13 Août 2022

EUN SYIELLE D'HISTOUÈRE D'CALVADOS   

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CAEN

Canton de Caen

Les habitants de la commune de Caen sont des Caennais, Caennaises.

Janvier 1891  -  Vache furieuse.  -  Vendredi, à Caen, une vache que conduisaient les garçons de M. Groult, boucher rue Montoir-Poissonnerie, a été effrayée en approchant du boulevard, par le bruit des saltimbanques de la foire Mirlourette. Prise de furie, elle a échappé et n'a pu être arrêtée que rue Saint-Pierre, devant le magasin de nouveautés de M. Lecomte, à la devanture du quel elle a fait pour une dizaine de francs de dégâts. Il n'y a eu personne de blessé.

Le tapage que font à certains moments les saltimbanques de la foire peut causer, on le voit, des accidents. Il est du devoir de la municipalité de prendre des mesures pour les prévenir.

 

Janvier 1891  -  La boue du Vaugueux.  -  Il est à croire que le quartier du Vaugueux et celui du Montoir-Poissonnerie sont oubliés par l'édilité caennaise. Depuis ces jours de dégel, la boue résultant des glaces non enlevées faisait dans les rues un bourbier inconnu dans la plus mauvaise bourgade. La circulation étant grande, les magasins sont inondés d’éclaboussures et l'évaporation de ces boues est très malsaine. Après la gelée et la neige qui sont revenues, prière au maire et à la salubrité de penser à ces quartiers dépourvus d'un conseiller municipal qui puisse défendre leurs intérêts. 

 

Janvier 1891  -  Une bonne idée.  -   Un arrêté du maire de Caen prescrit l'enlèvement des neiges par les propriétaires, sous peine d'amende. Pourquoi, demande l'un de nos confrères, ne pas les faire enlever d'office par les malheureux sans ouvrage ?

En effet, on le fait bien pour les pavés des trottoirs; pourquoi ne pas le faire pour les neiges ? 

 

Janvier 1891  -  Le mauvais temps.  -   La semaine dernière, gelée et verglas, suivis d'accidents nombreux, cette semaine, gelée et neige, avec la misère pour beaucoup. Vrai, ce n'est pas gai.

 

Janvier 1891  -  Le temps.  -  C'est partout, en Europe, qu'il a fait froid et que la neige est tombée. Le nombre de morts résultant du froid n'a jamais été aussi grand et les accidents aussi nombreux. Le plus grand froid a été constaté dans la nuit de vendredi. La terre a gelé a une profondeur de 23 centimètres. Dans la Manche, il est tombé beaucoup de neige, du coté de la Haye-du-Puits, elle a atteint une hauteur de plus d'un mètre

A Toulon, il est tombé de la neige, ce qui se voit rarement ; à Nice, à Alger, de la grêle, de l'eau et du froid. Aujourd'hui, nous sommes au dégel. 

 

Janvier 1891  -  Le Normand de Paris.  -  Tel est le titre que porte une nouvelle feuille parisienne exclusivement consacrée aux gars normand qui vient de paraître à Paris. Prospérité et longue vie, voila ce que nous souhaitons à notre nouveau confrère. 

 

Janvier 1891  -  132 jours en mer.  -  Le trois-mâts anglais « West-Australian », jaugeant 600 tonneaux, venant de la Nouvelle-Zélande, avec un chargement de 820 tonnes de blé à l'adresse de MM. Solange et Anger, est entré jeudi dans le bassin de Caen. Ce voilier, qui a un tirant d'eau de 5 m. 05, a mis 132 jours à faire ce voyage.

 

Janvier 1891  -  Pas de place pour un poêle.  -  Nous avons demandé s'il était vrai qu'on ne faisait pas de feu dans l‘école de filles de la rue froide, à Caen. On nous apprend que de depuis notre question la classe des petites est chauffée. Mais les autres ne le seraient pas sous prétexte qu’il n'y a pas de place pour y installer un poêle. Espéront, qu'on finira par en trouver en cherchant bien.

 

Janvier 1891  -  Enfant disparu.  -  Le 20 janvier, le jeune Emile Bouchez, 13 ans 1/2, a quitté son patron, le sieur Foucher, cordonnier, place du Théâtre, à Caen. Voici son signalement : petit pour son âge, cheveux blonds, vêtu d'un paletot en drap noir, pantalon en drap noir à raies blanches, coiffé d'une casquette et chaussé de galoches. Bègue.  

 

Janvier 1891  -  Le 5e de Ligne.  -  Sous le titre : « Historique du 5e régiment d'infanterie de ligne» M. Bulferi, libraire à Caen, met en vente un travail des plus complets, rédigé par M. le lieutenant Démiau. C'est l’histoire de ce régiment de 1569 à 1890.

 

Janvier 1891  -  Mesure utile.  -  La Régie vient enfin de faire mettre en vente des allumettes au phosphore amorphe. Elles ne coûtent pas plus cher que les autres et avec elles il n'y a aucun danger d'empoisonnement et d'incendie. M. Tastemain et les autres dépositaires de Caen en sont pourvus.

 

Février 1891  -  Récompenses honorifiques.  -  Une médaille d'argent de 2e classe a été accordée à M. Emmanuel Frapart, sous-lieutenant de la compagnie de sapeurs-pompiers de Caen ; belle conduite dans de nombreuses circonstances, a notamment sauvé une femme dans un incendie ; 26 ans de services, une blessure. 

— Une mention honorable est décernée à Eugène Renoux, caporal au 5e d'infanterie à Caen ; s'est jeté tout habillé dans l'Orne pour porter secours à un homme sur le point de se noyer.

 

Février 1891  -  Le carnaval à Caen.  -  Cette année, le carnaval n'a pas été moins monotone que les précédentes. Vendredi, le bal de bienfaisance donné à l'hôtel de ville-a été fort brillant. On y comptait plus de quatre cents personnes. 

La quête, faite par Mmes Lepetit, général Chambert et Vérel, conduites par MM. Mériel, le colonel Bonn et le marquis de Cornulier, a atteint le chiffre de 1 644 fr. La vente des fleurs, faîte par Mmes Gosselin, Hamon, Huet, Moutier et Villey, a atteint le chiffre de 338 fr. La cagnotte des jeux a produit 179 fr. 

Dimanche, grand succès et surtout grande gaieté au bal d'enfants. On a remarqué quelques masques dans la rue. A signaler, un charlatan qui a eu mardi un vrai succès par ses boniments.

 

Février 1891  -  Est-ce pour la foi ?.  -  On a beaucoup crié contre un conseiller municipal de Caen qui loue des appartements à des demoiselles ou dames de mœurs légères. Un saint homme de notre ville, bien connu par ses excès de zèle apostolique, est dans le même cas. Il a parmi les locataires d'une maison qui lui appartient des demoiselles qui ont beaucoup péché et pèchent encore. Il les garde malgré les plaintes des voisins. Peut-être espère-t-il les convertir... à l'âge canonique ! 

 

Février 1891  -  Au moins prévenez les gens !  -  L'eau de Moulines produit à Caen bien des ennuis. Dans une assez grande quantité de maisons, les tuyaux pour la conduite de cette eau, ont crevé et causé des dégâts, dans certaines rues, des tuyaux ayant crevé également ont donné le spectacle de jets d'eau inondant et détériorant la rue.

Maintenant, voici que de temps à autre, au lieu d'eau claire et limpide, les bornes-fontaines donnent de la boue. Ce fait s'est encore produit lundi soir dans le quartier St-Gilles. Le service des eaux devrait bien prévenir les intéressés quand il ne peut momentanément leur donner d'eau potable.

 

Février 1891  -  Commencement d’incendie et accident.  -  Samedi, dans l'après-midi, un commencement d'incendie s'est déclaré rue Caponière, 114, à Caen, chez le sieur Binot, propriétaire. Le feu a pris au 1er étage de ladite maison, dans une chambre occupée par Mme veuve Pioche, 75 ans, et a été causé par une poutre qui traversait dans la cheminée et qui, en se rompant, est tombée dans la chambre, sur la veuve Pioche, qui a été renversée, grièvement blessée à la tête et contusionnée sur diverses parties du corps. Elle a été relevée et les pompiers ont rapidement éteint l'incendie. 

 

Février 1891  -  Inanition. -  Mercredi, le jeune Bigot, dont la mère, qui habite rue du Vaugueux, n'a que son travail pour nourrir cinq enfants en bas âge, est tombé d'inanition, place du Théâtre. M. Davy, cafetier, a fait transporter le malade dans son établissement, et lui a donné des soins. M. Levèque, pharmacien, place de la République, s'est empressé de venir au secours de cet enfant et l'a fait transporter à l'hôtel-Dieu. On craint que l'état du malade ne soit très grave. 

 

Février 1891  -  Mesures contre la rage. -  Un arrêté du maire de Caen interdit, jusqu'au 1er avril prochain, de sortir les chiens dans les rues de la ville, sans qu'ils soient tenus en laisse. Pourront être laissés libres, les chiens accompagnés de leur maître, circulant dans la Prairie, sur le Grand-Cours, le Cours-la-Reine, les cours Caffarelli, Montalivet et les rives du Canal. 

 

Février 1891  -  Avis aux réservistes et territoriaux. -  Tous les livrets des réservistes et hommes disponibles de toutes armées de tous les services, des classes 1880, 1881, 1882, 1883, 1884, 1885, 1886, 1887, 1888 et 1889 ceux de l'armée territoriale des classes 1872, 1873, 1874, 1875, 1876 et 1877 devront être déposés à la gendarmerie dans le plus bref délai possible.  

 

Février 1891  -  Oreilles arraché d’un coup de dent.  -  Jeudi soir, les nommés Laroche et Léon Bernières, garçons boulangers à la Maladrerie, près Caen, étaient au café et jouaient aux dominos, une discussion étant survenue à propos du jeu, Laroche fut mis hors de l'établissement par Bernières, et bousculé si violemment qu'il tomba sur le trottoir et se fractura la jambe droite. Bernières ne s'en tint pas là, voyant son adversaire à terre, il se précipita sur lui et lui arracha presque une oreille avec ses dents. 

 

Février 1891  -  Le trésor de Couvrechef.  -  Dernièrement, deux habitants de Caumont, le frère et la sœur, qui ont une maison à Couvrechef, y sont arrivés la nuit pour y déterrer un trésor qu'un sorcier leur avait dit y être enfoui. Maigre l'insistance de leur locataire qui ne voulait pas les laisser, à la belle étoile, ils n'ont pas voulu mettre le pied dans la maison avant minuit précis. Le sorcier le leur avait bien recommandé. Leurs recherches ont été inutiles, mais ils ne désespèrent pas et ils reviendront une autre nuit, car c'est entre minuit et une heure seulement que le trésor peut être découvert. Voilà des braves gens auxquels le petit vent qui a valu à Caumont son surnom de l'Eventé a aussi éventé la cervelle. 

 

Mars 1891  -  Un cheval dans une carrière.  -  La semaine dernière, à la Maladrerie, le sieur Joseph Ancelin, domestique, labourait avec la charrue dans un champ, situé au milieu d'anciennes carrières abandonnées, lorsqu'arrivé à proximité de l'une d'elles, il sentit le terrain s'effondrer, il coupa à la hâte les guides, mais il n'était plus temps, le cheval glissa avec la charrue et alla se précipiter dans une de ces vieilles carrières, dont l'orifice n'était gardé par aucune barrière. Ancelin, qui avait pu se garer à temps, n'a eu aucun mal.  

 

Mars 1891  -  1 mort, plusieurs blessés.  -  Le terrible sinistre qui vient d'éclater à Caen, a de nouveau, démontré l'insuffisance de notre matériel et l'absence, de tous engins de sauvetage. Sans la pompe à vapeur de la gare, une partie de la rue Saint-Jean était brûlée. Le jet de cette pompe, qu'un journal a pris pour la pression des eaux de Moulines, montait à plusieurs mètres au-dessus de la plus haute maison. 

Et les engins de sauvetage ? pas un. Et les échelles ? trop courtes. On a dû se servir d'échelles de couvreur et autres. A quoi donc a servi l'exhibition de l'an dernier ? Où sont les appareils expérimentés au cirque ? 

A différentes reprises, des réclamations ont été adressées à l'administration, elle a toujours fait la sourde oreille. Aujourd'hui qu'il y a mort d'homme, que répondrait-elle si on lui demandait compte de ce triste dénouement ? 

Le feu s'est déclaré samedi, vers deux heures de l'après-midi, dans la maison Brée, marchand de couleurs, à l'angle des rues, Saint-Jean et de Bernières. Une bonne avait été chargée de surveiller un instant, sur un fourneau à gaz, un mélange d'essence de cire pour faire de l'encaustique. Ce mélange s'enflamma, déborda du vase et le feu se communiqua aux essences et aux vernis. Attiré par le courant d'air de l'escalier, le feu monta rapidement jusqu'au quatrième étage. En un clin d'œil, la maison 'était plus qu'un immense brasier, entouré d'une fumée épaisse et asphyxiante, dont les flammes léchaient les maisons voisines. 

Au quatrième étage se trouvaient, en ce moment, M. Brailly, 29 ans, mécanicien à la fonderie Turquetil, sa femme et ses deux enfants, dont un au sein.

Mme Brailly, 23 ans, avec sa plus jeune fille, parvint à se sauver. Le père, qui tenait dans ses bras son autre enfant de 22 mois, resta un instant dans l'appartement afin d'y prendre des papiers importants. Lorsqu'il voulut descendre, impossible. La porte de la chambre était restée ouverte et la flamme entrait dans l'appartement. Brailly lance par une fenêtre son enfant, qui est reçu sain et sauf par M. Feigel, voyageur de commerce. Puis on le voit appeler au secours ! à l'aide ! puis plus rien. 

Deux heures après, on descendait son corps carbonisé. Ce que c'est que la fatalité. Brailly, un excellent ouvrier, avait un bras endolori par la fatigue de son métier. Il était resté ce jour-là pour se reposer et il a trouvé la mort. Et dire que si le feu avait éclaté la nuit, pas un des vingt-quatre locataires de cette maison n'eût pu se sauver. Une dame Lecointe, habitant le troisième, a été attachée avec des cordés et sauvée par MM. Menard, Lequesne et Ferdinand Blin, de la compagnie des sapeurs-pompiers. 

Tous, dans cette lamentable circonstance, ont fait leur devoir, quelques-uns ont même failli payer de la vie leur dévouement. M. Lucas, comptable de la maison Voisin, étant monté au second, avec une échelle, fut suffoqué par le feu. Il voulut redescendre, l'échelle était en feu. Il jette un matelas par la fenêtre et saute. On le relève un bras cassé, la mâchoire brisée. C'est en vain que M. Manoury  fils et un caporal du 25e de ligne essaient à leur tour de gagner le troisième. L'échelle prend feu de nouveau et se rompt. Le caporal se laisse glisser avec l'échelle et arrive par terre sans accident, pendant que M. Manoury réussit à s'accrocher au balcon du premier étage. 

M. Feigel, le voyageur qui a reçu le jeune Brailly, a été blessé au bras. L'un des enfants Brailly a été brûlé assez grièvement. Mme Brée, qui s'est trouvée un instant enfermée au milieu du feu, entre deux portes, a été gravement brûlée aux mains et au visage. D'autres personnes ont été légèrement blessées ou contusionnées. 

La maison brûlée appartient à M. Denis, elle est assurée, ainsi que le mobilier et les marchandises de M. Brée. Presque tous les locataires sont également assurés. Les maisons qui ont eu à souffrir sont la Petite Jeannette, Desjardins, peintre ; Dupuy, nouveautés ; l'Industrie-Frauçaise et l'hôtel d'Espagne. Les pertes sont estimées à 150 000 francs. 

Mme Brailly a été recueillie chez M. Laillet, propriétaire à Escoville, chez lequel elle avait été domestique. C'est là qu'elle a appris la triste fin de son mari. On fait des quêtes et des souscriptions pour venir en aide aux victimes de cet accident. Mieux vaudrait rechercher les responsabilités, et il y en a au moins pour les orphelins. 

Les obsèques de Brailly ont eu lieu mardi, au milieu d'une très nombreuse assistance dans laquelle dominait l'élément militaire. M. Mériel a prononcé quelques paroles. Moins de bagout et plus de souci de la sécurité publique ferait mieux notre affaire. M. Lucas et le petit Brailly sont toujours à l'Hôtel-Dieu. Leur état est aussi satisfaisant que possible.  

 

Avril 1891  -  Il est bientôt temps.  - Il a fallu qu'il y ait mort d'homme et que tout un quartier ait failli devenir la proie des flammes pour que l'administration se décidât à faire les frais nécessaires pour assurer la sécurité publique. Le conseil municipal de Caen s'est réuni et a voté un crédit de 5 500 fr. pour l'acquisition d'une échelle de sauvetage du prix de 2 200 francs, et 200 mètres de tuyau d'incendie, sur dévidoir. 

 

Avril 1891  -  Mise à pied des vélocipédiques.  -  Les vélocipédiques ne sont pas contents. Ressuscitant un vieil arrêté , la police a forcé cinq vélocipédiques venant de Paris à mettre pied à terre, pour traverser les rues de Caen, et de pousser devant eux leur bicycle comme une brouette. Il ne manquait plus que cela à M. Mériel pour le rendre tout à fait ridicule.  

 

Avril 1891  -  Un refus ridicule.  -  Comme la plupart des associations universitaires, celle des étudiants de Caen va avoir son drapeau, il lui a été offert par souscription. La remise de ce drapeau aura lieu jeudi 30 avril. A cette occasion, les étudiants voulaient organiser une retraite aux flambeaux avec le concours de la « Fraternelle ».

M. Mériel a refusé de l'autoriser sous prétexte que cela ferait trop de bruit dans la ville. Ce refus n'est pas seulement ridicule, il est aussi imprudent, car les étudiants sont fort capables (cet âge est sans pitié) d'organiser une petite fête avec musique fantaisiste, sans que M. Mériel puisse s'y opposer. 

 

Avril 1891  -  1870.  -  Sur la convocation de quelques anciens soldats de 1870, un certain nombre de ceux qui ont combattu pour la Patrie dans la guerre contre l'Allemagne se sont réunis. 

Après une allocution patriotique de M. Guillouard, les membres présents ont exprimé le désir de former une association amicale des anciens combattants de 1870 et ils ont procédé à la constitution d'un bureau provisoire ainsi composé : président : M. Guillouard ; vices-présidents : MM.  Paris et Levalois ; secrétaire : M. Planquette ; trésorier : M. Quesnot.

 

Mai 1891  -  La population de Caen.  -  Après révision du premier travail de recensement, on a découvert plus de 3 000 oubliés. La population de Caen, qui était en 1886 de 43 819 habitants, est de 46 417 en 1891. Il s'agit de la population totale. 

La population agglomérée est de 38 610 habitants, en 1886, elle était de 37 846. Il y a 11 996 ménages. L'augmentation est due à l'émigration des campagnes et non à l'excédent des naissances sur les décès.

 

Mai 1891  -  Vacances.  -  Les vacances, malgré les réclamations de certaines familles, restent fixées comme d'usage, au mois d'août.

 

Mai 1891  -  Toujours les lettres espagnoles.  -  L'un de nos concitoyens vient encore d'en recevoir une. Dans cette longue épître de trois pages, grand format, il est question d'un père prisonnier politique, d'une jeune fille malheureuse et d'un trésor, enfoui aux environs de Caen, dont on abandonnerait un tiers, moyennant certaines avances de fonds. Cette lettre, comme d'autres qui nous ont été remises, porte le timbre de Valladolid

 

Mai 1891  -  Rapines.  -  Les larrons qui ne manquent pas dans notre bonne ville de Caen savent qu'ils peuvent travailler la nuit sans être inquiétés par la police. 

Aussi se sont-ils, une de ces dernières nuits, introduits en escaladant les grilles, dans le chantier des travaux de l'église St-Pierre où ils ont volé une boite de compas, des jumelles et divers autres objets. Le poste de police de la Tour est tout voisin de ce chantier, mais comme c'est la nuit surtout qu'il pourrait servir à quelque chose on le ferme à la chute du jour. 

 

Mai 1891  -  Les urnes de Lechêne.  -  Dans sa dernière séance, le conseil municipal de Caen a refusé d'acheter, pour 2 000 francs, deux urnes en bronze que les héritiers du sculpteur Lechêne offraient de lui vendre.

 

Mai 1891  -  Il y a toujours des préférences.  -   Dans certaines rues de Caen, les ruisseaux sont abreuvés d'eau, d'autres n'en voient jamais. Pourquoi cette préférence ? 

Dans la rue Pailleuse, c'est encore bien plus fort. Il n'y a ni eau ni gaz. Cependant, les habitants paient leurs impôts comme les autres.

 

Mai 1891  -  M. Meriel vélophobe.  -   Les vélocipédistes ne sont pas contents. M. Mériel vient de prendre un arrêté leur interdisant les rues Saint-Jean et Saint-Pierre. En outre, ils devront être porteurs de grelots, de plaques et d'un tas d'autres quincailleries. Certain Vélocipédiste prétend que M. Mériel à pris cet arrêté pour faciliter à l'un de ses amis l’écoulement de ses vieux stocks.  

 

Mai 1891  -  La Tour des Gens-d’Armes.  - Le conseil municipal de Caen a voté des fonds pour sa réparation.

— Sur cette tour, M. Eugène Liot a publié une brochure très amusante, très curieuse par une action attachante où l'amour a sa part. Ce petit livre est illustré de deux jolies planches par Perret. En vente chez les principaux libraires et aux gares.  

 

Mai 1891  -  Fraude facile à éviter.  -  Les boîtes d'allumettes sont loin de contenir le nombre voulu. Nous aimons à croire que d'État n'est pour rien dans cette soustraction frauduleuse, mais il n'en est pas moins fâcheux que cette soustraction puisse se faire au détriment du consommateur. Il y a un moyen de mettre un terme à cet abus. Ce serait de coller une étiquette sur l'ouverture de la boîte. 

 

Juin 1891  -  Médailles de dévouement.  -  MM. Ménard, sous-lieutenant des sapeurs-pompiers de Caen ; Lequesne, sergent ; Ferdinand Blin, sapeur ; Lucas, employé de commerce, et Feigel, voyageur de commerce, ont été médaillés pour leur dévouement lors de l'incendie Brée, à Caen.

Mais on ne parle pas de ce courageux soldat tant félicité par M. Mériel. Qu'y a-t-il là dessous ? 

 

Juin 1891  -  Ouragan.  -  Lundi l'après-midi, un ouragan s'est abattu sur Caen, mais a heureusement duré peu de temps. A la gare Saint-Martin, la tente du buffet a été mise en pièces, un  employé de quincaillerie, qui se rendait avec un camion à la gare, a reçu, heureusement sans être blessé, sur le bout de sa chaussure, une lourde tabatière détachée d'une maison. Les brancards du camion ont été brisés. Dans plusieurs rues il pleuvait des tuiles, des ardoises,  dans la cour de l'école normale des filles, une cheminée est tombée. A Allemagne, des peupliers ont été déracinés.

 

Juin 1891  -  Les orages.  -  Les derniers orages ont occasionné de grands ravages dans notre contrée. Ces orages se sont fait sentir dans toute la France. A Limoges, les recolles ont été détruites par la grêle.

— Près de Château-Thierry, une femme a été tuée par les grêlons.

— C'était lundi la Saint-Médard, il a plu. En aurons-nous pour 40 jours ?

 

Juin 1891  -  Les alignements d’amis.  -  Une vieille masure, portant la date de 1637, formait, avec son jardinet, un éperon de plusieurs mètres à la jonction de la rue de la Masse-Calix et de la rue Traversière.

Cette bicoque venant d'être démolie, il eût été intelligent d'en profiter pour permettre aux deux tronçons de la rue de la Masse de se rejoindre en ligne droite. Mais on a laissé le propriétaire reconstruire avec un empiétement de cinq centimètres, alors que le passage était déjà insuffisant pour une voiture...  

 

Juin 1891  -  Découverte de cadavre.  -  Vendredi matin, à Caen, le vapeur « Chanzy », en manœuvrant dans le bassin, a fait remonter sur l'eau le cadavre du nommé Marie 30 ans, ouvrier chez M. Mancel, entrepreneur, et disparu depuis le 7 juin. Il ne portait aucune blessure. On croit à un accident. 

 

Juin 1891  -  Imprévoyance.  -  Des ouvriers couvreurs sont, en ce moment, occupés à réparer la toiture de la mairie de Caen. Mercredi, ils n'avaient pas eu la prévoyance d'interdire par un barrage le passage du trottoir. En revenant de la poste, M. Levrard, fils du marchand de papier, a reçu sur la tête une ardoise qui lui a troué son chapeau et a atteint la tète.

 

Juin 1891  -  Électricité à Caen.  -  I1 est de nouveau question, à Caen, de l'installation do l'électricité. Est-ce vrai ? 

 

Juin 1891  -  Rafle de vagabonds.  -  Dans la nuit de mercredi, les agents de police de Caen ont recueilli, sous la halle aux suifs, les nommés : Alexandre Foucher, 16 ans, rue du Vaugueux ; Dominique Maurice, 13 ans 1/2, rue du Ham ; Eugène Pétremène, 12 ans, place Saint-Gilles ; Victor Quédrue, 11 ans, rue du Vaugueux, qui s y étaient réfugiés pour y passer la nuit. 

 

Juin 1891  -  Découverte de cadavre.  -  On a retiré de la rivière l'Orne, près l'école de natation, le cadavre du sieur Louis Berhot, 60 ans, journalier à Verson. La mort est attribuée à un suicide ou à un accident. Berhot était parti de Verson depuis 6 mois, emportant 2 000 fr. On a retrouvé sur lui 1 fr. 85.

— Le cadavre d'un individu inconnu, paraissant âgé de 40 ans, a été retiré du canal de Caen à la mer. Dans les poches du noyé, on a trouvé un mouchoir marqué L. G.

 

Juin 1891  -  Les vélos.  -  Courses splendides dimanche, malgré l'absence de M. le maire de Caen qui a décliné l'honneur de faire l'honneur aux courses de vélocipèdes de sa chère présence. 

Grelots et sonnettes étaient en place, et pas un véloceman n'a couru par les rues St-Jean et St-Pierre. Nous déplorons l'absence de M, Mériel qui n'aurait pas eu une contravention à constater. Et ces messieurs les vélocemen auraient pu lui offrir un bouquet de muguet. 

 

Juin 1891  -  Noyé.  -   Samedi la nuit, William Pitlabo, 60 ans, marin anglais du steamer « Garnock », qui se trouvait amarré au nouveau bassin de Caen, le long d'un ponton de M. Jules Lamy, négociant, est tombé en voulant rentrer à bord de son navire, entre le ponton et le steamer. A ses appels, les hommes du bord se sont portés à son secours et lui ont lancé à plusieurs reprises une bouée de sauvetage, mais le malheureux marin n'a pu la saisir, et lorsque, un certain laps de temps après, on a retiré son corps de l'eau, il avait cessé de vivre, Le cadavre a été porté à la morgue. 

 

Juillet 1891  -  La cavalerie nouvelle.  -  Nous n'avons pas de régiment de cavalerie à Caen. On se demande si c'est pour remplacer ce régiment qu'on voit quelquefois parader dans nos rues quatre sergents de ville et un brigadier à cheval comme des hussards ! Cette nouvelle garde du corps de M. Mériel fait rêver et parler le monde.

 

Juillet 1891  -  Accident de vélocipèdes.  -  Nos vélocemen sont, décidément, dans une mauvaise passe. La semaine dernière, c'était M. Prempain, avocat, qu'on trouvait sur la route de la Dèlivrande, étendu sans connaissance au pied de son véloce. Aujourd'hui, il va assez bien. 

— Autre accident, vendredi soir. Le sieur Ygouf, 40 ans, douanier à Caen, boulevard Saint-Pierre, passait place des Casernes, monté sur un tricycle dépourvu de lanterne, lorsque, par suite d'une fausse direction donnée à sa machine, il est venu se jeter sur le cheval d'un coupé, conduit à une allure très modérée par le sieur Clovis Leridez, entrepreneur de voitures de place. 

Dans le choc qui s'est produit, le tricycle a été brisé et Ygouf a eu trois cotes fracturées et s'est fait de fortes contusions à la tête. La cause de l'accident ne doit être attribuée qu'à l'imprudence de Ygouf, qui avait du reste contrevenu au règlement sur la circulation des vélos.

 

Juillet 1891 -  Triste saison.  -  Triste semaine que nous venons de traverser !  Deux jours de temps passable, quoique sans cesse menaçant, et puis de l'eau, de l'eau, de l'eau.

Vendredi l'après-midi les nuages sombres, venant du sud-ouest, ont amené, sur certains endroits un véritable déluge. Plusieurs heures durant, les localités qui se trouvent dans cette direction, ravagées par cette pluie torrentielle, tremblaient pour leurs récoltes déjà compromises.

Les  orages semblent avoir été moins violents. Dieu nous préserve de ces terribles coups de foudre. Nous sommes heureux d'apprendre que le jeune homme que l'on avait dit foudroyé à Villons-le-Buissons est en bonne voie de guérison. Tant mieux ! A 20 ans, on peut espérer une longue carrière encore, mais qu'elle leçon !

Quant aux résultats de ces intempéries, il est difficile encore de les connaître au juste, les foins seront fort endommagés ;  beaucoup de blé de la plaine qui promettaient une bonne récolte, sont déjà roulé. On  nous écrit de Bény-Bocage que par suite des dernières pluies, les herbes seront assez abondantes. Et les pommes ! Une demi-année est presque assuré dans le  Bocage. Cela veut peut-être dire : pour dire qu'il n'y en a pas, moi je dis qu'il y a des pommes.

 

Août 1891  -  Paris à Caen en treize heures.  -  Un vélocipédiste de Caen, M. P. Vaussy, a parcouru la distance de Paris à Caen en treize heures.

 

Août 1891  -  Les odeurs de Caen.  -  Samedi, vers 5 heures du soir, sur le bord de la route d'Harcourt, tout près du boulevard Leroy et du bureau de l'octroi qui se trouve au haut du chemin de Montaigu, on vidait un tonneau plein de matières puisées dans les fosses de Caen. On ne pouvait respirer en passant sur la route, et l'odeur vous suivait jusqu'à la rue de Falaise. 

Est-ce qu'on ne devrait pas désinfecter ces tonneaux avant de les répandre sur l'herbe ?  Est-ce qu'on devrait les répandre ainsi au bord de la grande route, en plein jour ?

On crie après les microbes. Ils ont beau jeu au haut de la rue Branville, tout près du village d'Allemagne.

 

Août 1891  -  Téléphone.  -  Le réseau téléphonique de Caen est ouvert au service des messages téléphonés. Ces sortes de communications, distribuées par les soins du bureau central de Caen, pourront être transmises à ce bureau, soit par les abonnés, de leur domicile, soit par toute personne qui se présentera à l'une des cabines situées à Ouistreham, à Caen (port), ou à Caen. rue Singer.  

 

Août 1891  -  Cadavre d’enfant dans une église.  -  Samedi l’après-midi, on a trouvé dans l'église de St-Julien, à Caen, le cadavre d'un enfant nouveau-né du sexe masculin. Une enquête est ouverte. 

 

Août 1891  -  Blessures accidentelles.  -  Dimanche, un garçon boulanger de la rue St-Jean, à Caen, poussait un camion devant lui, contrairement aux règlements. A la tournée du boulevard St-Pierre, l'enfant Benard, âgé d'environ 4 ans, a été renversé violemment et, dans sa chute, a été blessé au front, au nez et a répandu beaucoup de sang. Il a été pansé à la pharmacie Le Behot. Les blessures n'auront pas de suites. 

 

Août 1891  - Vélocipédie.  -  Le préfet du Calvados est encore plus exigeant que le maire de Caen. A l'avenir, dans le Calvados, les vélocipèdes devront être munis d'une plaque portant le nom de leur propriétaire, et de grelots d'un son assez clair pour être perçu à une distance de 100 mètres au moins. Les vélocipédistes tiendront toujours la droite. Ils devront sonner de la trompe, ou faire vibrer un timbre, jusqu'à ce que les piétons se soient écartés, et, si ces derniers ne se rangent pas, ils seront tenus d'arrêter leur vélocipède. Aussitôt après le coucher du soleil et au plus tard à partir de 4 heures en hiver et de 8 heures en été, les vélocipèdes devront être munis d'un falot.

 

Août 1891  - La pluie.  -  Une tempête épouvantable, accompagnée et suivie de pluie, a désolé notre région. On a fait un compte désolant. Depuis le 1er janvier 1891, il a plu 150 jours.

 

Septembre 1891  - ????.  -  Est-il vrai qu'un enfant israélite, décédé à Venoix, a été enterré dans un coin du cimetière de cette commune ? Le maire de Venoix aurait, dans ce cas, violé la loi de novembre 1881, déclarant qu'il ne doit y avoir aucune distinction de cultes dans le cimetière communal.

 

Septembre 1891  -  Les déshérités.  -  Il parait que notre administration se fait tirer l'oreille pour installer des conduites d’eau dans les quartiers extrêmes. Cependant les habitants de ces quartiers déshérités, paient leur part des millions qu'a coûtés l'adduction des eaux de Moulines. 

Comme toujours, il y a des coins privilégiés. On nous indique une impasse éloignée où un tuyautage coûteux a été installé pour donner de l'eau à une seule maison. Hâtons-nous de dire  qu'elle est habitée par le parent d'un de nos conseillers municipaux.  

 

Septembre 1891  - ????.  -  Est-il vrai qu'un enfant israélite, décédé à Venoix, a été enterré dans un coin du cimetière de cette commune ? Le maire de Venoix aurait, dans ce cas, violé la loi de novembre 1881, déclarant qu'il ne doit y avoir aucune distinction de cultes dans le cimetière communal.

 

Septembre 1891  - Voiture à vapeur.  -  MM. Menier frères, chocolatiers à Paris, sont venus à Caen dans un très beau phaéton mit par une machine à vapeur chauffée au coke, renfermée dans un coffre placé en arrière et qui disparaît sous un siège mobile sur lequel le mécanicien est assis. Ils sont repartis, après avoir déjeuné au restaurant Fabre, place du Marché-au-Bois.

 

Septembre 1891  - Le mauvais temps.  -  La pluie continue dans notre région. Les récoltes seront rentrées en très mauvais état.  Des prières sont dites à la Délivrande pour obtenir un temps plus favorable aux biens de la terre.

 

Septembre 1891  - Convois d’aliénés.  -  180 aliénés, hommes et femmes, sous la surveillance de quarante-cinq gardiens de l'assistance publique, ont été expédiés de Paris à destination de Caen et de Pont-l'Abbé. Chaque mois, on expédie ainsi le trop plein des fous de Paris.

 

Septembre 1891  - Musée.  -  Celui de Caen vient de s'enrichir de trois dauphins bec d'oie, d'une longueur de sept mètres, qui ont été péchés vivants à Auderville (Manche). La présence de ces animaux avait été signalée sur tout le littoral. 

 

Septembre 1891  -  Les manœuvres.  -  Les manœuvres dans le Calvados sont terminées. Elles ont été faites par une chaleur torride, dont les réservistes surtout ont beaucoup souffert. Plusieurs ont été ramenés et mis à l'hôpital. Le 5e est rentré mercredi à Caen.

 

Septembre 1891  -  Un oubli regrettable.  -  Mardi, on a transporté, de son domicile en l'église Saint-Etienne de Caen, le corps d'une femme dans un cercueil non recouvert du drap mortuaire. La porte du domicile mortuaire n'était pas non plus tendue et le corps a dû être porté à bras jusqu'au cimetière. La faute n'en est pas aux personnes chargées de l'inhumation, mais à un oubli regrettable de l'église, qui n'avait pas, malgré sa promesse, fait prévenir l'entrepreneur des pompes funèbres. 

 

Septembre 1891  -  Retour de Brest.  -   M. Bertaux, cycliste caennais, est arrivé le 18e sur 207 concurrents, dans la grande course de Paris à Brest. On lui a fait une très belle réception.

 

Septembre 1891  -  Un marcheur qui n’a pas de cors.  -   M. Bénard, élève en pharmacie chez M. Levêque, avait parié de faire à pied le trajet de Bayeux à Caen en 2 heures. M. Bénard, parti à, 6 heures du soir de Bayeux, est arrivé à Caen à 7 h. 50.  Les dépêches télégraphiques mettent plus que ça.

 

Septembre 1891  -  A la mer.  -   La plus grande marée de l'année aura lieu dimanche. Elle marquera 117. La mer sera pleine sur nos côtes vers 10 heures 1/4.

 

Septembre 1891  -  Les odeurs de Saint-Pierre.  -   Dans le chantier installé pour les travaux de l'église Saint-Pierre de Caen, les artistes qui fouillent si habilement la pierre sont fortement incommodés par les odeurs qui se dégagent des lieux d'aisances du presbytère. Un simple mur sépare l’atelier principal de ce lieu d'infection. Est-ce qu'on ne pourrait pas ou désinfecter ou vider la fosse ? Où est donc la commission d'hygiène ?  

 

Octobre 1891  -  Pas d’allumettes.  -  Impossible en ce moment, à Caen, ville de 45 000 âmes, de trouver des allumettes suédoises. Quand on en demande chez les marchands, ils répondent : Nous ne pouvons en obtenir de l'administration. Est-ce que le gouvernement aurait pris le monopole des allumettes pour nous en laisser manquer ? (Source B-N)

 

Octobre 1891  -  Frais inutiles.  -  L'état désastreux de certaines chapelles de l'église Saint-Pierre de Caen va nécessiter d'abattre un petit pavillon attenant à l'église. On doit reconstruire sur une vieille cuisine un nouveau pavillon en remplacement. Pourquoi ces frais, si on doit faire disparaître le presbytère dans un délai rapproché ? (Source B-N)

 

Octobre 1891  -  Le coureur Besnard.  -  M. Besnard avait, on le sait, parié qu'il partirait de Luc, dimanche dernier, au premier coup de sifflet annonçant le départ du train de 3 h. 15 et qu'il serait à Caen, au restaurant Fabre, avant ses adversaires venus par le train. Ce pari a été annulé. Après avoir fait les deux premiers kilomètres en 6 minutes, M. Besnard a dû s'arrêter, ses chaussures, trop lourdes, lui blessant les pieds. Il n'en a pas moins, après cet arrêt, continué sa route jusqu'au restaurant du Calvaire St-Pierre, et a parcouru les 12 kilomètres en 55 minutes. (Source B-N)  

 

Octobre 1891  -  Les régiments mixtes.  -  Les officiers et soldats du 23e territorial d'infanterie affectés à la formation du 205e du régiment mixte (2e et 3e  bataillons) sont arrivés à Caen. Le régiment sera réuni sous le commandement de M. le lieutenant-colonel de la Villatte jusqu'au 28 de ce mois. Il sera formé à trois bataillons : le 1er sous les ordres du commandant de Frageais du 5e de ligne, le 2e sous ceux du commandant Jacquier, le 3e du commandant Vermont. (Source B-N)

 

Octobre 1891  -  Ce qu’il en coûte d’être propriétaire.  -  Le curé et les membres de la fabrique de Moulines ont écrit au conseil municipal de Caen pour lui exposer que leur église a besoin d'un autel. Ayant peu de ressources, ils s'adressent aux plus riches propriétaires du pays. Or, la ville de Caen étant devenue, par l'acquisition des sources, le plus Important propriétaire de Moulines, c'est à ce titre que la fabrique espéré que la ville voudra faire quelque chose pour la modeste église de ce village.

Sur l'avis du maire, les conseillers municipaux de Caen ont répondu que, dans la situation des finances de la ville, ils doivent réserver toutes leurs ressources disponibles pour les indigents qui sont à sa charge.

Après ce vote, il est à présumer que ce ne sera pas de l'eau bénite qui nous viendra de Moulines. (Source B-N)

 

Octobre 1891  -  Les réservistes.  -  Les « treize jours », qui en feront, à l’avenir quatorze, sont sous les drapeaux. Les hommes incorporés au 5e portent le numéro 205 et ceux du 36e le 236.

Ces régiments mixtes sont destinés à doubler, en cas de guerre, notre armée de première ligne.

Ces hommes vont partir en campagne et se rencontreront à mi-route de Falaise, entre Bretteville et St-Sylvain, avec le 236e qui représentera l'ennemi.  (Source B-N)  

 

Novembre 1891  -  Est-ce la fin du monde ?  -  Inondations dans le midi de la France ; neige en Espagne et à Madrid ; choléra à Damas ; influenza à Londres et en Australie, et même en France, dans Maine-et-Loire ; tremblement de terre au japon, 3 000 victimes ; disette dans le nord de la Suède, sans compter les accidents des chemins de fer.  (Source B-N)

 

Novembre 1891  -  Le cyclone, calvaire abattu.  -  Pendant la nuit de mardi et une partie de la journée de mercredi, un véritable cyclone s'est abattu sur Caen. Il a causé de grands dégâts aux toitures, aux cheminées et dans les jardins. Beaucoup d'arbres ont été abattus. Le calvaire de la paroisse St-Pierre, érigé route de la Délivrande, a été renversé et brisé en trois morceaux. Curieux détail : le Christ était creux et percé sous les bras. On a constaté qu'il était plein de miel. Un essaim d'abeilles y avait, sans façon, installé sa ruche. 

— Le même cyclone a sévi sur tout l'Ouest. A Paris, il a causé des accidents de personnes. (Source B-N)

 

Novembre 1891  -  Population.  -  En 1890, il y a eu dans le Calvados : mariages, 2 920 ; divorces, 66 ; naissances, 8 709, dont 7 649 légitimes et 1 060 illégitimes ; décès, 10 474 ; mort-nés, 405. Soit un excédent des décès sur les naissances de 1 765. 

— Manche : mariages, 3 289 ; divorces. 24 ; naissances, 10 974, se divisant en 10 274 légitimes et 700 naturelles ; décès, 11 828 ; mort-nés, 484. L'excédent des décès sur les naissances est donc de 854. 

— Dans l'Orne : mariages, 2 320 ; divorces, 44 ; naissances, 6 055, se divisant en 5 732 légitimes et 323 naturelles; décès, 9 192 ; mort-nés, 244. L'excédent des décès sur les naissances atteint donc le nombre de 2 137.  (Source B-N)

 

Novembre 1891  -  Sport vélocipédique.  -  Dimanche dernier, M. Bresson a parcouru sur la route de Caen à la Délivrande 240 kilomètres en 12 heures. La bicyclette Clément pneumatique, sur laquelle cette belle performance a été effectuée, est exposée dans le magasin de M. Bernard, agent régional de la maison Clément, rue Samuel-Bochard, Caen.  (Source B-N)  

 

Décembre 1891  -  Enfant maltraité.  -  : Les nommés Albert Lapoirre, 31 ans, domestique, et Angèle Legouix, 25 ans, journalière, demeurant place Saint-Sauveur, à Caen., sont poursuivis pour coups et mauvais traitements envers le jeune Louis Legouix, âgé de 4 ans.  (Source B-N)

 

Décembre 1891  - ???.  -  Quel accident était donc arrivé, samedi, aux eaux de Moulines ?  Elles n'ont pas coulé dans plusieurs quartiers de Caen, et, le soir, beaucoup de petits ménages ont dû se passer de soupe.  (Source B-N)

 

Décembre 1891  -  Une nouvelle industrie.  -  Les eaux de Moulines vont doter Caen d'une nouvelle industrie. Une grande distillerie va être établie pour purifier lesdites eaux et les vendre au public, vierges de tout calcaire. Cette idée est venue à la suite de constatations faites par les marchands de vins qu'il était impossible de se servir des eaux de Moulines pour les coupages. Mais, si cette eau altère le vin et l'alcool, elle doit aussi troubler le cidre, ce qui serait plus grave .  (Source B-N)  

 

Décembre 1891  -  L’électricité.  -  Elle va, assure-ton, bientôt éclairer Falaise et Honfleur. Et à Caen, quand ?... (Source B-N)

 

Décembre 1891  -  L’Influenza.  -  Cette maladie sévit avec rage en Allemagne, en Russie, en Écosse, à Londres, à Paris, en France un peu partout. Quelques cas ont été constatés à Caen. Se tenir chaud, de la gaîté, pas d'excès, un petit verre de cognac ou un gros bien coiffé sont les ennemis de l'influenza. 

La mairie annonce trois cas mortels de diphtérie, en dix jours. 

En ne voyant pas le curé de Saint-Pierre à l'office, dimanche, le bruit s'était répandu qu'il était malade, très malade. On avait même ajouté qu'il avait reçu les derniers sacrements. Heureusement, c'était un faux bruit, M. le curé de Saint-Pierre, quoique un peu souffrant, ne couve pas de maladie.  (Source B-N)

 

Décembre 1891  -  Noces d’or.  -  Lundi, M. et Mme Le Seigneur, propriétaires, rue Basse, à Caen ont célébré leurs noces d'or en l'église St-Pierre, au milieu d'une affluence considérable. Les époux cinquantenaires réunissent à eux deux près de 150 ans.   (Source B-N)  

 

Décembre 1891  -  L’électricité.  -  Elle va, assure-ton, bientôt éclairer Falaise et Honfleur. Et à Caen, quand ?... (Source B-N)

 

Décembre 1891  -  Patinage.  -  On a patiné dans la prairie. Si le froid persiste, le comité organisera des fêtes. En patinant mardi, Mme Levard, s'est luxée le poignet. (Source B-N)

 

Décembre 1891  -  La bêtise humaine.  -  A la suite de chagrins et de peur violente, une jeûne fille de la rue de Vaucelles, à Caen, a été prise de transports au cerveau. Elle va mieux aujourd'hui. Les personnes qui la soignent ont été obsédées par leurs voisins qui leur reprochaient de s'adresser aux médecins et les engageaient à consulter des tireuses de cartes ou des sorciers pour sauver cette jeune fille d'un mauvais sort jeté. Il a fallu menacer ces nigauds de la police et du parquet, pour être débarrassé d'eux, tant est grande encore la bêtise humaine. (Source B-N)  

 

Janvier 1892  -  L’influenza.  -  L'influenza continue de sévir non seulement en France mais dans toute l'Europe et en Amérique. Le duc de Clarence, fils du prince de Galles, héritier du trône d'Angleterre, a été enlevé en quelques jours. Il allait épouser une princesse d'Allemagne. L'influenza a enlevé également le cardinal Manning, chef des catholiques anglais, le cardinal Simeoni, préfet de la Propagande au Vatican, et le général des Jésuites. Il y a 6 000 malades dans les îles anglaises de la Manche.

Les cas sont nombreux dans l'Orne et la Manche. A Avranches notamment, on compte 2 000 malades. Parmi les victimes que le fléau a faites dans le Calvados est M. Renaud, conseiller honoraire à la cour d'appel, demeurant à Falaise. Il avait 91 ans.

En général, la maladie est assez bénigne à ses débuts, mais, si le malade commet quelque imprudence avant sa complète guérison, il survient des rechutes accompagnées de complications très graves. La plus grande prudence est donc de rigueur.

A Caen, il y a eu cette semaine 60 décès. L'an dernier dans la semaine correspondante, il y en avait eu 45.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1892  -  Mauvais début.  -  Pas bon le début de 1892 pour Caen. La mortalité, malgré l'eau de Moulines atteint un chiffre inusité, en un seul jour, on a inscrit 19 décès. 

La ville, comme cadeau, d'étrennes, a augmenté les droits d'octroi sur la viande. Les bas morceaux qui ne payaient pas autrefois, sont taxés, et les bouchers vont augmenter jusqu'à la courée. 

Nos conseillers municipaux ont abaissé une taxe exorbitante qu'ils avaient mise inconsidérément sur certaines huîtres. S'ils ont quelque compassion de l'indigence, ils devraient bien ainsi diminuer les droits qui frappent les issues et abats de viande. 

Au premier janvier, il n'y a pas eu de réceptions, au grand préjudice des tailleurs, cordonniers, chemisiers, coiffeurs, cochers, etc…… Du reste, il faut avouer que notre ville est tristement représentés. Le préfet et le maire sont veufs pour le moment du moins. 

Le procureur général est veuf aussi et si le premier président ne l'est pas, c'est tout comme. 

Pour le reste, c'est à l'avenant : nos sénateurs sont vieux, malades ou absents, les députés ne reçoivent pas. Le recteur profite du 1er janvier pour aller faire une ballade à Paris, pendant que le trésorier-payeur fait sa caisse. Quant aux sous-préfets et autres sous-fonctionnaires du département, ils imitent leurs Chefs et restent dans leurs coquilles.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1892  -  L’influenza.  -  Cette grippe, pour l'appeler par son nom, fait de grands ravages à Caen, parmi les personnes âgées.

— Dans plusieurs communes des environs, c'est une véritable épidémie. 

— Du reste, partout on France, on nous signale de nombreux cas. En Belgique c'est pire encore. En Italie, il y a de nombreux cas, à Milan, la mortalité a monté de 30 à 100 par jour. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1892  -  28 heures de traversée.  -  Lundi, à 6 heures du matin, « l'Hirondelle », l'un des meilleurs bateaux de la compagnie, quittait le Havre pour venir à Caen. La mer était calme, mais, il faisait un brouillard insondable. En allant tout doucement, le vapeur arriva devant Hermanville, puis, plus moyen d'avancer. Le capitaine fit jeter l'ancre et le bateau, avec ses quatorze passagers, resta là, sans mouvement, pendant 22 heures.

Et rien, ou peu de chose à se mettre sous la dent. Les passagers parlaient déjà de faire rôtir l'un d'eux, pesant 200 environ, lorsque le soleil souleva enfin le brouillard et permit à « l’Hirondelle » d'aborder le quai de Caen après 28 heures de traversée.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1892  -  Découverte de deux cadavres.  -  Dimanche, à Caen, on a retiré de l'Orne, en face le poste de la douane, les cadavres d'un homme de 40 ans environ et d'une femme de 30 à 35 ans, attachés par le poignet avec une ficelle. Ces corps avaient séjourné trois semaines dans l'eau. Une pièce de vers trouvée sur l'un d'eux, portait Hippolyte Lemaidier à Amélie Loir. On suppose que ce sont leurs noms. Sur l'homme on a trouvé une pipe en coquillages, une note de l'hôtel Georget, à Saint-Lô, acquittée à la date du 16 janvier 1892, et un porte-monnaie contenant une cartouche Lebel et une pièce de 50 cent, de monnaie étrangère. La femme était grande, blonde ardente, vêtue d'un grand manteau noir, chaussée de bottines en drap claquées en vernis, presque neuves, elle avait une petite glace dans sa poche.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1892  -  Le marché aux bestiaux à Caen.  -  Sur le rapport de M. Hébert, le conseil municipal a adopté un projet d'appropriation de la place Saint-Martin et d'une partie des promenades Saint-Julien pour l'installation du marché aux bestiaux et de ses annexes. Le devis s'élève à 30 000 fr. La commission des finances est chargée de les trouver, ce qui offrira peut-être quelques difficultés, le budget de 1892 étant chargé déjà de pas mal de crédits à prendre sur les fonds libres qui paraissent totalement absents de la caisse municipale. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1892  -  Commis-Docteur.  -  Les malheureux savent combien les malades indigents ont toujours eu du mal à se faire admettre à l'hôtel-Dieu de Caen. Aujourd'hui, c'est pis que jamais, un commis des entrées se mêlant aux consultations et donnant son avis, comme un vrai docteur, sur l'admission des malades. Ce ne serait que risible, si les malheureux n'en pâtissaient pas. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1892  -  La neige.  -  Mardi, l'hiver a fait sa rentrée. La neige est tombée en abondance. Mercredi, il y en avait une couche de 25 centimètres dans les rues de Caen. Dans les campagnes, la neige amoncelée rendait la circulation difficile en certains, endroits. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1892  -  Assassinat à Beaulieu.  -  Le sieur Pavy, gardien à Beaulieu, était de service samedi à l'atelier de la vannerie, ayant adressé une observation au détenu Jean, dit Tardieu, condamné à cinq ans pour vols, celui-ci s'élança sur lui et lui porta un coup de serpe. Pavy tomba. Les détenus se rendirent maîtres de l'assassin et portèrent secours à Pavy. La blessure s'est aggravée. Il est décédé mardi dernier laissant une femme et trois enfants sans ressources.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1892  -  Tramways.  -  Une enquête est ouverte jusqu'au 21 mars, sur l'avant projet du tramway de Caen à Ouistreham à établir sur la rive gauche du canal.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1892  -  Pigeons voyageurs.  -    La distribution des récompenses offertes par M. le ministre de la guerre aux lauréats des concours de la Fédération colombophile du Calvados en 1891 aura lieu, sous la présidence du général Chambert, le dimanche 6 mars, à 3 heures à l'hôtel de ville, avec le concours de la musique du 5e. Un grand lâcher de pigeons voyageurs aura lieu, avant la distribution sur la place de la République.   (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1892  -  La foire de Caen.  -  Parmi les attractions citons : le cirque Rancy_; la ménagerie Roussel ; le théâtre Casti ; le musée d'anatomie Laurier ; le théâtre Postel ; le musée Bonnefoy ; le théâtre des Kakatoès, etc….. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1892  -  Prédictions de Nostradamus.  -  Voici ce qu'on lit dans les Centuries de cet astronome : 

Nonante-deux (1892) verra trois marmites, 

Par quatre fois, maisons mettre en poussière. 

Sera sauvé l'enfant avec sa mère, 

Et prise malfaiteurs presque subite.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1892  -  Un chef-d’œuvre.  -  A signaler la magnifique carte du Calvados, dressée par M. J. Canon, notre compatriote, et publiée par la librairie Baer, passage Bellivet, à Caen. Pas un département n'a de carte aussi belle.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1892  -  Une balle égarée. - L'un de nos confrères raconte que la semaine dernière, les réservistes de la Caserne du Château s'exerçaient au maniement du fusil Lebel avec des cartouches en bois, lorsque, soudain, un coup de fusil partit, une balle passa entre plusieurs files de soldats qui faisaient l'exercice à 50 mètres de là et alla se perdre dans la campagne. On ne sait pas comment cet accident s'est produit, mais on suppose que cette cartouche avait été laissée par mégarde dans le magasin du fusil. Toujours est-il que l'accident aurait pu  avoir des suites désastreuses, car on sait que la balle du fusil Lebel peut traverser la poitrine de quatre hommes sac au dos. Le réserviste a eu huit jours de prison. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1892  -  Mort d’une piqûre de clou.  -  La veille de Pâques, le sieur Eugène Hébert, employé au chemin de fer, demeurant au hameau du Four-à-Ban, près Caen, avait été piqué à l'orteil par un clou de sa chaussure. Il négligea cette légère blessure, mais, le lendemain, le pied avait enflé, il fut obligé de s'aliter. 

Deux jours après, le tétanos se déclarait, et le mal fit de si rapides progrès que le malheureux Hébert est mort dans d'affreuses souffrances. Il n'avait que 42 ans.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1892  -  De Paris à Caen en bicyclette.  Dimanche dernier, MM. Aubry et Marc ont effectué, en bicyclettes pneumatiques Clément, le trajet de Paris à Caen en 11 heures de marche.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1892  -  Un ivrogne douché.  -   Mardi, à Caen, des agents de police aperçurent un individu, en chemise, monté sur le toit d'un petit bâtiment dont il arrachait les ardoises. Sommé de descendre, notre homme, de son métier tailleur de pierre, s'y refusa énergiquement et ce ne fut qu'au moyen d'un fort jet d'eau fourni par la pompe à incendie du quartier qu’on put se rendre maître de lui. Ce ne fut pas, ensuite, sans peine que les agents le menèrent au poste, l'un d'eux eut sa capote mise en pièce par cet alcoolique, que la douche n'avait pas complètement calmé. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1892  -  Défi.  -   M. Bresson, de la société des Cyclistes normands, ayant parcouru en 13 heures ½, consécutives, la route de Paris à Caen, porte un défi de 100 fr. qu'il battra M. Marc, qui prétend avoir fait ce même parcours en 11 heures. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1892  -  Vélocipédie. - La course de Bordeaux-Paris a été un nouveau succès pour la maison Clément. MM. Stéphane et Vigneaux ont remporté les premiers prix, battant les temps des grands coureurs anglais Mills et Holbein. 

Une bicyclette pneumatique Dunlop, semblable à celle que montait M. Stéphane, est exposée chez M. Bernard, agent de la maison Clément, rue Samuel-Bochard, près le Bassin, Caen.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1892  -  Mort Incendie de deux scieries. -  Vendredi, vers minuit, le feu s'est déclaré dans les chantiers du Nord, à Caen. A l'appel du tocsin, la population, les autorités, les pompiers, la gendarmerie et le régiment sont accourus sur le lieu du sinistre. La pompe à vapeur de la gare était là avec M. Huet, chef principal, qui commandait. 

Tout le monde a fait son devoir, à l'exception d'un propriétaire qui n'a consenti à laisser prendre de l'eau dans son fossé que sur la menace d'un procès-verbal. 

Malgré la rapidité des secours, très bien dirigés par le capitaine des pompiers, la grande construction contenant, les machines est complètement brûlée, les scieries n'existent plus. Une certaine quantité de bois a été également atteinte par l'incendie. Des piles entières eussent été brûlées sans le dévoilement des soldats. Les chevaux ont pu être sauvés, il n'y a pas eu d'accident de personnes. Les pertes sont estimées à 275 000 fr. pour les machines et à 15 000 fr. pour les bois. Le tout est assuré à une dizaine de compagnies, l'Union et le Soleil en tête : 300 000 fr. pour les machines, 1 200 000 fr. pour les marchandises et autres risques. Les directeurs des chantiers vont être obligés de remercier un certain nombre d'ouvriers. L'établissement de nouvelles machines demandera assurément plusieurs mois. 

La cause du sinistre ne peut être attribuée qu'à des couvreurs ayant travaillé dans la journées à faire des soudures sur la toiture. C'est un douanier qui a, le premier, aperçu le feu dans la toiture. Dans ce quartier, il n'y a pas de bouches d'eau, par cette raison que les conduits sont trop petits. Peut-être maintenant songera-t-on à faire une nouvelle canalisation. Sans la pompe à vapeur de la gare, manœuvrant sous l'ordre de M. Huet, au milieu d'une fumée aveuglante, c'en était fait des approvisionnements des chantiers du Nord, de la minoterie Anger et de la scierie Savare. Dans tous les grands incendies, la pompe de la gare joue un rôle décisif. Cependant, nous n'avons pas encore appris que des gratifications et des récompenses aient été données à ces volontaires du dévouement.

Dans uns lettre adressée à nos grands confrères, les directeurs des chantiers du Nord remercient, avec la plus vive reconnaissance, les nombreuses personnes venues à leur secours pour combattre le terrible sinistre qui les a frappés. Ces actes spontanés de dévouement et de sympathie sont de ceux que l'on n'oublie jamais.

La nuit précédente , vers une heure, un autre incendie s'est déclaré à Juaye-Mondaye dans la scierie de M. Anatolie, section de Couvert, et a rapidement pris des proportions considérables. Les bâtiments de la scierie et les bois qu'elle renfermait, ont été la proie des flammes. On suppose que le feu a été mis par la machine à vapeur, encore allumée. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1892  -  Lenteurs de la justice.  -  Samedi, M. Engerand a adressé au ministre de la justice la question dont nous avons parlé, sur les lenteurs de la justice, en ce qui concerne notamment les pauvres admis à  l'assistance judiciaire. Le  ministre a répondu qu'un projet de loi va remédier à cette situation. 

Au 31 décembre 1891, il y avait 14 260 affaires en retard, dont 4 340 attendant depuis plus d'un an, 1 718 depuis plus de deux ans, 1 208 depuis plus de trois ans. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1892  -  Statistique.  -  Pendant la quinzaine de la foire, il y a eu en gare de l'Ouest, à Caen, un mouvement de 53 000 voyageurs, moitié à l'arrivée, moitié au départ. En 1891, il n'y avait eu qu'un mouvement de 41 000 voyageurs. 

Faut-il attribuer cette augmentation au beau temps ou à la diminution des prix ? Nous ne savons, Nous constatons, voilà, tout.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1892  -  Prochaine exécution à Caen.  -  Henri Tardieu, condamné à mort par le jury du Calvados, pour assassinat d'un gardien de Beaulieu sans motif, pour le plaisir de tuer, sera certainement exécuté. Du reste, Tardieu ne se fait pas d'illusion. Son attitude est toujours la même.  

Au gardien-chef qui lui demandait un jour s'il avait besoin de quelque chose, ce misérable a eu le cynisme de répondre : « Oui, envoyez-moi des petits garçons pour que je m'amuse avec eux. » Tardieu n'a que 25 ans. Il a déjà subi cinq condamnations. 

Jean Beaudrouet, l'assassin de Cordebugle, condamné à mort pendant la même session, sera gracié.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1892  -  Les chaleurs.  -  Tous les ans, les grandes chaleurs augmentent le contingent des malades militaires. Un certain nombre d'hommes de notre garnison, atteints de fièvre, sont entrés à l'hôtel-Dieu la semaine dernière, mais le mal ne paraît pas avoir de caractère épidémique. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1892  -  Nos marcheurs.  -  Le Petit journal avait ouvert un concours de marche, distance 500 kil. de Paris à Belfort. 

Les-vainqueurs sont MM. Ramogé et Gounet. Des ovations splendides ont été faites. Plusieurs normands y ont pris part : M. Raoul, de Caen, est arrivé le 223e  ; M. Le Martinel, de Bayeux, le 242e. Moyenne, 15 lieues par jour. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1892  -  Tir.  -  Dimanche, à Caen, au stand des fossés du Château, une cible spéciale sera réservée aux anciens combattants de 1870- 1871.   Prière de se munir de sa carte.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1892  -  Les condamnés à mort.  -  Quelques lignes hâtives publiées par l'un de nos confrères au sujet de Tardieu, condamné à mort pour assassinat d'un gardien de Beaulieu, ont mis sur pied, pendant plusieurs nuits, les amateurs d'exécution. Comme nous l'avons dit dans notre dernier numéro, il est probable que Tardieu, à cause de ses antécédents, ne sera pas gracié, le jour de son exécution est même proche. 

Le pourvoi en cassation de Tardieu a été rejeté le même jour que celui de Beaudrouet, qui a étranglé une femme à Cordebugle, mais ce dernier ne sera pas exécuté. 

Si, comme tout l'indique, Tardieu n'est pas gracié, on se demande s'il sera guillotiné sur les fossés Saint-Julien ou à Beaulieu comme exemple. C'est d'habitude l'administration municipale qui indique le lieu où doit être élevée la guillotine. La mairie n'a pas encore eu à se prononcer. 

L'un de nos confrères, bien placé pour savoir ce qui se passe dans la cellule des condamnés, nous apprend que Tardieu et Beaudrouet sont enfermés dans la même cellule et surveillés, jour et nuit, par deux gardiens et deux détenus. Leur attitude est bien différente. Beaudrouet est triste et n'est rien moins que rassuré. Il s'inquiète beaucoup du sort de son pourvoi en cassation. Il ne sait pas, quant à présent, que ce pourvoi est rejeté. Tardieu, au contraire, est plein de confiance, étant trop jeune, dit-il, pour que le président de la République le laisse exécuter. Il a fort bon appétit, fume beaucoup et joue avec ses gardiens, surtout au « damier ». Il écrit ses mémoires. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1892  -  Agression.  -  Dimanche soir, route de Falaise, un caporal et un soldat de la garnison de Caen ont insulté des civils inoffensifs et ont essayé de les frapper de leur sabre. Plainte a été portée.  (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Juin 1892  -  Victimes du travail.  -  Le sieur Ernest Pasquier, 41 ans, ouvrier peintre, rue Porte-au-Berger, à Caen, travaillant à repeindre le hall de la gare de l'Ouest, et se trouvant sur un  échafaudage volant, a perdu l'équilibre et est tombé d'une hauteur de 10 mètres environ. Le malheureux, en tombant, a pu s'accrocher et est resté suspendu par les mains environ une minute, appelant désespérément, au secours. 

Son camarade, Emmanuel Ethoré, qui travaillait à quelques mètres de là, s'est précipité pour tâcher de le retenir, mais, malheureusement, il est arrivé juste au moment où Pasquier, n'en pouvant plus, lâchait prise et tombait comme une masse. Pasquier est marié, père de trois enfants en bas âge et sa femme est sur le point d’accoucher. Son état est désespéré. (Source : Le Bonhomme Normand)     

 

Juin 1892  -  Comme à Paris.  -  Le maire de Caen vient de prendre un arrêté qui interdit, à partir du 20 juin jusqu'au 15 août, de sortir les chiens dans les rues de la ville sans qu'ils soient tenus en laisse, sous peine de fourrière et d'amende. Deux jours sont accordés aux propriétaires pour réclamer leurs chiens. Seuls, pourront être laissés libres, les chiens accompagnés de leur maître, circulant dans la prairie, sur le cours Caffarelli, le cours Montalivet, les rives du Canal et dans la campagne. Cet arrêté a été pris à la suite du cas de rage constaté à Lébisay.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1892  -  La viande.  -  Par suite de la disette d'herbe, les cultivateurs sont obligés de vendre leurs bestiaux à des prix excessivement bas. Les bouchers en général, et ceux de Caen en particulier, syndiqués à cet effet, n'en continuent pas moins à vendre la viande à un taux élevé. Les bouchers feraient bien de l'abaisser, car, s'ils ne le font pas, il se pourrait que la question fût soulevée en séance municipale et qu'une demande de taxe soit formulée.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1892  -  Les victimes du travail.  -  Le sieur Ernest Pasquier, peintre, qui a été victime du terrible accident que nous avons relaté dans notre dernier numéro, est mort. Ce malheureux dans sa chute d'une hauteur de 10 mètres, sous le hall de la gare de l'Ouest, à Caen, s'était fait de nombreuses fractures, à différents endroits du corps. Il laisse dans la plus grande  misère une veuve et trois enfants en bas âge, et dans quelques jours cette pauvre femme aura un quatrième enfant.  

-  Le sieur Chaterine, 45 ans, ouvrier à la scierie Savare, à Caen, a eu le bras gauche coupé au-dessus du coude par une scie à découper. Le blessé a été transporté à l'hôtel-Dieu où il a  subi l'amputation. Il est père de quatre enfants. 

-  Aux chantiers de bois de MM. Bully et Lemoigne, situés cours Caffarelly, à Caen, le sieur Édouard Aubry, scieur de long, venait de fendre une pièce de bois assez lourde, lorsqu'au moment de la descendra du chevalet, elle glissa tout à coup et atteignit l'ouvrier, qui a eu une jambe broyée au-dessus de la cheville. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1892  -  Cheval mort d’insolation.  -  Vendredi l'après-midi, sur le marché aux fourrages de Caen, un cheval attelé à une voiture qui stationnait là depuis longtemps a été atteint d'insolation et littéralement foudroyé. Il était complètement inanimé quand on a pu le dégager des brancards.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1892  -  Tribunal de Caen.  -  Filles Clémence Leroy, 21 ans, et Marie Chesnel, 24 ans, filles soumises à Caen, vol de 300 fr. au sieur Madelaine, 4 mois chacune.

— Femme Mulot, 35 ans, journalière, rue d'Auge, à Caen, coups et blessures à la femme Dauphin, 10 jours.

— Femme Hybert, 34 ans, couturière, en instance de divorce parce que son mari la battait, et Paul Lavieille, 30 ans, plâtrier, tous les deux habitants à Caen, adultère et complicité, 15 jours chacun.

— Félix Potier, 37 ans, maçon à Hérouvillette, coups et blessures, 15jours.

— Jean-Baptiste Hébert, 16 ans, jardinier à Luc, violences légères envers la fille Testard, 2 mois. (Loi B.)  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1892  -  Les processions.  -  Beau temps, processions magnifiques, pas d'incident grave: voilà le bilan, de la journée de dimanche. Cependant, à Saint-Pierre de Caen, on a jeté dehors deux jeunes gens dont le tort avait été de causer un peu trop haut et de garder leur chapeau sur la tète. L'un de ces jeunes gens n'est pas, comme on l'a dit, employé à Saint-Joseph. Il l'a été, il est vrai, mais il y a longtemps. 

 Vaucelles, pourquoi a-t-on relégué aux derniers rangs les enfants de l'école laïque ? (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1892  -  Droit sur les pommes.  -  Les sénateurs et les conseillers généraux républicains viennent d'adresser à tous les maires du département une circulaire et une pétition en vue de protester contre le vote de la commission du budget qui frappe un droit de circulation de 30 c. par hectolitre les fruits à pressoir.

Une autre pétition a été aussi envoyée par le baron Gérard dans son arrondissement. Nous engageons les maires à s'occuper sérieusement de cette question qui intéresse à un si haut degré la fortune du Calvados. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1892  -  Le port de Caen.  -   Depuis longtemps, M. Victor Knell poursuit une idée : l'amélioration du port de Caen. Dans un rapport que nous avons sous les yeux, il demande, quant à présent, 4 millions pour arriver à cette amélioration. La chambre de commerce espère réaliser 2 millions, on demanderait 250 000 fr. à la ville et 250 000 fr. au département, le reste serait fourni par l'État. Ce sont de gros chiffres, mais la question est capitale pour notre région et ne doit pas être rejetée sans avoir été sérieusement examinée.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1892  -  Armée.  -  A l'avenir, tout Français militaire fait partie de l'armée active pendant trois ans, de la réserve pendant dix, de la territoriale pendant six.

— Les réservistes des classes 1882 et 1885 sont convoqués : Infanterie, 1er série, du 22 août au 23 octobre. — 2e série, du 26 septembre au 23 octobre.

  Artillerie, 1er série, du 22août au 18 septembre. — 2e  série, du 30 septembre au 30 octobre. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1892  -  La foudre.  -  Mardi l'après-midi, nous avons eu un orage de tonnerre. Il faisait une chaleur torride. La foudre est tombée sur divers points. Cet orage s'est étendu sur presque toute la France et à l'étranger.   (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1892  -  Juste plainte.  -  A Caen, dans la rue du Milieu, il n'y a pas de borne-fontaine. Les malheureux habitants en sont réduits à aller chercher de l'eau dans la rue Branville, sans compter que les ruisseaux n'étant jamais lavés, il en résulte des émanations qui ne peuvent qu'être nuisibles à la santé. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1892  -  Exécution à Caen.  -  Après avoir exécuté  à Rennes l’assassin Communal qui, depuis trois jours refusait toute nourriture. Deibler, son gendre, ses aides et sa machine sont arrivés à Caen par le train de 4 h. 40. Ils étaient attendus et n'ont pas été très bien accueillis à leur arrivée. Ils sont descendus à hôtel Saint-Pierre. Sortis pour remplir les formalités d'usage, ils ont été suivis d'une foule désireuse de voir de près ces tranche la vie.

Un peu avant quatre heures, les membres du Parquet, précédés du directeur de La maison de Beaulieu, sont entrés dans la cellule de Tardieu. Il dormait paisiblement lors que le directeur de Beaulieu lui a mis la main sur l'épaule et l'a réveillé en lui disant : « Tardieu, votre pourvoi en grâce est rejeté ».

« Bien ! a-t-il répondu » .

« Vous aurez du courage, » a repris le directeur.

« J'en aurai », a dit Tardieu, et il s'est habillé. Il a alors demandé au directeur de serrer, avant de mourir, la main à Beaudrouet, son camarade de cellule, car, le soir, on les séparait vers 10 heures et Beaudrouet descendait coucher au rez-de-chaussée.

L'aumônier, l'abbé Tulou, très pâle, car c'est première fois que ce jeune prêtre remplit une si triste mission, s'est approché et lui a demandé s'il voulait entendre la messe. Tardieu a accepté. Du reste, depuis il avait consenti à communier à plusieurs reprises, mais plutôt pour obtenir les douceurs dont, le comblait l'abbé Tulou que par conviction.

Me Lefèvre, son défenseur, en abordant Tardieu, lui a dit : « Vous êtes un homme énergique, vous le montrerez jusqu'à la fin ».

« J’ai commis un crime, à répondu Tardieu d'une voix très assurée, je dois l'expier. Je ne faiblirai pas ». il a tenu parole.

Jean dit Tardieu est descendu à la chapelle, où il a entendu la messe, moins ému que le prêtre qui la célébrait. Sur les dernières marches de l’escalier qui donne accès à la geôle de Beaudrouet, auquel on venait d’annoncer sa grâce, il se sont fortement pressé la main, en se disant adieu, puis ajouté : « Du courage » Tardieu a répondu : « J’en aurais » puis il est entré dans le bureau de la geôle où a eu lieu la toilette, d'une longueur attristante.

Avant qu’on ne lui ait attaché les mains, le condamné a demande un verre de cognac et une cigarette. Puis, il a fait appeler son défenseur pour le remercier et le prier décrire a sa mère qu'il était mort avec courage et en pensant a elle.

Tardieu, accompagné de l’abbé Tulou, est monté dans le fourgon. Quelques minutes après, il en descendait au lieu de l'exécution. Les aides du bourreau l'ont saisi si rapidement que le prêtre n'a pas eu le temps de s’en approcher. Tardieu, de pâle qu'il était pendant les préparatifs, est devenu vert à la vue de la machine, mais ce qui a surtout, attiré son regard c’est le cercueil en bois blanc, placé a coté de la machine et qui remplaçait le traditionnel panier.

On l'a placé sur la bascule et, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, le condamné est basculé, le collet s'abat, le couperet tombe et la société compte un criminel de moins.

Un des aides prend le cadavre par les pieds, lui fait faire demi-tour pour le renverser dans le cercueil, mais le tronc sanglant louche un des bords et va, rebondir sur un des montants de la guillotine qu'il inonde d'un sang noirâtre. La tête est retirée du panier et mise dans le cercueil qu’on referme à la hâte, et qu'on dépose dans le fourgon pour être porté à l'amphithéâtre, où des expériences ont eu lieu.

Jean dit Tardieu. était né le 11 mars 1867, à Marvejols (Lozère). Il n’était âgé que de 25 ans et 4 mois. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1892  -  Triste spectacle.  -  La tête de Tardieu a été moulée à l'amphithéâtre pour être ajoutée aux collections de l'école de médecine. Jeudi l'après-midi, beaucoup de personnes sont allées la voir, en entrant, elles pouvaient admirer aussi des lambeaux de chairs épars. L'entrée était gratuite, mais, en sortant, on donnait ce que l'on voulait. Nous ne nous serions jamais douté que l'amphithéâtre de Caen serait un jour transformé en baraque foraine. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1892  -  Accident de vélocipède.  -  Samedi soir, vers neuf heures, quai Vendeuvre, à Caen, un vélocipédiste militaire qui n'avait pas de lanterne a renversé le sieur Cauchard, 58 ans, maçon, dont le fils, fadeur des postes, habite rue de Bras, puis a filé à toute vitesse. Les témoins de cet accident se sont cotisés pour payer une voiture qui a transporté le sieur Cauchard chez son fils. En l'absence de se dernier, il a été reçu par un voisin, le sieur Marie, sous-brigadier, qui lui a donné les premiers soins.

Un sergent de ville, témoin de cet accident, n'avait pas agit de même, il avait paru ignorer ce qu'il avait à faire et était parti. Le blessé ne pourra pas travailler avant une quinzaine.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1892  -  Mérite agricole.  -  Ont été nommés chevaliers : M. Braissac, conseiller municipal à Bemiéres-sur-Mer ; Cochon-Labutte, maire de Livarot ; Bastard, éleveur à Fontaine-Henry ; Delouey, maire de Bény-Bocage ; M. Couruel, éleveur à Mézidon ; Roussel, fabricant de fromages à Boissey ; René Poisson, propriétaire à Caen, membre de la Société d'encouragement pour le cheval français ; Pierre Guillot, cultivateur aux Monceaux. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1892  -  Noyé.  -  Dimanche soir, le nommé Auguste Thomas, 17 ans, novice à bord du sloop « Boréal », de Boulogne, en voulant regagner son bord, en canot, est tombé dans le canal de Caen à la mer et s'est noyé. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1892  -   Les grosses chaleurs.  -  Partout la chaleur a été excessive et la sécheresse compromet beaucoup les récoltes.

Par suite de ces chaleurs, quelques cas de diarrhée cholériforme se sont déclarés à Rouen, à la caserne des chasseurs à cheval. 120 fièvres typhoïdes sont en traitement dans les hôpitaux. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1892  -  Miracle incomplet.  -  La Croix annonce en ces termes la guérison d'une Caennaise à Lourdes :

Marie Lemarchand, née à Caen, avait une hémiplégie avec contracture, conséquence de méningite, avait également, depuis 22 mois, une plaie suppurante à la figure et à la jambe que le médecin avait constatée dès l’arrivée à Lourdes. Les plaies nécessitaient quatre pansements par jour. Dimanche, à 4 heures, au sortir de la piscine, les plaies se sèchent, deviennent d'un rouge luisant, puis se couvrent d'écaillés qui annoncent une cicatrisation prochaine

Mais l'hémiplégie, c'est-à-dire la paralysie ? On n'en parle pas. Est-ce que, le miracle n'est pas complet ? (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1892  -   Troupes.  -  Le 36e, qui vient prendre garnison à Caen, est composé de 41 officiers, 1 155 : hommes, 38 chevaux et 41 voitures. Ce régiment doit avoir pour colonel notre compatriote, M. Alphonse Madeline.   (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1892  -  Vélocipédie.  -  Le record du monde vient d'être enlevé aux Anglais par M. Stéphane. Le vaillant champion français a effectué 673 kilomètres en 24 heures. M. Stéphane montait une bicyclette Clément, a pneumatique Dunlop. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1892  -  Disette d’eau.  -  L'eau de Moulines ne nous est pas venue avec l'abondance promise. Pendant la sécheresse, pendant que l'administration prescrivait des lavages abondants, plusieurs quartiers en étaient totalement privés. 

A la Maladrerie, les habitants avaient la vue, mais pas la jouissance de la pompe-citerne alimentée par les eaux de  Moulines, pas une goutte pour laver les ruisseaux, et on parlait de choléra. Est-ce que le débit des sources serait inférieur aux prévisions ? ou bien se produirait-il déjà des fuites dans les gros tuyaux d'adduction. ? Ce qu'il y a de certain, c'est que nous  n'avons pas l'abondance promise.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1892  -  Pommes de terre monstres.  -  Le Petit Journal a annoncé, comme extraordinaire, la récolte de pommes de terre pesant 900 grammes. Nous en avons plusieurs dans nos bureaux de ce poids et une pesant 1 100 grammes, c'est-à-dire plus de deux livres. C'est de l'espèce « Imperator ». Elles ont été récoltées par M. Buhot, pépiniériste, rue Caponière, 121, à Caen, dans une terre de bonne qualité, mais caillouteuse, située à Venoix. Avec 70 pieds semés à grande distance, M. Buhot a obtenu 10 barattées.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1892  -  Nouveau succès.  -  Dans le championnat des 100 kilomètres, couru dimanche dernier, par le Vélo-Sport Caennais, les 7 premiers arrivés montaient des bicyclettes PEUGEOT. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1892  -  Remède de bonne femme.  -  Selon une vieille pratique, quand on se coupe à la main, on enveloppe la coupure d'une toile d’araignée pour arrêter le sang, c'est ce qu'a fait un jeune homme de Thoune. Mais bientôt il éprouva des douleurs très violentes et, malgré tous les soins qui lui furent prodigués, le pauvre garçon mourut du tétanos au bout de peu de jours. La toile d'araignée avait provoqué un empoisonnement du sang. Ce malheureux avait 18 ans.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1892  -  Marcheurs.  -  L'autre dimanche, deux jeunes gens caennais, MM. Fernand Daragon et Gaston Fournier, ont fait à pied, le record de Caen à Falaise, en moins de 5 heures. La distance est de 8 lieues et demie. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1892  -  Incendie ; pas d’eau ; pas de lumière ; trois noyés.  -  Malgré la promptitude des secours, l'usine de briquettes de M. Lamy, située à Caen, quartier du Nouveau-Bassin, a été complètement détruite. Les pompiers avec leur matériel, la pompe à vapeur sous la direction de MM. Huet et Delaunay, n'ont eu qu'à noyer le feu et à préserver les constructions voisines. Les pertes sont de 150 000 francs assurées à « La Normandie ». M. Lamy avait eu bien du mal à trouver assureur. 

Cause inconnue. C'est par un chauffeur de l'usine que l'alarme a été donnée, il n'a eu que le temps de sortir au plus vite, l'incendie s'étant propagé avec une vitesse extraordinaire. En quelques minutes, toute la toiture était en flammes. 

Il s'est produit un fait qui justifie les doutes que nous avons toujours émis sur l'abondance des eaux, de Moulines. Des bouches d'eau ont été installées dans ce quartier. Quand les pompiers ont voulu se brancher dessus, il n'y avait pas d'eau ! Réminiscence de la lanterne de Falaise, dans laquelle il n'y avait pas de chandelle.

A la suite de cet incendie, deux hommes sont tombés dans le nouveau bassin et s'y sont noyés. L'un est le nommé Albert Ledard, 29 ans, forgeron, rue du Tour-de-Terre, il est célibataire. Son corps a été trouvé près de la grue par le sieur Alleaume, journalier, rue des Carmes. L'autre est Breton, Pierre Berthelot, 31 ans, marin à bord de « l’Actif ». Il est tombé à l'eau en regagnant son bord après l'incendie. Il avait avec lui deux camarades, également marins à bord de « l’ Actif ». Ils l'entendirent bien tomber, mais, n'étant pas en état de le secourir, ils allèrent sa coucher. Un douanier de garde avait entendu la chute du corps, mais il ne put le retirer qu'après de longues recherches et Berthelot était mort. 

Le sieur Arsène Bellery, 30 ans, célibataire, nettoyeur au chemin de fer, demeurant rue d'Auge, à Caen, est tombé à l'eau en passant la nuit sur le nouveau bassin, et s'est noyé. 

La cause de ces accidents est attribuée au manque de lumière, ce quartier n'étant pas suffisamment éclairé en raison des, dangers qu'il présente. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1892  -  Enfant abandonné qui a bien tourné.  -  Le 21 mai 1849, une inconnue mettait au monde chez Mme Chauvin, sage-femme à Caen, un garçon, auquel on donna les noms de Gustave Brassicourt. Cet enfant, devenu homme, habite Bayeux. II est dans une assez belle situation et voudrait connaître sa famille pour lui laisser ce qu'il possède. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1892  -  Les dangers de la mode.  -  La mode est aux cols-carcan : M. Kautmann, ingénieur suédois, en a été la victime. Étant en voiture, il s'endormit la tête penchée sur la poitrine, son faux-col lui comprima le larynx et, en arrivant à destination, le cocher constata que son maître était mort.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1892  -  Record.  -  M. Ernest Debeugny a fait, le dimanche 30 octobre, le trajet entre Falaise et Caen, en 3 heures et demie. Départ de Falaise, place St-Gervais, à midi. Arrivée  à la Jalousie. 2 h. 15, déjeuner. Départ, 2 h. 40. Arrivée à Caen, 3 h. 55, boulevard St-Pierre. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1892  -  Pauvre petit.  -  Jean Bihan, 40 ans, chauffeur à l'usine à gaz, habite rue d'Auge, à Caen, avec une fille Augustine Catherine, 48 ans. Bihan a une fille de 15 ans qui a été élevée à la Charité, elle est idiote. Il ne se passait pas de jour que la malheureuse ne fût rouée de coups. La plus acharnée et la plus cruelle était la fille Catherine. Elle frappait la  pauvre idiote avec tout ce qui lui tombait sous la main.

Un jour, elle l'a traînée par les cheveux et une poignée lui est restée à la main. L'hiver dernier, pendant les grands froids, alors que Bihan était à son travail, elle la jetait, sans vêtements, dehors à passer la nuit. Souvent les voisins ont entendu la petite martyre crier : « Assez ! j'en peux plus ! Grâce ! grâce !» 

A l'audience, la fille Catherine fait la sourde. Elle entend bien cependant, s'il faut en croire les voisines auxquelles elle répondait quand ils lui disaient de ne pas être aussi cruelle. 

Bihan a été acquitté. La fille Catherine a été condamnée à deux mois de prison. A sa sortie, elle a été huée. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1892  -  Chasse à l’alouette.  -  Se basant sur ce fait que l'alouette serait un oiseau de passage et que sa chasse est une ressource pour quantité de malheureux, M. Engerand, député, a déposé à la Chambre un projet de loi tendant à autoriser en tous temps la chassé, à l'alouette au moyen de filets. Nous doutons que ce projet soit adopté, tous nos députés étant chasseurs. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1892  -  Cinq vétérinaires mis en branle pour une mauvaise vache.  -  Un nommé Peauger, demeurant à Mathieu, avait acheté, à Bayeux, une vache qu'il avait payée 75 fr. Il la tua et en apporta la viande au marché couvert de Caen, où elle fut déclarée impropre à la consommation, par M. Gallier, chargé du service. Peauger, ne voulant pas perdre ses 75 fr., fut chercher deux autres vétérinaires qui, en arrière de leur confrère, déclarèrent la viande acceptable.

Retour de M. Gallier, et de deux vétérinaires militaires, ceux-ci, plus affirmatifs, reconnurent que non seulement la viande était impropre à la consommation, mais de nature à compromettre la santé. L'affaire a été soumise au maire, il a ordonné l'enfouissement de cette viande et il a bien fait. 

Ce n'est pas la première fois que de la viande malsaine est saisie au marché couvert, et nous n'avons pas appris que le parquet s'en soit préoccupé. La chose en vaut cependant la peine,  car c'est surtout là que les petits ménages vont s'approvisionner. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1892  -  Acte de courage.  -  Mercredi l'après-midi, une dame des environs, accompagnée de sa servante, conduisait une charrette anglaise rue Saint-Pierre, le cheval s'emballa La servante voulut sauter et tomba, elle eût été écrasée sans le sieur Durel, qui se précipita à la tète du cheval, et fut traîné pendant près de dix mètres avant de pouvoir se rendre maître de l'animal. Durel, qui est gendarme de la marine, est coutumier de ces actes de courage, deux fois déjà, il a été signalé à ses chefs pour des faits de ce genre. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1892  -  A bas la bicoque !  -  Pourquoi, au moment où l'on s'occupe de réparer l'abside de Saint-Pierre de Caen, ne démolit on pas l'ignoble bâtisse qui sert de presbytère ? 

Cela donnerait du travail aux ouvriers cet hiver. Puis il y a, en ce moment, des maisons confortables, spacieuses, faciles à aménager, et à louer sur le boulevard St-Pierre, non loin de l'église. Pourquoi ne pas y installer les prêtres de St-Pierre ? Ils y seront cent fois mieux que dans la bicoque qu'ils habitent. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1892  -  Longévité extraordinaire.  -  L'un de nos abonnés nous écrit qu'il y a l'école vétérinaire de Bruxelles, (Belgique), une jument âgée de 41 ans et ayant eu 18 produits, dont le dernier est né en 1891 (la mère âgée alors de 40 ans). Cette jument n'a aucune tare, jouit d'une bonne santé, mais ne possède plus une seule dent. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1892  -  Les bouilleurs de cru.  -  Nous avons annoncé que la Chambre avait voté la suppression du privilège des bouilleurs de cru auxquels il ne serait plus accordé que 10 litres d'alcool comme consommation personnelle. 

Il se pourrait que la Chambre revienne sur cette décision. Mais ce qui paraît bien acquis, c'est l'élévation du droit sur l'alcool de 156 à 235 fr. l'hectolitre et l'élévation des licences des débitants. Par contre, l'État abandonne ses droits sûr les boissons. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1892  -  Solennité religieuse.  -   Une messe sera prochainement célébrée à Caen, sous le patronage de la société de la Croix-Rouge, pour le repos des morts de 1870 et pour  les malheureux tombés au Tonkin et au Dahomey. On y entendra le Requiem de Mozart. Les répétitions sont commencées : pour les dames, chez Mme Bedogni, pour les hommes, chez M. Dupont. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1892  -  Tirage au sort.  -  Les jeunes gens faisant partie de la classe 1892 doivent se présenter au bureau militaire de la mairie de Caen, pour fournir tous les renseignements nécessaires, à l'effet d'être inscrits sur les tableaux de recensement. Sont compris dans ce recrutement pour l'année 1892 les jeunes gens nés du 1er janvier 1872 au 31 décembre suivant, tous les omis des classes antérieures. En cas d'absence, les père, mère, tuteur ou curateur des jeunes gens doivent se présenter. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1892  -  L’empereur de Russie à Caen.  -  On se presse tous les jours devant l'exposition de la maison Pégoix, rue de Strasbourg, pour admirer un superbe tableau « tisse soie et lin » représentant le tzar à cheval. C'est évidemment ce qu'il y a de plus beau comme tissage et ce chef-d’œuvre a figuré avec honneur à l'exposition de Moscou. A côté du tzar, l'étalagiste a groupé, avec beaucoup de goût, de magnifiques draps, serviettes, mouchoirs, pantalons, chemises, tout cela brodé, au dire des connaisseurs, avec un fini qu'on ne rencontre pas toujours dans la broderie. D'ailleurs, nous sommes habitués avec la maison Pégoix à des expositions de ce genre. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1892  -  Recensement.  -  Le recensement des voitures attelées, susceptibles d'être utilisées pour les besoins de l'armée au moment d'une mobilisation, aura lieu du 1er au 15 janvier. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1893  -  Simples questions.  -  Où en est l'éclairage par l'électricité à Caen ?  Nous n'avons pas appris que l'Union commerciale se soit occupée de cette question cependant intéressante. 

— Est-ce que le musée d'histoire naturelle restera fermé jusqu'à, la fin des siècles ?  M. le maire, qui est un peu de la boutique, comme professeur, ne pourrait-il pas en presser la réouverture ? 

— Serait-il indiscret de demander à dame Justice par suite de quelle puissante protection après deux enquêtes, un boulanger de la côte n'a pas été poursuivi, quoiqu'en récidive , pour  vente de pain à faux poids.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1893  -  Acte de courage.  -  Lundi matin, à Caen, pendant qu'un voiturier de la scierie Docagne et Cie  était occupé à charger une voiture, la jument qui y était attelée, effrayée par le sifflet d'une locomotive, s'emballa dans la rue de Suède-et-Norwège et aurait occasionné des accidents sans la présence d'esprit et le courage du sieur Samuel Lemonnier, âgé de 30 ans, commis-courtier maritime, demeurant rue de la Masse, n° 14, qui se jeta à la tête du cheval et ne put s'en rendre maître qu'au péril de sa vie et après avoir été traîné sur un parcours de plus de dix mètres. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1893  -  Le froid.  -  Le froid a fait son apparition cette semaine. A Caen, le thermomètre est descendu à 10 degrés au-dessous de zéro.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1893  -  Malades, préparez-vous a être saignés.  -  Comme les boulangers, comme les bouchers, nos médecins sont en train de se syndiquer pour augmenter le prix de leurs consultations, bonnes ou mauvaises.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1893  -  Pour les morts et les blessés.  -  Nous rappelons que le jeudi 26 janvier, à dix heures du matin, sera célébré un service solennel pour le repos de l'âme des soldats morts au Tonkin, au Sénégal et au Dahomey. La messe de Requiem de Mozart sera exécutée avec le concours de divers artistes et d'amateurs des deux sexes. Il sera fait une quête au profit de l’œuvre de la Croix-Rouge. 

Cette cérémonie patriotique aura lieu à Notre-Dame, et non à Saint-Jean, comme on l'avait annoncé. C'est le curé qui, subissant nous ne savons quelle influence, à retiré son autorisation après l'avoir accordée avec empressement. Mgr  de Bayeux assistera à cette cérémonie. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1893  -  La neige.  -  Lundi, les trains ont eu des retards considérables. Celui de Paris à Cherbourg, devant arriver à Caen à 2 heures 09 du matin, s'est trouvé bloqué par 60 cent. de neige, entre Mantes et Breval, il n'est arrivé à Caen qu'à 8 heures 10, avec six heures de retard. Sur certains points du département, la circulation a été complètement interrompue et beaucoup de communes ont été bloquées, heureusement que le dégel est survenu. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1893  -  Le salaire des malheureux.  -  Les malheureux, employés par la ville de Caen pour enlever la neige, la glace ou les boues, gagnent 75 c. par jour. C'est assez pour ne pas mourir de faim, avec certitude, de crever de froid, ils sont payés tous les mercredis. Ne pourrait-on pas régler deux fois par semaine ces malheureux qui vivent au jour le jour ? (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1893  -  Le Patinage.  -  On patine fort sur la prairie de Caen. Avis aux amateurs. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Février 1893  -  Distinctions honorifiques.  -  Des médailles d'argent ont été décernées pour actes de dévouement aux sieurs Cons tant Lemazurier, sous-lieutenant de la subdivision des sapeurs-pompiers de Cheux ; Pierre Lebourlier, sergent au même corps, et Alexandre Durel, gendarme à Caen. 

Une mention honorable est décernée au sieur Hippolyte Dufour, agent de police à Caen. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Février 1893  -  Les conscrits au monument des enfants du Calvados.  -  Dimanche, à Caen, a eu lieu la manifestation patriotique des conscrits de la classe 1892, Le maire et ses trois adjoints, M. Guillouard, président de l'association des anciens combattants de 1870-71, et une députation de cette association, faisaient partie du cortège. Après le dépôt de la couronne, la « Fraternelle » a joué la Marseillaise, puis M Guillouard a prononcé une chaleureuse allocution. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1893  -  Justes réclamations.  -  Les habitants de la rue ou route de Falaise réclament avec raison : 1° des bornes-fontaines ; 2° une boite à lettres ; 3° trois distributions par jour au lieu de deux. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1893  -  Accident dans le canal de Caen à la mer.  -  Jeudi 9 février, le steamer « Chanzy » quittait le port de Caen sur lest, à destination de Swansea, lorsque, arrivé au pont de Calix, il s'est jeté sur la culée droite de ce pont. L'étrave du steamer a pénétré dans la maçonnerie et l'a démolie partiellement. Le « Chanzy » n'a éprouvé que des avaries insignifiantes.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1893  -  Carnaval de cloches.  -  Lundi soir, à Caen, un feu de cheminée sans aucune importance a éclaté, rue de Strasbourg, maison Mauger, il a été rapidement éteint. Mais la  panique a été chaude dans le quartier, car les cloches de l'église St-Sauveur, qui avaient sans doute trop fêté le carnaval, se sont mises à sonner le tocsin à toute volée.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1893  -  Accident au concours de dressage.  -  Jeudi, au concours de dressage de Caen, un cheval appartenant à M. Millot, éleveur à Pont-l'Evêque, présenté par l'école de dressage de Caen, s'est emballé. Il a jeté à terre piqueur et palefrenier, et s'est précipité dans l'Orne après avoir brisé le tilbury. Il en a été retiré sain et sauf, mais dans un pileux état. Le piqueur d'attelage, le sieur Hubert, traîné pendant une dizaine de mètres, a été grièvement blessé à la tête et au côté. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1893  -  Une rue dangereuse.  -  Dimanche, à Caen, un cheval de coupé ne pouvant gravir la rue Leroy, qui est très raide, a fait subitement demi-tour. Le cocher a sauté à terre et a été serré entre le cheval et la portière du coupé qui venait de s'ouvrir, il a eu de graves contusions. 

— Le même jour, dans la même rue, un cheval s'est abattu à mi-côte et le coupé auquel il était attelé a été renversé. Les voyageurs en ont été quittes pour la peur. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1893  -  La tempête.  -  Dimanche, une violente tempête a sévi sur notre région. Beaucoup d'arbres ont souffert. A Caen, sur le Grand-Cours, un énorme arbre a été déraciné. Sur le Cours-la-Reine, un autre a été coupé net. 

Le sloop « Espérance », de Boulogne, qui voulait entrer à Ouistreham, s'est jeté sur l'enrochement de l'Ouest. Il est resté jusqu'à 5 heures du soir, puis a pu se renflouer et entrer à Ouistreham. Il n'a pas éprouvé d'avaries.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1893  -  Respect aux morts.  -  Dimanche dernier, au cimetière de Vaucelles de Caen, à 4 heures, on enterrait civilement un jeune homme de la rue de Falaise. 

Au moment de la mise dans la fosse, les fossoyeurs ont manqué de tout respect et de toute convenance en conservant leur coiffure et en souriant devant ce mort, devant la douleur du père venant jeter des fleurs sur la tombe de son fils, en lui disant un dernier adieu. 

— Respectueux de toutes les convictions, même de celles que nous ne partageons pas, nous croyons que tous, même les croque-morts, nous devons nous découvrir et nous incliner devant  la mort. L'administration fera bien de le rappeler aux fossoyeurs de Vaucelles.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1893  -  A propos de Vaucelles.  - Le concierge du cimetière de Vaucelles est venu nous demander de dire qu'a l'enterrement civil dont nous avons parlé il n’a pas souri. Il ne s'est pas découvert, c'est, vrai, mais en travaillant il ne se découvre jamais quoique soit le genre d'enterrement. En travaillant, très bien, mais en descendant la bière dans la terre, voilà ce que nous n'admettons pas.  (Source : Le Bonhomme Normand)

Avril 1893  -  Les suites d’un accouchement sur la voie publique.  -   La femme Lacrique, 26 ans, journalière, rue Coupée, à Caen, qui est accouchée la semaine dernière, place de la Poissonnerie, va aujourd'hui très bien, ainsi que son enfant un gros garçon. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1893  -  88 kilomètres en 4 heures.  -   Deux de nos éleveurs, M. Martin et M. Boissel, ont fait faire à leurs chevaux non entraînés, attelés sur des voitures du pays, 88 kil. ; l'un en 4 h. 29 m., l'autre en 4 h. 35 m. Il s'agissait d'aller de Littry à Caen et de revenir. Les chevaux n'ont nullement souffert de cette longue course. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1893  -  Bouilleurs, bouillez en paix.  -   Les bouilleurs de cru peuvent se rassurer, il n'y aura rien de changé à leur situation cette année. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1893  -  28 jours de plus.  -   En application de la nouvelle loi sur le service militaire qui porte à dix ans le service à accomplir dans la réserve, la direction de l'infanterie a reçu l'ordre de préparer un nouvel appel pour une troisième période de 28 jours, que devront accomplir dorénavant tous les hommes pris par la conscription. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Avril 1893  -  L’influence de l’habit.  -   Une pétition a été adressée a l'administration municipale de Caen pour obtenir l'autorisation d'établir une voie souterraine destinée à relier des terrains en contre-bas, appartenant aux Récollets et situés rue Grentheville, rue inconnue même de ceux qui l'habitent, nous a raconté le professeur Tessier à la dernière séance du conseil municipal. Après une longue discussion, la demande a été rejetée. Et dire que si, au lieu d'appartenir aux Récollets, le pétitionnaire eût été un ami du pouvoir, l'autorisation lai eût été accordée. On dit que l'habit ne fait pas le moine ; mais, comme on le voit, il a une certaine influence, même sur nos municipaux. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Avril 1893  -  Le gui.  -  Nous rappelons qu'un arrêté préfectoral ordonne a tout cultivateur ou propriétaire d'enlever le gui des pommiers. Des procès-verbaux seront dressés aux cultivateurs et propriétaires qui ne se conformeraient pas à cet arrêté. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1893  -  Courses de vélocipèdes.  -  La société vélocipédique les « Cyclistes normands » a organisé le 9 avril prochain, une course à fond, sur route, de Caen à Bayeux, 50 kilomètres. Des médailles de vermeil et d'argent, grand module, avec diplôme, seront décernés aux dix premiers arrivants, qui auront fait le trajet en moins de 4 heures. Des diplômes de constatation seront accordés à ceux des coureurs qui arriveront ensuite et auront fait le parcours en moins de 4 heures. A 1 heure, départ du siège social, café du Théâtre, pour la Maladrerie. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1893  -  Courses de cyclistes.  -  De Caen à Bayeux et retour, trajet, 47 kilomètres. Sur les quinze coureurs, partis de la Maladrerie à 1 h. 30, neuf ont accompli le trajet dans le délai fixé. Ce s'ont : MM. Bouhours, 1 h. 49 m. 40 s. ; Capron, 1 h. 49 m. 41 s. ; Delahaye, 1 h. 56 m. 8 s. ; Daumalle, 1 h. 59 m. 15 s. ; Salmon, 2 h. 30 s. ; Debrune, 2 h. 25 m. 30 s. ; Angot, 2 h. 34 m. 34 s. ; Lemanicier, 3 h. 24 m. 3 s. ; Bazin, 3 h. 24 m. 4 s.. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1893  -  Le lieutenant Lamay.  -  Nos lecteurs se souviennent qu'un enfant de Caen, M. Lamay, lieutenant d'infanterie de marine, fut blessé mortellement au Tonkin le 15 décembre 1891. 

On avait affaire à un gros parti de pirates bien armés, retranchés derrière des rochers garnis de deux canons. Les tirailleurs tonkinois faiblissaient. Le lieutenant Lamay fut envoyé pour les soutenir, électrisés par l'exemple de leur chef, nos braves soldats escaladèrent les rochers derrière lesquels les pirates se croyaient inexpugnables et les mirent en déroute. C'est en les poursuivant que le lieutenant Lamay fut blessé mortellement. 

Il a été porté à l'ordre du jour de l'armée. Le lieutenant Lamay avait été pour ainsi dire décoré sur le champ de bataille lors de l'affaire de Lang-Vaï, il allait passer capitaine. 

Son corps va être rapporté à Caen et rendu à son vieux père, à sa sœur, si justement aimés et estimés. Nous ferons connaître le jour et l'heure des obsèques. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1893  -  Record à pied.  -  Un groupe de jeunes gens a constitué une société sous le nom d' « Union Athlétique indépendante de Caen ». Un record pédestre de Caen à Langannerie et retour sans arrêt sera couru le lundi de la Pentecôte. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1893  -  Bons marcheurs.  -  Le record pédestre de l'Union athlétique, entre Caen à Langannerie et retour, sans arrêt, a été couru le lundi de la Pentecôte. 

Le départ a eu lieu à 5 h. du matin. Distance : 8 lieues : 1er Joseph Blanchet, en 4 h. 36 m. ; 2e, Porée, en 4 h. 37 m. Joseph Blanchet a été proclamé champion pour l'année 1893. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1893  -  Légère erreur.  -  Dans le record pédestre de Caen à Langannerie, la distance était, de 38 kil. 500 et non de 8 lieues comme nous l'avons dit. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1893  -  Une affaire à éclaircir.  -  On parle en ce moment, à Caen, d'une affaire dans laquelle il s'agit d'une femme séparée de son mari et exerçant le métier de couturière, que la police voudrait expulser. Le motif de son expulsion serait la jalousie de la femme d'un gros personnage qui prétend qu'elle aurait voulu séduire son mari. Il y aurait eu des scènes dans la rue. La couturière nie. Elle se serait adressée au parquet et au maire, qui lui auraient dit qu'on n'avait pas le droit de l'expulser, car elle a des moyens réguliers d'existence. Néanmoins, la police persisterait dans ses intentions déclarant avoir pour cela des raisons très sérieuses. Pour le moment, la couturière reste enfermée chez elle et n'ose sortir. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1893  -  Récoltes dans le Calvados.  -  Blé d'hiver, bon ; seigle, bon ; avoine de printemps, assez bonne ; orge de printemps, passable ; foin, peu abondant par suite de la sécheresse, pommes, récolte moyenne sur certains points, presque nulle sur d'autre.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1893  -  L’inhumation d’un brave.  -  Mardi, ont eu lieu, à Caen, les obsèques de Gabriel Lamay, lieutenant d'infanterie de marine tué au Tonkin. Sa famille l'avait fait rapporter à ses frais et fait également ceux des obsèques. Une affluence nombreuse, appartenant à toutes les classes, a tenu à rendre un dernier hommage à ce jeune homme mort là-bas, en soldat et en brave. 

Les coins du poêle étaient tenus par MM. Vatin, préfet du Calvados, Lebret, maire de Caen, Travers, vice-président de l'Association des anciens élèves du lycée, en remplacement de M. Poubelle, président, qui s'était fait excuser, Mériel, ancien professeur du lieutenant Lamay, et deux lieutenants d'infanterie de marine de sa promotion. Parmi les nombreuses couronnes, on en a beaucoup remarqué une qui était portée par un sergent blessé aux côtés du lieutenant Lamay dans le combat de Dong-Trim, où a péri le vaillant officier. Une section du 36e et la musique accompagnaient le cortège que suivaient les sociétés de Gymnastique, les anciens Combattants de 1870, une députation d'élèves du lycée. Les Femmes de France et la société  de Secours aux Blessés, présidentes en tête. A l'église deux morceaux ont été exécutés par la musique du 36e et le Pie Jesu a été chanté par M. Corbel. Puisse cette manifestation adoucir la douleur du vieux père et de la sœur du pauvre mort, Lamay était chevalier de la Légion d'honneur. Il allait être promu capitaine, et il n'avait que 34 ans !   (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1893  -  Fête-dieu.  -  Dimanche, à Caen, les processions de la Fête-Dieu ont été favorisées par le beau temps. Elles n'ont donné lieu à aucun incident. Beaucoup de reposoirs. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1893  -  Prière à Monsieur le maire de Caen.  -   L'eau du ciel ne tombant pas, ou ne tombant qu'à regret, de grâce faites en répandre par les rues, monsieur le maire. 

Faites laver les ruisseaux, les pavés, certaines allées et cours. On l'a déjà fait l'an passé. Et les menaces du choléra qui commencent ! N'attendez pas le danger, prévenez. 

Moulines nous donne son eau, que le choléra et l'acide phénique jouent leur rôle par ces chaleurs inaccoutumées. De l'eau, de  l'arrosage avec les bouches placées dans tous les quartiers, et l'on vous bénira, monsieur le maire. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1893  -  Un curé rallié.  -  Voilà M. le curé de Saint-Pierre rallié à la République : nous l'en félicitons, et dimanche, dans sa chaire, il a engagé ses ouailles à faire comme lui. M. Legrand ne veut plus de partis haineux, de luttes contre le gouvernement républicain : il veut l'union !... Et, pour preuve, afin de donner plus d'éclat à sa procession du Saint-Sacrement, il a fait pavoiser son presbytère de drapeaux tricolores et il a engagé ses fidèles à pavoiser également sur le trajet de la procession. Malheureusement, tous les fidèles n'ont pas de drapeaux de la nation, et il s'est trouvé seulement trois ou quatre étendards flottant au vent. Au 14 Juillet, nous verrons sans doute M. le curé de Saint-Pierre arborer le drapeau tricolore. Ainsi soit-il. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1893  -  Mort subite.  -  M. Isidore Frontel, officier de paix, est mort subitement samedi soir, comme il venait de boire une tasse de lait. Rien ne faisait prévoir cette fin. Frontel appartenait à la police depuis de longues années. Malgré la délicatesse de ses fonctions, il était très estimé à Caen. Il avait été aux cuirassiers de la garde et avait été fait prisonnier à Metz. Il était âgé de 54 ans. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1893  -  Coltineurs.  -  Le coltineur Albert Morice, qui avait annoncé venir de Honfleur à Caen en 48 heures, avec une charge de 100 kilos, a effectué son parcours en 46 heures.

— Deux coltineurs de Caen, Alphonse Fouasse et Désiré Dubosq, s'engagent à aller de Caen à Honfleur en 36 heures, avec la même charge de 200 livres. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1893  -  Engueulade à faux.  -  Mardi matin, un prêtre achetait des homards à la criée de la halle à poisson de Caen. Revendeurs et revendeuses l'ont pris de « gueule », comme ils  disent, et cela devant un agent de police qui a laissé dire. C’est ridicule. Est-ce qu'un prêtre n'a pas le droit, comme tout citoyen, de faire ses achats lui-même ? (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1893  -  Enfin.  -  Une société sérieuse est formée pour l'installation de l'électricité à Caen. Les fonds sont faits, et l'entente établie avec la ville, qui a tout à gagner à la réussite de ce projet. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1893  -  De  l’eau, de l’eau !  -  Par ces chaleurs, pas d'eau à la grande et à la petite école de natation de Caen, pas d’eau à l'abreuvoir, le poisson mourant faute d'eau, et cela parce que messieurs les ingénieurs, vaquant ailleurs, l’ont pas fait mettre en temps les aiguilles du barrage. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1893  -  A propos de sécheresse.  -  La plus grande que nous avions eue en Normandie est celle de 1559. De Pâques à la Toussaint la chaleur fut fort grande, dit M. de Bras. Le temps était toujours à l'orage et, pendant plus de six mois, il ne tomba pas, ou très peu d'eau. L'hiver qui suivit fut très doux et les violettes de mars parurent en janvier. Les arbres, trop avancés, donnèrent peu de fruits. (Source B.N.)

 

Juin 1893  -  Les causes de la sécheresse.  -   C'est le curé de Vaucelles de Caen qui les a découvertes. Le 18 juin, il est monté en chaire et, après s'être inspiré du bienheureux saint Médard, il a proclamé que si nous étions depuis si longtemps le bec sans eau, c'était la faute aux magistrats qui prononçaient des jugements de divorce. 

Puisque le curé de Vaucelles éprouve le besoin de mettre la sécheresse sur le dos de quelqu'un, pourquoi n'a-t-il pas choisi celui du curé de Grimbosq et de ses pareils ? (Source B.N.)

 

Juin 1893  -  Au lieu d’aller à l’école.  -   Vendredi matin, le jeune Audrin, âgé de 10 ans, dont le père est employé chez M. Blochon, entrepreneur de camionnage à Caen, était parti du domicile de ses parents pour aller à l'école. Au lieu de s'y rendre, il est allé, accompagné d'enfants de son âge, sur le bord du canal. En se baignant, il s'est enlisé dans la vase et s'est noyé. Ses camarades, effrayés, ont pris la fuite en criant : Au secours. (Source B.N.)

 

Juillet 1893  -  Cruautés.  -  Il paraît que certains garçons bouchers font assaut de cruauté aux abattoirs de Caen, ils dépècent les veaux avant qu'ils ne soient morts et coupent les jarrets des brebis alors que celles-ci se débattent encore. 

Les abattoirs sont un établissement de la ville. L'administration y a un droit de surveillance. Elle ferait bien, dans ce cas, de faire cesser ces cruautés. (Source B.N.)

 

Juillet 1893  -  Orages.  -  Mardi l'après-midi, un orage d'une grande violence s'est déclaré sur notre région. A Caen et environs, pluie, vent et tonnerre. A 3 heures du matin, la foudre est tombée place Singer sur les ateliers de M. Margellé, fabricant de pain d'église. Une cheminée de six mètres a été coupée et est tombée sur les ateliers dont les ouvriers étaient absents. Mme Margellé a cru voir comme un pigeon blanc passant devant ses yeux.

Une heure après le tonnerre tombait sur le clocher d’Allemagne et, par contre-coup causait des dégâts à la maison de M. Boivenel, de plus l’enseigne du restaurant Lecomte, soutenue par une tige en fer, était brisée. 

A Luc, elle est tombée sur le clocher sans occasionner de dégâts appréciables.

A Bayeux, le tonnerre est tombé sur une maison située, rue des Bouchers et occupée par M. du Boscq de Beaumont. La foudre a frappée sur le bord de la toiture, enlevant une cinquantaine d’ardoises et faisant un trou d’un mètre de diamètre environ, elle a suivi le tuyau de la gouttière et est allée se perdre dans un puisard établi au pied.

A Crocy, la foudre est tombée sur un bâtiment qui a été complètement brûlé. (Source B.N.)

 

Juillet 1893  -  Singulier exploit.  -  L'usage veut que les cierges des enfants des premières communions reviennent au curé. Cependant, à St-Jean de Caen, ce souvenir est, avec raison, laissé aux communiants. 

Mais voilà qui est plus fort. On nous affirme que, dans une commune du canton de Troarn, où les parents faisaient les récalcitrants, les cierges ont été réclamés par huissier. Nous ne  pouvons pas croire à semblable exploit. (Source B.N.)

 

Juillet 1893  -  Mort accidentelle.  -  Vendredi soir, en gare de Caen, le sieur Exupère Maheut, 34 ans, conducteur de train, demeurant, rue d'Auge, a été surpris par la machine du train-omnibus de Paris. Il a eu le pied gauche séparé de la jambe et la main gauche mutilée. Il a été porté à l’hôtel-Dieu, où il est mort en arrivant. Il était marié et sans enfants. (Source B.N.)  

 

Juillet 1893  -  Réhabilitation.  -  La cour de Caen vient dé réhabiliter le sieur Oscar Benoist, ex-receveur d'octroi à Bayeux, qui avait payé, ainsi que cela arrive souvent, pour un plus coupable que lui.  (Source B.N.)  

 

Juillet 1893  -  Les guêpes.  -  Il y a beaucoup de guêpes cette année par suite des chaleurs. Nos campagnes et nos plages en sont couvertes. Dans le Cher, ces insectes sont si nombreux qu'on ne peut pas cueillir les fruits. (Source B.N.)  

 

Juillet 1893  -  L’électricité à Caen.  -  La société d'Électricité dont nous avons parlé a pour titre : Société régionale d'Electricité, réseau normand. La société est anonyme. Son capital est de 600 000 fr. 

Dès maintenant, 2 000 lampes sont assurées. Le prix de consommation sera inférieur au gaz. L'usine serait installée promenade du Fort. La compagnie Ferrati n'a rien à perdre dans cette affaire, car on lui a fait la part très belle, pour son apport. (Source B.N.)  

 

Juillet 1893  -  Fabriques de conserves.  -  Le vent est aux conserves de toutes espèces. Cherbourg se remue pour en avoir une de viande. Nous croyons qu'il en a été aussi question jadis au sein de notre conseil municipal de Caen, puis on n'en a plus reparlé.  (Source B.N.)  

 

Juillet 1893  -  Le jus de tabac.  -  En vue de permettre aux cultivateurs de défendre leurs récoltes contre les ravages des nombreux insectes que la sécheresse a fait éclore, l'administration des contributions indirectes rappelle que le commerce en détail des jus de tabac dénaturés est entièrement libre et toute personne peut, sans être astreinte à la moindre formalité, obtenir la livraison de ces produite et même en constituer un dépôt, où chacun à la faculté de venir s'approvisionner. 

Une notice indiquant le mode d'emploi, les conditions de vente et d'expédition des jus de tabac dénaturés, est tenue à la disposition des intéressés par les entreposeurs de tabacs de Caen: Bayeux, Lisieux, Honfleur, Vire et Falaise.  (Source B.N.)  

 

Août 1893  -  La rougeole.  -  Une épidémie de rougeole règne en ce moment dans notre région sur les enfants, et fait des victimes trop nombreuses. Ceci tient à ce que cette maladie est mal comprise. Les parents regardent la rougeole comme terminée quand l'éruption a disparu, ce qui est une grave erreur, car la convalescence surtout est à surveiller et à soigner. Les petits malades doivent garder scrupuleusement la chambre pendant un temps assez long après l’éruption. (Source B.N.)

 

Août 1893  -  Union Athlétique Indépendante.  -  Prochainement, marche de 20 kilomètres. Cette société a l'intention d'organiser, vers la fin de la saison, une course internationale vélocipédique de 50 kilomètres et de marche de 25 à 30 kilom. (Source B.N.)

 

Août 1893  -  Pas d’eau !  -  Depuis huit jours, l'Odon est sans eau dans la traverser de Caen. Sur tout son parcours, les vases et les détritus de toutes sortes exhalent des odeurs pestilentielles. Il est urgent d’aviser si on veut prévenir une épidémie. Les riverains du petit Odon se plaignent aussi que le Bon-Sauveur, arrête l’eau à son passage dans l’établissement. Les ponts et chaussées, devraient bien aussi remettre le barrage à aiguilles qu'elles Ont enlevé samedi. Est-ce à cause de nos chaleurs tropicales que cette étonnante administration autorise l’exhalaison des miasmes ? (Source B.N.)

 

Août 1893  -  Le Cirque.   -  L'administration de la guerre ayant réquisitionné le cirque pour le cantonnement des réservistes, il ne sera pas encore démoli cette année. (Source B.N.)

 

Août 1893  -  L’ électricité à Caen.   -  C'est Un fait accompli : sous peu, nous aurons, à Caen l'électricité. La première assemblée générale constitutive a eu lieu mercredi. Les actionnaires présents, fort nombreux, ont adopté, à l’unanimité, les propositions à l'ordre du jour et ont nommé leur commissaire pour la prochaine assemblée qui aura lieu le samedi 26 août. Le capital, a été fait, pour moitié par Caen. Sous peu, commenceront sur la promenade du Fort, tout près du boulevard Bertrand, la construction de la nouvelle usine. (Source B.N.)

 

Août 1893  -  Les fabriques d’églises.   -  Le nouveau règlement sur la comptabilité des fabriques d'églises vient d'être promulgué. Désormais, les comptes des fabriques seront vérifiés et jugés par les conseils de préfecture, et soumis à la vérification des inspecteurs des finances. 

Tous leurs fonds disponibles devront être versés au Trésor. Dans le cas où le trésorier n'accepterait pas d'être comptable des deniers publics, il serait nommé, par les marguilliers, un receveur spécial, et, sinon, les fonds seraient encaissés par le percepteur de la commune, qui seuL pourrait lever les troncs de l'église, ses jours de tournée dans la commune. (Source B.N.)

 

Août 1893  -  Les retards des trains.   -  Le ministre des travaux publics, ému des retards signalés dans la marche des trains, a prescrit aux commissaires de surveillance des principales gares de dresser des procès-verbaux.

Un projet de loi punissant les retards par des amendes prélevées sur les dividendes va être présenté. (Source B.N.)

 

Août 1893  -  La chaleur.   -   La chaleur a été très grande dans le Calvados, mais pas encore comme dans le Midi et dans le centre de la France. Rien que dans l'arrondissement de Bordeaux, on a constaté douze morts par insolation. Dans la Loire-Inférieure, il y a eu aussi une dizaine de morts par suite d'insolation.  

 

Septembre 1893  -  Baigneurs.   -  Est-ce qu'aux portes de Caen, le long du canal, sur le cours Cafarelli, par exemple, où se trouvent de nombreux promeneurs, on ne pourrait pas surveiller les baigneurs qui sont là en état complet de nudité ? 

— Même observation au sujet de la commune de Louvigny.  (Source B.N.)

 

Septembre 1893  -  Les soleils.   -  Les individus qu'on est sur de trouver à Caen en certains endroits, espèces de souteneurs et autres, connus sous le nom de « Soleils », font en ce moment beaucoup trop parler d'eux. Encore, l'autre samedi, ils se sont acharnés à quatre ou cinq après un douanier de la rue Saint-Gilles, qu'ils voulaient jeter à l'eau et qu'ils ont tellement maltraité que le malheureux est resté au lit avec une blessure à la figure et des contusions par tout le corps. Les « Soleils » sont arrêtés et plusieurs seront condamnés, pour la dixième fois peut-être. (Source B.N.)  

 

Septembre 1893  -  Mauger et Decauville.  -  A plusieurs reprises déjà, on nous avait signalé les difficultés qu'il y avait à correspondre, avec le chemin de la Mer et les tramways Decauville, et vice versa. 

Nous mettions cela à l'actif du surmenage inévitable pendant la saison des bains. Mais il parait que cet état de choses est dû, d'après le Chevalier défenseur de la ligne Mauger, au rédacteur des horaires de la ligne Decauville. 

Quoi qu'il en soit, c'est à qui, entre les deux compagnies, fera manquer le plus de correspondances à l'autre. Ce sport d'un nouveau genre est au détriment du public. 

La préfecture à la haute main sur ces lignes locales, elle fera bien, au moins l'année prochaine, d'y apporter remède. Peut-être que d'ici-là l'Ouest aura acheté la Mer, qui est bien malade, en ce qui concerne sa voie et son matériel. (Source B.N.)

 

Septembre 1893  -  Tripes a une autre mode que celle de Caen.  -  L'eau n'étant pas assez abondante aux abattoirs de Caen, une seconde pression d'eau de Moulines a été installée, mais elle ne peut pas fonctionner sans la permission du préposé en chef de l'octroi. 

Dernièrement, les tripiers ayant réclamé, on leur a envoyé un employé facétieux qui leur a dit : « Si vous n'avez pas assez d'eau pour faire tremper vos tripes, pissez dessus... » Hâtons-nous de faire savoir aux amateurs de tripes que messieurs les tripiers ne l'ont pas fait.........  (Source B.N.)

 

Septembre 1893  -  Ce qui se passe à la morgue.  -  Nous avons raconté comment le corps de la dame veuve Mariette, morte subitement sur le pont de Vaucelles, avait été transporté à la morgue. Il parait que la gardienne de la morgue, après le départ du commissaire, aurait dépouillé complètement la dame Mariette de ses vêtements et l'aurait recouverte d'une vieille toile. 

Lorsque la personne envoyée par la famille pour réclamer le corps demanda les habits de la morte, la gardienne aurait répondu : « Elle n'avait que des nippes, tellement sales crue je les ai mises dans un coin du jardin pour les brûler ». La personne insista pour avoir les vêtements tels quels, on allait l'envoyer promener, lorsque le commissaire survint et ordonna la remise des vêtements, qui étaient en parfait état.  (Source B.N.)

 

Septembre 1893  -  Les décorations au 36e .  -  Officier, M. Georges Cavaignac, chef de bataillon : 33 ans de services, 6 campagnes, une blessure. — Chevalier, M. Jean Débouche, capitaine : 26 ans de services, une campagne, une blessure. 

— Médaille militaire, M.Augustin Hubert, adjudant : 14 ans de services. (Source B.N.)

 

Septembre 1893  -  Les manœuvres.  -  Les manœuvres sont terminées. Du dire de tous, elles ont été très réussies, mais ce n'a pas été sans fatigue. Une partie du 36e est rentré à Caen lundi par chemin de fer. Le reste revient par étapes et sera à Caen mercredi l'après-midi. (Source B.N.)

 

Septembre 1893  -  Les pommes.  -  Réductions de frais de transport par chemin de fer pour les envois de 5 000 kil. 

—Les prix dans le Calvados varient, selon les crus. On en trouve à 50 cent, la barretée, mais sur certains points les cultivateurs maintiennent le prix de 1 fr. (Source B.N.)

 

Octobre 1893  -  Quel toupet !  -  Les photographes de profession sont réputés pour en avoir, et les photographes amateurs donc ! 

Il y a quelque temps déjà, il s'est fondé à Caen une société dite amateurs, au grand mécontentement des photographes payant patente. Or, cette société de photographes amateurs est en instance auprès du conseil municipal pour obtenir une subvention. A quel titre ?... On se le demande. Si encore les membres de cette société se intentaient de se photographier entre eux il n'y aurait rien à dire, mais il paraît qu'ils reproduisent les sujets d'art et les monuments, et photographient les jolies actrices, leurs amies et connaissances. Nous sommes convaincus qu'ils ne font payer leur travail, ni en argent, ni en nature, mais cela fait un tort considérable aux photographes. Et, comme, il y a parmi les membres de cette société des employés de la ville, les photographes trouvent mauvais que ces messieurs, payés avec l'argent des contribuables, leur fassent concurrence. (Source B.N.)

 

Octobre 1893  -  Un dîner interrompu.  -   Lundi midi, au moment où le sieur Vivier, épicier, rue d'Auge, à Caen, se mettait à table avec sa famille, une voiture de la maison Primois, chargée de farine, a défoncé la devanture de sa boutique renversant les marchandises, les chaises et la table préparée pour le repas. Les quatre chevaux de l'attelage n'avaient pu franchir la montée du Gros-Orme, et, s'étant trouvés entraînés par le poids, la voiture avait défoncé la boutique. Il n'y a eu que des dégâts matériels. (Source B.N.)

 

Octobre 1893  -  Morts subites.  -   Le sieur Lamy, 60 ans, directeur des écuries de M. Gost, marchand de chevaux, rue de Vaucelles à Caen, est mort subitement dans la cour des écuries. 

— Le nommé Hengeon, 70 ans, propriétaire à Cristot, est mort samedi subitement chez la dame Picplu, aubergiste à Fontenay-le-Pesnel. (Source B.N.)

 

Octobre 1893  -  L’appel de la Classe 1892.  -   Tous les conscrits qui ne sont appelés sous les drapeaux que pour une seule année de service partiront le 11 novembre. Ceux qui vont rester au régiment pendant trois ans partiront le 14 et le 16 novembre, le 14, ceux qui sont attachés à des subdivisions de régions impaires, et le 16, ceux qui appartiennent à des subdivisions de régions paires, les uns et les autres recevront des ordres d'appel. Cette année-ci, aucune demande de changement de destination ou de devancement d'appel ne sera accueillie. 

Dans la 3e région de corps d'armée, les subdivisions impaires sont : Bernay, Falaise, Rouen (nord) et Caen. Les subdivisions paires sont : Evreux, Lisieux, Rouen (sud) et le Havre. (Source B.N.)  

 

Novembre 1893  -  Les odeurs de Caen.  -  Depuis quelque temps, on a choisi à Caen, pour dépôt des immondices, un terrain situé derrière les maisons de la rue de Falaise. Lorsque les vents soufflent du sud ou de l'ouest, cette partie du faubourg de Vaucelles est littéralement empoisonnée. (Source B.N.)

 

Novembre 1893  -  La tempête.  -  Samedi et dimanche, une tempête s'est déchaînée sur la Manche et a fait d'incalculables dégâts dans notre région.

— Plusieurs navires se s'ont échoués sur le littoral. Deux cadavres de marins ont été trouvés au milieu de monceaux de débris de toute sorte. La force du vent a renversé plusieurs wagons du Decauville, pas un des 14 voyageurs qui s'y trouvaient n'a été blessé.

— Le « Chanzy », M. Allainguillaume, s'est échoué à Ouistreham, le navire n'est pas en danger.

— L' « Elisabeth-Kelly », bateau anglais, allant en Islande, était en vue des côtes d'Angleterre, lorsqu'il a été pris par un coup de vent qui lui a brisé ses mâts et déchiré ses voiles. Il s'est  échoué en face de Langrune. Huit marins, dont six sont mariés, sont montés dans deux canots, au risque d'être engloutis, et ont sauvé les six hommes d'équipage. On espère sauver, le bateau.

— Trois hommes de l'équipage d'un bateau de Port-en-Bessin, enlevés par une lame, auraient été considérés comme perdus pendant quelques instants, lorsqu'une autre vague les aurait rejetés miraculeusement sur le pont.

— Au Havre, le pilote Mauger a été enlevé par une vague.

— A Dieppe, quatre hommes, qui portaient des amarres au paquebot « Paris », ont été jetés sous les roues : deux ont été tués.

— A Calais, on compte déjà 14 morts et plus de 50 orphelins.

— Un mur s'est écroulé sur la voiture du docteur Renaud, de Harfleur. Le domestique a été tué, M. Renaud est très grièvement blessé.

— A Châteaudun, éboulement d'un bloc de rocher qui a écrasé des maisons de la rue, des Fouleries. Huit personnes sont ensevelies et sûrement mortes.

—16 cadavres de marins anglais ont été trouvés sur les côtes de la rade de Morlaix. C'était l'équipage du trois-mâts anglais « Aboukir-Bay », de 1,117 tonneaux.

— Le vapeur « Orientos », de Hambourg allant à Lisbonne, s'est brisé sous Barfleur : 9 hommes sauvés, 5 noyés.

— Un vapeur grec le « Parastevi », allant à Cardif, naufragé sous St-Germain-de-Vaux, le pilote hollandais noyé ainsi que le second du bord.

— Le voilier « Surprise », perdu corps et biens en face de Biarritz : morts, 1 capitaine et 4 matelots.

— Devant Douvres, un  steamer à sombré : 21 personnes ont péri.

— On estime à 134 le nombre de personnes qui ont péri, en Angleterre, dans les accidents provoqués, par la tempête et en dehors de celles mortes avec les navires naufragés restés inconnus qui ont sombré.

— De Copenhague, on écrit qu'il y a eu une violente tempête. Un grand nombre de bateaux de pêche ont fait naufrage. 37 pêcheurs se sont noyés.

— Le vent a brisé des arbres d'une grosseur énorme. Beaucoup de pommiers ont été renversés. Il y a eu des trombes de neige à Alençon et au Mans. Il y a même eu, dimanche, dix centimètres de neige à Caumont-l'Eventé, et la voiture de Villers est restée en détresse sur la route. A Limoges et à Lyon, à Caen, il a encore neigé mercredi la nuit. (Source B.N.)

 

Décembre 1893  -  Santé publique.  -  L'administration municipale de Caen va bien faire de veiller à la propreté des rues, car on signalé dans notre région plusieurs épidémies. La  rougeole et la petite, vérole sévissent à Bayeux; à Hérouvillette, trois lieues de Caen, une épidémie d'angine diphtérique ou croup a fait plusieurs victimes. (Source B.N.)

 

Décembre 1893  -  Brutalité et bêtise.  -  Eugène Brout, 38 ans, né à Eterville, et Raoul Moisson, 29 ans, journaliers à Caen, étaient occupés à brasser du cidre dans la cour du sieur Georges Lebret, 39 ans, boucher à Caen, rue de Falaise. Dans cette cour, demeurent les époux Lerouvillois, dont le mari est employé de régie. 

Ce jour-là, l'un de ses collègues, le sieur Pourchel, vint le chercher : pour un rien, sur un mot de Pourchel, Brout se jeta sur lui et le frappa avec une extrême violence avec le bois dont il se servait pour remuer les pommes. Pourchel tourna plusieurs fois sur lui-même et tomba comme une masse, le crâne fendu. Les époux Lerouvillois étant, accourus furent également maltraités par Brout et Moisson. Sur sa porte, Lebret excitait en criant : « Tape, tape, ce sont des rats de cave », Brout et Moisson ont comparu en police correctionnelle. 

Lebret, son domestique Florentin Hubert,18 ans, et sa servante, la veuve Marie Lepleux, 39 ans, étaient cités comme témoins. Malgré les déclarations des prévenus et de divers témoins, ils ont soutenu que Lebret n'avait pas excité Brout et Moisson à frapper. Arrêtés et écroués, ils ont été rappelés devant le tribunal. Ils n'ont pas voulu revenir sur leurs déclarations. 

Par suite, Lebret a été condamné à 4 mois de prison et 200 fr. d'amende pour faux témoignage et ses deux domestiques à 2 mois. Quant à Brout, il fera 2 ans de prison et Moisson 4 mois, pour coups et blessures. L'état du sieur Pourchel, un moment très inquiétant, s'améliore. Il a subi l'opération du trépan. Elle a réussi. (Source B.N.)

 

Décembre 1893  -  Accident de voiture.  -  Mardi matin, à Caen, le petit Remoudin, demeurant chez ses parents, 54, rue Neuve-St-Jean, sortait du marché couvert avec une bouteille de  cidre, quand une voiture chargée de plusieurs fûts de vin le renversa et lui passa sur la jambe. Relevé plein de boue, l'enfant est porté à la pharmacie Le Béhot où l'on constata une contusion à la cuisse droite. Il en sera quitte pour quelques jours da repos. (Source B.N.)  

 

Décembre 1893  -  La tempête.  -  Mardi, le vent a soufflé en tempête sur notre région. Une cheminée a été renversée rue St-Jean. Il n'y a pas eu d'accident de personnes. Un navire de Granville a sombré près de Jersey. L'équipage a été sauvé. (Source B.N.)  

 

Décembre 1893  -  Statistique.  -  Le nombre des déclarations de vélocipèdes pour le Calvados est de 1 822 : arrondissement de Caen, 723, dont 456 pour Caen ; Bayeux, 177 ; Falaise,  208 ; Lisieux, 284 ; Pont-l'Evéque, 309 ; Vire, 121. (Source B.N.)

 

Décembre 1893  -  La Normandie et les îles Anglo-normandes.  -  Les liens si étroits qui, unissent la Normandie et l'archipel normand vont se resserrer encore. A la suite d'une enquête et après s'être concerté avec des personnages influents des îles, le comité caennais de l'Alliance française a résolu de subventionner les écoles françaises et l'étude du français à Jersey et Guernesey, où les empiétements de l'anglais ont mis la langue française en péril. (Source B.N.)  

 

Décembre 1893  -  Caen.  -  Pas plus que les années précédentes, il n'y a eu de réceptions officielles à Caen le 1er  janvier. Jamais notre ville n'a été aussi morne. 

Au moment où l'on parle d'épidémies qui n'ont pas encore, Dieu merci, éclaté à Caen, mais qui règnent dans diverses localités voisines, il est triste de voir dans quel état de saleté se trouvent la plupart de nos rues. Les malheureux ouvriers sans travail sont nombreux, pourquoi ne pas les embaucher pour opérer le dessèchement de tous ces lacs de boue. (Source B.N.)

 

Janvier 1894  -  Oies et dindes.  -  Les steamers de la compagnie de Southampton ont transporté cette année en Angleterre : 112 479 oies, et 8 550 dindes. Soit : 121 039 bêtes. (Source B.N.)

 

Janvier 1894  -  canalisation de l’Orne.  -  Un comité d'étude de douze membres a été constitué à Caen, sous la présidence de M. Toutain, Conseiller général, pour étudier la question de la canalisation du cours supérieur de l'Orne, à l'effet d'ouvrir une voie de communication commerciale à bon marché vers la Loire et le centre de la France, Ce projet n'est pas nouveau. 

Dès 1458, on songea à canaliser la partie supérieure de l'Orne dont on élargit le lit le long du coteau d'Allemagne. La guerre du Bien public fit abandonner ces travaux. On reprit ce projet en 1550. Les chaussées de Montaigu et de Bourbillon furent ouvertes et on amena à Caen des bois flottés. Un curé de Cairon, l'abbé Gruto Moinet, laissa même, par testament, 20 écus sol pour aider aux travaux de cette canalisation. (Source B.N.)  

 

Janvier 1894  -  M. Mofras et les étalages.  -  Le malendurant conseiller Mofras doit être content. Le maire vient de rappeler à l'ordre les commerçants qui dépassent les bornes de  l'étalage. Mais que M. Mofras se rassure, plusieurs commerçants se sont cotisés pour lui offrir, comme oeuf de Pâques, une crinoline à roulettes en osier, qui lui permettra, comme aux bébés du premier âge, de circuler tranquillement sur les trottoirs, sans crainte d'accident. (Source B.N.)

 

Janvier 1894  -  Imbroglio.  -  M. Roudaut, avocat, était en bicyclette. Sur les quais, il rencontre un autre cycliste, qui le culbute 

— « Le connaissez-vous ? » demande M. Roudaut à une brave femme qui n'y voyait pas clair.

— « Chest Moussieu Yvon ! » 

— « Mais non, répond M. Roudaut... Yvon, le confrère à papa, je le connais, »

— Bref, sur le vu de la bonne femme, le culbuté poursuit M. Yvon, non pas l'avoué, mais le fils de M. Yvon, demeurant rue Richard-Lenoir. 

Quoique Yvon affirmât qu'il n'était pas sur les quais au moment de l'accident, le juge allait tout de même le condamner, lorsque, du fond de la salle, on cria : « C'est pas Yvon, c'est Duchemin qui a fait le coup... » 

Sourire d'Yvon, mais grimace du plaignant et du juge de paix. Enfin, le vrai coupable, le fils Duchemin, demeurant chez ses parents, près de l'église Saint-Sauveur, est, à son tour, assigné, poursuivi et condamné à 200 fr. de dommages-intérêts. Et dire que voilà comment se commettent les erreurs judiciaires. (Source B.N.)

 

Janvier 1894  -  L’incendie de la rue du Général-Decaen.  -  Lundi, à 11 heures 1/2 du soir, un incendie, dont on ignore la cause mais qui n'est pas dû à la malveillance, s'est déclaré, à Caen, dans une des écuries appartenant  au sieur Paul Brion, éleveur, rue du Général-Decaen. 

Deux chevaux évalués à la somme de 6 200 fr. ont été asphyxiés. Quatre box ont été détruits et les pertes s'élèvent à 3 000 fr. (Source B.N.)

 

Janvier 1894  -  La crue de l’Orne.  -  Par suite des pluies torrentielles tombées près de Sées, l'Orne a cru subitement dans la nuit de jeudi à vendredi. Les prairies de Caen, d'Allemagne et de Louvigny ont été couvertes pendant deux jours. Il n'y a eu aucun accident de personnes. Mais la crue a emporté beaucoup de bois dans les coupes récemment faites. 

A ce propos, pourquoi, quand une crue est annoncée, ne prévient-on pas les communes riveraines. ? On pourrait prendre aussitôt les mesures nécessaires pour éviter les pertes et les accidents. (Source B.N.)

 

Janvier 1894  -  L’influenza.  -  Dans tout le département, ce mal fait des victimes. Les morts sont plus nombreux que lors de la précédente épidémie. (Source B.N.)

 

Janvier 1894  -  La cocotte.  -  Des cas de cocotte sont signalés dans une exploitation, au Pont-Créon, près Caen. Elle a été mise en interdit par arrêté préfectoral. (Source B.N.)

 

Février 1894  -  Port de Caen.  -  Après de nombreux délais, le projet important proposé par la chambre de commerce de Caen, pour l'amélioration du port, va enfin entrer dans la période d'exécution. Une décision du ministre des travaux publics autorise le préfet du Calvados a soumettre à l'enquête la partie de ce projet concernant : l'exhaussement du plan d'eau du canal de Caen à la mer, et la construction d'une seconde écluse à l'entrée du canal, à Ouistreham.  (Source B.N.)

 

Février 1894  -  Le carnaval de Caen.  - Cette année à Caen, carnaval plus animé que ceux des années précédentes. Dimanche, la promenade des bœufs gras avec cortège de mousquetaires et de trompettes l'a joyeusement inauguré. Cette résurrection d'une antique coutume avait attiré une foule considérable dans nos rues. 

Dimanche et mardi, on voyait de nombreux travestissements dans les rues. Les deux bals du théâtre ont été animés. Le carnaval sera clos le dimanche 4 mars par la cavalcade qu'organise l’Association sportive des étudiants et qui est en excellente voie. (Source B.N.)

 

Février 1894  -  Promenade des bœufs gras.  -  Dimanche, la boucherie Dupuy fera promener, dans les principales rues de Caen, trois bœufs gras. Outre les chars des bœufs, il y aura une escorte de cavaliers et un char de trompettes. Ce sera une véritable cavalcade, qui animera le carnaval. (Source B.N.)

 

Février 1894  -  Cavalcade.  -  Nous apprenons que L'Union sportive des étudiants de Caen organise, au profit des pauvres, pour le dimanche 4 mars, une cavalcade qui promet d'être très brillante. (Source B.N.)

 

Février 1894  -  L’heure de fermeture des pharmaciens.  -  Les pharmaciens de Caen voulaient, parait-il, fermer leurs officines à 9 heures du soir. Mais ce projet n'aura sans doute pas de suite, plusieurs pharmaciens s'y étant opposés en faisant observer que leurs clients étaient aussi intéressants à 9 heures et demie et à 10 heures du soir qu'à 9 heures. Toutefois, on  fermera, parait-il, les dimanches et fêtes à 9 heures et demie. (Source B.N.)

 

Février 1894  -  Triste fin de carnaval.  -  Mercredi matin, à Caen, on a retiré du bassin le cadavre du nommé Urbain Thomine, 22 ans, garçon boucher chez le sieur Quignot, rue St-Jean. Cette mort est accidentelle. Le corps a été transporté à la morgue en attendant l'arrivée de la famille. (Source B.N.)

 

Février 1894  -  Négligence regrettable.  -  Comment se fait-il que, après avoir dépensé de grosses sommes pour la restauration de l'église Sainte-Trinité de Caen, l'administration n'a pas le souci d'entretenir les couvertures ? 

II pleut dans cette église comme dehors. C'est cependant un monument historique, et il y a un architecte et un inspecteur pour ces monuments. Que font-ils ? (Source B.N.)  

 

Février 1894  -  Noyés.  -  Jeudi, à Caen, on a retiré du bassin le cadavre du nommé John Foresberg, 28 ans, sujet suédois, matelot abord du steamer norvégien « Fram ». Il y était tombé dans la nuit du 13 au 14 janvier. 

— Mardi matin, à 11 heures, on a retiré du bassin, à  Caen, le cadavre du nommé Jean Boudier, 43 ans, journalier. Petite-Place-St-Gilles, 5, qui était disparu de son domicile depuis le 9 janvier dernier. (Source B.N.

 

Février 1894  -  Cheval emporté.  -  Lundi matin, à Caen, un détachement du 36e suivait la rue Neuve-du-Port, lorsqu'un cheval emballé, attelé à une carriole débouchant de la rue Nationale, a coupé la colonne en marche avant que les soldats aient eu le temps de se garer. 

Le nommé Breton, clairon, a été renversé et la voiture lui a passé sur la jambe. Le lieutenant Gerst du 36e a été gravement blessé à la poitrine en arrêtant le cheval. (Source B.N.)

 

Février 1894  -  Cavalcade du 4 mars.  -  On travaille activement à la cavalcade qui aura lieu le 4 mars à Caen. Elle comprendra des chars et des groupes à pied. Ceux qui désireraient former des groupes sont priés de se mettre de suite en rapport avec le comité de l'Union Sportive des Etudiants, 68, boulevard St-Pierre : Des commissaires munis d'une carte spéciale contresignée par le président de l'U. S. E. C. et le président du comité d'organisation sont chargés de passer dans les différents quartiers pour, recueillir à domicile les inscriptions destinées à couvrir les frais de la cavalcade. Nous espérons qu'ils trouveront partout bon accueil. Il s'agit, en effet, d'une fête utile au commerce et dont doivent Bénéficier les pauvres. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1894  -  La fermeture des Pharmacies.  -  M. le secrétaire du syndicat pharmaceutique, nous écrit que ce n'est pas à 9 heures, 1/2 du soir, mais bien à  9 heures que les pharmaciens fermeront les dimanches et jours de fête. (Source B.N.)

 

Février 1894  -  Mouvement de la population.  -  D'un rapport inséré au Journal officiel, il résulte qu'il y a eu dans le Calvados en 1892, 8 616 naissances ; 10 672 décès ; 3 054 mariages et 89 divorces, excédent des décès, 2 056. (Source B.N.)

 

Février 1894  -  Le froid.  -   L'hiver nous est revenu brusquement cette semaine. Mardi matin le thermomètre marquait 4 degrés au-dessous de zéro et mercredi 6 degrés.  (Source B.N.)

 

Mars 1894  -  Tué sous sa voiture.  -  Lundi  soir, le sieur Frédéric Chilard, 47 ans, domestique chez M. Cahusac, rue de Vaucelles, 61, à Caen, est passé sous la roue d'une voiture qu'il conduisait, sur le territoire de Mondeville. Cet homme a été transporté chez lui, où il est décédé quelques heures après. (Source B.N.)

 

Mars 1894  -  Accident dans le bassin de Caen.  -  Le « Firth-of-Forth », trois-mâts anglais, chargé de nitrate de soude, à l'adresse de M. Bidgrain, a chaviré mardi matin, vers 11 heures, dans le bassin de Caen, alors qu'il était presque déchargé, il ne restait plus qu'environ 50 sacs de nitrate (une tonne) lorsque l'accident s'est produit. Le capitaine et les trois où quatre hommes occupés au déchargement étaient à bord et ont débarqué en voyant le navire s'incliner. (Source B.N.)

 

Avril 1894  -  Inauguration du calvaire de Vaucelles.  -  Lundi, a eu lieu l'inauguration du nouveau calvaire de la paroisse de Vaucelles de Caen. Les rues étaient toutes bien décorées, affluence énorme de curieux. Mgr l’évêque de Bayeux présidait. Il était assisté d'un seul de ses grands vicaires, l’abbé Goudier. Signe des temps : en tête de la procession, avant la bannière de Vaucelles, était porté un drapeau tricolore. (Source B.N.)

 

Avril 1894  -  Un nouveau microbe.  -  Il paraîtrait que dans les manufactures de tabac, beaucoup d'employés sont phtisiques et qu'ils ont l'habitude de coller les feuilles de tabac, en roulant les cigares avec leur salive. Ils propagent ainsi le bacille de la tuberculose. (Source B.N.)  

 

Avril 1894  -  L’électricité.  -  La chambre, de commerce, désirant voir éclairer à l’électricité le port et le canal de Caen à la mer afin de permettre à toute heure son accès à la navigation a décidé de mettre, le dossier à la disposition des sociétés d'électricité qui proposeraient de se charger de l’entreprise. (Source B.N.)

 

Mai 1894  -  La viande.  -  Par suite de la rareté des bestiaux sur nos marchés, le prix de la viande augmente partout, à Caen comme ailleurs. A Clermont-Ferrand, la municipalité ayant établi la taxe, tous les bouchers se sont mis en grève. Habituellement, on y tue le vendredi 40 bœufs, 100 veaux et 150 moutons. Vendredi dernier, il a été abattu seulement 3 bêtes à cornes, 6 veaux et une dizaine de moutons. (Source B.N.)

 

Mai 1894  -  Incendie à l’épicerie Potin.  -  Cette nuit, un peu après quatre heures, le feu s'est déclaré dans le magasin de M. Dupuy, épicier, place de la République, à Caen. Le magasin avait été fermé à dix heures, le feu a donc dû couver pendant plusieurs heures avant d'éclater. 

C'est dans la caisse que le feu a pris et s'est, communiqué à la devanture, du côté de la place. On ne peut préciser la cause de ce sinistre. Il y avait bien une chaufferette dans la caisse, mais il n'y avait pas de feu. A l'aide de la bouche d'eau, le feu a été éteint en moins d'un quart d'heure. 

Les dégâts sont considérables, à cause des marchandises avariées. Toute la viande est carbonisée en partie. Il pouvait y avoir dans la caisse, en petites pièces et sous, environ 300 fr. qui ont été presque tous fondus. Les livres courants et les factures à recouvrer, 3 000 fr. environ, ont été brûlés. Il y a assurance. Ce sinistre pouvait avoir de désastreuses conséquences, car dans les caves il y avait 10 000 litres d'eau-de-vie et liqueurs. (Source B.N.)

 

Mai 1894  -  Pigeons voyageurs.  -  Par décision du ministre de la guerre, les sociétés colombophiles du Calvados désignées pour prendre part aux concours militaires en 1894 sont : l'Espérance de Caen, la Conquérante de Falaise, la Falaisienne de Falaise, la Colombe de Lisieux, le Ramier normand de Mathieu, l'Hirondelle-de-la-Mer de la Délivrande.  (Source B.N.)

 

Mai 1894  -  Est-il vrai ?   -  Est-il vrai que, dans un café peu éloigné de notre théâtre, le service soit fait par une bonne à tout faire habillée en homme, à la grande joie de certains consommateurs, qui se font un touchant plaisir de s'assurer si, sous ces habits masculins, il n'y a pas une femme. Et la police des mœurs, que fait-elle pendant ce temps-là ? (Source B.N.)

 

Mai 1894  -  Température.   -  Après une journée de forte chaleur, le temps s'est mis au vent et au froid. Cela a été dur. Pendant quelques jours, la mer a été démontée. Plusieurs bateaux se sont échoués sur nos côtes. Samedi, le canot de plaisance l’ « indépendance », appartenant à M. Baudrier, rue d'Auge, a été trouvé abandonné et désemparé sur la plage de Lion. M. Baudrier, qui le montait, a dû être enlevé par un paquet de mer. Pendant la nuit de lundi, de gros grêlons sont tombés sur Caen et les environs. A Condé et à Flers, on a ressenti comme une légère secousse de tremblement de terre. 

En Touraine et dans le Midi, de véritables désastres ont été occasionnés par des orages effroyables de grêle. Dans le Puy-de-Dôme, inondations. Une usine a été en partie détruite. Une vieille dame de 80 ans a été noyée dans l'appartement qu'elle occupait au rez-de-chaussée. Un homme, âgé de 52 ans, a été entraîné par le torrent. A Rive-de-Giers, une femme, qui s'était réfugiée pendant l'orage dans un café, est morte subitement de frayeur causée par les éclats de la foudre. Près de Murcie, dans une maison de campagne, la foudre a tué une femme, dont elle a grièvement blessé le mari. Temps épouvantable aussi à l'étranger. En Écosse, il est tombé de la neige. (Source B.N.)

 

Mai 1894  -  Pluie de crapauds.   -  Dimanche, entre Mesnil-Opac et Moyon (Manche), un nuage noir a crevé, vers quatre heures du soir, laissant échapper une multitude de petits crapauds appelés têtards. La route en était tellement obstruée que la diligence de Tessy à Saint-Lô a éprouvé un sérieux retard. Les habitants ont lâché sur ces jeunes batraciens des porcs qui, en moins de deux heures, ont fait absolument route nette. (Source B.N.)

 

Juin 1894  -  Procession de la fête-dieu.   -  Nous ne savons si toutes les paroisses de Caen sortiront dimanche prochain. C'est probable, car le maire rappelle qu'aussitôt les processions passées, les fleurs et feuillages jetés sur leur passage devront être sous peine d'amende, balayées et entassées dans les cours et allées. (Source B.N.)

 

Juin 1894  -  Armée de réserve.   -  Les officiers de réserve et territoriaux, en résidence dans la 7e subdivision à Caen, sont informés que des manœuvres d'un jour seront exécutées par le 36e, les 4 et 25 juin ; 16 juillet et 20 août. Ceux des officiers qui désireraient y prendre part sont invités à en demander l'autorisation au colonel du 36e qui leur fera parvenir le programme des opérations. (Source B.N.)

 

Juin 1894  -  L’utile et l’agréable.   -  A l'exposition de la société d'Horticulture, M. Lenormand, cultivateur-grainier à Caen, avait obtenu, pour sa magnifique collection de fleurs, deux médailles d'or et trois médailles de vermeil, MM. Letellier, père et fils, pépiniéristes à la Maladrerie, deux prix d'honneur pour leurs roses et leurs arbustes d'ornement.

Même succès au concours régional. MM. Letellier ont obtenu une prime d'honneur du ministre pour l'importance de leur culture et un premier prix, médaille d'or, pour les pommiers à cidre  et arbustes d'ornement.

Le premier prix, médaille d'or, a été décerné à M. Lenormand, pour ses racines de betteraves fourragères, graines et graminées pour prairies, graines potagères et fourragères.

C'est sans doute à la vue de ces belles collections que M. Vilmorin, de Paris, s'est déclaré hors concours, le matin même de l'examen du jury.

La 4e médaille d'or de la société d'Horticulture a été décernée à M. Allan, jardinier à Caen, pour ses géraniums. (Source B.N.)

 

Juin 1894  -  Électricité à Caen.   -  Samedi soir, soirée d'inauguration organisée par le conseil d'administration de la société d'électricité, promenade du Fort. Dimanche, entrée gratuite. (Source B.N.)

 

Juin 1894  -  Pauvres malades.   -  Est-il vrai que le cidre donné à aux malades de l’hôtel-Dieu de Caen, est aussi mauvais qu’on le dit ? Les malades s'en plaignent.

Est-il vrai que des malades, ayant éprouvé des douleurs d'entrailles, le médecin ait supprimé, les tasses en étain qui ont été remplacées par des moques en grès ?

Il paraîtrait que l’acidité du cidre colorait en noir la tasse en étain, que dès lors, devait contenir du plomb, drôle d'étain fin pour un hôpital! D'un autre côté, l'usage du vin devient de plus en plus rare et le lait est délivré trop parcimonieusement.  

 

Juin 1894  -  Ce que coûte une imprudence.   -  Le 8 mai dernier, M. Grenard, 29 ans, marchand de fromages, 28, rue St-Pierre, à Caen, avait laissé sa voiture à la porte d'un commerçant. Le cheval, effrayé par le passage d'un train, vint se précipiter, rue de Falaise, dans la boutique, de M. Lebrun, plâtrier. 

Deux petites filles de 7 et 9 ans, les jeunes Bervas, qui sortaient de l'école, furent renversées et assez gravement blessées. M. Grenard a payé les frais de médecin et de pharmacien, il a remis à la famille 800 fr., malgré cela, il été poursuivi pour blessures par imprudence, et condamné à 40 fr. d'amende. (Source B.N.)

 

Juin 1894  -  Avis.   -  Lundi matin, la France entière a appris avec stupeur une épouvantable nouvelle. Dimanche soir, M. Carnot, président de la République, avait été assassiné à Lyon. 

On n'osait croire à la réalité de telle affreuse catastrophe, car M. Carnot était aimé de tous les partis. Il n'avait pas un seul ennemi. 

Le président de la République était allé visiter l'exposition de Lyon. Samedi, à son arrivée dans la seconde ville de France, il avait été accueilli avec un chaleureux enthousiasme. 

M. Carnot était, dans sa 57e année. Il appartenait à une vieille famille républicaine de Limoges. Son grand-père, membre du Comité de Salut public sous la Révolution française, organisa les vaillantes armées qui repoussèrent l'étranger et mérita le titre d' « organisateur de la victoire ». Son père, Hippolyte Carnot, fut ministre de la République en 1848. (Source B.N.)  

 

Juillet 1894  -  Notre musée.   -  L'exposition des beaux-arts, à Caen, et l'achat de quelques toiles plus ou moins bonnes fait par la ville ont attiré l'attention sur l'arrangement de notre musée qui, au dire de tous, laisse beaucoup à désirer. Nous sommes de cet avis et appuyons MM. Mobilleau et F. Engerand qui demandent la nomination d'une commission artistique. (Source B.N.)

 

Juillet 1894  -  Les pommes.   -  La récolte, sur certains, points, sera bien inférieure à l'an dernier. Dans le pays d'Auge, les arbres de première saison, qui ont fleuri avant la sortie de l'anthonome, ont du fruit, ceux de seconde floraison sont chargés de clous de girofles et les troisièmes pommes, qui ouvrent avec tant de peine, sont attaquées par le ver. De plus, les chenilles travaillent avec activité et, en peu de jours, ces voraces insectes font disparaître toutes les feuilles. (Source B.N.)

 

Juillet 1894  -  Le Calvados !   -  Notre département est au nombre de ceux qui ont le plus manifesté à l'occasion de la mort de M. Carnot. De toutes parts, adresses, fleurs, délégations et services, des prières ont même été dites au Temple. 

— A St-Etienne de Caen, c'est l'évêque qui présidait. S'il est vrai qu'un douanier a été sévèrement puni pour être arrivé en retard, une grâce s'impose en raison de la circonstance. (Source B.N.)

 

Juillet 1894  -  La fièvre aphteuse.   -  Les arrêtés préfectoraux continuent à pleuvoir sur les exploitations infectées de cette fièvre contagieuse. (Source B.N.)

 

Juillet 1894  -  Trop de zèle.   -  L'arrêté sur les jeux jette la perturbation dans tout le département. Des maires le prennent à la lettre et interdisent même le jeu de bouchon, d'autres repoussent les loteries, et les vaisseliers désertent notre pays pour des contrées moins tracassières. Nous comprenons très bien que l'on fasse la chasse aux bonneteurs et autres écumeurs de champ de foire, mais interdire la galoche, le jeu de quilles et les loteries, c'est assurément dépasser les intentions préfectorales. (Source B.N.)

 

Juillet 1894  -  Mauvaise idée.   -  Le conseil municipal de Caen n'avait pas voulu, cette année, vendre de gré à gré les herbes de l'hippodrome et avait tenté une adjudication publique. Elle n'a pas donné de résultat et voilà la ville obligée de récolter et de vendre son foin, ce qui n'en mettra pas dans les boites des contribuables. (Source B.N.)

 

Juillet 1894  -  Ce qui se passait le 5 juillet en Saint-Pierre de Caen.   -  Il y avait, ce jour-là, audition de musique sacrée à Saint-Pierre de Caen, avec quête pour les pauvres, à la porte. Après la première partie, plusieurs personnes voulurent se retirer par la porte où elles étaient entrées, mais elle était fermée à clef. Il s'en est suivi une légère bagarre provoquée par le suisse, qui a souffleté un gamin et bousculé plusieurs personnes, notamment un étudiant qui n'était certes pas venu pour provoquer un scandale. 

M. le curé de Saint- Pierre, qui nous parait être revenu, depuis quelque temps, à des idées plus calmes et plus chrétiennes, fera bien d'engager messieurs ses employés à suivre son  exemple. (Source B.N.)  

 

Juillet 1894  -  Accoucheuse et sorcière.   -  Dans les communes des environs de la Maladrerie, les femmes en train de bien faire ne parlaient que de la mère Martin et de son savoir en accouchements. De plus, la mère Martin passait pour sorcière, capable de conjurer les sorts que les malins se permettent de jeter sur les pauvres d'esprit. Aussi, par confiance et par crainte, toutes les femmes en couche la faisaient-elles appeler.

Malheureusement, l'une des accouchées est morte d’une Fièvre qu'un médecin aurait pu guérir et l'accoucheuse a été poursuivie. Malgré tout son pouvoir, la dame Bunouf, née Martin, âgée de 65 ans, n'a pas pu conjurer le sort qui la fait condamner à 50 fr. d'amende pour exercice, illégal de l'art des accouchements. (Source B.N.)

 

Juillet 1894  -  Vélocipédie.   -  Dans la course Caen-Cherbourg (240 kilomètres aller et retour), le premier des routiers amateurs bicyclettes, M. Vattier, montait une machine Rudge, encore un nouveau succès pour l'agence vélocipédique de la rue Samuel-Bochart, la plus ancienne de Caen. (Source B.N.)  

 

Août 1894  -  Les tramways.   -   C'est bon les tramways, mais il faudrait que les voyageurs et leurs colis y trouvent toutes les facilités désirables, puisqu'on paie. Les contrôleurs n'aiment pas à se gêner et l'on ne sait à qui s'adresser, de sorte que des marchandises, même de très minuscules paquets, se trouvent rester en panne pour le plaisir d'un bureaucrate. Il y a là quelque chose à faire, une lacune qu'il faut faire disparaître, parce que, avec les bains de mer, on a souvent des commandes pressées qui n'admettent pas de retard. 

La ligne de Caen à Luc est mal organisée sous ce rapport. Chaque jour, on entend les plaintes des voyageurs. (source B. N.)

 

Août 1894  -  Les orages.   -   Depuis dix jours, notre contrée est sous le coup d'orages désastreux, les récoltes sont en souffrance, les pommes de terre se gâtent, les fruits ne mûrissent pas ou pourrissent aux arbres. La nouvelle lune parait vouloir nous être clémente. Il n'est pas trop tôt. (source B. N.) 

 

Août 1894  -  La Cocotte.   -  Dans divers cantons de la Manche, limitrophes du Calvados, la fièvre aphteuse prend un tel caractère envahissant que le préfet a pris un arrêté interdisant l'introduction dans le Calvados des animaux des espèces bovine, ovine, caprine et porcine de la Manche. (source B. N.)

 

Août 1894  -  A l’Hôpital.   -  Est-ce qu'on ne devrait pas transporter à l'hôtel-Dieu tous les blessés de la voie publique, surtout, les vieillards et les inconnus ? 

— On est féroce à l'hôpital de Caen et les portes sont closes pour les miséreux.  Ainsi, la semaine dernière, un pauvre bonhomme blessé et contusionné par un omnibus, sur le boulevard Saint-Pierre, la bouche pleine de sang, moulu, brisé, à 7 heures 1/2 du soir, n'a pu obtenir l'entrée de l'hôpital, malgré la présence et la constatation des sergents de ville qui ont montré beaucoup de zèle dans cette occasion. (source B. N.)

 

Août 1894  -  Explosions.   -   Dimanche, au début des courses, une forte détonation était entendue de tous les points de la ville. On crut à un coup de canon. C'était la machine à vapeur faisant fonctionner une grue, employée au déchargement du steamer « l’Actif », chargé de charbon pour M. Lamy, qui venait de faire explosion. La machine, en éclatant, a tué le mécanicien Ernest Josserand, 39 ans ; Auguste Alliaume, 36 ans, qui recevait les bannes, a été trouvé sans vie sous un énorme morceau de la chaudière, enfin, Théodore Dufouet, 45 ans, grièvement blessé aux reins, est mort à l'hôtel-Dieu où on l'avait transporté. Six autres personnes ont été également atteintes, mais leur état ne présente aucune crainte. (source B. N.)

 

Août 1894  -  Duel.   -   M. Paulmier, député, s'est battu à l'épée avec M. Papillaud, à propos d'un article de la Libre parole qui ne les regardait ni l'un ni l'autre. M. Papillaud a été blessé au ventre. (source B. N.)

 

Août 1894  -  Singulière mutilation.   -  Dans la nuit de vendredi à samedi, le sieur Ernest Gaucher, 44 ans, perruquier, rue d'Auge, 94, à Caen, s'est pratiqué, au moyen d'un rasoir, une mutilation de façon à ce que jamais il puisse lui revenir le désir de faire des enfants. Il a été transporté à l'hôtel Dieu. Ah ! si on avait ainsi rasé certain abbé, les dévotes de Vaucelles ne seraient pas aujourd'hui dans la consternation. (source B. N.)

 

Août 1894  -  Un coup de cuillère bien appliqué.   -   Samedi, vers minuit, on transportait à la pharmacie Le Behot, à Caen, une femme ensanglantée, atteinte d'un coup de cuillère à pot à la tête. C'était une femme Caillot, demeurant rue du Montoir-du-Château, qu'une voisine venait de blesser assez grièvement à la tête. (source B. N.)

 

Août 1894  -  Permis de chasse.   -   Partout les bureaux ont été assiégés par les chasseurs venant réclamer leur permis. A la préfecture de Caen, la veille du 26 août, on en a délivré 850. (source B. N.)

 

Août 1894  -  Départ du 36e.   -   Deux bataillons ont déjà quitté Caen, le troisième partira le 23 septembre. Le 36e sera remplacé parle 5e. (source B. N.)

 

Septembre 1894  -  Famille de bourreaux.   -   Les exécuteurs des hautes-œuvres sont en ce moment les héros du jour. On recherche ce que sont devenus les anciens bourreaux mis à la retraite par suite de la création d'un exécuteur unique. 

— Celui de Caen, Louis Grinhesser, s'était retiré à Mondeville où il exploita de vastes terrains maraîchers. Il avait épousé la sœur de Deibler, l'exécuteur actuel. Il est mort en 1883 laissant un fils et deux filles. (source B. N.)

 

Septembre 1894  -  Les orages.   -   Notre région est toujours sous le coup de gros orages. Dimanche soir, à Caen, on aurait cru que la foudre tombait à chaque coup sur la ville.  Mercredi  la nuit, nouvel orage, moins fort, cependant. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1894  -  Pommes.   -   Messieurs les agriculteurs désireux de se procurer des toiles à pressoirs sont priés de bien vouloir faire leur commande à l'avance Compagnie Linière et Chanvrière, 94, boulevard Saint-Pierre, Caen. (source B. N.)

 

Septembre 1894  -  Incendie.   -   En Amérique, des forêts ont pris feu. Six villes sont devenues la proie des flammes. 400 personnes ont été brûlées. Des 400 maisons de la ville de Hinckley, une trentaine sont seulement restées intactes. (source B. N.)  

 

Septembre 1894  -  Excitation de mineures à la débauche.   -  La veuve Lallemand, 76 ans, les époux Travers, 38 ans, et la veuve Denize, 51 ans, tous débitants à Caen, avaient été cités à comparaître à la dernière audience du tribunal correctionnel de Caen, sous l'inculpation d'excitation de mineures à la débauche, c'est-à-dire qu'il avaient reçu à coucher dans leurs établissements des filles plus ou moins soumises, mais n'ayant pas l'âge exigé par la loi assez fantaisiste sur la prostitution. Cet affaires ont été renvoyées à quinzaine. (source B. N.)

 

Septembre 1894  -  Trop de vacances.   -  Pour l'année scolaire 1893-1894, on arrive, dans les lycées et collèges, au total inouï de 201 jours de congé contre 164 de travail. (source B. N.)

 

Septembre 1894  -  Le vélo.   -  L'Académie a parlé. Tout compte fait, sauf de très rares exceptions, hommes et femmes peuvent, sans danger pour leur santé, monter en vélocipède, cet exercice n'est interdit qu'aux personnes atteintes d'une maladie de cœur. (source B. N.)

 

Septembre 1894  -  Caen à Londres.   -  Un vapeur à deux hélices, le « Calvados », a été lancé en Écosse : il est destiné à faire le service entre Caen et Newhaven. Un autre navire de même dimension, le « Trouville », est sur les chantiers et sera lancé prochainement. (source B. N.)

 

Septembre 1894  -  Pommes et poires.   -  La récolte varie dans le Calvados. Dans certains endroits, les pommes abondent et les poires sont en moyenne, dans d'autres parties, les  poires sont en abondance et les pommes donnent une demi-année. Quoi qu'il en soit, les pommes ne seront pas chères cette année et il ne faut pas les payer au-dessus de un franc la barattée. (source B. N.)

 

Octobre 1894  -  Dix milles soldats prisonniers.   -  Dix mille réservistes ou territoriaux sont sous le coup d'une condamnation à deux jours de prison, pour n'avoir point présenté leur livret à la gendarmerie, ainsi que cela leur était enjoint par des affiches placardées au milieu de cent autres. (source B. N.)

 

Octobre 1894  -  De la lumière S.V.P.   -  La semaine dernière, le bateau du Havre est arrivé par le Canal. Il était sept heures et demie, c'est-à-dire nuit noire. Le bateau a été amarré dans le bassin, près d'un ponton, en face de la Morgue. Pour quitter le navire, il fallait traverser le ponton pour sauter sur le quai. Or, trompé par l'obscurité, un voyageur a fait un faux pas et est tombé sur le granit du quai, ayant une jambe entre le ponton et le quai. En tombant, il s'est fait une assez forte contusion au genou droit. Qu'on éclaire donc nos quais. Eh ! mais, si ce n'est pas pour l'amour de Dieu, que ce soit au moins pour la sécurité du public. (source B. N.)

 

Octobre 1894  -  Vélocipédie.   -  Par suite d'une indisposition, M. Daumalle, du « Vélo-Sport Caennais », reporte à l'année prochaine le défi lancé par lui à M. Letellier, des « Cyclistes Normands ».

M. Bickel l'a remplacé par un match de 30 kilomètres, qui a été couru dimanche dernier. M. Letellier en est sorti vainqueur. (source B. N.)

 

Octobre 1894  -  Appel des conscrits.   -  Le bruit s'accrédite de plus en plus que l'appel de la classe de 1893 aurait lieu, par anticipation du 12 au 15 novembre. (source B. N.)

 

Novembre 1894  -  Plantation de calvaire.   -  Dimanche, a eu lieu à Caen l'inauguration du calvaire de la paroisse Saint-Julien, La foule était considérable, les rues étaient brillamment décorées. L'évêque de Bayeux, visiblement fatigué, présidait la cérémonie. Le sermon a été fait par le curé de Saint-Pierre, de Caen. Le soir, l'église St-Julien, la tour, le presbytère et un arc de triomphe placé auprès étaient éclairés à la lumière électrique. (source B. N.)  

 

Novembre 1894  -  Avis.  -  A partir du 9 novembre, le marché aux bestiaux, qui se tenait à Caen, place St-Martin, sera transféré sur la promenade St-Julien, dans les emplacements aménagés à cet effet. 

A partir du lundi 12 novembre, le marché aux peaux et aux suifs sera transféré place des Abattoirs. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1894  -  Le départ de la classe.  -  Le départ des conscrits aura lieu les 15 et 16 novembre. Certaines catégories d'appelés seront cependant mises en route quelques jours plus tard. Les conscrits affectés aux troupes stationnées en Algérie et en Tunisie partiront par petits détachements, du 18 au 26 novembre, de façon à ne pas encombrer les paquebots. Le recrutement de la Seine n'enverra pas, cette année, d'hommes aux zouaves, aux tirailleurs algériens et aux chasseurs d'Afrique. (source B. N.)

 

Novembre 1894  -  La tempête.  -  Elle a commencé dans notre région dès dimanche la nuit puis s'est étendue un peu partout en passant sur Paris qui était, lundi soir, tout sens dessus dessous. 

A Caen, les tuiles et les ardoises pleuvaient dans les rues, des cheminées ont été renversées, des arbres abattus sur nos promenades. Un peuplier du parc de la préfecture a, en tombant, démoli la toiture du presbytère Notre-Dame. Un clocheton des bas côtés de l'église Saint-Jean est tombé sur la toiture de l'ancienne école des Sœurs en brisant quelques chevrons et, de là, a roulé dans la rue des Carmes. Une gargouille de l'église Saint-Sauveur est tombée dans la rue Froide et a failli blesser une jeune fille. Rue Saint-Pierre, M. Royer photographiait une enfant quand une partie de l'atelier (murs et vitrage), a été emportée. L'enfant n'a eu aucun mal. Le sieur Maurice Labarie, propriétaire d'un bateau de plaisance, a été enlevé de son bord et jeté dans le canal. Il a pu se sauver à la nage. Près du pont de Vaucelles, le jeune Leclerc, 17 ans, est tombé dans l'Orne en voulant rattraper le chapeau de son père emporté par le vent. Il a été retiré sain et sauf par le sieur Isambart, conducteur de scierie. Il y a eu de grands dégâts à la toiture des Facultés.

Les trains des tramways ne sont partis, lundi soir, ni de Luc, ni de Dives, à cause de la tempête. Le dernier train du soir n'est pas parti de Caen.

Dans les autres villes du département, on ne signale que des dégâts matériels. Sur nos côtes la tempête a eu une violence inouïe.

Grands dégâts à Lisieux. La couverture de la nouvelle halle des marchandises à la gare a été enlevée. Un homme a été blessé. A Mézidon; la chute d'une cheminée a blessé cinq personnes, dont quelques unes grièvement. Une partie de la couverture de la gare de Pont-l'Evêque a été enlevée. 

A Paris, le nombre des personnes atteintes par les ardoisés ou les tuyaux de cheminées dépasse deux cents. Une victime est morte, plusieurs sont dans un très grave état. (source B. N.)

 

Novembre 1894  -  Société Caennaise des Tramways.  -  Les actionnaires sont convoqués en assemblée générale le samedi 17 novembre, 2 heures 1/2, au bureau de Caen, 90, boulevard St-Pierre. Il y sera décidé que le titre de : « Société Caennaise » sera remplacé par celui de « Société des Tramways du Calvados », et comprendra toutes les lignes de notre département, faites ou bien à faire. (source B. N.)

 

Décembre 1894  -  Les malheurs d’Arthur.   -  Cet Arthur Benard est âgé de 39 ans, il est journalier et habite la rue de Vaucelles. Un jour, M. Buffart lui remit 3 fr. pour payer le tannage d'une peau de chien. Mais Arthur les but au lieu de les donner au corroyeur et, comme il a été déjà condamné, le tribunal le condamne à un mois de prison. 

Mais ce n'est pas tout : Arthur Benard vit séparé de sa femme. Jusque-là, il l'avait laissée libre. Mais voilà qu'un matin il se ravisa, fut trouver le commissaire et la fit pincer en adultère avec un nommé Albert Isabel, 45 ans, maçon à Caen. Le tribunal, ne pouvant pas les acquitter, les a condamnés chacun à une modeste amende de 30 francs. (source B. N.)

 

Décembre 1894  -  Le froid.   -  Il fait un froid glacial depuis quelques jours. Le temps est à la neige. A Paris, il en est tombé et le froid a déjà fait des victimes. (source B. N.)

 

Décembre 1894  -  Exposition Universelle.   -  Le jury a décerné une médaille d'or et une médaille d'argent à M. Albert Peschard, docteur en droit à Caen, auteur des premières orgues électriques, pour travaux scientifiques. (source B. N.)

 

Décembre 1894  -  Chevaux et mulets.   -  Les propriétaires de chevaux, juments, mulsts et mules devront se présenter a ta mairie de leur commune avant le 1" janvier pour faire la déclaration des animaux qui sont en leur possession, sans aucune distinction, et en indiquer l'âge et le signalement. Il leur sera donné récépissé de cette déclaration. La loi punit d'une amende de 25 fr. à 1,000 fr. le défaut de déclaration. (source B. N.)  

 

Décembre 1894  -  Tempête.   -  Les ouragans qui se sont déchaînés ces jours derniers sur l'ouest de l'Europe ont causé de nombreux accidents. La mer était démontée sur nos côtes. Un certain nombre de canots de pêcheurs ont éprouvé des avaries. Le canot « Blanche-Marie », d'Yport, a sombré en face du port de Fécamp. Le patron, père de sept enfants, a péri avec, ses trois matelots.

— La « Virginie-Hélise », de Lannion, allant au Havre, a fait naufragé en vue d'Auderville (Manche). Le bateau de sauvetage de Goury a pu, en bravant les plus grands périls, sauver le capitaine et trois hommes. Le cadavre d'un quatrième est resté accroché dans les haubans et n'a pu être enlevé.

— La tempête a été, formidable sur les côtes d'Angleterre et de Hollande. Une goélette de Glascow a sombré avec seize hommes. Un train de marchandises a déraillé à Chelford, par suite de la violence du vent, et a été jeté en avant de l'express. Il y a eu douze morts et trente blessés.

— A Glervan, le vent a jeté dans un fossé une voiture de saltimbanque. Le feu y a pris et quatre personnes, qui y étaient couchées, ont été carbonisées. Beaucoup de personnes ont été tuées par la chute de cheminées, Sur les côtes de Hollande, une cinquantaine de barques ont coulé avec équipages. (source B. N.)

 

Janvier 1895  -  Que de boue !   -  Jamais, les rues et nos boulevards n'ont été boueux à ce point. Personne ne s'en occupe donc...  — Il y a, pourtant des ouvriers sans travail. Qu'on en embauche et qu'on nettoie nos rues. Ca sera à la fois faire acte de charité et de salubrité. (source B. N.)

 

Janvier 1895  -  On demande.   -  1° un peu plus d'éclairage à l'arrivée des tramways sur le quai de Caen, toujours encombré par des voitures et des tas de charbon ou autres.

 — 2° l'installation d'une station de quelques voitures de place sur la place des Casernes (Alexandre-III, aujourd'hui). Entre la place St-Pierre et la gare, il n'y à pas une seule station. (source B. N.)

 

Janvier 1895  -  Tempête.   -  Les tempêtes ont continué cette semaine, principalement samedi et dimanche. Le service maritime a été en grande partie suspendu sur nos côtes. Dimanche, le bateau de Caen au Havre a voulu sortir du port de Ouistreham, mais il s'est vu forcé de rentrer dans le port. Depuis longtemps on n'avait pas vu une mer aussi démontée. Le transatlantique La « Champagne », qui devait partir pour New-York, est resté au port du Havre. La barque « Jeune-Henri », de Dielette, s'est perdue sur les rochers de Grune, près de Cherbourg. Les quatre hommes qui la montaient n'ont pas été retrouvés. Ils laissent dix orphelins. Plusieurs pêcheurs de harengs, surpris par la tempête, ont été obligés d'abandonner leurs filets évalués à plusieurs milliers de francs pour se réfugier à l'abri. Un navire s'est perdu près de Brest sur la côte de l'île de Batz. La tempête a amené une collision entre deux vapeurs dans le port de St-Sébastien (Espagne) Deux matelots ont été tués.

Le voilier français « Marte – Louise » a été abordé près de Gibraltar par un vapeur anglais et a perdu cinq matelots.  — Aux Etats-Unis, la mer a envahi le Village de Gaira, dont les maisons se sont effondrées. Cinquante personnes ont péri dans les flots

— La barque « Ossta » à fait naufrage près de Holyhead (Angleterre). On a établi une communication avec la côte, mais, avant qu'on eût pu recueillir un seul des vingt-quatre naufragés, une lame énorme les enleva. (source B. N.)

 

Janvier 1895  -  Tempête et neige.   -  Nous sommes, quant à présent du moins, favorisés. Il n'en est pas de même dans le Midi et le Centre de la France. A Foix, dans la vallée de Luchon, des avalanches de neige ont occasionné de nombreux accidents suivis de quinze morts. A la neige a succédé une forte gelée. Toute la région est dans la consternation. Sur plusieurs points, en Algérie, les communications sont interrompues. Du côté de Toulouse, plusieurs personnes sont également mortes de froid. En Espagne, des trains ont été arrêtés et la circulation a été interrompue. 

— Des épaves assez nombreuses viennent s'échouer depuis quelques jours sur le littoral du Calvados. On signale un fût de vin rouge de 600 litres, marqué « V. 750, A. M. », des fûts vides de 600 litres environ portant l'inscription « Droulers Prouvost, à Roubaix (Nord) », avec numéros : une planche de cordage avec l'inscription « Colombine Paimpol ». Trois cadavres de bœufs sont venus à la côte sur les plages du syndicat de Dives. (source B. N.)

 

Janvier 1895  -  L’électricité à Caen.   -  On annonce comme prochain, l'éclairage par l'électricité de notre théâtre. (source B. N.)  

 

Février 1895  -  Tuée par le froid.  -  Samedi soir, la veuve Roullier, 79 ans, propriétaire, rue d'Auge, 138, à Caen, était sortie pour fermer la porte de sa cour donnant sur la rue, lorsqu'elle a été saisie par le froid et est tombée, et, dimanche matin, des voisins l'ont trouvée étendue morte sous la neige. (source B. N.)

 

Février 1895  -  Outrages aux magistrats.   -  Félix Petit, 34 ans, était appelant devant la cour de Caen d'un jugement du tribunal de Domfront, qui le condamnait à deux mois de prison pour vagabondage. Cet individu s'est écrié, après avoir entendu le conseiller rapporteur : « Je demande une botte de foin pour cette vache qui vient de vêler ». 

La cour l'a acquitté pour le délit de vagabondage, mais, en revanche, elle l'a condamné à cinq ans de prison pour outrages. (source B. N.)

 

Janvier 1895  -  Tempête, neige et froid.   -   Nous avons eu cette semaine de grands froids et des tempêtes de neige. Dans la nuit de dimanche à lundi, le thermomètre est descendu à Alençon à 16 degrés au-dessous de zéro. Sur un grand nombre de points du département, la circulation a été interrompue par suite de la neige. 

Lundi, le train, des tramways du Calvados a été bloqué entre Lion et le Haut-Lion. La mer était mauvaise sur nos côtes. Il y a plusieurs sinistres en Manche. Cette situation à été générale. La circulation des trains a été interrompue dans l'Est au delà de Nancy. Le vent a causé de grands ravages dans le département du Nord. Deux fabriques ont été détruites près de Roubaix.  Il y a des inondations en Angleterre. (source B. N.)

 

Février 1895  -  En route pour Madagascar.   -   Le détachement du 5e régiment d'infanterie, désigné par le sort pour prendre part à l'expédition de Madagascar, est parti de Caen par le train de midi 2 minutes, à destination de Paris. Il a été conduit à la gare par la musique, les clairons et tambours. La foule a crié : « Vive la France ! Vive Je 5e ». (source B. N.)  

 

Février 1895  -  Neige et froid.   -  L'hiver que nous traversons menace d'être un des plus longs que nous ayons eu depuis longtemps. Il est de nouveau tombé de la neige dimanche la nuit, et le froid continue. Les routes et les chemins sont impraticables. On s'étonne de l'inaction des administrations que cela concerne. Les bras inoccupés sont nombreux dans nos campagnes et en leur faisant appel on pourrait rétablir la circulation sur beaucoup de points, au besoin, on pourrait avoir recours aux prestataires. Si cet affreux temps continue, les navires ne pourront plus arriver à Caen. L'Orne est prise et le paquebot La « Dives » est resté huit jours retenu par les glaces près de Longueval. Il n'a été dégagé que mercredi matin. Quant au canal, les glaçons l'encombrent. Cette situation est d'ailleurs générale. La Seine est prise à Paris et à Rouen. (source B. N.)

 

Février 1895  -  Bateaux à vapeur.   -   Le service de bateaux à vapeur entre le Havre et Caen, momentanément interrompu par les glaces, est rétabli à partir de ce jour et les départs auront lieu irréductiblement, aux heures indiquées à l'horaire. (source B. N.)

 

Mars 1895  -  De mal en pis.   -   Quand le tramway de Caen a Dives était exploité par la société Decauville, on se plaignait déjà. Lorsque cette ligne a passé, pour quelques mois, entre les mains de la société dite Caennaise, ça allait plus mal encore. 

Aujourd'hui que des étrangers sont à la tête de cette lignette, c'est pis encore : pas de régularité dans le service, pas d'abri sur la ligne pour attendre les trains toujours en retard, de plus, service mal fait. Cela se comprend, car les nouveaux propriétaires ont diminué le personnel, pris des employés étrangers et réduit les salaires pour rattraper les billets de mille que personne ne les obligeait à donner aux quelques anciens actionnaires de la société dite Caennaise. Les nouveaux exploitants, qui nous viennent du Nord, se moquent donc carrément du public. Des réclamations vont être adressées au conseil général. (source B. N.)  

 

Mars 1895  -  Le bétail américain.   -   Une délégation des députés et sénateurs des départements du Calvados, de l’Eure, de l'Orne et de la Seine-Inférieure sont allés, jeudi matin, voir le ministre de l'agriculture, pour l'entretenir de la question des blés américains et ont insisté très vivement pour que l'entrée du bétail d'Amérique soit prohibée en France. Ils ont aussi appelé son attention sur la question des bouilleurs de cru et sur la répression de la fraude sur les beurres. A la suite de cette démarche on a interdit l'entrée du bétail américain. (source B. N.)

 

Mars 1895  -  Est-ce fini ?   -   Nous pouvons espérer en avoir fini enfin avec le froid, le dégel a lieu lentement, ce qui évite les crues, mais n'améliore pas vite l’abominable état des rues de Caen. Il est vrai que notre ville n'est pas seule en cette situation. 

On pourrait en dire autant de Bayeux. Dans la Seine, et sur la Loire on redoute la débâcle des glaces. A Rouen,on a fait sauter, avec de la mélinite, les glaces qui arrêtaient la navigation. (source B. N.)

 

Mars 1895  -  La mortalité.   -   Les décès ont beaucoup augmenté à Caen, pendant la période de froid que nous venons de traverser. Dans ces quatre dernières semaines, il y a eu 153 décès. Il n'y en avait eu que 129 dans les semaines correspondantes de 1894. (source B. N.)

 

Mars 1895  -  Le carnaval à Caen.   -   Le carnaval à Caen a été dés plus moroses, peu de masques dans les rues, et pas beaucoup de monde au bal du théâtre. En revanche le bal des patineurs qui a eu lieu lundi a présenté assez d'animation. Mais en somme les jours gras ont manqué de gaieté. (source B. N.)

 

Mars 1895  -  La couronne des conscrits.   -   Samedi prochain, à 8 heures 1/2 du soir, salle de la justice de paix, à Caen, réunion des conscrits de la classe 1994, à l'effet de souscrire pour l'achat de la couronne destinée au monument des Mobiles. (source B. N.)

 

Avril 1895  -  A quoi tiennent les choses.   -   L'histoire est ancienne déjà, mais elle vaut être racontée afin de montrer à quoi tiennent les choses. Dans une commune de l'arrondissement de Caen, il s'agissait de laïciser l'école. La question fut soumise au conseil municipal, « Qui qu' chest qu'cha que la laïcisation ?.... » demande un conseiller conservateur à son voisin  conseiller radical. « Chest pour conserver les Sœurs », répond ce dernier, et le bonhomme de voter pour la laïcisation, croyant voter pour le maintien des religieuses. Le plus curieux, c'est que, sans cette voix égarée et d'égaré, les Sœurs de cette commune restaient. (source B. N.)

 

Avril 1895  -  Médecine gratuite.  -  Les préfets sont en train de mettre à exécution une loi votée depuis longtemps déjà par les Chambres : L'assistance médicale dans les campagnes. 

Ça ne va pas tout seul, car les conditions sont dérisoires pour les médecins : 1 fr. par visite jusqu'à quatre kilomètres ; 50 centimes par kilomètre en plus. Passe encore pour les médecins qui ont cheval et voiture, mais, pour les autres, quatre kilomètres aller et retour à pied, ajoutés au temps de visite et du repos, donnent bien trois heures, quelque chose comme sept sous de l'heure. C'est-à-dire que le dernier des maçons gagnera davantage que ne recevra un médecin. 

Comment veut-on que ce service soit bien fait ? C'est impossible. Il sera fait comme celui du dispensaire, à Caen, où il faut la croix et la bannière pour avoir la visite des médecins titulaires. (source B. N.)

 

Avril 1895  -  Une cinquantaine.  -  Le lundi de Pâques, on célébrera, en l'église Notre-Dame de Caen, les noces d'or du curé de la paroisse, un homme de bien, un prêtre selon l'Evangile comme il y en a encore, quoi qu'on en dise. M. l'abbé Frémanger est âgé de 76 ans. Il a été ordonné prêtre en 1845, il était professeur à l'Institution Ste-Marie, quand il fut nommé, en 1860, curé de St-Laurent, de Bayeux. En 1862, M. Frémanger fut nommé chanoine de Bayeux, en 1863, il fut transféré à la cure de St-Exupère, qu'il administra jusqu'en 1874, puis fut nommé à Notre-Dame, de Caen. (source B. N.)

 

Avril 1895  -  Les lettres aux soldats.  -  Les lettres adressées aux militaires en service aux colonies ne sont soumises qu'à la taxe de 15 centimes au lieu de 25, taxe des lettres adressées  aux civils. (source B. N.)

 

Avril 1895  -  Rivalités d’écoles.  -  La médecine et les sciences sont en délicatesse à Caen au sujet du sérum diphtérique. L'école de médecine possède un laboratoire spécial pour l'étude des microbes et des maladies microbiennes, sous la direction du docteur Fayel. L'école de médecine est dans son rôle.

Mais voici que, il parait du moins et on dirige le courant et la clientèle vers ce point, la faculté des sciences veut le gros lot, on lui installerait un laboratoire et tout convergerait vers cette heureuse faculté. Encore des frais. (source B. N.)

 

Avril 1895  -  Réclamations.  -  Il existe rue Branville, 40, à Caen, une borne-fontaine dont l'utilité est incontestable et qui n'a pas fonctionné huit jours depuis le mois de septembre. Les habitants du quartier réclament, avec raison, n'est-ce pas ? (source B. N.)

 

Avril 1895  -  blessée en sortant de vêpres.  -  Dimanche, dans l'après-midi, la demoiselle Amanda Crevel, 60 ans, rentière, rue du Milieu, à Caen, en sortant de l'église de Vaucelles, où elle venait d'assister à l'office, a été grièvement blessée à la tête par une pierre qui s'est détachée de la corniche qui entoure l'édifice. (source B. N.)  

 

Juin 1895  -  Accidents de voitures.  -  Dimanche, 26 mai, M. Pelletier, marchand de blanc à Caen, passait en voiture sur la route d'Allemagne. Arrivé en face de la maison de M. Lefèvre, son cheval, pris de peur, fit un écart subit et entraîna la voiture sur le côté de la route où se trouvait un enfant de trois ans, le jeune Amédée Triboulet, qui a été atteint très gravement par une des roues. (source B. N.)

 

Juin 1895  -  Réclamations.  -  Partout, sur les boulevards, aux environs des places, même dans les rues, les magasins sont gris de poussière. Pourquoi ne pas se servir des prises d'eau ? Avec quelques bouts de tuyau à roulettes, comme cela se fait à Paris, on aurait en partie raison de cette poussière aussi désagréable que préjudiciable. (source B. N.)

 

Juin 1895  -  Tramway de Ouistreham.  -  Sous peu, la gare sera installée entre la poissonnerie et le marché couvert. (source B. N.)  

 

Juillet 1895  -  Un incident.  -  Dimanche, le 14 Juillet a été célébré à Caen, comme les années précédentes, sans grand enthousiasme. A la revue, la Fraternelle et le Réveil avaient pris leur place habituelle sur le Grand-Cours, lorsque le colonel leur a intimé l'ordre de se retirer comme « n'étant pas de la revue ». Les deux sociétés allaient s'en aller, lorsqu'un officier a appelé deux gendarmes pour faire exécuter l'ordre du colonel. Le maire de Caen, témoin de ce fait, avait pris son pardessus pour se retirer, mais le préfet est intervenu et a fait rasseoir M. Lebret. Quant au président de la Fraternelle, il est resté gravement assis parmi les membres du conseil municipal. Il y a assurément un malentendu, car si l'autorité militaire est en délicatesse avec la municipalité, la Fraternelle et le Réveil n'en sont pas cause. La veille au soir, la musique militaire a fait sa retraite accoutumée, mais sans torches et sans lanternes, la municipalité n'en ayant pas fourni. (source B. N.)

 

Juillet 1895  -  Une panique.  -  Le feu s'est déclaré en mer, dans la cale de la « Normandie », qui fait le service du Havre à New-York. Il a duré toute la nuit. Les passagers ont montré le plus grand calme. (source B. N.)

 

Juillet 1895  -  Armée.  -  Sont nommés chevaliers de la Légion d'honneur : MM. Gaultier, capitaine au 5e de ligne ; Ferrier, capitaine acheteur à Caen ; Guillemard, capitaine de gendarmerie à Bayeux. 

— La médaille militaire est conférée à MM. Yvelin, adjudant au 5e de ligne ; Renaud, maréchal des logis de gendarmerie à Dives ; Soury, brigadier à Vire ; Falue et Keller, gendarmes à Vire. (source B. N.)

 

Juillet 1895  -  Faudra aller nu-pieds.  -  La chaussure est menacée d'une hausse importante par suite de l'élévation du prix des cuirs due à la disette des fourrages en 1893, forçant l'éleveur à vendre ses bestiaux, et à la fertilité de 1894 engageant l'éleveur à garder ses élèves. 

D'autre part, en 1893-94, l'Amérique, par suite d'une crise monétaire, avait réduit sa fabrication qu'elle reprend avec ardeur, enfin, pendant la guerre de Chine, on a absorbé d'énormes quantités de chaussures et il va en falloir davantage encore à la Chine et au Japon pour rechausser leurs armées. 

C'est en raison de ces causes diverses que les fabricants de chaussures de Paris et de province ont résolu d'élever leurs prix de 20 à 30 pour cent. (source B. N.)

 

Août 1895  -  Le téléphone entre Caen et Paris.  -  Les études pour l'installation d'un circuit téléphonique entre Caen, Lisieux et Paris sont terminées. Il ne reste plus qu'à… l'installer. (source B. N.)

 

Août 1895  -  Tramways.  -   La société des Omnibus Tramways de Caen va établir une nouvelle ligne entre la gare de l'Ouest et la gare de la Mer. (source B. N.)

 

Août 1895  -  Les fantaisies du tramway de Caen la Mer.  -   Dimanche soir, le tramway de Caen à la Mer a encore fait des siennes. Les voyageurs d'un train revenant sur Caen ont dû descendre à peu de distance de Sallenelles et gravir à pied jusqu'à Amfréville, comme au vieux temps des diligences, la rampe que le train ne pouvait monter. Réinstallés à Amfréville, ils ont eu une nouvelle aventure à la Tour-des-Gendarmes, où ils ont vu arriver sur eux, suivant la même voie, un train allant à Ouistreham. Les deux trains se sont arrêtés à quelques-mètres l'un de l'autre. Dans les deux, la panique des voyageurs a été incroyable. Beaucoup sont descendus et n'ont pas voulu remonter dans ce tramway où un homme prudent n'osera bientôt  plus se risquer sans avoir fait son testament.

  Lundi soir, nouveau déraillement entre Riva-Bella et Lion. Les voyageurs, peu satisfaits, sont rentrés chez eux à pied, avec un retard considérable. (source B. N.)  

 

Septembre 1895  -  Denrées mauvaises.  -   Procès-verbal a été relevé à la charge du sieur Raymond Anne, 28 ans, boucher, rue St-Jean, 228, à Caen, pour mise en vente de viande corrompue à l'étal qu'il exploite au Marché-Couvert. 

— Trente-cinq kilos de poissons, reconnus impropres à la consommation, ont été saisis et jetés. (source B. N.)

 

Octobre 1895  -  Distinction honorifique.  -   Le ministre de l'intérieur vient de décerner à M. Huet, chef de gare principal à Caen, une mention honorable pour s'être signalé dans plusieurs incendies. Cette distinction, si honorifique qu'elle soit, n'est certes pas à la hauteur des services rendus par M. Huet dans les grands incendies qui ont éclaté à Caen. (source B. N.)

 

Octobre 1895  -  1 000 réserviste à Caen.  -    Ils sont arrivés lundi. 900 sont logés dans les casernes Hamelin et Lefèvre et les 700 autres, rue Singer, dans l'usine Lanièce, et rue  Frementel, dans des magasins appartenant à Mme Dufresne.  Ces hommes resteront à Caen jusqu'au 27 octobre. Ils ne s'absenteront que trois jours pour faire les manœuvres.

 

Octobre 1895  -  Vélodrome Montalivet.  -   Dimanche, grandes courses. Amateurs nationale, course de 50 kilomètres internationale. Tandems internationale, 500 fr. de prix. A partir de 1 heure, un omnibus partira de Saint-Pierre. 

 

Octobre 1895  -  Vélo sport caennais.  -   Course de 100 kilom. Premier, M. Lebecq, en 3 h. 58 ; second, M. Alphonse Tabon, en 4 h. 15. Viennent ensuite MM. Tribouillard, Ferdinand Potin, Henri Mouillard, Jules Potin et Jouvin.

 

Octobre 1895  -  Les horsains toujours favorisés.  -   Dans notre numéro du 3 mai, nous demandions que les tramways-omnibus de Caen ne transportassent que le nombre de voyageurs qu'ils peuvent contenir.

L'administration fit la sourde oreille. Elle vient enfin de prendre un arrêté dans ce sens. C'est très bien. Mais pourquoi n'avoir pas pris cette décision alors que les tramways-omnibus étaient exploités par des étrangers, et avoir attendu qu'ils soient entre les mains de cinq de nos concitoyens ? (source B. N.)

 

Septembre 1895  -  Grand incendie à Caen.  -   Dans la nuit de mardi à mercredi, un peu après minuit, le feu s'est déclaré quai de Juillet, à Caen, dans les écuries de l'hôtel des Cultivateurs. Le feu a gagné rapidement l'hôtel lui-même et les maisons voisines, occupées par MM. Raoul, débitant ; Travers, débitant et marchand de cidres ; Bâton, marchand de charbon, et Durand, marchand d'engrais, les détruisant en partie, ainsi que le mobilier et les marchandises qui s'y trouvaient. 

Les pertes, qui sont couvertes par des assurances à diverses Compagnies, n'ont pu encore être évaluées, mais dépasseront 60 000 fr. Les secours ont été apporté par la pompe de la gare et les pompiers de Caen. 

On a craint un instant pour l'hôtel du Calvados, dont les bâtiments donnent derrière l'hôtel incendié. Mais on a pu heureusement le préserver de même que la réserve énorme de charbon appartenant à M. Bâton, située à l'encoignure du quai de Juillet et de la rue Neuve-du-Port. 

On attribue ce sinistre à l'imprudence du garçon d'écurie qui, pour faire sa ronde habituelle, aura jeté l'allumette, dont il se servait pour allumer sa lanterne, près de la paille de l'écurie. Cette imprudence eût pu coûter cher à son auteur qui, parait-il, a failli être asphyxié. Pendant le sauvetage des immeubles, on a arrêté un individu qui se sauvait avec une bouteille de  chartreuse. (source B. N.)  

 

Septembre 1895  -  Manœuvres de brigade.  -  Ces manœuvres offriront un intérêt tout nouveau et tout particulier à cause des opérations d'embarquement et de débarquement auxquelles elles donneront lieu pour le passage d'une rive sur l'autre de la Seine. 

L'état-major de la 12e brigade et le 5e régiment de ligne qui y prendront part forment un effectif de 65 officiers et 1 700 hommes. Ils ont quitté Caen dimanche dernier. Mardi, ils se sont  embarqués à Honfleur pour le Havre. Le 18, ils reprendront le bateau pour Honfleur. Le 19, ils seront à Pont-1'Evêque ; le 20, à Dozulé, pour rentrer à Caen le 21, vers midi. (source B. N.)

 

Septembre 1895  -  Plante rare.  -  On peut voir en ce moment, au Jardin des Plantes de Caen, un « agave americana » en pleine fleur. Cette plante ne fleurit que très rarement dans nos pays. Elle est très appréciée à cause de la liqueur alcoolique que fournit sa sève fermentée et qui constitue la boisson favorite des Mexicains. (source B. N.)

 

Septembre 1895  -  La police est-elle essoufflé ?  -  La police de Caen serait bien inspirée en faisant un tour dans la rue des Cordes-Saint-Gilles où elle n'a pas paru depuis dix ans. Les gamins du quartier s'y donnent rendez-vous, pour s'amuser à lancer des pierres dans les marronniers et à briser, par la même occasion, les vitres des maisons.

Quand les habitants les menacent de la police, ils répondent par des pieds de nez en criant : « La police ! Ça l’essoufflerait trop de monter jusqu'à Saint-Gilles ». (source B. N.)

 

Septembre 1895  -  Pauvre femme.  -  La dame Min, rue du Vaugueux, à Caen, dont le mari fait ses vingt-huit jours, avait été accouchés, vendredi, par une sage-femme. Une péritonite s'étant déclarée, les voisins allèrent chercher successivement trois médecins, aucun n'est venu. Ce n'est que le surlendemain qu'il s'en est dérangé un. (source B. N.)

 

Octobre 1895  -  La ville de Caen n’en peut plus.   -  Ce titre est au figuré, car il s'agit d'une machine à laquelle la compagnie France-X des tramways de Caen à la mer a donné ce nom. Cette pauvre Ville-de-Caen est dans un tel état de délabrement qu'elle n'a pas pu se mettre en marche mercredi matin, à huit heures, malgré les opérations pratiquées par les chauffeurs-mécaniciens de ladite compagnie. Et dire que messieurs les administrateurs n'ont pas eu la charité d'offrir à déjeuner aux malheureux voyageurs qui en ont été réduits à croquer le marmot pendant trois heures. (source B. N.)  

 

Octobre 1895  -  Mort accidentelle et non crime.   -  Dimanche soir, Louis Heurtin, 37 ans, ouvrier maréchal chez le sieur Frété, rue de Vaucelles, à Caen, sortait vers onze heures, un peu pris de boisson, d'un café du quartier, lorsqu'il fut renversé par une voiture et atteint à la poitrine par un des brancards qui le fit tomber à terre grièvement blessé. Heurtin ne fut aperçu que vers deux heures du matin, par un réserviste, qui, aidé d'un passant, le releva et le conduisit à son domicile. Le lendemain, il ne put se lever et, sous le coup de la fièvre, il dit qu'il avait été attaqué par plusieurs individus qui l'avaient frappé et laissé à demi assommé. Le soir, il avait cessé de vivre. La mort de Heurtin est certainement due au coup de brancard qu'il a reçu. 

Si un médecin avait été appelé plus tôt, peut-être aurait-on pu le sauver. Le conducteur de la voiture, qui a continué sa route après cet accident, est recherché. (source B. N.)

 

Octobre 1895  -  Marine.  -  Témoignage officiel de satisfaction au sieur Louis Mouillard, ouvrier des ports, à Caen, qui, le 29 août 1895, a opéré le sauvetage d'un enfant de sept ans, dans le canal de Caen. (source B. N.)

 

Novembre 1895  -  Départ des conscrits.  -  Le 12 novembre, départ des jeunes gens de la classe 1894 appelés pour un an, le 14, des conscrits appelés pour deux ou trois ans et appartenant à des subdivisions impaires, le 16, des jeunes gens des subdivisions paires. (source B. N.)  

 

Novembre 1895  -  Entre amis.  -  Jeudi soir, !a fille Louise Malherbe, 19 ans, se trouvait avec plusieurs individus rue Saint-Manvieux, à Caen, et faisaient passer par-dessus les murs de la prison du tabac et des allumettes aux détenus. La fille Malherbe a été arrêtée, ses compagnons ont pu prendre la fuite. (source B. N.)

 

Novembre 1895  -  Découverte d’un cadavre.  -  Vendredi, le cadavre du nommé Edmond Buhours, 62 ans, jardinier à Caen, rue du Gaillon, disparu de son domicile depuis le 1er novembre, a été repêché dans le canal de Caen à la mer. Buhours ayant le crâne fendu sur une longueur de 10 centimètres, on a cru d'abord à un crime. Il n'en est rien. L'autopsie a démontré que la blessure du crâne avait été occasionnée par l'hélice d'un steamer. (source B. N.)

 

Décembre 1895  -  Les alouettes.  -  Par décision ministérielle, les préfets sont invités à introduire dans leur arrêté une disposition autorisant, sans aucune restriction, la capture des  alouettes dont l'utilité, quoique l'on en dise, n'est pas suffisamment prouvée. (source B. N.)  

 

Décembre 1895  -  Les mans.  -  En bêchant dans le square de la place de la République à Caen, les jardiniers ont trouvé dans l'espace d’un mètre carré plus de cinq cents vers blancs. (source B. N.)

 

Décembre 1895  -  Les années bissextiles.  -  Tout le monde sait que l'année prochaine sera bissextile, son millésime étant divisible par quatre. Mais ce que l'on sait peut-être moins généralement, c'est que ce sera la dernière bissextile du siècle, l'année séculaire, celle qui clôturera le dix-neuvième siècle, l'année 1900, ne le sera pas, et nous devrons attendre huit ans pour revoir un mois de février ayant 29 jours. (source B. N.)

 

Décembre 1895  -  Infanticide.  -  Vendredi, la rumeur publique accusait la fille Enguerrand, 23 ans, femme de chambre à Bayeux, d'être accouchée clandestinement. On ouvrit de suite une enquête. 

L'inculpée déclara avoir mis au monde un enfant de sexe masculin, dans la nuit du 18 au 19 décembre, et avoua que dans la matinée du 19, elle l'avait précipité dans un calorifère pour faire disparaître toute trace de crime. La fille Enguerrand fut arrêtée. 

Vendredi, vers 2 heures du soir, la garde-barrière du passage à niveau de Venoix trouvait le cadavre d'un enfant nouveau-né du sexe féminin enveloppé dans un linge, qui avait été jeté sur le sentier longeant la ligne de Caen à Cherbourg, près du pont qui passe sur le Grand-Odon. Cet enfant avait été étranglé à l'aide d'un petit ruban rose qui lui était resté au cou. 

L'enquête démontra que la première déclaration de la fille Enguerrand était fausse, qu'elle avait été vue à Caen dans la journée de vendredi et qu'elle avait pris à la gare de Caen, le train pour Bayeux à 1 h. 40 du soir. Pressée de questions, elle déclara qu'en se rendant à Bayeux elle avait lancé son enfant par la portière du wagon, à l'endroit où on l'avait trouvé. (source B. N.)

89  -  CAEN (Calvados)   -  Vue générale, prise de l'Église Saint-Pierre

416  -  CAEN.  -  Le Boulevard des Alliés

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