Janvier
1891 -
Vache furieuse. - Vendredi, à Caen, une vache que conduisaient les garçons de
M. Groult, boucher rue Montoir-Poissonnerie, a été effrayée en
approchant du boulevard, par le bruit des saltimbanques de la foire
Mirlourette. Prise de furie, elle a échappé et n'a pu être arrêtée
que rue Saint-Pierre, devant le magasin de nouveautés de M. Lecomte, à
la devanture du quel elle a fait pour une dizaine de francs de dégâts.
Il n'y a eu personne de blessé.
Le
tapage que font à certains moments les saltimbanques de la foire peut
causer, on le voit, des accidents. Il est du devoir de la municipalité
de prendre des mesures pour les prévenir.
Janvier
1891 -
La boue du Vaugueux. -
Il
est à croire que le quartier du Vaugueux et celui du
Montoir-Poissonnerie sont oubliés par l'édilité caennaise. Depuis ces
jours de dégel, la boue résultant des glaces non enlevées faisait
dans les rues un bourbier inconnu dans la plus mauvaise bourgade. La
circulation étant grande, les magasins sont inondés d’éclaboussures
et l'évaporation de ces boues est très malsaine. Après la gelée et
la neige qui sont revenues, prière au maire et à la salubrité de
penser à ces quartiers dépourvus d'un conseiller municipal qui puisse
défendre leurs intérêts.
Janvier
1891 -
Une bonne idée. - Un
arrêté du maire de Caen prescrit l'enlèvement des neiges par les
propriétaires, sous peine d'amende. Pourquoi, demande l'un de nos
confrères, ne pas les faire enlever d'office par les malheureux sans
ouvrage ?
En
effet, on le fait bien pour les pavés des trottoirs; pourquoi ne pas le
faire pour les neiges ?
Janvier
1891 -
Le mauvais temps. - La
semaine dernière, gelée et verglas, suivis d'accidents nombreux, cette
semaine, gelée et neige, avec la misère pour beaucoup. Vrai, ce n'est
pas gai.
Janvier
1891 -
Le temps. - C'est partout, en Europe, qu'il a fait froid et que la neige
est tombée. Le nombre de morts résultant du froid n'a jamais été
aussi grand et les accidents aussi nombreux. Le plus grand froid a été
constaté dans la nuit de vendredi. La terre a gelé a une profondeur de
23 centimètres. Dans la Manche, il est tombé beaucoup de neige, du
coté de la Haye-du-Puits, elle a atteint une hauteur de plus d'un
mètre
A
Toulon, il est tombé de la neige, ce qui se voit rarement ; à Nice, à
Alger, de la grêle, de l'eau et du froid. Aujourd'hui, nous sommes au
dégel.
Janvier
1891 -
Le Normand de Paris. -
Tel
est le titre que porte une nouvelle feuille parisienne exclusivement
consacrée aux gars normand qui vient de paraître à Paris.
Prospérité et longue vie, voila ce que nous souhaitons à notre
nouveau confrère.
Janvier
1891 -
132 jours en mer.
- Le trois-mâts
anglais « West-Australian », jaugeant 600 tonneaux, venant
de la Nouvelle-Zélande, avec un chargement de 820 tonnes de blé
à l'adresse de MM. Solange et Anger, est entré jeudi dans le bassin de
Caen. Ce
voilier, qui a un tirant d'eau de 5 m. 05, a mis 132 jours à faire ce
voyage.
Janvier
1891 -
Pas de place pour un poêle.
- Nous avons
demandé s'il était vrai qu'on ne faisait pas de feu dans l‘école de
filles de la rue froide, à Caen. On nous apprend que de depuis notre
question la classe des petites est chauffée. Mais les autres ne le
seraient pas sous prétexte qu’il n'y a pas de place pour y installer
un poêle. Espéront, qu'on finira par en trouver en cherchant bien.
Janvier
1891 -
Enfant disparu. - Le 20 janvier,
le jeune Emile Bouchez, 13 ans 1/2, a quitté son patron, le sieur
Foucher, cordonnier, place du Théâtre, à Caen. Voici son signalement
: petit pour son âge, cheveux blonds, vêtu d'un paletot en drap noir,
pantalon en drap noir à raies blanches, coiffé d'une casquette et
chaussé de galoches. Bègue.
Janvier
1891 -
Le 5e de Ligne. -
Sous le titre : « Historique du 5e régiment
d'infanterie de ligne» M. Bulferi, libraire à Caen, met en vente un
travail des plus complets, rédigé par M. le lieutenant Démiau. C'est
l’histoire de ce régiment de 1569 à 1890.
Janvier
1891 -
Mesure utile. - La
Régie vient enfin de faire mettre en vente des allumettes au phosphore
amorphe. Elles ne coûtent pas plus cher que les autres et avec elles il
n'y a aucun danger d'empoisonnement et d'incendie. M. Tastemain et les
autres dépositaires de Caen en sont pourvus.
Février
1891 -
Récompenses honorifiques. -
Une
médaille d'argent de 2e classe a été accordée à M.
Emmanuel Frapart, sous-lieutenant de la compagnie de sapeurs-pompiers de
Caen ; belle conduite dans de nombreuses circonstances, a notamment
sauvé une femme dans un incendie ; 26 ans de services, une
blessure.
—
Une mention honorable est décernée à Eugène Renoux, caporal au 5e
d'infanterie à Caen ; s'est jeté tout habillé dans l'Orne pour porter
secours à un homme sur le point de se noyer.
Février
1891 -
Le carnaval à Caen. -
Cette année, le carnaval n'a pas été moins monotone que les
précédentes. Vendredi, le bal de bienfaisance donné à l'hôtel de
ville-a été fort brillant. On y comptait plus de quatre cents
personnes.
La
quête, faite par Mmes Lepetit, général Chambert et Vérel, conduites
par MM. Mériel, le colonel Bonn et le marquis de Cornulier, a atteint
le chiffre de 1 644 fr. La vente des fleurs, faîte par Mmes Gosselin,
Hamon, Huet, Moutier et Villey, a atteint le chiffre de 338 fr. La
cagnotte des jeux a produit 179 fr.
Dimanche,
grand succès et surtout grande gaieté au bal d'enfants. On a remarqué
quelques masques dans la rue. A signaler, un charlatan qui a eu mardi un
vrai succès par ses boniments.
Février
1891 -
Est-ce pour la foi ?. -
On
a beaucoup crié contre un conseiller municipal de Caen qui loue des
appartements à des demoiselles ou dames de mœurs légères. Un
saint homme de notre ville, bien connu par ses excès de zèle
apostolique, est dans le même cas. Il a parmi les locataires d'une
maison qui lui appartient des demoiselles qui ont beaucoup péché et
pèchent encore. Il les garde malgré les plaintes des voisins.
Peut-être espère-t-il les convertir... à l'âge canonique !
Février
1891 -
Au moins prévenez les gens !
- L'eau de Moulines produit à Caen bien des ennuis. Dans une
assez grande quantité de maisons, les tuyaux pour la conduite de cette
eau, ont crevé et causé des dégâts, dans certaines rues, des tuyaux
ayant crevé également ont donné le spectacle de jets d'eau inondant
et détériorant la rue.
Maintenant,
voici que de temps à autre, au lieu d'eau claire et limpide, les
bornes-fontaines donnent de la boue. Ce fait s'est encore produit lundi
soir dans le quartier St-Gilles. Le service des eaux devrait bien
prévenir les intéressés quand il ne peut momentanément leur donner
d'eau potable.
Février
1891 -
Commencement d’incendie et accident.
- Samedi,
dans l'après-midi, un commencement d'incendie s'est déclaré rue
Caponière, 114, à Caen, chez le sieur Binot, propriétaire. Le feu a
pris au 1er étage de ladite maison, dans une chambre
occupée par Mme veuve Pioche, 75 ans, et a été causé par une poutre
qui traversait dans la cheminée et qui, en se rompant, est tombée dans
la chambre, sur la veuve Pioche, qui a été renversée, grièvement
blessée à la tête et contusionnée sur diverses parties du corps.
Elle a été relevée et les pompiers ont rapidement éteint
l'incendie.
Février
1891 -
Inanition.
- Mercredi, le jeune Bigot,
dont la mère, qui habite rue du Vaugueux, n'a que son travail pour
nourrir cinq enfants en bas âge, est tombé d'inanition, place du
Théâtre. M. Davy, cafetier, a fait transporter le malade dans son
établissement, et lui a donné des soins. M. Levèque, pharmacien,
place de la République, s'est empressé de venir au secours de cet
enfant et l'a fait transporter à l'hôtel-Dieu. On craint que l'état
du malade ne soit très grave.
Février
1891 -
Mesures contre la rage.
- Un arrêté du maire de
Caen interdit, jusqu'au 1er avril prochain, de sortir les
chiens dans les rues de la ville, sans qu'ils soient tenus en laisse.
Pourront être laissés libres, les chiens accompagnés de leur maître,
circulant dans la Prairie, sur le Grand-Cours, le Cours-la-Reine, les
cours Caffarelli, Montalivet et les rives du Canal.
Février
1891 -
Avis aux réservistes et territoriaux.
- Tous les livrets des
réservistes et hommes disponibles de toutes armées de tous les
services, des classes 1880, 1881, 1882, 1883, 1884, 1885, 1886, 1887,
1888 et 1889 ceux de l'armée territoriale des classes 1872, 1873, 1874,
1875, 1876 et 1877 devront être déposés à la
gendarmerie dans le plus bref délai
possible.
Février
1891 -
Oreilles arraché d’un coup de dent.
- Jeudi
soir, les nommés Laroche et Léon Bernières, garçons boulangers à la
Maladrerie, près Caen, étaient au café et jouaient
aux dominos, une discussion étant survenue à propos du jeu, Laroche
fut mis hors de l'établissement par Bernières, et bousculé si
violemment qu'il tomba sur le trottoir et se fractura la jambe droite.
Bernières ne s'en tint pas là, voyant son adversaire à terre, il se
précipita sur lui et lui arracha presque une oreille avec ses
dents.
Février
1891 -
Le trésor de Couvrechef. -
Dernièrement,
deux habitants de Caumont, le frère et la sœur, qui ont une maison à
Couvrechef, y sont arrivés la nuit pour y déterrer un trésor qu'un
sorcier leur avait dit y être enfoui. Maigre l'insistance de leur
locataire qui ne voulait pas les laisser,
à la belle étoile, ils n'ont pas voulu mettre le pied dans la maison
avant minuit précis. Le sorcier le leur avait bien recommandé. Leurs
recherches ont été inutiles, mais ils ne désespèrent pas et ils
reviendront une autre nuit, car c'est entre minuit et une heure
seulement que le trésor peut être découvert. Voilà des braves gens
auxquels le petit vent qui a valu à Caumont son surnom de l'Eventé a
aussi éventé la cervelle.
Mars
1891 -
Un cheval dans une carrière.
- La
semaine dernière, à la Maladrerie, le sieur Joseph Ancelin,
domestique, labourait avec la charrue dans un champ, situé au milieu
d'anciennes carrières abandonnées, lorsqu'arrivé à proximité de
l'une d'elles, il sentit le terrain s'effondrer, il coupa à la hâte
les guides, mais il n'était plus temps, le cheval glissa avec la
charrue et alla se précipiter dans une de ces vieilles carrières, dont
l'orifice n'était gardé par aucune barrière. Ancelin, qui avait pu se
garer à temps, n'a eu aucun mal.
Mars
1891 -
1 mort, plusieurs blessés.
- Le
terrible sinistre qui vient d'éclater à Caen, a de nouveau, démontré
l'insuffisance de notre matériel et l'absence, de tous engins de
sauvetage. Sans la pompe à vapeur de la gare, une partie de la rue
Saint-Jean était brûlée. Le jet de cette pompe, qu'un journal a pris
pour la pression des eaux de Moulines, montait à plusieurs mètres
au-dessus de la plus haute maison.
Et
les engins de sauvetage ? pas un. Et les échelles ? trop courtes. On a
dû se servir d'échelles de couvreur et autres. A quoi donc a servi
l'exhibition de l'an dernier ? Où sont les appareils expérimentés au
cirque ?
A
différentes reprises, des réclamations ont été adressées à
l'administration, elle a toujours fait la sourde oreille. Aujourd'hui
qu'il y a mort d'homme, que répondrait-elle si on lui demandait compte
de ce triste dénouement ?
Le
feu s'est déclaré samedi, vers deux heures de l'après-midi, dans la
maison Brée, marchand de couleurs, à l'angle des rues, Saint-Jean et
de Bernières. Une bonne avait été chargée de surveiller un instant,
sur un fourneau à gaz, un mélange d'essence de cire pour faire de
l'encaustique. Ce mélange s'enflamma, déborda du vase et le feu se
communiqua aux essences et aux vernis. Attiré par le courant d'air de
l'escalier, le feu monta rapidement jusqu'au quatrième étage. En un
clin d'œil, la maison 'était plus qu'un immense brasier, entouré
d'une fumée épaisse et asphyxiante, dont les flammes léchaient les
maisons voisines.
Au
quatrième étage se trouvaient, en ce moment, M. Brailly, 29 ans,
mécanicien à la fonderie Turquetil, sa femme et ses deux enfants, dont
un au sein.
Mme
Brailly, 23 ans, avec sa plus jeune fille, parvint à se sauver. Le
père, qui tenait dans ses bras son autre enfant de 22 mois, resta un
instant dans l'appartement afin d'y prendre des papiers importants.
Lorsqu'il voulut descendre, impossible. La porte de la chambre était
restée ouverte et la flamme entrait dans l'appartement. Brailly lance
par une fenêtre son enfant, qui est reçu sain et sauf par M. Feigel,
voyageur de commerce. Puis on le voit appeler au secours ! à l'aide !
puis plus rien.
Deux
heures après, on descendait son corps carbonisé. Ce que c'est que la
fatalité. Brailly, un excellent ouvrier, avait un bras endolori par la
fatigue de son métier. Il était resté ce jour-là pour se reposer et
il a trouvé la mort. Et dire que si le feu avait éclaté la nuit, pas
un des vingt-quatre locataires de cette maison n'eût pu se sauver. Une
dame Lecointe, habitant le troisième, a été attachée avec des
cordés et sauvée par MM. Menard, Lequesne et Ferdinand Blin, de la
compagnie des sapeurs-pompiers.
Tous,
dans cette lamentable circonstance, ont fait leur devoir, quelques-uns
ont même failli payer de la vie leur dévouement. M. Lucas, comptable
de la maison Voisin, étant monté au second, avec une échelle, fut
suffoqué par le feu. Il voulut redescendre, l'échelle était en feu.
Il jette un matelas par la fenêtre et saute. On le relève un bras
cassé, la mâchoire brisée. C'est en vain que M. Manoury
fils et un caporal du 25e de ligne essaient à leur
tour de gagner le troisième. L'échelle prend feu de nouveau et se
rompt. Le caporal se laisse glisser avec l'échelle et arrive par terre
sans accident, pendant que M. Manoury réussit à s'accrocher au balcon
du premier étage.
M.
Feigel, le voyageur qui a reçu le jeune Brailly, a été blessé au
bras. L'un des enfants Brailly a été brûlé assez grièvement. Mme
Brée, qui s'est trouvée un instant enfermée au milieu du feu, entre
deux portes, a été gravement brûlée aux mains et au visage. D'autres
personnes ont été légèrement blessées ou contusionnées.
La
maison brûlée appartient à M. Denis, elle est assurée, ainsi que le
mobilier et les marchandises de M. Brée. Presque tous les locataires
sont également assurés. Les maisons qui ont eu à souffrir sont la
Petite Jeannette, Desjardins, peintre ; Dupuy, nouveautés ; l'Industrie-Frauçaise
et l'hôtel d'Espagne. Les pertes sont estimées à 150 000
francs.
Mme
Brailly a été recueillie chez M. Laillet, propriétaire à Escoville,
chez lequel elle avait été domestique. C'est là qu'elle a appris la
triste fin de son mari. On fait des quêtes et des souscriptions pour
venir en aide aux victimes de cet accident. Mieux vaudrait rechercher
les responsabilités, et il y en a au moins pour les orphelins.
Les
obsèques de Brailly ont eu lieu mardi, au milieu d'une très nombreuse
assistance dans laquelle dominait l'élément militaire. M. Mériel a
prononcé quelques paroles. Moins de bagout et plus de souci de la
sécurité publique ferait mieux notre affaire. M. Lucas et le petit
Brailly sont toujours à l'Hôtel-Dieu. Leur état est aussi
satisfaisant que possible.
Avril
1891 -
Il est bientôt temps. -
Il
a fallu qu'il y ait mort d'homme et que tout un quartier ait failli
devenir la proie des flammes pour que l'administration se décidât à
faire les frais nécessaires pour assurer la sécurité publique. Le
conseil municipal de Caen s'est réuni et a voté un crédit de 5 500
fr. pour l'acquisition d'une échelle de sauvetage du prix de 2 200
francs, et 200 mètres de tuyau d'incendie, sur dévidoir.
Avril
1891 -
Mise à pied des vélocipédiques.
-
Les
vélocipédiques ne sont pas contents. Ressuscitant un vieil arrêté ,
la police a forcé cinq vélocipédiques venant de Paris à
mettre pied à terre, pour traverser les rues de Caen, et de pousser
devant eux leur bicycle comme une brouette. Il ne manquait plus que cela
à M. Mériel pour le rendre tout à fait ridicule.
Avril
1891 -
Un refus ridicule. -
Comme la plupart
des associations universitaires, celle des étudiants de Caen va avoir
son drapeau, il lui a été offert par souscription. La remise de ce
drapeau aura lieu jeudi 30 avril. A cette occasion, les étudiants
voulaient organiser une retraite aux flambeaux avec le concours de la «
Fraternelle ».
M.
Mériel a refusé de l'autoriser sous prétexte que cela ferait trop de
bruit dans la ville. Ce refus n'est pas seulement ridicule, il est aussi
imprudent, car les étudiants sont fort capables (cet âge est sans
pitié) d'organiser une petite fête avec musique fantaisiste, sans que
M. Mériel puisse s'y opposer.
Avril
1891 -
1870. -
Sur la convocation de quelques anciens soldats de 1870, un
certain nombre de ceux qui ont combattu pour la Patrie dans la guerre
contre l'Allemagne se sont réunis.
Après
une allocution patriotique de M. Guillouard, les membres présents ont
exprimé le désir de former une association amicale des anciens
combattants de 1870 et ils ont procédé à la constitution d'un bureau
provisoire ainsi composé : président : M. Guillouard ;
vices-présidents : MM. Paris
et Levalois ; secrétaire : M. Planquette ; trésorier : M. Quesnot.
Mai
1891 -
La population de Caen. -
Après
révision du premier travail de recensement, on a découvert plus de 3
000 oubliés. La population de Caen, qui était en 1886 de 43 819
habitants, est de 46 417 en 1891. Il s'agit de la population
totale.
La
population agglomérée est de 38 610 habitants, en 1886, elle était de
37 846. Il y a 11 996 ménages. L'augmentation est due à l'émigration
des campagnes et non à l'excédent des naissances sur les décès.
Mai
1891 -
Vacances. -
Les vacances,
malgré les réclamations de certaines familles, restent fixées comme
d'usage, au mois d'août.
Mai
1891 -
Toujours les lettres espagnoles.
- L'un
de nos concitoyens vient encore d'en recevoir une. Dans cette longue
épître de trois pages, grand format, il est question d'un père
prisonnier politique, d'une jeune fille malheureuse et d'un trésor,
enfoui aux environs de Caen, dont on abandonnerait un tiers, moyennant
certaines avances de fonds. Cette lettre, comme d'autres qui nous ont
été remises, porte le timbre de Valladolid
Mai
1891 -
Rapines. -
Les larrons qui ne manquent pas dans notre bonne ville de Caen
savent qu'ils peuvent travailler la nuit sans être inquiétés par la
police.
Aussi
se sont-ils, une de ces dernières nuits, introduits en escaladant les
grilles, dans le chantier des travaux de l'église St-Pierre où ils ont
volé une boite de compas, des jumelles et divers autres objets. Le
poste de police de la Tour est tout voisin de ce chantier, mais comme
c'est la nuit surtout qu'il pourrait servir à quelque chose on le ferme
à la chute du jour.
Mai
1891 -
Les urnes de Lechêne. -
Dans
sa dernière séance, le conseil municipal de Caen a refusé d'acheter,
pour 2 000 francs, deux urnes en bronze que les héritiers du sculpteur
Lechêne offraient de lui vendre.
Mai
1891 -
Il y a toujours des préférences.
-
Dans certaines rues de Caen, les ruisseaux sont abreuvés d'eau,
d'autres n'en voient jamais. Pourquoi cette préférence ?
Dans
la rue Pailleuse, c'est encore bien plus fort. Il n'y a ni eau ni gaz.
Cependant, les habitants paient leurs impôts comme les autres.
Mai
1891 -
M. Meriel vélophobe. -
Les vélocipédistes ne sont pas contents. M. Mériel vient de
prendre un arrêté leur interdisant les rues Saint-Jean et
Saint-Pierre. En outre, ils devront être porteurs de grelots, de
plaques et d'un tas d'autres quincailleries. Certain Vélocipédiste
prétend que M. Mériel à pris cet arrêté pour faciliter à l'un de
ses amis l’écoulement
de ses vieux
stocks.
Mai
1891 -
La Tour des Gens-d’Armes.
-
Le conseil municipal de Caen a voté des fonds pour sa réparation.
—
Sur cette tour, M. Eugène Liot a publié une brochure très amusante,
très curieuse par une action attachante où l'amour a sa part. Ce petit
livre est illustré de deux jolies planches par Perret. En vente chez
les principaux libraires et aux gares.
Mai
1891 -
Fraude facile à éviter. -
Les boîtes d'allumettes sont loin de contenir le nombre voulu.
Nous aimons à croire que d'État n'est pour rien dans cette
soustraction frauduleuse, mais il n'en est pas moins fâcheux que cette
soustraction puisse se faire au détriment du consommateur. Il y a un
moyen de mettre un terme à cet abus. Ce serait de coller une étiquette
sur l'ouverture de la boîte.
Juin
1891 -
Médailles de dévouement. -
MM. Ménard, sous-lieutenant des sapeurs-pompiers de Caen ;
Lequesne, sergent ; Ferdinand Blin, sapeur ; Lucas, employé de
commerce, et Feigel, voyageur de commerce, ont été médaillés pour
leur dévouement lors de l'incendie Brée, à Caen.
Mais
on ne parle pas de ce courageux soldat tant félicité par M. Mériel.
Qu'y a-t-il là dessous ?
Juin
1891 -
Ouragan. -
Lundi l'après-midi, un ouragan s'est abattu sur Caen, mais a
heureusement duré peu de temps. A la gare Saint-Martin, la tente du
buffet a été mise en pièces, un employé de quincaillerie, qui
se rendait avec un camion à la gare, a reçu, heureusement sans être
blessé, sur le bout de sa chaussure, une lourde tabatière détachée
d'une maison. Les brancards du camion ont été brisés. Dans plusieurs
rues il pleuvait des tuiles, des ardoises,
dans la cour de l'école normale des filles, une cheminée est
tombée. A Allemagne, des peupliers ont été déracinés.
Juin
1891 -
Les orages. -
Les derniers orages ont occasionné de grands ravages dans notre
contrée. Ces orages se sont fait sentir dans toute la France. A
Limoges, les recolles ont été détruites par la grêle.
—
Près de Château-Thierry, une femme a été tuée par les grêlons.
—
C'était lundi la Saint-Médard, il a plu. En aurons-nous pour 40 jours
?
Juin
1891 -
Les alignements d’amis. -
Une vieille masure, portant la date de 1637, formait, avec son
jardinet, un éperon de plusieurs mètres à la jonction de la rue de la
Masse-Calix et de la rue Traversière.
Cette
bicoque venant d'être démolie, il eût été intelligent d'en profiter
pour permettre aux deux tronçons de la rue de la Masse de se rejoindre
en ligne droite. Mais on a laissé le propriétaire reconstruire avec un
empiétement de cinq centimètres, alors que le passage était déjà insuffisant
pour une voiture...
Juin
1891 -
Découverte de cadavre. -
Vendredi matin, à Caen, le vapeur « Chanzy », en manœuvrant
dans le bassin, a fait remonter sur l'eau le cadavre du nommé Marie 30
ans, ouvrier chez M. Mancel, entrepreneur, et disparu depuis le 7 juin.
Il ne portait aucune blessure. On croit à un accident.
Juin
1891 -
Imprévoyance. -
Des ouvriers couvreurs sont, en ce moment, occupés à réparer
la toiture de la mairie de Caen. Mercredi, ils n'avaient pas eu la
prévoyance d'interdire par un barrage le passage du trottoir. En
revenant de la poste, M. Levrard, fils du marchand de papier, a reçu
sur la tête une ardoise qui lui a troué son chapeau et a atteint la
tète.
Juin
1891 -
Électricité à Caen. - I1 est de nouveau
question, à Caen, de l'installation do l'électricité. Est-ce vrai ?
Juin
1891 -
Rafle de vagabonds. -
Dans la nuit de mercredi, les agents de police de Caen ont
recueilli, sous la halle aux suifs, les nommés : Alexandre Foucher, 16
ans, rue du Vaugueux ; Dominique Maurice, 13 ans 1/2, rue du Ham ;
Eugène Pétremène, 12 ans, place Saint-Gilles ; Victor Quédrue, 11
ans, rue du Vaugueux, qui s y étaient réfugiés pour y passer la
nuit.
Juin
1891 -
Découverte de cadavre. -
On a retiré de la rivière l'Orne, près l'école de
natation, le cadavre du sieur Louis Berhot, 60 ans, journalier à Verson.
La mort est attribuée à un suicide ou à un accident. Berhot était
parti de Verson depuis 6 mois, emportant 2 000 fr. On a retrouvé sur
lui 1 fr. 85.
—
Le cadavre d'un individu inconnu, paraissant âgé de 40 ans, a été
retiré du canal de Caen à la mer. Dans les poches du noyé, on a
trouvé un mouchoir marqué L. G.
Juin
1891 -
Les vélos. -
Courses splendides
dimanche, malgré l'absence de M. le maire de Caen qui a décliné
l'honneur de faire l'honneur aux courses de vélocipèdes de sa chère
présence.
Grelots
et sonnettes étaient en place, et pas un véloceman n'a couru par les
rues St-Jean et St-Pierre. Nous déplorons l'absence de M, Mériel qui
n'aurait pas eu une contravention à constater. Et ces messieurs les
vélocemen auraient pu lui offrir un bouquet de muguet.
Juin
1891 -
Noyé. -
Samedi la nuit,
William Pitlabo, 60 ans, marin anglais du steamer « Garnock »,
qui se trouvait amarré au nouveau bassin de Caen, le long d'un ponton
de M. Jules Lamy, négociant, est tombé en voulant rentrer à bord de
son navire, entre le ponton et le steamer. A ses appels, les hommes du
bord se sont portés à son secours et lui ont lancé à plusieurs
reprises une bouée de sauvetage, mais le malheureux marin n'a pu la
saisir, et lorsque, un certain laps de temps après, on a retiré son
corps de l'eau, il avait cessé de vivre, Le cadavre a été porté à
la morgue.
Juillet
1891 -
La cavalerie nouvelle. - Nous n'avons
pas de régiment de cavalerie à Caen. On se demande si c'est pour
remplacer ce régiment qu'on voit quelquefois parader dans nos rues
quatre sergents de ville et un brigadier à cheval comme des hussards ! Cette
nouvelle garde du corps de M. Mériel fait rêver et parler le monde.
Juillet
1891 -
Accident de vélocipèdes. - Nos vélocemen sont, décidément, dans une mauvaise passe.
La semaine dernière, c'était M. Prempain, avocat, qu'on trouvait sur
la route de la Dèlivrande, étendu sans connaissance au pied de son
véloce. Aujourd'hui, il va assez bien.
—
Autre accident, vendredi soir. Le sieur Ygouf, 40 ans, douanier à Caen,
boulevard Saint-Pierre, passait place des Casernes, monté sur un
tricycle dépourvu de lanterne, lorsque, par suite d'une fausse
direction donnée à sa machine, il est venu se jeter sur le cheval d'un
coupé, conduit à une allure très modérée par le sieur Clovis
Leridez, entrepreneur de voitures de place.
Dans
le choc qui s'est produit, le tricycle a été brisé et Ygouf a eu
trois cotes fracturées et s'est fait de fortes contusions à la tête.
La cause de l'accident ne doit être attribuée qu'à l'imprudence de
Ygouf, qui avait du reste contrevenu au règlement sur la circulation
des vélos.
Juillet
1891 - Triste saison.
- Triste semaine que nous venons de traverser !
Deux jours de temps passable, quoique sans cesse menaçant, et
puis de l'eau, de l'eau, de l'eau.
Vendredi
l'après-midi les nuages sombres, venant du sud-ouest, ont amené, sur
certains endroits un véritable déluge. Plusieurs heures durant, les
localités qui se trouvent dans cette direction, ravagées par cette
pluie torrentielle, tremblaient pour leurs récoltes déjà compromises.
Les
orages semblent avoir été moins violents. Dieu nous préserve de ces
terribles coups de foudre. Nous sommes heureux d'apprendre que le jeune
homme que l'on avait dit foudroyé à Villons-le-Buissons est en bonne
voie de guérison. Tant mieux ! A 20 ans, on peut espérer une longue
carrière encore, mais qu'elle leçon !
Quant
aux résultats de ces intempéries, il est difficile encore de les
connaître au juste, les foins seront fort endommagés ; beaucoup
de blé de la plaine qui promettaient une bonne récolte, sont déjà
roulé. On nous écrit de Bény-Bocage que par suite des
dernières pluies, les herbes seront assez abondantes. Et les pommes !
Une demi-année est presque assuré dans le Bocage. Cela veut
peut-être dire : pour dire qu'il n'y en a pas, moi je dis qu'il y a des
pommes.
Août
1891 -
Paris à Caen en treize heures.
- Un
vélocipédiste de Caen, M. P. Vaussy, a parcouru la distance de Paris
à Caen en treize heures.
Août
1891 -
Les odeurs de Caen. -
Samedi,
vers 5 heures du soir,
sur le bord de la route d'Harcourt, tout près du boulevard Leroy et du
bureau de l'octroi qui se trouve au haut du chemin de Montaigu, on
vidait un tonneau plein de matières puisées dans les fosses de Caen.
On ne pouvait respirer en passant sur la route, et l'odeur vous suivait
jusqu'à la rue de Falaise.
Est-ce
qu'on ne devrait pas désinfecter ces tonneaux avant de les répandre
sur l'herbe ? Est-ce qu'on
devrait les répandre ainsi au bord de
la grande route, en plein
jour ?
On
crie après les microbes. Ils ont beau jeu au haut de la rue Branville,
tout près du village d'Allemagne.
Août
1891 -
Téléphone. -
Le réseau
téléphonique de Caen est ouvert au service des messages téléphonés.
Ces sortes de communications, distribuées par les soins du bureau
central de Caen, pourront être transmises à ce bureau, soit par les
abonnés, de leur domicile, soit par toute personne qui se présentera
à l'une des cabines situées à Ouistreham, à Caen (port), ou à Caen.
rue Singer.
Août
1891 -
Cadavre d’enfant dans une église.
- Samedi
l’après-midi, on a trouvé dans l'église de St-Julien, à Caen, le
cadavre d'un enfant nouveau-né du sexe masculin. Une enquête est
ouverte.
Août
1891 -
Blessures accidentelles. -
Dimanche, un garçon
boulanger de la rue St-Jean, à Caen, poussait un camion devant lui,
contrairement aux règlements. A la tournée du boulevard St-Pierre,
l'enfant Benard, âgé d'environ 4 ans, a été renversé violemment et,
dans sa chute, a été blessé au front, au nez et a répandu beaucoup
de sang. Il a été pansé à la pharmacie Le Behot. Les blessures
n'auront pas de suites.
Août
1891 - Vélocipédie. - Le
préfet du Calvados est encore plus exigeant que le maire de Caen. A
l'avenir, dans le Calvados, les vélocipèdes devront être munis d'une
plaque portant le nom de leur propriétaire, et de grelots d'un son
assez clair pour être perçu à une distance de 100 mètres au moins.
Les vélocipédistes tiendront toujours la droite. Ils devront sonner de
la trompe, ou faire vibrer un timbre, jusqu'à ce que les piétons se
soient écartés, et, si ces derniers ne se rangent pas, ils seront
tenus d'arrêter leur vélocipède. Aussitôt après le coucher du
soleil et au plus tard à partir de 4 heures en hiver et de 8 heures en
été, les vélocipèdes devront être munis d'un falot.
Août
1891 - La pluie.
- Une
tempête épouvantable, accompagnée et suivie de pluie, a désolé
notre région. On a fait un compte désolant. Depuis le 1er
janvier 1891, il a plu 150 jours.
Septembre
1891 - ????.
- Est-il
vrai qu'un enfant israélite, décédé à Venoix, a été enterré dans
un coin du cimetière de cette commune ? Le maire de Venoix aurait, dans
ce cas, violé la loi de novembre 1881, déclarant qu'il ne doit y avoir
aucune distinction de cultes dans le cimetière communal.
Septembre
1891 -
Les déshérités. -
Il parait que notre
administration se fait tirer l'oreille pour installer des conduites d’eau
dans les quartiers extrêmes. Cependant les habitants de ces quartiers
déshérités, paient leur part des millions qu'a coûtés l'adduction
des eaux de Moulines.
Comme
toujours, il y a des coins privilégiés. On nous indique une impasse
éloignée où un tuyautage coûteux a été installé pour donner de
l'eau à une seule maison. Hâtons-nous de dire qu'elle est
habitée par le parent d'un de nos conseillers municipaux.
Septembre
1891 - ????.
- Est-il
vrai qu'un enfant israélite, décédé à Venoix, a été enterré dans
un coin du cimetière de cette commune ? Le maire de Venoix aurait, dans
ce cas, violé la loi de novembre 1881, déclarant qu'il ne doit y avoir
aucune distinction de cultes dans le cimetière communal.
Septembre
1891 - Voiture à
vapeur. - MM.
Menier frères,
chocolatiers à Paris, sont venus à Caen dans un très beau phaéton
mit par une machine à vapeur chauffée au coke, renfermée dans un
coffre placé en arrière et qui disparaît sous un siège mobile sur
lequel le mécanicien est assis. Ils sont repartis, après avoir
déjeuné au restaurant Fabre, place du Marché-au-Bois.
Septembre
1891 - Le mauvais
temps.
- La
pluie continue dans notre
région. Les récoltes seront rentrées en très mauvais état.
Des prières sont dites à la Délivrande pour obtenir un temps
plus favorable aux biens de la terre.
Septembre
1891 - Convois d’aliénés. - 180
aliénés, hommes et
femmes, sous la surveillance de quarante-cinq gardiens de l'assistance
publique, ont été expédiés de Paris à
destination de Caen et de Pont-l'Abbé. Chaque mois, on expédie ainsi
le trop plein des fous de Paris.
Septembre
1891 - Musée.
- Celui
de Caen vient de s'enrichir de trois dauphins bec d'oie, d'une longueur
de sept mètres, qui ont été péchés vivants à Auderville (Manche).
La présence de ces animaux avait été signalée sur tout le littoral.
Septembre
1891 -
Les manœuvres. -
Les manœuvres
dans le Calvados sont terminées. Elles ont été faites par une chaleur
torride, dont les réservistes surtout ont beaucoup souffert. Plusieurs
ont été ramenés et mis à l'hôpital. Le 5e est rentré
mercredi à Caen.
Septembre
1891 -
Un oubli regrettable. -
Mardi, on
a transporté, de son domicile en l'église Saint-Etienne de Caen, le
corps d'une femme dans un cercueil non recouvert du drap mortuaire. La
porte du domicile mortuaire n'était pas non plus tendue et le corps a
dû être porté à bras jusqu'au cimetière. La faute n'en est pas aux
personnes chargées de l'inhumation, mais à un oubli regrettable de
l'église, qui n'avait pas, malgré sa promesse, fait prévenir
l'entrepreneur des pompes funèbres.
Septembre
1891 -
Retour de Brest. -
M.
Bertaux, cycliste
caennais, est arrivé le 18e sur 207 concurrents, dans la
grande course de Paris à Brest. On lui a fait une très belle
réception.
Septembre
1891 -
Un marcheur qui n’a pas de cors.
-
M.
Bénard, élève en pharmacie chez M. Levêque, avait parié de faire à
pied le trajet de Bayeux à Caen en 2 heures. M. Bénard, parti à, 6
heures du soir de Bayeux, est arrivé à Caen à 7 h. 50.
Les dépêches télégraphiques mettent plus que ça.
Septembre
1891 -
A la mer. -
La
plus grande marée de l'année aura lieu dimanche. Elle marquera 117. La
mer sera pleine sur nos côtes vers 10 heures 1/4.
Septembre
1891 -
Les odeurs de Saint-Pierre.
-
Dans
le chantier installé pour les travaux de l'église Saint-Pierre de
Caen, les artistes qui fouillent si habilement la pierre sont fortement
incommodés par les odeurs qui se dégagent des lieux d'aisances du
presbytère. Un simple mur sépare l’atelier principal de ce lieu
d'infection. Est-ce qu'on ne pourrait pas ou désinfecter
ou vider la fosse ? Où est donc la commission d'hygiène ?
Octobre
1891 -
Pas d’allumettes. -
Impossible en ce moment,
à Caen, ville de 45 000 âmes, de trouver des allumettes suédoises.
Quand on en demande chez les marchands, ils répondent : Nous ne pouvons
en obtenir de l'administration. Est-ce que le gouvernement aurait pris
le monopole des allumettes pour nous en laisser manquer ?
(Source B-N)
Octobre
1891 -
Frais inutiles. -
L'état désastreux de
certaines chapelles de l'église Saint-Pierre de Caen va nécessiter
d'abattre un petit pavillon attenant à l'église. On doit reconstruire
sur une vieille cuisine un nouveau pavillon en remplacement. Pourquoi
ces frais, si on doit faire disparaître le presbytère dans un délai
rapproché ? (Source B-N)
Octobre
1891 -
Le coureur Besnard. -
M. Besnard
avait, on le sait, parié qu'il partirait de Luc, dimanche dernier, au
premier coup de sifflet annonçant le départ du train de 3 h. 15 et
qu'il serait à Caen, au restaurant Fabre, avant ses adversaires venus
par le train. Ce pari a été annulé. Après avoir fait les deux
premiers kilomètres en 6 minutes, M. Besnard a dû s'arrêter, ses
chaussures, trop lourdes, lui blessant les pieds. Il n'en a pas moins,
après cet arrêt, continué sa route jusqu'au restaurant du Calvaire
St-Pierre, et a parcouru les 12 kilomètres en 55 minutes.
(Source B-N)
Octobre
1891 -
Les régiments mixtes. -
Les officiers
et soldats du 23e territorial d'infanterie affectés à la
formation du 205e du régiment mixte (2e et 3e
bataillons) sont arrivés à Caen. Le régiment sera réuni sous
le commandement de M. le lieutenant-colonel de la Villatte jusqu'au 28
de ce mois. Il sera formé à trois bataillons : le 1er sous
les ordres du commandant de Frageais du 5e de ligne, le 2e
sous ceux du commandant Jacquier, le 3e du commandant
Vermont. (Source B-N)
Octobre
1891 -
Ce qu’il en coûte d’être propriétaire.
-
Le curé et les membres
de la fabrique de Moulines ont écrit au conseil municipal de Caen pour
lui exposer que leur église a besoin d'un autel. Ayant peu de
ressources, ils s'adressent aux plus riches propriétaires du pays. Or,
la ville de Caen étant devenue, par l'acquisition des sources, le plus
Important propriétaire de Moulines, c'est à ce titre que la fabrique
espéré que la ville voudra faire quelque chose pour la modeste église
de ce village.
Sur
l'avis du maire, les conseillers municipaux de Caen ont répondu que,
dans la situation des finances de la ville, ils doivent réserver toutes
leurs ressources disponibles pour les indigents qui sont à sa charge.
Après
ce vote, il est à présumer que ce ne sera pas de l'eau bénite qui
nous viendra de Moulines. (Source
B-N)
Octobre
1891 -
Les réservistes. -
Les « treize jours
», qui en feront, à l’avenir quatorze, sont sous les drapeaux. Les
hommes incorporés au 5e portent le numéro 205 et ceux du 36e
le 236.
Ces
régiments mixtes sont destinés à doubler, en cas de guerre, notre
armée de première ligne.
Ces
hommes vont partir en campagne et se rencontreront à mi-route de
Falaise, entre Bretteville et St-Sylvain, avec le 236e qui
représentera l'ennemi. (Source
B-N)
Novembre
1891 -
Est-ce la fin du monde ?
-
Inondations
dans le midi de la France ; neige en Espagne et à Madrid ;
choléra à Damas ; influenza à Londres et en Australie, et même en
France, dans Maine-et-Loire ; tremblement de terre au japon, 3 000
victimes ; disette dans le nord de la Suède, sans compter les accidents
des chemins de fer. (Source
B-N )
Novembre
1891 -
Le cyclone, calvaire abattu.
-
Pendant la nuit de mardi
et une partie de la journée de mercredi, un véritable cyclone s'est
abattu sur Caen. Il a causé de grands dégâts aux toitures, aux
cheminées et dans les jardins. Beaucoup d'arbres ont été abattus. Le
calvaire de la paroisse St-Pierre, érigé route de la Délivrande, a
été renversé et brisé en trois morceaux. Curieux détail : le Christ
était creux et percé sous les bras. On a constaté qu'il était plein
de miel. Un essaim d'abeilles y avait, sans façon, installé sa
ruche.
—
Le même cyclone a sévi sur tout l'Ouest. A Paris, il a causé des
accidents de personnes.
(Source B-N)
Novembre
1891 -
Population. -
En 1890, il y a eu dans
le Calvados : mariages, 2 920 ; divorces, 66 ; naissances, 8 709, dont 7
649 légitimes et 1 060 illégitimes ; décès, 10 474 ; mort-nés, 405.
Soit un excédent des décès sur les naissances de 1 765.
—
Manche : mariages, 3 289 ; divorces. 24 ; naissances, 10 974, se
divisant en 10 274 légitimes et 700 naturelles ; décès, 11 828 ;
mort-nés, 484. L'excédent des décès sur les naissances est donc de
854.
—
Dans l'Orne : mariages, 2 320 ; divorces, 44 ; naissances, 6 055, se
divisant en 5 732 légitimes et 323 naturelles; décès, 9 192 ;
mort-nés, 244. L'excédent des décès sur les naissances atteint
donc le nombre de 2 137. (Source
B-N)
Novembre
1891 -
Sport vélocipédique. -
Dimanche dernier, M.
Bresson a parcouru sur la route de Caen à la Délivrande 240
kilomètres en 12 heures. La bicyclette Clément pneumatique, sur
laquelle cette belle performance a été effectuée, est exposée dans
le magasin de M. Bernard, agent régional de la maison Clément, rue
Samuel-Bochard, Caen.
(Source
B-N)
Décembre
1891 -
Enfant maltraité. -
:
Les nommés Albert Lapoirre, 31 ans, domestique, et Angèle
Legouix, 25 ans, journalière, demeurant place Saint-Sauveur, à Caen.,
sont poursuivis pour coups et mauvais traitements envers le jeune Louis
Legouix, âgé de 4 ans. (Source
B-N)
Décembre
1891 - ???.
- Quel accident était donc arrivé, samedi, aux eaux de
Moulines ? Elles n'ont pas
coulé dans plusieurs quartiers de Caen, et, le soir, beaucoup de petits
ménages ont dû se passer de soupe.
(Source
B-N)
Décembre
1891 -
Une nouvelle industrie. -
Les eaux
de Moulines vont doter Caen d'une nouvelle industrie. Une grande
distillerie va être établie pour purifier lesdites eaux et les vendre
au public, vierges de tout calcaire. Cette idée est venue à la suite
de constatations faites par les marchands de vins qu'il était
impossible de se servir des eaux de Moulines pour les coupages. Mais, si
cette eau altère le vin et l'alcool, elle doit aussi troubler le cidre,
ce qui serait plus grave . (Source
B-N)
Décembre
1891 -
L’électricité. -
Elle
va, assure-ton, bientôt éclairer Falaise et Honfleur. Et à Caen,
quand ?... (Source B-N)
Décembre
1891 -
L’Influenza. -
Cette
maladie sévit avec rage en Allemagne, en Russie, en Écosse, à
Londres, à Paris, en France un peu partout. Quelques cas ont été
constatés à Caen. Se tenir chaud, de la gaîté, pas d'excès, un
petit verre de cognac ou un gros bien coiffé sont les ennemis de
l'influenza.
La
mairie annonce trois cas mortels de diphtérie, en dix jours.
En
ne voyant pas le curé de Saint-Pierre à l'office, dimanche, le bruit
s'était répandu qu'il était malade, très malade. On avait même
ajouté qu'il avait reçu les derniers sacrements. Heureusement,
c'était un faux bruit, M. le curé de Saint-Pierre, quoique un peu
souffrant, ne couve pas de maladie.
(Source
B-N)
Décembre
1891 -
Noces d’or. -
Lundi, M. et
Mme Le Seigneur,
propriétaires, rue Basse, à Caen ont célébré leurs noces d'or en
l'église St-Pierre, au milieu d'une affluence considérable. Les époux
cinquantenaires réunissent à eux deux près de 150 ans.
(Source
B-N)
Décembre
1891 -
L’électricité. -
Elle
va, assure-ton, bientôt éclairer Falaise et Honfleur. Et à Caen,
quand ?... (Source B-N)
Décembre
1891 -
Patinage. -
On
a patiné dans la prairie. Si le froid persiste, le comité organisera
des fêtes. En patinant mardi, Mme Levard, s'est luxée le poignet. (Source
B-N)
Décembre
1891 -
La bêtise humaine. -
A la suite de
chagrins et de peur violente, une jeûne fille de la rue de Vaucelles,
à Caen, a été prise de transports au cerveau. Elle va mieux
aujourd'hui. Les personnes qui la soignent ont été obsédées par
leurs voisins qui leur reprochaient de s'adresser aux médecins et les
engageaient à consulter des tireuses de cartes ou des sorciers pour
sauver cette jeune fille d'un mauvais sort jeté. Il a fallu menacer ces
nigauds de la police et du parquet, pour être débarrassé d'eux, tant
est grande encore la bêtise humaine.
(Source B-N)
Janvier
1892 -
L’influenza. -
L'influenza
continue de sévir non seulement en France mais dans toute l'Europe et
en Amérique. Le duc de Clarence, fils du prince de Galles, héritier du
trône d'Angleterre,
a été enlevé en quelques jours. Il allait épouser une princesse
d'Allemagne. L'influenza a enlevé également le cardinal Manning, chef
des catholiques anglais, le cardinal Simeoni, préfet de la Propagande
au Vatican, et le général des Jésuites. Il y a 6 000 malades dans les
îles anglaises de la Manche.
Les
cas sont nombreux dans l'Orne et la Manche. A Avranches notamment, on
compte 2 000 malades. Parmi les victimes que le fléau a faites dans le
Calvados est M. Renaud, conseiller honoraire à la cour d'appel,
demeurant à Falaise. Il avait 91 ans.
En
général, la maladie est assez bénigne à ses débuts, mais, si le
malade commet quelque imprudence avant sa complète guérison, il
survient des rechutes accompagnées de complications
très graves. La plus grande prudence est donc de rigueur.
A
Caen, il y a eu cette semaine 60 décès. L'an dernier dans la semaine correspondante,
il y en avait eu 45. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Janvier
1892 -
Mauvais début. -
Pas bon le début
de 1892 pour Caen. La mortalité, malgré l'eau de Moulines atteint un
chiffre inusité, en un seul jour, on a inscrit 19 décès.
La
ville, comme cadeau, d'étrennes, a augmenté les droits d'octroi sur la
viande. Les bas morceaux qui ne payaient pas autrefois, sont taxés, et
les bouchers vont augmenter jusqu'à la courée.
Nos
conseillers municipaux ont abaissé une taxe exorbitante qu'ils avaient
mise inconsidérément sur certaines huîtres. S'ils ont quelque
compassion de l'indigence, ils devraient bien ainsi diminuer les droits
qui frappent les issues et abats de viande.
Au
premier janvier, il n'y a pas eu de réceptions, au grand préjudice des
tailleurs, cordonniers, chemisiers, coiffeurs, cochers, etc…… Du
reste, il faut avouer que notre ville est tristement représentés. Le
préfet et le maire sont veufs pour le moment du moins.
Le
procureur général est veuf
aussi et si le premier président ne l'est pas, c'est tout
comme.
Pour
le reste, c'est à l'avenant : nos sénateurs sont vieux, malades ou
absents, les députés ne reçoivent pas. Le recteur profite du 1er
janvier pour aller faire une ballade à Paris, pendant que le
trésorier-payeur fait sa caisse. Quant aux sous-préfets et autres
sous-fonctionnaires du département, ils imitent leurs Chefs et restent
dans leurs coquilles. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Janvier
1892 -
L’influenza. -
Cette grippe,
pour l'appeler par son nom, fait de grands ravages à Caen, parmi les
personnes âgées.
—
Dans plusieurs communes des environs, c'est une véritable
épidémie.
—
Du reste, partout on France, on nous signale de nombreux cas. En
Belgique c'est pire encore. En Italie, il y a de nombreux cas, à Milan,
la mortalité a monté de 30 à 100 par jour.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Janvier
1892 -
28 heures de traversée. -
Lundi,
à 6 heures du matin, « l'Hirondelle », l'un des meilleurs
bateaux de la compagnie, quittait le Havre pour venir à Caen. La mer
était calme, mais, il faisait un brouillard insondable. En allant tout
doucement, le vapeur arriva devant Hermanville, puis, plus
moyen d'avancer. Le
capitaine fit jeter l'ancre et le bateau, avec ses quatorze passagers,
resta là, sans mouvement, pendant 22 heures.
Et
rien, ou peu de chose à se mettre sous la dent. Les passagers parlaient
déjà de faire rôtir l'un d'eux, pesant 200 environ, lorsque le soleil
souleva enfin le brouillard et permit à « l’Hirondelle »
d'aborder le quai de Caen après 28 heures de traversée.
(Source : Le Bonhomme
Normand)
Février
1892 -
Découverte de deux
cadavres. - Dimanche,
à Caen, on a retiré de l'Orne, en face le poste de la douane, les
cadavres d'un homme de 40 ans environ et d'une
femme de 30 à 35 ans, attachés par le poignet avec une ficelle. Ces
corps avaient séjourné trois semaines dans l'eau. Une pièce de vers
trouvée sur l'un d'eux, portait Hippolyte Lemaidier à Amélie Loir. On
suppose que ce sont leurs noms. Sur l'homme on a trouvé une pipe en
coquillages, une note de l'hôtel Georget, à Saint-Lô, acquittée à
la date du 16 janvier 1892, et un porte-monnaie contenant une cartouche
Lebel et une pièce de 50 cent, de monnaie étrangère. La femme était
grande, blonde ardente, vêtue d'un grand manteau noir, chaussée de
bottines en drap claquées en vernis, presque neuves, elle avait une
petite glace dans sa poche.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Février
1892 -
Le marché aux bestiaux à Caen.
- Sur
le rapport de M. Hébert, le conseil municipal a adopté un projet
d'appropriation de la place Saint-Martin et d'une partie des promenades
Saint-Julien pour l'installation du marché aux bestiaux et de ses
annexes. Le devis s'élève à 30 000 fr. La commission des finances est
chargée de les trouver, ce qui offrira peut-être quelques
difficultés, le budget de 1892 étant chargé déjà de pas mal de
crédits à prendre sur les fonds libres qui paraissent totalement
absents de la caisse municipale.
(Source : Le Bonhomme
Normand)
Février
1892 -
Commis-Docteur. - Les
malheureux savent combien les malades indigents ont toujours eu du mal
à se faire admettre à l'hôtel-Dieu de Caen. Aujourd'hui, c'est pis
que jamais, un commis des entrées se mêlant aux consultations et
donnant son avis, comme un vrai docteur, sur l'admission des malades. Ce
ne serait que risible, si les malheureux n'en pâtissaient pas. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Février
1892 -
La neige. - Mardi,
l'hiver a fait sa rentrée. La neige est tombée en abondance. Mercredi,
il y en avait une couche de 25 centimètres dans les rues de Caen. Dans
les campagnes, la neige amoncelée rendait la circulation difficile en
certains, endroits. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Février
1892 -
Assassinat à Beaulieu. -
Le
sieur Pavy, gardien à
Beaulieu, était de service samedi à l'atelier de la vannerie, ayant
adressé une observation au détenu Jean, dit Tardieu, condamné à cinq
ans pour vols, celui-ci s'élança sur lui et lui porta un coup de
serpe. Pavy tomba. Les détenus se rendirent maîtres de l'assassin et
portèrent secours à Pavy. La blessure s'est aggravée. Il est
décédé mardi dernier laissant une femme et trois
enfants sans ressources.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Février
1892 -
Tramways. - Une
enquête est ouverte jusqu'au 21 mars, sur l'avant projet du tramway de
Caen à Ouistreham à établir sur la rive gauche du canal. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Mars
1892 -
Pigeons voyageurs. -
La distribution des
récompenses offertes par M. le ministre de la guerre aux lauréats des
concours de la Fédération colombophile du Calvados en 1891 aura lieu,
sous la présidence du général Chambert, le dimanche 6 mars, à 3
heures à l'hôtel de ville, avec le concours de la musique du 5e.
Un grand lâcher de pigeons
voyageurs aura lieu, avant la distribution sur la place de la
République. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Avril
1892 -
La foire de Caen. -
Parmi les attractions
citons : le cirque Rancy_;
la ménagerie Roussel ; le théâtre Casti ; le musée d'anatomie
Laurier ; le théâtre Postel ; le musée Bonnefoy ; le théâtre des
Kakatoès, etc….. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Avril
1892 -
Prédictions de Nostradamus.
- Voici
ce qu'on lit dans les Centuries de cet astronome :
Nonante-deux
(1892) verra trois marmites,
Par
quatre fois, maisons mettre en poussière.
Sera
sauvé l'enfant avec sa mère,
Et
prise malfaiteurs presque subite.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Avril
1892 -
Un chef-d’œuvre. -
A signaler la magnifique
carte du Calvados, dressée par M. J. Canon, notre compatriote, et
publiée par la librairie Baer, passage Bellivet, à Caen. Pas un
département n'a de carte aussi belle.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Avril
1892 -
Une balle égarée. - L'un de nos confrères raconte
que la semaine dernière, les réservistes de la Caserne du Château
s'exerçaient au maniement du fusil Lebel avec des cartouches en bois,
lorsque, soudain, un coup de fusil partit, une balle passa entre
plusieurs files de soldats qui faisaient l'exercice à 50 mètres de là
et alla se perdre dans la campagne. On ne sait pas comment cet accident
s'est produit, mais on suppose que cette cartouche avait été laissée
par mégarde dans le magasin du fusil. Toujours est-il que l'accident
aurait pu avoir des suites désastreuses, car on sait que la balle
du fusil Lebel peut traverser la poitrine de quatre hommes sac au dos.
Le réserviste a eu huit jours de prison. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Avril
1892 -
Mort d’une piqûre de clou.
- La
veille de Pâques, le sieur Eugène Hébert, employé au chemin de fer,
demeurant au hameau du Four-à-Ban, près Caen, avait été piqué à
l'orteil par un clou de sa chaussure. Il négligea cette légère
blessure, mais, le lendemain, le pied avait enflé, il fut obligé de
s'aliter.
Deux
jours après, le tétanos se déclarait, et le mal fit de si rapides
progrès que le malheureux Hébert est mort dans d'affreuses
souffrances. Il n'avait que 42 ans.
(Source : Le Bonhomme
Normand)
Mai
1892 -
De Paris à Caen en bicyclette.
Dimanche
dernier, MM. Aubry et Marc ont effectué, en bicyclettes pneumatiques
Clément, le trajet de Paris à Caen en 11 heures de marche.
(Source : Le Bonhomme
Normand)
Mai
1892 -
Un ivrogne douché. -
Mardi,
à Caen, des agents de police aperçurent un individu, en chemise,
monté sur le toit d'un petit bâtiment dont il arrachait les ardoises.
Sommé de descendre, notre homme, de son métier tailleur de pierre, s'y
refusa énergiquement et ce ne fut qu'au moyen d'un fort jet d'eau
fourni par la pompe à incendie du quartier qu’on put se rendre
maître de lui. Ce ne fut pas, ensuite, sans peine que les agents le
menèrent au poste, l'un d'eux eut sa capote mise en pièce par cet
alcoolique, que la
douche n'avait pas complètement calmé. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Mai
1892 -
Défi. -
M.
Bresson, de la société des Cyclistes normands, ayant parcouru en 13
heures ½, consécutives, la route de Paris à Caen, porte un défi de
100 fr. qu'il battra M. Marc, qui prétend avoir fait ce même parcours
en 11 heures. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Mai
1892 -
Vélocipédie. - La
course de Bordeaux-Paris a été un nouveau succès pour la maison
Clément. MM. Stéphane et Vigneaux ont remporté les premiers prix,
battant les temps des grands coureurs anglais Mills et Holbein.
Une
bicyclette pneumatique Dunlop, semblable à celle que montait M.
Stéphane, est exposée chez M. Bernard, agent de la maison Clément,
rue Samuel-Bochard, près le Bassin, Caen.
(Source : Le Bonhomme
Normand)
Mai
1892 -
Mort Incendie de deux scieries. -
Vendredi, vers
minuit, le feu s'est déclaré dans les chantiers du Nord, à Caen. A
l'appel du tocsin, la population, les autorités, les pompiers, la
gendarmerie et le régiment sont accourus sur le lieu du sinistre. La
pompe à vapeur de la gare était là avec M. Huet, chef principal, qui
commandait.
Tout
le monde a fait son devoir, à l'exception d'un propriétaire qui n'a
consenti à laisser prendre de l'eau dans son fossé que sur la menace
d'un procès-verbal.
Malgré
la rapidité des secours, très bien dirigés par le capitaine des
pompiers, la grande construction contenant, les machines est
complètement brûlée, les scieries n'existent plus. Une certaine
quantité de bois a été également atteinte par l'incendie. Des piles
entières eussent été brûlées sans le dévoilement des soldats. Les
chevaux ont pu être sauvés, il n'y a pas eu d'accident de personnes.
Les pertes sont estimées à 275 000 fr. pour les machines et à 15 000
fr. pour les bois. Le tout est assuré à une dizaine de compagnies,
l'Union et le Soleil en tête : 300 000 fr. pour les machines, 1 200 000
fr. pour les marchandises et autres risques. Les directeurs des
chantiers vont être obligés de remercier un certain nombre d'ouvriers.
L'établissement de nouvelles machines demandera assurément plusieurs
mois.
La
cause du sinistre ne peut être attribuée qu'à des couvreurs ayant
travaillé dans la journées à faire des soudures sur la toiture. C'est
un douanier qui a, le premier, aperçu le feu dans la toiture. Dans ce
quartier, il n'y a pas de bouches d'eau, par cette raison que les
conduits sont trop petits. Peut-être maintenant songera-t-on à faire
une nouvelle canalisation.
Sans la pompe à vapeur
de la gare, manœuvrant sous l'ordre de M. Huet, au milieu d'une fumée
aveuglante, c'en était fait des approvisionnements des chantiers du
Nord, de la minoterie Anger et de la scierie Savare. Dans tous les
grands incendies, la pompe de la gare joue un rôle décisif. Cependant,
nous n'avons pas encore appris que des
gratifications et des récompenses aient été données à ces
volontaires du dévouement.
Dans
uns lettre adressée à nos grands confrères, les directeurs des
chantiers du Nord remercient, avec la plus vive reconnaissance, les
nombreuses personnes venues à leur secours pour combattre le terrible
sinistre qui les a frappés. Ces actes spontanés de dévouement et de
sympathie sont de ceux que l'on n'oublie jamais.
La
nuit précédente , vers une heure, un autre incendie s'est déclaré à
Juaye-Mondaye dans la scierie de M. Anatolie, section de Couvert, et a
rapidement pris des proportions considérables. Les bâtiments de la
scierie et les bois qu'elle renfermait, ont été la proie des flammes.
On suppose que le feu a été mis par la machine à vapeur, encore
allumée. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Juin
1892 -
Lenteurs de la justice. -
Samedi,
M. Engerand a adressé au ministre de la justice la question dont nous
avons parlé, sur les lenteurs de la justice, en ce qui concerne
notamment les pauvres admis à l'assistance judiciaire. Le
ministre a répondu qu'un projet de loi va remédier à cette
situation.
Au
31 décembre 1891, il y avait 14 260 affaires en retard, dont 4 340
attendant depuis plus d'un an, 1 718 depuis plus de deux ans, 1 208
depuis plus de trois ans. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Juin
1892 -
Statistique. -
Pendant la quinzaine de la foire, il y a eu en gare de
l'Ouest, à Caen, un mouvement
de 53 000 voyageurs, moitié à l'arrivée, moitié au départ. En 1891,
il n'y avait eu qu'un mouvement de 41 000 voyageurs.
Faut-il
attribuer cette augmentation au beau temps ou à la diminution des prix
? Nous ne savons, Nous constatons, voilà, tout.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Juin
1892 -
Prochaine exécution à Caen.
- Henri
Tardieu, condamné à mort par le jury du Calvados, pour assassinat d'un
gardien de Beaulieu sans motif, pour le plaisir de tuer, sera
certainement exécuté. Du reste, Tardieu ne se fait pas d'illusion. Son
attitude est toujours la même.
Au
gardien-chef qui lui demandait un jour s'il avait besoin de quelque
chose, ce misérable a eu le cynisme de répondre : « Oui, envoyez-moi
des petits garçons pour que je m'amuse
avec eux. » Tardieu n'a que 25 ans. Il a déjà subi cinq
condamnations.
Jean
Beaudrouet, l'assassin de Cordebugle, condamné à mort pendant la même
session, sera gracié.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Juin
1892 -
Les chaleurs. -
Tous les ans,
les grandes chaleurs
augmentent le contingent des malades militaires. Un certain nombre
d'hommes de notre garnison, atteints de fièvre, sont entrés à
l'hôtel-Dieu la semaine dernière, mais le mal ne paraît pas avoir de
caractère épidémique. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Juin
1892 -
Nos marcheurs. -
Le Petit
journal avait ouvert un concours de marche, distance 500 kil. de Paris
à Belfort.
Les-vainqueurs
sont MM. Ramogé et Gounet. Des ovations splendides ont été faites.
Plusieurs normands y ont pris part : M. Raoul, de Caen, est arrivé
le 223e ; M. Le
Martinel, de Bayeux, le 242e.
Moyenne, 15 lieues par jour. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Juin
1892 -
Tir. - Dimanche,
à Caen, au stand des fossés du Château, une cible spéciale sera
réservée aux anciens combattants de 1870- 1871.
Prière de se munir de sa carte. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Juin
1892 -
Les condamnés à mort. -
Quelques
lignes hâtives publiées par l'un de nos confrères au sujet de
Tardieu, condamné à mort pour assassinat d'un gardien de Beaulieu,
ont mis sur pied, pendant plusieurs nuits, les amateurs d'exécution.
Comme nous l'avons dit dans notre dernier numéro, il est probable que
Tardieu, à cause de ses antécédents, ne sera pas gracié, le jour de
son exécution est même proche.
Le
pourvoi en cassation de Tardieu a été rejeté le même jour que celui
de Beaudrouet, qui a étranglé une femme à Cordebugle, mais ce dernier
ne sera pas exécuté.
Si,
comme tout l'indique, Tardieu n'est pas gracié, on se demande s'il sera
guillotiné sur les fossés Saint-Julien ou à Beaulieu comme exemple.
C'est d'habitude l'administration municipale qui indique le lieu où
doit être élevée la guillotine. La mairie n'a pas encore eu à se
prononcer.
L'un
de nos confrères, bien placé pour savoir ce qui se passe dans la
cellule des condamnés, nous apprend que Tardieu et Beaudrouet sont
enfermés dans la même cellule et surveillés, jour et nuit, par deux
gardiens et deux détenus. Leur attitude est bien différente.
Beaudrouet est triste et n'est rien moins que rassuré. Il s'inquiète
beaucoup du sort de son pourvoi en cassation. Il ne sait pas, quant à
présent, que ce pourvoi est rejeté. Tardieu, au contraire, est plein
de confiance, étant trop jeune, dit-il, pour que le président de la
République le laisse exécuter. Il a fort bon appétit, fume beaucoup
et joue avec ses gardiens, surtout au « damier ». Il écrit ses
mémoires. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Juin
1892 -
Agression. -
Dimanche soir, route de Falaise,
un caporal et un soldat de la garnison de Caen ont insulté des civils
inoffensifs et ont essayé de les frapper de leur sabre. Plainte a été
portée. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Juin
1892 -
Victimes du travail. -
Le sieur Ernest Pasquier, 41 ans, ouvrier peintre, rue
Porte-au-Berger, à Caen, travaillant à repeindre le hall de la gare de
l'Ouest, et se trouvant sur un échafaudage volant, a perdu
l'équilibre et est tombé d'une hauteur de 10 mètres environ. Le
malheureux, en tombant, a pu s'accrocher et est resté suspendu par les
mains environ une minute, appelant désespérément, au secours.
Son
camarade, Emmanuel Ethoré, qui travaillait à quelques mètres de là,
s'est précipité pour tâcher de le retenir, mais, malheureusement, il
est arrivé juste au moment où Pasquier, n'en pouvant plus, lâchait
prise et tombait comme une masse. Pasquier est marié, père de trois
enfants en bas âge et sa femme est sur le point d’accoucher. Son
état est désespéré. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Juin
1892 -
Comme à Paris. -
Le maire de Caen
vient de prendre un arrêté qui interdit, à partir du 20 juin jusqu'au
15 août, de sortir les chiens dans les rues de la ville sans qu'ils
soient tenus en laisse, sous peine de fourrière et d'amende. Deux jours
sont accordés aux propriétaires pour réclamer leurs chiens. Seuls,
pourront être laissés libres, les chiens accompagnés de leur maître,
circulant dans la prairie, sur le cours Caffarelli, le cours Montalivet,
les rives du Canal et dans la campagne. Cet arrêté a été pris à la
suite du cas de rage constaté à Lébisay. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Juillet
1892 -
La viande. - Par suite de la disette d'herbe, les cultivateurs
sont obligés de vendre leurs bestiaux à des prix excessivement bas.
Les bouchers en général, et ceux de Caen en particulier, syndiqués à
cet effet, n'en continuent pas moins à vendre la viande à un taux
élevé. Les bouchers feraient bien de l'abaisser, car, s'ils ne le font
pas, il se pourrait que la question fût soulevée en séance municipale
et qu'une demande de taxe soit formulée.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Juillet
1892 -
Les victimes du travail. -
Le sieur
Ernest Pasquier, peintre, qui a été victime du terrible accident que
nous avons relaté dans notre dernier numéro, est mort. Ce malheureux
dans sa chute d'une hauteur de 10 mètres, sous le hall de la gare de
l'Ouest, à Caen, s'était fait de nombreuses fractures, à différents
endroits du corps. Il laisse dans la plus grande misère une veuve
et trois enfants en bas âge, et dans quelques jours cette pauvre
femme aura un quatrième enfant.
-
Le sieur Chaterine, 45 ans, ouvrier à la scierie Savare, à
Caen, a eu le bras gauche coupé au-dessus du coude par une scie à
découper. Le blessé a été transporté à l'hôtel-Dieu où il
a subi l'amputation. Il est père de quatre enfants.
- Aux chantiers de bois de MM. Bully et Lemoigne,
situés cours Caffarelly, à Caen, le sieur Édouard Aubry, scieur de
long, venait de fendre une pièce de bois assez lourde, lorsqu'au moment
de la descendra du chevalet, elle glissa tout à coup et atteignit
l'ouvrier, qui a eu une jambe broyée au-dessus de la cheville.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Juillet
1892 -
Cheval mort d’insolation.
- Vendredi
l'après-midi, sur le marché aux fourrages de Caen, un cheval attelé
à une voiture qui stationnait là depuis longtemps a été atteint
d'insolation et littéralement foudroyé. Il était complètement
inanimé quand on a pu le dégager des brancards.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Juillet
1892 -
Tribunal de Caen. -
Filles
Clémence Leroy, 21 ans, et Marie Chesnel, 24 ans, filles soumises à
Caen, vol de 300 fr. au sieur Madelaine, 4 mois chacune.
—
Femme Mulot, 35 ans, journalière, rue d'Auge, à Caen, coups et
blessures à la femme Dauphin, 10 jours.
—
Femme Hybert, 34 ans, couturière, en instance de divorce parce que son
mari la battait, et Paul Lavieille, 30 ans, plâtrier, tous les deux
habitants à Caen, adultère et complicité, 15 jours chacun.
—
Félix Potier, 37 ans, maçon à Hérouvillette, coups et blessures,
15jours.
—
Jean-Baptiste Hébert, 16 ans, jardinier à Luc, violences légères
envers la fille Testard, 2 mois. (Loi B.) (Source :
Le Bonhomme Normand)
Juillet
1892 -
Les processions. -
Beau
temps, processions magnifiques, pas d'incident grave: voilà le bilan,
de la journée de dimanche. Cependant, à Saint-Pierre de Caen, on a
jeté dehors deux jeunes gens dont le tort avait été de causer un peu
trop haut et de garder leur chapeau sur la tète. L'un de ces jeunes
gens n'est pas, comme on l'a dit, employé à Saint-Joseph. Il l'a
été, il est vrai, mais il y a longtemps.
Vaucelles,
pourquoi a-t-on relégué aux derniers rangs les enfants de l'école
laïque ? (Source :
Le Bonhomme Normand)
Juillet
1892 -
Droit sur les pommes. -
Les
sénateurs et les
conseillers généraux républicains viennent d'adresser à tous les
maires du département une circulaire et une pétition en vue de
protester contre le vote de la commission du budget qui frappe un droit
de circulation de 30 c. par hectolitre les fruits à pressoir.
Une
autre pétition a été aussi envoyée par le baron Gérard dans son
arrondissement. Nous engageons les maires à s'occuper sérieusement de
cette question qui intéresse à un si haut degré la fortune du
Calvados. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Juillet
1892 -
Le port de Caen. -
Depuis
longtemps, M. Victor
Knell poursuit une idée : l'amélioration du port de Caen. Dans un
rapport que nous avons sous les yeux, il demande, quant à présent, 4
millions pour arriver à cette amélioration. La chambre de commerce
espère réaliser 2 millions, on demanderait 250 000 fr. à la ville et
250 000 fr. au
département, le reste serait fourni par l'État. Ce sont de gros
chiffres, mais la question est capitale pour notre région et ne doit
pas être rejetée sans avoir été sérieusement examinée. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Juillet
1892 -
Armée. -
A
l'avenir, tout Français militaire fait partie de l'armée active
pendant trois ans, de la réserve pendant dix, de la territoriale
pendant six.
—
Les réservistes des classes 1882 et 1885 sont convoqués : Infanterie,
1er série, du 22 août au 23 octobre. — 2e
série, du 26 septembre au 23 octobre.
—
Artillerie, 1er série, du 22août au 18 septembre. —
2e série,
du 30 septembre au 30 octobre. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Juillet
1892 -
La foudre. -
Mardi
l'après-midi, nous avons eu un orage de tonnerre. Il faisait une
chaleur torride. La foudre est tombée sur divers points. Cet orage
s'est étendu sur presque toute la France et à
l'étranger. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Juillet
1892 -
Juste plainte. -
A Caen, dans la rue du Milieu, il n'y a pas de
borne-fontaine. Les malheureux habitants en sont réduits à aller
chercher de l'eau dans la rue Branville, sans compter que les ruisseaux
n'étant jamais lavés, il en résulte des émanations qui ne peuvent
qu'être nuisibles à la santé. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Juillet
1892 -
Exécution à Caen. -
Après avoir
exécuté à Rennes l’assassin
Communal qui, depuis trois jours refusait toute nourriture. Deibler, son
gendre, ses aides et sa machine sont arrivés à Caen par le train de 4
h. 40. Ils étaient attendus et n'ont pas été très bien accueillis à
leur arrivée. Ils sont descendus à hôtel Saint-Pierre. Sortis pour
remplir les formalités d'usage, ils ont été suivis d'une foule
désireuse de voir de près ces tranche la vie.
Un
peu avant quatre heures, les membres du Parquet, précédés du
directeur de La maison de Beaulieu, sont entrés dans la cellule de
Tardieu. Il dormait paisiblement lors que le directeur de Beaulieu lui a
mis la main sur l'épaule et l'a réveillé en lui disant : « Tardieu,
votre pourvoi en grâce est rejeté ».
« Bien
! a-t-il répondu » .
«
Vous aurez du courage, » a repris le directeur.
«
J'en aurai », a dit Tardieu, et il s'est habillé. Il a alors demandé
au directeur de serrer, avant de mourir, la main à Beaudrouet, son
camarade de cellule, car, le soir, on les séparait vers 10 heures et
Beaudrouet descendait coucher au rez-de-chaussée.
L'aumônier,
l'abbé Tulou, très pâle, car c'est première fois que ce jeune
prêtre remplit une si triste mission, s'est approché et lui a demandé
s'il voulait entendre la messe. Tardieu a accepté. Du reste, depuis il
avait consenti à communier à plusieurs reprises, mais plutôt pour
obtenir les douceurs dont, le comblait l'abbé Tulou que par conviction.
Me
Lefèvre, son défenseur, en abordant Tardieu, lui a dit : « Vous
êtes un homme énergique, vous le montrerez jusqu'à la fin ».
« J’ai
commis un crime, à répondu Tardieu d'une voix très assurée, je dois
l'expier. Je ne faiblirai pas ». il a tenu parole.
Jean
dit Tardieu est descendu à la chapelle, où il a entendu la messe,
moins ému que le prêtre qui la célébrait. Sur les dernières marches
de l’escalier qui donne accès à la geôle
de Beaudrouet, auquel on venait d’annoncer sa grâce, il se sont
fortement pressé la main, en se disant adieu, puis ajouté : « Du
courage » Tardieu a répondu : « J’en aurais » puis
il est entré dans le bureau de la geôle où a eu lieu la toilette,
d'une longueur attristante.
Avant
qu’on ne lui ait attaché les mains, le condamné a demande un verre
de cognac et une cigarette. Puis, il a fait appeler son défenseur pour
le remercier et le prier décrire a sa mère qu'il était mort avec
courage et en pensant a elle.
Tardieu,
accompagné de l’abbé Tulou, est monté dans le fourgon. Quelques
minutes après, il en descendait au lieu de l'exécution. Les aides du
bourreau l'ont saisi si rapidement que le prêtre n'a pas eu le temps de
s’en approcher. Tardieu, de pâle qu'il était pendant les
préparatifs, est devenu vert à la vue de la machine, mais ce qui a
surtout, attiré son regard c’est le cercueil en bois blanc, placé a
coté de la machine et qui remplaçait le traditionnel panier.
On
l'a placé sur la bascule et, en moins de temps qu'il ne faut pour le
dire, le condamné est basculé, le collet s'abat, le couperet tombe et
la société compte un criminel de moins.
Un
des aides prend le cadavre par les pieds, lui fait faire demi-tour pour
le renverser dans le cercueil, mais le tronc sanglant louche un des
bords et va, rebondir sur un des montants de la guillotine qu'il inonde
d'un sang noirâtre. La tête est retirée du panier et mise dans le
cercueil qu’on referme à la hâte, et qu'on dépose dans le fourgon
pour être porté à l'amphithéâtre, où des
expériences ont eu
lieu.
Jean
dit Tardieu. était né le 11 mars 1867, à Marvejols (Lozère). Il n’était
âgé que de 25 ans et 4 mois. (Source : Le Bonhomme Normand)
Juillet
1892 -
Triste spectacle. -
La tête de Tardieu
a été moulée à l'amphithéâtre pour être ajoutée aux collections
de l'école de médecine. Jeudi l'après-midi, beaucoup de personnes
sont allées la voir, en entrant, elles pouvaient admirer aussi des
lambeaux de chairs épars. L'entrée était gratuite, mais, en sortant,
on donnait ce que l'on voulait. Nous ne nous serions jamais douté que
l'amphithéâtre de Caen serait un jour transformé en baraque foraine. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Août
1892 -
Accident de vélocipède. -
Samedi soir, vers
neuf heures, quai Vendeuvre, à Caen, un vélocipédiste militaire qui
n'avait pas de lanterne a renversé le sieur Cauchard, 58 ans, maçon,
dont le fils, fadeur des postes, habite rue de Bras, puis a filé à
toute vitesse. Les témoins de cet accident se sont cotisés pour payer
une voiture qui a transporté
le sieur Cauchard chez son fils. En l'absence de se dernier, il a été
reçu par un voisin, le sieur Marie, sous-brigadier, qui lui a donné
les premiers soins.
Un
sergent de ville, témoin de cet accident, n'avait pas agit de même, il
avait paru ignorer ce qu'il avait à faire et était parti. Le blessé
ne pourra pas travailler avant une quinzaine. (Source : Le Bonhomme Normand)
Juillet
1892 -
Mérite agricole. -
Ont été nommés chevaliers
: M. Braissac, conseiller municipal à Bemiéres-sur-Mer ;
Cochon-Labutte, maire de Livarot ; Bastard, éleveur à Fontaine-Henry ;
Delouey, maire de Bény-Bocage ; M. Couruel, éleveur à
Mézidon ; Roussel, fabricant de fromages à Boissey ; René
Poisson, propriétaire à Caen, membre de la Société
d'encouragement pour le cheval français ; Pierre Guillot, cultivateur
aux Monceaux.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Août
1892 -
Noyé. -
Dimanche soir, le nommé Auguste Thomas, 17 ans, novice à
bord du sloop « Boréal », de Boulogne, en voulant regagner son bord,
en canot, est tombé dans le canal de Caen à la mer et s'est noyé. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Août
1892 -
Les grosses chaleurs. -
Partout la chaleur a
été excessive et la sécheresse compromet beaucoup les récoltes.
Par
suite de ces chaleurs, quelques cas de diarrhée cholériforme se sont
déclarés à Rouen, à la caserne des chasseurs à cheval. 120 fièvres
typhoïdes sont en traitement dans les hôpitaux. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Août
1892 -
Miracle incomplet. -
La Croix annonce
en ces termes la guérison d'une Caennaise à Lourdes :
Marie
Lemarchand, née à Caen, avait une hémiplégie avec contracture,
conséquence de méningite, avait également, depuis 22 mois, une plaie
suppurante à la figure et à la jambe que le médecin avait constatée
dès l’arrivée à Lourdes. Les plaies nécessitaient quatre
pansements par jour. Dimanche, à 4 heures, au sortir
de la piscine, les plaies
se sèchent, deviennent
d'un rouge luisant, puis se couvrent d'écaillés qui annoncent une
cicatrisation prochaine
Mais
l'hémiplégie, c'est-à-dire la paralysie ? On n'en parle pas. Est-ce
que, le miracle n'est pas complet ? (Source :
Le Bonhomme Normand)
Septembre
1892 -
Troupes. -
Le
36e, qui vient prendre garnison à Caen, est composé de 41
officiers, 1 155 : hommes, 38 chevaux et 41 voitures. Ce régiment doit
avoir pour colonel notre compatriote, M. Alphonse Madeline. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Septembre
1892 -
Vélocipédie. -
Le record du monde
vient d'être enlevé aux Anglais par M. Stéphane. Le vaillant champion
français a effectué 673 kilomètres en 24 heures. M. Stéphane montait
une bicyclette Clément, a pneumatique Dunlop. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Octobre
1892 -
Disette d’eau. -
L'eau de Moulines
ne nous est pas venue avec l'abondance promise. Pendant la sécheresse,
pendant que l'administration prescrivait des lavages abondants,
plusieurs quartiers en étaient totalement privés.
A
la Maladrerie, les habitants avaient la vue, mais pas la jouissance de
la pompe-citerne alimentée par les eaux de Moulines, pas une
goutte pour laver les ruisseaux, et on parlait de choléra. Est-ce que
le débit des sources serait inférieur aux prévisions ? ou bien se
produirait-il déjà des fuites dans les gros tuyaux d'adduction. ? Ce
qu'il y a de certain, c'est que nous n'avons pas l'abondance
promise. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Octobre
1892 -
Pommes de terre
monstres.
-
Le Petit
Journal a annoncé, comme extraordinaire, la récolte de pommes de terre
pesant 900 grammes. Nous en avons plusieurs dans nos bureaux de ce poids
et une pesant 1 100 grammes, c'est-à-dire plus de deux livres. C'est de
l'espèce « Imperator ». Elles ont été récoltées par M. Buhot,
pépiniériste, rue Caponière, 121, à Caen, dans une terre de bonne
qualité, mais caillouteuse, située à Venoix. Avec 70 pieds semés à
grande distance, M. Buhot a obtenu 10 barattées.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Octobre
1892 -
Nouveau succès. -
Dans le championnat
des 100 kilomètres, couru dimanche dernier, par le Vélo-Sport
Caennais, les 7 premiers arrivés montaient des bicyclettes PEUGEOT.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Octobre
1892 -
Remède de bonne
femme.
-
Selon une vieille pratique, quand on se coupe à la main, on
enveloppe la coupure d'une toile d’araignée pour arrêter le sang,
c'est ce qu'a fait un jeune homme de Thoune. Mais bientôt il éprouva
des douleurs très violentes et, malgré tous les soins qui lui furent
prodigués, le pauvre garçon mourut du tétanos
au bout de peu de jours. La toile d'araignée avait provoqué un
empoisonnement du sang. Ce malheureux avait 18 ans.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Octobre
1892 -
Marcheurs.
-
L'autre dimanche, deux
jeunes gens caennais, MM. Fernand Daragon et Gaston Fournier, ont fait
à pied, le record de Caen à Falaise, en moins de 5 heures. La distance
est de 8 lieues et demie. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Octobre
1892 - Incendie ;
pas d’eau ; pas de lumière ; trois noyés.
-
Malgré la
promptitude des secours, l'usine de briquettes de M. Lamy, située à
Caen, quartier du Nouveau-Bassin, a été complètement détruite. Les
pompiers avec leur matériel, la pompe à vapeur sous la direction de
MM. Huet et Delaunay, n'ont eu qu'à noyer le feu et à préserver les
constructions voisines. Les pertes sont de 150 000 francs assurées à
« La Normandie ». M. Lamy avait eu bien du mal à trouver
assureur.
Cause
inconnue. C'est par un chauffeur de l'usine que l'alarme a été
donnée, il n'a eu que le temps de sortir au plus vite, l'incendie
s'étant propagé avec une vitesse extraordinaire. En quelques minutes,
toute la toiture était en flammes.
Il
s'est produit un fait qui justifie les doutes que nous avons toujours
émis sur l'abondance des eaux, de Moulines. Des bouches d'eau ont été
installées dans ce quartier. Quand les pompiers
ont voulu se brancher dessus, il n'y avait pas d'eau ! Réminiscence de
la lanterne de Falaise, dans laquelle il n'y avait pas de chandelle.
A
la suite de cet incendie, deux hommes sont tombés dans le nouveau
bassin et s'y sont noyés. L'un est le nommé Albert Ledard, 29 ans,
forgeron, rue du Tour-de-Terre, il est célibataire. Son corps a été
trouvé près de la grue par le sieur Alleaume, journalier, rue des
Carmes. L'autre est Breton, Pierre Berthelot, 31 ans, marin à bord de
« l’Actif ». Il est tombé à l'eau en regagnant son bord
après l'incendie. Il avait avec lui deux camarades, également marins
à bord de « l’ Actif ». Ils l'entendirent bien tomber,
mais, n'étant pas en état
de le secourir, ils allèrent sa coucher. Un douanier de garde avait
entendu la chute du corps, mais il ne put le retirer qu'après de longues
recherches et Berthelot était mort.
Le
sieur Arsène Bellery, 30 ans, célibataire, nettoyeur au chemin de fer,
demeurant rue d'Auge, à Caen, est tombé à l'eau en passant la nuit
sur le nouveau bassin, et s'est noyé.
La
cause de ces accidents est attribuée au manque de lumière, ce quartier
n'étant pas suffisamment éclairé en raison des, dangers qu'il
présente.
(Source : Le Bonhomme
Normand)
Octobre
1892 -
Enfant abandonné
qui a bien tourné.
-
Le 21 mai 1849, une inconnue
mettait au monde chez Mme Chauvin, sage-femme à Caen, un
garçon, auquel on
donna les noms de Gustave Brassicourt. Cet enfant, devenu homme, habite
Bayeux. II est dans une assez belle situation et voudrait connaître sa
famille pour lui laisser ce qu'il possède.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Novembre
1892 - Les dangers de
la mode.
-
La mode est aux
cols-carcan : M. Kautmann, ingénieur suédois, en a été la victime.
Étant en voiture, il s'endormit la tête penchée sur la poitrine, son
faux-col lui comprima le larynx et, en arrivant à destination, le
cocher constata que son maître était mort.
(Source :
Le Bonhomme Normand)
Novembre
1892 -
Record.
-
M. Ernest Debeugny a
fait, le dimanche 30 octobre, le trajet entre Falaise et Caen, en 3
heures et demie. Départ de Falaise, place St-Gervais, à midi.
Arrivée à la Jalousie. 2 h. 15, déjeuner. Départ, 2 h. 40.
Arrivée à Caen, 3 h. 55, boulevard St-Pierre. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Novembre
1892 -
Pauvre petit. -
Jean Bihan, 40 ans, chauffeur à l'usine à gaz, habite rue
d'Auge, à Caen, avec une fille Augustine Catherine, 48 ans. Bihan a une
fille de 15 ans qui a été élevée à la Charité, elle est idiote. Il
ne se passait pas de jour que la malheureuse ne fût rouée de coups. La
plus acharnée et la plus cruelle était la fille Catherine. Elle
frappait la pauvre idiote avec tout ce qui lui tombait sous la
main.
Un
jour, elle l'a traînée par les cheveux et une poignée lui est restée
à la main. L'hiver dernier, pendant les grands froids, alors que Bihan
était à son travail, elle la jetait, sans vêtements, dehors à passer
la nuit. Souvent les voisins ont entendu la petite martyre crier : «
Assez ! j'en peux plus ! Grâce ! grâce !»
A
l'audience, la fille Catherine fait la sourde. Elle entend bien
cependant, s'il faut en croire les voisines auxquelles elle répondait
quand ils lui disaient de ne pas être aussi cruelle.
Bihan
a été acquitté. La fille Catherine a été condamnée à deux mois de
prison. A sa sortie, elle a été huée.
(Source : Le Bonhomme
Normand)
Novembre
1892 -
Chasse à l’alouette. -
Se basant sur
ce fait que l'alouette serait un oiseau de passage et que sa chasse
est une ressource pour quantité de malheureux, M. Engerand, député, a
déposé à la Chambre un projet de loi tendant à autoriser en tous temps
la chassé, à l'alouette au moyen de filets. Nous doutons que ce projet
soit adopté,
tous nos députés étant chasseurs. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Novembre
1892 -
Cinq vétérinaires mis en branle pour une mauvaise vache.
-
Un nommé Peauger,
demeurant à Mathieu, avait acheté, à Bayeux, une vache qu'il avait
payée 75 fr. Il la tua et en apporta la viande au marché couvert de
Caen, où elle fut déclarée impropre à la consommation, par M.
Gallier, chargé du service. Peauger, ne voulant pas perdre ses 75 fr.,
fut chercher deux autres vétérinaires qui, en arrière de leur
confrère, déclarèrent la viande acceptable.
Retour
de M. Gallier, et de deux vétérinaires militaires, ceux-ci, plus
affirmatifs, reconnurent que non seulement la viande était impropre à
la consommation, mais de nature à compromettre la santé. L'affaire a
été soumise au maire, il a ordonné l'enfouissement de cette viande et
il a bien fait.
Ce
n'est pas la première fois que de la viande malsaine est saisie au
marché couvert, et nous n'avons pas appris que le parquet s'en soit
préoccupé. La chose en vaut cependant la peine, car c'est
surtout là que les petits ménages vont s'approvisionner.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Novembre
1892 -
Acte de courage. -
Mercredi l'après-midi,
une dame des environs, accompagnée de sa servante, conduisait une
charrette anglaise rue Saint-Pierre, le cheval s'emballa La servante
voulut sauter et tomba, elle eût été écrasée sans le sieur Durel,
qui se précipita à la tète du cheval, et fut traîné pendant près
de dix mètres avant de pouvoir se rendre maître de l'animal. Durel,
qui est gendarme de la marine, est coutumier de ces actes de courage,
deux fois déjà, il a été signalé à ses chefs pour des faits de ce
genre.
(Source :
Le Bonhomme Normand)
Novembre
1892 -
A bas la bicoque ! -
Pourquoi, au moment où l'on s'occupe de réparer l'abside de
Saint-Pierre de Caen, ne démolit on pas l'ignoble bâtisse qui sert de
presbytère ?
Cela
donnerait du travail aux ouvriers cet hiver. Puis il y a, en ce moment,
des maisons confortables, spacieuses, faciles à aménager, et à louer
sur le boulevard St-Pierre, non loin de l'église. Pourquoi ne pas y
installer les prêtres de St-Pierre ? Ils y seront cent fois mieux que
dans la bicoque qu'ils habitent.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Novembre
1892 -
Longévité extraordinaire.
- L'un
de nos abonnés nous écrit qu'il y a l'école vétérinaire de
Bruxelles, (Belgique), une jument âgée de 41 ans et ayant eu 18
produits, dont le dernier est né en 1891 (la mère âgée alors de 40
ans). Cette jument n'a aucune tare, jouit d'une bonne santé, mais ne
possède plus une seule dent.
(Source : Le Bonhomme
Normand)
Novembre
1892 -
Les bouilleurs de cru. -
Nous avons
annoncé que la Chambre avait voté la suppression du privilège des
bouilleurs de cru auxquels il ne serait plus accordé que 10 litres
d'alcool comme consommation personnelle.
Il
se pourrait que la Chambre revienne sur cette décision. Mais ce qui
paraît bien acquis, c'est l'élévation du droit sur l'alcool de 156 à
235 fr. l'hectolitre et l'élévation des licences des débitants. Par
contre, l'État abandonne ses droits sûr les boissons.
(Source : Le Bonhomme
Normand)
Novembre
1892 -
Solennité religieuse. -
Une messe sera
prochainement célébrée à Caen, sous le patronage de la société de
la Croix-Rouge, pour le repos des morts de 1870 et pour les
malheureux tombés au Tonkin et au Dahomey. On y entendra le Requiem de
Mozart. Les répétitions sont commencées : pour les dames, chez Mme
Bedogni, pour les hommes, chez M. Dupont.
(Source : Le Bonhomme
Normand)
Décembre
1892 -
Tirage au sort. -
Les jeunes
gens faisant partie de la classe 1892 doivent se présenter au bureau
militaire de la mairie de Caen, pour fournir tous les renseignements
nécessaires, à l'effet d'être inscrits sur les tableaux de
recensement. Sont compris dans ce recrutement pour l'année 1892 les
jeunes gens nés du 1er janvier 1872 au 31 décembre suivant,
tous les omis des classes antérieures. En cas d'absence, les père,
mère, tuteur ou curateur des jeunes gens doivent se présenter.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Décembre
1892 -
L’empereur de Russie à Caen.
- On
se presse tous les jours
devant l'exposition de la maison Pégoix, rue de Strasbourg, pour
admirer un superbe tableau « tisse soie et lin » représentant le
tzar à cheval. C'est évidemment ce qu'il y a de plus beau comme
tissage et ce chef-d’œuvre a figuré avec honneur à l'exposition de
Moscou. A côté du tzar, l'étalagiste a groupé, avec beaucoup de
goût, de magnifiques draps, serviettes, mouchoirs, pantalons, chemises,
tout cela brodé, au dire des connaisseurs, avec un fini
qu'on ne rencontre pas toujours dans la broderie. D'ailleurs, nous
sommes habitués avec la maison Pégoix à des expositions de ce genre.
(Source : Le Bonhomme
Normand)
Décembre
1892 -
Recensement. -
Le recensement
des voitures attelées,
susceptibles d'être utilisées pour les besoins de l'armée au moment
d'une mobilisation, aura lieu du 1er au 15 janvier.
(Source : Le Bonhomme
Normand)
Janvier
1893 -
Simples questions. -
Où en est l'éclairage
par l'électricité à Caen ? Nous
n'avons pas appris que l'Union commerciale se soit occupée de cette
question cependant intéressante.
—
Est-ce que le musée d'histoire naturelle restera fermé jusqu'à, la
fin des siècles ? M. le
maire, qui est un peu de la boutique, comme professeur, ne pourrait-il
pas en presser la réouverture ?
—
Serait-il indiscret de demander à dame Justice par suite de quelle
puissante protection après deux enquêtes, un boulanger de la côte n'a
pas été poursuivi, quoiqu'en récidive , pour vente de pain à
faux poids. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Janvier
1893 -
Acte de courage. -
Lundi matin,
à Caen, pendant qu'un voiturier de la scierie Docagne et Cie était
occupé à charger une voiture, la jument qui y était attelée,
effrayée par le sifflet d'une locomotive, s'emballa dans la rue de
Suède-et-Norwège et aurait occasionné des accidents sans la présence
d'esprit et le courage du sieur Samuel Lemonnier, âgé de 30 ans,
commis-courtier maritime, demeurant rue de la Masse, n° 14, qui se jeta
à la tête du cheval et ne put s'en rendre maître qu'au péril de sa
vie et après avoir été traîné sur un parcours de plus de dix
mètres.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Janvier
1893 -
Le froid. -
Le froid a
fait son apparition cette semaine. A Caen, le thermomètre est descendu
à 10 degrés au-dessous de zéro.
(Source : Le Bonhomme
Normand)
Janvier
1893 -
Malades, préparez-vous a être saignés.
- Comme
les boulangers, comme les bouchers, nos médecins sont en train de se
syndiquer pour augmenter le prix de leurs consultations, bonnes ou
mauvaises. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Janvier
1893 -
Pour les morts et les blessés.
- Nous
rappelons que le jeudi 26 janvier, à dix heures du matin, sera
célébré un service solennel pour le repos de l'âme des soldats morts
au Tonkin, au Sénégal et au Dahomey. La messe de Requiem de Mozart
sera exécutée avec le concours de divers artistes et d'amateurs des
deux sexes. Il sera fait une quête au profit de l’œuvre de la
Croix-Rouge.
Cette
cérémonie patriotique aura lieu à Notre-Dame, et non à Saint-Jean,
comme on l'avait annoncé. C'est le curé qui, subissant nous ne savons
quelle influence, à retiré son autorisation après l'avoir accordée
avec empressement. Mgr de
Bayeux assistera à cette cérémonie. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Janvier
1893 -
La neige. - Lundi, les
trains ont eu des retards considérables. Celui de Paris à Cherbourg,
devant arriver à Caen à 2 heures 09 du matin, s'est trouvé bloqué
par 60 cent. de neige, entre Mantes et Breval, il n'est arrivé à Caen
qu'à 8 heures 10, avec six heures de retard. Sur certains points du
département, la circulation a été complètement interrompue et
beaucoup de communes ont été bloquées, heureusement que le dégel est
survenu.
(Source :
Le Bonhomme Normand)
Janvier
1893 -
Le salaire des malheureux. - Les
malheureux, employés par la ville de Caen pour enlever la neige, la
glace ou les boues, gagnent 75 c. par jour. C'est assez pour ne pas
mourir de faim, avec certitude, de crever de froid, ils sont payés tous
les mercredis. Ne pourrait-on pas régler deux fois par semaine ces
malheureux qui vivent au jour le jour ?
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Janvier
1893 -
Le Patinage. -
On patine fort
sur la prairie de Caen. Avis aux amateurs.
(Source : Le Bonhomme
Normand)
Février
1893 -
Distinctions honorifiques. -
Des
médailles d'argent ont
été décernées pour actes de dévouement aux sieurs Cons
tant Lemazurier,
sous-lieutenant de la subdivision
des sapeurs-pompiers de Cheux ; Pierre Lebourlier, sergent au même
corps, et Alexandre Durel, gendarme à Caen.
Une
mention honorable est décernée au sieur Hippolyte Dufour, agent de
police à Caen. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Février
1893 -
Les conscrits au monument des enfants du Calvados.
- Dimanche,
à Caen, a eu lieu la
manifestation patriotique des conscrits de la classe 1892, Le maire et
ses trois adjoints, M. Guillouard, président de l'association des
anciens combattants de 1870-71, et une députation de cette association,
faisaient partie du cortège. Après le dépôt de la couronne, la «
Fraternelle » a joué la Marseillaise, puis M Guillouard a prononcé
une chaleureuse allocution. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Février
1893 -
Justes réclamations. -
Les habitants
de la rue ou route de Falaise réclament avec raison : 1° des
bornes-fontaines ; 2° une boite à lettres ; 3° trois distributions
par jour au lieu de deux.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Février
1893 -
Accident dans le canal de Caen à la mer. - Jeudi
9 février, le steamer « Chanzy » quittait le port de Caen
sur lest, à destination de Swansea, lorsque, arrivé au pont de Calix,
il s'est jeté sur la culée droite de ce pont. L'étrave du steamer a
pénétré dans la maçonnerie et l'a démolie partiellement. Le
« Chanzy » n'a éprouvé que des avaries insignifiantes.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Février
1893 -
Carnaval de cloches. -
Lundi soir,
à Caen, un feu de cheminée sans aucune importance a éclaté, rue de
Strasbourg, maison Mauger, il a été rapidement éteint.
Mais la panique a été chaude dans le quartier, car les cloches
de l'église St-Sauveur, qui avaient sans doute trop fêté le carnaval,
se sont mises à sonner le tocsin à toute volée.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Février
1893 - Accident au
concours de dressage. - Jeudi,
au concours de dressage de Caen, un cheval appartenant à M. Millot,
éleveur à Pont-l'Evêque, présenté par l'école de dressage de Caen,
s'est emballé. Il a jeté à terre piqueur et palefrenier, et s'est
précipité dans l'Orne après avoir brisé le tilbury. Il en a été
retiré sain et sauf, mais dans un pileux état. Le piqueur d'attelage,
le sieur Hubert, traîné pendant une dizaine de mètres, a été
grièvement blessé à la tête et au côté. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Mars
1893 -
Une rue dangereuse. -
Dimanche,
à Caen, un cheval de coupé ne pouvant gravir la rue Leroy, qui est
très raide, a fait subitement demi-tour. Le cocher a sauté à terre et
a été serré entre le cheval et la portière du coupé qui venait de
s'ouvrir, il a eu de graves contusions.
—
Le même jour, dans la même rue, un cheval s'est abattu à mi-côte et
le coupé auquel il était attelé a été renversé. Les voyageurs en
ont été quittes pour la peur. (Source : Le Bonhomme Normand)
Mars
1893 -
La tempête. -
Dimanche, une
violente tempête a sévi sur notre région. Beaucoup d'arbres ont
souffert. A Caen, sur le Grand-Cours, un énorme arbre a été
déraciné. Sur le Cours-la-Reine, un autre a été coupé net.
Le
sloop « Espérance », de Boulogne, qui voulait entrer à
Ouistreham, s'est jeté sur l'enrochement de l'Ouest. Il est resté
jusqu'à 5 heures du soir, puis a pu se renflouer et entrer à
Ouistreham. Il n'a pas éprouvé d'avaries. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Mars
1893 -
Respect aux morts. -
Dimanche
dernier, au cimetière de Vaucelles de Caen, à 4 heures, on enterrait
civilement un jeune homme de la rue de Falaise.
Au
moment de la mise dans la fosse, les fossoyeurs ont manqué de tout
respect et de toute convenance en conservant leur coiffure et en
souriant devant ce mort, devant la douleur du père venant jeter des
fleurs sur la tombe de son fils, en lui disant un dernier adieu.
—
Respectueux de toutes les convictions, même de celles que nous ne
partageons pas, nous croyons que tous, même les croque-morts, nous
devons nous découvrir et nous incliner devant la mort.
L'administration fera bien de le rappeler aux fossoyeurs de Vaucelles. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Mars
1893 -
A propos de Vaucelles. -
Le concierge
du cimetière de Vaucelles est venu nous demander de dire qu'a
l'enterrement civil dont nous avons parlé il n’a pas souri. Il ne
s'est pas découvert, c'est, vrai, mais en travaillant il ne se
découvre jamais quoique soit le genre d'enterrement. En travaillant,
très bien, mais en descendant la bière dans la terre, voilà ce que
nous n'admettons pas.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Avril
1893 -
Les suites d’un accouchement sur la voie publique. -
La
femme Lacrique, 26 ans,
journalière, rue Coupée, à Caen, qui est accouchée la semaine
dernière, place de la
Poissonnerie, va aujourd'hui très bien, ainsi que son enfant
un gros garçon. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Avril
1893 -
88 kilomètres en 4 heures. - Deux
de nos éleveurs, M. Martin et M. Boissel, ont fait faire à leurs
chevaux non entraînés, attelés sur des voitures du pays, 88 kil. ;
l'un en 4 h. 29 m., l'autre en 4 h. 35 m. Il s'agissait d'aller de
Littry à Caen et de revenir. Les chevaux n'ont nullement souffert de
cette longue course.
(Source : Le Bonhomme
Normand)
Avril
1893 -
Bouilleurs, bouillez en paix. -
Les
bouilleurs de cru peuvent se rassurer, il n'y aura rien de changé à
leur situation cette année.
(Source : Le Bonhomme
Normand)
Avril
1893 -
28 jours de plus. -
En
application de la
nouvelle loi sur le service militaire qui porte à dix ans le service à
accomplir dans la réserve, la direction de l'infanterie a reçu l'ordre
de préparer un nouvel appel pour une troisième période de 28 jours,
que devront accomplir dorénavant tous les hommes pris par la
conscription.
(Source : Le Bonhomme
Normand)
Avril
1893 -
L’influence de l’habit. -
Une
pétition a été
adressée a l'administration municipale de Caen pour obtenir
l'autorisation d'établir une voie souterraine destinée à relier des
terrains en contre-bas, appartenant aux Récollets et situés rue
Grentheville, rue inconnue même de ceux qui l'habitent, nous a raconté
le professeur Tessier à la dernière séance du conseil municipal.
Après une longue discussion, la demande a été rejetée. Et dire que
si, au lieu d'appartenir aux Récollets, le pétitionnaire eût été un
ami du pouvoir, l'autorisation lai eût été accordée. On dit que
l'habit ne fait pas le moine ; mais, comme on le voit, il a une certaine
influence, même sur nos municipaux. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Avril
1893 -
Le gui. - Nous
rappelons qu'un arrêté préfectoral ordonne a tout cultivateur ou
propriétaire d'enlever le gui des pommiers. Des procès-verbaux seront
dressés aux cultivateurs et propriétaires qui ne se conformeraient pas
à cet arrêté.
(Source : Le Bonhomme
Normand)
Avril
1893 -
Courses de vélocipèdes. -
La
société vélocipédique
les « Cyclistes normands » a organisé le 9 avril prochain, une course
à fond, sur route, de Caen à Bayeux, 50 kilomètres. Des médailles de
vermeil et d'argent, grand module, avec diplôme, seront décernés aux
dix premiers arrivants, qui auront fait le trajet en moins de 4 heures.
Des diplômes
de constatation seront accordés à ceux des coureurs qui arriveront
ensuite et auront fait le parcours en moins de 4 heures. A 1 heure,
départ du siège social, café du Théâtre, pour la Maladrerie. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Avril
1893 -
Courses de cyclistes. -
De
Caen à Bayeux
et retour, trajet, 47 kilomètres. Sur les quinze coureurs, partis de la
Maladrerie à 1 h. 30, neuf ont accompli le trajet dans
le délai fixé. Ce s'ont : MM. Bouhours, 1 h. 49 m. 40 s. ;
Capron, 1 h. 49 m. 41 s. ; Delahaye, 1 h. 56 m. 8 s. ; Daumalle, 1 h. 59
m. 15 s. ; Salmon, 2 h. 30 s. ; Debrune, 2 h. 25
m. 30 s. ; Angot, 2 h. 34 m. 34 s. ; Lemanicier, 3 h. 24 m. 3 s. ;
Bazin, 3 h. 24 m. 4 s..
(Source : Le Bonhomme
Normand)
Mai
1893 -
Le lieutenant Lamay. -
Nos
lecteurs
se souviennent qu'un enfant de Caen, M. Lamay, lieutenant d'infanterie
de marine, fut blessé mortellement au Tonkin le 15 décembre
1891.
On
avait affaire à un gros parti de pirates bien armés, retranchés
derrière des rochers garnis de deux canons. Les tirailleurs tonkinois
faiblissaient. Le lieutenant Lamay fut envoyé pour les soutenir,
électrisés par l'exemple de leur chef, nos braves soldats
escaladèrent les rochers derrière lesquels les pirates se croyaient
inexpugnables et les mirent en déroute. C'est en les poursuivant que le
lieutenant Lamay fut blessé mortellement.
Il
a été porté à l'ordre du jour de l'armée. Le lieutenant Lamay avait
été pour ainsi dire décoré sur le champ de bataille lors de
l'affaire de Lang-Vaï, il allait passer capitaine.
Son
corps va être rapporté à Caen et rendu à son vieux père, à sa sœur,
si justement aimés et estimés. Nous ferons connaître le jour et
l'heure des obsèques. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Mai
1893 -
Record à pied. -
Un groupe de
jeunes gens a constitué
une société sous le nom d' « Union Athlétique indépendante de
Caen ». Un record pédestre de Caen à Langannerie et retour sans
arrêt sera couru le lundi de la Pentecôte. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Mai
1893 -
Bons marcheurs. -
Le record pédestre
de l'Union athlétique, entre Caen à Langannerie et retour, sans
arrêt, a été couru le lundi de la Pentecôte.
Le
départ a eu lieu à 5 h. du matin. Distance : 8 lieues : 1er
Joseph Blanchet, en 4 h. 36 m. ; 2e, Porée, en 4 h. 37 m.
Joseph Blanchet a été proclamé champion pour l'année 1893.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Juin
1893 -
Légère erreur.
-
Dans
le record pédestre
de Caen à Langannerie, la distance était, de 38 kil. 500 et non de 8
lieues comme nous l'avons dit. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Juin
1893 -
Une affaire à éclaircir. -
On parle en ce moment, à
Caen, d'une affaire dans laquelle il s'agit d'une femme séparée de son
mari et exerçant le métier de couturière,
que la police voudrait expulser. Le motif de son expulsion serait la
jalousie de la femme d'un gros personnage qui prétend qu'elle aurait
voulu séduire son mari. Il y aurait eu des scènes dans la rue. La
couturière nie. Elle se serait adressée au parquet et au maire, qui
lui auraient dit qu'on n'avait pas le droit de l'expulser, car elle
a des moyens réguliers d'existence. Néanmoins, la police persisterait
dans ses intentions déclarant avoir pour cela des raisons très
sérieuses. Pour le moment, la couturière
reste enfermée chez elle et n'ose sortir. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Juin
1893 -
Récoltes dans le Calvados.
-
Blé d'hiver, bon ;
seigle, bon ; avoine de printemps, assez bonne ; orge de printemps,
passable ; foin, peu abondant par suite de la sécheresse, pommes,
récolte moyenne sur certains points, presque nulle sur d'autre.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Juin
1893 -
L’inhumation d’un brave.
-
Mardi, ont
eu lieu, à Caen, les obsèques de Gabriel Lamay, lieutenant
d'infanterie de marine tué au Tonkin. Sa famille l'avait fait rapporter
à ses frais et fait également ceux des obsèques. Une affluence
nombreuse, appartenant à toutes les classes, a tenu à rendre un
dernier hommage à ce jeune homme mort là-bas, en soldat et en
brave.
Les
coins du poêle étaient tenus par MM. Vatin, préfet du Calvados,
Lebret, maire de Caen, Travers, vice-président de l'Association des
anciens élèves du lycée, en remplacement de M. Poubelle, président,
qui s'était fait excuser, Mériel, ancien professeur du lieutenant
Lamay, et deux lieutenants d'infanterie de marine de sa promotion. Parmi
les nombreuses couronnes, on en a beaucoup remarqué une qui était
portée par un sergent blessé aux côtés du lieutenant Lamay dans le
combat de Dong-Trim, où a péri le vaillant officier. Une section du 36e
et la musique accompagnaient le cortège que suivaient les sociétés de
Gymnastique, les anciens Combattants
de 1870, une députation
d'élèves du lycée. Les Femmes de France et la société de
Secours aux Blessés, présidentes en tête. A l'église deux morceaux
ont été exécutés par la musique du 36e et le Pie Jesu a
été chanté par M. Corbel. Puisse cette manifestation adoucir la
douleur du vieux père et de la sœur du pauvre mort, Lamay était
chevalier de la Légion d'honneur. Il allait être
promu capitaine, et il n'avait que 34 ans !
(Source :
Le Bonhomme Normand)
Juin
1893 -
Fête-dieu. -
Dimanche, à Caen, les
processions de la Fête-Dieu ont été favorisées par le beau temps.
Elles n'ont donné lieu à aucun incident. Beaucoup de reposoirs. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Juin
1893 -
Prière à Monsieur le maire de Caen.
-
L'eau du ciel ne tombant
pas, ou ne tombant qu'à regret, de grâce faites en répandre par les
rues, monsieur le maire.
Faites
laver les ruisseaux, les pavés, certaines allées et cours. On l'a
déjà fait l'an passé. Et les menaces du choléra qui commencent !
N'attendez pas le danger, prévenez.
Moulines
nous donne son eau, que le choléra et l'acide phénique jouent leur
rôle par ces chaleurs inaccoutumées. De l'eau, de l'arrosage
avec les bouches placées
dans tous les
quartiers, et l'on vous bénira, monsieur le maire.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Juin
1893 -
Un curé rallié. -
Voilà M. le curé
de Saint-Pierre rallié à la République : nous l'en félicitons, et
dimanche, dans sa chaire, il a engagé ses ouailles à faire comme lui.
M. Legrand ne veut plus de partis haineux, de luttes contre le
gouvernement républicain : il veut l'union !... Et, pour preuve, afin
de donner plus d'éclat à sa procession du Saint-Sacrement, il a fait
pavoiser son presbytère de drapeaux tricolores et il a engagé ses
fidèles à pavoiser également sur le trajet de la procession.
Malheureusement, tous les fidèles n'ont pas de drapeaux de la nation,
et il s'est trouvé seulement trois ou quatre étendards flottant au
vent. Au 14 Juillet, nous verrons sans doute M. le curé
de Saint-Pierre
arborer le drapeau tricolore. Ainsi soit-il.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Juin
1893 -
Mort subite. - M.
Isidore Frontel, officier
de paix, est mort subitement samedi soir, comme il venait de boire une
tasse de lait. Rien ne faisait prévoir cette fin. Frontel appartenait
à la police depuis de longues années. Malgré la délicatesse de ses
fonctions, il était très estimé à Caen. Il avait été aux
cuirassiers de la garde et avait été fait prisonnier à Metz. Il
était âgé de 54 ans. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Juin
1893 -
Coltineurs. - Le
coltineur Albert Morice, qui avait annoncé venir de Honfleur à Caen en
48 heures, avec une charge de 100 kilos, a effectué son parcours en 46
heures.
—
Deux coltineurs de Caen, Alphonse Fouasse et Désiré Dubosq, s'engagent
à aller de Caen à Honfleur en 36 heures, avec la même charge de 200
livres.
(Source : Le Bonhomme
Normand)
Juin
1893 -
Engueulade à faux. -
Mardi
matin, un prêtre
achetait des homards à la criée de la halle à poisson de Caen.
Revendeurs et revendeuses l'ont pris de « gueule », comme
ils disent, et cela devant un agent de police qui a laissé dire.
C’est ridicule. Est-ce qu'un prêtre n'a pas le droit, comme tout
citoyen, de faire ses achats lui-même ?
(Source : Le Bonhomme
Normand)
Juin
1893 -
Enfin. - Une
société sérieuse est formée pour l'installation de l'électricité
à Caen. Les fonds sont faits, et l'entente établie avec la ville, qui
a tout à gagner à la réussite de ce projet.
(Source : Le Bonhomme
Normand)
Juin
1893 -
De l’eau, de l’eau !
- Par
ces chaleurs, pas d'eau
à la grande et à la petite école de natation de Caen, pas d’eau à
l'abreuvoir, le poisson mourant faute d'eau, et cela
parce que messieurs les ingénieurs, vaquant ailleurs, l’ont pas fait
mettre en temps les aiguilles du barrage. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Juin
1893 -
A propos de sécheresse. -
La
plus grande que nous
avions eue en Normandie est celle de 1559. De Pâques à la Toussaint la
chaleur fut fort grande, dit M. de Bras. Le temps était toujours à
l'orage et, pendant plus de six mois, il ne tomba pas, ou très peu
d'eau. L'hiver qui suivit fut très doux et les violettes de mars
parurent en janvier. Les arbres, trop avancés, donnèrent peu de
fruits.
(Source B.N.)
Juin
1893 -
Les causes de la sécheresse.
- C'est
le curé de Vaucelles de Caen qui les a découvertes. Le 18 juin, il est
monté en chaire et, après s'être inspiré du bienheureux saint
Médard, il a proclamé que si nous étions depuis si longtemps le bec
sans eau, c'était la faute aux magistrats qui prononçaient des
jugements de divorce.
Puisque
le curé de Vaucelles éprouve le besoin de mettre la sécheresse sur le
dos de quelqu'un, pourquoi n'a-t-il pas choisi celui du curé de
Grimbosq et de ses pareils ? (Source
B.N.)
Juin
1893 -
Au lieu d’aller à l’école.
- Vendredi
matin, le jeune Audrin, âgé de 10 ans, dont le père est employé chez
M. Blochon, entrepreneur de camionnage à Caen, était parti du domicile
de ses parents pour aller à l'école. Au lieu de s'y rendre, il est
allé, accompagné d'enfants de son âge, sur le bord du canal. En se
baignant, il s'est enlisé dans la vase
et s'est noyé. Ses camarades, effrayés, ont pris la fuite en criant :
Au secours.
(Source B.N.)
Juillet
1893 -
Cruautés.
-
Il paraît que certains garçons bouchers font assaut de cruauté
aux abattoirs de Caen, ils dépècent les veaux avant qu'ils ne soient
morts et coupent les jarrets des brebis alors que celles-ci se
débattent encore.
Les
abattoirs sont un établissement de la ville. L'administration y a un
droit de surveillance. Elle ferait bien, dans ce cas, de faire cesser
ces cruautés. (Source
B.N.)
Juillet
1893 -
Orages.
-
Mardi l'après-midi, un
orage d'une grande violence s'est déclaré sur notre région. A Caen et
environs, pluie, vent et tonnerre. A 3 heures du matin, la foudre est
tombée place Singer sur les ateliers de M. Margellé, fabricant de pain
d'église. Une cheminée de six mètres a été coupée et est tombée
sur les ateliers dont les ouvriers étaient absents. Mme Margellé a cru
voir comme un pigeon blanc
passant devant ses yeux.
Une
heure après le tonnerre tombait sur le clocher d’Allemagne et, par
contre-coup causait des dégâts à la maison de M. Boivenel, de plus l’enseigne
du restaurant Lecomte,
soutenue par une tige en fer, était brisée.
A
Luc, elle est tombée sur le clocher sans occasionner de dégâts
appréciables.
A
Bayeux, le tonnerre est tombé sur une maison située, rue des Bouchers
et occupée par M. du Boscq de Beaumont. La foudre a frappée sur le
bord de la toiture, enlevant une cinquantaine d’ardoises et faisant un
trou d’un mètre de diamètre environ, elle a suivi le tuyau de la
gouttière et est allée se perdre dans un puisard établi au pied.
A
Crocy, la foudre est tombée sur un bâtiment qui a été complètement
brûlé.
(Source B.N.)
Juillet
1893 -
Singulier exploit.
- L'usage
veut que les cierges des
enfants des premières communions reviennent au curé. Cependant, à
St-Jean de Caen, ce souvenir est, avec raison, laissé aux
communiants.
Mais
voilà qui est plus fort. On nous affirme que, dans une commune du
canton de Troarn, où les parents faisaient les récalcitrants, les
cierges ont été réclamés par huissier. Nous ne pouvons pas
croire à semblable exploit. (Source
B.N.)
Juillet
1893 -
Mort accidentelle.
- Vendredi
soir, en gare de Caen, le
sieur Exupère Maheut, 34 ans, conducteur de train, demeurant, rue
d'Auge, a été surpris par la machine du
train-omnibus de Paris. Il a eu le pied gauche séparé de la jambe et
la main gauche mutilée. Il a été porté à l’hôtel-Dieu, où il
est mort en arrivant. Il était marié et sans enfants.
(Source B.N.)
Juillet
1893 -
Réhabilitation.
- La
cour de Caen vient dé réhabiliter le sieur Oscar Benoist, ex-receveur
d'octroi à Bayeux, qui avait payé, ainsi que cela arrive souvent, pour
un plus coupable que lui. (Source
B.N.)
Juillet
1893 -
Les guêpes.
- Il
y a beaucoup de guêpes
cette année par suite des chaleurs. Nos campagnes et nos plages en sont
couvertes. Dans le Cher, ces insectes sont si nombreux qu'on ne peut pas
cueillir les fruits. (Source
B.N.)
Juillet
1893 -
L’électricité à Caen.
- La
société d'Électricité
dont nous avons parlé a pour titre : Société régionale d'Electricité,
réseau normand. La société est anonyme. Son capital
est de 600 000 fr.
Dès
maintenant, 2 000 lampes sont assurées. Le prix de consommation sera
inférieur au gaz. L'usine serait installée promenade du Fort. La
compagnie Ferrati n'a rien à perdre dans cette affaire, car on lui a
fait la part très belle, pour son apport. (Source
B.N.)
Juillet
1893 -
Fabriques de conserves.
- Le
vent est aux conserves de
toutes espèces. Cherbourg se remue pour en avoir une de viande. Nous
croyons qu'il en a été aussi question jadis au sein de notre conseil
municipal de Caen, puis on n'en a plus reparlé. (Source
B.N.)
Juillet
1893 -
Le jus de tabac.
- En
vue de permettre aux
cultivateurs de défendre leurs récoltes contre les ravages des
nombreux insectes que la sécheresse a fait éclore, l'administration
des contributions indirectes rappelle que le commerce en détail des jus
de tabac dénaturés est entièrement libre et toute personne peut, sans
être astreinte à la moindre formalité, obtenir la livraison de ces
produite et même en constituer un dépôt, où chacun à la faculté de
venir s'approvisionner.
Une
notice indiquant le mode d'emploi, les conditions de vente et
d'expédition des jus de tabac dénaturés, est tenue à la disposition
des intéressés par les entreposeurs de tabacs de Caen: Bayeux,
Lisieux, Honfleur, Vire et Falaise. (Source
B.N.)
Août
1893 -
La rougeole.
- Une
épidémie de rougeole règne en ce moment dans notre région sur les
enfants, et fait des victimes trop nombreuses. Ceci tient à ce que
cette maladie est mal comprise. Les parents regardent la rougeole comme
terminée quand l'éruption a disparu, ce qui est une grave erreur, car
la convalescence surtout est à surveiller et à soigner. Les petits
malades doivent garder scrupuleusement la chambre pendant un temps assez
long après l’éruption. (Source
B.N.)
Août
1893 -
Union Athlétique Indépendante.
- Prochainement,
marche de 20 kilomètres. Cette société a l'intention d'organiser,
vers la fin de la saison, une course internationale
vélocipédique de 50 kilomètres et de marche de 25 à 30 kilom.
(Source B.N.)
Août
1893 -
Pas d’eau !
-
Depuis
huit jours, l'Odon est sans eau dans la traverser de Caen. Sur tout son
parcours, les vases et les détritus de toutes sortes exhalent des
odeurs
pestilentielles. Il est urgent d’aviser si on veut prévenir une
épidémie. Les riverains du petit Odon se plaignent aussi que le
Bon-Sauveur, arrête l’eau à son passage dans l’établissement. Les
ponts et chaussées, devraient bien aussi remettre le barrage à
aiguilles qu'elles Ont enlevé samedi. Est-ce à cause de nos chaleurs
tropicales que cette étonnante administration autorise l’exhalaison
des miasmes ?
(Source B.N.)
Août
1893 -
Le Cirque. - L'administration
de la guerre ayant
réquisitionné le cirque pour le cantonnement des réservistes, il ne
sera pas encore démoli cette année. (Source
B.N.)
Août
1893 -
L’ électricité
à Caen. -
C'est
Un fait accompli : sous peu, nous aurons, à Caen l'électricité. La
première assemblée générale constitutive a eu lieu mercredi. Les
actionnaires présents, fort nombreux, ont adopté, à l’unanimité,
les propositions à l'ordre du jour et ont nommé leur commissaire pour
la prochaine assemblée qui aura lieu le samedi 26 août. Le capital, a
été fait, pour moitié par Caen. Sous peu, commenceront sur la
promenade du Fort, tout près du boulevard Bertrand, la construction de
la nouvelle usine.
(Source B.N.)
Août
1893 -
Les fabriques d’églises.
-
Le nouveau
règlement sur la comptabilité des fabriques d'églises vient d'être
promulgué. Désormais, les comptes des fabriques seront vérifiés et
jugés par les conseils de préfecture, et soumis à la vérification
des inspecteurs des finances.
Tous
leurs fonds disponibles devront être versés au Trésor. Dans le cas
où le trésorier n'accepterait pas d'être comptable des deniers
publics, il serait nommé, par les marguilliers, un receveur spécial,
et, sinon, les fonds seraient encaissés par le percepteur de la
commune, qui seuL pourrait lever les troncs de l'église, ses jours de
tournée dans la commune. (Source
B.N.)
Août
1893 -
Les retards des
trains. -
Le ministre
des travaux publics, ému des retards signalés dans la marche des
trains, a prescrit aux commissaires de surveillance des principales
gares de dresser des procès-verbaux.
Un
projet de loi punissant les retards par des amendes prélevées sur les
dividendes va être présenté. (Source
B.N.)
Août
1893 -
La chaleur. - La
chaleur a été très
grande dans le Calvados, mais pas encore comme dans le Midi et dans
le centre de la France. Rien que dans l'arrondissement
de Bordeaux, on a constaté douze morts par insolation. Dans la
Loire-Inférieure, il y a eu aussi une dizaine de morts par suite
d'insolation.
Septembre
1893 -
Baigneurs. - Est-ce
qu'aux portes de Caen, le long du canal, sur le cours Cafarelli, par
exemple, où se trouvent de nombreux promeneurs, on ne pourrait pas
surveiller les baigneurs qui sont là en état complet de nudité
?
—
Même observation au sujet de la commune de Louvigny.
(Source
B.N.)
Septembre
1893 -
Les
soleils. - Les
individus qu'on est sur
de trouver à Caen en certains endroits, espèces de souteneurs et
autres, connus sous le nom de « Soleils », font en ce moment
beaucoup trop parler d'eux. Encore, l'autre samedi, ils se sont
acharnés à quatre ou cinq après un douanier de la rue Saint-Gilles,
qu'ils voulaient jeter à l'eau et qu'ils ont tellement maltraité que
le malheureux est resté au lit avec une blessure à la figure et des
contusions par tout le corps. Les « Soleils » sont arrêtés
et plusieurs seront condamnés, pour la dixième fois peut-être. (Source
B.N.)
Septembre
1893 -
Mauger et Decauville.
-
A plusieurs
reprises déjà, on nous avait signalé les difficultés qu'il y avait
à correspondre, avec le chemin de la Mer et les tramways Decauville, et
vice versa.
Nous
mettions cela à l'actif du surmenage inévitable pendant la saison des
bains. Mais il parait que cet état de choses est dû, d'après le
Chevalier défenseur de la ligne Mauger, au rédacteur des horaires de
la ligne Decauville.
Quoi
qu'il en soit, c'est à qui, entre les deux compagnies, fera manquer le
plus de correspondances à l'autre. Ce sport d'un nouveau genre est au
détriment du public.
La
préfecture à la haute main sur ces lignes locales, elle fera bien, au
moins l'année prochaine, d'y apporter remède. Peut-être que d'ici-là
l'Ouest aura acheté la Mer, qui est bien malade, en ce qui concerne sa
voie et son matériel.
(Source B.N.)
Septembre
1893 -
Tripes a une autre mode que celle de Caen.
-
L'eau n'étant
pas assez abondante aux
abattoirs de Caen, une seconde pression d'eau de Moulines a été
installée, mais elle ne peut pas fonctionner sans la permission du
préposé en chef de l'octroi.
Dernièrement,
les tripiers ayant réclamé, on leur a envoyé un employé facétieux
qui leur a dit : « Si vous n'avez pas assez d'eau pour faire tremper
vos tripes, pissez dessus... » Hâtons-nous de faire savoir aux
amateurs de tripes que messieurs les tripiers ne l'ont pas fait.........
(Source
B.N.)
Septembre
1893 -
Ce qui se passe à la morgue.
-
Nous avons
raconté comment le corps de la dame veuve Mariette, morte subitement
sur le pont de Vaucelles, avait été transporté à la morgue. Il
parait que la gardienne de la morgue, après le départ du commissaire,
aurait dépouillé complètement la dame Mariette de ses vêtements et
l'aurait recouverte d'une vieille toile.
Lorsque
la personne envoyée par la famille pour réclamer le corps demanda les
habits de la morte, la gardienne aurait répondu : « Elle n'avait que
des nippes, tellement sales crue
je les ai mises dans un coin du jardin pour les brûler ». La
personne insista pour avoir les vêtements tels quels, on allait
l'envoyer promener, lorsque le commissaire survint et ordonna la remise
des vêtements, qui étaient en parfait état.
(Source
B.N.)
Septembre
1893 -
Les décorations au 36e .
-
Officier, M.
Georges Cavaignac, chef de bataillon : 33 ans de services, 6 campagnes,
une blessure. — Chevalier, M. Jean Débouche, capitaine : 26 ans de
services, une campagne, une blessure.
—
Médaille
militaire,
M.Augustin Hubert, adjudant : 14 ans de services.
(Source B.N.)
Septembre
1893 -
Les manœuvres. -
Les manœuvres
sont terminées. Du dire
de tous, elles ont été très réussies, mais ce n'a pas été sans
fatigue. Une partie du 36e est rentré à Caen lundi par
chemin de fer. Le reste revient par étapes et sera à Caen mercredi
l'après-midi. (Source
B.N.)
Septembre
1893 -
Les pommes. -
Réductions de
frais de transport par chemin de fer pour les envois de 5 000 kil.
—Les
prix dans le Calvados varient, selon les crus. On en trouve à 50 cent,
la barretée, mais sur certains points les cultivateurs maintiennent le
prix de 1 fr. (Source
B.N.)
Octobre
1893 -
Quel toupet ! -
Les photographes
de profession sont réputés pour en avoir, et les photographes amateurs
donc !
Il
y a quelque temps déjà, il s'est fondé à Caen une société dite
amateurs, au grand mécontentement des photographes payant patente. Or,
cette société de photographes amateurs est en instance auprès du
conseil municipal pour obtenir une subvention. A quel titre ?... On se
le demande. Si encore les membres de cette société se intentaient de
se photographier entre eux il n'y aurait rien à dire, mais il paraît
qu'ils reproduisent les sujets d'art et les monuments, et photographient
les jolies actrices, leurs amies et connaissances. Nous sommes
convaincus qu'ils ne font payer leur travail, ni en argent, ni en
nature, mais cela fait un tort considérable aux photographes. Et,
comme, il y a parmi les membres de cette société des employés de la
ville, les photographes trouvent mauvais que ces messieurs, payés avec
l'argent des contribuables, leur fassent concurrence. (Source
B.N.)
Octobre
1893 -
Un dîner interrompu. -
Lundi
midi, au moment où le
sieur Vivier, épicier, rue d'Auge, à Caen, se mettait à table avec sa
famille, une voiture de la maison Primois, chargée de farine, a
défoncé la devanture de sa boutique renversant les marchandises, les
chaises et la table préparée pour le repas. Les quatre chevaux de
l'attelage n'avaient pu
franchir la montée du Gros-Orme, et, s'étant trouvés entraînés par
le poids, la voiture avait défoncé la boutique. Il n'y a eu que des
dégâts matériels. (Source
B.N.)
Octobre
1893 -
Morts subites. -
Le
sieur Lamy, 60 ans,
directeur des écuries de M. Gost, marchand de chevaux, rue de Vaucelles
à Caen, est mort subitement dans la cour des écuries.
—
Le nommé Hengeon, 70 ans, propriétaire à Cristot, est mort samedi
subitement chez la dame Picplu, aubergiste à Fontenay-le-Pesnel. (Source
B.N.)
Octobre
1893 -
L’appel de la Classe 1892.
- Tous
les conscrits qui ne sont
appelés sous les drapeaux que pour une seule année de service
partiront le 11 novembre. Ceux qui vont rester au régiment pendant
trois ans partiront le 14 et le 16 novembre, le 14, ceux qui sont
attachés à des subdivisions de régions impaires, et le 16, ceux qui
appartiennent à des subdivisions de régions paires, les uns et les
autres recevront des ordres d'appel. Cette année-ci, aucune demande de
changement de destination ou de devancement d'appel ne sera
accueillie.
Dans
la 3e région de corps d'armée, les subdivisions impaires
sont : Bernay, Falaise, Rouen (nord) et Caen. Les subdivisions paires
sont : Evreux, Lisieux, Rouen (sud) et le Havre. (Source
B.N.)
Novembre
1893 -
Les odeurs de Caen. -
Depuis quelque
temps, on a choisi à Caen, pour dépôt des immondices, un terrain
situé derrière les maisons de la rue de Falaise. Lorsque
les vents soufflent du sud ou de l'ouest, cette partie du faubourg de
Vaucelles est littéralement empoisonnée.
(Source B.N.)
Novembre
1893 -
La tempête. -
Samedi et
dimanche, une tempête
s'est déchaînée sur la Manche et a fait d'incalculables dégâts dans
notre région.
—
Plusieurs navires se s'ont échoués sur le littoral. Deux cadavres de
marins ont été trouvés au milieu de monceaux de débris de toute
sorte. La force du vent a renversé plusieurs wagons du Decauville, pas
un des 14 voyageurs qui s'y trouvaient n'a été blessé.
—
Le « Chanzy », M. Allainguillaume, s'est échoué à
Ouistreham, le navire n'est pas en danger.
—
L' « Elisabeth-Kelly », bateau anglais, allant en
Islande, était en vue des côtes d'Angleterre, lorsqu'il a été pris
par un coup de vent qui lui a brisé ses mâts et déchiré ses voiles.
Il s'est échoué en face de Langrune. Huit marins, dont six sont
mariés, sont montés dans deux canots, au risque d'être engloutis, et
ont sauvé les six hommes d'équipage. On espère sauver, le bateau.
—
Trois hommes de l'équipage d'un bateau de Port-en-Bessin, enlevés par
une lame, auraient été considérés comme perdus pendant quelques
instants, lorsqu'une autre vague les aurait rejetés miraculeusement sur
le pont.
—
Au Havre, le pilote Mauger a été enlevé par une vague.
—
A Dieppe, quatre hommes, qui portaient des amarres au paquebot
« Paris », ont été jetés sous les roues : deux ont été
tués.
—
A Calais, on compte déjà 14 morts et plus de 50 orphelins.
—
Un mur s'est écroulé sur la voiture du docteur Renaud, de Harfleur. Le
domestique a été tué, M. Renaud est très grièvement blessé.
—
A Châteaudun, éboulement d'un bloc de rocher qui a écrasé des
maisons de la rue, des Fouleries. Huit personnes sont ensevelies et
sûrement mortes.
—16
cadavres de marins anglais ont été trouvés sur les côtes de la rade
de Morlaix. C'était l'équipage du trois-mâts anglais
« Aboukir-Bay », de 1,117 tonneaux.
—
Le vapeur « Orientos », de Hambourg allant à Lisbonne,
s'est brisé sous Barfleur : 9 hommes sauvés, 5 noyés.
—
Un vapeur grec le « Parastevi », allant à Cardif, naufragé
sous St-Germain-de-Vaux, le pilote hollandais noyé ainsi que le second
du bord.
—
Le voilier « Surprise », perdu corps et biens en face de
Biarritz : morts, 1 capitaine et 4 matelots.
—
Devant Douvres, un steamer à sombré : 21 personnes ont péri.
—
On estime à 134 le nombre de personnes qui ont péri, en Angleterre,
dans les accidents provoqués, par la tempête et en dehors de celles
mortes avec les navires naufragés restés inconnus qui ont sombré.
—
De Copenhague, on écrit qu'il y a eu une violente tempête. Un grand
nombre de bateaux de pêche ont fait naufrage. 37 pêcheurs se sont
noyés.
—
Le vent a brisé des arbres d'une grosseur énorme. Beaucoup de pommiers
ont été renversés. Il y a eu des trombes de neige à Alençon et au
Mans. Il y a même eu, dimanche, dix centimètres de neige à
Caumont-l'Eventé, et la voiture de Villers est restée en détresse sur
la route. A Limoges et à Lyon, à Caen, il a encore neigé mercredi la
nuit. (Source
B.N.)
Décembre
1893 -
Santé publique. -
L'administration
municipale de Caen va bien faire de veiller à la propreté des rues,
car on signalé dans notre région plusieurs épidémies.
La rougeole et la petite, vérole sévissent à Bayeux; à
Hérouvillette, trois lieues de Caen, une épidémie d'angine
diphtérique ou croup a fait plusieurs victimes. (Source
B.N.)
Décembre
1893 -
Brutalité et bêtise. -
Eugène Brout,
38 ans, né à Eterville, et Raoul Moisson, 29 ans, journaliers à Caen,
étaient occupés à brasser du cidre dans la cour du sieur Georges
Lebret, 39 ans, boucher à Caen, rue de Falaise. Dans cette cour,
demeurent les époux Lerouvillois, dont le mari est employé de
régie.
Ce
jour-là, l'un de ses collègues, le sieur Pourchel, vint le chercher :
pour un rien, sur un mot de Pourchel, Brout se jeta sur lui et le frappa
avec une extrême violence avec le bois dont
il se servait pour remuer les pommes. Pourchel tourna plusieurs fois sur
lui-même et tomba comme une masse, le crâne fendu. Les époux
Lerouvillois étant, accourus furent également maltraités par Brout et
Moisson. Sur sa porte, Lebret excitait en criant : « Tape, tape, ce
sont des rats de cave », Brout et Moisson ont comparu en
police
correctionnelle.
Lebret,
son domestique Florentin Hubert,18 ans, et sa servante, la veuve Marie
Lepleux, 39 ans, étaient cités comme témoins. Malgré les
déclarations des prévenus et de divers témoins, ils ont soutenu que
Lebret n'avait pas excité Brout et Moisson à frapper. Arrêtés et
écroués, ils ont été rappelés devant le tribunal. Ils n'ont pas
voulu revenir sur leurs déclarations.
Par
suite, Lebret a été condamné à 4 mois de prison et 200 fr. d'amende
pour faux témoignage et ses deux domestiques à 2 mois. Quant à Brout,
il fera 2 ans de prison et Moisson 4 mois, pour coups et blessures.
L'état du sieur Pourchel, un moment très inquiétant, s'améliore. Il
a subi l'opération du trépan. Elle a réussi.
(Source B.N.)
Décembre
1893 -
Accident de voiture. -
Mardi matin,
à Caen, le petit Remoudin, demeurant chez ses parents, 54, rue
Neuve-St-Jean, sortait du marché couvert avec une bouteille de
cidre, quand une voiture chargée de plusieurs fûts de vin le renversa
et lui passa sur la jambe. Relevé plein de boue, l'enfant est porté à
la pharmacie Le Béhot où l'on constata une contusion à la cuisse
droite. Il en sera quitte pour quelques jours da repos. (Source
B.N.)
Décembre
1893 -
La tempête. -
Mardi,
le vent a soufflé en tempête sur notre région. Une cheminée a été
renversée rue St-Jean. Il n'y a pas eu d'accident de personnes. Un
navire de Granville a sombré près de Jersey. L'équipage a été
sauvé. (Source
B.N.)
Décembre
1893 -
Statistique. -
Le nombre des déclarations de vélocipèdes pour le
Calvados est de 1 822 : arrondissement de Caen, 723, dont 456 pour
Caen ; Bayeux, 177 ; Falaise, 208 ; Lisieux, 284 ;
Pont-l'Evéque, 309 ; Vire, 121.
(Source B.N.)
Décembre
1893 -
La Normandie et les îles Anglo-normandes.
- Les
liens si étroits qui, unissent la Normandie et l'archipel normand vont
se resserrer encore. A la suite d'une
enquête et après s'être concerté avec des personnages influents des
îles, le comité caennais de l'Alliance française a résolu de
subventionner les écoles françaises et l'étude du français à Jersey
et Guernesey, où les empiétements de l'anglais ont mis la langue
française en péril.
(Source B.N.)
Décembre
1893 -
Caen. -
Pas plus que
les années précédentes,
il n'y a eu de réceptions officielles à Caen le 1er
janvier. Jamais notre ville n'a été aussi morne.
Au
moment où l'on parle d'épidémies qui n'ont pas encore, Dieu merci,
éclaté à Caen, mais qui règnent dans diverses localités voisines,
il est triste de voir dans quel état de saleté se trouvent la plupart
de nos rues. Les malheureux ouvriers sans travail sont nombreux,
pourquoi ne pas les embaucher pour opérer le dessèchement de tous ces
lacs de boue.
(Source B.N.)
Janvier
1894 -
Oies et dindes. - Les
steamers de la compagnie
de Southampton ont transporté cette année en Angleterre : 112 479
oies, et 8 550 dindes. Soit : 121 039 bêtes.
(Source B.N.)
Janvier
1894 -
canalisation de l’Orne. -
Un comité
d'étude de douze membres a été constitué à Caen, sous la
présidence de M. Toutain, Conseiller général, pour étudier la
question de la canalisation du cours supérieur de l'Orne, à l'effet
d'ouvrir une voie de communication commerciale à bon marché vers la
Loire et le centre de la France, Ce projet n'est pas nouveau.
Dès
1458, on songea à canaliser la partie supérieure de l'Orne dont on
élargit le lit le long du coteau d'Allemagne. La guerre du Bien public
fit abandonner ces travaux. On reprit ce projet en 1550. Les chaussées
de Montaigu et de Bourbillon furent ouvertes et on amena à Caen des
bois flottés. Un curé de Cairon, l'abbé Gruto Moinet, laissa même,
par testament, 20 écus
sol pour aider aux travaux de cette canalisation. (Source
B.N.)
Janvier
1894 -
M. Mofras et les étalages.
- Le
malendurant conseiller Mofras doit être content. Le maire vient de
rappeler à l'ordre les commerçants qui dépassent les bornes de
l'étalage. Mais que M. Mofras se rassure, plusieurs commerçants se
sont cotisés pour lui offrir, comme oeuf de Pâques, une crinoline à
roulettes en osier, qui lui permettra, comme aux bébés du premier
âge, de circuler tranquillement sur les trottoirs, sans crainte
d'accident. (Source
B.N.)
Janvier
1894 -
Imbroglio.
- M.
Roudaut, avocat, était en bicyclette. Sur les quais, il rencontre un
autre cycliste, qui le culbute
—
« Le connaissez-vous ? » demande M. Roudaut à une brave femme qui n'y
voyait pas clair.
—
« Chest Moussieu Yvon ! »
—
« Mais non, répond M. Roudaut... Yvon, le confrère à papa, je
le connais, »
—
Bref, sur le vu de la bonne femme, le culbuté poursuit M. Yvon, non pas
l'avoué, mais le fils de M. Yvon, demeurant rue Richard-Lenoir.
Quoique
Yvon affirmât qu'il n'était pas sur les quais au moment de l'accident,
le juge allait tout de même le condamner, lorsque, du fond de la salle,
on cria : « C'est pas Yvon, c'est Duchemin qui a fait le
coup... »
Sourire
d'Yvon, mais grimace du plaignant et du juge de paix. Enfin, le vrai
coupable, le fils Duchemin, demeurant chez ses parents, près de
l'église Saint-Sauveur, est, à son tour, assigné, poursuivi et
condamné à 200 fr. de dommages-intérêts. Et dire que voilà comment
se commettent les erreurs judiciaires.
(Source B.N.)
Janvier
1894 -
L’incendie de la rue du Général-Decaen.
- Lundi,
à 11 heures 1/2 du soir, un incendie, dont on ignore la cause mais qui
n'est pas dû à la malveillance, s'est déclaré, à Caen, dans une des
écuries appartenant au sieur Paul Brion, éleveur, rue du
Général-Decaen.
Deux
chevaux évalués à la somme de 6 200 fr. ont été asphyxiés. Quatre
box ont été détruits et les pertes s'élèvent à 3 000 fr. (Source
B.N.)
Janvier
1894 -
La crue de l’Orne. - Par
suite des pluies
torrentielles tombées près de Sées, l'Orne a cru subitement dans la
nuit de jeudi à vendredi. Les prairies de Caen, d'Allemagne et de
Louvigny ont été couvertes pendant deux jours. Il n'y a eu aucun
accident de personnes. Mais la crue a emporté beaucoup de bois dans les
coupes récemment faites.
A
ce propos, pourquoi, quand une crue est annoncée, ne prévient-on pas
les communes riveraines. ? On pourrait prendre aussitôt les mesures
nécessaires pour éviter les pertes et les accidents. (Source
B.N.)
Janvier
1894 -
L’influenza.
- Dans
tout le département, ce
mal fait des victimes. Les morts sont plus nombreux que lors de la
précédente épidémie.
(Source B.N.)
Janvier
1894 -
La cocotte.
- Des
cas de cocotte sont
signalés dans une exploitation, au Pont-Créon, près Caen. Elle a
été mise en interdit par arrêté préfectoral.
(Source B.N.)
Février
1894 -
Port de Caen. -
Après de nombreux
délais, le projet important proposé par la chambre de commerce de
Caen, pour l'amélioration du port, va enfin entrer dans la période
d'exécution. Une décision du ministre des travaux publics autorise le
préfet du Calvados a soumettre à l'enquête la partie de ce projet
concernant : l'exhaussement du plan d'eau du canal de Caen à la mer, et
la construction d'une seconde écluse à l'entrée du canal, à
Ouistreham.
(Source
B.N.)
Février
1894 -
Le carnaval de Caen. -
Cette année à Caen,
carnaval plus animé que ceux des années précédentes. Dimanche, la
promenade des bœufs gras avec cortège de mousquetaires et de
trompettes l'a joyeusement inauguré. Cette résurrection d'une antique
coutume avait attiré une foule considérable dans nos rues.
Dimanche
et mardi, on voyait de nombreux travestissements dans les rues. Les deux
bals du théâtre ont été animés. Le carnaval sera clos le dimanche 4
mars par la cavalcade qu'organise
l’Association sportive des étudiants et qui est en excellente voie.
(Source B.N.)
Février
1894 -
Promenade des bœufs gras. -
Dimanche, la
boucherie Dupuy fera promener, dans les principales rues de Caen, trois
bœufs gras. Outre les chars des bœufs, il y aura une escorte de
cavaliers et un char de trompettes. Ce sera une véritable cavalcade,
qui animera le carnaval. (Source
B.N.)
Février
1894 -
Cavalcade. -
Nous apprenons
que L'Union sportive des
étudiants de Caen organise, au profit des pauvres, pour le dimanche 4
mars, une cavalcade qui promet d'être très brillante.
(Source B.N.)
Février
1894 -
L’heure de fermeture des pharmaciens.
- Les
pharmaciens de Caen voulaient, parait-il, fermer leurs officines à 9
heures du soir. Mais ce projet n'aura sans doute pas de suite, plusieurs
pharmaciens s'y étant opposés en faisant observer que leurs clients
étaient aussi intéressants à 9 heures et demie et à 10 heures du
soir qu'à 9 heures. Toutefois, on fermera, parait-il, les
dimanches et fêtes à 9 heures et demie.
(Source B.N.)
Février
1894 -
Triste fin de carnaval. -
Mercredi matin, à Caen, on a retiré du bassin le
cadavre du nommé Urbain Thomine, 22 ans, garçon boucher chez le sieur
Quignot, rue St-Jean. Cette mort est accidentelle. Le corps a été
transporté à la morgue en attendant l'arrivée de la famille. (Source
B.N.)
Février
1894 -
Négligence regrettable. -
Comment se fait-il que, après
avoir dépensé de grosses sommes pour la restauration de l'église
Sainte-Trinité de Caen, l'administration n'a pas le souci d'entretenir
les couvertures ?
II
pleut dans cette église comme dehors. C'est cependant un monument
historique, et il y a un architecte et un inspecteur pour ces monuments.
Que font-ils ? (Source
B.N.)
Février
1894 -
Noyés. -
Jeudi, à Caen, on a retiré du bassin le cadavre du
nommé John Foresberg, 28 ans, sujet suédois, matelot abord du steamer
norvégien « Fram ». Il y était tombé dans la nuit du 13
au 14 janvier.
—
Mardi matin, à 11 heures, on a retiré du bassin, à Caen, le
cadavre du nommé Jean Boudier, 43 ans, journalier.
Petite-Place-St-Gilles, 5, qui était disparu de son domicile depuis le
9 janvier dernier. (Source
B.N.
Février
1894 -
Cheval emporté. -
Lundi matin,
à Caen, un détachement du 36e suivait la rue
Neuve-du-Port, lorsqu'un cheval emballé, attelé à une carriole
débouchant de la rue Nationale, a coupé la colonne en marche avant que
les soldats aient eu le temps de se garer.
Le
nommé Breton, clairon, a été renversé et la voiture lui a passé sur
la jambe. Le lieutenant Gerst du 36e a été gravement
blessé à la poitrine en arrêtant le cheval. (Source
B.N. )
Février
1894 -
Cavalcade du 4 mars. -
On travaille
activement à la cavalcade qui aura lieu le 4 mars à Caen. Elle
comprendra des chars et des groupes à pied. Ceux qui désireraient
former des groupes sont priés de se mettre de suite en rapport avec le
comité de l'Union Sportive des Etudiants, 68, boulevard
St-Pierre : Des commissaires munis d'une carte spéciale
contresignée par le président de l'U. S. E. C. et le président du
comité d'organisation sont chargés de passer dans les différents
quartiers pour, recueillir à domicile les inscriptions destinées à
couvrir les frais de la cavalcade. Nous espérons qu'ils trouveront
partout bon accueil. Il s'agit, en effet, d'une fête utile au
commerce et dont doivent Bénéficier les pauvres. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Février
1894 -
La fermeture des Pharmacies.
- M.
le secrétaire du syndicat pharmaceutique, nous écrit que ce n'est pas
à 9 heures, 1/2 du soir, mais bien à 9
heures que les pharmaciens fermeront les dimanches et jours de fête.
(Source B.N.)
Février
1894 -
Mouvement de la
population.
-
D'un
rapport inséré au Journal officiel, il résulte qu'il y a eu dans le
Calvados en 1892, 8 616 naissances ; 10 672 décès ; 3 054 mariages et
89 divorces, excédent des décès, 2 056. (Source
B.N.)
Février
1894 -
Le froid.
-
L'hiver
nous est revenu brusquement cette semaine. Mardi matin le thermomètre
marquait 4 degrés au-dessous de zéro et mercredi 6 degrés.
(Source
B.N.)
Mars
1894 -
Tué sous sa
voiture. -
Lundi soir, le
sieur Frédéric Chilard, 47 ans, domestique chez M. Cahusac, rue de
Vaucelles, 61, à Caen, est passé sous la roue d'une voiture qu'il
conduisait, sur le territoire de Mondeville. Cet homme a été
transporté chez lui, où il est décédé quelques heures après.
(Source B.N.)
Mars
1894 -
Accident dans le bassin de Caen.
-
Le
« Firth-of-Forth », trois-mâts anglais, chargé de nitrate
de soude, à l'adresse de M. Bidgrain, a chaviré mardi matin, vers 11
heures, dans le bassin de Caen, alors qu'il était presque déchargé,
il ne restait plus qu'environ 50 sacs de nitrate (une tonne) lorsque
l'accident s'est produit. Le capitaine et les trois où quatre hommes
occupés au déchargement étaient à bord et ont débarqué en voyant
le navire s'incliner. (Source
B.N.)
Avril
1894 -
Inauguration du calvaire de Vaucelles.
-
Lundi, a eu lieu l'inauguration
du nouveau calvaire de la paroisse de Vaucelles de Caen. Les rues
étaient toutes bien décorées, affluence énorme de curieux. Mgr l’évêque
de Bayeux présidait. Il était assisté d'un seul de ses grands
vicaires, l’abbé Goudier. Signe des temps : en tête de la
procession, avant la bannière de Vaucelles, était porté un drapeau
tricolore.
(Source B.N.)
Avril
1894 -
Un nouveau microbe. - Il
paraîtrait que dans les manufactures de tabac, beaucoup
d'employés sont phtisiques et qu'ils ont l'habitude de coller les
feuilles de tabac, en roulant les cigares avec leur salive. Ils
propagent ainsi le bacille de la tuberculose. (Source
B.N.)
Avril
1894 -
L’électricité. -
La chambre, de commerce, désirant voir éclairer à l’électricité
le port et le canal de Caen à la mer afin de permettre à toute heure
son accès à la navigation
a décidé de
mettre, le dossier à la disposition des sociétés d'électricité qui
proposeraient de se charger de l’entreprise.
(Source B.N.)
Mai
1894 -
La viande. -
Par suite de la rareté
des bestiaux sur nos marchés, le prix de la viande augmente partout, à
Caen comme ailleurs. A Clermont-Ferrand, la municipalité ayant établi
la taxe, tous les bouchers se sont mis en grève. Habituellement, on y
tue le vendredi 40 bœufs, 100 veaux et 150 moutons. Vendredi dernier,
il a été abattu seulement 3 bêtes à cornes, 6 veaux et une dizaine
de moutons. (Source
B.N.)
Mai
1894 -
Incendie à l’épicerie Potin.
- Cette
nuit, un peu après quatre heures, le feu s'est déclaré dans le
magasin de M. Dupuy, épicier, place de la République, à Caen. Le
magasin avait été fermé à dix heures, le feu a donc dû couver
pendant plusieurs heures avant d'éclater.
C'est
dans la caisse que le feu a pris et s'est, communiqué à la devanture,
du côté de la place. On ne peut préciser la cause de ce sinistre. Il
y avait bien une chaufferette dans la caisse, mais il n'y avait pas de
feu. A l'aide de la bouche d'eau, le feu a été éteint en moins d'un
quart d'heure.
Les
dégâts sont considérables, à cause des marchandises avariées. Toute
la viande est carbonisée en partie. Il pouvait y avoir dans la caisse,
en petites pièces et sous, environ 300 fr. qui ont été presque tous
fondus. Les livres courants et les factures à recouvrer, 3 000 fr.
environ, ont été brûlés. Il y a assurance. Ce sinistre pouvait avoir
de désastreuses conséquences, car dans les caves il y avait 10 000
litres d'eau-de-vie et liqueurs. (Source
B.N.)
Mai
1894 -
Pigeons voyageurs. -
Par
décision du ministre de la guerre, les sociétés colombophiles du
Calvados désignées pour prendre part aux concours militaires en 1894
sont : l'Espérance de Caen, la Conquérante de Falaise, la
Falaisienne de Falaise, la Colombe de Lisieux, le Ramier normand de
Mathieu, l'Hirondelle-de-la-Mer de la Délivrande.
(Source
B.N.)
Mai
1894 -
Est-il vrai ? -
Est-il vrai que, dans un café peu éloigné de notre
théâtre, le service soit fait par une bonne à tout faire habillée en
homme, à la grande joie de certains consommateurs, qui se font un
touchant plaisir de s'assurer si, sous ces habits masculins, il n'y a
pas une femme. Et la police des mœurs, que fait-elle pendant ce temps-là
?
(Source B.N.)
Mai
1894 -
Température. -
Après une journée de forte
chaleur, le temps s'est mis au vent et au froid. Cela a été dur.
Pendant quelques jours, la mer a été démontée. Plusieurs bateaux se
sont échoués sur nos côtes. Samedi, le canot de plaisance l’ « indépendance »,
appartenant à M. Baudrier, rue d'Auge, a été trouvé abandonné et
désemparé sur la plage de Lion. M. Baudrier, qui le montait, a dû
être enlevé par un paquet de mer. Pendant la nuit de lundi, de gros
grêlons sont tombés sur Caen et les environs. A Condé et à Flers, on
a ressenti comme une légère secousse de tremblement de terre.
En
Touraine et dans le Midi, de véritables désastres ont été
occasionnés par des orages effroyables de grêle. Dans le Puy-de-Dôme,
inondations. Une usine a été en partie détruite. Une vieille dame de
80 ans a été noyée dans l'appartement qu'elle occupait au
rez-de-chaussée. Un homme, âgé de 52 ans, a été entraîné par le
torrent. A Rive-de-Giers, une femme, qui s'était réfugiée pendant
l'orage dans un café, est morte subitement de frayeur causée par les
éclats de la foudre. Près de Murcie, dans une maison de campagne, la
foudre a tué une femme, dont elle a grièvement blessé le mari. Temps
épouvantable aussi à l'étranger. En Écosse, il est tombé de la
neige.
(Source B.N.)
Mai
1894 -
Pluie de crapauds. -
Dimanche, entre
Mesnil-Opac et Moyon (Manche), un nuage noir a crevé, vers quatre
heures du soir, laissant échapper une multitude de petits crapauds
appelés têtards. La route en était tellement obstruée que la
diligence de Tessy
à Saint-Lô a éprouvé un sérieux retard. Les habitants ont lâché sur
ces jeunes batraciens des porcs qui, en moins de deux heures, ont fait
absolument route nette.
(Source B.N.)
Juin
1894 -
Procession de la fête-dieu.
- Nous
ne savons si toutes les paroisses de Caen sortiront dimanche prochain.
C'est probable, car le maire rappelle qu'aussitôt les processions
passées, les fleurs et feuillages jetés sur leur passage devront être
sous peine d'amende, balayées et entassées dans les cours et allées.
(Source B.N.)
Juin
1894 -
Armée de réserve. -
Les officiers de
réserve et territoriaux, en résidence dans la 7e
subdivision à Caen, sont informés que des manœuvres d'un jour seront
exécutées par le 36e, les 4 et 25 juin ; 16 juillet et 20
août. Ceux des officiers qui désireraient y prendre part sont invités
à en demander l'autorisation au colonel du 36e qui leur fera
parvenir le programme des opérations.
(Source B.N.)
Juin
1894 -
L’utile et l’agréable.
- A
l'exposition de la société d'Horticulture, M. Lenormand,
cultivateur-grainier à Caen, avait obtenu, pour sa magnifique
collection de fleurs, deux médailles d'or et trois médailles de
vermeil, MM. Letellier, père et fils, pépiniéristes à la Maladrerie,
deux prix d'honneur pour leurs roses et leurs arbustes d'ornement.
Même
succès au concours régional. MM. Letellier ont obtenu une prime
d'honneur du ministre pour l'importance de leur culture et un premier
prix, médaille d'or, pour les pommiers à cidre et arbustes
d'ornement.
Le
premier prix, médaille d'or, a été décerné à M. Lenormand, pour
ses racines de betteraves fourragères, graines et graminées pour
prairies, graines potagères et fourragères.
C'est
sans doute à la vue de ces belles collections que M. Vilmorin, de
Paris, s'est déclaré hors concours, le matin même de l'examen
du jury.
La
4e médaille d'or de la société d'Horticulture a été
décernée à M. Allan, jardinier à Caen, pour ses géraniums. (Source
B.N.)
Juin
1894 -
Électricité à Caen.
- Samedi
soir, soirée d'inauguration organisée par le conseil d'administration
de la société d'électricité, promenade du Fort. Dimanche, entrée
gratuite. (Source
B.N.)
Juin
1894 -
Pauvres malades. -
Est-il
vrai que le cidre donné à aux malades de l’hôtel-Dieu
de Caen, est aussi mauvais qu’on le dit ? Les malades s'en
plaignent.
Est-il
vrai que des malades, ayant éprouvé des douleurs d'entrailles, le
médecin ait supprimé, les tasses en étain qui ont été remplacées
par des moques en grès ?
Il
paraîtrait que l’acidité du cidre colorait en noir la tasse en
étain, que dès lors, devait contenir du plomb, drôle d'étain fin
pour un hôpital! D'un autre côté, l'usage du vin devient de plus en
plus rare et le lait est délivré trop parcimonieusement.
Juin
1894 -
Ce que coûte une imprudence.
- Le 8
mai dernier, M. Grenard, 29 ans, marchand de fromages, 28, rue
St-Pierre, à Caen, avait laissé sa voiture à la porte d'un
commerçant. Le cheval, effrayé par le passage d'un train, vint se
précipiter, rue de Falaise, dans la boutique, de M. Lebrun,
plâtrier.
Deux
petites filles de 7 et 9 ans, les jeunes Bervas, qui sortaient de
l'école, furent renversées et assez gravement blessées. M. Grenard a
payé les frais de médecin et de pharmacien, il a remis à la famille
800 fr., malgré cela, il été poursuivi pour blessures par imprudence,
et condamné à 40 fr. d'amende. (Source
B.N.)
Juin
1894 -
Avis. -
Lundi matin,
la France entière a appris avec stupeur une épouvantable nouvelle.
Dimanche soir, M. Carnot, président de la République, avait été
assassiné à Lyon.
On
n'osait croire à la réalité de telle affreuse catastrophe, car M.
Carnot était aimé de tous les partis. Il n'avait pas un seul
ennemi.
Le
président de la République était allé visiter l'exposition de Lyon.
Samedi, à son arrivée dans la seconde ville de France, il avait été
accueilli avec un chaleureux enthousiasme.
M.
Carnot était, dans sa 57e année. Il appartenait à une
vieille famille républicaine de Limoges. Son grand-père, membre du
Comité de Salut public sous la Révolution française, organisa
les vaillantes armées qui repoussèrent l'étranger et mérita le titre
d' « organisateur de la victoire ». Son père, Hippolyte
Carnot, fut ministre de la République en 1848. (Source
B.N.)
Juillet
1894 -
Notre musée. -
L'exposition des beaux-arts,
à Caen, et l'achat de quelques toiles plus ou moins bonnes fait par la
ville ont attiré l'attention sur l'arrangement de notre musée qui, au
dire de tous, laisse beaucoup à désirer. Nous sommes de cet avis et
appuyons MM. Mobilleau et F. Engerand qui demandent la nomination d'une commission
artistique. (Source
B.N.)
Juillet
1894 -
Les pommes. -
La récolte, sur
certains, points, sera bien inférieure à l'an dernier. Dans le pays
d'Auge, les arbres de première saison, qui ont fleuri avant la sortie
de l'anthonome, ont du fruit, ceux de seconde floraison sont chargés de
clous de girofles et les troisièmes pommes, qui ouvrent avec tant de
peine, sont attaquées par le ver. De plus, les chenilles travaillent
avec activité et, en peu de jours, ces voraces insectes font
disparaître toutes les feuilles. (Source
B.N.)
Juillet
1894 -
Le Calvados ! -
Notre département est au nombre de ceux qui ont le plus
manifesté à l'occasion de la mort de M. Carnot. De toutes parts,
adresses, fleurs, délégations et services, des prières ont même
été dites au Temple.
—
A St-Etienne de Caen, c'est l'évêque qui présidait. S'il est vrai
qu'un douanier a été sévèrement puni pour être arrivé en retard,
une grâce s'impose en raison de la circonstance. (Source
B.N.)
Juillet
1894 -
La fièvre aphteuse. -
Les arrêtés préfectoraux continuent à pleuvoir sur les
exploitations infectées de cette fièvre contagieuse.
(Source B.N.)
Juillet
1894 -
Trop de zèle. -
L'arrêté sur les jeux
jette la perturbation dans tout le département. Des maires le prennent
à la lettre et interdisent même le jeu de bouchon, d'autres repoussent
les loteries, et les vaisseliers désertent notre pays pour des
contrées moins tracassières. Nous comprenons très bien que l'on fasse
la chasse aux bonneteurs et autres écumeurs de champ de foire, mais
interdire la galoche, le jeu de quilles et les loteries, c'est
assurément dépasser les intentions préfectorales. (Source
B.N.)
Juillet
1894 -
Mauvaise idée. -
Le conseil municipal
de Caen n'avait pas voulu, cette année, vendre de gré à gré les
herbes de l'hippodrome et avait tenté une adjudication publique.
Elle n'a pas donné de résultat et voilà la ville obligée de
récolter et de vendre son foin, ce qui n'en mettra pas dans les boites
des contribuables.
(Source B.N.)
Juillet
1894 -
Ce qui se passait le 5 juillet en Saint-Pierre de Caen.
-
Il y avait,
ce jour-là, audition de musique sacrée à Saint-Pierre de Caen, avec
quête pour les pauvres, à
la porte. Après la première partie, plusieurs personnes voulurent se
retirer par la porte où elles étaient entrées, mais elle était
fermée à clef. Il s'en est suivi une légère bagarre provoquée par
le suisse, qui a souffleté un gamin et bousculé plusieurs personnes,
notamment un étudiant qui n'était certes pas venu pour provoquer un
scandale.
M.
le curé de Saint- Pierre, qui nous parait être revenu, depuis quelque
temps, à des idées plus calmes et plus chrétiennes, fera bien
d'engager messieurs ses employés à suivre son exemple.
(Source B.N.)
Juillet
1894 -
Accoucheuse et sorcière.
-
Dans les communes des
environs de la Maladrerie, les femmes en train de bien faire ne
parlaient que de la mère Martin et de son savoir
en accouchements. De plus, la mère Martin passait pour sorcière,
capable de conjurer les sorts que les malins se permettent de jeter sur
les pauvres d'esprit. Aussi, par confiance et par crainte, toutes les
femmes en couche la faisaient-elles appeler.
Malheureusement,
l'une des accouchées est morte d’une Fièvre
qu'un médecin aurait pu guérir et l'accoucheuse a été poursuivie.
Malgré tout son pouvoir, la dame Bunouf, née Martin, âgée de 65 ans,
n'a pas pu conjurer le sort qui la fait condamner à 50 fr. d'amende
pour exercice, illégal de l'art des accouchements. (Source
B.N.)
Juillet
1894 - Vélocipédie.
-
Dans la course
Caen-Cherbourg (240 kilomètres aller et retour), le premier des
routiers amateurs bicyclettes, M. Vattier, montait une machine Rudge,
encore un nouveau succès pour l'agence vélocipédique de la rue
Samuel-Bochart, la plus ancienne de Caen.
(Source B.N.)
Août
1894 - Les tramways.
-
C'est bon les tramways,
mais il faudrait que les voyageurs et leurs colis y trouvent toutes les
facilités désirables, puisqu'on paie. Les contrôleurs n'aiment pas à
se gêner et l'on ne sait à qui s'adresser, de sorte que des
marchandises, même de très minuscules paquets, se trouvent rester en
panne pour le plaisir d'un bureaucrate. Il y a là quelque chose à
faire, une lacune qu'il faut faire disparaître, parce que, avec les
bains de mer, on a souvent des commandes pressées qui n'admettent pas
de retard.
La
ligne de Caen à Luc est mal organisée sous ce rapport. Chaque jour, on
entend les plaintes des voyageurs. (source B. N.)
Août
1894 - Les orages.
-
Depuis dix jours, notre
contrée est sous le coup d'orages désastreux, les récoltes sont en
souffrance, les pommes de terre se gâtent, les fruits ne mûrissent pas
ou pourrissent aux arbres. La nouvelle lune parait vouloir nous être
clémente. Il n'est pas trop tôt. (source B. N.)
Août
1894 - La Cocotte.
- Dans
divers cantons de la Manche, limitrophes du Calvados, la fièvre
aphteuse prend un tel caractère envahissant que le préfet a pris un
arrêté interdisant l'introduction dans le Calvados des animaux des
espèces bovine, ovine, caprine et porcine de la Manche. (source
B. N.)
Août
1894 - A l’Hôpital.
- Est-ce qu'on ne devrait pas transporter à l'hôtel-Dieu tous
les blessés de la voie publique, surtout, les vieillards et les
inconnus ?
—
On est féroce à l'hôpital de Caen et les portes sont closes pour les
miséreux. Ainsi, la
semaine dernière, un pauvre bonhomme blessé et contusionné par un
omnibus, sur le boulevard Saint-Pierre, la bouche pleine de sang, moulu,
brisé, à 7 heures 1/2 du soir, n'a pu obtenir l'entrée de l'hôpital,
malgré la présence et la constatation des sergents de ville qui ont
montré beaucoup de zèle dans cette occasion.
(source B. N.)
Août
1894 - Explosions.
- Dimanche,
au début des courses,
une forte détonation était entendue de tous les points de la ville. On
crut à un coup de canon. C'était la machine à vapeur faisant
fonctionner une grue, employée au déchargement du steamer « l’Actif »,
chargé de charbon pour M. Lamy, qui venait de faire explosion. La
machine, en éclatant, a tué le mécanicien Ernest Josserand, 39 ans ;
Auguste Alliaume, 36 ans, qui recevait les bannes, a été trouvé sans
vie sous un énorme morceau de la chaudière, enfin, Théodore Dufouet,
45 ans, grièvement blessé aux reins, est mort à l'hôtel-Dieu où on
l'avait transporté. Six autres personnes ont été également
atteintes, mais leur état ne présente aucune crainte. (source
B. N.)
Août
1894 - Duel. - M.
Paulmier, député, s'est battu à l'épée avec M. Papillaud, à propos
d'un article de la Libre parole qui ne les regardait ni l'un ni l'autre.
M. Papillaud a été blessé au ventre. (source B. N.)
Août
1894 - Singulière
mutilation. -
Dans la
nuit de vendredi à samedi, le sieur Ernest Gaucher, 44 ans, perruquier,
rue d'Auge, 94, à Caen, s'est pratiqué, au moyen d'un rasoir, une
mutilation de façon à ce que jamais il puisse lui revenir le désir de
faire des enfants. Il a été transporté à l'hôtel Dieu. Ah ! si on
avait ainsi rasé certain abbé, les dévotes
de Vaucelles ne seraient pas aujourd'hui dans la consternation. (source
B. N.)
Août
1894 - Un coup de
cuillère bien appliqué. -
Samedi, vers
minuit, on transportait à la pharmacie Le Behot, à Caen, une femme
ensanglantée, atteinte d'un coup de cuillère à pot à la tête.
C'était une femme Caillot, demeurant rue du Montoir-du-Château, qu'une
voisine venait de blesser assez grièvement à la tête. (source
B. N.)
Août
1894 - Permis de
chasse. -
Partout les bureaux
ont été assiégés par les chasseurs venant réclamer leur permis. A
la préfecture de Caen, la veille du 26 août, on en a délivré 850. (source
B. N.)
Août
1894 - Départ du 36e.
- Deux
bataillons ont déjà
quitté Caen, le troisième partira le 23 septembre. Le 36e
sera remplacé parle 5e.
(source B. N.)
Septembre
1894 - Famille de
bourreaux. -
Les exécuteurs
des hautes-œuvres sont en ce moment les héros du jour. On recherche ce
que sont devenus les anciens bourreaux mis à la retraite par suite de
la création d'un exécuteur unique.
—
Celui de Caen, Louis Grinhesser, s'était retiré à Mondeville où il
exploita de vastes terrains maraîchers. Il avait épousé la sœur de
Deibler, l'exécuteur actuel. Il est mort en 1883 laissant un fils et
deux filles. (source B. N.)
Septembre
1894 - Les orages.
-
Notre région est
toujours sous le coup de gros orages. Dimanche soir, à Caen, on aurait
cru que la foudre tombait à chaque coup sur la ville.
Mercredi la nuit, nouvel orage, moins fort, cependant.
(Source : Le Bonhomme
Normand)
Septembre
1894 - Pommes.
-
Messieurs les
agriculteurs désireux de se procurer des toiles à pressoirs sont
priés de bien vouloir faire leur commande à l'avance Compagnie
Linière et Chanvrière, 94, boulevard Saint-Pierre, Caen. (source
B. N.)
Septembre
1894 - Incendie.
-
En Amérique, des forêts ont pris feu. Six villes sont devenues
la proie des flammes. 400 personnes ont été brûlées. Des 400 maisons
de la ville de Hinckley, une trentaine sont seulement restées intactes.
(source B. N.)
Septembre
1894 - Excitation de
mineures à la débauche. -
La veuve Lallemand, 76 ans, les époux Travers, 38 ans, et la
veuve Denize, 51 ans, tous débitants à Caen, avaient été cités à
comparaître à la dernière audience du tribunal correctionnel de Caen,
sous l'inculpation d'excitation de mineures à la débauche,
c'est-à-dire qu'il avaient reçu à coucher dans leurs établissements
des filles plus ou moins soumises, mais n'ayant pas l'âge exigé par la
loi assez fantaisiste sur la prostitution. Cet affaires ont été
renvoyées à quinzaine. (source
B. N.)
Septembre
1894 - Trop de
vacances. -
Pour l'année scolaire
1893-1894, on arrive, dans les lycées et collèges, au total inouï de
201 jours de congé contre 164 de travail. (source
B. N.)
Septembre
1894 - Le vélo. -
L'Académie a parlé. Tout compte fait, sauf de très rares
exceptions, hommes et femmes peuvent, sans danger pour leur santé,
monter en vélocipède, cet exercice n'est interdit qu'aux personnes
atteintes d'une maladie de cœur. (source
B. N.)
Septembre
1894 - Caen à
Londres. -
Un vapeur à deux
hélices, le « Calvados », a été lancé en Écosse : il
est destiné à faire le service entre Caen et Newhaven. Un autre navire
de même dimension, le « Trouville », est sur les chantiers
et sera lancé prochainement. (source
B. N.)
Septembre
1894 - Pommes et
poires. -
La
récolte varie
dans le Calvados. Dans certains endroits, les pommes abondent et les
poires sont en moyenne, dans d'autres parties, les poires sont en
abondance et les pommes donnent une demi-année. Quoi qu'il en soit, les
pommes ne seront pas chères cette année et il ne faut pas les payer
au-dessus de un franc la barattée.
(source
B. N.)
Octobre
1894 - Dix milles
soldats prisonniers. -
Dix
mille réservistes ou territoriaux sont sous le coup d'une condamnation
à deux jours de prison, pour n'avoir point présenté leur livret à la
gendarmerie, ainsi que cela leur était enjoint par des affiches
placardées au milieu de cent autres. (source
B. N.)
Octobre
1894 - De la lumière
S.V.P. -
La
semaine dernière, le
bateau du Havre est arrivé par le Canal. Il était sept heures et
demie, c'est-à-dire nuit noire. Le bateau a été amarré dans le
bassin, près d'un ponton, en face de la Morgue. Pour quitter le navire,
il fallait traverser le ponton pour sauter sur le quai. Or, trompé par
l'obscurité, un voyageur a fait un faux pas et est tombé sur le granit
du quai, ayant une jambe entre le ponton et le quai. En tombant, il
s'est fait une assez forte contusion au genou droit. Qu'on éclaire donc
nos quais. Eh ! mais, si ce n'est pas pour l'amour de Dieu, que ce soit
au moins pour la sécurité du public. (source
B. N.)
Octobre
1894 - Vélocipédie.
-
Par
suite d'une indisposition, M. Daumalle, du « Vélo-Sport Caennais »,
reporte à l'année prochaine le défi lancé par lui à M. Letellier,
des « Cyclistes Normands ».
M.
Bickel l'a remplacé par un match de 30 kilomètres, qui a été couru
dimanche dernier. M. Letellier en est sorti vainqueur. (source
B. N.)
Octobre
1894 - Appel des
conscrits. -
Le
bruit s'accrédite de
plus en plus que l'appel de la classe de 1893 aurait lieu, par
anticipation du 12 au 15 novembre. (source
B. N.)
Novembre
1894 - Plantation de
calvaire. -
Dimanche,
a eu lieu à Caen l'inauguration du calvaire de la paroisse
Saint-Julien, La foule était considérable, les rues étaient brillamment
décorées. L'évêque de Bayeux, visiblement fatigué, présidait la
cérémonie. Le sermon a été fait par le curé de Saint-Pierre, de
Caen. Le soir, l'église St-Julien, la tour,
le presbytère et un arc de triomphe placé auprès étaient éclairés
à la lumière électrique. (source
B. N.)
Novembre
1894 - Avis.
-
A
partir du 9 novembre, le marché aux bestiaux, qui se tenait à Caen,
place St-Martin, sera transféré sur la promenade St-Julien, dans les
emplacements aménagés à cet effet.
A
partir du lundi 12 novembre, le marché aux peaux et aux suifs sera
transféré place des Abattoirs. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Novembre
1894 - Le départ de
la classe. -
Le
départ des conscrits
aura lieu les 15 et 16 novembre. Certaines catégories d'appelés seront
cependant mises en route quelques
jours plus tard. Les conscrits affectés aux troupes stationnées en
Algérie et en Tunisie partiront par petits détachements, du 18 au 26
novembre, de façon à ne pas encombrer les paquebots. Le recrutement de
la Seine n'enverra pas, cette année, d'hommes aux zouaves, aux
tirailleurs algériens et aux chasseurs d'Afrique. (source
B. N.)
Novembre
1894 - La tempête.
-
Elle
a commencé dans notre région dès dimanche la nuit puis s'est étendue
un peu partout en passant sur Paris qui était, lundi soir, tout sens
dessus dessous.
A
Caen, les tuiles et les ardoises pleuvaient dans les rues, des
cheminées ont été renversées, des arbres abattus sur nos promenades.
Un peuplier du parc de la préfecture a, en tombant, démoli la toiture
du presbytère Notre-Dame. Un clocheton des bas côtés de l'église
Saint-Jean est tombé sur la toiture de l'ancienne école des Sœurs en
brisant quelques chevrons et, de là, a roulé dans la rue des Carmes.
Une gargouille de l'église Saint-Sauveur est tombée dans la rue Froide
et a failli blesser une jeune fille. Rue Saint-Pierre, M. Royer
photographiait une enfant quand une partie de l'atelier (murs et
vitrage), a été emportée. L'enfant n'a eu aucun mal. Le sieur Maurice
Labarie, propriétaire d'un bateau de plaisance, a été enlevé de son
bord et jeté dans le canal. Il a pu se sauver à la nage. Près du pont
de Vaucelles, le jeune Leclerc, 17 ans, est tombé dans l'Orne en
voulant rattraper le chapeau de son père emporté par le vent. Il a
été retiré sain et sauf par le sieur Isambart, conducteur de scierie.
Il y a eu de grands dégâts à la toiture des Facultés.
Les
trains des tramways ne sont partis, lundi soir, ni de Luc, ni de Dives,
à cause de la tempête. Le dernier train du soir n'est pas parti de
Caen.
Dans
les autres villes du département, on ne signale que des dégâts
matériels. Sur nos côtes la tempête a eu une violence inouïe.
Grands
dégâts à Lisieux. La couverture de la nouvelle halle des marchandises
à la gare a été enlevée. Un homme a été blessé. A Mézidon;
la chute d'une cheminée a blessé cinq personnes, dont
quelques unes grièvement. Une partie de la couverture de la gare de
Pont-l'Evêque a été enlevée.
A
Paris, le nombre des personnes atteintes par les ardoisés ou les tuyaux
de cheminées dépasse deux cents. Une victime est morte, plusieurs sont
dans un très grave état. (source
B. N.)
Novembre
1894 - Société
Caennaise des Tramways. -
Les
actionnaires sont convoqués en assemblée générale le samedi 17
novembre, 2 heures 1/2, au bureau de Caen, 90, boulevard St-Pierre. Il y
sera décidé que le titre de : « Société Caennaise » sera
remplacé par celui de « Société des Tramways du Calvados », et
comprendra toutes les lignes de notre département, faites ou bien à faire.
(source B. N.)
Décembre
1894 - Les malheurs d’Arthur.
-
Cet Arthur
Benard est âgé de 39 ans, il est journalier et habite la rue de
Vaucelles. Un jour, M. Buffart lui remit 3 fr. pour payer le tannage
d'une peau de chien. Mais Arthur les but au lieu de les donner au
corroyeur et, comme il a été déjà condamné, le tribunal le condamne
à un mois de prison.
Mais
ce n'est pas tout : Arthur Benard vit séparé de sa femme. Jusque-là,
il l'avait laissée libre. Mais voilà qu'un matin il se ravisa, fut
trouver le commissaire et la fit pincer en adultère avec un nommé
Albert Isabel, 45 ans, maçon à Caen. Le tribunal, ne pouvant pas les
acquitter, les a condamnés chacun à une modeste amende de 30 francs. (source
B. N.)
Décembre
1894 - Le froid.
-
Il fait un froid glacial
depuis quelques jours. Le temps est à la neige. A Paris, il en est
tombé et le froid a déjà fait des victimes. (source
B. N.)
Décembre
1894 - Exposition
Universelle. -
Le jury a décerné une médaille d'or et une
médaille d'argent à M. Albert Peschard, docteur en droit à Caen,
auteur des premières orgues électriques, pour travaux scientifiques. (source
B. N.)
Décembre
1894 - Chevaux et
mulets. -
Les
propriétaires de
chevaux, juments, mulsts et mules devront se présenter a ta mairie de
leur commune avant le 1" janvier pour faire la déclaration des
animaux qui sont en leur possession, sans aucune distinction, et en
indiquer l'âge et le signalement. Il leur sera donné récépissé de
cette déclaration. La loi punit d'une amende de 25 fr. à 1,000 fr. le
défaut de déclaration. (source
B. N.)
Décembre
1894 - Tempête.
- Les
ouragans qui se sont
déchaînés ces jours derniers sur l'ouest de l'Europe ont causé de
nombreux accidents. La mer était démontée sur nos côtes. Un certain
nombre de canots de pêcheurs ont éprouvé des avaries. Le canot
« Blanche-Marie », d'Yport, a sombré en face du port de
Fécamp. Le patron, père de sept enfants, a péri avec, ses trois
matelots.
—
La « Virginie-Hélise », de Lannion, allant au Havre, a fait
naufragé en vue d'Auderville (Manche). Le bateau de sauvetage de Goury
a pu, en bravant les plus grands périls, sauver le capitaine et trois
hommes. Le cadavre d'un quatrième est resté accroché dans les haubans
et n'a pu être enlevé.
—
La tempête a été, formidable sur les côtes d'Angleterre et de
Hollande. Une goélette de Glascow a sombré avec seize hommes. Un train
de marchandises a déraillé à Chelford,
par suite de la violence du vent, et a été jeté en avant de
l'express. Il y a eu douze morts et trente blessés.
—
A Glervan, le vent a jeté dans un fossé une voiture de saltimbanque.
Le feu y a pris et quatre personnes, qui y étaient couchées, ont été
carbonisées. Beaucoup de personnes ont
été tuées par la chute de cheminées, Sur les côtes de Hollande, une
cinquantaine de barques ont coulé avec équipages. (source
B. N.)
Janvier
1895 - Que de
boue ! -
Jamais,
les rues et nos boulevards n'ont été boueux à ce point. Personne ne
s'en occupe donc... — Il
y a, pourtant des ouvriers sans travail. Qu'on en embauche et qu'on
nettoie nos rues. Ca sera à la fois faire acte de charité et de
salubrité. (source B. N.)
Janvier
1895 - On demande.
- 1°
un peu plus d'éclairage à l'arrivée des tramways sur le quai de Caen,
toujours encombré par des voitures et des tas de charbon ou autres.
—
2° l'installation d'une station de quelques voitures de place sur la
place des Casernes (Alexandre-III, aujourd'hui). Entre la place
St-Pierre et la gare, il n'y à pas une seule station. (source
B. N.)
Janvier
1895 - Tempête.
-
Les
tempêtes ont continué
cette semaine, principalement samedi et dimanche. Le service maritime a
été en grande partie suspendu sur nos côtes. Dimanche, le bateau de
Caen au Havre a voulu sortir du port de Ouistreham, mais il s'est vu
forcé de rentrer dans le port. Depuis longtemps on n'avait pas vu une
mer aussi
démontée. Le transatlantique La « Champagne », qui devait
partir pour New-York, est resté au port du Havre. La barque
« Jeune-Henri », de Dielette, s'est perdue sur les rochers
de Grune, près de Cherbourg. Les quatre hommes qui la montaient n'ont
pas été retrouvés. Ils laissent dix orphelins. Plusieurs pêcheurs de
harengs, surpris par la tempête, ont été obligés d'abandonner leurs
filets évalués à plusieurs milliers de francs pour se réfugier à
l'abri. Un navire s'est perdu près de Brest sur la côte de l'île de
Batz. La tempête a amené une collision entre deux vapeurs dans le port
de St-Sébastien (Espagne) Deux matelots ont été tués.
Le
voilier français « Marte – Louise » a été abordé près
de Gibraltar par un vapeur anglais et a perdu cinq matelots.
— Aux Etats-Unis, la mer a envahi le Village de Gaira, dont les
maisons se sont effondrées. Cinquante personnes ont péri dans les
flots
—
La barque « Ossta » à fait naufrage près de Holyhead
(Angleterre). On a établi une communication avec la côte, mais, avant
qu'on eût pu recueillir un seul des vingt-quatre naufragés, une
lame énorme les enleva.
(source
B. N.)
Janvier
1895 - Tempête et
neige. -
Nous
sommes, quant à présent
du moins, favorisés. Il n'en est pas de même dans le Midi et le Centre
de la France. A Foix, dans la vallée de Luchon, des avalanches de neige
ont occasionné de nombreux accidents suivis de quinze morts. A la neige
a succédé une forte gelée. Toute la région est dans la
consternation. Sur plusieurs points, en Algérie, les communications
sont interrompues. Du côté de Toulouse, plusieurs personnes sont
également mortes de froid. En Espagne, des trains ont été arrêtés
et la circulation a été interrompue.
—
Des épaves assez nombreuses viennent s'échouer depuis quelques jours
sur le littoral du Calvados. On signale un fût de vin rouge de 600
litres, marqué « V. 750, A. M. », des fûts vides de 600
litres environ portant l'inscription « Droulers Prouvost, à Roubaix
(Nord) », avec numéros : une planche de cordage avec
l'inscription « Colombine Paimpol ». Trois cadavres de bœufs
sont venus à la côte sur les plages
du syndicat de Dives. (source B.
N.)
Janvier
1895 - L’électricité
à Caen. -
On
annonce comme prochain,
l'éclairage par l'électricité de notre théâtre. (source
B. N.)
Février
1895 - Tuée par le
froid. -
Samedi soir,
la veuve Roullier, 79 ans, propriétaire, rue d'Auge, 138, à Caen,
était sortie pour fermer la porte de sa cour donnant sur la rue,
lorsqu'elle a été saisie par le froid et est tombée, et, dimanche
matin, des voisins l'ont trouvée étendue morte sous la neige.
(source B. N.)
Février
1895 - Outrages aux
magistrats. -
Félix
Petit, 34 ans, était appelant devant la cour de Caen d'un jugement du
tribunal de Domfront, qui le condamnait à deux mois de prison pour
vagabondage. Cet individu s'est écrié, après avoir entendu le
conseiller rapporteur : « Je demande une botte de foin pour cette vache
qui vient de vêler ».
La
cour l'a acquitté pour le délit de vagabondage, mais, en revanche,
elle l'a condamné à cinq ans de prison pour outrages. (source
B. N.)
Janvier
1895 - Tempête,
neige et froid. -
Nous
avons eu cette semaine de
grands froids et des tempêtes de neige. Dans la nuit de dimanche à
lundi, le thermomètre est descendu à Alençon à 16 degrés au-dessous
de zéro. Sur un grand nombre de points du département, la circulation
a été interrompue par suite de la neige.
Lundi,
le train, des tramways du Calvados a été bloqué entre Lion et le
Haut-Lion. La mer était mauvaise sur nos côtes. Il y a plusieurs
sinistres en Manche. Cette situation à été générale. La circulation
des trains a été interrompue dans l'Est au delà de Nancy. Le vent a
causé de grands ravages dans le département du Nord. Deux fabriques
ont été détruites près de Roubaix. Il y a des inondations en
Angleterre. (source B.
N.)
Février
1895 - En route pour
Madagascar. -
Le
détachement du 5e
régiment d'infanterie, désigné par le sort pour prendre part à
l'expédition de Madagascar, est parti de Caen par le train de midi 2
minutes, à destination de Paris. Il a été conduit à la gare par la
musique, les clairons et tambours. La foule a crié : « Vive la
France ! Vive Je 5e ». (source
B. N.)
Février
1895 - Neige et
froid. -
L'hiver que nous traversons
menace d'être un des plus longs que nous ayons eu depuis longtemps. Il
est de nouveau tombé de la neige dimanche la nuit, et le froid
continue. Les routes et les chemins sont impraticables. On s'étonne de
l'inaction des administrations que cela concerne. Les bras inoccupés
sont nombreux dans nos campagnes et en leur faisant appel on pourrait
rétablir la circulation sur beaucoup de points, au besoin, on pourrait
avoir recours aux prestataires. Si cet affreux temps continue, les
navires ne pourront plus arriver à Caen. L'Orne est prise et le
paquebot La « Dives » est resté huit jours retenu par les
glaces près de Longueval. Il n'a été dégagé que mercredi matin.
Quant au canal, les glaçons l'encombrent. Cette
situation est d'ailleurs
générale. La Seine est prise à Paris et à Rouen.
(source B. N.)
Février
1895 - Bateaux à
vapeur. -
Le service de bateaux
à vapeur entre le Havre et Caen, momentanément interrompu par les
glaces, est rétabli à partir de ce jour et les départs
auront lieu irréductiblement, aux heures indiquées à l'horaire.
(source B. N.)
Mars
1895 - De mal en pis.
-
Quand le tramway de Caen a Dives était exploité par la
société Decauville, on se plaignait déjà. Lorsque cette ligne a
passé, pour quelques mois, entre les mains de la société dite
Caennaise, ça allait plus mal encore.
Aujourd'hui
que des étrangers sont à la tête de cette lignette, c'est pis encore
: pas de régularité dans le service, pas d'abri sur la ligne pour
attendre les trains toujours en retard, de plus, service mal fait. Cela
se comprend, car les nouveaux propriétaires ont diminué le personnel,
pris des employés étrangers et réduit les salaires pour rattraper les
billets de mille que personne ne les obligeait à donner aux quelques
anciens actionnaires de la société dite Caennaise. Les nouveaux
exploitants, qui nous viennent du Nord, se moquent donc carrément du
public. Des réclamations vont être adressées au conseil général.
(source B. N.)
Mars
1895 - Le bétail
américain. -
Une délégation
des députés et sénateurs des départements du Calvados, de l’Eure,
de l'Orne et de la Seine-Inférieure sont allés, jeudi matin, voir le
ministre de l'agriculture, pour l'entretenir de la question des blés
américains et ont insisté très vivement pour que l'entrée du bétail
d'Amérique soit prohibée en France. Ils ont aussi appelé son
attention sur la question des bouilleurs de cru et sur la répression de
la fraude sur les beurres. A la suite de cette démarche on a interdit
l'entrée du bétail américain.
(source B. N.)
Mars
1895 - Est-ce
fini ? -
Nous pouvons espérer
en avoir fini enfin avec le froid, le dégel a lieu lentement, ce qui
évite les crues, mais n'améliore pas vite l’abominable état des
rues de Caen. Il est vrai que notre ville n'est pas seule en cette
situation.
On
pourrait en dire autant de Bayeux. Dans la Seine, et sur la Loire on
redoute la débâcle des glaces. A Rouen,on a fait sauter, avec de la
mélinite, les glaces qui arrêtaient la navigation. (source
B. N.)
Mars
1895 - La mortalité.
-
Les décès ont beaucoup
augmenté à Caen, pendant la période de froid que nous venons de
traverser. Dans ces quatre dernières semaines, il y a eu 153 décès.
Il n'y en avait eu que 129 dans les semaines correspondantes de 1894.
(source
B. N.)
Mars
1895 - Le carnaval à
Caen. -
Le carnaval
à Caen a été dés plus moroses, peu de masques dans les rues, et pas
beaucoup de monde au bal du théâtre. En revanche le bal des patineurs
qui a eu lieu lundi a présenté assez d'animation. Mais en somme les
jours gras ont manqué de gaieté. (source
B. N.)
Mars
1895 - La couronne
des conscrits. -
Samedi prochain,
à 8 heures 1/2 du soir, salle de la justice de paix, à Caen, réunion
des conscrits de la classe 1994, à l'effet de souscrire
pour l'achat de la couronne destinée au monument des Mobiles.
(source B. N.)
Avril
1895 - A quoi
tiennent les choses. -
L'histoire est
ancienne déjà, mais
elle vaut être racontée afin de montrer à quoi tiennent les choses.
Dans une commune de l'arrondissement de Caen, il s'agissait de laïciser
l'école. La question fut soumise au conseil municipal, « Qui qu'
chest qu'cha que la laïcisation ?.... » demande un conseiller
conservateur à son voisin conseiller radical. « Chest pour
conserver les Sœurs », répond ce dernier, et le bonhomme de
voter pour la laïcisation, croyant voter pour le maintien des
religieuses. Le plus curieux, c'est que, sans cette voix égarée et
d'égaré, les Sœurs de cette commune restaient. (source
B. N.)
Avril
1895 - Médecine
gratuite. -
Les préfets sont
en train de mettre à exécution une loi votée depuis longtemps déjà
par les Chambres : L'assistance médicale dans les campagnes.
Ça
ne va pas tout seul, car les conditions sont dérisoires pour les
médecins : 1 fr. par visite jusqu'à quatre kilomètres ; 50 centimes
par kilomètre en plus. Passe encore pour les médecins
qui ont cheval et voiture, mais, pour les autres, quatre kilomètres
aller et retour à pied, ajoutés au temps de visite et du repos,
donnent bien trois heures, quelque chose comme sept sous de l'heure.
C'est-à-dire que le dernier des maçons gagnera davantage que ne
recevra un médecin.
Comment
veut-on que ce service soit bien fait ? C'est impossible. Il sera fait
comme celui du dispensaire, à Caen, où il faut la croix et la
bannière pour avoir la visite des médecins titulaires.
(source B. N.)
Avril
1895 - Une
cinquantaine. -
Le lundi de Pâques,
on célébrera, en l'église Notre-Dame de Caen, les noces d'or du curé
de la paroisse, un homme de bien, un prêtre selon l'Evangile comme il y
en a encore, quoi qu'on en dise. M. l'abbé Frémanger est âgé de 76
ans. Il a été ordonné prêtre en 1845, il était professeur à
l'Institution Ste-Marie, quand
il fut nommé, en 1860, curé de St-Laurent, de Bayeux. En 1862, M.
Frémanger fut nommé chanoine de Bayeux, en 1863, il fut transféré à
la cure de St-Exupère, qu'il administra jusqu'en 1874, puis fut nommé
à Notre-Dame, de Caen. (source
B. N.)
Avril
1895 - Les lettres
aux soldats. -
Les lettres
adressées aux militaires en service aux colonies ne sont soumises qu'à
la taxe de 15 centimes au lieu de 25, taxe des lettres adressées
aux civils. (source
B. N.)
Avril
1895 - Rivalités d’écoles.
-
La médecine et les sciences sont en délicatesse à Caen
au sujet du sérum diphtérique. L'école de médecine possède un
laboratoire spécial pour l'étude des microbes et des maladies microbiennes,
sous la direction du docteur Fayel. L'école de médecine est dans son
rôle.
Mais
voici que, il parait du moins et on dirige le courant et la clientèle
vers ce point, la faculté des sciences veut le gros lot, on lui
installerait un laboratoire et tout convergerait vers cette heureuse
faculté. Encore des frais. (source
B. N.)
Avril
1895 - Réclamations.
-
Il existe rue Branville, 40, à Caen, une borne-fontaine dont
l'utilité est incontestable et qui n'a pas fonctionné huit jours
depuis le mois de septembre. Les habitants du quartier réclament, avec
raison, n'est-ce pas ? (source
B. N.)
Avril
1895 - blessée en
sortant de vêpres. -
Dimanche, dans l'après-midi, la demoiselle Amanda Crevel, 60
ans, rentière, rue du Milieu, à Caen, en sortant de l'église de
Vaucelles, où elle venait d'assister à l'office, a été grièvement
blessée à la tête par une pierre qui s'est détachée de la corniche
qui entoure l'édifice. (source
B. N.)
Juin
1895 - Accidents de
voitures. -
Dimanche,
26 mai, M. Pelletier, marchand de blanc à Caen, passait en voiture sur
la route d'Allemagne. Arrivé en face de la maison de M. Lefèvre, son
cheval, pris de peur, fit un écart subit et entraîna la voiture sur le
côté de la route où se trouvait un enfant de trois ans, le jeune
Amédée Triboulet, qui a été atteint très gravement par une des
roues. (source B. N.)
Juin
1895 - Réclamations.
- Partout,
sur les boulevards, aux environs des places, même dans les rues,
les magasins sont gris de poussière. Pourquoi ne pas se servir des prises
d'eau ? Avec quelques bouts de tuyau à roulettes, comme cela se fait à
Paris, on aurait en partie raison de cette poussière aussi
désagréable que préjudiciable. (source
B. N.)
Juin
1895 - Tramway de
Ouistreham. -
Sous peu,
la gare sera installée entre la poissonnerie et le marché couvert.
(source B. N.)
Juillet
1895 - Un
incident.
- Dimanche,
le 14 Juillet a été célébré à Caen, comme les années
précédentes, sans grand enthousiasme. A la revue, la Fraternelle et le
Réveil avaient pris leur place habituelle sur le Grand-Cours, lorsque
le colonel leur a intimé l'ordre de se retirer comme « n'étant pas de
la revue ». Les deux sociétés allaient s'en aller, lorsqu'un
officier a appelé deux gendarmes pour faire exécuter l'ordre du
colonel. Le maire de Caen, témoin de ce fait, avait pris son pardessus
pour se retirer, mais le préfet est intervenu et a fait rasseoir M.
Lebret. Quant au président de la Fraternelle, il est resté gravement
assis parmi les membres du conseil municipal. Il y a assurément un
malentendu, car si l'autorité militaire est en délicatesse avec la
municipalité, la Fraternelle et le Réveil n'en sont pas cause. La
veille au soir, la musique militaire a fait sa retraite accoutumée,
mais sans torches et sans lanternes, la municipalité n'en ayant pas
fourni. (source B. N.)
Juillet
1895 - Une
panique.
- Le
feu s'est déclaré en mer, dans la cale de la
« Normandie », qui fait le service du Havre à New-York. Il
a duré toute la nuit. Les passagers ont montré le plus grand calme. (source
B. N.)
Juillet
1895 - Armée.
- Sont
nommés chevaliers de la Légion d'honneur : MM. Gaultier, capitaine au
5e de ligne ; Ferrier, capitaine acheteur à Caen ;
Guillemard, capitaine de gendarmerie à Bayeux.
—
La médaille militaire est conférée à MM. Yvelin, adjudant au 5e
de ligne ; Renaud, maréchal des logis de gendarmerie à Dives ; Soury,
brigadier à Vire ; Falue et Keller, gendarmes à Vire. (source
B. N.)
Juillet
1895 - Faudra
aller nu-pieds.
- La
chaussure est menacée
d'une hausse importante par suite de l'élévation du prix des cuirs due
à la disette des fourrages en 1893, forçant l'éleveur à vendre ses
bestiaux, et à la fertilité de 1894 engageant l'éleveur à garder ses
élèves.
D'autre
part, en 1893-94, l'Amérique, par suite d'une crise monétaire, avait
réduit sa fabrication qu'elle reprend avec ardeur, enfin, pendant la
guerre de Chine, on a absorbé d'énormes
quantités de chaussures et il va en falloir davantage encore à la
Chine et au Japon pour rechausser leurs armées.
C'est
en raison de ces causes diverses que les fabricants de chaussures de
Paris et de province ont résolu d'élever leurs prix de 20 à 30 pour
cent. (source B. N.)
Août
1895 - Le téléphone
entre Caen et Paris.
- Les
études pour l'installation d'un circuit téléphonique entre Caen,
Lisieux et Paris sont terminées. Il ne reste plus qu'à… l'installer.
(source B. N.)
Août
1895 - Tramways.
- La
société des Omnibus Tramways
de Caen va établir une nouvelle ligne entre la gare de l'Ouest et la
gare de la Mer. (source B. N.)
Août
1895 - Les fantaisies
du tramway de Caen la Mer.
- Dimanche
soir, le tramway de Caen
à la Mer a encore fait des siennes. Les voyageurs d'un train revenant
sur Caen ont dû descendre
à peu de distance de
Sallenelles et gravir à pied jusqu'à Amfréville, comme au vieux temps
des diligences, la rampe que le train ne pouvait monter. Réinstallés
à Amfréville, ils ont eu une nouvelle aventure à la
Tour-des-Gendarmes, où ils ont vu arriver sur eux, suivant la même
voie, un train allant à Ouistreham. Les deux trains se sont arrêtés
à quelques-mètres l'un de l'autre. Dans les deux, la panique des
voyageurs a été incroyable. Beaucoup sont descendus et n'ont pas voulu
remonter dans ce tramway où un homme prudent n'osera bientôt
plus se risquer sans avoir fait son testament.
—
Lundi soir, nouveau déraillement entre Riva-Bella et Lion. Les
voyageurs, peu satisfaits, sont rentrés chez eux à pied, avec un
retard considérable. (source
B. N.)
Septembre
1895 - Denrées
mauvaises.
- Procès-verbal
a été relevé à la charge du sieur Raymond Anne, 28 ans, boucher, rue
St-Jean, 228, à Caen, pour mise en vente de viande corrompue à l'étal
qu'il exploite au Marché-Couvert.
—
Trente-cinq kilos de poissons, reconnus impropres à la consommation,
ont été saisis et jetés.
(source B. N.)
Octobre
1895 - Distinction
honorifique.
- Le
ministre de l'intérieur
vient de décerner à M. Huet, chef de gare principal à Caen, une
mention honorable pour s'être signalé dans plusieurs incendies. Cette
distinction, si honorifique qu'elle soit, n'est certes pas à la hauteur
des services rendus par M. Huet dans les grands incendies qui ont
éclaté à Caen. (source B. N.)
Octobre
1895 - 1 000
réserviste à Caen.
- Ils sont
arrivés lundi. 900 sont logés dans les casernes Hamelin et Lefèvre et
les 700 autres, rue Singer, dans l'usine Lanièce, et rue
Frementel, dans des magasins appartenant à Mme Dufresne.
Ces hommes resteront à Caen jusqu'au 27 octobre. Ils ne
s'absenteront que trois jours pour faire les manœuvres.
Octobre
1895 - Vélodrome
Montalivet.
- Dimanche,
grandes courses. Amateurs nationale, course de 50 kilomètres
internationale. Tandems internationale, 500 fr. de prix. A partir de 1
heure, un omnibus partira de Saint-Pierre.
Octobre
1895 - Vélo sport
caennais.
- Course
de 100 kilom. Premier, M.
Lebecq, en 3 h. 58 ; second, M. Alphonse Tabon, en 4 h. 15. Viennent
ensuite MM. Tribouillard, Ferdinand
Potin, Henri Mouillard, Jules Potin et
Jouvin.
Octobre
1895 - Les horsains
toujours favorisés.
- Dans
notre numéro du 3 mai, nous demandions que les tramways-omnibus de Caen
ne transportassent que le nombre de voyageurs qu'ils peuvent contenir.
L'administration
fit la sourde oreille. Elle vient enfin de prendre un arrêté dans ce
sens. C'est très bien. Mais pourquoi n'avoir pas pris cette décision
alors que les tramways-omnibus étaient exploités par des étrangers,
et avoir attendu qu'ils soient entre les mains de cinq de nos
concitoyens ? (source B. N.)
Septembre
1895 - Grand incendie
à Caen.
- Dans
la nuit de mardi à
mercredi, un peu après minuit, le feu s'est déclaré quai de Juillet,
à Caen, dans les écuries de l'hôtel des Cultivateurs. Le feu a gagné
rapidement l'hôtel lui-même et les maisons voisines, occupées par MM.
Raoul, débitant ; Travers, débitant et marchand de cidres ; Bâton,
marchand de charbon, et Durand, marchand d'engrais, les détruisant en
partie, ainsi que le mobilier et les marchandises qui s'y
trouvaient.
Les
pertes, qui sont couvertes par des assurances à diverses Compagnies,
n'ont pu encore être évaluées, mais dépasseront 60 000 fr. Les
secours ont été apporté par la pompe
de la gare et les pompiers de Caen.
On
a craint un instant pour l'hôtel du Calvados, dont les bâtiments
donnent derrière l'hôtel incendié. Mais on a pu heureusement le
préserver de même que la réserve énorme de charbon appartenant à M.
Bâton, située à l'encoignure du quai de Juillet et de la rue
Neuve-du-Port.
On
attribue ce sinistre à l'imprudence du garçon d'écurie qui, pour
faire sa ronde habituelle, aura jeté l'allumette, dont il se servait
pour allumer sa lanterne, près de la paille de l'écurie. Cette
imprudence eût pu coûter cher à son auteur qui, parait-il, a failli
être asphyxié. Pendant le sauvetage des immeubles, on a arrêté un
individu qui se sauvait avec une bouteille de chartreuse.
(source B. N.)
Septembre
1895 - Manœuvres de
brigade.
- Ces manœuvres
offriront un intérêt tout nouveau et tout particulier à cause des
opérations d'embarquement et de débarquement auxquelles elles
donneront lieu pour le passage d'une rive sur l'autre de la Seine.
L'état-major
de la 12e brigade et le 5e régiment de ligne qui
y prendront part forment un effectif de 65 officiers et 1 700 hommes.
Ils ont quitté Caen dimanche dernier. Mardi, ils se sont
embarqués à Honfleur pour le Havre. Le 18, ils reprendront le bateau
pour Honfleur. Le 19, ils seront à Pont-1'Evêque ; le 20, à Dozulé,
pour rentrer à Caen le 21, vers midi. (source B. N.)
Septembre
1895 - Plante rare.
- On
peut voir en ce moment, au Jardin des Plantes de Caen, un « agave
americana » en pleine fleur. Cette plante ne fleurit que très rarement
dans nos pays. Elle est très appréciée à cause de la liqueur
alcoolique que fournit sa sève fermentée et qui constitue la boisson
favorite des Mexicains. (source B. N.)
Septembre
1895 - La police
est-elle essoufflé ?
- La
police de Caen serait bien inspirée en faisant un tour dans la rue des
Cordes-Saint-Gilles où elle n'a pas paru depuis dix
ans. Les gamins du quartier s'y donnent rendez-vous, pour s'amuser à
lancer des pierres dans les marronniers et à briser, par la même
occasion, les vitres des maisons.
Quand
les habitants les menacent de la police, ils répondent par des pieds de
nez en criant : « La police ! Ça l’essoufflerait trop de monter
jusqu'à Saint-Gilles ». (source B. N.)
Septembre
1895 - Pauvre femme.
- La dame
Min, rue du Vaugueux, à Caen, dont le mari fait ses vingt-huit jours,
avait été accouchés, vendredi, par une sage-femme. Une péritonite
s'étant déclarée, les voisins allèrent chercher successivement trois
médecins, aucun n'est venu. Ce n'est que le surlendemain qu'il s'en est
dérangé un. (source B. N.)
Octobre
1895 - La ville de
Caen n’en peut plus. -
Ce titre est au figuré, car il s'agit d'une machine
à laquelle la compagnie France-X des tramways de Caen à la mer a
donné ce nom. Cette pauvre Ville-de-Caen est dans un tel état de
délabrement qu'elle n'a pas pu se mettre en marche mercredi matin, à
huit heures, malgré les opérations pratiquées par les
chauffeurs-mécaniciens de ladite compagnie. Et dire que messieurs les
administrateurs n'ont pas eu la charité d'offrir à déjeuner aux
malheureux voyageurs qui en ont été réduits à croquer le marmot
pendant trois heures. (source B. N.)
Octobre
1895 - Mort
accidentelle et non crime. -
Dimanche
soir, Louis Heurtin, 37 ans, ouvrier maréchal chez le sieur Frété,
rue de Vaucelles, à Caen, sortait vers onze heures, un peu pris de
boisson, d'un café du quartier, lorsqu'il fut renversé par une voiture
et atteint à la poitrine par un des brancards qui le fit tomber à
terre grièvement blessé. Heurtin ne fut aperçu que vers deux heures
du matin, par un réserviste, qui, aidé d'un passant, le releva et le
conduisit à son domicile. Le lendemain, il ne put se lever et, sous le
coup de la fièvre, il dit qu'il avait été attaqué par plusieurs
individus qui l'avaient frappé et laissé à demi assommé. Le soir, il
avait cessé de vivre. La mort de Heurtin est certainement due au coup
de brancard qu'il a reçu.
Si
un médecin avait été appelé plus tôt, peut-être aurait-on pu le
sauver. Le conducteur de la voiture, qui a continué sa route après cet
accident, est recherché.
(source B. N.)
Octobre
1895 - Marine. - Témoignage
officiel de satisfaction au sieur Louis Mouillard, ouvrier des ports, à
Caen, qui, le 29 août 1895, a opéré le sauvetage d'un enfant de sept
ans, dans le canal de Caen. (source B. N.)
Novembre
1895 - Départ des
conscrits. -
Le 12
novembre, départ des jeunes gens de la classe 1894 appelés pour un an,
le 14, des conscrits appelés pour deux ou trois ans et appartenant à
des subdivisions impaires, le 16, des jeunes gens des subdivisions
paires. (source B. N.)
Novembre
1895 - Entre amis.
- Jeudi
soir, !a fille Louise Malherbe, 19 ans, se trouvait avec plusieurs
individus rue Saint-Manvieux, à Caen, et faisaient passer par-dessus
les murs de la prison du tabac et des allumettes aux détenus. La fille
Malherbe a été arrêtée, ses compagnons ont pu prendre la fuite.
(source
B. N.)
Novembre
1895 - Découverte d’un
cadavre. -
Vendredi, le cadavre du nommé Edmond Buhours, 62 ans,
jardinier à Caen, rue du Gaillon, disparu de son domicile depuis le 1er
novembre, a été repêché dans le canal de Caen à la mer. Buhours
ayant le crâne fendu sur une longueur de 10 centimètres, on a cru
d'abord à un crime. Il n'en est rien. L'autopsie a démontré que la
blessure du crâne avait été occasionnée par l'hélice d'un steamer.
(source B. N.)
Décembre
1895 - Les alouettes.
-
Par décision ministérielle,
les préfets sont invités à introduire dans leur arrêté une
disposition autorisant, sans aucune restriction, la capture des
alouettes dont l'utilité, quoique l'on en dise, n'est pas suffisamment
prouvée. (source B. N.)
Décembre
1895 - Les mans. - En bêchant
dans le square de la place de la République à Caen, les jardiniers ont
trouvé dans l'espace d’un mètre carré plus de cinq cents vers
blancs. (source B. N.)
Décembre
1895 - Les années
bissextiles. -
Tout le
monde sait que l'année prochaine sera bissextile, son millésime étant
divisible par quatre. Mais ce que l'on sait peut-être moins
généralement, c'est que ce sera la dernière bissextile du siècle,
l'année séculaire, celle qui clôturera le dix-neuvième siècle,
l'année 1900, ne le sera pas, et nous devrons attendre
huit ans pour revoir un mois de février ayant 29 jours. (source
B. N.)
Décembre
1895 - Infanticide.
-
Vendredi, la rumeur publique accusait la fille Enguerrand,
23 ans, femme de chambre à Bayeux, d'être accouchée clandestinement.
On ouvrit de suite une enquête.
L'inculpée
déclara avoir mis au monde un enfant de sexe masculin, dans la nuit du
18 au 19 décembre, et avoua que dans la matinée du 19, elle l'avait
précipité dans un calorifère pour faire disparaître toute trace de
crime. La fille Enguerrand fut arrêtée.
Vendredi,
vers 2 heures du soir, la garde-barrière du passage à niveau de Venoix
trouvait le cadavre d'un enfant nouveau-né du sexe féminin enveloppé
dans un linge, qui avait été jeté sur le sentier longeant la ligne de
Caen à Cherbourg, près du pont qui passe sur le Grand-Odon. Cet enfant
avait été étranglé à l'aide d'un petit ruban rose qui lui était
resté au cou.
L'enquête
démontra que la première déclaration de la fille Enguerrand était
fausse, qu'elle avait été vue à Caen dans la journée de vendredi et
qu'elle avait pris à la gare de Caen, le train pour Bayeux à 1 h. 40
du soir. Pressée de questions, elle déclara qu'en se rendant à Bayeux
elle avait lancé son enfant par la portière du wagon, à l'endroit où
on l'avait trouvé. (source B. N.)
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