12 Juillet 2020

EUN SYIELLE D'HISTOUÈRE D'CALVADOS   

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CAEN

Canton de Caen

Les habitants de la commune de Caen sont des Caennais, Caennaises.

Janvier 1898  -  Superstitions.  -  L'année 1897 ayant commencé un vendredi, les gens superstitieux ont attribué à cette date fatale toutes les calamités, qui se sont produites pendant ces douze derniers mois. 

— L'année qui commence, quoique débutant un samedi, ne recèle rien de bon non plus s'il faut s'en rapporter aux révélations de l'ange  Gabriel parlant par la bouche de la Couesdon. L'ange voit : « Un incendie s'élever, des enfants aisés y seront brûlés... L'autre ne sera rien a côté. » (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1898  -  Conspuez Zola.  -  Les manifestations qui se produisent partout contre Zola et le syndicat Dreyfus ont eu leur écho à Caen. Lundi soir vers neuf heures, une quarantaine de jeunes gens ont parcouru quelques rues en criant : « Conspuez Zola!  A bas les juifs ». 

Sous les fenêtres du Cercle militaire ils ont acclamé l’armée. Ils ont crié assez bruyamment et fait du tapage devant les magasins d'habillements de quelques marchands juifs rues St-Pierre et St-Jean. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1898  -  Les femmes témoins dans les Postes.  -  La nouvelle loi sur les femmes témoins, vient de recevoir une utile application dans les postes. Les femmes pourront être témoins dans les opérations de la caisse d'épargne postale, pour les remboursements ne dépassant pas 150 fr., ainsi que pour les mandats postaux. Toutefois, le mari et la femme ne pourront être témoins pour la même quittance. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Février 1898  -  Tentative d’assassinat.  -  Une tentative d'assassinat a été commise sur notre concitoyen, M. Allainguillaume, armateur et directeur de l'usine de meubles Bully.

M. Allainguillaume dirige aussi, à Paris, une fonderie de caractères d'imprimerie fondée par son beau-frère, décédé il y a quelques années. Ces jours-ci, Benoît Tilmont, 50 ans, tourneur en bois, avait été renvoyé de l'usine de meubles à la suite d'une contestation avec le contremaître. Il alla trouver M, Allainguillaume à Paris. Après une courte explication, Tilmont, n'ayant pas gain de cause, allait se retirer, lorsqu'il se retourna et tira quatre coups de revolver sur M. Allainguillaume qui, s'étant renversé en arrière, ne reçut qu'une balle dans le bras gauche. L'assassin a été immédiatement arrêté. Tilmont nie la préméditation. Il a affirmé avoir acheté le revolver dans l'intention de se suicider. Il ne s'était rendu, a-t-il ajouté, chez M. Allainguillaume que sur les instances de sa femme.

Tilmont a six enfants. L'un d'eux, aujourd'hui âgé de 10 ans, aurait eu, à Caen, en jouant dans l'usine de M. Allainguillaume, deux doigts coupés par un wagonnet. D'après la femme Tilmont, à la suite de cet accident, le patron de son mari avait promis de se charger de l'éducation de l'enfant et de lui assurer une situation plus tard. M. Allainguillaume nie  énergiquement non seulement avoir fait une telle promesse, mais même avoir eu connaissance de l'accident.

Tilmont avait loué depuis le 31 décembre, rue Hamon, la « Taverne alsacienne », sur les volets de laquelle on lisait : « Fermé pour cause d'installation de concert ». La blessure de M. Allainguillaume n'aura pas de suites graves. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1898  -  Coups de canif dans le contrat.  -  Le sieur Voilant, étudiant fort connu, lors de son séjour à Caen, à cause de sa longue chevelure, est actuellement soldat au 30e d'infanterie. Avant son départ pour le régiment, il flirtait avec la dame Mohr, bijoutière à Caen, séparée de corps de son mari. Ce mari, auquel ils ne songeaient ni l'un ni l'autre. Les fit pincer une belle nuit, et le tribunal correctionnel de Caen les a condamnés chacun à 300 fr. d'amende. Le sieur Mohr avait, comme partie civile, réclamé 1 fr. de dommages-intérêts. C'était modeste, aussi l'a-t-il obtenu. N'importe, Vollant doit regretter de ne pas s'être adressé à une divorcée. 

— Jean Solignon, journalier à Ducy-Ste-Marguerite, entretient au domicile conjugal une concubine, la fille Alphonsine Marie. La femme Solignon ayant porté plainte, le tribunal les a condamnés à 40 francs d'amende, tenant compte de ce fait, paraît-il, que la dame Solignon n'est pas sans reproches. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Janvier 1898  -  Conspuez Zola.  -  Les manifestations qui se produisent partout contre Zola et le syndicat Dreyfus ont eu leur écho à Caen. Lundi soir vers neuf heures, une quarantaine de jeunes gens ont parcouru quelques rues en criant : « Conspuez Zola!  A bas les juifs ».

Sous les fenêtres du Cercle militaire ils ont acclamé l’armée. Ils ont crié assez bruyamment et fait du tapage devant les magasins d'habillements de quelques marchands juifs rues St-Pierre et St-Jean. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1898  -  Après l’orage, le calme.  -  L'émotion causée par les manifestations qui se sont produites à la suite de la demande de révision du procès du capitaine Dreyfus, condamné pour trahison, commence à se calmer. Il n'est pas trop tôt, car si dans notre région il ne s'est pas produit d'incident grave, il n'en a pas été de même dans plusieurs contrées : à Lyon et à Alger, notamment, où des magasins ont été pillés, des incendies allumés et des hommes tués. A la Chambre, plusieurs députés se sont aussi battus comme des crocheteurs.

— C'est lundi que M. Zola passe en cour d'assises pour un article antipatriotique publié dans l'Aurore.

— Il y a nombre d'années, lorsque nous voyions M. Zola, assis sur le sable de St-Aubin-sur-Mer, préparer son premier roman à sensation l'Assommoir, nous étions loin de soupçonner le bruit qu'il ferait plus tard.

— Nous ne savons pas si, à propos de cette affaire, il se produira de nouvelles manifestations. Dans ce cas, nous conseillons à la jeunesse de nos écoles de n'y pas prendre part, même passivement, afin d'éviter que l'on puisse encore, malgré leurs protestations, accuser certains d'entre eux, fils d'officiers supérieurs et de magistrats, de faire cause commune avec les malheureux égarés qui conspuent l'armée. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1898  -  Ça recommence.  -  M. Bénard, habitant une maison boulevard Leroy, à Caen, a signalé à la gendarmerie que, depuis quelques jours, des pierres sont lancées sur sa maison on ne sait par qui. L'autre nuit une pierre a brisé la vitre d'une fenêtre. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1898  -  Manifestations.  -  Dimanche, à la suite d'une conférence contre les juifs, faite aux Folies-Caennaises par MM. Georges Thiébaud et Dubuc, une manifestation a eu lieu aux cris de « Vive l'armée ! A bas Zola. » Elle comprenait environ 300 personnes. Elle a été facilement dispersée par la police. Comme on avait prétendu que cette manifestation avait été organisée par les cléricaux, une affiche placardée dans Caen dément ce bruit et déclare qu'elle a été organisée par tous les patriotes. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1898  -  Adultère entre parents.  -  Depuis assez longtemps, les frères Lecordier, journaliers à Caen, tous deux mariés, étaient au plus mal. L'un des deux couples Lecordier avait même injurié et battu la femme de l'autre Lecordier. Mais l’insulteur, Gustave Lecordier, 35 ans, pris de remords, a, depuis, demandé pardon à sa belle-sœur, Clémentine Fontaine, femme Lecordier, 26 ans. Celle-ci lui a ouvert ses bras pour lui prouver qu'elle ne lui en voulait pas, au contraire. Notre gaillard s'y est même si bien trouvé qu'il y est resté assez de temps pour se faire dresser procès-verbal pour adultère. Les deux tourtereaux ont été condamnés chacun à 50 fr. d'amende. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1898  -  Un gros scandale.  -   Le pharmacien du dispensaire de Caen a tenté de se donner la mort à la suite de faits immoraux relevés contre lui. Secouru à temps, il a été sauvé, mais à peine rétabli il a pris la fuite. Voilà une excellente occasion de supprimer l'inutile pharmacie du dispensaire. Le titulaire qui vient de fuir était professeur à l'école de médecine. Il passait pour être un déséquilibré. On cite de lui de nombreux et étonnants traits d'excentricité. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1898  -  Noyées.  -  On a trouvé, noyée dans l'Odon, à Venoix, la veuve Boquet, 74 ans, dont les enfants habitent à Caen, rue de Bayeux. L'infortunée ne jouissait pas de toutes ses facultés mentales.

— La dame Beautier, 68 ans, lessivière à Lisieux, est tombée dans la rivière, en voulant rattraper du linge. On retira presque aussitôt la malheureuse, mais déjà elle était morte. Elle venait de manger et avait succombé à une congestion. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1898  -  Réserve territoriale.  -  Les hommes des classés de 1872, 1873, 1874, 1875, 1876, 1877, sauf ceux classés dans les services auxiliaires, sont prévenus qu'ils devront déposer leur livret individuel, soit à la mairie, soit à la gendarmerie de leur domicile ou de leur résidence, d'ici le 15 février. Ils doivent réclamer un récépissé lorsqu'ils remettent leur livret. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1898  -  Tentative de suicide.  -  La dame Pommier, coquetière, place Saint-Sauveur, à Caen, inconsolable de la mort de son fils, décédé dans la nuit, a tenté de s'asphyxiée au moyen d’un réchaud rempli de charbon. Un voisin ayant frappé à sa porte sans obtenir de réponse entra et trouva la malheureuse femme presque inanimée. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Mars 1898  -  Vieux jeu.  -   Les maires passent, mais les boues restent. Par ces temps maussades et pluvieux, nos rues et nos boulevards ressemblent à des marais. Les gens du balayage font ce qu'ils peuvent. Mais le temps du balai est passé : c'est vieux truc. Vive le balayage mécanique ! Au lieu d'entretenir des sociétés linnéenne et autres, dont l'existence n'a aucun intérêt public, la ville ferait mieux d'acheter des balayeuses mécaniques. Ce serait peut-être un moyen pour rattraper un peu de cette popularité que l'administration municipale de Caen a perdue avec certains arrêtés n'ayant d'autre raison d'être que d'embêter le public. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1898  -  Funeste imprudence. -  Lundi soir à Caen, un étudiant qui venait d'acheter un revolver le montrait à un de ses camarades, M. O…..... Ce dernier en prenant l'arme fit jouer la gâchette, un coup partit et la balle atteignit l'imprudent à l'arcade sourcilière gauche. La balle a été extraite mardi. On croit que l’œil n'a pas été atteint. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Mars 1898  -  Incendies. -  Mercredi matin, vers 2 heures, un incendie a éclaté au domicile de la dame veuve Mury, qui tient, à Caen, un café près de la gare du tramway Decauville. La maison est entièrement construite en planches. On suppose que le feu a pris naissance dans de vieux papiers et des débris de bois servant au chauffage. Sentant de la fumée dans sa chambre à coucher, la dame Mury chercha à fuir, mais la fumée était si épaissi dans l'escalier qu'elle dut avec l'aide d’un pensionnaire, descendre, avec ses deux enfants, par la fenêtre de la chambre, peu élevée au-dessus du sol, à leurs appels au secours, les voisins accoururent et éteignirent le feu. Si la dame Mury s'était réveillée, quelques instants plus tard, elle eût inévitablement péri, elle et ses enfants, dans les flammes. On estime la perte à 4 000 francs. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Mars 1898  -  La Reine d’Angleterre. -  La reine d'Angleterre, se rendant à Nice, passera en gare de Caen demain vendredi. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Mars 1898  -  Les chevaux américains. -  L'importation des chevaux américains augmente sans cessé. Le syndicat agricole du Calvados fait signer une pétition demandant que les chevaux étrangers soient frappés d'un droit de 200 fr. à leur entrée en France. Protéger l'élevage français c'est, effet, assurer le recrutement des chevaux de cavalerie. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1898  -  Les chevaux américains. -  Le pétitionnement contre l'importation des chevaux américains prend des proportions formidables dans notre région et dans toute la France. On comprend, en effet, partout, qu'il s'agit de sauver l'élevage français et d'assurer la défense nationale.

Dans Se Calvados, on espère avoir 40 000 signatures. La Chambre des députés s'étant prorogée à lundi prochain, les pétitions seront reçues au Syndicat agricole du Calvados, rue Auber, à Caen, jusqu'à dimanche prochain. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Avril 1898  -  Un enfant de 6 ans sauveteur.  -  Un enfant de 3 ans est tombé, dimanche, dans le lavoir de la rue Caponière, à Caen. Sans la présence d'esprit du jeune Bossé , 6 ans, qui s'est précipité vers lui et a pu le saisir par son tablier, le pauvre petit se serait noyé. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Avril 1898  -  Mission.  -  Dimanche, en l'église Saint-Pierre de Caen, a commencé une mission pour les hommes qui durera jusqu'au jour de Pâques, Les midi, mardi et mercredi saints, il y aura une retraite pour les dames, la mission est prêchée par l'abbé Garnier. Elle s'est passée avec calme jusqu'ici. 

On a beaucoup remarqué que l'abbé Garnier a considérablement grossi. La figure s'est empâtée et le ventre s'est arrondi. « Sic transit gloria mundi ». (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Avril 1898  -  Téléphone.  -  M, Dalpeuch, sous--secrétaire d'Etat des postes et des télégraphes, dans une lettre adressée à M. Lebret, député du Calvados, annonce que le circuit téléphonique Paris-Caen sera mis à la disposition du public très prochainement.  (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Avril 1898  -  Deux agents dans des brindezinques.  -  Une belle nuit, deux agents de la police de Caen chevauchaient difficilement rue St-Pierre. 

— « J'crois, disait l'un, que j'en avons une cuite ». « a Collègue, répond l'autre, vous avez raison, sans avoir la vôtre ». 

— Des personnes ayant aperçu les deux pochards coururent au poste voisin et requirent des agents pour mettre en lieu sûr ces deux agents en train de tacher leurs uniformes. On dit qu'ils ont été révoqués. Nous le croyons sans peine. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1898  -  Un attelage dans la rivière.  -  L'attelage du sieur Petchverty, entrepreneur à Caen, prenant un chargement de sable sur le quai de Juillet, a été crocheté par une autre voiture. Le choc a effrayé le cheval qui en reculant est tombé dans l'Orne. On a réussi à retirer l'attelage de l'eau après trois quarts d'heure de travail. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1898  -  Acte de dévouement.  -  La veille de Pâques, à 6 h. 50 du soir, le train allant de Paris à Cherbourg entrait en gare de Caen. Un des voyageurs de ce train, ayant commis l'imprudence de descendre avant l'arrêt complet, fut projeté sur la bordure du quai. Entraîné par le marchepied des wagons, il glissait sous le train et allait être broyé, quand M. Commin, commissaire de surveillance administrative à la gare, se précipita à son secours et put, après avoir été lui-même violemment heurté par une portière ouverte, arracher à la mort cet imprudent. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1898  -  Sucrerie et distillerie.  -  Malgré les bruits qui circulent au sujet du projet d'établissement de la Sucrerie caennaise dont M. Etienbled cherche a doter notre ville, il parait, que cette entreprise est en bonne voie et ses représentants vont se mettre en contact avec les agriculteurs pour recueillir les engagements culturaux nécessaires pour permettre de monter le plus tôt possible leur usine et de la faire fonctionner. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1898  -  La pêche aux huîtres.  -  Le ministre de la marine, d'accord avec le gouvernement anglais, a décidé que la pèche aux huîtres pourra être continuée dans la mer commune de France et d'Angleterre jusqu'au 15 juin. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1898  -  Pêche.  -  Nous rappelons que la pêche de l'écrevisse et de tous les poissons autres que le saumon, la truite, l'alose et l'anguille, est interdite jusqu'au 19 juin. L'anguille ne pourra pendant cette période être pêchée qu'avec l'aide de la bourrache et de la vermée. Les interdictions ci-dessus s'appliquent même à la pèche a la ligne flottante à la main. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Mai 1898  -  A propos de Saints.  -   Les saints de glace, la terreur des horticulteurs, figurant au calendrier les 11, 12 et 13 mars, ne paraissent vouloir faire parler d'eux. Fin de la lune rousse, le 20 mai. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Mai 1898  -  Les suites d’une imprudence.  -   Au mois de novembre 1887, un sieur Drasse, employé à la fabrique de boites à fromage de la Maladrerie, près Caen, appartenant à M. Pouettre, avait la main droite prise dans une raboteuse.

L'inspecteur du travail dressa alors un procès-verbal où il relevait contre le patron une contravention à une loi sur l'organisation des machines. Le parquet fit procéder à plusieurs enquêtes et de nombreux témoins furent entendus : tous déclarèrent que Drasse avait été blessé par sa faute. 

Malgré cela, M. Pouettre fut cité devant le tribunal de simple police. Par un jugement très longuement motivé, M. Lefort, juge suppléant, vient de renvoyer M. Pouettre des fins de la plainte et l'a acquitté sans dépens. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Mai 1898  -  Un drôle d’arrêté.  -  M. Chevalier, marchand de bicyclettes, rue Singer, à Caen, avait loué à un jeune, homme une bicyclette munie de sa plaque et de son grelot, mais sans lanterne, le bicycliste devant rentrer avant la nuit.

Celui-ci s'attarda. Il revenait, le soir, sur la route, poussant sa bicyclette, lorsque les gendarmes l'arrêtèrent et lui dressèrent, procès-verbal pour ne pas avoir de lanterne, ni de grelot qu'il avait mis à sa poche, ne croyant pas avoir à s'en servir puisqu'il marchait à pied. Mais le plus curieux, c'est que ce n'est pas le bicycliste qui a été poursuivi : c'est le loueur. Et le juge de paix a été obligé de le condamner à 1 fr. d'amende en vertu d'un arrêté préfectoral que nous ne serons pas les seuls à trouver un peu drôle, pour ne pas dire plus. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Mai 1898  -  Cadavre retrouvé.  -  Le cadavre du sieur Albert Fillet, 21 ans, demeurant à Caen, a été retiré de l'Orne, lundi dernier. Le malheureux, ainsi que nous l'avons annoncé dans notre dernier numéro, était accidentellement tombé dans l'Orne, derrière les tentes installées sur le Grand-Cours, dans la nuit du1i5 au 16 mai. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Mai 1898  -  A propos de Saints.  -   Les saints de glace, la terreur des horticulteurs, figurant au calendrier les 11, 12 et 13 mars, ne paraissent vouloir faire parler d'eux. Fin de la lune rousse, le 20 mai. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Juin 1898  -  Plainte portée à la légère.  -  Une dame de Caen, en passant devant le magasin d'un de nos bijoutiers, crut reconnaître, à l'étalage, deux timbales en argent qui lui avaient été volées. Elle porta plainte avant d'interroger le bijoutier. On saisit les deux timbales et on fit chez lui une perquisition minutieuse. Le bijoutier ayant pu établir, par factures, qu'il avait acheté les deux timbales, elles lui ont été rendues. Une autre fois, les personnes volées feront bien d'y regarder à deux fois avant de porter plainte contre d'honnêtes commerçants. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Juin 1898  -  Réservistes et territoriaux.    Les réservistes et territoriaux d'infanterie, convoqués pour accomplir une période d'instruction en 1898, sont invités à retirer dans la première quinzaine de juin leurs ordres d'appel qui sont déposés à la gendarmerie de leur résidence. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Juin 1898  -  Noyé.    On a retiré du canal de Caen à la mer le corps de Pierre Kerfeuto, 35 ans, terrassier. Avant de mettre à exécution son funeste projet, Kerfeuto avait écrit un mot adressé à son beau-frère, le sieur Mathurin Peronne, jardinier à Allemagne. (Source : Le Bonhomme Normand)   

 

Juin 1898  -  Fiacres électriques.     Dans deux mois, la compagnie des Voitures de Paris mettra en circulation des coupés, des voitures découvertes et des landaus automobiles électriques. Pour les petites voitures, la course sera de 2 fr. Chacune de ces petites voitures revient de 5 à 6 000 fr. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Juin 1898  -  Une centenaire.    Mme Lefébure, née à Caen, le 24 mai 1798, a célébré, la semaine dernière, son centième anniversaire. Mme Lefébure est veuve, depuis 1873, de M.  Bruno Lefebure, ancien chef de division à la préfecture de la Seine. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Juin 1898  -  Les processions.     Les processions de la Fête-Dieu ont eu lieu dimanche dernier à Caen, sans incident. 

A Carpiquet, une bougie a mis le feu à un reposoir qui a été complètement brûlé. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Juin 1898  -  Téléphone.     Le circuit téléphonique entre Caen et Trouville est ouvert au public depuis lundi dernier 13 juin. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Juin 1898  -  La taxe sur les vélocipèdes.     Nous avons déjà annoncé qu'à dater du 1er janvier 1899 la taxe vélocipédique sera ainsi fixée : 6 fr. pour les machines à une place ; 12 fr. pour les machines à deux places, et 5 fr. pour chaque place en plus. Mais, comme conséquence de la réduction de la taxe, toutes les machines des cyclistes devront être munies, à partir du 1er juillet prochain, de la plaque de contrôle. Les cyclistes doivent faire, avant cette date, la déclaration proscrite par la loi. Toute contravention à l'obligation de la plaque de contrôle sera punie de peines de simple police, sans préjudice du doublement de taxe qui serait encouru pour défaut ou inexactitude de déclaration. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Juin 1898  -  A compléter.     La municipalité de Caen a réuni les rues des Petites et des Vieilles-Carrières-Saint-Julien en une seule et même rue appelée rue des Carrières-Saint-Julien, mais elle a laissé subsister les anciens numéros des deux rues, ce qui fait un double capable de produire des erreurs d'adresse et de provoquer de regrettables quiproquos... en cas de rendez-vous. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Juin 1898  -  Chevaux emballés.     Le sieur Raymond Tirel, 25 ans, cocher chez le sieur Dumont, loueur de voitures à Lion-sur-Mer, attendait des voyageurs à la gare de l'Ouest, à Caen. Son cheval, qu'il avait débridé pour manger l'avoine, s'est emballé subitement dans la cour de la gare. En voulant arrêter l'animal, le sieur Tirel a été projeté violemment à terre et, dans sa chute, s'est fracturé une épaule.

— Le cheval du docteur Mengin, qui se rendait de Caen à Plumetot, a pris peur par suite de la rupture d'un trait et s'est abattu au bout de quelques centaines de métres. Le docteur Mengin fut précipité sous sa voiture, mais il ne s'est fait, heureusement, que de légères contusions.

— Un cheval attelé à une petite voiture à quatre roues passait sur le Cours Sadi-Carnot, à Caen. Pris de peur soudain, l'animal se retourna brusquement et l'attelage fut précipité de la hauteur du Cours dans la prairie. Les deux personnes se trouvant dans la voiture avaient eu le temps de sauter à terre. Le cheval n'a pas été blessé. La voiture a eu seulement un brancard cassé. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Juillet 1898  -  Sécurité publique.     Les travaux d'élévation du niveau d'eau du canal de Caen à la mer ont nécessité la construction de nombreuses citernes sur la rive gauche. Quelques-unes sont recouvertes de mauvaises planches, d'autres ne le sont pas du tout. Au nom de la sécurité nous demandons qu'elles soient solidement couvertes. Nous sommes même étonnés que des ordres en ce sens n'aient pas été donnés, car il y a quelques jours l'un de nos plus actifs conseillers municipaux faillit disparaître dans l'une de ces oubliettes. C'eût été dommage ! (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Juillet 1898  -  La rougeole.     Quelques cas de rougeole se sont produits dans la garnison de Caen,  mais, grâce aux bons soins dont les malades en traitement à l'hotel-Dieu sont entourés, de la part des médecins militaires, aucun décès n'est a signaler. Les malades sont en voie de guérison. A Paris, la rougeole sévit sur les enfants. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Juillet 1898  -  Lugubres découvertes.    Par suite de l'enlèvement des barrages, à Caen, le niveau de l'Orne a baissé en amont et a fait découvrir, dimanche matin, un cadavre d'enfant enveloppé dans un corsage en satinette noire. C'était une petite fille qui avait dû être étranglée avant d'être jetée à l'eau, car le cou était serré par un cordon noir. D'après les constatations médicales, l'enfant avait dû vivre cinq à six jours et son cadavre, en décomposition avancée, était dans l'eau depuis un mois, il est probable qu'il y a été jeté entre Caen et Saint-André. Une enquête est ouverte. (source le B. N.)

 

Juillet 1898  -  Accident de voiture.    Vendredi, à la sortie de Caen, au lieu dit la Demi-Lune, le sieur Leclerc, boulanger, se dirigeait vers Argences avec une voiture chargée d'environ 3 000 kilos de farine. Son fouet lui ayant échappé des mains, il se précipita pour le rattraper, mais il fit un faux mouvement et roula sous la voiture, dont une des roues lui passa sur les mains, qui ont été en partie écrasées. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Juillet 1898  -  Choses municipales.     Le ministre de la guerre attribue à Caen un 4e bataillon du régiment en garnison dans la ville. Les frais d'installation sont évalués à 250 000 fr., dont 150 000 à la charge de la ville et 100 000 à la charge de l'État. (source le B. N.)

 

Juillet 1898  -  Les conséquences de la guerre.     La guerre des États-Unis et de l'Espagne atteint notre exportation. Pour l'ensemble des cinq premiers mois de 1898, nos envois directs aux Etats-Unis sont tombés de 110 466 000 à 68 195 000 fr., et, d'autre part, nos exportations en Angleterre, qui comprennent une part importante d'objets destinés à la grande république américaine, ont baissé de 492 812 000 francs à 434 610 000 francs. (source le B. N.)

 

Juillet 1898  -  Choses municipales.     Au début de la séance de lundi, le maire a rendu hommage au dévouement du sieur Geneviève, employé de l'octroi de Caen, blessé on essayant d'arrêter des fraudeurs, une gratification lui a été donnée, en attendant la récompense à laquelle il a droit pour son dévouement. (source le B. N.)

 

Août 1898  -  Ignorance volontaire.      Beaucoup de maires ignorent, ou plutôt feignent d'ignorer, que l'assistance médicale gratuite est organisée dans le Calvados et répondent aux  malades dans la gène qu'ils n'ont pas de ressources pour les faire soigner. La préfecture ferait bien de rappeler ces maires là à leurs devoirs. (source le B. N.)

 

Août 1898  -  Renvoi de la classe.    Les hommes des classes 1894, 1895 et 1896, ainsi que les engagés volontaires qui doivent passer dans la réserve avant le 1er novembre prochain, seront envoyés en congé aux dates ci-après : à l'intérieur : le 17 septembre, dans les corps de troupe qui ne prennent pas part aux manœuvres, ou dans ceux qui seront rentrés en temps utile dans leurs garnisons pour exécuter, avant le 17, toutes les opérations de désarmement. Dans les autres corps, les hommes seront renvoyés après la rentrée des manœuvres aussi vite que possible. (source le B. N.)

 

Août 1898  -  Imprévoyances administratives.     L'administration des ponts et chaussées n'est pas en veine en ce moment et les contribuables non plus. Il y a trois à quatre mois, un accident purement matériel, mais coûteux, se produisait dans le port de Ouistreham par suite de l'imprévoyance des agents charges du service. Dernièrement, un mur construit à Blainville par les ponts et chaussées s'écroulait sur une grande longueur. Vendredi la nuit, un autre accident, est arrivé sur l'Orne, au barrage de Caen, mais, cette fois, il y a eu malheureusement mort d'homme. Les ponts et chaussées ne manqueront pas de mettre ce malheur sur le compte des éclusiers qui ont levé trop tard les plaques supérieures du barrage. C'est possible, mais il n'en est pas moins étrange qu'un accident de ce genre soit subordonné a l'oubli d'une manœuvre. 

L'administration avait bien prévu le courant d'amont Pourquoi n'a-t-elle rien fait pour établir une résistance suffisante au courant de la marée montante. L'ancien barrage a été replacé. Bien mieux eut valu le laisser en place et le réparer s'il en avait besoin puisque depuis trente ans il fonctionnait sans accident. A Caen comme à Ouistreham, il y a eu imprévoyance, mais comme toujours les contribuables paieront les pots cassés : 7 à 800 000 fr. pour Ouistreham, 25 à 30 000 fr. pour Caen.

Un barrage en bois existait depuis longtemps sur l'Orne, à l'entrée du Grand-Cours. Les ponts et chaussées décidèrent de remplacer ce système vieux jeu par un barrage fin de siècle. La réception des travaux avait eu lieu jeudi. Vendredi, les plaques du barrage cédant du pied à la pression de la marée montante furent renversées du côté opposé du barrage dont les eaux étaient peu élevées. Malheureusement, a ce moment, les éclusiers Lemullois et Lecornu étaient en train de manœuvrer les plaques et furent entraînés avec le barrage. Lecornu a été sauvé par deux courageux citoyens, mais le cadavre de Lemullois n'a été retrouvé que le lendemain matin. En disparaissant dans l'eau, le pauvre homme prononça plusieurs fois le nom de sa fille, il était âgé de 67 ans. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Août 1898  -  C’était prévu.   -   Ainsi que nous le prévoyions, les ponts et chaussées mettent l'accident du barrage de l'Orne sur le compte du chef barragiste Lemullois, qui n'est plus là pour se défendre. Un rapport, concluant à la faute de cet agent, a été déposé au parquet. Quoi qu'il en soit, l'accident prouve que le nouveau barrage n'était pas en état de supporter la charge des eaux de la marée, et cette imprévoyance ne peut certainement pas être mise sur le dos de ce pauvre Lemullois, qui a payé de sa vie la faute des ponts et chaussées. (source le B. N.)  

 

Août 1898  -  Un pétrolier en feu.   -   Lundi matin, vers sept heures, un incendie a éclaté à Caen, à bord du sloop « Léon-et-Paul », chargé de pétrole et amarré dans l'Orne, quai des Abattoirs. En peu d'instants, des explosions successives de fûts se produisirent et le navire entier fût embrasé. Le capitaine Deuff et sa femme n'eurent que le temps de se sauver. L'alarme aussitôt donnée, la pompe à vapeur de la gare et les pompiers arrivèrent bientôt, mais leurs efforts durent se borner a préserver le paquebot « l'Hirondelle », de la Compagnie normande de navigation, et un ponton mouillés dans le voisinage et que la marée basse empêchait de s'éloigner. Cependant, le pétrole se répandait sur la rivière, flambant à plus de 10 mètres de haut et menaçait d'aller incendier le barrage de la passerelle. Mais on réussit a empêcher les épaves enflammées de gagner le large et en jetant du sable dessus, à les noyer complètement. Le « Léon-et-Paul », armateur M. Corbet, du Havre, et dont le port d'attache est Honfleur, jaugeait 32 tonneaux 47 centièmes, il était chargé de 210 gros fûts de pétrole d'environ 180 litres, 350 bidons de 50 litres, formant un total de 39 550 litres. Le chargement était assuré pour 15 000 francs, le sloop estimé 5 000 fr. ne l'était pas. 

Le capitaine a perdu dans cet incendie une bicyclette et des effets d'habillement d'une valeur de 700 fr. non assurés. Il a retrouvé sa montre et 18 fr. dans ce qui restait de la cabine de son bateau. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1898  -  Départ du 36e.   -   Ce régiment va quitter Caen pour faire place au 5e  Mais nous n'aurons pas encore, parait-il, de 4e bataillon, des contestations s'étant élevées au sujet des aménagements à faire à l'usine Lanièce où ces hommes devaient loger en attendant que les travaux du nouveau casernement soient terminés. Espérons que l'on finira par s'entendre. 

— Soldats et réservistes sont partis, sous l'eau, pour prendre part aux manœuvres qui vont avoir lieu à Chalons. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1898  -  Mortalité des enfants.   -   La semaine dernière, la mortalité a sensiblement augmenté à Paris, surtout parmi les enfants. 201 n'ayant pas encore un an sont morts par suite de l'absorption de mauvais lait. Des mesures ont été prescrites. 

  A Caen, plusieurs enfants en bas age ont aussi succombé. Est-ce la faute du lait ? (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1898  -  On réclame des bancs.   -   Beaucoup de personnes se plaignent de la rareté des bancs et du mauvais entretien de ceux qui existent à Caen. Quel que soit l'esprit d'économie de notre administration, un peu de sensibilité de sa part pour les vieillards, les personnes souffrantes ou les femmes qui, dans leurs promenades ou leurs courses, ont besoin, de temps à autre, d'un peu de repos, ne serait pas un crime et ne serait pas mal vu. Une douzaine ou deux de bancs de plus, répartis dans toute la ville, sur les places et-les promenades, ne seraient pas une lourde charge pour le budget de la ville, un peu plus de surveillance pour le maintien de la propreté des bancs serait également approuvée de tous.  (source le B. N.)  

 

Octobre 1898  -  Sauvetage peu ordinaire.   -   Autre sauvetage, plus modeste, accompli par deux ouvriers restés inconnus, est celui du jeune Saint-Jean, 14 ans, employé chez M. Lubin, marchand de fromages à Caen, rue Saint-Pierre, qui était tombé dans le canal  Robert. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Octobre 1898  -  Démission.   -   Mercredi soir, M. Toutain, maire de Caen, a envoyé sa démission à la préfecture. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Octobre 1898  -  La garde des gares.   -    Les troupes envoyées sur Paris vont rentrer. On a cesse de garder militairement les principales gares d'embranchement de notre région. A Caen, le calme a été complet. Sur les huit cents employés de la gare, six seulement font partie du syndicat.  (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Octobre 1898  -  Drole d’idée.   -   Le 126e régiment Territorial était convoqué à Perpignan pour accomplir une période de treize jours. Un territorial, veuf et père de cinq enfants de deux à neuf ans, avait fait une demande de dispense qui fut rejetée. Ne pouvant laisser les enfants seuls à la maison et étant dénué de ressources, ce territorial a amené ses enfants à la caserne  et a dit au colonel : « Je suis obligé d'amener la marmaille, je suis sans le sou et ne puis laisser les enfants sans pain dans la rue ». Les enfants ont été recueillis à la caserne, où  ils ont été logés et nourris aux frais du régiment. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Novembre 1898  -  Blessures accidentelles.   -   Le sieur Lamy, charron à Cabourg, revenait, le soir, en voiture du Bas-Cabourg, sa jument, effrayée par un motocycle que son propriétaire rajustait, s'est jetée dans le fossé et, contournant un arbre, rebroussa chemin vivement. Dans ce brusque mouvement, le sieur Lamy fut projeté avec force sur la ridelle de sa voiture, se faisant à la poitrine une blessure qui n'aura pas cependant de suites.

  Le sieur Lemoisson, 47 ans, à Vassy, a eu la poitrine fortement contusionnée par la chute d'un arbre qu'il abattait et dont un coup de vent avait fait changer la direction. L'état du blessé, qui se plaint aussi de douleurs internes, inspire des inquiétudes. Lemoisson est père de quatre enfants.

— Jules Bunel, 18 ans, dont le père est meunier à Courtonne-la-Meurdrac, se trouvant un peu pris de boisson, passa sous l'une des roues de la voiture qu'il conduisait sur la route de Beuvillers. Des passants le relevèrent et le conduisirent à l'hôpital de Lisieux. Il en sera quitte pour une entorse.

 La dame Bidot, veuve Couture, 77 ans, demeurant rue Saint-Pierre, à Caen, est tombée dans la devanture du sieur Gaschet, sellier, boulevard Saint-Pierre, et a été blessée assez gravement au front par les éclats de la glace qu'elle a brisée.

 La dame veuve Guérin, rentière, rue d'Auge, à Caen, s'est fracturé une jambe en tombant rue Neuve-du-Port.

 Le sieur Lemasson, maréchal à Caen, était à Cagny, occupé à ferrer un jeune cheval, lorsque l'animal se mit à ruer violemment et atteignit le malheureux ouvrier sous le menton, lui fracturant la mâchoire. Le blessé à été transporté à l'hôtel Dieu, il est marié et père de 2 enfants en bas âge.   (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Décembre 1898  -  Récompenses.   -   Ont été médaillés : M. Gilles, agent de locations à Villers-sur-Mer, 1886-1898, s'est distingué dans plusieurs circonstances, notamment en maîtrisant deux chevaux emportés attelés à une voiture. 

— M. Leprince, brigadier de police à Caen le 10 octobre 1898 : s'est signalé par un fait analogue. Déjà titulaire d'une mention honorable. Hier encore, le brigadier Leprince, arrêtait un attelage, quai de la Londe, au moment où une des roues allait écraser le conducteur. 

— Mention honorable : M. Canivet, employé d'octroi à Caen le 30 août 1898 : sauvetage d'une fillette tombée dans un puits. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Décembre 1898  -  Appel aux dames.   -   Dans son dernier numéro le Commerce caennais adresse un pressant appel aux dames de Caen pour qu'elles n'aillent pas s'approvisionner dans les grands bazars de Paris. Cet appel, nous leur avons déjà adressé bien dès fois, mais nous avons toujours prêché dans le désert. Le Commerce caennais sera-t-il plus écouté ?

 

Décembre 1898  -  Singulier moyen de montrer l’exemple.   -   Dans tous ses numéros le Commerce caennais, recommandé avec instance aux habitants de Caen de tout acheter aux commerçants de la ville. Or, le Cercle national a offert un bronze de 1 400 fr. à M. Vatin. Ce bronze n'a pas été acheté à Caen, mais à Paris, dans une fabrique, chère dit-on, à l’un des membres de la chambre de Commerce. Le Cercle national compte parmi ses membres un grand nombre de commerçants. Ils prêchent donc aux autres ce qu'ils ce qu’ils ne font pas eux-mêmes.  (source le B. N.)

 

Décembre 1898  -  Recensement.  -  Les propriétaires de chevaux, juments, mulets et mules et de voitures attelées, devront, sous peine de poursuites, se présenter à la mairie, avant le 1er janvier, pour en faire la déclaration. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Décembre 1898  -  Le gaz et l’électricité.  -  Le gaz n'éblouit pas précisément les Caennais par son éclat, mais il ne les plonge pas dans les ténèbres. L'électricité est plus sans gène : elle disparaît quand cela lui plait. Au beau milieu de la soirée, éclipse totale. Boutiquiers et bourgeois. éclairez-vous comme vous pourrez. Cela mécontente tout le monde et des gens ont même refusé de payer leur installation jusqu'à ce qu'on leur donne une lumière stable.

Si c'est ça le progrès, n'en faut pas. Qu'on nous ramène au temps de la reine Pétoche. On n'y voyait pas clair, c'est vrai, mais au moins on ne payait pas pour ne pas être éclairé. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Décembre 1898  -  Accident et non suicide.  -  Le bruit a couru que la demoiselle Aimée Marie, 74 ans, demeurant Grande-Place-Saint-Gilles, à Caen, s'était noyée volontairement dans le bassin. C'est inexacte. Cette demoiselle y voyait très peu et c'est accidentellement qu'elle est tombée à l'eau. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Décembre 1898  -  Coiffure.  -   Notre concitoyen Auguste Mabille, ancien employé de la maison Coquerel, coiffeur à Caen, vient de remporter, à Paris, le premier prix de coiffure de Dames au concours international de l'académie universelle de coiffures. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Décembre 1898  -  Poissonnerie.  -   Depuis dimanche, la vente en gros du poisson, à Caen, a lieu dans le nouveau pavillon.   (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Décembre 1898  -  Service militaire.  -  La durée du service militaire commence le 1er novembre de l'année du tirage au sort et l'incorporation doit avoir lieu le 16 novembre au plus tard. L'expérience a montré que l'incorporation à cette époque tardive présente des inconvénients : l'instruction des Jeunes soldats est bientôt entravée par les rigueurs de la saison. Le ministre de la guerre va proposer de reporter au 1er octobre la date initiale du service et la date de mise du contingent à la disposition du ministre pour en opérer la répartition, tout en laissant au ministre la faculté de s'incorporer tout ou partie du contingent que le 16 novembre au plus tard. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Janvier 1899  -  Le doublement des voies de la ligne de Caen à Cherbourg.  -   La seconde voie sur la ligne de Cherbourg sera livrée à l'exploitation le 1er mars 1889, de Montebourg à Sottevast, le 1er avril suivant, de Bayeux à Lison, et le 1er juillet, de Caen à Bayeux. A partir de cette dernière date, le service de Caen à Bayeux et de Montebourg à Cherbourg pourra être assuré sur double voie, sauf dans la traversée du marais de Carentan, entre Lison et Montebourg.  

(Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Janvier 1899  -  On dit…...  -  Que l'hôtel-dieu laisse de plus en plus à désirer sous le rapport de l'hygiène. Une salle, dans laquelle on n'a pas cessé de mettre des malades, serait contaminée. Un médecin aurait, à cause de ce fait, hésité à envoyer à l'hôtel-dieu des malades d'un autre établissement public de Caen.

Certaines croisées seraient à ce point en mauvais état que, les jours de pluie, l'eau se répand sur le parquet. La nourriture laisserait beaucoup à désirer. Cela ne nous étonne pas, car, pour les religieuses elles-mêmes, la table n'est pas, si l'on en croit les « on-dit », aussi réconfortante que le croient les profanes  (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Janvier 1899  -  Mouvement de la population.   -   Pendant l'année 1898, il y a eu à Caen : 955 naissances, 288 mariages, 9 divorces, 1 187 décès. Excédent de 232 décès sur les naissances. 

— A Bayeux : 136 naissances, 36 mariages, 1 divorce, 246 décès. Excédent de 110 décès sur les naissances.

  A Vire : 124 naissances, 48 mariages, 3 divorces, 169 décès. Excédent de 45 décès sur les naissances. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Janvier 1899  -  Réclamation.   -   On nous écrit que le service des tramways de Caen à la Mer laisse de plus en plus à désirer. Par cette saison humide, on a des bouillottes un jour sur huit et quand on daigne vous en apporter, c'est à peine si elles sont tièdes. Les employés n'ont qu'une voix pour dire : « On nous refuse des briquettes, nous ne pouvons pas en mettre en les payant de notre poche ». La compagnie qui avait résolu, parait-il, de faire des économies en supprimant les permis qui permettent à des familles entières de voyager à l’œil sans avoir le moindre titre à cette générosité, la compagnie, dis-je, se rattrape sur le dos du public et des employés auxquels elle fait des retenues, à propos de tout et à propos de rien, sur un salaire absolument insignifiant.  (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Février 1899  -  Dons de joyeux avènement.   -   En dehors des sommes d'argent données par le président de la République pour les pauvres de Paris et de son pays, tous les militaires ont reçu une ration de vin et, lundi dernier, il y a eu repos pour tous les corps de troupes. De plus, de nombreuses permissions de 48 heures ont été accordées. Les élèves des lycées et des écoles n'ont pas été oubliés : 24 heures seront ajoutées aux vacances de Pâques. Ordre a été donné de lever les punitions dans les régiments, sans compter les autres grâces qui vont être accordées. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Février 1899  -  Le service pour M. Faure.   -   Dimanche, a eu lieu, à l'église Saint-Étienne de Caen, un service pour M. Félix Faure. L'évêque de Bayeux a donné l'absoute. Les fonctionnaires et les corps constitués y assistaient, ainsi que M, le préfet qui avait tenu à s'y rendre malgré son état de santé et auquel cette désobéissance aux prescriptions médicales n'a pas porté malheur, au contraire. (Source : Le Bonhomme Normand)

Février 1899  -  Le carnaval de Caen.   -  cette année, nous avons eu, à Caen, un carnaval mouillé, on pourrait même dire trempé. Cela n'a pas empêché les batailles de confetti d’être ardentes et de nombreux promeneurs de parcourir les rues pour essayer d'apercevoir quelques masques. Il y a eu plus de monde que les années précédentes au bal du théâtre. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Février 1899  -  Violent incendie à Caen.   -   Un incendie d'une extrême violence s'est déclaré, vendredi soir, vers 7 heures, dans les ateliers de M. Lefranc, entrepreneur de menuiserie, rue Nicolas, en face l'église du vieux Saint-Nicolas, à Caen. M. Lefranc était dans sa salle à manger lorsque, le gaz s'éteignant tout à coup, il aperçut une forte lueur. Elle venait des ateliers, déjà en l'eu. En un instances les flammes s'élevaient à une hauteur prodigieuse, s'apercevant de tous les points de la ville. 

Les secours furent très rapidement organisés. Toutes les pompes de Caen, aidées par deux compagnies du 5e de ligne et un détachement de soldats-ouvriers, attaquèrent vigoureusement l'incendie, mais les bois résineux se trouvant dans les ateliers rendaient tous les efforts inutiles. L'on dut se borner à faire la part du l'eu et à protéger les maisons voisines. A dix heures, tout danger ayant disparu, une partie du matériel fut rentré au dépôt. Toutefois, un poste de pompiers est resté en permanence toute la nuit et a continué à noyer les décombres. 

On ignore les causes de ces incendie, on sait seulement que le feu s'est déclaré au premier étage entre la cheminée de la machine placée dans les ateliers et le compteur à gaz. Les ouvriers avaient quitté leur travail à 6 heures et le contremaître avait fermé les portes des ateliers sans rien remarquer d'anormal. Les pertes, évaluées à 60 000 francs environ, sont assurées. Il n'y a pas eu d'accident de personne.  (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Février 1899  -  Repas d’enterrment.   -   Pendant que presque partout les établissements publics chômaient, volontairement ou par ordre, le jour des funérailles de M. Félix Faure. Le nouveau président de la République donnait un grand dîner officielle de 125 couverts. 

C'est l'usage, parait-il. Cette bombance funèbre rappelle le repas d'enterrement qu'on donne dans nos campagnes, et ou on mange le traditionnel lapin en gibelotte. (source le B. N.) 

 

Février 1899  -  Les tramways électriques.   -   La compagnie des Tramways électriques de Caen installera son usine et ses dépôts rue Fresnel, quartier de Courtonne. Il a été reconnu, en effet, que l'installation d'une usine de ce genre près des bains et lavoirs offrait de grandes difficultés. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Mars 1899  -  La fête du 14 mai à Caen.   -   Voici les grandes lignes du programme : élection d'une jeune reine du travail ses quatre demoiselles d'honneur nommées par leurs compagnes, remise à la reine d'un livret de caisse d'épargne de 500 fr. à toucher à 25 ans, ou plus tôt si elle se mariait.

La reine et sa suite parcourraient les rues de la ville au milieu d'une cavalcade représentant l'apothéose du travail; il y aurait une fête de nuit cavalcade, histoire de la Lumière, et un grand bal populaire à l'hôtel de ville.

Enfin, comme il faut manger, banquet par souscription. Les présidents des diverses corporations de la ville ont bien voulu se charger de recueillir les souscriptions, qui seront inscrites sur des listes que les souscripteurs n'auront actuellement qu'à signer en indiquant la somme pour laquelle ils veulent souscrire.

Tout ne dépend donc plus maintenant que de la bonne volonté et de la générosité de nos concitoyens.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1899  -  Explosions.   -   L'explosion de Toulon rappelle une explosion de poudre qui eut lieu à Caen, il y a 250 ans. L'explosion se produisit rue des Chanoines, où le directeur des poudres avait son bureau et son dépôt. Il y eut trois morts et plusieurs blessés. Des maisons furent détériorées et les toitures de l'église Saint-Gilles et de l'Abbaye-aux-Dames furent enlevées. Comme pour Toulon, on ne connut jamais exactement la cause de l'explosion. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Mars 1899  -  Un centenaire.  -  M. Pierre Coltée, ancien agent d'affaires à Caen, demeurant à Bavent, a cent ans depuis le 10 mars. Il jouit de la plénitude de ses facultés et est encore ingambe et actif. (source le B. N.)

 

Avril 1899  -  Foire de Caen.  -  C'est le cirque Ducos, en ce moment à Poitiers, qui viendra cette année à la foire de Caen. Nous aurons également le grand théâtre Potel, la ménagerie Salvator, la ménagerie des frères Roussel, les musées Laurier et Collignon, le théâtre Dubourg, les Rayons X, le cinématographe Grenier et un grand nombre de jeux divers : montagnes russes, carrousels, vagues, etc.... (source le B. N.)  

 

Avril 1899  -  Réclamations.  -   Il ne se passe pas de jours que des accidents dus à l'imprudence des bicyclistes ou des chauffeurs ne soient signalés sur la promenade du canal de Caen à la Mer. Notre nouveau préfet rendrait un fier service aux promeneurs paisibles et même aux bicyclistes sérieux en leur l'appelant qu'il ne considère pas comme lettre morte l'arrêté de son prédécesseur réglementant la circulation des bicyclettes sur cette voie. N'est-elle donc pas assez perdue par le tramway, cette malheureuse promenade ? Veut-on la laisser devenir dangereuse et impraticable aux piétons ? 

— On nous signale que les routes partant de Caen sont sillonnées par de nombreuses voitures non éclairées, et, par suite, danger pour les personnes à pied et pour les voitures éclairées venant en sens inverse.  (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Avril 1899  -  En sonnant les cloches.  -   Le sieur Berthelot, 40 ans, qui sonnait les cloches dans l'église St-Etienne, à Caen, a été violemment pressé contre le mur par l'une d'elles, dont la pédale s'était brisée soudain, Il a une jambe fracturée et une large plaie à une cuisse. On craint aussi des lésions internes. Son état est grave. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Avril 1899  -  Les débits de boissons.  -   Une loi est proposée au Sénat pour que les débits de boissons à consommer sur place soient réduits à un par 300 habitants. En ce moment, il y a en France un débit par 85 habitants. L'écart est grand. (Source : Le Bonhomme Normand)

Mai 1899  -  Passage de la reine d’Angleterre.  -  Mercredi midi, le train royal emportant la reine d'Angleterre, qui n'a pas mis le nez à la portière depuis Cannes, est passé par Caen. Aujourd'hui, tombait la fête de la princesse de Schleswig, qui accompagnait la reine.

M. Paoli, commissaire spécial à Paris, lui a offert un bouquet. La princesse a paru flatée... Dame !....   (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1899  -  Un cocher bonne d’enfant.  -  Jeudi soir, au moment de la retraite militaire, un petit garçon de 2 à 3 ans disparaissait de chez ses parents, marchands, rue de Strasbourg. On alla chez les voisins, on chercha à droite et à gauche, rien. La police fut mise sur pied et ne fut pas plus heureuse dans ses recherches. Enfin, à plus d'onze heures, l'enfant fut ramené par un individu qui disparut aussitôt.

Voilà ce qui était arrivé : en passant, un cocher de place, légèrement ému, embrasse l’enfant et le fit monter dans sa voilure qu'il allait remiser rue Pailleuse. Le cocher s'endormit sans doute et l'enfant aussi. Ce ne fut qu'à onze heures que notre cocher se réveilla et constata qu'il était devenu bonne d'entant. Heureusement qu'il se rappela où il avait pris le marmot, car, « nouvelle Hortense », il le prit dans ses bras et le ramena chez ses parents, heureux. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Mai 1899  -  Les Saints de glace.  Le souffle glacé de saint Mamers, de saint Servais et de saint Pancrace est en avance. Pendant plusieurs jours, il a fait un vent du diable, il a fait froid, il a même gelé au point de roussir, dans certaines contrées, les pousses printanières.

Espérons que ces bienheureux refroidis ne nous secoueront pas leurs glaçons les 11, 12 et 13 mai. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Mai 1899  -  Fraudeur pincé.   -    Des agents de l'octroi de Caen, en surveillance au bureau de Falaise, aperçurent, le soir, vers dix heures et demie, une carriole se dirigeant à grande allure vers l'intérieur de la ville. Comme la voiture ne s'arrêtait pas, un des employés se mit à sa poursuite et put la rejoindre à une centaine de mètres environ. S'accrochant au derrière, très élevé, du véhicule, il réussit à sauter dedans et à s'emparer des guides.

Cheval et voiture, estimés 600 fr., furent saisis. Le chargement se composait de 5 barils dits du pays d'Auge, et contenant 320 litres d'eau-de-vie de cidre à 67°, soit, à 2 fr. 50 le litre, 800 fr., sans les droits.

Le fraudeur est le nommé Denise, 45 à 50 ans, il a été débitant et cocher, il demeure actuellement du côté du Moulin-Leroi. Il est probable qu’une transaction interviendra. On ne saurait trop féliciter les préposés de l'octroi de cette capture. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Mai 1899  -  Infanticide.   -    Mardi matin, vers 6 h. 3/4, le nommé Philippe, employé chez M. Lainé, marchand de matériaux, quai des Abattoirs, à Caen, a trouvé, à l'entrée du chantier de M. Laine, un paquet enveloppé dans un linge blanc non marqué, recouvert d'un morceau de vieux tapis, foncé rouge, contenant le cadavre d'une enfant nouveau-née, portant autour du cou un cordonnet qui avait servi à l'étrangler. Une enquête est ouverte (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Mai 1899  -  Les pommes.   -  Les pommiers à cidre et les poiriers ont partout belle apparence. La gelée ne leur a pas fait trop de mal, car les arbres étaient secs. Il n’y a pas eu non plus, comme l'an dernier, de ces brouillards qui font un tort irréparable aux arbres fruitiers.   (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Mai 1899  -  L’abbaye d’Ardennes.   -   Lisez la vie, les mœurs et les habitudes des moines de l'abbaye d'Ardennes (près Caen}, de l'ordre des Prémontrés. 

Cette brochure sur l'abbaye d'Ardennes, que M. Eugène Liot, ancien capitaine de mobiles, vient de faire paraître, est curieuse, bien documentée et mérite tous les éloges. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1899  -  Découvertes de cadavres.   -   Le cadavre d’un inconnu âgé d'environ 40 ans, paraissant avoir séjourné 7 ou 8 jours dans l'eau, a été trouvé dans la rivière l'Orne, à Caen, à la hauteur de la passerelle. On ignore s'il y a suicide ou accident.

— Lundi dans l'après-midi, on a trouvé près d'une meule de paille, à Venoix, le cadavre du sieur Barbot, 69 ans, qui vivait d'aumônes. Ce malheureux vieillard, qui ne pouvait marcher sans s'appuyer sur des béquilles, était sorti depuis quelques jours de l'hospice Saint-Louis, préférant la vie nomade à celle de cet établissement, Les causes de la mort sont naturelle. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1899  -  L’affaire du barrage.   -     On se rapelle que, dans la nuit du 5 août 1898, le barrage de la passerelle du Grand-Cours, à Caen, fut brisé par la marée. Un des éclusiers, le sieur Leraullois, 67 ans, fut noyé.

Une longue instruction judiciaire fut ouverte, elle a abouti à des poursuites contre M. Chevalier, ingénieur ordinaire des ponts et chaussées, qui est inculpé d'homicide par imprudence.

L'affaire viendra jeudi prochain 22 courant devant le tribunal correctionnel de Caen. On croit qu'elle occupera toute l'audience.  (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Juin 1899  -  Tramway électrique de Caen.   -   Les travaux, qui vont être commencés, et seront poussés de façon à ce que l'inauguration ait lieu le 1er janvier 1900. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1899  -  Le repos du dimanche.   -   Les employés de Caen se sont réunis au café des Voyageurs, place de la République, Ils ont demandé « que la fermeture des magasins ait lieu le dimanche, à midi, du 1er juin à fin septembre, et à partir du 23 juin pour cette année, mais, si dans le courant de l'année il se trouvait des fêtes oflicielles non prévues, qui soient de nature à favoriser les affaires, la fermeture pour ces jours-là deviendrait facultative ».

Conditions très raisonnables, que tous les industriels ont acceptées. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Juillet 1899  -  La loi sur les accidents du travail.   -   Cette loi est en vigueur depuis samedi.

A Caen, quelques entrepreneurs ont voulu diminuer leurs ouvriers. Un certain nombre n'est pas revenu au chantier, mais, comme c'est la saison des foins, il n'y a rien d'étonnant.

— Un entrepreneur de Cherbourg a averti ses ouvriers, pères de famille, qu'il ne continuerait à les employer que s'ils consentaient à une réduction de 50 cent, par jour sur leur salaire. Or, pour une journée de 4 fr., la prime qu'il a à payer est de 20 cent. Ce patron pratique cueillera donc un boni de 30 centimes sur chaque ouvrier. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Juillet 1899  -  Les récoltes.   -   Elles ont belle apparence. Les foins bien récoltés sont en abondance, mais ils conserveront leur prix par suite du manque de regains. — Pour les pommes, il y a du pour et du contre. On croit généralement à une récolte au-dessous de la moyenne. (Source : Le Bonhomme Normand)   

 

Juillet 1899  -  Le repos du dimanche.   -   Heureux du succès obtenu, un certain nombre d'employés ont manifesté dimanche, un peu bruyamment, leur contentement. Des cris ont été poussés devant des magasins qui se disposaient à fermer.

Le comité invite les employés au calme : c'est par la persuasion et non par l'intimidation qu'ils arriveront à un résultat.

Nous prévenons nos lecteurs de ne pas venir acheter le dimanche après midi à Caen, car, les principaux magasins étant fermés, ils trouveraient visage de bois.

— Les boulangers n'ont pas pu encore s'entendre pour fermer de 2 à 7 heures. (Source : Le Bonhomme Normand)   

 

Juillet 1899  -  Orages et chaleurs.   -  Il y a des orages dans le ciel et dans la terre : à Rome, il y a eu des tremblements de terre ; en Sicile, les laves de l'Etna menacent d'engloutir les villages qui l'entourent.

— Vendredi et samedi, des tempêtes de grêle et d'eau ont dévasté notre région. Le tonnerre a foudroyé des bestiaux, incendié des maisons, découvert plusieurs églises, renversé des arbres et couché les moissons. Quantité de vitres ont été brisées, à l'école de dressage de Caen, il y en a eu 70. Les serres et les cloches à melons ont été très avariées.

A Venoix. chez M. Levée, 200 cloches ont été brisées.

Dans la montagne de Carlit (Pyrénées-Orientales), 200 moutons et des vaches ont été foudroyés.

Les départements de l'Eure et la Seine-Inférieure ont beaucoup souffert. Près de Honfleur, nous avons ramassé des grêlons, ayant la forme d'un œuf, qui pesaient 15 à 10 grammes, On nous a affirmé qu'il y en avait eu de 20 et 22 grammes.

A Charlottembourg (Allemagne), la foudre est tombée sur un treillage métallique sur lequel de nombreuses personnes étaient appuyées. Trois ont été tuées et quatre blessées grièvement.

C'est à la suite d'une chaleur étouffante que ces orages se sont produits. A Caen, nous avons eu jusqu'à 34 degrés ; à Paris, 33 ; à Londres, 35. Et comme les Anglais ne sont pas habitués  a ces chaleurs, ils tombaient comme des mouches et plusieurs chantiers ont cessé de travailler.

La chaleur a été la cause de nombreux décès. On connaît les chiffres des dégâts pour quelques propriétaires de l'arrondissement de Falaise. M. Delauge, de Morteaux-Couliboeuf, éprouve une perte de 5 000 fr. ; M. Mallet, de Jort, 2 000 fr. ; MM. Guérin, Dumont et Liénart, à Beaumais, 2 500 fr., 3 000 fr. et 4 000 fr. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Juillet 1899  -  Enfants martyrs.  -  La femme Julie Catherine, 31 ans, est blanchisseuse de son état. Elle habite au troisième étage dans une maison de la rue de Caumont, à Caen. Elle se  grise plus souvent qu'à son tour. La femme Catherine ne ferait de tort qu'à elle, si elle n'avait pas un enfant de trois semaines qu'elle laisse sans soins et abandonne des demi-journées.

Un jour, les voisins, attirés par les cris de l'enfant, montèrent à la chambre de la femme Catherine. Celle-ci apparut bientôt, mais dans un tel état d’ivresse qu'elle ne put pas donner le biberon au pauvre petit, qui a été porté d'urgence et dans un état inquiétant à l'hôpital St-Louis. Quant à la mère, elle a été condamnée à quinze jours de prison.  (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Juillet 1899  -  Ce que l’on gagne a étre ministre.  -  Les ministres reçoivent 60 000 fr. par an, ou 5 000 fr. par mois. Quand le mois n'est pas complet, on verse à chaque ministre autant de trentièmes de mois qu'il est resté de jours au pouvoir. M. Lebret a donc touché en chiffres ronds 37 000 fr. comme traitement ministériel, desquels il faut déduire son indemnité législative qu’il n'a pas touchée pendant son passage au ministère. Ce n'est pas trop payé pour les injures qu'on y récolte. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Juillet 1899  -  La santé publique.  -  La plupart des cours d'eau de Caen et particulièrement le canal sont empoisonnés par des cadavres d'animaux qui répugnent promeneurs et riverains, et font redouter à tous, les chaleurs aidant, des épidémies dont l'insalubrité est toujours la cause. 

— Certaines villes chargent un équarrisseur, moyennant un modique débours, d'enlever et de détruire ce foyer d'infection. Ne pourrait-on pas le faire aussi à Caen ? 

— Quoi qu'il en soit, puisque, par sécurité, l'on paie pour « happer » les chiens coupables seulement d'ignorer les arrêtés municipaux, pourquoi, par salubrité, ne pas les enlever quand ils sont devenus dangereux pour l'hygiène et la santé publiques. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Juillet 1899  -  Voyageur imprudent.   -   La compagnie de l'Ouest recommande aux voyageurs de ne pas s'appuyer sur les portières des wagons. Elle a même fait garnir d'une barre les  portières des wagons-couloirs. 

Malgré cette précaution, un voyageur du train qui arrive à Caen à 2 heures 23 du matin avait placé ses deux bras sur l'une de ces barres entenant ses mains dehors pour les rafraichir. Un train venant en sens inverse lui a coupé les deux mains. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Août 1899  -  Fêtes à Caen.   -  Cavalcade le dimanche 20 août : 20 chars, 600 piétons et cavaliers. Des costumes seront prêtés gratuitement à toute personne voulant bien prêter son concours, soit comme cavalier, soit comme piéton.

— Grande tombola gratuite du programme-itinéraire, 2 500 francs de lots Principaux lots :

1° une obligation entière Ville de Paris ayant droit au tirage de lots de 100 000 fr. ; 2° un cheval d'une valeur de 300 francs, remboursable ; une bicyclette d'une valeur de 250 francs ; 4° une machine à coudre d'une valeur de 250 francs ; 5° une magnifique garniture de cheminée en bronze. Prix de l'itinéraire : 0 fr. 25, donnant droit à un billet de tombola. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Août 1899  -  Effets de chaleur.   -  Par ces temps de canicule, tous les cours d'eau sentent la sueur. Mares, ruisseaux, rivières et même l'abreuvoir de la prairie de Caen sont noirs de baigneurs. Les uns enfilent le modeste caleçon, d'autres se serrent les flancs avec leur mouchoir. Mais il y en a qui, n'ayant ni caleçon ni mouchoir, se jettent à l'eau comme ils sont venus au monde, à la grande colère des mères de jeunes filles qui se rendent à la promenade.

— A plus d'une est venue la pensée d'aller arracher ce que ces indécents ont le tort d'ainsi exhiber. C'est assurément ce qui arrivera si le « garde qui veille aux barrières de la prairie n'en défend pas le retour ». (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Août 1899  -  Cavalcade de Caen.   -   500 costumes, 20 chars faits à Paris, au Havre et à Caen.

— Grande tombola gratuite du programme itinéraire, 2 500 francs de lots. Principaux lots : 1er une obligation entière Ville de Paris ; 2e un cheval d'une valeur de 300 francs, remboursable ; une bicyclette d'une valeur de 250 francs ; 4e une machine à coudre d'une valeur de 250 francs ; 5e une magnilique garniture de cheminée en bronze. Prix de l'itinéraire : 0 fr. 25, donnant droit à un billet de tombola.  (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Août 1899  -  Pretre injurié et frappé.   -   Vendredi soir, vers sept heures, l'abbé Laine, vicaire à Saint-Jean de Caen, descendait du tramway Decauville, au bout du quai de la Londe. Un individu à moitié ivre, que l'on suppose habiter dans la rue d'Auge, lui emboîta le pas tout le long du quai Vendœuvre, lui adressant des injures grossières.

Furieux que le jeune prêtre ne lui répondait pas, l'ivrogne lui applique une gifle sur la figure. Un ouvrier du chemin de fer est heureusement intervenu et a accompagné l'abbé Lainé jusqu'au presbytère. Comme il y a rarement des agents de police sur le quai, l'insulteur a pu partir sans être inquiété. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Août 1899  -  Nouvelle prison.   -   Les travaux de la nouvelle prison de Caen, qui sera construite sur la route de la Maladrerie, sont commencés. Les travaux seront, en partie, faits par les détenus de Beaulieu avec de la pierre extraite des carrières voisines. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Août 1899  -  Éclairage des automobiles.   -   Un décret vient de réglementer l'éclairage des automobiles. Elles devront porter un feu blanc à l'avant et un feu rouge à l'arrière. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1899  -  Accident.   -   M. Malherbe, demeurant rue d'Auge, et sa fille de 20 ans, revenaient de Ouistreham par le tramway. Tous les deux se trouvaient sur la plate-forme du dernier wagon, lorsque le crochet de la barre sur laquelle ils étaient appuyés vint à sauter. 

Mlle Malherbe tomba sur la voie. Elle en a été quitte pour quelques contusions, mais elle aurait pu se tuer, et cela par la faute de la Compagnie. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1899  -  Tramway de Caen.   -   Les travaux de la voie vont être commencés. Plusieurs wagons de matériel sont arrivés en gare. 

Sauf contretemps, les tramways électriques pourront donc marcher dans le courant du mois de janvier. (source le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1899  -  Le temps.   -   Depuis samedi nous sommes en automne. Après les grandes chaleurs, le frais, presque froid.

Dans l'Isère, il est tombé une légère couche de neige bientôt disparue sous l'action du soleil.

L'hiver ne sera cependant pas dur, si on s'en rapporte à ce fait que les oignons n'ont qu’une légère pelure qui s'enlève d'elle-même. Les oignons sont peu velus, donc pas besoin de se couvrir. Voilà pourtant comme se font les prédictions.

— Dans la nuit de samedi, le vent a soufflé en tempête sur le Havre. Un bateau a coulé, deux hommes ont été noyés, dont un chef de manœuvre à bord de la grande drague des ponts et chaussées, M. Barassin, marié, père de plusieurs enfants. (source le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1899   -   Pressurage.   -   Un arrêté du maire de Caen interdit de déposer des marcs de pommes sur la voie publique.

Tous les marcs de pommes devront être portés à la décharge publique, place du Parc.

L'autorisation d'installer un pressoir sur la voie publique pourra être accordée là où les circonstances le permettront, mais les permissionnaires, aussitôt le pressurage terminé, seront tenus de justifier que les marcs en provenant ont été transportés soit sur l'emplacement désigné, soit hors de sa maison. (source le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1899   -   Un mari alcoolique.   -   Alphonse Léger, 38 ans, jardinier à Caen, rue du Marais, est un alcoolique qui cherchait toujours querelle à sa femme quand il était gris. Plusieurs fois déjà, sa jeune femme (elle a 22 ans) l'avait quitté, puis elle était revenue.

Un lundi soir, voyant son mari encore ivre, elle partit de nouveau. Léger alla se plaindre aux gendarmes, qui l'engagèrent à aller se coucher en attendant le retour de sa femme. Léger ne suivit pas ce sage conseil. Il prit un fusil et se rendit à Allemagne, chez la dame Blot, sa belle-mère, où il croyait sa femme réfugiée. Ce fut sa belle-sœur qui vint ouvrir. Léger fit feu sur la jeune fille sans l'atteindre. Il la mettait de nouveau en joue quand on parvint à le désarmer.

Léger a été condamné à deux mois de prison. (source le Bonhomme Normand)  

 

Octobre 1899   -   Adultère.   -    Procès-verbal a été dressé contre les nommés Anne Rougiè, femme Desprats, 31 ans, journalière, et Alfred Plandard, 36 ans, ouvrier mouleur, demeurant ensemble rue des Carmes, 58, à Caen, pour adultère et complicité d'adultère. (source le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1899   -   Récompenses honorifiques.   -   Une mention honorable a été accordée au sieur Letellier, caporal au 5e régiment d'infanterie : Caen, 19 juillet 1899, a maîtrisé un cheval emporté attelé à une voiture. 

— Le jeune Maxime Guiffard, 13 ans, à Dives-sur-Mer, a reçu du ministre de la marine un témoignage officiel de satisfaction : sauvetage d'un enfant, à l'embouchure de la Dives, le 15 août 1899.  (source le Bonhomme Normand)  

 

Octobre 1899   -   Réclamation.   -   Pouvez-vous, nous écrit un lecteur, faire une réclamation au nom des malheureux habitants de la rue Caponière, de Caen, qui sont empestés par les  odeurs provenant de l'Odon dont le courant est continuellement arrêté ? 

Tout le monde se plaint, tout le monde en souffre, mais personne ne se remue, prétendant que c'est inutile, qu'ils ont pétitionné plusieurs fois à ce sujet et que c'est comme s'ils n'avaient rien fait. On laisse aller le courant un jour ou deux et c'est toujours à recommencer. 

Qui retient l'eau à son profit ?  On n'en sait rien ; dans tous les cas, ce sont des gens qui n'en ont pas le droit. (source le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1899   -   Équipage révolté.   -   Onze marins français du trois-mâts « Antonin », de Dunkerque, s'étaient mutinés, pendant la traversée de la Palisse à North-Shield (Angleterre), à propos d'un remplacement de vin comme boisson par de la bière et du thé. 

A la suite d'une enquête faite par le consul de France à Newcastle, qui les a engagés vainement à reprendre leur service, ils ont été rapatriés à Caen par le steamer « Actif ». Conduits aussitôt à l'inscription maritime, où ils ont subi un premier interrogatoire, ils ont ensuite été écroués à la prison, en attendant leur comparution devant le tribunal maritime commercial de Caen. 

De l'enquête à laquelle il a été procédé, il résulte que si la boisson a été changée, c'est parce que le capitaine n'a pu puiser dans son approvisionnement de vin qui était sous scellés, la douane anglaise ne s'étant pas encore rendue à bord pour donner l'autorisation nécessaire.   (source le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1899   -   Le brouillard.   -   Nous avons eu pendant plusieurs nuits un épais brouillard. Mais qu'est-ce auprès de celui de Londres, où la circulation a dû être interrompue samedi, à partir de 2 heures de l'après-midi. (source le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1899  -  Fraisiers en fleurs. -  Pour peu que la température continue, nous mangerons des fraises en pleine hiver. M. Lafosse possède dans son jardin, une vingtaine de pied de  fraisiers complètement fleuris, comme si nous étions en pleine saison. Manger des fraises en janvier, à Caen, ne s'est peut-être jamais vu.

 

Novembre 1899   -   Une lampe a acétyléne qui fait explosion.   -   Le sieur Albert Aimé, 31 ans, marchand ambulant, vendait, le soir, des chaînes de montre sur la place St-Pierre, à Caen. La lampe à acétylène avec laquelle il s'éclairait faisant explosion soudain, il a été brûlé assez grièvement au visage. On a conduit le malheureux à l'hôtel-Dieu. (source, le Bonhomme Normand) 

 

Novembre 1899   -   Mutinerie.   -  Les onze marins de l' « Antonin », amenés à Caen, prévenus de désobéissance au maître d'équipage, ont été condamnés par le tribunal commercial, les uns à six mois, les autres à trois mois. (source, le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1899   -   Le bulletin des parlers normands.   -   Langue et littérature populaire normande est entré dans sa troisième année.

Grâce à l'impulsion que lui a donnée son directeur, M. Ch. Guerlin de Guer, les collaborateurs y affluent de tous les points du département.

Abonnement : 3 fr. par an. Le numéro, 6 fr. 50. Conditions spéciales pour MM. les instituteurs. On s'abonne, à Caen, 111, rue Saint-Pierre. (source : le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1899   -   La tempête.   -    Durant la tempête qui a sévi partout en France ces jours-ci, il y a eu des sinistres en mer et des grands dégâts sur terre. Dans notre région, il y a eu des inondations et quantité d'arbres ont été déracinés.

À Lisieux et à Pont-l'Evêque, certains quartiers ont été couvert d'eau. À Caen, l'eau a couvert la prairie, inondé le quartier Grusse et envahi le planitre de Louvigny.

Lundi soir, le cocher Adrien Féret, se rendait au presbytère de Louvigny d'où il devait ramener à Caen deux personnes qu'il y avait conduites le matin. Il voulut traverser la prairie déjà couverte par les eaux, mais a 10 mètres de l'entrée, par la barrière en face de l'abreuvoir, il appuya trop à droite et la voiture culbuta dans le fossé. Féret parvint à dételer le cheval, et la voiture, seule, resta abandonné sous l'eau.

 

Décembre 1899   -   Un peu d’hygiène.    -    Dans notre avant dernier numéro, nous disions que la fièvre typhoïde avait fait sa réapparition à Caen.

L'un de nos lecteurs nous écrit qu'il serait plus exact de dire que la fièvre typhoïde existe à Caen à l'état presque constant. Notre ville a, en effet, la triste réputation d'être insalubre, et l'installation des eaux de source n'a pas modifié l'état sanitaire autant qu'on aurait pu l'espérer.

A quoi faut-il donc attribuer cet état de choses ? Selon l'avis de notre correspondant, les maladies épidémiques sont entretenues et transmises, en grande partie, par les eaux de l'Odon. En effet, cette rivière est utilisée en remplacement de fosses d'aisances par tous ses riverains, c'est elle qui reçoit toutes les déjections et, par conséquent, les germes épidémiques y fourmillent.

Eh bien, l'eau de cette même rivière est utilisée pour blanchir le linge ! On dit aussi, mais cela n'est pas, nous pouvons l'affirmer, qu'elle sert à laver les tripes à la mode de Caen. Oui, de  nombreuses blanchisseuses lavent le linge dans cette eau infecte sur laquelle on voit flotter... un tas de choses, et notre linge ainsi lavé nous transmettra les germes infectieux : aujourd'hui, la typhoïde, demain peut-être, le choléra ou la peste. Comment éviter ce danger ? En employant un moyen radical : en couvrant l'Odon. La question n'est pas nouvelle, le conseil d'hygiène lui-même s'en est occupé jadis, mais il a sans doute craint de léser certains intérêts, et il n'a pas pris de décision.

Si l'Odon est utilisé comme égout, il ne peut pas être employé comme lavoir. Tous les égouts, dans les grandes villes, sont couverts, il devrait en être de même à Caen.

Continuons à utiliser l'Odon comme égout, mais couvrons-le. Nous savons bien que certaines industries souffriront de cette mesure de Salubrité, mais l'intérêt général doit passer avant l'intérêt privé.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1899   -   A propos d’eau.  -   Le sieur Edmond Pain, débitant, rue Saint-Pierre, à Caen, brassait du cidre dans une remise qu'il a louée rue de la Blanchisserie. Il était en train de prendre de l'eau dans un fût à une borne-fontaine, lorsqu'un agent lui fit une contravention.

Cité en justice de paix, le sieur Pain, en raison de sa bonne foi, n'a été condamné qu'à 1 franc d'amende.

Les considérants du jugement ne manquent pas de saveur : « Attendu, dit le juge, que si les habitants de Caen ont droit de prise d'eau aux bornes fontaines de la ville, ce droit est limité strictement, par un arrêté municipal, aux besoins du ménage, or, que le sieur Pain brassait du cidre, non pas seulement pour les besoins de son ménage, mais encore pour les besoins de son industrie, destinant ce cidre à être vendu dans son débit, etc. ».

— A ce compte-là, les restaurateurs ne pourront pas non plus prendre d'eau aux bornes-fontaines pour laver leurs tripes à la mode de Caen, ces tripes étant destinées à être vendues à leur clientèle.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1899   -   Tirage au sort.  -   Les opérations du tirage au sort de la classe 1899 commenceront le 22 janvier prochain, pour être terminées le 16 février suivant. (Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1899   -   Les premières victimes du froid.  -   M. Burnouf, avocat à Caen, gendre de M. Tillaye, sénateur, avait à son service deux jeunes bonnes, originaires de la Manche :  Azélie Giot, 18 ans, et Albertine Cabart, 16 ans. Toutes les deux couchaient habituellement dans des chambres séparées, mais, dimanche soir, en présence du froid, elles résolurent de coucher ensemble. Et, pour que la chambrette, toute petite cependant et bien close, soit encore moins froide, elles montèrent une chaufferette en métal dans laquelle elles, allumèrent quelques morceaux de charbon de bois, puis elles se couchèrent.

Lundi matin, Mme Burnouf n'entendant pas ses bonnes monta à leur chambre. D'abord, elle les crut endormies, mais, voyant qu'elles ne remuaient pas, elle descendit prévenir son mari,  des médecins furent mandés. Il était trop tard, les corps des deux jeunes filles étaient froids. Elles avaient été asphyxiées, pendant leur sommeil, par les émanations produites par le charbon, pourtant mis en petite quantité.

Elles n'ont pas souffert et semblaient encore dormir : l'une, la tête tournée vers le mur de la ruelle du lit ; l'autre, du côté de la chambre. 

Toute idée de suicide doit être écartée. Sur la table, on a trouvé une lettre inachevée adressée à sa famille dans laquelle elle disait qu'elle allait se coucher parce qu'elle avait trop froid.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1899   -   Le froid.  -   La gelée a pris au moment où rien ne la faisait prévoir. Presque immédiatement le froid a atteint, à Caen, 6 au-dessous de zéro ; au bord de la mer, il y a eu 7 et même 8 dans les endroits ou le vent portait.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, le thermomètre est descendu à 10 au-dessous de zéro. Mardi, la neige a fait son apparition dans notre région. Le froid est général en France. 

Les patineurs caennais ont eu une grosse désillusion : l'eau manquant dans les réservoirs, la partie de la prairie réservée au patinage n'a pas été inondée en temps. Il a fallu avoir recours à une machine à vapeur pour déverser l'eau. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Décembre 1899   -   A quoi sert l’étuve à désinfection ?  -   Une mesure urgente de salubrité s'impose. Il est absolument nécessaire que l'administration municipale de Caen veille à ce que le linge et les effets ayant appartenu à des personnes atteintes de maladies infectieuses ne soient portés aux lavoirs publics qu'après avoir été désinfectés.

Nous pouvons fournir la preuve que le linge d'une victime de la fièvre typhoïde, dont nous avons annoncé le décès, a été blanchi dans la même eau qui a servi à blanchir le linge de beaucoup de familles. Nous avons, à Caen, une étuve à désinfecter. A quoi sert-elle ? Combien de fois par an cette étuve est-elle utilisée ? (Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1899   -   Pourquoi ?…  -   L'un de nos concitoyens avait demandé à construire un petit hangar sur le bord du Canal. L'administration s'y refusa. Depuis, on y a installé un petit café-restaurant. Pourquoi refuser à l'un ce que l'on accorde à l'autre ?.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1899   -   Une sucrerie à Caen.  -  M. Bouchon, le créateur de la grande sucrerie de Nassandres (Eure) va installer une usine modèle à Caen, dans la prairie entre le Canal et le cours Caffarelli. Elle occupera cinq ou six cents ouvriers. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1900   -   Pour la troisième fois !  -  La femme d'un retraité de la marine, retiré aux environs de Cherbourg, a pris la clef des champs pour la troisième fois. Arrivée à Caen, prise de remords ou abandonnée par celui qui l'avait enlevée, elle a écrit à son mari pour lui demander pardon en jurant qu'elle ne recommencerait pas.

— « La troisième fois est bonne ou mauvaise », dit-on. Elle a été mauvaise pour notre ménagère, car son mari, au lieu de l'absoudre, a porté plainte. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1900   -   L’incendie du Bon-Sauveur.  -  Lundi vers midi, un incendie s'est déclaré à l'établissement du Bon-Sauveur de Caenr, dans le quartier Saint-Joseph, affecté aux aliénés riches.

Le feu a pris dans les greniers, où se trouvent de la paille et des copeaux. La pompe de l'École normale a été immédiatement amenée. Bientôt sont arrivés les pompiers de Caen avec la plus grande partie de leur matériel. Au bout d'une heure on était maître de l'incendie.

Les pertes sont évaluées de 15 000 à 18 000 fr., assurées à cinq compagnies. Toute la toiture du bâtiment a été brûlée et les planchers sont gravement endommagés. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Janvier 1900   -   Le drame de la rue Caponière.  -  La femme Malherbe, que son mari avait blessée de plusieurs coups de revolver, le 9 décembre dernier, chez un débitant de la rue Caponière, à Caen, parce qu'il se croyait trompé par elle, vient de sortir de l'hôtel-Dieu où elle était en traitement depuis cette époque. Elle est, maintenant, complètement guérie. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Janvier 1900   -   Les gros poids.  -  Enfoncés par une demoiselle les membres de la Société des 100 kilos, dont fait partie le fils Guilmin, dont le père fut, à Caen, l'agent électoral des réactionnaires. Le Farceur, de Boulogne, nous apprend qu'une demoiselle De Cauville, 35 ans, morte dans cette Ville, pesait 240 kilos, soit 480 livres.

La longueur du cercueil était de 2 m. 20 et sa largeur de 1 m. 08. Comme le corps a été reporté à la campagne, il a fallu un cercueil en plomb, un en orme et un en chêne, le tout pesant, avec le corps, près de 700 kilos ou 1 400 livres !  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1900   -   L’alcool.  -  La ville qui fait la plus grande consommation d'alcool en France, est Cherbourg. Elle en consomme près de 18 litres par tête d'habitants ; puis Viennent le Havre, pour 17 litres 22 ; Rouen, 16 litres 74 ; Caen, 15 litres. 44. (Ces quatre villes tiennent la tête de cette sombre liste) ; Lyon, 15 litres 14 ; Boulogne-sur-Mer, 12 litres 70 ; Amiens, 11 litres 70 ; Brest, 11 litres 50 etc…

Comme plus des trois quarts des habitants n'absorbent pas d'alcool, il en résulte que certains individus en consomment do 60 à 80 litres par an. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1900   -   Ce qu’il ne faut pas montrer sous peine d’amande.   -   Deux gendarmes, un beau midi, se promenaient sur les rives de l'Orne, territoire de Caen, lorsqu'ils aperçurent une petite barque montée par Fernand Martin, 31 ans, employé au gaz, et Alfred Brasseur, 35 ans, employé à la compagnie des eaux. Martin avait dans les mains un vieux fusil, une vraie « seringue à plomb ».

Les gendarmes ordonnèrent aux deux navigateurs d'accoster. Martin se mit à rigoler, pendant que Brasseur se baissait de façon à montrer autre chose que sa face aux gendarmes. «Nom d'un bleu! dit le brigadier à son collègue... m'est avis que ce pékin me montre son postérieur ?»

— « Supérieur, vous avez raison », répondit le gendarme à son brigadier.

Conclusion : deux procès-verbaux, qui ont valu 30 fr. d'amende, à Martin pour chasse, et 50 francs à Brasseur, pour avoir montré son arrière-train à l'autorité.  (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Janvier 1900   -   L’incendie des Écuries Primois.  -  Un incendie s'est déclaré dans la nuit de dimanche à lundi, place Singer, à Caen, chez M. Primois, négociant et loueur de voitures. C'est un cocher qui, rentrant vers minuit, s'aperçut que le feu était dans l'atelier de sellerie, à l'extrémité d'un grand bâtiment servant d'écurie et remise au rez-de-chaussée, de magasin au premier et de grenier à fourrages au-dessus.

L'alarme fut donnée aussitôt. On s'empressa de faire sortir les chevaux, qui ont tous été sauvés. Les pompiers accoururent et le feu fut vigoureusement attaqué. On en fut maître au bout d'une heure et demie, mais l'extinction de l'incendie dans les fourrages dura jusqu'à 4 heures du matin.

La cause du sinistre n'a pu être établie d'une manière précise, car le sellier avait fermé son atelier samedi soir et il n'est pas probable que dans ce local le feu ait pu couver 32 heures avant de gagner les fourrages au-dessus. Il est possible que l'incendie ait été occasionné par les fils conducteurs de l'électricité, recouverts de bois à l'intérieur du bâtiment.

Les pertes en harnais, fourrages et bâtiments sont d'environ 25 000 francs, assurées par les Compagnies l'Union et l'Aigle.

— Un accident s'est produit dans cet incendie. En détachant les chevaux, un sieur Ruel, 33 ans, a reçu, dans le bas-ventre, un coup de pied qui a nécessité son transport à l'hôtel-Dieu. Sa blessure n'est pas grave. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1900   -   Téléphone.    Depuis le 1er février 1900 fonctionne un service d'appel téléphonique pour correspondants abonnés ou non abonnés. La taxe de transmission de l'appel est fixée : à 0 fr 25 pour les avis échangés à l'intérieur de tout réseau téléphonique et entre localités reliées téléphoniquement entre elles par des lignes dont la longueur totale ne dépasse pas 25 kilomètres, à 0 fr. 40 dans  tous les autres cas. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1900   -   Nos tramways.     On annonce de nouveau que des wagons de matériel sont arrivés en gare de Caen, et que les travaux pour l'installation de nos tramways électriques vont enfin commencer.

— On nous demande où en est la construction du tramway de Caen à Falaise. Les travaux des deux principaux tronçons sont encore à adjuger, ce qui veut dire que la ligne ne sera pas livrée à l'exploitation avant un an ou deux. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1900   -   La mortalité à Caen.     Il y a eu cette semaine, à Caen 55 décès. La semaine correspondante de l'année dernière, il y en avait eu 26. Excédent on 1900 : 29. (Source : Le  Bonhomme Normand)

 

Février 1900   -   Les charbons.     Les charbons de terre devenant de plus en plus rares, la hausse continue.

Au début de la guerre du Transvaal, le gouvernement anglais ayant accaparé les mines de Cardiff et de Newcastle qui alimentent notre littoral, les arrivages deviennent de plus en plus rares.

Par suite de l'affluence des demandes, les charbons français sont sur le point de devenir aussi rares que les charbons anglais. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1900   -   La mortalité.  -   Le nombre des décès a été moins élevé cette semaine à Caen, mais le nombre des malades est toujours considérable. Le mal est général et la Manche parait encore plus atteinte que le Calvados.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1900   -   Inondations et bourrasques.  -   Les pluies abondantes de ces dernières semaines ont amené une crue générale des cours d'eau.

L'Orne a inondé toute la prairie de Caen, une partie de la commune de Louvigny et le village de Clopée à Mondeville.

La fermeture des vannes de l'abreuvoir de la préfecture a comme d'habitude, augmenté la hauteur des eaux. Tous les ponts de la société des courses ont été emportés.

On redoutes crues à Lisieux et à Pont-l'Evêque.

Des bourrasques de vent ont causé de grands dégâts sur nos côtes. A Cherbourg, un ouragan a enlevé complètement le toit du chœur de l'église Sainte-Trinité. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Février 1900   -   Tout pour eux, rien pour les autres.  -   A la demande d'avis qui lui était adressée par l'administration des postes concernant la fermeture des guichets postaux, le dimanche, à partir de midi, le conseil municipal de Caen a donné, à l'unanimité, un avis défavorable.

Cela n'aurait, cependant, aucun inconvénient l'été, nos commerçants et rentiers, y compris ceux du conseil, allant se balader à la campagne ou à la mer. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1900   -   Une vieille collectionneuse.  -  Les habitués du marché aux bestiaux de Caen chargeaient de préférence de la garde de leurs moutons, moyennant quelques sous, une  vieille fille nommée Marie Lesage, logeant à Venoix, dans une misérable chaumière. Cette vieille fille avait la manie de ramasser tout ce qu'elle trouvait sur sa route et de le déposer dans une pièce qui a été trouvée remplie de cette collection d'un nouveau genre.

La demoiselle Lesage ne collectionnait pas seulement les objets sans valeur; elle avait aussi un faible pour les louis de 20 fr. et les pièces de cent sous.

La vieille collectionneuse est morte ces jours-ci. Dans son grenier, dissimulés dans des cendres et sous des chiffons, on a trouvé 100 000 fr. en louis de 20 fr., et 12 000 fr. en pièces de 5 fr. Total : 112,000 fr. que son neveu et sa nièce auront à se séparer. Marie Lesage était âgée de soixante-dix-huit ans. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Mars 1900   -   Vol à l’américaine.  -  Dimanche, le sieur Amand Fouques, 25 ans, cultivateur à Ondefontaine, près Aunay-sur-Odon, venant de livrer deux chevaux à la gare de Caen, se rendait à Venoix, quand, place des Casernes, il fut accosté par un individu qui engagea une conversation avec lui. Bientôt, un compère le rejoignit. Arrivés place de la Préfecture, un des individus remit 10 francs au sieur Fouques, lui demandant d'aller chercher des cigares, mais il lui demanda une garantie. Fouques leur laissa 1 500 fr. et 4 titres de rente de 10 fr. qu'il avait sur lui. En échange, il reçut la sacoche du particulier.

Il courut rue Ecuyère, mais quand il revint les individus avaient disparu. Il ouvrit la sacoche et y trouva 4 fr. 90 en sous. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Mars 1900   -   Grande marée.  -  La marée du 3 mars mesurera 119 et sera l'une des plus fortes du XIXe  siècle. Elle dépassera presque du cinquième les grandes marées moyennes. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1900   -   Les tramways électriques.  -   Le Journal officiel publie le décret déclarant d'utilité publique l'établissement à Caen d'un réseau de tramways électriques. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1900   -   Tentative de meurtre.  -   Le nommé Albert Henry, 30 ans, journalier, rue Saint-Jean, 18, à Caen, a été arrêté pour tentative de meurtre, la nuit, sur sa maîtresse, Berthe Delaunay, 25 ans. Henry avait porté à celle-ci un coup de hachette au front, lui faisant une grave blessure qui a nécessité son transport à l’hôtel-Dieu.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1900   -   Bains et lavoirs.  -  La Compagnie des Tramways électriques a pris possession des bains et lavoirs depuis le 1er janvier, mais on ne lui a pas imposé de donner gratuitement des bains aux soldats du régiment, comme cela avait lieu.

Le colonel a réclamé, le conseil lui a accordé 4 200 fr. pour établir un appareil à bains dans la caserne Hamelin.

Malgré une vive opposition, le conseil, a décidé que les lavoirs paieraient le gaz au prix de la ville, c'est-à-dire 10 cent, au lieu de 25. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Mars 1900   -   La fièvre aphteuse.  -  Le maire de Caen vient de prendre un arrêté portant que tout animal introduit dans les abattoirs qui sera reconnu atteint d'une maladie contagieuse quelconque devra être immédiatement abattu.

En cas de refus du propriétaire, il sera procédé à ses frais à l'abatage. Cet arrêté est motivé par la recrudescence de la fièvre aphteuse ou cocotte. Il y a eu des cas un peu partout. M. Gallier, vétérinaire sanitaire, a fait conduire à l'abattoir les animaux suivants mis en vente sur le marché de Caen, et reconnus atteints de maladie contagieuse, savoir : un bœuf, appartenant à M. Manissier, marchand-boucher à Sallenelles ; un bœuf, appartenant à M. Auger, marchand de bestiaux à Lantheuil, et trois bœufs , appartenant à M. Fortin, marchand de bestiaux à Pré-en-Pail (Mayenne). (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Mars 1900   -   Contre la fièvre typhoïde.  -  La fièvre typhoïde a encore fait de nombreux vides autour de nous. L'eau est, dit-on, l'une des principales causes du mal. Toutes les mesures d'hygiène qui s'imposent ont-elles été prises ?

    Dans les villes où il y a, comme à Caen, un conseil d'hygiène, ses membres surveillent si les marchands de vin ou de cidre, si les fabricants de bière ou d'eaux gazeuses, si les boulangers et pâtissiers n'emploient pas pour leur fabrication les eaux de puits ou de cours d'eau qui peuvent être contaminés-.

    Ils font la guerre aux boulangers qui, pour les refroidir, laissent tremper leurs a patrouilles » dans les ruisseaux.

     Ils s'assurent si les glaces livrées à la consommation ne sont pas contaminées, c'est-à-dire si elles « donneraient par fusion de l'eau potable », suivant les termes mêmes de la récente ordonnance du préfet de police de la Seine.

      Voilà ce que font les membres de ces conseils d'hygiène. A Caen, en est-il ainsi ? (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1900   -   Une désespérée.  -  La demoiselle Regnault, 25 ans, employée de commerce, demeurant rue St-Malo, à Caen, s'est rendue le soir, dans les jardins derrière la caserne du Château, et, là, s'est tiré volontairement un coup de revolver au cœur.

La jeune désespérée a été portée à l'hôtel-Dieu. Malgré les soins empressés qui lui ont été donnés, elle est morte presque aussitôt.

Elle a été trouvée en possession de lettres adressées à sa mère et au commissaire de police du quartier, dans lesquelles elle faisait connaître sa funeste détermination. Ce suicide parait être le résultat de peines de cœur. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Mars 1900   -   Suites d’une querelle.  -  Dimanche, à 1 heure du matin, une querelle a éclaté rue Caponiére, entre le sieur Saillenfest, cafetier, et le nommé Gondouin, menuisier à Verson. On en vint aux mains et Saillenfest reçut un coup qui le blessa pour la vie.

Il ne sera plus, désormais, un homme comme tous les autres hommes. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1900   -   Disparition.  -  Une enquête est ouverte relativement à la disparition, depuis le 14 février, du sieur Gaston Lubin, 39 ans, voyageur de commerce, demeurant à Caen, rue d'Auge, 6. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Avril 1900   -   Chute grave.  -   Le sieur Léopold Noël, cocher au service du docteur Gidon, à Caen, est tombé du siège de sa voiture, rue de la Gare. Une abondante hémorragie s'étant déclarée, le blessé a été transporté à l'hôtel-Dieu où il a été admis d'urgence. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1900   -   Encombrement dangereux.  -   Lorsqu'il s'agissait d'obtenir le monopole des tramways à traction électrique de Caen, la compagnie demanderesse était tout feu, tout activité.

Depuis qu'elle est arrivée à son but, non seulement elle ne fait rien pour être agréable au public en hâtant la construction des voies, mais elle l'embête en encombrant nos trottoirs avec ses rails.

Nous nous joignons au « Journal de Caen » pour protester contre ces dépôts dangereux.

La compagnie concessionnaire nous avait fait annoncer qu'elle serait prête à marcher en février. Nous voilà à Pâques, et on ne commencera, parait-il, que le lundi de Quasimodo. Pour sur, ce ne sera pas encore terminé à la Trinité. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1900   -   Chronique judiciaire.  -  René Lecoq, 26 ans, journalier à Caen, 1 mois de prison, vol, sur les quais, de charbon à M. Allainguillaume. 

— Camille Victoire, 15 ans, domestique à St-Paul-du-Vernay, 8 mois en maison de correction, vol d'une blouse, taie d'oreiller et d'une cravate au sieur Lemaigre, à Cheux ; de vêtements à des domestiques, à Brécy et à Norrey, et à la dame Marie, à Carpiquet. 

— Victor Viel, 16 ans, et Léon Lebret, 18 ans, journaliers à Caen, 2 mois de prison chacun, vols de 60 kilos d'outils et de ferraille dans une carrière, à la Maladrerie. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Avril 1900   -   L’incendie de la rue de bras.  -   Un incendie s'est déclaré vendredi après midi, à Caen, rue de Bras, cour dite de la « Salpetrière », dans des bâtiments en bois à usage d'écuries, remises, entrepôts de vins et alcools, occupés par les sieurs Lemarinier et Beaugè, bouchers ; Dupray et Henry, épiciers en gros, et appartenant à la dame Houssaye.

Les chevaux qui se trouvaient dans les écuries ont pu être sauvés. Grâce à la promptitude des secours, au bout d'une heure on était maître du feu. Les dégâts, assez importants, ne sont pas encore évalués (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1900   -   La consommation du lait à Paris.  -  Chaque matin, vers 3 heures, arrivent à Paris les « trains de lait » avec 3 ou 4 wagons venant des départements limitrophes, contenant 690 000 litres de lait que Paris absorbe chaque jour, sans compter l'eau que les laitiers y ajoutent. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1900   -   Pêche miraculeuse.  -  Dimanche dernier, le sieur Henri Leroy, qui péchait dans l'Orne, à Caen, près de la passerelle, a, d'un seul coup de carrelet, pris 15 aloses, pesant ensemble 60 livres. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Mai 1900 - Orages. - Dimanche soir, il a plu à Caen. C'était la queue des orages qui avaient éclaté à Paris et à Rouen. Dans cette dernière ville et aux environs, le vent et la pluie ont occasionné de grands dégâts.

A Louviers (Eure), trois personnes ont été blessées par la chute d'une cheminée.

A Berk-sur-Mer, trois petits bateaux-chalutiers ont chaviré sous voile. Quatre hommes ont été noyés. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1900  -  Récompenses honorifiques.  -  Une médaille de bronze a été décernée au sieur Ferdinand Leroy, agent de police à Caen, pour avoir maîtrisé des chevaux emportés.

— Ont reçu la médaille du travail : MM. Lemonnier et Vigne, employés maison Corbel, à Courseulles ; Venard, surveillant à la compagnie de l'Ouest, à Caen. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1900  -  La tempête.  -  Dimanche, lundi et mardi, le vent a soufflé en tempête sur la région. Il y a eu de grands dégâts dans les campagnes, nombre d'arbres fruitiers ont été brisés.

A Caen, un arbre a été arraché par le vent sur le boulevard. Sur le Grand-Cours, le vent a brisé plusieurs grosses branches des arbres. L'une d'elles est tombés sur le nommé Charles Hamon, 46 ans, garçon boucher à Fontenay-le-Marmion, qui a été blessé mais sans gravité, une femme qui suivait avec une brouette le chemin qui traverse l'hippodrome a été jetée par le vent dans le fossé devant les tribunes. Elle en a été retirés aussitôt par des ouvriers qui travaillaient près du lieu de l'accident. Le paquebot de Caen au Havre n'a pu partir lundi. Les communications téléphoniques entre Caen et Paris ont été interrompues. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1900  -  Gelées tardives. - Il a gelé pendant la nuit de samedi à dimanche. Sur certains points de la Normandie, les arbres ont beaucoup souffert. Il y a des pays vignobles où la récolte est considérée comme perdue.(Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1900  -  Encore une doctoresse.  -  Mlle Sérard, 25 ans, originaire du Calvados, a soutenu, à la Faculté de médecine de Paris, sa thèse en doctorat et a obtenu la mention « bien ». (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1900  -  Éclipse.  -  L'éclipsé solaire du 28 mai. visible partiellement en France, sera dans son plein vers quatre heures. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1900   -   Propositions galantes mal tombées.  -   Un agent de police de service, en bourgeois, ayant remarqué les allures plus que louches de François Briouze, 45 ans, domestique à Caen, l'observa.

Notre homme, qui a de vilaines habitudes, croyant que le quart d'œil lui faisait de l'œil s'en approcha gentiment et lui fit galamment des propositions plus que malhonnêtes. Mais l'ardeur de Briouze fut bientôt rabattue, car l'agent le prit au collet et l'emmena au poste où procès-verbal lui fut dressé. Poursuivi pour outrage public à la pudeur, François Briouze a été condamné à un mois de prison. Cet individu a été conducteur de la poste de Caen à Dozulé. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1900   -   Accident mortel.  -   Le sieur Eugène Leroux, 46 ans, mécanicien à la gare de l'Ouest, demeurant rue de Falaise, à Caen, est tombé dans une fosse du dépôt en allant s'assurer de l'état de sa machine. Le malheureux, qui faisait le service entre la gare de l’Ouest et la gare Saint-Martin, a eu trois côtes brisées et le crâne fracturé. Il est mort sur le coup. Leroux était depuis 27 ans au service de la Compagnie de l'Ouest. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1900   -   Accidents.  -   Une tuile, en tombant dans la cour de l'hôtel de la Victoire, à Caen, a blessé assez gravement à la tête la domestique, âgée de 30 ans.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1900   -   Les dessous d’une petite affaire.   -   Un agent de police avait dressé contravention au cocher Nicolle, pour avoir conduit son fiacre, le soir vers onze heures, rue au Canu, à Caen, à une allure désordonnée et de s'être jeté sur les chevaux du tramway.

Le cocher a fait appeler deux témoins dont le conducteur du tramway qui a affirmé que ses chevaux n'avaient pas même été effleurés par le fiacre du cocher. ( Nicolle a été acquitté ) Y aurait-il là-dessous, comme on le dit, une histoire de « sou de café ». (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1900   -   Après l’élection.  -  M. Perrotte rappelle à ses administrés que procès-verbal sera dressé contre toute personne qui usera des bornes-fontaines pour des besoins industriels, pour l'arrosage des jardins, le lavage sur place du linge, des voitures, des légumes, du poisson ou autres objets, ainsi que l'abreuvage des bestiaux. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Juin 1900   -   La reconstruction de l’Hôtel-Dieu.  -  C'est M. Lemaitre, conseiller municipal, qui a été nommé vice-président de la commission des hospices, en remplacement de M. Frémont, démissionnaire, et M. Languehad,, ordonnateur des dépenses : Une réunion composée de la commission des hospices, de délégués du conseil municipal et des médecins, chefs de service de l'hôtel-Dieu doit être convoquée pour étudier la question de la reconstruction de l'hôtel-Dieu.

Nous espérons que de cette réunion sortira une entente qui saura concilier le bien-être des malades et l'intérêt des contribuables, tout en n'exposant pas les vieillards et les entants de l'hospice St-Louis aux émanations contagieuses qui se dégagent toujours des salles d'un hôpital.

Le projet, proposé par la mairie, consiste à construire un nouvel hôpital dans le parc de l'hôtel-Dieu et à transporter l'hospice Saint-Louis dans les bâtiments actuels de l'hôpital. Pour les pensionnaires de l'hospice Saint-Louis, l'entrée resterait où elle est actuellement. L'entrée du nouvel hôpital serait par la route d'Ouistreham. Dans la ligne droite faisant face à la place Reine-Mathilde, seraient construits les pavillons des militaires, des fiévreux et des blessés, puis les bâtiments de la communauté et la chapelle, séparés de la rue de Bretagne Calix par de vastes jardins. En arrière, du côté de la rue de la Masse, seraient installés les pavillons des contagieux et des filles publiques.

Le contre-projet, qui respecte le parc de l'hôtel-Dieu, propose de faire des réparations importantes dans les salles actuelles, de surélever certains bâtiments, de reléguer les contagieux dans le jardin des religieuses donnant sur la route d'Ouistreham, de donner l'eau à tous les étages, d'éclairer les salles, à l'électricité., d'installer un nouveau chauffage, etc...

D’un autre côté des réparations importantes seraient faites à l'hospice St-Louis, qui resterait là où il est. Ce projet aurait pour premier résultat d'augmenter, de cinquante le nombre de lits des malades à l’hôtel-Dieu.

Le projet de l’architecte municipal, qui ne perd pas de vue ses honoraires, s'élève à 1 200 000 fr, mais, grâce à l'imprévu, il arrivera certainement à deux millions sur lesquels le Pari mutuel entre pour 400 000 fr. Le contre-projet n'atteindrait pas 800 000 fr.

Le projet de la mairie diminue de 50 le nombre des lits, le contre-projet l'augmente de 50. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Juin 1900   -   Mort presque subite d’un jeune communiant.   -   Le jeune Legentil, demeurant chez ses parents, rue des Carmes, à Caen, avait fait sa première communion il y a huit jours. Hier mercredi, quoiqu'un peu souffrant, il joua avec ses petits camarades.

Dans la nuit, son père s'étant levé pour voir comment il allait, il le trouva plus souffrant. Deux heures après, le pauvre enfant était mort. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Juin 1900   -   Une farce de Mardi Gras.   -   Or, ce jour-là, après avoir bien déjeuné chez des amis, la veuve Dasque, demeurant à Caen, quartier Vaucelles, rentrait en chantonnant dans  sa cour. Tout à coup, les voisins l'entendirent appeler : « Au s'cours ! à l'assasin ! » Ils accoururent et trouvèrent la veuve étendue sur le sol, disant que c'était Séraphin Hamelet, 30 ans, plâtrier, qui venait de la battre comme plâtre.

— « J'sieux morte, répétait-elle ; qu'nos z'aille cherchi la police por me r'iever ». Comme la police mettait trop de temps à venir, Mme Dasque se releva toute seule et alla se plaindre au commissaire.

Après une triple enquête faite par le commissaire de Vaucelles, par le central et par le juge d'instruction, on a poursuivi le plâtrier Séraphin ; mais, grâce à Me Gaillard, il a été acquitté et est sorti de là pur comme l'ange dont il porte le nom. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Juillet 1900   -   La chaleur.  -   La chaleur accablante que nous avons eue lundi et qui s'est élevée à 35° degrés à l'ombre s'est fait sentir partout ; à Paris et en Angleterre, il y a eu des cas d'insolation mortels.

Par place, il y a eu des orages ; à Rouen, la foudre est tombée dans un café et a traversé la salle sans faire de dégâts.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1900   -   Dépense inutile.  -  Tous les ans, le préfet du Calvados fait afficher un arrêté par lequel il est défendu de dénicher les oiseaux utiles à l'agriculture.

Nous serions heureux de connaître le relevé des contraventions et condamnations en simple police. Si le préfet ordonnait ce relevé, il serait renseigné sur l'utilité de l'affichage de son arrêté, dont on ne tient nul compte. Il serait peut-être surpris si, à la suite de cette enquête, il se trouvait que, dans le département, pas un seul procès-verbal n'a été dressé par les gardes champêtres.

Alors, pourquoi grever le budget départemental d'une dépense que l'on sait inutile, puisque partout cet arrêté est considéré comme lettre morte ?  (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Juillet 1900   -   Patrons, patronnes attention !  -  Mlle Durand, couturière, boulevard St-Pierre, à Caen, emploie onze ouvrières.

Comme elle avait un deuil à finir, elle demanda à l'inspecteur la permission de faire travailler deux de ses ouvrières après l'heure réglementaire. L'inspecteur arriva à 9 heures du soir. Les onze ouvrières travaillaient, il dressa procès-verbal, en disant qu'il ferait une seconde contravention si les ouvrières ne quittaient pas immédiatement l'atelier.

Comme c'était un samedi, jour de paieries ouvrières restèrent quelques instants encore. L'inspecteur, qui faisait le guet, dressa une nouvelle contravention, ce qui à valu vingt deux amendes, de 5 fr. à la maîtresse couturière, car, malgré l'autorisation de travailler donnée pour deux ouvrières, l'inspecteur, se dégageant de sa parole comme un simple député, les a comprises dans son procès-verbal.  (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Juillet 1900   -   Enfant tamponné.  -  Le jeune Albert Fauvel, 10 ans, dont les parents habitent à Caen, rue Montoir-Poissonnerie, s'en alla sur le quai, au lieu de se rendre directement à l'école des Frères de la rue Guilbert. Pour son malheur, il voulut voir entrer un paquebot. Tout entier a l'évolution de ce navire, le malheureux enfant ne s'aperçut pas d'une manœnvre de wagons qui avait lieu, sur le quai. Surpris et tamponné entre deux wagons, il est mort sur le coup. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Juillet 1900   -   Coup de pied de cheval.  -  Le sieur Désiré Gervais, 55 ans, domestique à Caen chez le sieur Brion, marchand de chevaux, a été blessé très gravement à la tête par un coup de pied de cheval. On l'a transporté immédiatement à l'hôtel-Dieu. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Juillet 1900   -   Accident causé par une automobile.  -  Mardi matin, le sieur Paul Poucoton, 39 ans, ouvrier maréchal, rue Porte-au-Berger, à Caen, a été renversé par un automobile, rue Neuve-du-Port. La voiture, conduite à une allure très modérée par son propriétaire le sieur Tuénod, demeurant à Beuzeval, s'est arrêtée presque instantanément. Malheureusement, la roue droite du véhicule a passé sur la jambe du sieur Poucoton qui a été brisée en deux endroits. .  (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Juillet 1900   -   Légion d’honneur.  -  Parmi les chevaliers du 14 Juillet, nous trouvons le nom de M. Louis André, le distingué chef de musique du 36e, décoré après 25 ans de services.

A son passage à Caen, M. Loubet a remis la croix à M. Aymé, président de Chambre. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1900   -   Odeurs de Caen.   -   Dans la nuit de mardi à mercredi, à Caen, vers deux heures du matin une grande quantité de vidanges a été déversée, à Vaucelles, dans la bouche d'égout qui se trouve quai des Abattoirs, à l’angle de la rue du Géneral-Decaen.

Personne n'a inquiété les particuliers qui se livraient à ce passe-temps au risque d'empoisonner tout un quartier. Et dire que Vaucelles possède quatre conseillers municipaux dont un adjoint et un docteur en médecine très ferré sur l'hygiène. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Août 1900   -   L’incendie Allainguillaume.   -   Le feu s'est déclaré vendredi dernier, vers neuf heures du soir, dans l'usine de meubles de pitchpin appartenant à M. Allainguillaume, l'armateur bien connu.

Les bois, desséchés par la chaleur, ont pris comme des allumettes. Sauver l'usine, était impossible. Préserver les maisons et les magasins de bois voisins, voilà ce qu'ont fait nos pompiers avec leur dévouement, habituel, mais ça n'a pas été sans mal, car la nuit entière ils ont dû manœuvrer les pompes.

Comme toujours, la pompe à vapeur de la gare a été d'un grand secours. Plusieurs personnes ont été blessées. Le sergent Groult et le soldat Morice, du 5e, légèrement atteints. Parmi nos pompiers, on cite le caporal Emile Marie, brûlures à la face et aux mains ; le sergent Guay, qu'on a dû reconduire chez lui ; le sergent Fradel, brûlures à la main ; le sapeur Lebouilleux, blessé à la main ; le lieutenant Rabachne, commencement d'asphyxie ; le capitaine Ménard, blessé au bras en tombant sur une pile de bois.

La cause du sinistre ne peut pas être précisée. On suppose que c'est une flammèche provenant de la cheminée de l'usine qui a déterminé l'incendie. Tout est détruit. Dans quelques mois, M. Allainguillaume devait transformer son usine afin de donner moins de prise au feu. Le sinistre s'est produit auparavant.

Les pertes sont évaluées à 250 000 francs. Il y a assurance pour cette somme. Le feu s'est communiqué par rayonnement aux chantiers Savare, à plus de trente mètres, mais le dévouement des pompiers et de la troupe ont suppléé au manque d'eau et surtout de pression. S'il y avait eu vent on ne prévoit pas où le feu aurait pu être arrêté. Les dommages causés aux voisins sont d'une quinzaine de mille francs environ. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1900   -   Une alerte.   - Lundi l'après-midi, un élève de la pharmacie Mullois, rue Saint-Pierre, à Caen, était descendu à la cave pour chercher de la benzine. L'élève était porteur d'une lanterne qui n'était pas hermétiquement close. Il la posa sur le sol pour remplir la bouteille. Comme il n'avait pas d'entonnoir, des éclaboussures se produisirent. Elles atteignirent la lanterne et tout s'enflamma bientôt.

L'employé, légèrement brûlé aux mains et aux jambes, s'échappa hors de la cave en criant : « Au feu ! » M. Mullois, après avoir demandé des secours par téléphone, s'empressa de jeter une grande quantité d'ammoniaque dans la cave pour éteindre le feu qui ne s'est pas propagé. M. Gaston Martin, employé du gaz, au risque de sa vie, est descendu à la cave pour couper la conduite.  (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Août 1900   -   Juste réclamation.  -  Les jeunes demoiselles de magasin de Paris sont autorisées depuis un certain temps à s'asseoir lorsque la clientèle ne les oblige pas à être debout.

Pourquoi, à Caen, se montre-t-on moins humain, et pourquoi les jeunes filles de magasin ne sont-elles pas autorisées à en faire autant ? Cela ne nuirait à rien. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1900   -   Vents et sécheresse.  -  La tempête de vent que nous avons éprouvée à la fin de la semaine dernière n'a été rien auprès du cyclone qui s'est fait sentir en Belgique et en Angleterre, notamment à Londres, où la grippe a fait sa réapparition.

— La foudre a fait aussi des siennes et a foudroyé à Grand-Souci (Isère) un troupeau de 133 moutons.

— La sécheresse de ces derniers temps a été nuisible à tout. Rien n'a poussé dans les jardins. Le vent et le sec font tomber les fruits, sans épargner les pommiers. Le beurre augmente, les bestiaux se vendent à bas prix et, cependant, les bouchers maintiennent les cours. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1900   -   Récompenses aux travailleurs.  -  Le ministre du commerce et de l'industrie a décerné à M. Alcide Hébert, né à Vassy, une médaille d'honneur pour une période ininterrompue de plus de trente années passées au service de la maison J. Barbey, négociant en vins, à Caen.

Consacrer plus de la moitié de sa vie au même maître est un exemple à suivre pour les jeunes et qui sera certainement suivi par le fils Hébert, employé dans la même maison. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1900   -   Encore du zèle !  -  M. Larue, armateur à Caen, passe des traités avec les entrepreneurs pour le chargement ou le déchargement de ses navires. Les entrepreneurs embauchent, paient et surveillent les ouvriers.

Le 22 mai, un ouvrier qui travaillait pour le sieur Guillot, entrepreneur, traversa un ponton et tomba à l'eau, il fut retiré à demi asphyxié et mourut quelques instants après. Conformément à la nouvelle loi sur les accidents, le juge de paix fit une enquête et ce fut le sieur Guillot qu'il cita comme patron responsable. Cela n'a pas empêché l'inspecteur du travail de dresser à M. Larue une contravention pour n'avoir pas déclaré l'accident.

L'affaire est venue devant le tribunal de simple police, elle a été fertile en incidents : le commissaire de police refusant communication d'une pièce, le défenseur disant qu'il l'aurait, et, de fait, il l'a eue en s’adressant au procureur général. Le juge de paix a sursis à statuer jusqu'à ce que l'instance civile, intentée par la veuve contre l'entrepreneur Guillot, ait été jugée. Le commissaire de police s'est, parait-il, pourvu en cassation contre cette décision.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1900   -   Chiens enragés.  -  Dimanche, l’enfant de 9 ans d'une dame Basley, journalière à Caen, hameau de la Maladrerie, a été mordu au visage par un chien enragé qu'on n'a pu abattre. Le jeune Basley a été conduit à l'hôtel-Dieu, où la blessure a été brûlée. On l'a envoyé à l'institut Pasteur.

— Un chien, qui errait dans le quartier Saint-Julien, à Caen, et paraissait enragé, a été abattu d’un coup de fusil, près de la poudrière, par un employé du commissariat central. M. Gallier, vétérinaire, après autopsie, a déclaré qu'en effet l'animal était atteint d'hydrophobie. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1900   -   Choses municipales.  -  Comme nous le prévoyions, le conseil municipal de Caen a voté le transfert de l'hôpital St-Louis dans les bâtiments de l'hôtel-Dieu et la construction d'un nouvel hôpital dans le clos Vaubenard faisant suite au parc de l'hôtel-Dieu.

MM. Demelle, Daléchamps, Brulfert et Maintrieu ont voté contre ; MM. Quatravaux et Lance se sont abstenus.

Pour faire face aux charges qui incomberont à la ville, celle-ci est autorisée à s'imposer de 3 centimes 75 à partir de 1903. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Septembre 1900   -   Une cure difficile.  -  On demande un spécialiste qui tentera de guérir la maladie de langueur dont la société de Traction est sérieusement atteinte.

En trois ou quatre mois la pose totale de la voie de nos tramways électriques devait être un fait accompli. Voilà trois semaines que les travaux sont commencés et il y a environ 500 mètres de travail terminé, et encore. C'est peu ou c'est beaucoup. Mais comme la circulation est entravée outre mesure, est-ce que la municipalité ne pourrait pas intervenir en détendant de bouleverser la voirie jusqu'au jour où cette société, plus en vigueur, prendra l'engagement de faire vite.

A moins que ce ne soit, comme on le dit, l'administration municipale de Caen qui, dans un but électoral, a exigé cette mise en scène très désagréable et encore plus dangereuse. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1900   -   Ce qu’il en coûte de receler les amoureux.  -  Il y a à Caen, dans le haut de la rue Saint-Jean, plusieurs maisons dans lesquelles les amoureux trouvent asile, le jour comme la nuit, en des logements dits « garnis », tenus par des femmes qui sont dégoûtées de la vie ou ne sont plus d'âge à la faire.

Comme ces propriétaires complaisantes ne regardent pas à la dent de leurs locataires de passage, il leur arrive parfois de sérieux désagréments.

C'est ainsi qu'une veuve Henriette Dieudonné, 42 ans, habitant au n° 195 de ladite rue, est poursuivie pour avoir reçu des filles et des jeunes gens qui n'ont pas eu la patience d'attendre leur majorité pour se livrer au jeu de l'amour.

La veuve Dieudonné à été condamnée à deux mois de prison.

— Un nommé Charles Leclerc, 35 ans, tenancier, rue du Ham, d'un couvent de femmes où l'on ne fait pas précisément pénitence et vœu de chasteté, était aussi poursuivi pour excitation de mineures à la débauche, mais, comme il ne s'est pas présenté, le tribunal lui a infligé six mois de prison. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1900   -   Tramways.  -  Vu les protestations de l'enquête et l'avis des ponts et chaussées, le conseil municipal de Caen a émis, à l'unanimité, l'avis qu'il ne soit établi qu'une seule voie rue Guillaume-le-Conquérant, sauf à la Compagnie d'électricité d'établir, place des Petites-Boucheries et place du Lycée, toutes les installations nécessaires aux deux voies. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1900   -   Récompense.  -   M. Fleuriau, carrossier à Caen, a mis à l'Exposition universelle de Paris une voiture bains de mer qui lui a valu une médaille de bronze. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1900   -   Sus aux vagabonds.  -  Nous avons, à différentes reprises, demandé à ce que notre ville, si paisible, soit débarrassée des gens sans aveu. Ils n'y sont pas, il faut le reconnaître, en grand nombre. La purge serait donc facile, sans la nouvelle loi dont profitent ces gredins remis le plus souvent en liberté par le parquet qui craint de s'attirer, une affaire.

Deux de ces jeunes vauriens viennent de se signaler, Jeudi soir, vers 9 heures, deux jeunes gens causaient rue de Geôle. L'un deux, E. Lepaulmier, 22 ans, garçon boucher chez M. Angot, rue de Geôle, déposa son panier par terre. A ce moment, vinrent à passer Alphonse Lefloc, 19 ans, palefrenier, rue de Vaucelles, 55, et Louis Rancin, 17 ans, se disant serrurier, habitant rue St-Jean, 48. Ce dernier enleva le panier du garçon boucher et prit la fuite avec son complice.

Le garçon boucher courut après son voleur qui, se voyant serré de près, se retourna et lui porta un coup de couteau qui l'atteignit à un bras, sans le blesser sérieusement. Aux cris « Arrêtez-les ! » deux sous-officiers réservistes, Casernés rue du Tour-de-Terre, arrêtèrent Rancin, malgré sa résistance, le lendemain, on s'assurait de son complice.

— La veille au soir, dans le haut de la rue Saint-Jean, une bande de garnements s'amusaient à insulter les passants et à leur lancer des pierres. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1900   -   La peste.  -  Quoi que les anglais fassent pour cacher que la peste sévit dans la ville maritime de Glascow (Ecosse), 650 000 habitants, des mesures sont prises contre ce fléau. Les bateaux de Glacow, notamment, ne sont pas reçus à Caen, et ceux venant d’Angleterre sont visités à leur arrivée à Ouistreham. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1900   -   Tentative de meurtre.  -  Louis Poulain, 26 ans, journalier à Caen, rue de Geôle, 5, rencontrait vers minuit, rue de Bernières, Marie Lutin, avec laquelle il vit en concubinage. Une discussion survint entre eux, au cours de laquelle Poulain porta à sa maîtresse un coup de couteau dans le sein gauche. L'arme a pénétré assez profondément.

La blessée, après avoir reçu les premiers soins à la pharmacie Tirel, a été transportée d'urgence à l'Hôtel-Dieu. Poulain a été arrêté. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1900   -   La foire Saint-Michel de Caen.  -   A l'époque de la fondation de l'abbaye de Saint-Étienne, le duc Guillaume institua en faveur des moines une foire dont ils avaient le produit. Elle se tenait dans les champs du Bourg-l'Abbé attenant à l'église Saint-Nicolas et avait lieu le jour Saint Laurent.

On la reporta bientôt, à cause de la récolte, au jour Saint-Michel et elle s'appela vulgairement la « foire aux oignons ».

— Cette foire durait trois jours pendant lesquels les armoiries et les agents de l'abbé de Saint-Étienne étaient substitués à ceux du roi et tous les droits d'entrée ou autres s'y percevaient au profit de l'abbaye.

— Pendant l'occupation de Caen par les Anglais, en 1431, Ambroise de Loré attaqua le jour Saint-Michel le faubourg où se tenait la foire, il fit trois mille prisonniers et enleva un butin considérable. Quand les champs Saint-Michel, où se tenait cette foire, furent transformés en jardins, la foire fut transférée sur la petit Cours où elle se tient aujourd'hui. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1900   -   Ensevelis dans une carrière.  -   Les sieurs Lucien Lelièvre, 34 ans, contremaître, et Florent Giuseppi, 40 ans, qui étaient descendus dans les carrières de la Maladrerie, appartenant à la Société des carrières du Calvados  E. James et Cie, ont été ensevelis sous des blocs de pierre qui se sont détachés tout à coup de la voûte. Un des contremaîtres s'étant aperçu qu'une partie de voûte de la carrière menaçait de s'écrouler, donna l'ordre de l'abattre. C'est aussitôt après que Lelièvre et Giuseppi ont été écrasés et tués sur le coup.

Lelièvre était marié et père de deux enfants, sa malheureuse femme est accouchée dans la nuit de l'accident d'un troisième enfant.

Samedi matin, l'inhumation des deux ouvriers a eu lieu au milieu d'une foule énorme. Le curé a fait une quête pour la veuve et les enfants Lelièvre. Elle a produit 68 fr. 15.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1900   -   Autrefois et aujourd’hui.  -  Le 36e de ligne est de nouveau installé dans les casernes de notre ville. Samedi soir, il y avait réception au Cercle militaire, pendant laquelle la musique s'est fait entendre sous les fenêtres du Cercle.

Le lendemain, agréable surprise, elle a donné un concert sur la place et a exécuté plusieurs morceaux avec une exquise finesse.  Le 36e est très aimé à Caen, ses relations, avec la population, ont toujours été des plus cordiales. Aussi regrettons-nous que l'administration municipale n'ait pas, comme autrefois, eu la pensée d'offrir un punch de bienvenue au corps d'officiers.

C'était, cependant, une occasion pour M. Perrotte de montrer qu'il n'est pas aussi dreyfusard qu'on le dit. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1900   -   Salubrité.  -  Route de Paris, à la sortie de Caen, existe une maison infecte où l'on apporte les restes des casernes et où on fait l'élevage des porcs. On sent ce charnier à deux cents mètres à la ronde. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1900   -   Reves de jeunes filles.  -  Jusqu'à ce jour, les officiers ne pouvaient se marier qu'avec des femmes leur apportant 25 000 francs de dot. Maintenant, il leur est loisible  d'épouser des jeunes filles n'ayant que leur vertu pour apanage.

Depuis, les jeunesses pauvres ne rêvent que pantalons rouges, comme si nous étions encore au temps où les rois épousaient des bergères. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1900   -   Pécher n’est pas pêcher.  - Le jeune vicaire de Caen qui à quitté brusquement son presbytère à la suite d’une altercation avec le curé n'a pas repris la soutane. Il se  promène en laïque.

On dit même, qu'il va se marier. Une sainte fille de Vaucelles, le voyant monter, un matin, dans le train de la Mer, s'est signée, en disant : « Le v'là co qui va péchi ».

C'est de la calomnie, car l'ex-vicaire, n'allait pas pécher, mais pêcher de i'équille. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Novembre 1900   -   La poste fermée le dimanche.  -  A partir du 1er novembre, les guichets des postes, télégraphes et téléphones seront fermés à midi les dimanches et jours fériés. La remise des lettres poste restante et le paiement des mandats télégraphiques seront assurés l'après-midi par les agents des guichets télégraphiques.

— Quant aux malheureux facteurs, ils continueront à trimer toute l'après-midi, les dimanches comme les autres jours. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Novembre 1900   -   Bêtes et gens volés.  -  Les chevaux des tramways de Caen se faisaient parfois tirer les guides pour marcher, c'était visible. On vient d'en découvrir la cause. La compagnie avait à son service des employés qui, non contents de la voler, rognaient aussi la portion des pauvres chevaux.

L'auteur principal est un contrôleur nommé Arsène Lemarchand, habitant n° 42, rue Bosnières, ancien adjoint de Saint-Contest, ancien coinetier à la halle, ancien marchand de grains. Il signait les souches du livre d’achats de noms de, commerçants soi-disant fournisseurs qui n'avaient rien fourni. Bref, d'après les livres, il devait y avoir en grenier une grande quantité d'avoine et on n'en a trouvé que quelques grains. Lemarchand avait pour complice un nommé Cordelier, originaire du Jura, dont il achetait le silence en l'abreuvant d'absinthe et en lui  payant, un voyage a l'Exposition.

Tous les deux ont été arrêtés et écroués mardi soir. Les fraudes importantes ne doivent pas remonter à plus de six mois, c'est-à-dire depuis que Lemarchand, bien que marié, a fait la connaissance d'une femme de la rue de Falaise.

La compagnie des trams évalue à 4 000 fr. son préjudice. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Novembre 1900   -   Victime du travail.  -  Le sieur Louis Guesdon dit Carouset, père de six enfants, travaillait sur les chantiers de construction du tramway de Caen à Falaise. N'ayant pas vu un trou creusé dans la journée, Guesdon est tombé au fond, se brisant deux côtes dans sa chute. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Novembre 1900   -   Récompenses honorifiques.  -  Mentions honorables aux sieurs Bérault, agent de police à Isigny ; Henri Le Boulanger, débitant à Mondeville, et Auguste Valence,  préposé des douanes à Caen, qui tous ont arrêté des chevaux emportés. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Novembre 1900   -   Les poursuites continuent.  -   Vendredi, le juge de paix de Caen a encore eu à juger une kyrielle de contraventions pour défaut de balayage ou dépôt d'ordures.

Il a acquitté le sieur Didier, marchand d'huîtres, contre lequel procès-verbal avait été dressé pour avoir déposé des écailles d'huîtres sous son étal du carrefour Saint-Pierre pour lequel il paie cependant une redevance à la ville. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Novembre 1900   -   Question du jour.  -   La question du jour, c'est encore et toujours le fameux arrêté concernant l'enlèvement des ordures. La façon, ou plutôt le sans-façon avec lequel on applique le règlement, dépasse les limites du sens commun. 

Après le commerçant poursuivi pour avoir laissé traîner quelques brins de paille, voici qu'on traduit un marchand d'huîtres en justice de paix pour avoir osé déposer sous son étal des écailles d'huîtres, comme si tous ses confrères n'en faisaient pas autant, comme si pareil dépôt ou plutôt pareille exposition n'était pas, en l'espèce, une enseigne toute naturelle et la meilleure des réclames. 

A Paris, on organise les expositions, ici, on les supprime. C'est la guerre aux étalages qui commence. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1900   -   Acte de courage.  -   Une petite fille qui se trouvait avec ses parents dans un wagon, en gare de Caen, était appuyée contre la portière, quand un voyageur qui était en retard, voulant monter dans le train déjà en marche, ouvrit précipitamment cette portière. La pauvre enfant tomba hors le wagon et roula sur la voie passant au-dessous du marchepied.

Elle allait être infailliblement écrasée si le sieur Ernest Lepetit, qui se trouvait sur le quai, ne se fût aussitôt précipité à son secours et n'eût réussi à la saisir assez à temps pour éviter qu'elle ne passât sous les roues du train. 

A l'âge de 11 ans, ce courageux citoyen avait déjà sauvé un enfant qui allait être écrasé sous les pieds d'un cheval attelé à un lourd camion.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1900   -   Broyé par un train.  -   Jeudi soir, en gare de Caen, un train de marchandises qui refoulait sur les voies de garage à complètement broyé le sieur François Mousset, 33 ans, homme d'équipe, demeurant à Mondeville. On suppose qu'en voulant traverser la voie au moment où le train se mettait en mouvement le malheureux a trébuché et est tombé sous les roues des wagons.

Mousset laisse une jeune veuve et trois enfants en bas âge. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Décembre 1900   -   C’est la faute aux tramways.  -   Si M. Perrotte a décrété l'emploi des boites à ordures, si on fait des Contraventions pour des riens, si on supprime les étalages, c'est la faute aux tramways électriques, voilà du moins les circonstances atténuantes que le chef de la municipalité fait plaider par ses amis.

D'un; autre côté, les aubergistes de la Maladrerie se proposent d'agrandir leurs écuries prévoyant que les cultivateurs, dont les chevaux ont encore le caractère plus mauvais que celui de leurs maîtres, remiseront en dehors de la ville et prendront le tram pour vaquer en ville à leurs affaires. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1900   -   Pris pour un voleur.  -  Léon Bouquerel, 26 ans, journalier, habite dans la maison de la dame Naslet, débitante et logeuse, rue Porte-au-Berger, à Caen.

Rentrant au petit jour et trouvant la porte de la maison fermée, il eut l'idée de rentrer par le grenier. II parvint. Il parvint à monter sur le toit et aurait réussi ainsi à gagner sa chambre s'il n'avait été aperçu par des passants qui ont crié : « Au voleur ! » et fait, arrêter ce pauvre Bouquerel qui n'est pas près de recommencer.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1900   -   Monuments historiques.  -  Sur la demande de l'État, la ville de Caen consent à donner 15 000 fr. pour continuer les travaux de l'église Saint-Pierre et 35 000 fr. pour ceux du tribunal de commerce. L'Etat fournirait le surplus, moins 5 000 fr. votés par la fabrique Saint-Pierre. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Décembre 1900   -   La terreur à Caen.  -  Le commerce des marrons est dans le marasme. Les marchands ont beau crier : « Chauds ! chauds ! » ceux qui d'ordinaire aiment à les grignoter sortant de la poêle résistent à la tentation par crainte de se voir dresser procès-verbal pour avoir laissé tomber les écales sur le trottoir. — Si vous voulez être, — ou plutôt ne pas être dans les papiers de la police, n'en jetez pas sur la voie publique.

Un passant, qui venait d'y lancer une circulaire Morillon, a été menacé de contravention par un agent.

— Ne touchez pas non plus aux boîtes à ordures chères à M, Perrotte.

— Jules Sabine, chiffonnier, rue de Bras, n'ayant pas le moyen de se payer une perrottine, a enlevé celle du sieur Duquesne, boulanger, rue Ecuyère. Pour ce crime, il a été condamné à quinze jours de prison. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1900   -   Le feu à Caen.  -   Jeudi matin, le feu a éclaté, au quatrième étage, dans les mansardes de la maison occupée, rue Saint-Jean, par le café « Au roi de Bavière », il a pu être assez rapidement éteint.

La cause de ce commencement d'incendie est difficile à préciser. Pertes, 5 000 fr. pour le propriétaire, M. Lemaître, et 800 fr. pour le cafetier, tous les deux assurés. La dame Gérard, couturière, y est pour 300 fr., non assurée.

Une fois de plus, on a constaté que si les bouches d'incendie fonctionnent admirablement lorsque l'on fait des essais, elles laissent beaucoup à désirer au moment où on en a besoin.

Comme toujours, les autorités sont arrivées à la queue leu leu. Le public paraissant inquiet, M. Hendlè, secrétaire général préfecture, s'est écrié : « Messieurs, plus rien à craindre du côté du feu : il est... circoncis ». Pas mal trouvée pour un Juif, cette circonlocution à la mode israélite. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1900   -   Outrage public à la pudeur.  -   Nous avons, au mois de juillet, parlé d'une scène qui s'était passée dans la prairie de Caen entre un soldat du 5e de ligne et un commerçant dont les gestes ont été considérés par le parquet comme un outrage public à la pudeur.

Le commerçant est M. Stanislas Fournier, 70 ans, quincaillier. Il aurait pu nier. Il a, au contraire, tout avoué, avec une telle naïveté qu'on a cru qu’il n’avait pas sa raison.

Trois médecins ont examiné le prévenu et ont conclu à sa responsabilité. L’affaire a été jugée à huis clos. M. Fournier et le soldat Albert Vassé, 23 ans, demeurant à Rouen, ont été condamnés chacun à trois mois de prison et 16 fr. d'amende, avec la loi Bérenger. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1900   -   Le XXe  Siècle.  -  La fin du siècle approche, dans quelques jours, le dix-neuvième siècle aura vécu. Des fêtes se préparent de toutes parts, pour célébrer l'aube du XXe  siècle.

A Rome, On s'apprête à murer, à St-Pierre, la fameuse porte jubilaire qui fut ouverte le 31 décembre dernier, la Cérémonie s'accomplira avec la pompe accoutumée, en présence de pèlerins venus de tous les pays du monde, Léon XIII, lui-même, officiera.

Dans toutes les églises catholiques, des messes de minuit seront chantées le 31 décembre prochain.

Constatons que dans le monde on commence à s'inviter pour le réveillon du 31 décembre. Il sera si agréable, sur le coup de minuit, de se souhaiter un bon siècle ! Cela n'arrive pas si souvent. (Source  : Le Bonhomme Normand)

416  -  CAEN.  -  Le Boulevard des Alliés

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