15 Novembre 2024

EUN SYIELLE D'HISTOUÈRE D'CALVADOS   

Page 20

CAEN

  

Canton de Caen

Les habitants de la commune de Caen sont des Caennais, Caennaises.

Janvier 1901   -   Souhaits.  -   Depuis quelques heures, nous sommes entrés dans lé XXe  siècle. Le XIXe aura été, pour la France, un siècle de gloire et de revers, de prospérité et de misère, de haine et de discorde, comme tous les siècles, du reste.

La France s'est agrandie, pacifiquement, de la, Savoie et du comté de Nice, elle a étendu son domaine colonial, mais elle à perdu l'Alsace et une partie de la Lorraine.

En 1800, elle s'imposait à l'Europe, en 1900, elle est descendue au rang des deuxièmes puissances. Triste bilan.

Chers lecteurs, à l'occasion du nouveau siècle et de la nouvelle année, nous, vous adressons nos doubles souhaits de santé et de bonheur, avec l'espérance, que la Providence dissipera les nuages épais suspendus sur l'année qui commence. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1901   -   Le Gui.  -   Le gui exporté en Angleterre à l'occasion de Noël et du jour de l'An provient en grande partie de la Normandie et de la Bretagne. Il s'envoie dans des caisses en bois à claire-voie.

Le gui, payé presque rien par les intermédiaires, est vendu très cher en Angleterre. Cette année, les belles branches ont atteint,à Londres, le prix de 10 f. Pour avoir une petite branche de cette plante porte-bonheur, il fallait débourser 4 et 5 sous. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1901   -   Mentions honorables.  -   Des mentions honorables pour actes de courage ont été accordées à MM. Dion, matelassier à Caen ; Morin, marchand de cidre à Caen ; Blaise, ouvrier tanneur à Saint-Pierre-sur-Dives ; Bouteiller, Bessin et Guilbert, sapeurs-pompiers à Pont-l'Évêque. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1901   -   La dépopulation.  -   Que dirait M. Piot, le député qui veut imposer les célibataires et les ménages sans enfants, s'il venait à consulter les registres de l'état civil à Caen : 893 naissances et 1 574 décès en 1900 !

Et Vire, donc ! 111 naissances et 233 décès!

  Décidément, les morts vont vite dans le Calvados, mais les maris vont bien lentement. Espérons qu'ils rattraperont le temps perdu en 1901.

  En 1900, il y a eu, à Caen, 300 mariages et 12 divorces. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Janvier 1901   -   Vol et violences.  -   Un plongeur voulut plonger sa main dans la sacoche de la demoiselle Charles, artiste lyrique aux Folies-Caennaises, à Caen. La demoiselle ne voulant pas se laisser faire, le plongeur la bouscula. Émile Dubois, 17 ans, plongeur, rue de Falaise, a été arrêté. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1901   -   Vol au musée de Caen.  -   Ces jours derniers, le garde du musée s'aperçut qu'on avait arraché du piton où il était fixé un cadre contenant le buste de deux jeunes femmes en costume Empire.

Ces miniatures sont l'œuvre de M. Elouis, ancien conservateur de notre musée, auquel ils avaient été offerts par sa veuve. La valeur n'en est pas grande, mais ce vol pourrait bien donner l'idée à d'autres dévaliseurs de piller notre musée. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Janvier 1901   -   Morts de froids.  -   Dimanche matin, le cadavre du nommé Eugène Ozenne, 46 ans, journalier, sans domicile fixe, a été découvert dans une des écuries de MM. Primois frères, négociants, place Singer, à Caen.

Ozenne, qui s'y était réfugié pour y passer la nuit, a succombé à une congestion cérébrale occasionnée parle froid.

— Samedi soir, le garde champêtre de Port-en-Bessin trouvait, couché sur les quais, Sylveste Persen, 47 ans, qui vivait ou plutôt qui se servait de l'argent qu'on lui donnait par charité pour boire, aucun aubergiste n'ayant voulut le recevoir, le garde conduisit Persen sous le hangar où il couchait souvent. Il lui offrit à manger, la mendiant refusa, le lendemain on le trouvait mort de froid.

— Le sieur Louis Pibouin, 44 ans, cocher de fiacre au service de M. Lépicier, loueur de voitures, rue Saint-Jean, à Caen, a été trouvé mort dans les écuries de son patron, situées place Singer. Le décès est attribué à une congestion déterminée par le froid.

— Le cantonnier de Saint-Gatien, près Honfleur, a trouvé Albert Quellier, 41 ans, étendu sur la route. Le froid avait saisi ce malheureux qui est mort le lendemain. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Janvier 1901   -   Le froid.  -   Sans crier gare, le froid et la neige viennent de faire leur apparition. C'est général.

Le Midi n'a pas été épargné, depuis 1870, on n'y avait pas vu pareille chute de neige. Plusieurs trains ont été bloqués. Un grand nombre de personnes sont mortes de froid.

— En Autriche, à Vienne, neuf personnes ont été gelées. A Naples, trois mendiants ont été trouvés morts. A Venise, tous les canaux sont gelés. En Russie, c'est pire encore, les agents de police sont relevés d'heure en heure.

— Dans nos régions, la baisse n'a pas dépassé 14 degrés au-dessous de zéro. En Russie, à Moscou notamment, on a enregistré 35 degrés, toujours au-dessous de zéro. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Janvier 1901   -   Un peu d’humanité.  -   Les soldats qui restent seulement une heure ou deux de faction ont des guérites pour les abriter. Les gardiens de nos squares, où il n'y a rien à garder en ce moment, restent exposés des journées entières, sans abris, aux intempéries. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Janvier 1901   -   Le port de la soutane.  -   Plusieurs maires ayant interdit le port de la soutane dans leurs communes, l'archevêque de Paris vient de prescrire aux prêtres de son diocèse de toujours porter la soutane au dehors. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1901   -   Pour les facteurs.  -  A Rouen, à Lille, au Havre, les facteurs de la poste ne font pas de distribution le dimanche après midi.

Il en est autrement à Caen. On assure que l'administration des postes prendrait cette mesure si elle avait l'avis favorable du conseil municipal, mais elle n'a pu l'obtenir jusqu'ici. Le conseil municipal de Caen veut donc faire comme son maire : se mettre tout le monde à dos. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1901   -   Le temps qu’il fait et qu’il fera.  -   D'après les prédictions, il y aura pendant la dernière semaine de janvier des tempêtes et de la neige.

Par contre, février sera beau et doux.

— Pendant les derniers froids, un cheval est mort de froid à Doudeville (Seine-Inférieure).

— Au village de Caux (Hérault), trente maisons se sont effondrées sous la neige. Une femme de 52 ans a été retirée des décombres le crâne broyé.

— En Russie, cinq trains, dans lesquels se trouvaient 1 200 voyageurs, sont demeurés pendant longtemps ensevelis dans la neige aux environs d'Odessa. 4 000 soldats ont été occupés à déblayer la voie.

— 400 pêcheurs auraient péri dans la violente tempête qui a sévi le 10 janvier sur la côte occidentale du Japon. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1901   -   Incident regrettable.  -   On demandait au curé d'une paroisse voisine de Caen d'enterrer une petite fille de deux ans dont les parents demeurent derrière le presbytère. Il répondit : « Il faudra l'apporter au presbytère où je ferai la levée du corps, car je ne me dérangerai pas pour aller la chercher ».

On a fait démarches sur démarches pour le faire changer d'avis. Il s'est obstiné et il a fallu porter le petit cercueil au presbytère où il a été reçu et installé sur deux chaises par la servante du curé. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1901   -   Les demoiselles de magasins.  -   La loi fixant les conditions du travail des femmes employées dans les magasins, boutiques et autres locaux en dépendant vient d'être adoptée définitivement.

On sait qu'aux termes de cette loi les magasins, boutiques, etc…, dans lesquels des marchandises ou objets divers sont manutentionnés ou offerts au public par un personnel féminin, devront être, dans chaque salle, munis d'un nombre de sièges égal à celui des femmes employées.

Ce sont les inspecteurs du travail qui seront chargés de l'exécution de la présente loi, et les chefs d'établissements, directeurs ou gérants, qui y auront contrevenu, seront passibles d'une amende de 5 à 15 francs. L'amende sera appliquée autant de fois qu'il y aura de contraventions. En cas de récidive, les amendes seront considérablement augmentées.

Ajoutons que la loi sera applicable un mois après sa promulgation, c'est-à-dire très prochainement. Donc, les demoiselles de magasin auront bientôt leurs chaises. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1901   -   La Reine d’Angleterre.  -  Mercredi, à Caen, aussitôt qu'a été connue la mort de la reine d'Angleterre, les drapeaux du consulat, de la compagnie des bateaux à vapeur de New-Haven à Caen et de tous les navires anglais actuellement dans le port, ont été mis en berne. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Février 1901   -   Coup monté.  -  Les débitants et négociants en liquides, espérant que la loi sur la surtaxe de l'alcool n'aurait pas d'effet rétroactif, avaient fait des approvisionnements selon leurs moyens. Mais l'Etat, dont l'appétit est insatiable, leur réclame aujourd'hui la différence entre l'ancienne taxe et la nouvelle, soit 63 fr. par hectolitre.

C'est l'impossible pour quelques-uns, la gêne, pour beaucoup. Aussi, le ministre des finances, faisant droit à de justes réclamations, s'est-il engagé a accorder des délais très larges pour l'acquit de cette surtaxe imprévue.

Mais, la parole d'un ministre n'étant pas d'Evangile, les directeurs des contributions indirectes ne l'écoutent pas et envoient à tous les détenteurs d'alcool des avertissements à payer  dans le plus bref délai.

Dans la Seine-Inférieure, ce délai est de vingt-quatre heures, souligné en bleu, dans le Calvados, on accorde trois jours, souligné en rouge. Cette sommation est faite avec la certitude qu'un grand nombre de débiteurs, effrayés par les délais fixés et soulignés, s'empresseraient de s'acquitter.

Quant aux autres, on leur accordera les délais promis par le ministre. Cela démontre que les coups de crayon, rouge ou bleu, des directeurs des contributions sont tout simplement des coups montés pour remplir la caisse de l'État, toujours vide.

Dans la Manche, c'est plus fort encore. Voilà ce que répond le receveur de Coutances aux débitants qui lui parient de la loi et des instructions ministérielles : « J'interprète la loi ma façon. Quant aux circulaires ministérielles, je les ignore. Vous n'avez qu'à payer immédiatement, vous n'avez aucune observation à me présenter. Versez ce que vous devez, puis retirez-vous ». (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1901   -   Acte de dévouement.  -   Le sieur Kerné, 76 ans, demeurant rue du Milieu, à Caen, cueillait des légumes dans son jardin, derrière celui du 36e  de ligne, lorsque, trompé par l'obscurité, il tomba dans un fossé rempli de vase. Il s'y serait infailliblement noyé si les soldats Gougeon et Barthélémy, accourus à son secours, n'étaient parvenus à l'en retirer déjà à demi asphyxié. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1901   -   Ce n’était pas la peine...  -  Ces jours-ci, il aurait fallu des échasses pour traverser nos boulevards. Ce n'était vraiment pas la peine d'aller chercher au loin un ingénieur aux ordures pour qu'il nous fasse ainsi barboter dans plusieurs centimètres de houe. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1901   -   Terrible accident.  -  Le sieur Paul Lemière, 33 ans, préposé des douanes à Caen, demeurant rue du Vaugueux, a été tamponné la nuit, sur le quai du Nouveau-Bassin où il était de service, par un train de marchandises en manœuvre. Le malheureux est mort sur le coup. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1901   -   Règlement maboule.   -   La semaine dernière, par un froid de dix degrés, on avait eu soin de mettre des bouillottes dans les wagons de première du chemin de fer de Caen à la Mer, et on n'en avait pas mis dans les wagons de seconde et de troisième. Or, il n'y avait pas un voyageur dans les premières et il y en avait un certain nombre dans les  troisièmes et les secondes.

Les voyageurs ont demandé des bouillottes. On leur a répondu : « Ce serait contraire au règlement ». Et ils ont dû geler de froid pendant qu'en vertu du règlement on chauffait des wagons où il n'y avait personne. Quelle belle chose que les règlements ? (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1901   -   L’alcool dans l’armée.   -   Dans certains régiments, on a donné aux cantiniers le 1er mars, comme dernier délai, pour écouler leur provision d'alcools. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Février 1901   -   Né dans un square.  -  La nommée Marie Renouf, 29 ans, journalière à Caen, rue St-Jean, est accouchée, lundi clans la matinée, d'un enfant du sexe masculin, dans le square St-Pierre, près la porte d'entrée de l'église. La mère et l'enfant ont été conduits à l'hôtel-dieu, par les soins de M. Daudet, commissaire de police. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1901   -   Le carnaval à Caen.  -  Le temps n'a pas favorisé le carnaval. Néanmoins, dimanche et mardi, la foule s'est promenée dans les rues, sous la neige. Ample consommation de confettis.

Mardi, il y a eu beaucoup de monde au bal du théâtre. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1901  - Le courrier.  -  Le conseil municipal de Caen vote un avis favorable à la suppression des distributions de courrier le dimanche après-midi. Les facteurs travaillent toujours le dimanche après-midi. On attend en effet l'avis conforme de la Chambre de Commerce.

 

Mars 1901   -   Morts subites.  -  Le sieur René Valogne, 22 ans, clerc d'avoué à Pont-l'Evêque, est mort subitement d'une congestion, en se rendant chez un cultivateur pour y photographier son jeune enfant décédé.

— On à trouvé mort dans son domicile le sieur Henri Lecesne, 35 ans, sans profession à St-Pierre-sur-Dives.

— La dame Fromond, 32 ans, femme du chef de gare du tramway (Ouest-Bayeux), s'est trouvée subitement indisposée, la nuit, et a expiré.

— Le sieur Frédéric Madelaine, 37 ans, cocher aux Omnibus-Tramways, à Caen, est mort subitement, lundi, dans la rue, d’une maladie de cœur. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1901   -   Disparition.  -  Le sieur Charles Frémont, 18 ans, domestique à Caen, hameau de la Maladrerie, est disparu depuis le premier mars. (Source  : Le Bonhomme Normand )

 

Mars 1901   -   Adultère.  -  La femme Geneste, née Marthe Godefroy, 25 ans,  ménagère, et Émile Jeanne, journalier, demeurant ensemble rue Neuve-St-Jean, 30, à Caen, ont été pincés, le matin, en flagrant délit d'adultère, à la requête du sieur Geneste. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1901   -   La neige et le froid dans le Calvados.  -  Nous avons eu, cette semaine, une recrudescence de l'hiver. Le froid a été très vif dans le Calvados. Sur certains points, le thermomètre est descendu jusqu'à 14 degrés au-dessous de zéro. Puis est survenu le verglas.

Mercredi matin, les chemins étaient absolument impraticables. Beaucoup de laitiers ont dû venir à pied à Caen. On craint que les récoltes n'aient beaucoup souffert. La neige est tombée assez abondamment. Du reste, il en est tombé presque partout et le froid est généralement très vif.

Dans certains endroits, il y a eu 18 degrés au-dessous de zéro. Dans l'Est, on a mesuré jusqu'à un mètre de neige. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1901   -   Une vespasienne S.V.P..  -  Aux alentours du marché au poisson, à Caen, on en compte jusqu'à trois pour ainsi dire côte à côte, sans compter le chalet qui avoisine l'église St-Pierre et qui serait, d'une plus grande utilité s'il était plus rapproché du tramway.

— Sommes-nous de purs esprits et nous croît-on incapables d'éprouver le moindre besoin, même avant de monter en chemin de fer ? On le penserait, puisque l'on néglige d'installer même le plus petit urinoir à proximité du tramway Decauville. Aussi, le derrière de la gare du Bassin en voit-il beaucoup d'autres chaque soir. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Mars 1901   -   Choses municipales.  -  Le conseil municipal de Caen, dans sa séance de mercredi, a émis un avis favorable à la suppression des distributions de lettres le dimanche l'après-midi. Les facteurs auront donc enfin une demi-journée de repos par semaine.

— Il a décidé la suppression des étalages, même celle des planchettes sur lesquelles les coquetiers étalent leurs marchandises. Les terrasses des cafés ne seront pas supprimées.

— Il a voté 100 francs pour le monument à élever à Formigny en commémoration de la victoire qui, en 1450, délivra la Normandie des Anglais. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1901   -   Un sénateur qui n’aime pas la musique.  -  M. Delpech, sénateur, qui a fait ses études au lycée de Caen et qui a été ministre des postes, se plaignait, l'autre jour, à la tribune du Sénat, que des « instituteurs du Calvados continuent à jouer de i'harmonium dans les églises ». L'ex-ministre aimerait peut-être mieux les voir jouer à colin-maillard, dans les bois, en compagnie des filles. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1901   -   Déplacement du barrage de l’Orne.  -   Le barrage du Grand-Cours va être prochainement supprimé et reporté à la place où se trouvait le bac de Mondeville. Excellente idée, car ainsi, entre chaque marée, ne seront plus mis à nu ces amoncellements de vases qui n'avaient rien d'hygiénique et encore moins d'attrayant pour les voyageurs arrivant à Caen par la gare. Les bateaux à vapeur du Havre feront leur service par le Canal.

La chambre de commerce de Caen contribuera pécuniairement à ce changement utile. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1901   -   Ceux que l’on décore.  -   Le Mérite agricole a été créé pour récompenser ceux qui se livrent à l'agriculture. Or, en 1900, sur 112 nominations, 27 ont été accordées à des fonctionnaires, 3 à des ordonnances du ministre de la guerre, 2 à des employés d'octroi, 1 à un confiseur et 1 à un agent d'assurances contre la grêle.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1901   -   Découverte d’ossements.  -   On fait, en ce moment, des fouilles importantes dans la cour de la maison n° 6 de la place de la République. C'est pour y construire des sous-sols où seront déposés les coffres-forts du Crédit lyonnais.

En faisant, ces fouilles, on a découvert de nombreux ossements humains, car c'est là que se trouvait autrefois le cimetière de Notre-Dame de Froide-Rue, agrandi, en 1457, de cent pieds de terre en carré, dans les Prez, derrière la boucherie, concédés par Alain Goyon, alors grand écuyer de France .

Autre découverte. - On fait en ce moment des fouilles dans l'enceinte du château de Caen, pour la construction de la caserne destinée au 4e bataillon.

Un tombereau s'est enfoncé subitement dans le sol, mettant à jour une cavité d'une profondeur de plusieurs mètres. Il est à supposer que cette cavité fait partie de souterrains qui reliaient le château à la place Saint-Pierre. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1901   -   Hier et aujourd’hui.  -   « Mardi-Gras n' t'en va pas, Nous ferons des crêpes, T'en mangeras, Et tu r'viendras... » Ainsi chantaient nos pères, qui fêtaient joyeusement le Mardi-Gras et la Mi-Carême et mangeaient volontiers des crêpes.

Mardi-Gras revient depuis, chaque année, et, plus tard, la Mi-Carême, mais on chante moins. On boit plutôt qu’on ne mange. Aussi voit-on beaucoup plus de  femmes se crêper le chignon et moins de gens avaler des crêpes. L'esprit court toujours les rues sous des formes diverses, mais ces blocs enfarinés n'ont pas toujours la verve endiablée des « pézoux » et la gaieté capricieuse des arlequins d'autrefois. Le temps change, les masques aussi. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1901   -   Un misérable.  -   Le nommé Charles Cotentin, 43 ans, ouvrier charron, rue Montoir-Poissonnerie, 33, à Caen, a été arrêté sous l'inculpation d'attentats à la pudeur sur deux fillettes, l'une de 5 ans et demi et l'autre de 9 ans. Ces attentats auraient communiqué une affection dangereuse à la plus jeune. (Source  : Le Bonhomme Normand )

 

Mars 1901   -   La Mi-Careme.  -   Temps favorable, grande animation dans les principales rues de Caen et jet à profusion de confettis. A citer un groupe d'étudiants costumés avec esprit et la retraite-surprise donnée par la Société des trompettes « le Réveil ».

— Au bal du théâtre, Beaucoup de monde au « point de vue », mais pour ne rien voir, car les danseurs et les danseuses étaient peu nombreux. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1901   -   Réduction de la durée du service militaire.  -   Il est sérieusement question de réduire la durée du service militaire à deux ans. Cette loi serait précédée d'une autre sur les engagements et les réengagements des sous-officiers et soldats, afin de former des cadres avec des soldats ayant cinq ans de service. (Source  : Le Bonhomme Normand )  

 

Avril 1901   -   Trop d’embonpoint.  -  Les agents chargés de la répression de la fraude ne prennent pas toujours les vessies pour des lanternes. Léon Prèvel, 28 ans, journalier à Caen, et Eugène Thomasse, 62 ans, carrier à Allemagne, en savent quelque chose.

Le commissaire de surveillance à la gare de Caen, apercevant que Prével éprouvait de grandes difficultés, en raison de son volume, à descendre d'un compartiment, l'invita à se rendre à  son bureau afin de s'assurer si son embonpoint était naturel. Se voyant pincé, Prèvel donna deux coups de couteau dans les deux vessies qu'il dissimulait sous sa blouse, et prit un bain de pied d'eau-de-vie qu'il eût préféré boire.

Quelques jours après, c'était un employé d'octroi qui arrêtait Thomasse, porteur aussi de deux vessies contenant chacune trois litres d'eau-de-vie de cidre.

Tous les deux ont été condamnés à six jours de prison, et à 500 fr. d'amende chacun.   (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1901   -   Accident mortel.  -   Lundi vers 8 heures 1/2 du soir, M. Delaunay fils, marchand de vins, rue de Geôle, à Caen, passait en voiture, place des Petites-Boucheries, et conduisait à une vitesse modérée. Apercevant la femme Louise Lebailly, 30 ans, balayeuse, il lui cria, à plusieurs reprises, de se garer, mais, au lieu de tenir compte de ces appels, elle vint se jeter inconsciemment contre la voiture qui la renversa.

Les premiers soins lui furent donnés à la pharmacie Mauduit et M. Delaunay la fit ensuite transporter à l'hôtel-Dieu où elle mourut quelques heures après. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1901   -   Viols et vol.  -   La police de Caen a arrêté Albert Bretocq, 21 ans, cocher de fiacre, promenade du Fort, et Paul Lecaudey, 23 ans, garçon d'écurie, place Saint-Martin, 22.

Bretocq est inculpé d'avoir violé, la nuit, la jeune Victorine Prestavoine, 18 ans, demeurant chez ses parents à Noyers-Bocage, de passage à Caen, qu'il avait fait monter dans sa voiture, et de lui avoir volé une montre et une chaîne le tout estimé 35 fr.

Lecaudey est accusé de tentative de viol sur la jeune Prestavoine dans les mêmes circonstance.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1901   -   Que de retards.  -   La décision supprimant à Caen la distribution des lettres le dimanche après-midi n'est pas encore prise.

Quelles peuvent donc être les causes qui font ajourner ainsi une mesure si utile pour les facteurs et qui ne porte préjudice à personne ?  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1901   -   Cheval tué.  -  Le sieur Dubosq, cocher chez M. Lépicier, carrossier et loueur de voitures à Caen, conduisait un fiacre, rue Saint-Jean, dimanche, vers 11 heures 3/4 du soir,  quand son cheval s'est défoncé le poitrail sur le brancard d'une roulotte non éclairée, venant en sens inverse.

L'animal a été tué sur le coup. Il est assuré pour 280 fr. La roulotte était conduite par les femmes Chauvin, 40 ans, marchande ambulante, et Lesage, 49 ans, toutes deux sans domicile fixe. Elles étaient en état d'ivresse. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Avril 1901   -   Causes de la dépopulation.  -  Pendant que les marchand s e t débitants de vins et eaux-de-vie demandent la diminution des droits sur l'alcool, les médecins du Calvados, sur la proposition du docteur Vigot, déclarent à l'alcool une guerre sans merci. D'après eux, l'alcool est un excitant dangereux, il est la cause directe d'un grand nombre de maladies mortelles, il favorise l'invasion de la tuberculose et de la phtisie pulmonaire, il conduit au crime et à l'aliénation mentale, il est un des facteurs les plus importants de la dépopulation, il menace de destruction prochaine notre race toute entière.

— A l'appui de sa thèse, le docteur Vigot cite Caen comme exemple : 893 naissances contre 1 574 décès en 1900, différence, 681.

— Nous laissons à d'autres le soin de rechercher si les médecins ne sont pas pour quelque chose dans cet excédant de mortalité. Quant au journal la Croix, sans nier l'influence néfaste de l'alcool, il pense que la dépopulation est plus grande depuis qu'on a supprimé Dieu de la morale et de l'école, où on n'enseigne plus le mystère de l'Incarnation. Il y a du vrai, assurément, en ce qui concerne l'abus de l'alcool. Cependant, en Angleterre, où les femmes boivent autant que les hommes, la population augmente. Si elle diminue en France, c'est que, pour les familles nombreuses, il est très difficile aujourd'hui d'élever et de caser leurs enfants. Dieu bénit bien les longues familles, mais il ne les nourrit pas,  l'État non plus. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1901   -   La pêche aux huîtres.  -  Les gouvernements français et anglais ont fixé au 15 juin la clôture de la pêche des huîtres dans les eaux commîmes de la Manche. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1901   -   L'orage.  -  L'orage de mardi a causé de graves dégâts à la manutention militaire, à Caen. Des quantités importantes de café en sacs et de lard ont été avarices, il y avait un mètre d'eau dans les magasin. Les caves des riverains du Petit-Odon ont été inondées. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1901   -   Récompenses honorifiques.  -   Le ministre de l'intérieur vient de décerner une médaille d'honneur à M. Hourtin, instituteur à Mouen, chevalier du Mérite agricole, pour les services qu'il a rendus à l'œuvre de protection du premier âge.

— Une médaille de bronze a été décernée à M. Victor Commin, commissaire de surveillance administrative des chemins de fer, à Caen, pour avoir porté secoure à une personne en danger d'être écrasée par un train.

— Une médaille a été accordée au mousse Louis Bertot pour sauvetage d'un enfant à Grandcamp, au mois de septembre.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1901   -   Enfin !.  -   Les facteurs de Caen vont donc être libres le dimanche après midi, car, à partir du 12 mai, est supprimée, les dimanches et jours fériés, la distribution des correspondances qui a lieu actuellement à Caen à 3 heures 15 du soir. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1901   -   Les orages.  -   L'orage qui s'est déchaîné samedi soir, sur Caen, s'était fait sentir sur différents points, en France.

La veille, à Chalon-sur-Saône, la foudre est tombée sur une compagnie du 46e, en manœuvre, plusieurs soldats ont été blessés.

Le même jour, à Villeloup (Aube), les époux Linard en revenant des champs, ont été tués par la foudre.

Dans l'Ardèche, la grêle a tout détruit. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1901   -   Le premier jour de congé.   -    C'est dimanche que les facteurs de Caen ont joui de leur premier après-midi de congé hebdomadaire. Ce n'a pas été sans mal que ces modestes fonctionnaires l'ont obtenu, car l'avis favorable du conseil municipal de Caen, émis pour la suppression de la distribution du courrier l'après-midi des dimanches et fêtes, n'a pas suffi à l'administration supérieure. Elle a réclamé aussi l'avis de la chambre de commerce. Ces messieurs du gros négoce n'ont pas osé refuser franchement, ils ont déclaré être favorables à la suppression du service le dimanche l'après-midi, mais « lorsqu'il aura lieu partout ».

Les membres de la chambre de commerce exigeaient aussi que, dans le cas de suppression du service l'après-midi du dimanche, ils puissent aller retirer leurs lettres. Or, ces messieurs ne sont presque jamais à Caen le dimanche et ils veulent qu'il reste des employés à la poste pour faire le tri de leurs lettres qu'ils n'iront pas chercher une fois l'an.

En quoi la suppression de cette distribution du dimanche peut-elle nuire aux cuirs de M. Noé Barbé, aux grains de M. Gombault, aux vins de M. Knell, aux planches de M. Docagne, aux  garde-manger de M. Larue et aux drogues de M. Mullois ?

Le ministre du commerce n'a pas tenu compte de ce vœu aussi conditionnel qu'égoïste, il a accordé à nos braves facteurs le congé hebdomadaire demandé,

et il a bien fait. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1901   -   Abandon d’enfant.   -  On a déposé près de la grille de l'hôtel-Dieu, à Caen, un enfant du sexe masculin, de 8 jours environ et bien constitué. Dans les vêtements de l'enfant se trouvait une lettre ainsi conçue : « Pour sauver deux malheureuses du suicide, par pitié prenez cet enfant qui est à votre porte, de grâce ne faites rien savoir dans les journaux, je saurai, plus tard vous en témoigner une sincère et éternelle reconnaissance ; il n'est pas baptisé. Une désespérée ».  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1901   -   Pourquoi les tramways ne marchent pas.   -  Les journaux anglais publient qu'à Glasgow, en vingt-quatre heures, il y a eu dix-huit accidents causés par les tramways électriques, les gens n'osent plus traverser les rues.

   La Compagnie des tramways redoute, sans doute, qu'il en soit ainsi à Caen :  voilà pourquoi elle retarde le plus possible la mise en circulation de ses véhicule.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1901   -   Messieurs les maires, attention.   -   Le maire de Serrières-de-Briord (Ain) a été condamné à 300 fr. d'amende pour avoir procédé à un mariage malgré l'opposition, régulièrement signifiée, de la mère du futur.  (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Juin 1901   -   Les puanteur de l'Orne.   -   La rivière l'Orne charrie en ce moment, entre Caen et la mer, de nombreuses charognes. Chiens, chats, moutons crevés voyagent avec le flux et le reflux, stationnant de-ci, de-là, exhalant l'infection. Personne ne s'en occupe.

Attendra-t-on que ces corps en putréfaction nous aient donné la peste.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1901   -   La fièvre aphteuse.   -  A la réunion des agriculteurs de France, section du bétail, il a été constaté que la mortalité des bestiaux atteints de la fièvre aphteuse s'élevait à 50 %.

Un membre s'est plaint de la mauvaise volonté de certains éleveurs à combattre le fléau. Un autre membre a recommandé de nouveau les seringages énergiques de sulfate de fer en solution à 20 %, répétées deux ou trois fois par jour, dans la bouche  et sur les autres parties atteintes par la maladie. Il importe qu'une certaine quantité de liquide pénètre dans l'œsophage.

C'est, a dit M. Croquevielle, le seul procédé qui a donné des succès constants. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1901   -   Cheval et voiture à l’eau.  -   Un banneau attelé d'un cheval, appartenant à la maison Allainguillaume, était en chargement sur le quai de Juillet, à Caen, quand l'animal fut mordu par un autre qui se trouvait à côté de lui. Le cheval recula et tomba avec le banneau dans l'Orne.

Comme l'eau était basse, animal et véhicule furent retirés presque aussitôt sans avoir été endommagés. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1901   -   Les étalages du Passage Bellivet.  -   Une grosse légume de la mairie de Caen, enragée contre les étalages, a donné l'ordre à un agent de sommer les commerçants du passage Bellivet d'enlever les leurs. Ils ont refusé. Ils ont même dit que si on les embêtait, ils fermeraient le passage comme c'est leur droit et iraient s'établir à La Délivrande. Voilà ce qui serait de bonne... guerre, hein ! (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1901   -   Station pomologique.  -   C'est décidé : nous aurons une station pomologique à Caen dont on attend de brillants résultats. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1901   -   Réclamation.  -   Les commis coiffeurs de Caen demandent que le travail cesse tous les soirs, à 9 heures. C'est justice, à condition toutefois qu'exception soit faite pour le samedi soir. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1901   -   Respect au drapeau.  -   Il y a quelques jours, on interdisait, aux commerçants d'inscrire la mise en vente de leurs marchandises sur le drapeau tricolore. Par extension, le préfet du Calvados vient d'interdire aux congrégations d'orner le drapeau national de l'insigne du Sacré-Cœur. « Sont interdits dans le Calvados, dit l'arrêté, l'exposition et le port de drapeaux, soit sur la voie publique, soit dans les édifices, emplacements et locaux librement ouverts au public. Sont exceptés de cette mesure, les drapeaux aux couleurs nationales françaises, à la condition de ne porter d'emblème ou d'insigne d'aucune sorte, les drapeaux aux couleurs nationales étrangères et ceux qui servent d'insignes aux Sociétés autorisées ».

Dimanche, le drapeau tricolore a continué à figurer aux processions de la Fête-Dieu, mais avec une bande de papier blanc apposée sur les insignes du Sacré Cœur, comme sur les affiches du théâtre on annonce les relâches pour cause d'indisposition.

A la procession de Saint-Pierre, on avait bien collé du papier sur le Sacré-Cœur ; mais, de l’autre côté, on pouvait lire : « Honneur et Patrie ». Ce n'était guère séditieux et cependant contraire à l'arrêté préfectoral, aussi procès-verbal a-t-il été dressé au jeune porteur du drapeau par l'agent de police Tasset, un ancien thuriféraire de St-Pierre. On n'est trahi que par les siens.

Les processions de la Fête-Dieu se sont accomplies partout avec calme, malgré les nombreux procès-verbaux dressés pour infraction aux arrêtés sur les insignes. Cependant, à Saint-Nazaire (Loire-Inférieure), des amis de la liberté pour eux ont essayé d'entraver la procession suivie par la majorité de la population. A Firminy, près Saint-Etienne, des jeunes gens ont essayé de troubler la procession en chantant la Carmagnole. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Juin 1901   -   Abandon d’enfants.  -  Un allumeur de la Compagnie du gaz a trouvé, dans la nuit de dimanche à lundi, à la porte de l'établissement des religieuses de l'hôtel-Dieu, à Caen, deux jeunes enfants : un petit garçon de 15 mois et une petite fille de 3 mois. Ils étaient couchés sur un vieux jupon, leur linge était propre et en bon état. Le petit garçon, en voyant un homme s'approcher de lui, lui tendit les bras et cria de toutes ses forces : Papa ! papa !!!

Les deux petits êtres, qui sont bien portants, ont été recueillis à l'hôtel-Dieu. Une enquête est ouverte par la police pour découvrir l'auteur de ce coupable abandon. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1901   -   Fermeture des magasins.  -  Ce soir jeudi, à 10 heures, réunion publique à l'hôtel de ville de Caen, pour obtenir la fermeture des magasins à neuf heures le soir en semaine, et à midi le dimanche, a partir du 15 juin jusqu'à fin septembre. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1901   -   Interprétation difficile.     Le procès-verbal dressé lors de la procession de la Fête-Dieu contre un vicaire de Saint-Pierre de Caen, pour port d'un drapeau tricolore portant l'inscription : « Dieu et Patrie », aura-t-il des suites ?

L'arrêté préfectoral défend l'exhibition de drapeaux portant des emblèmes ou des insignes. Pour poursuivre, il faut établir que les mots « Dieu et Patrie » sont un emblème ou un insigne. Mais, comme ils ne sont ni l'un ni l'autre, la contravention pourrait bien tomber dans l'eau. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1901   -   Mauvais père.  -   On a arrêté le nommé Pierre Tanguy, 35 ans, cordonnier rue des Jacobins, 9, à Caen, pour mauvais traitements et sévices graves sur ses deux garçons, âgés de 7 et 8 ans.

Les pauvres petits couchaient dans un coin de l'échoppe, sur un amas de loques informes, sans paillasse ni matelas. Ils manquaient souvent de nourriture.

Au moment de la visite du commissaire, ils n'avaient a manger que des pommes de terre cuites à l'eau. Leur père, un ivrogne incorrigible, les frappait fréquemment avec son tire-pied. Ces enfants martyrs ont été recueillis à l'hôtel-Dieu. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1901   -   Coups de tonnerre.  -   Un orage a éclaté à Caen, dimanche matin, vers sept heures. La foudre est tombée sur la cheminée du sieur Le Berruyer, boulanger, place des Petites-Boucheries. Elle est passée à côté du patron sur lequel le garçon boulanger a été projeté,  ils en ont été quittes pour une violente commotion.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1901   -   Une question.  -  Le maire de Caen rappelle qu'au moment de l'arrosage des ruisseaux, les habitants sont tenus de les nettoyer au balai et d'arroser la moitié de la voie publique devant leurs habitations.

Comment, feront les habitants absents dont, les maisons seront fermées et les petits boutiquiers qui auront, pendant la circulation de l'eau, des clients à servir ? (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1901   -   Ou le « chahut » peut vous mener .  -  La demoiselle Louisa Judic, chanteuse de café-concert, est dans sa 28e année. Une nuit qu'elle était restée à « chahuter » jusqu'à deux heures du matin aux Folies-Caennaises, elle fit, pour son malheur, la rencontre de deux agents de police auxquels elle chanta l'air connu : « Les agents sont d'braves gens... »

Les représentants de l'autorité l'invitèrent à se taire. La Judic des Folies-Caennaises changea alors de ton et cria aux agents qu'ils « la faisaient... venter ». Une double contravention fut faite à la demoiselle qui a comparu jeudi en police correctionnelle, où elle a été condamnée à 11 fr. d'amende pour tapage et à 16 fr. pour avoir chanté sottises aux agents.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1901   -   Éclairage.  -  300 becs Auer vont être installés à Caen comme essai. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1901   -   Les petits profits de la fraude.  -  Louis Prevel, 28 ans, domestique à Caen, rue des Teinturiers, est cet individu surpris à Caen au moment où il passait en fraude 17 litres d'eau-de-vie de cidre renfermés dans deux vessies dissimulées dans un filet.

En mars dernier, Prevel avait déjà été condamné à l'amende pour fraude. Cette fois, il attrape un mois de prison et 1 200 fr. d'amende, soit, avec les décimes et les frais, près de 1 600 fr. à verser au Trésor. Or, comme Prevel n'a pas le sou, il devra, pour liquider son dû, faire en prison huit mois de contrainte par corps. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1901   -   Une femme brûlée vive.  -  Mardi soir, vers neuf heures, un incendie a éclaté à Caen, rue Saint-Pierre, dans la maison de M. Jolain, charcutier.

Le feu a pris au 1er étage chez une demoiselle Dolbec, 21 ans, par suite de la chute d'une lampe à pétrole renversée par un chien. Il a gagné rapidement l'appartement du troisième étage occupé par une dame Marie, 36 ans, ouvrière tulliste, née à Lasson. Celle-ci qui était descendue au 1er étage, remonta chez elle pour prendre quelques objets. Quand elle voulut redescendre, les flammes l’empêchèrent de sortir. Elle ouvrit sa fenêtre en appelant désespérément. On entassa des matelas sur le trottoir et on lui cria de se jeter par la fenêtre, mais les forces lui manquant, au lieu de sauter, elle se laissa choir et tomba sur le balcon du 1er étage. C'est là qu'elle fut brûlée vive, malgré les efforts tentés par de courageux citoyens pour la sauver.

Pendant ce temps, les pompiers arrivaient, mais les bouches d'eau fonctionnaient mal et ce fut après un temps assez long qu'ils purent attaquer le feu et se rendre maîtres de l'incendie.

Si les secours étaient arrivés plus rapidement et si on avait eu l'échelle de sauvetage, la femme Marie aurait pu être sauvée. Son cadavre a été porté à la morgue.

L'immeuble est complètement détruit. Les pertes sont évaluées à 15 000 fr. pour le propriétaire, M. Billiard, et 16 000 fr. pour M. Jolain. Assurés. Clémence Dolbec, non assurée, déclare éprouver une perte de 2 000 francs. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1901   -   Sus aux écraseurs.  -  MM. Le Comte et Chéron ont fait adopter au conseil général un vœu demandant qu'il soit interdit aux constructeurs de moteurs de leur donner une vitesse supérieure à 30 kilomètres à l'heure et de défendre aux chauffeurs de dépasser une vitesse de 6 kilomètres à l'heure dans les villes et les communes.

Nous ne saurions trop appuyer ce vœu émis au lendemain de la « quinzaine sanglante » que nous venons de traverser et au cours de laquelle il s'est produit dans le Calvados, quinze accidents, dont un mortel, causés par les automobiles lancées à toute vapeur.

— Un grand nombre de conseils généraux ont émis des vœux analogues. Espérons que leur voix, jointe aux cris de douleur poussés par les victimes des écraseurs, sera enfin entendue. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Septembre 1901   -   Coups de couteau.  -  Pierre Poulain, 32 ans, employé au chemin de fer de l'Ouest, à Caen, brutalisait son enfant qui pleurait. Son voisin, le sieur Journeau, aussi employé au chemin de fer, entendant l'enfant crier, accourut. Mais Poulain, s'armant d'un couteau, se précipita sur lui et le frappa d'un coup de couteau à la tête. La blessure n'est pas alarmante.

— Deux domestiques du couvent de la Vierge-Fidèle, à la Délivrande, au cours d'une querelle, se sont jetés l'un sur l'autre à coups de couteau et de sécateur et se sont fait réciproquement des blessures graves. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Septembre 1901   -   Après la tempête, le calme.  -  Depuis quelque temps, le concessionnaire des droits de place, à Caen, harcelait, comme un chien enragé, les marchands et les marchandes de nos marchés. Aujourd'hui, M. Servat est coulant comme une anguille. On dit même, que ce petit roi de nos places et de la poissonnerie aurait acheté un barriquet de cidre pour rincer la dalle de ceux qui se la sont desséchée à crier après lui. Ce procédé, renouvelé d'un candidat célèbre à la députation, ne réussit presque jamais, car les gosiers en pente boivent toujours à votre santé, mais là se borne généralement leur gratitude.

Cette métamorphose de M. Servat est due, paraît-il, à une intervention de la mairie qui lui a enjoint de se conformer strictement aux clauses de son cahier des charges.

Il était temps, car c'était honteux de voir ce horsain traiter comme des chiens de modestes commerçants dont le seul crime est de ne pas avoir magasin sur rue. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1901   -   La chasse.  -  L'ouverture a été généralement bonne partout.  A Caen, les deux premiers jours, on a entré 1 069 perdrix de plus que l'année dernière et 174 cailles également en plus ; mais on a enregistré 32 lièvres de moins qui sont sans doute passés à côté. Dans les journées de dimanche et de lundi, il a été déclaré à l'octroi de Caen 167 lièvres contre 199 en 1900 ; perdrix, 2 907 contre 1 838 l'an dernier ; cailles, 429 contre 255 en 1900.

  Les perdrix se payent à Caen, comme à Paris, de 1 fr. 25 à 2 fr. 50 ; les lièvres de 5 à 8 fr. ; les cailles, 1 et 1, 25. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1901   -   Qui a touché ?  -  Le fossoyeur du cimetière de Vaucelles, à Caen, est venu nous déclarer qu'il ne touche jamais de salaire pour l'ouverture des fosses destinées aux cadavres provenant de la morgue. De son côté, la mère d'Anatolie Marie affirme avoir donné 1 fr. 00 à un individu qu'elle ne connaît pas et qu'il serait intéressant de connaître. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1901   -   Gaspillage d’eau.  -   On voit bien que l'eau ne coûte rien au préfet. L'autre dimanche, elle coulait avec une telle abondance par dessous la porte du jardin que les passants étaient obligés de descendre le trottoir pour ne pas prendre un bain de pied. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1901   -   Accident mortel.  -   Vendredi soir, le petit Gabriel Borras, 2 ans et demi, jouait devant le domicile de ses parents, marchands de primeurs, rue Saint-Jean, 114, à Caen, lorsqu'il tomba sous les roues d'un fiacre, dont l'une des roues lui scalpa le cuir chevelu. Le pauvre petit est mort des suites de cet accident. La voiture était conduite par le cocher Le Prieur, qui allait à une allure très modérée. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1901   -   Les dangers du vieux bassin.   -   La femme Grange, ramasseuse de chiffons à Caen, rue Saint-Jean, est tombée accidentellement, le soir, dans le vieux bassin, elle en a été retirée saine et sauve, presque aussitôt, par deux douaniers de service sur le quai.

— Des douaniers ont retiré également, non sans efforts, du vieux bassin où il était tombé, la nuit, par suite de l'obscurité, le sieur Anatole Guillot, 52 ans, propriétaire à Formigny, près Trévières, qui était de passage à Caen. Il a dû être conduit d'urgence à l'hôtel-Dieu.

— On a aussi repêché dans le vieux bassin, à Caen, le cadavre du sieur Joseph Pavoine, 36 ans, ouvrier maçon, demeurant rue Caponière, et disparu depuis huit jours de son domicile. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Septembre 1901   -   Demi-mesure.   -   Un décret réglemente la vitesse des automobiles et leur enjoint de ne pas dépasser cinq lieues à l'heure en traversant les villes et villages, ce qui représente la vitesse d'un train direct de Caen à la Mer.

Allez donc vous garer de ça au milieu de la rue St-Jean !

— D'après le même décret, les voitures susceptibles de dépasser la vitesse de 30 kilomètres à l'heure devront porter, à l'avant et à l'arrière, un numéro d'ordre permettant de les reconnaître. Quant aux autres voitures, elles peuvent vous écraser sans qu'aucun signe extérieur puisse faire connaître les auteurs de ces accidents si fréquents. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1901   -   La criminalité en Normandie.   -  Pendant l'année 1899, il a été prononcé dans les trois départements du ressort de la cour de Caen (Calvados, Orne, Manche) 32 condamnations à la relégation, 105 condamnations pour crimes, 5 813 condamnations à l'emprisonnement. La moyenne donne 471 condamnés par 100 000 habitants.

Les condamnations pour vol sont au nombre de 1820. Le vagabondage en fournit 663. Les abus de confiance, escroqueries, faits de mœurs sont en très minime proportion. Les rixes et coups viennent en première ligne. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1901   -   La chasse.  -  L'ouverture a été généralement bonne partout.

A Caen, les deux premiers jours, on a entré 1 069 perdrix de plus que l'année dernière et 174 cailles également en plus ; mais on a enregistré 32 lièvres de moins qui sont sans doute passés à côté. Dans les journées de dimanche et de lundi, il a été déclaré à l'octroi de Caen 167 lièvres contre 199 en 1900 ; perdrix, 2 907 contre 1 838 l'an dernier ; cailles, 429 contre 255 en 1900.

  Les perdrix se payent à Caen, comme à Paris, de 1 fr. 25 à 2 fr. 50 ; les lièvres de 5 à 8 fr. ; les cailles, 1 et 1, 25. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1901   -   Le téléphone.   -   Le téléphone est en si bonne voie que les intéressés réclament non seulement l'installation du deuxième circuit, mais aussi le rattachement de Caen au littoral. Le capital est trouvé.

Comme la première fois, le baron Gérard et le comte Foy ont bien voulu répondre à la demande de M. Bures, administrateur de la Société, et avancer les fonds nécessaires. Il ne reste à trouver que les intérêts.

Le conseil général a voté 1 500 fr., la ville de Caen votera certainement la même somme. Les communes du littoral auraient dû être les premières à s'inscrire, car avec le téléphone elles ramèneraient de nombreux parisiens qui ont émigré de l'autre côté de l'Orne où le téléphone leur permet de correspondre facilement avec leurs établissements. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Octobre 1901   -   Qu’est-ce que l’Hydromel ?   -   Cette boisson, qui figure dans l'énumération des boissons hygiéniques récemment dégrevées, n'est autre qu'un vin de miel dont nos ancêtres étaient très friands.

Sa fabrication est facile : on prend 20 kilos de miel pour un hectolitre d'eau et on y ajoute 150 grammes de levain de pain. Mettre le tout dans un fût bien bouché, l'agiter et le laisser fermenter deux à trois mois, en ayant soin de tenir toujours la barrique pleine.

Ce liquide, mis en bouteilles, mousse comme du Champagne et, au bout de six mois, on croirait boire du vin blanc. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Octobre 1901   -   Le port de la soutane.   -   La cour de cassation vient de déclarer illégaux les arrêtés municipaux interdisait aux prêtres le port de la soutane en dehors des offices. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Octobre 1901   -   Encore les fraudeurs.   -  Les employés d'octroi de Caen ont saisi, la nuit, à la gare de l'Ouest, deux malles renfermant neuf vessies contenant. 48 litres d'eau-de-vie de cidre. Elles appartenaient à deux voyageurs se trouvant dans un train et qui avaient des billets pris à Mesnil-Mauger pour Bretteville-Norrey. L'un d'eux est connu comme professionnel de la fraude.

— Une vessie contenant deux litres d'eau-de-vie, que la femme Deslandes, demeurant à Allemagne, cachait dans un panier sous des effets d'enfant, a été saisie également par les employés de l'octroi de Caen. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1901   -   Pas de faveur.  -   Le décret qui doit fixer l'appel du contingent des jeunes soldats qui doivent partir le mois prochain ne paraîtra que le 20 octobre.

Le travail de répartition ne commencera dans les bureaux de recrutement qu'après cette date. Dans la crainte des nombreuses sollicitations qui afflueront dans ces bureaux pour obtenir telle garnison de préférence à telle autre, le ministère de la guerre vient d'interdire formellement toute infraction, pour quelque cause que ce soit, au tableau de répartition.  (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Octobre 1901   -   Subventions.  -  Le ministre de l'instruction publique et beaux-arts vient d'allouer à la ville de Caen 50 000 fr. pour les travaux de l'église Saint-Pierre et 10 000 francs pour les travaux de l'hôtel d'Éscoville. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1901   -   La couronne des Mobiles.  -   Dimanche, salle de la justice de paix, à Caen, à 9 heures 1/2 du matin, réunion des conscrits de la classe 1900 pour s'entendre au sujet de la couronne à porter au monument des Mobiles. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1901   -   Inquiétudes.  -  L'ordre auquel appartient la communauté, de Sainte-Paix de Caen s'est soumis à la loi.

Malgré cette soumission les Pères Récollets redoutent d'être expulsés da Caen, car le conseil municipal devra être appelé à donner son avis au sujet du séjour de ces bons moines en notre ville. Le supérieur a dû demander une entrevue au maire pour l'entretenir de la question, mais M. Perrotte n'a pas voulu le recevoir, dit-on. Avec, M. Toutain ou M. Lebret, il y aurait eu moyen de s'entendre, avec M. Perrotte et son entourage de protestants, la chose se sera plus difficile. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1901   -   Éclipse d’une boite aux lettres.  -  Depuis quelque temps, la voiture faisant le service de la poste de Dives à Caen, par Cabourg, Bavent, Hérouvillette et Ranville, ne porte plus a son arrière de boite mobile.

Pourquoi ? Quand on en demande la raison au conducteur, il répond par un mot qui ne se trouve pas assurément dans le vocabulaire des postes.

Il est à désirer que cela change.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1901   -  Récompenses honorifiques.  -   Henri Cyrille, 12 ans et demi, témoignage officiel de satisfaction : sauvetage d'un enfant qui se trouvait à  bord, de « l'Albatros », chaviré en mer, à Langrune, le 19 août.

  Ernest Lebailly, journalier, témoignage officiel de satisfaction : sauvetage d'un mousse tombé dans l'Orne à Caen, le 19 août.

  Albert Gallouin, aubergiste, témoignage officiel de satisfaction : sauvetage d'un enfant tombé à la mer à Port-en-Bessin, le 14 juin.

— Jean Jeanne, témoignage officiel de satisfaction : secours, porté à deux personnes en danger de se noyer à Ouistreham. Le 11 août.

  Mentions honorables : à M. Bisson, télégraphiste, Goussiaume, Binet et Costey, marchand d'antiquités à Caen, pour secours portés lors de l'incendie de la rue Saint-Pierre, à Caen. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Novembre 1901    -   Un peu de lumière, S.V.P.  -  Samedi, vers neuf heures du soir, le sieur Adolphe Charmaud, 52 ans, journalier, trompé par l'obscurité, est tombé dans le nouveau bassin de Caen. Il en a été retiré sain et sauf par des douaniers et transporté à l'hôtel-Dieu par les soins de la police. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Novembre 1901    -   Un train rempli d’or.  -  Un transatlantique allemand a débarqué à Cherbourg une cargaison d'or en lingots, représentant 15 millions. Ces lingots étaient renfermés dans de petits barils plombés, au nombre de 54, pesant chacun 85 kilos.

Ces précieux colis ont été expédiés par chemin de fer à Paris et ont passé par Caen jeudi dernier. Le coût de l'expédition pour Paris s'est élevé à 5 563 fr. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Novembre 1901    -   Tempête.  -  Durant la tempête qui a sévi ces jours-ci dans la Manche, un bateau-phare a coulé près de Calais, Il y a 16 noyés. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1901    -   Enfin !  -  Les tramways électriques de Caen ont fait, samedi, une course d'essai sur une ligne. Cela va peut-être faire remonter les actions de la Compagnie de Traction qui sont tombées à une trentaine de francs. On dit qu'un certain nombre de Caennais ont cru faire une bonne affaire en les achetant 60 et 70 fr. Nous en doutons.

Un nouveau directeur des tramways de Caen vient d'être nommé. Ce phénix nous arrive d'Elbeuf, où les tramways ne marchent pas mieux que cela.

C'est le couteau sous la gorge que la Compagnie de traction s'est décidée à marcher pour le 1er décembre. Le préfet s'était enfin résigné à signer un arrêté confisquant le cautionnement pour non exécution des conventions.

Ah ! s'il s'était agi d'un pauvre diable d'entrepreneur n'ayant pas mieux rempli les conditions de son cahier des charges, il y a longtemps que cela serait fait. Bien qu'en république, on ménage toujours les gros.  (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Novembre 1901    -   Tué par une pierre.  -  Un sieur Victor Babuléè, rentier, âgé de 60 ans, demeurant au hameau de la Maladrerie, près Caen, passait avec deux amis, lundi, devant l'église St-Sauveur, en réparation. A ce moment, des ouvriers étaient occupés à hisser, à l'aide d'une poulie, des pierres destinées à la réparation d'une corniche de l'église. L'une des pierres, menaçant de s'échapper, un ouvrier essaya de la retenir, mais il ne put y parvenir. La pierre, en rebondissant sur une gargouille, alla atteindre le sieur Babulée à la tête et à l'épaule.

Cette dernière blessure a provoqué une hémorragie interne qui a amené la mort. Relevé aussitôt par M. Druelle, le malheureux a été transporté chez M. Dupont, pharmacien, où il est décédé vingt minutes après, malgré les soins du docteur Quermonne. Le sieur Babulée, veuf depuis peu de temps, avait vendu son bien à fonds perdu, heureusement pour l'entrepreneur, le sieur Bouyer, de Lisieux, qui aura moins à débourser.

Cet accident ne serait pas arrivé si la ville avait fait ce qu'elle exige, avec raison, de tous les entrepreneurs, c'est-à-dire d'entourer d'une palissade les chantiers des maisons en construction ou en réparation sur la voie publique. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Novembre 1901    -   Voleurs de vaches.  -   Le sieur Langevin, aubergiste à Caen, avait reçu une vache pour le sieur Gustave Lequest, boucher. Un rôdeur, Désire Madeleine, 30 ans, demeurant à Missy, qui se trouvait là par hasard, se présenta une heure après en disant qu'il venait chercher la vache du sieur Lequest. Sans défiance, l'aubergiste la livra, et quand le propriétaire vint la réclamer, il fut étonné d'apprendre qu'on était venu chercher la bête en son nom.

Heureusement que l'on put rattraper le voleur, qui avait pris la route de Bretteville. Il a été condamné à trois mois de prison.  (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Novembre 1901    -   Contre la fièvre typhoïde.  -   Plusieurs cas de fièvre typhoïde se sont déclarés à Caen. Très peu ont été mortels. Le docteur Chantemesse prétend avoir trouvé le sérum sauveur.

Tous les malades des hôpitaux de Paris, auxquels le sérum a été injecté avant le huitième jour de maladie, ont été guéris. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1901    -    Toujours deux poids et deux mesures .  -  Une petite couturière qui retient ses ouvrières une fois par hasard pour un travail pressé, un deuil par exemple, est bien sûre d'attraper une contravention.

— Plusieurs fois par semaine, entre minuit et une heure du matin, on rencontre des petits groupes d'ouvrières sortant des grands magasins de Caen, et on ne dit rien. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1901    -   Plaintes.  -   Il y avait autrefois, à Caen, de misérables tramways traînés par de pauvres chevaux étiques qui, en dehors des heures des repas et abstraction faite des quartiers excentriques (ceux qui en avaient le plus besoin), passaient à peu près régulièrement tous les quarts d’heure.

Ces voitures avaient des marche-pieds assez près de terre pour que tout le monde puisse y monter. On a supprimé tout cela.

On nous annonce un tramway passant toutes les dix minutes. Ce n'est qu'une vulgaire blague administrative. Ce tram électrique ne passa dans le même sens que toutes les vingt minutes, mettez une demi-heure avec les retards, il est donc impraticable. La preuve, c'est que ces jours derniers il a fallu 45 minutes à un voyageur pour venir de la gare chez lui, alors que la durée du trajet à pied est de 30 minutes.

Enfin, comble, d'ironie, ce fameux tramway a un marche-pied tellement élevé qu'il est impossible d'y monter si on est quelque peu obèse. N'est-ce pas dans ce cas qu'on en a le plus besoin ?

D'après l'un de nos confrères, nous avons dit que la compagnie faisait payer deux sous à l'intérieur et trois sur la plate-forme. Sur la plate-forme des premières on paie bien trois sous, mais deux sous sur la plate-forme des 2e.

— Les tramways du 2e réseau portent la singulière inscription « Cimetière de Vaucelles - Maladrerie ». Aussi ne les désigne-t-on que sous le nom de « Corbillards des vivants ».

— Rue Saint-Pierre, le sieur Callais, représentant de commerce, a été accroché par le marchepied d'un tramway et projeté sur le trottoir, se faisant des blessures qui ont occasionné une hémorragie.

— Rue Guillaume-le-Conquérant, un tramway se rencontrant avec une voiture de paille, et le passage n'étant pas suffisant, un candélabre a été brisé.   (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1901    -   Les congrégations devant les conseils municipaux.  -  Le Conseil municipal de Lisieux, sur la proposition de M. Chéron, qui met de plus en plus de l'eau dans son vin, ont donné un avis favorable au maintien, à Lisieux, des Carmélites, des religieuses du Refuge et de l'Immaculée-Conception,

— Vire a émis un avis dans le même sens.

— A Caen, on discute fort à huis clos ce que l'on décidera. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1901    -   Respect aux morts !  -  L'inhumation d'un des malades de l'hôtel-Dieu de Caen avait lieu ces jours-ci. Plusieurs fosses avaient été creusées à l'avance dans le cimetière de la route de Ouistreham, et la terre enlevée formait un immense tas dans l'allée. Le cercueil descendu dans l'une des fosses, le fossoyeur se mit à la combler, en prenant au tas de terre. Soudain, on entendit un coup sourd. La pioche du fossoyeur venait de briser les planches d'un cercueil et avait mis à nu un squelette qui fut, avec la terre et les planches, jeté pêle-mêle sur le cercueil nouvellement déposé.

— Nous sommes, il est vrai, peu de chose après notre mort. Ce n'est pas une raison pour ne pas respecter ce peu, surtout lorsqu'il représente les restes d'un malheureux n'ayant que la fosse commune pour dernier gîte. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1901    -   Récompenses aux instituteurs.  -   Lettre de félicitations a M. Folliot, instituteur à Trouville-Hennequeville.

Médaille d'argent avec prime de 300 fr. : M. James, instituteur à Méry-Corbon.

Médaille d'argent avec prime de 200 fr. : Mlle Danguy, institutrice à Caen-la Folie.

Médaille d'argent avec prime de 100 fr. : Mlle Ladroue, institutrice à Sainte-Marie-Laumont.

Mentions honorables : MM. Bonne, instituteur à Ouilly-le-Vicomte ; Cohué, à Courson ; Delaunay, à Thury-Harcourt ; Lefèvre, à Ondefontaine ; Tison, à Saint-Himer ; Vaussy, à Saint-Germain d'Ectot ; Viel, à Jort.

Médailles d'argent : MM. Goualbert, instituteur à Sainte-Honorine-du-Fay ; Madeleine, à Audrieu ; Moncel, à Morteaux-Coulibœuf ; Renouvln, à Salnt-Germain-du-Crioult ; Villion, à Carpiquet.

 

Novembre 1902  -  Le téléphone.  -  Caen compte maintenant plus de 100 abonnés au téléphone.  La rue Caponières vient d'être équipée d'une ligne permettant de desservir 22 abonnés, mais, il n'y a encore que 3 demandes.

 

Décembre 1902  -  Nécrologie.  -  Le 19, décès d'un inventeur caennais, Albert Peschard, 66 ans : docteur en droit et officier d'académie, il s'intéressait à la musique et aux sciences.  Organiste de Saint-Etienne, il inventa l'orgue électrique, en 1862.

 

Janvier 1903  -  Revue de la garnison.  -  Samedi, de à 1 heure et demie, sur la place Saint-Martin, le général Lachasse a passé la revue de la garnison : 36e régiment d'infanterie en tenue de campagne, soldats de remonte et gendarmes.

C'est à cette revue, la première à laquelle prennent part les jeunes soldats de la classe, que  le drapeau leur a été présenté et que les décorations du nouvel an sont remises à leurs titulaires.

Le général Lachasse a passé rapidement sur le front des troupes, puis,  après présentation du drapeau, il a remis, avec le cérémonial ordinaire, la croix de chevalier de la légion  d'honneur, à M. Antoine Lautz, contrôleur d'armes de 2ème classe à Caen. Le défilé a eu lieu ensuite sur les Fossés Saint-Julien.  

 

Janvier 1903    -   Le Saint-Lazare cannais.  -   Il parait que le contrôle exercé sur l'état sanitaire des filles publiques est loin d'être bien organisé. Des plaintes nombreuses ont été portées, venant de l'autorité militaire et d'ailleurs.

Un grand nombre de soldats et de jeunes gens auraient, depuis quelque temps, rapporté de cuisants souvenirs de leurs promenades sentimentales à travers le monde de la basse galanterie caennaise.

A l’hôtel-dieu, les femmes sont peu ou même pas soignées. Aussi la municipalité a-t-elle décidé d'enlever ce service à l'école de médecine et de le placer sous le contrôle immédiat de la ville.

Le docteur Noury a été choisi pour soigner, moyennant 800 fr. par an, les demoiselles indisposées qu'on amènera à notre St-Lazare caennais. On ne pouvait pas mieux, choisir. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1903    -   Défense d’avoir « mal aux cheveux ».  -   Un arrêté municipal prescrit aux cochers de voitures de place de Caen d'être coiffés d'un chapeau spécial.

Leur est-il permis, lorsqu'ils ont « mal aux cheveux », de remiser leur chapeau ? Non, car un cocher, rencontré, rue Caponière, coiffé d'un chapeau melon, s'est vu dresser procès-verbal par un agent et a été condamné à 3 fr. d'amende par le juge de paix qui n'a pas voulu accepter comme excuse le « mal aux cheveux » invoqué, comme circonstance atténuante, par le délinquant. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1903    -   Erreur n’est pas compte.  -   Est-il vrai qu'à Caen les agents des mœurs manquent souvent de doigté et d'expérience ?

Il parait qu'il y à quelques jours une dame a été arrêtée, le soir, au bout de la rue de Bernières, par deux de ces agents qui la prenaient pour ce qu'elle n'était pas. Sans l'intervention opportune des passants, elle aurait été appréhendée et emmenée honteusement au commissariat.

Des erreurs semblables se commettent tous les jours à Paris. Chez nous, elles sont rares, heureusement, mais il ne faudrait pas, pourtant, que ces mœurs, de police, passent dans notre police des mœurs. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1903    -   Les lampes à pétrole.  -    Mardi, vers 9 heures 1/2 du soir, Élise Salot, 33 ans, couturière, rue Froide, à Caen, est tombée accidentellement, dans sa chambre, sur une lampe à pétrole allumée et s'est brûlée grièvement à la figure et à la tête. Elle a été transportée, par les soins de la police, à l'hôtel-Dieu où elle a été admise d'urgence.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1903    -   Récompenses honorifiques.  -   Le ministre de la guerre vient de décerner pour soins donnés gratuitement aux militaires de la gendarmerie et à leurs familles une lettre d'éloges officiels à MM. les docteurs Duros, d’Aunay-sur-Odon ; Dietz de Bayeux, une médaille de vermeil à M. Lemonnier, officier de santé à Troarn.

— M. Tostain, premier gardien à la maison centrale de Beaulieu, vient d'obtenir la médaille pénitentiaire.

— Une lettre de félicitations a été adressée au sieur Chatizel, domestique à Paris, pour avoir à Hermanville-sur-Mer, le 5 septembre dernier, arrêté un cheval emporté.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1903    -   Jugement intéressant.  -   Un avocat du barreau de Caen avait laissé dans la salle d'attente des premières de la gare de Caen, un fusil de chasse et des vêtements pendant qu'il allait prendre un billet et chercher, des colis déposés à la consigne.

A son retour, constatant que ses vêtements avaient été volés, il fit un procès en dommages-intérêts à la Compagnie de l'Ouest.

Le tribunal de commerce a rejeté cette demande en décidant que les salles d'attente sont des lieux publics qu'elle ne peut être tenue de surveiller et que c'est aux voyageurs à veiller sur les objets qu'ils y déposent. Cette affaire présente un double intérêt : d'abord, parce qu'elle soulevait une question usuelle et pratique, ensuite, parce qu'il est assez piquant de voir un avocat faire un procès en son nom personnel, et le perdre.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1903    -   Un marché aux pommes.  -   A Carentan, à Lisieux et dans d'autres villes de la région normande, il existe des marchés pour les pommes à cidre.

A Caen, qui est au centre de la production cidrière, il n'y en a pas. La Société d'agriculture et de commerce demande qu’il soit établi chez nous un marché franc.

Espérons que son vœu sera réalisé. Nos fermiers de la plaine trouveraient là un débouché immédiat et facile et ils souffriraient moins, peut-être, de l'abolition de leur privilège de bouilleurs qu'on leur enlèvera un jour ou l'autre, c'est malheureusement à craindre.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1903    -   Erreur judiciaire.  -  En 1900, la boutique d'un bijoutier de Marseille était dévalisée. Le voleur dénonça comme ses complices deux jeunes employés du bijoutier.

Malgré leurs protestations, ils furent condamnés à six ans et sept ans de travaux forcés, le principal coupable à cinq ans de réclusion seulement, qu'il subissait à la maison centrale de Beaulieu, près Caen.

Cet individu a déclaré que ses complices étaient innocents et qu'il les avait dénoncés pour être agréable à une femme qui leur en voulait.

Les deux malheureux jeunes gens vont être de nouveau jugés et acquittés. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1903    -   Légion d’Honneur.  -  MM. Lantz, contrôleur d'armes à Caen, et Beck, capitaine de gendarmerie à Lisieux, ont été nommés chevaliers de la Légion d'honneur. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1903    -   Réformes maladroites.  -   Le vent souffle aux réformes de tout genre. Nos ministres, voulant faire du zèle, chambardent tout autour d'eux. Comme toujours, il y a, dans ces changements, plus de mauvais que de bon. Quand on nous enlève notre commissaire d'inscription maritime pour nous donner à la place un simple administrateur, on ne songe guère à protéger nos intérêts.

— Quand on simplifie les « honneurs » militaires, comme vient de le faire le ministre de la guerre, on embête un peu moins les jeunes soldats, mais on n'augmente pas le prestige de l'armée et du drapeau, qui n'en ont déjà pas trop, pourtant.

— Voici, maintenant, qu'on veut démolir la langue française, et l'orthographe. Nous avons, à Caen, des apôtres convaincus de cette réforme cocasse qui écrivent : « filosophes, téâtre et mistère », au lieu de philosophe, théâtre et mystère.

Il n'y a que les mots étrangers qui trouvent grâce devant eux et ils continuent à écrire : « maboul », en correspondant entre eux.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1903    -   Singuliers soldats.  -  La police de Caen a dressé procès-verbal contre deux soldats du 36e de ligne, Louis Renault et Maurice Eudes, 23 ans, pour coups, sur le cours Sadi-Carnot, à la nommée Alphonsine Blanchard, 21 ans, fille soumise, sans domicile fixe. Après l'avoir frappée, ils l'ont dévalisée de différents objets, notamment d'une bague en argent, et l'ont ensuite précipitée dans le fossé de la prairie longeant le cours.

Renault et Eudes ont été mis immédiatement à la prison de leur corps. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1903    -   Fermeture de 58 écoles.  -   Ainsi que nous l'annoncions il y a quinze jours, 58 écoles de religieuses, établies dans le Calvados, viennent de recevoir l'ordre de fermer leurs portes.

Les écoles fermées à Caen sont celles de la rue au Canu, de la rue du Moulin, de la rue du Vaugueux, de la rue des Cordes-Saint-Gilles et de la rue des Carmes.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1903    -   La guerre aux cornettes.  -  Nous avons publié, dans notre dernier numéro, la liste des écoles de religieuses, de Caen qui n’ont pas été autorisées. Deux, d'entre elles, celles de la rue du Vaugueux et de la rue du Moulin, sont réouvertes depuis la rentrée sous la direction d'institutrices laïques.

Les autres, assure-t-on, ne tarderont pas à être également transformées en écoles laïques. Les, religieuses dont on ne veut plus seront remplacées par des institutrices tout aussi ferventes catholiques que les religieuses.

L'habit sera changé, mais renseignement ne le sera pas et la guerre aux cornettes aboutira à un piteux échec.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1903    -   Justes plaintes.  -  On réclame contre le mauvais état du quai des Abattoirs. Ce quai est défoncé par les grosses voitures qui le sillonnent. La nuit, l'éclairage y est insuffisant. On va paver la rue de la Gare, si on ne pave pas en même temps, le quai des Abattoirs, gare les accidents (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1903   -   On dit…  -   Qu'un curé, très connu à Caen, où il a été vicaire, aurait lâché l'habit ecclésiastique afin de pouvoir épouser une jeune caennaise.

Cela vaut mieux, que de se suicider comme le curé Valès ou de continuer un sacerdoce pour lequel on n'a plus de vocation. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1903   -   Instituteurs et curés.  -   Des circulaires académiques recommandent aux instituteurs de supprimer de leur service la surveillance des enfants dans les églises. D'un autre côte, les curés se refusent à recevoir pour la première communion les enfants non surveillés aux offices et récriminent, en chaire, contre les procédés laïques. Si on pouvait de part et d'autre, montrer un peu plus de tolérance, est-ce que cela ne vaudrait pas mieux pour tout le monde ? Car, en fin de compte, ce sont les enfants des écoles et leurs familles qui  se trouvent pris ainsi entre l'enclume académique et le marteau clérical.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1903   -   Correspondance.  -  En réponse à notre entre filet sur la réforme de l’orthographe, M. Auguste Renard, agrégé de l’Université de Caen nous adresse la lettre suivante :

Loin de vouloir démolir la «langue» — qu'il ne faut pas confondre avec l'orthographe — nous avons pour elle un culte égal au moins à celui de nos adversaires, et nous gémissons de la voir tous les jours maltraitée, Dieu sait comme ! par tant de journaux — autres que le Bonhomme normand — et défigurée,  en effet, par cette horrible plaie que sont les mots étrangers. Mais, ces mots étrangers, il me semble qu'on leur fait assez bon accueil dans les journaux de la « bonne société », du high life, du five o'clock tea, du yachting, etc..., qui ne sont généralement pas favorables à la réforme. Ce. n'est pas à nous qu'il faut s'en prendre. Que le Bonhomme rectifie donc son tir. Quant à l'orthographe — j'entends l'orthographe actuelle — oh ! oui, nous lui voulons mal de mort, et cela non pas par fanatisme ou « maboulisme », mais parce qu'elle est absurde et malfaisante.

On écrivait, autrefois, phantôme, thrône et crystal, c'était absurde, On a simplifié l'écriture de ces mots en écrivant fantôme, trône, cristal,  on a bien fait.

N'est-ce pas l'avis du Bonhomme ? On simplifiera de même philosophe, théâtre et mystère ? en écrivant filosofe, tèâtre et mistère, c'est-à-dire qu'on n'aura' plus à se demander si tel mot s'écrit avec  f ou ph, avec t au th avec i ou y : ce sera toujours f, t ou i simplement. Et ce sera une réforme raisonnable, logique et utile : l'orthographe sera meilleure, plus simple, plus française et moins « cocasse », et les enfants l'apprendront plus vite.

Le Bonhomme a trop de bon sens et d'esprit pour ne pas se ranger,  après réflexion, à cet avis. Et, en nous aidant, il fera une bonne action. Ce. ne sera pas la première. Je vous prie d'agréer, etc..., A. RENARD. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1903   -   Coup de revolver sur des agents de police.  -   Lundi soir, vers  11 heures, Etienne Bouchard, 40 ans, journalier, demeurant 22, rue de Geôle, à Caen, gesticulait sur le trottoir en criant à tue-tête : « Sales Caennais ! sales Bretons ! » L'agent Bertaux s'approcha de lui, l'invitant à se taire, Bouchard, tirant alors de sa ceinture un revolver calibre 12, fit feu. La balle frappa sur le devant du col en caoutchouc de la chemise de Bertaux, glissa sur ce col en le déchirant et effleura légèrement la peau du cou. L'agent Bertaux, sautant sur Bouchard, le terrassa et le maintint sous lui jusqu'à l'arrivée du sous-brigadier Legrand et des agents Cros et Lay. Bouchard, quoique à terre, put cependant, en les voyant, se dégager le bras et tirer sur eux quatre coups de son arme, heureusement sans les atteindre.

Le meurtrier fut enfin désarmé et conduit au commissariat. Les agents qui ont fait cette arrestation dangereuse ont montré un réel sang-froid. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1903   -   La fièvre typhoïde.  -  Les cas ne sont pas nombreux à Caen. Cela n'empêche pas de veiller, car le mal pourrait bien nous surprendre, comme à Rouen où plusieurs soldats sont morts et un certain nombre malades de cette fièvre. Les médecins de Caen ont demandé une enquête pour rechercher les causes du mal. A-telle été faite ? Quels en sont les résultats ?  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1903   -   Un centenaire.  -  On a fêté, samedi, le centenaire d'Edgar Quinet, un horsain que nous ne connaissions guère et que nous ne connaissons pas beaucoup mieux à présent.

On a parlé, récité des vers, fait chanter la Marseillaise par la Neustrie et les enfants des écoles municipales. Au moins, cette manifestation républicaine aura-t-elle servi à faire entendre, avec son rythme vrai et sa mélodie exacte, notre beau chant national qu'on braille, le plus souvent, en dépit du bon sens. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1903   -   Collision entre un tramway et une voiture.  -   Les sieurs Frédéric Leclerc et Eugène Revel, âgés de 24 ans, domestiques chez M. Primois à Caen, descendaient la rue de Bayeux, à la Maladrerie, revenant de Tilly-sur-Seulles.

Le premier conduisait une voiture attelée de deux chevaux, le deuxième, une autre voiture attelée de trois chevaux. La première voiture était seule éclairée. Derrière eux et allant aussi dans la direction de Caen venait un tramway. Le wattman,  Eugène Raibel, 29 ans, trompé par l'obscurité, n'aperçut pas à temps la seconde voiture obstruant la voie et son car la tamponna avec force.

Le choc fut si violent que la voiture et les trois chevaux furent renversés et le malheureux conducteur fut jeté sous la voiture. Quand on parvint à le dégager, on constata qu'il avait la jambe droite et la clavicule rompues. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1903   -   Le Carnaval à Caen.  -   Mardi, comme les années précédentes, il y avait beaucoup de curieux dans les rues pour voir passer quelques masques clairsemés. Dans la rue Saint-Jean, la bataille des confettis a entravé la circulation des tramways. Les rails étaient couverts et il fallait les déblayer de temps à autre. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1903   -   Fillette renversée par une voiture.  -   La jeune Claire Brière, 9 ans, demeurant chez ses parents, 18, place des Petites-Boucheries, à Caen, a été renversée dimanche après midi, alors qu'elle traversait cette place, par une voiture conduite par la demoiselle Normand, 39 ans, domestique de M. des Closières, propriétaire du château de Rosel.

La pauvre enfant, jetée à terre par le cheval, a passé ensuite sous l'une des roues de la voiture. Relevée avec la cuisse droite fracturée, elle a été transportée à l'hôtel-dieu.

La demoiselle Normand, qui avait continué sa route sans se préoccuper de l'accident, a été rejointe près de la gendarmerie, par le cocher du docteur Paul Léger qui s'est jeté courageusement à la tête du cheval et a forcé la personne qui le conduisait à rebrousser chemin. La malheureuse enfant, victime de l'accident, relevait d'une grave maladie et sortait pour la première fois. ( Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1903   -   Couvents fermés.  -   Le gouvernement a fermé l'ouvroir tenu à Nancy par les religieuses du Bon-Pasteur qui, de l'avis même du clergé, exploitaient indignement de pauvres filles en les faisant broder, à tel point qu'elles en devenaient aveugles.

— Les Carmélites de Coutances ont eu leurs biens confisqués par un arrêt de la cour de Caen, dont nous avons parlé. Elles forment appel contre ce jugement, prétendant que la loi de 1901 ne peut avoir d'effet rétroactif et qu'on ne peut l'invoquer contre elles puisqu'elles s'étaient dispersées avant sa promulgation. Nous dirons quel aura été le résultat définitif de ce procès. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1903   -   Sauvetage.  -   La Société de sauvetage vient de payer une indemnité au sieur Marie, mécanicien, au douanier Lavielle, et au chef d'équipe Malo, qui le 28 février, ont  retiré du bassin, à Caen, le sieur Goupil, soldat en permission, qui était en grand danger de se noyer. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1903   -   Un coup, mais pas deux.  -   Les journaux du monde entier s'occupent en ce moment de l'alcool. On est en train de le réhabiliter. Des expériences ont été faites en Amérique sur des hommes jeunes et robustes à qui on en faisait boire, chaque jour, une dose modérée.

Ces expériences ont démontré que l'alcool est un aliment comme un autre, très riche même en principes nourrissants, et que son usage modéré est sans' aucun danger pour la santé.

M. Combes, chef du cabinet, l'a aussi déclaré aux représentants des cafetiers de Paris. Voilà qui va faire plaisir à nos braves bouilleurs der cru normands et donner du cœur à ceux qui les défendent. Tout le monde saura à présent qu'on peut boire un coup sans danger, mais il est toujours défendu d'en boire deux.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1903   -   Accident du travail.  -  Le sieur Ernest Baptiste, 30 ans, domestique, rue de Falaise, à Caen, qui conduisait un tombereau attelé de trois chevaux, voulut, boulevard Bertrand, monter sur le premier cheval, l'attelage en marche, il tomba et fut piétiné par les chevaux qui lui firent des blessures graves à la tête. Après avoir reçu des soins, pharmacie Gost, Baptiste a été transporté à l'hôtel-Dieu. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1903   -   Victime de l’obscurité.  -   Mardi soir, à Caen, vers huit heures et demie, un individu dont on ne connaît pas le nom est tombé dans le bassin, près du pont du canal. Son cadavre n'a pas encore été retrouvé.

Le défaut presque constant d'éclairage rend faciles les chutes de ce genre à cet endroit. ( Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1903   -   Chevaux de gendarmes.  Une commission de remonte se réunira le 25 mars, à 7 heures du matin, hôtel de la Gendarmerie, pour acheter les chevaux nécessaires à la maréchaussée du Calvados, de la Seine-Inférieure et de l'Eure. Les chevaux hongres et juments devront être de préférence de robe foncée, avoir de 4 à 8 ans et mesurer de 1 mètre 53 à 1 mètre 58. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1903   -   Cheval emporté.  -  Mercredi, à Caen, près du pont des Abattoirs, un cheval attelé à la voiture d'un maraîcher fut pris de peur et se précipita dans l'Orne. Les brancards de la voiture se brisèrent, et celle-ci resta sur le sol. Le conducteur en fut quitte pour la peur. Quant au cheval, on l'a retiré au bout d'une demi-heure.

Etourdi, sans doute, par la chute, il était resté au fond de l'eau et s'était noyé.  ( Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1903   -   Les bouilleurs de cru.  -  En 1900, un million de cultivateurs ont distillé leur vin ou cidre. Il y en a eu 25 000 dans le Calvados, 41 000 dans l'Orne et 35 000 dans la Manche.

C'est-à-dire plus de 100 000 pour les trois départements de Basse-Normandie. Ces chiffres montrent de quelle importance est la question des bouilleurs de cru. ( Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1903    -   Prévenir vaut mieux que construire.  -  La fièvre typhoïde sévit chez nous avec recrudescence. Malgré les travaux de voirie et autres, il semble que nous n'ayons pas fait beaucoup de progrès au point de vue sanitaire.

Comme nous l'avons dit, les médecins caennais s'en inquiètent et tous sont d'accord pour déclarer, sans le prouver, que les puits et les fontaines qui se fournissent d'eau à notre nappe souterraine sont cause de tout le mal. L'infect Odon, cloaque répugnant où pourtant on lave presque tout le linge caennais, y est bien pour quelque chose aussi.

Quand se décidera-t-on à le couvrir dans tout le parcours de la ville ? C'est une mesure nécessaire absolument. Avant de construire à grands frais des hôpitaux, il serait plus simple de commencer par diminuer la fréquence des épidémies et le nombre des malades par des précautions hygiéniques rigoureuses. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1903    -   Un échafaudage qui s’écroule.  -   Deux ouvriers charpentiers travaillaient, à l'église St-Sauveur, à Caen, à une des fenêtres donnant sur la rue Froide, quand l'échafaudage sur lequel ils étaient montés s'est effondré. L'un d'eux s'en tira sain et sauf, l'autre, Napoléon Le François, 50 ans, fut projeté sur la face. Ses blessures sont sans gravité heureusement. Il y a quelques mois, une pierre de taille était tombée de l'abside, avait atteint un passant et l'avait tué. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1903    -   Macabres découvertes.  -   Comme auprès de toutes les églises, on enterrait autrefois autour de Saint-Pierre de Caen. Aussi, les terrassiers qui travaillent à transformer en un square ombragé l'ignoble chantier de construction où fleurissaient depuis si longtemps des massifs de pierre de taille et de moellon, ont-ils déterré pas mal d'ossements humains.

On fera sagement de borner les terrassements au strict nécessaire et de laisser nos ancêtres, sous leur couche d'argile, dormir tranquillement leur dernier sommeil, à l'ombre de la vieille église gothique. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1903    -   Noces d’or.  -  Les époux Despont, habitant Caen, rue de Vaucelles : le mari, 73 ans ; la femme, 68, qui ont neuf enfants, viennent de célébrer leurs noces d'or, au milieu de leurs petits-enfants et arrière-petits-enfants. Le sieur Despont est ouvrier paveur, employé à la ville.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1903    -   Pendus.  -   Le sieur Auguste Simon-Dubuisson, 53 ans, jardinier, demeurant à Caen, rue Gémare, s'est pendu dans son escalier, pendant une absence de sa femme.

— La dame Euphrasie Sauvage, veuve Chéradame, 73 ans, s'est aussi pendue dans sa cuisine. On ignore les causes de son suicide. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1903    -   Un  refus qui coûte cher.   -   Le sieur Edouard Soyer, 39 ans, entrepositaire à Lébisey, près Caen, revenait, la nuit, sur la route de Blainville, avec une voiture chargée de fûts, un douanier lui cria de s'arrêter. Soyer n'en fit rien, puis il revint sur ses pas et, comme le douanier tenait son cheval par la bride, il lui donna un coup de fouet qui l'atteignit à la lèvre.

Le douanier allait être pris entre le mur et la voiture, c'est alors qu'il porta un coup de bâton au cheval. La bête fit un écart et la voiture culbuta sur Soyer qui n'eut que quelques contusions. Lorsqu'il fut débarrassé par le douanier, il l'injuria.

Soyer, poursuivi pour refus d'exercice, rébellion et outrages à un douanier et absence de lanterne, a été condamné à 15 jours de prison et à 22 fr. d'amende. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1903    -   Un citoyen, pas dégoûté.  -   Le domestique de M. Tessier, doyen honoraire de la faculté des lettres, rue Caponière, à Caen, a trouvé Émile Manger, 26 ans, barbotant dans la fosse d'aisances établie sur l'Odon. Il a fallu l'en retirer par la rivière.

Mauger, pour expliquer sa présence en cet endroit, prétend qu'étant sans travail il avait voulu en finir avec la vie dont il était fatigué. Pour y arriver, il eût fallu que Mauger y mît bien de la bonne volonté. Il est plutôt probable qu'il avait pris ce chemin détourné et peu fréquenté pour s'introduire dans la propriété de M. Tessier et le voler. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1903    -   La température.  -   Les saints de glace ( 11, 12 et 13 mai ) ne se sont pas fait trop sentir. S'il faut en croire la légende, il paraît que saint Urbain ( 25 mai ) ne sera pas  aussi doux que ses copains. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1903    -   État de choses intolérables.  -   Nous avons, à plusieurs reprises, déjà parlé des dangers que faisait courir au public la construction défectueuse de la voie du chemin de fer du Calvados dans la traversée de Caen. Samedi encore, une voiture chargée de bois pour M. Mauger, entrepreneur à Villers-Bocage, passait au pont de Courtonne. La voiture ayant été obligée de se garer pour  en laisser passer une autre, une des roues étant entrée dans la voie du chemin de fer n'a pu en sortir et a été brisée.

Cet état de choses est intolérable. La ville et le chemin de fer se disputent à qui refera le travail. Que les intéressés les mettent d'accord.   (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1903    -   Les pommiers.  -   La température que nous subissons depuis trop longtemps n'a pas, jusqu'à présent, causé de dégâts trop sérieux aux pommiers, dont les plus précoces ont été arrêtés dans leur végétation avant que les fleurs se soient complètement montrées. Il n'en est pas de même des poiriers, qui sont gravement compromis, ainsi que les pêchers, les abricotiers et les cerisiers.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1903    -   Paris - Caen.  -   Dimanche 31 mai, se disputera la grande course cycliste Paris-Caen, de 220 kilomètres de parcours, sans entraîneurs et sans suiveurs, organisée par le Cyclo-Club de Paris et le Cyclo-Club de Caen.

Un tour des cours sera obligatoire pour les coureurs arrivant avant six heures du soir.

A 2 heures, sur le cours Sadi-Carnot, concours de bicyclettes décorées. A 4 heures 1/2, lâcher de pigeons.

A l'occasion de cette course, tombola à 25 c. le billet. Les premiers cyclistes pourront arriver vers 2 heures. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1903   -   L’École.  -  Deux membres du parquet et trois agents de police se sont présentés, sans conviction, à l'école de filles de la rue au Canu, à Caen, dont les directrices sont accusées d'être en contravention avec la loi sûr les congrégations. Ces anciennes religieuses seront sans doute poursuivies.

D'autres ont déjà passé en police correctionnelle, mais elles ont été acquittées.

— A la Chambre, on a voté un nouvel article de loi qui aggrave encore la situation des congréganistes. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1903   -   L’Orne  ment.  -  L'Orne ne tient pas toujours sa réputation de cours d'eau paisible. Les dernières pluies avaient amené une violente crue d'eau dans notre rivière, qui avait grossi d'une façon inquiétante.

Vendredi soir, il a fallu enlever au plus vite le barrage du Grand-Cours, qui risquait d'être emporté ou de causer des inondations.

Dimanche, le courant était encore très violent et les pêcheurs à la ligne n'ont pas pu faire l'ouverture projetée. D'ailleurs, on continue à se demander sur quoi peut bien se baser l'administration pour fermer la pèche jusqu'à Saint-André, puisque le barrage actuel n'est guère plus fixe que le précédent. La preuve, c'est qu'il faut l'enlever complètement en cas de crue et que, le jour même de l'ouverture, la marée montante s'est fait sentir en rivière comme auparavant. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1903   -   Arrestation pour assassinat.   -   Nous avons publié que le cadavre de Paul Jarnigon, 21 ans, soldat au 36e de ligne, avait été trouvé dans la Noë, à la petite école de natation. Nous ajoutions que ce soldat avait été vu en compagnie de gens de la foire qui s'étaient dirigés sur Cherbourg.

La police de cette ville vient d'arrêter Yvonne Lepont, 19 ans, fille soumise à Caen, sous l'inculpation d'avoir assassiné le soldat Jarnigon, ou au moins d'y avoir aidé. Cette fille était employée pendant la foire de Caen au manège des Nacelles Leroy. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1903   -   De Paris à Caen.   -   La course de Paris à Caen a très bien réussi. Affluence sur le cours. Ce sont des Parisiens qui sont arrivés les premiers couvrant le parcours, 50 lieues, en 7 heures. M. Géraud, du Cyclo Club caennais, est arrivé cinquième. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1903   -   Passage de troupes.   -   Le 1er bataillon d'artillerie de forteresse, en garnison au Havre, qui était passé à Caen le 28 avril, se rendant au camp de Coëtquidan pour une période d'exercices de tir, est revenu dimanche dans notre ville. Il venait de Villers-Bocage et s'est embarqué lundi, par une belle mer, sur le bateau du Havre. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1903   -   Un enfant sous un tramway.  -   Le jeune Alexandre Lefranc, 9 ans, demeurant chez sa tante, rue Laplace, à Caen, se trouvait rue Saint-Jean, presque en face la rue Jean-Romain, quand il voulut traverser la chaussée, au moment du passage d'un tram électrique se dirigeant sur Vaucelles, à une vitesse ordinaire. Par malheur, l'enfant tomba et ne put se relever à temps.

Le wattman bloqua aussitôt, cherchant à arrêter instantanément, il était déjà trop tard. Le pauvre enfant était culbuté, projeté sous les roues et traîné sur un parcours de quelques mètres. Quand on le dégagea, il avait à la tète un trou énorme qui mettait le cerveau à nu, les yeux semblaient arrachés de leur orbite, la poitrine était défoncée.

Porté à la pharmacie Férey où les soins les plus urgents lui furent donnés par le docteur Moutier, le jeune Lefranc fut ensuite transporté à l'hôtel-Dieu. Son état n'est pas désespéré.

Cet accident ne peut être attribué qu'à l'imprudence de la victime. C'est même miracle qu'il ne s'en produise pas plus souvent surtout dans les faubourgs où des enfant mal surveillés se font un plaisir de passer devant les trams ou devant les voitures au risque d'effrayer les chevaux. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1903   -   Les voleurs du 36e.  -  Le conseil de guerre vient encore de condamner à un mois de prison le soldat René Guillot, du 36e régiment d'infanterie, inculpé de vol au préjudice d'un particulier.

Tous les voleurs ne sont pas pincés, témoins ceux qui, dernièrement, rue des Carmes, se sont sauvés d'un café sans avoir payé leur consommation et en emportant une bouteille d'eau-de-vie de cidre. On s'est plaint à la caserne, mais les coupables n'ont pas été découverts. Cela n'eût pas été difficile, cependant. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1903   -   Travaux de l’hôpital.  -   L'adjudicataire des travaux du nouvel hôtel-Dieu a été autorisé à ouvrir une carrière sur le lieu des travaux. Le moellon sera payé à la ville. Ce sera un bénéfice de 7 à 8 000 fr.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1903   -   Impôt sur le revenu.  -  Ce projet de loi a été déposé à la Chambre. Il se compose :

1° de la taxe personnelle portant sur le revenu provenant des loyers, des rentes, du commerce, du travail, des emplois et même des retraites.

2° de la taxe mobilière fixée d'après le loyer.

— En ce qui concerne l'impôt sur le revenu, c'est le contrôleur qui l'estimera à charge par lui de prouver l'existence du revenu indiqué.

Sont affranchis de l'impôt, ceux dont le revenu est inférieur à 500 fr., à 700 fr., à 900 fr., à 1 200 fr. et à 1 600 fr. selon l'importance de la population.

A Caen, les personnes ayant un revenu inférieur à 1 600 fr. seront exonérées de l'impôt. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1903   -   Mouvements du sol.  -   Lundi, vers 11 heures et demie du matin, plusieurs personnes de Caen ont senti une légère secousse attribuée à un tremblement du sol. Le même phénomène s'est produit dans l'arrondissement de Bayeux.   (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1903   -   Essai de vitesse.  -   Sur la ligne du chemin de fer de Paris au Havre, un train rapide vient d'être essayé. Il pourra faire le parcours, 57 lieues, en deux heures et demie.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1903   -   La pluie.  -   C'était lundi la St-Médard. Il a plu un peu partout. En voilà pour quarante jours, s'il faut en croire la légende. Mais nous sommes certains qu'elle mentira. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1903  -  Réglementation de la vitesse des automobiles.  -  Le maire de Caen vient de prendre un arrêté aux termes duquel il est formellement interdit aux bicyclettes et aux  conducteurs d'automobiles de tout genre, de dépasser, dans l'agglomération urbaine, une vitesse de 12 kilomètres à l'heure. Il leur est, d'autre part, enjoint de modérer leur allure à tous les tournants.  

 

Juillet 1903    -  Suicide.   -   Le sieur Auguste Colleville, 25 ans, typographe à Caen, s'est suicidé à la porte de ses beaux-parents, les époux Catherine, habitant au cinquième, maison du Grand-Balcon, rue Saint-Pierre, en se tirant un coup de revolver dans la région du cœur.

Colleville n'était pas d'accord avec sa femme, voilà la cause de son suicide. Il était fantasque. Un jour, à la suite d'une discussion avec le contremaître de M. Valin, imprimeur, il fut le dénoncer à l'inspecteur du travail. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1903    -  Grand incendie à Caen.   -  Jeudi matin, vers sept heures et quart, un incendie, attribué à une explosion de gaz, a éclaté subitement rue St-Jean, au Café de la Bourse, dans la salle des Folies-Caennaises, qui a été complètement détruite en moins d'un quart d'heure.

Un générateur à acétylène aurait aussi fait explosion. Le feu a gagné les écuries de M. Blochon, correspondant du chemin de fer, qui ont été brûlées. On craignait pour l'entrepôt de liquides de M. Dumont, négociant, boulevard St-Pierre, mais il n'a, pas été atteint par le feu. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1903    -  Pour la dentelle.   -  M. Engerand à gagné son procès. L'enseignement de la dentelle à la main sera organisé dans les écoles primaires de filles des départements où la  fabrication est en usage et dans les écoles normales d'institutrices de ces mêmes départements,

— Il sera créé dans les principaux centres dentelliers des cours et des ateliers de perfectionnement. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1903    -  Faits rétablis.   -  La dame Defoy, demeurant rue du Vaugueux, à Caen, qui s'est suicidée la semaine dernière, en se jetant par la fenêtre, n'avait eu auparavant aucune discussion avec sa fille, contrairement au bruit répandu par méchanceté par quelques voisins. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1903    -  Accident du travail.   -  Le sieur Georges Lenfant, 36 ans, ouvrier peintre à Caen, était occupé à la maison de M. Mollier, chocolatier, rue Saint-Jean. Tout à coup, son échelle ayant glissé, il est tombé de la hauteur d'un second étage, se fracturant un bras et se blessant profondément à la tête.

Lenfant est marié et père de quatre enfants. Son état est assez grave. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1903    -  Coup de couteau et coup de canif.   -   Alphonse Esseline, 39 ans, journalier à Caen, subit actuellement à la prison une peine de six mois de prison pour avoir porté un coup de couteau dans le dos de son ami, Louis Lamare, 38 ans, forgeron, rue des Carmes, qu'il avait trouvé trop près de sa  femme. Lamare fut transporté à l'hôtel-Dieu et en ressortit guéri au bout d'un mois.

Sa première visite fut pour la femme Esseline. Mais les murs de la prison, comme les autres, ont des oreilles. Aussi, Esseline, ayant appris que Lamare se vengeait du coup de couteau qu'il lui avait donné par des coups de canif dans son contrat, porta plainte.

Dimanche, au petit jour, le commissaire les a surpris en flagrant délit, d'adultère et leur a dressé procès-verbal.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1903    -  Armée.   -   Les trois compagnies du 4e bataillon du 5e  d'infanterie, maintenues temporairement à Paris, en raison du manque de casernements à Falaise, seront transférées, à titre définitif, à Caen, vers le 1er août. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1903    -  Fermeture d’écoles.   -  Les écoles tenues par des religieuses à Caen, rue de l'Hôtel-de-Ville, rue Guilbert et rue Leroy, devront être fermées le 1er août, devront aussi fermer leurs portes celles de Lisieux, Bayeux, Falaise, Vire, Honfleur, St-Pierre-sur-Dives, Dives, St-Aubin-Lébisay, Trouville, Villers-Bocage, Beuvillers, Grandcamp, Hermanville, Neuville, Tilly, St-Pierre-la-Vieille, Thaon, Condé, Avenay, St-Manvieu, Juaye et St-Germain-de-Livet.

Presque tous les conseils municipaux avaient donné des avis favorables pour le maintien de ces religieuses qui ne faisaient de mal à personne. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1903    -  Choses municipales.   -    M. Daléchamps, ancien fabricant de « blondes », avait été chargé, par le conseil municipal de Caen, de faire un rapport sur le travail de la dentelle. D'après M. Daléchamps, cette industrie, pour laquelle on ne trouverait pas cinquante ouvrières dans la région de Caen, est momentanément perdue.

— M. Gallier avait réclamé, avec raison, parce que les cavaliers de la remonte, de passage à Caen pour achats de chevaux, étaient logés chez l'habitant. A l'avenir, ces hommes seront logés au dépôt lorsque leur séjour dépassera une journée.

— La pension de retraite de M. Avaulée, ancien employé d'octroi, est liquidée à 500 fr. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1903    -   Tentative de vol.  -   La police a fait une visite, mercredi l'après-midi dans l'église St-Etienne où elle espérait trouver les individus qui avaient tenté de voler dans le Bon-Sauveur. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1903    -   Encore un accident.  -   Dans l'après-midi de mercredi, le sieur LetelIier, 54 ans, charretier chez M. Soulié, entrepreneur de vidanges, rue de l'Oratoire, a été atteint par le tramway, sur la route de la Maladrerie, et a été assez grièvement blessé. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1903    -   Insolation.  -   Un journalier, bien connu à Caen sous le nom de père Alfred, 70 ans, passait dans la rue de Bras, assis à l'arrière d'une voiture, lorsque tout à coup il a été frappé d'insolation et violemment projeté à terre.

Un instant on l'a cru mort, mais, grâce à des soins empressés, il est revenu à lui. Il a été transporté d'urgence à l'hôtel-Dieu. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1903    -  Les incendies à Caen.   -   A peine le feu des Folies-Caennaises était-il éteint qu'il se déclarait de nouveau dans un lieu qui donne souvent asile à la folie : hôtel du Soleil-Levant, près la gare.

Vendredi, au milieu de la nuit, un voyageur était venu, en aimable compagnie, demander une chambre. Vers trois heures du matin, une femme se précipitait à la fenêtre, en criant : « Au feu ! ».  En peu de temps, l'hôtel, construit à la légère, était en feu et se communiquait aux magasins de M. Mauger, négociant en chaussures et en bonneterie.

Cet incendie est dû, sans doute, à l'imprudence des voyageurs qui auront mis le feu dans un accès de folie joyeuse.

— On ignore la cause du sinistre des Folies-Caennaises, mais on paraît généralement disposé à croire que la malveillance n'y fut point étrangère. En effet, à trois heures du matin, le feu s'était déjà déclaré du côté de l'entrée des Folies-Caennaises, dans un endroit où il n'y avait aucune lumière. Une portière en étoffe avait flambé et les garçons l'ont éteinte avec des seaux d'eau. Or, quatre heures plus tard, tout était en feu à l'extrémité opposée de l'établissement.

Mme Bacle, directrice, était divorcée de la veille. Elle se préparait, dit-on, à allumer les flambeaux de l'hyménée avec un industriel caennais, mais, en attendant, c'est son établissement qui a brûlé. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1903    -  La dentelle.   -    Sur la proposition de M. Engerand, la Chambre a voté que l'enseignement de la dentelle à la main sera organisé dans les écoles de filles des départements où la fabrication est en usage.

Cette loi va être soumise au Sénat. A propos de dentelles, la reine d'Angleterre en possède pour près de deux millions. L'ex-impératrice Eugénie en a une qui a coûté 12 000 fr. le mètre. Les dentelles du Pape sont évaluées à 5 millions. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1903    -  Un ami du « bloc ».   -   Albert Allerme, 51 ans, journalier à Caen, se trouvant gris comme la bourrique à Robespierre, eut la singulière idée de se rendre rue Pasteur et de cogner de toutes les forces qui lui restaient à la porte de la communauté des Ursulines, dont il voulait expulser les religieuses.

Bref, il fit un tel vacarme que des agents de police intervinrent et fourrèrent cet ami du « bloc » à celui de l'hôtel de ville.

Allerme, qui n'était sans doute pas en état de se présenter, s'est laissé condamner par défaut à 20 fr. pour ivresse en récidive. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1903    -  Tous en prison.   -   Pour la troisième fois, nous avons à nous occuper de la femme Angeline Esseline, 36 ans, et de Louis Delamare, 38 ans, forgeron à Caen.

Le mari de la femme Esseline, assez coulant cependant, s'étant aperçu que sa femme en tenait pour Delamare, lui flanqua un coup de couteau. Esseline fut condamné à deux mois de prison. A sa sortie de l'hôpital, Delamare donna rendez-vous chez lui à la femme Esseline, espérant que son mari n'en saurait rien. Il se trompait. Esseline, informé des relations de Delamare et de sa femme, les fit pincer en flagrant délit d'adultère.

Ils ont été condamnés à quinze jours de prison chacun et 50 fr. d'amende. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1903    -  Saut par la fenêtre.   -   Lundi, au petit jour, les habitants de la rue Caponière, à Caen, ont été mis en émoi par les cris de la dame Saillenfest, qui s'était jetée par la fenêtre du premier étage de la maison où son mari tient une épicerie-débit. Dans sa chute, elle s'est donné une entorse.

Il y a trois ans, un menuisier de Verson avait blessé le sieur Saillenfest d'une si cruelle façon que l'on disait alors qu'il n'avait plus la valeur d'un homme. Mais ce n'est pas pour cela que sa femme a tenté de se suicider, c'est à la suite d'une discussion de peu d'importance. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1903    -  Médaille militaire.   -   La médaille militaire a été conférée à MM. Varin, brigadier de gendarmerie à Caen, et Lacan, gendarme à la Délivrande. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Juillet 1903    -  Aux Folies-Caennaises.   -   L'ancienne salle de spectacle, détruite par l'incendie, est toujours dans le même état, ce ne sont que décombres et que ruines. Il y a surtout un amoncellement de ferrailles vraiment impressionnant, ce sont les montures tordues et calcinées des fauteuils et des strapontins.

Comme beaucoup de gens du reste, le parquet doit être persuadé que la malveillance a été pour quelque chose dans ce sinistre, car il parait qu'une instruction est ouverte contre « auteur inconnu ».

Des jeunes noctambules qui ont passé, aux Folies, une partie de la nuit du 8 juillet ont été appelés en témoignage. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1903    -  Trop de Horsains.   -   Un de nos confrères publiait dernièrement une lettre de réclamations émanant d'un commerçant de notre ville et protestant contre l'envahissement de nos marchés par les forains.

Nous avons déjà bien des fois crié contre les déballages et les concurrences de toute sorte faites au commerce caennais. Il a beau y avoir la dedans du pour et du contre, puisque les acheteurs bénéficient de cette concurrence entre les vendeurs, on pourrait tout de même bien empêcher les abus et favoriser davantage nos marchands, qui ont des frais généraux considérables et sont, plus qu'ailleurs encore, surchargés d'impôts. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1903  -  La Baleine.  -  19 ans après son échouage, le squelette de la baleine de Luc reste entreposé dans la halle aux beurres : l'ancienne église du Vieux-Saint-Sauveur. Elle sera l'attraction de la fête du quartier : l'entrée coûtera 5 sous.

 

Août 1903  -  Fraudeur  enragé.   -  Une nuit, vers une heure du matin, une voiture s'arrêtait devant le bureau d'octroi de la rue Branville. Elle était conduite par Émile Thomasse, 41 ans, marchand de légumes, rue Gémare, à Caen, bien connu comme fraudeur.

L'employé, en vérifiant l'intérieur de la voiture, souleva un plancher sous lequel se trouvait une boîte carrée en zinc ayant contenu de l'eau-de-vie. «  Ça vous la coupe, ça », s'écria Thomasse, « il y a longtemps qu'elle est vidée ».

Quelques instants après, Thomasse revenait, menaçant, vers l'employé. Celui-ci prit son revolver, en disant à Thomasse qu'il allait faire feu s'il avançait, Thomasse se retira en outrageant l'employé, ce qui lui a valu un mois de prison. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1903  -  Protestations.   -  Le gouvernement a la prétention de faire payer un droit sur les banneaux, charrettes à gerbes et autres véhicules employés pour l'agriculture. Plusieurs conseils d'arrondissement ont protesté, avec raison. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1903  -  Les pommes.   -   Toujours pas apparence de pommes en Calvados. La Manche est un peu plus favorisée. L'Eure, la Sarthe et la Bretagne, au lieu d'être vendeurs, seront acheteurs.

Nous sommes loin des 10 000 wagons de pommes expédiés l'année dernière par le Calvados, Le dernier cours est de 5 fr. 25, offres de la maison Schirmer, à Mézidon. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1903  -  Morts subites.   -   Charles Longuet, 63 ans, né à Caen, où il a fait une partie de ses études, est mort presque subitement à Paris. Rédacteur en chef de l'Officiel pendant la Commune, il fut condamné à mort par contumace. En Angleterre, où il s'était réfugié, il épousa la fille d'un des chefs de l'Internationale.

Sa distraction était proverbiale, c'est sans doute pour lui qu'a été faite la chanson : « Je suis distrait, c'est une maladie ». Ses amis le fuyaient à cause de l'abondance de ses paroles qui lui faisaient oublier, assez souvent, les plus pressantes affaires. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1903  -  Suicides.   -   Le capitaine Nus, 51 ans, du 5e régiment de ligne, s'est suicidé hôtel de Normandie à Caen. Dans une lettre laissée par lui, il jurait n'a[1]voir jamais volé ni forfait à l'honneur. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1903  -  Incendie à Caen.   -    Mercredi soir, vers 8 heures, le feu a éclaté à Caen, route de Rouen, près de la place de la Demi-Lune, dans une grange appartenant au sieur Lepley.

Cette grange, qui possède plus de trente mètres de longueur et près de huit mètres de largeur, renfermait une grande quantité de paille, du foin, des chevaux et des bestiaux. L'alarme étant donnée, on s'empressa de faire sortir immédiatement les bestiaux. Il n'était que temps, car l'incendie prit, quelques minutes après, une grande intensité.

Malgré l'activité des secours, tout le bâtiment a été détruit. On ignore les causes de cet incendie. Pertes, une vingtaine de mille francs. Assuré.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1903  -  Les « Apaches » caennais.   -  A Caen, il y a peu d'apaches, mais il y en a. Le plus farouche était Albert Henry, 34 ans, que sa force rendait, redoutable aux filles comme aux hommes. La dernière fille qui pourvoyait aux besoins de ce vaurien était la fille Berthe Delaunay.

Un soir qu'elle n'avait pas « travaillé » pour lui donner de l'argent, Henry se rua sur elle et, lui tordant les poignets, la frappait de coups de pied dans le ventre et lui lardait la tête avec  une épingle à cheveux. La malheureuse fut relevée dans un triste état, rendant le sang par la bouche, pendant que des agents emmenaient, non sans mal, l'ignoble personnage au violon.

A l'audience, la fille Delaunay, sous les regards menaçants de son bourreau, n'ose pas parler, elle prétend n'avoir reçu qu'une gifle. Albert Henry a déjà subi vingt condamnations, il est condamné à 8 mois de prison et à la relégation. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1903  -  Les suites d’une faute.   -  Le capitaine Nus, 51 ans, dont nous avons annoncé le suicide, était, en garnison à Lyon, au 157e de ligne, avant d'être versé au bataillon du 5e qui vient tenir garnison à Caen. Cette mesure avait été prise à la suite de certaines irrégularités découvertes dans les écritures de la compagnie.

Depuis quelques jours, le capitaine Nus était triste et soucieux, il prévoyait, que les irrégularités allaient être découvertes. Son chef de bataillon était venu le voir et il avait reçu une lettre lui annonçant que plusieurs sous-officiers de son ancienne compagnie du 157e allaient être arrêtés. C'est alors qu'il est monté dans la chambre qu'il occupait à l'hôtel de Normandie, où le corps d'officiers était descendu. Après avoir écrit deux lettres adressées à des amis et écrit qu'il « jurait sur la croix d'honneur qu'il portait qu'il n'était pas un voleur, et que les irrégularités commises dans les comptes de son ancien ne compagnie ne pouvaient pas entacher son honneur », le malheureux s'est tiré deux coups de revolver dans la tête, sur son lit, où on l'a trouvé agonisant.

Neuf sous-officiers du 157e de ligne, appartenant à la compagnie du capitaine Nus, ont été arrêtés pour malversations à l'ordinaire. Le chiffre des détournements dépasse 25 000 fr.

Le capitaine Nus était né à Paris. C'était un engagé volontaire qui avait conquis tous ses grades. Il était estimé de ses chefs et aimé de ses soldats. Il s'est certainement exagéré la part de responsabilité qui lui incombait dans les fraudes commises à l'ordinaire de son ancienne compagnie. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1903  -  Trop d’écoles.   -   Il paraît que le collège de jeunes filles voit, chaque année, augmenter sa clientèle et qu'il est, depuis longtemps déjà, devenu trop petit. On songe donc à l'agrandir et on va mettre, sans doute, un projet de bâtiments nouveaux à l'étude.

L'Etat a déjà averti la mairie qu'il paierait, volontiers, la moitié des frais occasionnés par cet agrandissement. Ce serait superbe, si cela ne voulait pas dire que c'est nous qui paierons l'autre moitié. L'instruction est une belle chose, mais elle nous coûte cher, décidément. Si cela continue encore une vingtaine d'années, la moitié de la ville sera occupée par des écoles.

Nous avons déjà une école normale gigantesque ou chaque élève a au moins 100 mètres carrés pour se retourner, on achève une école professionnelle, rue de Bayeux, pour faire la pige aux Frères de Saint-Joseph, la bibliothèque de la. faculté sort à peine de terre et voilà qu'on songe à reconstruire un nouveau collège de demoiselles ! C'est beaucoup, vraiment, pour une ville seule.! Et ce n'est pas tout, il faudra 29 000 fr. pour aménager l'école du Vaugueux, 27 000 fr. pour celle de la rue de Geôle et 13 000 fr pour réparations au lycée.

Notre bourse demande grâce. Il serait temps de bâtir un asile pour les pauvres contribuables qui auront usé leurs souliers sur le chemin du percepteur et vidé leur bourse dans sa sacoche.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1903  -  Sage mesure.   -    Le conseil général a émis le vœu que dans les cahiers des charges des travaux, les villes et les communes se conforment aux conditions prescrites par un décret de 1899 où il est recommandé d'assurer aux ouvriers et employés un jour de repos par semaine, de n'employer d'ouvriers étrangers que dans une proportion fixée par décision préfectorale, de payer aux ouvriers un salaire normal, égal dans la région où le travail est exécuté, et de limiter la durée du travail journalier à la durée normale du travail en usage dans la région, sauf les cas de nécessité absolue.  Tout cela est bien à condition d'être suivi. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1903  -  Nos tramways.   -    Les trams électriques de Caen continuent à faire des leurs. Non contents d'aller à une vitesse exagérée dans les rues, ils ne ralentissent pas aux croisements et aux carrefours, au risque de tout heurter, comme ils l'ont fait l’autre jour pour la voiture de May qui ne se rangeait, pas assez vite.

Dimanche, jour de la fête de la Maladrerie, les tramways ont déraillé plusieurs fois en face le calvaire, par suite d'un écartement des rails produit, dit la direction, par un affaissement du terrain. Est-ce bien là la véritable cause ? (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Août 1903  -  Monument historique.   -    Par arrêté ministériel, l'ancienne église de Saint-Etienne de Caen est classée parmi les monuments historiques.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1903  -  A la belle étoile.   -    Les réservistes sont arrivés lundi à Caen. On voulait les loger à Sainte-Paix, dans le couvent des Capucins. Ceux-ci n'ont, pas voulu donner les clefs.

Un référé a été introduit devant M. Formey de Saint-Louvent, vice-président du tribunal civil, qui n'a pas voulu se prononcer et s'est déclaré incompétent.

Les réservistes ne sont pas restés pour cela à la belle étoile, ils ont été logés provisoirement dans l'ancien petit séminaire, rue Singer, et dans le cirque.

Il paraît que le général Servière viendrait de donner l'ordre formel de les loger, sans délai, à Sainte-Paix. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1903  -  Vitesse exagérée d’automobiles.   -    Des contraventions pour vitesse exagérée dans les rues de Caen ont été dressées, mercredi dernier, à MM. Paulmier, député du Calvados ; de Dion, député, constructeur d'automobiles à Paris ; Schœffert, propriétaire à Cuverville-la-Grosse-Tour, et Cloître, propriétaire à Bayeux. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1903  -  Pères et pères.   -   Après avoir vidé les couvents, en passant les religieux dehors, voici qu'à présent on songe à les remplir de nouveau.

C'est ainsi qu'à Sainte-Paix, au lieu de Capucins, il y a maintenant des réservistes. On a envoyé en effet les « 28 jours » s'abriter dans les cloîtres des Révérends Pères Récollets. Ils y sont toujours mieux que dans le cirque qui est ouvert à tous les mauvais vents, mais les voûtes du couvent vont en entendre de drôles, auxquelles elles n'étaient pas habituées probablement. Au lieu des litanies et des cantiques, on y contera de bonnes blagues et on y chantera des chansons salées. Des soldats après des moines, c'est toujours une congrégation, seulement il y en a une qui n'est pas assez autorisée et l'autre qui l'est trop. Gageons qu'on n'aura pas besoin d'employer la force pour dissoudre l'ordre nouveau composé en grande partie de Pères…. de famille qui dessert actuellement le couvent de Sainte-Paix.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1903  -  Orage.   -   Un orage a éclaté, mercredi l'après-midi, sur Caen. Plusieurs maisons et caves ont été envahies par les eaux, et des cheminées ont été abattues. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1903  -  Les trains Scotte.   -   On se rappelle les lourdes guimbardes à vapeur, peinturées de jaune, qui devaient faire le service de Caen à Caumont et qui ne pouvaient jamais monter la rue de Bayeux. On va les vendre aux enchères, avec tout le matériel d'exploitation. La liquidation de la Société Scotte était attendue depuis pas mal d'années, mais elle n'avançait guère plus vite que ses trains. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1903  -  Noyé.   -   On a repêché de l'Orne, à Caen, à l'extrémité du Grand-Cours, le cadavre d'un homme paraissant âgé de 55 ans à 60 ans. Il avait dans ses poches un  porte-monnaie contenant 18 francs, une sommation du percepteur de Moulins-la-Marche (Orne) et une carte d'électeur au nom de Charles Mabile, 60 ans, fermier à Moulins-la-Marche. Le corps ne portant aucunes traces de lutte ni de violences, il semble que ce malheureux serait tombé à l'eau accidentellement. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1903  -  Moustiques.   -   Les habitants de Caen sont en train de s'écorcher à force de se gratter. Ce sont des moustiques, amenés par un bateau, qui les dévorent. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1903  -  Affiches roulantes.   -  La Compagnie des tramways vient d'ajoute  une nouvelle corde à son trolley, elle ouvre une grandissime, agence d'affichage.

On pardonnait aux cars électriques leurs dimensions encombrantes à cause de leur aspect extérieur assez coquet, mais, à présent, c'est fini, ils sont voués à la laideur et nous aussi. Les voitures vont être changées en immenses pancartes ambulantes, peintes en couleurs vivaces, de quoi faire hurler les chiens, emballer les chevaux et aveugler les passants. Pourtant, un article du traité de concession porte que le type et la couleur des voitures devront être approuvés par la ville et la préfecture.

Est-ce qu'on les a consultés avant d’arborer ces horribles réclames ? Inutile de dire qu'au Havre, à Rouen, ni nulle part, on ne tolère un tel bariolage sur les tramways. Mais on sait qu'en toutes choses, Caen est toujours privilégié. Merci pour le privilège ! Nous nous en passerions bien.

Pourtant, la Compagnie a été créée pour rouler les voyageurs et non des affiches. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1903  -  Triste bilan.   -  L'hiver s'annonce mal. Par suite des temps pluvieux, la récolte des blés s'est mal faits, il a fallu, aussitôt coupé, le mettre en meulettes au lieu de le laisser sécher.

Dans ces conditions, le prix du pain ne diminuera guère, heureux encore s'il n'augmente pas.

— Les pommes de terre aussi se récoltent dans de mauvaises conditions, l'humidité ayant propagé la maladie. Peu de fruits de table et presque pas de pommes à cidre. Les bouchers caennais parlent aussi d'augmenter la viande. Voilà le bilan, il n'est pas gai. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1903  -   L’hiver.   -    Des prophètes infaillibles nous avaient promis un mois de septembre superbe. Ils se sont grossièrement trompés, car le temps est exécrable et il fait  déjà froid.

Un autre prophète, le comte Joseph Ledochovski, dont les prédictions sont certaines, dit-on, nous annonce l'hiver le plus froid qu'on ait passé depuis un siècle ! Si lui aussi pouvait se tromper, cela ferait bien notre affaire. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1903  -   500 kilomètres à pied.   -    C'est ce que vient de faire le 4e  bataillon du 5e de ligne, qui rentre à Caen le 18. Les hommes ont été manœuvrer jusque sur les bords de l'Oise, ils ont marché 36 jours sur 48 avec une moyenne dépassant 25 kilomètres par jour et, malgré ces fatigués, leur santé est bonne. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1903  -   Mort subitement à la veille de se marier.   -    M. Jules Creveuil, 30 ans, garçon boucher à Caen, rue Caponière, devait se marier samedi prochain à la demoiselle Berthe Lair, cuisinière.

Mardi, dans l'après-midi, se trouvant indisposé, il alla consulter un médecin qui le rassura en lui disant qu'il serait rétabli le lendemain. Creveuil alla demander un lit chez M, Morel, restaurateur. Mais, quelques heures après, il rendait le dernier soupir.

Il était né à Castilly, près Isigny, et devait s'établir à la place du sieur Simon, qui s'est suicidé dernièrement. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1903  -   Les désespérés.   -    On a repêché du Canal, à Caen, en face les magasins du pitchpin, le cadavre du sieur Jean-Baptiste Mamoser, 29 ans, employé de la maison Gost, rue de Vaucelles.

Mamoser était disparu le 17 septembre dernier. Le malheureux souffrait depuis longtemps, il était dans l'impossibilité absolue de travailler et allait être congédié. On se trouve donc en présence d'un suicide. La famille de Mamoser, qui habite Elbeuf, a été prévenue.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1903  -   École primaire supérieure.   -    Le succès de la nouvelle école primaire supérieure de Caen va en augmentant. Il y a déjà plus de cinquante élèves internes d'inscrits. La directeur est M. Sagot, il nous vient de l'école de Périers (Manche).

Rue de Bayeux, les élèves recevront l'enseignement préparatoire à toutes les écoles industrielles et ils apprendront à travailler le bois et le fer sous la direction de patrons caennais. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1903  -   Lois protectrices.   -    La loi sur les accidents du travail oblige les patrons à venir en aide à leurs ouvriers blessés en accomplissant leur tâche.

Seuls, les ouvriers des champs n'en bénéficiaient pas. Cette inégalité va être abolie prochainement, si nos députés n'y mettent pas d'opposition, et les ouvriers agricoles, eux aussi, devront être assistés et indemnisés par leurs maîtres en cas d'accidents survenus pendant le travail.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1903  -   Le tour de Caen.   -    Une grande course à pied aura lieu le dimanche 18 octobre.

Tous les marcheurs et les coureurs peuvent y prendre part. Le trajet comprend une vingtaine de Kilomètres.

De nombreux prix seront offerts. Se faire inscrire en versant 1 fr. chez MM. Levavasseur, 1, place Gambetta, et Prestavoine, 39, rue de l'Arquette. Il sera décerné aux « bleus » des prix spéciaux. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Octobre 1903  -   Fumée sans feu.   -  Pendant les courses d'étalons, vendredi, les herbes folles qui bordent la ligne du chemin de fer brûlaient, dans la prairie de Caen, dégageant une énorme quantité de fumée blanche.

Sur le soir, cette fumée s'éleva et forma au couchant un nuage couleur de feu. Il n'en fallut pas davantage pour qu'on crût h quel[1]que gigantesque incendie. L'ingénieur municipal, qui n'y voyait que du feu, appela les pompiers. Ils accoururent, ayant à leur tête leur casque et leur capitaine. On amena les pompes, les dévidoirs, les échelles, les crampons et tout le tremblement. On courut en reconnaissance sur toutes les routes des environs et, comme on ne trouva rien, on pensa un instant à mettre le feu à quelque chose. Mais, réflexion faite, nos bons pompiers s'en retournèrent embrasser leurs femmes et leurs fils, avec leurs pompes, leurs dévidoirs, leurs échelles, leurs crampons et tout leur tremblement.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1903  -   Prenez vos billets.   -   Il y a quelque temps, notre municipalité a nommé une commission chargée de s'occuper des moyens propres à attirer chez nous la grande industrie. Jusqu'ici, elle n'a abouti à rien.

A Lisieux, où tant d'usines se sont fermées depuis la guerre, on se remue davantage et on fait risette aux gros industriels. Pour les amadouer, la municipalité doit organiser un concours monstre entre ceux d'entre eux qui voudraient s'établir à Lisieux. Il y aurait deux prix de 200 000 fr. chacun et deux autres de 100 000 fr. Ce ne sont pas de petites sommes et il y a bien de quoi tenter les chercheurs d'affaires.

Pour faire face à la dépense, Lisieux songerait à faire une loterie d'un million. C'est autre chose que notre tombola !

Une commission municipale doit aller négocier l'autorisation avec M. Combes. Si elle est accordée, ce sera le moment d'essayer sa chance à la grrrande loterie de Lisieux ! (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1903  -   École primaire supérieure.   -   A peine notre école supérieure est-elle ouverte que les élèves abondent au point qu'on est obligé de faire certains cours dans les corridors.

Cela s'explique, car les enfants, en plus de l'instruction ordinaire, sont exercés aux travaux manuels et préparés à entrer dans toutes les écoles industrielles.

M. Jacquier vient d'être nommé professeur de dessin et M. Arthur Marye chargé des cours de solfège. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1903  -   Triste mort.   -   La demoiselle Marie Lecornu, 26 ans, demeurant avec sa mère à Mouen, près Tiily-sur-Seulles, était venue à Caen passer quelques jours au Bon-Sauveur où elle avait été élevée. Le soir, s'étant rendue aux cabinets d'aisances, elle ouvrit une porte et entra de plain-pied. Mais cette porte donnait sur l'Odon qui traverse l'établissement.

La pauvre demoiselle tomba à l'eau, et comme elle était à demi paralysée, elle ne put se retirer et se noya. Ce n'est que le lendemain matin que son cadavre a été découvert. Le père de la demoiselle Lecornu a été longtemps horloger-bijoutier à Caen, rue Ecuyêre et rue Saint-Pierre. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1903  -   Bouilleurs de cru.   -   Au ministère des finances, on a décidé que, pour le Calvados, les propriétaires de 35 pommiers ou 20 poiriers et au-dessous bénéficieraient de  l'amendement à la loi sur les bouilleurs de cru et seraient dispensés de toutes formalités. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1903  -   De l’eau S.V.P.   -   On manque par fois d'eau dans les incendies parce que les prises ne fonctionnent pas. Celle placée rue Saint-Pierre, près de la pharmacie Mullois, ne fonctionne pas depuis au moins trois mois. Le feu a pris, l'autre jour, dans la cour du n° 37. Où aurait-on branché le dévidoir si le foyer de l’incendie s’était étendu ? (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1903  -   Les deux inséparables.   -   Ce sont Arnaud Prestavoine, 65 ans, et Marie Valéry, 44 ans. Ces deux miséreux ne peuvent pas vivre loin l'un de l'autre.

Si Prestavoine est condamné à la prison, Marie Valéry se fait pincer pour aller coucher sous le même toit. Jeudi, ils ont encore comparu devant le tribunal de Caen pour vagabondage. Et comme le président demandait à Prestavoine pourquoi il ne régularisait pas sa situation, le vagabond a répondu qu'on ne voulait pas les marier parce qu'ils n'avaient pas les six mois de domicile légal exigés par la loi.

Le tribunal a eu un instant l'idée de leur flanquer six mois de prison, ce qui leur aurait constitué le domicile de[1]mandé, mais il a reculé devant cette sévérité et les a condamnés seulement à deux mois de prison chacun. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1903  -   Destruction des corbeaux.   -   La destruction, à l'aide d'un fusil, des corbeaux, corneilles et pigeons ramiers est autorisée du 1er novembre au 30 juin, sans permis. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1903  -   Fumée chère.   -   En 1902, le Calvados a fait envoler en fumée pour 67 212 fr. de tabac de plus que l'année d'avant. Ce sont les fumeurs de Caen et de Lisieux qui en ont le plus consommé. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1903  -   Trop de tolérance.   -   Lundi, à cinq heures et demie du soir, deux cars du tram, non porteurs du feu rouge réglementaire, ont stationné un assez long laps de temps en travers de la place Saint-Pierre.

Les agents de service n'ont rien dit. Un pauvre cocher, avec sa voiture, eût certainement écopé d'un procès-verbal. Tout[1]est donc permis à la Société des tramways. Cela prouve que s'il y a des accommodements avec le ciel, il y en a aussi avec les municipalités. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1903  -   Tuée par une vache.   -   Dans un herbage du Pont-Créon, près Caen, la dame Berlin, 44 ans, blanchisseuse, était allée soigner sa vache. Son chien rendit furieux l'animal qui se précipita sur elle, la renversa et la piétina. Sa fille, âgée de 21 ans, se porta aussitôt à son secours. Elle reçut un coup de cornes qui déchira ses vêtements et lui laboura les reins.

Trois voisins arrivèrent qui dégagèrent les deux femmes, et la dame Bertin put regagner à pied sa maison. Elle se mit au lit et mourut une heure après. L'état de sa fille n'est pas grave. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1903  -   Choses municipales.   -   Il parait que le fumier n'est pas cher cette année, car il ne s'est pas présenté d'acquéreur pour celui de notre école de dressage. Il faudra une nouvelle adjudication.

Si personne n'en veut, il est question de le transporter à la mairie et d'en faire des couches à champignons. Les salles sont assez humides pour qu'on y récolte des cryptogames à foison, et nos conseillers pourraient s'en occuper d'autant mieux eux-mêmes que certains de nos élus en ont déjà une couche. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1903  -   Enfant morte faute de soins.   -   La petite Marie Coste, 13 ans, appartenant à de pauvres gens de la rue Coupée, est morte faute de soins, sa mère ayant en vain, à ce qu'elle prétend, imploré le médecin du dispensaire de se rendre auprès de l'enfant à toute extrémité. Que de fois n'avons[1]nous pas signalé à la municipalité combien était défectueux, à Caen, le service du dispensaire. Toujours elle a fait la sourde oreille.

Cette mort, survenant à la veille des élections municipales, va peut-être faire sortir la mairie de son indifférence et la déterminer à prendre les mesures que l'humanité commande. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1903  -   Une sainte en police correctionnelle.   -   La femme Marie-Amélie Durocher, 50 ans, cuisinière, rue des Carmes, à Caen, est connue, dans son quartier, sous le nom de « la Sainte », en raison de ses habitudes religieuses.

L'autre dimanche, après avoir assisté aux vêpres de sa paroisse, elle se rendit à Saint-Pierre où on fêtait le curé. Ayant sans doute communié, le matin, sous les espèces du pain, la Sainte voulut, le soir, communier sous celles, du vin. C'est pour cela qu'elle alla rue Ecuyère en filouter un litre chez M. Suzanne, marchand de liquides.

En raison de l'intention, le tribunal ne lui a infligé, comme pénitence, qu'un mois de prison, avec le bénéfice de la loi Bérenger. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1903  -   Le voleur des boucheries.   -   Nous avons dit que la police avait arrêté l'auteur des vols dans les boucheries de Caen, Victor Heude, 26 ans, journalier.

Le commissaire de Vaucelles et ses agents l'ont pincé à quatre heures du matin en sortant du couloir de la boucherie Binet, rue de Vaucelles, 122. Pour les éviter, il était déjà entré dans plusieurs allées, et il a avoué au commissaire qu'il était très facile de se cacher et de voler en ville à cause de la mauvaise habitude qu'on a de laisser toujours ouvertes les portes des  allées, malgré l'arrêté qui en prescrit la fermeture la nuit.

Le vol de Vaucelles avait rapporté à Heude 3 fr. 50 et trois tablettes de chocolat. Il a déjà fait deux ans de prison. Il a avoué être l'auteur des tentatives de vols commises chez MM. Delalande et Olive, bouchers à Caen, et pourrait bien être l'auteur de nombreux méfaits aux environs de nôtre ville. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1903  -   Un cadavre.   -   Le cadavre d'un homme, tombé dans le remblai de la ligne de Cherbourg, près Caen, a été trouvé par des ouvriers occupés sur la voie. Il portait une large blessure au pied droit et à la tête.

Cet individu, assez bien mis, était âgé de 30 ans, il avait une blouse neuve, mais ni chapeau ni chaussures. C'est un nommé Outrequin, garde barrière dans l'Eure, qui serait tombé d'un train en marche. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1903  -   Guerre aux marchants de chevaux.   -   Le bouillant, député du Calvados, M Fernand Engerand, a  exécuté à la Chambre une charge de cavalerie. Il s'est lancé à fond de train contre les marchands de chevaux et il a demandé la protection de l'État pour les éleveurs. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1903  -   Récompense honorifique.   -   Émile Giffard, matelot à Beuzeval, témoignage de satisfaction du ministre de la marine pour avoir, au mois d'août dernier, secouru des baigneurs en train de se noyer, à Beuzeval.

 Un prix de vertu de 500 fr. a été attribué, par l'Académie française, à la demoiselle Eugénie Lebailly, demeurant à Caen. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Décembre 1903  -   Incident macabre.   -   Il n'était bruit en ville, dimanche et lundi, que d'une femme mise vivante au cercueil et qui était ressuscitée pendant qu'on lui chantait son Libéra. La vérité, déjà bien étrange, se réduit à ceci : Une pauvresse paralytique, la dame morte jeudi d'une congestion. C'est le docteur Vigot qui avait, dit-on, constaté le décès. Le sieur Hébert, menuisier du dispensaire, en mettant le corps en bière, samedi, fut étonné de le trouver encore chaud ; même, le lendemain, les porteurs sentirent la chaleur à travers le bois du cercueil.

On fit malgré cela le service funèbre, mais, la police prévenue, fit arrêter le convoi et entrer le cercueil à l'hôtel Dieu, où le docteur Catois examina le corps et procéda à l'épreuve du fer rouge.

La dame Chiron était morte et bien morte, et sa position dans le cercueil ne pouvait en rien faire supposer qu'elle y eût été enterrée vivante. Que de potins, mon Dieu ! pour une chaleur peut-être communiquée par des croque-morts échauffés. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1903  -   Travaux du nouvel hôpital.   -   Malgré le mauvais temps, les bâtiments se construisent comme par enchantement.

A propos de ces travaux, est-il vrai que des concessions sur concessions sont accordées aux entrepreneurs, tous étrangers à la ville ?

Dans ce cas, si ces avantages avaient figure sur le cahier des charges, n'y a-t-il pas lieu de supposer que les rabais, si forts qu'ils ont été, auraient pu être encore plus élevés ? (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1903  -   Cessation de travail.   -   Par suite du mauvais temps, le travail a été suspendu sur les chantiers du nouvel hôpital. On ne sait si la carrière d'Allemagne va fermer. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1903  -   Une compagnie qui se fiche de la ville.   -    Malgré le vote de protestation du conseil municipal, les monstrueuses réclames qui « décorent » les tramways électriques n'ont pas encore disparu. L'administration a écrit à la compagnie des tramways ; mais elle fait la sourde oreille, se fichant des injonctions de la municipalité comme de ses arrêtés.

La compagnie des tramways ne peut pas arguer qu'elle aurait des dommages-intérêts à payer aux industriels avec lesquels elle a traité, car la compagnie de publicité, sachant que ce qui est toléré à Caen ne l'est dans aucune ville, a prévu le cas dans les engagements qu'elle a fait signer aux négociants caennais.

(Source : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1903  -   Respectez les « Perrotines ».   -    M. Perrotte a imposé à ses administrés des boîtes à ordures qu'on peut admirer, tous les matins, rangées en mauvais ordre sur les trottoirs. Mais combien elles en voient de dures, ces innocentes boîte !

Les préposés à l'enlèvement, sans prendre la peine d'y mettre les mains, les renversent d'un coup de pied brutal et les envoient dinguer à plusieurs mètres. Les ménagères, dont on démolit ainsi les « perrottines », sont furieuses et elles ont raison. Donnez-vous donc la peine de vous baisser, bonnes gens de la voirie, et ne faites pas aux « perrottines » ce que vous  ne voudriez pas qu'on vous fit à vous mêmes.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1904  -   La nouvelle école.   -    On dirait qu'en construisant l'école primaire de la rue de Bayeux on n'espérait qu'à moitié la voir réussir. Les élèves y sont arrivés en foule et il n'y a guère de place pour les recevoir. Les réfectoires sont trop petits, la cour complètement insuffisante et ça manque de cabinets d'aisances.

De plus, quand il pleut, les élèves sont parqués dans les corridors, faute d'un préau intérieur pour s'abriter. Il y en a bien un devant l’école mais il est encombré par les appareils de gymnastique.

On va consacrer 6 000 fr. à faire ces travaux urgents, ce qui n'a pas empêché certains conseillers de taire de la rouspétance. On voit bien qu'ils ne sont plus d'âge à avoir des gosses à l'école.

D'un autre côté, on manque de galette au ministère, car les professeurs adjoints n'ont pas encore reçu un sou depuis la rentrée et, ce qui est plus fort, ils ne connaissent même pas le chiffre de leur traitement. Si cela continue, l'Union commerciale, qui s'y entend, fera bien d'organiser au plus tôt une grande tombola au bénéfice de ces malheureuses victimes de la dèche gouvernementale.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1904  -   Cruelle énigme.   -    Nous avons dit que la fourniture de la viande aux hospices avait été adjugée à 1 fr. 25 le kilo ; douze sous et demi la livre. Ça n'est vraiment pas, cher au prix où est la margarine ! D'aucuns, même, trouvent que ça n'est pas assez cher. On se demande, en effet, comment les bouchers, qui crient misère et disent acheter la viande quinze et même seize sous sur pied, peuvent la céder à si bas prix.

Une discussion s'est élevée, l'autre soir, au conseil municipal à ce sujet. Le docteur Noury s'est emballé ; il a parlé de retours de bâton possibles. On lui a dit que la viande de troupe coûtait moins cher encore. Il a répondu qu'on ne fournissait aux soldats que de-bas morceaux, tandis que les hospices ont tout : le bon et le mauvais. Bref, on a bien vu que le docteur Noury, qui se nourrit bien, nous rit au nez quand on lui dit que tout le monde est bien nourri. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1904  -   Étudiants et rôdeurs.   -    La nuit de Noël, vers 3 heures, rue St-Pierre à Caen, des étudiants en ballade ont été attaqués par des gens en blouse et l'un d'eux même a été renversé d'un coup-de-poing américain en plein visage. Les étudiants se sont vaillamment détendus et il en est résulté une véritable bataille qui a mis tout le quartier en émoi. Des agents arrivèrent comme tout venait de finir et tombèrent encore en plein rassemblement. Les étudiants en profitèrent pour porter plainte. L'affaire en est là. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1904  -   Les carrières du Calvados.   -   M. James directeur de la société des Carrières du Calvados, avait porté appel du jugement le déclarant en faillite. La cour a maintenu la décision du tribunal. L'assemblée générale des actionnaires a accepté la démission de M. James et nommé M. Delaunay gérant provisoire. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1904  -   Les sécularisations.   -    Le procureur général s'est pourvu en cassation contre les arrêts de la cour de Caen qui acquittaient les religieuses sécularisées et les propriétaires des immeubles occupés. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1904  -   Médaille d’honneur.   La médaille d'honneur des douaniers a été accordée au sieur Jean Cardon, préposé des douanes à Caen. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1904  -   Naufrage.   -   Le steamer « Bruggia », qui avait déjà éprouvé un accident en sortant du port de Caen, vient de faire naufrage à Beaduel (Northumberland), par suite du brouillard. L'équipage est sauvé. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Janvier 1904  -   Accident au nouvel hôpital, à Caen.   -     Une équipe de maçons était occupée à poser la dernière pierre d'une cheminée dans les chantiers du nouvel hôpital, à Caen. Soudain, la pierre tomba et brisa l'échafaudage sur lequel se tenaient les ouvriers, qui tombèrent de quatorze mètres de haut.

L'un d'eux, Victor Penon, 50 ans, habitant Mathieu, se fractura trois côtes. Son état n'est pas inquiétant. Trois autres ouvriers, qui avaient pu se rattraper aux chevrons de la toiture, n'eurent que des contusions ne présentant aucune gravité.

 

Janvier 1904  -   La dentelle.   -   Un récent décret du président de la République prescrit l'enseignement de la dentelle à la main dans les écoles communales d'institutrices à Caen, Alençon et le Puy.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1904  -   L’ami des bêtes.   -   Ces jours-ci, deux gendarmes se présentaient au lycée de Caen. Le proviseur, fort étonné, accourut. Sa surprise fut plus grande encore quand les gendarmes lui firent connaître les motifs de leur visite. Ils venaient pour interroger deux élèves « accusés » d'avoir, pendant les vacances de Noël, en la commune de R..., jeté des pierres au chat d'un voisin surnommé « l'Ami des bêtes ».

Le proviseur refusa de faire appeler les élèves pour si peu, et les gendarmes s'en retournèrent tout penauds d'être mis sur pied pour des « chatteries », alors que, par ces temps[1]de vols et de maraudages, leur présence ailleurs était si utile. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1904  -   Le barrage de l’Orne.   -   Il va finir par arrêter le cours de notre prospérité. Si encore on était sûr qu'il rapportera ?... Il est possible qu'une fois le plan d'eau du canal haussé encore de quelques centimètres, le trafic du port de Caen soit un peu augmenté, mais cela n'élargira toujours pas les ponts trop étroits et n'approfondira pas le chenal. Quant au trafic de l'Orne, jusqu'à Saint-André, ce serait folie d'y compter.

En attendant, comme la chambre de commerce ne voulait plus rien savoir, le département avait encore arraché, avec douleur, 50. 00 fr. de plus à la ville qui, ne pouvant reculer davantage, s'était laissé faire. cela porte notre contribution à la bagatelle de 250 000 fr.

Caen aura donc son lac intérieur, au lieu du dégoûtant cloaque que laisse, à Vauceiles, la marée basse. Mais tous les égouts devront être refaits. Espérons qu'il n'y aura qu'eux. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1904  -   A la caserne.   -   On dit qu'une cartouche de dynamite, à mèche, aurait été trouvée dans l'escalier de la neuvième compagnie, à la caserne Hamelin, à Caen. L'engin était tourné vers les bureaux. Il a été saisi et examiné, mais on n'a trouvé à l'intérieur que des substances inoffensives. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Février 1904  -   Disparu en mer.   -   Le sieur Morley, cuisinier à bord du « Calvados », bateau de la ligne Caen-Newhaven, ne s'est pas retrouvé à l'arrivée du navire à Caen. Il a du être enlevé par la tempête, sans qu'on s'en soit aperçu.

Il laisse une femme et 5 enfants. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1904  -   Noyé.   -   Samedi dernier, vers 6 heures 1/2 du soir, un chauffeur à bord du vapeur l' « Hirondelle », de la Cie  normande de navigation, le sieur François Gallon, 35 ans,  demeurant rue de la Fontaine, au Havre, est tombé à l'eau, entre deux bateaux, dans le Vieux Bassin, à Caen. Malgré toutes les recherches, on n'a pu jusqu'ici retrouver son corps. L'accident a été causé par un brusque mouvement de la grue servante décharger. Gallon laisse une femme et un enfant. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1904  -   Accident de voiture.   -   Le sieur François Catel, 45 ans, piqueur d'attelage chez M. Brion, marchand de chevaux, rue de la Gare, à Caen, revenait chez son patron, conduisant un jeune cheval attelé à un tilbury, et ayant près de lui un palefrenier, le sieur Leconte.

Arrivé au n° 92 de la rue d'Auge, le cheval fut effrayé par une automobile. Catel, arraché de son siège par le bond de l'animal, fut projeté sur le sol. Dans sa chute, il reçut une très grave blessure à la tête ; on l'a transporté à son domicile, rue de Falaise où il a reçu des soins empressés, mais il est resté très longtemps sans reprendre connaissance. Depuis, son état s'est sensiblement amélioré. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1904  -   Quittes pour la peur.   -   M. Mesnage, marchand de chevaux à Caen, accompagné de son piqueur, conduisait un tilbury attelé d'un cheval, sur le cours Circulaire, lorsque le cheval, pris de peur, s'emballa, et, malgré les efforts de son conducteur qui ne put le retenir, sauta dans le fossé de la prairie.

M. Mesnage et le piqueur furent projetés à 6 m. par dessus la voiture. Le piqueur se releva indemne. M. Mesnage resta évanoui et fut transporté chez lui, mais il en sera quitte pour quelques jours de repos.

Chose bizarre, après ce saut périlleux, le cheval n'avait même pas eu une égratignure. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1904  -   Caen la nuit.   -   Dans la nuit de dimanche à lundi, quatre réservistes des bataillons d'Afrique, logés au couvent des Capucins, ont attaqué trois passants dans la rue pour les voler. Un employé à l'hôpital de Falaise, qui se rendait à la gare, a été arrêté par eux, place des Abattoirs ; ils lui ont pris son porte-monnaie, l'ont à demi déshabillé et laissé sur place. Rue de la Gare, le sieur Devaux, domestique à Giberville, fut frappé violemment au front, et les quatre bandits lui volèrent sa montre et son argent. Enfin, un jardinier de Mondeville, Auguste Morice, qui les rencontra rue d'Auge, fut renversé et frappé ; il put se dégager, n'ayant perdu que son couteau.

L'autorité militaire s'occupe activement de rechercher ces dangereux malfaiteurs. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1904  -   Boites aux lettres roulantes.   -   Depuis lundi, nos tramways électriques portent des boîtes aux lettres à partir de 7 heures du soir. On les enlève à Saint-Pierre entre 8 heures et 9 heures 1/2 et le courrier est emporté à la gare pour le dernier départ.

La dernière levée de la boîte de la place St-Pierre n'a lieu à présent qu'à 9 h. 1/2.

Et dire que, malgré toutes ces améliorations, il y aura encore des gens qui rateront leur courrier ! (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1904  -   Les suites d’une chute.   -   Nous avons parlé l'autre semaine du grave accident arrivé au sieur François Catel, piqueur chez M. Brion, marchand de chevaux à Caen.

En voulant retenir un cheval effrayé par un auto, Catel tomba de voiture et reçut de sérieuses blessures à la tête. Il fut transporté aussitôt à son domicile, rue de Falaise, dans un état inquiétant. Après une longue semaine de souffrance, ce malheureux vient de mourir, laissant une veuve et trois enfants. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1904  -   Cheval emballé.   -   La dame Delaunay, marchande de chaussures, rue Guillaume, 44, conduisait à l'école sa petite fille, âgée de 8 ans, lorsque le cheval, attelé à une voiture, de M. Lefèvre, camionneur, rue des Carmes, et conduit par le sieur Paul Vengeon, s'emballa et, dans un brusque écart, fit monter la voiture sur le trottoir.

Une des roues de la voiture heurta un candélabre à gaz et le renversa. Ce candélabre, en tombant, atteignit la petite fille de la dame Delaunay, lui brisa la jambe et lui fit en outre une blessure assez sérieuse à la tête.

Il ne parait pas y avoir eu d'imprudence de la part du conducteur, qui a fait de grands efforts pour maîtriser son cheval. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1904  -   Révocation.   -   L'abbé Turpin, premier vicaire de Saint-Etienne de Caen, vient d'être, par décret ministériel, révoqué de ses fonctions d'aumônier de la prison.

L'abbé Turpin est frappé pour avoir lu aux prisonniers une lettre pastorale de Mgr Amette, hostile au gouvernement, et qui ne devait être lue que dans une église ou une chapelle publique. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1904  -   État civil comparé.   -   Il y a eu cette semaine, à Caen, 13 naissances, 25 décès, 5 mariages et 11 publications.

Dans la semaine, correspondante de l'année dernière, on avait enregistré 8 naissances, 15 décès, 5 mariages et 6 publications. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1904  -   Les mésaventures de Gernifle.   -  Louis Gernifle, 29 ans, garçon coiffeur à Flers, se trouvait récemment à Caen, son pays natal. Il avait loué une bicyclette à M. Chevalier, rue Singer, et payé le prix de la location.

Le coiffeur s'en vint à Flers chez son ancien patron et s'empressa, le jour ou le lendemain de son arrivée, d'expédier la machine au loueur. Le délai de location étant écoulé avant que la machine ait été remise par la compagnie de l'Ouest au propriétaire, celui-ci, pensant qu'il avait eu affaire à un filou, porta plainte au procureur de la République. Un mandat d'amener fut lancé et vint toucher Gernifle à Fiers.

Mais sur ces entrefaites la machine était rentrée chez M. Chevalier qui en avait donné avis à M. le procureur et, en même temps, avait retiré sa plainte. Le contre-ordre ne marcha pas plus vite que le mandat d'amener qu'il suivait, et les gendarmes de Flers, n'ayant qu'une consigne, l'exécutèrent en conduisant Gernifle à Caen.

Mais, c'était dimanche et le magistrat, tout comme le commun des mortels, utilisant ses loisirs, avait profité d'une journée printanière pour s'absenter de la ville. Gernifle dut donc passer la journée et la nuit en prison et ne fut mis en liberté que dans la journée du lendemain. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1904  -   Précocité.   -  Le charbon déposé en tas sur les quais tente toujours les malfaiteurs et les vols en sont fréquents.

La semaine dernière, deux procès-verbaux ont encore été dressés pour vol de combustible sur les quais, contre deux gamins de 11 et 14 ans, les nommés Ernest Donné, rue Montoir-Poissonnerie, et Marcel Thomas, rue du Havre.

Ces malheureux enfants commencent bien tôt à apprendre le métier, plutôt mauvais, de voleur. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1904  -   Enlèvement des christs.   -   Conformément aux ordres donnés par le gouvernement, le christ qui figurait dans la salle de la cour d'assises a été enlevé dans l'après-midi de mardi.

De par M. Combes, voilà le bon Dieu expulsé de la cour d'assises. Les condamnés innocents pourront, avec raison, s'écrier : « Gna pus de bon Dieu ! ! ! » (Source : Le Bonhomme  Normand)

 

Avril 1904  -   Quittes pour la peur.   -  À l'occasion du lundi de Pâques, les tramways électriques de Caen avaient ajouté des baladeuses à leurs cars.

Sur la ligne de Venoîx, un peu au dessus de l'École normale de garçons, deux convois se suivant de trop près se sont heurtés. Le choc fut violent, la voiture fut détachée du car, les vitres d'arrière furent brisées, ainsi que la lanterne du tramway tamponneur. Mais, par bonheur, les voyageurs, fortement bousculés et jetés les uns sur les autres, ne furent pas blessés.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1904  -   La Foire de Caen.   -   La construction des baraques du Petit-Cours est bien avancée déjà. Nous aurons cette année le cirque Ducos, qu'on n'a pas oublié, pas plus que l'Hippo-Palace ou Trottoir roulant qui nous revient aussi.

Les théâtres Gransart-Courtois, Grenier, Cuyala, la ménagerie Poisson, un Aquarium, des Lilliputiens, un chemin de fer circulaire, les carrousels Mérieult, Perchat, et bien d'autres encore. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1904  -   Aveugle noyé.   -  Le sieur Louis Quédru, 29 ans, aveugle, avait été, l'autre nuit, étant ivre, reconduit à son domicile, cours Caffarelli, à Caen. Quelques instants après, il ressortit et tomba accidentellement dans le bassin, près du pont de Courtonne.

Deux préposés des douanes, Renault et Piquenaud, le retirèrent presque aussitôt avec une ligne Brunel, mais l'aveugle ne put être rappelé à la vie. Sa femme, qui était couchée, se mit à sa recherche et arriva comme on le retirait de l’eau. Quédru n'avait pas d'enfants. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1904  -   Gare aux autos.   -  L'autre jour, rue d'Auge, à Caen, une auto, conduit par le comte de Castries, propriétaire à Cesny-aux-Vignes, a heurté une jument de deux ans, conduite en main par son propriétaire, le sieur Gustave Brion, cultivateur à Villons-les-Buissons, et a cassé une jambe de derrière de l'animal. La pauvre bête est restée pendant plusieurs heures sur le lieu de l'accident avant d'être abattue.

  Un autre auto descendait la rue à une vive allure et le chauffeur, M. Léon du Manoir, étudiant, rue des Carmes ; s'arrêta pour apprendre la cause du rassemblement. Mauvaise idée, car il se vit dresser trois contraventions pour excès de vitesse, défaut de numéro et fausse plaque. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1904  -   Tentative de viol.   -  La veuve Bébin, 53 ans, marchande de lapins à Caen, rue de la Pigacière, cueillait de l'herbe le long de la route de la Délivrande, lorsqu'un individu se jeta sur elle et tenta de la violer.

La dame Bébin, qui est très forte, se défendit, mais elle n'en fut pas moins assez brutalisée. Des passants mirent en fuite l'individu qu'on a arrêté depuis ; c'est un vagabond, nommé Albert Le[1]page, 49 ans, né à Lasson. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1904  -   Collisions de voitures.   -  Le sieur Joseph Ozanne, cocher chez M. Primois, descendait l'avenue de la Gare, à Caen, avec un omnibus, lorsque son cheval se jeta dans une locomotive Decauville. L'animal eut la jambe brisée et dut être abattu.

Un palefrenier, le sieur Alexandre Lechartier, 41 ans, qui se trouvait sur le siège à côté d'Ozanne, son beau-frère, fut projeté à terre et blessé à la tête. Son état n'est pas grave.

— Le lendemain, une autre voiture de M. Primois, conduite par le sieur Hallot, chargé du service des dépêches, a été violemment heurtée, sous le pont du chemin de fer, par la voiture de M. Desoutter, marchand de vin, rue Frementel, dont le cheval s'était emballé. M. Desoutter et son employé furent projetés à terre et n'eurent aucun mal, mais Hallot tomba sur la tête et fut scalpé sur une longueur de quinze centimètres.

On le porta à l'hôtel-Dieu. II souffre beaucoup aux épaules et à la poitrine, mais on espère qu'il sera bientôt rétabli. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1904  -   Les temps.   -   La lune rousse, commencée le 15 avril, prendra fin le 15 mai. Jusque là, elle n'a pas été trop mauvaise, on redoute les saints de glace, 11, 12 et 13 mai.

Les hannetons sont en abondance cette année et les pommiers promettent, ce qui justifie le vieux dicton normand : année de hannetons, année de pommes. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1904  -   Les oreilles fendues.   -   Dix généraux de division et six généraux de brigade seront mis à la retraite avant la fin de l'année, ayant atteint la limite d'âge.

Parmi eux se trouve le général Lachasse, commandant la 10e brigade, à Caen. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1904  -   Cour d’Assises.   -  Tentative de vol.   -   Guillaume Simon, 26 ans, et Ernest Siméon, 31 ans, n'ont guère d'autre profession que le cambriolage et d'autre domicile que la prison. Simon a eu 6 condamnations et Siméon 15.

Ils étaient accusés d'avoir voulu pénétrer chez M. Golsdchmidt, tailleur, rue Saint-Jean, à Caen, et chez M. Quéruelle, à Vaucelles. Ils auraient enduit les carreaux de savon noir pour les enlever sans bruit. Mais, malgré leurs exécrables antécédents, leur culpabilité n'a pas été établie. Simon et Siméon ont été relâchés. Déf. Me  Martin et Flach.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1904  -   Cour d’Assises.   -  Le voleur des boucheries.   -   Dans la nuit du 11 novembre dernier, un malfaiteur tenta de forcer la grille de la boucherie Delalande, place Malherbe, à Caen, et pénétra ensuite chez le sieur Olive, boucher, rue Guillaume-le-Conquérant, qui fut réveillé par le bruit de son tiroir-caisse que le voleur voulait emporter. La nuit suivante, on arrêta un vagabond, le nommé Victor Heude, 26 ans, au moment où il sortait de l'allée du sieur Binet, boucher, rue de Vaucelles.

Il était porteur d'un revolver et il avait pris une petite somme et de menus objets qui furent retrouvés sur lui. Heude a avoué être l'auteur des vols commis dans les boucheries de Caen, mais il a nié les cambriolages dans les gares de Douvres et de la Chapelle, dont on l'accusait. II a déjà eu deux condamnations pour vol.

Le jury lui a refusé les circonstances atténuantes et l'a condamné à cinq ans de travaux forcés et à la relégation. — Défenseur : Me  Poisson. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1904  -   Cadavre reconnu.   -   Le noyé retiré la semaine dernière de l'Orne a été reconnu. C'est un sieur Lucien Pasquier, 55 ans, ouvrier sculpteur, de passage à Caen, et demeurant habituellement à Angers, rue du Bocage. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Juin 1904  -   Huit victimes.   -   Le vapeur « Hélène», appartenant aux établissements Malétra, dont une succursale est installée rue de Falaise, à Caen, a été abordé et coulé dans la Manche par un navire anglais.

Le vapeur « Hélène » avait quitté jeudi le port de Rouen ; il devait arriver en Angleterre samedi soir. L'accident est arrivé en vue des côtes anglaises. Sur les treize hommes composant l'équipage, sept ont été noyés.

Le capitaine Teste qui commandait le vapeur « Hélène » est parmi les survivants.

— La huitième victime est le matelot Émile Vallée, 40 ans, du port de Honfleur, marié et père de cinq petits enfants. La chaloupe qu'il montait avec le patron Quesnel a coulé à pic lundi la nuit. Le patron a été sauvé par une barque de pêche du Havre. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1904   -   Quittes pour un bain.   -  En déchargeant un bateau, sur le quai Vendeuvre, une fausse manœuvre de la grue a fait tomber dans le bassin deux Jeunes gens, Eugène Grosse et Andréa Guillot.

Des témoins de l'accident se sont jetés aussitôt à l'eau et les ont ramenés sains et saufs. C'est le jeune Maurice Menzies, aidé des douaniers Villey et Nicolle, qui a courageusement repêché Guillot. Les deux jeunes gens en ont été quittes pour un bain forcé. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1904   -   État civil comparé.   -   Il y a eu cette semaine, à Caen, 12 naissances, 23 décès, 4 mariages et 10 publications.

Dans la semaine, correspondante de l'année dernière, on avait enregistré 10 naissances, 21 décès, 1 mariage et 9 publications. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1904   -   Fête dieu.      Processions du Saint-Sacrement le 5 juin : le matin, Saint-Jean, Vaucelles et St-Ouen ; le soir, toutes les paroisses.

— Les fleurs et feuillages répandus sur la voie publique devront être enlevés aussitôt après les processions. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1904  -   Année d’abondance.     Dans les vallées normandes, des sources que l'on croyait taries jaillissent de nouveau. C'est, parait-il, présage d'une année d'abondance. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1904  -   Les processions.    -   A Caen, les processions ont eu lieu, sans incident, à l'intérieur des églises.

A Saint-Étienne de Caen, comme au théâtre les jours de gala, le prix des places avait été augmenté. Pour voir officier Mgr de Bayeux, on payait dix sous aux tribunes ; dans la nef, une chaise, trois sous, pour les dames. De sorte que l'interdiction des processions s'est traduite, à Saint-Étienne, par une encaisse supplémentaire. C'est ce qu'on peut appeler tirer profit de tout.

Dans presque toutes les communes du Calvados on a pu processionner sans entrave.

— Dans une commune des environs de Caen, le sonneur a perdu ses clochettes, émotionné à la vue du reposoir édifié par le « Bonhomme Normand »  lui-même. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1904  -   Les antisémites à Caen.    -   Déjà, au cours de récentes manifestations, ils avaient arboré le bleuet, signe de ralliement anti-juif.

Voici, maintenant, qu'on crie : « Mort aux Juifs ! » dans les rues et qu'on colle sur les magasins des israélites de petites affiches bleues portant ce cri imprimé avec le portrait de M. Emile Drumont.

L'autre soir, la police a arrêté André Collet, 15 ans, employé de commerce, rue Basse, et Georges Leblanc, 19 ans, employé de banque, rue de Geôle, qui se livraient à ces petits divertissements. Ils ont déclaré que quelqu'un les avait poussés à faire leur démonstration anti-juive. Si leurs dires sont exacts, les antisémites caennais feraient bien d'opérer eux-mêmes sans prendre pour agents des jeunes gens plus ou moins responsables. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1904  -   Découverte d’un cadavre.    -   Des ouvriers qui travaillaient au curage de l'Odon ont découvert, place du Parc, dans la partie souterraine du cours d'eau, le cadavre d'une femme en état de putréfaction. Elle était misérablement vêtue ; on a trouvé sur elle une photographie de soldat, deux couteaux, un chapelet et un mouchoir.

L'enquête a fait reconnaître le corps pour celui de la veuve Marie Cardine, 72 ans, qui était disparue de son domicile, 96, rue Saint-Martin, le 4 avril dernier. La photographie était celle de son fils. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1904  -   Employés surmenés.  -  Partout, on diminue les heures de travail. Sur les tramways électriques de Caen, on les augmente. Les employés ne font pas moins de douze heures de travail quotidiennement, et certains jours, comme lors de la fête de Venoix, plusieurs employés en ont fait quatorze.

C'est trop, surtout pour un service où la sécurité publique est en jeu. Qu'en pense l'inspecteur du travail ? (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1904  -   Les fantaisies de l'électricité. -   La Compagnie électrique de Caen avait promis de donner de la force dans le jour. Vendredi dernier, le courant a été interrompu à neuf heures et demie du matin et n'a été rendu qu'à neuf heures du soir. C'est par trop de sans-gêne. On reprochait à l'ancien directeur, M. Le Cornu, de répondre avec trop de brusquerie aux réclamations des abonnés.

Pour éviter ce reproche, la nouvelle direction a fait interrompre sa communication téléphonique.

De cette façon, n'ayant rien entendu, elle n'avait rien à répondre aux réclamations des abonnés. C'est beaucoup plus commode. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1904  -   Incendie et accident.  -  Le feu s'est déclaré dimanche soir, rue Porte-au-Berger, dans une chambre occupée par le sieur Beaugé, camionneur. Les dégâts atteignent 600 fr. Ils sont assurés.

Un journalier, Raymond Sabine, 22 ans, rue du Vaugueux, en travaillant à éteindre l'incendie, a été atteint par un éclat de verre qui lui a fait une plaie profonde au mollet. On l'a transporté à l'hôtel-Dieu. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1904  -   L’immoralité à Caen.  -  La femme Henriette Grandin, 52 ans, tient à Caen, rue Saint-Jean 144, un débit où le service est fait par des jeunes[1]ses qui accueillent la clientèle à bras ouverts. Malheureusement pour la tenancière, si elle recevait des clients arrivés à, l'âge où on a le droit de faire des bêtises, elle en recevait aussi qui ne l'avaient pas atteint, sans doute pour faire la moyenne.

Un seul client, âgé de moins de 21 ans, a été cité comme témoin. Il a suffi pour faire condamner la femme Grandin à quatre mois de prison pour excitation de mineurs à la débauche. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1904  -   Incendie à Caen.  -  L'autre nuit, le feu s'est déclaré rue de l'Arquette, dans les bâtiments de la tannerie Rémy qui longent l'Orne, en face le bouquet d'arbres du Grand-Cours.

Il était minuit quand le garde-barrière du passage à niveau aperçut les premières lueurs. L'éveil fut donné et les secours arrivèrent, mais le feu, alimenté par les boiseries du séchoir et par 800 livres de suif que contenait l'étuve, eut bientôt dévoré le bâtiment tout entier.

Les dégâts atteindront prés de 100 000 francs ; ils sont couverts par l'assurance « l'Ancienne Mutuelle ». On se souvient que déjà une minoterie, placée au même endroit, brûla, il y a une quinzaine d'années, avec tant de violence que des arbres entiers furent consumés de l'autre côté de la rivière. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1904  -   Pour un dé.  -  Une demoiselle Bonhomme, de la Folie, étant bonne à Caen, avait reçu en présent, de sa maîtresse, un dé à coudre, sans valeur, qu'elle oublia un jour près de la pompe. Plusieurs mois après, elle prétendit reconnaître, au doigt de la fille Pigache, ce dé qui ressemblait à tous les dés.

Une enquête fut faite et la fille Pigache déclara que c'était sa mère Alice Pigache, 43 ans, domestique, qui lui avait donné le dé. Les preuves paraissant insuffisantes et l'affaire trop mince, le dossier revint du parquet avec l'ordre de ne pas poursuivre.

Mais ces jours-ci, on ne sait à la suite de quelles démarches, l'affaire a été reprise et appelée au tribunal. Malgré que la femme Pigache ait nié avoir pris le dé qu'elle avait depuis dix ans, assurait-elle, on l'a condamnée à 25 f. d'amende. Me  Delahaye, défenseur, a porté appel aussitôt. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1904  -   Ou les mettront-ils ?   -  En voyant rangés sur le Cours les bandes d'enfants conduites par les Frères et les Sœurs, on se demandait où on caserait tout ce petit peuple à la rentrée des classes. Nos écoles sont combles.

Dans celles des garçons, il y en a jusqu'au grenier. Mettra-t-on les nouveaux dans les caves ? Et les pensionnaires des Ursulines, des Bénédictines, du Bon-Sauveur, iront-elles s'émacier dans cet immeuble insalubre de la rue Saint-Jean où la coqueluche ou autres affections sont en permanence ?

Qu'importe à ces fonctionnaires qui interdisent aux instituteurs de conduire leurs enfants à la distribution de bonbons faite par une municipalité qui ne leur plait pas ; ils sont capables de toutes les sottises. Pour eux, la politique passe avant l'hygiène. Si ce sont là les bienfaits, de l'instruction, c'est à en dégoûter. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1904  -   Écolier blessé.  -  Le jeune Alfred Tostain, 7 ans, écolier, dont les parents demeurent dans le Vaugueux, à Caen, a été jeté à terre par la voiture de M. Duthilleul, négociant, en traversant le boulevard St-Pierre. Le cheval allait au pas, mais l'enfant, projeté sous la voiture, a été assez sérieusement atteint à la tête et aux épaules. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1904  -   Récompenses.  -   Exposition de Vienne (Autriche). Médailles d'argent : M. Lefèvre, négociant à Caen, pour ses eaux-de-vie de cidre : MM. Chaplain, du Mesnil-Guillaume : Fournier, d'Orbec ; Boudin et Bourné, de Lisieux, pour leurs cidres.

— Médailles de bronze : MM. Picard, Pain et Lecoq, de Caen, pour leurs eaux-de-vie de cidre ; Mme Bosnière, de Caen, pour ses cidres. .  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1904  -   Succès.  -     Nous apprenons que M. Joseph Marie, élève de M. Leguillon, horloger constructeur à Caen, a obtenu, au concours d'horlogerie de Paris, le 1er prix, médaille d'or, pour son régulateur astronomique. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1904  -   Bonne mesure.  -   Les quincailliers de Caen entrent dans le mouvement. A l'avenir, leurs magasins seront fermés le dimanche, à midi.

Si leurs employés ne peuvent pas aller à la messe, ils pourront au moins aller aux vêpres... ou ailleurs. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1904  -   Nouvelle école.  -   Les écoles congréganistes de garçons fermées à Caen, en vertu de la loi supprimant l'enseignement congréganiste, seront rapidement remplacées par des écoles laïques libres.

M. Guillemette, de la rue du Gaillon, vient déjà de faire, à la mairie de Caen, une déclaration d'ouverture d'une école laïque gratuite, rue Desmoueux. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1904  -   On baptise.  -  Notre nouveau conseil n'a guère l'esprit laïque et, pour le prouver, il se met, tout comme les curés, à administrer les sacrements. On mariait déjà tous les jours à la mairie, maintenant on y baptise.

Il paraît qu'il y a, à Caen, dis-sept rues et trois quais que personne ne peut appeler par leur nom, vu qu'ils n'en ont pas. Nos conseillers se creusent la cervelle pour leur en trouver. Ainsi, ils ont baptisé l'impasse Saint-Benoist, rue Lebailly, créé une rue Pierre-Girard et accueilli les réclamations des habitants de la rue Coupée, honteux de sa mauvaise réputation, en l'appelant rue Moisant-de-Brieux, du nom d'un protecteur des lettres au XVIIe siècle. Ce nom sonne bien, mais il est un peu long pour les gens pressés. Il faudra se lever de bonne heure pour le dire.

Pourquoi diable les Saint-Jean-Baptistes de la mairie vont-ils chercher des noms de personnages inconnus de la plupart des Caennais, à commencer par eux. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1904  -   Les deux docteurs.  -  Ces jours-ci, à Lison, le sieur Ebèle, ajusteur de la compagnie de l'Ouest, se fracturait une jambe en tombant. On le plaça seul dans le compartiment d'un wagon d'un train se dirigeant sur Saint-Lô. Le docteur Thomas qui se trouvait dans le train, offrit ses services. On les refusa. Le docteur insista, exigea la boîte de secours et après avoir pansé le blessé, il l'accompagna à l'hospice de Saint-Lô,  où il est encore.

La semaine dernière, un sieur Hamel, bourrelier, rue de Bras, à Caen, se blessait assez grièvement en tombant sur la place de la Préfecture. Un gendarme, apercevant le docteur Barette, courut après lui. M. Barette, qui était à bicyclette, refusa de se déranger et partit en promenade avec sa fille. Voilà du moins ce que raconte le « Réveil ». (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1904  -   Échange de coups.  -  Une altercation des plus vives a eu lieu entre l'un de nos confrères et l'un des administrateurs des tramways électriques de Caen. Notre confrère aurait été assez brutalement frappé. Ces messieurs des tramways n'ont donc pas assez de leurs machines pour écharper les gens. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1904  -   Amoureux pincés.  -  Un employé de commerce du boulevard St-Pierre, à Caen, nommé Bichette, avait fait la connaissance d'une femme de 35 ans, à l'air tellement innocent, qu'il se figura être le premier qui avait touché son cœur. Les amours duraient depuis quelque temps déjà, lorsqu'un matin, au petit jour, le commissaire vint frapper, rue de Bras, à la porte du nid de duvet où les deux tourtereaux étaient pelotonnés et leur dressa procès-verbal au nom du sieur Riobé, dentiste, rue des Teinturiers, le mari de la dame qui n'en était pas sans doute à ses premiers adultères, car une demande en divorce est formée contre elle. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1904  -   Écrasé sous une benne.  -  Lundi dernier, des ouvriers travaillaient sur le quai Vendeuvre, à Caen, à charger un steamer de minerai de Saint-André.

Un maillon de la chaîne de la grue vint à se rompre tout à coup et la benne, pleine de minerai, retomba de trois mètres de haut sur le wagon d'où on l'enlevait, écrasant horriblement un des ouvriers.

C'est un sieur Louis Lecarpentier, 30 ans, originaire de St-Contest, et demeurant à Caen, rue St-Jean. Par un hasard inouï, deux de ses camarades, placés près de lui, ne furent pas atteints par la benne qui pesait chargée plus de 1 500 livres. Le malheureux ouvrier était marié, mais n'avait pas d'enfant. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1904  -   Imprudence de fumeur.  -  A l’entrée de la prairie de Caen, Maurice Furet, 15 ans, s'était approché d'un camarade, Maurice Gervais, qui fumait, pour lui demander du feu. Gervais refusa et jeta son allumette en l'air, juste sur une charrette de foin qui passait. En un clin d’œil le foin fut en feu et brûla avec la charrette dont on n'eut que le temps de dételer les chevaux. Perte pour le sieur Richeux, cultivateur à Ifs, 450 francs. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1904  -   Contre la pluie.    -   Par ces temps d'orage, les rideaux qui doivent préserver les voyageurs de la pluie dans les remorques de nos tramways électriques ne seraient pas du luxe. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1904  -   Graves brûlures.  -  Une épicière de la rue Porte-au-Berger, à Caen, la dame Lemonnier, avait posé une bouteille de pétrole sur un fourneau à gaz allumé. La bouteille fit explosion et la dame Lemonnier, entourée de flammes, sortit en poussant des cris. Les voisins éteignirent le feu qui consumait ses vêtements, mais elle fut très grièvement atteinte aux jambes et au ventre. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Août 1904  -   Courses casse-cou.    -   Dimanche, le Cyclo-Club caennais avait établi, sur la place d'Armes, une piste circulaire qui n'était qu'un virage perpétuel et sur laquelle il était impossible de tenir sans déraper. Toute la journée et le soir les coureurs sont tombés et c'est un hasard si les accidents n'ont pas été plus graves.

Le public lui-même risquait d'être atteint par les machines renversées. M. Hendlé avait, dit-on, fait refuser la musique militaire pour cette course ; il a bien fait : pas besoin d'orchestre pour se casser la figure... le bruit des pelles et des discussions orageuses du président « écharpé » avec les commissaires suffisaient.

Les blessés ont été soignés sur le champ de courses. Deux ont dû même être transportés à l'hôpital ; ce sont Émilien Colin, de St-Pierre-sur-Dives, et Huby, un coureur venu de Nantes et qui se souviendra de Caen.

Maintenant, le public saura ce que veulent dire les initiales C. C. C. Cela signifie simplement : courses casse-cou. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1904  -   Les apaches de Caen    -   L'agent de police Leroy se trouvait, un soir, de service, en civil, à la gare de Caen. Un camelot, qui le prenait pour un bon bourgeois facile à rouler, lui proposa de lui vendre pour presque rien une bague en toc qu'il prétendait en or. La mine du vendeur ne lui revenant pas, l'agent se fit connaître et voulut arrêter le camelot pour vente aux abords de la gare, ce qui est interdit. L'individu donna un coup de tête dans le ventre du malheureux agent, qui para le coup ; mais il fut saisi à la gorge et frappé. Il eût passé un mauvais quart d'heure si des employés n'étaient pas arrivés à son secours, car plusieurs rôdeurs s'étaient joints à leur camarade.

Vers dix heures, comme le sieur Bréard, homme d'équipe, rentrait chez lui, il fut assailli et frappé par un autre camelot qui voulait le faire repentir d'avoir pris la défense de l'agent. Les deux camelots, Marius Combe, 19 ans, et Jules Prudhomme, 21 ans, originaires de Paris, ont été condamnés à treize et quinze mois de prison. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1904  -   Gare aux pickpockets.    -   Après les marchés de Bayeux et de Saint-Pierre-sur-Dives, c'est celui de Caen qui est exploité par les voleurs à la tire.

La semaine dernière, les demoiselles Vincent, de Verson, marchandes de beurre et d'œufs, ont eu un porte-monnaie contenant 800 fr. environ pris dans la poche d'un tablier.

La dame Bervas, marchande de légumes, rue Laplace, veuve et mère de deux enfants, a été volée de 170 fr. qu'elle réservait pour payer ses achats. Enfin, la dame Guérin, marchande d'œufs à Basly, a été soulagée de 50 fr. Les voleurs sont sans doute des voleuses, car on avait remarqué deux femmes, vêtues de waterproofs, bousculant le monde pour profiter du désordre et pêcher en eau trouble. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1904  -   Fraudeur volé.    -   La maison Collet-Pinteaux, de Fougères ( Ille-et-Vilaine ), avait expédié un fût de 110 litres d'eau-de-vie, valant 310 fr., au sieur Lavarde, cordonnier, rue de la Délivrande, à Caen. Lavarde prit livraison du fût à la gare de Louvigny et le fit transporter, dans la charrette du chiffonnier Leblanc, chez le sieur Malherbe, jardinier au bas de Venoix.

Le fût était enlevé le lendemain de chez Malherbe, puis il disparaissait. Lavarde accuse Leblanc de l'avoir volé ; celui-ci prétend que, ne voulant pas entrer cette eau-de-vie en fraude, il avait laissé le fût sur la route, allégé de 18 litres que Lavarde aurait emportés dans quatre vessies.

Lavarde a porté plainte contre Leblanc. Il doit certes le regretter, car l'eau-de-vie ayant été expédiée avec un acquit-à-caution, la régie et l'octroi recherchent où elle est passée, afin de réclamer les droits qui s'élèvent à 200 fr. Si on ne trouve rien, c'est la maison Collet qui écopera des droits de régie s'élevant, avec le double droit, à environ 300 fr.

Lavarde est bien connu de l'octroi de Caen qui l'a fait condamner, en 1902, pour transport en fraude de 6 litres d'eau-de-vie renfermés dans deux vessies. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1904  -   Tentative de viol.    -   La veuve Bébin, 53 ans, marchande de lapins à Caen, rue de la Pigacière, cueillait, un dimanche, de l'herbe sur la berne de la route de la Délivrande, quand un individu se jeta sur elle pour la violer. Mais il avait affaire à forte partie ; la dame Bébin se défendit énergiquement et son agresseur ne put en venir a ses fins.

Elle fut pourtant très malmenée dans la lutte ; mais des passants, attirés par ses cris, la délivrèrent, Le satyre était un rôdeur, Albert Lepage, 49 ans, journalier, né à Lasson, il fut arrêté et, après avoir tenté de nier, finit par se reconnaître coupable.

Ce vaurien, qui a abandonné sa femme avec cinq enfants, a été condamné à 4 ans de prison. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1904  -   Nouvelles écoles.    -   Si M. Combes n'a pas perdu de temps pour fermer à Caen les écoles des frères, ses adversaires n'en perdent pas non plus. Déjà trois déclarations d'ouverture d'écoles libres de garçons ont été déposées à la mairie de Caen.

Ces écoles seront installées, rue Desmoueux, par M. Guillemette ; rue de Bayeux, par M. Carbonnel ; rues de l'Arquette et Buquet, par les frères (pas en religion) André et Jean Couvers, originaires du Puy-de-Dôme. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1904  -   Un peu d’eau, s.v.p.    -   Les commerçants de nos grandes rues sont dans la désolation. L'administration impitoyable leur refuse l'arrosage malgré leurs plaintes perpétuelles.

Rue St-Jean, on a arrosé une fois dans un mois. Pendant ce temps, le tonneau municipal inonde tous les matins le seuil de la préfecture où n'habite personne. Que la mairie attende donc d'avoir un préfet pour lui montrer de la fraîcheur. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1904  -   Récompenses.    -   Médaille d'argent à M. Caval, directeur d'école à Honfleur.

— Médaille de bronze à M. Granchet, fondé de pouvoirs à la trésorerie de Caen, pour sa propagande en faveur de la caisse des retraites. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Août 1904  -   Malheureuse femme.  -   La dame Le Cleuziat habite, à Caen, dans les clos de la route de Ouistreham. Il y a trois ans, deux de ses enfants furent brûlés dans un incendie qui éclata dans les maisons situées sur le canal. L'année dernière, son mari fut tué à Flers, dans un accident, en travaillant. Enfin, samedi, son petit enfant, âgé de 3 ans, est mort d'une commotion éprouvée pendant l'orage.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1904  -   Justice à rebours.    -   Le vent de discorde qui souille en ce moment sur la Folie a poussé devant le juge de paix de Caen deux voisines : les femmes Lacour et Michel. Cette dernière a porté plainte contre la femme Lacour qu'elle accuse de lui dire un tas d'abominations. Mais les voisins ont démenti le fait. 

Résultat : c'est la plaignante qui a été condamnée à 5 fr. d'amende et la prévenue relaxée. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1904  -   Suite d’accident.    -   La dame Armandine Lemonnier, 47 ans, épicière, rue Porte-au-Berger, à Caen, qui avait été grièvement brûlée par l'explosion d'une bouteille de pétrole placée trop près d'un fourneau à gaz, est morte de ses brûlures. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1904  -   Les écoles.    -   Un peu partout, les écoles congréganistes, fermées par M. Combes, se transforment en écoles libres. D'autres n'attendent pas d'être fermées et font leur transformation d'elles mêmes. 

C'est ainsi que l'Institution Ste-Marie, à la Maladrerie, a vu partir les Pères de la Délivrande, qui la dirigeaient depuis sa fondation. Son supérieur, le P. Jaussaud, est devenu chanoine de la cathédrale, et la réouverture est annoncée pour octobre avec un nouveau directeur, M. l'abbé Jean, déjà professeur dans l'établissement. 

— Les deux écoles publiques de filles, de Saint-Gilles et de Saint-Julien, les dernières tenues par des sœurs, sont laïcisées. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1904  -   Un hôtel des Postes.    -   Partout on proteste, avec raison, contre l'installation défectueuse des bureaux de poste. 

Le bureau central de Caen ne laisse rien à désirer au point de vue du manque de confortable et de l'insalubrité. Les employés n'y sont pas mieux que la clientèle. Les services sont installés les uns sur les autres et les locaux affectés au téléphone et au télégraphe sont notoirement insuffisants. 

L'administration des postes est fatiguée de réclamer contre cet état de choses et, faute d'argent, la ville fait la sourde oreille. Pourtant, il existe un projet d'aménagement des locaux de l'hôtel de ville, supprimant le poste central des pompiers et l'école de musique, qui seraient reportés ailleurs, et étendant l'hôtel des postes, par la rue Saint-Laurent, jusqu'à l'arrière de la bibliothèque. Le devis est de 300 000 fr. et donnerait satisfaction à tout le monde. 

Mais il a le grave défaut, pour la municipalité actuelle, d'avoir été élaboré par l'ancienne. Aussi parle-t-on, maintenant, de construire un édifice spécial pour les postes. Seulement, comme il y faudrait de grosses sommes, le public et le personnel ont le temps d'attendre et de moisir dans la poussière et dans la crasse de plusieurs générations.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1904  -   Parents veillez.    -    Mercredi soir, rue de Falaise, à Caen, un enfant de 7 ans, le jeune Picot, s'est jeté dans une auto qui allait à une allure extrêmement modérée. Il a eu le bras fracturé. L'accident est dû uniquement à l'imprudence de l'enfant. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1904  -   Incroyable !    -    Nous ne pouvons pas croire au fait suivant : On nous affirme que le lundi 22, dans une salle de l'Hôtel-Dieu de Caen, un jeune garçon, dont la jambe était brisée à deux endroits, aurait été bousculé par ce qu'il ne pouvait pas étouffer ses cris de douleur sous le bâillon qu'il s'était fait avec son mouchoir. Au nom de l'humanité, nous demandons qu'un démenti nous soit adressé. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1904  -   Les joyeux.    -   Comme l'an dernier, des « joyeux », casernés au couvent des Capucins, sont entrés, par effraction, dans la chapelle Sainte-Paix, où ils ont volé un surplis. Deux femmes chargées de l'entretien de la chapelle les ont surpris, mais ils ont pu s'enfuir sans être reconnus. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1904  -   Pincés.    -    Un nommé Hippolyte Rivallant, dit Deverbois, 35 ans, maquignon, sans domicile fixe, a été arrêté sur le marché Saint-Martin, à Caen, en vertu d'un mandat du parquet de Bayeux, sous l'inculpation de vol de deux chevaux.

  A été arrêtée également à Caen, Gilberte Lepetit, 18 ans, artiste, à Cabourg, pour vols de deux jupons valant 35 fr. à la demoiselle David, dentellière. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1904  -   Avis.    -   L'administration des postes informe le public qu'à partir du 1er novembre les cartes postales, dont les dessins sont relevés par des reliefs de mica et de verre pilé, seront rigoureusement exclues du service et versées en rebut.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1904  -   Un hôpital militaire.    -   Nous avons, à Caen, un hôpital militaire tout préparé qui fonctionnerait, en cas de guerre, à L’école normale d'instituteurs. Il a été créé par l'Union des Femmes de France et grâce à l'initiative et au dévouement de la vaillante présidente, Mme Boissée.

Le Conseil général va autoriser l'Union à disposer du mobilier entier de l'école. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1904  -   As-tu vu la baleine ?    -   C'était le cri en vogue, il y a 19 ans, quand tout Caen fut à Luc voir le cétacé échoué, dont le squelette est, depuis ce temps, enfermé dans la halle.

Un de nos confrères affirme que c'est M. Liégard, conseiller municipal, qui a eu l'idée de nous faire voir la baleine, pour cinq sous, comme clou de la fête du quartier Saint-Sauveur.

Les Caennais vont donc pouvoir renouer connaissance avec cet animal et, désormais, en rencontrant M. Liégard, tout le monde pensera à la baleine. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Septembre 1904  -   La fête des cinq sous.    -   La municipalité n'est pas heureuse dans les fêtes qu'elle patronne. On avait annoncé, à grand fracas, celle du quartier Saint-Sauveur et on lui avait alloué 300 fr. de subvention quand on n'en donnait que 50 aux fêtes, de St- Ouen et de St-Gilles.

Aussi, dimanche, il y avait foule, mais la déception a été grande. Rien à voir et cinq sous à payer partout. Entrée dans la halle, cinq sous ; la baleine, cinq sous ; la danse du ventre, cinq sous ; le théâtre de verdure, cinq sous ; toujours cinq sous. Seul, M. Delarbre était visible pour rien.

Les gens du dehors, furieux, traitaient les Caennais de « voleux » ; ceux du dedans se traitaient de volés. Espérons, du moins, que les pauvres ne le seront pas. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1904  -   Un nouvelle Hôpital.    -   Un tailleur de pierres d'Hérouville-Saint-Clair, près Caen, le sieur Adrien Davot, âgé de 19 ans, travaillant à la construction du nouvel hôpital, est tombé d'un échafaudage de 8 mètres. On l'a porté à l'Hôtel-Dieu. Son état est désespéré.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1904  -   Une vilaine rencontre.    -   Un facteur du télégraphe, le sieur Boulanger, demeurant rue d'Auge, à Caen, a été heurté par une voiture, en passant, à bicyclette, avenue de Courseulles. Jeté à terre, il a eu le bras gauche cassé au poignet et sa bicyclette brisée. Le sieur Boulanger a pu se rendre lui-même à l'hôpital. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1904  -   Une autre lumière.    -   On parle d'une nouvelle société d'électricité qui serait en train de se fonder à Caen. Elle promet la lumière à bon marché pour tout le monde et elle la donnera même pour rien à ses actionnaires. Il faudra alors ajouter ce verset à l'Évangile : Ceux qui « éclaireront » seront éclairés. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1904  -   Ventes de bestiaux.    -   Sur les marchés et dans les foires, certains acheteurs ne se contentent pas de faire attendre, parfois pendant la journée entière, le paiement du prix convenu aux cultivateurs, ils leur retiennent encore une petite somme en le leur versant.

Le tribunal de commerce de Caen, après celui de Saint-Lô, vient de condamner aux dépens un acheteur qui avait voulu retenir 1 fr. sur le prix d’un veau de 100 fr. Avis aux intéressés. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1904  -   Les livres scolaires.    -   Dans les écoles publiques des villes, les livres sont le plus souvent donnés ou prêtés gratis aux enfants. Il n'en est pas toujours de même à la campagne où les mère de famille pauvres voient venir la rentrée avec appréhension.

Le pis c'est que, chaque année, il y a toujours des livres nouveaux à acheter. On finirait par croire que certains maîtres ont un intérêt à faire changer, tous les ans, l'Histoire de France ou l'Arithmétique qui pourtant ne changent jamais. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1904  -   L’incendie de la place Singer.    -   Samedi dernier, à 10 heures du soir, le feu s'est déclaré dans un grenier à M. Albert Mathan, mécanicien, place Singer, à Caen, et en peu de temps, les flammes ont gagné la maison voisine occupée par M. Germain Suzanne, entrepreneur de menuiserie.

Malgré les secours apportés aussitôt, les dégâts ont été grands.

Ils sont de 18 000 fr. pour M. Mathan ; de 4 000 fr. pour M. Suzanne, et de 8 000 fr. pour Mme Guillot, de Ouistreham, propriétaire. Le tout est assuré.

A signaler la belle conduite du sieur Leboucher, employé au chemin de fer, qui a porté les premiers secours et enlevé d'un appartement déjà envahi par la fumée, le petit-fils de M. Mathan, un enfant de 10 mois, et aussi l'entrain du caporal de pompiers Sohier, le machiniste du théâtre, qui, devant se marier à minuit, a planté là sa fiancée et ses invités en train de dîner, a quitté son habit de noces pour aller mettre son casque et travailler à éteindre le feu jusqu'à l'heure de la messe de mariage. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1904  -   Dans les écoles.    -   Les petits Caennais des deux sexes sont rentrés lundi dans les écoles qui, vu la fermeture des dernières classes tenues par des congréganistes, vont se trouver absolument encombrées. A-t-on pensé à parer à cet inconvénient ?

Ce n'est pas probable ; pourtant certains locaux scolaires sont absolument insuffisants. Rue de Geôle, par exemple, les premières classes sont faites dans des salles où le volume d'air est très restreint. On y gèle en hiver et on y grille en été, car ces classes sont juchées à la hauteur d'un quatrième étage, sous les toits, ce qui est un comble.

Est-ce pour que nos gosses puissent y faire de hautes études ?... (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1904  -   Le potin des maréchaux.    -   Comme les autres ouvriers ou employés, les maréchaux-ferrants veulent jouir de leur dimanche. Aussi ont-ils parcouru les rues de Caen, dimanche, pour aller manifester devant les ateliers restés ouverts et contraindre les patrons à cesser de faire battre le fer quand il est chaud.

Les ouvriers maréchaux sont donc, sans en avoir l'air, les meilleurs partisans de la liberté, puisqu'ils ont à cœur d'arracher des camarades à leurs... fers. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1904  -   Accident mortel.    -   Un garçon livreur chez M. Pont-Allainguillaume, marchand de charbons à Caen, Jules Avel, 26 ans, entrait avec un chargement chez M. Roussel, agent voyer à Bretteville-sur-Laize.

Par suite d'un écart du cheval, le camion heurta un pilier de pierre dont le haut s'écroula. Une pierre pesant plus de 100 livres tomba sur le cheval et le blessa, par ricochet elle atteignit Avel au côté gauche et au bas du dos. Le malheureux ne voulut pas être transporté à l'hospice, mais le tétanos s'étant déclaré, on dut l'y conduire dimanche. Lundi, il mourai. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1904  -   Quatre hommes pour une femme.  -  Une poissonnière de Caen, la femme Langronnier, était recherchée par la police en vertu d'une douzaine de contraintes par corps. Elle a fait une telle résistance aux agents qu'ils ont dû se mettre quatre pour la conduire au poste, ce qui a causé un rassemblement et arrêté la circulation. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1904  -   Pannes sur pannes.   -   Les accidents et les pannes se succèdent sur nos trains électriques. Dimanche encore, un car de la ligne de Venoix est resté plus d'une heure en détresse.

— Mardi, nouvel accident, place des Tribunaux, où un aide mécanicien a eu la main droite écrasée. Il n'est pas trop tôt que le Directeur revienne des rives de l'Orne, où il est sans doute à la recherche d'une foret de bois de fer pour remplacer les traverses en bois de coco de la ligne de Venoix. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1904  -   A propos de fournitures.    -   La maison Delagrave, de Paris, écrit au « Moniteur » que le « marché avec la ville de Caen pour la fourniture du mobilier de l'école primaire supérieure a été passé légalement et régulièrement, qu'il a été précédé de concurrence de modèles et de prix, et que la maison Delagrave a des usines où sont construits les mobiliers scolaires brevetés lui appartenant ». Il n'y aurait pas eu autant de potin si ces fournitures avaient été mises en adjuration. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1904  -   Retour des manœuvres.    -   Les manœuvres ont fini comme elles avaient débuté : par de la pluie. Les troupes, pour la plupart, ont été transportées, en chemin de fer, par 550 voitures traînées par 55 machines.

Aucun accident sérieux. Les réservistes et les soldats libérables ont été désarmés et renvoyés. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1904  -   Dans les écoles.    -   La véritable rentrée n'aura guère lieu qu'en octobre et pourtant on refuse des élèves en masse dans toutes les écoles. Presque tous les établissements libres vont rouvrir avec un personnel laïcisé.

Le pensionnat Saint-Joseph va continuer à soutenir la lutte contre la nouvelle École primaire supérieure. Jusqu'ici, il y a bien eu place pour les deux.

La municipalité, pas en veine décidément, a laissé les enfants des écoles laïques manquer complètement de fournitures pendant les premiers jours. Dans certaines classes, il n'y avait même pas de papier et de porte-plumes. On voulait, paraît-il, faire une enquête pour connaître les familles qui réclamaient les fournitures gratuites pour leurs enfants. C'eût été une jolie gaffe, car cette enquête indiscrète n'aurait pas été du goût de tout le monde.

La mairie s'en est aperçue un peu tard et comme par le passé, on a accordé aux instituteurs et institutrices les fonds nécessaires pour les fournitures gratuites aux élèves qui les réclament. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1904  -   Encore les maréchaux.    -    Les ouvriers maréchaux-ferrants ont recommencé dimanche leur petite et inoffensive manifestation contre les patrons Goubin et Charruel, qui s'obstinent à garder leurs ateliers ouverts. Cette manifestation n'ayant pas paru produire d'effet sur les récalcitrants, les manifestants recommenceront dimanche prochain.

Cela peut durer longtemps comme ça, et nos maréchaux caennais, si ferrés sur leurs droits, vont devenir les plus célèbres maréchaux de France.

En attendant, pour avoir la liberté qu'ils désirent, les voilà forcés de travailler à leur manifestation hebdomadaire, et c'est un turbin aussi embêtant que l'autre. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1904  -   Un joli quatuor.   -   Les nommés Georges Prieur, 17 ans, menuisier à la Maladrerie ; Léon Louise, 16 ans, fumiste à Caen ; Maurice Gervais, 14 ans, et Jules Lelay, 14 ans, tous deux chez leurs parents, à Caen, s'entendent à merveille pour dévaliser les cafetiers et leur chiper des bouteilles de liqueur.

Les sieurs Geslin, débitant, et Letellier, aubergiste, en savent quelque chose, ainsi que le sieur Lemarchand, charcutier, à qui ces vauriens ont enlevé une boite de homard. Quand les bouteilles de liqueur n'étaient pas de leur goût, ils en allaient chercher d'autres ou les jetaient dans l'Odon. Il n'est pas étonnant, après cela, que Gervais ait mis le feu par distraction à une voiture de foin au sieur Lericheux, cultivateur à Ifs, près de laquelle il passait, à l'entrée de la prairie. Tout, fut consumé et on n'eut que le temps de dételer le cheval.

Le tribunal correctionnel a octroyé 1 mois de prison à Prieur, 2 mois avec sursis à Louise, envoyé Gervais en correction et rendu Lelay à sa famille, qui l'a réclamé. Pour remercier son père, venu assister à l'audience, le jeune Gervais l'a agoni de sottises en sortant.

Ces individus sont soupçonnés d'un vol de 100 fr. au sieur Lemarié, boulanger, place de l'Ancienne-Comédie, à Caen. (Source : Le Bonhomme Normand)

maison trouve même que les dentelles de Venise fabriquées dans le Calvados sont supérieures à celles fabriquées en Italie. C'est bien possible, c'est même certain. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1904  -   Le surmenage.    -   Le service d'hiver apporte un peu de soulagement aux malheureux employés des petites lignes de chemin de fer, beaucoup plus exploités que leur ligne elle-même.

À ce propos, comment se fait-il que le personnel du Chemin de fer de Caen à la Mer soit surmené comme il l'est et que les jours de repos y soient si rares ?

Actuellement, ces employés ont encore 13 et 14 heures de service, et il arrive souvent, pendant certains dimanches d'été, de les voir travailler 16 et 18 heures. Que pense de ce surmenage l'Inspecteur du travail ?… (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1904  -   Libertés pour tous.    -   Un groupe d'ouvriers maréchaux a encore par[1]couru Caen, dimanche, pour protester contre les trois patrons qui persistent à tenir maréchalerie ouverte le dimanche.

Notre nouveau central avait eu la prévoyance de faire encadrer ce groupe par plusieurs, agents, chargés d'arrêter les manifestants qui chercheraient à entraver la liberté du travail. Chôme qui veut ; mais qu'on n'empêche pas de travailler ceux qui veulent. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1904  -   La bêtise humaine.    -   Sur la recommandation du curé de Notre-Dame, une jeune, élève, sortant du pensionnat du Bon-Sauveur, aujourd'hui fermé, avait été admise au pensionnat de jeunes filles installé à Caen, rue de l'Hôtel-de-Ville. Malheureusement, la mère de cette jeune fille est blanchisseuse. Aussi, la veille de la rentrée, on lui a fait savoir qu'on ne pouvait pas recevoir sa fillette, certains parents ne voulant pas que leurs enfants aient pour camarade de pension la fille d'une blanchisseuse.

Oh ! bêtise humaine ! Est-ce que la fille d'une honnête blanchisseuse ne vaut pas la fille d'un banqueroutier. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1904  -   Vol dans les champs.    -  Mardi, à une heure du matin, les employés d'octroi de la rue de la Masse, à Caen, aperçurent deux hommes et deux femmes, venant de la route d'Ouistreham, chargés de poches pleines. Les employés s'approchèrent pour en vérifier le contenu. A leur vue, tous s'enfuirent, en abandonnant leurs sacs, qui contenaient des pommes de terre nouvellement arrachées.

Ce n'est pas dans leur service, mais si les employés d'octroi demandaient leurs noms aux rôdeurs qui entrent journellement en ville avec de gros paquets, moins de vols seraient commis autour de la ville. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1904  -   Disparu en mer.    -   On vient de constater officiellement le décès du sieur Victor Aubey, capitaine de navire, inscrit à Caen, disparu depuis le 5 décembre 1880, dans le naufrage du trois-mâts « Siam », du port du Havre. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1904  -   Mauvaise affaire.    -   Dimanche soir, trois soldats du 36e, complètement ivres, faisaient du scandale sur la route de la Maladrerie. L'un d'eux, même, était étendu par terre.

Vint à passer le commandant-major Deiber, en civil, qui leur fit des observations. Elles furent fort mal reçues et deux des ivrognes se livrèrent à des voies de fait sur l'officier. Les pauvres diables, que l'alcool avait égarés, seront sans doute sévèrement puni. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1904  -   Bonne nouvelle.    -   Nous apprenons que M. Louvet, directeur de la Grande Maison de blanc dont les magasins sont situés sur le boulevard, près de la place de  l'Opéra, a fait faire une enquête sur l'industrie dentellière dans notre région.

Cette enquête a été favorable, car cette maison, dont la vente de dentelles est considérable, ne tardera pas à, organiser des ateliers dans l'arrondissement de Caen.

Son correspondant est déjà installé. — La maison Melville et Zifîer, de Venise, dont les magasins de vente sont faubourg Saint-Honoré, occupe déjà dans notre région un grand nombre d'ouvrières. Cette maison trouve même que les dentelles de Venise fabriquées dans le Calvados sont supérieures à celles fabriquées en Italie. C'est bien possible, c'est même certain. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1904  -   C’est pour rien !   -   Un agent de police avait dressé procès-verbal contre une voiture automobile qui traversait notre ville à toute vitesse. On se trompa d'adresse et on assigna d'abord un M. Outhenin-Chalandre, qui n'était jamais venu à Caen.

Enfin, le vrai délinquant a été retrouvé ; c'est un M. Badouelle qui fait, paraît-il, de l'automobile par peur d'être écrasé par elles. Le juge de paix l'a condamné à 2 fr. d'amende en lui disant : « Eh bien ! ce n'est pas trop cher ! » A ce prix-là, en effet, et avec une bonne assurance contre les accidents, on peut faire du 40 à l'heure et écraser les gens en toute tranquillité.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1904  -   Ce que coûtent les fêtes.    -    Les municipalités exhibent en ce moment leurs comptes administratifs. Dans celui de Lisieux, nous voyons que les fêtes de juillet, sans ministre, ont coûté 32 000 fr. aux Lexoviens.

 A Caen, avec ministre, cela ne nous est revenu qu'à 23 000 fr. C'est déjà joli, et nous comprenons pourquoi M. Perrotte appelait tout le temps M. Chaumié « mon cher ministre ».  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1904  -   C’est a dégoûter du service.   -   Un wattman des trams électriques de Caen avait, par trois fois, signalé l'état défectueux de la sablière de la machine qu'il conduisait. Comme on ne la réparait pas, il la consolida avec une corde ; mais, cette corde ayant cédé à l'arrêt de la place des Tribunaux, la machine patina pendant quelques mètres.

Le malheureux wattman a été renvoyé. Est-ce pour avoir signalé le mauvais état du matériel ? Dans ce cas, ce ne serait pas encourageant pour les autres, qui ne signaleraient plus rien. C'est peu rassurant pour la sécurité des voyageurs. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1904  -   Cherchez la femme !    -    Pendant que le ténor Badoureau, de notre troupe d'opérette, courait à la recherche de sa femme, en laissant la direction en plan, toute une famille de la Maladrerie recherchait l'une des siens, une jeunesse, aimant sans doute à s'amuser, qui s'était fait enlever, sans difficulté, par un officier de la garnison, disait-on.

Mais les deux frères et la mère de la jeune fille se trompèrent d'adresse en venant faire le guet devant une maison du quartier du Bourg[1]l'Abbé, où un officier a élu domicile. Il était absent ; ils l'attendirent jusqu'à plus de dix heures du soir. L'officier ne rentra que plus tard, heureusement pour sa peau, car il recevait une tripotée qu'il n'avait rien fait pour mériter, étant complètement étranger au rapt de la jeunesse en question. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1904  -   Mystérieux accident.    -   A l'atelier du dépôt de la gare de l'Ouest, à Caen, travaillait, depuis trois semaines seulement un sieur Louis Anguerrand, 34 ans mécanicien, habitant précédemment Flers.

Comme un tuyau laissait filtrer de l'eau sur une courroie de sa machine et la faisait patiner sur le volant, Anguerrand s'était mis à enduire cette courroie de résine. Soudain ses camarades le virent à terre, perdant le sang par les oreilles. On le releva et on le transporta à l'Hôtel-Dieu, où il mourut trois jours après.

On ignore au juste comment s'est produit l'accident, mais l'espace compris entre la machine et la balustrade qui l'entoure étant très étroit, on croit que Anguerrand a été atteint par une pièce en mouvement ou renversé par la courroie. On a reporté à Flers le corps du pauvre ouvrier qui est marié et père de trois enfants. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Novembre 1904  -   De Moulines à Caen.    -   Il n'y a qu'une unique conduite pour amener à Caen les eaux de source absolument nécessaires à notre consommation.

Espérons que c'est une bonne conduite, quoique quelques-uns de ceux qui s'en sont occupés ne brillaient pas par là. Mais qu'un accident survienne, voici Caen et les Caennais complètement à sec.

Depuis longtemps des industriels demandent des concessions au rabais pour faire marcher leurs machines. On leur a toujours refusé, avec raison, de se fournir à Moulines. Mais n'est-il pas à regretter que la Ville laisse dépenser en arrosages et en d'autres usages analogues l'eau potable dont nous n'avons pas de trop, surtout par des sécheresses comme celles de l'été dernier, pendant les quelles le niveau du réservoir du Moulin-au-Roi est descendu terriblement.

Si — comme on le dit — les demandes de concessions d'eau pour l'industrie sont aussi nombreuses, la Ville ne pourrait-elle pas faire distribuer les eaux inutilisées de la nappe souterraine ou même celles, de la rivière ? Cela permettrait en même temps d'économiser l'eau pure en la réservant strictement à notre usage alimentaire. Oui, mais, il y aurait des frais, il faudrait de l'argent. On en trouve pour tout, mais tant qu'il ne s'agit que de l'hygiène et de la vie des gens, on n'en trouve jamais.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1904  -   La suspicion dans l’armée.    -   Douze mille fiches, concernant des officiers de tous grades, avaient été enregistrées au ministère de la guerre par le capitaine Mollin. La plupart émanaient du Grand-Orient maçonnique.

— Le n° 1169 vise l'un de nos compatriotes, M. Thomine-Desmazures, lieutenant au 6e dragons. Cette fiche était ainsi conçue : « A de l'ambition, et, malgré ses convictions qui sont celles d'un homme comme il faut, n'hésiterait pas à s'adresser à quelque canaille gouvernementale s'il pouvait assurer par là son avancement. Le dit ». Cette fiche était ornée du zéro trois fois souligné au crayon bleu, ce qui voulait dire que M. Thomine-Desmazures était un suspect politique et ne méritait pas d'avancement. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1904  -   La panne chronique.    -   Nos tramways électriques sont atteints, décidément, de la maladie de la panne, devenue maintenant chronique et probablement incurable. Les ruptures d'essieu ne se comptent plus. Ces jours derniers, un car est encore resté en détresse place Alexandre-III ; il a fallu transborder les voyageurs pendant plusieurs heures. Pourtant, la Compagnie trouve ses voitures encore, trop légères puisqu'elle entasse dessus d'énormes pancartes de tôle qui les font ressembler à une escadre de croiseurs cuirassés voguant à travers les rues à l'assaut de nos gros sous.

— Une autre rupture a eu lieu place des Petites-Boucheries et, pour comble de malheur, un vieillard de 63 ans, le sieur Jean Aussignac, sans profession, demeurant à la Maladrerie, a été renversé et contusionné, route de Bayeux, par le tramway. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1904  -   Dans un puits.    -   Le sieur Moulin, boulanger, route de Bayeux, à la Maladrerie, est tombé au fond de son puits qu'il voulait nettoyer, une des cordes dont il se servait pour y descendre s'étant rompue. On eut beaucoup de peine à le retirer, car la violence de la chute lui avait fait perdre connaissance. On espère que cet accident n'aura pas de suites lâcheuses. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1904  -  Injures à un prêtre.  -   Un de nos confrères a raconté que le curé de Saint-Sauveur, de Caen, avait été insulté par un dragon. Nous sommes allés aux renseignements : le prêtre a bien été insulté, mais il n'y a pas eu de plainte de portée. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1904  -  Une explosion.  -   Chez le sieur Paul Marais, marchand de chiffons, rue Saint-Jean, 281, à Caen, une boîte contenant 12 kilos de poudre a fait explosion. Il n'y a eu aucun accident de personne, heureusement, mais une cloison épaisse s'est écroulée.

L'accident s'est produit pendant que le sieur Marais déchargeait de vieilles cartouches pour un armurier. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1904  -  La neige.   -   Les blancs flocons ont déjà fait leur apparition. Cela n'a rien été mais nous pouvons en attendre davantage, car, en Auvergne, la neige tombe en quantité, les montagnes en sont couvertes.

— Dans la Seine-Inférieure et la Manche, une couche de sept centimètres est tombée. Les environs de Honfleur sont aussi sous la neige. A Caen, il a gelé à 7 et 8 degrés. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1904  -  A propos de cartes postales.  -   Nous apprenons que la plupart des cartes postales vendues sur le marché français nous viennent d'Allemagne : on les reconnaît facilement à toute absence d'art et à l'immoralité des sujets. Il n'est donc pas sans intérêt de constater qu'à la récente exposition de cartes postales, d'éminents artistes ont rivalisé de talent pour fournir de véritables petits chefs-d'œuvre qui ne peuvent qu'entretenir le culte du beau, en reproduisant, de façon artistique, les sites les plus pittoresques de la France.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1904  -  La dentelle.  -   Aux écoles de dentelles déjà ouvertes dans le Calvados que nous avons signalées, nous devons ajouter celle de Littry, où 75 élèves exécutent les articles d'Auvergne, avec le plus grand succès, pour la grande maison de soieries Labbey, rue de la Banque, 16, à Paris. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1904  -  A la distillerie.  -  La distillerie d'alcool du cours Cafarelli, à Caen, fonctionne maintenant. Les arrivages de betteraves se font avec régularité. Les directeurs ont demandé à la ville une concession d'eau à prix réduit, en garantissant une consommation d'une centaine de mètres par jour.

Malheureusement, le personnel doit faire l'apprentissage du service des machines, et, l'autre jour, un sieur Moulin, 36 ans, demeurant boulevard St-Pierre, chauffeur à la distillerie, a eu un doigt de la main gauche pris dans un engrenage et coupé net. Il subira une interruption de travail de 2 mois. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1904  -  Sans l’engrenage.  -  Le nommé Auguste Gambier, fabricant de sacs en papier à la Maladrerie, près Caen, n'en a pas fini avec la Justice.

Un négociant de Paris, le sieur Hayman, l’avait fait citer en correctionnelle sans avoir préalablement porté plainte, pour abus de confiance de 600 fr. et pour faux en écritures commerciales.

Gambier, en garçon prudent, ne s'est pas présenté à l'audience, mais cela n'a pas empêché le tribunal de Caen de le condamner à 6 mois et 650 fr. de dommages-intérêts pour son escroquerie, de décerner un mandat d'arrêt contre lui et de le renvoyer au juge d'instruction qui le déférera probablement devant la Cour d'assise. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1904  -  Accident de cheval.  -  Un lieutenant du 36eme  M. Spor, en faisant de l'équitation à l'école de dressage, a été désarçonné par sa monture. Dans sa chute, M. Spor s'est fait une assez grave, blessure à la tête et on a dû le transporter à l'hôpital.

Pourtant cet accident n'aura pas de suites fâcheuses et, ces jours-ci, l'état de M. Spor était aussi satisfaisant que possible. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1904  -  Tué par le tramway.  -   Le 2 novembre, sur la route de la Maladrerie, près Caen, le tramway électrique avait renversé le sieur Jean Aussignac, 63 ans, sans profession. Le pauvre homme est mort, ces jours derniers, des suites de ses blessures. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1904  -  Caen, le soir.  -    Un individu, paraissant âgé de 16 à 17 ans, a attaqué, un soir, la dame Clolus, femme d'un sous-chef de gare de Caen, demeurant rue de Branville, au moment où elle revenait de faire des commissions.

Après l'avoir bousculée, l’inconnu la renversa sur le trottoir et lui arracha son filet contenant des provisions et son porte-monnaie, puis il s'enfuit sans être inquiété. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1904  -  La boue ! la boue ! la boue !!!  -  Caen n'est plus une ville, c'est un cloaque, un marais fangeux, une immense flaque de boue. Jamais, au grand jamais, on n'en avait tant vu, boulevards, places et rues sont impraticables.

Les messieurs s'en tirent encore, mais les dames ... Avant de se risquer à passer d'un trottoir sur l'autre, les malheureuses doivent prendre leur courage à deux mains et il ne leur en reste plus pour relever leurs jupes. Au bout de cinq minutes, on en a à la cheville et au bout d'une heure on est bon à accrocher dans le séchoir d'un dégraisseur.

On dit qu'il y a des balayeuses, des racleuses et des arroseuses municipales, c'est bien possible, quoique personne ne les ait jamais vues, on doit sûrement les conserver sous globe sur la cheminée de la mairie.

Et dire que l'adjoint Auvray est grand maître de la voirie ! Il n’en fiche pas un coup et, quand on l'empoigne, il tombe bravement sur le personnel qui, pourtant, n'a pas changé et pourrait faire au moins aussi bien qu'autrefois. Qu'on nous rende les boues des années précédentes, il y en avait tout de même moins. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1904  -  Actes de courage.  -   Un cheval, attelé à une voiture dans laquelle se trouvait un vieillard, s'était emballé et parcourait à une allure folle les rues de St-Pierre-sur-Dives, quand un passant, M. Halder, directeur de l'usine à gaz, se jeta à la tête de l'animal et put réussir à l'arrêter.

Son acte de courage n'a coûté heureusement à M. Halder que quelques légères contusions dont il est, aujourd'hui, complètement rétabli.

— Le domestique de M. Gallier, vétérinaire, avait arrêté sa voiture rue de Strasbourg. Le cheval s'est emballé et a renversé son conducteur. Une des roues lui a passé sur le bras sans le blesser sérieusement. Le sieur Adam, jardinier, rue Caponière, s'est jeté courageusement à la tête de l'animal et est parvenu à l'arrêter. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1905  -  Un engin explosif à l'hôtel des postes. -  Dans la nuit de mardi à mercredi, un employé du bureau central de la poste de Caen, a retrouvé dans la boîte dessinée aux  imprimés un petit paquet recouvert de papier, mais sur lequel ne se trouvait aucune adresse. Il mit ce paquet de côté se proposant de l'envoyer à Paris au bureau des rebuts et continua  le dépouillement des autres imprimés.

Son travail terminé, il reprit le paquet et s'aperçut qu'un petit trou y avait été pratiqué et qu'autour le papier portait des traces de brûlures. Il s'empressa alors de le développer et trouva une boîte de fer blanc, sorte de boîte à bonbons ; il l'ouvrit et constata que dans l'intérieur  se trouvait une certaine quantité de poudre à laquelle avait été mélangée du gros plomb de  chasse. Sur le dessus une solide bourre et enfin un petit lingot de plomb et un boulon. Une mèche plongeait dans la poudre ; l'employé constata qu'on avait essayé de mettre le feu à  cette mèche, mais que le feu s'était fort heureusement éteint avant d'arriver à la poudre.

On se trouve donc en présence d'un engin qui eut pu occasionner des dégâts sérieux et blesser ou tuer quelques employés s'il eut fait explosion comme l'espérait le misérable qui l'a  déposé dans la boîte de la poste. Une enquête est ouverte, espérons qu’elle amènera la découverte du coupable.

 

Avril 1905  -  Accouchée sur la voie publique.  -  Lundi, vers 1 heure et demie du matin, la nommée Mahieu, âgée de 34 ans, demeurant rue Froide étant prise de douleurs d'enfantement se rendait à l'Hôtel-dieu pour y faire ses couches, lorsque arrivée rue des Chanoines,  elle mis au monde un enfant du sexe féminin, l'un et l'autre furent transportés à l'Hôtel-dieu par les soins de la police. L'état de la mère et de l'enfant est satisfaisant. 

 

Avril 1905  -  Buffalo-Bill à Caen.  -  La troupe du colonel Cody, avec ses cosaques, ses cow-boys, ses Peaux-rouges, en un mot avec toutes ses attractions qui obtiennent actuellement ainsi si vif succès à Paris, viendra les 10 et 11 juin prochain donner plusieurs représentations dans notre ville. De même que Barnum, Buffalo-Bill installera ses immenses tentes au  camp de Cormelles.

 

Août 1906  -  L’impôt sur les bicyclettes.  -  En mars dernier, la Chambre votait par 501 voix contre 34, la réduction à 3 francs de la taxe sur les bicyclettes fixée cette année encore à 6 francs. Cette reforme très justifiée va creuser dans le prochain budget un trou de 3 250 000 fr. 

A partir de l’année prochaine, la taxe des bicyclettes sera un impôt direct. Chaque fervent de la pédale devra,  chaque année, acheter au bureau de tabac une plaque de 3 francs et  chaque année, il devra faire graver  -  à ses frais bien entendu  -  ses noms sur la dite plaque   -  Pour une fois, les graveurs béniront le gouvernement.

 

Août 1906  -  Un drame de la faim.  -  Le 6 août, 9 heures du matin, la femme Pierre Jouenne, âgée de «35 ans, marchande de cresson, demeurant rue Saint-Jean, était partie de son domicile pour porter à l’Hôtel-dieu sa fillette âgée de 3 mois qui était malade. En arrivant devant la pharmacie Lefèvre, rue St-Jean, la femme Jouenne s’affaissa et fut transportée à  l’Hôtel-dieu par les soins de la police. Il y avait deux jours que la pauvre mère n’avait pas mangé. Pendant qu’on soignait la femme Jouenne, son enfant Louise, recevait les soins de M. Lefèvre, mais décédait dans la pharmacie. 

 

Septembre 1906  -  La canicule.  -   Le thermomètre monte à 35° et même 37°. Le niveau de l'Orne baisse de 15 à 20 cm par jour. L'Odon, à sec, empuantit le voisinage par des "odeurs  abominables". Dans les campagnes, les incendies se multiplient, surtout autour des voies ferrées : les  escarbilles des locomotives à vapeur enflamment chaumes et meules.

 

Septembre 1906  -  Les récoltes dans le Calvados.  -  Les céréales récoltées dans de bonnes conditions donneront une bonne récolte en grains, mais peu de pailles. Les secondes coupes de prairies artificielles laisseront à désirer, les herbages souffrent de manque d’eau. Les pommes de terre, très saines sont bonnes. Les betteraves semées se maintiennent assez bien, mais les plants repiqués donneront un déficit appréciable. Le colza a donné un rendement inférieur à la moyenne et le Sarrazin souffre de la sécheresse.

 

Octobre 1906  -  Le repos hebdomadaire.  -  Le syndicat des débitants, restaurateurs, et hôteliers du Calvados, prie MM. Les débitants, restaurateurs et hôteliers, d'assister à une réunion qui aura lieu dans la salle des fêtes, à l'Hôtel-de-Ville de Caen, le mardi 9 octobre prochain, à 2 heures de l'après-midi, et à laquelle seront invités MM. Les Sénateurs et  Députés du Calvados, à l'effet de protester contre la loi du 13 juillet 1906 sur le repos hebdomadaire, loi qu'il considère comme inapplicable telle qu'elle existe, et qui est fort préjudiciable à la corporation.   

 

Octobre 1906  -  Le repos hebdomadaire à Caen.  -  Ça va bien pour les coiffeurs, qui ont, suivant nos conseils et nos prévisions, donné à leurs employés le repos à partir du dimanche midi jusqu'au lendemain lundi à la même heure.

Par exemple, ça ne va pas du tout pour les hôteliers et restaurateurs, qui réclament vivement l'amélioration de la loi sur le repos dominical. Tous prétendent que cette loi leur parait  absolument préjudiciable à leurs intérêts.  

 

Novembre 1906  -  La tempête de dimanche.  -  La tempête qui s'est abattue dimanche sur le littoral de la Manche s'est fait vivement sentir à Caen et dans les environs. Les dégâts  matériels ont été considérables. Une partie des tentes dressées pour l'exposition des chrysanthèmes a été arrachée et on a dû lundi procède à d'importantes réparations.

Sur le Grand-court, plusieurs arbres ont été abattus, notamment l'orme magnifique qui faisait l'admiration des passants. Cet orme, très ancien, était le pendant d'un autre arbre qui fut abattu il y a quelques années par une violente tempête et qui était plus de deux fois centenaire.  Une notable partie du cœur de l'arbre a été projetée à trente-cinq mètres au loin. Des  bestiaux qui se trouvaient dans la prairie ont été renversés par la violence du coup de vent.

 

Décembre 1906  -  La propreté dans les rues.  -  Tout le monde la demande à cor et à cris et sur tous les tons, dans tous les journaux, M. Séjourné, maire de Caen, répond sans quelque raison : vous voulez qu'il y ait moins de saletés dans les rues, prenez le balai deux fois par jour au lieu d'une.

D'autre part, aux gens qui se plaignent des cas de rage très fréquents dans notre ville, M. le Maire répond : muselez vos chiens.

Par derrière, disait M. Perrotte (voir l'arrêté fameux pris par un de nos confrères). Non c'est simplement pour les empêcher de  nous mordre, que M. Séjourné veut leur en boucher un coin. Il ne faut pas aller d'une extrémité à l'autre.

 

Janvier 1907  -  L’horloge de l’église Saint-Jean.   -  L'horloge de Saint-Jean réglait en réalité toutes les horloges de la ville avec celle de la place de la République. C'est elle aussi qui indiquait aux ouvriers des ateliers l'heure du départ et celle du retour.

Or hier, à 5 heures, elle a sonné pour la dernière fois. L'entretien de cette horloge coûtait 200 francs, et le clergé de St-Jean n'a pas de ressources pour faire face à cette dépense.

De même l'horloge de l'église Saint- Pierre, pour Les mêmes causes, a cessé de marcher. (Source  : Le Moniteur du Calvados)  

 

Janvier 1907  -  Enlèvement d’une prison.  -  Dans quelques jours la prison de historique de Caen aura disparu. De nombreuses occasions et matériaux de toutes sortes seront à saisir au fur et à mesure des démolitions. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Janvier 1907  -  La tempête dans la Manche.   -   Une violente tempête de nord a sévit sur toute la côte, causant d'importants dégâts.

Il est impossible de ravitailler les forts et ouvrages avancés en mer. Tous les caboteurs de Dunkerque à Nantes se sont réfugiés en toute hâte dans les ports, quelques uns avec des avaries. La navigation est interrompue.

La neige tombe en abondance et rend les routes difficiles, empêchant les cultivateurs d'apporter leurs produits.

A Cherbourg, la rade est consignée par ordre du préfet maritime et le croiseur « Jules-Ferry » est obligé de rester sous pression.

Tous les bateaux de pêche de Grandcamp et de Ia Hougue ont dû renoncer a se rendre sur les lieux de la pêche, par crainte de sinistres. Toutes les mesures sont prises par la direction  des mouvements des ports et les équipages des bateaux de sauvetage se tiennent en permanence. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Janvier 1907  -  Le froid.  -      La température sibérienne que nous subissons en ce moment a fait à Paris dans la journée d'hier un certain nombre de victimes. On signale une dizaine de personnes qui sont mortes de congestion occasionnée par le froid.

Partout le froid est terrible. C'est ainsi que le thermomètre marquait — 18° à Châlons-sur-Marne et — 20° à Remiremont et a Belfort. A Dijon, il gelait si fort que, lorsque hier matin à la gare des locomotives voulurent prendre de l'eau, elles ne le purent, les réservoirs étant complètement congelés. De ce fait, les trains, dans les deux directions de la ligne, subirent des retards considérables. 

A Avignon, à Grenoble, à Clermont-Ferrand, il neige abondamment.

Le Midi n'est pas épargné. Tout le littoral méditerranéen, de Marseille, de Port-Vendres, de Sète à Montpellier, est recouvert d'une couche de neige variant de 25 à 40 centimètres  d'épaisseur, les trains subissent des retards considérables. Le Plateau-Central est impraticable aux courriers, de même que les Alpes dauphinoises et le massif pyrénéen.

Un froid Intense règne sur les côtes de la Manche et de l'Atlantique, arrêtant toute la navigation. 

Dans le golfe du Lion, la tempête fait rage, et l'on a du rappeler en hâte à TouIon, par sémaphore, l’escadrille de torpilleurs en exercices au large.

A Bruxelles, hier, le thermomètre est descendu à 13° au de sous, à Arlon, il s'est abaissé jusqu'à 11°. Le train de Paris est arrivé à Anvers avec trois heures de retard, la locomotive ayant eu un tuyau crevé par la gelée.

En Angleterre, la température s'est maintenue très basse.

Dans la Manche, la mer est démontée et quelques accidents sont signalés.

Dans les pays voisins, la température continue à être très basse et le froid excessivement vif. 

A Berlin, à midi, hier, on a enregistré 24° au dessous. Dans la soirée la température s'est un peu radoucie. 

La Suisse surtout a été très éprouvée. La neige tombée en abondance a interrompu sur plusieurs points les relations postales. (Source  : Le Moniteur du Calvados)  

 

Janvier 1907  -  Curé et vicaire à Lisieux et à Caen.  -  Le Juge de paix qui, à Caen, condamna M. l'abbé Lénault, pourra consulter avec fruit le jugement que son collègue de Lisieux vient  de rendre en faveur de M. l'abbé Maupas, curé de St-Jacques-de-Lisieux. A Caen, l'abbé, le vicaire, l'humble prêtre qui obéit, fut condamné. A Lisieux, le doyen, le curé qui commande, est acquitté. 

Que peut on penser d'une magistrature qui se juge et se déjuge de cette façon ?  de tribunaux qui se contredisent et se réfutent réciproquement ?

Lisieux est décidément plus favorite que Caen, ou, au moins, il a plus de chance. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Janvier 1907  -  Le délit de messe.  -  On sait que l'abbé Lenault, vicaire de St-Jean de Caen, fut condamné à 1 fr. d'amende avec application de la loi Bérenger, pour délit de messe.

Le Parquet a formé un pourvoi en cassation contre le jugement de M. le Juge de paix. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Janvier 1907  -  Déraillement en gare de Caen.  -  Un accident qui heureusement n'a en aucune conséquence s'est produit ce matin en gare de Caen. Les cinq derniers wagons du train  venant de Flers et arrivant à Caen à 11 h. 05 m. sont sortis des rails par suite de la rupture d'une aiguille. Il n'y a eu aucun accident de personnes et les dégâts matériels sont nuls. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Janvier 1907  -  Un projet de loi contre les corbeaux.  -  M. de Villebois-Mareuil, député de la Mayenne, vient d'élaborer avec le comte Clary, président du Saint-Hubert-Club de France, un projet de loi destiné à donner satisfaction aux chasseurs et aux agriculteurs. Il s'agit de la création de postes de Tierceliers dans toute la France, en vue de la destruction des  oiseaux  de proie, des petits fauves et principalement des corbeaux. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Février 1907  -  Le repos des postiers. Désormais les bureaux de poste seront fermés les dimanches et jours fériés, à 11 heures du matin, du 1er novembre à fin février, et à 10 heures, du 1er mars au 31 octobre. La même réglementation sera observée pour le télégraphe et le téléphone, sauf dans les bureaux à service complet et de demi-nuit, qui fermeront à 9 heures du soir.

Le bureau de Caen-Singer sera complètement fermé pour tous les services. L'expédition et la distribution des correspondances se feront comme par le passé.

 

Février 1907  -  La location des presbytères.  -  Les instructions secrètes du ministère aux préfets. Le gouvernement a eu l'habileté de décharger sur les municipalités du soin de faire  exécuter dans les communes les lois sur la séparation. 

Mais il a pris soin de « brider » les maires catholiques, de leur retirer les pouvoirs de location du 5 avril 1884, en faisant insérer dans la loi du 2 janvier 1907 cette prescription que tout  bail de presbytères ne sera valable qu'après l'approbation préfectorale. 

Lors de la discussion de cette disposition exceptionnelle, le gouvernement, par tactique, la présentait comme une simple formalité.  

Or, depuis, il a transmis aux préfets des instructions très rigoureuses : ils ont l'ordre d'annuler toute délibération municipale et de rejeter tout bail de presbytère dont le prix du loyer ne  serait pas en rapport avec la valeur locative.

En fait, les maires ont toute liberté pour accentuer la rigueur des lois de séparation, mais il leur est impossible, sans se heurter au veto des préfets, d'en atténuer les mesures draconiennes dans une mesure quelconque et pour les motifs les plus légitimes. Les maires peuvent « serrer la vis », ils ne peuvent pas la « desserrer ».

On voit que le libéral Briand continue à combattre l'Église à «coups de libertés ». (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Février 1907  -  L'impôt sur le revenu.  -  Contrairement à ce qui avait été annoncé officiellement, ce n'est pas au conseil des ministres de samedi que le gouvernement délibérera sur le projet d'impôt sur le revenu qu'a préparé M. Caillaux. 

Il est très probable, d'ailleurs, que les ministres ne se réuniront pas samedi et que le prochain conseil n'aura lieu que la semaine prochaine.

D'autre part, M. Caillaux a demandé à ses collègues de lui réservé une séance toute entière du conseil des ministres pour l'examen de son projet. Et le gouvernement a, au préalable,  une série de questions à régler, qui l'obligeront à ajourner sa délibération sur le travail de M. Caillaux. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Février 1907  -  Avis aux photographes.  -  Les amateurs de photographies peuvent mettre leur talent à l'épreuve en photographiant la prison de Caen, par l'ouverture qui en est faite rue St Manvieux. Ils auront un spécimen de la prison qui va disparaître et qui offre au point de vue de l'architecture un véritable intérêt. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Janvier 1908  -  Caen a-t-il jamais été propre.  -  On dit et on répète à tout propos et non sans raison, que la ville est malpropre. Mais Caen a-t-il jamais été propre ? Qu’il pleuve  seulement une journée la ville devient un marécage, qu'il pleuve, deux jours de suite, c'est un lac.

Les municipalités passées ont tout fait, tout tenté pour remédier au mal ; elles n'ont réussi qu'à provoquer une douce gaieté. Qui ne se rappelle le succès de fou rire et de bon aloi, du reste obtenu par les Perrotines ? On se rappelle aussi ces équipes volantes d'ouvriers enrôlés pour déblayer la ville et nettoyer la situation ? Qu'arriverait-il ? Le lendemain, le gâchis était aussi lamentable que la veille, et tout était à recommencer.

Lisez les journaux de l'époque et vous serez édifiés. C'est toujours la même chanson. L'air varie, mais le refrain est identique. La cause de tout cela ? Demandez au médecin le plus âgé de la ville, à celui qui joint à juste titre de par les années le talent et la haute expérience, il vous répondra : " Caen est bâti sur un fond de matières fétiches " ; si vous dresser l'oreille  enquête d'une explication, il vous répondra gaiement : le fétiche n'est-il pas un porte-bonheur. Il suffit de marcher dedans,  s'il faut en croire le proverbe. Mais quand on est bâti dessus ça doit être le parfait bonheur dans ce monde ou dans l'autre.

Le remède ; L'Écho Normand l'a indiqué, il y a beau jour, c'est la démolition des vieilles baraques et autre turnes odoriférantes ; c'est la suppression des fosses d'aisances mal faites et non étanches, c'est le curage des Odons, le percement de grandes artères. Mais pour entreprendre cette besogne indispensable, il faut  avoir de l'argent.   

 

Janvier 1908  -  Destruction des corbeaux.  -  Pendant les semailles, les cultivateurs et propriétaires peuvent détruire les corbeaux, au fusil sur leurs terres. Ils sont tenus seulement d'en faire la déclaration au maire de la commune, qui la transmet à la sous-préfecture, laquelle prévient la gendarmerie.

 

Janvier 1908  -  Après les jardins ouvriers, les maisons à bon marché. -  Un petit jardin pour rien. Une habitation pour presque rien. Qui ne voudrait avoir cela ? C'est le rêve. Grâce à  d'ingénieuses combinaisons, les ouvriers de Caen vont avoir tout cela.

Des conférences, qui ont eu le plus grand succès, ont été faites par M. Marguerin, conseiller municipal, et qui, le premier, a émis l'idée. MM. Séjourné, Savare y ont pris, on le sait, la  part la plus active. Il convient de s'en réjouir. C'est faire oeuvre sociale, utile et d'un caractère vraiment démocratique : de l'administration et non de la politique.

 

Février 1908  -  Tirs militaires. -  Le public est informé que le 36e régiment d'infanterie exécutera des exercices de tire à blanc dans la région comprise entre Caen, La Folie et les routes  de Langrune et de Creully pendant une semaine : ces tirs commenceront le lundi 24 février et prendront fin le samedi 29 du même mois.

Si malgré les précautions qui seront prises quelque dégât était commis, les intéressés devraient déposer à la mairie des demandes d'indemnité dans le délai de trois jours après l'exécution du dernier tir.   

 

Mars 1908  -  Partout on coupe des arbres. -  Ouvrez tous les journaux, on trouve 100 articles pour un sur la nécessité du reboisement. Le gouvernement est le premier à en proclamer utilité souveraine, indispensable pour éviter les grands troubles atmosphériques.

Voilà la théorie ; mais en fait, on coupe les arbres partout, pour un motif ou pour un autre. À Bénouville, le long du canal, c'est pour pouvoir exécuter les travaux ; à Hermanville, c'est  parce qu'il y a trop d'ombrages ; à Cabourg, c'est parce que ça fait trop plaisir aux étrangers de pouvoir humer la brise sans être grillés du soleil.

Mieux vaut couper la tête aux roses et la gorge aux hommes que la cime des arbres, a dit avec raison Vallès. A quand la loi pour empêcher le déboisement ; cela vaudra beaucoup mieux que de prêcher le reboisement.  

 

Avril 1908  -  Vol à l'église Saint-Pierre.  -  Mardi matin, un vol audacieux a été commis en l'église Saint-Pierre, de Caen. Des malfaiteurs, jusqu'à présent inconnus ont fracturé les  nombreux troncs que possède cette église et en ont dérobé le contenu. On croit que les sommes ne sont pas très élevées, car l'argent qu'ils contenaient avait été recueilli dimanche dernier. La police a ouvert une enquête.  

 

Mai 1908  -  La prairie cause d'accidents. -  On nous signale de tous côtés le danger qu'offre aux enfants, aux vieillards la prairie avec ses fossés en bordure d'une énorme profondeur  et la rivière la Noë. La semaine dernière, cinq personnes qui passaient en voiture ont failli s'y noyer. Attendra-t-on un cas mortel ? Une inadvertance, une étourderie ou un  étourdissement quelconque peuvent causer une chute qui aura peut-être une conséquence mortelle.

Le moyen de prévenir le danger ?    Ce serait tout simplement de faire installer des clôtures, sans compter que la nuit les  couples amoureux ne seraient plus tentés de prend le fossé pour un gynécée. Ces filets-là qu'on pourrait tendre en guise de clôture pourraient les préserver de ceux que leur tend la police et dont les mailles sont moins relâchées que certaines  mœurs. 

 

Juin 1908  -  Laïcité coûteuse.  -  En laïcisant à tort et à travers, comme on l'a fait, on ne s'est pas inquiété de savoir où on logerait les enfants dans les écoles. A présent le mal est fait. Partout les classes sont insuffisantes à contenir le flot toujours croissant des élèves, instituteurs et institutrices sont débordés. Certaines classes comptent jusqu'à 76 écoliers. L'air manque, les bancs et les tables aussi. A Caen, rue Guilbert, des enfants s'assoient sur les marches de la chaire. Aussi les demandes d'augmentation de traitement, de créations d'emploi et d'agrandissement de locaux pleuvent-elles de tous côtés. La municipalité, qu'on sait amie de la laïcité, en est inondée et ne pourra pas les refuser. L'État ne pourrait-il pas se contenter d'organiser le gaspillage national sans forcer les communes à des gaspillages particuliers épuisants pour les petits budgets ?  

 

Juin 1908  -  Naissance.  -  Paul et Hélène ont le plaisir de vous annoncer la naissance de leur fils Adrien-Désiré-Auguste, à Caen, rue du Milieu, n° 48. Paul ayant trop bien fêté la naissance de son fils, a oublié de déclarer sa naissance à l'état civil.  (Source. Ach. perso.)

 

Juillet 1908  -  Goudronnage.  -  Avis  -  En raison des travaux de goudronnage a effectuer incessamment par le service vicinal, dans les rues du Montoir-Poissonnerie et du Vaugueux,  les riverains sont priés de ne pas arroser ni de jeter d'eau sur la chaussée, à partir du 28 courant.   

 

Juillet 1908  -  Bornes fontaines.  -  Le maire de Caen rappelle que procès-verbal sera dressé contre  qui usera des bornes fontaines pour des besoins industriels, pour l'arrosage des  jardins, le lavage sur place de linge, des voitures, des légumes, du poisson, ou autres objets, l'abreuvage des bestiaux. Il est également interdit d'y prendre de l'eau avec des tonneaux.

 

Juillet 1908  -  Le nouvel hôpital.  -  Le nouvel hôpital et inauguré le 27 juillet. Il prendra le nom de Clemenceau. Des fêtes grandioses sont organisées à Caen à cette occasion,  présidées en personne par le président du Conseil, Georges Clemenceau, entouré de deux ministres, M. Viviani et général Picquart, 25 musiques militaires, soit 1700 musiciens, animent  cette fête également marquée par un banquet de 1800 couverts. Un feu d'artifice et des bals populaires réunissent dans la prairie quelque 10 000 personnes.

 

Septembre 1908  -  Taxe sur les chiens.  -  Le maire de la ville de Caen, rappelle aux intéressés qu'à partir du 1er octobre prochain, il sera ouvert à la mairie (bureau des contributions),  un registre destiné à recevoir les déclarations exigées des possesseurs de chiens.

Les personnes qui auraient cessé de posséder des chiens, ou qui auraient changé le nombre ou la destination de ceux qu'elles possèdent, doivent venir faire une nouvelle déclaration à  la mairie. Faute part elles de remplir cette formalité, elles seraient imposées d'office d'après les bases de l'année précédente.

 

Octobre 1908  -  Le nouvel hôpital. -  Le nouvel hôpital connaît déjà quelques problèmes : le conseil municipal vote en urgence 2547 francs pour le chauffage et l'aération du pavillon  mortuaire. Si les défunts n'en ont pas besoin, ce n'est pas le cas du personnel hospitalier.

 

Juillet 1909  -  Place du Théâtre, les deux chevaux d'un attelage sont foudroyés par un câble électrique tombé sur la chaussée.

 

Décembre 1909  -  Statistiques de population 1908.  -   le Calvados comptait 403 431 habitants, 3 313 mariages y ont été célébrés, et les décès (8 964) ont été plus nombreux que les  naissances (8158). 

 

Février 1910  -  Pluie et neige incessantes : le Calvados n'échappe pas aux inondations. Les basses vallées de l'Orne et des autres fleuves côtiers sont noyées.

 

Mars 1011  - Encore la tempête.  -  Dans la nuit du samedi 11 au 12, une nouvelle tempête abat des arbres, arrache des toitures, dont celle de l'église Saint-Pierre.

 

Décembre 1911  -  L'éclairage publique.  -  Inauguration d'un éclairage tout au long des "trois lieues et demie" du canal de Caen à la mer.

 

Mars 1912  -  La chaleur  -  La Chaleur anormale se résout en orages très violents. Lundi 7, à 19 heures des grêlons énormes saccagent le Jardin des Plantes, hachant le cèdre du Liban. Le Calvaire de la Maladrerie est brisé, le clocher de la chapelle des frères, à Hérouville, également.

 

Mars 1912  - T.S.F. à Caen  -  De nombreux appareils construits par des praticiens ingénieux reçoivent maintenant les dépêches de la Tour Eiffel deux fois par jour. Signalons entre autres les appareils récepteurs de la Faculté de l'École normale de l'Abbé Bigard, professeur à Sainte-Marie. Ce dernier communique au public les nouvelles reçues sur une feuille exposée dans un magasin de la rue Saint-Jean.

 

Mars 1912  -  L'enlèvement des immondices et ordures. - Le maire de Caen vient de prendre arrêté concernant l'enlèvement des immondices et des ordures ménagères à l'aide du  système hygiénique Riffon : le propriétaire de tout d'immeuble habité située sur le parcours des itinéraires  fixés pour l'enlèvement matinal et quotidien est tenu de mettre à la disposition des locataires ou habitants de son immeuble un ou plusieurs récipients spéciaux destinés à recevoir tous les produits du balayage et des ordures ménagères et de déposer ou faire déposer ses récipients chaque matin sur le trottoir et de les faire retirer un quart d' heure au plus tard après le passage du tombereau ; dans les voies non accessibles aux  banneaux, les récipients  seront déposés à l'issue des dites voies par les soins des habitants ; le service d'enlèvement quotidien s'effectuera à partir de six heures et demie du matin  depuis le 1er avril jusqu'au 30 septembre, à partir de 7 heures en mars et en octobre, et des 7 heures et demie du 1er novembre jusqu'au dernier jour de février. Un passage  supplémentaire du tombereau sera opéré le samedi après-midi pour les débris de verre. Les dispositions du présent arrêté seront applicables à partir du 1ère avril.

 

Avril 1912  -  Le nouveau service de repurgation.  -  Hier matin lundi, le nouveau matériel municipal de nettoyage des rues a été inauguré dans notre ville. Il a eu un grand succès de  curiosité et, sur les portes, nombre de gens observaient curieusement la manœuvre des nouveaux engins, dont voici la description succincte : un employé saisi la poubelle  hermétiquement close dont est muni chaque ménage, la renverse sur le tombereau en l'appliquant sur deux réglettes disposées à cet effet ; en faisant glisser la poubelle vers le milieu du tombereau, l'employé ouvre du même coup le couvert de la poubelle et une trappe,   par laquelle des ordures tombent.

Un simple mouvement pour ramener la poubelle la clôt ainsi que la plaque du tombereau. Toutes les précautions sont ainsi prises que l'enlèvement des immondices

se passe sans que l'hygiène publique en souffre.  Nous avons interrogé quelques-uns des conducteurs de tombereaux sur leur nouveau matériel : ils déclarent ne pas être suffisamment  familiarisés encore avec la manœuvre et se plaignent d'un supplément de travail. Espérons que l'effort accompli par la municipalité pour améliorer la voirie caennaise sera couronnée de succès.

 

Avril 1912  -  Entreprises Franco-Allemandes  -  Le groupe allemand Thysen participera pour 40 %  à la société en création, compagnie des aux fourneaux et aciéries de Caen, au  capital  de 30 millions de francs. Le groupe français de la compagnie française de constructions mécanique Cail aura 50 %. On dit que les deux groupe se proposent en outre de constituer une société minière avec 12.000.000 de francs de capital et une compagnie maritime avec 3 millions.

 

Juin 1912  -  L'invasion asiatique.  -  Depuis quelques temps les routes de Normandie sont sillonnées par des troupes  de Chinois, hommes, femmes, enfants qui surviennent à leurs besoins en offrant aux passants divers objets fabriqués par eux. Il y a quelques semaines on les signalait à Alençon et hier à Bayeux. Les voici aujourd'hui à Caen. Les gamins curieux entourent ces jaunes à l'air aimable et dépaysé. Les femmes surtout avec leurs pieds minusculement petits attirent l'attention.

 

Juillet 1912  -  Le service postal du dimanche  -  M. le Maire a reçu de l'association des agents des PTT une pétition demandant la fermeture complète des guichets postaux, le  dimanche et jours de fête, et des services télégraphiques à 7 heures du soir. La question va être étudié par une commission.

 

13 août 1912  -  La tempête s'est abattue aussi sur Caen et la région  -  Dans la nuit de lundi à mardi, la violence du vent était telle qu'elle a abattu un arbre sur le grand cours. On a constaté de nombreux dégâts dans les jardins et à divers immeubles. La rafale a fait notamment tomber une énorme pierre du haut d'un mur, au 70 de la rue Branville. Hier, dans la soirée, l'eau est tombée à flots trois-quarts d'heure et à changer les rues en torrent. Mercredi après-midi, de nouvelles et furieuses averses se sont abattues sur Caen et sa région. 

En un clin d'œil les rues furent changées en torrent et des inondations eurent lieu dans certaines maisons des rues de Vaucelles, d'Auge et Saint-Pierre. Dans la plaine de Caen les cultivateurs sont désolés de ce mauvais temps continu.

 

Octobre 1912  -  Un scandale retentissant  -  Un nouveau et très pénible scandale vient,  d'être découvert à Caen. Celui-là dépasse tous les précédents tant par son envergure que par  la situation sociale de certaines des personnes inculpées. Il y a jusqu'ici une arrestation, celle de la faiseuse d'anges, et neuf inculpations, huit femmes ou jeunes filles, et un homme poursuivi comme complice. La personne arrêtée est la femme Albertine Lemarchand, 30 ans, journalière à Caen. On comprendra que nous conservions une certaine discrétion dans cette  lamentable affaire par égard pour les familles dont certaines sont des plus honorables. Sept personnes inculpées habitants Caen, une Ouistreham, l'autre Hérouville.

Tous les inculpés ont fait des aveux complets. Seule la femme Lemarchand a fait certaines réticences déclarant  qu'elle n'entrait en relation qu'avec des personnes venues l'a trouver des les premiers moments ou se manifestait leur état. Elle prenait à ses clients pour prix de ses services une somme en général modique, 10 francs. Aussi avait-elle une clientèle très  étendue.  

217  -  CAEN  -  Cours Sadi-Carnot

vers le Chalet

71  -  CAEN  -  Le Pont de Vaucelles

Commentaires et informations : Facebook  -  E-mail