Janvier
1886
- Le cimetière du
Nord-est. - A
partir du 15 janvier, les
inhumations des paroisses Saint-Pierre et Saint-Gilles de Caen auront
lieu dans le nouveau cimetière dit du Nord-Est, situé sur la route
d'Ouistreham. Les propriétaires de concessions perpétuelles dans le
cimetière de Saint-Pierre, Saint- Gilles peuvent continuer à y faire
inhumer les membres de leur famille, jusqu'à ce que les caveaux soient
remplis. Voici les itinéraires à suivre : Saint-Pierre, rues du
Montoir-Poisonnerie, des Chanoines, Petite-Place Saint-Gilles, route de
Ouistreham, Saint-Gilles, l'avenue Sainte-Trinité et route de
Ouistreham.
Février
1886 -
Débaptisassions. - Les
changements de noms de rues que le conseil municipal de Caen vient de
voter commencent à mettre, sur les dents les facteurs de la poste et
les commissionnaires publics, L'un d'eux est venu nous demander si nous
connaissions la rue « Pierre qu'aimait l'air. » Nous avons
compris qu'il s'agissait de la rue Pierre-Aimé-Lair, hier encore rue du
Pont-Saint-Jacques.
Mars
1886 -
Boucherie coopérative. -
La
boucherie coopérative de
la Maladrerie qui fonctionne depuis quinze jours a un plein succès.
Elle livre la viande un peu au-dessus du cours moyen du marché du
vendredi à Caen, tandis que les bouchers la vendent beaucoup au-dessus
du cours moyen.
Mars
1886 -
Laïcisation. - Le
Sénat a voté l'instruction;
primaire
obligatoire et laïque, c'est-à-dire que dans un délai déterminé,
les frères et les religieuses qui dirigent encore des écoles primaire
seront remplacés par des instituteurs et des institutrices
n'appartenant à aucune congrégation.
Juin
1886 -
Recensement. -
En
1881, la population
était, à Caen, de 42 027 habitants ; en 1886. on a constaté 43,522
habitants. Augmentation, 1 495.
Juin
1886 -
Beaux-Arts. -
Nous
apprenons, avec plaisir, que le tableau de notre concitoyen M. Georges
Sauvage, représentant « Villon subissant la question », qui
a été tant admiré au Salon, vient d'être acheté par l'État.
Juillet
1886 -
Miasmes sur miasmes. - Par
ces chaleurs excessives, on peut constater, en visitant les hauts
quartiers de Caen, que certains ruisseaux y exhalent des odeurs
infectes. Faute d'eau, ils ne sont jamais nettoyés et deviennent
ainsi des foyers de miasmes pestilentiels. Est-ce que l'on ne s'occupera
pas de cet état de choses, inquiétant pour la santé publique ?
Octobre
1886 -
A marche forcés. - C'est
dimanche que l'intrépide
marcheur Gilbert doit arriver à Caen après avoir fait la route de
Paris en 38 heures. Le pari est de 10 000 fr., sur lequel Gilbert
touchera 1 000 fr, s'il arrive à l'heure indiquée. Le départ est
fixé à samedi 1 heure du matin, et l'arrivée place de la République,
à Caen, dimanche à 3 heures
5. Qu'on se le dise.
Octobre
1886 -
De Paris à Caen en 38 heures.
- Le
coureur Gilbert, qui avait parié de faire le trajet de Paris à Caen en
38 h., est arrivé dimanche à 3 heures à Caen, après avoir effectué
son parcours selon les conventions arrêtées. Il avait même quelques
minutes d'avance, malgré les mauvaises conditions dans lesquelles il a
dû tenir, 1e pari, Il a été acclamé par la foule.
Novembre
1886 -
Maison du XVe siècle. -
A
Rouen, on démolit les
curieuses maisons de la rue Grand-Pont. A Caen, au contraire, on vient
de restaurer, avec beaucoup de goût, une des anciennes maisons
sculptées de la rue St-Pierre. M. Bouet, qui l'a réparée pour y
transporter son magasin de papiers peints, a eu l'heureuse chance, en
enlevant les plâtres dont on l'avait couverte, de retrouver presque
intacte une, décoration polychrome sur toute la façade. Ces curieuses
incrustations en plâtre colorié font de cette maison une oeuvre
peut-être unique. On peut la voir maintenant telle qu'elle était il y
a 450 ans, avec ses vitraux, ses sculptures, ses statuettes
de style normand, et le grand « Pignon sur rue » coiffant
élégamment cette belle façade. Nous félicitons M. Bouet d'avoir
conservé à notre ville cette artistique demeure, témoin de tant
d'évènements de notre histoire locale.
Novembre
1886 -
Bateau sous-marin. - Jeudi
matin, M. Lécaudey
jeune, fabricant de chaussures à Caen, a fait sur le canal l'essai du
bateau sous marin, ou bateau-poisson, dont il est l'inventeur.
Novembre
1886 -
Revanche à prendre. -
M. Lécaudey avait, par
la voie de la presse, convié les intéressés à assister aux
expériences d'un bateau sous-marin, dit bateau-poisson. On s'attendait
à voir un bateau d'une grandeur respectable, au contraire, l'appareil
est microscopique. De plus, l'hélice ayant cassé, l'expérience n'a
pas pu avoir lieu, au grand mécontentement des personnes présentes,
qui ont trouvé que ce bateau-poisson n'était qu'un poisson d'avril. M.
Lécaudey a une revanche à prendre.
Novembre
1886 -
Les inondés. - Le
Parlement et la presse
parisienne ont ouvert une souscription pour venir en aide aux inondés
du Midi. Les offrandes sont reçues dans tous les établissements
financiers publics et privés.
Décembre
1886 -
L’ouragan. -
Jeudi,
une violente tempête s'est déchaînée sur notre région. A Caen, il y
a eu quelques dégâts matériels et peu d'accident. Henri Gontier, 14
ans, employé chez M. Carrelet, secrétaire des facultés, passent rue
des Capucins, a été blessé légèrement par la chute d'une tuile
tombée de la toiture d'une maison.
Le
même jour, vers 4 heures du matin, le sieur Jacques Richard, 35 ans,
préposé des douanes, en faction sur le quai Vendeuvre, en face la
Charité, a été enlevé par un coup de vent et précipité dans le
bassin. Il en a été retiré par les douaniers Susanne et Pichon, et
l'aide de deux matelots du navire « Marie-Bertrand ».
Mardi,
à Caen, la prairie était pleine d'eau. Dans les arrondissements de
Lisieux et de Pont-l'Evêque, un grand nombre de pâturages sont sous
les eaux.
Sur
nos côtes, et surtout à Honfleur, la mer était absolument intenable.
Nombre de bateaux sont entrés eu relâche dans le port ou n'ont pu
partir. Au Havre, il y a eu plusieurs accidents dans le port. Le brick
« Mathilde » de Cherbourg a coulé près du quai de l'Ile.
La goélette française « Bretonne » sombré en face
Villequier, où elle était ancrée.
Vingt-cinq
sauveteurs anglais, montant deux canots de sauvetage, ont péri en
voulant secourir des équipages et des navires en détresse.
Mai
1887
- L’horloge du
passage. -
Il
y a du tirage à propos
de l'horloge du passage Bellivet, à Caen. On parle même de procès. Le
propriétaire de la maison dit : c'est à moi. Quelques-uns des
marchands du passage disent : c'est à nous. Les autres pensent que
mieux vaudrait se donner un peu moins de mouvement autour et s'occuper
un peu plus de celui de l'horloge pour lui faire sonner l'heure. Ils ont
raison.
Juin
1887 -
Les
fortes chaleurs.
-
Les
fortes chaleurs que nous subissons ne sont rien auprès de celles que
nos pères eurent à supporter. Ainsi, en 1803, la Normandie vit
s'écouler une période de quatre-vingt-quinze jours sans pluie. En
1811, année de la fameuse comète, les rivières tarirent dans
plusieurs départements. En 1844, nouvelles chaleurs, le thermomètre
resta stationnaire entre 50 et 60 degrés. Dans quelques départements,
les bestiaux périrent faute d'eau. En 1859, 1860, 1869 et 1874, le
thermomètre monta à 38 degrés. L'année dernière, il y eut 20
degrés au mois d'octobre, température exceptionnelle pour la saison.
Juin
1887 -
Noms
des casernes.
-
Conformément
aux décisions ministérielles, toutes les casernes et tous, les forts
porteront les noms de nos grands hommes. La caserne de Vaucelles, à
Caen, porte le nom de Hamelin, né à Honfleur, qui s'est distingué
pendant les guerres de l'Empire. La caserne du château, le nom de
Lefebvre, maréchal de France, il est né dans le Haut-Rhin. La caserne
de la Maladrerie, le nom de Moulin, né à Caen, ingénieur à
l'intendance de Paris. L'un de nos confrères regrette que l'on n'ait
pas songé à donner à l'une de nos casernes le nom du général Decaen,
enrôlé volontaire en 1792, et qui conquit tous ses grades sur les
champs de batailles.
Juillet
1887 -
Écroulement.
-
Dans
la nuit du 29 au 30 juin, entre minuit et une heure du malin, un
bâtiment de deux étages, en construction, à Caen, rue
Pavée-Saint-Ouen, 123, appartenant à M. Lechevalier, débitant, rue
des Capucins, s'est écroulé. Dans sa chute, l'un des murs a écrasé
une maison contiguë, habitée par les époux Marie dit Patry, qui
étaient couchés en ce moment. La femme Marie, qui heureusement ne
dormait pas, entendit des craquements précurseurs de l'écroulement,
elle éveilla son mari et tous deux se hâtèrent de fuir, il était
temps, car ils étaient à peine dans la rue, que tous les murs, la
charpente et les planchers s'effondraient.
Le
lieu de l'accident, qui la veille présentait l'aspect d'une maison de
belle apparence, n'offrait, le matin, que la vue d'un amas de
décombres.
Le
lit des époux Marie est resté suspendu sur le plancher de leur
chambre, une quantité de poutres et bois de toute sorte forment
au-dessus comme une toiture qui les aurait peut-être garantis.
Il
n'y a donc que des pertes matérielles à déplorer. C'est un point bien
consolant par ce temps de sinistres, incendies, etc…, que nous
relatons trop souvent et qui font tant de victimes.
Toutes
les autorités locales, prévenues par M. le commissaire central,
s'étaient transportées rue Pavée, avec une partie de la compagnie de
sapeurs-pompiers, pour opérer les sauvetages en cas de besoin.
Juin
1887 -
Les
fortes chaleurs.
-
Les
fortes chaleurs que nous subissons ne sont rien auprès de celles que
nos pères eurent à supporter. Ainsi, en 1803, la Normandie vit
s'écouler une période de quatre-vingt-quinze jours sans pluie. En
1811, année de la fameuse comète, les rivières tarirent dans
plusieurs départements. En 1844, nouvelles chaleurs, le thermomètre
resta stationnaire entre 50 et 60 degrés. Dans quelques départements,
les bestiaux périrent faute d'eau. En 1859, 1860, 1869 et 1874, le
thermomètre monta à 38 degrés. L'année dernière, il y eut 20
degrés au mois d'octobre, température exceptionnelle pour la saison.
Juillet
1887 -
La
sécheresse.
-
Si
le temps devenu si chaud, si serein, n'est pas défavorable aux
céréales, la maraicherie se plaint vivement de la sécheresse
prolongée, les légumes et les fruits ont soif. D'autre part, les vers
rongeurs, qui font, sous terre, la guerre à nos récoltes, se
développent à l'aise, la pluie ne venant plus les noyer. On demande un
peu d'eau.
Octobre
1887 -
Le mauvais temps.
-
Dans
le Jura la neige vient de
faire son apparition. En Tunisie, une trombe effroyable à détruit 3
000 oliviers. Des torrent
ont emporté des hommes et des animaux. Un Européen a été noyé et un
soldat français
foudroyé.
Octobre
1887 -
Orages et accidents.
-
Lundi
soir, un violent orage, accompagné d'éclairs et de tonnerre, a
éclaté sur notre région. A la gare de Caen, vers 10 heures et demi,
la foudre est tombée sur la plaque tournante, située dans la cour du
dépôt de la gare de l'Ouest. Trois hommes qui travaillaient à cet
endroit les nommés Hébert, chauffeur ; Perrette et Pichon,
aiguilleurs, ont été enveloppés par le fluide et ont éprouvé des
commotions tellement fortes qu'on a dû immédiatement mander un
médecin. L'accident n'aura pas de suites fâcheuses. La foudre a
également! cassé tous les fils se reliant
à la guérite de l'aiguilleur.
La
foudre est aussi tombée à Caen près, du Jardin des Plantes, sur une
voiture qui à été en partie brisée. Le cheval n’a rien eu. Le
conducteur était au moment de l'accident, dans le bureau d'octroi. A
Démouville, la foudre est tombée sur le clocher de l'église. La hampe
de la girouette a été tordue.
Un
sieur Cardine, de Colleville-sur-Mer, messager des beurres pour le
roulage Paisant, de Bayeux, a été atteint par la foudre qui l'a
projeté hors de sa voiture et lancé au loin à terre. Sans être
blessé gravement, le sieur Cardine a reçu dans sa chute de fortes
contusions, qui le forcent à garder le lit.
—
A Langrune, le tonnerre est tombé sur la propriété de Mme Delangle et
a fait beaucoup de dégâts.
—A
Saint-Aubin-sur-Mer, le clocheton nord de l'église est lézardé et la
toiture défoncée.
—
A deux reprises, la foudre est tombée sur l'église Saint-Pierre de
Lisieux, frappant la tour nord et pénétrant dans l'église par une
petite porte pour aller atteindre les orgues qui ont été sérieusement
endommagés. Plusieurs maisons ont été atteintes et un grand nombre de
carreaux ont été brisés.
Une
pierre pesant 100 kil. a été détachée et est tombée au milieu de
l'orgue. On ne sait par où la foudre s'est perdue.
—
Une tempête a aussi eu lieu sur la Méditerranée, le
« Spahis » s'est échoué. 22 passagers sont noyés, dont
trois matelots de l'équipage. On raconte qu'une femme enceinte avait
pu sauver son enfant de 5 ans, qu'une lame furieuse lui arracha une
seconde fois des bras et qui fut englouti sans retour. Après avoir
atterri, la malheureuse mère avorta sur la plage.
Décembre
1887
- Une innovation à
Caen.
-
Rue
Saint-Pierre, 6, une enseigne annonce l'ouverture d'une boulangerie
viennoise. Si on en croit les on dit, cette maison a fait construire
deux fours perfectionnés, l'un pour le pain ordinaire, l'autre pour le
pain viennois. La quantité de genres de pains empêche de les nommer,
mais il y en aura pour tous les goûts, même pour les plus difficiles,
ce qui n'est pas peu dire.
Janvier
1888 -
Un tonneau défoncé.
- Dimanche
matin, un tonneau que l'on montait au haut de la rue du Marché-au-Bois,
à Caen, a glissé de la voiture qui le contenait, et s'est défoncé.
Tout le cidre s'est mis à descendre la rue et la place. C'était
l'heure de la sortie de la messe de St-Pierre, et plus d'une dame a pu
prendre gratis un bain de pied dans du gros cidre. C'était du pur
jus....
Janvier
1888 -
Une vilaine farce.
- Il
est arrivé ces jours derniers, en gare de Bayeux, venant de
Mérignac (Gironde), une pièce de vin de 228 litres, contre
remboursement de 114 fr., adressée à M. Arcis de Caumont, place de l'Hôtel-de-Ville.
Or, pour ceux qui l'ignorent, M. Arcis de Caumont est un savant auquel
les bajocasses ont élevé une statue sur la place de leur
Hôtel-de-Ville. Le camionneur chargé du service de la gare a refusé
le colis. Le fût a été renvoyé à l'expéditeur.
Février
1888 -
Incendie à Caen.
- Mercredi
matin, le feu s'est déclaré dans un immeuble appartenant à M.
Tessier, libraire, rue Saint-Jean, situé à l'extrémité du pont de
Vaucelles, il était occupé par une dizaine de petits ménages
d'ouvriers et par une partie de l'hôtel des voyageurs, tenu par M.:
Peuret. Le feu a
pris naissance dans un grenier. On suppose qu'une poutre, trop à
proximité d'une des grandes cheminées de l'immeuble, aura communiqué
le feu à la toiture. On a dû employer la force pour faire sortir de sa
mansarde une bonne femme qui voulait sauver son mobilier.
Février
1888 -
Conseil municipal.
- Dans
sa séance de mardi, le maire a fait deux communications importantes :
l'une relative à l'épidémie de variole qui sévit en ce moment à
Caen, et dont la gravité a été exagérée ; l'autre a trait à la
question des eaux de Moulines, qui serait sur le point d'être tranchée
; enfin, le conseil a décidé que le monument aux enfants du Calvados,
morts pendant la guerre, serait élevé quai de Juillet.
Février
1888 -
Le mariage des prêtres.
- La cour
de cassation vient de décider que les prêtres pouvaient se marier,
après avoir quitté la soutane.
Février
1888 -
Les jours gras à Caen.
- Le
carnaval s'en va,
autrefois, le théâtre donnait six bals masqués. Peu à peu le nombre
en a diminuée. Cette année, il, n'y en pas eu, même le mardi gras.
Dans les rues pas d'entrain. A peine a-t on vu un ou deux déguisements.
En revanche, succès complet du bal d'enfants de dimanche a la mairie.
Les bébés
étaient nombreux et c'était plaisir de:
les voir s'amuser.
Espérons qu'on saisira l’occasion de la mi-carême pour donner une
autre fête de ce genre.
La
salle Bertrand a aussi fêté le carnaval, ses comédiens ordinaires ont
donné une représentation, samedi au bénéfice des écoles libres.
Février
1888 - Foire
du 1er lundi à Caen. -
Cette foire
a été contrariée par le temps, les transactions s'en sont ressenties.
1 800 chevaux (826 de moins qu'à la foire de 1887) ont été exposés
en vente. On a compté 310 bêtes à cornes ; 33 moutons et agneaux ;
139 porcs de lait et 65 porcs.
Cette foire
a été contrariée par le temps, les transactions s'en sont ressenties.
1 800 chevaux (826 de moins qu'à la foire de 1887) ont été exposés
en vente. On a compté 310 bêtes à cornes ; 33 moutons et agneaux ;
139 porcs de lait et 65 porcs.
Mars
1888 -
Les dons de M.
Loslier. -
M. Loslier,
ancien négociant à Caen, avait légué par testament aux Frères des
écoles chrétiennes : une chapelle et ce qu'il possédait à
Sept-Frèras (Calvados) ; sa maison de la rue St-Jean, et 50 000 fr.
Mais pour entrer en possession, il fallait aux Frères l’autorisation
administrative. Elle vient d'être refusée.
Mars
1888 -
Secours aux
malheureux. -
Le bureau de bienfaisance
de Caen, en présence de la rigueur de l'hiver et de la suspension des
travaux, a décidé qu'une distribution supplémentaire de pain serait
faits aux indigents secourus par lui. Cette distribution aura lieu rue
Saint-Louis, à partir d'aujourd'hui.
Mars
1888 -
Histoire de marché .
-
Il s'est passé, ces
jours-ci, sous le Marché-Couvert, une véritable scène
de Madame Angot.
Un
Larivaudière du quartier, étant venu regarder, de trop près l'une des
descendantes de la célèbre Forte-en-Gueule, celle-ci se coléra et
s'emporta.
Larivaudière
voulut riposter. Mal lui en advint. Car la fille de feu la mère Angot,
à bout de souffle, donna un coup de sabot sur la soupière de tripes
que Larivaudière tenait dans ses mains, et, de plus, lui flanqua sur la
tête un seau en zinc et son contenu.
On
dit que le pauvre Larivaudière en est resté tout chose. Dame ! perdre
ses tripes et recevoir un seau sur la tête, on resterait bête à
moins.
Mars
1888 -
Les bouilleurs
de cru et débitants. -
Par 284 voix contre 228,
la Chambre a supprimé les privilèges des cultivateurs-distillateurs.
Par 327 voix contre 210, elle a supprimé l'exercice chez les
débitants, là où il existe encore. Les droits sur les vins, cidres et
poirés sont supprimés à partir du 1er décembre. L'impôt
serait perçu par un droit unique chez le fabricant.
Mars
1888 -
Extincteur d’incendie.
-
Une expérience a
été faite, à Caen, place du Lycée, de l'extincteur la Sentinelle.
L'expérience a paru concluante, elle sera renouvelée dimanche
prochain, à 8 heures du matin, sur la place d'Armes. Cet appareil est
surtout destiné aux feux d'appartement, aussi devrait-il être acheté
par tous les établissements publics. Son prix, du reste, est à
la portée de tous : 33 francs. S'adresser à M. Etienne Girard, à Asnelles,
par Ryes.
Mars
1888 -
Mesures contre
la rage. -
Un cas
de rage ayant été constaté rue Ecuyère, le maire de Caen a pris un
arrêté qui interdit, jusqu'au 18 mai prochain, de sortir les chiens,
dans les rues de la ville, sans qu'ils soient tenus en laisse. Tout
chien, trouvé libre, sera saisi et mis en fourrière et abattu au bout
de trois jours, s'il n'est réclamé par son propriétaire. Pourront
être laissés libres, les chiens accompagnés de leur maître,
circulant dans la prairie, sur le Grand-Cours, le Cours la Reine, le
cours Caffarelli, le cours Montalivet, Ies rives du Canal.
Avril
1888
- Les
rôdeurs de Caen. -
Nous parlions
dans notre dernier numéro de la sécurité dans les campagnes
compromise par les vagabonds qui y affluent. II en est de même à Caen,
surtout en ce qui concerne les quartiers écartés. Des rôdeurs, la
plupart jeunes et vigoureux, y mendient avec audace, sonnant
effrontément aux portes et menaçant ceux qui leur refusent l'aumône.
Une surveillance un peu plus activé serait nécessaire pour
débarrasser les gens paisibles de ces vauriens dangereux.
Avril
1888 -
La foire de
Caen. -
C'est dimanche
prochain qu'ouvre la foire de Caen. Si le temps pouvait la favoriser,
elle serait brillante et fructueuse. Le cirque, vaste, élégant,
solide, construit à l'extrémité du cours par M. Frigault, sera
occupé par la troupe Piège. Parmi les autres spectacles, nous
signalerons les curieux fantoches Holden's, le théâtre de la famille
Chabet, comédie et opérettes, un théâtre de singes, la ménagerie
Mars, etc…...
Avril
1888
- La
boue. -
Est-ce que la
municipalité de Caen attend les élections pour faire, raboter les
rues, surtout celles qui,
ne sont pas, pavées, et faire enlever les monceaux de boue qui
détériorent les devantures des magasins.
Avril
1888 -
Épizootie.
-
En présence des cas de
fièvre aphteuse, dite cocotte, qui se sont produits sur divers points
du département, le préfet rappelle aux Maires, propriétaires,
éleveurs et cultivateurs, les dispositions de la loi du 21 juillet
1881, qui oblige de faire au maire la déclaration de tout animal malade
afin qu'il le fasse visiter, interdit la vente et le transport des
animaux atteints le tout sous peine d'amende et de prison.
Avril
1888 -
Monuments
historiques. -
La Société
des Antiquaires de Normandie a adopté a l'unanimité le vœu de voir
commencer, le plus tôt possible, les travaux de restauration de
l'église Saint-Pierre, de l'hôtel d'Escoville et de l'église
Saint-Nicolas, monument des plus remarquables et par trop négligé.
Mai
1888 -
Belle
cérémonie, léger incident.
- Une
cérémonie comme nous n'en avions jamais vu à Caen a eu lieu lundi en
la paroisse Saint-Etienne, à l'occasion de la plantation d'un nouveau
calvaire et du cinquantenaire sacerdotal de M. Bréard, curé-doyen.
De
l'église au calvaire, ce n'était que fleurs, guirlandes et couronnes.
Foule énorme, recueillie ou curieuse, mais calme, à l'exception d'un
ivrogne qui s'est mis à crier « Vive Boulanger
! » et un capucin qui a crié « Vive le pape ! » Le
nouveau calvaire est en granit, il a 7 met. de haut.
Des
dons rappelant par leur variété les présents envoyés au pape pour
son jubilé, ont été offerts à M. Bréard, bas, dessus d'édredon,
couvertures de lit, ciboire, lustres, candélabres,
etc.... remplissent le salon du presbytère. Un dîner de plus de cent
couverts avait été préparé au couvent des sœurs de
Saint-Vincent-de-Paul. Un léger incident s'est produit. Un bonhomme,
qui paraissait avoir lui aussi bien fêté le lundi de la Pentecôte, a
tenté de traverser la procession avec sa carriole. Le curé de
Saint-Pierre ayant voulu s'y opposer, il eu est résulté un léger
tumulte. Nous sommes partisans des processions, mais à la condition
qu'elles ne gênent personne. Le maire de Caen avait bien autorisé la
procession, mais aucun arrêté n'avait interdit la circulation des
voitures sur son parcours. Le curé de St-Pierre a donc eu tort de
compromettre le caractère dont il est revêtu en agissant comme un
vulgaire agent de police, sans même avoir le droit pour lui.
Mai
1888 -
La
concurrence.
- Un
trois-mâts allemand, venant d'Australie, et apportant 6,600 sacs de
blé, est arrivé dernièrement dans le port de Caen.
Mai
1888 -
Odon.
- Le
curage du Grand-Odon commencera
le lundi 18 juin dans la ville de Caen, pour être terminé le mardi 26.
Le curage du petit Odon commencera le lundi 4 juillet pour être
terminé le mardi 12.
Juin
1888 -
Exercices de nuit.
- A Des
exercices de nuit auront lieu incessamment, comme l’année dernière,
sur le territoire des communes des environs de Caen, dans un rayon de 8
à 40 kilomètres
Juin
1888 -
Les orages.
-
On signale un peu partout des orages. Grâce à la pluie
tombée avec abondance dans l'arrondissement de Caen lundi, mardi et
mercredi, les récoltes sont sauvées. La pluie ne s'est pas jusqu'à ce
jour très étendue. Dans l'arrondissement de Lisieux, il n'est pas
tombé d'eau, mais la foudre a mis le feu aux bâtiments du sieur Grente,
cultivateur à Glos, perte, 8 000 fr.
A
Saint-Désir, près Lisieux, le tonnerre est tombé sur la cheminée de
la maison des époux Belin, le mari a été jeté à bas de son lit par
la commotion.
Dans
le Pas-de-Calais, les dégâts sont incalculables. Le village de
Hervelinghem a le plus souffert. Des murailles entières ont été
enlevées et portées à plus de cent mètres ; une maison s'est
écroulée ; le torrent a emporté un cheval attelé et sa voiture ; un
troupeau de 200 moutons a été noyé. Calais a été submergé.
Dans
les Vosges, une trombe d'eau a arraché de gros arbres, entraîné des
blocs de roches, détruit trois ponts de pierre et un pont de bois.
En
Algérie, orage de grêle. Les grêlons étaient gros comme un oeuf de
poule et pesaient en moyenne 50 grammes. 400 moutons, 200 chèvres, 50 bœufs
et 25 poulains ont été tués dans le douai des Ouied-Derheim.
Plusieurs personnes ont été blessées.
En
Autriche, là foudre est tombée sur l'église de Brzezie. Trois
personnes ont été tuées, 30 blessées et 200 contusionnées. Grâce
au sang-froid de l'évêque qui officiait et qui a su immédiatement
exhorter l'assistance au calme, un écrasement général a pu être
évité.
Juin
1888 -
Découverte.
- Dans l'ancienne église de la Visitation de Caen, qui sert
aujourd'hui de magasins militaires, on a découvert, sous une chapelle,
deux cercueils en plomb placés là depuis plus de 200 ans. Ce sont ceux
de Messire Odet de Harcourt, gouverneur de Falaise, et de sa femme.
Juillet
1888 - ??????.
-
On se demande, à Caen, dans le quartier Saint-Jean, pourquoi
l'horloge de l'église ne sonne plus que les quarts et jamais les heures…..Est-ce
que l'horloge serait détraquée, tout comme le conseil de fabrique.
Juillet
1888 -
Faut ouvrir l’œil.
-
L'administration
municipale de Caen fera bien de recommander à ses adjudicataires de
n'employer que des produits français. Nous faisons cette observation
parce qu'on nous affirme qu'un adjudicataire de la ville aurait acheté
un matériel de provenance allemande, déclaré à la douane comme
venant de Belgique.
Juillet
1888 -
Un type de typographe.
-
Victor Garnier, 30 ans,
typographe à Caen, rue Hamon, rouait de coups sa femme, et, le plus
souvent, c'était parce que la malheureuse ne voulait pas satisfaire les
singulières fantaisies de son mari. Un soir, Garnier avait fait
déshabiller sa femme, il voulait la pendre et lui avait même fait
aller chercher une corde. Pour se soustraire aux violences de son mari,
elle se sauva toute nue dans l'escalier puis dans la rue Garnier l'y
poursuivit, mais, comme il n'était pas plus vêtu que sa femme, il a
été poursuivi et condamné à deux mois de prison pour coups et
blessures à sa femme et outrage public à la pudeur.
Juillet
1888 -
Grande nouvelle. -
Le passage Ballivet se transforme. D'abord, on n'y
potinera plus, tous les magasins seront garnis de glaces et les
marchands se sont entendus pour faire moins d'étalage avec leurs
marchandises. Enfin, après un long détraquement, qui avait son siège
dans le cerveau de l'un des propriétaires dudit passage, l'horloge va
si bien marcher, qu'on viendra devant son cadran régler tous les
chronomètres de la ville.
Août
1888 -
Une bonne nouvelle. -
Nous
apprenons que le
président de la République a promis de s'arrêter à Caen en revenant
de Cherbourg.
Août
1888 -
Réservistes, attention !
- Le
conseil de guerre de
Rouen a condamné Gustave Laugée, réserviste de la classe 1879, du
recrutement de Caen, prévenu d'insoumission en temps de paix, à 15
jours de prison. - Eugène Cardot, réserviste du recrutement de
Ancenis, pour insoumission en temps de paix, à un an de prison. —
François Baux, réserviste du recrutement de Rouen, pour insoumission
en temps de paix, à trois mois de prison.
Août
1888 -
Décès. -
Le général
Lucas, commandant la
division de Perpignan, est mort à Vichy. Originaire de la Manche, il
avait séjourné pendant plusieurs années à Caen, alors
qu'il était colonel du 36e de ligne.
Août
1888 -
Pas de temps de perdu. -
La
Sœur qui dirigeait
depuis dix ans l'école de Vaucelles de Caen est morte. Le jour de son
inhumation, l'école a été laïcisée. Voilà qui s'appelle ne pas
perdre de temps.
Août
1888 -
Il viendra ! -
Nous
savions que M. Carnot n'attendait qu'une démarche de la municipalité
de Caen pour visiter notre ville. Voilà pourquoi nous avons, il y a
quinze jours, annoncé que le chef du gouvernent viendrait à Caen.
Aujourd'hui, c'est officiel, M. Carnot, après avoir passé quelques
heures à Evreux, couchera à Caen le lundi 10 septembre. La
municipalité lui prépare une réception somptueuse. En quittant Caen,
M. Carnot s'arrêtera à Saint-Lo, puis, à Cherbourg. De là il se
rendra au Havre et à Rouen.
Le
Président arrivera vers cinq heures. Le cortège se rendra à la
préfecture par les rues d'Auge, de Vaucelles, St-Jean, St-Pierre, de
Strasbourg, place de la République, rue du Pont-St-Jacques, place du
Théâtre et place de la Préfecture.
Août
1888 -
Singulière idée. -
Jusqu'à
ce jour, les travaux des monuments publics du département avaient été
confiés à des entrepreneurs du pays, et les pierres employées pour
ces travaux étaient extraites des carrières locales. Personne ne s'en
est plaint. On dit que le ministère des beaux-arts aurait, l'intention
de changer tout cela.
Les
travaux importants à faire à Saint-Pierre seraient confiés à un
entrepreneur étranger au Calvados, et les pierres employées,
viendraient des Charentes. Les entrepreneurs caennais s'en sont émus et
ont adressé à qui de droit des pétitions
auxquelles il sera fait droit, espérons-le, malgré les influences
politiques et autres mises en oeuvre à Paris par les amis des
pots-de-vin.
Août
1888 -
Sauvetage. -
Deux jeunes gens, MM.
Daragon et Houssaye, péchaient à la ligne sur les bord de l'Orne,
lorsqu'ils virent chavirer une barque dans laquelle se trouvaient M.
Clerice, marchand de beurre, rue St Jean, et sa fille. Les deux jeunes
gens se jetèrent à l'eau tout habillés, et M. Daragon put saisir la
jeune fille par les cheveux pendant que son compagnon l'aidait à la
monter dans une barque, à laquelle M. Clerice s'était,
cramponné.
Août
1888 -
Travail intéressant. -
Dans l'ancien bassin de
Caen, à l'aide d'un scaphandre, les pontiers travaillent à 4 mètres
50 sous l'eau, pour enlever les restes des soubassements du pont des
Carmes qui n'avaient pu être enlevés en entier au moment de la
construction du bassin. Les travailleurs restent chacun deux heures sous
l'eau et sont payés un franc l'heure.
Août
1888 -
Distinctions. -
Une
médaille d'or de 2e classe vient d'être décernée
à M. Lubineau, capitaine des pompiers de Caen. « S'est
exceptionnellement distingué en combattant de nombreux incendies : 3
blessures. »
-
Une médaille d'argent de 2e classe est accordée à M.
Octave Buhot, sergent à la compagnie des sapeurs-pompiers de Lisieux ;
31 ans de services : belle conduite dans divers sinistres.
Septembre
1888 -
Une chiffonnière qui l’a échappée belle.
- Madame
veuve Mouillard est chiffonnière de son état. Elle habite un galetas,
rue Montoir-Poissonnerie, n° 11, à Caen. Cette noble dame, selon son
habitude, rentrait, dimanche soir, dans un état d'ébriété complet.
Avant de s'endormir, elle voulut lire un feuillet des « Surprises
de l'amour », qu'elle avait trouvé dans les ordures. La chandelle
mit le feu au papier, puis à la paillasse et aux chiffons, si bien que,
sans l'arrivée des agents Dufour et Feron et de MM. Danjou et Delaunay,
la dame Mouillard serait aujourd'hui un charbon au lieu d'être une
éponge.
Septembre
1888 -
Pourquoi ? -
Le ministre de la guerre a ordonné le renvoi anticipé, par voie
de tirage au sort, de 40 000 hommes de la classe 1884. Mais, il parait
que les soldats des sections d'infirmiers, de commis et ouvriers
d'administration sont exclus de ce bénéfice. On se demande pourquoi ?
Septembre
1888 -
Une mauvaise farce. -
Des réservistes
se disposaient à venir relever le poste de la prison de Caen, lorsque
l'un d'eux, apercevant une pipe toute bourrée jetée par une fenêtre
de la caserne, s'empressa de la ramasser et de la mettre dans sa poche.
Aussitôt le poste relevé, il entra dans le corps-de-garde, alluma la
pipe et donna du feu au chef de poste qui lui en demandait pour allumer
sa cigarette. Au même moment, la pipe dans laquelle on avait mis une
certaine quantité de poudre, éclata à la figure du chef de poste, qui
fut brûlé aux sourcils et à l’œil droit.
Septembre
1888 -
Le drame de la rue d’Auge.
-
Rue d'Auge, 34, à Caen,
habite la veuve Baudrier avec ses deux fils. L'aîné, Alfred Baudrier,
27 ans, lithographe chez M. Languehard, passage Bellivet, était
honnête travailleur et excellent fils. Le cadet, Louis Baudrier, 18
ans, photographe, passe pour paresseux, colérique et violent. Depuis
quatre mois il est sans ouvrage.
Dimanche
matin, Louis montrait à son aîné un revolver qu'un camarade, nommé
Rivière, lui avait laissé. En le manipulant il pressa sur la détente,
le coup partit et Alfred Baudrier tomba foudroyé. La balle avait
traversé le cœur. Louis Baudrier savait-il que, le revolver était
chargé ou l’ignorait-il ? C'est sur ce point qu'a porté l'enquête
faite par le parquet. Elle a été favorable à Louis Baudrier, car il a
été remis en liberté après deux jours de prévention.
Septembre
1888 -
Double sauvetage. - Samedi soir, deux enfants s'amusaient, à Caen, à la cale au
bois, en face les chantiers Corbel, à pousser une planche à l'eau,
lorsqu'entrainés par un faux mouvement ils tombèrent tous les deux
dans le bassin, où ils ne tardèrent pas à disparaître, et où ils se
seraient noyés sans le préposé des douanes Lenoir, de faction de
l'autre côté, qui les a sauvés.
Octobre
1888 -
Tapageurs nocturnes. -
La
police s'est enfin
décidée à faire des rafles de tapageurs dans les rues de Caen. Dans
la nuit de samedi, les agents ont déclaré contravention à un
tapissier de 18 ans, pour trouble et tapage nocturne, rue Vilaine, et,
un quart d'heure après, ils en ont surpris deux autres qui poussaient
des hurlements et sonnaient aux portes des maisons de la rue aux Lisses.
Ces deux derniers ont été déposés au violon.
Octobre
1888 -
Recensement des étrangers.
- Les
étrangers, séjournant en France, doivent se présenter à la mairie de
la localité qu'ils habitent pour s'y faire inscrire. A Caen, lors du
dernier recensement, on a constaté la présence de 252 étrangers : 58
Anglais, 40 Allemands, 30 Belges, 30 Italiens, 23 Autrichiens, 21
Hollandais, 14 Russes et 36 divers.
Octobre
1888 -
Orages et neige. - Les
orages et les inondations ont causé de grands dégâts dans le Midi. La
circulation des trains a été interrompue sur certains points. En
Normandie, il fait froid et il tombe beaucoup d'eau. Dans le Doubs et le
Gard, il est tombé de la neige, en Écosse aussi.
Octobre
1888 -
Le drame de Calix. -
Le petit domaine de La
Rochelle, situé à Calix, non loin, des rives du canal, est devenu, par
héritage de sa femme, la propriété de M. Lepetit, autrefois
pharmacien place Belle-Croix, puis rue Écuyère. M. et Mme Lepetit
avaient pour les servir une femme de chambre, une cuisinière, un cocher
et un jardinier depuis vingt-six ans dans la maison. Il y a deux ans,
François Lequertier, âgé de 27 ans, demanda en mariage la cuisinière
Appoline Saint-Germain, âgée de 30 ans, veuve avec un enfant de 5 ans.
La cuisinière ne repoussa pas le jeune homme, mais, ayant appris que sa
famille faisait des difficultés à cause de la différence des âges,
elle finit par lui dire de ne plus lui parler de rien. Depuis, François
était devenu sombre et se livra à la boisson. Il était aussi parfois
violent et brutal non seulement avec la cuisinière, mais aussi avec la
femme de chambre. Cependant le petit garçon de la cuisinière étant
venu chez M. Lepetit, pendant les vacances, François fit à l'enfant
toutes les caresses possibles. Jeudi, la femme de chambre remit à
François le fusil de M. Lepetit pour le nettoyer. Il lui arracha
brusquement l'arme des mains. Dans l'après-midi, il voulut encore
reparler mariage avec la cuisinière, celle-ci répondit toujours
négativement. Le soir venu, François se retira plus sombre encore
qu'à l'habitude.
Vendredi,
à six heures du matin, la cuisinière était en train d'allumer son
fourneau, lorsque François s'approcha doucement d'elle et lui
déchargea dans le dos un coup du fusil que M. Lepetit lui avait donné
à nettoyer. Atteinte à la naissance des épaules, la malheureuse tomba
foudroyée. Son crime commis, François traversa le jardin. Il rencontra
le jardinier accouru au bruit de la détonation, sur lequel il
déchargea un second coup de fusil. Le jardinier, atteint sous l'un des
bras, n'eut que le temps de crier à M. et à Mme Lepetit qui
accouraient : « Voyez dans la cuisine, il y a un malheur ! » Mme
Lepetit y courut, souleva la pauvre cuisinière en criant : « Appoline,
répondez moi !... Êtes-vous blessée ? » Mais, en sentant couler sur
elle le sang qui s'échappait de la plaie, Mme Lepetit laissa retomber
le cadavre et fut prise d'une violente attaque de nerfs.
Dans
le jardin, on a retrouvé le fusil sur le gazon. L'assassin son crime
commis, était allé se noyer dans le petit étang qui sépare La
Rochelle du canal. Appoline Saint-Germain était depuis six ans au
service de M. Lepetit, elle a été aussi cuisinière chez M. Pegoix,
rue de Strasbourg. C'est pendant qu'elle était en couches que son mari
est mort. Elle appartient à une honnête famille dont quelques membres
possèdent une belle aisance. Elle était douce et jamais on n'a eu rien
à dire sur sa conduite.
François
Lequertier, dont la famille habite Caen, était d'un caractère faible,
très volage, sautant facilement de la brune à la blonde, c'est même
sans doute un peu pour cela qu'Appoline Saint-Germain ne voulait pas de
cet étrange garçon, qui faisait la cour à plusieurs femmes à la fois
et qui était jaloux de toutes. François avait réalisé 1 800 fr.
d'économies, que le tuteur de l'orphelin doit revendiquer pour le
pauvre petit. D'un autre côté, on dit que Mme Lepetit se chargerait de
le faire élever.
On
n'est, étonné que l'inhumation d'Appoline Saint-Germain fût aussi
modeste. M. Lepetit avait voulu s'en charger, mais les parents du mari
de la femme Saint-Germain ont refusé cette offre et ont voulu faire
eux-mêmes ces derniers frais. On dit aussi que les constatations
légales n'ont eu lieu qu'à une heure de l'après-midi et que le
cadavre est resté étendu dans la cuisine jusqu'à cette heure
avancée. A qui la faute ? Est-ce M. Lepetit qui n'a pas prévenu en
temps le commissaire de police ? Est-ce celui-ci qui ne s'est pas rendu
immédiatement à son appel ?
Novembre
1888 -
La halle à la criée. -
Malgré
les explications embarrassées de l'administration municipale, il est
certain que la construction d'une halle à la criée près de la
poissonnerie est en projet. Les frais d'établissement, de gestion et la
redevance à la ville seront considérables. Qui les paiera ? Le public,
parbleu ! Car il faudra prélever ces dépenses sur les denrées
vendues. Sans compter le préjudice causé aux petits marchands et aux
commerçants de la place Saint-Sauveur et du boulevard Saint-Pierre, et
surtout aux propriétaires qui ont, sur la foi des traités, acheté
fort cher les maisons avoisinant les lieux de vente. M. Mériel est
d'ailleurs désintéressé dans la question, puisqu'il n'a plus sa
maison de la place St-Sauveur.
Novembre
1888 -
Le bon dieu et le diable. -
Le
bon Dieu, c'est le curé de Saint-Pierre, le diable, c'est le maire de
Caen. Tous les deux se disputent des stalles d'une grande valeur
artistique. Le curé de
Saint-Pierre veut les garder pour les laisser manger aux vers de son
église ; M. Meriel les réclame pour orner l'un de nos musées. Qui
est-ce qui aura le dessus ?
Novembre
1888 -
Le respect des morts. -
Plusieurs
personnes qui sont allées le jour des Morts au cimetière de la route
d'Ouistreham, à Caen, pour y visiter les tombes de leurs parents,
récemment inhumés, ont été péniblement surprises. Elles ont trouvé
les fleurs et les croix recouvertes de tas de terre que les fossoyeurs y
avaient jetés, en ouvrant un nouveau rang de tombes. Ce sont de
modestes sépultures qui ont subi ces profanations. La tombe du pauvre a
droit cependant à autant, sinon plus, de respect que celle du riche.
Novembre
1888 -
Monument commémoratif. -
a
somme recueillie pour élever à Caen un monument aux Enfants du
Calvados morts pendant la guerre, a atteint 31 713 fr. 95. C'est un
très beau résultat. Le travail va être poursuivi avec
activité.
Novembre
1888 -
Les pommes. -
Quelques
députés ont déposé sur le bureau de l'a Chambre une proposition de
loi tendant à frapper d'un droit de douane de 1 fr. 50 par 100 kilog.
les pommes à cidre et les poires à poiré de provenance étrangers. La
plus grande quantité de ces fruits viennent d'Allemagne, en passant par
la Suisse.
Décembre
1888 -
L’incident de Vaucelles. -
Dans
la plupart des paroisses de Caen, les enfants des écoles communales
laïques sont conduits aux offices et surveillés par un maître ou un
sous-maître. Il n'est jamais venu jusqu'ici à la pensée d'aucun
membre du clergé de trouver blâmable cette coutume et d'interdire aux
instituteurs de veiller à ce que leurs élèves se tiennent
convenablement aux offices.
Dimanche,
à Vaucelles, le premier vicaire a interdit à M. Poplu, directeur de
l'école laïque de la rue Général-Decaen, de surveiller ses élèves.
M. Poplu a répondu qu'il était là par ordre de ses supérieurs et y
resterait tant qu'il n'aurait, pas reçu contre ordre. Le premier
vicaire l'a fait mettre à la porte par le suisse. M. Poplu a dirigé
pendant quelque temps l'école de St-Etienne de Caen, il conduisait les
enfants à l'église, les surveillait, et, jamais, M. le curé de
St-Etienne, aussi compétent en ces matières que, le premier vicaire de
Vaucelles, n'a trouvé mauvais cet acte de déférence envers la
religion. Vous dites que Dieu est chassé de l'école... Alors ne
chassez pas, à votre tour ceux qui viennent le chercher à l’église.
Décembre
1888 -
Bonne nouvelle. -
Un arrêté ministériel vient de réduire de 28 à 25 jours,
pour l'année 1889, la durée de la période d'instruction « pour
toutes les catégories de réservistes appelés, y compris les ajournés
des années précédentes. »
Décembre
1888 -
Les odeurs de Caen. -
Les habitants de la rue Saint-Ouen se plaignent, avec raison, de
la manière dont la maison du Bon-Sauveur vide ses fosses d'aisances. Le
liquide est enlevé à l'aide d'une pompe et répandu sur les prairies
de la maison, mais, pour le solide, on emploie le vieux système des
barils pour conserver la matière et en faire de l'engrais. Le travail
est fait en plein jour par des hommes de la maison, il dure de trois à
quatre jours. Pendant ce temps, le quartier est empoisonné. Un
conseiller municipal s'en est plaint et le maire a promis d'agir. La
fera-t-il ?
Décembre
1888 -
Accident de voiture. -
Dimanche soir, à 6 heures 1/2, le nommé Bail, soldat au 36e
de ligne, passant rue de Vaucelles, a été renversé par une voiture
conduite par le sieur Joseph Levy, camionneur. Les roues lui ont passé
sur les jambes, mais il n'a eu aucune fracture. Le voiturier marchait à
une allure modérée et a fait tout son possible pour éviter
l'accident.
Décembre
1888 -
Importante arrestation. -
L'auteur du vol de 1 000 fr. commis avec effraction au domicile
du sieur Colin, maître-nageur, place de l'Ancienne-comédie, 11, à
Caen, est arrêté, c'est un nommé Auguste Richard, 30 ans, marchand de
poisson, rue de Bayeux. On a trouvé chez lui 1 100 fr., provenant de ce
vol.
Décembre
1888 -
Tirage au sort. -
Le tirage au sort de la classe 1888 commencera le
27 janvier.
Janvier
1889 - Le 1er Janvier à Caen.
- Cette année, le jour de l'An a été, à
Caen, moins animé que d'habitude. En fait de réceptions officielles,
il n'y a eu que celles du premier président, du procureur général et
de la municipalité de Caen. M. Rivaud, malade, n'a pu recevoir et on
sait que la réception de la Préfecture est la plus importante de
toutes.
On
a beaucoup regretté qu'elle n'ait pas eu lieu, car la mairie de Caen a
publié ces jours derniers une note aussi inexacte que maladroite au
sujet « des lenteurs administratives » qui ont
retardé, selon elle, l'exécution du projet d'adduction des eaux de
Moulines, et le préfet, sans relever directement
cette
maladresse, aurait pu donner quelques conseils de modestie à notre
municipalité qui, décidément, « se gobe trop ».
Janvier
1889 - Travaux et emprunts.
-
Cette semaine, vont commencer les premiers travaux pour
l'adduction à Caen des eaux de Moulines. Un chantier sera ouvert près
du moulin au Roy pour la construction d'un réservoir.
La
ville a traité avec le Crédit Algérien pour l'emprunt de 2 600 000
fr. remboursable en 37 ans. Cet emprunt, dit la municipalité, sera
amorti sans augmenter les impôts actuels. Mais, comme sans cet emprunt
on aurait pu diminuer lesdits impôts, cela revient à dire :
«
Nous ne vous donnons aucune nouvelle charge, nous nous contentons de
prolonger celles qui allaient être supprimées » Si cette façon
de raisonner réjouit les contribuables, c'est qu'ils auront un meilleur
caractère que celui de M. Mériel.
(
Bonhomme Normand)
Janvier
1889 - Les odeurs de Caen.
-
Journellement, les entrepreneurs de vidanges de la ville de Caen
viennent laver leurs voitures et leurs tonneaux sur le Grand-Cours, un
peu au-dessus de la passerelle. Si ces messieurs faisaient cette besogne
le matin, passe encore, mais ils choisissent généralement l'heure de
la promenade, de trois à cinq heures. De sorte que les personnes venues
pour respirer l'air respirent autre chose avec, qui ne sent pas la
rose. (
Bonhomme Normand)
Janvier
1889 - A cheval sur l’heure.
-
La semaine dernière, un baptême devait avoir lieu à Saint-Ouen
de Caen. Le cortège arriva cinq minutes après l'heure indiquée. Le
curé, fort de ce retard, dit qu'il n'avait plus le temps de
cérémonier et ajouta qu'il ferait connaître son heure et son jour.
Le
père du marmot était décidé à ne pas faire baptiser son enfant, la
mère y tenait beaucoup. On s'en
fut
à Saint-Etienne, où la cérémonie eut lieu sans aucune difficulté.
Nous
eussions compris cette exigence à l'époque des courses, si chères à
M. le curé de Saint-Ouen. Mais l'hiver, alors qu'il n'avait qu'à se
chauffer les tibias devant le feu, pourquoi cette raideur ?
Peut-être
aussi M. le curé de Saint-Ouen avait-il une autre cérémonie à faire
? Ce ne serait pas encore une excuse suffisante. Un baptême, c'est
chose si vite enlevée. (
Bonhomme Normand)
Janvier
1889 - Mystère.
- Le
bruit court dans le quartier Saint-Ouen qu'une lessivière, en se
rendant au lavoir du Pont-Créon, aurait aperçu une femme
convenablement vêtue accroupie le long d'un mur. A l'approche de la
lessivière, la femme se serait relevée emportant un fardeau ayant
l'apparence d'un enfant nouveau-né. La lessivière a-t-elle vu trouble,
ou un infanticide a-t-il été commis ?
Février
1889 -
Le Jacques de Caen. - M. Savary, imprimeur, rue Saint-Jean, à Caen, avec la permission
de M. le maire, avait installé un kiosque volant sur la place
Saint-Pierre. Il y en avait pour tous les goûts. On y vendait depuis la
Croix, jusqu'au Bonhomme normand et à l'Intransigeant,
à côté des gravures antiboulangistes, étaient exposées
celles couvrant d'œillets le général.
Cette
indépendance a déplu à M. Mériel. Le propriétaire du kiosque en
avait été officieusement prévenu. Il n'a pas voulu se soumettre. Le
maire s'en est misérablement vengė en faisant enlever le kiosque.
En
grattant bien, peut-être trouverait-on une autre raison à cette sotte
mesure. Il y a un an, quand M. Mériel autorisa l'installation de ce
kiosque. M. Savary publiait une petite feuille dans laquelle le Bonhomme
était très gentiment houspillé. Aujourd'hui M. Savary ne fait plus de
journal, mais il vend le Bonhomme !
Quoi
qu'il en soit, M. Albert Mériel a bien mérité le nom de Jacques de
Caen.
(
Bonhomme Normand)
Février
1889 - Encore
une bévue. - Notre
Jacques vient de faire encore une sottise. Les dames patronnesses de
Caen avaient l'intention de donner un bal. Dans ce but, elles ont
demandé à M. Mériel de bien vouloir leur louer l'hôtel des Douanes,
inoccupé en ce moment. M. Mériel, qui avait cependant prêté cet
hôtel pour le mariage de Mlle Houyvet, a répondu par un refus, à
moins de verser la recette totale du bal dans la caisse du bureau de
bienfaisance, « seul mandataire légal de la charité ».
Si
donc, cet hiver, les pauvres de la ville reçoivent des secours
insuffisants, si les commerçants et petits industriels perdent une
occasion, trop rare, hélas ! de gagner de l'argent, ils sauront qu'ils
le doivent à notre Jacques.
(
Bonhomme Normand)
Février
1889 - Un
enterrement civil. -
Vendredi l'après-midi, a eu lieu l'inhumation du kiosque Savary,
mis à mort à la fleur de l'âge, par Jacques le Chauve, premier
archonte de l'Athènes normande.
Le
convoi a quitté la cour de la Bourse pour se rendre au nº 196
de la rue Saint-Jean, lieu de la sépulture. L'opinion publique
conduisait le deuil. Sur tout le parcours, la foule était sympathique
et louait les dieux, sachant bien que le kiosque Savary renaîtrait un
jour de ses cendres ...
Car
la politique est comme la femme : « Souvent, ça varie ; bien fol
est qui s'y fie ».
(
Bonhomme Normand)
Février
1889 - Caen
la nuit. - Lundi
matin, vers minuit 1/2, le jeune B……, 18 ans, revenant du concert de
« l'Alliance Caennaise », regagnait son domicile, rue
Saint-Pierre (cour du Journal de Caen), lorsque deux individus, cachés
dans un escalier, se précipitèrent sur lui, le terrassèrent, et, lui
serrant la gorge, essayèrent de lui enlever sa montre et son
argent. B……, boiteux, incapable de se défendre, appela au secours,
des locataires, entre autres le sieur R...., tailleur, descendirent, et
les deux assommeurs prirent la fuite.
Il
faut espérer que la police retrouvera ces coquins.
(
Bonhomme Normand)
Mars
1889 - Bonnes
oeuvres. - Mercredi,
rue de Geôle, à Caen, a eu lieu le bal des Dames patronnesses.
Vendredi, à la mairie, a eu lien celui des Dames du bureau de
bienfaisance. Tous deux ont été animés et fructueux pour les pauvres,
durement éprouvés cet hiver.
Nous
en félicitons également les organisatrices de ces deux bals, car, pour
nous, la charité n'a pas de drapeau, et, quoi qu'en pense le maire de
Caen, « seul représentant légal de la charité, » sur ce
terrain de la bienfaisance, il ne devrait y avoir ni division ni
revendication de privilèges.
(
Bonhomme Normand)
Mars
1889 - Tentative
de suicide. -
Dimanche, à Caen, la nommée Martin, qui se trouvait sur le
bateau à vapeur en partance pour le Havre, s'est jetée dans la
rivière l'Orne, au moment où on voulait la faire sortir du navire, vu
son état d'ivresse.
Retirée
immédiatement, elle a reçu des soins à la morgue et a été
transportée à l'hôtel-Dieu, d'où elle est
sortie le lendemain.
(
Bonhomme Normand)
Mars
1889 - L'horloge
de St-Jean. -
On nous fait remarquer que depuis bientôt deux ans l'horloge de
l'église Saint-Jean de Caen ne sonne pas les heures. A quoi sert une
horloge qui ne sonne pas ?
Il
y a là une anomalie qui a lieu d'étonner. Espérons qu'on y mettra
bientôt fin.
(
Bonhomme Normand)
Avril
1889 - Comme
tout change. -
Lors
de l'inauguration du square de la place de la République, il était
interdit à la loueuse de chaises, même pendant la musique, de mettre
des sièges près des gazons. Une altercation assez vive se produisit
même à ce sujet entre la police de M. Mériel et un officier de la
garnison.
Quand
Roghi devint adjudicataire des chaises, on le laissa, non seulement
pendant la musique, mais tout le long du jour, garnir le devant des
plates-bandes de chaises.
La
semaine dernière, le maire a fait signifier à Roghi de n'avoir à
laisser sur la place de la République que les 60 chaises stipulées
dans le cahier des charges.
Pourquoi
était-on si roide avec la loueuse de chaises primitive ?
Parce
que c'était une pauvre femme de la ville sans fortune et sans
protection.
Pourquoi,
au début, a-t-on été aussi coulant avec Roghi ? C'est qu'il avait le
moyen d'être reconnaissant.
Pourquoi,
aujourd'hui, lui fait-on des misères? Parce que Roghi n'est plus
adjudicataire des droits de places et que son crieur à la poissonnerie
n'est plus là pour combler de gentillesses la mairie.
(
Bonhomme Normand)
Avril
1889 - Une
réponse. -
Lorsque
l'horloge de St-Jean cessa de sonner les heures, on la fit examiner par
un horloger de notre ville, qui la déclara excellente et demanda 200
fr. pour une réparation complète avec rétablissement de la sonnerie.
Malgré
cet avis, le conseil de fabrique a préféré faire venir un horloger de
la Sarthe, et lui a commandé une horloge neuve de 1 800 fr. De là,
dépense inutile et longue attente du public.
Le cadran sera remplacé également, mais ce travail est indépendant de
celui de l'horloge et sera payé en plus des 1 800 fr.
(
Bonhomme Normand)
Avril
1889 - Démêlés.
- On
parle beaucoup, en ce moment, d'une altercation qui aurait eu lieu dans
les bureaux de la mairie de Caen entre un conseiller municipal et un
chef de service dont la qualité dominante n'est pas la courtoisie.
Le
chef de service, après avoir promis au conseiller un accueil favorable
pour un de ses protégés, aurait reçu ce dernier comme un chien dans
les jambes d'un ingénieur en train de lever des plans.
Le
conseiller, furieux, est accouru à la mairie. Il y a eu échange de
gros mots, bousculade et menace de se faire des noirs en se jetant des
encriers à la tête.
Heureusement
que le maire est intervenu et a fini par mettre la paix entre les deux
adversaires, dont les torts étaient égaux.
(
Bonhomme Normand)
Mai
1889 - Attention.
- Les
approches de la foire de Caen ont ramené dans le Calvados un tas de
filous plus adroits les uns que les autres. Ce ne sont pas seulement les
trousses et les porte-monnaie qu'ils font. Ils cherchent aussi les
naïfs pour les faire jouer et leur rafler leur argent. C'est ce qui est
arrivé au jeune Georges L…..., dont le père est marchand de porcs à
Vimoutiers.
(
Bonhomme Normand)
Mai
1889 - Victime
de l’ivresse. -
Jeudi soir, le nomme Victor James, tailleur de pierres à
Breville, passant en état d'ivresse, quai Vendeuvre, à Caen, a été
renversé par une voiture conduite par le nominé Albert Lehoullier,
garçon boucher, rue du Moulin.
Une
des roues lui a passé sur le corps. Il a eu une cote fracturée et a
été transporté à l'hôtel Dieu.
(
Bonhomme Normand)
Mai
1889 - Révolte
à Beaulieu. -
Une révolte s'est produite dans l'établissement pénitentiaire
de Beaulieu, près Caen.
Les
détenus de l'atelier où se confectionnent les becs de lampe,
mécontents du renvoi d'un comptable libre, qui trafiquait avec eux, se
sont révoltés contre le personnel de l'établissement.
On
a été obligé de requérir la troupe pour rétablir l'ordre qui n'a
pas été troublé de nouveau.
(
Bonhomme Normand)
Mai
1889 - Tentative
de vol à l’église St-Julien. -
Pour la cinquième fois, depuis quelques années, l'église de
St-Julien de Caen a été, l'objet d'une tentative de vol.
Vendredi
la nuit, des malfaiteurs restés inconnus ont défoncé trois vitraux de
la sacristie du côté des promenades. A l'aide d'un pieu servant de
tuteur à un arbre, ils ont essaye d'arracher la barre principale des
meneaux de la fenêtre, puis se sont sauvés sans doute dérangés dans
leur travail par quelques passants.
(
Bonhomme Normand)
Juin
1889 - Tremblement
de terre en Normandie. - Jeudi,
des secousses de tremblement de terre, se dirigeant du Nord-Est au
Sud-Est, ont été ressenties dans toute notre
région. Elles ont été précédées d'un grondement souterrain
semblable au roulement d'uns voiture de roulier lancée au galop.
A
Caen, il n'y a eu qu'une seule secousse qui a duré quatre secondes
environ. Les meubles, les vaisselles ont été secoués d'une façon
très sensible surtout aux étages supérieurs. Le sol semblait s’affaisser
sous les pieds. Des personnes assises ont sauté sur leurs chaises. La
secousse a eu lieu à 8 heures 1/2 du soir, au moment où, dans les
églises, on célébrait l'office du mois de Marie. L'émotion des
fidèles a été vive.
A
Saint-Julien, elle a dégénéré en panique. En voyant osciller la
flamme des cierges, en entendant crépiter les boiseries, la foule a cru
que l'église s’écroulait et s'est, en criant, ruée aux portes pour
sortir. Nombre de personnes ont été contusionnées. On a eu
grand'peine à rétablir le calme.
La
secousse s'est produite juste au moment où M. le curé de Saint-Pierre
ouvrait la bouche pour commenter son prêche. Dans son effroi, une
sainte dévote a cru voir tomber un morceau de la langue de son pasteur.
Il n'en était rien, heureusement disent les uns, malheureusement
prétendent les autres.
Des
tuiles sont tombées dans quelques rues. Plusieurs maisons ont
été légèrement lézardées. La secousse a été ressentie à peu
près à la même heure dans tout le Calvados. Dans quelques endroits,
notamment à Grimbosq, on a ressenti deux secousses à trois quarts
d'heure de distance. A Bayeux, le carillon de la cathédrale sonnait au
moment de la secousse, il a cessé subitement. A Bucéels, les trois
cloches de l'église ont tinté au moment de la secousse. Une maison
s'est
écroulée à Carpiquet et une autre à Boulon. Des cheminées se sont
écroulées à Condé, Lisieux et en beaucoup d'autres endroits. A
Falaise une pendule a été brisée. On n'a signalé aucun accident de
personne.
Sur
les routes, les chevaux se sont arrêtés de court. La secousse a été
assez forte pour être ressentie par les personnes en chemin de fer. On
a remarqué que le coucher du soleil s'était fait dans des conditions
de rougeurs extraordinaires. Le phenomène parait avoir eu pour centre,
un point entre Caen et Cherbourg.
(
Bonhomme Normand)
Juin
1889 - Tremblement
de terre. - Ces
secousses sont tres rares dans notre region, jamais du reste elles n'y
avaient eu cette intensité.
Voici
comment les annales racontent ce qui se passa en 1739 :
«
Le vendredy cinq novembre 1739, peu de minutes avant quatre heures du
matin, arriva un tremblement de terre assez considérable pour faire
trembler et réveiller beaucoup de personnes qui dormaient, en remuant
leurs lits et les meubles de la maison, pendant l'espace environ d'un Avé
Maria ; ce tremblement s'est fait sentir assez loing dans des
endroits plus, dans d'autres moins ».
(
Bonhomme Normand)
Juin
1889 - Tuée
par le tremblement de terre. -
Il
y a quelques années, Mlle Londe, coquetière rue Ste- Anne, à Caen,
gagnait 100 000 fr. à un tirage d'obligations de la ville de Paris.
Elle cessa son petit commerce et, en dernier licu, elle habitait rue aux
Lisses. Jeudi, elle assistait au mois de Marie à St-Julien et était
dans la tribune quand la secousse de tremblement de terre se produisit.
Mlle Londe, en entendant les cris de la foule et le craquement des
boiseries, fut prise d'épouvante. Elle rentra péniblement chez elle
après l'office, et le lendemain elle succombait à une maladie de cœur
dont elle souffrait depuis longtemps et dont l'effroi éprouvé la
veille avait hâté la fin.
(
Bonhomme Normand)
Juin
1889 - Suicide
de deux soldats. - Le sieur Chevalier,
22 ans, caporal au 36e, en garnison à Caen, s'est suicidé
à la caserne de Vaucelles. Ce malheureux venait de passer l'inspection
de la literie, lorsqu'il s'est retiré dans un coin, a pris son fusil,
se l'est appliqué sur le cœur et a fait partir le coup avec la
baguette. La mort a été instantanée.
Chevalier
appartenait à la classe 1887. C'était un bon soldat, parfois a l'air
un peu évaporé. Depuis quelque temps, il était plus triste. On croit
qu'il s'est donné la mort dans un accès d'aliénation mentale. Il
avait étudié pour être médecin. Ses parents sont bouchers à Rouen.
-
Un jeune soldat du 74e, en garnison à Rouen, s'est
également suicidé en se tirant un coup de fusil dans la bouche pendant
qu'il était en faction. On croit aussi à un dérangement des facultés
mentales de ce malheureux.
(
Bonhomme Normand)
Juillet
1889 - Vélocipédistes
blessés. -
Le fils Tison, 16 ans, dont le père est entrepreneur de travaux
publics, rue des Carmélites, à Caen, arrivant à toute vitesse du
cours la Reine, sur une bicyclette, ne vit pas à temps une voiture qui
venait de la place de la Préfecture et dans laquelle se trouvaient
trois personnes. Le conducteur de la voiture, voyant venir le
vélocipédiste, prit immédiatement la droite, mais le jeune Tison,
occupé de régler, avec ses pieds, la marche de sa bicyclette,
n'entendit pas le cri de « Gare ! » et vint
violemment tomber sous le poitrail du cheval qui s'abattit.
Les
trois personnes qui étaient dans la voiture furent projetées à terre
pendant que le cheval se débattait sur la bicyclette brisée et sur le
jeune homme qu'on parvint à retirer dans un état qui a un moment mis
ses jours en danger.(
Bonhomme Normand)
Juillet
1889 - Interdits.
- A
la suite de ce grave accident, le maire a pris un arrêté qui interdit
de circuler en bicycles ou bicyclettes dans les rues de la ville, autres
que le cours la Reine, le Grand-Cours, le cours Caffarelli, les rives du
canal, le cours Circulaire, la place de la Préfecture (côté sud), le
boulevard Bertrand et la place du Parc.
Autres
accidents : MM. Vaussy, étudiant, et Bresson, en se promenant sur un
vélocipède à deux places, ont fait la culbute et se sont cassé
chacun l'une des clavicules. M. Bosnières, dans une chute, a eu aussi
une cuisse fracturée.
(
Bonhomme Normand)
Juillet
1889 - Le
14 juillet à Caen. -
Le centenaire de la prise de la Bastille a été célébré à
Caen d’une façon qui n'avait rien de solennel. Comme chaque année,
il y a eu revue, fête enfantine, régates, illuminations. A la revue,
le public a été fort mécontent. La municipalité avait en effet fait
poser des barrières pour l'éloigner autant que possible. Aussi,
criait-on très fort contre M. Mériel et ses sous-ordres.
Le
soir, les illuminations officielles étaient très maigres, et bien
au-dessous de celles des années précédentes. Le public comptait être
dédommagé par le feu d'artifice. Depuis la veille, des poteaux
plantés dans la prairie semblaient en promettre un. Au dernier moment,
il a été contremandé à cause des foins restés dans la prairie, il
était cependant facile, avec un peu de bonne volonté, de les faire
enlever.
En
résumé, déception générale et mécontentement idem.. Du reste, le
maire s'en doutait, car il avait passé la corvée à ses adjoints. M.
Mériel, sous prétexte de préparer des logements pour les ouvriers
délégués de la ville, était à la revue de Longchamps, où il a
été trempé comme un barbet. Notre confrère Engerand était aussi à
Paris. Après avoir assisté au banquet boulangiste du lac
Saint-Fargeau, il est parti pour Londres, faire sa visite de candidat au
général Boulanger.
(
Bonhomme Normand)
Août
1889 - De
plus en plus fort. -
Jeudi, le nommé Arsène Vannier, journalier, rue de Caumont, à
Caen, assistait à l'audience de la police correctionnelle. Il était
gris et faisait un tel tapage qu'on le mit à la porte. Il rentra et
recommença. Le tribunal le fait amener alors à sa barre et le condamne
à 8 jours pour tapage et ivresse. Un gendarme l'enmène à la prison.
Mais
notre gaillard est mécontent et, en sortant de la salle d'audience. il
s'écrie : « Ah ! m…. alors... et vive Boulanger ! » On le
rappelle aussitôt et, au lieu de 8 jours et 5 fr. d'amende, on lui
octroie 6 mois pour cris séditieux, outrages, etc…
(
Bonhomme Normand)
Août
1889 - Tentative
d’assassinat à Beaulieu. -
Samedi soir, à la prison de Beaulieu, un détenu a blessé le
brigadier Berthauld de trois coups de couteau, dont deux au cou et un au
bras droit, et cela sans la moindre provocation.
Berthauld,
qui est marié et père de trois enfants, avait déjà, l'an dernier,
reçu une blessure dont il porte encore la cicatrice,
(
Bonhomme Normand)
Août
1889. -
L’explosion de St-Ouen.
- Lundi
soir, le quartier St-Ouen de Caen fêtait la seconde journée de la
fête de son patron. Jusque là, tout avait bien marché. On avait
chanté, ri et dansé sans incident.
Il
était environ huit heures. Soudain, une explosion se fait entendre et
des cris déchirants retentissent. Un assortiment de pièces d'artifice
venait de faire explosion et de brûler plusieurs personnes.
Dans
le haut de Saint-Ouen, devant l'école normale, le sieur Victor
Leblanc tient un débit de boissons et un coquetage. Près de
la porte d'entrée, se trouve une vitrine dans laquelle il y avait une
certaine quantité de pétards et de fusées qui ont fait explosion.
On
pense que le feu a été mis par l'étincelle d'un pétard tiré devant
la porte du débit. Les vitres, les bouteilles et tout ce qui se
trouvait dans le devant de la boutique ont été brisés ou brûlés.
Voici
les noms des blessés : Victor Leblanc, 32 ans, débitant, rue
Pavée-St-Ouen ; Suzanne Leblanc, sa fille, 3 ans ; Mme Guillemette,
née Clémentine Leblanc ; Louis Dion, 20 ans, jardinier, rue Pavée-St
Ouen ; Eugène Letellier, 17 ans, cuisinier, Pont-Créon ; Marie,
domestique chez M. Duchemin, artificier ; Planquette, menuisier à
Louvigny, qui se trouvaient en promeneurs à la fête.
Les
cinq premiers. après avoir reçu les soins du docteur Catois, ont
été transportés à l'Hotel-Dieu. Marie y est entré mardi.
M.
Leblanc était dans un état lamentable. Il se trouvait dans son
comptoir au moment de l'accident. Tout son corps a été brûlé,
certaines
parties l'avaient été jusqu'aux os. Il est mort ce matin à six
heures, dans d'atroces souffrances. Sa petite fille, qui jouait dans la
boutique, a de profondes brûlures aux bras, aux cuisses et à la
figure. Elle inspire des craintes sérieuses. L'état de M. Dion,
quoique fort grave, donne moins d'inquiétudes. Il a été brûlé à la
figure, aux genoux et aux mains qui n'ont plus d'ongles. Les autres
blessés, Mme Guillemette, Eugène Letellier, Marie et Planquette, ont
des brûlures à la figure et aux mains, mais moins graves. Le dernier
est venu seulement se faire
panser à l'hôpital, mais n'y est pas resté.
Les
consommateurs qui étaient dans la salle du débit, contiguë à la
boutique, se sont enfuis par la fenêtre donnant sur la rue en entendant
le bruit de l'explosion.
La
dame Leblanc tient un atelier de couture à l'entrée du petit passage
Bellivet, sur le boulevard. Elle n'était pas chez elle quand
l'accident s'est produit.
Mme
Leblanc est allée à l'Hotel-Dieu. A la vue de l'état épouvantable de
son mari et de sa petite fille, elle a été prise d'une crise de nerfs.
M.
Leblanc n'ayant pas déclaré aux assureurs qu'il tenait des artifices
la compagnie est en droit de ne pas payer les dégâts.
Il
y a un mois, à Vire, rue du Calvados, la dame Dubreuil recevait un
pétard en pleine figure et a failli perdre un œil. Le même jour, à
Bayeux, rue St-Laurent, le jeune Voisin avait le visage brûlé en
tirant un pétard.
Ces
accidents répétés ne se produiraient pas si la police, la gendarmerie
et les agents assermentés faisaient respecter les arrêtés interdisant
le tir des pièces d'artifice sur la voie publique. ( Bonhomme Normand)
Septembre
1889. -
Toujours à coté. -
Le sieur
Leblanc, la victime de l'accident de St-Ouen, a été inhumé samedi.
Nous
avons malheureusement encore une mort à enregistrer. Le jardinier Dion,
20 ans, est mort mercredi l'après-midi dans d'atroces souffrances. Il
n'était à Caen que depuis quelques jours. Les autres blessés en
traitement à l'Hotel-Dieu vont mieux, sauf la petite Suzanne Leblanc.
A
la suite de cet accident, le maire de Caen a « défendu aux membres du
comité d'organisation des fêtes de quartier de tirer aucune pièce
d'artifice. »
Lundi,
à l'occasion de la fête Saint-Gilles, un feu d'artifice devait être
tiré, un emplacement écartant tout danger était facile à trouver. Le
maire a été inexorable, il a défendu de tirer ce feu, mais, comme il
était acheté, l'administration a promis de le payer.
M
Mériel, comme souvent, frappe à côté. Ce ne sont pas les feux
d'artifice, tirés à des endroits toujours désignés par les maires,
qui sont dangereux, c'est le tir dans les rues des pétards et autres
pièces d'artifice qui cause des accidents.
Voyez
ce qui se passe à Paris. La ville fait tirer sur divers points des feux
au centre de la cité, mais elle défend rigoureusement de tirer des
petards dans les rues. ( Bonhomme Normand)
Septembre
1889 - Faux bruits.
- Vendredi, le
36e, avec les réservistes, a fait une marche sur May au
cours de laquelle une quarantaine d'hommes se sont trouvés malades par
suite de la chaleur accablante qu'il faisait. Ils ont été ramenés à
Caen dans des voitures d'ambulance et dans deux autres voitures
prêtées par les cultivateurs.
Une
quinzaine d'entre eux ont séjourné plusieurs jours à l'infirmerie ou
à l'hospice, mais il n'y a aucun cas grave ni aucun décès, comme le
bruit en avait couru.
Le
ministre de la guerre a ordonné une enquête.(
Bonhomme Normand)
Septembre
1889 - La
débauche à Caen. - Le tribunal de Caen a condamné la veuve
Tribouillard, 37 ans, se disant couturière, demeurant rue Saint-Jean,
à Caen, à deux ans de prison et 500 francs d'amende.
Cette
femme était bien connue dans le quartier pour attirer chez elle de
toutes jeunes filles. Elle se livrait devant elles à des individus que
le parquet n'a pas pu pincer et engageait les fillettes à faire de
même. Pour vaincre leur résistance, on les faisait boire et on leur
donnait de l'argent.
Quelques-unes
de ces fillettes étaient âgées de 12 à 13 ans.
(
Bonhomme Normand)
Septembre
1889 - Les
odeurs de Caen. -
On se plaint de l'état de malpropreté dans lequel se trouve
l'impasse Gohier. Plusieurs plaintes ont été adressées à notre
administration municipale, elle fait la sourde oreille. On parle de
variole, c'est le moment ou jamais de prendre en considération les
plaintes portées au nom de la salubrité.
Septembre
1889 - Il
n’y a pas de fumée sans feu. -
Ces jours-ci, on a fait circuler les bruits les plus alarmants
sur une importante maison de commerce de Caen. On parlait de
déconfiture et même du départ de celui qui l'a fondée. « Il n'y a
pas de fumée sans feu », dit le proverbe.
C'est
vrai. La maison en question a pu être un instant gênée par suite de
spéculations téméraires, mais
il lui a été facile, à l'aide d'un emprunt, de se tirer d'affaire.
Espérons, dans l'intérêt du commerce de notre ville et des nombreux
ouvriers occupés dans cette maison, quе се malaise ne
se reproduira pas.
(
Bonhomme Normand)
Septembre
1889 - Drame
intime. -
M. Docagne tient, à l'entrée de la rue Saint-Jean, un
établissement connu sous le nom de café Tortoni. Il a épousé une
jeune fille du quartier Saint-Etienne, appartenant à une excellente
famille. Déjà, à plusieurs reprises, M. Docagne avait eu des doutes
sur la fidélité de sa femme. Depuis quelque temps, M. Docagne avait
établi au rez-de-chaussée de son café un débit de tabac très bien
installé. C'était Mme Docagne qui le tenait. Souvent, elle prétextait
la migraine pour sortir, et c'était toujours vers les quatre à cinq
heures.
Des
amis prévinrent M. Docagne que sa femme le trompait avec un employé de
la préfecture et que leurs rendez-vous avaient lieu dans une maison
assez mal renommée de la rue de Bras.
Lundi,
M. Docagne, convaincu que le couple s'y trouvait, fut chercher la
police. On fit une descente et on ne trouva pas les oiseaux qu'on
voulait pincer. Les uns disent que, si on avait mieux cherché, on eût
mis la main dessus, les autres, que la dame, déguisée en homme, a
passé sous le nez de la police sans être reconnue. Quoi qu'il en soit,
à la suite de cette visite, la dame Docagne a disparu et a dû prendre
le chemin de fer pour Paris.
(
Bonhomme Normand)
Octobre
1889 - Étouffé
sous des sacs. -
M. Melas Primois, négociant, rue Singer, à Caen, a été
trouvé étouffe sous plusieurs sacs de blé. Vendredi, vers neuf
heures, M. Primois
était allé faire sa ronde dans ses magasins. Il était armé d'un
bâton pour chasser les rats, nombreux dans les magasins. M. Primois
aura-t-il voulu déloger un rat, et la pile de sacs se sera-t-elle
effondrée ? Ou est-ce en passant près d'une pile mal équilibrée que
les sacs seront tombés ?
On
ne sait. Ne voyant pas revenir son mari, Mme Primois appela ses
domestiques et se mit à la recherche de son mari. Un pan de paletot
indiqua l'endroit où le malheureux négociant avait trouvé la mort. Il
avait le corps doublé en deux, l'une de ses mains était entrée dans
la terre, comme s'il eût voulu faire contre-poids à la masse qui
l'écrasait. M. Melas Primois était agé de 53 ans. Il laisse une veuve
et cinq enfants.
(
Bonhomme Normand)
Octobre
1889 - Tentative
d’infanticide. -
Vendredi matin, à Caen, un enfant nouveau-né, du sexe masculin,
a été retiré, encore vivant, de la fosse d'aisances de la maison
portant le nº 89 de la rue d'Auge.
L'auteur
de cette tentative d'infanticide est la nommée Victoire Lanos, âgée
de 30 ans, née à Romagny (Manche), domestique chez le sieur Leblanc,
demeurant rue d'Auge.
Cette
fille a été transportée à l'Hotel-Dieu par ordre du médecin.
(
Bonhomme Normand)
Novembre
1889 - Mauvaise
idée. - M.
Engerand, dans l'Ami de l'Ordre, ouvre une souscription en faveur
des sieurs Fauvel, employé d'octroi, et Lantin, agent de police,
révoqués par le maire de Caen pour avoir manifesté leurs sympathies
en faveur du nouveau député de Caen.
Nous
n'approuvons pas cette idée. Trouver
deux places à ces victimes de la politique eût été plus honorable
pour eux.(
Bonhomme Normand)
Novembre
1889 - Mauvaise
commande. - L’administration
des hospices Caen, ayant à faire une importante commande d'instruments
pour l'Hotel-Dieu, l'a faite, nous assure-t-on, à une maison allemande
de Paris.
Est-ce
qu'on ne pourrait pas réserver les commandes aux Français ?
(
Bonhomme Normand)
Novembre
1889 - Retard.
- Les
travaux de canalisation des eaux à Caen sont arrêtés à la suite
d'une difficulté avec les ponts et chaussées qui s'opposeraient au
passage des tuyaux sur le pont situé entre le bassin et l'abreuvoir de
la poissonnerie.
Une
cinquantaine d'ouvriers ont été renvoyés par suite de cette
suspension. Déjà des difficultés s'étaient élevées au sujet du
passage sur ie pont de Vaucelles.
Il
est regrettable que les auteurs du projet municipal n'aient pas aplani
toutes ces difficultés avant le commencement des travaux. ( Bonhomme
Normand)
Novembre
1889. -
Caen la nuit. -
Depuis une quinzaine, chaque nuit, à partir de minuit, les
rues de Geôle, Calibourg, Tour-de-Terre, Gémare, sont le théâtre des
exploits d'une bande qui frappe, cogne dans les portes et les fenêtres,
brise les sonnettes et réveille tout le quartier.
Les
habitants de ces rues s'étonnent de ce que la police laisse faire ces
tapageurs. Il ne serait pas difficile de les découvrir si on voulait
s'en donner la peine, car on sait qui ils sont
et où ils demeurent. ( Bonhomme Normand)
Novembre
1889. -
Mort mystérieuse. -
Louis Arsène, 43 ans, mécanicien au chemin de fer, rue
d'Auge, à Caen, avait attrapé froid pendant son service. Il en
résulta une fluxion avec abcès dans la bouche. Le malade alla
consulter le médecin de la compagnie. Celui-ci le brusqua, lui disant
qu'il avait bu. Or, le reproche tombait mal, car M. Arsène était un
employé modèle, estimé de ses chefs et ne buvant jamais. Le médecin
finit par donner un coup de lancette dans la plaie en disant : « Allez,
cela ne sera rien ».
Le
mal s'aggravant, un autre médecin fut appelé. Ne se rendant pas compte
du mal, il manda le directeur de l'École. Les deux médecins
constatèrent que le mal n'avait pas de remède, mais sans indiquer la
cause qui avait pu transformer une simple fluxion en une maladie
mortelle.
Les
obsèques du malheureux employé ont eu lieu au milieu d'une assistance
nombreuse et sympathique. Louis Arsène était marié, mais n'avait pas
d'enfants.
Nous
ne savons s'il y a eu ure enquête de faite, mais nous pensons qu'un
communiqué est indispensable pour réduire à néant les bruits
alarmants qui circulent aujourd'hui en ville. ( Bonhomme Normand)
Novembre
1889. -
Folle dangereuse. -
La dame Roger, qui habite avec son mari, rue Bosnières, à
Caen, est depuis quelque temps atteinte de folie alcoolique. Jeudi,
devant l'église St-Julien, elle avait occasionné un rassemblement, en
proférant des menaces les plus incensées contre le clergé de la
paroisse qu'elle accusait de lui avoir ravi son enfant et de l'avoir
crucifié. Samedi matin, elle a failli étrangler son fils, Henri, âgé
de 17 ans. Elle l'avait saisi au cou et le serrait si fortement qu'il
râlait quand les voisins accourus, ont pu parvenir à le débarrasser
des étreintes de sa mère.
Le
mari est un homme très honorablement connu, très sobre et très
travailleur. Cette malheureuse a été conduite au Bon-Sauveur. Ce n'a
pas été sans mal, c'est au moment où elle était sortie dans la rue
pour se livrer à ses excentricités habituelles, qu'on a pu la faire
monter en voiture. ( Bonhomme Normand)
Décembre
1889. -
L’égalité est un vain mot.
- Depuis une huitaine, un agent parcourt Caen, invitant les
commerçants à n'occuper, pour leurs étalages extérieurs, qu'un tiers
du trottoir. Cette décision va encore soulever bien des
mécontentements.
En
effet, les trottoirs de nos rues sont plus ou moins larges. Ceux de la
rue de Strasbourg, par exemple, n'ont pas moins de
2
mètres 50 de largeur, tandis que ceux des autres rues, voire même ceux
de la rue St-Pierre et ceux de la rue St-Jean, en certaines parties, ont
à peine 80 centimètres.
Les
commerçants de la rue de Strasbourg pourront donc occuper sur leur
devanture des étalages de 80 à 85 centimètres, tandis que leurs
confrères des rues voisines ne pourront avancer que de 25 à 30. Encore
une inégalité. ( Bonhomme
Normand)
Décembre
1889. -
Est-ce vrai ? -
S'il faut en croire les on-dit, les travaux des eaux de Caen
sont en train de craquer. Toujours d'après ce qui se murmure, les
tuyaux de conduite
auraient crevé du côté de Rocquancourt. Est-ce par suite d'accident
ou à cause de la faiblesse des tuyaux ?... Voilà ce
que
nous voudrions savoir. ( Bonhomme Normand)
Décembre
1889. -
Tristes incidents. -
Des incidents regrettables se sont produits, mardi, à
l'inhumation d'un jeune homme de 18 ans, décédé rue de Bras, à Caen.
Sur la demande de la famille, des camarades enlevèrent le corps pour le
porter jusqu'à l'église. Le vicaire, chargé de la levée, voulut s'y
opposer. Les jeunes gens passèrent outre, alors, le vicaire enleva son
étole, en prononçant quelques paroles que nous ne voulons pas relever,
et le clergé se mit derrière le cortège au lieu de le précéder.
Ce
jeune vicaire était peut-être dans son droit, mais il ne faut pas
toujours l'exercer, surtout en des heures de deuil. Aussi, doutons-nous
que son curé, homme de paix, l'ait approuvé.
En
arrivant au cimetière, autre incident. La fosse était trop petite. Il
fallut retirer la bière et ce ne fut que sur les instances énergiques
des parents et amis que le fossoyeur consentit à faire le nécessaire,
mais en maugréant, comme un homme n'ayant pas complètement sa raison.
( Bonhomme Normand)
Décembre
1889. -
Avis a qui de droit. -
L'un de nos abonnés nous signale les cloaques infects,
dangereux pour la santé publique dont sont ornés les chantiers du
Pot-d'Etain, coté de la place de la Mare. ( Bonhomme Normand)
Décembre
1889. -
Toujours la même rengaine.
- Jean
Gouget, 21 ans, détenu à la maison de Beaulieu, ayant écrit une
lettre injurieuse au procureur, a été condamné à deux ans.
Ne
trouvant pas qu'il en avait assez, Gouget a traité « de vaches
» les juges, qui lui ont ajouté, pour cette injure, un supplément de
trois ans, total, cinq.
Toujours
les mêmes rengaines. Si messieurs les vauriens veulent
se rendre intéressants, ils feront bien de varier un peu leur
répertoire injurieux. ( Bonhomme Normand)
Décembre
1889. -
L’influenza et les étrennes.
- L'influenza,
la grippe ou la dengue sévit bel et bien à Paris. Nous avons été
voir de près le fléau. Vous êtes au restaurant, au café, dans une
maison de commerce, sur les boulevards, crac ! Le sang vous monte à la
tête, vous avez des frissons, vos jambes flageolent. Vous rentrez vous
coucher avec une fièvre de cheval, des douleurs atroces dans tous les
membres et une toux sèche. On vous purge; le lendemain, ça va mieux,
vous voilà. sauvé. Reste la convalescence, dont la durée est limitée
au tempérament plus ou moins vigoureux du malade.
Ce
n'est pas gai pour le commerce, car, dès sept heures du soir, les
boulevards et les rues sont déserts. Les théâtres eux- mêmes s'en
ressentent, et on voit dans les vitrines des débitants de tabac des
billets au rabais même pour Théodora.
Voilà
les effets de l'influenza, ou, comme on dit vulgairement à Paris, « la
maladie du Louvre », car il est aujourd'hui certain que les
premiers cas ont été signalés dans ces grands magasins, et qu'un
très grand nombre de personnes qui sont allées s'y promener ou acheter
ont été frappées. Les autres magasins n'en sont pas non plus
préservés.
Si,
comme on le dit, le mal a été apporté dans des tapis d'Orient, il
peut également nous venir en province enveloppé dans les marchandises
achetées dans les grands magasins infectés, c'est donc le moment ou
jamais, pour nos lecteurs, de tâter des magasins de province, aussi
bien assortis et vendant à des prix aussi avantageux que les grands
établissements parisiens.
Espérons
que notre avis sera écouté, car pas un de nos lecteurs ne voudrait
s'exposer, avec un cadeau d'étrenne acheté dans un magasin de Paris,
à donner l'influenza, à moins que ce présent ne soit destiné à une
belle-mère. ( Bonhomme Normand)
Décembre
1889. -
L’influenza. -
Nous n'avons pas, heureusement, paraît-il, la véritable
influenza, car cette épidémie a été souvent très meurtrière. La
première fois qu'il
est
fait mention de l'influenza, c'est en 1510 ; elle fit son apparition à
Malte, puis en 1577 et 1580. En 1590, on voit l'influenza apparaître en
Allemagne ; en 1593, elle se montre
en
France et en Italie. En 1658, elle sévit en Italie ; en 1659 en
Hollande ; en 1676 en Allemagne et en Hongrie.
En
1729, elle reparaît avec une violence inouïe. Toute l'Europe fut
attaquée. A Londres, en une semaine, la maladie détermine 908 décès
et, à Vienne, 60 000 personnes furent atteintes. En 1737 et 1743,
nouvelles épidémies, les décès en une semaine s'élevèrent à
Londres à 1 000.
En
1782, elle atteignit à St-Pétersbourg pas moins de 40 000 personnes en
un jour. En 1840, elle fit le tour du monde et précéda le choléra.
En
1847, on la retrouve à Londres, où elle fait un plus grand nombre de
victimes que le choléra. En 1858, elle envahit la France et revet un
caractère épidémique. ( Bonhomme Normand)
Décembre
1889. -
Tentative d’assassinat et suicide.
- Vendredi
matin, rue de Vaucelles, 27, à Caen, à la suite d'une discussion, le
nommé Louis Rosette, 37 ans, journalier, a tiré un coup de revolver
sur sa femme et l'a blessée près de l'oreille.
Au
moment où les agents promptement avisés arrivaient, Rosette prenait la
fuite tenant son revolver à la main et les agents se mettaient, mais
trop tard, à sa poursuite. Rosette a été arrêté le lendemain près
de Tilly-la-Campagne, par deux gendarmes.
Se
voyant pris, il s'est tiré un coup de revolver dans la boucle.
Transporté à l'hotel-Dieu, Rosette est mort deux jours après.
La
blessure de sa femme n'inspire pas de craintes. ( Bonhomme Normand)
Janvier
1890 -
Les dames typographes. -
Un
imprimeur de Caen vient de remplacer, en partie, ses typos hommes par
des typos femmes. Mardi soir, il y avait foule rue Froide pour les voir
sortir de l'atelier. La police, avait même cru devoir prendre des
mesures pour les protéger. Mais, il n'y a eu aucun désordre.
Janvier
1890 -
L’Influenza. -
Le
mal est en décroissance à Caen. La mortalité, qui avait été de 42
la semaine dernière, n'a été que de 39 pendant la huitaine écoulée.
L'année
dernière, durant la semaine correspondante, on avait enregistré 24
décès. Le mal a commencé par enlever les gens et hypothéqués, comme
cela arrive toujours à cette saison, surtout, lorsque les variations de
la température sont aussi brusques que cette année. Parmi les victimes
du fléau, citons M. Lubineau, receveur municipal, déjà malade du
reste. Le lycée a été, par prudence, laissé en vacances jusqu'au 20.
On dit que le noviciat des Frères d'Hérouville est aussi sérieusement
influenzé. Notre ville n'a pas été la plus atteinte de la région.
L'arrondissement de Lisieux paraît être celui où le mal a eu le plus
d'empire. Cherbourg, Évreux, le Havre et Rouen, où la mortalité a
atteint le chiffre de 36 décès par jour, ont été autrement
flagellés.
Le
mal ne débute pas toujours de la même façon. Dans certains cas, les
symptômes sont, tels, qu'on croirait que cette maladie a quelque lien
avec le choléra. Les effets n'en sont pas heureusement les mêmes. Le
choléra fait une trouée en tuant tout ce qu'il touche. L'influenza
fait moins de victimes, mais, en revanche, beaucoup plus de malades, et
s'étend sur le monde entier.
Mgr
l’évêque de Bayeux a prescrit une neuvaine pour demander au
Très-Haut d'arrêter les progrès de l'influenza. Bien mieux eût valu
que le bon Dieu ne nous l'envoyât pas. Ainsi soit-il.
Février
1890 -
L’Influenza. -
La
mortalité à Caen revient aux chiffres habituels. Il y a eu cette
semaine 31 décès au lieu de 52, la semaine précédente et 30, la
semaine correspondante de 1889. L'épidémie est donc en rapide
décroissance. A Caen, comme partout, elle a duré environ un mois et a
fait absorber à nos concitoyens pas mal d'antipyrine, le remède à la
mode, qui, d'après quelques médecins tant pis, prédispose à
l'anémie et à la chlorose. Espérons qu'ils se trompent et qu'après
avoir été malade de l'épidémie on ne le sera pas des remèdes
donnés par le médecin.
Février
1890 -
Les femmes typographes. -
Mercredi,
jeudi et vendredi soir, on a encore crié rue Froide, à Caen, contre
l'imprimeur qui a fait venir des typographes femmes. Il n'en a plus
qu'une en ce moment. Quelques contraventions ont été faites et alors
on a constaté que les plus braillards n'étaient pas même typographes.
Le calme est revenu.
Février
1890 -
Un progrès. -
L'éclairage
électrique va tout probablement faire, l'un de ces jours, son
apparition à Caen. L'installation doit en être entreprise par une
Société cosmopolite qui a choisi pour son directeur caennais, l'un de
nos plus jeunes et plus sympathiques ingénieurs civils. L'usine serait
construite, à proximité de l'eau et du charbon, sur
les terrains avoisinant le rond-point. Les
clients adhérents sont dès à présent assez nombreux pour assurer le
fonctionnement régulier de l'entreprise. Il me reste plus qu'à obtenir
les autorisations officielles de circonstance, ce qui ne saurait ni
tarder, ni faire doute. Toutes les démarches dans ce sens ayant été
faites, notre, théâtre sera le premier à bénéficier de ce mode
d'éclairage qui écarte tout danger d'incendie.
Février
1890 -
Coups à un facteur. -
Mercredi
soir, vers 7 heures, le sieur Boucher, facteur et concierge de la poste,
à Caen, a été sans provocation frappé dans la rue des Carmélites,
par les nommés Gérard, 18 ans, demeurant chez ses parents, rue
Saint-Jean, 169 et Ringuenet, 17 ans, qui ont été arrêtés. Leur coup
fait, les deux vauriens se sauvèrent, emportant le képi du facteur
jusque dans la rue des Carmes, où ils le déposèrent dans l'allée de
Mlle Clémence Dupré, coquetière. Ils revinrent vers 9 heures, pour
reprendre ce képi, mais furent reçus comme ils le méritaient. Le
malheureux facteur, couvert de contusions, n'est pas encore rétabli.
Février
1890 -
Le carnaval à Caen. -
Cette
année à Caen, comme les précédente, on s'est maigrement amusé. Pas
de bal au théâtre, il n'aurait pas fait ses frais. Peu ou point de
bals publics. La municipalité, devenue vertueuse, n'autorise plus
qu'avec grandes difficultés ces sortes de distractions. Dimanche,
beaucoup d'entrain au bal d'enfants, à l'hôtel de ville, mais vendredi
celui des dames de bienfaisance a été d'une tristesse désespérante.
L'influenza d'une part, la politique de l'autre, en avaient fait une
solitude.
Février
1890 -
Découvertes intéressantes.
- Les
travaux qui se font en ce moment dans le quartier St-Etienne à Caen,
pour la pose des conduites d'eau, ont amené la découverte d'ossements
qui proviennent sans doute du cimetière de St-Etienne-le-Vieux. Rue
Guillaume-le-Gonquérant, on a trouvé quatre sarcophages ou cercueils
en pierre qui renfermaient des ossements, place des Petites Boucheries,
on a rencontré des fondations dont on n'a pu suivre le développement.
Février
1890 -
Cheval emporté. -
Dimanche
matin, le cheval du docteur Letellier, attelé à son coupé, s'est
emporté dans la rue Ecuyère à Caen. Arrivé à la hauteur de l'hôtel
Sainte-Barbe, la roue droite de la voiture a croche un omnibus de la
maison Primois qui stationnait devant ledit hôtel. L'essieu d'arrière
du coupé a été tordu par la violence du choc et le cheval, de plus en
plus excité par cette résistance, a continué sa course. Il a
renversé, toujours dans la même rue, un camion chargé de légumes. Le
cocher essaya d'arrêter
son cheval et pour y parvenir lui fit prendre la rue au Canu.
Malheureusement, en tournant, le coupé s'est renversé sur le côté
gauche. Très heureusement, M. Letellier et son cocher n'ont éprouvé,
dans cette chute, que des contusions sans gravité.
Mars
1890 -
Incendie. -
Mardi
matin, à 3 heures, un incendie s'est déclaré au domicile particulier
de M. Ernest Adelus, banquier à Caen, rue aux Juifs, n° 4. Tous les
objets mobiliers des chambres ont été complètement détruits, le
rez-de-chaussée et le second étage ont pu être préservés. Il n'y a
pas eu d'accident de personnes. Les pertes, tant pour l'immeuble que
pour le mobilier, sont couvertes par deux compagnies d'assurances. Cet
incendie est attribué à un vice de construction de la cheminée de la
chambre où le feu
a pris naissance.
Mars
1890 -
Un grave arrêté. -
Le
préfet du Calvados a « déclaré infectée par la péripneumonie
contagieuse une étable appartenant au sieur François, cultivateur à
Hérouville-Saint-Clair, hameau de Tournebourse. »
La
péripneumonie , maladie du poumon, est contagieuse pour les bêtes à
cornes. Dans tous les cas où une maladie réputée contagieuse est
constatée, ou même soupçonnée, l'obligation du propriétaire est
d'en prévenir le maire, et d'isoler l'animal malade.
Si
le vétérinaire reconnaît le mal contagieux, un arrêté préfectoral
met en quarantaine les locaux où sont soignés les animaux malades et,
au besoin, prescrit l'abatage. La non-observation de ces formalités
entraîne l'amende et la prison. La vache du sieur François a été
abattue. Il recevra une indemnité de 3 à 400 fr.
Mars
1890 -
Infanticide.
- Mardi,
on a retiré de l'Orne, en aval du barrage du Grand-Cours, à Caen, le
cadavre d'un enfant paraissant âgé d'environ vingt jours, enveloppé
d'une serviette et la tête enfermée dans un morceau de toile
d'emballage. Ce corps était maintenu au fond de l'eau par un marteau de
fer, du poids de 700 grammes environ. On recherche l'auteur de ce
crime.
Mars
1890 -
Chute d’une pierre à l’église St-Jean.
-
Vendredi, à Caen, une pierre énorme s'est détachée des
voûtes du chœur de l'église Saint-Jean et est tombée auprès des
marches du maître-Autel, à quelques pas du sacristain. Elle a brisé
le pavage. Par mesure de précaution et en attendant qu'on ait pu
procéder aux vérifications nécessaires, le chœur est resté
inoccupé dimanche dernier pendant les offices. La messe a été
célébrée à l'entrée du chœur sur un autel provisoire.
Mars
1890 -
Vols.
- Jamais
à aucune époque les vols n'ont été aussi nombreux. Cette semaine,
tant à Caen que dans le département, on eu a constaté 35, la plupart
sont des vols de volailles et de lapins.
Mars
1890 -
Grave accident.
- Mardi,
un conducteur du train de marchandises, parti de Caen à trois heures,
pour Lison, a eu la tête fracassée au passage d'un pont entre Bayeux
et Lison. Ce malheureux a été ramené à Caen par le train arrivant à
5 heures de Bayeux, il a été transporté à l'hôtel-Dieu dans un
état
lamentable.
Mars
1890 -
Armée.
- Le
1er octobre, le 36e nous quitte, il sera remplacé
par la 5e.
Mars
1890 -
Maladie contagieuse.
- L'influenza sévit
encore dans le Calvados. On nous signale sa présence sur plusieurs
points du département, mais seulement deux cas mortels par suite de
l'imprudence des malades.
Mars
1890 -
Grave accident.
- Mardi,
un conducteur du train de marchandises, parti de Caen à trois heures,
pour Lison, a eu la tête fracassée au passage d'un pont entre Bayeux
et Lison. Ce malheureux a été ramené à Caen par le train arrivant à
5 heures de Bayeux, il a été transporté à l'hôtel-Dieu dans un
état lamentable.
Avril
1890 -
Une nouvelle épidémie.
- Une
maladie appelée la « Nona » a été signalée d'abord en
Italie, plusieurs cas viennent de se produire en Suisse, on craint
qu'elle ne gagne la France. Les personnes atteintes restent comme
mortes, cette léthargie dure quatre jours, puis on revient. Les cas de
mort sont rares.
Avril
1890 -
Pêche fluviale.
- La
pêche de tous les poissons autres que le saumon, la truite, l'ombre
chevalier et le lavaret est interdite du 15 avril jusqu'au 15 juin
compris. La pêche de l'écrevisse demeure interdite jusqu'au 1er
août.
Avril
1890 -
Cheval emporté.
- Mardi
matin à Caen, le cheval du général, monté par le planton, s'est
emballé sur le boulevard et est venu s'abattre en face de la tour
Leroy. Le militaire a été violemment projeté à terre et le cheval a
roulé sur l'homme. Celui-ci a reçu les premiers soins à la pharmacie
Le Behot, il a une blessure à la paupière supérieure et une autre à
la lèvre. Il se plaint de douleurs internes.
Avril
1890 -
Chiens errants.
- Par
arrêté, la circulation des chiens est interdite dans le Calvados
jusqu'au 5 juin, à moins qu'ils ne soient muselés ou tenus en laisse.
Sont exceptés les chiens de berger ou de bouvier. Ceux qui n’auront
pas de collier et dont le propriétaire sera inconnu dans la localité
seront abattus.
Avril
1890 -
Négligence.
- Voilà
deux mois que la borne-fontaine de la rue Saint-Pierre, près la
Belle-Fermière, est enlevée. Chaque jour, les habitants regardent vers
les chantiers municipaux. Mais, comme sœur Anne du conte, ils ne voient
rien paraître.
Avril
1890 -
Un enlèvement.
- Samedi
la nuit, deux jeunes amateurs de dames comme il en faut ont réussi à
faire échapper d'une maison de tolérance de la rue du Ham, à Caen,
une des divinités du lieu. Le dimanche matin, on a retrouvé la vestale
que ces preux avaient déjà délaissée et elle est rentrée au
bercail. Il y a eu grand émoi dans les asiles de tolérance du quartier
jusqu'au retour de cette enfant prodigue.
Avril
1890 -
Démêlés conjugaux.
- Samedi, vers 10
heures 1/2 du soir, rue Montoir-Poissonnerie, à Caen, grande lutte de
pugilat dans un ménage quelque peu à l’état d'ivresse. Après les
coups de poing de l'intérieur, coups, de poing dans la rue et cris de
bête féroce poussés par une belle-mère. Un agent est venu qui a
verbalisé.
Dimanche
soir, même rue, 8 heures, ½, une dame de la Porte-au-Berger rencontre,
place du Marché -au - Bois, son mari ayant au bras une demoiselle.
Fureur de l'épouse, mariée depuis sept ans. Coups de l'épouse à
l'époux, seau d'eau lancé par le mari à la tête de sa femme pour
apaiser ses imprécations. Rassemblement plein de gaité, écoutant les
lamentations de cette victime du mariage alors, que le mari filait avec
sa conquête. Elle va bien cette rue que le voisinage de Saint-Pierre ne
protège guère.
Avril
1890 -
La collection Langlois. -
La
rez-de-chaussée et le premier étage du Pavillon, à Caen, ont été
transformés en une charmante salle de Musée renfermant une partie
de la collection Langlois.
C'est Mme Serrand-Langlois, propriétaire à Beaumont-en-Auge, qui a
donné à la ville de Caen ces tableaux, œuvre de son oncle le colonel,
et c'est elle aussi qui a fait disposer la salle à ses frais.
Prochainement l’ouverture
Avril
1890 -
L’influenza. -
Les
alternatives de beau et de mauvais temps ont provoqué de nouveaux cas
d'influenza dans notre région. La rougeole est aussi en l'air. A
Londres, où les assurances sur !a vie sont nombreuses, les compagnies
ont eu deux millions et demi de primes à payer pour morts par
l'influenza.
Mai
1890 -
Incurie. -
Samedi,
avait lieu, au milieu d'une affluence considérable , l'inhumation de la
fille du docteur Léger morte à l'âge de 22 ans. Le mal de la pauvre
jeune fille a été aggravé par la peur qu'elle a eue d'avoir gagné la
rougeole en voyageant a côté d'une personne qui venait d'en guérir.
Dans
tout le cortège, ce n'a été qu'un cri général pour blâmer
l'incurie de l'administration qui n'a aucun soin des chemins du
cimetière et qui laisse dans un état plus impraticable encore les
voies y aboutissant.
Mai
1890 -
A propos de goutte. -
Le
Conseil général du Calvados vient d'émettre un vœu pour le maintien
du privilège des bouilleurs de cru. Beaucoup d'autres conseils
généraux se sont prononcés dans le même sens. L'un de nos confrères
demande avec humour à nos députés de se laisser convaincre. Au
cultivateur qui ne marchande jamais ni ses gouttes de sueur, ni ses
gouttes de sang, laissez sa petite goutte…. de consolation.
Mai
1890 -
Un duel aux lanternes. -
Lundi
soir, six jeunes gens se dirigeaient discrètement vers l'extrémité de
notre champ de course. L'un portait une lanterne de voiture, un second ,
des épées soigneusement enveloppées, les autres ne portaient rien.
A
l'arrivée sur le terrain, la lanterne est allumée et les épées mises
au clair. Deux des jeunes gens mettent habit bas et s'arment. L'un
s'occupe de journalisme, il est très connu au Figaro.
L'autre appartient au monde où l'on s'amuse. Le duel a duré quelques
secondes à peine. C'est le journaliste qui a piqué le bras de son
adversaire, grâce à un coup cher à de Mérignac, son maître.
Cette
rencontre a eu lieu, paraît-il, pour les beaux yeux d'une des
pensionnaires du théâtre de Caen. C'est elle, du moins, qui le raconte
à ses petites amies.
Mai
1890 -
Récompense. -
Une
médaille d'argent vient d'être accordée au sieur Albert Edouard,
adjudant à la compagnie de gendarmerie du Calvados à Caen, pour avoir
sauvé et arrêté, au péril de ses jours, un cheval emporté, attelé
à une voiture sans conducteur.
Mai
1890 -
Inhumation grande vitesse. -
Dimanche,
a eu lieu, à Caen, l'inhumation du sieur Eugène Gaucher, décédé au
Bon-Sauveur. La levée du corps était fixée pour 11 heures, le clergé
n'est venu qu'à 11 heures et demie. Sans doute pour rattraper le temps
perdu ou pour ne pas arriver en retard à dîner, le prêtre, malgré
les prières des membres
de la famille, a donné l'ordre au corbillard de prendre le trot.
Si bien que la famille et les amis étaient encore grande place
St-Gilles, lorsque le corps arrivait au cimetière d'Ouistreham.
Impossible
de dire comment le feu a pris, car, depuis le samedi soir, personne
n'était entré dans le magasin où on suppose que le feu a pris. Les
rôdeurs sont nombreux de ce côté, les nuits précédentes, on y avait
volé différents objets.
Mai
1890 -
Conseil municipale de Caen.
- Le
maire a annoncé que le 31 mai les travaux d'adduction des eaux, à
Caen, seront terminés, à l'exception de ceux de la traversée de
l'Orne au chemin de fer et à l'écluse du canal. Les travaux de
captation des sources sont aussi sur le point d'être terminés.
Juin
1890 -
Un tour de force. -
Dimanche,
M. Bertaux, du Velo-Sport Caennais, a visite, successivement, Bayeux,
Vire, Falaise, Condé, Lisieux et Pont-l'Evêque. Parti dimanche à
trois heures du matin, il est rentré dimanche soir, ayant franchi près
de 257 km. en quinze heures, déduction faite des arrêts.
Juin
1890 -
Un agent au clou. -
Ces
jours-ci, deux habitants de Caen étaient arrêtés par un agent qui
trouvait l'un d'eux plus gris que lui. Au moment où il voulait les
enfermer au bureau de la Tour, l'un d'eux s'empara de la clef, poussa
l'agent dans la tour et l'enferma le temps nécessaire pour lui donner
celui de cuver... sa mauvaise humeur.
Juin
1890 -
Les eaux de Moulines. -
Mardi
dernier, le? eaux de Moulines sont arrivées à Caen au pont de la gare
où on les a laissé couler dans l'Orne. Le nouveau service des eaux ce
tardera donc pas à être installé, à moins d'incidents imprévus.
Juin
1890 -
Découverte de cadavre. -
Lundi
matin, à Caen, on a retiré de l'Orne, près des Casernes, le corps de
la nommée Marie Gast, 28ans, fille de mauvaise vie, sans domicile fixe.
Une enquête est ouverte pour rechercher s'il
y a crime ou accident.
Juin
1890 -
Chiens enragés. - Les
possesseurs de chiens maugréent contre les ennuis que leur cause
l'arrêté sur l'interdiction de circulation. C'est ennuyeux mais
assurément indispensable. Depuis le premier chien reconnu enragé à
Caen et abattu,
plusieurs cas ont été reconnus : deux à Troarn, un à Cabourg et un
à Pont-l'Evêque. Dans cet arrondissement, plusieurs chiens suspects
sont surveillés.
Juin 1890
- Chenilles,
criquets et grenouilles. -
Dans
notre région, les chenilles ont dévasté une grande partie des
pommiers. — En Algérie, les criquets ont fait leur réapparition. Les
dégâts sont considérables. — A Yvetot (Seine-Inférieure), une
pluie de grenouilles s'est abattue sur une partis de la ville. C'est par
milliers que l'on comptait ces batraciens sur les chemins.
Juillet
1890 -
Un curé en police correctionnelle.
- M.
le curé de Vaucelles, Martin dit Martinière, devait passer aujourd'hui
en police correctionnelle. Mais, au dernier moment, on nous apprend que
l'affaire va être probablement remise, sur la demande de l'avocat du
prévenu.
Le
délit visé tombe sous l'article 201 du code pénal, punissant d'un
emprisonnement de trois mois à deux ans les ministres des cultes qui
prononcent, dans l'exercice de leur ministère, en assemblée publique,
un discours contenant la critique ou la censure du gouvernement, d'une
loi, d'une ordonnance ou de tout autre acte émanant de l'autorité.
Toutefois, le tribunal peut substituer l'amende à la prison.
Ces
jours-ci, M. Beaudoin était condamné à quinze jours de prison pour
avoir injurié le curé de Saint-Sauveur. Cela n'est pas d'un bon augure
pour M. Martin, car si le tribunal a condamné avec autant de
sévérité l’insulteur du curé de Saint-Sauveur, ayant peut-être
pour excuse un léger excès de boisson, il ne peut absoudre un prêtre,
qui a contrevenu à la loi dans la plénitude de sa raison. Certes, nous
ne demandons pas la mort du pécheur, mais une légère amende
prouverait à M. Martin dit la Martinière, et ses imitateurs, que nul
n'est au-dessus des lois.
Juillet
1890 -
Concurrence au marché de Caen.
- Nous
avons, dans le temps, parlé de l'installation, à Dives, d'un marché
aux bestiaux, en concurrence avec celui de Caen. C'est un fait accompli.
Samedi dernier, ce marché a été inauguré avec succès. Un bateau à
vapeur fera le service entre Dives et le Havre. Beaucoup d'éleveurs,
qui se plaignent à tort ou à raison des tracasseries dont ils sont
l'objet à Caen, se proposent de conduire leurs bestiaux à ce nouveau
marché.
Juillet
1890 -
Évasion de onze filles. -
Dimanche,
onze filles de mauvaise vie, internées à l'hôtel dieu de Caen, pour
raisons de santé, se sont évadées en escaladant le mur du parc à
l'aide d'une échelle double.
Juillet
1890 -
Le sort des facteurs. -
Depuis longtemps, on se préoccupe d'améliorer le sort des
facteurs. A ce sujet, un de nos lecteurs nous fait remarquer que le
dimanche l'après-midi, à Caen, les magasins sont fermés et la plupart
des habitants absents de chez eux .
De
là, il en conclut qu'on pourrait, sans inconvénient, pendant l'été,
supprimer, la distribution de trois heures du dimanche.
Nous n’y voyons pas d'inconvénient, seuls, les cafetiers pourraient
réclamer, à cause des journaux.
A
propos de poste, certains commerçants demandant, qu'en se soumettant à
la taxe supplémentaire il leur soit loisible de déposer leurs lettres
au bureau jusqu'à neuf heures, au lieu d'aller courir à la gare. Il ne
peut y avoir d'inconvénient, puisque l'administration des postes y
trouverait son profit.
Juillet
1890 -
Tapage et coups. -
Samedi soir, une des fameuses locataires de la cour de l'ancienne
Petite-Notre-Dame, rue du Montoir-Poissonnerie à Caen, a reçu d'une de
ses voisines une raclée qui lui a fait des blessures au front et à la
tête. C'est à coups de clefs que les horions étaient portés. Les
voisins tranquilles sont peu en sûreté dans les nombreux logements qui
entourent cette
cour.
Juillet
1890 -
Un jour de congé. -
Le préfet, en raison de sa nomination dans le Calvados, a
accordé le 15 juillet, comme jour de congé supplémentaire, aux
écoles primaires.
Juillet
1890 -
Tempête. -
Samedi dans la matinée, un coup de vent que rien ne faisait
prévoir s'est fait sentir sur nos côtes. Presque toutes les petites
barques sorties pour la pêche ont été jetées à la côte sur des
points éloignés de leur lieu d'attache. C'est un miracle qu'aucun
pêcheur n'ait trouvé la mort dans cette tempête.
Juillet
1890 -
Les récoltes. -
Les pluies persistantes de ces derniers temps ont compromis les
récoltes dont les apparences étaient des plus belles. La plupart des
foins ne sont pas rentrés et l'eau a pénétré dans les meulons, Les
blés et les avoines sont versés et, comme roulés, sur certains
points. On craint aussi que
l'humidité n'atteigne les pommes de terre. La récolte de pommes à
cidre sera encore moindre que l'an dernier.
Juillet
1890 -
Le commerce de Caen. -
Une réunion publique aura lieu le 1er août, à 8 heures 1/2 du
soir, à la salle Bertrand. On y discutera les moyens d'assurer la
protection due au commerce local contre la concurrence des grands
magasins et déballages.
Juillet
1890 -
Le curé de Vaucelles. -
M. Martin, dit Martinière, a comparu jeudi en police
correctionnelle
Nos
lecteurs se souviennent des incidents qui ont motivé cette poursuite.
La première communion devait avoir lieu. M. Martin écrivit à
l'instituteur et à l'institutrice des classes laïques qu'il se
réservait de surveiller les enfants de leurs écoles, appelés à
s'approcher de la sainte table. La lettre du curé de Vaucelles fut
portée au maire. Après plusieurs tentatives de conciliation, M.
Mériel prit un arrêté interdisant les processions de la première
communion. Mais M. Mériel oublia de faire approuver cet arrêté par le
préfet, ce qui n'est pas fort de la part d'un homme qui a été
longtemps chargé d'enseigner le droit administratif au lycée. M.
Martin critiqua cet arrêté par paroles et par écrit, délit prévu
par l’article 201 du code pénal qui punit les coupables d'un
emprisonnement de trois mois à deux ans, avec toutefois la faculté,
pour le tribunal de ne prononcer qu'une simple, amende.
M.
Martin dit Martinière, s'appelle Albert, tout comme M. Mériel, il est
âgé de 45 ans et demi, il est originaire de Falaise où son père
exerce encore aux environs le modeste état de menuisier. M. Martin a
été quatorze ans vicaire à Vire et huit ans curé à Pont-Farcy. Il
ne fût jamais devenu curé de Vaucelles sans la mort de l'abbé Sicot,
curé de Préaux, car, à la suite d'inimitiés assez communes entre les
membres du clergé, le curé de Préaux avait juré de profiter de ses
bons rapports avec les préfets républicains pour empêcher son
confrère d'arriver.
M.
Martin dit Martinière, à Vire comme à Pontfarcy, a laissé la
réputation d'un prêtre fanatique, violent, exalté, turbulent, mais M.
Villey, procureur de la République, a rendu hommage à sa charité et
à son austérité, il a reproché à M. Martin, alors qu'il était à
Vire, d'avoir brûlé un livre de la bibliothèque publique, non
conforme à ses idées.
L'audience,
commencée à midi, ne s'est terminée qu'à près de cinq heures,
quoiqu'il n'y ait aucun témoin d'assigné. M. Martin, dit Martinière,
est arrivé escorté de ses vicaires et de quelques jeunes prêtres de
la ville. Un seul curé était venu à l'audience, celui de
Saint-Pierre. M. Martin a été condamné à 50 fr. d'amende et aux
dépens.
Juillet
1890 -
Les eaux de Moulines. -
Les eaux de Moulines sont, depuis quelques jours, en grande
quantité dans les réservoirs. Un phénomène auquel il sera sans doute
facile de remédier se produit. Quand on donne de la pression dans les
quartiers bas, les quartiers hauts n'ont presque plus d'eau. La pression
est forte, trop forte même et amène la rupture des anciens tuyaux et
de quelques nouveaux. Malgré les prévisions, il faudra certainement
renouveler en majeure partie tout le tuyautage ancien.
Août
1890 -
Bain de Mer. -
Le soleil, la chaleur, le besoin de fuir les grands centres,
amenant sur nos côtes de nombreux hôtes. Quelques cités balnéaires
sont déjà bien garnies, et, au mois d'août, pas une chambre ne
restera à louer. D'autres plages sont soins favorisées, il y à de
grands vides. Est-ce la faute des Habitants trop exigeants ? Nous ne le
pensons pas, les difficultés d'accès en sont seules les causes.
Août
1890 -
Vélocipédie. -
On propose d'établir un impôt de 5 fr. par vélocipède. Le
produit de cet impôt serait uniquement attribué à l'entretien des
chemins vicinaux que les vélocipèdes ne détériorent pas...
Août
1890 -
L’électricité à Caen. -
Ce qui vient de se passer a propos de l'installation de
l'éclairage électrique à Caen prouve, une fois de plus, combien M.
Mériel fait ce qu'il veut de ses conseillers. Tous étaient partisans
de cette installation, le maire, seul, n'en voulait pas. Avant la
séance, il a si bien tourné ces pauvres étourneaux, en leur montrant
l'article d'un journal de Paris, qu'ils ont ajourné la solution.
Nous
ne sommes pas les partisans de la compagnie Ferranti, ses façons de
procéder et certaines clauses de ses polices d'abonnement ne nous
sourient pas. Mais ce n'est pas une raison pour ne pas reconnaître
qu'en faisant tous les frais de l'installation et en déposant le
cautionnement exige, elle travaille dans l'intérêt de la ville.
Le
directeur de la société Ferranti, en apprenant ce qui se passait, est
accouru et a démontré que les attaques dont il était l'objet étaient
fausses. M. Mériel a alors changé son fusil d'épaule. Prenant un air
bon enfant, il s'est écrié en se dandinant : « Que voulez-vous faire
à Caen ? C'est une ville morte ! On n'éclaire pas, les magasins
ferment à neuf heures. Poussé par une douzaine de boutiquiers qui vous
promettent merveilles, vous allez dépenser 4 à 500 000 fr. sans
profit, etc., etc…… »
Août
1890 -
Négligence dangereuse. -
On a bien dépavé et terrassé pour placer les conduites d'eau
dans les rues de Caen, mais on n'a rien remis en état.
Dans
le haut du Vaugueux, le pavage fait au milieu de la rue, une bosse très
dangereuse, surtout en ce moment pour les voitures chargées de foin.
C'est cependant une route départementale
et le département comme la ville sont responsables. Au haut de la rue
Graindorge, l'une des roues d'une voiture chargée de fagots s'est
enfoncée dans le sol récemment remué pour la réparation d'un
conduit. C'est vraiment miracle que le chargement n'ait pas versé sur
les passants. On a dû décharger la
voiture. Il y a urgence à aviser.
Août
1890 -
L’eau et les épidémies.
-
Il y a sur une des places Saint-Gilles, à Caen, un lavoir dont
l'eau est changée deux fois par semaine. Ainsi, pendant trois ou quatre
jours, le linge des personnes bien portantes se trouve lavé dans l'eau
où l'a déjà été celui des typhoïques, scrofuleux, etc. N'y a-t-il
pas là une cause de transmission des maladies et un danger sérieux en
temps d'épidémie ? Maintenant que la ville de Caen va posséder de
l'eau en abondance, se décidera-t-on à changer plus souvent celle des
lavoirs ?
Août
1890 -
Suspensions.
-
Sur rapports du commissaire centra!, le maire de Caen a retiré
l'autorisation de conduire, pendant un mois, au nommé Pierre Dupont,
cocher de fiacre, pour refus de conduire des voyageurs au tarif
réglementaire. La même peine à été prononcée, pour le délai de 15
jours, au cocher Louis Anne, et de 8 jours, au cocher Henri Decouty,
pour avoir réclamé une somme plus élevée que le tarif.
Septembre
1890 -
Laïcisation de l’école.
-
La religieuse directrice de l'école municipale du Vaugueux, à
Caen, étant morte, l'école va être laïcisée. Le curé de
Saint-Pierre s'occupe
de fonder une école congréganiste de filles, et dimanche il a fait à
ce propos un sermon dépassant en violence tout ce qui a pu être dit de
plus fort jusqu'à ce jour. On parle aussi de la laïcisation de
l'école Saint-Etienne.
Septembre
1890 -
Incendie. -
Jeudi, un incendie s'est déclaré rue Bicoquet, à Caen, dans
l'atelier de tonnellerie de M. Aude, grâce à la rapidité des secours,
les dégâts ont été peu importants. M. Aude n'était pas chez lui, et
deux jours avant l'incendie des malfaiteurs s'étaient introduits, avec
effraction, dans son atelier, au rez-de-chaussée, et avaient brisé des
outils. Le feu, qui s'est déclaré au premier étage, a dû couver une
partie de la nuit, et ce n'est que le matin qu'un lot de douves a pris
feu.
Septembre
1890 -
Le 5e. -
Le 5e d'infanterie arrivera à Caen lundi 29, vers
midi. Les 1er et 2e bataillons, avec
l'état-major, sont partis de Paris le 18. Ils feront séjour à
Beaumont-le-Roger le 26, d'où ils repartiront pour Lisieux le 27 et
Argences le 28.
Septembre
1890 -
Vélocipédie. -
Le championnat de France (juniors), couru le 14 septembre, à
Cognac, a été gagne sur une bicyclette Clément, munie de caoutchouc
creux la même machine qui a gagné le championnat de 100 kilomètres »
Longchamps. Bernard, agent régional, rue Samuel Bochard, près le
Bassin, Caen.
Octobre
1890 -
L’électricité à Caen. -
Depuis dix jours, le café de la Bourse est éclairé à
l'électricité. Nous avons attendu quelques jours d'essai pour être
fixé sur les résultats. Ils sont excellents. L'exemple de M. Gros sera
sans doute suivi par d'autres, mais à quel prix !
Et
dire que si la municipalité, plus amie du commerce, n'eût pas fait des
conditions impossibles aux sociétés électriques, cette lumière
serait installée aujourd'hui à Caen, et à bon compte pour les
abonnés.
Octobre
1890 -
Écoles laïques et congréganistes.
- Quoi qu'en disent ces derniers, ils ont encore du chemin à
faire pour distancer les laïques, car la rentrée a été profitable
aux écoles communales de Caen. A l'école congréganiste de
Saint-Pierre même, il n'y a qu'une vingtaine de fillettes. Le curé de
St Pierre a annoncé dimanche qu'il leur ferait le catéchisme rue de l'Engannerie,
dans l'établissement où les Sœurs ont ramassé les débris de
l'ancienne école congréganiste du Vaugueux.
A
propos de ces jeunes enfants, le curé Legrand avait déjà installé
son école de garçons chez son collègue de Saint-Gilles, le voilà
maintenant qui place son catéchisme chez son doyen, le curé de
Saint-Jean. Quel homme pour se fourrer chez les autres !
Octobre
1890 -
Chacun vit de son métier. -
Émilie Croquet, malgré ses 39 ans, estime ses charmes à 1 400
francs, rien que cela. Seulement, elle a oublié qu'il ne faut jamais se
payer par ses mains.
Voici
l'histoire : La femme Croquet, qui habite Caen, a le cœur des plus
hospitaliers. Un sieur Bechaut a eu le tort de vouloir tâter de cette
hospitalité, car, en sortant, il s'aperçut que
1 400 fr. de billets de banque qu'il avait dans sa poche avaient
disparu. Il porta plainte et la femme Croquet, a été poursuivie et
condamnée à trois mois de prison. La vieille courtisane n'y comprend
rien. Car il faut bien, a-t-elle dit, qu'elle « vive de son métier »,
et c'est pour se payer qu'elle a enlevé les quatorze billets de cent.
Octobre
1890 -
Les pommes. -
Dans le Calvados, le pays-d'Auge surtout, n'a pas de pommes, on
parle de 4 et 5 fr. la barretée. Dans la Manche, il y en a davantage,
les prix varient entre 3 et 3 fr. 50. La Bretagne est plus favorisée,
on en trouva en gare à 2 fr. 25 et 2 fr. 50. Sur certains points on les
vend au poids.
Octobre
1890 -
Petite tracasserie. -
Un indigent infirme se tenait depuis de longues années sous la
porte de l'église Saint-Pierre de Caen. Il gardait les paniers et
paquets des personnes qui entraient visiter l'église, ou faire leur
prière. Il en retirait quelques sous qui lui permettaient de vivre.
Tout d'un coup, on le chasse de ce modeste poste, et l'indigent infirme,
continuant à se tenir aux abords de l'église, se vit brutalisé par
les employés de l'église. La chasse en règle s'organisa, on ferma
tantôt la porte du jardin, tantôt celle de la place ou Marché-au-Bois.
Il paraît même qu'on a fait menacer le pauvre hère par les agents de
police. De quel droit ?
Est-ce
que le jardin St-Pierre n'est pas à tout le monde, aux malheureux
infirmes comme aux heureux protégés du presbytère ?
Octobre
1890 -
Femme noyée. -
Le cadavre d'une femme a été trouvé flottant sur l'eau dans le
canal, en face le restaurant de la tour des Gens d'armes. Ce cadavre a
été reconnu pour celui d'une employée de l'hôtel-Dieu de Caen, la
veuve Dazincourt, lessiveuse, où il a été porté. On suppose que
cette femme qui avait eu dimanche la permission de sortir quelques
heures, rentrant très tard dans la soirée, et trompée par
l'obscurité, sera tombée dans le canal.
Octobre
1890 -
Prise au piège. -
Dimanche, la nommée Modeste Lambert, 36 ans, servante chez le
sieur Livet, mécanicien, rue de l'Ancienne Halle, à Caen, étant
allée dans le jardin de son maître, situé clos Vimard, pour y donner
à manger à des lapins, a ouvert la boite servant d'abri à ces animaux
et dans laquelle le sieur Livet avait placé un pistolet chargé à
plomb destiné à recevoir les voleurs. La fille Lambert, n'ayant pas
pris la précaution de retirer la ficelle adaptée à la gâchette de
l'arme, fit partir le coup et fut atteinte à l'avant-bras gauche.
Après avoir reçu des soins, cette femme a été conduite à
l'Hôtel-Dieu. Sa blessure n'est pas grave.
Octobre
1890 -
Un régiment de Cavalerie. -
Dans sa séance de mercredi, le conseil municipal de Caen a
décidé, à la presqu'unanimité, qu'une démarche serait faite près
le ministre de la guerre par le maire, accompagné de quatre conseillers
municipaux, pour lui demander d'accorder à la ville de Caen un des
nouveaux régiments de cavalerie créés
ou à créer. Les conseillers municipaux qui accompagnèrent M. Mériel
sont : MM. Lemaître. Duvivier, Knell et Charbonnier. Un des conseillers
ayant parlé de la question des ressources, on lui a répondu d'un air
qui semblait prévoir des anicroches :
on verra plus tard.
Octobre
1890 -
L’éclairage électrique.
-
L'accord est à peu près fait entre la ville de Caen et la
compagnie nationale d'électricité. Le conseil municipal a accepté la
plupart des modifications au traité réclamées par la compagnie.
Toutefois, il exige que la canalisation passe sous les trottoirs et non
sous la chaussée. En outre, il demande que l'indemnité soit fixée à
5 % des bénéfices et non à 3 % comme le désire la compagnie.
Octobre
1890 -
Récompenses. -
M. Henri Le Doré, 16 ans, ouvrier mécanicien à Lisieux, a
reçu une médaille pour avoir, le 26 juillet, exposé sa vie en sauvant
un homme qui s'était jeté dans la Touques avec l'intention de se
détruire.
—
Même distinction à M. Alphonse-Guillaume Therin, employé d'octroi à
Caen, pour avoir, le 2 juillet, couru les plus grands dangers en voulant
maîtriser une vache furieuse.
—
Mention honorable à !a dame Deslandes, garde-barrière à Falaise,
pour avoir porté secours à une jeune fille qui se trouvait dans une
voiture dont le cheval s'était emporté.
Octobre
1890 -
Messe de départ. -
Le dimanche 2 novembre, la messe de midi à St-Pierre, sera dite
pour les jeunes soldats qui vont rejoindre leurs régiments, il y aura
instruction donnée par M. le cure de Vaucelle et salut du Saint
Sacrement, chanté par la maîtrise de St-Pierre. Les conscrits des deux
cantons de Caen y sont particulièrement invités avec leurs
familles.
Octobre
1890 -
Salubrité et santé. -
Depuis quelque temps, ce, ne sont que rapports sur enquêtes pour
rechercher les causes de l'insalubrité de certaines villes. Le docteur
Bouchet, puis M. Oger, signalent « qu'il existe à Caen un certain
nombre de puits dont les eaux, récoltées au-dessous d'un sol
imprégné de matières organiques, exposées aux contaminations des
fosses d'aisances et des égouts fermés, laissent beaucoup à désirer
au point de vue de l'hygiène ».
Nous
répondrons que de tout temps ces puits ont existé à Caen, et
cependant, autrefois, la fièvre typhoïde n'y faisait pas tant parler
d'elle. MM. Brouardel et Thoinot ont continué leur enquête au sujet de
l'épidémie de fièvre typhoïde qui a été signalée sur une partie
de la côte normande. Après avoir visité Trouville, ils se sont rendus
à Honfleur et à Villerville. L'épidémie n'a pas été constatée
dans la première de ces localités. Il n'en a pas été de même à
Villerville, là, ils ont acquis la preuve qu'une trentaine de cas de
fièvre typhoïde ou de fièvre muqueuse s'étaient produits durant une
assez courte période.
Puisque
nous sommes sur le chapitre de la santé publique, parlons d'une demande
qui a été formulée à la dernière séance du conseil municipal de
Caen et qui a passé inaperçue : il s'agit de la création d'un poste
d'inspecteur de la boucherie. L'idée est excellente, car, s'il est
nécessaire, pour bien se porter, de boire de bonne eau, il est encore
plus indispensable de manger de bonne et saine viande.
Octobre
1890 -
Vols dans les églises. -
La police procède en ce moment à une enquête au sujet de vols
commis dans les troncs de l'église Saint-Ouen de Caen.
Octobre
1890 -
Statistique. -
En
1889, il y a eu, dans le Calvados, 2 936 mariages ; 72
divorces ; 9 007 naissances légitimes, 3 996 garçons et 3 948
filles ; illégitimes, 503 garçons et 560 filles ; Mort-nés,
402. 9535 décès dont 4
878 du sexe masculin. Excédent de décès sur les naissances, 578.
Novembre
1890 -
Les suites de l’ivresse. -
La
semaine dernière, le nommé Armand Julienne, 63 ans, journalier, rue
des Teinturiers, à Caen, étant en état d'ivresse, rue Froide, est
tombé au moment où le sieur Lévy, camionneur chez M. Blochon, passait
avec une voiture. Il a été contusionné au bras droit par l'une des
roues. Il n'y a eu nullement de la faute du conducteur.
Novembre
1890 -
Les tribulations d’un curé.
- M.
l'abbé Legrand, curé de St-Pierre de Caen, a dû changer son suisse à
la suite d'incidents que nous avons eu la charité chrétienne de passer
sous silence, ce dont M. le curé a oublié
de nous féliciter en chaire.
Pour
son école, autres ennuis : M. le curé de St-Pierre a acheté des
immeubles au milieu desquels se trouve enclavé un jardin loué, avec
bail, à la propriétaire d'un... gros numéro
de sa paroisse. M. le curé, pas bégueule, a fait demander, au nom des
petits enfants, la résiliation du bail.
La dame a refusé, et il parait qu'on va plaider.
Novembre
1890 -
Les receveuses peuvent aimer.
- Par
arrêté ministériel, les receveuses sont autorisées à contracter
mariage avec le fiancé de leur choix. Une seule exception subsiste :
elle concerne les personnes du sexe masculin, remplissant une fonction
de police, comme les gendarmes, commissaires et les gardes
champêtres.
Novembre
1890 -
Les suites d’un sermon. -
La
police fait des recherches au sujet des paroles prononcées par le
premier vicaire de
Vaucelles dans son sermon de la Saint-Charles à Saint-Pierre.
S'il
est établi qu'il y a critiqué les actes de l'administration, M.
Marguerie n'aura plus rien à envier à son patron, il passera en police
correctionnelle. Mais, s'il est condamné, sa condamnation aura, pour
lui, des conséquences plus désagréables, il ne pourra être nommé à
une cure importante, car pour arriver à ce degré, il faut
l'approbation du gouvernement, et certes il ne la donnera pas à un
condamné.
Décembre
1890 -
Un Navire et équipage perdus.
- Une
dépêche de Dénia (Espagne), annonce la perte du brick « Hèloïse »,
appartenant à la maison Laffetay, de Caen. Ce brick, parti de Marseille
le 28 novembre, avec un chargement de marchandises diverses, aurait
coulé avec son équipage : le capitaine, Auguste David, et huit hommes,
parmi lesquels le matelot Paul David.
Décembre
1890 -
Froid et neige. -
Vendredi,
samedi et dimanche, le froid a été excessif à Caen. Voici quelques
renseignements relevés à Vaucelles, rue de l'Arquette. Vendredi, à 7
heures 1/2 du matin, 17° au dessous de zéro ; samedi, à 6 heures,
15° ; à huit heures,19° ; dimanche, à 6 heures, 16°. Depuis
longues années, on n’avait constaté de si basses
températures.
—
A propos du froid et de la neige, on rappelle que le 24 novembre 1788,
commence une forte gelée qui dura jusqu'au 29 janvier suivant. Le
passager de Honfleur fut six semaines sans pouvoir venir au Havre par
suite des glaces. La misère fut grande. La pain continua à augmenter
jusqu'en fin février, ce qui causa des troubles. Le 4 mars, une
émeute, causée par la cherté du pain, éclata à Caen.
Décembre
1890 -
Pour les malheureux. -
Les
dames de la société de Bienfaisance de Caen font, en ce moment, leur
tournée de charité. Nos lecteurs feront, nous en sommes assurés,
l'accueil qu'elles méritent à celles qui ne reculent devant aucune
fatigue pour grossir le
budget des pauvres.
Décembre
1890 -
ça crève toujours. -
Les
conduites d'eau de la ville de Caen ne se contentent pas de crever dans
les rues et dans les caves, elles crèvent aussi dans les appartements
et dans les magasins et occasionnent parfois de sérieux dégâts. Qui
doit les supporter ? La ville parbleu.
Les
conduites actuelles étaient destinées à subir une pression normale,
il a plu à la ville de la quadrupler, c'est donc à elle de payer les
dégâts, puisque c'est par son fait qu'ils se produisent.
Décembre
1890 -
Le froid en chemin de fer. -
A
la suite d'une réclamation du Petit Journal, les grandes compagnies
doivent chauffer tous leurs wagons. Espérons que M. Mauger, se
rappelant qu'il a été député du Calvados, les devancera, et fera
chauffer les secondes et les troisièmes sur le chemin de Caen à la
Mer.
Décembre
1890 -
Lait falsifié. -
Jeudi,
les commissaires de police de Caen ont procédé à la vérification du
lait chez divers coquetiers de la ville. Trois échantillons de lait
paraissant suspect ont été saisis pour être soumis à
l'analyse.
Décembre
1890 -
L’eau et le vin. -
Il parait que la ville de Caen va faire de sérieuses économies
sur le service des eaux, (mais dans un an ou deux seulement). En ce
moment, pas moyen d'y songer. Il faut, au contraire, prévoir de
nouvelles ruptures dans les anciennes conduites. En effet, à la séance
de vendredi, le maire a avoué au conseil qu'il y avait eu quelques
accidents de ce genre et qu'il pourrait y en avoir encore.
Albert
était trop modeste. Ça craque partout, et, au moment même où il
faisait cet aveu, il n'y avait pas plus d'eau à la mairie et aux
environs que dans le gosier de certains conseillers municipaux, qui ne
peuvent digérer l'eau de Moulines sans qu'elle soit additionnée de
trois quarts de vin.
Décembre
1890 -
Le froid en chemin de fer. -
A
la suite d'une réclamation du Petit Journal, les grandes compagnies
doivent chauffer tous leurs wagons. Espérons que M. Mauger, se
rappelant qu'il a été député du Calvados, les devancera, et fera
chauffer les secondes et les troisièmes sur le chemin de Caen à la
Mer. |