Janvier
1901 - Souhaits. -
Depuis quelques heures, nous
sommes entrés dans lé XXe siècle.
Le XIXe aura été, pour la France, un siècle de gloire et de revers,
de prospérité et de misère, de haine et de discorde, comme tous les
siècles, du reste.
La
France s'est agrandie, pacifiquement, de la, Savoie et du comté de
Nice, elle a étendu son domaine colonial, mais elle à perdu l'Alsace
et une partie de la Lorraine.
En
1800, elle s'imposait à l'Europe, en 1900, elle est descendue au rang
des deuxièmes puissances. Triste bilan.
Chers
lecteurs, à l'occasion du nouveau siècle et de la nouvelle année,
nous, vous adressons nos doubles souhaits de santé et de bonheur,
avec l'espérance, que la Providence dissipera les nuages épais
suspendus sur l'année qui commence. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Janvier
1901 - Le Gui. - Le
gui exporté en Angleterre à l'occasion de Noël et du jour de l'An
provient en grande partie de la Normandie et de la Bretagne. Il
s'envoie dans des caisses en bois à claire-voie.
Le
gui, payé presque rien par les intermédiaires, est vendu très cher
en Angleterre. Cette année, les belles branches ont atteint,à
Londres, le prix de 10 f. Pour avoir une petite branche de cette
plante porte-bonheur, il fallait débourser 4 et 5 sous. (Source
: Le Bonhomme Normand)
Janvier
1901 - Mentions honorables.
- Des
mentions honorables pour actes de courage ont été accordées à MM.
Dion, matelassier à Caen ; Morin, marchand de cidre à Caen ; Blaise,
ouvrier tanneur à Saint-Pierre-sur-Dives ; Bouteiller, Bessin et
Guilbert, sapeurs-pompiers à Pont-l'Évêque. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Janvier
1901 - La dépopulation.
- Que
dirait M. Piot, le député qui veut imposer les célibataires et les
ménages sans enfants, s'il venait à consulter les registres de
l'état civil à Caen : 893 naissances et 1 574 décès en 1900 !
Et
Vire, donc ! 111 naissances et 233 décès!
—
Décidément, les morts vont vite dans le Calvados, mais les
maris vont bien lentement. Espérons qu'ils rattraperont le temps
perdu en 1901.
—
En 1900, il y a eu, à Caen, 300 mariages et 12 divorces.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Janvier
1901 - Vol et violences.
- Un
plongeur voulut plonger sa main dans la sacoche de la demoiselle
Charles, artiste lyrique aux Folies-Caennaises, à Caen. La demoiselle
ne voulant pas se laisser faire, le plongeur la bouscula. Émile
Dubois, 17 ans, plongeur, rue de Falaise, a été arrêté.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Janvier
1901 - Vol au musée de Caen.
- Ces jours derniers, le garde du musée s'aperçut qu'on avait
arraché du piton où il était fixé un cadre contenant le buste de
deux jeunes femmes en costume Empire.
Ces
miniatures sont l'œuvre de M. Elouis, ancien conservateur de notre
musée, auquel ils avaient été offerts par sa veuve. La valeur n'en
est pas grande, mais ce vol pourrait bien donner
l'idée à d'autres dévaliseurs de piller notre musée. (Source
: Le Bonhomme Normand)
Janvier
1901 - Morts de froids. -
Dimanche matin, le cadavre du nommé Eugène Ozenne, 46 ans,
journalier, sans domicile fixe, a été découvert dans une des
écuries de MM. Primois frères, négociants, place Singer, à Caen.
Ozenne,
qui s'y était réfugié pour y passer la nuit, a succombé à une
congestion cérébrale occasionnée parle froid.
—
Samedi soir, le garde champêtre de Port-en-Bessin trouvait, couché
sur les quais, Sylveste Persen, 47 ans, qui vivait ou plutôt qui se
servait de l'argent qu'on lui donnait par charité pour boire, aucun
aubergiste n'ayant voulut le recevoir, le garde conduisit Persen sous
le hangar où il couchait souvent. Il lui offrit à manger, la
mendiant refusa, le lendemain on le trouvait mort de froid.
—
Le sieur Louis Pibouin, 44 ans, cocher de fiacre au service de M.
Lépicier, loueur de voitures, rue Saint-Jean, à Caen, a été
trouvé mort dans les écuries de son patron, situées place Singer.
Le décès est attribué à une congestion déterminée par le froid.
—
Le cantonnier de Saint-Gatien, près Honfleur, a trouvé Albert
Quellier, 41 ans, étendu sur la route. Le froid avait saisi ce
malheureux qui est mort le lendemain. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Janvier
1901 - Le froid. -
Sans crier gare, le froid et la neige viennent de faire leur
apparition. C'est général.
Le
Midi n'a pas été épargné, depuis 1870, on n'y avait pas vu
pareille chute de neige. Plusieurs trains ont été bloqués. Un grand
nombre de personnes sont mortes de froid.
—
En Autriche, à Vienne, neuf personnes ont été gelées. A Naples,
trois mendiants ont été trouvés morts. A Venise, tous les canaux
sont gelés. En Russie, c'est pire encore, les agents de police sont
relevés d'heure en heure.
—
Dans nos régions, la baisse n'a pas dépassé 14 degrés au-dessous
de zéro. En Russie, à Moscou notamment, on a enregistré 35 degrés,
toujours au-dessous de zéro. (Source : Le Bonhomme Normand)
Janvier
1901 - Un peu d’humanité.
- Les soldats qui restent seulement une heure ou deux de faction
ont des guérites pour les abriter. Les gardiens de nos squares, où
il n'y a rien à garder en ce moment, restent exposés des journées
entières, sans abris, aux intempéries. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Janvier
1901 - Le port de la soutane.
- Plusieurs
maires ayant interdit le port de la soutane dans leurs communes,
l'archevêque de Paris vient de prescrire aux prêtres de son diocèse
de toujours porter la soutane au dehors.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Janvier
1901 - Pour les facteurs.
- A Rouen, à
Lille, au Havre, les facteurs de la poste ne font pas de distribution
le dimanche après midi.
Il
en est autrement à Caen. On assure que l'administration des postes
prendrait cette mesure si elle avait l'avis favorable du conseil
municipal, mais elle n'a pu l'obtenir jusqu'ici. Le conseil
municipal de Caen veut donc faire comme son maire : se mettre tout le
monde à dos. (Source : Le Bonhomme Normand)
Janvier
1901 - Le temps qu’il fait et qu’il fera. - D'après
les prédictions, il y aura pendant la dernière semaine de janvier
des tempêtes et de la neige.
Par
contre, février sera beau et doux.
—
Pendant les derniers froids, un cheval est mort de froid à Doudeville
(Seine-Inférieure).
—
Au village de Caux (Hérault), trente maisons se sont effondrées sous
la neige. Une femme de 52 ans a été retirée des décombres le
crâne broyé.
—
En Russie, cinq trains, dans lesquels se trouvaient 1 200 voyageurs,
sont demeurés pendant longtemps ensevelis dans la neige aux environs
d'Odessa. 4 000 soldats ont été occupés à déblayer la voie.
—
400 pêcheurs auraient péri dans la violente tempête qui a sévi le
10 janvier sur la côte occidentale du Japon. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Janvier
1901 -
Incident regrettable. -
On
demandait au curé d'une paroisse voisine de Caen d'enterrer une
petite fille de deux ans dont les parents demeurent derrière le
presbytère. Il répondit : « Il faudra l'apporter au presbytère où
je ferai la levée du corps, car je ne me dérangerai pas pour aller
la chercher ».
On
a fait démarches sur démarches pour le faire changer d'avis. Il
s'est obstiné et il a fallu porter le petit cercueil au presbytère
où il a été reçu et installé sur deux chaises par la servante du
curé. (Source : Le Bonhomme Normand)
Janvier
1901 -
Les demoiselles de magasins.
- La
loi fixant les conditions du travail des femmes employées dans les
magasins, boutiques et autres locaux en dépendant vient d'être
adoptée définitivement.
On
sait qu'aux termes de cette loi les magasins, boutiques, etc…, dans
lesquels des marchandises ou objets divers sont manutentionnés ou
offerts au public par un personnel féminin, devront être, dans
chaque salle, munis d'un nombre de sièges égal à celui des femmes
employées.
Ce
sont les inspecteurs du travail qui seront chargés de l'exécution de
la présente loi, et les chefs d'établissements, directeurs ou
gérants, qui y auront contrevenu, seront passibles d'une amende de 5
à 15 francs. L'amende sera appliquée autant de fois qu'il y aura de
contraventions. En cas de récidive, les amendes seront
considérablement augmentées.
Ajoutons
que la loi sera applicable un mois après sa promulgation,
c'est-à-dire très prochainement. Donc, les demoiselles de magasin
auront bientôt leurs chaises. (Source : Le Bonhomme Normand)
Janvier
1901 - La Reine d’Angleterre.
- Mercredi, à
Caen, aussitôt qu'a été connue la mort de la reine d'Angleterre,
les drapeaux du consulat, de la compagnie des bateaux à vapeur de
New-Haven à Caen et de tous les navires anglais actuellement dans le
port, ont été mis en berne. (Source : Le Bonhomme Normand)
Février
1901 -
Coup monté. -
Les débitants et
négociants en liquides, espérant que la loi sur la surtaxe de
l'alcool n'aurait pas d'effet rétroactif, avaient fait des approvisionnements
selon leurs moyens. Mais l'Etat, dont l'appétit est insatiable, leur
réclame aujourd'hui la différence entre l'ancienne taxe et la
nouvelle, soit 63 fr. par hectolitre.
C'est
l'impossible pour quelques-uns, la gêne, pour beaucoup. Aussi, le
ministre des finances, faisant droit à de justes réclamations,
s'est-il engagé a accorder des délais très larges pour l'acquit de
cette surtaxe imprévue.
Mais,
la parole d'un ministre n'étant pas d'Evangile, les directeurs des
contributions indirectes ne l'écoutent pas et envoient à tous les
détenteurs d'alcool des avertissements à payer dans le plus
bref délai.
Dans
la Seine-Inférieure, ce délai est de vingt-quatre heures, souligné
en bleu, dans le Calvados, on accorde trois jours, souligné en rouge.
Cette sommation est faite avec la certitude qu'un grand nombre de
débiteurs, effrayés par les délais fixés et soulignés,
s'empresseraient de s'acquitter.
Quant
aux autres, on leur accordera les délais promis par le ministre. Cela
démontre que les coups de crayon, rouge ou bleu, des directeurs des
contributions sont tout simplement des coups montés pour remplir la
caisse de l'État, toujours vide.
Dans
la Manche, c'est plus fort encore. Voilà ce que répond le receveur
de Coutances aux débitants qui lui parient de la loi et des
instructions ministérielles : « J'interprète la loi ma façon.
Quant aux circulaires ministérielles, je les ignore. Vous n'avez
qu'à payer immédiatement, vous n'avez aucune observation à me
présenter. Versez ce que vous devez, puis retirez-vous ».
(Source : Le Bonhomme Normand)
Février
1901 -
Acte de dévouement. -
Le
sieur Kerné, 76 ans, demeurant rue du Milieu, à Caen, cueillait des
légumes dans son jardin, derrière celui du 36e
de ligne, lorsque, trompé par l'obscurité, il tomba dans un
fossé rempli de vase. Il s'y serait infailliblement noyé si les
soldats Gougeon et Barthélémy, accourus à son secours, n'étaient
parvenus à l'en retirer déjà à demi asphyxié. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Février
1901 -
Ce n’était pas la peine...
- Ces jours-ci, il aurait
fallu des échasses pour traverser nos boulevards. Ce n'était
vraiment pas la peine d'aller chercher au loin un ingénieur aux
ordures pour qu'il nous fasse ainsi barboter dans plusieurs
centimètres de houe. (Source : Le Bonhomme Normand)
Février
1901 -
Terrible accident. -
Le
sieur Paul Lemière, 33 ans, préposé des douanes à Caen, demeurant
rue du Vaugueux, a été tamponné la nuit, sur le quai du
Nouveau-Bassin où il était de service, par un train de marchandises
en manœuvre. Le malheureux est mort sur le coup. (Source
: Le Bonhomme Normand)
Février
1901 - Règlement maboule.
- La
semaine dernière, par un froid de dix degrés, on avait eu soin de
mettre des bouillottes dans les wagons de première du chemin de fer
de Caen à la Mer, et on n'en avait pas mis dans les wagons de seconde
et de troisième. Or, il n'y avait pas un voyageur dans les premières
et il y en avait un certain nombre dans les troisièmes et les
secondes.
Les
voyageurs ont demandé des bouillottes. On leur a répondu :
« Ce serait contraire au règlement ». Et ils ont dû geler de
froid pendant qu'en vertu du règlement on chauffait des wagons
où il n'y avait personne. Quelle belle chose que les règlements ?
(Source : Le Bonhomme Normand)
Février
1901 -
L’alcool dans l’armée.
- Dans
certains régiments, on a donné aux cantiniers le 1er
mars, comme dernier délai, pour écouler leur provision d'alcools.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Février
1901 -
Né dans un square.
- La
nommée Marie Renouf,
29 ans, journalière à Caen, rue St-Jean, est accouchée, lundi clans
la matinée, d'un enfant du sexe masculin, dans le square St-Pierre,
près la porte d'entrée de l'église. La mère et l'enfant ont été
conduits à l'hôtel-dieu,
par les soins de M.
Daudet, commissaire de police. (Source : Le Bonhomme Normand)
Février
1901 - Le carnaval à Caen.
- Le
temps n'a pas favorisé le carnaval. Néanmoins, dimanche et mardi, la
foule s'est promenée dans les rues, sous la neige. Ample consommation
de confettis.
Mardi,
il y a eu beaucoup de monde au bal du théâtre. (Source
: Le Bonhomme Normand)
Mars
1901 - Le courrier. - Le
conseil municipal de Caen vote un avis favorable à la suppression des
distributions de courrier le dimanche après-midi. Les facteurs
travaillent toujours le dimanche après-midi. On attend en effet
l'avis conforme de la Chambre de Commerce.
Mars
1901 - Morts subites. -
Le sieur René Valogne,
22 ans, clerc d'avoué à Pont-l'Evêque, est mort subitement d'une
congestion, en se rendant chez un cultivateur pour y photographier son
jeune enfant décédé.
—
On à trouvé mort dans son domicile le sieur Henri Lecesne, 35 ans,
sans profession à St-Pierre-sur-Dives.
—
La dame Fromond, 32 ans, femme du chef de gare du tramway (Ouest-Bayeux),
s'est trouvée subitement indisposée, la nuit, et a expiré.
—
Le sieur Frédéric Madelaine, 37 ans, cocher aux Omnibus-Tramways, à
Caen, est mort subitement, lundi, dans la rue, d’une maladie de cœur.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Mars
1901 -
Disparition. - Le
sieur Charles Frémont, 18 ans, domestique à Caen, hameau de la
Maladrerie, est disparu depuis le premier mars. (Source : Le
Bonhomme Normand )
Mars
1901 -
Adultère. -
La
femme Geneste, née Marthe Godefroy, 25 ans,
ménagère, et Émile Jeanne, journalier, demeurant ensemble
rue Neuve-St-Jean, 30, à Caen, ont été pincés, le matin, en
flagrant délit d'adultère, à la requête du sieur Geneste. (Source
: Le Bonhomme Normand)
Mars
1901 - La neige et le froid dans le Calvados. - Nous avons
eu, cette semaine, une recrudescence de l'hiver. Le froid a été
très vif dans le Calvados. Sur certains points, le thermomètre est
descendu jusqu'à 14 degrés au-dessous de zéro. Puis est survenu le
verglas.
Mercredi
matin, les chemins étaient absolument impraticables. Beaucoup de
laitiers ont dû venir à pied à Caen. On craint que les récoltes
n'aient beaucoup souffert. La neige est tombée assez abondamment. Du
reste, il en est tombé presque partout et le froid est généralement
très vif.
Dans
certains endroits, il y a eu 18 degrés au-dessous de zéro. Dans
l'Est, on a mesuré jusqu'à un mètre de neige. (Source
: Le Bonhomme Normand)
Mars
1901 - Une vespasienne S.V.P..
- Aux
alentours du marché au poisson, à Caen, on en compte jusqu'à trois
pour ainsi dire côte à côte, sans compter le chalet qui avoisine
l'église St-Pierre et qui serait, d'une plus grande utilité s'il
était plus rapproché du tramway.
—
Sommes-nous de
purs esprits et nous croît-on incapables d'éprouver le moindre
besoin, même avant de monter en chemin de fer ? On le penserait,
puisque l'on néglige d'installer même le plus petit urinoir à
proximité du tramway Decauville. Aussi, le derrière de la gare du
Bassin en voit-il beaucoup d'autres chaque soir. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Mars
1901 - Choses municipales.
- Le
conseil municipal de Caen, dans sa séance de mercredi, a émis un
avis favorable à la suppression des distributions de lettres le
dimanche l'après-midi. Les facteurs auront donc enfin une
demi-journée de repos par semaine.
—
Il a décidé la suppression des étalages, même celle des
planchettes sur lesquelles les coquetiers étalent leurs marchandises.
Les terrasses des cafés ne seront pas supprimées.
—
Il a voté 100 francs pour le monument à élever à Formigny en
commémoration de la victoire qui, en 1450, délivra la Normandie des
Anglais. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Mars
1901 -
Un sénateur qui n’aime pas la musique.
- M. Delpech,
sénateur, qui a fait ses études au lycée de Caen et qui a été
ministre des postes, se plaignait, l'autre jour, à la tribune du
Sénat, que des « instituteurs du Calvados continuent à jouer de
i'harmonium dans les églises ». L'ex-ministre aimerait peut-être
mieux les voir jouer à colin-maillard, dans les bois, en compagnie
des filles. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Mars
1901 -
Déplacement du barrage de l’Orne.
- Le
barrage du Grand-Cours va être prochainement supprimé et reporté à
la place où se trouvait le bac de Mondeville. Excellente idée, car
ainsi, entre chaque marée, ne seront plus mis à nu ces
amoncellements de vases qui n'avaient rien d'hygiénique et encore
moins d'attrayant pour les voyageurs arrivant à Caen par la gare. Les
bateaux à vapeur du Havre feront leur service par le Canal.
La
chambre de commerce de Caen contribuera pécuniairement à ce
changement utile. (Source : Le Bonhomme Normand)
Mars
1901 -
Ceux que l’on décore. -
Le
Mérite agricole a été créé pour récompenser ceux qui se livrent
à l'agriculture. Or, en 1900, sur 112 nominations, 27 ont été
accordées à des fonctionnaires, 3 à des ordonnances du ministre de
la guerre, 2 à des employés d'octroi, 1 à un confiseur et 1 à un
agent d'assurances contre la grêle.
(Source : Le Bonhomme
Normand)
Mars
1901 -
Découverte d’ossements.
- On
fait, en ce moment, des fouilles importantes dans la cour de la maison
n° 6 de la place de la République. C'est pour y construire des
sous-sols où seront déposés les coffres-forts du Crédit lyonnais.
En
faisant, ces fouilles, on a découvert de nombreux ossements humains,
car c'est là que se trouvait autrefois le cimetière de Notre-Dame de
Froide-Rue, agrandi, en 1457, de cent pieds de terre en carré, dans
les Prez, derrière la boucherie, concédés par Alain Goyon, alors
grand écuyer de France .
Autre
découverte. -
On fait en ce moment des fouilles dans l'enceinte du château de Caen,
pour la construction de la caserne destinée au 4e
bataillon.
Un
tombereau s'est enfoncé subitement dans le sol, mettant à jour une
cavité d'une profondeur de plusieurs mètres. Il est à supposer que
cette cavité fait partie de souterrains qui reliaient le château à
la place Saint-Pierre. (Source : Le Bonhomme Normand)
Mars
1901 -
Hier et aujourd’hui. -
« Mardi-Gras
n' t'en va pas, Nous ferons des crêpes, T'en mangeras, Et tu
r'viendras... » Ainsi chantaient nos pères, qui fêtaient
joyeusement le Mardi-Gras et la Mi-Carême et mangeaient volontiers
des crêpes.
Mardi-Gras
revient depuis, chaque année, et, plus tard, la Mi-Carême, mais on
chante moins. On boit plutôt qu’on ne mange. Aussi voit-on beaucoup
plus de femmes se crêper
le chignon et moins de gens avaler des crêpes. L'esprit court
toujours les rues sous des formes diverses, mais ces blocs enfarinés
n'ont pas toujours la verve endiablée des « pézoux » et
la gaieté capricieuse des arlequins d'autrefois. Le temps change, les
masques aussi. (Source : Le Bonhomme Normand)
Mars
1901 -
Un misérable. - Le
nommé Charles Cotentin, 43 ans, ouvrier charron, rue
Montoir-Poissonnerie, 33, à Caen, a été arrêté sous l'inculpation
d'attentats à la pudeur sur deux fillettes, l'une de 5 ans et demi et
l'autre de 9 ans. Ces attentats auraient communiqué une affection
dangereuse à la plus jeune. (Source : Le Bonhomme Normand )
Mars
1901 -
La Mi-Careme. - Temps
favorable, grande animation dans les principales rues de Caen et jet
à profusion de confettis. A citer un groupe d'étudiants costumés
avec esprit et la retraite-surprise donnée par la Société des
trompettes « le Réveil ».
—
Au bal du théâtre, Beaucoup de monde au « point de vue », mais
pour ne rien voir, car les danseurs et les danseuses étaient peu
nombreux. (Source : Le Bonhomme Normand)
Mars
1901 -
Réduction de la durée du service militaire.
- Il
est sérieusement question de réduire la durée du service militaire
à deux ans. Cette loi serait précédée d'une autre sur les
engagements et les réengagements des sous-officiers et soldats, afin
de former des cadres avec des soldats ayant cinq ans de service.
(Source : Le Bonhomme Normand
)
Avril
1901 -
Trop d’embonpoint.
- Les
agents chargés de la répression de la fraude ne prennent pas
toujours les vessies pour des lanternes. Léon Prèvel, 28 ans,
journalier à Caen, et Eugène Thomasse, 62 ans, carrier à Allemagne,
en savent quelque chose.
Le
commissaire de surveillance à la gare de Caen, apercevant que Prével
éprouvait de grandes difficultés, en raison de son volume, à
descendre d'un compartiment, l'invita à se rendre à son bureau
afin de s'assurer si son embonpoint était naturel. Se voyant pincé,
Prèvel donna deux coups de couteau dans les deux vessies qu'il
dissimulait sous sa blouse, et prit un bain de pied d'eau-de-vie qu'il
eût préféré boire.
Quelques
jours après, c'était un employé d'octroi qui arrêtait Thomasse,
porteur aussi de deux vessies contenant chacune trois litres
d'eau-de-vie de cidre.
Tous
les deux ont été condamnés à six jours de prison, et à 500 fr.
d'amende chacun. (Source
: Le Bonhomme Normand)
Avril
1901 - Accident mortel. -
Lundi vers 8 heures 1/2 du soir, M. Delaunay fils, marchand de
vins, rue de Geôle, à Caen, passait en voiture, place des
Petites-Boucheries, et conduisait à une vitesse modérée. Apercevant
la femme Louise Lebailly, 30 ans, balayeuse, il lui cria, à plusieurs
reprises, de se garer, mais, au lieu de tenir compte de ces appels,
elle vint se jeter inconsciemment contre la voiture qui la renversa.
Les
premiers soins lui furent donnés à la pharmacie Mauduit et M.
Delaunay la fit ensuite transporter à l'hôtel-Dieu où elle mourut
quelques heures après. (Source : Le Bonhomme Normand)
Avril
1901 - Viols et vol. -
La police de Caen a arrêté Albert Bretocq, 21 ans, cocher de
fiacre, promenade du Fort, et Paul Lecaudey, 23 ans, garçon
d'écurie, place Saint-Martin, 22.
Bretocq
est inculpé d'avoir violé, la nuit, la jeune Victorine Prestavoine,
18 ans, demeurant chez ses parents à Noyers-Bocage, de passage à
Caen, qu'il avait fait monter dans sa voiture, et de lui avoir volé
une montre et une chaîne le tout estimé 35 fr.
Lecaudey
est accusé de tentative de viol sur la jeune Prestavoine dans les
mêmes circonstance. (Source
: Le Bonhomme Normand)
Avril
1901 - Que de retards. -
La décision supprimant à Caen la distribution des lettres le
dimanche après-midi n'est pas encore prise.
Quelles
peuvent donc être les causes qui font ajourner ainsi une mesure si
utile pour les facteurs et qui ne porte préjudice à personne ?
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Avril
1901 - Cheval tué. -
Le sieur Dubosq, cocher chez M.
Lépicier, carrossier et loueur de voitures à Caen, conduisait un
fiacre, rue Saint-Jean, dimanche, vers 11 heures 3/4 du soir,
quand son cheval s'est défoncé le poitrail sur le brancard d'une
roulotte non éclairée, venant en sens inverse.
L'animal
a été tué sur le coup. Il est assuré pour 280 fr. La roulotte
était conduite par les femmes Chauvin, 40 ans, marchande ambulante,
et Lesage, 49 ans, toutes deux sans domicile
fixe. Elles étaient en état d'ivresse.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Avril
1901 -
Causes de la dépopulation.
- Pendant
que les marchand s e t débitants de vins et eaux-de-vie demandent la
diminution des droits sur l'alcool, les médecins du Calvados, sur la
proposition du docteur Vigot, déclarent à l'alcool une guerre sans
merci. D'après eux, l'alcool est un excitant dangereux, il est la
cause directe d'un grand nombre de maladies mortelles, il favorise
l'invasion de la tuberculose et de la phtisie pulmonaire, il conduit
au crime et à l'aliénation mentale, il est un des facteurs les plus
importants de la dépopulation, il menace de destruction prochaine
notre race toute entière.
—
A l'appui de sa thèse, le docteur Vigot cite Caen comme exemple : 893
naissances contre 1 574 décès en 1900, différence, 681.
—
Nous laissons à d'autres le soin de rechercher si les médecins ne
sont pas pour quelque chose dans cet excédant de mortalité. Quant au
journal la Croix, sans nier l'influence néfaste de l'alcool, il pense
que la dépopulation est plus grande depuis qu'on a supprimé Dieu de
la morale et de l'école, où on n'enseigne plus le mystère de
l'Incarnation. Il y a du vrai, assurément, en ce qui concerne l'abus
de l'alcool. Cependant, en Angleterre, où les femmes boivent autant
que les hommes, la population augmente. Si elle diminue en France,
c'est que, pour les familles nombreuses, il est très difficile
aujourd'hui d'élever et de caser leurs enfants. Dieu bénit bien les
longues familles, mais il ne les nourrit pas,
l'État non plus. (Source : Le Bonhomme Normand)
Avril
1901 -
La pêche aux huîtres.
- Les
gouvernements français et anglais ont fixé au 15 juin la clôture de
la pêche des huîtres dans les eaux commîmes de la Manche.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Avril
1901 -
L'orage.
- L'orage
de mardi a causé de graves dégâts à la manutention militaire, à
Caen. Des quantités importantes de café en sacs et de lard ont été
avarices, il y avait un mètre d'eau dans les magasin. Les caves des
riverains du Petit-Odon ont été inondées.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Mai
1901 -
Récompenses honorifiques.
- Le
ministre de l'intérieur vient de décerner une médaille d'honneur à
M. Hourtin, instituteur à Mouen, chevalier du Mérite agricole, pour
les services qu'il a rendus à l'œuvre de protection du premier âge.
—
Une médaille de bronze a été décernée à M. Victor Commin,
commissaire de surveillance administrative des chemins de fer, à
Caen, pour avoir porté secoure à une personne en danger d'être
écrasée par un train.
—
Une médaille a été accordée au mousse Louis Bertot pour sauvetage
d'un enfant à Grandcamp, au mois de septembre.
(Source :
Le Bonhomme
Normand)
Mai
1901 -
Enfin !. - Les
facteurs de Caen vont donc être libres le dimanche après midi, car,
à partir du 12 mai, est supprimée, les dimanches et jours fériés,
la distribution des correspondances qui a lieu actuellement à Caen à
3 heures 15 du soir. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Mai
1901 -
Les orages. - L'orage
qui s'est déchaîné samedi soir, sur Caen, s'était fait sentir sur
différents points, en France.
La
veille, à Chalon-sur-Saône, la foudre est tombée sur une compagnie
du 46e, en manœuvre, plusieurs soldats ont été blessés.
Le
même jour, à Villeloup (Aube), les époux Linard en revenant des
champs, ont été tués par la foudre.
Dans
l'Ardèche, la grêle a tout détruit. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Mai
1901 - Le premier jour de congé.
- C'est
dimanche que les facteurs de Caen ont joui de leur premier après-midi
de congé hebdomadaire. Ce n'a pas été sans mal que ces modestes
fonctionnaires l'ont obtenu, car l'avis favorable du conseil municipal
de Caen, émis pour la suppression de la distribution du courrier
l'après-midi des dimanches et fêtes, n'a pas suffi à
l'administration supérieure. Elle a réclamé aussi l'avis de la
chambre de commerce. Ces messieurs du gros négoce n'ont pas osé
refuser franchement, ils ont déclaré être favorables à la
suppression du service le dimanche l'après-midi, mais « lorsqu'il
aura lieu partout ».
Les
membres de la chambre de commerce exigeaient aussi que, dans le cas de
suppression du service l'après-midi du dimanche, ils puissent aller
retirer leurs lettres. Or, ces messieurs ne sont presque jamais à
Caen le dimanche et ils veulent qu'il reste des employés à la poste
pour faire le tri de leurs lettres qu'ils n'iront pas chercher une
fois l'an.
En
quoi la suppression de cette distribution du dimanche peut-elle nuire
aux cuirs de M. Noé Barbé, aux grains de M. Gombault, aux vins de M.
Knell, aux planches de M. Docagne, aux garde-manger de M. Larue
et aux drogues de M. Mullois ?
Le
ministre du commerce n'a pas tenu compte de ce vœu aussi conditionnel
qu'égoïste, il a accordé à nos braves facteurs le congé
hebdomadaire demandé,
et
il a bien fait. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Mai
1901 -
Abandon d’enfant. - On
a déposé près de la grille de l'hôtel-Dieu, à Caen, un enfant du
sexe masculin, de 8 jours environ et bien constitué. Dans les
vêtements de l'enfant se trouvait une lettre ainsi conçue : « Pour
sauver deux malheureuses du suicide, par pitié prenez cet enfant qui
est à votre porte, de grâce ne faites rien savoir dans les journaux,
je saurai, plus tard vous en témoigner une sincère et éternelle
reconnaissance ; il n'est pas baptisé. Une désespérée ».
(Source :
Le Bonhomme
Normand)
Mai
1901 -
Pourquoi les tramways ne marchent pas.
- Les journaux anglais publient qu'à Glasgow, en vingt-quatre
heures, il y a eu dix-huit accidents causés par les tramways
électriques, les gens n'osent plus traverser les rues.
—
La Compagnie des tramways redoute, sans doute, qu'il en soit
ainsi à Caen : voilà
pourquoi elle retarde le plus possible la mise en circulation de ses
véhicule. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Mai
1901 -
Messieurs les maires, attention.
- Le maire de Serrières-de-Briord (Ain) a été condamné
à 300 fr. d'amende pour avoir procédé à un mariage malgré
l'opposition, régulièrement signifiée, de la mère du futur.
(Source :
Le Bonhomme
Normand)
Juin
1901 -
Les puanteur de l'Orne.
- La rivière l'Orne charrie en ce moment, entre Caen et
la mer, de nombreuses charognes. Chiens, chats, moutons crevés
voyagent avec le flux et le reflux, stationnant de-ci, de-là,
exhalant l'infection. Personne ne s'en occupe.
Attendra-t-on
que ces corps en putréfaction nous aient donné la peste.
(Source :
Le Bonhomme
Normand)
Juin
1901 -
La fièvre aphteuse.
- A
la réunion des agriculteurs
de France, section du bétail, il a été constaté que la mortalité
des bestiaux atteints de la fièvre aphteuse s'élevait à 50 %.
Un
membre s'est plaint de la mauvaise volonté de certains éleveurs à
combattre le fléau. Un autre membre a recommandé de nouveau les
seringages énergiques de sulfate de fer en solution à 20 %,
répétées deux ou trois fois par jour, dans la bouche
et sur les autres parties atteintes par la maladie. Il importe
qu'une certaine quantité de liquide pénètre dans l'œsophage.
C'est,
a dit M. Croquevielle, le seul procédé qui a donné des succès
constants. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Juin
1901 -
Cheval et voiture à l’eau.
- Un
banneau attelé d'un cheval, appartenant à la maison Allainguillaume,
était en chargement sur le quai de Juillet, à Caen, quand l'animal
fut mordu par un autre qui se trouvait à côté de lui. Le cheval
recula et tomba avec le banneau dans l'Orne.
Comme
l'eau était basse, animal et véhicule furent retirés presque
aussitôt sans avoir été endommagés. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Juin
1901 -
Les étalages du Passage
Bellivet.
- Une
grosse légume de la mairie de Caen, enragée contre les étalages, a
donné l'ordre à un agent de sommer les commerçants du passage
Bellivet d'enlever les leurs. Ils ont refusé. Ils ont même dit que
si on les embêtait, ils fermeraient le passage comme c'est leur droit
et iraient s'établir à La Délivrande. Voilà ce qui serait de
bonne... guerre, hein ! (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Juin
1901 -
Station pomologique.
- C'est
décidé : nous aurons une station pomologique à Caen dont on attend
de brillants résultats. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Juin
1901 -
Réclamation.
- Les
commis coiffeurs de Caen demandent que le travail cesse tous les
soirs, à 9 heures. C'est justice, à condition toutefois qu'exception
soit faite pour le samedi soir. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Juin
1901 - Respect au drapeau.
- Il
y a quelques jours, on interdisait, aux commerçants d'inscrire la
mise en vente de leurs marchandises sur le drapeau tricolore. Par extension,
le préfet du Calvados vient d'interdire aux congrégations d'orner le
drapeau national de l'insigne du Sacré-Cœur. « Sont interdits dans
le Calvados, dit l'arrêté, l'exposition et le port de drapeaux, soit
sur la voie publique, soit dans les édifices, emplacements et locaux
librement ouverts au public. Sont exceptés de cette mesure, les
drapeaux aux couleurs nationales françaises, à la condition de ne
porter d'emblème ou d'insigne d'aucune sorte, les drapeaux aux
couleurs nationales étrangères et ceux qui servent d'insignes aux
Sociétés autorisées ».
Dimanche,
le drapeau tricolore a continué à figurer aux processions de la
Fête-Dieu, mais avec une bande de papier blanc apposée sur les
insignes du Sacré Cœur, comme sur les affiches du théâtre on
annonce les relâches pour cause d'indisposition.
A
la procession de Saint-Pierre, on avait bien collé du papier sur le
Sacré-Cœur ; mais, de l’autre côté, on pouvait lire : « Honneur
et Patrie ». Ce n'était guère séditieux et cependant contraire à
l'arrêté préfectoral, aussi procès-verbal a-t-il été dressé au
jeune porteur du drapeau par l'agent de police Tasset, un ancien
thuriféraire de St-Pierre. On n'est trahi que par les siens.
Les
processions de la Fête-Dieu se sont accomplies partout avec calme,
malgré les nombreux procès-verbaux dressés pour infraction aux
arrêtés sur les insignes. Cependant, à Saint-Nazaire (Loire-Inférieure),
des amis de la liberté pour eux ont essayé d'entraver la procession
suivie par la majorité de la population. A Firminy, près
Saint-Etienne, des jeunes gens ont essayé de troubler la procession
en chantant la Carmagnole. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Juin
1901 - Abandon d’enfants.
- Un
allumeur de la Compagnie du gaz a trouvé, dans la nuit de dimanche à
lundi, à la porte de l'établissement des religieuses de
l'hôtel-Dieu, à Caen, deux jeunes enfants : un petit garçon de 15
mois et une petite fille de 3 mois. Ils étaient couchés sur un vieux
jupon, leur linge était propre et en bon état. Le petit garçon, en
voyant un homme s'approcher de lui, lui tendit les bras et cria de
toutes ses forces : Papa ! papa !!!
Les
deux petits êtres, qui sont bien portants, ont été recueillis à
l'hôtel-Dieu. Une enquête est ouverte par la police pour découvrir
l'auteur de ce coupable abandon.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Juin
1901 - Fermeture des magasins.
- Ce
soir jeudi, à 10 heures, réunion publique à l'hôtel de ville de
Caen, pour obtenir la fermeture des magasins à neuf heures le soir en
semaine, et à midi le dimanche, a partir du 15 juin jusqu'à fin
septembre. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Juillet
1901 - Interprétation difficile.
– Le
procès-verbal dressé lors de la procession de la Fête-Dieu contre
un vicaire de Saint-Pierre de Caen, pour port d'un drapeau tricolore
portant l'inscription : « Dieu et Patrie », aura-t-il des suites ?
L'arrêté
préfectoral défend l'exhibition de drapeaux portant des emblèmes ou
des insignes. Pour poursuivre, il faut établir que les mots « Dieu
et Patrie » sont un emblème ou un insigne. Mais, comme ils ne sont
ni l'un ni l'autre, la contravention pourrait bien tomber dans l'eau.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Juillet
1901 - Mauvais père. -
On a arrêté le nommé Pierre
Tanguy, 35 ans, cordonnier rue des Jacobins, 9, à Caen, pour mauvais
traitements et sévices graves sur ses deux garçons, âgés de 7 et 8
ans.
Les
pauvres petits couchaient dans un coin de l'échoppe, sur un amas de
loques informes, sans paillasse ni matelas. Ils manquaient souvent de
nourriture.
Au
moment de la visite du commissaire, ils n'avaient a manger que des
pommes de terre cuites à l'eau. Leur père, un ivrogne incorrigible,
les frappait fréquemment avec son tire-pied. Ces enfants martyrs ont
été recueillis à l'hôtel-Dieu. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Juillet
1901 - Coups de tonnerre.
- Un
orage a éclaté à Caen, dimanche matin, vers sept heures. La foudre
est tombée sur la cheminée du sieur Le Berruyer, boulanger, place
des Petites-Boucheries. Elle est passée à côté du patron sur
lequel le garçon boulanger a été projeté,
ils en ont été quittes pour une violente commotion. (Source : Le Bonhomme Normand)
Août
1901 - Une question. -
Le maire de Caen rappelle qu'au
moment de l'arrosage des ruisseaux, les habitants sont tenus de les
nettoyer au balai et d'arroser la moitié de la voie publique devant
leurs habitations.
Comment,
feront les habitants absents dont, les maisons seront fermées et les
petits boutiquiers qui auront, pendant la circulation de l'eau, des
clients à servir ? (Source : Le Bonhomme Normand)
Août
1901 - Ou le « chahut » peut vous mener .
- La
demoiselle Louisa Judic, chanteuse de café-concert, est dans sa 28e
année. Une nuit qu'elle était restée à « chahuter » jusqu'à
deux heures du matin aux Folies-Caennaises, elle fit, pour son
malheur, la rencontre de deux agents de police auxquels elle chanta
l'air connu : « Les agents sont d'braves gens... »
Les
représentants de l'autorité l'invitèrent à se taire. La Judic des
Folies-Caennaises changea alors de ton et cria aux agents qu'ils « la
faisaient... venter ». Une double contravention fut faite à la
demoiselle qui a comparu jeudi en police correctionnelle, où elle a
été condamnée à 11 fr. d'amende pour tapage et à 16 fr. pour
avoir chanté sottises aux agents.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Août
1901 - Éclairage. -
300 becs Auer vont être
installés à Caen comme essai. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Août
1901 - Les petits profits de la fraude. - Louis
Prevel, 28 ans, domestique à Caen, rue des Teinturiers, est cet
individu surpris à Caen au moment où il passait en fraude 17 litres
d'eau-de-vie de cidre renfermés dans deux vessies dissimulées dans
un filet.
En
mars dernier, Prevel avait déjà été condamné à l'amende pour
fraude. Cette fois, il attrape un mois de prison et 1 200 fr.
d'amende, soit, avec les décimes et les frais, près de 1 600
fr. à verser au Trésor. Or, comme Prevel n'a pas le sou, il devra,
pour liquider son dû, faire en prison huit mois de contrainte par
corps. (Source : Le Bonhomme Normand)
Août
1901 - Une femme brûlée vive.
- Mardi
soir, vers neuf heures, un incendie a éclaté à Caen, rue
Saint-Pierre, dans la maison de M. Jolain, charcutier.
Le
feu a pris au 1er étage chez une demoiselle Dolbec, 21
ans, par suite de la chute d'une lampe à pétrole renversée par un
chien. Il a gagné rapidement l'appartement du troisième étage
occupé par une dame Marie, 36 ans, ouvrière tulliste, née à Lasson.
Celle-ci qui était descendue au 1er étage, remonta chez
elle pour prendre quelques objets. Quand elle voulut redescendre, les
flammes l’empêchèrent de sortir. Elle ouvrit sa fenêtre en
appelant désespérément. On entassa des matelas sur le trottoir et
on lui cria de se jeter par la fenêtre, mais les forces lui manquant,
au lieu de sauter, elle se laissa choir et tomba sur le balcon du 1er
étage. C'est là qu'elle fut brûlée vive, malgré les efforts
tentés par de courageux citoyens pour la sauver.
Pendant
ce temps, les pompiers arrivaient, mais les bouches d'eau
fonctionnaient mal et ce fut après un temps assez long qu'ils purent
attaquer le feu et se rendre maîtres de l'incendie.
Si
les secours étaient arrivés plus rapidement et si on avait eu
l'échelle de sauvetage, la femme Marie aurait pu être sauvée. Son
cadavre a été porté à la morgue.
L'immeuble
est complètement détruit. Les pertes sont évaluées à 15 000 fr.
pour le propriétaire, M. Billiard, et 16 000 fr. pour M. Jolain.
Assurés. Clémence Dolbec, non assurée, déclare éprouver une perte
de 2 000 francs. (Source : Le Bonhomme Normand)
Août
1901 - Sus aux écraseurs.
- MM.
Le Comte et Chéron ont fait adopter au conseil général un vœu
demandant qu'il soit interdit aux constructeurs de moteurs de leur
donner une vitesse supérieure à 30 kilomètres à l'heure et de
défendre aux chauffeurs de dépasser une vitesse de 6 kilomètres à
l'heure dans les villes et les communes.
Nous
ne saurions trop appuyer ce vœu émis au lendemain de la
« quinzaine sanglante » que nous venons de traverser et au
cours de laquelle il s'est produit dans le Calvados, quinze accidents,
dont un mortel, causés par les automobiles lancées à toute vapeur.
—
Un grand nombre de conseils généraux ont émis des vœux analogues.
Espérons que leur voix, jointe aux cris de douleur poussés par les
victimes des écraseurs, sera enfin entendue. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Septembre
1901 - Coups de couteau.
- Pierre
Poulain, 32 ans, employé au chemin de fer de l'Ouest, à Caen,
brutalisait son enfant qui pleurait. Son voisin, le sieur Journeau,
aussi employé au chemin de fer, entendant l'enfant crier, accourut.
Mais Poulain, s'armant d'un couteau, se précipita sur lui et le
frappa d'un coup de couteau à la tête. La blessure n'est pas
alarmante.
—
Deux domestiques du couvent de la Vierge-Fidèle, à la Délivrande,
au cours d'une querelle, se sont jetés l'un sur l'autre à coups de
couteau et de sécateur et se sont fait réciproquement des blessures
graves. (Source : Le Bonhomme Normand)
Septembre
1901 - Après la tempête, le calme.
- Depuis
quelque temps, le concessionnaire des droits de place, à Caen,
harcelait, comme un chien enragé, les marchands et les marchandes de
nos marchés. Aujourd'hui, M. Servat est coulant comme une anguille.
On dit même, que ce petit roi de nos places et de la poissonnerie
aurait acheté un barriquet de cidre pour rincer la dalle de ceux qui
se la sont desséchée à crier après lui. Ce procédé, renouvelé
d'un candidat célèbre à la députation, ne réussit presque jamais,
car les gosiers en pente boivent toujours à votre santé, mais là se
borne généralement leur gratitude.
Cette
métamorphose de M. Servat est due, paraît-il, à une intervention de
la mairie qui lui a enjoint de se conformer strictement aux clauses de
son cahier des charges.
Il
était temps, car c'était honteux de voir ce horsain traiter comme
des chiens de modestes commerçants dont le seul crime est de ne pas
avoir magasin sur rue. (Source : Le Bonhomme Normand)
Septembre
1901 - La chasse. -
L'ouverture a été généralement bonne partout. A
Caen, les deux premiers jours, on a entré 1 069 perdrix de plus que
l'année dernière et 174 cailles également en plus ; mais on a
enregistré 32 lièvres de moins qui sont sans doute passés à
côté. Dans les journées de dimanche et de lundi, il a été
déclaré à l'octroi de Caen 167 lièvres contre 199 en 1900 ;
perdrix, 2 907 contre 1 838 l'an dernier ; cailles, 429 contre 255 en
1900.
—
Les perdrix se payent à Caen, comme à Paris, de 1 fr. 25 à 2
fr. 50 ; les lièvres de 5 à 8 fr. ; les cailles, 1 et 1, 25.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Septembre
1901 - Qui a touché ?
- Le fossoyeur
du cimetière de Vaucelles, à Caen, est venu nous déclarer qu'il ne
touche jamais de salaire pour l'ouverture des fosses destinées aux
cadavres provenant de la morgue. De son côté, la mère d'Anatolie
Marie affirme avoir donné 1 fr. 00 à un individu qu'elle ne connaît
pas et qu'il serait intéressant de connaître. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Septembre
1901 - Gaspillage d’eau.
- On
voit bien que l'eau ne coûte rien au préfet. L'autre dimanche, elle
coulait avec une telle abondance par dessous la porte du jardin que
les passants étaient obligés de descendre le trottoir pour ne pas
prendre un bain de pied. (Source : Le Bonhomme Normand)
Septembre
1901 - Accident mortel. -
Vendredi soir, le petit Gabriel Borras, 2 ans et demi,
jouait devant le domicile de ses parents, marchands de primeurs, rue
Saint-Jean, 114, à Caen, lorsqu'il tomba sous les roues d'un fiacre,
dont l'une des roues lui scalpa le cuir chevelu. Le pauvre petit est
mort des suites de cet accident. La voiture était conduite par le
cocher Le Prieur, qui allait à une allure très modérée.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Septembre
1901 - Les dangers du vieux bassin.
- La
femme Grange, ramasseuse de chiffons à Caen, rue Saint-Jean, est
tombée accidentellement, le soir, dans le vieux bassin, elle en a
été retirée saine et sauve, presque aussitôt, par deux douaniers
de service sur le quai.
—
Des douaniers ont retiré également, non sans efforts, du vieux
bassin où il était tombé, la nuit, par suite de l'obscurité, le
sieur Anatole Guillot, 52 ans, propriétaire à Formigny, près
Trévières, qui était de passage à Caen. Il a dû être conduit
d'urgence à l'hôtel-Dieu.
—
On a aussi repêché dans le vieux bassin, à Caen, le cadavre du
sieur Joseph Pavoine, 36 ans, ouvrier maçon, demeurant rue Caponière,
et disparu depuis huit jours de son domicile. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Septembre
1901 - Demi-mesure.
- Un
décret réglemente la vitesse des automobiles et leur enjoint de ne
pas dépasser cinq lieues à l'heure en traversant les villes et
villages, ce qui représente la vitesse d'un train direct de Caen à
la Mer.
Allez
donc vous garer de ça au milieu de la rue St-Jean !
—
D'après le même décret, les voitures susceptibles de dépasser la
vitesse de 30 kilomètres à l'heure devront porter, à l'avant et à
l'arrière, un numéro d'ordre permettant de les reconnaître. Quant
aux autres voitures, elles peuvent vous écraser sans qu'aucun signe
extérieur puisse faire connaître les auteurs de ces accidents si
fréquents. (Source : Le Bonhomme Normand)
Septembre
1901 - La criminalité en Normandie. - Pendant
l'année 1899, il a été prononcé dans les trois départements du
ressort de la cour de Caen (Calvados, Orne, Manche) 32 condamnations
à la relégation, 105 condamnations pour crimes, 5 813 condamnations
à l'emprisonnement. La moyenne donne 471 condamnés par 100 000
habitants.
Les
condamnations pour vol sont au nombre de 1820. Le vagabondage en
fournit 663. Les abus de confiance, escroqueries, faits de mœurs sont
en très minime proportion. Les rixes et coups viennent en première
ligne. (Source : Le Bonhomme Normand)
Septembre
1901 - La chasse. -
L'ouverture a été
généralement bonne partout.
A
Caen, les deux premiers jours, on a entré 1 069 perdrix de plus que
l'année dernière et 174 cailles également en plus ; mais on a
enregistré 32 lièvres de moins qui sont sans doute passés à
côté. Dans les journées de dimanche et de lundi, il a été
déclaré à l'octroi de Caen 167 lièvres contre 199 en 1900 ;
perdrix, 2 907 contre 1 838 l'an dernier ; cailles, 429 contre 255 en
1900.
—
Les perdrix se payent à Caen, comme à Paris, de 1 fr. 25 à 2
fr. 50 ; les lièvres de 5 à 8 fr. ; les cailles, 1 et 1, 25.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Septembre
1901 - Le téléphone.
- Le
téléphone est en si bonne voie que les intéressés réclament non
seulement l'installation du deuxième circuit, mais aussi le
rattachement de Caen au littoral. Le capital est trouvé.
Comme
la première fois, le baron Gérard et le comte Foy ont bien voulu
répondre à la demande de M. Bures, administrateur de la Société,
et avancer les fonds nécessaires. Il ne reste à trouver que les
intérêts.
Le
conseil général a voté 1 500 fr., la ville de Caen votera
certainement la même somme. Les communes du littoral auraient dû
être les premières à s'inscrire, car avec le téléphone elles
ramèneraient de nombreux parisiens qui ont émigré de l'autre côté
de l'Orne où le téléphone leur permet de correspondre facilement
avec leurs établissements. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Octobre
1901 - Qu’est-ce que l’Hydromel ? - Cette
boisson, qui figure dans l'énumération des boissons hygiéniques
récemment dégrevées, n'est autre qu'un vin de miel dont nos
ancêtres étaient très friands.
Sa
fabrication est facile : on prend 20 kilos de miel pour un hectolitre
d'eau et on y ajoute 150 grammes de levain de pain. Mettre le tout
dans un fût bien bouché, l'agiter et le laisser fermenter deux à
trois mois, en ayant soin de tenir toujours la barrique pleine.
Ce
liquide, mis en bouteilles, mousse comme du Champagne et, au bout de
six mois, on croirait boire du vin blanc. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Octobre
1901 - Le port de la soutane.
- La cour de cassation vient de déclarer illégaux les
arrêtés municipaux interdisait aux prêtres le port de la soutane en
dehors des offices. (Source : Le Bonhomme Normand)
Octobre
1901 - Encore les fraudeurs.
- Les
employés d'octroi de Caen ont saisi, la nuit, à la gare de l'Ouest,
deux malles renfermant neuf vessies contenant. 48 litres d'eau-de-vie
de cidre. Elles appartenaient à deux voyageurs se trouvant dans un
train et qui avaient des billets pris à Mesnil-Mauger pour
Bretteville-Norrey. L'un d'eux est connu comme professionnel de la
fraude.
—
Une vessie contenant deux litres d'eau-de-vie, que la femme Deslandes,
demeurant à Allemagne, cachait dans un panier sous des effets
d'enfant, a été saisie également par les employés de l'octroi de
Caen. (Source : Le Bonhomme Normand)
Octobre
1901 - Pas de faveur. -
Le décret qui doit fixer l'appel du contingent des jeunes
soldats qui doivent partir le mois prochain ne paraîtra que le 20
octobre.
Le
travail de répartition ne commencera dans les bureaux de recrutement
qu'après cette date. Dans la crainte des nombreuses sollicitations
qui afflueront dans ces bureaux pour obtenir telle garnison de
préférence à telle autre, le ministère de la guerre vient
d'interdire formellement toute infraction, pour quelque cause que ce
soit, au tableau de répartition. (Source : Le Bonhomme Normand)
Octobre
1901 - Subventions. -
Le ministre de l'instruction publique et beaux-arts vient
d'allouer à la ville de Caen 50 000 fr. pour les travaux de l'église
Saint-Pierre et 10 000 francs pour les travaux de l'hôtel d'Éscoville.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Octobre
1901 -
La couronne des Mobiles. -
Dimanche,
salle de la justice de paix, à Caen, à 9 heures 1/2 du matin,
réunion des conscrits de la classe 1900 pour s'entendre au sujet de
la couronne à porter au monument des Mobiles.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Octobre
1901 - Inquiétudes. -
L'ordre auquel appartient la communauté, de Sainte-Paix de
Caen s'est soumis à la loi.
Malgré
cette soumission les Pères Récollets redoutent d'être expulsés da
Caen, car le conseil municipal devra être appelé à donner son avis
au sujet du séjour de ces bons moines en
notre ville. Le supérieur a dû demander une entrevue au maire pour
l'entretenir de la question, mais M. Perrotte n'a pas voulu le
recevoir, dit-on. Avec, M. Toutain ou M. Lebret, il y aurait eu moyen
de s'entendre, avec M. Perrotte et son entourage de protestants, la
chose se sera plus difficile. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Octobre
1901 - Éclipse d’une boite aux lettres. - Depuis
quelque temps, la voiture faisant le service de la poste de Dives à
Caen, par Cabourg, Bavent, Hérouvillette et Ranville, ne porte plus a
son arrière de boite mobile.
Pourquoi
? Quand on en demande la raison au conducteur, il répond par un mot
qui ne se trouve pas assurément dans le vocabulaire des postes.
Il
est à désirer que cela change. (Source : Le Bonhomme Normand)
Octobre
1901 - Récompenses honorifiques.
- Henri
Cyrille, 12 ans et demi, témoignage officiel de satisfaction :
sauvetage d'un enfant qui se trouvait à
bord, de « l'Albatros », chaviré en mer, à
Langrune, le 19 août.
—
Ernest Lebailly, journalier, témoignage officiel de
satisfaction : sauvetage d'un mousse tombé dans l'Orne à Caen, le 19
août.
—
Albert Gallouin, aubergiste, témoignage officiel de
satisfaction : sauvetage d'un enfant tombé à la mer à
Port-en-Bessin, le 14 juin.
—
Jean Jeanne, témoignage officiel de satisfaction : secours,
porté à deux personnes en danger de se noyer à Ouistreham. Le 11
août.
—
Mentions honorables : à M. Bisson, télégraphiste, Goussiaume,
Binet et Costey, marchand d'antiquités à Caen, pour secours portés
lors de l'incendie de la rue Saint-Pierre, à Caen. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Novembre
1901 - Un peu de lumière, S.V.P.
- Samedi, vers
neuf heures du soir, le sieur Adolphe Charmaud, 52 ans, journalier,
trompé par l'obscurité, est tombé dans le nouveau bassin de Caen.
Il en a été retiré sain et sauf par des douaniers et transporté à
l'hôtel-Dieu par les soins de la police. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Novembre
1901 - Un train rempli d’or.
- Un
transatlantique allemand a débarqué à Cherbourg une cargaison d'or
en lingots, représentant 15 millions. Ces lingots étaient renfermés
dans de petits barils plombés, au nombre de 54, pesant chacun 85
kilos.
Ces
précieux colis ont été expédiés par chemin de fer à Paris et ont
passé par Caen jeudi dernier. Le coût de l'expédition pour Paris
s'est élevé à 5 563 fr. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Novembre
1901 - Tempête. -
Durant la tempête qui a
sévi ces jours-ci dans la Manche, un bateau-phare a coulé près de
Calais, Il y a 16 noyés. (Source : Le Bonhomme Normand)
Novembre
1901 - Enfin ! -
Les tramways électriques
de Caen ont fait, samedi, une course d'essai sur une ligne. Cela va
peut-être faire remonter les actions de la Compagnie de
Traction qui sont tombées à une trentaine de francs. On dit qu'un
certain nombre de Caennais ont cru faire une bonne affaire en les
achetant 60 et 70 fr. Nous en doutons.
Un
nouveau directeur des tramways de Caen vient d'être nommé. Ce
phénix nous arrive d'Elbeuf, où les tramways ne marchent pas mieux
que cela.
C'est
le couteau sous la gorge que la Compagnie de traction s'est décidée
à marcher pour le 1er décembre. Le préfet s'était enfin
résigné à signer un arrêté confisquant le cautionnement pour non
exécution des conventions.
Ah
! s'il s'était agi d'un pauvre diable d'entrepreneur n'ayant pas
mieux rempli les conditions de son cahier des charges, il y a
longtemps que cela serait fait. Bien qu'en république, on ménage
toujours les gros. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Novembre
1901 - Tué par une pierre.
- Un sieur
Victor Babuléè, rentier, âgé de 60 ans, demeurant au hameau de la
Maladrerie, près Caen, passait avec deux amis, lundi, devant
l'église St-Sauveur, en réparation. A ce moment, des ouvriers
étaient occupés à hisser, à l'aide d'une poulie, des pierres
destinées à la réparation d'une corniche de l'église. L'une des
pierres, menaçant de s'échapper, un ouvrier essaya de la retenir,
mais il ne put y parvenir. La pierre, en rebondissant sur une
gargouille, alla atteindre le sieur Babulée à la tête et à
l'épaule.
Cette
dernière blessure a provoqué une hémorragie interne qui a amené la
mort. Relevé aussitôt par M. Druelle, le malheureux a été
transporté chez M. Dupont, pharmacien, où il est décédé vingt
minutes après, malgré les soins du docteur Quermonne. Le sieur
Babulée, veuf depuis peu de temps, avait vendu son bien à fonds
perdu, heureusement pour l'entrepreneur, le sieur Bouyer, de Lisieux,
qui aura moins à débourser.
Cet
accident ne serait pas arrivé si la ville avait fait ce qu'elle
exige, avec raison, de tous les entrepreneurs, c'est-à-dire
d'entourer d'une palissade les chantiers des maisons en construction
ou en réparation sur la voie publique. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Novembre
1901 - Voleurs de vaches.
- Le
sieur Langevin, aubergiste à Caen, avait reçu une vache pour le
sieur Gustave Lequest, boucher. Un rôdeur, Désire Madeleine, 30 ans,
demeurant à Missy, qui se trouvait là par hasard, se présenta une
heure après en disant qu'il venait chercher la vache du sieur Lequest.
Sans défiance, l'aubergiste la livra, et quand le propriétaire vint
la réclamer, il fut étonné d'apprendre qu'on était venu chercher
la bête en son nom.
Heureusement
que l'on put rattraper le voleur, qui avait pris la route de
Bretteville. Il a été condamné à trois mois de prison. (Source : Le Bonhomme Normand)
Novembre
1901 - Contre la fièvre typhoïde.
- Plusieurs
cas de fièvre typhoïde se sont déclarés à Caen. Très peu ont
été mortels. Le docteur Chantemesse prétend avoir trouvé le sérum
sauveur.
Tous
les malades des hôpitaux de Paris, auxquels le sérum a été
injecté avant le huitième jour de maladie, ont été guéris. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Décembre
1901 - Toujours deux poids et deux mesures . - Une petite
couturière qui retient ses ouvrières une fois par hasard pour un
travail pressé, un deuil par exemple, est
bien sûre d'attraper une contravention.
—
Plusieurs fois par semaine, entre minuit et une heure du matin, on
rencontre des petits groupes d'ouvrières sortant des grands magasins
de Caen, et on ne dit rien. (Source : Le Bonhomme Normand)
Décembre
1901 - Plaintes. -
Il y avait autrefois, à Caen, de misérables tramways
traînés par de pauvres chevaux étiques qui, en dehors des heures
des repas et abstraction faite des quartiers excentriques (ceux qui en
avaient le plus besoin), passaient à peu près régulièrement tous
les quarts d’heure.
Ces
voitures avaient des marche-pieds assez près de terre pour que tout
le monde puisse y monter. On a supprimé tout cela.
On
nous annonce un tramway passant toutes les dix minutes. Ce n'est
qu'une vulgaire blague administrative. Ce tram électrique ne passa
dans le même sens que toutes les vingt minutes, mettez une demi-heure
avec les retards, il est donc impraticable. La preuve, c'est que ces
jours derniers il a fallu 45 minutes à un voyageur pour venir de la
gare chez lui, alors que la durée du trajet à pied est de 30
minutes.
Enfin,
comble, d'ironie, ce fameux tramway a un marche-pied tellement élevé
qu'il est impossible d'y monter si on est quelque peu obèse. N'est-ce
pas dans ce cas qu'on en a le plus besoin ?
D'après
l'un de nos confrères, nous avons dit que la compagnie faisait payer
deux sous à l'intérieur et trois sur la plate-forme. Sur la
plate-forme des premières on paie bien trois sous, mais deux sous sur
la plate-forme des 2e.
—
Les tramways du 2e réseau portent la singulière
inscription « Cimetière de Vaucelles - Maladrerie ». Aussi ne les
désigne-t-on que sous le nom de « Corbillards des vivants ».
—
Rue Saint-Pierre, le sieur Callais, représentant de commerce, a été
accroché par le marchepied d'un tramway et projeté sur le trottoir,
se faisant des blessures qui ont occasionné une hémorragie.
—
Rue Guillaume-le-Conquérant, un tramway se rencontrant avec une
voiture de paille, et le passage n'étant pas suffisant, un
candélabre a été brisé. (Source : Le Bonhomme Normand)
Décembre
1901 - Les congrégations devant les conseils municipaux.
- Le Conseil
municipal de Lisieux, sur la proposition de M. Chéron, qui met de
plus en plus de l'eau dans son vin, ont donné un avis favorable au
maintien, à Lisieux, des Carmélites, des religieuses du Refuge et de
l'Immaculée-Conception,
—
Vire a émis un avis dans le même sens.
—
A Caen, on discute fort à huis clos ce que l'on décidera.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Décembre
1901 - Respect aux morts !
- L'inhumation
d'un des malades de l'hôtel-Dieu de Caen avait lieu ces jours-ci.
Plusieurs fosses avaient été creusées à l'avance dans le
cimetière de la route de Ouistreham, et la terre enlevée formait un
immense tas dans l'allée. Le cercueil descendu dans l'une des fosses,
le fossoyeur se mit à la combler, en prenant au tas de terre.
Soudain, on entendit un coup sourd. La pioche du fossoyeur venait de
briser les planches d'un cercueil et avait mis à nu un squelette qui
fut, avec la terre et les
planches, jeté pêle-mêle sur le cercueil nouvellement déposé.
—
Nous sommes, il est vrai, peu de chose après notre mort. Ce n'est pas
une raison pour ne pas respecter ce peu, surtout lorsqu'il représente
les restes d'un malheureux n'ayant que la fosse commune pour dernier
gîte. (Source : Le Bonhomme Normand)
Décembre
1901 -
Récompenses aux instituteurs.
- Lettre de félicitations a M. Folliot, instituteur à
Trouville-Hennequeville.
Médaille
d'argent avec prime de 300 fr. : M. James, instituteur à Méry-Corbon.
Médaille
d'argent avec prime de 200 fr. : Mlle Danguy, institutrice à Caen-la
Folie.
Médaille
d'argent avec prime de 100 fr. : Mlle Ladroue, institutrice à
Sainte-Marie-Laumont.
Mentions
honorables : MM. Bonne, instituteur à Ouilly-le-Vicomte ; Cohué, à
Courson ; Delaunay, à Thury-Harcourt ; Lefèvre, à Ondefontaine ;
Tison, à Saint-Himer ; Vaussy, à Saint-Germain d'Ectot ; Viel, à
Jort.
Médailles
d'argent : MM. Goualbert, instituteur à Sainte-Honorine-du-Fay ;
Madeleine, à Audrieu ; Moncel, à Morteaux-Coulibœuf ; Renouvln, à
Salnt-Germain-du-Crioult ; Villion, à Carpiquet.
Novembre
1902 -
Le téléphone.
- Caen compte
maintenant plus de 100 abonnés au téléphone. La rue
Caponières vient d'être équipée d'une ligne permettant de
desservir 22 abonnés, mais, il n'y a encore que 3 demandes.
Décembre
1902 -
Nécrologie. -
Le 19, décès d'un inventeur caennais, Albert Peschard, 66 ans
: docteur en droit et officier d'académie, il s'intéressait à la
musique et aux sciences. Organiste de Saint-Etienne, il inventa
l'orgue électrique, en 1862.
Janvier
1903 -
Revue de la garnison. -
Samedi, de à 1 heure et demie, sur la place Saint-Martin, le
général Lachasse a passé la revue de la garnison : 36e régiment
d'infanterie en tenue de campagne, soldats de remonte et gendarmes.
C'est
à cette revue, la première à laquelle prennent part les jeunes
soldats de la classe, que le drapeau leur a été présenté et
que les décorations du nouvel an sont remises à leurs titulaires.
Le
général Lachasse a passé rapidement sur le front des troupes,
puis, après présentation du drapeau, il a remis, avec le
cérémonial ordinaire, la croix de chevalier de la légion
d'honneur, à M. Antoine Lautz, contrôleur d'armes de 2ème classe à
Caen. Le défilé a eu lieu ensuite sur les Fossés Saint-Julien.
Janvier
1903 - Le Saint-Lazare cannais.
- Il parait que le contrôle exercé sur l'état sanitaire des
filles publiques est loin d'être bien organisé. Des plaintes
nombreuses ont été portées, venant de l'autorité militaire et
d'ailleurs.
Un
grand nombre de soldats et de jeunes gens auraient, depuis quelque
temps, rapporté de cuisants souvenirs de leurs promenades
sentimentales à travers le monde de la basse galanterie caennaise.
A
l’hôtel-dieu, les femmes sont peu ou même pas soignées. Aussi la
municipalité a-t-elle décidé d'enlever ce service à l'école de
médecine et de le placer sous le contrôle immédiat de la ville.
Le
docteur Noury a été choisi pour soigner, moyennant 800 fr. par an,
les demoiselles indisposées qu'on amènera à notre St-Lazare
caennais. On ne pouvait pas mieux, choisir.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Janvier
1903 - Défense d’avoir « mal aux cheveux ».
- Un
arrêté municipal prescrit aux cochers de voitures de place de Caen
d'être coiffés d'un chapeau spécial.
Leur
est-il permis, lorsqu'ils ont « mal aux cheveux », de remiser leur
chapeau ? Non, car un cocher, rencontré, rue Caponière, coiffé d'un
chapeau melon, s'est vu dresser procès-verbal par un agent et a été
condamné à 3 fr. d'amende par le juge de paix qui n'a pas voulu
accepter comme excuse le « mal aux cheveux » invoqué, comme
circonstance atténuante, par le délinquant. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Janvier
1903 - Erreur n’est pas compte.
- Est-il vrai qu'à Caen les agents des mœurs manquent souvent
de doigté et d'expérience ?
Il
parait qu'il y à quelques jours une dame a été arrêtée, le soir,
au bout de la rue de Bernières, par deux de ces agents qui la
prenaient pour ce qu'elle n'était pas. Sans l'intervention opportune
des passants, elle aurait été appréhendée et emmenée honteusement
au commissariat.
Des
erreurs semblables se commettent tous les jours à Paris. Chez nous,
elles sont rares, heureusement, mais il ne faudrait pas, pourtant, que
ces mœurs, de police, passent dans notre police des mœurs. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Janvier
1903 -
Les lampes à pétrole. -
Mardi,
vers 9 heures 1/2 du soir, Élise Salot, 33 ans, couturière, rue
Froide, à Caen, est tombée accidentellement, dans sa chambre, sur
une lampe à pétrole allumée et s'est brûlée grièvement à la
figure et à la tête. Elle a été transportée, par les soins de la
police, à l'hôtel-Dieu où elle a été admise d'urgence. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Janvier
1903 - Récompenses honorifiques.
- Le
ministre de la guerre vient de décerner pour soins donnés
gratuitement aux militaires de la gendarmerie et à leurs familles une
lettre d'éloges officiels à MM. les docteurs Duros, d’Aunay-sur-Odon
; Dietz de Bayeux, une médaille de vermeil à M. Lemonnier, officier
de santé à Troarn.
—
M. Tostain, premier gardien à la maison centrale de Beaulieu, vient
d'obtenir la médaille pénitentiaire.
—
Une lettre de félicitations a été adressée au sieur Chatizel,
domestique à Paris, pour avoir à Hermanville-sur-Mer, le 5 septembre
dernier, arrêté un cheval emporté.
(Source :
Le Bonhomme
Normand)
Janvier
1903 - Jugement intéressant.
- Un
avocat du barreau de Caen avait laissé dans la salle d'attente des
premières de la gare de Caen, un fusil de chasse et des vêtements
pendant qu'il allait prendre un billet et chercher, des colis
déposés à la consigne.
A
son retour, constatant que ses vêtements avaient été volés, il fit
un procès en dommages-intérêts à la Compagnie de l'Ouest.
Le
tribunal de commerce a rejeté cette demande en décidant que les
salles d'attente sont des lieux publics qu'elle ne peut être tenue de
surveiller et que c'est aux voyageurs à veiller sur les objets qu'ils
y déposent. Cette affaire présente un double intérêt : d'abord,
parce qu'elle soulevait une question usuelle et pratique, ensuite,
parce qu'il est assez piquant de voir un avocat faire un procès en
son nom personnel, et le perdre.
(Source :
Le Bonhomme
Normand)
Janvier
1903 -
Un marché aux pommes. -
A Carentan,
à Lisieux et dans d'autres villes de la région normande, il existe
des marchés pour les pommes à cidre.
A
Caen, qui est au centre de la production cidrière, il n'y en a pas.
La Société d'agriculture et de commerce demande qu’il soit établi
chez nous un marché franc.
Espérons
que son vœu sera réalisé. Nos fermiers de la plaine trouveraient
là un débouché immédiat et facile et ils souffriraient moins,
peut-être, de l'abolition de leur privilège de bouilleurs qu'on leur
enlèvera un jour ou l'autre, c'est malheureusement à craindre.
(Source :
Le Bonhomme
Normand)
Janvier
1903 -
Erreur judiciaire. -
En 1900, la
boutique d'un bijoutier de Marseille était dévalisée. Le voleur
dénonça comme ses complices deux jeunes employés du bijoutier.
Malgré
leurs protestations, ils furent condamnés à six ans et sept ans de
travaux forcés, le principal coupable à cinq ans de réclusion
seulement, qu'il subissait à la maison centrale de Beaulieu, près
Caen.
Cet
individu a déclaré que ses complices étaient innocents et qu'il les
avait dénoncés pour être agréable à une femme qui leur en
voulait.
Les
deux malheureux jeunes gens vont être de nouveau jugés et
acquittés. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Janvier
1903 -
Légion d’Honneur. -
MM. Lantz, contrôleur d'armes à Caen, et Beck, capitaine
de gendarmerie à Lisieux, ont été nommés chevaliers de la Légion
d'honneur. (Source : Le Bonhomme Normand)
Janvier
1903 - Réformes
maladroites. -
Le vent souffle aux réformes de tout genre. Nos ministres,
voulant faire du zèle, chambardent tout autour d'eux. Comme toujours,
il y a, dans ces changements, plus de mauvais que de bon. Quand on
nous enlève notre commissaire d'inscription maritime pour nous donner
à la place un simple administrateur, on ne songe guère à protéger
nos intérêts.
—
Quand on simplifie les « honneurs » militaires, comme vient de
le faire le ministre de la guerre, on embête un peu moins les jeunes
soldats, mais on n'augmente pas le prestige de l'armée et du drapeau,
qui n'en ont déjà pas trop, pourtant.
—
Voici, maintenant, qu'on veut démolir la langue française, et
l'orthographe. Nous avons, à Caen, des apôtres convaincus de cette
réforme cocasse qui écrivent : « filosophes, téâtre
et mistère », au lieu de philosophe, théâtre et mystère.
Il
n'y a que les mots étrangers qui trouvent grâce devant eux et ils
continuent à écrire : « maboul », en correspondant entre eux. (Source : Le Bonhomme Normand)
Janvier
1903 - Singuliers soldats.
- La police de
Caen a dressé procès-verbal contre deux soldats du 36e de
ligne, Louis Renault et Maurice Eudes, 23 ans, pour coups, sur le
cours Sadi-Carnot, à la nommée Alphonsine Blanchard, 21 ans, fille
soumise, sans domicile fixe. Après l'avoir frappée, ils l'ont
dévalisée de différents objets, notamment d'une bague en argent, et
l'ont ensuite précipitée dans le fossé de la prairie longeant le
cours.
Renault
et Eudes ont été mis immédiatement à la prison de leur corps.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Janvier
1903 - Fermeture de 58 écoles.
- Ainsi
que nous l'annoncions il y a quinze jours, 58 écoles de religieuses,
établies dans le Calvados, viennent de recevoir l'ordre de fermer
leurs portes.
Les
écoles fermées à Caen sont celles de la rue au Canu, de la rue du
Moulin, de la rue du Vaugueux, de la rue des Cordes-Saint-Gilles et de
la rue des Carmes. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Février
1903 - La guerre aux cornettes.
- Nous
avons publié, dans notre dernier numéro, la liste des écoles de
religieuses, de Caen qui n’ont pas été autorisées. Deux, d'entre
elles, celles de la rue du Vaugueux et de la rue du Moulin, sont
réouvertes depuis la rentrée sous la direction d'institutrices
laïques.
Les
autres, assure-t-on, ne tarderont pas à être également
transformées en écoles laïques. Les, religieuses dont on ne veut
plus seront remplacées par des institutrices tout aussi ferventes
catholiques que les religieuses.
L'habit
sera changé, mais renseignement ne le sera pas et la guerre aux
cornettes aboutira à un piteux échec.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Février
1903 - Justes plaintes. -
On
réclame contre le mauvais état du quai des Abattoirs. Ce quai est
défoncé par les grosses voitures qui le sillonnent. La nuit,
l'éclairage y est insuffisant. On va paver la rue de la Gare, si on
ne pave pas en même temps, le quai des Abattoirs, gare les accidents
(Source : Le Bonhomme Normand)
Février
1903 - On dit… -
Qu'un
curé, très connu à Caen, où il a été vicaire, aurait lâché
l'habit ecclésiastique afin de pouvoir épouser une jeune caennaise.
Cela
vaut mieux, que de se suicider comme le curé Valès ou de continuer
un sacerdoce pour lequel on n'a plus de vocation. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Février
1903 -
Instituteurs et curés. -
Des
circulaires académiques recommandent aux instituteurs de supprimer de
leur service la surveillance des enfants dans les églises. D'un autre côte, les curés se refusent à recevoir pour la première
communion les enfants non surveillés aux offices et récriminent, en
chaire, contre les procédés laïques. Si on pouvait de part et
d'autre, montrer un peu plus de tolérance, est-ce que cela ne
vaudrait pas mieux pour tout le monde ? Car, en fin de compte, ce sont
les enfants des écoles et leurs familles qui
se trouvent pris ainsi entre l'enclume académique et le
marteau clérical. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Février
1903 - Correspondance. -
En réponse à notre entre
filet sur la réforme de l’orthographe, M. Auguste Renard, agrégé
de l’Université de Caen nous adresse la lettre suivante :
Loin
de vouloir démolir la «langue» — qu'il ne faut pas confondre avec
l'orthographe — nous avons pour elle un culte égal au moins à
celui de nos adversaires, et nous gémissons de la voir tous les jours
maltraitée, Dieu sait comme ! par tant de journaux — autres que le
Bonhomme normand — et défigurée,
en effet, par cette horrible plaie que sont les mots
étrangers. Mais, ces mots étrangers, il me semble qu'on leur fait
assez bon accueil dans les journaux de la « bonne société », du
high life, du five o'clock tea, du yachting, etc..., qui ne sont
généralement pas favorables à la réforme. Ce. n'est pas à nous
qu'il faut s'en prendre. Que le Bonhomme rectifie donc son tir. Quant
à l'orthographe — j'entends l'orthographe actuelle — oh ! oui,
nous lui voulons mal de mort, et cela non pas par fanatisme ou
« maboulisme », mais parce qu'elle est absurde et malfaisante.
On
écrivait, autrefois, phantôme, thrône et crystal, c'était absurde,
On a simplifié l'écriture de ces mots en écrivant fantôme, trône,
cristal, on a bien fait.
N'est-ce
pas l'avis du Bonhomme ? On simplifiera de même philosophe, théâtre
et mystère ? en écrivant filosofe, tèâtre et mistère,
c'est-à-dire qu'on n'aura' plus à se demander si tel mot s'écrit
avec f ou ph, avec t au
th avec i ou y : ce sera toujours f, t ou i simplement. Et ce sera une
réforme raisonnable, logique et utile : l'orthographe sera meilleure,
plus simple, plus française et moins « cocasse », et les enfants
l'apprendront plus vite.
Le
Bonhomme a trop de bon sens et d'esprit pour ne pas se ranger,
après réflexion, à cet avis. Et, en nous aidant, il fera une
bonne action. Ce. ne sera pas la première. Je vous prie d'agréer,
etc..., A. RENARD. (Source : Le Bonhomme Normand)
Février
1903 - Coup de revolver sur des agents de police.
-
Lundi soir, vers 11
heures, Etienne Bouchard, 40 ans, journalier, demeurant 22, rue de
Geôle, à Caen, gesticulait sur le trottoir en criant à tue-tête :
« Sales Caennais ! sales Bretons ! » L'agent Bertaux
s'approcha de lui, l'invitant à se taire, Bouchard, tirant alors de
sa ceinture un revolver calibre 12, fit feu. La balle frappa sur le
devant du col en caoutchouc de la chemise de Bertaux, glissa sur ce
col en le déchirant et effleura légèrement la peau du cou. L'agent
Bertaux, sautant sur Bouchard, le terrassa et le maintint sous lui
jusqu'à l'arrivée du sous-brigadier Legrand et des agents Cros et
Lay. Bouchard, quoique à terre, put cependant, en les voyant, se
dégager le bras et tirer sur eux quatre coups de son arme,
heureusement sans les atteindre.
Le
meurtrier fut enfin désarmé et conduit au commissariat. Les agents
qui ont fait cette arrestation dangereuse ont montré un réel
sang-froid. (Source : Le Bonhomme Normand)
Février
1903 - La fièvre typhoïde.
-
Les cas ne sont pas nombreux à Caen. Cela n'empêche pas de
veiller, car le mal pourrait bien nous surprendre, comme à Rouen où
plusieurs soldats sont morts et un certain nombre malades de cette
fièvre. Les médecins de Caen ont demandé une enquête pour
rechercher les causes du mal. A-telle été faite ? Quels en sont les
résultats ? (Source :
Le Bonhomme Normand)
Février
1903 - Un centenaire. -
On a fêté, samedi, le centenaire d'Edgar Quinet, un horsain
que nous ne connaissions guère et que nous ne connaissons pas
beaucoup mieux à présent.
On
a parlé, récité des vers, fait chanter la Marseillaise par la
Neustrie et les enfants des écoles municipales. Au moins, cette
manifestation républicaine aura-t-elle servi à faire entendre, avec
son rythme vrai et sa mélodie exacte, notre beau chant national qu'on
braille, le plus souvent, en dépit du bon sens. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Février
1903 - Collision entre un tramway et une voiture.
-
Les sieurs Frédéric Leclerc et Eugène Revel, âgés de 24
ans, domestiques chez M. Primois à Caen, descendaient la rue de
Bayeux, à la Maladrerie, revenant de Tilly-sur-Seulles.
Le
premier conduisait une voiture attelée de deux chevaux, le deuxième,
une autre voiture attelée de trois chevaux. La première voiture
était seule éclairée. Derrière eux et allant aussi dans la
direction de Caen venait un tramway. Le wattman, Eugène Raibel,
29 ans, trompé par l'obscurité, n'aperçut pas à temps la seconde
voiture obstruant la voie et son car la tamponna avec force.
Le
choc fut si violent que la voiture et les trois chevaux furent
renversés et le malheureux conducteur fut jeté sous la voiture.
Quand on parvint à le dégager, on constata qu'il avait la jambe
droite et la clavicule rompues. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Février
1903 - Le Carnaval à Caen.
- Mardi,
comme les années précédentes, il y avait beaucoup de curieux dans
les rues pour voir passer quelques masques clairsemés. Dans la rue
Saint-Jean, la bataille des confettis a entravé la circulation des
tramways. Les rails étaient couverts et il fallait les déblayer de
temps à autre. (Source : Le Bonhomme Normand)
Mars
1903 - Fillette renversée par une voiture. -
La jeune Claire Brière, 9 ans, demeurant chez ses parents, 18,
place des Petites-Boucheries, à Caen, a été renversée dimanche
après midi, alors qu'elle traversait cette place, par une voiture
conduite par la demoiselle Normand, 39 ans, domestique de M. des
Closières, propriétaire du château de Rosel.
La
pauvre enfant, jetée à terre par le cheval, a passé ensuite sous
l'une des roues de la voiture. Relevée avec la cuisse droite
fracturée, elle a été transportée à l'hôtel-dieu.
La
demoiselle Normand, qui avait continué sa route sans se préoccuper
de l'accident, a été rejointe près de la gendarmerie, par le cocher
du docteur Paul Léger qui s'est jeté courageusement à la tête du
cheval et a forcé la personne qui le conduisait à rebrousser chemin.
La malheureuse enfant, victime de l'accident, relevait d'une grave
maladie et sortait pour la première fois. ( Source : Le
Bonhomme Normand)
Mars
1903 - Couvents fermés.
-
Le gouvernement a fermé l'ouvroir tenu à Nancy par les
religieuses du Bon-Pasteur qui, de l'avis même du clergé,
exploitaient indignement de pauvres filles en les faisant broder, à
tel point qu'elles en devenaient aveugles.
—
Les Carmélites de Coutances ont eu leurs biens confisqués par un
arrêt de la cour de Caen, dont nous avons parlé. Elles forment appel
contre ce jugement, prétendant que la loi de 1901 ne peut avoir
d'effet rétroactif et qu'on ne peut l'invoquer contre elles
puisqu'elles s'étaient dispersées avant sa promulgation. Nous dirons
quel aura été le résultat définitif de ce procès. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Mars
1903 - Sauvetage. -
La Société de sauvetage vient de payer une indemnité au
sieur Marie, mécanicien, au douanier Lavielle, et au chef d'équipe
Malo, qui le 28 février, ont retiré du bassin, à Caen, le
sieur Goupil, soldat en permission, qui était en grand danger de se
noyer. (Source : Le Bonhomme Normand)
Mars
1903 - Un coup, mais pas deux.
-
Les journaux du monde entier s'occupent en ce moment de
l'alcool. On est en train de le réhabiliter. Des expériences ont
été faites en Amérique sur des hommes jeunes et robustes à qui on
en faisait boire, chaque jour, une dose modérée.
Ces
expériences ont démontré que l'alcool est un aliment comme un
autre, très riche même en principes nourrissants, et que son usage
modéré est sans' aucun danger pour la santé.
M.
Combes, chef du cabinet, l'a aussi déclaré aux représentants des
cafetiers de Paris. Voilà qui va faire plaisir à nos braves
bouilleurs der cru normands et donner du cœur à ceux qui les
défendent. Tout le monde saura à présent qu'on peut boire un coup
sans danger, mais il est toujours défendu d'en boire deux.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Mars
1903 - Accident du travail.
-
Le sieur Ernest Baptiste, 30 ans, domestique, rue de Falaise,
à Caen, qui conduisait un tombereau attelé de trois chevaux, voulut,
boulevard Bertrand, monter sur le premier cheval, l'attelage en
marche, il tomba et fut piétiné par les chevaux qui lui firent des
blessures graves à la tête. Après avoir reçu des soins, pharmacie
Gost, Baptiste a été transporté à l'hôtel-Dieu. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Mars
1903 - Victime de l’obscurité.
- Mardi
soir, à Caen, vers huit heures et demie, un individu dont on ne
connaît pas le nom est tombé dans le bassin, près du pont du canal.
Son cadavre n'a pas encore été retrouvé.
Le
défaut presque constant d'éclairage rend faciles les chutes de ce
genre à cet endroit. ( Source : Le Bonhomme Normand)
Mars
1903 - Chevaux de gendarmes.
Une commission de remonte se
réunira le 25 mars, à 7 heures du matin, hôtel de la Gendarmerie,
pour acheter les chevaux nécessaires à la maréchaussée du
Calvados, de la Seine-Inférieure et de l'Eure. Les chevaux hongres et
juments devront être de préférence de robe foncée, avoir de 4 à 8
ans et mesurer de 1 mètre 53 à 1 mètre 58. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Mars
1903 - Cheval emporté. -
Mercredi, à Caen, près du pont des Abattoirs, un cheval
attelé à la voiture d'un maraîcher fut pris de peur et se
précipita dans l'Orne. Les brancards de la voiture se brisèrent, et
celle-ci resta sur le sol. Le conducteur en fut quitte pour la peur.
Quant au cheval, on l'a retiré au bout d'une demi-heure.
Etourdi,
sans doute, par la chute, il était resté au fond de l'eau et
s'était noyé. (
Source : Le Bonhomme Normand)
Mars
1903 - Les bouilleurs de cru.
- En 1900, un
million de cultivateurs ont distillé leur vin ou cidre. Il y en a eu
25 000 dans le Calvados, 41 000 dans l'Orne et 35 000 dans la Manche.
C'est-à-dire
plus de 100 000 pour les trois départements de Basse-Normandie. Ces
chiffres montrent de quelle importance est la question des bouilleurs
de cru. ( Source : Le Bonhomme Normand)
Avril
1903 - Prévenir vaut mieux que construire. - La
fièvre typhoïde sévit chez nous avec recrudescence. Malgré les
travaux de voirie et autres, il semble que nous n'ayons pas fait
beaucoup de progrès au point de vue sanitaire.
Comme
nous l'avons dit, les médecins caennais s'en inquiètent et tous sont
d'accord pour déclarer, sans le prouver, que les puits et les
fontaines qui se fournissent d'eau à notre nappe souterraine sont
cause de tout le mal. L'infect Odon, cloaque répugnant où pourtant
on lave presque tout le linge caennais, y est bien pour quelque chose
aussi.
Quand
se décidera-t-on à le couvrir dans tout le parcours de la
ville ? C'est une mesure nécessaire absolument. Avant de
construire à grands frais des hôpitaux, il serait plus simple de
commencer par diminuer la fréquence des épidémies et le nombre des
malades par des précautions hygiéniques rigoureuses. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Avril
1903 - Un échafaudage qui s’écroule.
- Deux
ouvriers charpentiers travaillaient, à l'église St-Sauveur, à Caen,
à une des fenêtres donnant sur la rue Froide, quand l'échafaudage
sur lequel ils étaient montés s'est effondré. L'un d'eux s'en tira
sain et sauf, l'autre, Napoléon Le François, 50 ans, fut projeté
sur la face. Ses blessures sont sans gravité heureusement. Il y a
quelques mois, une pierre de taille était tombée de l'abside, avait
atteint un passant et l'avait tué. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Avril
1903 - Macabres découvertes. -
Comme
auprès de toutes les églises, on enterrait autrefois autour de
Saint-Pierre de Caen. Aussi, les terrassiers qui travaillent à
transformer en un square ombragé l'ignoble chantier de construction
où fleurissaient depuis si longtemps des massifs de pierre de taille
et de moellon, ont-ils déterré pas mal d'ossements humains.
On
fera sagement de borner les terrassements au strict nécessaire et de
laisser nos ancêtres, sous leur couche d'argile, dormir
tranquillement leur dernier sommeil, à l'ombre de la vieille église
gothique. (Source : Le Bonhomme Normand)
Mai
1903 - Noces d’or. -
Les époux Despont,
habitant Caen, rue de Vaucelles : le mari, 73 ans ; la femme, 68, qui
ont neuf enfants, viennent de célébrer leurs noces d'or, au milieu
de leurs petits-enfants et arrière-petits-enfants. Le sieur Despont
est ouvrier paveur, employé à la ville.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Mai
1903 - Pendus. - Le
sieur Auguste Simon-Dubuisson, 53 ans, jardinier, demeurant à Caen,
rue Gémare, s'est pendu dans son escalier, pendant une absence de sa
femme.
—
La dame Euphrasie Sauvage, veuve Chéradame, 73 ans, s'est aussi
pendue dans sa cuisine. On ignore les causes de son suicide.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Mai
1903 - Un refus
qui coûte cher. - Le sieur Edouard Soyer, 39 ans, entrepositaire à
Lébisey, près Caen, revenait, la nuit, sur la route de Blainville,
avec une voiture chargée de fûts, un douanier lui cria de
s'arrêter. Soyer n'en fit rien, puis il revint sur ses pas et, comme
le douanier tenait son cheval par la bride, il lui donna un coup de
fouet qui l'atteignit à la lèvre.
Le
douanier allait être pris entre le mur et la voiture, c'est alors
qu'il porta un coup de bâton au cheval. La bête fit un écart et la
voiture culbuta sur Soyer qui n'eut que quelques contusions.
Lorsqu'il fut débarrassé par le douanier, il l'injuria.
Soyer,
poursuivi pour refus d'exercice, rébellion et outrages à un douanier
et absence de lanterne, a été condamné à 15 jours de prison et à
22 fr. d'amende. (Source : Le Bonhomme Normand)
Mai
1903 - Un citoyen, pas dégoûté.
- Le
domestique de M. Tessier, doyen honoraire de la faculté des lettres,
rue Caponière, à Caen, a trouvé Émile Manger, 26 ans, barbotant
dans la fosse d'aisances établie sur l'Odon. Il a fallu l'en retirer
par la rivière.
Mauger,
pour expliquer sa présence en cet endroit, prétend qu'étant sans
travail il avait voulu en finir avec la vie dont il était fatigué.
Pour y arriver, il eût fallu que Mauger y mît bien de la bonne
volonté. Il est plutôt probable qu'il avait pris ce chemin
détourné et peu fréquenté pour s'introduire dans la propriété de
M. Tessier et le voler. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Mai
1903 - La température. -
Les saints de glace ( 11, 12 et
13 mai ) ne se sont pas fait trop sentir. S'il faut en croire la
légende, il paraît que saint Urbain ( 25 mai ) ne sera pas
aussi doux que ses copains. (Source : Le Bonhomme Normand)
Mai
1903 - État de choses intolérables.
- Nous
avons, à plusieurs reprises, déjà parlé des dangers que faisait
courir au public la construction défectueuse de la voie du chemin de
fer du Calvados dans la traversée de Caen. Samedi encore, une voiture
chargée de bois pour M. Mauger, entrepreneur à Villers-Bocage,
passait au pont de Courtonne. La voiture ayant été obligée de se
garer pour en laisser
passer une autre, une des roues étant entrée dans la voie du chemin
de fer n'a pu en sortir et a été brisée.
Cet
état de choses est intolérable. La ville et le chemin de fer se
disputent à qui refera le travail. Que les intéressés les mettent
d'accord. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Mai
1903 - Les pommiers. -
La
température que nous subissons depuis trop longtemps n'a pas,
jusqu'à présent, causé de dégâts trop sérieux aux pommiers, dont
les plus précoces ont été arrêtés dans leur végétation avant
que les fleurs se soient complètement montrées. Il n'en est pas de
même des poiriers, qui sont gravement compromis, ainsi que les
pêchers, les abricotiers et les cerisiers.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Mai
1903 - Paris - Caen. -
Dimanche 31 mai, se disputera la grande course cycliste
Paris-Caen, de 220 kilomètres de parcours, sans entraîneurs et sans
suiveurs, organisée par le Cyclo-Club de Paris et le Cyclo-Club de
Caen.
Un
tour des cours sera obligatoire pour les coureurs arrivant avant six
heures du soir.
A
2 heures, sur le cours Sadi-Carnot, concours de bicyclettes
décorées. A 4 heures 1/2, lâcher de pigeons.
A
l'occasion de cette course, tombola à 25 c. le billet. Les premiers
cyclistes pourront arriver vers 2 heures. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Juin
1903 - L’École. -
Deux membres du parquet et trois agents de police se sont
présentés, sans conviction, à l'école de filles de la rue au Canu,
à Caen, dont les directrices sont
accusées d'être en contravention avec la loi sûr les
congrégations. Ces anciennes religieuses seront sans doute
poursuivies.
D'autres
ont déjà passé en police correctionnelle, mais elles ont été
acquittées.
—
A la Chambre, on a voté un nouvel article de loi qui aggrave encore
la situation des congréganistes. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Juin
1903 - L’Orne ment.
-
L'Orne ne tient pas toujours sa réputation de cours d'eau
paisible. Les dernières pluies avaient amené une violente crue d'eau
dans notre rivière, qui avait grossi d'une façon inquiétante.
Vendredi
soir, il a fallu enlever au plus vite le barrage du Grand-Cours, qui
risquait d'être emporté ou de causer des inondations.
Dimanche,
le courant était encore très violent et les pêcheurs à la ligne
n'ont pas pu faire l'ouverture projetée. D'ailleurs, on continue à
se demander sur quoi peut bien se baser l'administration pour fermer
la pèche jusqu'à Saint-André, puisque le barrage actuel n'est
guère plus fixe que le précédent. La preuve, c'est qu'il faut
l'enlever complètement en cas de crue et que, le jour même de
l'ouverture, la marée montante s'est fait sentir en rivière comme
auparavant. (Source : Le Bonhomme Normand)
Juin
1903 - Arrestation pour assassinat.
- Nous avons publié que le cadavre de Paul Jarnigon, 21
ans, soldat au 36e de ligne, avait été trouvé dans la
Noë, à la petite école de natation. Nous ajoutions que ce soldat
avait été vu en compagnie de gens de la foire qui s'étaient
dirigés sur Cherbourg.
La
police de cette ville vient d'arrêter Yvonne Lepont, 19 ans, fille
soumise à Caen, sous l'inculpation d'avoir assassiné le soldat
Jarnigon, ou au moins d'y avoir aidé. Cette fille était employée
pendant la foire de Caen au manège des Nacelles Leroy. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Juin
1903 - De Paris à Caen.
-
La course de Paris à Caen a très bien réussi. Affluence sur
le cours. Ce sont des Parisiens qui sont arrivés les premiers
couvrant le parcours, 50 lieues, en 7 heures. M. Géraud, du Cyclo
Club caennais, est arrivé cinquième. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Juin
1903 - Passage de troupes.
-
Le 1er bataillon d'artillerie de forteresse, en
garnison au Havre, qui était passé à Caen le 28 avril, se rendant
au camp de Coëtquidan pour une période d'exercices de tir, est
revenu dimanche dans notre ville. Il venait de Villers-Bocage et s'est
embarqué lundi, par une belle mer, sur le bateau du Havre.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Juin
1903 - Un enfant sous un tramway.
-
Le jeune Alexandre Lefranc, 9 ans, demeurant chez sa tante, rue
Laplace, à Caen, se trouvait rue Saint-Jean, presque en face la rue
Jean-Romain, quand il voulut traverser la chaussée, au moment du
passage d'un tram électrique se dirigeant sur Vaucelles, à une
vitesse ordinaire. Par malheur, l'enfant tomba et ne put se relever à
temps.
Le
wattman bloqua aussitôt, cherchant à arrêter instantanément, il
était déjà trop tard. Le pauvre enfant était culbuté, projeté
sous les roues et traîné sur un parcours de quelques mètres.
Quand on le dégagea, il avait à la tète un trou énorme qui mettait
le cerveau à nu, les yeux semblaient arrachés de leur orbite, la
poitrine était défoncée.
Porté
à la pharmacie Férey où les soins les plus urgents lui furent
donnés par le docteur Moutier, le jeune Lefranc fut ensuite
transporté à l'hôtel-Dieu. Son état n'est pas désespéré.
Cet
accident ne peut être attribué qu'à l'imprudence de la victime.
C'est même miracle qu'il ne s'en produise pas plus souvent surtout
dans les faubourgs où des enfant mal surveillés se font un plaisir
de passer devant les trams ou devant les voitures au risque d'effrayer
les chevaux. (Source : Le Bonhomme Normand)
Juin
1903 - Les voleurs du 36e.
-
Le conseil de guerre vient encore de condamner à un mois de
prison le soldat René Guillot, du 36e régiment
d'infanterie, inculpé de vol au préjudice d'un particulier.
Tous
les voleurs ne sont pas pincés, témoins ceux qui, dernièrement, rue
des Carmes, se sont sauvés d'un café sans avoir payé leur
consommation et en emportant une bouteille d'eau-de-vie de cidre. On
s'est plaint à la caserne, mais les coupables n'ont pas été
découverts. Cela n'eût pas été difficile, cependant.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Juin
1903 - Travaux de l’hôpital.
-
L'adjudicataire des travaux du nouvel hôtel-Dieu a été
autorisé à ouvrir une carrière sur le lieu des travaux. Le moellon
sera payé à la ville. Ce sera un bénéfice de 7 à 8 000 fr.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Juin
1903 - Impôt sur le revenu.
-
Ce projet de loi a été déposé à la Chambre. Il se compose
:
1°
de la taxe personnelle portant sur le revenu provenant des loyers, des
rentes, du commerce, du travail, des emplois et même des retraites.
2°
de la taxe mobilière fixée d'après le loyer.
—
En ce qui concerne l'impôt sur le revenu, c'est le contrôleur qui
l'estimera à charge par lui de prouver l'existence du revenu
indiqué.
Sont
affranchis de l'impôt, ceux dont le revenu est inférieur à 500 fr.,
à 700 fr., à 900 fr., à 1 200 fr. et à 1 600 fr. selon
l'importance de la population.
A
Caen, les personnes ayant un revenu inférieur à 1 600 fr. seront
exonérées de l'impôt. (Source : Le Bonhomme Normand)
Juin
1903 - Mouvements du sol.
-
Lundi, vers 11 heures et demie du matin, plusieurs personnes de
Caen ont senti une légère secousse attribuée à un tremblement du
sol. Le même phénomène s'est produit dans l'arrondissement de
Bayeux. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Juin
1903 - Essai de vitesse.
-
Sur la ligne du chemin de fer de Paris au Havre, un train
rapide vient d'être essayé. Il pourra faire le parcours, 57 lieues,
en deux heures et demie. (Source : Le Bonhomme Normand)
Juin
1903 - La pluie. -
C'était lundi la St-Médard. Il a plu un peu partout. En
voilà pour quarante jours, s'il faut en croire la légende. Mais nous
sommes certains qu'elle mentira. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Juillet
1903 - Réglementation de la vitesse des automobiles.
- Le maire de Caen vient de prendre un arrêté aux termes
duquel il est formellement interdit aux bicyclettes et aux
conducteurs d'automobiles de tout genre, de dépasser, dans
l'agglomération urbaine, une vitesse de 12 kilomètres à l'heure. Il
leur est, d'autre part, enjoint de modérer leur allure à tous les
tournants.
Juillet
1903 - Suicide. -
Le sieur Auguste Colleville, 25 ans, typographe à Caen, s'est
suicidé à la porte de ses beaux-parents, les époux Catherine,
habitant au cinquième, maison du Grand-Balcon, rue Saint-Pierre, en
se tirant un coup de revolver dans la région du cœur.
Colleville
n'était pas d'accord avec sa femme, voilà la cause de son suicide.
Il était fantasque. Un jour, à la suite d'une discussion avec le
contremaître de M. Valin, imprimeur, il fut le dénoncer à
l'inspecteur du travail. (Source : Le Bonhomme Normand)
Juillet
1903 - Grand incendie à Caen.
- Jeudi matin,
vers sept heures et quart, un incendie, attribué à une explosion de
gaz, a éclaté subitement rue St-Jean, au Café de la Bourse, dans la
salle des Folies-Caennaises, qui a été complètement détruite en
moins d'un quart d'heure.
Un
générateur à acétylène aurait aussi fait explosion. Le feu a
gagné les écuries de M. Blochon, correspondant du chemin de fer, qui
ont été brûlées. On craignait pour l'entrepôt de liquides de M.
Dumont, négociant, boulevard St-Pierre, mais il n'a, pas été
atteint par le feu. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Juillet
1903 - Pour la dentelle.
- M. Engerand
à gagné son procès. L'enseignement de la dentelle à la main sera
organisé dans les écoles primaires de filles des départements où
la fabrication est en usage et dans les écoles normales
d'institutrices de ces mêmes départements,
—
Il sera créé dans les principaux centres dentelliers des cours et
des ateliers de perfectionnement. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Juillet
1903 - Faits rétablis. -
La dame Defoy, demeurant rue du Vaugueux, à Caen, qui s'est
suicidée la semaine dernière, en se jetant par la fenêtre, n'avait
eu auparavant aucune discussion avec sa fille, contrairement au bruit
répandu par méchanceté par quelques voisins. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Juillet
1903 - Accident du travail.
- Le sieur
Georges Lenfant, 36 ans, ouvrier peintre à Caen, était occupé à la
maison de M. Mollier, chocolatier, rue Saint-Jean. Tout à coup, son
échelle ayant glissé, il est tombé de la hauteur d'un second
étage, se fracturant un bras et se blessant profondément à la
tête.
Lenfant
est marié et père de quatre enfants. Son état est assez grave.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Juillet
1903 - Coup de couteau et coup de canif. - Alphonse
Esseline, 39 ans, journalier à Caen, subit actuellement à la prison
une peine de six mois de prison pour avoir porté un coup de couteau
dans le dos de son ami, Louis Lamare, 38 ans, forgeron, rue des
Carmes, qu'il avait trouvé trop près de sa
femme. Lamare fut transporté à l'hôtel-Dieu et en ressortit
guéri au bout d'un mois.
Sa
première visite fut pour la femme Esseline. Mais les murs de la
prison, comme les autres, ont des oreilles. Aussi, Esseline, ayant
appris que Lamare se vengeait du coup de couteau qu'il lui avait
donné par des coups de canif dans son contrat, porta plainte.
Dimanche,
au petit jour, le commissaire les a surpris en flagrant délit,
d'adultère et leur a dressé procès-verbal.
(Source :
Le Bonhomme Normand)
Juillet
1903 - Armée. -
Les trois compagnies du 4e bataillon du 5e
d'infanterie, maintenues temporairement à Paris, en raison du
manque de casernements à Falaise, seront transférées, à titre
définitif, à Caen, vers le 1er août. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Juillet
1903 - Fermeture d’écoles.
- Les écoles
tenues par des religieuses à Caen, rue de l'Hôtel-de-Ville, rue
Guilbert et rue Leroy, devront être fermées le 1er août,
devront aussi fermer leurs portes celles de Lisieux, Bayeux, Falaise,
Vire, Honfleur, St-Pierre-sur-Dives, Dives, St-Aubin-Lébisay,
Trouville, Villers-Bocage, Beuvillers, Grandcamp, Hermanville,
Neuville, Tilly, St-Pierre-la-Vieille, Thaon, Condé, Avenay,
St-Manvieu, Juaye et St-Germain-de-Livet.
Presque
tous les conseils municipaux avaient donné des avis favorables pour
le maintien de ces religieuses qui ne faisaient de mal à personne.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Juillet
1903 - Choses municipales.
- M.
Daléchamps, ancien fabricant de « blondes », avait été chargé,
par le conseil municipal de Caen, de faire un rapport sur le travail
de la dentelle. D'après M. Daléchamps, cette industrie, pour
laquelle on ne trouverait pas cinquante ouvrières dans la région de
Caen, est momentanément perdue.
—
M. Gallier avait réclamé, avec raison, parce que les cavaliers de la
remonte, de passage à Caen pour achats de chevaux, étaient logés
chez l'habitant. A l'avenir, ces hommes seront logés au dépôt
lorsque leur séjour dépassera une journée.
—
La pension de retraite de M. Avaulée, ancien employé d'octroi, est
liquidée à 500 fr. (Source : Le Bonhomme Normand)
Juillet
1903 - Tentative de vol.
- La
police a fait une visite, mercredi l'après-midi dans l'église
St-Etienne où elle espérait trouver les individus qui avaient tenté
de voler dans le Bon-Sauveur. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Juillet
1903 - Encore un accident.
-
Dans l'après-midi de mercredi, le sieur LetelIier, 54 ans,
charretier chez M. Soulié, entrepreneur de vidanges, rue de
l'Oratoire, a été atteint par le tramway, sur la route de la
Maladrerie, et a été assez grièvement blessé.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Juillet
1903 - Insolation.
- Un
journalier, bien connu à Caen sous le nom de père Alfred, 70 ans,
passait dans la rue de Bras, assis à l'arrière d'une voiture,
lorsque tout à coup il a été frappé d'insolation et violemment
projeté à terre.
Un
instant on l'a cru mort, mais, grâce à des soins empressés, il est
revenu à lui. Il a été transporté d'urgence à l'hôtel-Dieu.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Juillet
1903 - Les incendies à Caen.
-
A peine le feu des Folies-Caennaises était-il éteint qu'il se
déclarait de nouveau dans un lieu qui donne souvent asile à la folie
: hôtel du Soleil-Levant, près la gare.
Vendredi,
au milieu de la nuit, un voyageur était venu, en aimable compagnie,
demander une chambre. Vers trois heures du matin, une femme se
précipitait à la fenêtre, en criant : « Au feu ! ».
En peu de temps, l'hôtel, construit à la légère, était en
feu et se communiquait aux magasins de M. Mauger, négociant en
chaussures et en bonneterie.
Cet
incendie est dû, sans doute, à l'imprudence des voyageurs qui auront
mis le feu dans un accès de folie joyeuse.
—
On ignore la cause du sinistre des Folies-Caennaises, mais on paraît
généralement disposé à croire que la malveillance n'y fut point
étrangère. En effet, à trois heures du matin, le feu s'était
déjà déclaré du côté de l'entrée des Folies-Caennaises, dans un
endroit où il n'y avait aucune lumière. Une portière en étoffe
avait flambé et les garçons l'ont éteinte avec des seaux d'eau. Or,
quatre heures plus tard, tout était en feu à l'extrémité opposée
de l'établissement.
Mme
Bacle, directrice, était divorcée de la veille. Elle se préparait,
dit-on, à allumer les flambeaux de l'hyménée avec un industriel
caennais, mais, en attendant, c'est son établissement qui a brûlé.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Juillet
1903 - La dentelle. -
Sur la proposition de M. Engerand, la Chambre a voté que
l'enseignement de la dentelle à la main sera organisé dans les
écoles de filles des départements où la fabrication est en usage.
Cette
loi va être soumise au Sénat. A propos de dentelles, la reine
d'Angleterre en possède pour près de deux millions.
L'ex-impératrice Eugénie en a une qui a coûté 12 000 fr. le
mètre. Les dentelles du Pape sont évaluées à 5 millions.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Juillet
1903 - Un ami du « bloc ».
-
Albert Allerme, 51 ans, journalier à Caen, se trouvant gris
comme la bourrique à Robespierre, eut la singulière idée de se
rendre rue Pasteur et de cogner de toutes les forces qui lui restaient
à la porte de la communauté des Ursulines, dont il voulait expulser
les religieuses.
Bref,
il fit un tel vacarme que des agents de police intervinrent et
fourrèrent cet ami du « bloc » à celui de l'hôtel de ville.
Allerme,
qui n'était sans doute pas en état de se présenter, s'est laissé
condamner par défaut à 20 fr. pour ivresse en récidive.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Juillet
1903 - Tous en prison. -
Pour la troisième fois, nous avons à nous occuper de la femme
Angeline Esseline, 36 ans, et de Louis Delamare, 38 ans, forgeron à
Caen.
Le
mari de la femme Esseline, assez coulant cependant, s'étant aperçu
que sa femme en tenait pour Delamare, lui flanqua un coup de couteau.
Esseline fut condamné à deux mois de
prison. A sa sortie de l'hôpital, Delamare donna rendez-vous chez lui
à la femme Esseline, espérant que son mari n'en saurait rien. Il se
trompait. Esseline, informé des relations de Delamare et de sa femme,
les fit pincer en flagrant délit d'adultère.
Ils
ont été condamnés à quinze jours de prison chacun et 50 fr.
d'amende. (Source : Le Bonhomme Normand)
Juillet
1903 - Saut par la fenêtre.
-
Lundi, au petit jour, les habitants de la rue Caponière, à
Caen, ont été mis en émoi par les cris de la dame Saillenfest, qui
s'était jetée par la fenêtre du premier étage de la maison où son
mari tient une épicerie-débit. Dans sa chute, elle s'est donné une
entorse.
Il
y a trois ans, un menuisier de Verson avait blessé le sieur
Saillenfest d'une si cruelle façon que l'on disait alors qu'il
n'avait plus la valeur d'un homme. Mais ce n'est pas pour cela que sa
femme a tenté de se suicider, c'est à la suite d'une discussion de
peu d'importance. (Source : Le Bonhomme Normand)
Juillet
1903 - Médaille militaire.
-
La médaille militaire a été conférée à MM. Varin,
brigadier de gendarmerie à Caen, et Lacan, gendarme à la
Délivrande. (Source : Le Bonhomme Normand)
Juillet
1903 - Aux Folies-Caennaises.
-
L'ancienne salle de spectacle, détruite par l'incendie, est
toujours dans le même état, ce ne sont que décombres et que ruines.
Il y a surtout un amoncellement de ferrailles vraiment impressionnant,
ce sont les montures tordues et calcinées des fauteuils et des
strapontins.
Comme
beaucoup de gens du reste, le parquet doit être persuadé que la
malveillance a été pour quelque chose dans ce sinistre, car il
parait qu'une instruction est ouverte contre « auteur inconnu ».
Des
jeunes noctambules qui ont passé, aux Folies, une partie de la nuit
du 8 juillet ont été appelés en témoignage. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Juillet
1903 - Trop de Horsains.
-
Un de nos confrères publiait dernièrement une lettre de
réclamations émanant d'un commerçant de notre ville et protestant
contre l'envahissement de nos marchés par les forains.
Nous
avons déjà bien des fois crié contre les déballages et les
concurrences de toute sorte faites au commerce caennais. Il a beau y
avoir la dedans du pour et du contre, puisque les acheteurs
bénéficient de cette concurrence entre les vendeurs, on pourrait
tout de même bien empêcher les abus et favoriser davantage nos
marchands, qui ont des frais généraux considérables et sont, plus
qu'ailleurs encore, surchargés d'impôts. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Août
1903 - La Baleine. - 19
ans après son échouage, le squelette de la baleine de Luc reste
entreposé dans la halle aux beurres : l'ancienne église du
Vieux-Saint-Sauveur. Elle sera l'attraction de la fête du quartier :
l'entrée coûtera
5 sous.
Août
1903 -
Fraudeur enragé.
-
Une nuit, vers une heure du matin, une voiture s'arrêtait
devant le bureau d'octroi de la rue Branville. Elle était conduite
par Émile Thomasse, 41 ans, marchand de légumes, rue Gémare, à
Caen, bien connu comme fraudeur.
L'employé,
en vérifiant l'intérieur de la voiture, souleva un plancher sous
lequel se trouvait une boîte carrée en zinc ayant contenu de
l'eau-de-vie. « Ça vous la coupe, ça », s'écria
Thomasse, « il y a longtemps qu'elle est vidée ».
Quelques
instants après, Thomasse revenait, menaçant, vers l'employé.
Celui-ci prit son revolver, en disant à Thomasse qu'il allait faire
feu s'il avançait, Thomasse se retira en outrageant l'employé, ce
qui lui a valu un mois de prison. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Août
1903 -
Protestations. -
Le gouvernement a la prétention de faire payer un droit sur
les banneaux, charrettes à gerbes et autres véhicules employés pour
l'agriculture. Plusieurs conseils d'arrondissement ont protesté, avec
raison. (Source : Le Bonhomme Normand)
Août
1903 -
Les pommes. -
Toujours pas apparence de pommes en Calvados. La Manche est un
peu plus favorisée. L'Eure, la Sarthe et la Bretagne, au lieu d'être
vendeurs, seront acheteurs.
Nous
sommes loin des 10 000 wagons de pommes expédiés l'année dernière
par le Calvados, Le dernier cours est de 5 fr. 25, offres de la maison
Schirmer, à Mézidon. (Source : Le Bonhomme Normand)
Août
1903 -
Morts subites. -
Charles Longuet, 63 ans, né à Caen, où il a fait une partie
de ses études, est mort presque subitement à Paris. Rédacteur en
chef de l'Officiel pendant la Commune, il fut condamné à mort par
contumace. En Angleterre, où il s'était réfugié, il épousa la
fille d'un des chefs de l'Internationale.
Sa
distraction était proverbiale, c'est sans doute pour lui qu'a été
faite la chanson : « Je suis distrait, c'est une maladie ». Ses amis
le fuyaient à cause de l'abondance de ses paroles qui lui faisaient
oublier, assez souvent, les plus pressantes affaires. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Août
1903 -
Suicides. -
Le capitaine Nus, 51 ans, du 5e régiment de ligne,
s'est suicidé hôtel de Normandie à Caen. Dans une lettre laissée
par lui, il jurait n'a[1]voir
jamais volé ni forfait à l'honneur. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Août
1903 -
Incendie à Caen. -
Mercredi
soir, vers 8 heures, le feu a éclaté à Caen, route de Rouen, près
de la place de la Demi-Lune, dans une grange appartenant au sieur
Lepley.
Cette
grange, qui possède plus de trente mètres de longueur et près de
huit mètres de largeur, renfermait une grande quantité de paille, du
foin, des chevaux et des bestiaux. L'alarme étant donnée, on
s'empressa de faire sortir immédiatement les bestiaux. Il n'était
que temps, car l'incendie prit, quelques minutes après, une grande
intensité.
Malgré
l'activité des secours, tout le bâtiment a été détruit. On ignore
les causes de cet incendie. Pertes, une vingtaine de mille francs.
Assuré. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Août
1903 -
Les « Apaches » caennais.
- A
Caen, il y a peu d'apaches, mais il y en a. Le plus farouche était
Albert Henry, 34 ans, que sa force rendait, redoutable aux filles
comme aux hommes. La dernière fille qui pourvoyait aux besoins de ce
vaurien était la fille Berthe Delaunay.
Un
soir qu'elle n'avait pas « travaillé » pour lui donner de l'argent,
Henry se rua sur elle et, lui tordant les poignets, la frappait de
coups de pied dans le ventre et lui lardait la tête avec une
épingle à cheveux. La malheureuse fut relevée dans un triste état,
rendant le sang par la bouche, pendant que des agents emmenaient, non
sans mal, l'ignoble personnage au violon.
A
l'audience, la fille Delaunay, sous les regards menaçants de son
bourreau, n'ose pas parler, elle prétend n'avoir reçu qu'une gifle.
Albert Henry a déjà subi vingt condamnations, il est condamné à 8
mois de prison et à la relégation. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Août
1903 -
Les suites d’une faute.
- Le
capitaine Nus, 51 ans, dont nous avons annoncé le suicide, était, en
garnison à Lyon, au 157e de ligne, avant d'être versé au
bataillon du 5e qui vient tenir garnison à Caen. Cette
mesure avait été prise à la suite de certaines irrégularités
découvertes dans les écritures de la compagnie.
Depuis
quelques jours, le capitaine Nus était triste et soucieux, il
prévoyait, que les irrégularités allaient être découvertes. Son
chef de bataillon était venu le voir et il avait reçu une lettre lui
annonçant que plusieurs sous-officiers de son ancienne compagnie du
157e allaient être arrêtés. C'est alors qu'il est monté
dans la chambre qu'il occupait à l'hôtel de Normandie, où le corps
d'officiers était descendu. Après avoir écrit deux lettres
adressées à des amis et écrit qu'il « jurait sur la croix
d'honneur qu'il portait qu'il n'était pas un voleur, et que les
irrégularités commises dans les comptes de son ancien
ne compagnie ne pouvaient pas entacher son honneur », le
malheureux s'est tiré deux coups de revolver dans la tête, sur son
lit, où on l'a trouvé agonisant.
Neuf
sous-officiers du 157e de ligne, appartenant à la
compagnie du capitaine Nus, ont été arrêtés pour malversations à
l'ordinaire. Le chiffre des détournements dépasse 25 000 fr.
Le
capitaine Nus était né à Paris. C'était un engagé volontaire qui
avait conquis tous ses grades. Il était estimé de ses chefs et aimé
de ses soldats. Il s'est certainement exagéré la part de
responsabilité qui lui incombait dans les fraudes commises à
l'ordinaire de son ancienne compagnie. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Août
1903 -
Trop d’écoles. -
Il
paraît que le collège de jeunes filles voit, chaque année,
augmenter sa clientèle et qu'il est, depuis longtemps déjà, devenu
trop petit. On songe donc à l'agrandir et on va mettre, sans doute,
un projet de bâtiments nouveaux à l'étude.
L'Etat
a déjà averti la mairie qu'il paierait, volontiers, la moitié des
frais occasionnés par cet agrandissement. Ce serait superbe, si cela
ne voulait pas dire que c'est nous qui paierons l'autre moitié.
L'instruction est une belle chose, mais elle nous coûte cher,
décidément. Si cela continue encore une vingtaine d'années, la
moitié de la ville sera occupée par des écoles.
Nous
avons déjà une école normale gigantesque ou chaque élève a au
moins 100 mètres carrés pour se retourner, on achève une école
professionnelle, rue de Bayeux, pour faire la pige
aux Frères de Saint-Joseph, la bibliothèque de la. faculté sort à
peine de terre et voilà qu'on songe à reconstruire un nouveau
collège de demoiselles ! C'est beaucoup, vraiment, pour une ville
seule.! Et ce n'est pas tout, il faudra 29 000 fr. pour aménager
l'école du Vaugueux, 27 000 fr. pour celle de la rue de Geôle et 13
000 fr pour réparations au lycée.
Notre
bourse demande grâce. Il serait temps de bâtir un asile pour les
pauvres contribuables qui auront usé leurs souliers sur le chemin du
percepteur et vidé leur bourse dans sa sacoche.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Août
1903 -
Sage mesure. -
Le
conseil général a émis le vœu que dans les cahiers des charges des
travaux, les villes et les communes se conforment aux conditions
prescrites par un décret de 1899 où il est recommandé d'assurer aux
ouvriers et employés un jour de repos par semaine, de n'employer
d'ouvriers étrangers que dans une proportion fixée par décision
préfectorale, de payer aux ouvriers un salaire normal, égal dans la
région où le travail est exécuté, et de limiter la durée du
travail journalier à la durée normale du travail en usage dans la
région, sauf les cas de nécessité absolue. Tout cela est bien
à condition d'être suivi. (Source : Le Bonhomme Normand)
Août
1903 -
Nos tramways. -
Les
trams électriques de Caen continuent à faire des leurs. Non contents
d'aller à une vitesse exagérée dans les rues, ils ne ralentissent
pas aux croisements et aux carrefours, au risque de tout heurter,
comme ils l'ont fait l’autre jour pour la voiture de May qui ne se
rangeait, pas assez vite.
Dimanche,
jour de la fête de la Maladrerie, les tramways ont déraillé
plusieurs fois en face le calvaire, par suite d'un écartement des
rails produit, dit la direction, par un affaissement du terrain.
Est-ce bien là la véritable cause ? (Source : Le
Bonhomme Normand)
Août
1903 -
Monument historique.
- Par
arrêté ministériel, l'ancienne église de Saint-Etienne de Caen est
classée parmi les monuments historiques.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Août
1903 -
A la belle étoile.
- Les
réservistes sont arrivés lundi à Caen. On voulait les loger à
Sainte-Paix, dans le couvent des Capucins. Ceux-ci n'ont, pas voulu
donner les clefs.
Un
référé a été introduit devant M. Formey de Saint-Louvent,
vice-président du tribunal civil, qui n'a pas voulu se prononcer et
s'est déclaré incompétent.
Les
réservistes ne sont pas restés pour cela à la belle étoile, ils
ont été logés provisoirement dans l'ancien petit séminaire, rue
Singer, et dans le cirque.
Il
paraît que le général Servière viendrait de donner l'ordre formel
de les loger, sans délai, à Sainte-Paix. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Août
1903 -
Vitesse exagérée d’automobiles.
- Des
contraventions pour vitesse exagérée dans les rues de Caen ont été
dressées, mercredi dernier, à MM. Paulmier, député du
Calvados ; de Dion, député, constructeur d'automobiles à Paris
; Schœffert, propriétaire à Cuverville-la-Grosse-Tour, et Cloître,
propriétaire à Bayeux. (Source : Le Bonhomme Normand)
Septembre
1903 -
Pères et pères. -
Après
avoir vidé les couvents, en passant les religieux dehors, voici qu'à
présent on songe à les remplir de nouveau.
C'est
ainsi qu'à Sainte-Paix, au lieu de Capucins, il y a maintenant des
réservistes. On a envoyé en effet les « 28 jours » s'abriter dans
les cloîtres des Révérends Pères Récollets. Ils y sont toujours
mieux que dans le cirque qui est ouvert à tous les mauvais vents,
mais les voûtes du couvent vont en entendre de drôles, auxquelles
elles n'étaient pas habituées probablement. Au lieu des litanies et
des cantiques, on y contera de bonnes blagues et on y chantera des
chansons salées. Des soldats après des moines, c'est toujours une
congrégation, seulement il y en a une qui n'est pas assez autorisée
et l'autre qui l'est trop. Gageons qu'on n'aura pas besoin d'employer
la force pour dissoudre l'ordre nouveau composé en grande partie de
Pères…. de famille qui dessert actuellement le couvent de
Sainte-Paix. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Septembre
1903 -
Orage. -
Un orage a éclaté, mercredi
l'après-midi, sur Caen. Plusieurs maisons et caves ont été envahies
par les eaux, et des cheminées ont été abattues. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Septembre
1903 -
Les trains Scotte. -
On se rappelle les lourdes
guimbardes à vapeur, peinturées de jaune, qui devaient faire le
service de Caen à Caumont et qui ne pouvaient jamais monter la rue de
Bayeux. On va les vendre aux enchères, avec tout le matériel
d'exploitation. La liquidation de la Société Scotte était attendue
depuis pas mal d'années, mais elle n'avançait guère plus vite que
ses trains. (Source : Le Bonhomme Normand)
Septembre
1903 -
Noyé. -
On a repêché de l'Orne, à
Caen, à l'extrémité du Grand-Cours, le cadavre d'un homme
paraissant âgé de 55 ans à 60 ans. Il avait dans ses poches
un porte-monnaie contenant 18 francs, une sommation du
percepteur de Moulins-la-Marche (Orne) et une carte d'électeur au nom
de Charles Mabile, 60 ans, fermier à Moulins-la-Marche. Le corps ne
portant aucunes traces de lutte ni de violences, il semble que ce
malheureux serait tombé à l'eau accidentellement. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Septembre
1903 -
Moustiques. -
Les habitants de Caen sont en
train de s'écorcher à force de se gratter. Ce sont des moustiques,
amenés par un bateau, qui les dévorent. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Septembre
1903 -
Affiches roulantes.
- La Compagnie
des tramways vient d'ajoute une
nouvelle corde à son trolley, elle ouvre une grandissime, agence
d'affichage.
On
pardonnait aux cars électriques leurs dimensions encombrantes à
cause de leur aspect extérieur assez coquet, mais, à présent, c'est
fini, ils sont voués à la laideur et nous aussi. Les
voitures vont être changées en immenses pancartes ambulantes,
peintes en couleurs vivaces, de quoi faire hurler les chiens, emballer
les chevaux et aveugler les passants. Pourtant, un article du traité
de concession porte que le type et la couleur des voitures devront
être approuvés par la ville et la préfecture.
Est-ce
qu'on les a consultés avant d’arborer ces horribles réclames ?
Inutile de dire qu'au Havre, à Rouen, ni nulle part, on ne tolère un
tel bariolage sur les tramways. Mais on sait qu'en toutes choses, Caen
est toujours privilégié. Merci pour le privilège ! Nous nous en
passerions bien.
Pourtant,
la Compagnie a été créée pour rouler les voyageurs et non des
affiches. (Source : Le Bonhomme Normand)
Septembre
1903 -
Triste bilan. -
L'hiver s'annonce mal. Par suite
des temps pluvieux, la récolte des blés s'est mal faits, il a fallu,
aussitôt coupé, le mettre en meulettes au lieu de le laisser
sécher.
Dans
ces conditions, le prix du pain ne diminuera guère, heureux encore
s'il n'augmente pas.
—
Les pommes de terre aussi se récoltent dans de mauvaises conditions,
l'humidité ayant propagé la maladie. Peu de fruits de table et
presque pas de pommes à cidre. Les bouchers caennais parlent aussi
d'augmenter la viande. Voilà le bilan, il n'est pas gai.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Septembre
1903 - L’hiver. -
Des prophètes infaillibles nous avaient promis un mois
de septembre superbe. Ils se sont grossièrement trompés, car le
temps est exécrable et il fait déjà froid.
Un
autre prophète, le comte Joseph Ledochovski, dont les prédictions
sont certaines, dit-on, nous annonce l'hiver le plus froid qu'on ait
passé depuis un siècle ! Si lui aussi pouvait se tromper, cela
ferait bien notre affaire. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Septembre
1903 - 500 kilomètres à pied.
- C'est ce que vient de faire le 4e
bataillon du 5e de ligne, qui rentre à Caen le 18.
Les hommes ont été manœuvrer jusque sur les bords de l'Oise, ils
ont marché 36 jours sur 48 avec une moyenne dépassant 25 kilomètres
par jour et, malgré ces fatigués, leur santé est bonne.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Septembre
1903 - Mort subitement à la veille de se marier.
- M.
Jules Creveuil, 30 ans, garçon boucher à Caen, rue Caponière,
devait se marier samedi prochain à la demoiselle Berthe Lair,
cuisinière.
Mardi,
dans l'après-midi, se trouvant indisposé, il alla consulter un
médecin qui le rassura en lui disant qu'il serait rétabli le
lendemain. Creveuil alla demander un lit chez M, Morel, restaurateur.
Mais, quelques heures après, il rendait le dernier soupir.
Il
était né à Castilly, près Isigny, et devait s'établir à la place
du sieur Simon, qui s'est suicidé dernièrement. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Octobre
1903 - Les
désespérés. -
On
a repêché du Canal, à Caen, en face les magasins du pitchpin, le
cadavre du sieur Jean-Baptiste Mamoser, 29 ans, employé de la maison
Gost, rue de Vaucelles.
Mamoser
était disparu le 17 septembre dernier. Le malheureux souffrait depuis
longtemps, il était dans l'impossibilité absolue de travailler et
allait être congédié. On se trouve donc en présence d'un suicide.
La famille de Mamoser, qui habite Elbeuf, a été prévenue. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Octobre
1903 - École primaire supérieure.
- Le
succès de la nouvelle école primaire supérieure de Caen va en
augmentant. Il y a déjà plus de cinquante élèves internes
d'inscrits. La directeur est M. Sagot, il nous vient de l'école de
Périers (Manche).
Rue
de Bayeux, les élèves recevront l'enseignement préparatoire à
toutes les écoles industrielles et ils apprendront à travailler le
bois et le fer sous la direction de patrons caennais. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Octobre
1903 - Lois protectrices.
- La
loi sur les accidents du travail oblige les patrons à venir en aide
à leurs ouvriers blessés en accomplissant leur tâche.
Seuls,
les ouvriers des champs n'en bénéficiaient pas. Cette inégalité va
être abolie prochainement, si nos députés n'y mettent pas
d'opposition, et les ouvriers agricoles, eux aussi, devront être
assistés et indemnisés par leurs maîtres en cas d'accidents
survenus pendant le travail. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Octobre
1903 - Le tour de Caen.
- Une grande course à pied aura lieu le dimanche 18 octobre.
Tous
les marcheurs et les coureurs peuvent y prendre part. Le trajet
comprend une vingtaine de Kilomètres.
De
nombreux prix seront offerts. Se faire inscrire en versant 1 fr. chez
MM. Levavasseur, 1, place Gambetta, et Prestavoine, 39, rue de l'Arquette.
Il sera décerné aux « bleus » des prix spéciaux. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Octobre
1903 - Fumée
sans feu. -
Pendant les
courses d'étalons, vendredi, les herbes folles qui bordent la ligne
du chemin de fer brûlaient, dans la prairie de Caen, dégageant une
énorme quantité de fumée blanche.
Sur
le soir, cette fumée s'éleva et forma au couchant un nuage couleur
de feu. Il n'en fallut pas davantage pour qu'on crût h quel[1]que gigantesque incendie. L'ingénieur municipal, qui n'y
voyait que du feu, appela les pompiers. Ils accoururent, ayant à leur
tête leur casque et leur capitaine. On amena les pompes, les
dévidoirs, les échelles, les crampons et tout le tremblement. On
courut en reconnaissance sur toutes les routes des environs et, comme
on ne trouva rien, on pensa un instant à mettre le feu à quelque
chose. Mais, réflexion faite, nos bons pompiers s'en retournèrent
embrasser leurs femmes et leurs fils, avec leurs pompes, leurs
dévidoirs, leurs échelles, leurs crampons et tout leur tremblement.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Octobre
1903 - Prenez vos billets.
- Il y a
quelque temps, notre municipalité a nommé une commission chargée de
s'occuper des moyens propres à attirer chez nous la grande industrie.
Jusqu'ici, elle n'a abouti à rien.
A
Lisieux, où tant d'usines se sont fermées depuis la guerre, on se
remue davantage et on fait risette aux gros industriels. Pour les
amadouer, la municipalité doit organiser un concours monstre entre
ceux d'entre eux qui voudraient s'établir à Lisieux. Il y aurait
deux prix de 200 000 fr. chacun et deux autres de 100 000 fr. Ce ne
sont pas de petites sommes et il y a bien de quoi tenter les
chercheurs d'affaires.
Pour
faire face à la dépense, Lisieux songerait à faire une loterie d'un
million. C'est autre chose que notre tombola !
Une
commission municipale doit aller négocier l'autorisation avec M.
Combes. Si elle est accordée, ce sera le moment d'essayer sa chance
à la grrrande loterie de Lisieux ! (Source : Le Bonhomme
Normand)
Octobre
1903 - École primaire supérieure.
- A
peine notre école supérieure est-elle ouverte que les élèves
abondent au point qu'on est obligé de faire certains cours dans les
corridors.
Cela
s'explique, car les enfants, en plus de l'instruction ordinaire, sont
exercés aux travaux manuels et préparés à entrer dans toutes les
écoles industrielles.
M.
Jacquier vient d'être nommé professeur de dessin et M. Arthur Marye
chargé des cours de solfège. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Octobre
1903 - Triste mort.
- La
demoiselle Marie Lecornu, 26 ans, demeurant avec sa mère à Mouen,
près Tiily-sur-Seulles, était venue à Caen passer quelques jours au
Bon-Sauveur où elle avait été élevée. Le soir, s'étant rendue
aux cabinets d'aisances, elle ouvrit une porte et entra de plain-pied.
Mais cette porte donnait sur l'Odon qui traverse l'établissement.
La
pauvre demoiselle tomba à l'eau, et comme elle était à demi
paralysée, elle ne put se retirer et se noya. Ce n'est que le
lendemain matin que son cadavre a été découvert. Le père de la
demoiselle Lecornu a été longtemps horloger-bijoutier à Caen, rue
Ecuyêre et rue Saint-Pierre. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Octobre
1903 - Bouilleurs de cru.
- Au
ministère des finances, on a décidé que, pour le Calvados, les
propriétaires de 35 pommiers ou 20 poiriers et au-dessous
bénéficieraient de l'amendement à la loi sur les bouilleurs
de cru et seraient dispensés de toutes formalités. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Octobre
1903 - De l’eau S.V.P.
- On
manque par fois
d'eau dans les incendies parce que les prises ne fonctionnent pas.
Celle placée rue Saint-Pierre, près de la pharmacie Mullois, ne
fonctionne pas depuis au moins trois mois. Le feu a pris, l'autre
jour, dans la cour du n° 37. Où aurait-on branché le dévidoir si
le foyer de l’incendie s’était étendu ? (Source : Le
Bonhomme Normand)
Novembre
1903 - Les deux inséparables.
- Ce
sont Arnaud Prestavoine, 65 ans, et Marie Valéry, 44 ans. Ces deux
miséreux ne peuvent pas vivre loin l'un de l'autre.
Si
Prestavoine est condamné à la prison, Marie Valéry se fait pincer
pour aller coucher sous le même toit. Jeudi, ils ont encore comparu
devant le tribunal de Caen pour vagabondage. Et comme le président
demandait à Prestavoine pourquoi il ne régularisait pas sa
situation, le vagabond a répondu qu'on ne voulait pas les marier
parce qu'ils n'avaient
pas les six mois de domicile légal exigés par la loi.
Le
tribunal a eu un instant l'idée de leur flanquer six mois de prison,
ce qui leur aurait constitué le domicile de[1]mandé,
mais il a reculé devant cette sévérité et les a condamnés
seulement à deux mois de prison chacun. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Novembre
1903 - Destruction des corbeaux.
- La
destruction, à l'aide d'un fusil, des corbeaux, corneilles et pigeons
ramiers est autorisée du 1er novembre au 30 juin, sans
permis. (Source : Le Bonhomme Normand)
Novembre
1903 - Fumée chère.
- En
1902, le Calvados a fait envoler en fumée pour 67 212 fr. de tabac de
plus que l'année d'avant. Ce sont les fumeurs de Caen et de Lisieux
qui en ont le plus consommé. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Novembre
1903 - Trop de tolérance.
- Lundi,
à cinq heures et demie du soir, deux cars du tram, non porteurs du
feu rouge réglementaire, ont stationné un assez long laps de temps
en travers de la place Saint-Pierre.
Les
agents de service n'ont rien dit. Un pauvre cocher, avec sa voiture,
eût certainement écopé d'un procès-verbal. Tout[1]est donc permis à la Société des tramways. Cela prouve
que s'il y a des accommodements avec le ciel, il y en a aussi avec les
municipalités. (Source : Le Bonhomme Normand)
Novembre
1903 - Tuée par une vache.
- Dans
un herbage du Pont-Créon, près Caen, la dame Berlin, 44 ans,
blanchisseuse, était allée soigner sa vache. Son chien rendit
furieux l'animal qui se précipita sur elle, la renversa et la
piétina. Sa fille, âgée de 21 ans, se porta aussitôt à son
secours. Elle reçut un coup de cornes qui déchira ses vêtements et
lui laboura les reins.
Trois
voisins arrivèrent qui dégagèrent les deux femmes, et la dame
Bertin put regagner à pied sa maison. Elle se mit au lit et mourut
une heure après. L'état de sa fille n'est pas grave. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Novembre
1903 - Choses municipales.
- Il
parait que le fumier n'est pas cher cette année, car il ne s'est pas
présenté d'acquéreur pour celui de notre école de dressage. Il
faudra une nouvelle adjudication.
Si
personne n'en veut, il est question de le transporter à la mairie et
d'en faire des couches à champignons. Les salles sont assez humides
pour qu'on y récolte des cryptogames à foison, et nos conseillers
pourraient s'en occuper d'autant mieux eux-mêmes que certains de nos
élus en ont déjà une couche. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Novembre
1903 - Enfant morte faute de soins.
- La
petite Marie Coste, 13 ans, appartenant à de pauvres gens de la rue
Coupée, est morte faute de soins, sa mère ayant en vain, à ce
qu'elle prétend, imploré le médecin du dispensaire de se rendre
auprès de l'enfant à toute extrémité. Que de fois n'avons[1]nous
pas signalé à la municipalité combien était défectueux, à Caen,
le service du dispensaire. Toujours elle a fait la sourde oreille.
Cette
mort, survenant à la veille des élections municipales, va peut-être
faire sortir la mairie de son indifférence et la déterminer à
prendre les mesures que l'humanité commande. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Novembre
1903 - Une sainte en police correctionnelle. - La
femme Marie-Amélie Durocher, 50 ans, cuisinière, rue des Carmes, à
Caen, est connue, dans son quartier, sous le nom de « la Sainte »,
en raison de ses habitudes religieuses.
L'autre
dimanche, après avoir assisté aux vêpres de sa paroisse, elle se
rendit à Saint-Pierre où on fêtait le curé. Ayant sans doute
communié, le matin, sous les espèces du pain, la Sainte voulut, le
soir, communier sous celles, du vin. C'est pour cela qu'elle alla rue
Ecuyère en filouter un litre chez M. Suzanne, marchand de liquides.
En
raison de l'intention, le tribunal ne lui a infligé, comme
pénitence, qu'un mois de prison, avec le bénéfice de la loi
Bérenger. (Source : Le Bonhomme Normand)
Novembre
1903 - Le voleur des boucheries.
- Nous
avons dit que la police avait arrêté l'auteur des vols dans les
boucheries de Caen, Victor Heude, 26 ans, journalier.
Le
commissaire de Vaucelles et ses agents l'ont pincé à quatre heures
du matin en sortant du couloir de la boucherie Binet, rue de
Vaucelles, 122. Pour les éviter, il était déjà entré dans
plusieurs allées, et il a avoué au commissaire qu'il était très
facile de se cacher et de voler en ville à cause de la mauvaise
habitude qu'on a de laisser toujours ouvertes les portes des
allées, malgré l'arrêté qui en prescrit la fermeture la nuit.
Le
vol de Vaucelles avait rapporté à Heude 3 fr. 50 et trois tablettes
de chocolat. Il a déjà fait deux ans de prison. Il a avoué être
l'auteur des tentatives de vols commises chez MM. Delalande et Olive,
bouchers à Caen, et pourrait bien être l'auteur de nombreux méfaits
aux environs de nôtre ville. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Novembre
1903 - Un cadavre.
- Le
cadavre d'un homme, tombé dans le remblai de la ligne de Cherbourg,
près Caen, a été trouvé par des ouvriers occupés sur la voie. Il
portait une large blessure au pied droit et à la tête.
Cet
individu, assez bien mis, était âgé de 30 ans, il avait une blouse
neuve, mais ni chapeau ni chaussures. C'est un nommé Outrequin, garde
barrière dans l'Eure, qui serait tombé d'un train en marche.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Novembre
1903 - Guerre aux marchants de chevaux. - Le
bouillant, député du Calvados, M Fernand Engerand, a exécuté
à la Chambre une charge de cavalerie. Il s'est lancé à fond de
train contre les marchands de chevaux et il a demandé la protection
de l'État pour les éleveurs. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Novembre
1903 - Récompense honorifique.
- Émile
Giffard, matelot à Beuzeval, témoignage de satisfaction du ministre
de la marine pour avoir, au mois d'août dernier, secouru des
baigneurs en train de se noyer, à Beuzeval.
—
Un prix de vertu de 500
fr. a été attribué, par l'Académie française, à la demoiselle
Eugénie Lebailly, demeurant à Caen. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Décembre
1903 - Incident macabre.
- Il
n'était bruit en ville, dimanche et lundi, que d'une femme mise
vivante au cercueil et qui était ressuscitée pendant qu'on lui
chantait son Libéra. La vérité, déjà bien étrange, se réduit à
ceci : Une pauvresse paralytique, la dame morte jeudi d'une
congestion. C'est le docteur Vigot qui avait, dit-on, constaté le
décès. Le sieur Hébert, menuisier du dispensaire, en mettant le
corps en bière, samedi, fut étonné de le trouver encore chaud ;
même, le lendemain, les porteurs sentirent la chaleur à travers le
bois du cercueil.
On
fit malgré cela le service funèbre, mais, la police prévenue, fit
arrêter le convoi et entrer le cercueil à l'hôtel Dieu, où le
docteur Catois examina le corps et procéda à l'épreuve du fer
rouge.
La
dame Chiron était morte et bien morte, et sa position dans le
cercueil ne pouvait en rien faire supposer qu'elle y eût été
enterrée vivante. Que de potins, mon Dieu ! pour une chaleur
peut-être communiquée par des croque-morts échauffés.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Décembre
1903 - Travaux du nouvel hôpital.
- Malgré
le mauvais temps, les bâtiments se construisent comme par
enchantement.
A
propos de ces travaux, est-il vrai que des concessions sur concessions
sont accordées aux entrepreneurs, tous étrangers à la ville ?
Dans
ce cas, si ces avantages avaient figure sur le cahier des charges, n'y
a-t-il pas lieu de supposer que les rabais, si forts qu'ils ont été,
auraient pu être encore plus élevés ? (Source : Le
Bonhomme Normand)
Décembre
1903 - Cessation de travail.
- Par
suite du mauvais temps, le travail a été suspendu sur les chantiers
du nouvel hôpital. On ne sait si la carrière d'Allemagne va fermer.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Décembre
1903 - Une compagnie qui se fiche de la ville.
- Malgré
le vote de protestation du conseil municipal, les monstrueuses
réclames qui « décorent » les tramways électriques n'ont pas
encore disparu. L'administration a écrit à la compagnie des tramways
; mais elle fait la sourde oreille, se fichant des injonctions de la
municipalité comme de ses arrêtés.
La
compagnie des tramways ne peut pas arguer qu'elle aurait des
dommages-intérêts à payer aux industriels avec lesquels elle a
traité, car la compagnie de publicité, sachant que ce qui est
toléré à Caen ne l'est dans aucune ville, a prévu le cas dans les
engagements qu'elle a fait signer aux négociants caennais.
(Source :
Le Bonhomme Normand)
Décembre
1903 - Respectez les « Perrotines ».
- M.
Perrotte a imposé à ses administrés des boîtes à ordures qu'on
peut admirer, tous les matins, rangées en mauvais ordre sur les
trottoirs. Mais combien elles en voient de dures, ces innocentes
boîte !
Les
préposés à l'enlèvement, sans prendre la peine d'y mettre les
mains, les renversent d'un coup de pied brutal et les envoient dinguer
à plusieurs mètres. Les ménagères, dont on démolit ainsi les «
perrottines », sont furieuses et elles ont raison. Donnez-vous donc
la peine de vous baisser, bonnes gens de la voirie, et ne faites pas
aux « perrottines » ce que vous
ne voudriez pas qu'on vous fit à vous mêmes.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Janvier
1904 - La nouvelle école.
- On
dirait qu'en construisant l'école primaire de la rue de Bayeux on
n'espérait qu'à moitié la voir réussir. Les élèves y sont
arrivés en foule et il n'y a guère de place pour les recevoir. Les
réfectoires sont trop petits, la cour complètement insuffisante et
ça manque de cabinets d'aisances.
De
plus, quand il pleut, les élèves sont parqués dans les corridors,
faute d'un préau intérieur pour s'abriter. Il y en a bien un devant
l’école mais il est encombré par les appareils de gymnastique.
On
va consacrer 6 000 fr. à faire ces travaux urgents, ce qui n'a pas
empêché certains conseillers de taire de la rouspétance. On voit
bien qu'ils ne sont plus d'âge à avoir des gosses à l'école.
D'un
autre côté, on manque de galette au ministère, car les professeurs
adjoints n'ont pas encore reçu un sou depuis la rentrée et, ce qui
est plus fort, ils ne connaissent même pas le chiffre de leur
traitement. Si cela continue, l'Union commerciale, qui s'y entend,
fera bien d'organiser au plus tôt une grande tombola au bénéfice de
ces malheureuses victimes de la dèche gouvernementale.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Janvier
1904 - Cruelle énigme.
- Nous avons dit que la fourniture de la viande aux hospices
avait été adjugée à 1 fr. 25 le kilo ; douze sous et demi la
livre. Ça n'est vraiment pas, cher au prix où est la margarine !
D'aucuns, même, trouvent que ça n'est pas assez cher. On se demande,
en effet, comment les bouchers, qui crient misère et disent acheter
la viande quinze et même seize sous sur pied, peuvent la céder à si
bas prix.
Une
discussion s'est élevée, l'autre soir, au conseil municipal à ce
sujet. Le docteur Noury s'est emballé ; il a parlé de retours
de bâton possibles. On lui a dit que la viande de troupe coûtait
moins cher encore. Il a répondu qu'on ne fournissait aux soldats que
de-bas morceaux, tandis que les hospices ont tout : le bon et le
mauvais. Bref, on a bien vu que le docteur Noury, qui se nourrit bien,
nous rit au nez quand on lui dit que tout le monde est bien nourri. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Janvier
1904 - Étudiants et rôdeurs.
- La
nuit de Noël, vers 3 heures, rue St-Pierre à Caen, des étudiants en
ballade ont été attaqués par des gens en blouse et l'un d'eux même
a été renversé d'un coup-de-poing américain en plein visage. Les
étudiants se sont vaillamment détendus et il en est résulté une
véritable bataille qui a mis tout le quartier en émoi. Des agents
arrivèrent comme tout venait de finir et tombèrent encore en plein
rassemblement. Les étudiants en profitèrent pour porter plainte.
L'affaire en est là. (Source : Le Bonhomme Normand)
Janvier
1904 - Les carrières du Calvados.
- M. James directeur de la société des Carrières du Calvados,
avait porté appel du jugement le déclarant en faillite. La cour a
maintenu la décision du tribunal. L'assemblée générale des
actionnaires a accepté la démission de M. James et nommé M.
Delaunay gérant provisoire. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Janvier
1904 - Les sécularisations.
- Le
procureur général s'est pourvu en cassation contre les arrêts de la
cour de Caen qui acquittaient les religieuses sécularisées et les
propriétaires des immeubles occupés. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Janvier
1904 - Médaille d’honneur.
La médaille d'honneur des douaniers a été accordée au
sieur Jean Cardon, préposé des douanes à Caen. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Janvier
1904 - Naufrage. -
Le steamer « Bruggia », qui avait déjà
éprouvé un accident en sortant du port de Caen, vient de faire
naufrage à Beaduel (Northumberland), par suite du brouillard.
L'équipage est sauvé. (Source : Le Bonhomme Normand)
Janvier
1904 - Accident au nouvel hôpital, à Caen. - Une
équipe de maçons était occupée à poser la dernière pierre d'une
cheminée dans les chantiers du nouvel hôpital, à Caen. Soudain, la
pierre tomba et brisa l'échafaudage sur lequel se tenaient les
ouvriers, qui tombèrent de quatorze mètres de haut.
L'un
d'eux, Victor Penon, 50 ans, habitant Mathieu, se fractura trois
côtes. Son état n'est pas inquiétant. Trois autres ouvriers, qui
avaient pu se rattraper aux chevrons de la toiture, n'eurent que des
contusions ne présentant aucune gravité.
Janvier
1904 - La dentelle.
- Un
récent décret du président de la République prescrit
l'enseignement de la dentelle à la main dans les écoles communales
d'institutrices à Caen, Alençon et le Puy. (Source : Le Bonhomme Normand)
Janvier
1904 - L’ami des bêtes.
- Ces
jours-ci, deux gendarmes se présentaient au lycée de Caen. Le
proviseur, fort étonné, accourut. Sa surprise fut plus grande encore
quand les gendarmes lui firent connaître les motifs de leur visite.
Ils venaient pour interroger deux élèves « accusés » d'avoir,
pendant les vacances de Noël, en la commune de R..., jeté des
pierres au chat d'un voisin surnommé « l'Ami des bêtes ».
Le
proviseur refusa de faire appeler les élèves pour si peu, et les
gendarmes s'en retournèrent tout penauds d'être mis sur pied pour
des « chatteries », alors que, par ces temps[1]de
vols et de maraudages, leur présence ailleurs était si utile.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Janvier
1904 - Le barrage de l’Orne.
- Il va
finir par arrêter le cours de notre prospérité. Si encore on était
sûr qu'il rapportera ?... Il est possible qu'une fois le plan d'eau
du canal haussé encore de quelques centimètres, le trafic du port de
Caen soit un peu augmenté, mais cela n'élargira toujours pas les
ponts trop étroits et n'approfondira pas le chenal. Quant au trafic
de l'Orne, jusqu'à Saint-André, ce serait folie d'y compter.
En
attendant, comme la chambre de commerce ne voulait plus rien savoir,
le département avait encore arraché, avec douleur, 50. 00 fr. de
plus à la ville qui, ne pouvant reculer davantage, s'était laissé
faire. cela porte notre contribution à la bagatelle de 250 000 fr.
Caen
aura donc son lac intérieur, au lieu du dégoûtant cloaque que
laisse, à Vauceiles, la marée basse. Mais tous les égouts devront
être refaits. Espérons qu'il n'y aura qu'eux. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Janvier
1904 - A la caserne.
- On dit
qu'une cartouche de dynamite, à mèche, aurait été trouvée dans
l'escalier de la neuvième compagnie, à la caserne Hamelin, à Caen.
L'engin était tourné vers les bureaux. Il a été saisi et examiné,
mais on n'a trouvé à l'intérieur que des substances inoffensives.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Février
1904 - Disparu
en mer. - Le
sieur Morley, cuisinier à bord du « Calvados », bateau de la ligne
Caen-Newhaven, ne s'est pas retrouvé à l'arrivée du navire à Caen.
Il a du être enlevé par la tempête, sans qu'on s'en soit aperçu.
Il
laisse une femme et 5 enfants. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Février
1904 - Noyé. -
Samedi dernier, vers 6 heures 1/2 du soir, un chauffeur à
bord du vapeur l' « Hirondelle », de la Cie
normande de navigation, le sieur François Gallon, 35
ans, demeurant rue de la Fontaine, au Havre, est tombé à
l'eau, entre deux bateaux, dans le Vieux Bassin, à Caen. Malgré
toutes les recherches, on n'a pu jusqu'ici retrouver son corps.
L'accident a été causé par un brusque mouvement de la grue servante
décharger. Gallon laisse une femme et un enfant. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Mars
1904 - Accident de voiture.
- Le
sieur François Catel, 45 ans, piqueur d'attelage chez M. Brion,
marchand de chevaux, rue de la Gare, à Caen, revenait chez son
patron, conduisant un jeune cheval attelé à un tilbury, et ayant
près de lui un palefrenier, le sieur Leconte.
Arrivé
au n° 92 de la rue d'Auge, le cheval fut effrayé par une automobile.
Catel, arraché de son siège par le bond de l'animal, fut projeté
sur le sol. Dans sa chute, il reçut une très grave blessure à la
tête ; on l'a transporté à son domicile, rue de Falaise où il a
reçu des soins empressés, mais il est resté très longtemps sans
reprendre connaissance. Depuis, son état s'est sensiblement
amélioré. (Source : Le Bonhomme Normand)
Mars
1904 - Quittes pour la peur.
- M. Mesnage, marchand de chevaux à Caen, accompagné de son
piqueur, conduisait un tilbury attelé d'un cheval, sur le cours
Circulaire, lorsque le cheval, pris de peur, s'emballa, et, malgré
les efforts de son conducteur qui ne put le retenir, sauta dans le
fossé de la prairie.
M.
Mesnage et le piqueur furent projetés à 6 m. par dessus la voiture.
Le piqueur se releva indemne. M. Mesnage resta évanoui et fut
transporté chez lui, mais il en sera quitte pour quelques jours de
repos.
Chose
bizarre, après ce saut périlleux, le cheval n'avait même pas eu une
égratignure. (Source : Le Bonhomme Normand)
Mars
1904 - Caen la nuit.
- Dans la nuit de dimanche à lundi, quatre réservistes des
bataillons d'Afrique, logés au couvent des Capucins, ont attaqué
trois passants dans la rue pour les voler. Un employé à l'hôpital
de Falaise, qui se rendait à la gare, a été arrêté par eux, place
des Abattoirs ; ils lui ont pris son porte-monnaie, l'ont à demi
déshabillé et laissé sur place. Rue de la Gare, le sieur Devaux,
domestique à Giberville, fut frappé violemment au front, et les
quatre bandits lui volèrent sa montre et son argent. Enfin, un
jardinier de Mondeville, Auguste Morice, qui les rencontra rue d'Auge,
fut renversé et frappé ; il put se dégager, n'ayant perdu que son
couteau.
L'autorité
militaire s'occupe activement de rechercher ces dangereux malfaiteurs.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Mars
1904 -
Boites aux lettres roulantes.
- Depuis
lundi, nos tramways électriques portent des boîtes aux lettres à
partir de 7 heures du soir. On les enlève à Saint-Pierre entre 8
heures et 9 heures 1/2 et le courrier est emporté à la gare pour le
dernier départ.
La
dernière levée de la boîte de la place St-Pierre n'a lieu à
présent qu'à 9 h. 1/2.
Et
dire que, malgré toutes ces améliorations, il y aura encore des gens
qui rateront leur courrier ! (Source : Le Bonhomme
Normand)
Mars
1904 - Les suites d’une chute.
- Nous avons parlé l'autre semaine du grave accident arrivé au
sieur François Catel, piqueur chez M. Brion, marchand de chevaux à
Caen.
En
voulant retenir un cheval effrayé par un auto, Catel tomba de voiture
et reçut de sérieuses blessures à la tête. Il fut transporté
aussitôt à son domicile, rue de Falaise, dans un état inquiétant.
Après une longue semaine de souffrance, ce malheureux vient de
mourir, laissant une veuve et trois enfants. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Mars
1904 - Cheval emballé.
- La
dame Delaunay, marchande de chaussures, rue Guillaume, 44, conduisait
à l'école sa petite fille, âgée de 8 ans, lorsque le cheval,
attelé à une voiture, de M. Lefèvre, camionneur, rue des Carmes, et
conduit par le sieur Paul Vengeon, s'emballa et, dans un brusque
écart, fit monter la voiture sur le trottoir.
Une
des roues de la voiture heurta un candélabre à gaz et le renversa.
Ce candélabre, en tombant, atteignit la petite fille de la dame
Delaunay, lui brisa la jambe et lui fit en outre une blessure assez
sérieuse à la tête.
Il
ne parait pas y avoir eu d'imprudence de la part du conducteur, qui a
fait de grands efforts pour maîtriser son cheval. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Mars
1904 -
Révocation.
- L'abbé
Turpin, premier vicaire de Saint-Etienne de Caen, vient d'être, par
décret ministériel, révoqué de ses fonctions d'aumônier de la
prison.
L'abbé
Turpin est frappé pour avoir lu aux prisonniers une lettre pastorale
de Mgr Amette, hostile au gouvernement, et qui ne devait être lue que
dans une église ou une chapelle publique. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Mars
1904 -
État civil comparé.
- Il
y a eu cette semaine, à Caen, 13 naissances, 25 décès, 5 mariages
et 11 publications.
Dans
la semaine, correspondante de l'année dernière, on avait enregistré
8 naissances, 15 décès, 5 mariages et 6 publications. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Avril
1904 -
Les mésaventures de Gernifle.
- Louis
Gernifle, 29 ans, garçon coiffeur à Flers, se trouvait récemment à
Caen, son pays natal. Il avait loué une bicyclette à M. Chevalier,
rue Singer, et payé le prix de la location.
Le
coiffeur s'en vint à Flers chez son ancien patron et s'empressa, le
jour ou le lendemain de son arrivée, d'expédier la machine au
loueur. Le délai de location étant écoulé avant que la
machine ait été remise par la compagnie de l'Ouest au propriétaire,
celui-ci, pensant qu'il avait eu affaire à un filou, porta plainte au
procureur de la République. Un mandat d'amener fut lancé et vint
toucher Gernifle à Fiers.
Mais
sur ces entrefaites la machine était rentrée chez M. Chevalier qui
en avait donné avis à M. le procureur et, en même temps, avait
retiré sa plainte. Le contre-ordre ne marcha pas plus vite que le
mandat d'amener qu'il suivait, et les gendarmes de Flers, n'ayant
qu'une consigne, l'exécutèrent en conduisant Gernifle à Caen.
Mais,
c'était dimanche et le magistrat, tout comme le commun des mortels,
utilisant ses loisirs, avait profité d'une journée printanière pour
s'absenter de la ville. Gernifle dut donc passer la journée et la
nuit en prison et ne fut mis en liberté que dans la journée du
lendemain. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Avril
1904 -
Précocité. - Le
charbon déposé en tas sur les quais tente toujours les malfaiteurs
et les vols en sont fréquents.
La
semaine dernière, deux procès-verbaux ont encore été dressés pour
vol de combustible sur les quais, contre deux gamins de 11 et 14 ans,
les nommés Ernest Donné, rue Montoir-Poissonnerie, et Marcel Thomas,
rue du Havre.
Ces
malheureux enfants commencent bien tôt à apprendre le métier,
plutôt mauvais, de voleur. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Avril
1904 -
Enlèvement des christs.
- Conformément
aux ordres donnés par le gouvernement, le christ qui figurait dans la
salle de la cour d'assises a été enlevé dans l'après-midi de
mardi.
De
par M. Combes, voilà le bon Dieu expulsé de la cour d'assises. Les
condamnés innocents pourront, avec raison, s'écrier : « Gna pus de
bon Dieu ! ! ! » (Source : Le Bonhomme
Normand)
Avril
1904 -
Quittes pour la peur.
- À
l'occasion du lundi de Pâques, les tramways électriques de Caen
avaient ajouté des baladeuses à leurs cars.
Sur
la ligne de Venoîx, un peu au
dessus de l'École normale de garçons, deux convois se suivant
de trop près se sont heurtés. Le choc fut violent, la voiture fut
détachée du car, les vitres d'arrière furent brisées, ainsi que la
lanterne du tramway tamponneur. Mais, par bonheur, les voyageurs,
fortement bousculés et jetés les uns sur les autres, ne furent pas
blessés.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Avril
1904 -
La Foire de Caen. -
La
construction des baraques du Petit-Cours est bien avancée déjà.
Nous aurons cette année le cirque Ducos, qu'on n'a pas oublié, pas
plus que l'Hippo-Palace ou Trottoir roulant qui nous revient aussi.
Les
théâtres Gransart-Courtois, Grenier, Cuyala, la ménagerie Poisson,
un Aquarium, des Lilliputiens, un chemin de fer circulaire, les
carrousels Mérieult, Perchat, et bien d'autres encore.
(Source :
Le Bonhomme Normand)
Mai
1904 - Aveugle noyé.
- Le
sieur Louis Quédru, 29 ans, aveugle, avait été, l'autre nuit,
étant ivre, reconduit à son domicile, cours Caffarelli, à Caen.
Quelques instants après, il ressortit et tomba accidentellement dans
le bassin, près du pont de Courtonne.
Deux
préposés des douanes, Renault et Piquenaud, le retirèrent presque
aussitôt avec une ligne Brunel, mais l'aveugle ne put être rappelé
à la vie. Sa femme, qui était couchée, se mit à sa recherche et
arriva comme on le retirait de l’eau. Quédru n'avait pas d'enfants.
(Source : Le Bonhomme
Normand)
Mai
1904 - Gare aux autos.
- L'autre
jour, rue d'Auge, à Caen, une auto, conduit par le comte de Castries,
propriétaire à Cesny-aux-Vignes, a heurté une jument de deux ans,
conduite en main par son propriétaire, le sieur Gustave Brion,
cultivateur à Villons-les-Buissons, et a cassé une jambe de
derrière de l'animal. La pauvre bête est restée pendant plusieurs
heures sur le lieu de l'accident avant d'être abattue.
— Un autre auto descendait la rue à une vive allure et le
chauffeur, M. Léon du Manoir, étudiant, rue des Carmes ; s'arrêta
pour apprendre la cause du rassemblement. Mauvaise idée, car il se
vit dresser trois contraventions pour excès de vitesse, défaut de
numéro et fausse plaque. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Mai
1904 - Tentative de viol.
- La
veuve Bébin, 53 ans, marchande de lapins à Caen, rue de la
Pigacière, cueillait de l'herbe le long de la route de la
Délivrande, lorsqu'un individu se jeta sur elle et tenta de la
violer.
La
dame Bébin, qui est très forte, se défendit, mais elle n'en fut pas
moins assez brutalisée. Des passants mirent en fuite l'individu qu'on
a arrêté depuis ; c'est un vagabond, nommé Albert Le[1]page,
49 ans, né à Lasson. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Mai
1904 - Collisions de voitures.
- Le
sieur Joseph Ozanne, cocher chez M. Primois, descendait l'avenue de la
Gare, à Caen, avec un omnibus, lorsque son cheval se jeta dans une
locomotive Decauville. L'animal eut la jambe brisée et dut être
abattu.
Un
palefrenier, le sieur Alexandre Lechartier, 41 ans, qui se trouvait
sur le siège à côté d'Ozanne, son beau-frère, fut projeté à
terre et blessé à la tête. Son état n'est pas grave.
—
Le lendemain, une autre voiture de M. Primois, conduite par le sieur
Hallot, chargé du service des dépêches, a été violemment
heurtée, sous le pont du chemin de fer, par la voiture de M.
Desoutter, marchand de vin, rue Frementel, dont le cheval s'était
emballé. M. Desoutter et son employé furent projetés à terre et
n'eurent aucun mal, mais Hallot tomba sur la tête et fut scalpé sur
une longueur de quinze centimètres.
On
le porta à l'hôtel-Dieu. II souffre beaucoup aux épaules et à la
poitrine, mais on espère qu'il sera bientôt rétabli. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Mai
1904 -
Les temps. - La
lune rousse, commencée le 15 avril, prendra fin le 15 mai. Jusque
là, elle n'a pas été trop mauvaise, on redoute les saints de glace,
11, 12 et 13 mai.
Les
hannetons sont en abondance cette année et les pommiers promettent,
ce qui justifie le vieux dicton normand : année de hannetons, année
de pommes. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Mai
1904 -
Les oreilles fendues.
- Dix
généraux de division et six généraux de brigade seront mis à la
retraite avant la fin de l'année, ayant atteint la limite d'âge.
Parmi
eux se trouve le général Lachasse, commandant la 10e
brigade, à Caen. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Mai
1904 -
Cour d’Assises. - Tentative
de vol. - Guillaume Simon, 26 ans, et Ernest Siméon, 31 ans,
n'ont guère d'autre profession que le cambriolage et d'autre domicile
que la prison. Simon a eu 6 condamnations et Siméon 15.
Ils
étaient accusés d'avoir voulu pénétrer chez M. Golsdchmidt,
tailleur, rue Saint-Jean, à Caen, et chez M. Quéruelle, à
Vaucelles. Ils auraient enduit les carreaux de savon noir pour les
enlever sans bruit. Mais, malgré leurs exécrables antécédents,
leur culpabilité n'a pas été établie. Simon et Siméon ont été
relâchés. Déf. Me Martin
et Flach. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Mai
1904 -
Cour d’Assises. - Le
voleur des boucheries. -
Dans la nuit du 11 novembre dernier, un malfaiteur tenta de
forcer la grille de la boucherie Delalande, place Malherbe, à Caen,
et pénétra ensuite chez le sieur Olive, boucher, rue
Guillaume-le-Conquérant, qui fut réveillé par le bruit de son
tiroir-caisse que le voleur voulait emporter. La nuit suivante, on
arrêta un vagabond, le nommé Victor Heude, 26 ans, au moment où il
sortait de l'allée du sieur Binet, boucher, rue de Vaucelles.
Il
était porteur d'un revolver et il avait pris une petite somme et de
menus objets qui furent retrouvés sur lui. Heude a avoué être
l'auteur des vols commis dans les boucheries de Caen, mais il a nié
les cambriolages dans les gares de Douvres et de la Chapelle, dont on
l'accusait. II a déjà eu deux condamnations pour vol.
Le
jury lui a refusé les circonstances atténuantes et l'a condamné à
cinq ans de travaux forcés et à la relégation. — Défenseur : Me
Poisson. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Mai
1904 -
Cadavre reconnu.
- Le noyé
retiré la semaine dernière de l'Orne a été reconnu. C'est un sieur
Lucien Pasquier, 55 ans, ouvrier sculpteur, de passage à Caen, et
demeurant habituellement à Angers, rue du Bocage. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Juin
1904 -
Huit victimes.
- Le vapeur
« Hélène», appartenant aux établissements Malétra, dont une
succursale est installée rue de Falaise, à Caen, a été abordé et
coulé dans la Manche par un navire anglais.
Le
vapeur « Hélène » avait quitté jeudi le port de Rouen ; il devait
arriver en Angleterre samedi soir. L'accident est arrivé en vue des
côtes anglaises. Sur les treize hommes composant l'équipage, sept
ont été noyés.
Le
capitaine Teste qui commandait le vapeur « Hélène » est parmi les
survivants.
—
La huitième victime est le matelot Émile Vallée, 40 ans, du port de
Honfleur, marié et père de cinq petits enfants. La chaloupe qu'il
montait avec le patron Quesnel a coulé à pic lundi la nuit. Le
patron a été sauvé par une barque de pêche du Havre. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Juin
1904 -
Quittes pour un bain.
- En déchargeant
un bateau, sur le quai Vendeuvre, une fausse manœuvre de la grue a
fait tomber dans le bassin deux Jeunes gens, Eugène Grosse et Andréa
Guillot.
Des
témoins de l'accident se sont jetés aussitôt à l'eau et les ont
ramenés sains et saufs. C'est le jeune Maurice Menzies, aidé des
douaniers Villey et Nicolle, qui a courageusement repêché Guillot.
Les deux jeunes gens en ont été quittes pour un bain forcé.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Juin
1904 -
État civil comparé.
- Il y a eu
cette semaine, à Caen, 12 naissances, 23 décès, 4 mariages et 10
publications.
Dans
la semaine, correspondante de l'année dernière, on avait enregistré
10 naissances, 21 décès, 1 mariage et 9 publications. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Juin
1904 -
Fête dieu.
– Processions
du Saint-Sacrement le 5 juin : le matin, Saint-Jean, Vaucelles et
St-Ouen ; le soir, toutes les paroisses.
—
Les fleurs et feuillages répandus sur la voie publique devront être
enlevés aussitôt après les processions. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Juin
1904 -
Année d’abondance.
– Dans les
vallées normandes, des sources que l'on croyait taries jaillissent de
nouveau. C'est, parait-il,
présage d'une année d'abondance. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Juin
1904 -
Les processions.
- A Caen,
les processions ont eu lieu, sans incident, à l'intérieur des
églises.
A
Saint-Étienne de Caen, comme au théâtre les jours de gala, le prix
des places avait été augmenté. Pour voir officier Mgr de Bayeux, on
payait dix sous aux tribunes ; dans la nef, une chaise, trois sous,
pour les dames. De sorte que l'interdiction des processions s'est
traduite, à Saint-Étienne, par une encaisse supplémentaire. C'est
ce qu'on peut appeler tirer profit de tout.
Dans
presque toutes les communes du Calvados on a pu processionner sans
entrave.
—
Dans une commune des environs de Caen, le sonneur a perdu ses
clochettes, émotionné à la vue du reposoir édifié par le
« Bonhomme Normand »
lui-même. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Juin
1904 -
Les antisémites à Caen.
- Déjà, au
cours de récentes manifestations, ils avaient arboré le bleuet,
signe de ralliement anti-juif.
Voici,
maintenant, qu'on crie : « Mort aux Juifs ! » dans les rues et qu'on
colle sur les magasins des israélites de petites affiches bleues
portant ce cri imprimé avec le portrait de M. Emile Drumont.
L'autre
soir, la police a arrêté André Collet, 15 ans, employé de
commerce, rue Basse, et Georges Leblanc, 19 ans, employé de banque,
rue de Geôle, qui se livraient à ces petits divertissements. Ils ont
déclaré que quelqu'un les avait poussés à faire leur
démonstration anti-juive. Si leurs dires sont exacts, les
antisémites caennais feraient bien d'opérer eux-mêmes
sans prendre pour agents des jeunes gens plus ou moins responsables.
(Source :
Le Bonhomme
Normand)
Juin
1904 -
Découverte d’un cadavre.
- Des
ouvriers qui travaillaient au curage de l'Odon ont découvert, place
du Parc, dans la partie souterraine du cours d'eau, le cadavre d'une
femme en état de putréfaction. Elle était misérablement vêtue ;
on a trouvé sur elle une photographie de soldat, deux couteaux, un
chapelet et un mouchoir.
L'enquête
a fait reconnaître le corps pour celui de la veuve Marie Cardine, 72
ans, qui était disparue de son domicile, 96, rue Saint-Martin, le 4
avril dernier. La photographie était celle de son fils.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Juillet
1904 -
Employés surmenés.
- Partout, on
diminue les heures de travail. Sur les tramways électriques de Caen,
on les augmente. Les employés ne font pas moins de douze heures de
travail quotidiennement, et certains jours, comme lors de la fête de
Venoix, plusieurs employés en ont fait quatorze.
C'est
trop, surtout pour un service où la sécurité publique est en jeu.
Qu'en pense l'inspecteur du travail ? (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Juillet
1904 -
Les fantaisies de l'électricité.
- La Compagnie
électrique de Caen avait promis de donner de la force dans le jour.
Vendredi dernier, le courant a été interrompu à neuf heures et
demie du matin et n'a été rendu qu'à neuf heures du soir. C'est par
trop de sans-gêne. On reprochait à l'ancien directeur, M. Le Cornu,
de répondre avec trop de brusquerie aux réclamations des abonnés.
Pour
éviter ce reproche, la nouvelle direction a fait interrompre sa
communication téléphonique.
De
cette façon, n'ayant rien entendu, elle n'avait rien à répondre aux
réclamations des abonnés. C'est beaucoup plus commode.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Juillet
1904 -
Incendie et accident.
- Le feu s'est
déclaré dimanche soir, rue Porte-au-Berger, dans une chambre
occupée par le sieur Beaugé, camionneur. Les dégâts atteignent 600
fr. Ils sont assurés.
Un
journalier, Raymond Sabine, 22 ans, rue du Vaugueux, en travaillant à
éteindre l'incendie, a été atteint par un éclat de verre qui lui a
fait une plaie profonde au mollet. On l'a transporté à
l'hôtel-Dieu. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Juillet
1904 -
L’immoralité à Caen.
- La femme
Henriette Grandin, 52 ans, tient à Caen, rue Saint-Jean 144, un
débit où le service est fait par des jeunes[1]ses
qui accueillent la clientèle à bras ouverts. Malheureusement pour la
tenancière, si elle recevait des clients arrivés à, l'âge où on a
le droit de faire des bêtises, elle en recevait aussi qui ne
l'avaient pas atteint, sans doute pour faire la moyenne.
Un
seul client, âgé de moins de 21 ans, a été cité comme témoin. Il
a suffi pour faire condamner la femme Grandin à quatre mois de prison
pour excitation de mineurs à la débauche. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Juillet
1904 -
Incendie à Caen.
- L'autre nuit, le
feu s'est déclaré rue de l'Arquette, dans les bâtiments de la
tannerie Rémy qui longent l'Orne, en face le bouquet d'arbres du
Grand-Cours.
Il
était minuit quand le garde-barrière du passage à niveau aperçut
les premières lueurs. L'éveil fut donné et les secours arrivèrent,
mais le feu, alimenté par les boiseries du séchoir et par 800 livres
de suif que contenait l'étuve, eut bientôt dévoré le bâtiment
tout entier.
Les
dégâts atteindront prés de 100 000 francs ; ils sont couverts par
l'assurance « l'Ancienne Mutuelle ». On se souvient que déjà une
minoterie, placée au même endroit, brûla, il y a une quinzaine
d'années, avec tant de violence que des arbres entiers furent
consumés de l'autre côté de la rivière. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Juillet
1904 -
Pour un dé.
- Une demoiselle
Bonhomme, de la Folie, étant bonne à Caen, avait reçu en présent,
de sa maîtresse, un dé à coudre, sans valeur, qu'elle oublia un
jour près de la pompe. Plusieurs mois après, elle prétendit
reconnaître, au doigt de la fille Pigache, ce dé qui ressemblait à
tous les dés.
Une
enquête fut faite et la fille Pigache déclara que c'était sa mère
Alice Pigache, 43 ans, domestique, qui lui avait donné le dé. Les
preuves paraissant insuffisantes et l'affaire trop mince, le dossier
revint du parquet avec l'ordre de ne pas poursuivre.
Mais
ces jours-ci, on ne sait à la suite de quelles démarches, l'affaire
a été reprise et appelée au tribunal. Malgré que la femme Pigache
ait nié avoir pris le dé qu'elle avait depuis dix ans,
assurait-elle, on l'a condamnée à 25 f. d'amende. Me Delahaye, défenseur, a porté appel aussitôt.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Juillet
1904 -
Ou les mettront-ils ? -
En voyant rangés sur le Cours les bandes d'enfants conduites
par les Frères et les Sœurs, on se demandait où on caserait tout ce
petit peuple à la rentrée des classes. Nos écoles sont combles.
Dans
celles des garçons, il y en a jusqu'au grenier. Mettra-t-on les
nouveaux dans les caves ? Et les pensionnaires des Ursulines, des
Bénédictines, du Bon-Sauveur, iront-elles s'émacier dans cet
immeuble insalubre de la rue Saint-Jean où la coqueluche ou autres
affections sont en permanence ?
Qu'importe
à ces fonctionnaires qui interdisent aux instituteurs de conduire
leurs enfants à la distribution de bonbons faite par une
municipalité qui ne leur plait pas ; ils sont capables de toutes les
sottises. Pour eux, la politique passe avant l'hygiène. Si ce sont
là les bienfaits, de l'instruction, c'est à en dégoûter.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Juillet
1904 -
Écolier blessé.
- Le jeune Alfred
Tostain, 7 ans, écolier, dont les parents demeurent dans le Vaugueux,
à Caen, a été jeté à terre par la voiture de M. Duthilleul,
négociant, en traversant le boulevard St-Pierre. Le cheval allait au
pas, mais l'enfant, projeté sous la voiture, a été assez
sérieusement atteint à la tête et aux épaules. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Juillet
1904 -
Récompenses.
- Exposition
de Vienne (Autriche). Médailles d'argent : M. Lefèvre, négociant à
Caen, pour ses eaux-de-vie de cidre : MM. Chaplain, du
Mesnil-Guillaume : Fournier, d'Orbec ; Boudin et Bourné, de Lisieux,
pour leurs cidres.
—
Médailles de bronze : MM. Picard, Pain et Lecoq, de Caen, pour leurs
eaux-de-vie de cidre ; Mme Bosnière, de Caen, pour ses cidres. .
(Source :
Le Bonhomme
Normand)
Juillet
1904 -
Succès.
- Nous
apprenons que M. Joseph Marie, élève de M. Leguillon, horloger
constructeur à Caen, a obtenu, au concours d'horlogerie de
Paris, le 1er prix, médaille
d'or, pour son régulateur astronomique. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Juillet
1904 -
Bonne mesure.
- Les
quincailliers de Caen entrent dans le mouvement. A l'avenir, leurs
magasins seront fermés le dimanche, à midi.
Si
leurs employés ne peuvent pas aller à la messe, ils pourront au
moins aller aux vêpres... ou ailleurs. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Juillet
1904 -
Nouvelle école.
- Les
écoles congréganistes de garçons fermées à Caen, en vertu de la
loi supprimant l'enseignement congréganiste, seront rapidement remplacées
par des écoles laïques libres.
M.
Guillemette, de la rue du Gaillon, vient déjà de faire, à la mairie
de Caen, une déclaration d'ouverture d'une école laïque gratuite,
rue Desmoueux. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Juillet
1904 -
On baptise.
- Notre nouveau
conseil n'a guère l'esprit laïque et, pour le prouver, il se met,
tout comme les curés, à administrer les sacrements. On mariait
déjà tous les jours à la mairie, maintenant on y baptise.
Il
paraît qu'il y a, à Caen, dis-sept rues et trois quais que personne
ne peut appeler par leur nom, vu qu'ils n'en ont pas. Nos conseillers
se creusent la cervelle pour leur en trouver. Ainsi, ils ont baptisé
l'impasse Saint-Benoist, rue Lebailly, créé une rue Pierre-Girard et
accueilli les réclamations des habitants de la rue Coupée, honteux
de sa mauvaise réputation, en l'appelant rue Moisant-de-Brieux, du
nom d'un protecteur des lettres au XVIIe siècle. Ce nom
sonne bien, mais il est un peu long pour les gens pressés. Il faudra
se lever de bonne heure pour le dire.
Pourquoi
diable les Saint-Jean-Baptistes de la mairie vont-ils chercher des
noms de personnages inconnus de la plupart des Caennais, à commencer
par eux. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Juillet
1904 -
Les deux docteurs.
- Ces jours-ci, à
Lison, le sieur Ebèle, ajusteur de la compagnie de l'Ouest, se
fracturait une jambe en tombant. On le plaça seul dans le
compartiment d'un wagon d'un train se dirigeant sur Saint-Lô. Le
docteur Thomas qui se trouvait dans le train, offrit ses services. On
les refusa. Le docteur insista, exigea la boîte de secours et après
avoir pansé le blessé, il l'accompagna à l'hospice de Saint-Lô,
où il est encore.
La
semaine dernière, un sieur Hamel, bourrelier, rue de Bras, à Caen,
se blessait assez grièvement en tombant sur la place de la
Préfecture. Un gendarme, apercevant le docteur Barette, courut après
lui. M. Barette, qui était à bicyclette, refusa de se déranger et
partit en promenade avec sa fille. Voilà du moins ce que raconte le
« Réveil ». (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Juillet
1904 -
Échange de coups.
- Une altercation
des plus vives a eu lieu entre l'un de nos confrères et l'un des
administrateurs des tramways électriques de Caen. Notre confrère
aurait été assez brutalement frappé. Ces messieurs des tramways
n'ont donc pas assez de leurs machines pour écharper les gens.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Juillet
1904 -
Amoureux pincés.
- Un employé de
commerce du boulevard St-Pierre, à Caen, nommé Bichette, avait fait
la connaissance d'une femme de 35 ans, à l'air tellement innocent,
qu'il se figura être le premier qui avait touché son cœur. Les
amours duraient depuis quelque temps déjà, lorsqu'un matin, au petit
jour, le commissaire vint frapper, rue de Bras, à la porte du nid de
duvet où les deux tourtereaux étaient pelotonnés et leur dressa
procès-verbal au nom du sieur Riobé, dentiste, rue des Teinturiers,
le mari de la dame qui n'en était pas sans doute à ses premiers
adultères, car une demande en divorce est formée contre elle.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Juillet
1904 -
Écrasé sous une benne.
- Lundi dernier,
des ouvriers travaillaient sur le quai Vendeuvre, à Caen, à charger
un steamer de minerai de Saint-André.
Un
maillon de la chaîne de la grue vint à se rompre tout à coup et la
benne, pleine de minerai, retomba de trois mètres de haut sur le
wagon d'où on l'enlevait, écrasant horriblement un des ouvriers.
C'est
un sieur Louis Lecarpentier, 30 ans, originaire de St-Contest, et
demeurant à Caen, rue St-Jean. Par un hasard inouï, deux de ses
camarades, placés près de lui, ne furent pas atteints par la benne
qui pesait chargée plus de 1 500 livres. Le malheureux ouvrier était
marié, mais n'avait pas d'enfant. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Juillet
1904 -
Imprudence de fumeur.
- A l’entrée de
la prairie de Caen, Maurice Furet, 15 ans, s'était approché d'un
camarade, Maurice Gervais, qui fumait, pour lui demander du feu.
Gervais refusa et jeta son allumette en l'air, juste sur une charrette
de foin qui passait. En un clin d’œil le foin fut en feu et brûla
avec la charrette dont on n'eut que le temps de dételer les chevaux.
Perte pour le sieur Richeux, cultivateur à Ifs, 450 francs.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Juillet
1904 -
Contre la pluie.
- Par
ces temps d'orage, les rideaux qui doivent préserver les voyageurs de
la pluie dans les remorques de nos tramways électriques ne seraient
pas du luxe. (Source : Le Bonhomme Normand)
Juillet
1904 -
Graves brûlures.
- Une épicière
de la rue Porte-au-Berger, à Caen, la dame Lemonnier, avait posé une
bouteille de pétrole sur un fourneau à gaz allumé. La bouteille fit
explosion et la dame Lemonnier, entourée de flammes, sortit en
poussant des cris. Les voisins éteignirent le feu qui consumait ses
vêtements, mais elle fut très grièvement atteinte aux jambes et au
ventre. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Août
1904 -
Courses casse-cou.
- Dimanche, le Cyclo-Club caennais avait établi, sur la
place d'Armes, une piste circulaire qui n'était qu'un virage
perpétuel et sur laquelle il était impossible de tenir sans
déraper. Toute la journée et le soir les coureurs sont tombés et
c'est un hasard si les accidents n'ont pas été plus graves.
Le
public lui-même risquait d'être atteint par les machines
renversées. M. Hendlé avait, dit-on, fait refuser la musique
militaire pour cette course ; il a bien fait : pas besoin d'orchestre
pour se casser la figure... le bruit des pelles et des discussions
orageuses du président « écharpé » avec les commissaires
suffisaient.
Les
blessés ont été soignés sur le champ de courses. Deux ont dû
même être transportés à l'hôpital ; ce sont Émilien Colin, de
St-Pierre-sur-Dives, et Huby, un coureur venu de Nantes et qui se
souviendra de Caen.
Maintenant,
le public saura ce que veulent dire les initiales C. C. C. Cela
signifie simplement : courses casse-cou. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Août
1904 -
Les apaches de Caen
- L'agent de police Leroy se trouvait, un soir, de
service, en civil, à la gare de Caen. Un camelot, qui le prenait pour
un bon bourgeois facile à rouler, lui proposa de lui vendre pour
presque rien une bague en toc qu'il prétendait en or. La mine du
vendeur ne lui revenant pas, l'agent se fit connaître et voulut
arrêter le camelot pour vente aux abords de la gare, ce qui est
interdit. L'individu donna un coup de tête dans le ventre du
malheureux agent, qui para le coup ; mais il fut saisi à la gorge et
frappé. Il eût passé un mauvais quart d'heure si des employés
n'étaient pas arrivés à son secours, car plusieurs rôdeurs
s'étaient joints à leur camarade.
Vers
dix heures, comme le sieur Bréard, homme d'équipe, rentrait chez
lui, il fut assailli et frappé par un autre camelot qui voulait le
faire repentir d'avoir pris la défense de l'agent. Les deux camelots,
Marius Combe, 19 ans, et Jules Prudhomme, 21 ans, originaires de
Paris, ont été condamnés à treize et quinze mois de prison.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Août
1904 -
Gare aux pickpockets.
- Après les marchés de Bayeux et de
Saint-Pierre-sur-Dives, c'est celui de Caen qui est exploité par les
voleurs à la tire.
La
semaine dernière, les demoiselles Vincent, de Verson, marchandes de
beurre et d'œufs, ont eu un porte-monnaie contenant 800 fr. environ
pris dans la poche d'un tablier.
La
dame Bervas, marchande de légumes, rue Laplace, veuve et mère de
deux enfants, a été volée de 170 fr. qu'elle réservait pour payer
ses achats. Enfin, la dame Guérin, marchande d'œufs à Basly, a
été soulagée de 50 fr. Les voleurs sont sans doute des voleuses,
car on avait remarqué deux femmes, vêtues de waterproofs, bousculant
le monde pour profiter du désordre et pêcher en eau trouble.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Août
1904 -
Fraudeur volé. -
La maison Collet-Pinteaux, de Fougères ( Ille-et-Vilaine ),
avait expédié un fût de 110 litres d'eau-de-vie, valant 310 fr., au
sieur Lavarde, cordonnier, rue de la Délivrande, à Caen. Lavarde
prit livraison du fût à la gare de Louvigny et le fit transporter,
dans la charrette du chiffonnier Leblanc, chez le sieur Malherbe,
jardinier au bas de Venoix.
Le
fût était enlevé le lendemain de chez Malherbe, puis il
disparaissait. Lavarde accuse Leblanc de l'avoir volé ; celui-ci
prétend que, ne voulant pas entrer cette eau-de-vie en fraude, il
avait laissé le fût sur la route, allégé de 18 litres que Lavarde
aurait emportés dans quatre vessies.
Lavarde
a porté plainte contre Leblanc. Il doit certes le regretter, car
l'eau-de-vie ayant été expédiée avec un acquit-à-caution, la
régie et l'octroi recherchent où elle est passée, afin de réclamer
les droits qui s'élèvent à 200 fr. Si on ne trouve rien, c'est la
maison Collet qui écopera des droits de régie s'élevant, avec le
double droit, à environ 300 fr.
Lavarde
est bien connu de l'octroi de Caen qui l'a fait condamner, en 1902,
pour transport en fraude de 6 litres d'eau-de-vie renfermés dans deux
vessies. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Août
1904 -
Tentative de viol.
- La veuve Bébin, 53 ans, marchande de lapins à Caen,
rue de la Pigacière, cueillait, un dimanche, de l'herbe sur la berne
de la route de la Délivrande, quand un individu se jeta sur elle pour
la violer. Mais il avait affaire à forte partie ; la dame Bébin se
défendit énergiquement et son agresseur ne put en venir a ses fins.
Elle
fut pourtant très malmenée dans la lutte ; mais des passants,
attirés par ses cris, la délivrèrent, Le satyre était un rôdeur,
Albert Lepage, 49 ans, journalier, né à Lasson, il fut arrêté et,
après avoir tenté de nier, finit par se reconnaître coupable.
Ce
vaurien, qui a abandonné sa femme avec cinq enfants, a été
condamné à 4 ans de prison. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Août
1904 -
Nouvelles écoles. -
Si M. Combes n'a pas perdu de temps pour fermer à Caen les
écoles des frères, ses adversaires n'en perdent pas non plus. Déjà
trois déclarations
d'ouverture d'écoles libres de garçons ont été déposées à la
mairie de Caen.
Ces
écoles seront installées, rue Desmoueux, par M. Guillemette ; rue de
Bayeux, par M. Carbonnel ; rues de l'Arquette et Buquet, par les
frères (pas en religion) André et Jean Couvers, originaires du
Puy-de-Dôme. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Août
1904 -
Un peu d’eau, s.v.p.
- Les commerçants de nos grandes rues sont dans la
désolation. L'administration impitoyable leur refuse l'arrosage
malgré leurs plaintes perpétuelles.
Rue
St-Jean, on a arrosé une fois dans un mois. Pendant ce temps, le
tonneau municipal inonde tous les matins le seuil de la préfecture
où n'habite personne. Que la mairie attende donc d'avoir un préfet
pour lui montrer de la fraîcheur. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Août
1904 -
Récompenses. -
Médaille d'argent à M. Caval, directeur d'école à Honfleur.
—
Médaille de bronze à M. Granchet, fondé de pouvoirs à la
trésorerie de Caen, pour sa propagande en faveur de la caisse des
retraites. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Août
1904 -
Malheureuse femme. -
La dame Le
Cleuziat habite, à Caen, dans les clos de la route de Ouistreham. Il
y a trois ans, deux de ses enfants furent brûlés dans un incendie
qui éclata dans les maisons situées sur le canal. L'année
dernière, son mari fut tué à Flers, dans un accident, en
travaillant. Enfin, samedi, son petit enfant, âgé de 3 ans, est mort
d'une commotion éprouvée pendant l'orage.
(Source :
Le Bonhomme
Normand)
Août
1904 -
Justice à rebours.
- Le vent de discorde qui souille en ce moment sur la
Folie a poussé devant le juge de paix de Caen deux voisines : les
femmes Lacour et Michel. Cette dernière a porté plainte contre la
femme Lacour qu'elle accuse de lui dire un tas d'abominations. Mais
les voisins ont démenti le fait.
Résultat
: c'est la plaignante qui a été condamnée à 5 fr. d'amende et la
prévenue relaxée. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Août
1904 -
Suite d’accident. - La
dame Armandine Lemonnier, 47 ans, épicière, rue Porte-au-Berger, à
Caen, qui avait été grièvement brûlée par l'explosion d'une
bouteille de pétrole placée trop près d'un fourneau à gaz, est
morte de ses brûlures. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Août
1904 -
Les écoles. -
Un peu partout, les écoles congréganistes, fermées par M.
Combes, se transforment en écoles libres. D'autres n'attendent pas
d'être fermées et font leur transformation d'elles
mêmes.
C'est
ainsi que l'Institution Ste-Marie, à la Maladrerie, a vu partir les
Pères de la Délivrande, qui la dirigeaient depuis sa fondation. Son
supérieur, le P. Jaussaud, est devenu chanoine de la cathédrale, et
la réouverture est annoncée pour octobre avec un nouveau directeur,
M. l'abbé Jean, déjà professeur dans l'établissement.
—
Les deux écoles publiques de filles, de Saint-Gilles et de
Saint-Julien, les dernières tenues par des sœurs, sont laïcisées.
(Source :
Le Bonhomme
Normand)
Août
1904 -
Un hôtel des Postes.
- Partout on proteste, avec raison, contre l'installation
défectueuse des bureaux de poste.
Le
bureau central de Caen ne laisse rien à désirer au point de vue du
manque de confortable et de l'insalubrité. Les employés n'y sont pas
mieux que la clientèle. Les services sont installés les uns sur les
autres et les locaux affectés au téléphone et au télégraphe sont
notoirement insuffisants.
L'administration
des postes est fatiguée de réclamer contre cet état de choses et,
faute d'argent, la ville fait la sourde oreille. Pourtant, il existe
un projet d'aménagement des locaux de l'hôtel de ville, supprimant
le poste central des pompiers et l'école de musique, qui seraient
reportés ailleurs, et étendant l'hôtel des postes, par la rue
Saint-Laurent, jusqu'à l'arrière de la bibliothèque. Le devis est
de 300 000 fr. et donnerait satisfaction à tout le monde.
Mais
il a le grave défaut, pour la municipalité actuelle, d'avoir été
élaboré par l'ancienne. Aussi parle-t-on, maintenant, de construire
un édifice spécial pour les postes. Seulement, comme il y faudrait
de grosses sommes, le public et le personnel ont le temps d'attendre
et de moisir dans la poussière et dans la crasse de plusieurs
générations. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Août
1904 -
Parents veillez. -
Mercredi soir, rue de Falaise, à Caen, un enfant de 7 ans, le
jeune Picot, s'est jeté dans une auto qui allait à une allure
extrêmement modérée. Il a eu le bras fracturé. L'accident est dû
uniquement à l'imprudence de l'enfant. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Septembre
1904 -
Incroyable !
- Nous ne pouvons pas croire au fait suivant : On
nous affirme que le lundi 22, dans une salle de l'Hôtel-Dieu de Caen,
un jeune garçon, dont la jambe était brisée à deux endroits,
aurait été bousculé par
ce qu'il ne pouvait pas étouffer ses cris de douleur sous le
bâillon qu'il s'était fait avec son mouchoir. Au nom de l'humanité,
nous demandons qu'un démenti nous soit adressé. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Septembre
1904 -
Les joyeux. -
Comme l'an
dernier, des « joyeux », casernés au couvent des Capucins, sont
entrés, par effraction, dans la chapelle Sainte-Paix, où ils ont
volé un surplis. Deux femmes chargées de l'entretien de la chapelle
les ont surpris, mais ils ont pu s'enfuir sans être reconnus.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Septembre
1904 -
Pincés. - Un nommé Hippolyte Rivallant, dit Deverbois, 35
ans, maquignon, sans domicile fixe, a été arrêté sur le marché
Saint-Martin, à Caen, en vertu d'un mandat du parquet de Bayeux, sous
l'inculpation de vol de deux chevaux.
—
A été arrêtée également à Caen, Gilberte Lepetit, 18 ans,
artiste, à Cabourg, pour vols de deux jupons valant 35 fr. à la
demoiselle David, dentellière. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Septembre
1904 -
Avis. -
L'administration
des postes informe le public qu'à partir du 1er novembre
les cartes postales, dont les dessins sont relevés par des reliefs de
mica et de
verre pilé, seront rigoureusement exclues du service et versées en
rebut. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Septembre
1904 -
Un hôpital militaire.
- Nous
avons, à Caen, un hôpital militaire tout préparé qui
fonctionnerait, en cas de guerre, à L’école normale
d'instituteurs. Il a été créé par l'Union des Femmes de France et
grâce à l'initiative et au dévouement de la vaillante présidente,
Mme Boissée.
Le
Conseil général va autoriser l'Union à disposer du mobilier entier
de l'école. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Septembre
1904 -
As-tu vu la baleine ?
- C'était
le cri en vogue, il y a 19 ans, quand tout Caen fut à Luc voir le
cétacé échoué, dont le squelette est, depuis ce temps, enfermé
dans la halle.
Un
de nos confrères affirme que c'est M. Liégard, conseiller municipal,
qui a eu l'idée de nous faire voir la baleine, pour cinq sous, comme
clou de la fête du quartier Saint-Sauveur.
Les
Caennais vont donc pouvoir renouer connaissance avec cet animal et,
désormais, en rencontrant M. Liégard, tout le monde pensera à la
baleine. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Septembre
1904 -
La fête des cinq sous.
- La
municipalité n'est pas heureuse dans les fêtes qu'elle patronne. On
avait annoncé, à grand fracas, celle du quartier Saint-Sauveur et on
lui avait alloué 300 fr. de subvention quand on n'en donnait que 50
aux fêtes, de St- Ouen et de St-Gilles.
Aussi,
dimanche, il y avait foule, mais la déception a été grande. Rien à
voir et cinq sous à payer partout. Entrée dans la halle, cinq sous ;
la baleine, cinq sous ; la danse du ventre, cinq sous ; le théâtre
de verdure, cinq sous ; toujours cinq sous. Seul, M. Delarbre était
visible pour rien.
Les
gens du dehors, furieux, traitaient les Caennais de « voleux » ;
ceux du dedans se traitaient de volés. Espérons, du moins, que les
pauvres ne le seront pas. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Septembre
1904 -
Un nouvelle Hôpital.
- Un
tailleur de pierres d'Hérouville-Saint-Clair, près Caen, le sieur
Adrien Davot, âgé de 19 ans, travaillant à la construction du
nouvel hôpital, est tombé d'un échafaudage de 8 mètres. On l'a
porté à l'Hôtel-Dieu. Son état est désespéré.
(Source :
Le Bonhomme
Normand)
Septembre
1904 -
Une vilaine rencontre.
- Un
facteur du télégraphe, le sieur Boulanger, demeurant rue d'Auge, à
Caen, a été heurté par une voiture, en passant, à bicyclette,
avenue de Courseulles. Jeté à terre, il a eu le bras gauche cassé
au poignet et sa bicyclette brisée. Le sieur Boulanger a pu se rendre
lui-même à l'hôpital. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Septembre
1904 -
Une autre lumière.
- On
parle d'une nouvelle société d'électricité qui serait en train de
se fonder à Caen. Elle promet la lumière à bon marché pour tout le
monde et elle la donnera même pour rien à ses actionnaires. Il
faudra alors ajouter ce verset à l'Évangile : Ceux qui «
éclaireront » seront éclairés. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Septembre
1904 -
Ventes de bestiaux.
- Sur
les marchés et dans les foires, certains acheteurs ne se contentent
pas de faire attendre, parfois pendant la journée entière, le
paiement du prix convenu aux cultivateurs, ils leur retiennent encore
une petite somme en le leur versant.
Le
tribunal de commerce de Caen, après celui de Saint-Lô, vient de
condamner aux dépens un acheteur qui avait voulu retenir 1 fr. sur le
prix d’un veau de 100 fr. Avis aux intéressés. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Septembre
1904 -
Les livres scolaires.
- Dans
les écoles publiques des villes, les livres sont le plus souvent
donnés ou prêtés gratis aux enfants. Il n'en est pas toujours de
même à la campagne où les mère de famille pauvres voient venir la
rentrée avec appréhension.
Le
pis c'est que, chaque année, il y a toujours des livres nouveaux à
acheter. On finirait par croire que certains maîtres ont un intérêt
à faire changer, tous les ans, l'Histoire de France ou
l'Arithmétique qui pourtant ne changent jamais. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Septembre
1904 -
L’incendie de la place Singer.
- Samedi
dernier, à 10 heures du soir, le feu s'est déclaré dans un grenier
à M. Albert Mathan, mécanicien, place Singer, à Caen, et en peu de
temps, les flammes ont gagné la maison voisine occupée par M.
Germain Suzanne, entrepreneur de menuiserie.
Malgré
les secours apportés aussitôt, les dégâts ont été grands.
Ils
sont de 18 000 fr. pour M. Mathan ; de 4 000 fr. pour M. Suzanne, et
de 8 000 fr. pour Mme Guillot, de Ouistreham, propriétaire. Le tout
est assuré.
A
signaler la belle conduite du sieur Leboucher, employé au chemin de
fer, qui a porté les premiers secours et enlevé d'un appartement
déjà envahi par la fumée, le petit-fils de M. Mathan, un enfant de
10 mois, et aussi l'entrain du caporal de pompiers Sohier, le
machiniste du théâtre, qui, devant se marier à minuit, a planté
là sa fiancée et ses invités en train de dîner, a quitté son
habit de noces pour aller mettre son casque et travailler à éteindre
le feu jusqu'à l'heure de la messe de mariage. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Septembre
1904 -
Dans les écoles.
- Les
petits Caennais des deux sexes sont rentrés lundi dans les écoles
qui, vu la fermeture des dernières classes tenues par des
congréganistes, vont se trouver absolument encombrées. A-t-on pensé
à parer à cet inconvénient ?
Ce
n'est pas probable ; pourtant certains locaux scolaires sont
absolument insuffisants. Rue de Geôle, par exemple, les premières
classes sont faites dans des salles où le volume d'air est très
restreint. On y gèle en hiver et on y grille en été, car ces
classes sont juchées à la hauteur d'un quatrième étage, sous les
toits, ce qui est un comble.
Est-ce
pour que nos gosses puissent y faire de hautes études ?...
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Septembre
1904 -
Le potin des maréchaux.
- Comme
les autres ouvriers ou employés, les maréchaux-ferrants veulent
jouir de leur dimanche. Aussi ont-ils parcouru les rues de Caen,
dimanche, pour aller manifester devant les ateliers restés ouverts et
contraindre les patrons à cesser de faire battre le fer quand il est
chaud.
Les
ouvriers maréchaux sont donc, sans en avoir l'air, les meilleurs
partisans de la liberté, puisqu'ils ont à cœur d'arracher des
camarades à leurs... fers. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Septembre
1904 -
Accident mortel.
- Un
garçon livreur chez M. Pont-Allainguillaume, marchand de charbons à
Caen, Jules Avel, 26 ans, entrait avec un chargement chez M. Roussel,
agent voyer à
Bretteville-sur-Laize.
Par
suite d'un écart du cheval, le camion heurta un pilier de pierre dont
le haut s'écroula. Une pierre pesant plus de 100 livres tomba sur le
cheval et le blessa, par ricochet elle atteignit Avel au côté gauche
et au bas du dos. Le malheureux ne voulut pas être transporté à
l'hospice, mais le tétanos s'étant déclaré, on dut l'y conduire
dimanche. Lundi, il mourai. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Septembre
1904 -
Quatre hommes pour une femme.
- Une
poissonnière de Caen, la femme Langronnier, était recherchée par la
police en vertu d'une douzaine de contraintes par corps. Elle a fait
une telle résistance aux agents qu'ils ont dû se mettre quatre pour
la conduire au poste, ce qui a causé un rassemblement et arrêté la
circulation. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Septembre
1904 -
Pannes sur pannes. -
Les
accidents et les pannes se succèdent sur nos trains électriques.
Dimanche encore, un car de la ligne de Venoix est resté plus d'une
heure en détresse.
—
Mardi, nouvel accident, place des Tribunaux, où un aide mécanicien a
eu la main droite écrasée. Il n'est pas trop tôt que le Directeur
revienne des rives de l'Orne, où il est sans doute à la recherche
d'une foret de bois de fer pour remplacer les traverses en bois de
coco de la ligne de Venoix. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Septembre
1904 -
A propos de fournitures.
- La
maison Delagrave, de Paris, écrit au « Moniteur » que le
« marché avec la ville de Caen pour la fourniture du mobilier de
l'école primaire supérieure a été passé légalement et
régulièrement, qu'il a été précédé de concurrence de modèles
et de prix, et que la maison Delagrave a des usines où sont
construits les mobiliers scolaires brevetés lui appartenant ». Il
n'y aurait pas eu autant de potin si ces fournitures avaient été
mises en adjuration. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Septembre
1904 -
Retour des manœuvres.
- Les
manœuvres ont fini comme elles avaient débuté : par de la pluie.
Les troupes, pour la plupart, ont été transportées, en chemin de
fer, par 550 voitures traînées par 55 machines.
Aucun
accident sérieux. Les réservistes et les soldats libérables ont
été désarmés et renvoyés. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Septembre
1904 -
Dans les écoles.
- La
véritable rentrée n'aura guère lieu qu'en octobre et pourtant on
refuse des élèves en masse dans toutes les écoles. Presque tous les
établissements libres vont rouvrir avec un personnel laïcisé.
Le
pensionnat Saint-Joseph va continuer à soutenir la lutte contre la
nouvelle École primaire supérieure. Jusqu'ici, il y a bien eu place
pour les deux.
La
municipalité, pas en veine décidément, a laissé les enfants des
écoles laïques manquer complètement de fournitures pendant les
premiers jours. Dans certaines classes, il n'y avait
même pas de papier et de porte-plumes. On voulait, paraît-il, faire
une enquête pour connaître les familles qui réclamaient les
fournitures gratuites pour leurs enfants. C'eût été une jolie
gaffe, car cette enquête indiscrète n'aurait pas été du goût de
tout le monde.
La
mairie s'en est aperçue un peu tard et comme par le passé, on a
accordé aux instituteurs et institutrices les fonds nécessaires pour
les fournitures gratuites aux élèves qui les réclament.
(Source : Le
Bonhomme Normand)
Septembre
1904 -
Encore les maréchaux.
- Les
ouvriers maréchaux-ferrants ont recommencé dimanche leur petite et
inoffensive manifestation contre les patrons Goubin et Charruel, qui
s'obstinent à garder leurs ateliers ouverts. Cette manifestation
n'ayant pas paru produire d'effet sur les récalcitrants, les
manifestants recommenceront dimanche prochain.
Cela
peut durer longtemps comme ça, et nos maréchaux caennais, si ferrés
sur leurs droits, vont devenir les plus célèbres maréchaux de
France.
En
attendant, pour avoir la liberté qu'ils désirent, les voilà forcés
de travailler à leur manifestation hebdomadaire, et c'est un turbin
aussi embêtant que l'autre. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Septembre
1904 -
Un joli quatuor. -
Les nommés
Georges Prieur, 17 ans, menuisier à la Maladrerie ; Léon Louise, 16
ans, fumiste à Caen ; Maurice Gervais, 14 ans, et Jules Lelay, 14
ans, tous deux chez leurs parents, à Caen, s'entendent à merveille
pour dévaliser les cafetiers et leur chiper des bouteilles de
liqueur.
Les
sieurs Geslin, débitant, et Letellier, aubergiste, en savent quelque
chose, ainsi que le sieur Lemarchand, charcutier, à qui ces vauriens
ont enlevé une boite de homard. Quand les bouteilles de liqueur
n'étaient pas de leur goût, ils en allaient chercher d'autres ou les
jetaient dans l'Odon. Il n'est pas étonnant, après cela, que Gervais
ait mis le feu par distraction à une voiture de foin au sieur
Lericheux, cultivateur à Ifs, près de laquelle il passait, à
l'entrée de la prairie. Tout, fut consumé et on n'eut que le temps
de dételer le cheval.
Le
tribunal correctionnel a
octroyé 1 mois de prison à Prieur, 2 mois avec sursis à
Louise, envoyé Gervais en correction et rendu Lelay à sa famille,
qui l'a réclamé. Pour remercier son père, venu assister à
l'audience, le jeune Gervais l'a agoni de sottises en sortant.
Ces
individus sont soupçonnés d'un vol de 100 fr. au sieur Lemarié,
boulanger, place de l'Ancienne-Comédie, à Caen. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
maison
trouve même que les dentelles de Venise fabriquées dans le Calvados
sont supérieures à celles fabriquées en Italie. C'est bien
possible, c'est même certain. (Source : Le Bonhomme Normand)
Octobre
1904 -
Le surmenage.
- Le
service d'hiver apporte un peu de soulagement aux malheureux employés
des petites lignes de chemin de fer, beaucoup plus exploités que leur
ligne elle-même.
À
ce propos, comment se fait-il que le personnel du Chemin de fer de
Caen à la Mer soit surmené comme il l'est et que les jours de repos
y soient si rares ?
Actuellement,
ces employés ont encore 13 et 14 heures de service, et il arrive
souvent, pendant certains dimanches d'été, de les voir travailler 16
et 18 heures. Que pense de ce
surmenage l'Inspecteur du travail ?… (Source : Le Bonhomme
Normand)
Octobre
1904 -
Libertés pour tous.
- Un
groupe d'ouvriers maréchaux a encore par[1]couru
Caen, dimanche, pour protester contre les trois patrons qui persistent
à tenir maréchalerie ouverte le dimanche.
Notre
nouveau central avait eu la prévoyance de faire encadrer ce groupe
par plusieurs, agents, chargés d'arrêter les manifestants qui
chercheraient à entraver la liberté du travail. Chôme qui veut ;
mais qu'on n'empêche pas de travailler ceux qui veulent.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Octobre
1904 -
La bêtise humaine.
- Sur
la recommandation du curé de Notre-Dame, une jeune, élève, sortant
du pensionnat du Bon-Sauveur, aujourd'hui fermé, avait été admise
au pensionnat de jeunes filles installé à Caen, rue de
l'Hôtel-de-Ville. Malheureusement, la mère de cette jeune fille est
blanchisseuse. Aussi, la veille de la rentrée, on lui a fait savoir
qu'on ne pouvait pas recevoir sa fillette, certains parents ne voulant
pas que leurs enfants aient pour camarade de pension la fille d'une
blanchisseuse.
Oh
! bêtise humaine ! Est-ce que la fille d'une honnête blanchisseuse
ne vaut pas la fille d'un banqueroutier. (Source :
Le Bonhomme
Normand)
Octobre
1904 -
Vol dans les champs.
- Mardi, à une heure du matin, les employés d'octroi de la rue
de la Masse, à Caen, aperçurent deux hommes et deux femmes, venant
de la route d'Ouistreham, chargés de poches pleines. Les employés
s'approchèrent pour en vérifier le contenu. A leur vue, tous
s'enfuirent, en abandonnant leurs sacs, qui contenaient des pommes de
terre nouvellement arrachées.
Ce
n'est pas dans leur service, mais si les employés d'octroi
demandaient leurs noms aux rôdeurs qui entrent journellement en ville
avec de gros paquets, moins de vols seraient commis autour de la
ville. (Source : Le Bonhomme Normand)
Octobre
1904 -
Disparu en mer.
- On
vient de constater officiellement le décès du sieur Victor Aubey,
capitaine de navire, inscrit à Caen, disparu depuis le 5 décembre
1880, dans le naufrage du trois-mâts « Siam », du port du
Havre. (Source : Le Bonhomme Normand)
Octobre
1904 -
Mauvaise affaire.
- Dimanche
soir, trois soldats du 36e, complètement ivres, faisaient
du scandale sur la route de la Maladrerie. L'un d'eux, même, était
étendu par terre.
Vint
à passer le commandant-major Deiber, en civil, qui leur fit des
observations. Elles furent fort mal reçues et deux des ivrognes se
livrèrent à des voies de fait sur l'officier. Les pauvres diables,
que l'alcool avait égarés, seront sans doute sévèrement puni.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Octobre
1904 -
Bonne nouvelle.
- Nous
apprenons que M. Louvet, directeur de la Grande Maison de blanc dont
les magasins sont situés sur le boulevard, près de la place de
l'Opéra, a fait faire une enquête sur l'industrie dentellière dans
notre région.
Cette
enquête a été favorable, car cette maison, dont la vente de
dentelles est considérable, ne tardera pas à, organiser des ateliers
dans l'arrondissement de Caen.
Son
correspondant est déjà installé. — La maison Melville et Zifîer,
de Venise, dont les magasins de vente sont faubourg Saint-Honoré,
occupe déjà dans notre région un grand nombre d'ouvrières. Cette
maison trouve même que les dentelles de Venise fabriquées dans le
Calvados sont supérieures à celles fabriquées en Italie. C'est bien
possible, c'est même certain. (Source : Le Bonhomme Normand)
Octobre
1904 -
C’est pour rien !
- Un
agent de police avait dressé procès-verbal contre une voiture
automobile qui traversait notre ville à toute vitesse. On se trompa
d'adresse et on assigna d'abord un M. Outhenin-Chalandre, qui n'était
jamais venu à Caen.
Enfin,
le vrai délinquant a été retrouvé ; c'est un M. Badouelle qui
fait, paraît-il, de l'automobile par peur d'être écrasé par elles.
Le juge de paix l'a condamné à 2 fr. d'amende en lui disant : « Eh
bien ! ce n'est pas trop cher ! » A ce prix-là, en effet, et avec
une bonne assurance contre les accidents, on peut faire du 40 à
l'heure et écraser les gens en toute tranquillité.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Octobre
1904 -
Ce que coûtent les fêtes. -
Les
municipalités exhibent en ce moment leurs comptes administratifs.
Dans celui de Lisieux, nous voyons que les fêtes de juillet, sans
ministre, ont coûté 32 000 fr. aux Lexoviens.
—
A Caen, avec ministre,
cela ne nous est revenu qu'à 23 000 fr. C'est déjà joli, et nous
comprenons pourquoi M. Perrotte appelait tout le temps M. Chaumié «
mon cher ministre ». (Source
: Le Bonhomme Normand)
Octobre
1904 -
C’est a dégoûter du service. -
Un
wattman des trams électriques de Caen avait, par trois fois, signalé
l'état défectueux de la sablière de la machine qu'il conduisait.
Comme on ne la réparait pas, il la consolida avec une corde ; mais,
cette corde ayant cédé à l'arrêt de la place des Tribunaux, la
machine patina pendant quelques mètres.
Le
malheureux wattman a été renvoyé. Est-ce pour avoir signalé le
mauvais état du matériel ? Dans ce cas, ce ne serait pas
encourageant pour les autres, qui ne signaleraient plus rien. C'est
peu rassurant pour la sécurité des voyageurs. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Octobre
1904 -
Cherchez la femme ! -
Pendant
que le ténor Badoureau, de notre troupe d'opérette, courait à la
recherche de sa femme, en laissant la direction en plan, toute une
famille de la Maladrerie recherchait l'une des siens, une jeunesse,
aimant sans doute à s'amuser, qui s'était fait enlever, sans
difficulté, par un officier de la garnison, disait-on.
Mais
les deux frères et la mère de la jeune fille se trompèrent
d'adresse en venant faire le guet devant une maison du quartier du
Bourg[1]l'Abbé,
où un officier a élu domicile. Il était absent ; ils l'attendirent
jusqu'à plus de dix heures du soir. L'officier ne rentra que plus
tard, heureusement pour sa peau, car il recevait une tripotée qu'il
n'avait rien fait pour mériter, étant complètement étranger au
rapt de la jeunesse en question. (Source
: Le Bonhomme Normand)
Octobre
1904 -
Mystérieux accident. -
A
l'atelier du dépôt de la gare de l'Ouest, à Caen, travaillait,
depuis trois semaines seulement un sieur Louis Anguerrand, 34 ans
mécanicien, habitant précédemment Flers.
Comme
un tuyau laissait filtrer de l'eau sur une courroie de sa machine et
la faisait patiner sur le volant, Anguerrand s'était mis à enduire
cette courroie de résine. Soudain ses camarades le virent à terre,
perdant le sang par les oreilles. On le releva et on le transporta à
l'Hôtel-Dieu, où il mourut trois jours après.
On
ignore au juste comment s'est produit l'accident, mais l'espace
compris entre la machine et la balustrade qui l'entoure étant très
étroit, on croit que Anguerrand a été atteint par une pièce en
mouvement ou renversé par la courroie. On a reporté à Flers le
corps du pauvre ouvrier qui est marié et père de trois enfants.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Novembre
1904 -
De Moulines à Caen. -
Il
n'y a qu'une unique conduite pour amener à Caen les eaux de source
absolument nécessaires à notre consommation.
Espérons
que c'est une bonne conduite, quoique quelques-uns de ceux qui s'en
sont occupés ne brillaient pas par là. Mais qu'un accident
survienne, voici Caen et les Caennais complètement à sec.
Depuis
longtemps des industriels demandent des concessions au rabais pour
faire marcher leurs machines. On leur a toujours refusé, avec raison,
de se fournir à Moulines. Mais n'est-il pas à regretter que la Ville
laisse dépenser en arrosages et en d'autres usages analogues l'eau
potable dont nous n'avons pas de trop, surtout par des sécheresses
comme celles de l'été dernier, pendant les
quelles le niveau du réservoir du Moulin-au-Roi est descendu
terriblement.
Si
— comme on le dit — les demandes de concessions d'eau pour
l'industrie sont aussi nombreuses, la Ville ne pourrait-elle pas faire
distribuer les eaux inutilisées de la nappe souterraine ou même
celles, de la rivière ? Cela permettrait en même temps d'économiser
l'eau pure en la réservant strictement à notre usage alimentaire.
Oui, mais, il y aurait des frais, il faudrait de l'argent. On en
trouve pour tout, mais tant qu'il ne s'agit que de l'hygiène et de la
vie des gens, on n'en trouve jamais.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Novembre
1904 -
La suspicion dans l’armée. -
Douze mille
fiches, concernant des officiers de tous grades, avaient été
enregistrées au ministère de la guerre par le capitaine Mollin. La
plupart émanaient du Grand-Orient maçonnique.
—
Le n° 1169 vise l'un de nos compatriotes, M. Thomine-Desmazures,
lieutenant au 6e dragons. Cette fiche était ainsi conçue
: « A de l'ambition, et, malgré ses convictions qui sont celles d'un
homme comme il faut, n'hésiterait pas à s'adresser à quelque
canaille gouvernementale s'il pouvait assurer par là son avancement.
Le dit ». Cette fiche était ornée du zéro trois fois souligné au
crayon bleu, ce qui voulait dire que M. Thomine-Desmazures était un
suspect politique et ne méritait pas d'avancement. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Novembre
1904 -
La panne chronique. -
Nos
tramways électriques sont atteints, décidément, de la maladie de la
panne, devenue maintenant chronique et probablement incurable. Les
ruptures d'essieu ne se comptent plus. Ces jours derniers, un car est
encore resté en détresse place Alexandre-III ; il a fallu
transborder les voyageurs pendant plusieurs
heures. Pourtant, la Compagnie trouve ses voitures encore, trop
légères puisqu'elle entasse dessus d'énormes pancartes de tôle qui
les font ressembler à une escadre de croiseurs cuirassés voguant à
travers les rues à l'assaut de nos gros sous.
—
Une autre rupture a eu lieu place des Petites-Boucheries et, pour
comble de malheur, un vieillard de 63 ans, le sieur Jean Aussignac,
sans profession, demeurant à la Maladrerie, a été renversé et
contusionné, route de Bayeux, par le tramway. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Novembre
1904 -
Dans un puits. -
Le
sieur Moulin, boulanger, route de Bayeux, à la Maladrerie, est tombé
au fond de son puits qu'il voulait nettoyer, une des cordes dont il se
servait pour y descendre s'étant rompue. On eut beaucoup de peine à
le retirer, car la violence de la chute lui avait fait perdre
connaissance. On espère que cet accident n'aura pas de suites
lâcheuses. (Source : Le Bonhomme Normand)
Novembre
1904 -
Injures à un prêtre. -
Un
de nos confrères a raconté que le curé de Saint-Sauveur, de Caen,
avait été insulté par un dragon. Nous sommes allés aux
renseignements : le prêtre a bien été insulté, mais il n'y a pas
eu de plainte de portée. (Source : Le Bonhomme Normand)
Novembre
1904 -
Une explosion. -
Chez
le sieur Paul Marais, marchand de chiffons, rue Saint-Jean, 281, à
Caen, une boîte contenant 12 kilos de poudre a fait explosion. Il n'y
a eu aucun accident de personne, heureusement, mais une cloison
épaisse s'est écroulée.
L'accident
s'est produit pendant que le sieur Marais déchargeait de vieilles
cartouches pour un armurier. (Source : Le Bonhomme Normand)
Novembre
1904 -
La neige. -
Les
blancs flocons ont déjà fait leur apparition. Cela n'a rien été
mais nous pouvons en attendre davantage, car, en Auvergne, la neige
tombe en quantité, les montagnes en sont couvertes.
—
Dans la Seine-Inférieure et la Manche, une couche de sept
centimètres est tombée. Les environs de Honfleur sont aussi sous la
neige. A Caen, il a gelé à 7 et 8 degrés. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Novembre
1904 -
A propos de cartes postales.
- Nous
apprenons que la plupart des cartes postales vendues sur le marché
français nous viennent d'Allemagne : on les reconnaît facilement à
toute absence d'art et à l'immoralité des sujets. Il n'est donc pas
sans intérêt de constater qu'à la récente exposition de cartes
postales, d'éminents artistes ont rivalisé de talent pour fournir de
véritables petits chefs-d'œuvre qui ne peuvent qu'entretenir le
culte du beau, en reproduisant, de façon artistique, les sites les
plus pittoresques de la France.
(Source :
Le Bonhomme Normand)
Novembre
1904 -
La dentelle. -
Aux
écoles de dentelles déjà ouvertes dans le Calvados que nous avons
signalées, nous devons ajouter celle de Littry, où 75 élèves
exécutent les
articles d'Auvergne, avec le plus grand succès, pour la grande maison
de soieries Labbey, rue de la Banque, 16, à Paris. (Source
: Le Bonhomme Normand)
Décembre
1904 -
A la distillerie. -
La
distillerie d'alcool du cours Cafarelli, à Caen, fonctionne
maintenant. Les arrivages de betteraves se font avec régularité. Les
directeurs ont demandé à la ville une concession d'eau à prix
réduit, en garantissant une consommation d'une centaine de mètres
par jour.
Malheureusement,
le personnel doit faire l'apprentissage du service des machines, et,
l'autre jour, un sieur Moulin, 36 ans, demeurant boulevard St-Pierre,
chauffeur à la distillerie, a eu un doigt de la main gauche pris dans
un engrenage et coupé net. Il subira une interruption de travail de 2
mois. (Source : Le Bonhomme Normand)
Décembre
1904 -
Sans l’engrenage. -
Le
nommé Auguste Gambier, fabricant de sacs en papier à la Maladrerie,
près Caen, n'en a pas fini avec la Justice.
Un
négociant de Paris, le sieur Hayman, l’avait fait citer en
correctionnelle sans avoir préalablement porté plainte, pour abus de
confiance de 600 fr. et pour faux en écritures commerciales.
Gambier,
en garçon prudent, ne s'est pas présenté à l'audience, mais cela
n'a pas empêché le tribunal de Caen de le condamner à 6 mois et 650
fr. de dommages-intérêts pour son escroquerie, de décerner un
mandat d'arrêt contre lui et de le renvoyer au juge d'instruction qui
le déférera probablement devant la Cour d'assise. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Décembre
1904 -
Accident de cheval. -
Un
lieutenant du 36eme M.
Spor, en faisant de l'équitation à l'école de dressage, a été
désarçonné par sa monture. Dans sa chute, M. Spor s'est fait une
assez grave, blessure à la tête et on a dû le transporter à
l'hôpital.
Pourtant
cet accident n'aura pas de suites fâcheuses et, ces jours-ci, l'état
de M. Spor était aussi satisfaisant que possible. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Décembre
1904 -
Tué par le tramway. -
Le
2 novembre, sur la route de la Maladrerie, près Caen, le tramway
électrique avait renversé le sieur Jean Aussignac, 63 ans, sans
profession. Le pauvre homme est mort, ces jours derniers, des suites
de ses blessures. (Source : Le Bonhomme Normand)
Décembre
1904 -
Caen, le soir. -
Un
individu, paraissant âgé de 16 à 17 ans, a attaqué, un soir, la
dame Clolus, femme d'un sous-chef de gare de Caen, demeurant rue de
Branville, au moment où elle revenait de faire des commissions.
Après
l'avoir bousculée, l’inconnu la renversa sur le trottoir et lui
arracha son filet contenant des provisions et son porte-monnaie, puis
il s'enfuit sans être inquiété. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Décembre
1904 -
La boue ! la boue ! la boue !!!
- Caen
n'est plus une ville, c'est un cloaque, un marais fangeux, une immense
flaque de boue. Jamais, au grand jamais, on n'en avait tant vu,
boulevards, places et rues sont impraticables.
Les
messieurs s'en tirent encore, mais les dames ... Avant de se risquer
à passer d'un trottoir sur l'autre, les malheureuses doivent prendre
leur courage à deux mains et il ne leur en reste plus pour relever
leurs jupes. Au bout de cinq minutes, on en a à la cheville et au
bout d'une heure on est bon à accrocher dans le séchoir d'un
dégraisseur.
On
dit qu'il y a des balayeuses, des racleuses et des arroseuses
municipales, c'est bien possible, quoique personne ne les ait jamais
vues, on doit sûrement les conserver sous globe sur la cheminée de
la mairie.
Et
dire que l'adjoint Auvray est grand maître de la voirie ! Il n’en
fiche pas un coup et, quand on l'empoigne, il tombe bravement sur le
personnel qui, pourtant, n'a pas changé et pourrait faire au moins
aussi bien qu'autrefois. Qu'on nous rende les boues des années
précédentes, il y en avait tout de même moins. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Décembre
1904 -
Actes de courage. -
Un
cheval, attelé à une voiture dans laquelle se trouvait un vieillard,
s'était emballé et parcourait à une allure folle les rues de
St-Pierre-sur-Dives, quand un passant, M. Halder, directeur de l'usine
à gaz, se jeta à la tête de l'animal et put réussir à l'arrêter.
Son
acte de courage n'a coûté heureusement à M. Halder que quelques
légères contusions dont il est, aujourd'hui, complètement rétabli.
—
Le domestique de M. Gallier, vétérinaire, avait arrêté sa voiture
rue de Strasbourg. Le cheval s'est emballé et a renversé son
conducteur. Une des roues lui a passé sur le bras sans le blesser
sérieusement. Le sieur Adam, jardinier, rue Caponière, s'est jeté
courageusement à la tête de l'animal et est parvenu à l'arrêter.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Janvier
1905 -
Un engin explosif à l'hôtel des postes. -
Dans la nuit de mardi à mercredi, un employé du bureau
central de la poste de Caen, a retrouvé dans la boîte dessinée
aux imprimés un petit paquet recouvert de papier, mais sur
lequel ne se trouvait aucune adresse. Il mit ce paquet de côté se
proposant de l'envoyer à Paris au bureau des rebuts et continua
le dépouillement des autres imprimés.
Son
travail terminé, il reprit le paquet et s'aperçut qu'un petit trou y
avait été pratiqué et qu'autour le papier portait des traces de
brûlures. Il s'empressa alors de le développer et trouva une boîte
de fer blanc, sorte de boîte à bonbons ; il l'ouvrit et constata que
dans l'intérieur se trouvait une certaine quantité de poudre
à laquelle avait été mélangée du gros plomb de chasse. Sur
le dessus une solide bourre et enfin un petit lingot de plomb et un
boulon. Une mèche plongeait dans la poudre ; l'employé constata
qu'on avait essayé de mettre le feu à cette mèche, mais que
le feu s'était fort heureusement éteint avant d'arriver à la
poudre.
On
se trouve donc en présence d'un engin qui eut pu occasionner des
dégâts sérieux et blesser ou tuer quelques employés s'il eut fait
explosion comme l'espérait le misérable qui l'a déposé dans
la boîte de la poste. Une enquête est ouverte, espérons qu’elle
amènera la découverte du coupable.
Avril
1905 -
Accouchée sur la voie publique.
-
Lundi, vers 1 heure et demie du matin, la nommée Mahieu,
âgée de 34 ans, demeurant rue Froide étant prise de douleurs
d'enfantement se rendait à l'Hôtel-dieu pour y faire ses couches,
lorsque arrivée rue des Chanoines, elle mis au monde un enfant
du sexe féminin, l'un et l'autre furent transportés à l'Hôtel-dieu
par les soins de la police. L'état de la mère et de l'enfant est
satisfaisant.
Avril
1905 -
Buffalo-Bill à Caen. -
La troupe du colonel Cody, avec ses cosaques, ses cow-boys, ses
Peaux-rouges, en un mot avec toutes ses attractions qui obtiennent
actuellement ainsi si vif succès à Paris, viendra les 10 et 11 juin
prochain donner plusieurs représentations dans notre ville. De même
que Barnum, Buffalo-Bill installera ses immenses tentes au camp
de Cormelles.
Août
1906 -
L’impôt sur les bicyclettes.
- En mars dernier,
la Chambre votait par 501 voix contre 34, la réduction à 3 francs de
la taxe sur les bicyclettes fixée cette année encore à 6 francs.
Cette reforme très justifiée va creuser dans le prochain budget un
trou de 3 250 000 fr.
A
partir de l’année prochaine, la taxe des bicyclettes sera un impôt
direct. Chaque fervent de la pédale devra, chaque année,
acheter au bureau de tabac une plaque de 3 francs et chaque
année, il devra faire graver -
à ses frais bien entendu -
ses noms sur la dite plaque
- Pour une fois,
les graveurs béniront le gouvernement.
Août
1906 -
Un drame de la faim. -
Le 6 août, 9 heures du matin, la femme Pierre Jouenne, âgée
de «35 ans, marchande de cresson, demeurant rue Saint-Jean, était
partie de son domicile pour porter à l’Hôtel-dieu sa fillette
âgée de 3 mois qui était malade. En arrivant devant la pharmacie
Lefèvre, rue St-Jean, la femme Jouenne s’affaissa et fut
transportée à l’Hôtel-dieu par les soins de la police. Il y
avait deux jours que la pauvre mère n’avait pas mangé. Pendant qu’on
soignait la femme Jouenne, son enfant Louise, recevait les soins de M.
Lefèvre, mais décédait dans la pharmacie.
Septembre
1906 - La canicule. - Le
thermomètre monte à 35° et même 37°. Le niveau de l'Orne baisse
de 15 à 20 cm par jour. L'Odon, à sec, empuantit le voisinage par
des "odeurs abominables". Dans les campagnes, les
incendies se multiplient, surtout autour des voies ferrées :
les escarbilles des locomotives à vapeur enflamment chaumes et
meules.
Septembre
1906 -
Les récoltes dans le Calvados.
- Les céréales
récoltées dans de bonnes conditions donneront une bonne récolte en
grains, mais peu de pailles. Les secondes coupes de prairies
artificielles laisseront à désirer, les herbages souffrent de manque
d’eau. Les pommes de terre, très saines sont bonnes. Les betteraves
semées se maintiennent assez bien, mais les plants repiqués
donneront un déficit appréciable. Le colza a donné un rendement
inférieur à la moyenne et le Sarrazin souffre de la sécheresse.
Octobre
1906 - Le repos hebdomadaire.
- Le syndicat des débitants, restaurateurs, et hôteliers du
Calvados, prie MM. Les débitants, restaurateurs et hôteliers,
d'assister à une réunion qui aura lieu dans la salle des fêtes, à
l'Hôtel-de-Ville de Caen, le mardi 9 octobre prochain, à 2 heures de
l'après-midi, et à laquelle seront invités MM. Les Sénateurs
et Députés
du Calvados, à l'effet de protester contre la loi du 13 juillet 1906
sur le repos hebdomadaire, loi qu'il considère comme inapplicable
telle qu'elle existe, et qui est fort préjudiciable à la
corporation.
Octobre
1906 - Le repos hebdomadaire à Caen. -
Ça va bien pour les coiffeurs, qui ont, suivant nos conseils et nos
prévisions, donné à leurs employés le repos à partir du dimanche
midi jusqu'au lendemain lundi à la même heure.
Par
exemple, ça ne va pas du tout pour les hôteliers et restaurateurs,
qui réclament vivement l'amélioration de la loi sur le repos
dominical. Tous prétendent que cette loi leur parait absolument
préjudiciable à leurs intérêts.
Novembre
1906 - La tempête de dimanche. - La
tempête qui s'est abattue dimanche sur le littoral de la Manche s'est
fait vivement sentir à Caen et dans les environs. Les dégâts
matériels ont été considérables. Une partie des tentes dressées
pour l'exposition des chrysanthèmes a été arrachée et on a dû
lundi procède à d'importantes réparations.
Sur
le Grand-court, plusieurs arbres ont été abattus, notamment l'orme
magnifique qui faisait l'admiration des passants. Cet orme, très
ancien, était le pendant d'un autre arbre qui fut abattu il y a
quelques années par une violente tempête et qui était plus de deux
fois centenaire. Une notable partie du cœur de l'arbre a été
projetée à trente-cinq mètres au loin. Des bestiaux qui se
trouvaient dans la prairie ont été renversés par la violence du
coup de vent.
Décembre
1906 - La propreté dans les rues. - Tout
le monde la demande à cor et à cris et sur tous les tons, dans tous
les journaux, M. Séjourné, maire de Caen, répond sans quelque
raison : vous voulez qu'il y ait moins de saletés dans les rues,
prenez le balai deux fois par jour au lieu d'une.
D'autre
part, aux gens qui se plaignent des cas de rage très fréquents dans
notre ville, M. le Maire répond : muselez vos chiens.
Par
derrière, disait M. Perrotte (voir l'arrêté fameux pris par un de
nos confrères). Non c'est simplement pour les empêcher de nous
mordre, que M. Séjourné veut leur en boucher un coin. Il ne faut pas
aller d'une extrémité à l'autre.
Janvier
1907 - L’horloge
de l’église Saint-Jean.
-
L'horloge de
Saint-Jean réglait en réalité toutes les horloges de la ville avec
celle de la place de la République. C'est elle aussi qui indiquait
aux ouvriers des ateliers l'heure du départ et celle du retour.
Or
hier, à 5 heures, elle a sonné pour la dernière fois. L'entretien
de cette horloge coûtait 200 francs, et le clergé de St-Jean n'a pas
de ressources pour faire face à cette dépense.
De
même l'horloge de l'église Saint-
Pierre, pour Les mêmes causes, a cessé de marcher.
(Source : Le Moniteur du Calvados)
Janvier
1907 - Enlèvement
d’une prison. -
Dans
quelques jours la prison de historique de Caen aura disparu. De
nombreuses occasions et matériaux de toutes sortes seront à saisir
au fur et à mesure des démolitions.
(Source : Le Moniteur du Calvados)
Janvier
1907 -
La tempête dans la Manche.
- Une
violente tempête de nord a sévit sur toute la côte, causant
d'importants dégâts.
Il
est impossible de ravitailler les forts et ouvrages avancés en mer.
Tous les caboteurs de Dunkerque à Nantes se sont réfugiés en toute
hâte dans les ports, quelques uns avec des avaries. La navigation est
interrompue.
La
neige tombe en abondance et rend les routes difficiles, empêchant les
cultivateurs d'apporter leurs produits.
A
Cherbourg, la rade est consignée par ordre du préfet maritime et le
croiseur « Jules-Ferry » est obligé de rester sous
pression.
Tous
les bateaux de pêche de Grandcamp et de Ia Hougue ont dû renoncer a
se rendre sur les lieux de la pêche, par crainte de sinistres. Toutes
les mesures sont prises par la direction des mouvements des
ports et les équipages des bateaux de sauvetage se tiennent en
permanence.
(Source : Le Moniteur du Calvados)
Janvier
1907 -
Le froid. - La
température sibérienne que nous subissons en ce moment a fait à
Paris dans la journée d'hier un certain nombre de victimes. On
signale une dizaine de personnes qui sont mortes de congestion
occasionnée par le froid.
Partout
le froid est terrible. C'est ainsi que le thermomètre marquait —
18° à Châlons-sur-Marne et — 20° à Remiremont et a Belfort. A
Dijon, il gelait si fort que, lorsque hier matin à la gare des
locomotives voulurent prendre de l'eau, elles ne le purent, les
réservoirs étant complètement congelés. De ce fait, les trains,
dans les deux directions de la ligne, subirent des retards
considérables.
A
Avignon, à Grenoble, à Clermont-Ferrand, il neige abondamment.
Le
Midi n'est pas épargné. Tout le littoral méditerranéen, de
Marseille, de Port-Vendres, de Sète à Montpellier, est recouvert
d'une couche de neige variant de 25 à 40 centimètres
d'épaisseur, les trains subissent des retards considérables. Le
Plateau-Central est impraticable aux courriers, de même que les Alpes
dauphinoises et le massif pyrénéen.
Un
froid Intense règne sur les côtes de la Manche et de l'Atlantique,
arrêtant toute la navigation.
Dans
le golfe du Lion, la tempête fait rage, et l'on a du rappeler en
hâte à TouIon, par sémaphore, l’escadrille de torpilleurs en
exercices au large.
A
Bruxelles, hier, le thermomètre est descendu à 13° au de sous, à
Arlon, il s'est abaissé jusqu'à 11°. Le train de Paris est arrivé
à Anvers avec trois heures de retard, la locomotive ayant eu un tuyau
crevé par la gelée.
En
Angleterre, la température s'est maintenue très basse.
Dans
la Manche, la mer est démontée et quelques accidents sont signalés.
Dans
les pays voisins, la température continue à être très basse et le
froid excessivement vif.
A
Berlin, à midi, hier, on a enregistré 24° au dessous. Dans la
soirée la température s'est un peu radoucie.
La
Suisse surtout a été très éprouvée. La neige tombée en abondance
a interrompu sur plusieurs points les relations postales.
(Source : Le Moniteur du Calvados)
Janvier
1907 -
Curé
et vicaire à Lisieux et à Caen.
- Le
Juge de paix qui, à Caen, condamna M. l'abbé Lénault, pourra
consulter avec fruit le jugement que son collègue de Lisieux
vient de rendre en faveur de M. l'abbé Maupas, curé de
St-Jacques-de-Lisieux. A
Caen, l'abbé, le vicaire, l'humble prêtre qui obéit, fut condamné.
A Lisieux, le doyen, le curé qui commande, est acquitté.
Que
peut on penser d'une magistrature qui se juge et se déjuge de cette
façon ? de tribunaux qui
se contredisent et se réfutent réciproquement ?
Lisieux
est décidément plus favorite que Caen, ou, au moins, il a plus de
chance. (Source
: Le Moniteur du Calvados)
Janvier
1907 -
Le
délit de messe.
-
On sait que l'abbé Lenault, vicaire de St-Jean de Caen, fut
condamné à 1 fr. d'amende avec application de la loi Bérenger, pour
délit de messe.
Le
Parquet a formé un pourvoi en cassation contre le jugement de M. le
Juge de paix. (Source :
Le Moniteur du Calvados)
Janvier
1907 -
Déraillement
en gare de Caen.
- Un
accident qui heureusement n'a en aucune conséquence s'est produit ce
matin en gare de Caen. Les cinq derniers wagons du train venant
de Flers et arrivant à Caen à 11 h. 05 m. sont sortis des rails par
suite de la rupture d'une aiguille. Il n'y a eu aucun accident de
personnes et les dégâts matériels sont nuls.
(Source : Le Moniteur du Calvados)
Janvier
1907 -
Un
projet de loi contre les corbeaux.
- M. de Villebois-Mareuil, député de la Mayenne, vient
d'élaborer avec le comte Clary, président du Saint-Hubert-Club de
France, un projet de loi destiné à donner satisfaction aux chasseurs
et aux agriculteurs. Il s'agit de la création de postes de
Tierceliers dans toute la France, en vue de la destruction des
oiseaux de proie, des petits fauves et principalement des
corbeaux. (Source
: Le Moniteur du Calvados)
Février
1907 -
Le repos des postiers. Désormais
les bureaux de poste seront fermés les dimanches et jours fériés,
à 11 heures du matin, du 1er novembre à fin février, et à 10
heures, du 1er mars au 31 octobre. La même réglementation sera
observée pour le télégraphe et le téléphone, sauf dans les
bureaux à service complet et de demi-nuit, qui fermeront à 9 heures
du soir.
Le
bureau de Caen-Singer sera complètement fermé pour tous les
services. L'expédition et la distribution des correspondances se
feront comme par le passé.
Février
1907 -
La location des
presbytères.
-
Les instructions secrètes du ministère aux préfets. Le
gouvernement a eu l'habileté de décharger sur les municipalités du
soin de faire exécuter dans les communes les lois sur la
séparation.
Mais
il a pris soin de « brider » les maires catholiques, de leur retirer
les pouvoirs de location du 5 avril 1884, en faisant insérer dans la
loi du 2 janvier 1907 cette prescription que tout bail de
presbytères ne sera valable qu'après l'approbation
préfectorale.
Lors
de la discussion de cette disposition exceptionnelle, le gouvernement,
par tactique, la présentait comme une simple formalité.
Or,
depuis, il a transmis aux préfets des instructions très rigoureuses
: ils ont l'ordre d'annuler toute délibération municipale et de
rejeter tout bail de presbytère dont le prix du loyer ne serait
pas en rapport avec la valeur locative.
En
fait, les maires ont toute liberté pour accentuer la rigueur des lois
de séparation, mais il leur est impossible, sans se heurter au veto
des préfets, d'en atténuer les mesures draconiennes dans une mesure
quelconque et pour les motifs les plus légitimes. Les maires peuvent
« serrer la vis », ils ne peuvent pas la « desserrer ».
On
voit que le libéral Briand continue à combattre l'Église à «coups
de libertés ». (Source
: Le Moniteur du Calvados)
Février
1907 -
L'impôt sur le
revenu.
-
Contrairement à ce qui avait été annoncé officiellement, ce
n'est pas au conseil des ministres de samedi que le gouvernement
délibérera sur le projet d'impôt sur le revenu qu'a
préparé M. Caillaux.
Il
est très probable, d'ailleurs, que les ministres ne se réuniront pas
samedi et que le prochain conseil n'aura lieu que la semaine
prochaine.
D'autre
part, M. Caillaux a demandé à ses collègues de lui réservé une
séance toute entière du conseil des ministres pour l'examen de son
projet. Et le gouvernement a, au préalable, une série de
questions à régler, qui l'obligeront à ajourner sa délibération
sur le travail de M. Caillaux.
(Source : Le Moniteur du Calvados)
Février
1907 -
Avis
aux photographes.
- Les amateurs de photographies peuvent mettre leur
talent à l'épreuve en photographiant la prison de Caen, par
l'ouverture qui en est faite rue St Manvieux. Ils auront un spécimen
de la prison qui va disparaître et qui offre au point de vue de
l'architecture un véritable intérêt. (Source : Le Moniteur du
Calvados)
Janvier
1908 - Caen a-t-il jamais été propre. -
On dit et on répète à tout propos et non sans raison, que la ville
est malpropre. Mais Caen a-t-il jamais été propre ? Qu’il
pleuve seulement une journée la ville devient un marécage,
qu'il pleuve, deux jours de suite, c'est un lac.
Les
municipalités passées ont tout fait, tout tenté pour remédier au
mal ; elles n'ont réussi qu'à provoquer une douce gaieté. Qui ne se
rappelle le succès de fou rire et de bon aloi, du reste obtenu par
les Perrotines ? On se rappelle aussi ces équipes volantes d'ouvriers
enrôlés pour déblayer la ville et nettoyer la situation ?
Qu'arriverait-il ? Le lendemain, le gâchis était aussi lamentable
que la veille, et tout était à recommencer.
Lisez
les journaux de l'époque et vous serez édifiés. C'est toujours la
même chanson. L'air varie, mais le refrain est identique. La cause de
tout cela ? Demandez au médecin le plus âgé de la ville, à celui
qui joint à juste titre de par les années le talent et la haute
expérience, il vous répondra : " Caen est bâti sur un fond de
matières fétiches " ; si vous dresser l'oreille enquête
d'une explication, il vous répondra gaiement : le fétiche n'est-il
pas un porte-bonheur. Il suffit de marcher dedans, s'il faut en
croire le proverbe. Mais quand on est bâti dessus ça doit être le
parfait bonheur dans ce monde ou dans l'autre.
Le
remède ; L'Écho Normand l'a indiqué, il y a beau jour, c'est la
démolition des vieilles baraques et autre turnes odoriférantes ;
c'est la suppression des fosses d'aisances mal faites et non
étanches, c'est le curage des Odons, le percement de grandes
artères. Mais pour entreprendre cette besogne indispensable, il
faut avoir de l'argent.
Janvier
1908 - Destruction des corbeaux.
- Pendant les semailles, les cultivateurs et propriétaires
peuvent détruire les corbeaux, au fusil sur leurs terres. Ils sont
tenus seulement d'en faire la déclaration au maire de la commune, qui
la transmet à la sous-préfecture, laquelle prévient
la gendarmerie.
Janvier
1908 - Après les jardins ouvriers, les maisons à bon
marché. - Un petit jardin pour
rien. Une habitation pour presque rien. Qui ne voudrait avoir cela ?
C'est le rêve. Grâce à d'ingénieuses combinaisons, les
ouvriers de Caen vont avoir tout cela.
Des
conférences, qui ont eu le plus grand succès, ont été faites par
M. Marguerin, conseiller municipal, et qui, le premier, a émis
l'idée. MM. Séjourné, Savare y ont pris, on le sait, la part
la plus active. Il convient de s'en réjouir. C'est faire oeuvre
sociale, utile et d'un caractère vraiment démocratique : de
l'administration et non de la politique.
Février
1908 - Tirs militaires.
- Le public est informé que le 36e régiment d'infanterie
exécutera des exercices de tire à blanc dans la région comprise
entre Caen, La Folie et les routes de Langrune et de Creully
pendant une semaine : ces tirs commenceront le lundi 24 février et
prendront fin le samedi 29 du même mois.
Si
malgré les précautions qui seront prises quelque dégât était
commis, les intéressés devraient déposer à la mairie des demandes
d'indemnité dans le délai de trois jours après l'exécution du
dernier tir.
Mars
1908 - Partout on coupe des arbres. -
Ouvrez tous les journaux, on trouve 100 articles pour un sur la
nécessité du reboisement. Le gouvernement est le premier à en
proclamer utilité souveraine, indispensable pour éviter les grands
troubles atmosphériques.
Voilà
la théorie ; mais en fait, on coupe les arbres partout, pour un motif
ou pour un autre. À Bénouville, le long du canal, c'est pour pouvoir
exécuter les travaux ; à Hermanville, c'est parce qu'il y a
trop d'ombrages ; à Cabourg, c'est parce que ça fait trop plaisir
aux étrangers de pouvoir humer la brise sans être grillés du
soleil.
Mieux
vaut couper la tête aux roses et la gorge aux hommes que la cime des
arbres, a dit avec raison Vallès. A quand la loi pour empêcher le
déboisement ; cela vaudra beaucoup mieux que de prêcher le
reboisement.
Avril
1908 - Vol à l'église Saint-Pierre. -
Mardi matin, un vol audacieux a été commis en l'église
Saint-Pierre, de Caen. Des malfaiteurs, jusqu'à présent inconnus ont
fracturé les nombreux troncs que possède cette église et en
ont dérobé le contenu. On croit que les sommes ne sont pas très
élevées, car l'argent qu'ils contenaient avait été recueilli
dimanche dernier. La police a ouvert une enquête.
Mai
1908 - La prairie cause d'accidents.
- On nous signale de tous côtés le danger qu'offre aux
enfants, aux vieillards la prairie avec ses fossés en bordure d'une
énorme profondeur et la rivière la Noë. La semaine dernière,
cinq personnes qui passaient en voiture ont failli s'y noyer.
Attendra-t-on un cas mortel ? Une inadvertance, une étourderie ou
un étourdissement quelconque peuvent causer une chute qui aura
peut-être une conséquence mortelle.
Le
moyen de prévenir le danger ? Ce serait tout
simplement de faire installer des clôtures, sans compter que la nuit
les couples amoureux ne seraient plus tentés de prend le fossé
pour un gynécée. Ces filets-là qu'on pourrait tendre en guise de
clôture pourraient les préserver de ceux que leur tend la police et
dont les mailles sont moins relâchées que certaines
mœurs.
Juin
1908 -
Laïcité
coûteuse.
- En
laïcisant à tort et
à travers, comme on l'a fait, on ne s'est pas inquiété de savoir
où on logerait les enfants dans les écoles. A présent le mal est
fait. Partout les classes sont insuffisantes à contenir le flot
toujours croissant des élèves, instituteurs et institutrices sont
débordés. Certaines classes comptent jusqu'à 76 écoliers. L'air
manque, les bancs et les tables aussi. A Caen, rue Guilbert, des
enfants s'assoient sur les marches de la chaire. Aussi les demandes
d'augmentation de traitement, de créations d'emploi et
d'agrandissement de locaux pleuvent-elles de tous côtés. La
municipalité, qu'on sait amie de la laïcité, en est inondée et ne
pourra pas les refuser. L'État ne pourrait-il pas se contenter
d'organiser le gaspillage national sans forcer les communes à des
gaspillages particuliers épuisants pour les petits budgets ?
Juin
1908 -
Naissance.
-
Paul et Hélène ont le plaisir de vous annoncer la naissance de leur
fils Adrien-Désiré-Auguste, à Caen, rue du Milieu, n° 48. Paul
ayant trop bien fêté la naissance de son fils, a oublié de
déclarer sa naissance à l'état civil. (Source. Ach. perso.)
Juillet
1908 - Goudronnage. -
Avis -
En raison des travaux de goudronnage a effectuer incessamment
par le service vicinal, dans les rues du Montoir-Poissonnerie et du
Vaugueux, les riverains sont priés de ne pas arroser ni de
jeter d'eau sur la chaussée, à partir du 28 courant.
Juillet
1908 - Bornes fontaines. - Le maire de
Caen rappelle que procès-verbal sera dressé contre qui usera
des bornes fontaines pour des besoins industriels, pour l'arrosage
des jardins, le lavage sur place de linge, des voitures, des
légumes, du poisson, ou autres objets, l'abreuvage des bestiaux. Il
est également interdit d'y prendre de l'eau avec des tonneaux.
Juillet
1908 - Le nouvel hôpital.
- Le nouvel hôpital et inauguré le 27 juillet. Il prendra le
nom de Clemenceau. Des fêtes grandioses sont organisées à Caen à
cette occasion, présidées en personne par le président du
Conseil, Georges Clemenceau, entouré de deux ministres, M. Viviani et
général Picquart, 25 musiques militaires, soit 1700 musiciens,
animent cette fête également marquée par un banquet de 1800
couverts. Un feu d'artifice et des bals populaires réunissent dans la
prairie quelque 10 000 personnes.
Septembre
1908 -
Taxe sur les chiens. -
Le maire de la ville de Caen, rappelle aux intéressés qu'à
partir du 1er octobre prochain, il sera ouvert à la mairie (bureau
des contributions), un registre destiné à recevoir les
déclarations exigées des possesseurs de chiens.
Les
personnes qui auraient cessé de posséder des chiens, ou qui auraient
changé le nombre ou la destination de ceux qu'elles possèdent,
doivent venir faire une nouvelle déclaration à la mairie.
Faute part elles de remplir cette formalité, elles seraient imposées
d'office d'après les bases de l'année précédente.
Octobre
1908 - Le nouvel hôpital. - Le nouvel hôpital
connaît déjà quelques problèmes : le conseil municipal vote en
urgence 2547 francs pour le chauffage et l'aération du pavillon
mortuaire. Si les défunts n'en ont pas besoin, ce n'est pas le cas du
personnel hospitalier.
Juillet
1909 - Place du Théâtre,
les deux chevaux d'un attelage sont foudroyés par un câble
électrique tombé sur la chaussée.
Décembre
1909 - Statistiques de
population 1908. - le Calvados comptait 403 431
habitants, 3 313 mariages y ont été célébrés, et les décès (8
964) ont été plus
nombreux que les
naissances (8158).
Février
1910 - Pluie
et neige incessantes :
le Calvados n'échappe pas aux inondations. Les basses vallées de
l'Orne et des autres fleuves côtiers sont noyées.
Mars
1011 - Encore la tempête. -
Dans la nuit du samedi 11 au 12, une nouvelle tempête abat des
arbres, arrache des toitures, dont celle de l'église Saint-Pierre.
Décembre
1911 - L'éclairage
publique. - Inauguration d'un éclairage tout au long
des "trois lieues et demie" du canal de Caen à la mer.
Mars
1912 - La chaleur
- La Chaleur anormale se
résout en orages très violents. Lundi 7, à 19 heures des grêlons
énormes saccagent le Jardin des Plantes, hachant le cèdre du Liban.
Le Calvaire de la Maladrerie est brisé, le clocher de la chapelle des
frères, à Hérouville, également.
Mars
1912 - T.S.F. à Caen
- De nombreux appareils construits par des praticiens ingénieux
reçoivent maintenant les dépêches de la Tour Eiffel deux fois par
jour. Signalons entre autres les appareils récepteurs de la Faculté
de l'École normale de l'Abbé Bigard, professeur à Sainte-Marie. Ce
dernier communique au public les nouvelles reçues sur une feuille
exposée dans un magasin de la rue Saint-Jean.
Mars
1912 - L'enlèvement
des immondices et ordures. - Le maire de Caen vient de prendre
arrêté concernant l'enlèvement des immondices et des ordures
ménagères à l'aide du système hygiénique Riffon : le
propriétaire de tout d'immeuble habité située sur le parcours des
itinéraires fixés pour l'enlèvement matinal et quotidien est
tenu de mettre à la disposition des locataires ou habitants de son
immeuble un ou plusieurs récipients spéciaux destinés à recevoir
tous les produits du balayage et des ordures ménagères et de
déposer ou faire déposer ses récipients chaque matin sur le
trottoir et de les faire retirer un quart d' heure au plus tard après
le passage du tombereau ; dans les voies non accessibles aux
banneaux, les récipients seront déposés à l'issue des dites
voies par les soins des habitants ; le service d'enlèvement quotidien
s'effectuera à partir de six heures et demie du matin depuis le
1er avril jusqu'au 30 septembre, à partir de 7 heures en mars et en
octobre, et des 7 heures et demie du 1er novembre jusqu'au dernier
jour de février. Un passage supplémentaire du tombereau sera
opéré le samedi après-midi pour les débris de verre. Les
dispositions du présent arrêté seront applicables à partir du
1ère avril.
Avril
1912 - Le nouveau service de repurgation.
- Hier matin lundi, le nouveau matériel municipal de nettoyage
des rues a été inauguré dans notre ville. Il a eu un grand succès
de curiosité et, sur les portes, nombre de gens observaient
curieusement la manœuvre des nouveaux engins, dont voici la
description succincte : un employé saisi la poubelle
hermétiquement close dont est muni chaque ménage, la renverse sur le
tombereau en l'appliquant sur deux réglettes disposées à cet effet
; en faisant glisser la poubelle vers le milieu du tombereau,
l'employé ouvre du même coup le couvert de la poubelle et une
trappe, par laquelle des ordures tombent.
Un
simple mouvement pour ramener la poubelle la clôt ainsi que la plaque
du tombereau. Toutes les précautions sont ainsi prises que
l'enlèvement des immondices
se
passe sans que l'hygiène publique en souffre. Nous avons
interrogé quelques-uns des conducteurs de tombereaux sur leur nouveau
matériel : ils déclarent ne pas être suffisamment
familiarisés encore avec la manœuvre et se plaignent d'un supplément
de travail. Espérons que l'effort accompli par la municipalité pour
améliorer la voirie caennaise sera couronnée de succès.
Avril
1912 - Entreprises Franco-Allemandes
- Le groupe allemand Thysen participera pour 40 % à la
société en création, compagnie des aux fourneaux et aciéries de
Caen, au capital de 30 millions de francs. Le groupe
français de la compagnie française de constructions mécanique Cail
aura 50 %. On dit que les deux groupe se proposent en outre de
constituer une société minière avec 12.000.000 de francs de capital
et une compagnie maritime avec 3 millions.
Juin
1912 - L'invasion asiatique. -
Depuis quelques temps les routes de Normandie sont sillonnées par des
troupes de Chinois, hommes, femmes, enfants qui surviennent à
leurs besoins en offrant aux passants divers objets fabriqués par
eux. Il y a quelques semaines on les signalait à Alençon et hier à
Bayeux. Les voici aujourd'hui à Caen. Les gamins curieux entourent
ces jaunes à l'air aimable et dépaysé. Les femmes surtout avec
leurs pieds minusculement petits attirent l'attention.
Juillet
1912
- Le service postal du dimanche - M. le Maire
a reçu de l'association des agents des PTT une pétition demandant la
fermeture complète des guichets postaux, le dimanche et jours
de fête, et des services télégraphiques à 7 heures du soir. La
question va être étudié par une commission.
13
août 1912 - La tempête s'est abattue aussi sur
Caen et la région - Dans la nuit de lundi à mardi,
la violence du vent était telle qu'elle a abattu un arbre sur le
grand cours. On a constaté de nombreux dégâts dans les jardins et
à divers immeubles. La rafale a fait notamment tomber une énorme
pierre du haut d'un mur, au 70 de la rue Branville.
Hier,
dans la soirée, l'eau est tombée à flots trois-quarts d'heure
et à changer les rues en torrent. Mercredi après-midi, de nouvelles
et furieuses averses se sont abattues sur Caen et sa région.
En
un clin d'œil les rues furent changées en torrent et des inondations
eurent
lieu dans certaines maisons des rues de Vaucelles,
d'Auge et Saint-Pierre. Dans la plaine de Caen les cultivateurs
sont désolés de ce mauvais
temps continu.
Octobre
1912 - Un scandale retentissant -
Un nouveau et très pénible scandale vient, d'être découvert
à Caen. Celui-là dépasse tous les précédents tant par son
envergure que par la situation sociale de certaines des
personnes inculpées. Il y a jusqu'ici une arrestation, celle de la
faiseuse d'anges, et neuf inculpations, huit femmes ou jeunes filles,
et un homme poursuivi comme complice. La personne arrêtée est la
femme Albertine Lemarchand, 30 ans, journalière à Caen. On
comprendra que nous conservions une certaine discrétion dans
cette lamentable affaire par égard pour les familles dont
certaines sont des plus honorables. Sept personnes inculpées
habitants Caen, une Ouistreham, l'autre Hérouville.
Tous
les inculpés ont fait des aveux complets. Seule la femme Lemarchand a
fait certaines réticences déclarant qu'elle n'entrait en
relation qu'avec des personnes venues l'a trouver des les premiers
moments ou se manifestait leur état. Elle prenait à ses clients pour
prix de ses services une somme en général modique, 10 francs. Aussi
avait-elle une clientèle très étendue.
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