sera notifié, ainsi qu'à M. le maire de Caen et à la chambre de commerce, et qui sera, en outre, l'objet de toute la publicité nécessaire.

 

Caen, le 6 mars 1862.

Le préfet du Calvados, Le Provost de Launay   ( l’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1862   -   Tentative d'assassinat.   -   Une tentative d'assassinat, commise pour ainsi dire en plein jour et dans un de nos quartiers populeux, jetait l'effroi, dimanche dernier, parmi les habitants de Сaen.

Le nommé Berranger (Alexandre), âgé de 29 ans, ouvrier cordonnier, né à Vire, qui était sorti, le 7 de ce mois, de la maison centrale de Gaillon, où il venait de subir sa treizième condamnation, arrivait à Caen le lendemain 8, et louait, rue au Canu, 10, dans la maison de la dame Gorge, une chambre et un cabinet situés au 4e étage. A la suite de sa dernière condamnation, Berranger était soumis, à Caen, à la surveillance de la haute police. Dimanche, vers six heures du soir, cet homme aborda dans la rue un enfant, nommé Lejeune, petit clerc d'huissier, qui allait porter une lettre à la poste, et lui demanda si, moyennant une faible récompense, il consentirait à lui faire une commission. Lejeune, après un instant d'hésitation, accepta et suivit Berranger dans sa chambre. Que se passa-t-il là ? Nous ne saurions le dire d'une manière certaine, mais voici la version qui semble la plus accréditée.

A peine Berranger était-il entré dans son domicile qu'il pénétra dans son cabinet, sous le prétexte d'y prendre une boite, objet de la commission, et revint presque aussitôt près de Lejeune, qui l'attendait. Il demanda alors à celui-ci s'il voulait l'embrasser. Sur la réponse négative de cet enfant, il se jeta sur lui, et, armé d'un tranchet qu'il venait sans doute de saisir dans le cabinet, il lui fit une première blessure assez profonde au cou. Aussitôt Lejeune poussa les cris : « Au secours ! à l'assassin ! » Une lutte s'engagea, lutte dans laquelle, heureusement, Berranger ne put complètement se rendre maître de sa victime, dont il ne put aussi parvenir à étouffer les cris. Bientôt, prévoyant que les voisins allaient accourir, l'assassin prit la fuite, après avoir frappé de trois coups de tranchet le malheureux enfant, qui, inondé de sang, s'élança à la croisée en appelant au secours.

Dès les premiers cris, deux jeunes gens, qui habitent un appartement au-dessous de celui de Berranger, crurent qu'on assassinait une femme qu'ils venaient d'apercevoir dans la maison en face, portant le nº 5, et occupée par M. Goussiaume, imprimeur. Ils s'élancèrent alors, et bientôt la foule, qui était déjà rassemblée, brisa la porte d'entrée et se précipita dans la maison, dont les propriétaires étaient absents. Pendant que la foule se livrait à de vaines recherches, les cris : « A l'assassin! on me tue ! » continuaient à se faire entendre, et, enfin, en finit par apercevoir les deux mains ensanglantées que Lejeune tenaient crispées sur le bord de la fenêtre.

On courut alors, et on trouva le pauvre enfant, dont deux larges blessures au cou et une à la joue, laissaient échapper le sang avec abondance. On s'empara du tranchet qui avait servi à commettre le crime, mais, malgré toutes les recherches, l'assassin, qui avait profité de la méprise de la foule, ne put être découvert. Transporté chez ses parents, rue Saint-Pierre, Lejeune reçut aussitôt les premiers soins des docteurs Maheut et Lemeray.

M. le commissaire central, informé des faits, n'avait pas tardé à se transporter sur les lieux, où se rendirent également M. le capitaine et M. l'adjudant de gendarmerie. Ces diverses autorités procédèrent aux premières investigations.

M. Dubus, procureur impérial, se rendit lui-même au domicile de la victime, et l'instruction est commencée.

Les premières constatations faites, des ordres furent immédiatement donnés pour retrouver l'assassin, et ici nous devons adresser des éloges à la gendarmerie pour la promptitude et l'énergie avec lesquels ces ordres ont été exécutés.

De concert avec M. le procureur impérial, M. le chef d'escadron de gendarmerie désirait envoyer une dépêche télégraphique à tous les commandants des arrondissements, mais le bureau de Caen ne pouvait, pendant la nuit, communiquer qu'avec celui de Lisieux seulement. Alors, à minuit, des gendarmes à cheval partirent dans toutes les directions, et telle a été la promptitude avec laquelle les ordres ont été transmis qu'on était certain que le malfaiteur, dont le signalement précis avait pu être donné d'après son dossier déposé au bureau de police, ne tarderait pas à être arrêté.

En effet, hier, Berranger, traqué comme une bête fauve, à bout de ressources, puisqu'il lui restait à peine 6 fr. sur la somme qu'il avait rapportée de Gaillon, et, voyant l'impossibilité où il se trouvait de se soustraire aux actives recherches dont il était l'objet, se rendit à la brigade de gendarmerie de Villers-Bocage.

Aujourd'hui, à une heure un quart, ramené sous bonne et sure escorte, il a été écroué à la maison d'arrêt de Caen. Malgré une pluie battante, la foule s'était portée dans la rue Guillaume-le-Conquérant, sur la place Fontette et aux abords de la prison, pour attendre le passage de l'assassin. Lorsque la charrette sur laquelle il était monté, en compagnie d'un autre prévenu, est arrivée, un immense cri d'indignation et de colère est sorti du sein de la foule, qui se serait portée à des actes de violence envers cet homme, si elle, n'eut été contenue par les agents de police que M. le commissaire central avait eu la précaution d'envoyer sur les lieux. La gendarmerie elle-même a concouru au maintien de l'ordre. L'assassin est un homme de petite taille, il était vêtu d'une blouse bleue et coiffé d'une casquette en toile cirée.

Les blessures faites par lui à l'enfant Lejeune étaient graves, cependant, aujourd'hui, elles ne donnent aucun sujet d'inquiétude. ( l’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1862   -   les chauffards.   -   Nous nous sommes élevés plusieurs fois déjà contre la rapidité avec laquelle les cochers tournent le coin des rues. Voici encore un accident qui a failli coûter la vie à plusieurs personnes.

Dimanche, vers cinq heures du soir, au moment où le sieur Daujard, menuisier, demeurant rue de l'Eglise-Saint-Ouen, allait, avec ses deux enfants, quitter la rue de l'Oratoire pour entrer dans la rue Saint-Jean, une voiture à deux chevaux, lancés à toute vitesse, déboucha tout-à-coup et, avant qu'il eût le temps de se garer, vint le frapper dans la poitrine d'un assez violent coup de timon, qui le renversa.

L'une des roues lui écorcha les jambes. La petite fille du sieur Daujard eut elle-même la main écorchée. Ces blessures, heureusement, présentent peu de gravité. ( l’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1862   -   Une belle prise.   -   Il a été vendu, hier, à la poissonnerie de Caen, un brochet d'une grosseur extraordinaire. Il avait 1 mètre 10 centimètres de longueur, 55 centimètres de circonférence, et pesait 10 kilos 575 grammes. Ce monstrueux poisson avait été pêché dans l’Orne, à Étavaux. ( l’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1862   -   Un accident de la route.   -   Samedi, vers quatre heures du soir, la nommée Marguerite Chauvril, veuve Lemonnier, âgée de 66 ans, piqueuse de cartes, demeurant à Caen, rue des Capucins, 23, se trouvait rue Guillaume-le-Conquérant, en face de la boutique de M. Cauville, longeant le trottoir pour s'en aller chez elle, lorsque tout-à-coup une voiture, attelée de deux chevaux, vint à passer à une allure, très vive. Un des chevaux atteignit la veuve Lemonnier, la renversa et lui fit à la jambe droite deux larges blessures.

Aux cris poussés par les spectateurs de cet accident, la voiture s'arrêta, et la dame qui se trouvait dedans offrit à la blessée 1 fr., que la malheureuse refusa.

Après les soins donnés à la veuve Lemonnier par M. le docteur Raisin, on transporta cette femme à son domicile. On pense que ses blessures n'auront pas de suites graves. ( l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1862   -   Un accident.   -  Dimanche soir, vers 7 heures 1/2, la nommée Plaquet (Louise), âgée de 10 ans, suivait les tambours du 102e au moment de la retraite, quand, arrivée rue St-Jean, en face de la boutique des frères Paquin, le sieur Massue, propriétaire, rue Vilaine, vint à passer avec son cabriolet. Le cheval, effrayé par le son des tambours, prit le galop, et la malheureuse enfant, qui n'eut pas le temps de se garer, fut renversée par le cheval, qui lui fit de graves blessures. Transportée chez ses parents, elle reçut les soins de M. le docteur Maheut. L'état de cette jeune fille inspire de vives inquiétudes. ( l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1862   -   Le lycée impérial de Caen.   -   On sait que le lycée impérial de Caen, l'un des premiers de France, a toujours compté parmi ses élèves étrangers beaucoup d'Anglais, qui, presque tous, se sont distingués dans la carrière qu'ils ont suivie, tels que Sir Bernard Burke, aujourd'hui roi d'armes d'Irlande, et M. Campell, vice-chancelier de l'Université d'Aber leen, pour ne citer qu'eux deux ici.

Nous apprenons l'avancement d'un autre ancien élève du lycée de Caen, M. Horace Fitzgerald, qui vient d'être promu à la charge de juge pusné ou second juge à la cour coloniale de l'île de la Trinité. Tous les journaux anglais qui annoncent cette nomination y applaudissent. Cette charge, disent-ils, ne pouvait être confiée à un homme plus capable et plus digne de la remplir. Comme libéral catholique, M. Fitzgerald a toujours occupé un rang éminent parmi les hommes politiques de Dublin, et, en s'éloignant de cette ville, il emporte l'estime générale. ( l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1862   -   Tribunal correctionnel de Caen.   -   Extrait de jugement :

Suivant jugement rendu par le tribunal correctionnel de Caen (Calvados), le quinze mars mil huit cent soixante-deux.

Le nommé François-Rasiphe Lefèvre, âgé de vingt-sept ans, né à Reviers (Caen), propriétaire, demeurant à Reviers.

Déclaré coupable :

1º d'avoir, en novembre ou décembre 1861, à Reviers, falsifié du miel, substance alimentaire qu'il destinait à être vendue.

2º D'avoir, à la même époque, vendu à Lavoine, épicier, demeurant à Caen, ce miel qu'il savait être falsifié,

A été condamné à quinze jours d'emprisonnement et, par corps, à cinquante francs d'amende et aux dépens.

Le tribunal a déclaré confisqué le miel vendu, pour être mis à la disposition d'un établissement de bienfaisance ; a ordonné que le jugement serait inséré, par extrait, dans les deux journaux qui se publient à Caen sous le titre du Moniteur du Calvados et de l'Ordre et la Liberté, et affiché, également par extrait, au nombre de deux exemplaires, l'un à la porte de la mairie de Reviers et l'autre à la halle de Caen ; le tout aux frais du condamné.

Le présent extrait certifié conforme et délivré sur la réquisition de M. le procureur impérial. ( l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1862   -   Découverte d’un cadavre.   -   Le cadavre du jeune mousse de la goëlette anglaise les « Deux Frères », qui, ainsi que nous l'avons annoncé, était tombé le 21 mars dans la rivière de l'Orne, a été retiré, dimanche dernier, près du bac de Cłopée. Il a été enterré le même jour. ( l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1862   -   La mort qui rode.   -   Lundi, 31 mars, vers 7 heures du soir, le sieur Louis Tanquerel, de Marcelet, domestique chez le sieur Guillouet, voiturier à la Maladrerie, voyageait sur la route de Varaville, avec une charrette chargée de barils de cidre, qu'il venait de chercher au Pays-d'Auge, et se dirigeait vers Caen.

Il fut frappé tout à coup d'une attaque d'apoplexie foudroyante, à laquelle il ne tarda pas à succomber. Il fut relevé par M. Poret, propriétaire à Caen, qui passait en ce moment en cabriolet, et qui s'empressa de le faire déposer dans une maison à Varaville et de faire appeler le prêtre de ce village en voyant que le sieur Tanquerel respirait encore. On prodigua à cet infortuné des soins qui furent inutiles, il expira peu d'instants après, sans avoir recouvré la connaissance.

Le sieur Tanquerel, qui était âgé de 35 ans environ, laisse une femme et un enfant. ( l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1862   -   Le temps qu’il fait.   -   Depuis quelques jours, la température a subi chez nous de singulières variations.

Après une période de belles journées de printemps, dimanche dernier, nous avons vu tomber la neige, qui, dans certains moments, chassée par un vent violent, s'abattait à gros flocons sur notre ville. Le froid était sensible, et le thermomètre, qui, pendant la nuit, avait marqué deux degrés au-dessous de zéro, ne s'est pas élevé, dans la journée, au-dessus de 3 degrés.

Hier lundi, on constatait, dans la nuit, 1 degré au-dessous de zéro, et, à 2 heures 15 minutes du soir, il marquait 8 degrés au dessus ; ce matin, à 7 heures, il était ramené à 2 degrés.

Les jardins, dont tous les arbres étaient en fleurs, ont eu beaucoup à souffrir de cet abaissement de la température.

On dit qu'il a gelé dans la campagne, espérons néanmoins que cette gelée ne portera aucun préjudice à l'état des récoltes, qui s'annonçaient sous un brillant aspect. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1862   -   Avis aux instituteurs.   -   L'avis suivant a été adressé dans plusieurs départements aux instituteurs des communes rurales :

« La saison est venue où les oiseaux commencent à faire leurs couvées. On rappelle à MM. les instituteurs l'obligation où ils sont d'empêcher de tout leur pouvoir les enfants de se livrer à la destruction des nids. L'administration compte sur leur zèle pour persuader, au contraire, aux enfants tout le prix qu'on doit attacher à la conservation d'espèces d'animaux si utiles aux cultivateurs, et qui débarrassent les champs et les arbres fruitiers de myriades d'insectes. » (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1862   -   L’Armée.   -   Le 33e de ligne, qui est appelé à remplacer à Caen le 102e de même arme, arrivera les 4, 6 et 9 de ce mois.

La première colonne, venant de Paris, est formée de 2 bataillons sous les ordres du lieutenant-colonel ; la deuxième colonne, venant également de Paris, est composée d'un autre bataillon et de l'état-major, sous les ordres du colonel Jenfin ; la troisième colonne est formée du dépôt, venant d'Angers.

Le 102e de ligne, qui est licencié, doit, dit-on, verser les hommes composant son effectif dans les divers régiments du 1er corps d'armée. Malgré le départ en congé de beaucoup de sous-officiers et soldats qui faisaient partie des classes de 1857 et 1858, il reste encore environ 6 ou 700 hommes. Ce régiment aurait également reçu l'ordre d'envoyer en congé, le 5 du courant, tous les sous-officiers et caporaux qui désireraient faire partie de la réserve.

Quant à MM. les officiers, tous ceux qui ne commandent pas de compagnies doivent, très prochainement, rejoindre les corps dans lesquels ils ont été classés. Les autres attendraient au dépôt leur replacement dans d'autres régiments. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1862   -   L’orage.   -   Un violent orage a éclaté, pendant la nuit précédente, à Caen. Vers deux heures du matin, les éclats du tonnerre et les éclairs qui se succédaient avec une effrayante rapidité ont mis en émoi la population. Pendant un instant, la grêle est tombée avec une telle force qu'elle a dû causer de graves dégâts dans les jardins et dans la campagne. A deux heures et demie, cet orage avait cessé. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1862   -   L’armée.   -   Dimanche dernier, deux bataillons du 33e de ligne, sous les ordres de M. le lieutenant-colonel du régiment, sont arrivés dans notre ville pour y tenir garnison. Au-jourd'hui, l'état-major et un troisième bataillon, commandés par M. le colonel, sont également arrivés.

Par suite de l'insuffisance si regrettable du casernement de la place de Caen, une partie de ces troupes a été logée chez l'habitant, en attendant que les militaires du 102e de ligne soient dirigés sur leurs nouveaux régiments, ce qui doit avoir lieu très incessamment. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1862   -  Les distinctions de M. Hervieu.   -    Nos lecteurs se rappellent, sans doute, les distinctions flatteuses obtenues dans divers concours par M. Hervieu, rue Basse-St-Gilles, 26, à Caen. Cet habile horticulteur vient de faire, à l'exposition d'horticulture de Paris, une véritable razzia de médailles :

Médaille d'or pour la plus belle collection d'azalées.

Médaille d'argent (1re  classe) pour la plus belle plante.

Médaille de vermeil pour les douze plus belles plantes d'ornementation.

Médaille d'or pour le plus bel apport de plantes fleuries en tous genres.

Nous ne saurions trop féliciter M. Hervieu du zèle qu'il met pour faire voir aux horticulteurs de la capitale qu'il n'y a pas qu'à Paris que l'on produit de belles choses. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1862   -  Les bacs.   -   Il sera procédé le vendredi 27 juin courant, à midi précis, dans l'une des salles de la préfecture, à Caen, à l'adjudication, au plus offrant et dernier enchérisseur, de la perception des droits de passage des bacs dont les noms suivent :

Bac de La Bataille, sur l'Orne, commune de Clécy.

Bac de Boudigny, sur l'Orne, commune de Saint-Martin-de-Sallen.

Bac de Brie, sur l'Orne, commune des Moutiers-en-Cinglais.

Bac de Cantepie, sur l'Orne, commune de Saint-Rémy.

Bac de Clopée, sur l'Orne, commune de Mondeville.

Bac de Colombelles, sur l'Orne, commune d'Hérouville.

Bac de Montaigu, sur l'Orne, ville de Caen.

Bac du Moulin-Viard, sur l'Orne, commune de Maizet.

Bac de Percanville, sur l'Orne, commune de Clinchamps.

Bac du Petit Caprice, sur l'Orne, ville de Caen.

Bac de Ranville, sur l'Orne, commune de Ranville.

Bac du Vey, sur l'Orne, commune de Clécy.

La jouissance, qui commencera le 1er janvier 1863, continuera, pendant six années consécutives, jusqu'au 31 décembre 1868.

L'administration se réserve la faculté éventuelle d'une adjudication collective.

Il sera donné connaissance à la préfecture (10 division), du cahier des charges relatif à chaque bac, tous les jours, de 11 heures à 3 heures. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1862   -  Les herbes venues sur l'hippodrome.   -   Le maire de la ville de Caen fait savoir que, le vendredi 13 juin courant, à 1 heure de l'après-midi, il procédera, dans une des salles de l'Hôtel-de-Ville, à l'adjudication des herbes venues sur l'hippodrome de cette ville.

Le cahier des charges est déposé au secrétariat de la mairie. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1862   -   Le ciel.   -   Une particularité curieuse se présente en ce moment dans le firmament étoilé. C'est l'aspect des deux plus grandes planètes, Jupiter et Saturne, qui, quoique distantes de 150 millions de lieues l'une de l'autre, paraissent extrêmement rapprochées. Elles se montrent, le soir, vers la partie sud-ouest du ciel, dans la constellation du Lion. L'une, Jupiter, apparaît comme l'étoile la plus brillante du firmament, l'autre, Saturne, placée à la droite de Jupiter, est d'un volume plus petit, d'un éclat plus faible et un peu rougeâtre. Jupiter, qui fait sa révolution autour du soleil en 12 ans environ, commence à s'éloigner de Saturne, qui fait la sienne en un laps de temps d'environ 27 ans. Elles sont comme les deux aiguilles d'une montre qui, alternativement, se rapprochent et s'éloignent. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1862   -   Un passage de revue mouvementée   -   M. le général de brigade commandant la subdivision a passé, dimanche dernier, à midi, sur le Cours, la revue du 33e régiment d'infanterie.

Le même jour, à une heure, M. le maire passait également la revue, sur la place Royale, de la compagnie de sapeurs-pompiers et de son matériel. M. le préfet assistait à cette dernière revue.

Un grand nombre d'habitants s'étaient portés sur le Cours et sur la place Royale pour assister à ces cérémonies militaires, qui ont toujours le privilège d'attirer la foule.

Peu de temps après la revue de la compagnie de sapeurs-pompiers, le capitaine de cette compagnie était prévenu que le feu venait de se déclarer dans un arbre, au milieu du Grand-Cours. M. Paysant s'étant rendu sur les lieux, reconnut qu'une petite pompe était nécessaire, et l'envoya chercher par le sergent Binet et le sapeur Tillard.

M. l'adjudant de semaine du 33e de ligne eut l'obligeance de mettre un piquet de travailleurs à la disposition du capitaine, et, après une demi-heure de travail, ce feu était éteint. Il est probable qu'un fumeur aura frotté une allumette chimique sur le tronc de cet arbre, qui était pourri, et dans l'intérieur duquel il aura ainsi communiqué le feu. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1862   -   Une scène tragique.   -   La journée de dimanche a été marquée à Caen, à la caserne de la Visitation, par une scène tragique. Vers 2 heures 1/2, un fusilier du 102e de ligne, rentré récemment de Chine et placé en subsistance au 55e de même arme, le nommé Dupuis, venait d'être mis à la salle de police, à la suite d'une punition qui lui avait été infligée. A peine était-il enfermé par le caporal de garde, qu'il rappelait ce dernier sous le prétexte de se faire présenter le lendemain à la visite du chirurgien, et qu'il frappait le caporal d'un coup de couteau dans la poitrine.

La victime de cet attentat eut encore la force de faire quelques pas, mais bientôt elle s'affaissa sur une chaise qu'on s'était hâté d'apporter.

Un médecin, ayant été appelé, jugea la blessure assez grave pour nécessiter le transport immédiat du caporal à l'hôpital.

La position de ce militaire ne laisse heureusement aujourd'hui aucune inquiétude. Le coupable a été écroué à la prison du corps, en attendant la décision de l'autorité militaire. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1862   -   Un accident.   -   Hier, vers neuf heures du matin, la nommée Laliée, âgée de 17 ans, domestique chez M. Chatel, aubergiste, place St-Sauveur, s'était rendue rue Pémagnie pour y chercher un seau d'eau à la borne-fontaine située vers le milieu de la rue.

Cette fille faisait face à la place St-Sauveur et tournait le dos vers le haut de la rue. Au moment où son seau fut rempli, elle le prit, et, par un mouvement très prompt, elle se trouva au milieu de la rue au moment où descendait une voiture attelée d'un cheval. Ce dernier l'atteignit, la renversa par terre et lui passa sur le corps sans lui faire aucun mal. Le conducteur, qui se trouvait à la tête de son cheval, put heureusement l'arrêter assez à temps pour empêcher une des roues de la voiture de lui passer sur les jambes. La jeune fille en a été quitte pour une vive émotion. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1862   -   Des suicides.   -   Le 24 du courant, vers neuf heures du matin, le nommé Lambert (Pierre-Emmanuel), âgé de 29 ans, né à Livarot, matelot de la douane en résidence à Caen, a été trouvé asphyxié dans sa chambre.

On ne sait à quoi attribuer cet acte de désespoir. Cet homme était célibataire, il était entré dans la douane depuis dix-huit mois environ, il jouissait de l'estime de ses chefs.

Pour accomplir son funeste dessein, ce malheureux avait pris la précaution de calfeutrer toutes les issues de sa chambre avec de l'argile, Il a laissé sur sa table un écrit portant ces mots : « Je remercie mes chefs de la complaisance qu'ils ont toujours eue pour moi, je termine mes jours, la vie m'est à charge. »

- Le 19 de ce mois, le nommé Durandot (Jean- Louis), âgé de 62 ans, tailleur de pierre, demeurant au hameau de Couvrechef, a été trouvé pendu dans son grenier.

Depuis la mort de sa femme, survenue il y a trois mois, cet homme, qui en avait ressenti un profond chagrin, avait plusieurs fois manifesté l'intention de se suicider.  (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1862   -   Le problème du stationnement.   -   Dimanche dernier, à dix heures da matin, deux individus, conduisant un camion, voulurent entrer dans le café situé rue Notre-Dame, près de l'allée conduisant à l'église Saint-Sauveur. Pour ne point se mettre en contravention en abandonnant leur véhicule sur la voie publique, ils ne trouvèrent rien de mieux que de l'introduire sous l'allée, de sorte que le passage de l'église fut complètement intercepté pendant le temps qu'il plut à ces messieurs de prolonger leurs libations, et cela au moment où tout le monde se rendait à la grand messe.

Si l'on est forcé de tolérer l'existence d'un café placé dans de pareilles conditions, au moins pourrait-on exiger du propriétaire de cet établissement qu'il ne laissât pas obstruer cette entrée de l'église qui est aussi fréquentée que celle de la rue Froide.

Nous recommandons ces faits à la sollicitude de M. le commissaire central. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1862   -   La Gazette des Tribunaux.   -    La Gazette des Tribunaux annoncé vendredi que la Cour de cassation avait rejeté le pourvoi formé par le nommé Berranger, condamné par la Cour d'assises du Calvados, le 19 mai dernier, à la peine de mort pour tentative d'assassinat.

Depuis deux ou trois jours, un assez grand nombre de personnes se rendent, le matin, sur les promenades Saint-Julien, attirées par le triste besoin d'assister aux derniers moments d'un malheureux.

La décision de la Cour suprême n'entraîne pas fatalement l'exécution du coupable, il reste encore à ce dernier l'espoir d'une commutation qu'il a sollicitée par un recours en grâce sur lequel il ne parait pas que l'Empereur se soit prononcé jusqu'à ce jour. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1862   -   Les bibliothèques.   -    Le Journal général de l'Instruction publique contient un arrêté de M. Rouland, en date du 1er juin, portant qu'il sera établi dans chaque école primaire publique une bibliothèque scolaire. A cet arrêté sont jointes une circulaire aux préfets et une autre aux recteurs, relatives à l'organisation de ces bibliothèques. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1862   -   Liste des médaillés d'honneur.    -    Le Moniteur universel d'hier contient la liste des médailles d'honneur qui ont été décernées pour les actes le dévouement signalés pendant le quatrième trimestre de 1861.

C'est avec plaisir que nous voyons figurer sur cette liste les noms de trois de nos courageux concitoyens, qui ont obtenu chacun une médaille en argent de 2e classe :

-   Delaunay (Louis-Stanislas), caporal des sapeurs-pompiers à Caen. - Pont-l'Evêque, 16 avril 1852 ; Caen, 15 septembre 1861.   -   8 ans de services, blessé dans un incendie en 1852.

-   Genein (Pierre-François), caporal-fourrier à Caen.  -  Caen, 15 septembre 1861.  -  13 ans de services effectifs, a sauvé, en 1851, un enfant en danger de se noyer.

Ils se sont particulièrement distingués dans l'incendie du Jardin-des-Plantes à Caen.

-   Lamoureux père, facteur rural à Bayeux. -  Esquay-sur-Seulles, 23 novembre 1861.  -  A arrêté, au péril de sa vie un homme qui venait de commettre un assassinat.

On se rappelle encore les émouvants détails de cet horrible meurtre commis en plein jour sur la route d'Esquay à Bayeux par le nommé Le Monnier, âgé de dix-neuf ans, qui, ivre de rage, s'est acharné, au point de le rendre méconnaissable, même à ses enfants, sur un malheureux vieillard de quatre-vingts ans, le sieur François Morel. On sait aussi que le facteur Lamoureux, n'écoutant que son courage, s'est élancé à la poursuite de l'assassin, qu'il est parvenu à arrêter, à livrer à la justice, et que la Cour d'assises a prononcé contre le coupable, le 19 février dernier, la peine des travaux forcés à perpétuité.

Nous enregistrons avec bonheur la juste récompense de l'héroïque conduite du sieur Lamoureux. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1862   -   Service gratuit de pansements.    -    Nous apprenons qu'un service gratuit de pansements vient d'être établi à l'Hôtel-Dieu de Caen pour les malades indigents de la ville atteints d'affections de la peau, d'ulcères ou autres maladies qui peuvent être traitées sans qu'il y ait lien à admettre les malades à l'hôpital.

C'est un nouveau bienfait dont nous devons remercier la Commission administrative des hospices et M. le maire, son président.

Les pansements auront lieu chaque matin, après la visite des médecins de l'Hôtel-Dieu, et sous la surveillance de M. le chirurgien en chef.

Les hommes seront pansés par les internes en médecine attachés à l'hôpital, et les femmes par les dames religieuses.  (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1862   -   Un accident.   -    Jeudi dernier, vers sept heures du soir, le nommé Godderidge (Jean), âgé de 15 ans, demeurant chez ses parents, rue Notre-Dame, n°92, s'amusait, avec plusieurs de ses camarades, dans la cour de cette maison, à se balancer à la corde d'une poulie destinée à monter du foin. Tout-à-coup la poulie se détacha et vint tomber sur la tête de ce malheureux enfant, qui fut relevé sans connaissance et porté sur son lit, où il succomba quelques heures après.

M. le docteur Leprestre, appelé pour lui donner ses soins, a constaté une fracture du crâne. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1862   -   AVIS.   -    M. le lieutenant-colonel commandant la place de Caen vient de rappeler, par un ordre du jour en date du 23, aux troupes de la garnison, qu'il est expressément défendu de se baigner isolément.

Des rondes et des patrouilles seront faites tous les jours aux abords de la rivière, pour arrêter les délinquants, qui seront livrés à l'autorité militaire. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1862   -   La peine de mort.   -   La peine de mort prononcée, le 19 mai dernier, par la Cour d'assises du Calvados, contre le nommé Berranger, vient d'être commuée en celle des travaux forcés à perpétuité.

On assure que cette faveur est due au recours en grâce adressé au Prince Impérial par la victime elle-même. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1862   -   Découverte macabre.   -   Mardi, vers trois heures de relevée, on a retiré de la rivière de l'Orne, près du pont du chemin de fer, le cadavre du nommé Brunet (Amand), âgé de 26 ans, ouvrier tonnelier, demeurant à Caen.

Les renseignements recueillis font connaître que ce jeune homme, étant en état d'ivresse, est tombé accidentellement, dans la soirée du 21, entre le pont de Vaucelles et celui du chemin de fer.

Le corps de ce malheureux a été déposé à la Morgue. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1862   -   Un accident de la route.   -   Ce matin, à 10 heures, rue de Vaucelles, sous le pont de la Gare, au moment où la voiture de Flers arrivait, une des petites roues s'est détachée et la voiture a versé. Heureusement il n'y a pas d'accident grave à déplorer; le conducteur et quelques voyageurs ont eu seulement des contusions.

Les premiers soins ont été donnés avec empressement aux blessés par M. le docteur Le Provost et le pharmacien le plus voisin de l'accident. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1862   -   Usage des armes à feu.  -   A MM. les maires du département.

 

Messieurs,

 

Je suis informé, par des rapports parvenus de différents points du département, que l'usage des armes à feu dans les réjouissances publiques, assemblées ou fêtes patronales, continue à donner lieu à de fréquents et graves accidents.

Je crois devoir, en conséquence, appeler à ce sujet toute votre attention, et vous recommander de ne tolérer que très exceptionnellement l'usage des armes à feu dans les fêtes ou réunions publiques. Vous me trouverez tout disposé à approuver les arrêtes de police que vous prendrez pour réprimer un abus dont les conséquences sont si regrettables.

Agréez, etc…

Le Préfet du Calvados, LE PROVOST DE LAUNAY. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1862   -   Un exercice à feu.  -   Hier soir, pendant l'exercice à feu, un cheval, attelé a une voiture suspendue dans laquelle se trouvait un domestique, s'est tout-à-coup emporté sur le Grand-Cours, et le domestique a été renversé. Dans sa chute, ce dernier s'est fait à la tête une blessure qui, heureusement, ne présente aucune gravité.

Peu d'instants après, un autre cheval s'est également importé sur le Petit-Cours, mais il a promptement été arrêté. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1862   -   La troupe pour le Mexique.  -   De tous côtés on presse l'embarquement des troupes destinées à renforcer notre brave corps d'armée du Mexique. Ce soir, demain et après-demain, des convois spéciaux du chemin de fer, chargés de troupes, passeront à Caen, en destination pour Cherbourg.    (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1862   -   Lecture du jugement prononcé.  -  Hier, un peu avant midi, des détachements du 33e de ligne et de la 1re  compagnie de cavaliers de remonte se sont rendus dans la cour du Château, à l'effet d'assister à la lecture du jugement prononcé par le Conseil de guerre séant à Caen, le 12 de ce mois, qui condamne le nominé Thinlot, fusilier au 33e de ligne, à la peine de trois ans de travaux publics pour désertion à l'étranger, en emportant des effets d'habillement qui lui avaient été confiés pour le service.

Le condamné ayant été amené devant le front de la troupe, les formalités prescrites par la loi ont été accomplies, puis, après le défilé des troupes, la gendarmerie s'est emparée du nommé Thinlot pour le transférer sur l'un des ateliers de travaux publics en Algérie.

Le mouvement des troupes, auquel cette cérémonie a donné lieu, avait fait répandre le bruit que le fusiller Dupuy, condamné à la peine de mort, le 12 juillet dernier, par le même Conseil de guerre, pour le crime de voies de fait commis avec préméditation sur l'un de ses supérieurs, avait été exécuté. Comme on le voit, ce bruit était dénué de fondement: jusqu'à ce jour, il ne paraît pas qu'il ait statué sur le recours en grâce adressé à S. M. l'Empereur en faveur de ce condamné. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1862   -   Distribution aux églises du département .  -   A l'occasion de la fête de l'Empereur, le ministre d'État a distribué à diverses églises des départements un certain nombre des tableaux provenant des commandes ou acquisitions faites sur les fonds des beaux arts.

Parmi les départements compris dans cette distribution, nous trouvons, pour la Normandie, le Calvados et l'Orne. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1862   -   Accident  au jardin des plantes.  -   Mardi dernier, vers trois heures de l'après-midi, un sinistre événement s'accomplissait au Jardin des Plantes de notre ville. Les nommés Delaunay (Victor), âgé de 66 ans, demeurant au Fresne-Camilly ; Daigle (Alphonse), âgé de 30 ans, demeurant à Carpiquet, et Bertaux (Jacques), âgé de 58 ans, domicilié à Authie, tous trois ouvriers maçons, travaillaient, avec deux autres de leurs camarades à la construction du bâtiment du Jardin des Plantes qui, il y a bientôt un an, avait été la proie des flammes, lorsque, tout-à-coup, l'échafaudage sur lequel ils étaient montés s'est rompu et les a précipités par terre d'une hauteur d'environ huit mètres. Dans cette chute, le nommé Delaunay a été tué instantanément ; Daigle est mort environ deux heures après ; le nommé Bertaux a été relevé dans un état affreux et transporté à l'hôpital, il avait la cuisse droite fracturée et de graves blessures à la tête. Son état inspire de vives inquiétudes.

Quant aux deux autres ouvriers, ils ont pu se sauver ; l’un, en s'élançant assez à temps sur la crête du mur en construction ; l'autre, en s'accrochant à une corde, d'où il a été retiré peu d'instants après.

On nous assure que toutes les précaution avaient été prises pour prévenir un aussi effroyable malheur ; cependant il fallait bien que l'échafaudage sur lequel étaient montés ces infortunés ouvriers n'offrit pas toutes les conditions convenables de sécurité. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1862   -   Monuments historiques.   -    En 1842, le Conseil général porta, pour la première fois, au budget du département, un crédit destiné à assurer, avec les ressources des communes et les allocations de l'État, la conservation des monuments historiques. Fixé, dans l'origine, à 2 000 fr., la subvention a été portée à 2 700 fr. en 1853, et élevée à 3 000 fr. dans le budget de 1855. Depuis, ce dernier chiffre n'a point varié.

Le Calvados est riche en monuments intéressants au double point de vue de l'art et de l'histoire. C'est surtout dans les arrondissements de Caen et de Bayeux que ces monuments sont les plus nombreux on y compte 26 églises classées, et il y en a beaucoup d'autres qui, sans avoir le titre de monuments historiques, offrent un sérieux intérêt, ainsi, notamment l'église de Cheux, qui dépendait de l'opulente abbaye de Saint- Etienne ; celle d'Audrieu, une des plus remarquables de l'arrondissement chef-lieu ; et la vaste église de Rots, qui présente tant de détails curieux et une si grande variété de style, n'ont pas eu les honneurs du classement. Je pourrais citer encore un certain nombre d'édifices laissés dans le même oubli, mais je m'en tiens à ceux qui sont le plus près de nous.

Malheureusement, la plupart des monuments qui, dans le département du Calvados, appellent l'attention de l'antiquaire et de l'artiste, se trouvent dans des communes rurales dont les ressources sont très limitées, et qui, livrées à leurs seules forces, se peuvent faire que des efforts à peu près stériles pour les conserver. L'État, à la vérité, se montre libéral pour sauver les monuments antiques de la ruine, mais le crédit spécial dont le gouvernement dispose est naturellement consacré, sinon en totalité, au moins pour la majeure partie, à la conservation des édifices les plus importants, la part des autres est presque nulle.

Il y a bien au budget de l'État, indépendamment des crédits exclusivement affectés aux monuments historiques, un fonds de subvention pour les édifices religieux en général, mais, outre que les secours du ministère des cultes ne sont point accordés, sauf de très rares exceptions, aux communes qui ne prennent pas à leur charge une partie notable de la dépense, ces secours ne peuvent profiter qu'aux monuments religieux pourvus d'un titre légal.

Dans de pareilles conditions, l'état de conservation de nos monuments historiques, dans les petites communes et dans les localités secondaires, surtout de ceux qui n'ont point d'affectation actuelle, doit laisser beaucoup à désirer. Ainsi, par exemple, l'église du prieuré de Saint-Gabriel, un des édifices les plus intéressants de la contrée, dont il ne reste plus que le chœur, est menacée d'une ruine prochaine ; le donjon de Falaise, ce souvenir d'événements glorieux pour la Normandie, ne tardera pas à disparaître.

En présence de la situation que je viens de vous signaler, vous sentirez comme moi, Messieurs, la nécessité de maintenir à votre budget de l'année prochaine le crédit de 3 000 fr. porté au sous-chapitre XVII, art. 10, de celui de 1862, en regrettant qu'il ne vous soit pas possible, quant à présent, de faire plus. Ce fonds, convenablement distribué, permet d'entreprendre quelques travaux d'absolue nécessité, qui ont pour effet de prolonger l'existence de nos monuments les plus menacés. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1862   -   L’appel de jeunes de la classe 1861.   -   Aujourd'hui, à midi, a eu lieu au château l'appel des jeunes gens de la classe de 1861, du département du Calvados, appelés à l'activité par décret impérial du 16 août dernier et qui sont destinés à l'armée de mer.

Ces jeunes gens, au nombre de 122 environ, seront dirigés, demain mercredi dans la soirée, par les voies rapides, sur Brest, où ils seront incorporés dans les équipages de la flotte comme apprentis marins.

A une heure, demain, ils seront passés en revue par M. le général de brigade commandant la subdivision du Calvados. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1862   -   Une noyade.   -   Jeudi, vers 2 heures de relevée, le nommé Mérouse (Achille), commis-marchand, demeurant à Caen, rue du Puits-ès-Bottes, était à pêcher sur le bord de l'ancienne rivière de l'Orne, lorsque, tout à coup, il aperçut une de ses lignes entraînée par un poisson. Il se jeta dans la rivière pour la ressaisir, mais il perdit pied et ne tarda pas à disparaître.

Aux cris poussés par plusieurs enfants, témoins de l'accident, le sieur Bernard, jardinier, accourut et se jeta à la nage. Malheureusement, ses généreux efforts furent infructueux, l'infortuné Mérouse était déjà mort lorsqu'on est parvenu à le retirer de l'eau. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1862   -   Les bornes fontaines.   -   Depuis quelques jours, des plaintes se sont élevées sur le manque d'eau des bornes-fontaines dans certaines parties de la ville.

Nous avons cru devoir prendre des renseignements à ce sujet, et nous avons appris que, le Petit-Odon étant détourné en ce moment pour les travaux du curage, le mécanisme de Gémare ne pouvait servir. La machine à vapeur de l'Hôtel-Dieu fonctionne seule en ce moment, et comme elle donne une quantité d'eau bien moins considérable que l'usine de Gémare, il est nécessaire de prendre des précautions pour que les différents quartiers de Caen aient de l'eau pendant une partie de la journée.

Jusqu'à deux heures de l'après-midi, toutes les bornes- fontaines fournissent de l'eau, à partir de ce moment, les parties basses de la ville sont seules alimentées, parce que, au fur et à mesure que l'eau baisse dans les réservoirs, elle ne peut monter dans les quartiers élevés. Cet état de choses cessera d'ailleurs avec le curage du Petit-Odon. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1862   -   Écoles municipales.   -   Le maire de la ville de Caen, officier de la Légion-d'Honneur,

Prévient ses concitoyens que les Écoles gratuites d'enseignement primaire et les Cours publics gratuits de dessin, d'architecture, de sculpture et de musique vocale et instrumentale, recommenceront le lundi 6 octobre.

La rentrée de l'école gratuite du soir, dirigée par les Frères des Écoles chrétiennes, aura lieu le même jour. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1862   -   Remise de peine.   -   Par décision du 29 septembre dernier, S. M. l'Empereur a fait remise du restant de sa peine, sous la réserve de la surveillance perpétuelle de la haute police, au nommé Boiton (Louis-Pierre), ex-gendarme à cheval à la compagnie du Calvados, qui avait été condamné, le 30 mars 1855, à la peine de mort par le 2e Conseil de guerre séant à Caen, pour voies de fait envers un de ses supérieurs.

Cette peine avait été commuée, le 16 mai 1855, en travaux forcés à perpétuité, commués, le 4 août 1860, en dix ans de la même peine, et réduits de trois ans par décision impériale du 4 août 1861. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1862   -   Un accident.   -   Samedi dernier, vers 7 heures du matin, le nommé Fribourg (Théodore), âgé de 30 ans, employé à la gare de Caen, était occupé à nettoyer un wagon, et il se trouvait sur la voie en face d'un des tampons, lorsque tout-à-coup il a été frappé par le tampon d'une autre voiture que poussaient des hommes d'équipe.

Ce malheureux, pris ainsi entre les deux tampons, est tombé aussitôt sans connaissance, et ses camarades l'ont relevé dans cet état pour le transporter à son domicile. Un médecin ayant été appelé, on a constaté que cet homme n'avait rien de brisé, néanmoins, sa situation est grave. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1862   -   Un suicide.   -   Avant-hier dimanche, vers 2 heures de relevée, le nommé Jezéquel (Albert), âgé de 27 ans, né à Caen, second à bord du navire le « Jeune-Alexandre », en station dans le bassin de Caen, s'est suicidé en se tirant un coup de fusil sous le menton. Sa mort a été instantanée.

Ce malheureux, pour se donner le triste courage d'accomplir son sinistre projet, avait bu toute la matinée, et c'est en rentrant à son bord et dans sa chambre qu'il s'est donné la mort. On ne sait à quoi attribuer un pareil acte de désespoir. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1862   -   Le temps qu'il fait.   -   Une succession de tempêtes et de giboulées, mêlées de coups de tonnerre, cause, depuis plusieurs jours, de notables dégâts aux toitures de nos maisons et aux arbres de nos campagnes.

Nous apprenons que, dans les vergers du Bessin et du Pays-d'Auge, beaucoup de pommiers ont été renversés ou au moins fort endommagés par la violence du vent du sud-ouest. Le baromètre, qui était descendu, ces jours-ci, au-dessous de 745 millimètres, est remonté, la nuit dernière, au-dessus de 752. Néanmoins, une pluie diluvienne est venue encore déconcerter, ce matin, les personnes qui espéraient une trêve dans cette continuité de mauvais temps.

Les colzas, dont on a planté cette année une quantité exceptionnelle, doivent avoir et au-delà l'eau nécessaire à leur reprise. Nos rivières ont considérablement grossi, mais nous n'avons jusqu'ici reçu la nouvelle d'aucune"inondation. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1862   -   Un accident de la route.   -   Hier soir, la voiture de Sainte-Honorine était arrêtée sur la route pour descendre un voyageur. Pendant ce temps arrivait, lancée à fond de train, la diligence de Caen à Vassy, elle se précipita sur la voiture de Sainte-Honorine avec une telle force que son timon pénétra dans cette dernière et s'y brisa, après avoir gravement contusionné aux deux jambes un sieur Catel, marchand d'angora, qui se trouvait dans l'intérieur.

Le choc fut si violent qu'un voyageur, monté sur le haut de la voiture de Vassy, fut précipité en bas, au risque d'être tué. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1862   -   Un accident de la route.   -   Souvent déjà nous nous sommes élevés contre l'imprudence avec laquelle certains voituriers chargent leurs voitures. Le poids que ces dernières ont à supporter est quelquefois si considérable, que leur attelage ordinaire ne suffit pas et que la voiture elle-même ne peut longtemps résister. De là il résulte des embarras sur la voie publique, et fréquemment des accidents.

Hier, vers quatre heures de l'après-midi, une voiture de roulier, chargée de sacs de farine, de sucre, de fer, de planches, de tonneaux de vin et d'eau-de-vie, passait dans la rue Notre-Dame. Ce chargement était tellement pesant, que les chevaux ne le traînaient qu'avec peine. Tout-à-coup et au moment où l'attelage arrivait à l'extrémité de la rue au Canu, l'essieu, trop faible, se rompit, et la voiture s'affaissa sur elle-même en jetant les deux roues à droite et à gauche. Dans cette circonstance, le limonier fut renversé.

Ce cheval, qui aurait pu être tué, n'a eu qu'une déchirure à la bouche. Un baril, rempli d'eau-de-vie, qui se trouvait sous la voiture, a été littéralement écrasé, et le liquide s'est répandu dans la rue, il en a été de même d'un fût de vin. Ce n'est que vers huit heures du soir que, l'essieu ayant été remplacé, cette voiture a pu se remettre en route. Cet accident avait attiré jusque-là un assez grand nombre de curieux. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1862   -   Avis.   -   Le préfet du Calvados a l'honneur d'informer les institutrices du département que le Jury international de l'exposition de Londres a décerné une mention honorable collective aux écoles de filles du département, pour les travaux d'aiguille exécutés dans ces écoles. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1862   -   Le mauvais temps.   -  Le Courrier de Cherbourg signale le mauvais temps qui règne sur nos côtes, soumises, paraîtrait-il, à une seconde édition des rafales équinoxiales. Jusqu'à ce jour, cependant, on n'a aucun sinistre à déplorer. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1862   -   Liste des récompenses.   -   Le Moniteur universel de jeudi publie une liste de récompenses honorifiques accordées à 97 marins, pour faits de sauvetage, par le ministre de la marine et des colonies, suivant sa décision en date du 20 octobre dernier.

Les récompenses se répartissent ainsi : 1 médaille en or de 1re  classe, 4 médailles en or de 2e classe, 5 médailles en argent de 1re classe, 54 médailles en argent de 2e classe, et 32 témoignages officiels de satisfaction.

Nous publions avec plaisir les noms des courageux citoyens qui appartiennent à notre département :

Médaille en or de 2e classe au sieur Le Marchand (Pierre-Eugène), maître au cabotage ; médailles en argent de 2e classe aux sieurs Mériel (Victorin-Adolphe), et Rivière (Jules-Alexandre), marin, tous trois inscrits à Caen, pour avoir, à Salé (Maroc), le 31 mai 1862, opéré le sauvetage du navire la « Jeune-Thérèse ».

Médaille en argent de 1re classe au sieur Guénaut (Émile), quartier-maître de manœuvre inscrit à Honfleur, pour avoir, à Aden (Arabie), le 25 avril 1862, et à Woosong et à Saïgon, opéré trois sauvetages.

Médaille en argent de 2e classe au sieur Mariolle (Jean-Pierre), marin inscrit à Honfleur, pour avoir, à Honfleur, les 15 août 1859 et 25 mai 1862, opéré le sauvetage de deux enfants.

Témoignages de satisfaction aux sieurs Desseaux (Louis- Honoré), et Vincent (Robert-Ferdinand), marins inscrits à Honfleur, pour avoir, à Honfleur, le 11 juin 1861, opéré le sauvetage de deux hommes.

Témoignage de satisfaction au sieur Hennier (Paul), marin à Honfleur, pour avoir, à Honfleur, le 18 juin 1862, opéré le sauvetage de deux hommes. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1862   -   Phénomène Météorologique.   -   Jeudi soir, vers 6 heures moins un quart, un météore lumineux, de la grosseur apparente d'une bombe, a éclairé toute la région comprise entre la Délivrande et Bayeux.

A Creully, au moment du passage de ce globe de feu, quelques personnes prétendent avoir ressenti une sorte de secousse. Le météore, depuis sa naissance jusqu'à sa chute dans la direction de Bayeux, a duré environ vingt secondes. Le ciel était très-pur, le vent du sud-est presque nul, une petite gelée blanche commençait à se faire sentir. Le baromètre marquait 756 millimètres, très peu au-dessous du variable, avec une tendance à monter. Il se pourrait que ce phénomène fût une sorte de contre-coup des perturbations atmosphériques et souterraines qui viennent de se manifester dans le midi de la France, à Nîmes, par un tremblement de terre ; à Marseille et à Cette, par des raz-de-marée et de violentes tempêtes. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1862   -   Les suites du phénomène météorologique.   -   Le météore dont nous parlions samedi a été vu au Havre comme à Caen, à Creully et à Bayeux.

Le Journal du Havre rapporte qu'un globe de feu d'un volume assez considérable a été observé jeudi soir, vers six heures, courant dans l'espace du Nord au Sud, avec une vitesse extrême et paraissant très élevé au-dessus de l'horizon. Ce météore, qu'un grand nombre de personnes ont vu au Havre, et qui jetait une clarté surprenante, a été visible presqu'à la même heure à Rouen, comme l'atteste le Nouvelliste.

Tout porte à croire que ce bolide si lumineux est venu achever sa course dans les environs de Bayeux. Dans cette dernière région, en effet, il paraissait assez près de la terre, et nous n'apprenons pas qu'il ait été vu dans le département de la Manche. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1862   -   Un accident.   -   Le 20 du mois dernier, un cavalier de la remonte, emporté, sur la route de la Maladrerie, par le cheval qu'il montait, ne put éviter, malgré tous ses efforts, deux personnes âgées qui, n'ayant pas eu le temps de se ranger, furent renversées.

L'officier à qui le cheval appartient s'empressa, dès qu'il eut connaissance de ce triste événement, de faire donner aux deux blessés tous les soins que réclamait leur état. Malheureusement, le sieur Brunet, âgé de 80 ans, n'a pu résister aux suites d'une grave contusion à la tête, il a succombé au bout de quelques jours. L'autre victime, qui a eu la jambe fracturée, est en voie de guérison.

Bien qu'il résulte des renseignements les plus exacts, donnés par des témoins mêmes de l'accident, qu'il n'y a pas eu de la faute du cavalier, l'autorité militaire a cru devoir néanmoins ordonner une information judiciaire et traduire devant un Conseil de guerre l'auteur de l'événement, qui est signalé d'ailleurs comme ayant une excellente conduite habituelle. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1862   -   Un décret impérial.   -   Un décret impérial du 23 novembre dernier autorise la ville de Caen à acquérir de la fabrique de l'église de Saint-Pierre, qui est en même temps autorisée à aliéner, la cour de l'ancienne poissonnerie, pour servir au dégagement de cette église. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1862   -   AVIS.   -   Demain dimanche, à 3 heures du soir, sur la place Royale, un beau ballon sera lancé par M. L. Lemaire, premier balloniste de France. Cet aérostat cube 24 306 litres.

Une quête sera faite au profit de M. Lemaire au moment de l'ascension. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1862   -   Noyade d’un inconnu.   -   Samedi dernier, vers 9 heures du soir, un homme, âgé de 55 à 60 ans, paraissant être de la campagne, passait sur le Cours, se dirigeant vers Vaucelles. Comme la nuit était très obscure, cet individu, au lieu de passer près de la caserne, est venu se précipiter dans le canal Robert, vis-à-vis des bains Français. A ses cris, deux fusiliers du 33e, qui se trouvaient en faction près de la caserne d'infanterie, accoururent pour lui porter secours, mais, lorsqu'ils parvinrent à le retirer de l'eau, ce malheureux ne donnait plus déjà aucun signe de vie. On le transporta à la Morgue, où M. Louard, médecin, vint inutilement lui prodiguer ses soins.

A la suite de l'enquête ouverte à ce sujet, il a été constaté que cette mort était purement accidentelle. Les poches des vêtements de cet individu contenaient une somme d'environ 100 francs. Jusqu'à ce moment, malgré les recherches les plus actives, on n'a pu découvrir le nom de cet homme. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1862   -   Un incendie.   -   Un commencement d'incendie s'est déclaré, dimanche, vers 4 heures du matin, dans la communauté des Sœurs de la Miséricorde, rue des Jacobins. Le feu, communiqué par le tuyau du poêle de la salle des enfants au plancher du dortoir de ces Dames, avait, sans doute, couvé plusieurs jours, lorsque la fumée envahit tout-à- coup le dortoir.

Les Sœurs appelèrent au secours, et les sapeurs Despois, Lair, et des voisins, MM. Delasalle père et fils, sous les ordres du sergent Goujon, qui accoururent, comprimèrent, avec quelques seaux d'eau, ce commencement d'incendie, qui pouvait avoir de graves résultats pour les bonnes religieuses.  Les dommages sont insignifiants. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1862   -   Dévorée par les flammes.   -   Le jour de Noël, vers 3 heures 1/2 d'après-midi, une dame veuve Massienne, plus qu'octogénaire, demeurant rue Branville, nº 59, a failli être dévorée par les flammes.

Le feu avait pris à ses vêtements, et elle aurait indubitablement succombé sans le dévouement du nommé Alfred Binet, un de ses voisins, qui accourut à son secours, et qui, au milieu d'une épaisse fumée qui remplissait l'appartement, parvint à éteindre le feu au moyen de seaux d'eau que des voisins lui apportèrent.

Ce jeune homme n'est pas, du reste, à son coup d'essai en fait de dévouement : fils du sergent Binet, des sapeurs-pompiers, dont nous avons plusieurs fois cité les belles actions, en 1856, à Angoulême, il vola au secours d'une femme également atteinte par les flammes ; en Algérie, il sauva un sergent-major qui était près de se noyer dans la Chiffa ; à la campagne d'Italie, il retira de l'eau un artilleur qui allait succomber avec ses deux chevaux. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1863   -   Une noyade.   -   Mardi, dans la matinée, on a retiré de la rivière le Grand-Odon le cadavre de la nommée Goujon (Louise), âgée de 42 ans, sans profession, demeurant à Caen, rue Caponière, nº 6.

Les renseignements recueillis font connaître que cette malheureuse fille donnait depuis quelque temps des signes d'aliénation. Elle vivait avec sa mère, âgée de 78 ans, infirme et paralysée, elle était sortie vers 5 heures du matin de son domicile, sans dire à sa mère où elle allait, et c'est vers 7 heures que son cadavre a été retrouvé.

Tout porte à croire que sa mort est le résultat d'un suicide. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1863   -   Le jour de l’an.   -   Un temps tout à fait exceptionnel, qui nous rappelait nos belles journées du printemps, a favorisé le jour de l'an à Caen. Aussi, dès le matin, la population était-elle en mouvement, et il y a lieu d'espérer que, de cette animation, le meilleur profit est resté pour les petits marchands, dont la situation commerciale est si digne d'intérêt.

Les réceptions officielles ont eu lieu comme de coutume. M. le premier président, M. le préfet, l'administration municipale, M. le recteur, ont reçu, aux heures déterminées, les principales autorités civiles et militaires, et les fonctionnaires placés sous leurs ordres. Des députations composées d'officiers des divers corps se sont également rendues chez M. le procureur général et chez M. le sous-intendant militaire.

Nous avons dit que, par suite de son état de santé, M. le général de brigade n'avait pu recevoir. Aujourd'hui, nous avons le bonheur d'ajouter que la maladie de M. le commandant de la subdivision, qui avait causé parmi nous de si vives et de si cruelles inquiétudes, est en pleine voie de guérison.

Le soir, une charmante soirée dansante inaugurait les réceptions officielles dans les salons de la préfecture, où, malgré les réunions intimes et de famille qui marquent ordinairement le premier jour de l'année, la foule d'invités n'a cessé de se presser jusqu'à une heure assez avancée. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1863   -   Le mouvement de la population.   -   Voici quel a été le mouvement de la population des villes de Caen, Falaise et Lisieux, pendant l'année 1862 :

-        Caen. -  Naissances, 943 ; mariages, 258 ; décès, 1 235.

-        Falaise. -  Naissances, 171 ; mariages, 49 ; décès, 207.

-        Lisieux.  -  Naissances, 325 ; mariages, 104 ; décès, 369. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1863   -   Le rapport des sinistres maritimes.   -   Il résulte du rapport annuel de M. Morel sur les sinistres maritimes, publié par le Lloyd anversois, que le port de Caen a perdu 6 navires en 1862 ; 9 en 1860 ; 10 en 1859 ; 9 en 1857. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1863   -   Les sapeurs pompiers.   -   Tout le monde connaît et apprécie le zèle et le dévouement que notre belle compagnie de sapeurs-pompiers apporte dans l'accomplissement de ses devoirs.

Voici, pour l'année qui vient de s'écouler, un aperçu des incendies, feux d'appartements et feux de cheminées pour l'extinction desquels ces honorables citoyens ont prêté leur concours :

Il y a eu, en 1862, 4 incendies, dont 3 à la campagne ; 7 feux d'appartements et 27 feux de cheminées.

Ces différents incendies ont été éteints par 63 pompiers, qui ont donné 320 heures de travail.

Le nombre des incendies est le même qu'en 1861, mais on a constaté une diminution dans les feux d'appartements et de cheminées, on en comptait 9 d'appartements en 1861, et on vient de voir qu'en 1862 il n'y en a eu que 7. Les feux de cheminées, qui s'élevaient à 37 l'année précédente, n'ont atteint que le chiffre 27 en 1862. Cette diminution dans le nombre des feux de cheminées tient assurément à ce que le ramonage est l'objet d'une surveillance toute particulière de la part de l'administration municipale.

Nous ne terminerons pas sans adresser nos remerciements aux membres de la compagnie et aux honorables officiers qui la commandent, dont les services, purement gratuits, sont mis avec tant d'empressement à la disposition de la cité. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1863   -   Les douaniers de Caen.   -   Un triste événement vient de jeter la douleur dans les rangs de la compagnie de douaniers à Caen.

Hier matin, vers 5 heures, le nommé Lemoigne (Auguste-François-Justin), âgé de 36 ans, douanier, demeurant venelle Buquet, est tombé accidentellement dans le bassin, du côté du quai de La Londe, au moment où il se rendait à son poste pour relever un de ses camarades.

Aux cris poussés par cet infortuné, ses camarades accoururent, mais, malgré leurs efforts, ils ne purent le retirer de l'eau qu'au bout d'un quart d'heure environ, alors que déjà il ne donnait plus aucun signe de vie.

Appelé en toute hâte, M. le docteur Bourienne a vainement épuisé les secours de la science pour le ramener à la vie, l'asphyxie était complète.

Ce matin, tous les douaniers, ayant à leur tête leurs officiers, accompagnaient jusqu'à leur dernière demeure les restes mortels de leur malheureux camarade. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1863   -   Les travaux.   -   Les travaux pour l'installation du square de l'église Saint-Pierre vont être, dit-on, bientôt commencés. Déjà la place est entourée de poteaux reliés par des fils métalliques pour protéger les travaux qui seront entrepris. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1863   -   Un incident.   -   Il y a trois jours, une personne qui passait dans la rue Saint-Jean, vis-à-vis l'impasse Cauvigny, a failli recevoir sur la tête un énorme pot de fleurs, que le vent venait de faire tomber d'un étage supérieur.

Nous croyions qu'il existait un arrêté municipal prescrivant les mesures nécessaires pour garantir contre ces sortes d'accidents. Il serait à désirer que la police tint la main à ce que les dispositions de cet arrêté fussent observées. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1863   -   Cavalcade du 17 février.   -   Ainsi que nous en exprimions l'espoir, M. le préfet a autorisé l'organisation d'une cavalcade pour le 17 février prochain, avec quêtes au profit des ouvriers aujourd'hui sans travail par suite de la crise industrielle.

Pour faire face aux dépenses que nécessitera cette manifestation de la bienfaisance caennaise, des listes de souscriptions sont déposées chez MM. Reverdy-Ricard, rue de l'Impératrice ; David, passage Bellivet ; Jouis, rue des Jacobins, et dans les bureaux des journaux de Caen.

Un très grand nombre d'habitants se proposent de prendre part à cette cavalcade, et on nous assure que l'autorité militaire aurait bien voulu consentir à mettre à la disposition de MM. les organisateurs l'excellente musique du régiment et le nombre d'hommes de troupe qui leur seraient nécessaires. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1863   -   Un accident.   -    Samedi dernier, 31 janvier, vers 4 heures du soir, le nommé Mauger (Daniel), âgé de 34 ans, né à Guernesey (Angleterre), matelot à bord de la goëlette La « Dessa », en station dans le bassin à Caen, était occupé, avec plusieurs autres ouvriers, à décharger du charbon au moyen de paniers enlevés à l'aide d'une corde et lancés par lui dans un des wagons du chemin de fer, où un autre ouvrier les recevait. Un de ces paniers, n'ayant pu atteindre le wagon, revint frapper ce malheureux en pleine poitrine et le précipita au fond du navire.

On le releva aussitôt, et on constata qu'il s'était fait en tombant une profonde lésion à la tête. Ses camarades le portèrent ensuite à l'hôpital, ses blessures laissent peu d'espoir de le sauver. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1863   -   Découverte d’un cadavre.   -    Dimanche dernier, dans l'après-midi, on a retiré de la rivière de l'Orne, au bac de Colombelles, le cadavre d'un jeune homme qui paraissait y avoir séjourné depuis longtemps.

L'enquête faite par la gendarmerie a fait connaître que ce cadavre était celui d'un malheureux jeune homme, M. Lemaître (Jean-Jacques), âgé de 22 ans, né à Saint-Jean-des-Baisans (Manche), licencié en droit, demeurant à Caen, qui était recherché par sa famille depuis le 14 janvier dernier.

Voici les circonstances de la mort de cet infortuné : Le 14 janvier, à 3 heures du matin, il se rendait au chemin de fer pour prendre le train de 3 heures 20 minutes, pour aller dans sa famille. Comme il faisait froid, il avait la figure presque enveloppée dans son cache-nez, de manière qu'arrivé sur le quai, pensant s'acheminer sur le pont du chemin de fer, il a pris une fausse direction et est tombé dans l'Orne, près de ce pont. A ce moment les eaux étaient grosses, le courant très rapide, et, personne n'étant là d'ailleurs pour lui porter secours, il n'a pas tardé à trouver la mort.

Sa famille, éplorée, faisait depuis cette époque les plus actives recherches pour retrouver son corps. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1863   -   Un accident.   -    Mardi, vers 5 heures de relevée, la nommée Madeleine Fortin, veuve Michel, âgée de 64 ans, née à Villedieu (Manche), buandière, demeurant à l'Hôtel-Dieu de Caen, s'en retournait à son domicile, en suivant le Montoir-Poissonnerie. Elle se trouvait vis-à-vis de la venelle Buquet, quand tout-à-coup la voiture publique du sieur Louard, conduite par son fils Édouard, âgé de 17 ans, vint à déboucher de la rue du Vaugueux. Cette voiture était lancée à un trot tellement précipité que la malheureuse veuve Michel n'eut pas le temps de se garer, elle fut atteinte par le collier de l'un des deux chevaux, qui la renversa et lui passa sur le corps, ainsi que les deux roues de la voiture, elle fut relevée sans connaissance, et M. le docteur Esnault, qui arriva sur les lieux presque instantanément, constata que la vie de cette malheureuse était en danger, par suite des graves blessures qu'elle venait de recevoir; il la fit transporter à l'Hôtel-Dieu, où elle est morte vers minuit.  (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1863   -   L’ « Alfred-et-Fanny ».   -   Le lougre français « Alfred-et-Fanny », capitaine Delamare, venant de Caen, sur lest, s'est échoué, dimanche dernier, sur le Lincolnshire Main, près Mablethorp. Il a été renfloué et remorqué à Grimsby, mais il fait de l'eau et a diverses avaries.  ( Le Journal de Honfleur )

 

Mars 1863   -   Une noyade.   -    Mardi, vers une heure de relevée, le nommé Voisard (Alexandre), âgé de 48 ans, capitaine à bord du sloop le « Béranger », en partance dans le bassin de Caen, s'est noyé accidentellement dans les circonstances suivantes :

Il avait déjeuné, dans la matinée de ce jour, avec le sieur Piquet, son armateur. Au moment de rejoindre son bord, il appela son mousse pour venir le chercher avec une barque. A peine y était-il descendu que, s'apercevant que le mousse était ivre, il voulut lui prendre des mains l'aviron, mais le mousse, ayant résisté, une lutte s'engagea par suite de laquelle ils tombèrent tous deux dans le bassin. Les témoins de cette scène accoururent pour les sauver, ils réussirent à retirer presque immédiatement le mousse, mais le capitaine ne fut retiré qu'après un instant, alors que l'asphyxie était déjà presque complète.

M. le docteur Liégard, arrivé immédiatement, lui prodigua en vain tous ses soins, il ne put le rappeler à la vie. Quant au mousse, il en a été quitte pour un bain froid. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1863   -   Vols sacrilèges.   -    Un acte des plus coupables vient de s'accomplir dans deux églises de Caen.

Des personnes malveillantes ont arraché et emporté plusieurs pages du Graduel du lutrin à Saint-Sauveur ; il y a une quinzaine de jours, un pareil délit était commis, sans doute par les mêmes individus, dans l'église de Saint-Julien.

Nous ne comprenons pas trop dans quel but ces actes blâmables ont été accomplis, mais, comme ils constituent un attentat à la propriété et que les dommages qu'ils causent ont une certaine importance, nous croyons devoir éveiller l'attention de la police à ce sujet. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1863   -   Tentative d’évasion.   -   Une tentative d'évasion a eu lieu cette nuit à la prison militaire du Château. Un malfaiteur de la pire espèce, le nommé Palluet, fusilier au 92e de ligne, qui, après s'être évadé de la prison de son régiment à Alençon, s'était fait arrêter dans le département de l'Eure à la suite de nombreux vols qualifiés, avait été écroué à la prison militaire attendant sa mise en jugement pour ces faits devant le 2e Conseil de guerre.

Hers soir, cet homme, que, par mesure de précaution, on avait cru devoir mettre dans une salle occupée par deux autres détenus, a descellé une énorme barre de fer qui soutenait le lit, dont il a brisé les traverses, et, à l'aide de cet instrument, il a essayé de pratiquer une ouverture dans la muraille. Ses efforts, heureusement, échouèrent devant une forte pierre de taille, et n'ayant pu parvenir à desceller les barreaux d’une petite croisée qui donne jour à la cellule, il dut renoncer à son projet d'évasion. Palluet avait commis ces bris de clôture avec tant de précaution que, ni l'attention de la sentinelle, ni celle de l'agent principal de l'établissement n’avait été éveillé, ce n'est que ce matin seulement que ce dernier a constaté la tentative faite par  l'accusé pour se soustraire à l’action de la loi.

Des mesures de sûreté ont été prises au sujet de cet homme qui, à peine âgé de 21 ans, compte déjà cinq condamnations, et qui plusieurs fois a fait entendre des menaces de mort contre ses gardiens. Saltimbanque de profession, Palluet faisait partie de la réserve lorsqu'il a été incorporé au 92e de ligue, où il n'a paru pour ainsi dire que pour dissiper ses effets et s'évader ensuite de la prison. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1863   -   Un suicide.   -   Le 20 de ce mois, le fusilier Peltier (Auguste), du 33e de ligne, ayant disparu de son régiment, avait été signalé à la gendarmerie, qui, dès les premières recherches, apprit qu'un képi, appartenant à un militaire, avait été trouvé sur le bord du canal de Caen à Ouistreham.

On avait donc lieu de supposer que Peltier s'était suicidé. En effet, le corps de cet homme a été trouvé et retiré de l'eau, à cent mètres environ du bassin, le 28, à 9 heures du soir. Cet homme était atteint d'une maladie qu'il croyait incurable, et plusieurs fois il avait manifesté l'intention de se détruire. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1863   -   Un infanticide.   -   Le 21 du courant, dans l'après-midi, au moment de la marée, on aperçut, à l'extrémité du Grand-Cours, un paquet de linge flottant sur la rivière. Ce paquet ayant été retiré de l'eau, on reconnut qu'il renfermait le corps d'un enfant nouveau-né du sexe masculin.

Les recherches faites jusqu'à ce jour pour découvrir l'auteur de ce crime, sont restées infructueuses. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1863   -   Un abandon.   -   Au moment de mettre sous presse, on nous annonce qu'un enfant nouveau-né a été trouvé abandonné dans l'église Saint-Sauveur.

La femme auteur de cet acte coupable aurait, dit-on, été arrêtée. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1863   -   L’éclipse.   -   C'est demain, 17 mai, qu'a lieu l'éclipse de soleil dont nous avons déjà annonce les différentes phases.

On n'a pas oublié que, pour Caen, le phénomène commence à 5 heures 58 minutes, temps de Paris, qui est celui que nous suivons, et qu'il finit à 7 heures 22 minutes.

A 6 heures 42 minutes, l'éclipse aura atteint son plein effet pour nous. L'obscurité n'envahira guère que le quart du disque du soleil, qui, au moment de son coucher, sera complètement dégagé de l'ombre lunaire. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1863   -   Des plaintes.   -    Plusieurs plaintes se sont élevées de la part des habitants du quartier Saint-Gilles au sujet du bruit causé par les tambours du régiment au moment où ils font leur école.

Avant la foire, ces tambours étaient exercés à l'extrémité du Grand-Cours et ne troublaient ainsi personne par leur bruyante harmonie ; aujourd'hui, ils se tiennent sur le bord du Canal ou sur le cours Caffarelli, et l'écho de leurs baguettes se fait entendre avec force non seulement dans la rue Basse, des Chanoines, etc…, mais même à l'Hôtel-Dieu, où la santé des malades peut en souffrir.

Il nous suffit de signaler ce fait à la bienveillance de l'autorité militaire pour espérer que des ordres seront donnés à l'effet de remédier à un inconvénient qui, au point de vue des habitants, a bien son importance. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1863   -   Au feu !   -   Un violent feu de cheminée s'est déclaré mercredi, à 6 heures du soir, rue Guilbert, chez M. Surosne. Ce feu a été éteint après trois heures de travail des sapeurs Seigneurie père, Girard, Moisson, Vidal jeune et Crespin, sous les ordres de M. Guillard, sergent-major.

Cette cheminée était obstruée par la suie, et il a été nécessaire de la défoncer à deux places. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1863   -   Les instituteurs   -   Les instituteurs du Calvados ont reçu leur circulaire, on les invite à prendre part au mouvement, à éclairer les populations, à remplir activement leur devoir de citoyens ou plutôt de fonctionnaires.

Le style est plus calme et meilleur qu'en 1848, mais le principe est le même et tout aussi dangereux. On se demande pourquoi le gouvernement, si sévère d'ordinaire pour les régimes qui l'ont précédé, retombe de gaîté de cœur dans un des errements les plus funestes d'une époque contre les tendances de laquelle il a la prétention de réagir ? (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1863   -   Un mortel accident.   -   Hier, vers midi, la scierie mécanique des Chantiers du Nord, à Caen, dont MM. Luard et Frappart sont directeurs, a été le theatre d'un affreux événement.

Vers midi, le nommé Lebrun (Arsène), âgé de 49 ans, journalier, né et demeurant à Cormelles, travaillait avec deux menuisiers dans l'établissement, lorsque, ayant eu besoin de plusieurs écrous pour sceller une pierre, il eut la funeste pensée de passer sous l'arbre de transmission de la scierie, placé horizontalement à 95 centimètres du sol. Malheureusement il ne se baissa pas assez, et un écrou du manchon de jonction, en marche, accrocha sa blouse.

Celle-ci ayant résisté, cet infortuné fut enlevé, et en moins de deux minutes son corps, que la roue en marche frappait impitoyablement sur le plafond et sur le sol, fut coupé en deux, un bras avait été arraché, et tous les intestins jetés çà et là dans l'atelier.

La mort avait été instantanée, et lorsqu'aux cris poussés par les menuisiers, impuissants à retirer leur ouvrier, on accourut pour arrêter la machine, il ne restait plus qu'à ramasser les lambeaux du corps du malheureux Lebrun. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1863   -   Un accident.   -   Le 4 de ce mois, un accident à peu près semblable était arrivé dans l'usine hydraulique de Gémare, mais il n'avait pas eu un aussi sinistre résultat.

Le sieur Gautier, employé, ayant voulu serrer un boulon, avait eu l'imprudence de procéder à cette opération sans arrêter la machine. Sa clé lui ayant échappé des mains, il chercha à la ramasser, mais, dans ce mouvement, ses doigts furent pris dans un engrenage, le bras suivit et fut broyé.

Après avoir reçu les premiers soins de M. le docteur Maheut, ce malheureux fut transporté à l'Hôtel-Dieu, où il subit l'amputation.

Aujourd'hui, l'état de cet homme ne donne aucun sujet d'inquiétude. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1863   -   Un suicide.   -   Le nommé Legrand (Aimable-Auguste), âgé de 65 ans, journalier, né et demeurant à Caen, venelle Saint-Nicolas, s'est pendu, dimanche soir, au moyen d'une ficelle accrochée à une poutre de sa chambre.

C'est, dit-on, la misère et le manque de travail qui ont poussé ce malheureux à cet acte de désespoir. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1863   -   L’adjudication des herbes.   -   M. le maire de la ville de Caen fait savoir que, le lundi 22 juin courant, à 1 heure de l'après-midi, il procédera, dans une des salles de l'Hôtel-de-Ville, à l'adjudication, aux enchères et à l'extinction des feux, de la récolte des herbes venues sur l'hippodrome de cette ville.

Le cahier des charges, clauses et conditions de cette adjudication, est déposé au secrétariat de la mairie. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1863   -   Les incendies.   -   Un assez violent feu de cheminée s'est déclaré le 11 de ce mois, chez M. Anne, tanneur, rue Ecuyère, nº 32. Ce feu a été éteint après une demi-heure de travail du caporal Touchard, aidé de voisins.

-        Dimanche dernier, au moment où la procession de Saint-Jean entrait dans la rue des Carmélites, un commencement d'incendie s'est manifesté à un reposoir placé sous l'entrée de la maison de MM. Gost et Morin, négociants, rue Saint-Jean, n° 247.

Ce feu a été occasionné par un coup de vent qui, venant de la cour, a poussé la tenture placée derrière l'autel sur les bougies allumées. Cette tenture, ainsi que la garniture d'autel et les draps qui formaient l'entourage, ont été en partie brûlés, mais aucun des objets précieux placés sur l'autel n'a été endommagé.

L'ordre a été rétabli si promptement que la procession a pu s'arrêter à ce reposoir et y donner la bénédiction du Saint-Sacrement. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1863   -   Une chute.   -   Hier mercredi, vers cinq heures du soir, le nommé Lacosse (Gaspard), âgé de 15 ans, demeurant chez ses parents, rue de Vaucelles, était monté dans un des arbres du cours Cafarelly pour dénicher un nid, tout à coup, la branche sur laquelle il était monté s'est rompue, et, dans sa chute, ce malheureux jeune homme s'est fracturé les deux jambes. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1863   -   La méchanceté.   -   Le nommé Aujean (Pierre-Alexandre), âgé de 58 ans, menuisier, demeurant à Caen, rue Bicoquet, nº 58, se trouvant légèrement pris de boisson, passait mercredi dernier dans la rue Calibourg, vers deux heures du soir, lorsque tout-à-coup plusieurs jeunes gens crièrent après lui; il se retourna pour leur adresser des reproches; mais, au même moment, l'un d'eux lui jeta de la poussière de chaux dans les yeux, lui occasionnant ainsi une affreuse douleur. La victime de cet acte incroyable de méchanceté se rendit à l'hospice de l'Hôtel-Dieu, où il fut pansé. Malheureusement l'action de la chaux a été telle qu'il y a lien de croire que le sieur Aujean perdra l'œil droit.

Le même jour, la police a arrêté un nommé Costel (Aimé-Georges), âgé de 17 ans, journalier, né et demeurant à Caen, rue des Teinturiers, nº 23, soupçonné d'être l'auteur du délit. Ce jeune homme, pressé de questions, se reconnut coupable en effet le lendemain, s'excusant sur ce que le nommé Aujean, qu'il ne connaissait pas, l'avait injurié. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1863   -   Avis.   -   On annonce que l'administration des tabacs vient de prendre une mesure qui sera approuvée par les consommateurs. Les débits de tabac pourront dorénavant livrer au public des paquets de tabac à fumer de 100 grammes (1 fr.) Jusqu'à présent, les moindres paquets étaient de 200 grammes (2 fr.) (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1863   -   Avis.   -   MM. les éleveurs sont prévenus que M. l'inspecteur général des haras visitera les étalons approuvés et autorisés et ceux qui lui seront présentés pour des approbations et autorisations nouvelles, savoir :

A Vire, le 23 septembre, à 8 heures du matin.

A Bayeux, le 4 novembre, à onze heures du matin, près de l'établissement de M. Lesénécal.

A Caen, le 5 novembre, à midi. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1863   -   Le temps qu’il fait.   -   Nous jouissons depuis quelques jours d'une température des plus élevées. Hier lundi, la plus haute température à l'ombre a été de 28 degrés centigrades ; le soir, à 8 heures, elle était de 23 degrés.

Aujourd'hui mardi, à midi, elle est de 23 degrés 5/10es. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1863   -   Deux accidents.   -   Deux accidents ont marqué la journée de samedi à Caen. Un matelot, nommé John Daley, du navire anglais le « Jupiter », est tombé du haut du mât de beaupré dans le bassin, où il s'est noyé, malgré les efforts de ses camarades pour le sauver.

Le lendemain dimanche, les obsèques de cet infortuné ont eu lieu au milieu d'un assez grand concours de personnes. Le cercueil qui renfermait les restes mortels de John Daley était recouvert du pavillon anglais.

L'autre accident est la chute dans le même bassin du jeune mousse de la « Marie-Adèle », nommé Lecheviel, qui a pu heureusement être sauvé, grâce au dévouement d'un sieur Louis Michel, domicilié rue Sainte-Paix, qui s'était courageusement jeté à l'eau à cet effet. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1863   -   Un accident.   -   Hier, vers cinq heures du soir, le nommé Pigon (Germain), terrassier, âgé de 45 ans, demeurant à Caen, rue Saint-Jean, nº 177, travaillait avec ses camarades au terrassement d'une maison que fait construire M. Fontaine, rue de l'Impératrice, lorsqu'il a été surpris par un éboulement de terre qui l'a entièrement recouvert.

Ses camarades accoururent immédiatement et furent assez heureux pour le dégager, mais, dans cette circonstance, l'ouvrier terrassier s'était fait une légère entorse au pied gauche et quelques excoriations à la figure et à la main gauche. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1863   -   La reddition de Mexico.   -    Dimanche dernier, vers une heure de l'après-midi, la reddition de Mexico a été annoncée aux habitants de Caen par une salve de 21 coups de canon, tirée sur l'une des plate formes du Château.

Dès le matin, les édifices publics et une grande partie des maisons d'habitation étaient pavoisés, le soir, on avait illuminé la préfecture, les casernes, etc... A l'occasion de cet heureux événement, toutes les punitions disciplinaires ont été levées dans la garnison par l'honorable commandant de la subdivision, et l'appel du soir a été retardé d'une heure. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1863   -   La Revue.   -   M. Teinturier, intendant militaire, est arrivé dimanche soir à Caen, pour procéder à la revue administrative des corps de troupe en garnison dans notre ville.

Le lendemain lundi, à sept heures du matin à et une heure de l'après-midi, M. l'intendant a commencé ses opérations par la revue d'effectif et de détail du 33e régiment d'infanterie.

Ce matin, à 6 heures et demie, ce haut fonctionnaire militaire a passé la revue de la 1re compagnie de cavaliers de remonte. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1863   -   2e Conseil de guerre séant à Caen.   -    Dans sa séance de samedi dernier, le 2e Conseil de guerre, séant à Caen, réuni sous la présidence de M. le lieutenant-colonel Potié, chef de la 4e légion de gendarmerie, a prononcé les jugements suivants :

-       1º Le nommé Leclerc, fusilier au 33e de ligne, déclaré coupable d'avoir volontairement brisé son fusil, a été condamné à la peine de six mois de prison.

-       2º Le nommé Lemaure, soldat de 1re  classe à la 1re  compagnie de cavaliers de remonte, a été condamné à la même peine pour avoir volontairement brisé le fusil appartenant à l'État, qui était confié pour le service à un autre militaire. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1863   -   Des militaire aux champs.   -    Le ministre de la guerre a décidé que cette année, comme les années précédentes, des militaires seraient mis à la disposition des cultivateurs qui en auraient besoin pour les travaux des champs, à défaut d'un nombre suffisant d'ouvriers civils. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1863   -   Attention aux pots de fleur.   -   Hier, vers cinq heures, deux personnes, demeurant rue Saint-Pierre, ont fait tomber, en se penchant à leur croisée située au 2e étage, un pot de fleur qui est venu se briser sur la tête d'une femme.

Cette chute, qui aurait pu tuer la victime, n'a eu heureusement pour résultat qu'une blessure sans gravité.

A cette occasion, nous croyons devoir rappeler que les règlements de police interdisent formellement de laisser aucun objet sur les fenêtres, à moins qu'ils ne soient retenus de manière à offrir toute sécurité pour les passants. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1863   -   Une décision impériale, en date du 2 de ce mois.   -    Appelle à l'activité la première portion du contingent affecté, sur la classe de 1862, au recrutement des armées de terre et de mer. La mise en route des jeunes soldats doit avoir lieu du 20 au 25 août prochain, de manière qu'ils soient arrivés le 1er septembre dans les dépôts des corps auxquels ils ont été assignés.

Quant aux hommes de la deuxième portion du même contingent, ils devront, suivant l'usage, être réunis dans les dépôts d'instruction pendant les mois d'octobre, de novembre et de décembre, et leur mise en route sera réglée de manière qu'ils soient arrivés le jour fixé par leur ordre de route, savoir :

Ceux désignés pour l'infanterie et le génie, à Caen.

Ceux appartenant à la cavalerie et aux équipages militaires, à Rouen.

Enfin, ceux affectés à l'artillerie, à Vincennes.

Continueront, toutefois, à être dispensés de se rendre aux dépôts d'instruction les jeunes soldats qui résident en Algérie et ceux qui ont déjà servi à titre d'engagés volontaires pour deux ans.

MM. les maires vont recevoir des ordres de route pour les notifier aux jeunes soldats appartenant à l'une et à l'autre des portions ci-dessus désignées du contingent. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1863   -   Poissonnerie de Caen.   -    Les mareyeurs et pêcheurs qui approvisionnent notre poissonnerie ont adressé à l'administration municipale une réclamation à l'effet d'obtenir une halle couverte pour la vente en gros du poisson. Ils se plaignent, non sans raison, que le mode de vente actuel, c'est-à-dire en plein air, leur cause un préjudice notable, en effet, pendant que le vendeur circule autour des tables pour adjuger les lots, le poisson exposé en plein sud, à l'ardeur d'un soleil torréfiant, ne tarde pas à se corrompre au point de ne pouvoir être livré à la consommation.

Désirant tout à la fois faire droit à la juste réclamation des mareyeurs et assurer d'une manière plus directe le service de la salubrité, l'administration vient de faire établir provisoirement, au-dessus des tables sur lesquelles se fait la vente à la criée, une bâche goudronnée qui les garantira contre l'action du soleil.

Cette installation provisoire ne durera que le temps nécessaire à la réalisation d'un projet de construction définitive qui doit prochainement s'élever sur le planitre situé à l'extrémité Est de la poissonnerie. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1863   -   A l'honneur.   -   Mercredi dernier, M. de Foucault fils, rue des Quais, n° 32, était occupé à charger des cartouches pour un fusil, système Faucheux. Au moment ou il enfonçait la bourre à l'aide d'un maillet, l'air renfermé au fond de la matrice dans laquelle se place la cartouche, s'est enflammé par la compression et a mis le feu à la poudre.

L'explosion qui s'est produite a été si violente que M. de Foucault a eu le petit doigt et un os de la main brisé, et qu'un débris de la matrice a été lancé de l'autre côté du boulevard et a cassé un carreau d'une maison de la rue Saint-Malo.

Cet accident, qui pourrait se renouveler très fréquemment, doit servir de leçon à ceux qui chargent eux-mêmes leurs cartouches, et les engager à redoubler de précautions.

M. de Foucault va aussi bien que le comporte sa position, et on espère qu'il pourra conserver son doigt. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1863   -   Lavoirs et Bains publics.   -   Déjà nous avons vu fonctionner la machine à vapeur et les pompes destinées à alimenter les bassins de lavage du magnifique établissement conçu par MM. Auvray, architecte, et Lepainteur, ingénieur hydraulique de notre ville, qui est destiné, comme tout le monde le sait, à remplacer si utilement et si avantageusement les bateaux-lavoirs supprimés par suite de la couverture de la rigole alimentaire. Nous consacrerons dans quelques jours un sérieux examen à ces lavoirs et bains, dont on peut hardiment prédire la complète réussite. Aujourd'hui nous voulons simplement remercier l'administration municipale d'en avoir doté la ville de Caen.

Avant-hier le public s'arrêtait sur le Cours circulaire et pouvait se rendre compte du volume considérable des eaux données par les pompes et mises à la disposition des lessivières. Cette quantité ne s'élève pas à moins, au minimum, de quinze mille litres par heure. Les personnes qui ont vu marcher la machine à vapeur, dont la construction est due à M. Le Banneur et Petau, de Paris, ont pu se rendre compte des soins avec lesquels elle a été établie et avec quelle régularité elle fonctionne.

Ainsi que nous l'avons dit, nous apprécierons dans tous leurs détails les services de ce vaste établissement, en faisant connaître les sérieux avantages que la population est en droit d'attendre de lui. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1863   -   Le temps qu'il fait.   -   Le thermomètre de M. de Raveton, opticien, place Saint-Pierre, marquait: Hier vendredi, à 10 heures du matin, au soleil, 24° ½ ; à 3 heures du soir, à l'ombre, 26º 12, et, à 8 heures du soir, 25°. Aujourd'hui samedi, à 11 heures 1/2, à l'ombre, 29°1/2 . (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1863   -   Découverte d’un squelette.   -   Nous avons parlé, dans notre dernier numéro, de la découverte d'un squelette dans l'ancien quartier de la Foire. Il est certain aujourd'hui que ce squelette est celui d'une jeune femme, agée de 18 à 25 ans, dont la mort ne remonterait pas à plus de 12 ans. Cette mystérieuse affaire donne lieu à mille suppositions, au milieu desquelles il est assez difficile de discerner la plus vraisemblable.

Pourtant, la version la plus accréditée est qu'un crime a été commis, et, ce qui semblerait la confirmer, c'est que la justice, nous assure-t-on, se livre à une enquête sérieuse à ce sujet. II y a donc lieu d'espérer que la vérité ne saurait tarder à se produire. D'ici là, il est prudent, croyons-nous, de s'abstenir de commentaires auxquels l'imagination se prête trop facilement dans ces sortes de circonstances. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1863   -   Un feu de cheminée.   -   Un violent feu de cheminée s'est déclaré mardi, vers 11 heures du matin, chez M. Cassé, horloger, place Saint-Pierre.

Ce feu a été éteint par les sapeurs pompiers Leguillard, sergent-major ; Soude, sergent ; Draust, caporal-fourrier ; Christian ; Miray ; Lefèvre et Malon, sous les ordres du sous-lieutenant Letimonnier. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1863   -   L’imprudence des parents.   -   Que de fois déjà ne nous sommes-nous pas élevés contre l'imprudence des parents qui laissent des allumettes chimiques à la portée des enfants ! Hier matin, la maison sise rue de Bayeux, nº 82. a failli devenir le théâtre du plus funeste événement.

Une femme, demeurant dans cette maison, ayant été obligée de s'absenter, laissa seuls dans sa chambre trois enfants, dont le plus âgé avait cinq ans, les deux autres étaient encore au berceau. A peine était-elle sortie, que l'aîné des enfants s'empara de quelques allumettes qu'il se mit à frotter contre le mur. Bientôt la flamme, occasionnée par le frottement se communiqua aux rideaux du lit, et gagna rapidement les couvertures et les draps. C'en était fait des enfants, si un voisin, dont l'attention fut attirée par la fumée, ne se fût précipité dans la chambre en enfonçant la porte, et n'eût enlevé à une mort certaine les trois malheureux enfants.

Pendant ce temps, une autre personne, qui était accourue, parvenait à éteindre le feu en se faisant d'assez graves brûlures aux mains. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1863   -   La fête du 15 Août.   -   La fête du 15 août a été marquée, au 33e de ligne, par un fâcheux événement.

Vers onze heures du soir, un caporal de voltigeurs, le nommé Gaillard, qui n'avait pas su résister aux libations dont le banquet de la journée avait été l'occasion, est tombé du 2e étage, la tête la première, dans la cour de la caserne de Vaucelles, en voulant jeter par la croisée une gamelle d'eau.

Ce malheureux a été relevé et transporté presqu'aussitôt à l'hôpital dans un état désespéré. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1863  -  L’école primaire.  -   La situation du service de l'instruction primaire, dans le Calvados, devient de plus en plus satisfaisante.

Le rapport annuel de M. l'Inspecteur d'Académie constate qu'il n'y a plus, dans le département, que 16 communes sur 767 qui ne possèdent pas d'écoles ou ne se trouvent pas réunies à d'autres communes ayant des établissements scolaires. 22 constructions et 14 appropriations sont venues diminuer, en 1862, le nombre des maisons signalées comme ne  convenant pas à leur destination. On compte, en outre, 8 maisons d'école en voie de construction, et M. l'Inspecteur porte à 72 le nombre des projets en instruction, sur lesquels 14 sont approuvés.

Le nombre des enfants de 7 à 13 ans qui ne fréquentent aucune école et ne reçoivent aucune instruction dans la maison paternelle a diminué de 120.

Celui des classes d'adultes et des classes d'apprentis est resté stationnaire, on comptait, en 1861, 27 classes d'adultes et 11 classes d'apprentis, en 1862, il y avait 30 établissements de la première catégorie et 8 seulement de la seconde, mais le nombre des élèves a augmenté de 43.

Sur 300 écoles mixtes, le nombre de celles dont la direction est confiée à des instituteurs célibataires ou veufs a pu être duit à 34.

On signale aussi une augmentation de 2 936 dans le nombre des jeunes filles qui sont exercées aux travaux à l'aiguille.

 

Août 1863   -   Nous lisons.   -  M. le ministre de la maison de l'Empereur et des beaux-arts vient d’accorder, pour l'Hotel-de-Ville de Caen, les portraits en pied de l'Empereur et de l'Impératrice, d'après M. Winterhalter, et au Musée de Caen un tableau de M. Lanoue, représentant les Lavoirs d'Albano. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1863   -   La monomanie du suicide .  -   Samedi dernier, un individu, qui semble atteint de la monomanie du suicide, le sieur X, cafetier rue Saint-Jean, s'est jeté du 2e  étage dans la rue. Relevé aussitôt par des passants que cette chute avait passablement effrayés, le sieur X, qui ne paraissait avoir que quelques contusions, a pu marcher et rentrer chez lui.

Il y a quelque temps, cet individu avait déjà attenté à ses jours en se jetant à l'eau, puis, plus tard, en se portant des coups de rasoir qui avaient nécessité son envoi à l'hôpital.

Ces diverses tentatives n'ont pu le guérir de sa funeste résolution, et si, samedi, il a encore échoué, c'est que sa chute a été amortie par les fils télégraphiques qu'il a rencontrés dans l'espace, et dont l'un a même ainsi été brisé. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1863   -   Conseil général du Calvados.  -   Prestations en nature.

     La journée d'homme pour les arrondissements de Caen, Falaise, Lisieux, Pont-l'Evêque et Bayeux, moins le canton de Caumont, est fixée à 1 fr. 25 c.

     Pour l'arrondissement de Vire et le canton de Caumont, à 1 fr.

     La journée de cheval, à 1 fr. 25 c.

     Celle de bœuf, à 1 fr.

     Celle d'âne, à 50 c.

     Celle de voiture, à 1 fr. 50 c.

Le Conseil prie M. le préfet de vouloir bien prendre toutes les mesures qu'il jugera nécessaires pour parvenir dans le département, à la conversion en tache de la prestation en nature. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1863   -   Découverte macabre.  -   Hier matin, on a repêché dans l'Orne, entre le pont de Vaucelles et celui du chemin de fer, le cadavre d'un individu qui n'a pas tardé à être reconnu pour le nommé Lahaye, journalier, âgé de 50 ans, demeurant à Condé-sur-Noireau.

Il résulte des renseignements que nous nous sommes procurés, que Lahaye avait quitté Condé, en compagnie d'un sieur Bacon, pour se rendre à Caen, où l'appelaient des affaires de famille. Arrivé en ville, à 3 heures du matin environ, le nommé Bacon quitta son compagnon sur la place des Casernes, près du pont de Vaucelles, et Lahaye continua sa route en suivant le cours de l'eau.

On présume que cet homme, qui semblait être en état d'ivresse, sera tombé en voulant s'appuyer sur la partie de parapet qui, de ce côté, borde la rivière. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1863   -   Le Lycée.     -    Le lycée de Caen vient d'avoir quatre élèves reçus à l'École polytechnique, dont deux, MM. Boissière et Sorel, appartenaient au cours de l'année précédente. Les deux autres, MM. Aubry de la Noé et Mortagne, avaient suivi le cours de cette année.

Le même établissement compte, en ce moment, cinquante-cinq élèves nouveaux, parmi lesquels pas un seul boursier. C'est un résultat très remarquable, quand on songe que les départements voisins ont tous des lycées, où le prix de pension est même notablement moins élevé que dans celui de Caen. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1863   -   Les constructions.     -   Par suite des constructions en cours d'exécution sur l'ancien quartier de la Foire, des pierres d'une énorme dimension sont disséminées sur la voie publique et même jusque sur les trottoirs de la rue qui longe la nouvelle caserne de gendarmerie, dont l'accès est inabordable du côté du théâtre.

Il est de notre devoir de signaler à qui de droit ce regrettable état de choses, qui, d'ailleurs, est une infraction au règlement de simple police. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1863   -   Les lignes télégraphiques.     -   On place en ce moment, entre Condé et Flers, des poteaux télégraphiques pour relier ces deux villes, distantes seulement de onze kilomètres.

Jusqu'à ce jour, Caen correspondait avec Domfront par Argentan, et la ligne de Caen à Condé s'éloignait de cette dernière ville pour se diriger sur Vire. Dans peu de jours, le télégraphe sera installé par la voie normale, c'est-à-dire par la route impériale de Caen à Domfront, traversant Harcourt, Condé et Flers. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1863   -   A propos de l'église Saint-Gilles.    -    Une question assez importante qui intéresse toute une partie de notre population vient d'être soulevée à Caen à propos de l'église Saint-Gilles. On sait que l'état de dégradation dans lequel se trouve cette église est depuis quelque temps une cause de crainte pour les fidèles de la paroisse.

Tout récemment des plaintes se sont élevées et des réclamations se sont fait entendre dans le but surtout de faire transporter le siége paroissial au sein de l'église Sainte-Trinité. Ces réclamations, ayant été portées devant l'autorité municipale, ont provoqué un examen attentif des lieux, et de cet examen il est résulte pour MM. les experts la conviction qu'il était urgent de réparer l'édifice. Mais, attendu que les travaux de réparation à exécuter seraient nécessairement fort long, qu'ils nécessiteraient une dépense assez élevée, et que, d'un autre côté, il était question d'affecter au service de la paroisse l'église Sainte-Trinité, on concluait qu'il y avait lieu de transférer immédiatement le culte dans ce dernier édifice, et, conséquemment, de fermer l'ancienne église.

Cependant une simple expertise ne suffisait pas pour autoriser l'adoption de la mesure proposée, et, seule, l'autorité ecclésiastique était compétente pour décider sur son opportunité. Les renseignements qui nous parviennent à ce sujet nous apprennent, en effet, que Mgr l'évêque de Bayeux, auquel la question aurait été soumise, s'est prononcé dans ce sens, toutefois, Sa Grandeur a décidé que, provisoirement, et pour concilier les choses, le chœur de l'église Saint-Gilles, qui présente quelque danger pour les fidèles, leur serait interdit, et que le service religieux serait célébré dans la nef. Dès dimanche dernier, les mesures avaient été prises en exécution de ces prescriptions.

Voilà où en est aujourd'hui la question, dans laquelle nous ne croyons pas devoir intervenir autrement qu'en racontant ce qui précède. Cependant, il est un point sur lequel nous devons nous arrêter.

L'église Saint-Gilles, dans les conditions où elle se trouve en ce moment, est assurément trop petite pour contenir le nombre de ses paroissiens, et si, comme on le dit, la basilique de la reine Mathilde doit la remplacer un jour, il serait à désirer que ce fut dans un avenir très prochain. Mais ici s'élève une difficulté. On sait que la chapelle des dames religieuses de l'Hôtel-Dieu se trouve précisément dans cette église, or, il nous paraît difficile de concilier les intérêts de la paroisse et ceux de l'hospice, si surtout on veut se borner, ainsi qu'on l'assure, à séparer l'édifice en deux parties, dont l'une, comprenant le chœur et les deux chapelles gothiques, serait affectée aux religieuses, et l'autre, ne comportant que la nef et les bas-côtés, serait laissée à la paroisse Saint-Gilles.

Non seulement l'exécution d'un semblable projet serait regrettable au point de vue de l'art, puisqu'elle priverait du remarquable coup-d'œil qu'offre l'ensemble du monument, mais elle serait encore une occasion de trouble réciproque dans la célébration des cérémonies du culte, car on n'ignore pas que les religieuses ont des offices particuliers aux différentes heures de la journée.

Il serait donc nécessaire de construire pour l'hospice une chapelle spéciale dans l'intérieur même de l'établissement, et nous croyons savoir que déjà un projet a été élaboré à cet effet.

Nous tiendrons nos lecteurs au courant de cette question, dans laquelle, nous en sommes persuadé, l'administration municipale fera tout ce qui dépendra d'elle pour concilier les intérêts des uns et des autres. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1863   -   Nouveau frein pour les voitures.     -    Tout le monde connaît le frein, dit simplement mécanique, au moyen du quelle ou de laquelle on enraye les voitures.

Ce système, précieux en lui-même et qui a remplacé si avantageusement l'ancien sabot en fer, a pourtant encore un grave et ennuyeux inconvénient, celui de mettre très  fréquemment le conducteur de la voiture dans la nécessité souvent de déboucler le tablier et, à chaque fois, d'employer une de ses mains, à tourner et détourner la manivelle, au grand risque de ne plus aussi bien alors soutenir, diriger ou contenir ses chevaux. Eh bien ! grâce à une modification des plus simples dans l'ancien système, cet inconvénient va disparaître, du moins pour les voitures légères, soit à deux, soit à quatre roues.

En effet, ces jours derniers, on a pu voir, à Caen, une voiture américaine où le frein fonctionne parfaitement, sans dérangement ni efforts du conducteur, qui n'a besoin que d'appuyer le pied, ou sur la palette du levier, ou sur un ressort, pour faire que la voiture soit enrayée ou cesse de l'être.

L'inventeur, M. Théophile Garnier, de Saint-Lô, homme actif et d'initiative, a pris, nous a-t-on dit, un brevet de perfectionnement, et par suite il venait se mettre en rapport avec nos carrossiers, qui sont trop habiles gens pour ne pas nous faire apprécier prochainement les avantages de ce nouveau système. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1863   -   Un invention.     -    On vient d'imaginer un appareil aussi simple qu'utile pour préserver les ouvriers égoutiers et ceux qui travaillent dans des endroits malsains contre les dangers de l'asphyxie. Ce sont deux tuyaux de caoutchouc, dont une des extrémités est au dehors dans l'air libre, dont l'autre se place dans la bouche de l'ouvrier. Par un simple jeu de la langue, on aspire, on expectore successivement avec une grande facilité.

M. Galibert, l'auteur de l'appareil, a fait lui-même l'expérience de son procédé devant une commission nommée par M. le préfet de la Seine, et cette expérience a obtenu un succès complet. M. le général Morin a parlé dans les meilleurs termes de cette invention. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1863   -   Démolition du Chœur de l’église St-Gilles.     -    Pour faire suite à notre article du 20 du courant, au sujet de l'église Saint-Gilles, nous croyons utile de porter à la connaissance de nos lecteurs un arrêté que vient de prendre M. le maire de Caen, et qui est conçu en ces termes :

Le maire de la ville de Caen, officier de la Légion-d'Honneur.

-       Vu la lettre par laquelle M. le trésorier de la fabrique de la paroisse Saint-Gilles signale les dangers que présente, au point de vue de la sécurité publique, l'édifice consacré au culte pour cette paroisse, notamment dans la partie du chœur.

-       Vu le rapport par lequel M. l'architecte de la ville déclare qu'il lui paraît impossible, sans danger pour la sûreté publique, de conserver plus longtemps le chœur de l'église Saint-Gilles.

-       Vu la lettre par laquelle Mgr l'évêque de Bayeux informe M. le maire de Caen qu'en présence des faits qui lui étaient signalés, il a prescrit à M. le curé de Saint-Gilles de célébrer le service divin dans la nef de l'église, complètement en dehors de la partie du chœur.

-        Considérant, dès lors, qu'en présence d'un état de choses qui compromet si gravement la sécurité publique et qui fait peser une si grande responsabilité sur l'administration municipale, il est urgent d'ordonner la démolition immédiate du chœur de l'église Saint-Gilles.

Arrête :

Art. 1er.  -  Le chœur de l'église Saint-Gilles sera immédiatement démoli pour cause de sûreté publique.

Art. 2.  -  M. l'architecte de la ville est chargé de l'exécution du présent arrêté.

A l'Hotel-de-Ville, le 22 octobre 1863.

         Signé : BERTRAND. D

 

Nous croyons savoir que les travaux de démolition commenceront dès lundi prochain. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1863   -   Un jeu dangereux.     -   Parmi les jeux auxquels les enfants se livrent sur la voie publique, il en est un qui n'est pas sans danger pour les passants, nous voulons parler du jeu dit de la toupie. Il n'est pas de carrefours, de trottoirs, de coins de rue, où on ne rencontre des enfants s'exerçant à ce jeu, et il arrive fréquemment qu'une main ou qu'une ficelle mal assurée lance la toupie dans les vitres d'une boutique, ou, ce qui est pire, à la tête des passants.

Dimanche dernier, dans la rue Graindorge, une dame a été ainsi atteinte au front par un des instruments de ce jeu, qui lui a occasionné une douloureuse contusion.

Il serait bon de prendre des mesures de police pour prévenir de semblables accidents. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1863   -   Un accident.     -   Dimanche soir, un fâcheux accident est arrivé rue du Montoir-Poissonnerie. Un jeune homme de 20 ans, nommé Jacques Mézaize, garçon boucher, voulant passer par la fenêtre de sa chambre pour gagner l'escalier, est tombé d'une hauteur de 10 mètres.  La mort a été instantanée. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1863   -   Un suicide.     -   La journée de dimanche a encore été marquée à Caen par un triste événement.

Un nommé Binet, journalier, a tenté de se suicider en se frappant de deux coups de couteau dans la poitrine, qui, heureusement, n'ont occasionné que des blessures sans gravité.

On attribue cet acte de désespoir de la part du nommé Binet, au chagrin de se voir abandonné par sa femme. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1863   -   Les journaux de Paris publient la note suivante.     -   On sait qu'un décret du 4 septembre dernier affecte une partie des fonds destinés aux constructions de maisons d'école à l'ameublement du logement personnel des instituteurs et des institutrices, sous la condition que les communes contribueront pour une moitié à l'acquisition de ce mobilier, qui sera leur propriété.

Le ministre de l'instruction publique a décidé, en conséquence, que tout projet de construction soumis à son approbation devra, à dater du 1er janvier prochain, comprendre cette dépense évaluée à 600 fr., et au moyen de laquelle les objets suivants seront achetés :

-       2 lits, 2 tables de nuit, 8 chaises, 2 tables rondes, une commode, une armoire, le tout en noyer ciré.

-       2 toiles à paillasse, 4 matelas, 2 traversins, 2 oreillers,

2 couvertures en laine, 2 couvertures en coton.

-       1 table de cuisine et 4 chaises de cuisine en bois blanc,

1 marmite en fonte, 3 casseroles, un seau.

Toutefois, l'acquisition d'un mobilier devra être faite, dès à présent, dans les communes où la direction de l'école serait confiée à un instituteur ou à une institutrice qui débuterait dans son emploi.

Les localités où il n'y a pas de mutation d'instituteur ou d'institutrice recevront également la subvention de 300 fr., dès qu'elles se décideront à acquérir le mobilier à l'usage personnel du maître ou de la maîtresse. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1863   -   L’hiver arrive.   -   Une violente bourrasque, qui s'est élevée dans la nuit de dimanche à lundi, est venue pour ainsi dire marquer à Caen un changement notable dans la température. Après les pluies abondantes qui sont tombées depuis quelques jours dans notre pays, hier le temps s'est subitement mis au froid, et tout annonce que nous sommes décidément entrés dans la saison d'hiver. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1863   -   Par une circulaire en date du 19 octobre.     -   M. le préfet du Calvados rappelle à MM. les sous-préfets, les maires, les commissaires de police et les commandants de gendarmerie, que les règlements en vigueur dans le département rendent obligatoire l'éclairage de toutes les voitures, sans exception, marchant la nuit, et il invite ces fonctionnaires à prendre des dispositions pour que les règlements à ce sujet reçoivent une nouvelle publicité, et pour que, s'il y a lieu, des procès-verbaux soient dressés contre les voituriers qui refuseraient de s'y conformer. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1863   -   Une véritable tempête.     -   Dans la soirée d'hier, nous avons essuyé, à Caen, une véritable tempête. La pluie qui, dans la journée, était tombée abondamment, a recommencé avec une violence qu'augmentait encore un fort vent de sud-ouest qui soufflait en tempête. A six heures et demie, un coup de tonnerre s'est fait entendre, et on a pu craindre un instant les suites de cet orage. Cependant, à part quelques tuiles ou ardoises enlevées des toitures, nous n'avons heureusement aucun accident à signaler. (l’Ordre et la Liberté) (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1863   -   Un incendie.     -   Ce matin, vers quatre heures et demie, le feu s'est déclaré dans la boutique de M. Fortin, passementier, située rue Saint-Sauveur.

Les « cris au feu ! » avaient jeté l'émoi dans le quartier, et les voisins qui accoururent organisèrent les premiers secours. De son côté, un détachement de notre excellente compagnie de pompiers, sous les ordres d'un de ses lieutenants, M. Lechangeur, arriva avec un empressement digne d'éloges, et, grâce à son intelligent concours, le feu a été rapidement éteint.

Nous ne connaissons pas la valeur des pertes causées par ce sinistre, mais beaucoup de marchandises ont été perdues ou avariées.

Les époux Fortin, qui couchaient au 2e étage de la maison, ont été réveillés par la fumée qui avait envahi leur appartement, et telle était la frayeur causée par ce commencement d'incendie à la dame Fortin, que cette malheureuse femme, qui venait récemment d'accoucher, se trouve aujourd'hui dans un triste état de santé. On dit que les marchandises étaient assurées. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1863   -   Un accident.   -   Vendredi, un nommé Renard, âgé de 33 ans, ouvrier serrurier chez M. Marie, rue de Bayeux, travaillait sur la maison en construction de M. Boivin, place de l'Ancienne-Comédie. Il est tombé d'une hauteur de 12 mètres à travers les solives des planchers, et s'est fracturé la cuisse gauche à deux endroits.

M. le docteur Roulland, appelé à lui donner les premiers soins, a déclaré que, quant à présent, l'état du blessé ne présentait pas de danger sérieux. Il a été aussitôt transporté à l'Hôtel-Dieu. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1863   -   Une tempête.   -   Hier, une tempête, dont nous ne connaissons pas encore toutes les suites, a éclaté, vers dix heures et demie, et s'est prolongée jusqu'à trois heures environ. L'impétuosité du vent était telle que les tuiles, les ardoises des toitures volaient en éclats, et que des cheminées ont été enlevées et lancées avec violence sur la voie publique.

Dans plusieurs endroits, le sol était jonché de débris, plusieurs arbres, notamment sur la place de la Préfecture et sur le bord de la rivière d'Orne, ont été déracinés. Une immense cheminée en tôle, de la scierie de M. Langlois, a été abattue. Dans les divers chantiers de bois situés sur les quais, les planches et les madriers en sapin qui s'y trouvent empilés étaient enlevés et jetés à une assez grande dištance, les eaux du bassin et du canal, ordinairement si paisibles, étaient soulevées avec fureur et formaient des vagues assez fortes.

Dieu veuille que nos populations maritimes n'aient point eu à souffrir de cette tempête, et que nous n'ayons point à enregistrer de nouveaux malheurs !

La liste des sinistres qui sont venus cette année désoler nos côtes est déjà si longue et si lamentable ! (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1863   -   Le mauvais temps.   -   Depuis hier soir, la pluie n'a cessé de tomber avec la plus grande violence, il semble que l'état de l'atmosphère veuille donner raison aux prédictions de M. Mathieu (de la Drome), qui s'exprime ainsi dans ses almanachs : Le mois de décembre est à redouter, ainsi que le commencement de janvier 1864.

Du 1er au 20 décembre, il tombera de grandes quantités d'eau sous forme de neige ou de pluie. On doit s'attendre à de violents ouragans, particulièrement du 1er au 9, plus particulièrement encore vers le 5 ou le 6.

De nouvelles bourrasques et de nouvelles chutes d'eau arriveront vers la fin de décembre. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1863   -   Un accident.   -   Vendredi dernier, un sieur Gaugain, âgé de 18 ans, bannelier, rue du Milieu, 24, était monté dans sa voiture qu'il conduisait au trot, arrivé à l'embranchement du chemin de Cormelles, il est tombé la tête la première et la roue lui est passée sur le corps. Relevé aussitôt et transporté à son domicile, il a bientôt rendu le dernier soupir. M. le docteur Le Provost, appelé en toute hâte, n'a pu que constater la mort. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1863   -   Tribunal correctionnel de Caen.   -   Présidence de  M. Lentaigne, vice-président, M. O. Lanfran de Panthou, subsitut de M. le procureur impérial, occupant le siége du ministère public.

Audience du samedi 12 décembre 1863.

Affaire Adélaïde Roger, femme Belissant, est accusée d'avoir soustrait, le 3 octobre dernier, à Caen, au préjudice d'une dame Morin, plusieurs chemises, 6 bonnets de femme, un col brodé, des manches blanches, etc... La femme Belissant est née à Bayeux, elle a 52 ans ; elle a, depuis le mois de mars 1854, subi déjà deux condamnations prononcées par le tribunal de sa ville natale. Elle nie le vol dont on l'accuse et dont les objets ont été vendus par elle à une dame Moulin. Elle dit que c'est une femme Chauvin qui les lui a donnés pour les vendre. Mais on conçoit que cette femme Chauvin n'a pu être retrouvée, quoiqu'on ait donné à l'inculpée les moyens de la rechercher.

Du reste, elle avait donné 5 fr. à la dame Morin, à titre d'acompte sur la valeur du vol, c'était presque un aveu.

Son défenseur a dit qu'il n'y avait contre elle aucune preuve certaine. Il a démontré la misère de la famille Belissant, qui est composée de quatre enfants et dénuée des choses les plus nécessaires, au rapport même du commissaire de police dont les perquisitions dans la maison Belissant ont été vaines.

Elle n'est condamnée qu'à deux mois de prison et à 16 fr. d'amende. Défenseur, Me  Guernier. (l’Ordre et la Liberté)  

 

Décembre 1863   -   Vol à l’américaine.   -   Nous apprenons qu'un vol important a été commis, hier lundi, au préjudice du

sieur Lepetit (Pierre), domestique à l'établissement du Bon-Sauveur.

Le sieur Lepetit venait de toucher à la Banque de France une somme de cinq mille cent francs, lorsqu'il a été accosté par un homme se disant marchand de vaches, qui n'a pas tardé à être rejoint par un autre individu dont le jargon anglais aurait dû lui faire comprendre qu'il se trouvait en présence de deux filous qui convoitaient son argent. Bientôt, en effet, cédant à une proposition qui lui était faite d'accompagner l'Anglais qui désirait visiter la ville, il ne tarda pas à être victime de sa trop grande confiance.

Les deux escrocs, en employant les moyens les plus vulgaires du vol à l'américaine, lui enlevèrent son argent, et, aujourd'hui, on ne saurait se faire une idée du désespoir de celui qui, malgré tant d'autres exemples, a été la dupe d'audacieux fripons. (l’Ordre et la Liberté)       

 

Janvier 1864   -   Le temps.   -    Thermomètre de M, de Raveton, opticien, place Saint-Pierre, à Caen.

Dans la nuit du 2 au 3 janvier, 5° 5/10 centigrades au-dessous de 0.

Le 3, à 10 h. du soir,  5°.

Dans la nuit du 3 au 4.  9°.

Le 4, à 9 h. du matin.  8°.

Dans la nuit du 4 au 5.  9° 5/10.

Aujourd'hui 5, à midi,  5° 5/10.  (l’Ordre et la Liberté)       

 

Janvier 1864   -   La nouvelle carte de France.   -    La nouvelle carte officielle de France, à laquelle l'état-major de l'armée travaille depuis près de 60 ans, vient d'être terminée. (l’Ordre et la Liberté) 

 

Janvier 1864   -   Les hivers en France.   -    Voici, depuis les temps les plus reculés, les hivers qui ont été rigoureux à Paris :

En 358, alors que l'Empereur Julien habitait sa chère Lutèce. En 763 et 801. En 822, les charrettes traversaient la Seine, couverte d'un plancher de glace.

En 1067, 1210, 1305, 1354, 1358, 1361, 1364, 1408. En cette année, on coupait les rations de vin aux soldats avec une hache.

En 1420, l'hiver fut très froid.

En 1433, la gelée commença le dernier jour de l'année 1432 et dura trois mois.

Les années 1460, 1480, 1493, 1507, 1522 sont signalées par tous les historiens comme ayant eu des hivers excessivement froids.

En 1544. le vin gela dans les tonneaux.

En 1600 et 1608, 1621 et 1622, les hivers furent très rudes en Europe, ainsi qu'en 1638 et 1657.

En 1662-1663, il y a deux siècles, la gelée dura à Paris du 5 décembre au 8 mars.

C'est en 1665 que l'on commença d'employer le thermomètre pour mesurer l'intensité de la chaleur et du froid, les thermomètres marquèrent 21 degrés 2/10es au-dessous de zéro à Paris.

En 1709. il y eut 20 degrés 1/10e de froid. – 1716 ; 18,7. – 1729 ; 15.3.  -  1810, la Seine fut entierement gelée. – 1742 ; 17 d. - 1747 ; 13 d. 6/10es. - 1748 ; 15,3 - 1754 ; 14,1. - 1755 ; 15.6. – 1762 ; 15,6. - 1767 ; 15.3. – 1768 ; 17 d. 1/10e. - 1771 ; 13,06. – 1776 ; 19.1. La gelée dura 25 jours. -- 1783 ; 20 d. La gelée dura 69 jours. - 1788 ; 22,02 Hiver affreux. – 1795 ; 23,05. Il y eut 42 jours de gelée. - 1798 ; 17 d. 32 jours de gelée. - 1812 ; (campagne de Russie). – 1819 ; 15 d. - 1820 :

14 d ., 3/10es. – 1825 ; 14,6. - 1829-1830 ; 16 d. 3/10es. La Seine fut prise. - 1836 ; 17 d. – 1838 ; 19 d. - 1840 ; le 15 décembre. jour de l'arrivée des cendres de l'Empereur, 17 d. Depuis lors nous n'avons pas eu d'hivers exceptionnels. (l’Ordre et la Liberté)  

     

Janvier 1864   -   Noyade accidentelle.   -   Le nommé Suette (Thomas), âgé de 24 ans, matelot à bord du navire Le « Henry », du port Swensey (Angleterre), en station dans le bassin de Caen, qui avait quitté son bord le 26 décembre dernier, été retrouvé noyé le 11 janvier 1864, dans la rivière l'Orne, quai de Juillet.

Le médecin a déclaré que la mort était accidentelle. (l’Ordre et la Liberté)      

 

Janvier 1864   -   Un hiver à Caen.   -    Depuis que le temps s'est mis à la gelée, le froid ne s'était pas encore fait aussi cruellement sentir que dans la nuit du 5 au 6 et dans le courant de la nuit précédente. Ainsi, pendant que, dans l'intérieur de la ville, le thermomètre marquait 10° et 10° 5/10es, un thermomètre placé à minima sur le rempart du Château de Caen a marqué dix-sept degrés dans la nuit du 5 au 6, et seize degrés seulement pendant la nuit dernière, bien qu'il y eût à Caen une différence de 5/10es en plus avec la nuit précédente.

La navigation par le canal entre Caen et Ouistreham est complètement interrompue, et, en attendant le dégel, les matelots des navires de commerce, pris par les glaces, mêlent leurs glissades aux évolutions plus ou moins gracieuses des patineurs qui ont envahi le canal, et qui attirent en ce moment un grand nombre de curieux.   (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1864   -   Un accident.   -   Un triste accident, dont les conséquences n'ont pas été aussi funestes qu'on avait lieu de le craindre, est arrivé, samedi soir, dans la rue d'Auge. Au moment où la diligence de Domfront quittait cette dernière rue pour entrer dans celle des Abattoirs, le sieur Lavigne, tailleur de pierres, domicilié à la Maladrerie, fut atteint et renversé par le cheval de devant, et une roue de la voiture lui passa sur le corps.

Après avoir reçu les premiers soins par M. le docteur Leprovost, le sieur Lavigne a été placé dans la diligence et ramené à son domicile, dans un état qui ne laisse heureusement aucune inquiétude. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1864   -   AVIS.   -   La suppression des bureaux ambulants de jour, entre Caen et Cherbourg, a privé les habitants de Bayeux et d'Audrieu des levées de boîtes aux lettres qui étaient effectuées le matin et le soir aux gares de ces localités.

Mais nous sommes informés que, dès que la mesure lui a été notifiée, l'inspecteur départemental s'est empressé de signaler à son administration le préjudice porté aux intérêts du public, et il a indiqué un moyen dont l'adoption, qui ne paraît pas douteuse, aura pour effet de maintenir les avantages qui existaient avant cette suppression.

Provisoirement, le courrier-convoyeur, qui est substitué au service des bureaux ambulants supprimés, a été pourvu d'une boîte mobile qui lui sera remise tous les matins, avec son contenu, à la gare de Bayeux, et dans laquelle pourront être reçues toutes les lettres qui seront présentées pendant le parcours jusqu'à la gare de Caen, où le tout sera remis aux employés du bureau ambulant. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1864   -   Le tirage.   -    C'est le 15 de ce mois que commence, dans les 89 départements de l'Empire français, la grande opération du tirage au sort des jeunes gens de la classe de 1863, nés en 1843. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1864   -   L’hiver est là.   -    L'hiver ne nous laisse absolument plus rien à désirer, après les gelées assez fortes que nous avons endurées, puisqu'elles ont dépassé dix degrés, la neige est survenue, et aujourd'hui toutes nos rues en sont couvertes, depuis plusieurs jours. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1864   -   Le Carême.   -   Voici le temps du Carême arrivé, et les grandes solennités de l'Église catholique qui approchent. Nous croyons devoir rappeler à nos lecteurs que toutes les demandes d'ornements d'église peuvent se faire directement à l'ancienne maison Biais aîné et Cie, rue Bonaparte, 74 et 76.

- Une fabrication importante et une vente considérable lui permettent de fournir dans toute la France, à des prix très réduits, des ornements d'église riches et d'un bon usage. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1864   -   On lit dans le Moniteur universel.   -   Beaucoup de personnes pensent qu'il est indispensable de s'adresser au ministre de la guerre pour obtenir copie des actes de décès des militaires.

Afin de rectifier cette erreur, on croit devoir rappeler que les officiers de l'état civil qui dressent les actes de décès des militaires sont tenus d'en envoyer des expéditions aux mairies du dernier domicile des décédés, pour être transcrites sur les registres de l'état civil, conformément aux prescriptions du Code Napoléon. C'est, en conséquence, à ces mairies que les intéressés doivent réclamer les extraits mortuaires dont ils ont besoin, notamment lorsque ces pièces doivent être produites devant les conseils de révision, on ne doit s'adresser à cet égard au ministre de la guerre que dans le cas où la transcription prescrite par la loi n'a pas été effectuée. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1864   -   Une instruction, en date du 9 février.   -   Adressée par l'administration supérieure aux maires des communes de départements dans lesquelles sont placés des enfants assistés, appelle leur attention sur la négligence que

mettent, depuis quelque temps, les gardiens à envoyer les enfants assistés aux écoles primaires, négligence d'autant plus coupable que l'administration a assuré l'instruction de ces enfants en les admettant gratuitement, non seulement dans les écoles publiques, mais encore dans les écoles privées, lorsqu'il n'y a pas dans la commune d'école communale.

Aux termes de cette circulaire, les maires doivent se faire représenter la liste des enfants des hospices assistés de leurs communes respectives, et signaler aux préfets les gardiens ou nourriciers qui négligeraient d'envoyer ces enfants à l'école, afin qu'il soit pris contre eux telle mesure répressive que MM. les préfets jugeront convenable. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1864   -   Tribunal correctionnel de Caen.   -  Présidence de M. Lentaigne, Vice-président M. O. Lanfran de Panthou, substitut de M. le procureur impérial, occupant le siège du ministère public.

Audience extraordinaire du jeudi 17 mars.
Lévêque (Félix-Joachim). âgé de 17 ans. né à Robehomme, garçon boulanger chez son père, se présente sous l'inculpation d'avoir, à Caen, rue Saint-Jean, le 24 février dernier, à 6 heures du soir, fait résistance à la force publique, en refusant d'obtempérer aux injonctions de l'agent de police Lafosse, qui lui commandait de faire marcher sa voiture au pas, au lieu de laisser galoper son cheval.
Lévêque osa même frapper le commissaire de deux coups de fouet sur la tête. Les antécédents de ce jeune homme ne sont pas mauvais; il s'excuse en disant qu'il était échauffé par le vin, ce qui n'est pas pardonnable à son âge.
Il est condamné à 50 francs d'amende, et son père, qui s'est présenté avec lui, est déclaré civilement responsable. Il n'avait pas de défenseur.
-    Pain (Françoise-Augustine), brodeuse, âgée de 21 ans, née à Bayeux, demeurant à Caen.
Le 3 mars dernier, l'accusée apposa, sur une lettre adressée à une demoiselle Bernard à Bayeux, un timbre-poste qui avait déjà servi. Elle avoue le fait et déclare seulement qu'elle n'en connaissait pas l'importance, et que, ayant demeuré jusqu'à ce jour dans un couvent. Elle ne savait pas qu'un timbre- poste ne pût servir qu'une fois. Elle se recommande par une grande honnêteté et la meilleure conduite.
Le ministère public convient lui-même qu'elle mérite une extrême bienveillance.
Condamnation 1 franc d'amende.
Elle était sans défenseur.
-    Odinion (Auguste), demeurant à Caen, rue Saint-Pierre, est accusé d'avoir chassé en temps prohibé, le 2 février dernier, à Caen, sur la route de Cherbourg à Paris, dans le quartier de la Demi-Lune. Il avoue le fait. Sa conduite mérite quelque indulgence.
Le Tribunal prononce contre lui la peine de 16 francs d'amende, et déclare confisqué le fusil dont il s'est servi, sous une contrainte de 50 francs.
Il n'avait pas de défenseur. (l'Ordre et la Liberté)

 

Mars 1864   -   Un accident.   -   Samedi prochain, à une heure de - l'après-midi, une commission spéciale se réunira dans l'une des salles du 2 deg Conseil de guerre, au Château, sous la présidence de M. le général de brigade, à l'effet de procéder à l'examen des soldats qui produisent l'exemption du service militaire à leurs frères. (l'Ordre et la Liberté)

 

Mars 1864   -   deux accidents.  -  Samedi dernier, vers 7 heures du soir, une femme Comforto, âgée de 71 ans, a été renversée, dans la rue St-Jean, par une voiture qui lui est passée sur le corps et qui lui a fracturé la jambe droite.

Cette femme a été aussitôt transportée dans la pharmacie de M. Mulot, où elle a reçu les premiers soins.

La voiture était conduite par des employés de la maison Morin et Gost. négociants de notre ville.

-   Le même jour, un tilbury parcourait rapidement la rue Notre-Dame lorsque tout-à-coup le cheval, en s'abattant, a imprimé un mouvement s violent à la voiture qu'un énorme panier roula dans la rue, en laissant échapper une assez grande quantité d'œufs qu'il contenait, et qui se brisèrent sur le pave. (l'Ordre et la Liberté)

 

Mars 1864   -   La tempête.   -   Hier soir, le vent qui, dans la journée, avait été assez vif a tout-à-coup soufflé en tempête, et, vers dix heures, un violent orage a éclaté sur notre ville.

A la suite d'un effroyable coup de tonnerre, mêlé d'éclairs, la grêle est tombée avec force, et les gréons, qui étaient d'un assez gros volume, ont dû occasionner de nombreux dégâts.

Aujourd'hui, le froid est vif, et la pluie et la grêle tombent par Intermittence. (I'Ordre et la Liberte)

 

Avril 1864   -   Un accident.   -   Dimanche dernier, à 5 heures du soir, au moment où une voiture chargée de cuirs passait près de la caserne de Vaucelles pour se rendre sur le champ de foire, un sieur Virlouvey, journalier, âgé de 23 ans, demeurant rue de Falaise, crut s'apercevoir que le cheval de limon n'avait pas assez de charge. Pour parer à cet inconvénient, il voulut se placer sur le brancard de la voiture, mais son élan fut si malheureusement pris qu'il tomba entre le brancard et le cheval, et que la roue lui écrasa le poignet.

Ce malheureux fut aussitôt transporté à l'Hôtel-Dieu, où l'on a dû pratiquer l'amputation du membre mutilé. Virlouvey est père d'un petit enfant de 13 mois. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1864   -   Un accident.   -   Hier soir, vers 8 heures et demie, une fille P... qui avait un peu trop fêté le dieu des ivrognes, quittait le champ-de-foire, lorsque, arrivée à l'entrée de la place de l'Ancienne-Comédie, elle s'est heurtée à un cheval qui était conduit au pas par son conducteur.

Ayant éprouvé une résistance un peu trop forte, la fille P... tomba, et une des roues de la voiture lui passa sur le pied. Cette fille a été ramenée dans son domicile. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1864   -   La Foire.   -   Notre foire est favorisée par un temps tout à fait exceptionnel, aussi les habitants des campagnes et des villes environnantes arrivent-ils en foule.

Pour donner une idée de cette affluence de visiteurs, il nous suffira de dire que, depuis dimanche, l'administration du chemin de fer s'est vue dans la nécessité de demander à M. le commandant de la place un piquet de troupe pour le maintien de l'ordre aux abords des guichets et dans les salles d'attente.

Dans la journée d'avant-hier, il a été délivré environ 1 250 billets au départ de Caen ; si, à ce chiffre, nous ajoutons le nombre de voyageurs porteurs de billets aller et retour, on pourra se rendre compte du mouvement qui se produit. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1864   -   Vols dans l'église Saint-Sauveur.   -    On se rappelle qu'il y a quelque temps une somme de 5 000 francs avait été déposée pour les pauvres dans un des troncs de l'église Saint-Sauveur de Caen. La découverte de cette offrande considérable a sans doute donné l'éveil aux voleurs, car, lundi dernier, des malfaiteurs se sont introduits dans cette église, et, au moyen d'une pince, ils ont complètement défoncé le tronc des pauvres et enlevé l'argent qu'il contenait. On ignore le montant de la somme soustraite dans cette circonstance.

Un autre vol, commis dans le même édifice, vient d'être découvert, mais, cette fois, l'auteur du crime a pu être arrêté et placé sous la main de la justice. Un nommé Doublet, employé dans l'église comme couvreur, a dérobé successivement, et en causant d'énormes dégâts à la toiture de l'édifice, environ 20 mètres de gouttière en plomb sur 60 centimètres de largeur, c'est-à-dire plus de 400 kilogrammes.

Cet homme aurait ensuite vendu le produit de son vol à un marchand de la rue du Moulin. Doublet a fait des aveux.

Depuis, quelque temps, les maîtres couvreurs se plaignent des vols qui sont commis sur les toitures des maisons de leurs clients. Ce genre de vol ne peut guère être accompli que par des individus ayant l'habitude de monter sur les toits ; il serait donc facile aux maîtres couvreurs d'arrêter les progrès de cette criminelle industrie.

Dans tous les cas, un moyen plus efficace encore d'y apporter remède, c'est la découverte des receleurs, et malheureusement, nous devons le dire, il y a dans notre ville, comme partout, des marchands de mauvaise foi qui, par l'appât d'un bénéfice quelconque, encouragent et excitent même les ouvriers au vol. On ne saurait trop chercher à découvrir les individus de cette espèce, à l'égard desquels la loi s'est justement montrée sévère. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1864   -   Les vols dans l'église Saint-Sauveur.   -   Nous avons rendu compte, dans notre dernier numéro, des vols commis dans l'église de Saint-Sauveur, soit en défonçant le tronc des pauvres, soit en enlevant environ 250 kilogrammes de plomb sur la toiture de l'édifice.

Nous apprenons que le nommé Doublet, qui déjà a fait l'aveu du vol de plomb, est également inculpé du bris du tronc des pauvres. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1864   -   Un incendie.   -   Un assez violent feu de cheminée s'est déclaré, le 20 de ce mois, à 10 heures 1/2 du matin, chez M. Desmarais, rue Ecuyère, nº 5. Ce feu a été éteint après une heure et demie de travail des sapeurs Couet et Lafontaine, sous les ordres du sergent-fourrier Seigneurie.

Un second feu de cheminée s'est manifesté, le 21, à 5 heures du soir, chez M. Valette, rue des Carmes, nº 35. Ce feu a été éteint par les sapeurs Giraud et Gerken, sous les ordres du sergent-major Le Guillard, après une heure de travail. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1864   -   Les vols dans l'église Saint-Sauveur.   -   M. Le Blanc, marchand de métaux, rue du Moulin, nous prie d'annoncer que ce n'est pas lui qui a acheté les plombs volés sur les toits de l'église Saint Sauveur de Caen. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1864   -   Un accident.   -   Hier, vers 5 heures du soir, un sieur Langlois, tailleur de pierres, demeurant à Venoix, était occupé, avec plusieurs autres ouvriers, à hisser une pierre sur un échafaudage près de l'église Sainte-Trinité. La corde a cassé, la pierre est tombée d'une hauteur de 5 mètres sur le bout du pied du sieur Langlois et lui a écrasé trois doigts.

Il a été aussitôt transporté à l'Hôtel-Dieu, où les premiers soins lui ont été donnés par M. le docteur Denis.

On espère qu'on ne sera pas obligé d'enlever les doigts blessés. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1864   -   Chemin de fer en projet de Caen à la mer.   -  

M. le préfet du Calvados, à la date du 14 avril, a pris l'arrêté suivant :

Nous, préfet du département du Calvados, officier de l'ordre impérial de la Légion-d'Honneur, commandeur de l'ordre de Saint-Grégoire-le-Grand,

-       Vu la décision, en date du 7 de ce mois, par laquelle M. le ministre des travaux publics a autorisé M. Mauger (Anthime), demeurant à Douvres, à faire les études d'un chemin de fer entre Caen et la mer.

-       Vu l'art. 1382 du Code Napoléon, les lois des 16 septembre 1807 et 3 mai 1841.

Avons arrêté :

Art. 1er.        M. Mauger et les agents par lui préposés sont autorisés, en exécution de la décision ministérielle indiquée ci-dessus, à pénétrer sur les propriétés privées pour étudier le meilleur tracé de la ligne en projet de Caen à la mer.

Ces études s'appliqueront aux terrains situés dans les communes de Caen Venoix, Saint-Contest, Épron, Cambes, Mathieu. Anisy, Anguerny, Douvres, Luc, Langrune, Saint-Aubin-sur-Mer, Bernières et Courseulles.

Art. 2.        Une expédition du présent sera adressée à MM. les maires, pour être affichée aux lieux accoutumés.

Une expédition sera également transmise à M. Mauger, qui devra, lui et ses agents, en justifier aux propriétaires, sur leur réquisition, en prenant envers eux, s'il est besoin, l'obligation écrite de leur payer les dommages occasionnés. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1864   -   Une scène inqualifiable .   -   On nous signale une scène inqualifiable de brutalité dont un employé des Ponts-et-Chaussées, le sieur B...., aurait été victime, rue de Bayeux, dans la nuit de lundi dernier. Vers minuit, M. B...., réveillé par le bruit que faisaient sous ses fenêtres quatre individus, descendit pour les prier de se retirer. Trois d'entre eux, armés de cannes, se mirent en devoir d'arrêter le sieur B.... et l'entraînèrent en le frappant à coups redoublés. Le quatrième avait pris la fuite.

Nous croyons savoir que des poursuites vont être exercées contre ces trois individus, qu'à certains signes de l'habillement il a été facile de reconnaître. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1864   -   Un tragique événement.   -    Mardi dernier, un tragique événement a causé dans notre ville une vive et pénible émotion. Le nommé Lecaudey (Louis), âgé de 40 ans, cabaretier, demeurant sur la grande place Saint-Gilles, qui, depuis un an environ, donnait, dit-on, des signes non équivoques d'aliénation mentale, avait, dans la journée et à la suite d'une altercation qui semble avoir été provoquée par la jalousie, frappé sa femme de deux coups de couteau.

Atteinte légèrement, cette femme, dont la conduite ne laisse prise à aucun soupçon, a pu s'échapper et se réfugier chez des voisins jusqu'au moment où la colère de son mari, paraissant apaisée, elle crut pouvoir rentrer dans son domicile. Malheureusement cet acte de fureur de Lecaudey devait se renouveler d'une façon plus lamentable.

Dans la soirée, une nouvelle querelle s'étant élevée entre les deux époux, et la femme Lecaudey, menacée de nouveau de coups de couteau, s'étant mise à pousser des cris de détresse, un jeune homme, le nommé Leguay (Gustave), âgé de 29 ans, peintre, demeurant rue du Vaugueux, et qui se trouvait avec deux de ses camarades dans le cabaret, voulut porter secours à cette femme, mais, à peine eut-il franchi le seuil de la pièce où se trouvait Lecaudey, que celui-ci s'élança sur lui et lui porta dans la région du cœur un violent coup de l'arme meurtrière qu'il avait à la main.

Frappé mortellement, le malheureux Leguay eut encore la force d'écarter ses amis qui voulaient le secourir, et, s'élançant dans la rue des Cordes-Saint-Gilles, en criant : « Ah ! mon Dieu ! » il a pu faire quelques pas et est tombé pour ne plus se relever. Tous les soins qui lui ont été prodigués n'ont pu le rappeler à la vie.

Quant au meurtrier, lorsque la police, avertie par les voisins, est venue pour l'arrêter, il n'a fait aucune résistance pour se livrer à elle. Aujourd'hui il est détenu dans la maison d'arrêt, d'où il sera sans doute extrait pour être soumis, dans l'établissement du Bon-Sauveur, à l'observation des hommes de l'art.

Le femme Lecaudey, qui, dans la dernière lutte, avait encore reçu un troisième coup de couteau, est dans un état qui n'offre aucune inquiétude. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1864   -   Une tentative de viol.   -    Mardi matin, sur la route de Lébisey, un nommé Brière, déjà repris de justice, s'est rendu coupable d'une tentative de viol sur une jeune fille de 8 ans.

Le crime n'a pu être consommé, grâce à l'arrivée de deux enfants, camarades de la victime. Le père de cette dernière s'est mis à la poursuite de Brière et l'a arrêté dans un champ de blé où il s'était caché.

Cet individu de la pire espèce est aujourd'hui entre les mains de la justice. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1864   -   Chemin de Caen à la Mer.   -   Il y a à peine deux mois qu'il est question d'un chemin de fer de Caen à la mer, que déjà, tant est vive l'impatience du public, on voudrait voir cette nouvelle ligne livrée à la circulation. Mais les choses ne vont pas si vite, et, avant que le sifflet d'une locomotive ne se fasse entendre sur les côtes si riantes de Luc ou de Courseulles, il faut rédiger le projet, étudier le meilleur tracé, le soumettre à l'approbation, puis faire les travaux, etc..., etc…, ce qui ne veut pourtant pas dire que nous sommes condamnés à attendre longtemps encore l'inauguration du chemin. Non l'entreprise est confiée à des mains trop habiles et surtout trop actives pour avoir à redouter ce désagrément. Nous pourrions presque prédire que, le 1er juillet de l'année prochaine, la population caennaise pourra déjà se rendre à Luc.

La ligne projetée, qui s'étend de Caen à Courseulles, aura un parcours total de 24 kilomètres, plus une ligne de raccordement, de 4 à 5 kilomètres, avec le réseau de l'Ouest, elle desservira les stations suivantes : Caen, Cambes, Mathieu, Douvres, la Délivrande, Luc, Langrune, St-Aubin, Bernières et Courseulles.

La gare de Caen sera construite en grande partie sur le terrain occupé par la propriété de M. de Lalonde, place St-Martin. Cette gare sera monumentale, et l'idée générale qui a présidé à la composition de sa façade offre une grande analogie avec les dessins de la magnifique gare de Strasbourg, à Paris. Une colossale statue de Notre-Dame de la Délivrande ornera son fronton, et, bénissant l'entreprise, elle semblera la présider.

L'étude des 24 kilomètres est terminée, mais le projet ne sera complètement rédigé que dans un mois environ, époque à laquelle il sera soumis à l'approbation de l'administration. Les travaux ne pourront donc être commencés qu'au mois de septembre prochain, c'est-à-dire après les récoltes.

Il n'y aura de travaux importants, dans toute l'étendue de la ligne, que pour monter de Caen sur les hauteurs de Couvrechef, et pour descendre des hauteurs de Mathieu jusqu'au niveau du rivage de Luc, et encore l'importance de ces travaux n'est-elle que secondaire.

Dans tout le parcours, les plus fortes pentes n'excèderont pas un centimètre par mètre, et les rayons des courbes ne seront nulle part inférieurs à 500 mètres. Ce renseignement démontre péremptoirement que l'exploitation sera plus facile que sur beaucoup de lignes de premier ordre. Aussi la dépense totale n'excèdera-t-elle pas quatre millions.

La ligne de Courseulles se raccordera avec le chemin de fer de Paris à Cherbourg, dans la prairie, derrière l'établissement du Bon-Sauveur, au moyen de l'embranchement de 4 à 5 kilomètres dont nous avons déjà parlé. Certains trains, et notamment l'express venant de Paris, seront en correspondance immédiate avec le service de Courseulles, à cet effet, une machine légère opérera le transport d'une gare à l'autre.

Le trajet de Caen à Courseulles s'effectuera en 55 ou 60 minutes. Le dimanche matin, le mouvement des voyageurs étant plus considérable, des départs auront lieu d'heure en heure de Caen pour Luc, où on arrivera une demi-heure après.

Il y aura, bien entendu, une très grande amélioration dans le prix du transport, on parle de billets d'aller et retour, de Caen à Luc, moyennant 1 fr..

Ainsi qu'il était facile de le concevoir, l'administration n'a rencontré aucun obstacle de la part des cinq ou six cents propriétaires auxquels elle a dú s'adresser pour obtenir des renseignements, aux termes de l'arrêté de M. le préfet du Calvados, en date du 14 avril dernier, tous ont montré une grande obligeance envers les agents de la nouvelle entreprise.

L'aplanissement de toutes les difficultés matérielles laisse donc espérer que la ligne de Caen à Luc sera livrée à la circulation le 1er juillet 1865.

On dira peut-être qu'il sera difficile de réaliser un projet aussi important dans l'espace de dix mois. Nous n'aurons qu'une réponse à opposer à cette objection, c'est que l'activité si connue de M. Mauger et de M. l'ingénieur chargé du projet saura bien suppléer à la brièveté du temps qui existe entre le mois de septembre et le mois de juillet. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1864   -   Découverte macabre.   -    Ce matin, on a trouvé dans les fossés du Château, du côté de la porte de Secours, le cadavre d'un individu, paraissant âgé de 35 ans environ. On n'a pas tardé à le reconnaître pour être celui d'un habitant de Lébisey, le nommé Lamare, qui avait la funeste habitude de se livrer à la boisson. C'est, en effet, dans un moment d'ivresse que cet homme, qui paraît avoir voulu arracher du lierre, est tombé dans les fossés, où il a dû succomber sur le coup.

Le corps a été transporté à la Morgue. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1864   -   On lit dans la Gazette des Campagnes.   -    D'après une statistique, l'effectif des chevaux et du bétail en France s'élève, en chiffres ronds, comme suit :

chevaux , 3 000 000 ; ânes, 400 000 ; mules et mulets,

330 000 ; bêtes à cornes, 10 200 000, dont 300 000 taureaux ; 2 000 000 de bœufs ; 5 800 000 vaches ; 2 100 000 élèves ; veaux nés dans l'année, 4 000 000 ; bêtes à laine, moutons et agneaux, 35 000000, dont 26 000 000 de mérinos ou métis, et seulement 7 000 000 de bêtes communes ; chèvres et chevreaux, 1 400 000 ; porcs au-dessus d'un an, 1 400 000 ; cochons de lait et marcassins, 4 millions.

La France actuelle possède 5 100 000 hectares en prairies naturelles ; 2 600 000 en prairies artificielles ; 6 600 000 en pâturages et landes.

Un journal de Paris s'étonne, à la vue de ces chiffres, que la viande soit encore aussi chère.

L'étonnement du journaliste cesserait immédiatement s'il se donnait la peine de calculer le poids de viande nette livrée annuellement à la boucherie par ces animaux, réparti entre les 39 millions de bouches qui composent notre population française.

Il est certain que nous consommons trois fois plus de viande que nos pères, il y a cinquante ans, mais aujourd'hui même il y a encore plus de vingt millions d'individus qui ne mangent pas de la viande dix fois par an ! Il est certain que la production animale, d'un autre côté, ne s'accroît pas aussi vite que les demandes de la consommation. L'agriculteur qui s'ingénie à multiplier cette production est donc dans la voie la plus sûre et la plus fructueuse pour lui-même et la mieux adaptée aux intérêts de son pays.  (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1864   -   La visite du prince Napoléon.   -   Vendredi dernier, le prince Napoléon, qui avait quitté le Havre dans la matinée, est venu sur un canot à vapeur, l' « Abeille », mouiller sur la rade de Trouville, où il a débarqué. Le prince a déjeuné à l'hôtel de Paris ; puis, après avoir fait une longue visite à M. Cordier, dont la somptueuse demeure fait l'admiration des étrangers, il s'est embarqué et s'est dirigé sur Honfleur.

Immédiatement après son arrivée dans cette ville, le prince est monté en voiture et s'est fait conduire sur le coteau de Grâce, il s'est rendu ensuite à l'hôtel du Cheval-Blanc, où il a dîné, puis il s'est embarqué vers huit heures.

Le prince Napoléon est arrivé à Caen, à 3 heures du matin, et est descendu à l'hôtel d'Angleterre. Dans la matinée, il est monté en voiture, et, accompagné d'un officier de marine et de deux autres personnes, en modeste tenue de voyage, il a visité plusieurs de nos monuments.

A 11 heures 1/2, l' « Abeille » quittait Caen, ramenant au Havre le prince et les personnes qui l'accompagnaient. Un assez grand nombre de curieux assistaient à ce départ. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1864   -   Le Lycée de Caen.  -   Sur six élèves présentés, cette année, par le Lycée de Caen aux examens de l'Ecole polytechnique, cinq sont déclarés admissibles. Trois de ces mêmes élèves ont subi les épreuves écrites pour l'entrée à l'Ecole Normale ; deux sont admissibles et dans de bonnes conditions.

Ce beau résultat continue et confirme la série des remarquables succès obtenus par l'enseignement des mathématiques spéciales au Lycée de Caen. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1864   -   Les cloches de Saint-Étienne.  -   Par suite de réparations que réclame le clocher du nord de notre basilique de Saint-Étienne et dont on a reconnu la nécessité, les quatre cloches de cette église ont été descendues hier et vont être installées provisoirement aujourd'hui dans le cimetière Saint-Nicolas, où une construction a été élevée, à cet effet, par les ordres de M. le curé. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1864   -   Les trois Grâces.  -   Les pompes municipales sont dans la consternation, on enlève leurs Grâces..... ces Grâces au milieu desquelles elles se complaisaient tant depuis que, tristement chassées de la place Saint-Pierre, ces dernières étaient venues leur demander un solitaire asile.

Hélas ! pourquoi rompre le charme de cette solitude ? pourquoi offrir encore au regard malin des curieux ces nymphes disgracieuses qui ne demandaient que le repos et l'oubli ? On

nous a dit que c'était pour donner au nouveau boulevard un aspect plus riant ou moins monotone, mais leur place est-elle bien sur ce point du trottoir qu'on leur ménage avec une si touchante sollicitude ? Il nous semble que si, pour faire l'ornement de la voie publique en question, on songe réellement à les exhumer des décombres de la cour de la mairie où elles étaient enfouies, il eût mieux valu les placer dans l'axe de la rue du Moulin, en les éloignant de 8 mètres environ du point où elles vont se trouver, de façon qu'on eût pu les apercevoir de la rue de l'Impératrice.

On comprend que ce n'est pas un sentiment aveugle d'admiration qui nous porte à réclamer contre le choix de l'emplacement dont les trois Grâces de l'ancienne fontaine de la place Saint-Pierre viennent d'être l'objet, mais, puisqu'on veut absolument les rendre à la vie, pourquoi ne pas leur affecter un endroit mieux approprié et plus apparent ? (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1864   -   Une noyade.   -   Dimanche matin, un jeune enfant, âgé de 10 ans, le nommé Loison (Arthur), demeurant chez ses parents, rue Ste-Paix, est tombé dans l'Orne, au-dessus de l'École de natation, au moment où il jouait, sur le bord de la rivière, avec son frère aîné et plusieurs de ses camarades.

Ce malheureux enfant, qui ne savait pas nager, disparut presque aussitôt, et, malgré les efforts de son frère, qui s'est  jeté à l'eau pour le sauver, on n'a pu le retirer que lorsque l'asphyxie était complète. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1864   -   Un accident de la route.   -   Hier matin, un accident, qui aurait pu avoir des suites extrêmement graves, est arrivé sur la route de la Délivrande, non loin du cimetière St-Pierre.

L'une des voitures de l'entreprise Louard et Cie, conduite par le sieur Lecène, descendait la côte avec une rapidité qu'augmentait encore la pente sensible de la route à cet endroit. Cette voiture était chargée de bagages et de voyageurs, et ce n'était pas sans une certaine émotion que les piétons la suivaient des yeux dans sa course, qu'il était devenu impossible au conducteur de ralentir immédiatement.

A quelque distance du bureau d'octroi, deux gendarmes à cheval, se rendant en correspondance, vinrent à passer, et, soit que les chevaux de ces militaires eussent effrayé ceux de la voiture publique, soit que le conducteur eût voulu faire un mouvement pour laisser libre aux cavaliers le passage de la route, l'une des roues est venue se heurter si violemment contre le trottoir qu'elle s'est brisée, et que la voiture a été culbutée et renversée.

Des cris de détresse s'échappèrent de l'intérieur de la voiture, et on avait lieu de redouter de funestes accidents.

Heureusement les blessures causées aux voyageurs par cet événement n'avaient aucun caractère sérieux de gravité. Trois d'entre eux, dont deux femmes, avaient des blessures à la tête et aux bras, et de fortes contusions, tous ont été l'objet de soins empressés de la part de M. Fayel, pharmacien, chez lequel ils avaient été conduits, et où on s'était empressé d'appeler M. le docteur Le Cœur.  (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1864   -   L’instruction dans le Calvados.   -   Sur 767 communes dont se compose le département M. Vendryès, inspecteur de l'Académie, constate dans son rapport que 263 d'entre elles possèdent des écoles distinctes pour chaque sexe ; 300 possèdent une école mixte ; 188 sont réunies à d'autres pour l'instruction, et 16 ne sont pas réunies.

La moyenne de la population scolaire a été, en 1862, de 57,94 élèves par école ; en 1861, elle était de 58,43 élèves. Le total des enfants admis dans les différentes écoles a été, pour les garçons, de 27 685, et pour les filles de 29 559 ; en tout 57 244 enfants.

Le département compte 30 classes d'adultes et 8 classes d'apprentis. La direction des écoles est confiée à 485 instituteurs et à 503 institutrices. Il y a donc dans le département 988 écoles.

Le nombre des établissements d'instruction secondaire est de 20 ( 6 publics et 14 libres, dont 2 petits séminaires ). La population de tous ces établissements était, en 1863, de 2 236 élèves ( 35 de plus qu'en 1862 ). (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1864   -   La situation maritime du Calvados.   -   Dans son rapport sur la situation du service des travaux maritimes du Calvados, M. Harduin, ingénieur en chef des ports maritimes, passe successivement en revue tous les ports du département.

Notre littoral présente un développement de 120 kilomètres environ entre ses points extrêmes : Fiquefleur à l'est, et Isigny à l'ouest. On y trouve deux ports très importants : Honfleur et Caen ; six ports d'une importance moindre : Trouville . Dives, Ouistreham, Courseulles, Port-en-Bessin et Isigny ; et, enfin, trois stations de pêche : Villerville, Arromanches et Grandcamp. Il convient encore de signaler le petit port de St-Sauveur, dans la baie de la Seine, non loin de Honfleur, et le port de Touques, en amont de Trouville.

Par suite de l'ouverture du chemin de fer, le port de Honfleur a repris la première place qu'il avait perdue en 1861, et Caen se retrouve à la seconde. Toutefois, les mouvements de ce dernier port en 1862 ont encore dépassé de beaucoup la moyenne des sept années précédentes.

L'activité des ports de Trouville, Courseulles, Isigny et Port-en-Bessin a augmenté ; celle de Dives a encore diminué. D'après le tableau comparatif du mouvement commercial de 1855 à 1862 inclusivement, les sept ports principaux du Calvados peuvent être classés ainsi : 1º Honfleur, 284 265 tonneaux ; 2º Caen, 242 316 tonneaux ; 3º Trouville, 28 110 tonneaux ; 4º Courseulles, 24 932 ; 5º Isigny, 21 021; 6° Port-en-Bessin, 13 858 ; et 7º Dives, 5 452 tonneaux.

M. Harduin termine son rapport par une récapitulation et une évaluation sommaire des travaux recommandés par le Conseil général dont les projets sont présentés ou à l'étude, et en faveur desquels il y aura lieu de demander des subventions sur les fonds du département en 1865 et années suivantes.

La dépense totale des projets recommandés, dont l'exécution est à prévoir dans une période de cinq années, est de 4 142 700 francs. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1864   -   La procession.   -   Lundi dernier, à quatre heures et demie, la procession dite du vœu de Louis XIII est sortie de la cathédrale de Bayeux pour faire son parcours accoutumé.

Cette imposante cérémonie était présidée par Mgr l'évêque, revêtu de riches ornements pontificaux et précédé d'un nombreux clergé. Toutes les autorités civiles et militaires, les Sociétés musicales et les corporations de la ville faisaient partie de l'immense cortège. La procession a été suivie d'un Te Deum solennel et des prières pour l'Empereur.

La vaste basilique n'a pu contenir la foule immense, dont une grande partie a dù stationner sur les places et les rues avoisinantes.

Une procession semblable a eu lieu lundi, après les vêpres, dans trois paroisses de Caen : Saint-Jean, Saint-Michel de Vaucelles et Saint-Julien. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1864   -   La classe 1863.   -   Les jeunes soldats de la 1re  portion du contingent de la classe de 1863, du département du Calvados, sont arrivés hier à Caen et se sont réunis au Château, où ils ont répondu à l'appel auquel a procédé M. le capitaine commandant le dépôt de recrutement.

Ces jeunes soldats, qui sont au nombre de 157, et qui sont affectés à divers régiments d'infanterie et de cavalerie, ont passé aujourd'hui mardi, à midi, la revue de M. le général de brigade, et, demain matin, ils seront dirigés, sous la conduite de sous officiers et caporaux, sur leurs corps respectifs. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1864   -   Un accident de la route.   -   Un accident est arrivé, hier mercredi, au haut de la rue du Vaugueux, vers 2 heures de relevée, dans les circonstances suivantes :

La nommée Madeleine Renée, veuve Delaunay, âgée de 65 ans, balayeuse, demeurant rue du Vaugueux, était occupée à balayer la voie publique, en face la rue de la Pigacière, quand tout-à-coup deux voitures, une américaine et une charrette, arrivèrent, rue de la Délivrande, à toute allure.

Elle put éviter la première en se garant promptement, mais la seconde, voulant sans doute dépasser l'américaine, atteignit la malheureuse femme, qui fut renversée sous les pieds du cheval. Le conducteur, cultivateur des environs, put heureusement arrêter son cheval assez à temps pour empêcher que la roue ne lui  passât sur le corps, mais le cheval l'avait grièvement blessée. M. le docteur Esnault, qui lui a donné les premiers soins, a constaté qu'elle n'avait rien de fracturé, cependant, elle est grièvement contusionnée. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1864   -   Pour les écoles.   -  Le ministre de l'instruction publique vient de charger les préfets de demander aux Conseils généraux une allocation pour acheter à l'usage des écoles normales primaires départementales :

Un baromètre de Fortin.

Un thermomètre à minima de Rutherford.

Un thermomètre à maxima de Negretti.

Un psychromètre.

Un pluviomètre.

Une girouette.

L'achat de tous ces objets ne doit pas dépasser 250 fr., et permettra, dit M. le ministre, aux écoles normales de rassembler les matériaux d'une statistique des orages qui sévissent sur la France. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1864   -   Le mauvais temps.   -   Les bourrasques qui se sont fait sentir, mardi dernier, ont été si violentes qu'elles ont occasionné des dégâts dans beaucoup de communes. Des pommiers ont été couchés sur le sol ; beaucoup d'autres ont eu leurs branches rompues.

Les pommiers et les poiriers ont été tellement secoués par la tempête, qu'une grande quantité de fruits jonchent le sol. Ce fait est d'autant plus regrettable que ces fruits sont loin de leur maturité, ce qui constitue une perte évidente pour les propriétaires. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1864   -   Marée et mascaret.   -  M. Babinet donne, dans le Constitutionnel, des renseignements sur la marée de demain dimanche 18 septembre :

Ce sera une des plus fortes marées de notre époque. Déjà, à la marée d'août, l'Océan a envahi la terre au-delà de ses limites ordinaires. Quant au mascaret, un ingénieur autorisé (en français, ayant autorité) m'écrit que le mascaret de septembre sera assurément plus fort que celui du mois d'août qui a inondé les plaines riveraines.

Caudebec et Villequier sont les points où le mascaret sera au maximum.

Un train soi-disant de plaisir mettra à bon marché, dimanche matin, les amateurs du Havre sur les bords de l'Atlantique, je leur souhaite une tempête.  (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1864   -   Un triste évènement.   -   Dimanche, un affreux événement est venu jeter la tristesse dans l'un des quartiers de notre ville. Vers 2 heures de l'après-midi, la nommée Angélina Bazin, femme Duquesne, âgée de 38 ans, femme d'un douanier et mère d'un jeune enfant, demeurant grande place St-Gilles, était occupée à faire sa toilette devant sa cheminée où cuisait son dîner, et dans laquelle, sans s'en apercevoir, sa crinoline s'était engagée. Tout-à-coup, sentant l'ardeur du feu, elle vit ses jupons en feu, cette malheureuse, perdant la tête, ouvrit alors la porte de son jardin et s'y précipita en appelant au secours ! Ses voisins accoururent à ses cris, mais il était déjà trop tard ! la flamme de ses vêtements, activée par l'air, l'avait enveloppée des pieds à la tête.

Cette infortunée est morte à 9 heures du soir, en proie aux plus horribles souffrances. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1864   -   La grande marée.   -   La grande marée du 18 n'a produit sur tout notre littoral aucun phénomène digne de remarque. M. Babinet et les curieux attirés par ce spectacle toujours imposant en ont été cette fois pour leurs frais d'annonce et de curiosité. C'est à peine si, à Langrune, la mer, en se retirant, a laissé apercevoir les rochers du Calvados.

De Honfleur, on écrit que la marée, cotée 1-16, s'est élevée dans les bassins à une hauteur moindre que celle du mois de mars, qui n'était cotée que 1-14, et pendant laquelle la mer avait pourtant envahi une partie des quais de ce port. Il faut dire aussi que le vent qui soufflait S. S.- O. a puissamment contrarié l'attente des amateurs.

A Caen, un assez grand nombre de personnes s'étaient rendues dimanche matin sur le cours Caffarelli, et attendaient sur les bords de l'Orne l'arrivée d'une barre quelconque, mais la barre capricieuse s'est vainement fait attendre, et, les choses s'étant passées avec le calme ordinaire, chacun s'est retiré avec plus ou moins de désappointement. On nous assure qu'à Caudebec et à Villequier, points maximum du mascaret, la déception a été tout aussi grande que partout ailleurs.

C'est jeudi prochain, 22 septembre, à 7 heures 25 minutes du soir, que l'été finit et que commence l'automne.  (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1864   -   Le contingent du Calvados.  -   C'est, comme nous l'avons dit, le 1er octobre prochain que les jeunes soldats de la 2e portion du contingent du Calvados arriveront à Caen pour être incorporés au dépôt d'instruction du 33e de ligne.

L'effectif de ce contingent est de 347 hommes, dont 29, affectés à la cavalerie, seront dirigés sur Rouen. Les 318 autres, désignés pour l'infanterie, se réuniront le 1er octobre dans la caserne de Vaucelles.

Quant aux jeunes soldats du département désignés pour la marine, ils se réuniront au nombre d'environ 90, le 3 du même mois d'octobre, dans la cour du Château, pour répondre à l'appel et être dirigés ensuite sur leurs corps respectifs. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1864   -   Un cheval furieux.  -   Hier matin, le nommé Dubreuil, cocher de l'une des voitures de M. Defournoux, place Royale, au moment où il procédait au pansage de son cheval, a été saisi par ce dernier avec une fureur inouïe au bras droit. La colère de ce cheval était telle qu'il ne s'est décidé à lâcher sa victime qu'après avoir résisté assez longtemps aux efforts des autres cochers de l'établissement accourus aux cris de leur camarade.

La blessure causée au sieur Dubreuil est assez grave, et M. le docteur Viger a été appelé à lui donner les premiers soins. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1864   -   Le temps qu’il fait.  -   Hier, nous avons eu à supporter une température extraordinaire pour la saison. Après les froids assez vifs qu'il a fait ces jours derniers, nous comptions, dans cette journée, 21º de chaleur. Dans l'après-midi, cette chaleur était lourde, accablante, comme par un temps d'orage, et le vent, qui la tempérait dans la matinée, s'était calmé tout-à-coup.

Mais, dans la soirée, vers dix heures, le vent s'est élevé, et bientôt il a soufflé en tempête, se déchaînant sur la ville avec une extrême fureur. Des tuiles, des ardoises, enlevées des toitures, ont été projetées dans les rues, et telle était la violence de cet ouragan que, sur la place Saint-Pierre, le sable du square a été soulevé et lancé en tourbillons contre les vitres des maisons d'habitation, à la hauteur du premier étage.

Nous espérons que cette tempête n'aura causé aucun accident en ville, et surtout aucun sinistre sur nos côtes. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1864   -   Un infanticide.  -   Dans la soirée d'hier vendredi, M. le commissaire de police du 2e arrondissement de Caen a fait exhumer du cimetière Saint-Jean le cadavre d'un enfant nouveau-né qui avait été enterré dans la matinée. Cet enfant a été transporté à l'Hotel-Dieu, où la justice s'est rendue ce matin, à huit heures, accompagnée de M. le docteur  Rouland, pour procéder à une information judiciaire relative à la mort de cet enfant, dont la fille Julia Cœuret, domestique à l'hôtel Humby's, place d'Armes, est accusée d'être l'auteur.

D'après nos informations, la culpabilité de la fille Cœuret ne serait pas douteuse, le cadavre de l'enfant, qui est du sexe masculin et qui est né viable, porte des traces visibles de strangulation. On ajoute que la fille Cœuret, mère de la victime, aurait cherché à jeter son enfant dans les latrines, mais que l'ouverture trop étroite de ces dernières ne lui avait pas permis d'accomplir son projet. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1864   -   L’examen de grammaire.  -   L'examen de grammaire imposé aux aspirants en médecine et en pharmacie aura lieu, à Caen, le 10 novembre, à 8 heures moins 1/4 du matin.

Le jury se réunira dans les bureaux de l'inspection académique, hôtel des anciens bureaux de la préfecture, rue de la Préfecture. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1864   -   Tribunal correctionnel de Caen.   -   Présidence de  M. Lentaigne, vice-président.   Audience du 15 Novembre1864.

Félix-Eugène Guillard, propriétaire, né a Bretteville-sur-Laize, demeurant à Moult, âgé de 43 ans, est prévenu.

  D'avoir, à Caen, dans les derniers jours de l’année 1863 ou les premiers jours de l'année 1864, exercé la chirurgie, en essayant de remettre une épaule au sieur Lasne, marchand de cidre à Langrune.

  D'avoir, a Caen, dans les premiers jours de l'année 1864, exercé la chirurgie, en remettant ou essayant de remettre trois côtes au sieur Angot, de Cresserons.

  D'avoir, à Cresserons, le 10 mai 1864, et à cinq reprises différentes, exercé la chirurgie, en remettant ou essayant de remettre une cuisse au sieur Letellier.

  D'avoir, à Caen, vers le 20 août 1864, exerce la chirurgie, en remettant ou essayant de remettre une jambe au sieur Eugène François, de Plumetot.

  D'avoir, à Caen, le 26 août 1864, exerce la chirurgie en remettant ou essayant de remettre un bras à la femme Fremy, de Plumetot.

Et ce, sans être pourvu de diplôme, de certificat ou de lettres de réception, et sans être au nombre des individus placés sur les listes dont parle l'art. 35 de la loi du 19 ventôse an XI.

Dans cette affaire. Le siège du ministère public est occupé par M. Ie procureur impérial lui-même.

Les témoins sont les personnes mêmes sur lesquelles Guillard est prévenu d'avoir fait des opérations de chirurgie. Tous paraissent contents des soins qu'ils ont reçus du prévenu, s'ils ne sont pas complètement guéris, ils n'en rejettent pas la faute sur lui, et ils ne regrettent pas les honoraires qu'ils ont du payer à l'homme de leur confiance.

Le prévenu lui-même ne nie pas les faits qui lui sont reprochés, il semble. au contraire, s'en glorifier. Il déclare qu'il est entouré de malades, qu'il ne peut donner ses soins à tous ceux qui l'appellent, tant leur nombre est considérable. « J'ai soigné et guéri, dit-il, beaucoup de malades que des docteurs-médecins avaient abandonnés. J'ai même été appelé quelquefois par des médecins auprès de leurs parents ou de personnes attachées à leur service ».

Et, à l'appui de son assertion, Guillard cite des noms connus. L'une de ces personnes, M. Poulain, docteur-médecin à Moult, qui est présent à l'audience, est appelé par M. le président et interrogé sur la vérité de la déclaration de Guillard. M. Poulain, qui, il faut le dire, n'exerce plus la médecine depuis 30 ans, affirme, sous la foi du serment, que Guillard n'a point menti, il fait connaître qu'il a appelé le prévenu auprès de sa bonne, qui s'était, selon l'habitude qu'elle en a (il faut ici citer les expressions mêmes du témoin), luxé l'épaule, et qu'il a été content des secours qu'elle a reçus de lui, sous ses yeux, M. Poulain déclare même que, si lui-même était atteint d'un accident analogue, il aurait beaucoup de confiance dans la capacité du prévenu pour le guérir. Guillard, interrogé par M. le

président. sur la demande de l'avocat de la partie civile, répond qu'il a l'intention de continuer, malgré la décision judiciaire à intervenir, à exercer illicitement la chirurgie jusqu'à ce que son fils, qui étudie la médecine, ait obtenu son diplôme.

Plusieurs docteurs-médecins de notre ville se sont réunis pour se porter partie civile et former une demande en dommages-intérêts contre le prévenu ; ce sont MM. Vastel ; Lemeray ;  Faucon ; Roulland ; Maheut ; Fayel ; Léon Liégard ; Chancerel ; Denis-Dumont ; Bourienne père ; Bourienne fils ; Viger ; Delangle Martin ; Leclerc et Postel.

M. Berthauld est chargé de soutenir leurs prétentions ; il demande en leur nom 2 000 fr. de dommages-intérêts.

M. le procureur impérial, dans un réquisitoire vraiment

éloquent, appuie cette demande de la partie civile et implore du Tribunal toute la sévérité de la justice.

Après une délibération qui a duré vingt minutes, le Tribunal condamne Guillard en 100 fr. de dommages-intérêts envers la partie civile, et cinq amendes de 10 fr. chacune, maximum de la peine.

Le prévenu n'avait pas de défenseur. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1864   -   A l’honneur.  -   Nous sommes heureux d'annoncer que M. le ministre de l'intérieur a accordé à M. Le Guillard, sergent-major des sapeurs-pompiers de Caen, une médaille en argent de 2e classe.

Cette médaille est la juste récompense des bons et loyaux services que, depuis bientôt trente-quatre, ans M. Le Guillard a rendus dans les incendies, soit comme simple sapeur, soit comme sergent-major de la compagnie de pompiers, grade dont il est revêtu depuis près de vingt ans et dont il remplit les fonctions avec autant de zèle que de dévouement.

Nous applaudissons donc de grand cœur à la distinction dont M. Le Guillard vient d'être l'objet. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1864   -   Les tapageurs.   -    Depuis quelque temps, des individus, en sortant de certains cafés ou cabarets de la ville, faisaient entendre, la nuit, des cris, des chants, troublant ainsi par leurs clameurs la tranquillité publique ; des plaintes s'étaient déjà élevées à ce sujet.

Hier soir, M. le commissaire central, pour mettre un terme à ce scandaleux état de choses, fit apposter des agents sur les points où le tapageurs stationnaient le plus volontiers. Les mesures étaient si bien concertées que cinq individus ont pu être mis en état d'arrestation et conduits au poste, où leur identité a été constatée, d'autres, plus agiles, sont parvenus à se soustraire par la fuite aux agents de l'autorité. Les délinquants, après avoir passé la nuit au violon, ont été mis en liberté, ils auront à répondre de leur conduite devant le tribunal compétent.

Cette heureuse expédition portera ses fruits, nous avons lieu de l'espérer, et sera d'un salutaire exemple pour les jeunes gens qui seraient tentés d'imiter les auteurs de ces bruits et tapage nocturnes qui commençaient à inquiéter la population. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1864   -   Un accident.   -   Hier lundi, vers 10 heures du matin, le nommé Richard ( Louis-Alphonse), âgé de 38 ans, domestique chez MM. Primois frères, sortait, avec une voiture chargée de colza, de la cour de l'usine de M. Charles Paulmier, dont l'entrée donne rue Coupée. Comme cette rue est étroite et que la voiture qu'il conduisait était très longue, le chargement de cette dernière n'a pas permis au nommé Richard de tourner assez promptement pour éviter la maison située en face de l'usine, et ce malheureux, qui marchait à hauteur du brancard de droite de la voiture, s'est trouvé pris et broyé entre ce brancard et le mur de la maison.

Relevé aussitôt par les spectateurs de ce funeste accident, Richard reçut les soins d'un médecin qu'on avait appelé en toute hâte, mais son état était désespéré, et, après avoir été administré par M. l'abbé Desloges, de la paroisse de Saint-Jean, il fut transporté, vers midi, à l'Hôtel-Dieu, où il est mort à une heure et demie, à la suite des plus horribles souffrances. Il avait le poumon droit écrasé.

Cet homme laisse une veuve et trois enfants en bas-âge. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1864   -   Les télégraphes communaux.   -   On parle, avec raison et talent, des chemins de fer vicinaux ; voici maintenant les télégraphes communaux. Il est question de donner suite à la circulaire du 30 juillet dernier, par laquelle M. le directeur général des lignes télégraphiques exposait aux préfets et aux Conseils généraux tout un système de création de bureaux télégraphiques dans les cantons et dans les communes.

Un appareil serait placé dans une salle de la mairie, et le secrétaire municipal ou l'instituteur serait chargé de le diriger. Ceux-ci seraient rétribués à raison de 30 centimes par dépêche de départ, et de 15 centimes par dépêche d'arrivée ; l'appariteur le concierge ou le garde champêtre porterait les dépêches à domicile, moyennant 15 centimes.

Les frais d'établissement de ces lignes seraient supportés par les communes, et l'administration télégraphique se chargerait de leur construction moyennant une indemnité de 120 francs par kilomètre de ligue neuve, et 60 francs par kilomètre de fils à placer sur des poteaux déjà existants. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1864   -   A l’honneur.   -   Parmi les récompenses décernées pour l'année 1864 par l'Académie impériale de médecine de Paris, nous nous empressons de signaler la médaille de bronze obtenue par M. le docteur Le Cœur, professeur à l'École de médecine de Caen et chirurgien-adjoint de l'Hôtel-Dieu, pour ses recherches sur une épidémie de rougeole qui régna, en 1863, à Caen et dans les environs. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1864   -   Le temps qu’il fait.   -   La neige est tombée assez abondamment dans nos contrées dimanche matin ; à midi, elle avait déjà, aux environs, une épaisseur de près de 20 centimètres. La soirée de dimanche a été calme et douce, mais, dans la nuit, le froid l'a emporté, et, lundi matin, le thermomètre marquait une des plus basses températures de nos contrées maritimes, 10 degrés au-dessous de zéro.

Cherbourg et le Cotentin, en général, ont eu plus de neige que nous, ce qui n'est pas habituel. Cette neige a l'inconvénient d'arrêter beaucoup de travaux, mais elle est plutôt avantageuse aux biens de la terre. Elle recouvre les nouvelles semailles, fait mourir les insectes et protége les colzas, si retardés cette année, et qui ne résisteraient pas à une forte gelée directe.

Ces derniers frimas ont nécessairement interrompu la fabrication des cidres, qui était assez avancée, et qui donnait des résultats exceptionnels. En effet, les jus de cette année contiennent un huitième de plus d'alcool que les années précédentes. Le cidre sera donc d'une qualité supérieure et se conservera mieux que d'habitude. Les blés sont à un prix décourageant pour les agriculteurs (17 à 18 fr. l'hectolitre), et il n'y a pas encore de reprise sur les bestiaux maigres, à cause de la cherté persistante des fourrages.

Quant au commerce des poulains et des chevaux en général, à part les sujets d'élite, il y a stagnation obstinée, malgré l'impulsion que la fondation de la Société du demi-sang normand avait paru donner tout d'abord au marché chevalin. Le mécanisme de cette institution est du reste mieux compris, et beaucoup de gens qui, dans le principe, ne s'étaient pas bien rendu compte de la raison d'être de cette nouvelle Société d'encouragement, reviennent de leurs défiances, maintenant surtout que la publication des statuts leur a ôté pour le moment toute crainte de la voir dégénérer en Société étalonnière. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1864   -   Un incendie.   -   Un très violent feu de cheminée, qui avait commencé à se communiquer à la charpente, s'est déclaré dimanche, à 9 heures du matin, chez M. Saillenfest, menuisier, rue Neuve-Saint-Jean, nº 16. Ce feu, qui prenait des proportions graves, a été éteint par les sapeurs Alphonse Lecavelier, Letellier, Leroy fils, le sergent Collette, aidés des voisins, sous les ordres du capitaine. Ce feu a été arrêté immédiatement à la toiture, mais il a demande deux heures et demie de travail pour le corps de cheminée.

Une petite pompe a été mise en manœuvre pendant deux heures.   Le dommage peut s'élever à 100 fr.

Il est heureux que le feu se soit manifeste le jour, car de nuit il serait devenu un très grand incendie. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1864   -   Le temps.   -   Thermomètre de M. de Raveton, opticien, place Saint-Pierre, à Caen.

Dans la nuit du 24 au 25 - décembre , 7º au-dessous de zéro.

Dans la nuit du 25 au 26 - 8º au-dessous de zéro.

Hier lundi. à midi - 3º 1/2 au-dessous de zéro.

Dans la nuit du 26 au 27 - 7º 1/2 au-dessous de zéro.

Aujourd'hui mardi, à 11 h. - 1º 1/2 au-dessous de zéro. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1865   -   Un incendie.   -   Hier soir, à 6 heures, le son du tocsin et les cris au feu ! jetaient l'effroi dans notre ville, et principalement dans le quartier du Bourg-l'Abbé.

Le feu venait, en effet, de se manifester dans une écurie, sise rue Bicoquet et appartenant à M. Godefroy, médecin. Dès les premiers cris d'alarme, les pompiers du quartier arrivèrent sur les lieux du sinistre avec la pompe du dépôt du Bourg-l'Abbé et attaquèrent le feu avec la plus grande énergie.

Un quart d'heure s'était à peine écoulé qu'une seconde pompe, venue en toute hâte du dépôt central, était mise en action, et telle a été l'activité déployée dans cette circonstance par la compagnie de pompiers sous les ordres de son capitaine, M. Paysant, et de tous les officiers de la compagnie, qu'en moins d'une demi heure on était maître de l'incendie. A 8 heures, les pompes étaient réintégrées dans leurs dépôts respectifs.

Les dommages causés par ce sinistre sont évalués approximativement à la somme de 600 fr., ils consistent en la perte de la toiture, du plancher de l'écurie et d'une assez grande quantité de paille et de foin.

Le bruit s'était tout d'abord répandu que le foyer de l'incendie se trouvait dans l'un des magasins à fourrages de la manutention militaire, heureusement que ce bruit était dénué de fondement, car nous aurions certainement à déplorer aujourd'hui un immense désastre.

On attribue l'incendie à l'imprudence d'un jeune homme, qui aurait pénétré dans le grenier de l'écurie avec une lanterne mal fermée, et qui, effrayé de voir le feu se communiquer tout-à-coup à une botte de foin ou de paille qu'il venait d'atteindre au grenier, aurait pris la fuite, après avoir essayé de maîtriser les flammes, qui n'ont pas tardé de gagner le fourrage dont le grenier était garni.(l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1865   -   Le bruit des cloches.   -    L'incendie de l'écurie appartenant à M. Godefroy a procuré aux paroissiens de Saint-Etienne une nouvelle occasion d'entendre le son remarquable des cloches de la paroisse, qui, nous assure-t-on, sont condamnées au silence depuis environ quinze jours, par suite d'une pétition que trois habitants ont cru devoir adresser à M. le maire de Caen.

Une particularité assez curieuse nous est révélée à ce sujet, c'est que c'est l'un des trois habitants que le son des cloches incommodait qui, en apercevant les premières lueurs du feu, a donné les instructions et les moyens nécessaires pour faire sonner le tocsin avec cette ardeur et cette énergie que toutes les oreilles de la population caennaise ont été à même d'apprécier hier soir. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1865   -   Accident de la route.   -    Hier, vers midi, dans la rue Notre-Dame, vis-à-vis l'église Saint-Sauveur, un homme a été renversé par un tilbury, dont le brancard l'a, dit-on, atteint en pleine poitrine. Il a été relevé par les voisins, sans blessures apparentes. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1865   -   Les vols.   -   Il y a quelques jours, des malfaiteurs se sont introduits dans plusieurs jardins des champs Saint-Michel, pour y voler des lapins. A défaut de ces quadrupèdes, ils ont fait main-basse sur divers objets mobiliers qu'ils ont trouvés à leur convenance.

On dit que ces vols auraient été commis avec effraction.  La justice informe. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1865   -   Il n’y a plus de saison.   -    L'hiver n'a décidément plus de rigueur pour les horticulteurs. On écrit de Paris que les asperges en branches, les petits pois, les haricots verts, les artichauts, les radis, les pommes de terre nouvelles, etc..., etc..., abondent chez les marchands de comestibles. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1865   -   Une tempête.   -   Pendant la nuit dernière, le vent a constamment soufflé en tempête avec des alternatives de pluie et de grêle.

Vers deux heures et demie du matin, la violence du vent était extrême, et, dès la première heure du jour, il était facile de constater, par les débris de tuiles et d'ardoises projetés sur la voie publique, les dégâts qu'il avait dû occasionner aux toitures des habitations. Dans la journée, le temps est non moins mauvais que dans le courant de la nuit, et les rafales qui se produisent nous font craindre des sinistres maritimes sur nos côtes. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1865   -   La lettre du préfet.   -    M. le préfet de la Manche a adressé, le 30 décembre dernier, la circulaire suivante à MM. les sous-préfets et maires du département : « Deux maires du même arrondissement ont été récemment condamnés pour délits de chasse.

Il serait superflu d'insister sur ce que de tels faits présentent de regrettable et même de scandaleux. Je me borne à vous signaler, messieurs, les condamnations dont il s'agit comme une circonstance exceptionnelle et qui ne se reproduira plus. Je n'hésiterai pas, d'ailleurs, en cas de nouveaux délits de cette nature, à sévir contre ceux qui manqueraient aussi gravement à la dignité de l'administration. Recevez, etc... (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1865   -   Les tableaux de recensement des jeunes gens.   -    Dimanche ont été publiés et affichés, dans toutes les communes de France, les tableaux de recensement des jeunes gens nés en France en 1844, et qui vont tirer au sort au mois de mars prochain, pour former le contingent de la classe de 1864.

Le nombre des jeunes gens inscrits pour la ville de Caen est de 172, dont 82 pour la partie Est, et 90 pour la partie Ouest. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1865   -   L’adjudication au plus offrant.   -    Le maire de la ville de Caen informe le public qu'il procédera, le lundi 6 février prochain, à 1 heure de l'après-midi, dans une des salles de l'Hôtel-de-Ville, à l'adjudication, au plus offrant et dernier encherisseur, à l'extinction des feux :

    De la récolte des fleurs de tilleul sur les arbres des promenades.

    Le droit de faire pâturer les herbes du cours Montalivet.

Jusqu'au jour de l'adjudication, les cahiers des charges resteront déposés au Secrétariat de la mairie, où il en sera donné communication à tout requérant, de 10 heures du matin à 4 heures du soir. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1865   -   Le temps qu’il fait.   -   Le peu de neige tombée ici, dans la nuit du 17 au 18 de ce mois, est aujourd'hui fondue, et, tandis que le centre et l'est de la France ont repris leur manteau blanc de chaque hiver, notre Normandie garde, à peu de chose près, sa physionomie quasi-printanière.

La violente tempête qui a sévi sur nos côtes la semaine dernière, sans y causer en somme de bien graves sinistres, n'a pas produit non plus dans nos champs autant de dégâts qu'on aurait pu le croire. Quelques pommiers, plutôt rompus que déracinés, à cause de la sécheresse de la terre, représentent le dommage des bourrasques réitérées de ces derniers jours. Ces bourrasques étaient accompagnées d'éclairs et de tonnerre, et mêlées de grêlons ; en somme, pourtant, elles ont amené peu de pluie, et nos sources n'ont pas encore reconquis leur niveau d'hiver. En revanche, les chemins soulevés par de petites averses et par des alternatives de gelée et de dégel sont dans un état affreux de défoncement, et on fera bien de n'y épargner, d'ici à la belle saison, ni matériaux, ni cantonnage.

L'agriculture souffre toujours du prix du blé, qui varie de 14 à 16 fr. l'hectolitre, du poids moyen de 82 kilos. Les colzas, quoique si peu avancés, n'ont pas trop été éprouvés ; si cela continue, on obtiendra environ un tiers de la récolte ordinaire. On comptait sur beaucoup moins que cela, quoique le prix du colza, par une cause non encore expliquée, n'ait pas varié sensiblement depuis la récolte dernière.

Les foins valent toujours de 60 à 70 francs les 750 kilog. Les bestiaux maigres se vendent 40 centimes le demi-kilog., et les bestiaux gras 60 centimes tout au plus.

En résumé, comme les semailles ont bonne apparence, on peut dire que l'année s'annonce bien, et que si les céréales, d'un côté, et les poulains, de l'autre, avaient des prix un peu plus haut, les cultivateurs n'auraient guère de plaintes à formuler. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1865   -   Le feu.   -   Hier, vers les 9 heures 1/2 du soir, le quartier Saint-Ouen a été mis en émoi par les cris : au feu !

Un incendie venait d'éclater au haut de la rue Pavée, dans une grange appartenant à Mme veuve Lecomte et servant de magasin à un fabricant de paniers en osier, nommé Potel. Le tocsin est venu ensuite donner l'alarme, et en un instant une foule immense de travailleurs s'est trouvée réunie sur le lieu du sinistre. Nos sapeurs-pompiers, comme d'habitude, n'ont pas été les derniers à prêter leur utile concours. M. Lelandais a mis sa pompe et son immense réservoir à leur disposition ; une chaîne a été aussi organisée depuis l'abreuvoir de la place Villers. Grâce à ces secours, on s'est promptement rendu maître du feu, qui a été concentré dans le bâtiment où il avait pris naissance. Comme d'usage, chacun a fait son devoir, et tous ont rivalisé de zèle et de devouement pour préserver les habitations voisines.

Si le feu se fût déclaré à une heure plus avancé, on frémit à l'idée des malheurs que l’on aurait eu à déplorer, quand on pense qu'il existe dans le voisinage trois granges remplies de paille et de grain.

Le bâtiment était assure. On ignore s'il en était de même de l'osier qu'il renfermait, et dont la valeur s’elève, dit-on, à 1 300 fr. La cause du sinistre est inconnue. La justice informe.

A propos qui s'est passé hier à Saint-Ouen, nous répéterons ce que nous avons déjà dit. Le zélé mal dirigé d'un certain nombre de personnes qui prêtent leur concours en pareille circonstance est déplorable, les maisons qui précèdent la grange incendié à Saint-Ouen sont habitées par des ouvriers, la plupart chargés de famille, dont la position inspire de l’intérêt. Leur mobilier a été arraché plutôt de leur demeure et porté dans le voisinage, les meubles ont été brisés ainsi que la vaisselle, de sorte qu'aujourd'hui ces malheureux sont dans un dénuement aussi complet que s’ils avaient été eux-mêmes incendiés.

Nous avons vu, dans d'autres circonstances, jeter des piles d'assiettes et des glaces par les croisées, démolir la toiture de bâtiments éloignés du foyer, et cela au moment où le feu était pour ainsi dire éteint. A quoi bon détruire ainsi sans utilité ? (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1865   -   Un grave accident.   -   Dans une soirée qui avait lieu il y a quelques jours chez M. de C…... à Caen, un accident, qui aurait pu avoir les conséquences les plus funestes, est venu jeter un instant l'effroi parmi les invités.

Une jeune dame, qui s'était imprudemment approchée d'une cheminée, vit tout-à-coup sa robe enflammée. Effrayée, Mm. X…...., sans pourtant perdre son sang-froid, secoua sa robe pour éteindre le feu, qui, malheureusement, se communiqua à la robe d'une de ses voisines, et la flamme ne tarda pas à se développer avec une rapidité qui faisait craindre un cruel événement.

Heureusement plusieurs personnes se précipitèrent sur les deux dames et furent assez heureuses pour éteindre le feu. Les victimes de cet accident n'ont été atteintes que de blessures sans gravité. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1865   -   Une nouveauté.   -   On annonce que bientôt une importante modification serait appliquée dans tous les départements. Chaque facteur, soit de ville, soit de campagne, porterait, à côté du sac renfermant les dépêches à distribuer, une petite boîte fermant à clef et destinée à recevoir les lettres en partance. De cette manière, la tournée des facteurs serait

une réception de lettres, en même temps qu'une distribution. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1865   -   Société des Bains et Lavoirs publics de la ville de Caen.   -   La partie de l'établissement des bains et lavoirs publics destinée, pour le blanchissage, au service des indigents, fonctionnera complètement à partir de jeudi prochain.

Tout ce qui est nécessaire pour le savonnage, le lessivage et le séchage du linge des indigents, sera donné gratuitement par l'établissement. La main-d'œuvre seule sera fournie par eux.

Les religieuses chargées des vestiaires des pauvres, dans les paroisses de la ville, trouveront les mêmes avantages pour le linge des vestiaires. Elles auront seulement à s'entendre, pour les lessives, avec la dame religieuse chargée du service des indigents, dans l'établissement des bains et lavoirs.

Quant aux bains gratuits, ils continueront provisoirement à être donnés aux indigents dans l'établissement municipal, situé sur le Petit-Cours. En attendant d'autres dispositions, le local des bains annexé aux lavoirs gratuits sera affecté à l'usage des personnes qui, sans être indigentes, ont besoin de trouver des bains à des prix très réduits.

Ceux qui réclameront la gratuité pour les bains ou pour les lavoirs, devront se munir d'un certificat attestant leur position.

Caen, le 7 février 1865.

Le maire de Caen, président de la Société des bains et lavoirs publics ,

F.- G. BERTRAND. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1865   -   Un accident.   -   Samedi dernier, dans la soirée, le nommé Fresnay (Stanislas), âgé de 15 ans, compositeur en imprimerie, demeurant place de l'Ancienne-Boucherie, nº 120, était monté dans le clocher de l'église St-Gilles pour sonner l'une des cloches. Par suite d'un mouvement auquel il n'a pu résister, son pied gauche s'est trouvé placé de telle sorte qu'il a été ouvert en deux par une bascule.

Cette affreuse blessure s'étend depuis la naissance du pied jusqu'à son articulation avec les deux os de la jambe.

Le nommé Fresnay a été immédiatement transporté à l'Hôtel-Dieu, où sa situation inspire de vives inquiétudes. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1865   -   Le temps qu’il fait.   -   L'hiver est décidément venu nous retrouver. Notre bulletin météorologique de ce jour porte que cette nuit on comptait, à Caen, 3 degrés 1/2 au-dessous de zéro, et qu'aujourd'hui on en compte encore 2 degrés.

Le froid se fait sentir partout. A Paris, les thermomètres marquent 7 degrés 8/10, c'est-à-dire qu'avec deux degrés de plus la Seine sera gelée de nouveau. Cet état de la température n'est pas nuisible aux travaux de la campagne, il a surtout pour effet d'arrêter l'élan de certaines plantes qui, dans ces derniers temps, semblait être trop rapide. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1865   -   Un météore.   -   Samedi dernier, vers 11 heures du soir, un météore, ayant toutes les apparences d'un bolide, a été vu à Caen et aux environs. Cette traînée lumineuse, dirigée du zénith vers l'est de l'horizon, a mis un peu plus de deux secondes pour parcourir cette moitié de la voûte

céleste ; à ce moment l'atmosphère était calme, le ciel pur et étoilé. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1865   -   Les Urgences.   -   Un service de pansements a été établi à l'Hôtel-Dieu de Caen, en 1862, pour les indigents atteints de plaies, d'ulcères, affections de la peau, etc..., et qui peuvent continuer à travailler pendant la durée de leur traitement.

Ces pansements étant exécutés avec l'intelligence, l'habileté et le dévouement habituels des religieuses de l'hôpital, et sous la direction des chefs du service de santé, le nombre des personnes qui viennent réclamer ce service gratuit augmente chaque jour et il en résulte, pour l'Hôtel-Dieu, une consommation très importante de vieux linge et de charpie, que l'établissement ne peut plus se procurer, en quantité suffisante, même à prix d'argent.

L'administration des hospices de Caen croit devoir, en conséquence, faire appel aux personnes charitables qui voudront bien faire don de vieux linge et de charpie en faveur des indigents.

Ces dons devront être adressés à Mme la prieure de l'Hôtel-Dieu. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1865   -   Les bœufs gras.   -    La promenade des bœufs gras s'est faite, dimanche dernier, le plus simplement et le plus modestement possible. Les héros de la fête n'avaient d'autre cortège que leurs conducteurs en blouse, et d'autres ornements qu'une couronne de laurier et un peu de papier doré aux cornes, voilà tout, les chars, les déesses, l'escorte faisaient complètement défaut. Quant aux sacrificateurs, ils attendaient à l'abattoir les pauvres victimes qui, clopin-clopant suivaient aussi gravement que possible deux tambours qui titubaient d'une façon assez comique, et dont l'un surtout battait à tours de bras une boiteuse désordonnée qui donnait presque envie de sauter aux curieux qu'attirait ce spectacle.

Les magnifiques bœufs livrés par M. Besnard à M. Le Gost méritaient, selon nous, un cortège un peu plus digne. Quelle eut été leur honte et leur confusion s'ils se fussent rencontrés avec leurs confrères de Paris qui ont le bonheur d'être envoyés à la tuerie avec une solennité à laquelle il ne manque rien, pas même une visite aux ambassadeurs, aux préfets de police et de la Seine, aux Tuileries, etc... Si les bœufs de Caen laissaient au moins un nom à la postérité; mais on a eu la cruauté de leur refuser jusqu'à cette consolation ! (l’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1865   -   La S.P.A.   -   La Société protectrice des animaux décerne, chaque année, des médailles et autres récompenses :

     aux auteurs de publications utiles au développement de son œuvre.

     aux instituteurs qui ont introduit dans leur enseignement les idées protectrices.

     aux inventeurs d'appareils propres à diminuer les souffrances des animaux dans leur travail.

     aux gens de services pour bons soins donnés à la race bovine sans cornes.

     aux bergers, aux serviteurs et servantes de ferme, aux cochers, charretiers, maréchaux-ferrants, à toute personne enfin ayant fait preuve, à un haut degré, de bons traitements, de soins intelligents et de compassion envers les animaux.

La distribution aura lieu, cette année, le 5 juin, lundi de la Pentecôte. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1865   -   Le temps qu’il fait.   -   Le temps continue d'être pluvieux et humide. Les travaux des champs sont forcément ajournés, au moins dans les terres fortes et mouillantes, et dans les contrées affligées de mauvais chemins, ce ne sont pas seulement les travaux de la terre qui sont suspendus, les transports de tout genre sont également ajournés par force majeure.

Déjà, sur quelques marchés, l'on a cherché à exploiter cette prolongation de la saison froide et humide pour donner une faible opinion sur le rendement de la prochaine récolte et obtenir un peu de hausse sur les grains.

Il n'y a rien de fondé jusqu'ici dans ces rumeurs, qui n'ont qu'un caractère local. A la première reprise du beau temps, on verra la végétation se ranimer et prendre un essor d'autant plus actif qu'elle aura subi plus de retard. Néanmoins, comme les semailles de printemps sont plus productives, en général, lorsqu'elles sont faites de bonne heure, il est à craindre que le retard forcé de celles de 1865 n'en atténue un peu le rendement.

En somme, jusqu'ici c'est le seul préjudice qu'on soit fondé à appréhender comme résultat de la température actuelle. (Gazette des Campagnes.)

 

Mars 1865   -   La marée.   -   La plus haute marée de l'année et l'une des plus hautes qu'on verra dans ce siècle a lieu aujourd'hui mardi. Elle atteindra 4 mètres 73 centimètres. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1865   -   Le temps qu’il fait.   -   C'est hier que le printemps a commencé, mais l'hiver n'a pas dit son dernier mot : dimanche, une bise glaciale a soufflé pendant toute la journée, et dans la nuit de lundi, la neige est tombée dans nos campagnes. Hier, le froid a persisté, et, ce matin, on constatait dans les campagnes près de 6 degrés 1/2 au-dessous de zéro, et 4 degrés 1/2 à Caen : il avait gelé à glace, comme au cœur de l'hiver.

Cependant, aujourd'hui, un splendide soleil semble présager la fin de cette saison rigoureuse que nous venons de traverser, et donne enfin l'espoir que la végétation, qui est nulle jusqu'à présent, va prendre son essor. Il est temps. Toutefois, et jusqu'à ce que la température soit tout à fait adoucie, on ne saurait trop prendre de précautions au sujet des légères cultures, surtout après le coucher du soleil.

A Paris, le marronnier du 20 mars n'a pu satisfaire le public parisien à son échéance ordinaire. Ses bourgeons, il est vrai, sont près à éclater, mais hélas ! aucune feuille n'apparaît encore. Les promeneurs habituels des Tuileries sont tout désappointés. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1865   -   Le temps.   -   Pendant la semaine qui vient de s'écouler, la température a été encore plus rigoureuse que pendant la semaine précédente.

Sur aucun point du territoire les travaux de la saison n'ont pu être repris. Cette prolongation extraordinaire d'un hiver déjà long et rude n'afflige pas seulement la France, l'Italie, l'Allemagne, l'Espagne et toute l'Europe sont dans la même situation.

Jusqu'ici les plaintes de l'agriculture ne sont pas très vives. Partout la végétation est languissante ; partout les fourrages printaniers sont en retard d'un mois, mais rien n'empêche d'espérer qu'une période de beau temps et de chaleurs printanières rattrapera une partie de ce retard. Les gelées ne paraissent pas jusqu'ici avoir nui sérieusement aux blés ni aux autres plantes.

Les céréales ont continué de hausser sur tous les marchés de France et de l'étranger. Le retard des semailles printanières est évidemment la cause principale de cette reprise. On est porté naturellement à penser que les blés de printemps semés trop tard produiront moins que de coutume, et que beaucoup de cultivateurs renonceront à cette culture. Quant aux blés d'hiver, rien n'autorise à croire que la moisson qu'on en attend doive souffrir de la mauvaise saison prolongée. Enfin, la hausse a une autre cause naturelle dans la baisse excessive dont tout le monde agricole se plaignait justement depuis plus de deux mois. Aujourd'hui le vent souffle à la hausse, non seulement sur les blés, mais sur toutes les céréales, et spécialement sur les avoines. A quelque chose malheur est bon. Puisse cette reprise rendre un peu de courage à d'innombrables métayers et petits propriétaires que l'avilissement des prix de toutes les denrées jetait partout dans les plus vives alarmes.

Une rude épreuve pour les cultivateurs dans cette situation, c'est le retard des fourrages verts, et l'épuisement prématuré des ressources alimentaires qui ne seront point remplacées à l'époque à laquelle ils avaient lieu d'y compter. Le bétail maigre se vend mal, mais le bétail gras est toujours recherché du commerce. Puisse ce double fait éclairer tous les producteurs et les faire renoncer aux traditions ruineuses où ils ont persisté à se maintenir jusqu'ici ! (Gazette des Campagnes.)

 

Avril 1865   -   Le pont St-Jacques.   -   Lors de la démolition du pont Saint-Jacques nécessitée par les travaux dits de la rigole alimentaire, on a trouvé une boîte en plomb renfermant une plaque en cuivre commémorative de la reconstruction de ce pont, faite en 1838, alors que M. Target était préfet du Calvados, M. Donnet, maire de Caen et M. Guy architecte de la ville.

Dans cette boîte se trouvaient également quatre pièces de monnaie au millésime de 1838 montant à la somme de 28 fr., savoir : une pièce de 20 fr. en or ; une pièce de 5 fr. en argent ; une autre de 2 fr. et une de 1 fr.

Hier, M. l'ingénieur a fait remettre le tout à M. le maire, et le dépôt à la bibliothèque de la ville en a été ordonné. Nous nous demandons si le dépôt des quatre pièces de monnaie est bien de nature à exciter la curiosité publique. Si l'on veut conserver le souvenir des travaux de reconstruction et de démolition d'un pont, qui ont eu lieu à 24 ans environ d'intervalle, la plaque commémorative ne remplit-elle pas largement ce but, et à cette époque où certainement tant de pauvres sont inquiétés pour le paiement de leurs loyers ne pourrait-on affecter cette somme à celui d'entre eux qui semblerait le plus digne d'intérêt ? (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1865   -   Un accident.   -   Un douloureux accident, dont un officier du 35e de ligne est la victime, a attristé le départ de ce régiment.

Hier soir, vers dix heures, M. Valentino, lieutenant, demeurant rue Frementel, avait laissé son ordonnance dans son logement, négligeant d'en emporter la clé avec lui. Au moment où cet officier voulut rentrer, son ordonnance, qui dormait profondément, ne l'entendit pas frapper, et M. Valentino se vit obligé d'escalader sa croisée au moyen d'une échelle. Malheureusement, cette dernière se trouva trop courte, arrivé au dernier échelon et au moment de perdre l'équilibre, il chercha à s'accrocher à une caisse de fleurs qui, peu solidement fixée, céda sous le poids de l'officier, et ce dernier est tombé d'une hauteur de plusieurs mètres. Dans sa chute, M. Valentino s'est fracturé les deux jambes, et il a été aussitôt transporté à l'Hôtel-Dieu dans le plus triste état. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1865   -   Attention à la peinture !   -   A cette époque où, pour ainsi dire, tous les commerçants font repeindre leurs boutiques et magasins, nous croyons qu'il serait bon de prendre les précautions ordinairement en usage dans ces circonstances. Hier et ce matin, plusieurs personnes ont été victimes de la négligence de quelques commerçants, en enlevant avec leurs vêtements une partie de la peinture qu'on venait de renouveler à la devanture des magasins. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1865   -   Une noyade.   -   Un individu, nommé Grenier, qui avait sans doute copieusement fêté la demi-tasse et les liquides alcooliques qui, dans ce bon pays de Normandie en sont les capiteux accessoires, a voulu prouver, hier matin, qu'il était aussi bon nageur qu'excellent buveur. Ayant parié qu'il repêcherait au fond de l'Orne, grossi en ce moment par la marée, une pièce de 50 centimes qui y serait jetée, cet homme s'est élancé dans la rivière à la recherche de la pièce en question.

A la suite d'un plongeon dont la durée avait fait naître d'assez vives inquiétudes parmi les spectateurs, le nageur reparut un instant à la surface de l'eau, pour en disparaître presqu'aussitôt.

On s'empressa de lui porter secours, mais ce fut inutilement, et, hier soir, on n'était pas encore parvenu à retrouver son corps. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1865   -   Arrestations des filles Couchet.   -   Hier soir, un groupe, composé de plus de cent personnes, traversait le boulevard, la rue de la Fontaine, la place Royale, et conduisait au bureau de police, en les accompagnant de ses huées et de ses sifflets, deux femmes, deux de ces rôdeuses de nuit qui affichent publiquement leur dégradant métier.

On se demandait avec étonnement pourquoi cette arrestation avait lieu, pourquoi, surtout, elle se produisait en l'absence de tout agent de l'autorité, car, enfin, la foule avait dû en rencontrer au moins un dans le trajet qu'elle venait de parcourir. On parlait d'assassinat, de coups de couteau, et toutes sortes de versions circulaient sur le compte de ces femmes, que la populace elle-même s'était chargée de livrer à la justice. Voici ce qui s'était passé.

Vers 9 heures, un nommé Chrétien (Ferdinand), âgé de vingt-un ans, ouvrier carrossier, demeurant à Caen, qui, au lieu de travailler de son état, pratique habituellement l'ignoble industrie de poursuivre les filles publiques afin de se faire payer à boire par elles et d'en obtenir de l'argent, rencontra les filles Léa et Camille Couchet au moment où elles sortaient d'une auberge située près de la Poissonnerie, l'une d'elles tenait une bouteille à la main. Chrétien demanda à vider avec elles le contenu de cette dernière. Cette proposition ayant été suivie d'un refus, une discussion assez vive s'engagea, pendant laquelle l'une des filles Couchet tira un couteau de sa poche et en porta deux coups violents à Chrétien, l'un à la tête et le deuxième au côté gauche, la première blessure, qui est très grave, présente une plaie qui s'étend depuis le front jusqu'au bout du nez, quant à l'autre blessure, elle n'offre aucun caractère de gravité, la lame du couteau s'étant heureusement arrêtée sur une côte.

Cet homme est tombé baigné dans son sang, et il n'a pas tardé à être transporté à l'Hotel-Dieu, où la justice s'est rendue ce matin et a procédé à une enquête.

La vie de Chrétien ne paraît pas être en danger. Quant aux deux femmes, après avoir commis le fait qui leur est reproché, elles s'éloignèrent, mais un jeune homme, qui était accouru pour porter secours au blessé, les signala à quelques personnes qui, réunies bientôt à un grand nombre de curieux, se mirent à leur poursuite, et c'est ainsi qu'elles ont été amenées au bureau de M. le commissaire central.

A la suite d'un premier interrogatoire, elles ont été conduites par un agent de police au violon de la place Royale, toujours escortées par la foule qui stationnait en les attendant, et à laquelle elles lançaient de grossières injures. Ce matin, les filles Léa et Camille Couchet ont été maintenues en état d'arrestation. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1865   -   Les dictons.   -   Parmi les dictons populaires qui se rapportent au mois de mai, on cite les suivants :

Mai sec, année maigre.

 -    Du mois de mai la chaleur,  De tout l'an fait la valeur.

 -    Mai frais et venteux,  Fait l'an plantureux.

 -    Avant saint Gervais point d'été ; Après saint Gervais point de gelée.

 -    Mai pluvieux, juin sec.

 -    Brouillard en mars, gelée en mai.

 -    Belles Rogations; Belles moissons. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1865   -   Un accident.   -   La journée d'hier a été signalée par un accident. Un soldat de la compagnie de remonte, voulant éviter deux voitures qui, dans la rue des Capucins, étaient lancées dans deux directions différentes, est tombé et l'une des roues d'une voiture lui est passée sur les jambes. Cet homme, après avoir reçu les premiers soins des voisins, a été ramené au dépôt de remonte par deux de ses camarades. On espère que cet accident n'aura aucune suite fâcheuse.

Aujourd'hui, une autre personne, dans une chute qu'elle a faite rue Saint-Jean, vers 9 heures et demie du matin, a eu la jambe brisée. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1865   -   Un incendie.   -   Un incendie s'est déclaré, dimanche dernier, vers 11 heures du soir, rue Frementel, n° 13, chez M. Salmon, logement occupé par un officier du 70e de ligne. Le caporal Barbulée, chef du poste des pompiers de la foire, ayant été prévenu, conduisit une pompe de son dépôt sur les lieux, et alors, le feu, attaqué vigoureusement par la fenêtre du 1er étage, fut concentré dans le petit salon où il avait pris naissance, et, après vingt minutes de travail, les planchers ont été sauvés. Les manœuvres étaient dirigées par M. le capitaine commandant la compagnie de pompiers.

Il y a lieu de se féliciter de la promptitude avec laquelle les secours sont arrivés, car, telle est la nature de la construction, qu'elle n'allait pas tarder à être complètement la proie des flammes et à propager dans les bâtiments voisins l'incendie dont elle était le foyer.

Un fort détachement du 70e régiment de ligne, sous les ordres d'un officier, a montré beaucoup de zèle et a été d'un grand secours pour la chaise et la manœuvre de la pompe. Plusieurs officiers d'infanterie, M. le commissaire central et le commissaire du quartier étaient présents.

L'officier dans le logement duquel le feu s'est déclaré a perdu presque tous ses effets d'habillement, beaucoup de livres, le tout estimé à environ 700 fr. Tout le mobilier du salon et du cabinet à coucher, se composant de pendule, glace, canapé, commode, secrétaire, deux fauteuils, chaises, table ronde, le tout en acajou, et rideaux, ont été la proie des flammes, il n'a été sauvé que la couche en fer et deux matelas. La perte peut s'élever de 8 900 fr.

Le dommage de l'immeuble est évalué de 6 à 700 fr. La cause de ce sinistre est attribuée à un accident.

Les pompiers présents et dont le zèle courageux a évité à la ville un incendie plus considérable, sont : MM. Leguillard, sergent-major ; Lavinay père, sergent ; Soude, sergent ; Barbulée, caporal ; Génein, caporal fourrier ; Herquoist père, sapeur ; Herquoist fils, id. ; Letellier, id. ; Noël, id.

La chambre du nº 13 de la rue Frementel finira par jouir d'une triste célébrité, surtout parmi les officiers de la garnison. On se rappelle qu'un lieutenant du 55e de ligne qui y demeurait, a fait, il y a trois semaines, une chute affreuse, et s'est brisé les jambes en voulant escalader sa fenêtre pour rentrer chez lui, où son soldat s'était profondément endormi. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1865   -   Un crime.   -   Un assassinat a été commis dans la nuit de mardi à mercredi, à peu de distance de Caen, près de la commune de Venoix. Le bruit s'en est promptement répandu en ville, et voici sur cette sinistre affaire les renseignements que nous avons recueillis.

Vers onze heures et demie un employé, le sieur B....., demeurant à Bretteville-sur-odon, trouva sur la route impériale et à quelques pas de Venoix le corps d'un individu qui baignait dans son sang, il était sans mouvement. M. B..... s'empressa d'aller réveiller l'adjoint au maire de Venoix, qui accompagné du garde-champêtre, se rendit sur les lieux. Là on ne tarda pas à reconnaître que la victime était le sieur Le Flaguais (Pierre), âgé de 74 ans, serrurier, demeurant à Venoix. On s'empressa de porter ce malheureux vieillard à son domicile où MM. les docteurs Raisin et Martin furent appelés en toute hâte pour lui prodiguer des soins. L'état du blessé était désespéré et hier soir il n'avait pas encore repris connaissance ni pu prononcer une parole. Ce matin même nous avons entendu dire qu'il avait succombé.

Quel a été le mobile du crime et quel en est ou quels en sont les auteurs ? Tout porte à penser que l'attentat a été commis pour accomplir un vol, on assure que le soir même M. Le Flaguais, qui avait quitté son gendre, marchand d'ustensiles de pêche à Caen, possédait un porte-monnaie dont on ignore le contenu, et que cet objet n'a pas été retrouvé sur lui. C'est à 9 heures et 1/2 que M. Le Flaguais se serait séparé de sa famille pour reprendre la direction de son domicile. Quand aux auteurs, on comprend la réserve avec laquelle nous devons accueillir les rumeurs qui circulent à ce sujet. Il nous suffira de dire que la justice a commencé aussitôt une enquête qu'elle poursuit aujourd'hui avec la plus grande vigilance et que les coupables, s'ils ne le sont déjà, ne tarderont pas à être mis en état d'arrestation. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1865   -   Les renseignements sur le crime.   -   Nous avons parlé jeudi d'un attentat qui a été commis dans la nuit du 16 au 17 sur la personne de M. Le Flaguais demeurant à Verson. Nous complétons les renseignements que nous avons déjà publiés sur cette affaire.

Lors des constatations auxquelles la police s'est livrée aussitôt la connaissance du crime, on a saisi divers outils trouvés sur la route, lesquels, par leur nature, semblaient indiquer que leurs propriétaires exerçaient la profession de couvreur. Des habitants, en effet, signalèrent bientôt les nommés Lemarinier et Ch. Marie, couvreurs, pour être ces propriétaires, et entre les mains desquels on assurait même les avoir vus. Dès lors on fut certain d'être sur la trace des coupables, et un mandat d'amener fut lancé contre ces individus.

Dès avant-hier, dans l'après-midi, la gendarmerie, chargée de mettre à exécution le mandat de la justice, arrêtait le nommé Lemarinier dans son domicile à Verson, et, hier, l'arrestation de Charles Marie a eu lieu à Caen, chez une femme avec laquelle il vit en concubinage. Ces deux hommes ont été écroués à la maison d'arrêt, où ils sont l'objet d'une instruction judiciaire.

On assure qu'au moment de son arrestation Lemarinier a reconnu être l'auteur de l'attentat; selon lui, il aurait agi seul et sans la participation de Marie. Ces deux hommes, après avoir bu ensemble dans un cabaret, se seraient séparés vers dix heures, Marie, pour revenir à Caen, Lemarinier, pour se rendre dans une commune voisine où, le lendemain, ils devaient travailler ensemble. Marie laissa a cet effet ses outils entre les mains de Lemarinier.

Après avoir quitté son compagnon, ce dernier entra encore dans un cabaret, y fit encore une consommation puis en sortit en état d'ivresse. Arrivé sur la route, il fit la rencontre du sieur Leflaguais, et, soit qu'il l'eût bousculé en trébuchant, soit tout autre motif, il aurait, lui Lemarinier, été frappé d'un coup de canne, et c'est à la suite de cette agression qu'il aurait assené un coup de crosse de fusil au visage du sieur Leflaguais, qui est tombé baigné dans son sang. Quant au fusil dont il était possesseur à pareille heure, Lemarinier, qui passe pour un braconnier, prétend qu'il l'avait pris dans l'intention de tuer une pièce de gibier s'il l'eût trouvée sur sa route. Il soutient que Marie n'était pas avec lui lors du crime, et Marie lui-même déclare qu'il est innocent.

Tel est, d'après la rumeur publique, le système de défense des deux inculpés, et dont, bien entendu, nous ne voulons pas garantir l'authenticité.

Toutefois, nous devons ajouter que le porte-monnaie aurait été retrouvé dans l'une des poches de la victime, et que le sieur Leflaguais n'avait pas encore succombé hier à ses blessures, mais il est complètement paralysé.

Les nommés Lemarinier et Charles Marie paraissent être entourés de la plus mauvaise réputation. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1865   -   L’orage.   -   Un orage violent a éclaté dimanche dans la soirée vers onze heures ; les éclats de tonnerre et les éclairs se succédaient avec une rapidité effrayante. Pour en donner une idée il nous suffira de dire que dans l'espace d'un quart d'heure on a compté jusqu'à 267 éclairs.

Le bruit a couru que la foudre était tombée dans une commune

voisine de Colleville ; mais nous manquons de renseignements à cet égard. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1865   -   Tribunal correctionnel de Caen.   -   Présidence de M. Lentaigne, vice-président.  M. Bailleul, substitut de M. le procureur impérial, occupant le siége du ministère public.

Audience du 13 Mai

-        Gosset, ouvrier journalier. demeurant à Caen, est prévenu de résistance avec violence et voies de fait envers des gens chargés d'un service public.

Etant ivre, il se battait sur le cours ; des militaires du poste de la caserne ont voulu s'emparer de lui, il leur a résisté, il en a mordu un à la main, il a donné un coup de pied à un autre.

Les antécédents sont mauvais. Il a été envoyé, à l'âge de 15 ans, dans une maison de correction, plus tard, il a été condamné à 2 jours de prison.

Le Tribunal lui inflige la peine de 8 jours de prison.

Défenseur, Me  Postel. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1865   -   La lune.   -   La lune rousse, qui a été charmante cette année, a fini mercredi soir, à 10 heures 59 minutes. Mais la Saint-Médard arrive le 8 juin cette année. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1865   -   Un accident de la route.   -   Hier, à 10 heures 1/2 du matin, la voiture de Courseulles, qui fait le service des dépêches, a versé dans la rue de la Délivrande, par suite de la rupture d'un écrou d'une roue de derrière. Heureusement que personne n'a été blessé. On ne saurait trop recommander à MM. Les entrepreneurs de veiller à ce que leur matériel soit en bon état. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1865   -   Les suites d’un accident de la route.   -   Dans notre numéro de samedi, nous avons fait connaître que la voiture de Courseulles qui fait le service des dépêches avait versé la veille dans la rue de la Délivrande. Les renseignements qu'on nous a donnés à ce sujet ne sont pas tout à fait exacts, et voici, d'après une lettre que nous recevons, comment les faits se sont passés.

La voiture revenait sur la route de la Délivrande lorsque, arrivée au bas de la côte du Calvaire et à l'entrée de la rue, l'extrémité de l'essieu de derrière s'est tout-à-coup rompu dans l'une des roues où il était fixé.

Par suite de cette rupture subite, la voiture s'est affaissée jusqu'au marche-pied qui l'a maintenue en équilibre. Cette voiture n'a donc pas versé comme on l'a dit, et les voyageurs n'ont souffert en aucune façon de cet accident qui est de ceux qu'un entrepreneur ne peut ni prévoir ni éviter. En effet, est-il possible, même à l'œil le mieux exercé, de découvrir une paille lorsqu'elle existe dans une pièce de fonte ou de fer ?

Nous devons reconnaître, dans tous les cas, que depuis que M. Louard a l'entreprise des voitures qui desservent les divers points du littoral et qui sont d'une si grande utilité pour les voyageurs, des modifications importantes ont été apportées dans le service qui se fait avec la régularité que l'on connaît, et que le matériel dont il dispose est en très bon état. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1865   -   Une circulaire.  -   M. le préfet du Calvados vient d'adresser la circulaire suivante à MM. les sous-préfets, maires, inspecteurs primaires et instituteurs du département :

Caen, le 29 mai 1865.

Messieurs,

Les élèves des lycées et collèges de l'empire ont obtenu un congé extraordinaire à l'occasion de la fête de S. A. le Prince Impérial.

Il a paru juste à M. le ministre de l'instruction publique d'étendre cette faveur aux établissements d'instruction primaire ; et Son Excellence a décidé que ce congé serait fixé au mardi de la Pentecôte (6 juin 1865).

Je vous prie, Messieurs, d'assurer, chacun en ce qui vous concerne, l'exécution de cette décision. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1865   -   Des viandes insalubres.   -   Un boucher de la halle aux viandes, le sieur Valette, avait exposé et mis en vente des quartiers de viande reconnus insalubres. Une saisie a été pratiquée à son étal par M. le commissaire central, qui a saisi également chez un autre boucher de la ville une assez grande quantité de viande malsaine, que ledit sieur Valette avait vendue pour être livrée à la consommation. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1865   -   Un accident de la route.   -    Dimanche dernier, vers huit heures du matin, le nommé Petit (Clément ), âgé de 64 ans, journalier, né à Etry, demeurant à Lassy, s'était rendu à Caen avec l'intention de se louer pour travailler à la récolte des foins. Arrivé en face de la maison de M. Lepetit, pharmacien, dans la rue Ecuyère, et au moment où il cherchait à se garer d'une voiture qui venait à sa rencontre, il fut atteint et précipité sur la voie publique par les chevaux de la voiture de Bayeux qui venait derrière lui, et dont les roues lui passèrent sur la jambe gauche qui fut fracturée.

On s'empressa de le relever et on le transporta à l'hôpital où il a reçu les soins que nécessitait sa position.

Le nommé Petit a déclaré que le bruit de la première voiture l'avait empêché d'entendre celui de la diligence de Bayeux, qui, ainsi que l'autre, était lancée au trot, et c'est ce qui a causé l'accident dont il a été victime. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1865   -   Une noyade.   -   La saison des bains est chaque année l'occasion de tristes événements. Un militaire de la garnison ayant voulu se baigner lundi dernier à l'endroit de l'Orne appelé les Quatre-Carabines, y a trouvé la mort. Il paraît que ce malheureux jeune homme qui était d'ailleurs un bon nageur, s'est vu tout-à-coup paralysé dans ses mouvements par une ligne de fond qui flottait entre deux eaux et qui le retenait encore mardi au moment où il a été retrouvé.

Le corps a été transporté à l'hôpital de l'Hotel-Dieu, où, hier, on a procédé à l'inhumation, en présence des camarades du défunt.  (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1865   -   Accidents de la route.   -   La route de Bretteville-l'Orgueilleuse à la Maladrerie a été le théâtre de deux accidents dont l'un a été suivi de la mort d'une des victimes.

Un entrepreneur de déménagements de notre ville, le sieur Lair, domicilié quai de Courtonne, revenait avec une voiture chargée et attelée de trois chevaux, il était accompagné du nommé Daigremont, son domestique, et tous deux étaient dans un état voisin de l'ivresse. Un peu avant d'arriver à la descente de la route qui précède la Maladrerie, Daigremont, qui s'était imprudemment approché de la voiture, fut atteint par l'une des roues et eut le pied écorché, au point de ne pouvoir continuer sa route.

Quelques instant plus tard, Lair, en voulant serrer le frein, fut renversé par une roue de derrière qui lui passa sur le corps.

Quand ce malheureux a été relevé il ne donnait plus déjà aucun signe de vie. Les chevaux livrés à eux-même sont partis au galop, et ce n'est qu'à la Maladrerie qu'ils ont été arrêtés. Quant au nommé Daigremont, sa blessure n'offre aucune gravité, il a néanmoins été transporté à l'Hôtel-Dieu. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1865   -   L’éducation des filles.   -   M. le ministre de l'instruction publique vient d'adresser une circulaire aux préfets, relative à la création d'écoles spéciales de filles et à la fixation du traitement des instituteurs adjoints, institutrices et institutrices adjointes.

Cette circulaire nous apprend qu'un projet de loi qui va être très prochainement soumis aux délibérations du Conseil d'Etat et des chambres contient, entre autres dispositions :

  la création d'écoles spéciales de filles dans les communes de cinq cents âmes et au dessus qui en sont encore dépourvues.

  la fixation à 500 fr. du minimum de traitement des instituteurs adjoints, et elle a pour objet d'ouvrir une enquête destinée à faire connaître la situation actuelle du service, la situation de ce même service après l'application de la loi nouvelle, et par suite les charges qui incombent aux départements et l'Etat dans la dépense future. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1865   -   Le temps.   -   Quoique le beau temps favorise autant qu'il se peut les biens de la terre, la prochaine récolte ne paraît pas devoir égaler celle de 1864. On ne compte jusqu'ici, en compensant toutes les inégalités, que sur une moyenne ordinaire, et c'est à cette prévision qu'il faut rapporter la fermeté, et même la légère hausse qui se produit sur les blés.

Néanmoins, nous ne voulons pas donner ces prévisions pour une opinion bien assise. Les renseignements reçus jusqu'ici ont besoin d'être complétés, et c'est la période de la floraison et de la maturité qui achèvera d'édifier le monde agricole sur la question.

Constatons, en attendant, que la récolte fourragère, qui a un rôle si considérable, quoique peu compris, dans le revenu de l'année agricole, est beaucoup meilleure que celle de l'an dernier, qui fut déplorable.

Les colzas, qu'on commence à couper dans quelques endroits, ne donneront qu'une chétive récolte, sauf dans l'ouest et le centre. Les laines subiront encore un nouveau rabais. L'Australie inonde les places de Londres, de Liverpool, du Havre, de laines magnifiques produites presque sans frais. Jusqu'ici nos fabricants n'ont voulu traiter avec les éleveurs qu'à 10 p. 100 au-dessous des cours de l'année dernière. (Gazelle des Campagnes)

 

Juin 1865   -   Le temps.   -   Jeudi dernier, 8 juin, fête de saint Médard le temps a été magnifique, la chaleur a été tempérée par une brise assez fraîche de N.-E. Le baromètre est au beau fixe, ce qui fait espérer que nous allons avoir une longue série de beaux jours à moins que saint Gervais ou saint Protais ne viennent tout déranger. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1865   -   Le temps qu’il fait.   -   Par ce temps de chaleur et de sécheresse, on aime tant à trouver la fraîcheur et la verdure dans les plantes, qu'on se demande pourquoi le square de St-Pierre, si bien dessiné d'ailleurs et qui, bientôt, va être complètement entouré d'une jolie grille, semble si entièrement abandonné à l'ardeur impitoyable du soleil et aux plantes parasites qui envahissent ses corbeilles et ses massifs dont jadis, on remarquait le bon entretien.

Le bassin est plein d'une eau silencieuse qui ne demande en réalité qu'à rafraîchir ce qui l'environne, ne pourrait-on pas l'utiliser chaque jour à rendre la vie au gazon qui, mourant de consomption, ressemble à s'y méprendre à du vieux foin ?

Le square étant un jardin public, les habitants ont le droit de se plaindre quand il est mal entretenu, et, en ce moment, nous ne sommes que l'écho de légitimes réclamations qui se sont élevées à ce sujet.

Si, par le temps qui court, on recherche la fraîcheur, nous devons dire aussi combien sont funestes les foyers d'infection. A ce propos, on signale les Abattoirs comme étant fréquemment un centre pestilentiel. Nous avons voulu vérifier le fait, et mardi, à 3 heures de l'après-midi, l'odeur qui, dans la rue des Abattoirs, s'échappait de cet établissement où l'on fondait sans doute de la vieille graisse, était insupportable.

Nous devons appeler la sérieuse attention de l'autorité sur ce point, qui est l'objet de vives réclamations non seulement de la part des habitants du quartier, des employés et agents de l'administration du chemin de fer, mais encore de tous les voyageurs. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1865   -  Les juments poulinières en dépôt chez les cultivateurs.   -   Il a été constaté, lors de l'inspection de 1864, que les chevaux de trait et les juments poulinières en dépôt chez les cultivateurs et éleveurs étaient généralement en bon état et qu'à de rares exceptions près ils recevaient tous les soins nécessaires.

En raison de cette situation avantageuse, le ministre de la guerre a décidé qu'il n'y avait pas lieu de procéder à une nouvelle inspection en 1865.

D'un autre côté, le ministre, ayant été amené à reconnaître que les chevaux signalés comme mal entretenus lors de l'inspection dernière, avaient reçu depuis des soins convenables, de sorte qu'il ne lui paraît plus nécessaire de continuer les visites mensuelles qui avaient été prescrites pour stimuler le zèle des détenteurs des chevaux et les tenir en éveil, a également décidé que ces visites n'auraient plus lieu périodiquement.

Néanmoins, la gendarmerie devra continuer de veiller sur les chevaux dont il s'agit qui appartiennent à l'Etat, et les chefs de légions adresseront au ministre, le cas échéant, des rapports sur ceux qui ne seraient pas convenablement soignés. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1865   -  Une machine  pour le balayage.   -   Le matin on a fait l'essai, dans la rue Saint-Jean, d'une nouvelle machine pour le balayage des rues, due à l'invention de M. Tailfer, de Paris. Un assez grand nombre de personnes assistaient à ces essais. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1865   -  La canicule.   -   Thermomètre de M. de Raveton opticien, place Saint- Pierre, à Caen.

Dans la nuit du 4 au 5 juillet, 17º au-dessus de zéro.

Hier mercredi, à midi, 28º au-dessus de zéro.

Dans la nuit du 5 au 6. 19º au-dessus de zéro.

Aujourd'hui jeudi, à midi, 33º au-dessus de zéro.

La chaleur a été hier, à Paris, à quatre heures (au nord), de 30 degrés 5/10es. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1865   -  La foudre.   -   De 1855 à 1865, on a compté en France 2 238 personnes tuées raide par la foudre. Dans plusieurs cas, la foudre, en tombant sur des groupes de personnes des deux sexes, a frappé particulièrement les individus du sexe masculin, épargnant plus ou moins les personnes du sexe féminin.

Il existe plusieurs exemples de hêtres foudroyés, c'est donc à tort que Maxwell a proclamé l'immunité de cet arbre, et que l'on a reproduit cette erreur au dernier Congrès scientifique de Manchester.

En 1853, sur 34 personnes tuées par la foudre dans les champs, 15 ont succombé sous des arbres, de 1841 à 1853, sur 107 personnes foudroyées, 21 ont été signalées comme ayant été frappées sous des arbres. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1865   -   L'état des récoltes.   -   Nous lisons dans le dernier numéro du Pays normand :

« L'état des récoltes est satisfaisant; cependant, si l'on s'en rapporte aux apparences, la récolte en blé équivaudra à une forte demi-année tout au plus. Dans le Lieuvain et lieux circonvoisins, les blés offrent un bel aspect, toutefois ils auraient besoin d'un peu de pluie.

La région normande est la moins mal partagée pour les colzas; on compte à peu près sur une demi-année, tandis que dans les autres contrées le produit sera presque nul. Les rares pommiers qui avaient quelques fruits les perdent en ce moment, par suite de la sécheresse. En définitive, les choses se passeront comme nous l'avons déjà dit : la récolte sera insignifiante. La récolte fourragère est magnifique. » (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1865   -   Curage des cours d’eau.   -    Nous, préfet du département du Calvados, officier de la Légion-d'Honneur, commandeur de l'Ordre de Saint- Grégoire-le-Grand,

Vu les lois des 8 janvier et 20 août 1790, 13 Fuctidor an III et 14 floréal an XI.

Vu l'arrêté préfectoral du 8 germinal an X.

Considérant que l'administration départementale est chargée par les lois d'assurer le libre cours des eaux et la conservation de leur lit.

Considérant que, dans le Calvados, un usage constant a mis à la charge des propriétaires riverains les dépenses de curage et de réparation des cours d'eau qui ne sont ni navigables, ni flottables, qu'il n'y a et ne doit y avoir exception que lorsque le régime d'un cours d'eau est réglé par des dispositions spéciales qui dispensent les riverains de toute action personnelle, en imposant à l'association les obligations d'entretien et de réparations.

Arrêtons :

Art. 1.        Il sera procédé, du 10 août au 10 septembre prochain, au curage de tous les cours d'eau du département qui ne sont ni navigables, ni flottables, ni enfin soumis à un régime spécial d'association.

Il sera également procédé au curage de tous les fossés, canaux et rigoles communiquant avec les cours d'eau susceptibles dudit curage.

Art. 2.        Chaque propriétaire ou fermier de moulin ou usine sera tenu de faire, pendant toute la durée des travaux, les mancœuvres de vannes qui seront reconnues nécessaires pour exécuter l'operation. En cas de retard, ou refus, procès-verbal en serait dressé pour être déféré au tribunal de police, et les manœuvres seraient accomplies d'office, immédiatement, et comme mesure d'urgence.

Art. 3.        Chaque propriétaire ou fermier de moulin ou usine sera tenu, dans ses écluses et chaussées, et chaque riverain, le long de sa propriété, d'opérer le curage comme il est dit ci-après :

Ce curage sera fait partout à vif fond et å vifs bords, de manière à rétablir au besoin l'ancienne largeur de la riviere et à donner, autant que possible, au plat fond une pente en long régulière et uniforme. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1865   -   Les températures   -   La température, qui, par suite des dernières pluies, était descendue de 22 à 26 degrés, est remontée hier, à Paris, à 30 degrés. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1865   -   L’orage.   -   Hier matin, un violent orage a éclaté sur notre ville et dans les environs. Le tonnerre est tombé deux fois sur l'établissement des lavoirs publics où il a causé certains dégâts qui n'ont pourtant qu'une minime importance. La foudre a parcouru diverses parties de l'établissement, et, par un bonheur providentiel, on n'a eu à déplorer la mort de personne, bien que, dans ce moment, la salle des batteries fût occupée par un assez grand nombre de femmes.

Le directeur du lavoir, M. Renault, n'a pas peu contribué à sauver ces dernières d'un péril certain en les engageant à quitter les plaques en fonte qui recouvrent les caniveaux et sur lesquelles elles se tenaient, pour monter dans les boîtes placées autour des bassins. Ces plaques, en effet, ont été fortement ébranlées par le fluide électrique. M. Renault a reçu dans les jambes une vive commotion, qui, heureusement, n'a eu aucune suite sérieuse.

La foudre est tombée à Vaucelles chez M. Marie, à l'hôtel de la Main-d'Or, et n'a occasionné que quelques dégâts à une cheminée; presque au même moment, elle tombait encore dans la cour de M. Basourdy, perruquier, rue de Vaucelles, aux pieds d'une personne qui n'a ressenti qu'une violente secousse.

Aux environs, plusieurs poteaux kilométriques ont été brisés, notamment sur la route de la Délivrande, et, à Verson, le fluide, en tombant sur une grange, appartenant à M. Néel, y a mis le feu. Des secours promptement organisés ont préservé la ferme et ses autres dépendances d'un incendie qui aurait pu avoir les plus graves conséquences. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1865   -   On lit dans plusieurs journaux.   -   Des commissions pour l'étude de la direction des orages ont été instituées dans la plupart des départements. Ces commissions ont pour but d'examiner la marche des tempêtes, de constater leurs effets favorables ou nuisibles sur l'agriculture, et de dresser des cartes locales, qui, centralisées par l'Observatoire de Paris, serviront à l'établissement de cartes d'ensemble. Il s'agit, en un mot, de faire au point de vue de l'agriculture ce qui a été tenté déjà au point de vue des naufrages. Par ces études, qui ouvrent à la météorologie de nouvelles perspectives, la science cherche des garanties nouvelles contre les maux imprévus qui frappent les populations agricoles.

La science fait fort bien, nous l'avons déjà dit, d'agir ainsi; nous voudrions seulement qu'elle n'eût pas une fois de plus la prétention de faire du nouveau, la science qui institue les commissions dont nous venons de parler, ne devrait pas ignorer et ne saurait oublier que la météorologie agricole existe déjà en France depuis plusieurs années, par l'initiative de certains hommes qui, pour être un peu moins savants, n'en sont pas moins bons observateurs et agriculteurs.

C'est ainsi que le Journal d'agriculture pratique, sous la direction de M. Barral, enregistre tous les mois les observations, pour la plupart fort complètes, que lui envoient ses correspondants de tous les points de la France. D'autres publications ont imité cet exemple. Les commissions départementales qui vont être nommées n'auront donc point créé la météorologie agricole. Tout au plus, si elles fonctionnent bien, l'auront-elles perfectionnée, et nous croyons que la grande difficulté pour elles ne sera pas d'observer les orages, mais d'attirer l'attention des cultivateurs, plus que ne réussissent à le faire les journaux spéciaux que nous venons de citer. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1865   -   Un orage.   -   L'orage de lundi a été très violent, non seulement à Caen, mais dans nos environs. Nous apprenons que le château de Lasson, si remarquable comme monument de la renaissance, a été foudroyé, le salon a été, sinon détruit, du moins complètement endommagé.

On nous écrit également de Fontaine-Henry que la foudre est tombée dans cette commune et y a causé des ravages sur lesquels nous manquons de détails.

A Caen, plusieurs arbres qui font l'ornement de nos promenades publiques ont été atteints par le fluide électrique, qui, sur tous, a laissé des traces de son terrible passage. Un orme a été creusé longitudinalement depuis son sommet jusqu'à sa base. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1865   -   Les colonies   -   Ainsi, la France compte environ 5 millions d'habitants dans ses colonies, c'est à peu près le chiffre des colonies de l'Espagne. La population coloniale de l'Angleterre s'élève à 200 millions. Les Pays-Bas ont 17 millions et demi d'habitants dans leurs territoires d'outre-mer.

Les autres puissances européennes qui possèdent des colonies sont : le Portugal, avec 3 millions d'âmes de population coloniale, et le Danemark avec 120 000. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1865   -   Une innovation.   -  Dans une commune, 38 électeurs ont nommé conseillère municipale madame X...., connue pour son esprit et sa beauté. Cette innovation, encore à l'état d'aimable plaisanterie, pourrait bien devenir plus tard à une réforme sérieuse.

Déjà, en Angleterre, un publiciste influent et renommé, qui vient d'entrer au Parlement, M. Stuart Mills, propose, dans un plan de suffrage universel applicable à tous les peuples civilisés, de conférer aux femmes le droit électoral.

Les idées de M. Stuart Mills, très en faveur au-delà de la Manche, commencent à être attentivement étudiées chez nous. L'avenir nous réserve bien des surprises. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1865   -   Un accident de la route.   -   Nous avons eu souvent l'occasion de déplorer la rapidité avec laquelle certains conducteurs dirigent leurs voitures et principalement au détour des rues. Dimanche soir, la rue des Abattoirs a été le théâtre d'un triste accident, attribué, nous assure-t-on, à la vitesse imprudente qu'un conducteur avait imprimée à sa voiture.

Un soldat, le fusilier Guillard, du 70e de ligne, a été atteint et renversé par cette dernière, qui lui a occasionné de très graves contusions.

Ce malheureux a été transporté à l'Hôtel-Dieu dans un état fort alarmant. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1865   -   La chaleur.   -   On mande de Séville que la chaleur y est si accablante que les habitants appellent l'hiver à grands cris.

Il en est de même à Caen où la chaleur depuis quelques jours

atteint un degré très élevé. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1865   -   Prix de la journée de travail.   -   Le Conseil général fixe la journée de travail, dans le département du Calvados, ainsi qu'il suit :

-       1 fr. 30 pour la ville de Caen.

-       1 fr. 20 dans les villes de Bayeux, Lisieux et Honfleur.

-       1 fr. 10 pour Vire, Trouville, Falaise, Pont-l’Évêque, Condé-sur-Noireau, Orbec et Isigny.

-       1 fr. dans les communes chef-lieu de canton, et quelques gros bourgs.

-       0 fr. 80, 0 fr. 70, 0 fr. 60 dans toutes les autres communes du département, et suivant les états arrêtés par le Conseil général depuis plusieurs années. (Le Pays d’Auge)

 

Septembre 1865   -   On lit dans le Moniteur du Calvados.   -   Hier, la police de Caen a fait une capture importante. Voici comment :

« Dans la matinée, un quidam, d'apparence pas trop suspecte, se présente à Caen chez le quincaillier dont le magasin forme l'encoignure de la rue au Canu et de la rue Notre-Dame. Il achète quelques objets pour la montre desquels on le conduit dans le magasin situé au premier étage. Tout en faisant son marché, l'homme ne perd de vue ni les portes ni la disposition de l'escalier et de l'appartement. Dans l'après-midi, il revient.

Profitant des remarques faites le matin, il entre hardiment, monte au premier fait choix de plusieurs paquets de couteaux, de fil de fer, etc..., fourre le tout dans son panier et s'en va tranquillement faire la causette chez l'épicier d'en face. Il lui confie même son panier pendant qu'il va à d'autres commissions.

Des soupçons vinrent à l'esprit du dépositaire, que les explications du quidam sur ses pas et démarches n'avaient point satisfait. Il s'en explique avec l'un des employés du quincaillier, et quand le voleur rentre, on le soumet à un interrogatoire d'où il n'a pu se retirer sain et sauf. Vérification faite des couteaux, le commis déclare qu'ils sortent de son magasin et qu'ils en sont sortis frauduleusement. Il empoigne l'homme à la blouse pendant que l'on va quérir la police.

Les agents arrivent presque aussitôt. Dès lors le quidam fut pris et amené au poste. Le panier pesait de 30 à 10 kil.

Le délinquant a été livré à la justice et écroué dans la journée.

Ses précédents doivent être restés gravés dans la mémoire de bien des gens de notre ville. En effet, dès 1845, la cour d'assises du Calvados condamnait cet homme à douze ans de travaux forcés pour 45 vols commis à Caen même en 1844, la nuit, avec effraction intérieure et extérieure. (Le Pays d’Auge)

 

Septembre 1865   -   Nouvelles diverses.   -   L'administration de l'artillerie fait construire en ce moment au Château, et sous la direction d'un officier de l'arme, une immense salle d'armes destinée, dit-on, à recevoir les armes, le matériel, etc..., qui se trouvent actuellement dans l'ancien bâtiment du Sépulcre.

Par suite de cette construction, tout le service de l'artillerie de la place de Caen va se trouver réuni au château. On assure que les bâtiments du Sépulcre seront démolis aussitôt leur évacuation, et les matériaux vendus au commerce. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1865   -   Nouvelles diverses.   -   Il n'y a pas que Nice et les pays bénis du soleil qui aient à offrir des phénomènes de seconde floraison, la ville de Caen possède, sur la place du Parc, des marronniers couverts de fleurs et de feuilles, qui ont pris le mois octobre 1865 pour le mois d'avril 1866. (Le Pays d’Auge)

 

Novembre 1865  -  Le feu.  -  Hier matin, le sieur Lavigne fils, perruquier, rue Saint-Julien, ayant remarqué de la fumée sortir par la croisée d'une chambre occupée par un nommé Henault, rentier, s'introduisit dans le domicile de ce dernier, qu'il trouva couché sans mouvement, sur un lit qui avait été en partie consumé par les flammes.

Le docteur Bourienne, immédiatement appelé, a déclaré que cet homme était mort asphyxié.

Cet accident est le résultat de la prudence du sieur Henault.

 

Novembre 1865  -  Triste nouvelle.  -  Avant-hier, la rue des fiefs, à Caen, a été mis en émoi par l'annonce d'une triste nouvelle, que nous ne donnons que sous toutes réserves.

Deux jeunes enfants de deux à trois mois serait morts étouffés sous les couvertures dont ils étaient recouverts. Ce serait assure-t-on, la mère des victimes qui aurait été la cause  involontaire de cet accident.

 

Novembre 1865  -  Une vente.  -  Le vendredi 15 décembre prochain, à une heure d'après midi, dans une des salles de la mairie de Caen, il sera procédé à l'adjudication publique :

  A l'extinction des feux, des fumiers à provenir, pendant l'année 1866, des diverses écuries du dépôt de remonte de Caen.

  Sur soumissions cachetées, des peaux de chevaux appartenant audit établissement, qui viendront à mourir ou à être abattu pendant le courant de la même année.

 

Novembre 1865   -   Appel de 100 000 hommes sur la classe de 1865.   -   Le ministre de la guerre vient d'indiquer, dans une circulaire, la série des opérations préliminaires de l'appel de la classe de 1865.

Cette circulaire porte en substance ce qui suit :

Il sera fait en 1866 un appel de cent mille hommes sur la classe de 1865, pour le recrutement des troupes de terre et de mer.

Les tableaux de recensement de cette classe, ouverts à partir du 1er janvier 1866, seront publiés et affichés les dimanches 14 et 21 janvier 1866.

L'examen de ces tableaux et le tirage au sort commenceront le lundi 26 février suivant.

Un décret déterminera ultérieurement les autres opérations relatives à la formation du contingent de la classe de 1865. (Le Pays d’Auge)

 

Décembre 1865   -   Une nouvelle cloche.   -   Une nouvelle cloche, qui deviendra la seconde de la magnifique sonnerie de Saint-Étienne, est arrivée mardi, et, dès hier soir, elle a annoncé sa bienvenue par une joyeuse volée.

Cette belle cloche porte pour inscriptions :

- Sainte Marie, protégez la paroisse Saint-Étienne.

Caen. - 1865. - Bolée père et fils, fondeurs et accordeurs au Mans. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1865   -   Un accident.   -   Mercredi dernier, dans la soirée, le nommé Lejeune (Joseph), sergent au 33e de ligne, en congé de semestre à Caen, employé au lavoir public, a été pris par la cuirasse de la pompe à feu et enlevé si rapidement qu'il aurait pu être tué, si, par un effort surhumain, il n'avait fini par se dégager. Malheureusement, il est tombé d'une hauteur de plusieurs mètres, et, dans sa chute, il s'est fracturé la jambe droite.

Il a été immédiatement transporté à l'hôpital. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1865   -   Un suicide.   -   Hier matin, la caserne de Vaucelles a été mise en émoi. Vers 8 heures, la détonation d'une arme à feu attira tout-à-coup l'attention. On se précipita vers le magasin du corps, d'où la détonation s'était fait entendre, et là on trouva, étendu sur le sol, le corps d'un sous-officier, le sergent Lervat, âgé de 46 ans, garde-magasin, qui venait de se brûler la cervelle à l'aide de son fusil, et ne donnait aucun signe de vie.

Au moment où l'on pénétra près de lui, un chat léchait le sang qui s'échappait de l'affreuse blessure de cet homme.

Le sergent Lervat comptait près de 24 ans de service, il était adonné à la boisson, et souvent ses habitudes d'ivrognerie étaient pour lui une cause de reproches de la part de ses supérieurs.

Son cadavre a été transporté à l'hôpital, où il sera inhumé aujourd'hui. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1865   -   Un incendie.   -   Le feu s'est déclaré, avant-hier, vers 10 heures du soir, rue du Vaugueux, nº 15, chez les époux Prempain, maison appartenant à Mme veuve Leroy. Ce feu a été éteint après une demi-heure de travail des voisins, du sapeur-pompier Malon, sous les ordres du sergent Soude, au moyen de quelques seaux d'eau. Un bois de lit, une paillasse, un lit de plume, les draps, des couvertures, deux oreillers et quelques effets d'habillement ont été à peu près détruits, la maison n'a pas souffet, et la perte mobilière peut s'élever de 70 à 80 fr.

La femme Prempain, née Quernuet, âgée de 71 ans et infirme, était couchée à ce moment, son mari, jardinier, n'était pas rentré d'Hérouvillette, où il était allé travailler. Il paraît que cette pauvre femme, atteinte d'un asthme dont elle souffrait  cruellement, avait l'habitude de fumer des cigarettes de belladone.

Dans la soirée, après avoir allumé sa cigarette, elle n'eut pas la force de déposer sa chandelle sur la chaise près de son lit, et cette chandelle étant tombée communiqua le feu au lit, suffoquée par la fumée, elle ne put appeler, mais les voisins, attirés par l'odeur du feu, accoururent et éteignirent l'incendie. La malheureuse femme avait déjà la jambe droite affreusement brûlée, à partir du genou. Transportée d'urgence à l'Hôtel-Dieu, vers une heure du matin, elle est morte hier, à 10 heures, à la suite d'horribles souffrances. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1865   -   Un début d’incendie.   -   Ce matin, à 7 heures 1/4, un commencement d'incendie attribué à l'imprudence de deux enfants, s'est manifesté au domicile du nommé Harang, dit Polignac, marchand de légumes, demeurant rue du Vaugueux.

Pendant l'absence de leurs parents, ces enfants ont voulu allumer un cigare avec des allumettes et ont mis le feu au lit, où ils étaient couchés. On s'est heureusement aperçu de l'incendie assez à temps pour l'arrêter à son début, il n'y a eu que la paillasse et une partie du lit de brûlé. (L’Ordre et la Liberté )

 

Décembre 1865   -  Un accident.   -   Le même jour, à 8 heures 1/2 du soir, la jeune Augustine Letourney, âgée de 10 ans, descendit de chez son père, demeurant rue de l'Impératrice, nº 11, pour aller faire une commission. Arrivée au bas de l'escalier, cette enfant prit une fausse direction et tomba dans l'Odon, qui coule à quelques pas de l'escalier.

A ses cris, les habitants de la maison accoururent et furent assez heureux pour la retirer saine et sauve, et la rendre à

ses parents. (L’Ordre et la Liberté )

 

Décembre 1865   -  Les oies normandes.   -   Jeudi dernier, on a vendu sur les marchés de Londres vingt mille oies importées de Normandie, et qui dépassent de beaucoup la qualité des oies anglaises.

Ce qui a empêché d'en vendre davantage, c'est un singulier préjugé qui, en Angleterre, déprécie les volailles, l'habitude

qu'ont les marchands français de laisser la queue des volailles après les avoir tuées. Quoiqu'il en soit, les volailles françaises ont été très goûtées, et chaque oie pesait de 10 à 13 livres. (L’Ordre et la Liberté )

 

Décembre 1865   -  Le chemin de fer.   -   Le 1er janvier prochain, il y aura en France près de 14 000 kilomètres de chemins de fer d'exploités. (L’Ordre et la Liberté )

 

Décembre 1865   -  un interdit.   -   Un ordre a été transmis aux diverses gares de chemins de fer d'avoir à refuser le transport des saumons et des truites, dont la pêche et le colportage sont interdits en ce temps du frai par les nouvelles dispositions légales sur la pêche. (L’Ordre et la Liberté ) 

192.    CAEN  -  Le Boulevard Saint-Pierre et l'Hôtel Moderne

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