1er Novembre 2024

EUN SYIELLE D'HISTOUÈRE D'CALVADOS   

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CAEN

Canton de Caen

Les habitants de la commune de Caen sont des Caennais, Caennaises.

Janvier 1875   -   Le froid.  -  L'année débute mal, le verglas du premier janvier 1875 restera légendaire.  A Paris, le nombre des individus entrés dans les hôpitaux pour blessures à la suite de chutes sur le verglas est de 2 000 au moins. Quant aux chevaux tués et aux voitures versées, le chiffre en est inconnu.

Dans notre région, les conséquences n'ont pas été aussi graves, mais les accidents ont été assez nombreux pour que deux jours durant, nos médecins n'aient été occupés qu'à remettre des jambes brisées et des poignets foulés.

En Normandie, dans la nuit du 29 au 30 décembre le thermomètre est descendu à - 12 degrés. A Orléans, le thermomètre est descendu à - 15 degrés. A Pontarlier, - 20 degrés.

En France, à St-Goussaud (Creuse), le sieur Bergeron, âgé de 32 ans, facteur rural, s'est perdu dans les neiges et a péri de froid.

La ville de Paris vient d'acheter un fond-neige d'un modèle assez curieux. C'est un cylindre roulant, ayant un foyer central qui dégage assez de calorique pour fondre la neige qu'il écrase et pour sécher le sol.

 

Février 1875   -   Rue.  -  Désormais la rue Neuve-des-Cordeliers portera le nom de rue Élie de Beaumont.

 

Février 1875   -   La Cour.  -  La Cour de Cassation a décidé : 1° que, seuls les propriétaires ou les fermiers avaient le droit exceptionnel de tirer sur les poules des voisins ; 2° qu'ils ne pouvaient les tuer qu'au moment où elles commettaient un dégât actuel et effectif ; 3° et sur les lieux mêmes où le dommage était causé. Ceci s'applique aussi aux pigeons.

 

Février 1875   -   Chemin de fer.  -  Quoi qu'en disent les mauvaises langues, il parait certain que la ligne de Caen à Luc sera ouverte aux voyageurs dans les premiers jours de mai. Le nombre des ouvriers employés au déblaiement et à la construction des murs de soutènement de l'avenue qui doit relier la place Saint-Martin à la gare, n'est peut-être pas assez grand, mais si c'est fini à temps, il n'y a rien à dire.

La première locomotive est arrivée, elle à été transportée à Couvrechef, sur un chariot traîné par 26 chevaux.

On procède en ce moment à l'étude de la ligne de raccordement du chemin de Luc avec la ligne de l'Ouest.

 

Février 1875   -   Inhumation.  -  Voici un scandale dont nous pouvons affirmer l'exactitude : Une inhumation devait avoir lieu, le clergé de Saint-Étienne se rend au domicile mortuaire, le cercueil n'était pas prêt. Le clergé attend, le cercueil arrive, le porteur tombe dans l'escalier avec son lugubre fardeau qui se disjoint, on le répare et on y place le corps. La cérémonie a lieu et la bière est conduite au cimetière. Mais au moment de le descendre dans la fosse, le cercueil, payé 20 fr. cependant, craque et le corps est mis à nu. La famille s'est opposée à ce qu'il soit procédé à la mise en terre et a exigé qu'un autre cercueil fut confectionné.

Ajoutons que le prêtre chargé de l'inhumation, indigné de l'état dans lequel se trouvait le fabricant du cercueil, s'est opposé à ce que ce misérable s'approchât de la fosse. Mais malgré cette injonction, il a voulu jeter de la terre sur le cercueil entr'ouvert, la famille outrée est alors intervenue, et a dû employer la force pour repousser l'auteur de ce déplorable scandale.

 

Février 1875   -   Dégradation.  -  Samedi, à midi, a eu lieu sur la place Royale, en présence des troupes, la dégradation militaire du nommé Chanut, jeune soldat, condamné par le conseil de guerre à 5 ans de réclusion et 10 ans de surveillance, pour vol d'une somme d'argent (160 fr.), au préjudice d'un de ses camarades.

 

Mars 1875   -   Candélabres.  -  Dans la séance de samedi, le Conseil municipal de Caen a sanctionné une excellente mesure, en autorisant, rue Saint-Jean, l'établissement de trente candélabres (quinze de chaque côté). Ces candélabres auront la même forme que ceux placés actuellement rue de Strasbourg.

 

Mars 1875   -   Statue d’Élie de Beaumont.  -  En septembre 1874, mourait dans la commune de Canon, où il était né, M, Élie de Beaumont, secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences et l'un des géologues les plus éminents de notre époque. A la Société Linnéenne de Normandie, dont il avait été l'un des membres fondateurs, incombait le devoir de se préoccuper des moyens qui pourraient être employés pour rendre hommage à la mémoire du savant et de l'homme de bien.

Donner le nom d'Élie de Beaumont à l'une des rues de la ville de Caen, ériger ensuite sa statue sur l'une des places de la cité, telles furent les résolutions auxquelles s'arrêta la Société Linnéenne.  Dans une de ses dernières séances, le Conseil municipal à décidé que la rue Neuve-des-Cordeliers s'appellerait rue Élie-de-Beaumont, la première partie du vœu de la société est donc réalisée.

 

Mars 1875   -   Plantation du Calvaire.  -  En présence de la grande manifestation qui s'est produite à l'occasion de la plantation du calvaire Saint-Pierre de Caen, nous serions presque tentés de dire : A quelque chose, malheur est bon. L'année dernière, la fête, qui a eu un si regrettable dénouement, avait été magnifique, lundi dernier, elle a dépassé tout ce que pouvaient espérer les fidèles les plus zélés. Les rues qui conduisent au Calvaire étaient partout ornées de colonnes, de guirlandes, de couronnes, d'oriflammes et de bannières, dans le Vaugueux, une seule maison faisait tache. Une foule énorme assistait à la procession, la croix était portée par 90 hommes de bonne volonté.

La plantation du calvaire a très bien réussi et a été accueillie par les cris de « vive la Croix ».

Cette magnifique cérémonie devra laisser d'ineffaçables souvenirs dans l'esprit de tous, mais plus particulièrement dans le cœur de M. le curé de St-Pierre. N'est-ce pas à sa voix que toute la paroisse s'est levée, n'est-ce pas pour remercier le prêtre modeste et bienfaisant, qui donne sans regarder et sans compter à ceux qui souffrent, que tous se sont mis volontairement à l’œuvre. 

 

Mars 1875   -   Le printemps.  -  Si cela continue, le printemps sera inauguré par la gelée ou la neige. En Angleterre, des vents violents ont causé beaucoup de malheurs. Des maisons en construction ont été renversées et des ouvriers ont péri.  

 

Mai 1875   -   Chemin de fer de Caen à la Mer.  -  M. Mauger est venu à Caen la semaine dernière, il a visité les travaux et a donné des ordres pour qu'ils soient poussés avec la plus grande activité. Malheureusement, le temps perdu ne se rattrape jamais, et quelques efforts qu'on fasse, le chemin de Caen à Luc ne pourra pas être livré ce mois-ci à la circulation. Nous espérons cependant que l'inauguration pourra avoir lieu le 20 juin.

Deux nouvelles locomotives, « La Délivrande et Courseulles », sont arrivées, les wagons pour voyageurs sont attendus, les wagons à marchandises sont en construction à Caen.

 

Mai 1875   -   Chemin de fer de Caen à la Mer.  -  La gare provisoire du chemin de fer de Caen à la mer est construite. Elle a été bâtie sur le modèle des water-closets qui ornent l'abreuvoir de la Poissonnerie. Nous croyons devoir porter ce fait à la connaissance du public, afin d'éviter de regrettables méprises. 

Les gares de Cambes, de Mathieu, La Délivrande et Luc sont copiées sur celles de Caen. Cette dernière peut contenir quinze ou seize personnes au plus, c'est une faible digue à opposer au flot de voyageurs qui ne manqueront pas de l'envahir. 

Quoi qu'il en soit, la ligne, que nous avons visitée, commence à prendre forme : le ballast est presque partout jeté, les poteaux télégraphiques sont plantés, on place les fils. Sur tout le parcours, la ligne n'est pas entièrement garnie de treillage. C'est une lacune regrettable, et nous aurons sans doute, comme dans le département de l'Orne, souvent des procès-verbaux à enregistrer, car il est bon que les riverains le sachent : procès est fait à tout propriétaire dont les bestiaux sont trouvés sur la voie. On parle d'un train de plaisir pour la semaine prochaine, c'est douteux.  

 

Mai 1875   -   Naissance.  -  Prosper et Élise ont le plaisir de vous annoncer la naissance de leur fils, Paul-Auguste-Adophe, à Caen au n° 225 rue saint-Jean. 

 

Juin 1875   -   Chemin de fer.  -  La ligne de Caen à Luc a été reçue jeudi par la commission nommée par M. le Préfet.

La presse caennaise avait été invitée par les concessionnaires, MM. Mauger et Vérel, à assister à cette épreuve décisive.

Le Moniteur, le Journal de Caen et le Bonhomme ont pris place dans le même compartiment. L'Ordre et la Liberté, pour se rapprocher du ciel, a monté sur l'impériale.

La ligne, malgré ses courbes nombreuses et ses rampes, est très douce, le matériel confortable, les gares de Cambes, Mathieu, La Délivrande et Luc, sont coquettes. Cette dernière est un peu éloignée de la mer.

Le trajet est agréable, il s'accomplit au milieu de plaines, de coteaux et de bois, en trois fois moins de temps qu'il n'en faut par les voitures publiques.

La réclamation dont nous nous sommes fait l'écho, relativement du prix des places, n'a pas été entendue, nous le regrettons.

En souhaitant bonne chance à la nouvelle entreprise, qu'il nous soit permis d'émettre une idée. Pour des travaux intéressant, l'État, l'empereur avait décoré M. Mauger, père de la croix de la Légion d'honneur....

La nouvelle ligne est d'un grand intérêt pour la chapelle miraculeuse, pourquoi les missionnaires ne décoreraient-ils pas M. Mauger fils de la médaille…….de Notre-Dame-de-la-Délivrande.. .... en attendant mieux…..

 

Juin 1875   -   Salubrité.  -  On nous pris de signaler à qui de droit l'état du Petit-Odon. Les exhalaisons fétides qui s'en échappent compromettent sérieusement la santé publique. Par les temps de sécheresse, le Grand-Odon coule toujours à pleins bords, le Petit-Odon est presque continuellement à sec.

 

Juillet 1875   -   Récoltes.  -  Malgré la persistance du mauvais temps, les nouvelles des récoltes en blé, reçues par le gouvernement, sont, en général, meilleures.

— En Normandie, la plupart des foins sont avariés, les regains ont très belle apparence. Les colzas, qui promettaient beaucoup, souffrent, ils sont coupés, mais il est difficile de les battre. Sous l'action de la pluie et du vent, ils s'égrènent et germent. Les pommiers promettent. 

 

Juillet 1875   -   Le 5e de Ligne.  -  Le 5e  régiment de lignes doit quitter Caen vers le mois d'octobre pour aller tenir garnison au fort du Mont-Valérien. Il sera remplacé par le 36e  de ligne, dont un bataillon est à Falaise.

 

Juillet 1875   -   Récoltes.  -  Le temps s'est enfin mis au beau. Les travaux des champs sont poussés avec une très grande activité. Sur la place de Caen, les hommes se cotaient à un prix élevé. Le colza rend bien, le seigle est bon. Le blé chicot rendra au moins autant que l'année dernière.

Il en est de même dans les environs de Paris. Les pommiers ont toujours très belle apparence, la plaine de Caen est, sous ce rapport, bien partagée. On est inquiet au sujet de la récolte des blés dans certaines régions du nord et du centre de la France. Les mauvaises nouvelles de Russie, d'Angleterre, de Belgique et de Hollande font augmenter les blés et les farines, et par suite, le prix du pain.

 

Août 1875   -   Population du Calvados.  -  M. Charles Girault, professeur à la faculté des sciences, vient de publier une notice fort intéressante sur le mouvement de la population dans le Calvados. Pour aujourd'hui, nous ne voulons relever de ce travail que les chiffres suivants : de 1853 à 1863, il y a eu dans le Calvados 97 269 naissances et 109 184 décès ; de 1863 à 1873, on compte 94 745 naissances et 12 1548 décès.

—C'est-à-dire que pendant ces 20 années, le chiffre des décès a dépassé celui des naissances de près de 40 000, ce n'est pas rassurant. La guerre et l'épidémie de 1871 figurent dans ce nombre pour 8 000 environ.  

 

Septembre 1875   -   Les crues.  -  La ville de Caen, avec l'aide de l'État, va faire construire, à l'angle du grand et du petit cours, vis-à-vis des casernes, un aqueduc destiné à conduire dans l'Orne les eaux de la prairie en temps de crue.

 

Septembre 1875   -   Un laitier sauvé par sa vache.  -  Dimanche, un petit bossu bien connu à Caen, s'était rendu dans la prairie pour y traire sa vache. En cherchant sa bête, le bossu, probablement ému, fit un faux pas et tomba dans le fossé, il faisait de vains efforts pour se tirer de ce mauvais pas, lorsque, la vache ayant flairé son maître, baissa la tête. Notre bossu en profita pour se cramponner aux cornes de l'animal qui, en relevant la tête, déposa son maître sur l'herbe.

 

Septembre 1875   -   Le Canal.  -  Sur la demande de la Chambre de commerce de Caen, le ministre des travaux publics va faire étudier la question d'approfondissement du canal de Caen à la mer. 

 

Octobre 1875   -   La vie.  -  On a fait un curieux travail sur la longévité comparée de nos départements. Il en résulte que le nombre annuel de décès, à l'âge de 100 ans et au-dessus, est en France de 148. Les départements qui se distinguent par la durée de la vie, sont les suivants : Calvados, Orne, Eure, Eure-et-Loir, Sarthe, Lot-et-Garonne, Deux-Sèvres, lndre-et-Loire, Basses-Pyrénées, Maine-et-Loire, Ardennes, Gers, Hautes-Pyrénées et Haute-Garonne.

 

Octobre 1875   -  Le mauvais temps.  -  Le mauvais temps continue, la neige a fait son apparition du côté de Grenoble, les montagnes sont toutes blanches. Par suite du mauvais état de la température, les communications télégraphiques ont été pendant plusieurs jours interrompues entre la France et l'Espagne.

L’hiver s'annonce dans nos contrées d'une façon par trop précoce, et nous fait redouter avant peu une saison des plus rigoureuses.

De tous côtés, on nous signale des passages d'oiseaux voyageurs tels que canards, grues et oies sauvages qui d'ordinaire ne visitent nos parages qu'à une époque plus reculée.

 

Octobre 1875   -  Édilité.  -  Dans sa dernière séance, le Conseil municipal de Caen a décidé : 1° la construction d'une maison d'école de filles dans la rue de Bayeux    2° l'élargissement et l'adoucissement de la pente de la venelle Canchy, qui conduit au cimetière St-Jean    3° un cours de chant sera institué dans l'école mutuelle de filles.

 

Novembre 1875   -  Gare Saint-Martin.  -  On fait les études nécessaires pour qu'il soit dans un bref délai procédé à l'empierrement de la voie qui, de la place Saint-Martin, donne accès à la gare du chemin de fer de Courseulles,  on va aussi établir des trottoirs et placer des candélabres.

 

Novembre 1875   -  Blessure accidentelle.  -  Jeudi soir, le nommé Marie, domestique de M. Lemarchand, cultivateur au hameau de la Folie, près Caen, sortait d'un champ où il avait labouré à la charrue toute la journée, lorsqu'un des chevaux qu'il conduisait fut saisi de peur en rencontrant  une voiture, et lui lança un coup de pied dans le ventre. Le malheureux jeune homme perdit connaissance aussitôt et fut transporté chez son maître. M. le docteur Lair, appelé immédiatement, constata des désordres assez graves du côté de l'abdomen. On espère que cet accident n'aura pas de conséquences fâcheuses.

 

Novembre 1875   -  Fait divers.  -  Dans la nuit de dimanche, des rôdeurs ont souillé, avec des ordures, le devant et le dessus de la boîte aux lettres, scellée porte de la Bourse, à Caen. Cette boîte a été ouverte, en présence du commissaire, par le facteur qui a recueilli les lettres pour les déposer à la poste. Aucune souillure n'existait sur les lettres.

 

Novembre 1875   -  Lettres.  -  La distribution à domicile des correspondances du second courrier de Paris qui jusqu'à présent n’avait pas lieu à Caen les dimanches et jours fériés, sera désormais effectuée dans toute la ville. Cette mesure a été favorablement accueillie par notre population, seulement il y a un mais, c'est que ce sera un surcroît de besogne pour nos facteurs si peu rétribués. On augmente de 200 fr, le traitement des greffiers de justice de paix, on propose de porter de 900 à 1 000 fr., celui des desservants, ne serait-il pas possible d'augmenter aussi le salaire des facteurs... Nos députés leur doivent bien cela, pour le mal qu'ils leur donnent pendant les périodes électorales.

 

Novembre 1875   -  Tempête.  -  Depuis quelques jours, le vent souffle en tempête dans nos contrées, il en est de même sur toutes les côtes de la Manche et du golfe de Gascogne. Les steamers transatlantiques du Havre n'ont pu sortir. La mer est énorme, nous aurons sans doute d'autres sinistres à ajouter à la longue liste.

La pluie ne cesse de tomber, les cultivateurs sont dans la consternation, car tout de blés restent encore à faire.

Les cours d'eau du Pays-d'Auge sont débordés, à Paris, la Seine est très forte, la Garonne et la Loire ont débordé. Dans le Midi, de nouveaux malheurs sont signalés : dans l'Ariège, le village de Biert a été submergé, dans l'église il y avait 1 mètre 50 d'eau, l'office n'a pu avoir lieu. Quelques ponts ont été enlevés, plusieurs routes sont coupées. 

 

Novembre 1875   -  Suites de l’ouragan.  -   Horrible temps que celui de novembre. Que de tempêtes ! que de désastres ! que de sinistres. De mémoire d'homme, on n'avait vu plus long et plus effroyable ouragan. Tels étaient la force du vent et la fureur des vagues que sur le littoral les maisons tremblaient sur leur base et faisaient redouter des éboulements.

Les différents cours d'eau de notre région sont rentrés dans leurs lits, de leur côté, la Seine, la Loire, le Rhône et la Garonne ne donnent plus d'inquiétudes.

Sur nos côtes, la mer rejette des débris de toute nature, des agrès, des marchandises, des vêtements, sur les côtes de Bretagne, on a recueilli plusieurs cadavres.

Dimanche dernier, le Havre a été inondé. Plusieurs familles ont cru devoir abandonner leurs demeures, qu'elles avaient peur de voir détruites a chaque instant. Rouen, Etretat et Fécamp ont beaucoup souffert.

Voici le relevé aussi exact que possible des dégâts causés, à Paris, par l'ouragan : 10 000 cheminées ont été abattues, 160 toitures ont été endommagées, 30 000 carreaux ont été brisés, 1 000 palissades renversées, 200 arbres cassés ou déracinés.

 

Décembre 1875   -  L’hiver.  -  Depuis une semaine, du Nord au Midi, il gèle où il neige en France, en Angleterre aussi. Le Calvados, l'Orne et la Manche n'ont pas été épargnés, à Nancy, à Toulouse, à Lyon, il a beaucoup neigé, les trains de Suisse arrivent à Dijon avec des retards importants, la neige couvrant la voie. Il y â eu tempête sur la Méditerranée, de Clermont-Ferrand, on signale ouragan et tonnerre.

Les oiseaux émigrent, cherchant un refuge moins glacé, les marsouins et les dauphins, tâchant de trouver des eaux moins froides que celles de l'Océan, remontent le cours des fleuves : on en a vu jusqu'au pont de Londres. Ces signes indiquent un hiver déjà rigoureux dans notre région, mais ils ne présagent pas que l'hiver sera long et dur comme l'insinuent certains faiseurs de canards.

 

Décembre 1875   -  La neige.  -  Le froid est rigoureux partout, en France c'est la région du Midi qui est la plus éprouvée. Marseille, Agen, Nimes, Montpellier, Limoges sont sous la neige.

Dans le Calvados, du côté de Bayeux, la neige a atteint dimanche, une épaisseur de 55 centimètres, région de Caen, 20 centimètres ; de Lisieux, 8 centimètres. Plus on avance vers Paris, plus la couche diminue, à partir de Serquigny, elle couvre à peine le sol.  

 

Décembre 1875   -  Oranges.  -  La Sirène, capitaine Lepareux, est entré dans le port de Caen, samedi, avec un chargement d'oranges pour la maison Laffetay. Ce navire a mis trente-trois jours à venir de Séville à Caen, et a eu une traversée excessivement difficile. C'est ce même navire qui, il y a sept mois environ, à son arrivée en Russie, perdit son mousse qui se noya en portant une amarre.

 

Décembre 1875   -  Christmas.  -  Les bâtiments anglais amarrés en ce moment dans le bassin de Caen, ont orné leurs mâts de touffes de gui en l'honneur des fêtes de la Noël (Christmas), déjà commencées dans la brumeuse Angleterre.

Il est difficile de se figurer le nombre de dindes et dindons expédiés en Angleterre par le Calvados, à l'occasion de cette fête nationale.

Honfleur et ses environs expédient chaque année de douze à quinze mille de ces innocentes victimes.

 

Décembre 1875   -  Le commerce du Calvados.  -  Dans le rapport présenté à la Chambre de commerce par M. Paulmier, président, nous trouvons les renseignements suivants :

Il est entré, en 1874, dans les sept ports du Calvados, Caen, Ouistreham, Honfleur, Trouville, Isigny, Courseulles, Port-en-Bessin et Dives, 2 263 bâtiments à voiles et 2 835 bâtiments à vapeur. Les sorties étant à peu près égales aux entrées, c'est un mouvement maritime de 10 196 navires.

Le plus fort navire est entré à Honfleur, c'est le trois-mâts allemand « Jocking », jaugeant 498 tonneaux seulement, mais du port effectif de 590 tonneaux, tirant d'eau, 5 mètres 06.

Le trois-mâts français « Dupuy-de-Lôme », jaugeant 451 tonneaux, chargé de 450 tonneaux seulement d'arachides, avec plus de 100 tonneaux de lest à bord, tirant d'eau 4 mètres 70, est entré à Caen

Le mouvement  commercial du port de Caen a donné lieu à une somme totale d'opérations de 27 millions dont 18 millions à l'entrée et 9 à la sortie. Les principaux articles d'importation sont : la houille, fournissant 109 737 tonneaux, d'une valeur de plus de 4 millions ; Les cotons qui ont donné 5 148 000 fr, avec 2 574 tonnes, viennent ensuite le blé, les graines oléagineuses, le savon, le poisson salé, la fonte, etc…… Comme article d'exportation, on doit mettre en première ligne l'orge pour 7 612 800 fr., en second rang les tourteaux pour 766 080 fr. et les farines pour 639 450 fr.

Les produits de la pêche atteignent 3 500 715 fr. tant pour la pêche en bateaux que pour la pêche à pied. Les ports où la pêche a été la plus fructueuse, en 1873, sont ceux de Trouville, Villerville, Grandcamp, Port-en-Bessin, Honfleur et Courseulles. Il a été péché à pied, à l'embouchure de l'Orne, pour 182 200 fr. de poisson. La commerce des huîtres qui constituait une des richesses de Courseulles, en l824, où ses parcs contenaient 58 millions d'huîtres, apportées par 335 navires, est tombé, en 1874, à 10 millions d'huîtres, dont 170 400 seulement pêchées dans la mer littorale. Cette décroissance est due à l'appauvrissement des bancs de Cancale et de Granville, à l'établissement du réseau des voies ferrées, qui permet aux autres ports de la Manche et de la Bretagne d'expédier directement leurs produits vers les centres de consommation et enfin à la concurrence d'Arcachon et de Marennes.  

 

Janvier 1876   -  Port de Caen.  -  La semaine dernière, est entré dans notre bassin, le trois-mâts anglais Thomas Farnbull, jaugeant 347 tonneaux, ayant à bord 600 tonneaux de graine de Ravison, venant de Taganrog (mer Noire) ! Ce navire n'a pu, à cause de son calant d'eau, monter le canal sans être allégé de plus de 100 tonneaux. Ce fait prouve combien il est urgent de pousser les études pour le creusement de notre canal.

 

Janvier 1876   -  Un effondrement.  -  Le 23 de ce mois, dans l'après-midi, le plancher d'une chambre, sise au 1er étage d'une maison dans la cour du n° 89, rue Notre-Dame, à Caen, s'est effondré, et la femme Petit, journalière, locataire, est tombée dans une écurie sous le plancher, dans sa chute elle s'est faite quelques blessures sans gravité. Il y a quelques mois, un accident du même genre s'est produit dans la même maison, effondrement du 2e étage au premier.

 

Janvier 1876   -  Neige et dégel.  -  En 48 heures, le dégel a fait disparaître l'épaisse couche de neige et de glace qui couvrait notre département. Le dégel s’est également produit sur les autres régions de la France. Partout les cours d'eau sont grossis par le dégel, mais nulle part on ne signale aucune crue inquiétante.

 

Février 1876   -  La neige et les bronchites.  -  La neige a fait sa réapparition dans nos contrées. A Paris, il en est tombé en grande abondance, l'Orne et l'Eure en sont également couverts.

— Partout on signale, un accroissement considérable dans le nombre des bronchites.

— À Paris, les principaux hôpitaux sont remplis de malades atteints de cette affection.

 

Février 1876   -  Édilité.  -  Le Conseil municipal de Caen a décidé que l'avenue conduisant à la gare du chemin de fer de Caen à la mer, prendra le nom d'Avenue de Courseulles.

 

Février 1876   -  Alerte.  -  Mardi, vers 9 heures du soir, notre population a été mise en émoi en voyant plusieurs détachements traverser nos rues l'arme sur l'épaule et le sac au dos : c'était une portion du 56a de ligne et un détachement de la compagnie de remonte qu'on allait exercer, sous les ordres de leurs officiers, à rembarquement en chemin de fer. Ces manœuvres ont lieu d'après les ordres du ministre de la guerre, elles se renouvelleront du reste, et prochainement l'une de ces manœuvres aura lieu la nuit.

 

Mars 1876   -  Tempêtes et inondations.  -  Depuis quelques jours tous les éléments sont déchaînés sur notre pauvre pays, il pleut constamment, la vent ne cesse de souffler en tempête, tous les cours d'eau sont débordés, la plupart des usines ont dû arrêter, de nombreux ouvriers sont sans travail. Sur la mer aucun navire n'ose se risquer, toutes les barques de pèche sont à l'ancre depuis de longs jours. Sur nos côtes, d'énormes blocs de rochers se sont détachés des falaises.

Au moment où nous mettons sous presse, les dépêches qu'on nous communique indiquent partout progression dans les crues et font craindre de nouvelles tempêtes. 

Dimanche, la bourrasque a fait des ravages incalculables. A Caen, au détour des rues, il était impossible de se tenir debout, beaucoup de personnes ont été renversées.

Dans la campagne, les dégâts sont très sérieux, les pommiers sont, en majeure partie, renversés sur les coteaux exposés au sud-ouest et dans les terres humides. Sur les routes et les lignes de chemins de fer, des centaines de poteaux télégraphiques sont brisés. La quantité de toits et de cheminées enlevées est innombrable.

Parmi les couvertures gravement endommagées, nous avons remarqué celles de la maison occupée par Mme veuve Le Gost-Clérisse, libraire, place du Palais de Justice, et celle du café Pépin, à l'encoignure de la rue des Quatre-Vents et de la place Royale.

Un arbre du jardin de la préfecture est venu tomber sur la toiture de l'église Notre-Dame, qui a été fortement endommagés, ainsi que plusieurs fenêtres latérales du  sanctuaire et des bas-côtés. Dégâts, 230 fr. environ.

A Vaucelles, un grand nombre de vitraux enchâssés dans des losanges de plomb ont été enfoncés. Beaucoup de sculptures légères ont été détériorées par la chute des pierres et des tuiles.

Deux arbres ont été renversés sur le Cours de la préfecture. Sur le Grand Cours, le premier platane de la deuxième rangée de droite a été déraciné, on a été obligé de l'abattre. Vers deux heures, le sieur Briard, de Vieux-Fumé, âgé de 65 ans, a été légèrement blessé à la tête par une feuille de zinc que la bourrasque avait arrachée à la toiture d'un magasin des chemins de fer de l'Ouest. Sur la ligne de Caen à Luc, deux impériales ont été enlevées.  

 

Mars 1876   -  Sinistres et naufrages.  -  Du haut des cieux (sa demeure dernière), Mathieu de la Drôme doit être content, les prédictions de son gendre se réalisent. La neige tombe a flocons, le vent souffle sur les chemins, les fleuves coulent a pleins bords. Et il parait que ce n'est pas encore fini, car le prophète annonce que la période du 22 au 27 mars est à redouter pour la marine. Nick prédit du gros temps pour la même époque. L'un et l'autre pourraient bien se tromper, espérons-le.

Partout les crues sont en baisse : à Paris et aux environs, la Seine et ses affluents sont rentrés dans leurs lits, laissant à découvert des maisons et des murs, des arbres renversés. On sera forcé d'abattre beaucoup de maisons endommages par les eaux.

La neige tombe depuis plusieurs jours dans notre région, dans l'Orne, à Argentan, la campagne a été couverte de 50 centimètres . Il en est également tombé à Paris, au centre et au nord de la France.

En Autriche, en Angleterre et en Belgique, la terre en est couverte.

Les pertes occasionnées par l'ouragan du 12 mars sont incalculables.

Dans le Calvados, les dommages causés aux bâtiments dépassent 100 000 fr. Les pommiers renversée sont par milliers, il y a des fermes qui subiront des pertes de plus de 500 fr de rente.

Nous avons encore à ajouter de grands sinistres aux nombreux malheurs que nous avons signalés dans notre dernier numéro.

 

Mars 1876   -  Aux sonneurs.  -  Les sonneurs ont une bien mauvaise habitude, qui peut engager leur responsabilité personnelle et même celle de leurs curés. C'est de se faire aider dans leur sonnerie par de jeunes garçons, et même de les envoyer quelquefois seuls sonner. Il en résulte des accidents qui ne sont pas toujours dévoilés. C'est ainsi que le jeune Émile Dubosq, âgé de 13 ans, demeurant à Caen, chez ses parents, rue d'Auge, étant monté dans le clocher de l'église de Vaucelles pour y sonner un office, s'est trouvé la jambe droite prise entre la lourde masse de bronze et l'une des pièces du beffroi, et s'est grièvement blessé, l'enfant est à l'hospice. Nous connaissons, sur la paroisse St Etienne, un jeune garçon qui a été blessé dans les mêmes circonstances, et qui, depuis trois mois, garde la chambre.  

 

Avril 1876   -  Réclamation.  -  Plusieurs cultivateurs et bouchers nous prient d'être leur interprète auprès de l'administration, pour lui faire savoir que le nouvel empierrement de la place St-Martin, à Caen, leur porte un très grand préjudice, les jours de marché, les bestiaux se blessent sur les galets tranchants.

Nous savons bien qu'il faut que cette place soit entretenue, mais la ville ne pourrait-elle pas faire l'acquisition d'un rouleau compresseur, des villes de moindre importance que la nôtre en sont pourvues depuis longtemps.

 

Avril 1876   -  Grève.  -  Les ouvriers couvreurs de Caen menacent de se mettre en grève. Ils gagnent en moyenne, par jour, de 2 fr. 50 a 3 fr., ils demandent 50 c. d'augmentation. 

 

Avril 1876   -  L’ouragan du 12 mars.  -  Voici les pertes officielles pour le département du Nord, occasionnées par l'ouragan du 12 mars : 22 morts 25 blesses et plus de 22 millions de pertes.

— Pendant que le temps est au beau fixe dans notre région, il tombe de la neige dans le Midi et de l'eau au centre de la France. La Garonne et la Loire coulent à pleins bords, à Nice, le Paillon a débordé.

 

Avril 1876   - ???.  -  Nous sommes en République, à ce qu'on dit. Pourquoi, alors, l'administration municipale de Caen conserve-t-elle le nom de Royale à une place qu'il serait si facile de mettre à l'abri des changements, en l'appelant simplement place de l'Hôtel-de-Ville.

 

Avril 1876   -  Température.  -  Les fêtes de Pâques se préparent mal : il grêle, il neige et il gèle, les colzas pendent le nez, les fleurs des arbres paraissent  brûlées. Nick avait raison, en indiquant de la neige et de la gelée du 12 au 16.

— A partir du 19, il nous prédit un temps doux, mais orageux.

 

Avril 1876   -  Le mauvais temps.  -  Les gelées de la semaine dernière ont causé des dégâts considérables dans les jardins et dans les potagers. Les abricotiers, les cerisiers, les pêchers, les pruniers qui sont en fleurs ont beaucoup souffert, les salades ont été maltraitées, quant aux asperges, aux pommes de terre, aux petits pois hâtifs, leur récolte sera retardée au moins de quinze jours. Dans les pays vignobles, la gelée et la neige ont fait beaucoup de mal, dans certains parages du Midi, les vignerons sont dans la consternation. Le temps est plus rigoureux encore en Angleterre : à Londres, il y a eu 11 degrés au-dessous de zéro.  

 

Juin 1876   -  Salubrité et sécurité.  -  Mardi, la commission municipale désignée pour visiter les logements insalubres de la ville de Caen, a fait une nouvelle excursion. Certaines cours de la rue Saint-Jean ont été trouvées dans un état de saleté intolérable, de plus, une maison qui menaçait ruine, va être démolie par mesure de sécurité.

 

Août 1876   -  Inauguration.  -  L'inauguration de la statue d'Élie de Beaumont a eu lien dimanche, à midi, sur la place Saint-Sauveur, en présence des « délégués de l'Institut, du Collège de France, du corps des Mines, des sociétés savantes et des souscripteurs ».

Coups de soleil, discours et musique. A six heures trois quarts, banquet de 80 couverts à la Mairie. Une douce gaieté n'a cassé de régner, pas d'incident ni d'accidents à signaler.

Le soir, grande illumination de la place St-Sauveur, de la façade de la Halle-aux-Blés et des maisons environnantes. 

 

Août 1876   -  La sécheresse.  -  Les herbagers sont dans la désolation, l'herbe brûle sur pied, ils sont obligés de vendre leurs bestiaux. Chose qui ne s'était jamais vue, huit bouchers parisiens étaient à Caen, sur le marché, pour profiler de l'occasion.

 

Septembre 1876   -  La Maréchale à Caen.  -  Mme la maréchale de Mac-Mahon est venue à Caen lundi dernier, d'où elle a dû aller rendre visite au duc d'Harcourt. Mme la Maréchale est repartie le soir pour Trouville.

 

Septembre 1876   -  Subvention.  -  Le Ministre de la justice et des cultes a accordé à la ville de Caen un secours de 5 000 francs pour l'aider à payer la dépense qui résultera de la restauration de l'église Saisit- Julien.

 

Octobre 1876   -  Carte du Calvados.  -  Le Moniteur du Calvados annonce qu'une nouvelle carte routière de notre département, publiée sous les auspices de MM. Ferrand et de Perthuis, préfets du Calvados, vient de faire son apparition.

Nous avons, il y a quelque temps déjà, essayé de nous procurer, en payant, cette oeuvre départementale. Nous tenions à nous assurer si elle était aussi complète et aussi exacte qu'on nous l'avait dit, et surtout si au bas de cette carte figurait le nom d'un employé qui a puissamment contribué à sa confection, nous voulons parler de M. Jules Canon. 

 

Octobre 1876   -  Marché couvert.  -  Le projet d'un marché couvert à établir à Caen doit être soumis au Conseil municipal de Caen. Il serait question de démolir le côté de la rue Saint-Malo donnant sur le Boulevard, et d’y établir les bâtiments nécessaires. 

Pourquoi, ne pas prendre la poissonnerie actuelle, la prolonger du côté de la place et y établir le Marché. Quant à la poissonnerie, on la construirait un peu plus loin, du côté du port, le quartier actuel ne s’en plaindrait pas.

 

Octobre 1876   -  Souvenir.  -  Dans sa dernière séance, le Conseil municipal de Caen, sur la proposition de M. le Maire de Caen, a décidé que les restes mortels de M. Bertrand seront déposés dans un tombeau élevé aux frais de la ville sur un terrain concédé à perpétuité. Il a décidé, par la même délibération que le boulevard dit provisoirement boulevard de la Préfecture, prendra le nom de boulevard Bertrand.  

 

Novembre 1876   -  Passage de troupes.  -  L'état-major et deux bataillons du 136e de ligne, comprenant 30 officiers et 542 hommes de troupes, passeront à Caen le 25 novembre et repartiront le 26 pour Bayeux. 

Il serait à désirer que l'Administration municipale fit connaître, par la voie de la presse, les quartiers soumis au logement. Nos concitoyens ne seraient plus entendus à justifier leur absence par un « nous ne savions pas », et l'on verrait moins souvent des soldais exténués de fatigue être obligés, trouvant visage de bois, de faire le trajet de la mairie à la Demi-Lune et de la Demi-Lune à la mairie. 

Cette mesure n'est pas une innovation, elle est en usage à Lisieux, Bernay et autres villes de passage.  

 

Décembre 1876   -  Marché couvert.  -  Mardi soir, le Conseil municipal de Caen a pris une importante délibération : il a décidé l'acquisition des maisons formant l'un des côtés de la rue Saint-Mâlo. Ces maisons seront démolies, et, sur leur emplacement, sera édifié un marché couvert sur le modèle du marché St-Honoré, à Paris. Ce projet va entraîner la suppression des ignobles baraques en bois qui servent d'abri aux marchands de légumes. 

 

Janvier 1877   -  Recensement.  -  Le dénombrement de la ville de Caen en 1876 a donné les résultats suivants : Garçons, 10 928 ; hommes mariés, 7 475 ; veufs, 974 ; filles, 11 712 ; femmes mariées, 7 209 ; veuves, 2 883 — Total, 41 181. 

Ce chiffre de 41 181 se décompose ainsi : Population sédentaire, 32 905, recensée en bloc (c'est-à-dire pensionnats, maisons religieuses, hôpitaux, garnison) 6 484 ; éparse (c’est-à-dire hameaux dépendants de la ville de Caen) 1 792. 

D'après le précédent recensement quinquennal, la population totale de la commune de Caen était de 41 210 habitants, c'est donc une différence de 29 habitants en moins. 

Il y a à Caen, 238 rues, places et promenades, 4 081 maisons et 11 865 ménages.

 

Janvier 1877   -  Températures.  -  La Température ne varie pas, et le temps reste humide, au grand déplaisir des cultivateurs qui voudraient voir succéder un peu de froid à la température anormale que nous subissons depuis trop longtemps. Hâtons-nous de le dire, cependant, il n'y a quant à présent, aucun dégât et tout serait pour le mieux s'il survenait sous peu du froid et de la sécheresse. 

Dans la nuit de dimanche, un ouragan terrible s'est fait sentir sur notre contrée, les dégâts sont presque insignifiants.

 

Janvier 1877   -  Permis de chasse.  -  Voici le nombre des permis de chasse qui ont été délivrés par la préfecture du Calvados, pendant l'année 1876 : Arrondissement de Caen, 1 887 ; id. de Bayeux, 933 ; id. de Falaise, 902 ; id. de Lisieux, 1 430 ;  id. de Pont-l’Évêque, 1 137 ; id. de Vire, 683 ; Total, 6 072.

 

Février 1877   -  Carte du Calvados.  -  La carte routière du département du Calvados, dressée par M. l'Agent voyer en chef, vient d'être mise en vente aux prix suivants : un exemplaire non colorié, 2 fr. 50 ; un exemplaire colorié, 3 fr. 

Cette carte étant une propriété départementale, sera livrée à MM. les libraires et marchands d'estampes, qui en feront la demande à M. le Préfet, au prix de revient du tirage et par quantité de 25 exemplaires au moins.

 

Février 1877   -  Bœuf écrasé.  -  Dimanche soir, au moment du passage du train n° 46, venant de Cherbourg, à environ 2 kilomètres de Caen, un bœuf, qui s'était engagé sur la voie, a été broyé par la locomotive. Le fourgon qui la suivait a déraillé, et cet accident, qui n'a eu, d'ailleurs, aucune conséquence fâcheuse, a causé au train un retard de près d'une heure.

 

Février 1877   -  Grande marée.  -  Le 27 février, nous aurons une grande marée. Les personnes qui habitent le bord de la mer et à l'embouchure des rivières feront bien de prendre les précautions nécessaires pour que cette marée ne leur cause pas de dommages.

On annonce aussi, pour le 27 de ce mois, une éclipse totale de lune.

 

Février 1877   -  La tempête.  -  Des observations atmosphériques, faites ces jours derniers à New-York, annonçaient qu'une violente tempête, régnant aux Etats-Unis, se dirigeait vers l'Europe et qu'elle se ferait probablement sentir du 19 au 20 février sur les côtes de France et d'Angleterre.

Cette prédiction s'est accomplie. Le vent a fait rage sur nos côtes, il a éclairé et tonné. Nos populations côtières sont dans l'inquiétude, l'état de la mer justifie leurs craintes. L'ouragan n'a fort heureusement occasionné, jusqu'ici, aucun dégât important dans la campagne, mais il n'en a pas été de même en mer.

— De tous les points de la France, des crues sont signalées. Presque partout les cours d'eau débordent, sur plusieurs lignes, et notamment vers l'Est, les voies ferrées ont été submergées et la circulation arrêtée.

 

Février 1877   -  La dentelle.  -  L'industrie dentellière traverse depuis plusieurs années une crise qui pèse particulièrement sur les arrondissements de Caen et de Bayeux, où 25 000 femmes vivent de cette fabrication.

Pour remplacer nos produits, on a essayé des imitations en coton, en laine et même en or, ces innovations n'ont eu qu'une heure de succès. Aujourd'hui, la mode semble vouloir revenir à la dentelle de soie. Les principaux fabricants de l'arrondissement de Caen ont, à ce sujet, adressé à Mme la maréchale de Mac-Mahon, une pétition qui, remise par MM. Bertauld et d'Harcourt, a été favorablement accueillie, la maréchale a aussitôt demandé qu'on lui envoyât quelques spécimens de notre fabrication. Attendons-nous donc d'ici peu à voir Mme  la duchesse de Magenta parée de nos dentelles, et faisons des vœux pour que son exemple soit, dans l'intérêt du bien-être des campagnes, suivi par toutes les élégantes.

 

Mars 1877   -  Révision.  -  Les opérations du conseil de révision pour la formation des contingents de la classe de 1876 auront lieu prochainement. L'administration rappelle que c'est aux familles et aux jeunes gens à se procurer les pièces qui doivent justifier devant le conseil de leurs droits à la dispense. Il peut être accordé des sursis d'appel aux jeunes gens qui, avant le tirage au sort, en auront fait la demande. Les jeunes gens doivent, à cet effet, établir que, soit pour les besoins de l'exploitation agricole, industrielle ou commerciale à laquelle ils se livrent pour leur compte ou pour celui de leurs parents, il est indispensable qu'ils ne soient pas enlevés immédiatement à leurs travaux.

 

Avril 1877   -  Peche.  -  La pèche fluviale sera prohibée depuis le I5 avril courant jusqu'au 15 juin. Le saumon, l’ombre-chevalier et la truite pourront seuls être péchés.

 

Avril 1877   -  Nul n’est prophète dans son pays.  -  Telle est la devise d'un autre age que l'administration municipale de Caen semble avoir inscrite sous son terne blason.

Dernièrement, elle nommait un étranger directeur de l'École de dressage, samedi prochain, se réunit la commission municipale chargée de désigner le successeur de M. Louvet, directeur des docks. Il y a six demandes : cinq émanent d'enfants de la ville, une d'un étranger. On nous assure que c'est ce dernier, officier touchant déjà une pension de retraite de plus de 2 000 fr. qui sera nommé. Cela n'est pas possible.

 

Mai 1877   -  Trottoirs et tannerie.  -  Le Conseil municipal de Caen a décidé dans l'une de ses dernières séances, que dans les rues St-Pierre et Ecuyère, dont les pavages vont être refaits par le service des ponts et chaussées, il sera établi des contre bordures en granit, que ces deux voies seront éclairées au moyen de candélabres, et que M. le préfet sera prié de déclarer d'utilité publique l'établissement de trottoirs dans lesdites rues Saint-Pierre et Écuyère, ainsi que sur la place Fontette et dans les rues Guillaume-le-Conquérant et de Bayeux.

— Pendant qu'elle y est, l'administration fera bien de s'occuper de la tannerie de la rue Écuyère, qui n'a pas cessé de susciter des réclamations de la part des habitants de ce quartier, empestés par ce voisinage incommode. Nous savons, que l'administration ne peut interdire au propriétaire l'exploitation de son industrie, mais ce qu'elle peut et doit empêcher, s'ils se produisent, ce sont les écoulements des eaux de la tannerie, le dépôt prolongé sur la voie publique du tan, des cuirs et autres matières infectantes. Sous l'ancienne administration, il y avait, dit-on, des accommodements avec les arrêtés municipaux, espérons qu'il n'en est plus ainsi aujourd'hui.

 

Mai 1877   -  La fin du monde.  -  Nous venons de passer un hiver affreusement remarquable par son humidité, et nous aspirons tous au beau temps pour nous sécher. C'est sans doute à tort, car une nouvelle prédiction vient de paraître et elle n'a rien de rassurant pour ceux qui sont crédules. Un membre de l'Académie des sciences annonce que notre planète va probablement être mise en poudre à la suite de tremblements de terre qui auront lieu au cours du mois de juin. Comme vous le voyez, la fin du monde est proche. C'est la millième fois au moins qu'elle est annoncée. En attendant ne vous faites pas de mauvais sang, il est bien probable qu'il en sera de même cette fois comme des autres.

 

Mai 1877   -  Les embellissements de Caen.  -  Il est question de supprimer le côté droit de la rue Saint-Malo, à Caen, de modifier l'alignement du côté gauche et d'établir un marché couvert. A propos de ce projet, une nouvelle

Enquête est ouverte à la mairie de Caen à partir du 1er jusqu’au 21 juin 1877.

 

Mai 1877   -  La pluie.  -  Nous avons signalé à notre administration municipale le mauvais état de certaines gargouilles et l'absence de pavés sur divers trottoirs, on est en train de faire droit à notre réclamation.

— Pendant qu'ils y sont, nos édiles feraient bien de remplacer, par du macadam, les cinq lignes de pavés anguleux qui déparent la place Royale, ils auront bien mérité des pieds mignons de leurs administrées. 

 

Mai 1877   -  La pluie.  -  Il résulte d'observations faites que, dans l'espace de huit mois (du 28 septembre 1870 au 28 mai 1877), il y a eu dans nos contrées 131 jours de pluie.

 

Juin 1877   -  Effet de la chaleur.  -  Les suicides augmentent par le temps qui court : le cerveau s'exalte sous l'influence des rayons solaires, et bien des gens, à l'imagination ardente, qui se désoleraient simplement en temps ordinaire, se jettent à l'eau ou se pendent. Les insolations frappent les travailleurs en pleine campagne, malheur à qui s'endort sous les rayons du soleil.

  On ne saurait aussi prendre trop de précautions contre les mouches charbonneuses qui font, chaque année, au moment des grandes chaleurs, de si nombreuses victimes. Un habitant de Bois-Jérôme (Eure) vient d'être piqué par une de ces mouches. L'état de ce malheureux homme est désespéré.

 

Juin 1877   -  Bateaux de Caen à Londres.  -  La ligne des bateaux à vapeur entre Caen et Londres débute le 9 juin. Les bureaux sont établis dans l'un des pavillons construits par la ville sur le Bassin, pour recevoir les marchandises destinées à l'embarquement.

Que la ville encourage une Compagnie appelée à rendre de grands services au commerce local, la première de ce genre qui organise un service de France en Angleterre sous pavillon français, rien de mieux, et nous l'en félicitons, mais qu'elle concède à la Compagnie une partie de bâtiments, déjà trop restreints, pour les besoins d'une place qui a, depuis le 1er janvier, exporté près de 250 000 sacs de grains, voilà ce que nous ne comprenons guère.

Un incident a signalé cette prise de possession : l'administration a fait enlever les grains déposés dans le susdit pavillon et les a fait transporter rue des Carmes, sans s'informer si ce déplacement et éloignement agréaient au propriétaire des grains ou ne lui portaient pas quelque préjudice.  

 

Juin 1877   -  Récoltes.  -  Nos récoltes ont les plus belles apparences, la vigne promet, tout annonce une année d'abondance.  Dans la nuit de dimanche à lundi, il a cependant gelé blanc sur divers points du département du Calvados. 

 

Juin 1877   -  Machine à faucher.  -  On fauche les herbes excrues sur l'hippodrome de Caen. Ce fauchage et le fanage se font avec la faucheuse et la faneuse mécanique la Française, dont le dépôt est chez M. Le Blanc, place d'Armes. 

 

Juin 1877   -  Condamnation.  -  Aimé-Ernest Lesieur, 20 ans, ouvrier à la Compagnie du chemin de fer de l'Ouest, demeurant rue de Vaucelles, 69, à Caen, a été condamné à 15 jours de prison, pour s'être livré a des violences et voies de fait sur la personne de la demoiselle Albertine Lefèvre, servante, qu'il avait rencontrée sur le boulevard Leroy, alors qu'elle conduisait ses vaches aux champs.

 

Juin 1877   -  Œufs et beurre.  -  Le marché aux œufs et au beurre se tient à Caen, place Saint-Sauveur, en plein soleil, sous lequel les oeufs cuisent et le beurre fond. Des uns on peut encore tirer parti, de l'autre, c'est impossible. 

Les marchandes sont dans la consternation et ont en vain demandé à l'édilité de vouloir bien, durant la chaude saison, transférer le marché sous les arbres de la place du Parc ou des Fossés-Saint-Julien. N'ayant pu rien obtenir, les réclamants s'adressent au Bonhomme et lui confient leur cause, espérant qu'elle sera mieux écoutée. Nous le verrons bien.

 

Juin 1877   -  Casernement.  -  Mardi, un détachement du 36e de ligue a pris possession des logements terminés dans la nouvelle caserne du Château de Caen. La bénédiction de ce monument sera faite en grande pompe dès que l'édifice sera entièrement achevé.

 

Juillet 1877   -  Vacances.  -  Les vacances des lycées sont fixées au 6 août ; celles des écoles primaires commenceront le mardi 31 juillet et se termineront le dimanche 2 septembre.

 

Juillet 1877   -  École de médecine.  -  M. Moutier, docteur en médecine, a été institué suppléant des chaires d'anatomie et de physiologie à l'école de Caen, pour une période de neuf années. 

 

Juillet 1877   -  Les loups.  -  Nous rappelons que l'État accorde des primes à ceux qui détruisent les animaux nuisibles. Il est donné : 80 fr. pour un loup ou une louve ; 40 fr. pour un louveteau ; 100 fr. pour une louve pleine, et 200 f. pour un loup ou une louve ayant attaqué l'homme. 

 

Août 1877   -  Ouragan.  -  Avant de nous visiter, l'ouragan qui s'est abattu sur notre contrée samedi et dimanche, avait fait de grands ravages à Bordeaux et aux environs, partout la désolation est grande, ce ne sont qu'arbres fruitiers déracinés, haies enlevées, fruits détachés par millions, maisons démolies, étables mises à nu, bestiaux dispersés, bas-fonds inondés, embarcations chavirées, démolies et mises hors de service. Cinq jeunes gens montaient une embarcation qui a chaviré, leur matelot a disparu avec eux, deux petites filles ont également disparu. Des détails navrants nous arrivent d'Arcachon où plusieurs cadavres sont venus à la côte. Deux fils de famille ont péri.

Dans le Calvados, les dégâts paraissent se réduire à des arbres déracinés et a des toitures enlevées. Une croyance enracinée chez les marins, c'est que toute éclipse de lune est suivie d'ouragan, comme ceux de ces derniers jours. En 1870, le 23 juillet, une éclipse de lune a été suivie de trois journées terriblement venteuses pendant lesquelles une vingtaine de navires ont péri. C'est donc sur le compte de l'éclipse de jeudi que doivent être mis les derniers ouragans.

 

Septembre 1877   -  Sauvetage.  -  Mardi, vers midi, Mme Baugrand, matelassière, rue St-Malo, lavant du linge au bas de l'abreuvoir de la poissonnerie, à Caen, ayant perdu l'équilibre, est tombée à l'eau. M. Thomas Menzies, employé de M. Langlois, négociant et débitant de tabac, quai Vendeuvre, qui se trouvait là en ce moment, s'est jeté à l'eau tout habillé et a eu la satisfaction de la retirer, aidé de M. Desbancs, au moment où elle allait se trouver engagée sous les écluses du bassin.

M. Menzies, qui n'est âgé que de 17 ans, a déjà sauvé, à Boulogne, une personne qui allait se noyer. On espère sauver la dame Baugrand, quoiqu'elle soit en ceinte de 5 mois.

 

Septembre 1877   -  Le nouveau bassin.  -  Les travaux de creusement du nouveau bassin de Caen vont bientôt être commencés, ils doivent, nous assure-t-on, être terminés dans un délai de deux ans. Les quais, que l'on devait d'abord construire en bois, seront bâtis en granit. Le pont tournant qui se trouve à la jonction de la rivière d'Orne et du bassin actuel, sera rendu fixe pour le passage de la voie ferrée. 

 

Septembre 1877   -  École de fille.  -  Mardi, M. le maire de Caen, assisté de M. Levard, adjoint, et de MM. Guèrard-Deslauriers et Toutain a procédé à l'inauguration de la nouvelle classe communale de filles, construite pour la paroisse Saint-Etienne, dans la rue de Bayeux.

 

Octobre 1877   -  Foire Saint-Michel.  -  Il y avait exposé, à la foire St-Michel, à Caen : 36 bœufs maigres, 432 vaches maigres, 5 veaux maigres, 139 moutons maigres, 113 porcs et 276 porcs de lait. La vente a été lente pour tous les animaux en général. 330 chevaux et 11 ânes ont été exposés en vente sur les promenades St-Julien, les chevaux de 5 à 7 ans se sont vendus de 700 à 900 fr., ceux de 7 à 9 ans, de 300 à 600 fr., les chevaux hors d'âge se sont bien vendus. 

 

Octobre 1877   -  Neige et gelées.  -  En Turquie et en Bulgarie il tombe déjà de la neige, dans nos régions, plusieurs gelées blanches se sont fait sentir la nuit. Ces froids précoces semblent indiquer une saison rigoureuse. 

 

Octobre 1877   -  Fête religieuse.  -  Lundi prochain, à 3 heures après midi, bénédiction et inauguration, dans l'église Sainte-Trinité, paroisse Saint-Gilles de Caen, d'un grand orgue, sorti des ateliers de M. Cavaillé Coll, de Paris. La cérémonie sera présidée par Mgr l'évêque de Bayeux. L'orgue sera tenu par M. Guilmant, organiste de l'église de la Trinité de Paris. La Société des Neustriens se fera entendre.

 

Novembre 1877   -  Pourquoi ?  -  On exige que les bêtes à cornes, en quittant le marché de la place St-Martin, à Caen, soient dirigées par les promenades. Pourquoi n'en est-il pas ainsi pour les troupeaux de porcs, qui presque tous suivent la rue Saint-Jean et occasionnent parfois des encombrements dangereux ?

 

Novembre 1877   -  Vache furieuse.  -  Vendredi à 9 heures 1/2 du matin, une vache, appartenant à M. Guerrière, propriétaire, rue de Falaise, n° 42, à Caen, s'étant échappée, au marché, des mains du sieur Deschamps qui la conduisait, a renversé d'un coup de tête la nommée Roxelane, marchande de peaux de lapin, domiciliée rue Saint-Pierre. Cette femme a été relevée sans connaissance, elle a été transportée, par la police, à son domicile. Cet accident n'aura pas de suites graves.

 

Novembre 1877   -  Enquête.  -  Une enquête sera ouverte à la mairie de Caen à partir du 22 jusqu'au 8 décembre prochain sur un projet, d'acquisition, par la ville, d'une portion de la prairie de Caen, appartenant a M. Boissée, destinée à l'installation de tribunes pour les courses, d'une enceinte de pesage et de leurs annexes.  

 

Janvier 1878.   -   Le drame de la rue des teinturiers.   -   Dans la nuit du 13 au 14, il s'est produit rue des Teinturiers, à Caen, un drame épouvantable, qui a été raconté de bien des façons. Nous avons cru devoir, dans cette circonstance, comme à l'occasion de tous les faits graves qui surviennent, procéder à une enquête personnelle. C'est son résultat que nous allons consigner ici, en en assumant la responsabilité tout entière. Nous tenons la plupart des renseignements qui suivent de personnes qui, en nous les communiquant, ignoraient qu'ils les confiaient à des reporters du Bonhomme normand.

Dans une maison de la rue des Croisiers, était établi depuis plus de trente ans le sieur Godard, entrepreneur de peinture et de vitrerie. Sa clientèle, qui se recrutait en grande partie parmi les fabricants de meubles, dont il était entouré, était assez nombreuse pour lui assurer de bonnes affaires. Ce n'est que depuis un certain temps qu'il avait quitté la rue des Croisiers pour transporter ses ateliers et son habitation rue des Teinturiers, en face la rue du Tour-de-Terre.

Godard, qui était âgé de 60 ans, avait perdu, depuis trois ans, sa femme et l'un de ses fils. Il ne lui restait plus qu'une fille, agée de 25 ans, et un fils de 20 ans. Celui-ci, adonné à la paresse, avait vu ses facultés mentales s'altérer, dit-on, sous l'influence d'habitudes personnelles auxquelles il s'abandonnait avec passion. Une fois déjà on avait dû l'enfermer au Bon-Sauveur, et le père était encore porteur d'un certificat d'admission à cet établissement, signé par le docteur Bourienne. La demoiselle Godard, au contraire, a toujours joui à juste titre de l'estime et des sympathies de tous ceux qui la connaissent, c'est une personne de taille moyenne, blonde, à l'œil intelligent et éveillé, à l'ensemble agréable. et s'exprimant avec facilité. Fille dévouée, on l'avait vue, pendant deux années consécutives, prodiguer à sa mère malade, les soins les plus touchants, c'est à peine si, pendant ces deux années, elle avait abandonné deux fois le chevet de la malade pour se rendre à un petit jardin que la famille possédait dans les champs St-Michel. Quant à Godard père, ses habitudes d'intempérance étaient bien connues de ses voisins, qui n'avaient à constater que trop fréquemment des scènes de violence entre le père et le fils.

Malgré ces désordres qui, à certaines heures, altéraient sensiblement ses facultés intellectuelles, Godard avait toujours témoigné pour sa fille uns prédilection toute particulière. Il l'a laissait à peine sortir seule, et la reléguait dans un coin de sa boutique, d'où, à travers des carreaux dépolis, la jeune fille ne pouvait être vue des passants.

Telle était, dans son ensemble, la situation de la famille Godard, au moment où le drame de la nuit du 13 janvier est venu mettre en émoi tout le quartier de la rue des Teinturiers. Samedi dernier 12 courant, Godard avait réglé la semaine de ses ouvriers. A ce moment rien ne pouvait faire pressentir les scènes de la nuit. Quand il rentra à une heure assez avancée, il trouva son fils couché dans l'un des lits de l'unique pièce située au premier étage, où reposait d'habitude toute la famille. Dans cette pièce, en effet, se trouvaient deux lits, placés de chaque côté de la porte, l'un en forme d'alcôve destiné au père et au fils, l'autre où couchait la fille. Rien que ce détail suffit déjà pour lever un coin du voile impénétrable, qui recouvrira à tout jamais les scènes terribles dont a dû être témoin cette enfant, couchant à côté de ces deux êtres si souvent privés de raison.

Là, que s'est-il passé ? rien de positif ne peut être précisé sur ce point. Godard est mort, son fils est à l'hôpital en proie à une congestion cérébrale, la fille, enfin, bien qu'elle ait aujourd'hui recouvré la parole, ne peut donner sur le passé que des explications incomplètes. En revenant à elle, son premier soin a été de demander des nouvelles de son père, dont on lui a caché la mort. Nous ne pouvons donc nous faire l'écho des bruits contradictoires qui ont couru relativement aux détails ci-dessus, car nous n'aurions à les étayer sur aucune affirmation précise, mais nous allons rapporter tous les incidents qui ont suivi ce drame, et que nous tenons des témoins mêmes.

Vers deux heures du matin, deux jeunes gens du quartier, dont nous pourrions citer les noms au besoin, rentrant chez eux, trouvèrent le fils Godard grelottant en chemise, accroupi sur le pavé de la rue. Ils lui demandèrent ce qu'il faisait là. Sur sa réponse qu'il s'était sauvé, sous les coups de son père, ils appelèrent celui-ci. Godard répondit par la fenêtre qu'il défendait à son fils de monter, en le menaçant de nouveaux coups. En face de cette attitude, un voisin voulut bien recueillir le malheureux, pendant que les deux jeunes gens allaient chercher la police.

Là, surgit une question très délicate relative à l'intervention de la police et des voisins. Un agent revient avec les jeunes gens, va questionner le fils Godard, et lui propose de le faire rentrer chez son père. Godard fils refuse. Les personnes présentes à cet entretien attestant que malgré la fréquence de ces scènes, ils n'en tenaient pas moins Godard pour un très honnête homme, l’agent ne croit pas devoir insister davantage, et cependant, en se retirant, il appelle encore Godard père qui, cette fois, ne répond plus. A ce moment, des lumières apparaissaient à plusieurs fenêtres du voisinage, dont aucun des habitants ne se se présente pensant sans doute, comme l'agent lui-même, qu'il ne s'était rien passé de plus grave cette nuit-là que les précédentes.

Ainsi tombent d'elles mêmes certaines insinuations accusant soit l’agent d'avoir failli à son devoir, soit les voisins d'avoir manqué de courage, en n'intervenant pas dans ce lugubre drame.

Le lendemain matin, cependant, les voisins, surpris de ne pas voir la boutiques ouvrir, vinrent de nouveau prévenir la police. On essaya en vain d'ouvrir la porte de la première pièce qui était barrée en dedans. On eut alors recours à une échelle, pour pénétrer par une des fenêtres restées entr’ouverte dans le second appartement.

La personne chargée de ce soin se trouva en présence d'un spectacle épouvantable. A l'espagnolette de la secundo fenètre, à un mètre trente centimètres du sol, Godard était pendu à l'aide de sa cravate, les genoux effleurant le sol, et dans l’attitude d'un homme en prière. Le cadavre était complètement froid. Sur le plancher gisait Mlle Godard, froide, raide, les yeux grande ouverts et ne paraissant plus donner signe de vie.

Tout était bouleversé dans l'appartement. Les siéges renversés, les rideaux du lit de la jeune fille déchirés, et jusqu'à l'anneau qui les retenait arraché, tout dénotait qu'une lutte terrible et de longue durée avait du s’accomplir dans l'ombre. Godard, ainsi que sa fille, portaient sur la figure des traces nombreuses de cette lutte, sous forme de déchirures sanguinolentes produites, sans doute, avec les angles.

Les deux lits étaient également maculée de sang.

Le premier soin fut de faire transporter le fis à l’hospice, quant à la pauvre fille, les voisins ne voulurent pas l'y laisser conduire, ils la firent transporter chez l'un d'eux, où elle devint l'objet des soins les plus empressés.

Ce n'est que le soir qu'elle recouvra la parole et, en partie du moins, l'usage de ses sens. A ce moment, comme nous l’avons dit, sa première pensée fut pour son père.

Aujourd'hui même, nous avons fait prendre de ses nouvelles, son état est aussi satisfaisant que possible. Quant au père, tout porte à croire qu'il s'est suicidé sous l’empire d'un accès de folie et de terreur inconsciente, en voyant étendu à ses pieds le corps inanimé de sa fille qu'il adorait, et entendant les jeunes gens dire qu'ils  allaient prévenir la police.

Godard a été inhumé mardi matin.   (Bonhomme Normand)

 

Janvier 1878.   -   Les brûlés de la rue de l'Oratoire.   -   Un autre événement non moins tragique dans son genre, s'est produit mardi, vers 8 heures 1/2 du matin, rue de l'Oratoire, à Caen.

A l'entrée de cette rue se trouvent situés les ateliers de M. Chatel teinturier, dont le magasin est sis rue Saint-Jean. M. Chatel avait reçu la veille neuf touries de benzine qu'il faisait monter au grenier. Huit étaient déjà parvenues sans encombre à leur destination. Deux ouvriers, les sieurs. Ernest Marc et Alfred Allain, étaient entrain de monter la neuvième quand, arrivés vers le milieu de l'escalier, une anse vint à manquer, la tourie, qui pesait 80 kilos, tomba lourdement sur les marches et se brisa. Aussitôt des flots de benzine enflammée envahirent l'escalier, coulant comme une mer de feu de l'escalier dans la rue, où ils suivirent le cours du ruisseau, noircissant et carbonisant toutes les maisons devant lesquelles il passaient, la flamme s'élevait jusqu'à la hauteur du premier étage.

M. Chatel qui, au moment de l'explosion, se trouvait au pied de l'escalier avec sa petite fille âgée de 6 ans, n'eut que le temps, d'élever l'enfant à bout de bras, et de la transporter en lien sûr. Quant aux deux malheureux ouvriers, entourés de flammes dès le premier instant, ils avaient complètement perdu la tête, et se sauvaient en pleine rue avec leurs vêtements en feu, agitant en désespérés leurs bras et leur tête qui flambaient, l'un du côté de la rue St-Jean, l'autre du côté de celle des Jacobins.

Arrêtés dans leur course folle par les premières personnes présentes, et immédiatement roulés dans des couvertures et du fumier, ils ont reçu sur l'heure les soins du docteur Chancerel, qui habite non loin de là. Allain, le plus jeune, il a 18 ans environ, a été, après les premiers pansements, transporté chez lui. Quant à Marc, âgé de vingt-neuf ans, qui est marié et père de deux enfants, il avait tout d'abord été recueilli chez un voisin, M. Viennot, d'où, sur l'ordre du médecin, on l'a transporté d'urgence à l'Hôtel-Dieu.

Pour donner une idée de l'état déplorable dans lequel se trouvait ce malheureux, il suffit de dire que quand on l'a déshabillé, plus d'un quart d'heure après l'accident, on a trouvé un morceau de sa chemise brûlant encore lentement, sur la chair de son bras droit mis complètement au vif, sans que le patient parût s'en apercevoir. L'excès même de la douleur qu'il ressentait sur les autres parties du corps, ne lui laissait plus de sensibilité pour celle-là.

Quant à son camarade, bien que cruellement éprouvé aussi, on espère néanmoins le sauver. Plusieurs versions ont couru à propos des causes de ce sinistre. Les uns ont prétendu que la benzine s'était enflammée seule. C'est inadmissible; quelque subtile que soit cette essence, elle ne peut prendre feu d'elle même. Les autres ont attribué l'inflammation à un cigare ou une cigarette que fumait l'un des ouvriers, au moment de la chute de la tourie. Cette version parait la plus probable. D'autres, enfin, disent que c'est le fourneau de la cuisine du rez-de-chaussée, jusque sous lequel est venue couler la benzine, qui l'a enflammée. Cette hypothèse est sans fondement, les flammes s'étant propagées de haut en bas.

Quoi qu'il en soit des causes, le malheur est un fait consommé. C'est une terrible et fatale leçon donnée à l'imprudence. Mieux vaut en profiter utilement dans l'avenir, que récriminer inutilement dans le passé. Contentons-nous pour aujourd'hui de faire remarquer le danger qu'il y a à entasser des matières aussi inflammables dans les étages supérieurs d'un quartier populeux. Nous aurons sans doute à revenir sur cette question, en en traitant d'autres qui nous sont signalées et qui intéressent la sécurité publique.

Quant aux dégâts matériels, ils sont relativement peu importants. Grâce au voisinage des fumières de Mme Laurent-Lagouge, loueur de voitures, on a pu se rendre promptement maître du feu. On a dit qu'au début de l'incendie, une jeune femme qui se trouvait au premier étage, voyant les flammes envahir l'escalier et croyant la maison perdue, s'était précipités toute affolée vers l'une des fenêtres de la chambre, en poussant des cris désespérés, et que, surexcitée par la frayeur, elle avait sauté dans la rue. Rien, dans nos renseignements personnels, n'est venu confirmer cet incident.
Le malheureux Marc est à l'hospice l'objet des soins les plus dévoués, mais son pansement, est rendu très difficille par la fièvre qui agite constamment le patient et dérange sans cesse les appareils. Son état, quoique grave, à l'heure qu'il est, n'est pas tout à fait désespéré.

Quant à Allain, d'un côté la difficulté plus grande de le soigner à son domicile, de l'autre les brûlures qui ont atteint surtout l'extrémité du bas  ventre, rendent sa position non moins dangereuse que celle de son compagnon d'infortune.   (Bonhomme Normand)

 

Janvier 1878.   -   Les victimes de la science.   -   L'École de pharmacie de Caen vient d'être le théâtre d'un regrettable accident. Un étudiant qui préparait des expériences pour le

cours de son professeur, était en train de faire sécher sur un couvercle une substance très explosible, lorsqu'une épouvantable détonation se fit entendre, le mélange s'enflamma et l'étudiant fut atteint par le feu.

Il a eu la main droite brûlée, ainsi que ses cheveux et sa barbe, son visage même fut atteint par les flammes.

Grâce aux prompts secours qui lui ont été prodigués. Cet accident n'aura pas de suites sérieuses. ( Bonhomme Normand)

 

Janvier 1878.   -   Attention. S.V.P.   -   On se sert sur le quai de Caen, pour transborder le charbon des bateaux dans les wagons du chemin de fer, d'une poulie et d’une corde aux extrémités de laquelle se trouvent un panier et un crochet.

Le panier est d'un volume assez apparent, mais il n'en est pas de même du crochet, et il peut en résulter des accidents pour ies passants.

C'est ce qui  s’est produit cette semaine, un habitant de la rue d'Auge a été atteint par le crochet, et a eu la lèvre coupée, légèrement, il est vrai, mais c'est trop encore pour la victime. ( Bonhomme Normand)

 

Janvier 1878   -  Est-ce la fin du monde ?  -  Il vente, il tonne, il grêle, la prairie est submergée, la vallée d'Auge est inondée, certains quartiers de Pont–l’Évêque sont de nouveau transformés en une nouvelle Venise ... moins les monuments, la foudre est tombée aux environs de Vire. Mardi, vers midi, un tremblement de terre a été ressenti à Caen et sur plusieurs points du département, il n'a duré que quelques secondes, pendant lesquelles les vitres, fenêtres, murs et maisons semblaient trembler. Cette secousse s'est également fait sentir au Havre et à Rouen.

 

Mars 1878   -  Un fait regrettable.  -  Lundi matin a eu lieu, à Caen, au milieu d'une assistance nombreuse, l'inhumation de M. Manchon père, négociant, place Royale, à Caen. Au départ du domicile mortuaire, les employés chargés de placer le cercueil dans le char n'ont pu y arriver qu'avec l'aide de plusieurs personnes. Après le service, les mêmes employés ont laissé tomber dans l'église la bière aux pieds des membres de la famille. Cet incident a produit une vive émotion parmi l'assistance présente, qui faisait remarquer, avec raison, que les frais funéraires sont assez élevés à Caen pour qu'on soit en droit d'exiger un service irréprochable.

 

Avril 1878   -  Travaux.  -  Le ministre a accordé 100 000 fr. pour les travaux d’approfondissement du canal de Caen à la mer ; 25 000 fr., pour les travaux d'amélioration du port de Trouville ; 42 000 fr. pour les travaux du port de Port-en-Bessin ; à la commune de Maizet, 2 500 fr. pour la construction d'une école mixte.

 

Avril 1878.   -   Un nouveau Marlborough.   -   Samedi l'après-midi. le sieur Périer, âgé de 60 ans, adjudicataire des droits à percevoir à la Poissonnerie de Caen, se trouvait quartier St-Sauveur, dans un état d'ébriété très prononcé. Un agent de police l'engagea à regagner sa demeure et lui offrit même de le reconduire.

Périer répondit à ce bon procédé par des injures qui déterminèrent sa mise au violon, mais ce ne fut pas chose facile, Perier résista, se fit traîner, et une fois place Royale, pour le faire entrer au violon, il fallut le prendre par les jambes, les bras et la tête.

Défunt Marlborough fut conduit en terre par quatre z'officiers, Périer a été transporte au violon par cinq agents de police. Le lendemain, il a été écroué à la maison d'arrêt et condamné à 6 jours de prison et 21 fr. d'amende pour ivresse, outrage et rébellion. (Bonhomme Normand)

 

Avril 1878.   -   La mare de la Maladrerie.   -   Les habitants de la Maladrerie se plaignent avec raison qu'un des employés supérieurs de la maison centrale de Beaulieu ait fait barrer un passage qui donnait accès à un abreuvoir, situé au centre de ce hameau.

L'accès à cette mare doit être un droit, en tout cas, c'est une nécessité pour cette localité, située sur une hauteur, contre laquelle jusqu'alors nul n'avait songé à s'élever. (Bonhomme Normand)

 

Avril 1878.   -   Accident en gare.   -   Lundi, à 2 h. 30 du soir, le wagon- poste qui sert au transport des dépêches, se trouvait, à Caen, en travers sur une plaque, lors que par suite d'un faux aiguillage il a été heurté si violemment par des wagons mal dirigés, qu'il a été renversé sur le côté.

Mais trois employés travaillaient dans ce bureau : deux, MM. Fourier et Buc, ont pu, avant le choc, sauter sur le quai où le dernier en tombant s'est donné une entorse, le chef de brigade, resté dans le wagon d'où on a dû le faire sortir par une des fenêtres, a été fortement contusionné à la poitrine dans la chute de ce dernier.

- Dans une manœuvre faite, mardi, à la gare de Mézidon, un homme d'équipe, nommé Moissec, a eu deux doigts de la main droite coupés, en attelant deux voitures ensemble.

Le docteur Lemazurier a donné ses premiers soins au blessé qui a été ramené à Caen, lieu de sa résidence. (Bonhomme Normand)

 

Avril 1878   -  Écoles Normales d’Institutrices.  -  Le ministre de l'instruction publique fait préparer un projet de loi tendant à créer une école normale d'institutrices par département.

 

Avril 1878.   -   Une bonne oeuvre.   -   Le Conseil municipal de Caen a accepté la donation faite par la veuve du docteur Leprestre, aujourd'hui religieuse à l'Hotel-Dieu de Caen, de la somme nécessaire à l'achat d'une rente de 2 200 fr. 3 pour 100 sur l'État.

Ces 2 200 fr. devront être versés aux mains de la prieure de la communauté desservant l'Hotel-Dieu, qui les emploiera à payer, à raison de 2 fr. par jour, la pension dans cet établissement, soit de malades indigents auxquels l'entrée gratuite n'aurait pu être accordée, soit de convalescents dont la sortie aurait été prononcée et auxquels une prolongation serait utile. ( Bonhomme Normand)

 

Avril 1878.   -   Les drames de la misère.   -   La semaine dernière, la nommé Félicité Courvoisier, veuve Fanet, 72 ans, journalière à Caen, rue du Vaugueux, n° 46, a été trouvée asphyxiée en son domicile.

Cette infortunée, que la misère a conduit à cette fatale résolution, s'est enfermée, puis couchée, après avoir mis des draps blancs à son lit, et allumé un réchaud contenant du charbon.

Lorsque les voisins, inquiets de sa disparition, ont ouvert sa porte, il y avait longtemps qu'elle avait cessé de vivre. ( Bonhomme Normand)

 

Avril 1878.   -   Un homme qui bat sa femme.   -   Le nommé Auguste Robbe, dit Hiver, âge de 58 ans, ramoneur à Caen, rue Coupée, est inculpé de coups envers sa femme. Procès-verbal a été dressé, et il sera poursuivi. ( Bonhomme Normand)

 

Mai 1878.   -   Discours et banquets.   -    M. Émile Laurent, préfet du Calvados, fait en ce moment sa tournée de révision. Il faut qu'il ait un bon estomac pour digérer tous les discours et tous les banquets qui lui sont offerts.

A Bayeux, nous assure-t-on, M. Niobey a commencé un long discours où le mot conservateur devait se trouver cent sept fois répété ; M. Émile Laurent a arrêté l'orateur à son soixante et unième conservateur, en lui disant: « Je sais que vous etes conservateur, Monsieur le Maire, puisque vous avez accepté cette fonction du Président de la République, moi aussi, car je représente, dans le Calvados, le gouvernement républicain, la France aussi, puisque sur quinze élections, elle vient de nommer quinze conservateurs...  républicains .... Dites-le à vos administrés, ça leur fera plaisir ... » Si M. Niobey ne s'est pas acquitté de la commission, la voilà faite. ( Bonhomme Normand)

 

Mai 1878.   -   Pompes funèbres.   -    On se plaint beaucoup du service des pompes funèbres à Caen. Vendredi dernier, le conducteur du char destiné à transporter les restes de M. Cravoisier était dans un état de saleté qui autorisait à croire que cet homme et son uniforme avaient passé la nuit dans le ruisseau.

Ce n'est pas pour les vivants, mais au nom des égards qu'ils doivent aux morts qui les font vivre, que nous demandons aux entrepreneurs des transports funèbres de surveiller un peu la tenue de leurs employés. ( Bonhomme Normand)

 

Mai 1878.   -   Les territoriaux.   -    Les hommes de l'armée territoriale appartenant aux classes 1866 et 1867, qui vont être exercés pendant une période de 13 jours, sont arrivés.

Partout ils sont soumis à une très sévère discipline et n'obtiennent aucune permission, les retardataires de quelques heures ont été punis de plusieurs jours de prison.

Le conseil municipal de Caen a autorisé M. le maire à allouer, dans la mesure qui lui paraîtra convenable, les secours nécessaires aux familles des hommes de la territoriale qui n'ont d'autre ressource que leur travail. ( Bonhomme Normand)

 

Mai 1878.   -   Arrestation d’un incendiaire.   -    Un incendie, attribué à la malveillance du nommé Dieulafait, journalier à Donnay, canton d'Harcourt, propriétaire de l'immeuble dans lequel il s'est declaré, a éclaté la nuit, et a détruit la toiture d'une maison d'habitation, couverte en chaume, et environ 100 bottes de foin.

La perte assurée s'élève à 800 fr. Dieulafait a été préventivement arrêté. ( Bonhomme Normand)

Mai 1878.   -   Les drames du mariage.   -    Dans la soirée de jeudi le nommé Benoit-Joseph Devynek, agé de 41 ans, ouvrier tailleur au Havre, arrivait à Caen, par le bateau a vapeur. Il venait pour rejoindre sa femme qui, pour cause d'inconduite, le quittait pour la sixieme fois depuis le mariage, qui ne date cependant que du 20 octobre dernier, Il avait vendu ou mis au Mont-de-Piété tout le mobilier et se trouvait dans la plus profonde misère. La femme Devynek, ouvrière couturière, étant venue se fixer à Caen, le 2 de ce mois, descendit chez sa cousine, femme de M. Lefèvre, venelle Gaillarde, où elle prit une chambre.

Son mari, qu'elle n'attendait pas, arriva chez les époux Lefèvre, vers 5 heures du soir. Ceux-ci qui voyaient Devynek pour la première fois, le reçurent très affablement et l'invitèrent à dîner.
Pendant le repas Devynek sortit de sa poche une bouteille contenant un liquide qu'il déclara être de la bière. Il but les trois quarts de la bouteille et dit à sa femme, en présence des époux Lefèvre : « Dans une heure tu seras veuve ! » En effet, au bout de trois quarts d'heure, Devynek s'affaissa pour ne plus se relever.

Le docteur du régiment, qu'on alla chercher en toute hâte. ne put que constater le décès ; Devynek s'était empoisonné avec de l'acide de cigüe. Il était porteur d'un revolver chargé de six coups, et avait sur lui un certain nombre de cartouches. ( Bonhomme Normand)

 

Juin 1878.   -   A propos de filles.   -    L'un des soirs de la semaine dernière, vers 9 heures, Mme Hepson traversait, à Caen, la place Saint-Pierre, lorsque la fille Angèle Motte se jeta sur elle, lui enleva son chapeau et essaya de s'emparer de ses nattes.

Mme Hepson est rentière, elle est âgée de 25 à 26 ans et habite la rue des Jacobins. C'est une artiste, quelque peu femme de lettres, car si nos souvenirs sont exacts, elle a dû collaborer, sous un pseudonyme quelconque, au Causeur normand.

Angèle Motte est agrée de 19 ans, c'est une fille cartée, dont la réputation est exécrable et qui a déjà été condamnée pour vol. Elle a donné pour excuse qu'elle croyait enlever le toquet de l'une de ses pareilles. Si cela eût été, la fille Motte se fût empressée de restituer l'objet enlevé et non de l'emporter chez elle où la police l'a saisi.

Le tribunal, présidé par M. Lemontier, n'a pas admis cette excuse, et il a fait acte de ferme justice en condamnant Angèle Motte à 6 mois de prison.

Nous eussions été heureux de voir, dans un réquisitoire énergique, le ministère public s'associer à la sévérité du tribunal et prendre la défense des honnêtes femmes contre ces filles perdues qui ne cherchent, pour les insulter, que l'occasion de le faire impunément.

Si M. Nicolas n'a pas requis, c'est qu'il a sans doute admis le système de la fille Motte, c'est qu'il n'est pas marié, car si sa femme ou sa fille eut été la victime de cette plaisanterie, il l'eût trouvée mauvaise. ( Bonhomme Normand)

 

Juin 1878.   -   Une mort imprévue.   -    Le 30 avril dernier, on célébrait, à Caen, le mariage de M. Henri Vogt, lieutenant au 36e de ligne, majeur, rue Buquet, avec Mlle Marie-Noemi Lenoir, sans profession, majeure ; rue des Jacobins; selon l'usage, les époux quittèrent Caen pour faire un voyage, la malheureuse jeune femme est tombée malade au Havre ; et, à trois semaines de distance, dans cette église Notre-Dame où avait été consacré son mariage, on célébrait le service mortuaire de la jeune épouse. ( Bonhomme Normand)

 

Juin 1878.   -   Le géant normand.   -    Le géant Lepy, mesurant 2 mètres 20 de hauteur et pesant 322 livres est dans nos murs. Lepy vient de Marseille, il y a tombé tous les hercules du Midi.

Il se rend à Paris où il a été engagé à l'Hippodrome pendant l'Exposition. Lepy est originaire du Calvados, il a autrefois vendu le Bonhomme normand qui aujourd'hui proclame sa renommée. Il est âgé de 26 ans, sa force est extraordinaire, il lève à hauteur de bras cinq poids de 40, son bras mesure 50 centimètres de circonférence.

Lepy est accompagné de plusieurs lutteurs et hercules avec lesquels il se propose de donner dimanche prochain une grande séance de lutte et d'exercices de force, à l'école d'Équitation, rue de l'Académie, à 2 heures de l'après-midi. ( Bonhomme Normand)

 

Juin 1878.   -   Dénouement.   -    Depuis quelque temps, la veuve Sylvain Georget, âgée de 58 ans, marchande de journaux à Caen, rue St Jean, 127, donnait des signes d'aliénation mentale.

La veuve Georget, appartient à une famille honorable qui habitait la rue Neuve-St-Jean. Les privations et le chagrin ont dû déterminer chez cette malheureuse la maladie du cerveau dont elle est atteinte.

Samedi, vers 6 h. du soir, entre le Grand-Cours et l'École de natation, la veuve Georget se promenait sur le bord de l'Orne, lorsqu'elle y est tombée accidentellement, ou s'y est jetée volontairement.

Aux cris poussés par cette femme et par les témoins de cet accident, M. Decke, capitaine adjudant-major au 36e de ligne, qui se trouvait non loin de là, quitta sa tunique, se précipita dans la rivière, et fut assez heureux de retirer la veuve Georget, que ses jupons maintenaient encore sur l'eau, mais qui allait disparaître, si l'on ne fût venu promptement à son secours.

Par les soins de M. Decke, cette femme fut conduite à son domicile. ( Bonhomme Normand )

 

Juillet 1878.   -   Chiens enragés.   -    A la suite de la panique causée par le chien enrage abattu mercredi, rue Saint-Laurent, à Caen, l'administration municipale a pris un arrêté qui interdit de laisser errer les chiens et prescrit de les tenir constamment en laisse.

Cet arrêté est strictement appliqué, cette semaine, quarante à cinquante chiens, trouvés errants dans les rues de la ville, ont été déposés au vieux Saint-Etienne, et la plupart ont été abattus.

En outre, quatre-vingts procès verbaux de contrevent on ont été dressés contre les propriétaires de chiens, pour ne s'être pas conformés à l'arrêté.

En voulant arrêter des chiens errants, trois sergents de ville ont été mordus, ils se sont fait aussitôt cautériser.

Le chien abattu la semaine dernière n'appartenait pas, comme on l'a dit, à M. Roger, de la rue de Caumont. Du reste, on ne saurait prendre trop  de précautions pour prévenir ces terribles accidents qui se reproduisent trop souvent.

La semaine dernière encore, le fils aîné de M. Montigny, directeur du Gymnase, à Paris, est mort de la rage et après d'épouvantables souffrances.

Il y a quinze jours, M. Montigny fils avait été mordu par un terrier avec lequel il avait coutume de jouer tous les soirs en rentrant chez lui. Le lendemain, un homme d'écurie fut mordu également par ce chien. Très inquiet, M. Montigny fils confia la bête à un vétérinaire, qui crut reconnaître dans son cas une maladie d'intestins, et la garda quelques jours au bout desquels elle mourut.

Malgré les assurances du vétérinaire, M. Montigny acheta des livres de médecine et étudia la question de l'hydrophobie. Il attendait avec une cruelle impatience le délai de quinze jours, délai signalé par la plupart des auteurs. Du reste il avait caché à son père l'accident dont il avait été victime. Quinze jours après son accident, le malheureux jeune homme mourait, à l'âge de 21 ans.( Bonhomme Normand )


Juillet 1878.   -   ???   -   Vendredi matin, MM. Cottin, commissionnaire en grains, et Dupont, journalier, ont trouvé, sur le quai de Caen, derrière la morgue, un pantalon et une blouse en toile bleue, un tablier de jardinier et une casquette de soie. A un mètre de distance, ils ont recueilli un paletot blanc en toile et un chapeau de paille.

Ces effets ont été provisoirement déposés à la morgue. Il y a lieu de croire à un double accident. ( Bonhomme Normand )

 

Juillet 1878.   -   les chiens errants.   -    L'arrêté sur les chiens est toujours rigoureusement appliqué ; tout chien rencontré errant est emmené ; si son maître est connu, on dresse procès-verbal ; s'il n'est pas réclamé, l'animal est abattu. - Dans l'audience de simple police de vendredi, soixante propriétaires dont les chiens ont été trouvés errants sur la voie publique ont été condamnés à 3 fr. d'amende, qui se trouvent à peu près doublés par les frais.

- On a dit que les agents de police touchaient 1 fr. par chien arrêté. Cela n'est pas. Les agents accomplissent leur devoir, et attrapent souvent, comme récompenses, des morsures qui pourraient bien leur être funestes. ( Bonhomme Normand )

 

Juillet 1878.   -   Les suites d’un fatal amour.  -   Parmi les célébrités criminelles en ce moment renfermées dans la maison centrale de Beaulieu, se trouve le nommé Gaudry, àgé de 39 ans, qui, sur les conseils d'Eugénie Gras, a jeté du vitriol à la face de l'amant de cette dernière, et a été, pour ce fait, condamné à dix ans de réclusion.

L'influence de la veuve Gras sur Gaudry est telle, qu'aujourd'hui encore, sans souci de la position misérable où l'a conduit son fatal amour, il ne pense à cette femme que pour l'excuser. ( Bonhomme Normand )

 

Juillet 1878.   -   l’accident de la place de la République.   -   Un accident qui pouvait avoir des suites très graves est arrivé mardi l'après-midi, place de la Préfecture, à Caen. La servante de M. Hamelin, papetier rue Guillaume-le-Conquérant, traversait cette place, poussant un jeune enfant dans une petite voiture pendant qu'elle en portait un second sur son bras.

A ce moment, le conducteur d'une voiture de place, tournant de trop court l'angle de la rue du Cours-la-Reine, fut précipité de son siège, le cheval partit au galop et renversa la carriole, la bonne et les enfants de M. Hamelin. Les blessés, conduits à la gendarmerie, ont reçu les soins d'un médecin qui a constaté qu'ils en seraient heureusement quittes pour quelques contusions.

A propos de cet accident, nous devons dire que si une chose

nous étonne, c'est qu'il n'en arrive pas plus souvent dans notre ville où le règlement sur les voitures n'est nullement observé. Les commissaires de police feront bien de rappeler à leurs agents qu'ils doivent dresser procès-verbal contre les conducteurs qui mènent leurs chevaux à grande vitesse et qui ne leur font pas prendre le pas au détour des rues.

Nous apprenons que ce cocher, appelé Jouenne, et qui est au service du sieur Papillon, a été suspendu de ses fonctions pendant 15 jours par arrêté municipal. ( Bonhomme Normand )

 

Août 1878   -  Service télégraphique.  -  En réponse à des observations qui lui avaient été présentées sur les lenteurs très préjudiciables pour le commerce de Caen des transmissions télégraphiques, M. le sous-secrétaire d'État des finances fait savoir à M. Ch. Paulmier, président de la Chambre de commerce de Caen, que les retards signalés disparaîtront prochainement, dès que les appareils multiples que l'administration fait construire seront mis en service au bureau de Caen.

 

Août 1878   -  Curage.  -  Les eaux du Petit-Odon ont été détournées jeudi, et le curage est commencé, il devra être terminé le vendredi 6 septembre.  

 

Novembre 1878   -  Achats et démolitions.  -  Pour préparer l'emplacement nécessaire à l'établissement du marché couvert et à l'agrandissement de nos Facultés, la ville a acheté, de gré à gré, la maison Fauquet, rue Saint-Malo, 14, pour 13 800 fr., et la maison Marc, rue aux Namps, 1, pour 10 000 fr. 

On va démolir, sur la place de la Préfecture, la maison dite, le Mont-Saint-Michel. Cette enseigne lui avait été donnée sous Louis-Philippe, par un ex détenu politique du nom de Colombat, qui avait établi là « un couvent » où, sans danger, la mère ne pouvait pas conduire sa fille.

 

Novembre 1878   -  Orgue.  -  Lundi soir a eu lieu l'inauguration de l'orgue de chœur nouvellement établi dans l'église Saint-Jean, à Caen.

 

Novembre 1878   -  Le mauvais temps.  -  Les pluies continuelles qui tombent depuis trop longtemps, ont mouillé considérablement les terres, les rivières débordent partout, il est impossible de semer le blé, les herbages des bas-fonds sont intenables pour les bestiaux qu'il va falloir mettre en stabulation. Aussi le prix des vaches grasses a-t-il diminué, les herbagers sont désolés, ils perdent ou ne font qu'un bénéfice insuffisant.

 

Décembre 1878   -  Mieux vaut tard que jamais.  -  Le conseil municipal s'est enfin occupé de la création d'une école d'arts et métiers à Caen.

Il y a assez longtemps que nous le demandons. Le conseil a proposé au ministre les bâtiments des Bains et Lavoirs.

 

Décembre 1878   -  Neige et gelée.  -  La neige et la gelée qui ont fait leur apparition dans notre département retardent encore les nombreuses semailles en blé déjà retardées par les pluies. Sur certains points du département, il y a de vingt à trente centimètres de neige.

 

Janvier 1879   -  Population.  -  Pendant l'année 1878, le nombre des naissances a été, à Caen, de 818 ; celui des mariages, de 294 ; celui des décès, de 1188. Le nombre des décès a donc excédé de 370 celui des naissances.

 

Janvier 1879   -  Neige et tempête.  -  La neige et l'ouragan que nous subissons depuis mardi nous étaient annoncés par le bureau météorologique du New-York-Hérald. Sur certains points de notre département il y a tant de neige que la circulation en a été interrompue, sur la ligne de Courseulles, les trains ont été arrêtes par les neiges, ceux de la ligne de l'Ouest ont éprouvé de long retards. Avec la fonte des neiges, les inondations sont à redouter.

 

Janvier 1879   -  La neige et les inondations.  -  Une partie de la France a été pendant plusieurs jours enfouie sous les neiges. Sur beaucoup de points, la circulation a été interrompue.

Dans le Calvados, la ligne de la mer a dû suspendre son service. La neige a atteint dans certains endroits plus de trois mètres de hauteur. Dans un grand nombre de localités, on se plaint que les cantonniers n'aient pas été, dès les premiers jours, envoyés sur les routes pour déblayer. Sur la route de Pont-l'Evèque à Bonnebosq, on nous signale des excavations produites par les eaux, ayant pour cause des puits creusés il y a longtemps pour extraire de la marne ou des moellons, à l'administration des ponts et chaussées de veiller.

Au dire des anciens, il faudrait remonter à cinquante ans pour trouver l'exemple d'une semblable avalanche de neige. Pendant l'hiver 1829-1830, on avait été obligé d'employer des soldats de la garnison de Caen pour tracer des voies sur les routes aboutissant à Caen, les neiges relevées sur les côtés du chemin formaient un talus de 4 à 5 mètres de hauteur. De distance en distance on avait réservé des espaces pour le croisement de deux voitures. C'est le mardi 7 janvier que la neige a commencé à tomber, il y a cent soixante-dix ans, jour pour jour (le 7 janvier 1709), entre 8 et 9 heures du soir, le vent qui était au midi et à la pluie, tourna subitement au nord et à la neige. Le froid fut tellement intense que le pain et l'eau gelaient auprès du feu, les prêtres à l'autel étaient obligés de faire mettre un réchaud plein de feu à côté du calice qui gelait encore, malgré cette précaution.

Le dégel qui s'est produit va amener des inondations, tous nos cours d'eau débordent. Sur les rives de la Loire, la consternation est grande, des villages entiers sont sous l'eau, à Nantes, plusieurs quartiers sont submergés. Les dégâts sont incalculables. L'évêque de Nantes fait un appel à la charité des fidèles en faveur des victimes des inondations. L'une des plus grandes inondations occasionnées en Normandie par les neiges est celle du 2 février 1508. Tous les cours d'eau débordèrent, la Seine s'éleva à trois pieds au-dessus des rives.

 

Janvier 1879   -  Population.  -  Pendant l'année 1878, le nombre des naissances a été, à Caen, de 818 ; celui des mariages, de 294 ; celui des décès, de 1188. Le nombre des décès a donc excédé de 370 celui des naissances.

 

Janvier 1879   -  Neige et tempête.  -  La neige et l'ouragan que nous subissons depuis mardi nous étaient annoncés par le bureau météorologique du New-York-Hérald. Sur certains points de notre département il y a tant de neige que la circulation en a été interrompue, sur la ligne de Courseulles, les trains ont été arrêtes par les neiges, ceux de la ligne de l'Ouest ont éprouvé de long retards. Avec la fonte des neiges, les inondations sont à redouter. 

 

Février 1879   -  Voirie.  -   Depuis quatre mois environ, le quai Vendeuvre, à Caen, se trouve constamment embarrassé d'énormes tas de charbons, les mauvais temps qui viennent de se passer, les allées et venues incessantes des voitures de charge ont rendu le passage impraticable de ce côté du quai. Un arrêté préfectoral avait réglé le temps de séjour des charbons sur nos quais. Les négociants étaient autorisés à y déposer leurs charbons pourvu que le séjour ne soit que de vingt-quatre heures. Nous demandons que cet arrêté, qui n'a pas été rapporté, soit remis en vigueur : 1° parce que cet abus peut occasionner des accidents : témoin celui arrivé à un coupé dans la nuit du 31 janvier dernier ; 2° à un autre point de vue que nous nous promettons de traiter ultérieurement, si droit n'est pas fait à cette réclamation.

 

Janvier 1879   -  La neige et les inondations.  -  Une partie de la France a été pendant plusieurs jours enfouie sous les neiges. Sur beaucoup de points, la circulation a été interrompue. 

Dans le Calvados, la ligne de la mer a dû suspendre son service. La neige a atteint dans certains endroits plus de trois mètres de hauteur. Dans un grand nombre de localités, on se plaint que les cantonniers n'aient pas été, dès les premiers jours, envoyés sur les routes pour déblayer. Sur la route de Pont-l'Evèque à Bonnebosq, on nous signale des excavations produites par les eaux, ayant pour cause des puits creusés il y a longtemps pour extraire de la marne ou des moellons, à l'administration des ponts et chaussées de veiller. 

Au dire des anciens, il faudrait remonter à cinquante ans pour trouver l'exemple d'une semblable avalanche de neige. Pendant l'hiver 1829-1830, on avait été obligé d'employer des soldats de la garnison de Caen pour tracer des voies sur les routes aboutissant à Caen,  les neiges relevées sur les côtés du chemin formaient un talus de 4 à 5 mètres de hauteur. De distance en distance on avait réservé des espaces pour le croisement de deux voitures. C'est le mardi 7 janvier que la neige a commencé à tomber, il y a cent soixante-dix ans, jour pour jour (le 7 janvier 1709), entre 8 et 9 heures du soir, le vent qui était au midi et à la pluie, tourna subitement au nord et à la neige. Le froid fut tellement intense que le pain et l'eau gelaient auprès du feu, les prêtres à l'autel étaient obligés de faire mettre un réchaud plein de feu à côté du calice qui gelait encore, malgré cette précaution. 

Le dégel qui s'est produit va amener des inondations, tous nos cours d'eau débordent. Sur les rives de la Loire, la consternation est grande, des villages entiers sont sous l'eau, à Nantes, plusieurs quartiers sont submergés. Les dégâts sont incalculables. L'évêque de Nantes fait un appel à la charité des fidèles en faveur des victimes des inondations. L'une des plus grandes inondations occasionnées en Normandie par les neiges est celle du 2 février 1508. Tous les cours d'eau débordèrent, la Seine s'éleva à trois pieds au-dessus des rives.

 

Mars 1879   -  Casse-cou.  -  La pissottière placée à Caen entre les Trois-Grâces et les messageries Blochon, est précédée par un banc, cause de bien des accidents.

Que de malheureux, en quittant ce lieu réservé et préoccupés de remettre un peu d'ordre dans leur toilette, ont fait la culbute. Mardi dernier encore, l'un de nos concitoyens s'est assez grièvement contusionné pour nécessiter les soins d'un médecin.

 

Mars 1879   -  Rues.  -  Un arrêté du maire de Caen, approuvé par le préfet, porte que la rue des Abattoirs s'appellera rue de la Gare.

 

Mars 1879   -  Invention.  -  Un jardinier de Venoix, près Caen, M. Louis-Philippe Dubost, vient d'inventer un chasse-neige qui, adapté à l'avant d'une locomotive, dont il ne serait pas nécessaire de modifier la structure, peut déblayer les rails et comprimer la neige après l'avoir rejetée en talus de chaque côté de la voie, l'épaisseur de la couche excédât-elle un mètre cinquante.

 

Mars 1879   -  Secours.  -  L'État vient d'accorder un secours de 2 000 fr. à l'église St-Julien de Caen, pour construction de son clocher.

 

Avril 1879   -  Explosion.  -  Un accident, qui a causé une certaine émotion dans le quartier Saint-Pierre, à Caen, s'est produit, samedi dernier, vers cinq heures du soir, chez M. Tinard, négociant. M. Tinard faisait procéder à la pose d'un cornet acoustique. M. Marie, serrurier, chargé de ce travail, avait dû faire passer le tuyau dans un placard, situé dans une chambre du  second étage, où se trouvait déjà un tuyau pour le gaz. 

Le placard étant sombre, l'ouvrier avait, à son insu, crevé la conduite, et le gaz s'était répandu dans les interstices des murs et du plancher qui sépare le deuxième étage du troisième. Voulant se rendre  compte de son travail, l'ouvrier approcha une lumière de l'endroit où la fuite de gaz s'était produite et détermina une explosion. Le plancher et les meubles furent sérieusement endommagés, et les glaces des fenêtres furent projetées dans la rue. Il n'y a pas eu d'accident de personne à déplorer. Les dégâts, purement matériels, estimés à 3 000 fr. environ, sont assurés.  

 

Avril 1879  -  Écoles de filles, répartition de secours.  - Le Conseil, conformément au rapport de M. le Préfet, répartit une somme de 2 500 fr. à prendre sur le crédit de 5 000 fr. inscrit au budget de 1879, pour établissement et entretien d'écoles de filles. 

Ce crédit, qui existe depuis longtemps, a toujours été employé en indemnités personnelles aux institutrices qui dirigent les écoles facultatives de filles, de manière à rapprocher le plus possible leurs émoluments de ceux déterminés par la loi pour les écoles obligatoires.  

Caen (Couvrechef), 237 habitants, Mlle Besnard (Marie), 23 élèves payantes, 14 gratuites ; 300fr. de traitement en 1878 ; indemnité personnelle accordée, 40 fr. Ecole de hameau, très utile, bien dirigée par Mlle Besnard.

 

Mai 1879   -  Une vache à l’eau.  -  Lundi matin, vers 8 heures, M. Urbain Vimard, propriétaire à Cambes, traversait le boulevard St-Pierre, à Caen, dans son cabriolet, derrière lequel était attachée une vache qu'il conduisait à ses herbages. Cette bête, effrayée probablement par les nombreux passants, a brisé sa longe en face la poissonnerie, s'est élancée à fond de train vers le pont de Courtonne et est tombée dans le bassin.

Des ouvriers charbonniers présents se sont empressé de prendre une barque et ont guidé la bête jusque sous la grue de M. Motteley, négociant en charbons. Elle a été hissée et remise en bon état à son propriétaire, qui a donné 10 fr. de gratification pour le sauvetage.

 

Mai 1879   -  Bassin de Caen.  -  Mardi matin, à 10 heures et demie, la première pierre du nouveau bassin de Caen a été posée en présence de M. Boreux, ingénieur, de M. Tison, conducteur des travaux, et de M. Trancy, de Limoges, entrepreneur des travaux.

 

Mai 1879   -  Ou la politique va-t-elle se nicher ?  -  Le Journal de Caen raconte qu'un sergent-major du 23e régiment territorial, décoré de la médaille militaire, accomplissant en ce moment, au 36e de ligne, sa période d'instruction de treize jours, vient d'être puni de huit jours de prison, pour s'être permis, dimanche matin, dans un café de Caen, d'insulter l'armée et le gouvernement de la République.

 

Mai 1879   -  Armée.  -  M. le général commandant le 3e corps d'armée, dont fait partie le 36e de ligne, vient de recevoir du ministre de la guerre des instructions pour l'ouverture des écoles de natation en 1879. 

 

Mai 1879   -  Découverte.  -  Les travaux du nouveau bassin se poursuivent avec activité. Parmi les déblais, on a trouvé beaucoup d'objets curieux remontant à une époque reculée, entre autres une tète de taureau assez bien conservée, des poteries, des mâts, etc. Tous ces objets sont précieusement conservés par les soins de M. Tison, conducteur des travaux, et destinés par M. Vidal, dessinateur attaché à l'entreprise. Ils seront ensuite envoyés à la Faculté afin d'être soumis à l'examen de M Deslonchamps.

 

Juin 1879   -  Le dénichage des oiseaux.  -  A cette époque de l'année, nous ne saurions trop engager MM. les instituteurs à rappeler aux enfants qu'il y a une loi qui interdit le dénichage des oiseaux. Ils éviteront ainsi à leurs élèves les pénalités qui pourraient les atteindre et rendront un véritable service à l'agriculture. 

 

Juillet 1879   -  Écoles primaires.  -  Les vacances des écoles primaires commenceront le 1er  août pour finir le 1er  septembre.

 

Juillet 1879   -  Mauvais temps.  -  La Normandie n'est pas seule à souffrir de l'affreux temps qu'il fait : sur tous les points de la France on signale les dégâts, causés par les pluies.

Dimanche, les courses de Nancy ne pourront avoir lieu, l'hippodrome étant inondé.

Dans le Nord, sur plusieurs points, on craint des inondations. Sur la Manche, on signale des sinistres maritimes. Le sloop « Fanny », de Rochester, chargé de brai et jaugeant 150 tonneaux a fait naufrage en vue de Boulogne, entre Equilhen et Étaples, par suite de la tempête qui règne sur la Manche. Le capitaine a disparu. Les deux hommes ont été trouvés morts abord.

Le mauvais état de la mer a fait suspendre le service des bateaux à vapeur entré le Havre, Caen, Trouville, Honfleur.

Sur le littoral, les rares baigneurs sont taciturnes, les loueurs de maisons sont consternés. Jamais il n'y avait eu si peu d'animation, jamais le chemin de fer de Caen à la mer n'avait, depuis sa création, transporté moins de promeneurs.  On craint beaucoup pour les récoltes. 

 

Juillet 1879   -  Le port de Caen.  -  Depuis longtemps le bassin du port de Caen n'avait présenté pareille animation. Les navires y sont littéralement les uns sur les autres. Malheureusement, presque tous portent pavillon étranger Cette accumulation de navires est le meilleur argument en faveur de la création d'un second bassin.  

 

Juillet 1879   -  Veillons un peu mieux à la salubrité.  -  Au moment où commencent les grandes chaleurs, nous croyons devoir renouveler une réclamation que nous avons déjà faite à plusieurs reprises, relativement à l'entretien et à la propreté des urinoirs publics qui laissent beaucoup à désirer. L'absence d'urinoirs sur certains points est fort préjudiciable à la  salubrité publique. Il en résulte de véritables cloaques pestilentiels. Nous signalerons notamment la venelle Groley qui, depuis la suppression de l'urinoir, au sujet duquel un propriétaire a réclamé une indemnité à la ville, est devenue un foyer d'infection, ainsi que l'entrée de la rue St-Manvieu, l'angle des rues Buquet et Puits-ès-Bottes, côté du Montoir-Poissonnerie, etc……

 

Août 1878.   -   Excellente mesure.   -    Le Ministre vient d'interdire dans les écoles communales les quêtes qui s'y font habituellement sous divers prétextes religieux ou autres.

Pendant qu'il y était, le Ministre aurait bien fait d'interdire aussi les souscriptions ouvertes dans certaines écoles pour offrir soit à l'instituteur, soit au curé, un cadeau à l'occasion de leur fête ou anniversaire. ( Bonhomme Normand )

 

Août 1878.   -   Temps pour le mois d’août.   -    Voici, d'après Nick, quelles sont les probabilités du temps pour le mois prochain :

Le temps sera plus accidenté en août qu'en juillet.

Dépressions avec mouvements orageux, grains ou coups de vent sur la France et sur les pays voisins vers les 2, 5, 7, 10, 13, 16, 21, 23, 26, 28 et 30 .

Orages épars, violents, avec grèle probable, vers les 3, 7, 10, 13, 22, 26 et 29.

Crues locales après les périodes critiques. Variations brusques.  Eclaircies entre et durant les périodes critiques, particulièrement sur la zone méridionale, par la suite, temps assez beau, à part les orages. ( Bonhomme Normand )

 

Août 1878.   -   Canal de Caen.   -    Sur une longueur d'environ 400 mètres attenante à l'écluse de Ouistreham, le canal est, dès maintenant, accessible aux navires de 5 mètres 20 cent. ( Bonhomme Normand )

 

Août 1878.   -   Les suites d'un accident.   -    La semaine dernière, on a mis en terre la petite fille de M. Hamelin, papetier, place Fontette à Caen.

Cette enfant ayant été légèrement blessée, lors de l'accident qui a eu lieu, il y a quelques semaines, place de la Préfecture, on a cru que cette mort avait été déterminée par la secousse que la pauvre petite, âgée de 5 mois et 1/2, avait éprouvée. Il n'en est rien.

Jouenne, le cocher de fiacre qui a, par maladresse ou imprudence, fait des blessures aux petites Hamelin, et à leur servante, la demoiselle Lecaux, devait passer samedi en police correctionnelle ; l'affaire a été renvoyée. ( Bonhomme Normand )

 

Août 1878.   -   ???.   -    Lundi matin, le nommé Michel, ouvrier maréchal, travaillant chez le sieur Vincent, rue Guillaume-le-Conquérant (cour de l'École normale), a reçu un coup de pied de cheval dans le bas ventre.

Il est mort des suites de cet accident. Il laisse une femme et un enfant de douze ans. ( Bonhomme Normand )

 

Septembre 1878.   -   Nos réservistes et les réquisitions militaires.   -   Les réservistes des classes 1869 et 1871 sont en train de faire leurs vingt-huit jours. C'est une dure loi ; mais comme elle atteint, sans distinction, tous les Français n'ayant pas encore trente ans accomplis, et qu'elle a pour but la réorganisation de notre armée, on doit la subir sans murmurer.

Nous savons bien que cette absence de quatre semaines compromet bien des intérêts et laisse dans le besoin des malheureux dont certains réservistes sont le seul soutien. Dans ce cas, des secours peuvent être accordés par les communes aux plus nécessiteux et aux plus dignes d'intérêt.

A Caen, les demandes adressées à la mairie sont plus nombreuses que les années précédentes ; lorsque la requête est justifiée, notre municipalité délivre un mandat qui alloue à la femme sans soutien environ 1 fr. par jour, et 50 centimes par enfant. ( Bonhomme Normand )

 

Septembre 1878.   -   Monomanie étrange.  -  Vendredi, vers 6 heures et demie du soir, un homme, mis avec une certaine recherche, se promenait sur la place St-Gilles, à Caen, et dénotait par sa tenue un dérangement dans ses facultés mentales. A un moment donné, il s'approcha d'un poteau télégraphique comme pour écouter les vibrations. Ce mouvement fit tomber son chapeau qu'il ne jugea pas utile de relever. Presque immédiatement il se mit à courir et vint se mettre à genoux devant l'entrée principale de l'église de la Trinité, et ayant poussé un grand cri, il se frappa violemment la tête à coups redoublés à l'angle d'un pilier et ne tarda pas à être couvert de sang.

Le concierge de l'Hôtel Dieu se porta vers cet homme, et, aidé de quelques personnes, l'entra à l'Hôtel-Dieu, où des soins lui furent immédiatement prodigués par l'interne de service.

Alors on le mit dans l'impossibilité de se faire du mal. On a trouvé sur cet homme des cartes de visite au nom de Edmond de X. et une lettre d'un notaire de Paris, qui se dit son cousin et qui, à la date du 30 août, lui a adressé une somme de 1 000 fr.

Ce malheureux n'avait plus sur lui que la minime somme de 26 fr. La famille a été prévenue. Le lendemain, il se trouvait beaucoup mieux. ( Bonhomme Normand )

 

Septembre 1878.   -   Papiers à douleur.  -  Le directeur des contributions directes a fait, au nom de la ville de Caen distribuer cette quinzaine les papiers d'avertissement, suite naturelle de la loi d'imposition extraordinaire votée le 17 juin, pour subvenir aux frais de l'agrandissement de nos Facultés et à l'approfondissement du canal de Caen à la mer. C'est une augmentation sur les patentes de quatorze francs environ pour cent francs.

Et sur ce, pas un centime pour les eaux et l'assainissement de la ville !... ( Bonhomme Normand )

 

Septembre 1878.   -   Avis aux déballeurs.  -  Nous avons dit, à diverses reprises, ce que nous pensions de ces déballeurs qui, ne trouvant phus à Paris l'écoulement de leurs marchandises défectueuses, viennent les « couler » aux provinciaux assez naïfs pour se laisser duper, du moment où on leur dore la pilule avec une étiquette indiquant un bon marché imaginaire.

Ceci dit, nous restons dans notre rôle, en rappelant à ces industriels que dans une délibération à laquelle nous ne sommes pas étranger, notre Conseil municipal, « regrettant que la loi ne lui permette point une mesure plus énergique à l'égard des déballages qui viennent faire une concurrence regrettable au commerce local, » a décidé que les patentes seraient exigées des déballeurs et qu'il ne leur serait toléré qu'un étalage de 0m 16 c. ( Bonhomme Normand )

 

Octobre 1878.   -   Il n’y a pas de fumée sans feu.  -   Le bruit a couru la semaine dernière à Caen qu'un réserviste était mort, mercredi soir, dans des circonstances épouvantables.

Les faits étaient exagérés, les voici dans toute leur exactitude : en rentrant à la caserne, des « malins » résolurent de faire une farce à l'un de leurs camarades de chambrée. Ils entourèrent certaine partie de son corps d'un journal, puis y mirent le feu. Il en est résulté des brûlures qui ont nécessité l'envoi du patient à l'infirmerie, d'où il est sorti après quelques jours de pansement.

Les auteurs de cette farce, aussi ignoble que cruelle, ont été sévèrement punis. ( Bonhomme Normand )

 

Octobre 1878.   -   La mort d’un avare.  -   Dimanche, Arsène Guimond, surnommé « Paire-Bèque » 63 ans, brocanteur, ancien chantre de Saint-Sauveur, a été trouvé sans vie dans son domicile, rue Caponnière, à Caen.

Cet homme a perdu, à la chute du Comptoir d'escompte, une dizaine de mille francs, il n'avait jamais pu surmonter ce déboire.

Guimond était d'une avarice sordide, il souffrait beaucoup et, par économie, ne voulait pas voir de médecin. On a trouvé chez Iui, cachés en divers endroits, 5 374 fr. en billets de banque, or et argent. Sur la table, se trouvaient des œufs durs et du pain, sa nourriture habituelle.

Guimond est enfant naturel, on ne Iui connaît pas d'héritier. ( Bonhomme Normand )

 

Octobre 1878.   -   Accident.  -   Vendredi, vers onze heures du matin, devant la maison de M. Catherine, aubergiste à la Demi-Lune, à Caen, une vache appartenant a M. Gouville, marchand de bestiaux à Bayeux, s'est jetée sur son conducteur, le nommé Michel Castel, journalier à Troarn, et lui a fait des blessures assez graves au ventre.

Le blessé a été admis d'urgence à l’Hôtel-Dieu de Caen. ( Bonhomme Normand )

 

Octobre 1878.   -   La battisse à Caen.  -   Les jardins formant fond sur la place de la Préfecture, se garnissent de constructions, à côté de la maison Rancin, M. Sausse vient d'acheter, au prix de 30 fr. le mètre, un terrain sur lequel il doit faire édifier une fabrique de chaussures.

En ce qui concerne ces terrains, M. Grusse a fait à la ville une proposition sur laquelle nous aurons l’occasion de revenir en parlant des terrains vagues situés en face du théâtre et loués par la ville un prix dérisoire à M. Manchon qui les a remis pour la Saint-Jean prochaine. ( Bonhomme Normand )

 

Octobre 1878.   -   ???.  -   Nous voudrions bien savoir quels sont les parrains et marraines chargés, au sein de la municipalité caennaise, de baptiser les voies de notre cité.

Et ce, pour leur demander pourquoi ils ont appelé « rue Saint-Laurent » la voie qui longe la Préfecture, et baptisé du nom de « rue de la Préfecture » les quelques centaines de mètres qui vont de la place de la Préfecture au Cours.

N'eût-il pas été plus correct de les appeler « rue de la Gendarmerie », « rue du Pavillon » ou « rue des Lavoirs ». Et le boulevard qui s'étend de la Préfecture à la Poissonnerie, pourquoi nos municipaux l'ont-ils coupé en trois en l'appelant « boulevard du Théâtre », « boulevard Bertrand » et « boulevard Saint-Pierre » ? Est-ce pour mettre leurs concitoyens plus facilement dedans ? ( Bonhomme Normand )

 

Octobre 1878.   -   Une ivrognesse incorrigible.  -   La nommée Emma-Justine Henry, âgée de 37 ans, fille de mauvaise vie, à Caen, née à Balleroy, sans domicile fixe, sortait de prison jeudi matin ; le soir elle était ramassée ivre morte sur la place Royale, et écrouée sous l'inculpation de tapage et d'ivresse manifeste.

Vendredi, elle a été condamnée à 15 jours de prison et 27 fr. d'amende.

 

Octobre 1879   -  Longévité.  -  M. G. Pelpel, né à Caen le 21 octobre 1779, habitant Paris, vient d'accomplir sa 100e  année en bonne santé.

 

Novembre 1878.   -   Restaurations.  -   L'ouverture du théâtre restauré, qui avait été fixée d'abord au 25 octobre, puis au 1er novembre, aura lieu le dimanche 3.

Si l'administration avait mis les travaux en adjudication et fixé un délai d'exécution aux entrepreneurs, ce retard préjudiciable à tous ceux qui vivent du théâtre ne se fût pas produit.

Les dépenses de restauration de notre salle de spectacle avaient d'abord été fixées à 27 000 fr., puis à 42 000 fr. Elles dépasseront, assure-t-on, 70 000 fr.

Un individu qui gérerait ainsi sa fortune serait interdit, mais lorsqu'il s'agit des finances publiques, on n'y regarde pas de si près.

Autrefois, le peuple chantait et payait, aujourd'hui, il murmure, mais il paie tout de même.

Le café du Grand-Balcon, tenu par M. Etienne, complètement remis à neuf, va être également inauguré cette semaine.

Le café Drauts est aussi en réparation. Sous peu, ouverture d'une nouvelle salle. ( Bonhomme Normand )

 

Novembre 1878.   -   Accident.  -   Dimanche l'après-midi, un des plus anciens et meilleurs palefreniers de l'École de dressage, nommé Langlois, a été, pendant les épreuves d'étalons, victime d'un triste accident. Un cheval qui trottait sur la piste devant celui sur lequel il était monté, lui a, d'une ruade, brisé la jambe.

Malgré ses vives souffrances, Langlois est resté en selle et a pu regagner les tribunes, d'où il a été transporté à son domicile sur un brancard. Langlois est marié et père de famille.

Sur l'initiative de plusieurs éleveurs, une souscription a été ouverte pour lui venir en aide. M. le préfet du Calvados, présent à la réunion, a immédiatement décidé que de 100 fr. lui seraient accordés. ( Bonhomme Normand )

 

Décembre 1878.   -   La mare de la Maladrerie.  -   Au cours de la dernière séance du conseil municipal, l'administration a fait connaître que, par suite d'une entente commune, « la petite barrière établie à l'entrée d'un passage existant entre l'une des mares de la Maladrerie et le mur de la maison du directeur de Beaulieu, serait reculée jusqu'à l'extrémité du mur d'appui », vingt-cinq à trente centimètres au plus !

C'est tout simplement déplacer la question. Ou les habitants de la Maladrerie sont dans le vrai, en prétendant que ce passage est un terrain communal, et, alors, personne n'a le droit d'y mettre de barrière ? ou M. le directeur est véritablement propriétaire du passage contesté, et il n'a pas à déplacer sa barrière.

C'est un point éclairci à l'avantage de la ville, dit-on, par un rapport de M. le conseiller municipal Vaugeois, pourquoi ne pas le faire connaître au public ?...

Autre question : La distance entre chaque réverbère est de 70 à 80 mètres. A la Maladrerie, il s'en trouve un placé à 40 mètres de distance, et le suivant à 110 mètres.

Cette inégalité a-t-elle pour but de donner un peu de lumière à M. le directeur de Beaulieu ? Nous serions tenté de le croire, puisque cette infraction à la règle place un bec de gaz juste en face de sa porte. ( Bonhomme Normand )

 

Décembre 1878.   -   Pauvre idiot !  -   Il y a un an, le sort amenait, dans les rangs du 36e de ligne, un malheureux idiot du nom d'André Berthelot, originaire des environs de Saint-Brieuc. On essaya de lui apprendre l'exercice : impossible. On l'employa alors aux corvées et à casser du galet dans la cour du château de Caen, en attendant l'accomplissement des formalités nécessaires pour le faire reformer.

Il y a quelques jours, l'un de ses supérieurs, impatiente, lui dit :

« Fichez-moi le camp ... »

L'idiot crut qu'on lui donnait l'ordre de quitter la caserne, et il s'en fut à travers champs, sans savoir où il allait.

Ce malheureux a été trouvé lundi, sur le territoire de Baron, blotti dans les ronces, où il serait mort de froid et de faim, sans l'intervention d'âmes charitables du pays, qui en ont pris soin en attendant l'arrivée des gendarmes.

Nous savons bien que les conseils de révision ne sauraient trop se tenir en garde contre les manœuvres des individus qui, pour se faire réformer, simulent un idiotisme qui est parfois le comble de l'habileté, mais, dans le cas présent, le doute n'était pas possible, surtout si, comme on nous l'assure, Berthelot était, à son arrivée au corps, dans l'état ou il a été trouvé sur le chemin de Baron. ( Bonhomme Normand )

 

Décembre 1878.   -   ???.  -   Samedi, un bannelier a trouvé à Caen un fœtus paraissant âgé de 6 mois, enfoui dans un tas de chaussins déposé au haut de la venelle qui donne accès de la rue du Vaugueux à la place du Sépulcre.

L'enfant n'était pas ne viable. Tout porte à croire qu'il y a eu avortement, car le cordon avait été arraché et non coupé. ( Bonhomme Normand )

 

Décembre 1878.   -   Avis aux conducteurs imprudents.  -   Il y a six semaines, le sieur Constant Questel, demeurant à Caen, rue de Falaise, était renversé, le soir, par un cheval attelé à un cabriolet non muni d'une lanterne, conduit à fond de train par un individu paraissant en état d'ivresse. Questel fut conduit à l'hospice, où il mourut le lendemain.

L'auteur de cet accident, le sieur Constant Hélain, 24 ans, cultivateur à St-Aignan-de-Cramesnil, a comparu devant le tribunal correctionnel de Caen, et a été condamné à 8 jours de prison et 26 fr. d'amende. ( Bonhomme Normand )

 

Décembre 1879  -  Ça va bien !  -  Les classes d'adultes organisées à Caen sous le patronage de l'Administration, dans les écoles de la rue Guilbert, ont réussi au delà de toutes les prévisions. Le nombre des ouvriers et apprentis qui fréquentent les classes du soir, s'élève déjà à quatre-vingt-un. On a même cru un instant, que le chiffre quatre-vingt-deux allait être atteint, car on avait vu un membre du clergé de notre ville stationner devant les portes de l'école et se gratter le front comme un homme qui se demande : « Faut t'y y aller, ou faut t'y pas y aller !... ».

Le Conseil municipal de Caen a décidé que quatre livrets de caisse d'épargne de 10 francs seraient offerts aux élèves les plus assidus et les plus méritants, la Ligne de l'enseignement en a donné un nombre égal. Le Bonhomme normand, qui considère cette œuvre comme devant être très profitable à la classe ouvrière, en ajoute deux, ce qui porte à dix le nombre des livrets à distribuer. 

 

Décembre 1879  -  L'hiver.  -  Les premières neiges viennent de faire leur apparition. Lundi soir, en quelques heures, la terre a été complètement couverte. Depuis lors le froid sévit avec intensité. Cependant nous n'avons pas encore trop à nous plaindre à Caen. Sur plusieurs points de notre région, la neige est tombée beaucoup plus abondante. 

 

Décembre 1879  -  Avis aux patineurs.  -  Le temps paraît se mettre définitivement à la gelée et devoir nous assurer quelques jours de patinage au moins. Mais ce qui nous manque à Caen, c'est l'emplacement pour se livrer à cet exercice. La neige est tombée après que l'eau s'était prise dans certains endroits. Il faudrait donc, si l'on veut patiner avec quelque plaisir, faire disposer un endroit, de la Vieille-Rivière. Le bout de rivière qui entoure les jardins militaires conviendrait. Hier et avant-hier, plusieurs anglais y ont déjà patiné.

 

Décembre 1879  -  L'hiver, la neige, le froid.  - Voici l'hiver dans toute sa rigueur. Le froid a sévi sur toute la France, et sur bien des points la neige a intercepté les communications. Cette tempête a duré plusieurs jours. Le manteau de neige dans lequel la France paraissait enveloppée avait dans les endroits les moins atteints de 50 à 60 centimètres d'épaisseur.

En divers endroits, la neige, poussée et amassée par le vent, s'élevait à plus d'un mètre. Beaucoup d'habitants se trouvaient bloqués chez eux et ont été obligés de faire une tranchée  pour communiquer avec leurs voisins. Depuis bien des années on n'avait vu en décembre, en si peu de temps, la neige tomber aussi abondamment.

En 1831 l'hiver fut des plus rigoureux. Le 6 décembre, de cette année, une trombe de neige s'abattit sur la ville de Caen et fit les plus grands ravages. Un café de la rue Venelle-aux-chevaux s'effondra.

En 1709, le froid fut tel qu'à l'autel les prêtres étaient obligés de mettre un réchaud à côté du calice, qui gelait, malgré cette indispensable précaution.

En 1480, le froid dura du milieu de décembre au commencement de mars, et fit beaucoup de victimes. La terre était gelée à quatre pieds de profondeur, l'eau gelait auprès d'un feu très bien alimenté.

Pendant plusieurs jours, les voitures n'ont pu circuler sur les routes.

Le service des chemins de fer a été momentanément interrompu, les trains de Paris étaient restés à Mantes. Les facteurs de la poste n'ont pu faire leur service dans les campagnes qu'en surmontant les pics grandes difficultés. De nombreux accidents se sont produits. Des voilures sont restées en détresse sur les routes.

Le froid qui est excessif a causé de nombreuses morts par suite de congestion.

Sur nos côtes, on ramassait à pleins paniers les crabes et les étrilles, engourdis par le froid. Partout le poisson abonde, on le pêche pour ainsi dire à fleur d'eau, où il demeure comme paralysé.

 

Décembre 1879  -  Les victimes du froid.  -  Lundi, à 9 heures du matin, Mme veuve Briard, âgée de 65 ans, dentellière, demeurant Porte-au-Berger, n° 5, à Caen, est tombée sur le trottoir de la rue St-Jean, et s'est fracturé la jambe droite. 

 

Décembre 1879  !!!!!!!.  -  L'un des curés les plus éclairés de Caen est assurément celui de Vaucelles. Au cours de l'un de ses derniers prônes, il avait invité les fidèles à lui apporter des paquets de bougies, afin d'illuminer l'église en l'honneur de sa consécration au Sacré-Cœur. L'abondance fut telle que deux fois, dans toute sa longueur, la nef put être illuminée. Cette cérémonie a donné lieu à une scène bien moins solennelle.

Un paroissien rentrant chez lui et ne trouvant pas les bougies où il les avait déposées la veille, allait crier au voleur ! lorsque sa femme lui avoua qu'elle avait porté le paquet au presbytère. M. X….., ne dit mot, mais il mit sa femme en pénitence, et depuis, chaque soir que le bon Dieu fait, il laisse la pauvre dame sans lumière, prétendant qu'elle a assez de la « foi » pour l'éclairer.

 

cembre 1879  -  Un arrêté.  -  L'administration municipale de Caen réédite un arrêté de 1849, qui prescrit aux habitants de balayer la neige et de casser la glace devant leurs habitations. Les neiges et glaces provenant des cours devront être transportées aux endroits désignés par l'administration.

 

Janvier 1880  -  L’hiver et la récolte.  -  On parle d'une reprise sérieuse du froid. Puissent les météorologistes se tromper, car cette reprise ferait grand mal aux récoltes. Les blés ont supporté assez bien le temps rigoureux que nous avons eu pendant six semaines, mais il est impossible, jusqu'à présent de prévoir ce qu'ils deviendront s'il survient encore des froids tardifs comme nous en avons depuis plusieurs années et qui sont l'obstacle, le plus sérieux à la bonne réussite de la culture. On assure que, dans beaucoup d'endroits, la plupart des provisions de tubercules et de racines conservées pour semences sont perdues, les pommes de terre sont presque partout gelées. Dans les bois, les dégâts sont immenses, les essences que l’on considère comme les plus robustes ont fortement souffert, beaucoup de vieux arbres ont leurs troncs fendus et sont parterre.

Dans les environs de Paris, où il existe un grand nombre de pépinières d'arbustes à feuilles persistantes, tout est perdu, et les malheureux pépiniéristes auront absolument rien à vendre pendant deux ans.

 

Janvier 1880  -  Encore l’hiver.  -  Un vieux proverbe prétend qu'à la fin de janvier, l'hiver s'en va ou redouble de rigueur. Si ce proverbe est vrai, nous n'avons pas tout lieu de nous réjouir, car à la température relativement douce de la semaine dernière a succédé une vive reprise du froid. La saison a été bien dure pour les malheureux. Un retour de l'hiver serait presque un désastre pour tout le monde. 

 

Janvier 1880  -  Population.  -  Le mouvement de la population pour la ville de Caen, en 1879 a été le suivant : Naissances. 87 ; mariages, 284 ; décès, 1 218 ; La différence entre les naissances et les décès est donc de 347.

 

Février 1880  -  Gare la boue.  -  Samedi soir, une personne venant du Cours circulaire et se dirigeant par les contre-allées de la promenade Bertrand (côté gauche), vers les Tribunaux, fut très surprise de se trouver tout à coup empêtrée jusqu'à mi-jambe dans un tas de boue. 

Si l'administration municipale veut faire de cet endroit, où pourtant beaucoup de monde passe, un lieu de dépôt d'immondices, qu'au moins elle prenne la précaution de l'entouré.

 

Mars 1880  -  Fait divers.  -  Un détail curieux du duel Doucin- Engerand. M. Engerand est presque aussi myope que le maire de Caen, M. Doucin l'est davantage encore. Les deux adversaires, on se le rappelle, se sont battus au pistolet à trente pas, aussi, est-ce une veine que les témoins n'aient pas été, blessés.

Un ami de M. Engerand est, paraît-il, allé consulter Mlle Georges sur l'issue de son duel avec M. Doucin. « S'il se bat à l’épée, il sera blessé, si c'est au pistolet, il reviendra sauf... », a répondu la devineresse. Et c'est sans doute pour cela que les témoins de M. Engerand, qui avaient le choix des armes, ont préféré le pistolet.

 

Avril 1880  -  Découverte d’un trésor à Caen.  -  Des pièces de monnaie anciennes, argent et bronze, des XVe ,XVIe  et XVIIe  siècles, ont été trouvées ces jours derniers par des ouvriers occupés à démolir une maison, située rue des Carrières-Saint-Julien, appartenant à M. Perrotte, propriétaire, place Royale.  

Les ouvriers qui l'avaient découvert ont commencé par se le séparer. L'entrepreneur de la démolition, M. Costey, ayant appris la chose, réclama la trouvaille comme lui appartenant, M. Perrotte, de son côté, s’interposa, et finalement, conformément aux lois, le trésor a été séparé par moitié entre M. Perrotte, le propriétaire du fonds, et l'ouvrier qui l'a découvert. Ces pièces représentent un poids de 9 kil. d'argent et 12 kil. de bronze et de cuivre, la valeur nominale est d'environ 2 000 fr., seulement quelques-unes de ces pièces ont une certaine valeur pour les collectionneurs.

 

Juin 1880  -  Deux centenaires.  -  On vient de fêter, à Angerville, le centenaire d’une dame Roque, parvenue à cet âge en pleine possession de ses facultés intellectuelles. Un banquet de soixante couverts a été organisé par la famille, à cette occasion. Mme Roque n'est pas la seule centenaire de notre département qui passe l'âge séculaire. 

A Caen est un brave et aimable centenaire, que nos concitoyens peuvent coudoyer chaque jour dans la rue, nous voulons parler de M. Bouilly, ancien associé de la Banque Guilbert, et ex-régent de la succursale de la Banque de France.

 

Juillet 1880  -  Chasles sera-t-il exécuté ?  -  Plusieurs matins de suite, de nombreux curieux se sont rendus au petit jour sur les fossés St-Julien, espérant assister à la décapitation de Chasles, condamné à mort par la cour d'assises du Calvados, pour avoir tué son père d'un coup de fusil. 

Nous croyons pouvoir affirmer qu'en raison de sa jeunesse (il n'a pas encore 18 ans !) Chasles ne sera pas exécuté. Son nom est inscrit sur la liste des grâces qui doit être présentée à la signature du président de la République, le président des assises du Calvados et le procureur général de la cour de Caen, ont donné un avis favorable. Chasles mange toujours avec son appétit de 18 ans la maigre pitance de la prison. Depuis quelques jours, il est inquiet, la nuit, le moindre bruit le réveille, on voit qu'il trouve que la grâce qu'il attend est bien longue à venir.  

 

Juillet 1880  -  Les orages.  -  Samedi soir, un orage épouvantable à éclaté sur Caen et une partie du Calvados. A Caen, les rues de la ville ont été transformées en torrents et l'eau a envahi beaucoup de maisons. Des arbres ont été renversés par l'ouragan, notamment près de l'école de natation, ainsi qu'à Louvigny 

 

Juillet 1880  -  Les suites des orages.  -  On ne connaît pas encore le chiffre exact des dégâts causés dans le département par les derniers orages. Il dépasse certainement plusieurs millions.

Le ministre de l'intérieur en présence de ces sinistres, a comme nous l'avons dit, envoyé un premier secours de 10 000 fr., destiné à être réparti entre nos malheureux compatriotes éprouvés par l'orage.

Mercredi soir, à Caen, la foudre a tué une vache appartenant au sieur Bertin, près le cimetière Saint-Pierre. Le fluide électrique est tombé également dans le parc de l'Hôtel-Dieu, mais n'y a occasionné aucun accident.

Cet orage a causé aussi de grands ravages dans presque toute la France, ainsi que le constatent les renseignements.

 

Juillet 1880  -  Le voyage de M. Grévy.  -  Dans sa séance de samedi, le conseil municipal de Lisieux a chargé M. le maire d'inviter M. le président de la République à s'arrêter à Lisieux lors de Son prochain voyage à Cherbourg. Même mission a été confiée à M. Toutain, maire de Caen.

 

Août 1880  -  Une procession comme on n’en voit pas.  -  Dimanche, notre conseil municipal, profitant du passage à Caen du Président de la République, est allé le remercier de l'avoir décoré..., dans la personne de M. Toutain. Il s'est rendu processionnellement à la gare, ayant à sa tète le porte-croix, Toutain, assisté de son maître des cérémonie, et de ses trois acolytes. Après la cérémonie, la procession est rentrée en ville en chantante « Esprit sain descendez en nous ! …» 

 

Août 1880  -  Trouvaille.  -  M. Labbé, entrepreneur de maçonnerie à Caen, est venu déclarer que ses ouvriers, en creusant dans la propriété de M. Gost, négociant, rue de Vaucelles, ont découvert dix pièces d'or à l'effigie de Louis XIII et Louis XIV, pesant ensemble 41 grammes.

 

Août 1880  -  Les orages.  -  Mardi et mercredi un violent orage s'est abattu sur une partie du Calvados.

A Caen, la circulation a été un moment interrompue dans quelques rues, qu'une pluie diluvienne avait transformées en torrents. On dit aussi qu'un homme a été tué à Airan.

 

Septembre 1880  -  Fait divers.  -  Par ce temps de chaleur et tous les jours de beau temps que le bon Dieu fait, il y a un tas de garnements qui passent une partie de la journée à se baigner dans le canal de Caen, presqu'en face du pont L'Honoré. La plupart n'ont pas de caleçon et se montrent au public dans un état complet de nudité.  Ou donc est le garde ? 

 

Octobre 1880  -  Travaux.  -  Notre marché couvert est sorti de terre, mais les travaux paraissent arrêtés, on attend, dit-on, les piliers en fonte qui doivent soutenir la charpente. Les médisants prétendent que si le soumissionnaire était un rennais, il y a longtemps qu'il eût été mis en demeure de s'exécuter.

On parle de la gare du chemin de fer de Caen à la mer, dont on va prochainement commencer les travaux. Elle aura environ 24 mètres de façade sur 10 de profondeur, sans compter les deux halles destinées à mettre à l'abri les trains, et la véranda établie à l'extérieur. Des appartements destinés à l'établissement un buffet y seront réservés.

Il est fortement question de terminer le chemin qui passe derrière le Casino de Saint-Aubin et de le continuer jusqu'à Courseulles. Il crèverait l'extrémité de Saint-Aubin et passerait entre Bernières et la mer.

 

Octobre 1880  -  Inondation.  -  Qu'a donc fait notre pauvre France ? Toutes les calamités semblent accumulées sur elle. Presque toute;notre région est sous l'eau, plus loin, nos lecteurs trouveront les désastreux détails de cette crue que nous n'avions pas vue aussi forte depuis vingt ans. L'été a été déplorable. Il n'y a pas de pommes, les récoltes ont été faites dans les conditions déplorables, et si le temps continue, on se demande comment on arrivera à faire, le blé. 

Les pluies qui ont tombé pendant toute la semaine dernière ont considérablement grossi les cours d'eau de notre département. 

A Caen, une dépêche de l'administration des ponts et chaussées avait avisé l'administration municipale de la crue. Aussi les gardes de la prairie ont pu prévenir à temps les propriétaires, qui ont retiré leurs bestiaux. La crue est arrivée vendredi la nuit et a atteint une éliage si élevé que le Grand-Cours a été couvert. Dimanche midi, une des contre-allées du Petit-Cours était submergée. L'eau a été un instant dans la  rue du Havre. Des dégâts irréparables ont été causés par l'envahissement de l'eau, des jardins potagers ont été ravagés, et l'on assure que les travaux du nouveau bassin, dont le niveau n'a pu les protéger contre la crue, seront sérieusement entravés.

 

Octobre 1880  -  Inondation.  -  Au nombre des bestiaux qu'on a du retirer de la prairie de Caen a cause de l'inondation, il se trouvait six vaches appartenant soi-disant à un habitant de Caen. Quand celui qui les avait sauvées s'est présenté à son domicile, espérant une récompense, il lui a été répondu que ces bestiaux appartenaient à un fermier des environs de Creully. Les habitants de Caen, Louvigny et Venoix ont seuls le droit de mettre des bestiaux leur appartenant, dans la prairie, et quand on a élevé le prix de la marque de 6 à 10 fr., des mesures ont été prises pour empêcher toute fraude. Il parait qu'en n'y tient pas la main, puisqu'elle peut encore se produire.  

 

Novembre 1880  -  La cocotte.  -  Douze bœufs atteints de la cocotte et appartenant au sieur Devers, cultivateur au Pont-Créon, à Caen, sont gardés loin des autres bestiaux, dans un herbage près de la prairie.

 

Décembre 1880  -  L’Odon sent la rose.  -  Un médecin, membre du Conseil municipal de Caen, a déclaré en séance que les Odons ne sentent jamais mauvais. Voilà un docteur dont le nez nous semble constitué autrement que celui du commun des mortels. Néanmoins, il faut lui savoir gré de n'avoir pas déclaré, pendant qu'il y était, que c'est de l'eau de Cologne qui coule dans cette rivière. Dame ! avec un nez comme ça !…..

 

Décembre 1880  -  Un cloaque à supprimer.  -  On a pu remarquer que pendant ces derniers temps, parmi les décès portés sur l'état civil de Caen, ont figuré, ceux de plusieurs habitants de la rue Prairie-St-Gilles. Cette rue borde un cloaque pestilentiel, l'abreuvoir de la poissonnerie, au sujet duquel les habitants du quartier ont maintes fois réclamé à la mairie. Il n'y a qu'un moyen de l'assainir, c'est de faire des chasses fréquentes dans le canal Robert qui, n'ayant jamais été curé, est lui-même un autre foyer d'infection. Il y a là, au centre de la ville, une cause d'insalubrité qu'il serait facile de faire disparaître.

 

Décembre 1880  -  Les bonnes pensées de M. le maire.  -  M. le maire de Caen a eu enfin une excellente idée, c'est de songer a organiser d'une façon sérieuse le balayage de la voie publique. Il a exposé au conseil que son intention est de s'entendre avec les municipalités d'autres villes pour demander aux chambres de voter une loi autorisant les communes à imposer aux habitants une taxe de balayage. Avec le produit de cette taxe, on achètera des balayeuses mécaniques qui feront merveille. Mais avant que les Chambres aient voté la loi demandée par M. le maire, il se passera bien deux ou trois ans. Est-ce que, pendant ce temps-là on ne songera pas à nettoyer la ville et à enlever les immondices ? 

M. le maire a encore eu une autre excellente pensée. Il a fait nommer une délégation composée de MM. Toutain, Bourienne et Chancerel, et ayant pour mission d'aller trouver le général commandant le corps d'armée à Rouen et de lui démontrer, non pas que l'Odon sent la rose, mais que la caserne de Vaucelles n'est pas insalubre. Puisse le succès couronner une démarche qu'on aurait bien dû, dans l'intérêt de nos commerçants, faire un peu plus tôt.

 

Décembre 1880  -  Une série de désastres.  -  On commence à connaître l'étendue des dégâts causés dans notre département par les inondations. A Caen, l'eau n'a commencé à se retirer de la prairie que vendredi dernier. Les propriétaires des écoles de natation, si rudement éprouvés par l'avant-dernière crue, ont perdu le peu qui leur restait. Les propriétés riveraines de la prairie ont beaucoup souffert. Quelques-unes des routes qui avoisinent la ville, notamment celle de Cabourg, ont été inondées et fort endommagées. Le mur situé sur cette route, à 400 mètres de l'ancien bac, a cédé en deux endroits, ce qui a amené l'inondation du marais de Sainte-Paix et des environs de la gare aux marchandises. Sur le cours Bertrand, le courant a enlevé des tas de charbons. 

 

Décembre 1880  -  Un peu de pitié.  -  Nous recevons plusieurs lettres nous signalant les mauvais traitements infligés, par leurs conducteurs, aux chevaux, qui traînent les wagons sur  le quai, à Caen. Les chevaux employés à ce travail sont dans le plus pitoyable état et succombent sous les coups. L'entrepreneur, qui montrait récemment tant de pitié pour les infortunes des Récollets de Sainte-Paix, devrait bien en montrer un peu aussi pour ses chevaux.

132    CAEN.  -  La Préfecture.  -  LL.

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