Janvier
1913 - Le passage à niveau de la Maladrerie.
- Le 14, vers 3 h. 20 du soir, au passage à niveau du chemin de
fer du Caen-État à Caen-Saint-Martin, route de Bayeux, le cheval de
M. Bacon, propriétaire à Coulvain, a pris peur au passage d'un car
électrique et a reculé brusquement. Le car a eu sa tôle défoncée.
Pas d'accident de personne.
Janvier
1913 -
Un accident mortel.
-
Un noël sans neige et sans gèle, de la pluie et du
vent en tempête, c’est ainsi que cette vilaine année mouillée
nous a fait ses adieux. Le vent faisait rage la semaine
dernière, il a causé des dégâts partout.
A
Caen, une pauvre vieille de 72 ans, Mme veuve Charles Noury,
propriétaire, rue Saint-Jean, a été tuée par la chute d’une
cheminée. Elle allait rendre visite à des amis, M. et Mme Lebœuf,
ancien pharmacien, qui demeurent, rue froide, 16, dans la cour de l’imprimerie
Poisson. Comme elle traversait cette cour, une haute cheminée de
briques qui surmontait l’imprimerie oscilla et s’abattit avec
fracas sur la maison voisine de Mme Lemazurier, propriétaire, dont le
toit fut en partie démoli. Une masse de briques atteignit Mme Noury
à la tête et on la releva perdant le sang à flots par une énorme
blessure au crane.
On
la transporta chez ses amis ? M. et Mme Lebœuf, où elle expira
peu après.
En
ville, les tuiles pleuvaient, ainsi que les branches sur les cours.
Sur le canal, des arbres ont été déracinés. Rue Saint-Jean, le
panneau caricatural de René Thurin, placé à la devanture du
tailleur Crémieux, a été arraché. Aux hauts-fourneaux de
Mondeville, un bâtiment recouvrant le puit artésien a été
renversé par le vent, un ouvrier a été blessé à la jambe.
A
Arromanches, un mur s’est écroulé : un mulon de paille
à M. Hubert, cultivateur, a été poussé à la mer.
En
mer, les paquebots de la Compagnie normande ont dû interrompre leurs
voyages.
Janvier
1913 -
Paysage d'hiver. -
La neige sera bientôt pour nous une chose est connue et
il y a des enfants qui ne se sont encore jamais battus avec des boules
de neige blanches. C'es l'eau, encore l'eau, toujours l'eau qui nous
inonde et nous submerge !
Ces
jours -ci, la prairie était couverte en grande partie d'une couche
liquide. Vaches et veaux en pâture avaient l'air de s'entraîner à
la course, car ils étaient forcés de suivre l'hippodrome qui,
presque seul, émergeait. Et ce joli lac jamais ne se congèle, au
grand désespoir de M. Jacquot dont les cabines de patinage
restent tristement fermées. Des vols de mouettes aux longues ailes
recourbées animent un peu ce tableau désolé. À avoir, du cours,
ces oiseaux prendre leurs ébats, on se croirait sur une grève, au
bord de la mer et plus d'un chasseur a dû songer qu'en face les
tribunes on pourrait peut-être établir un gabion.
Janvier
1913 - Le port
- Sur le port de Caen, Mgr Lemonnier baptise les vapeurs
"Geneviève" (80 m de long, 11,10 m. de large, 3.600
tonneaux) et "Gabrielle" (76 m de long, 10,60 de
large, 3.100 tonneaux) de l'armement Bouet. En 1913, le trafic
portuaire a dépassé le million de tonnes.
Janvier
1913 - Le naufrage du " Marcelle".
- Quelques misérables épaves poussées par les
courants jusque sur la côte sud d'Angleterre, c'est tout ce qu'il
reste du beau navire que
fut le "Marcelle" du port de Caen. Comme nous l'avons dit,
le steamer a dû être surpris, le 26 décembre, le lendemain de
noël, par un formidable raz de marée, dans les parages d'Ouessant.
Il est à peu près certain que les 18 hommes d'équipage ont tous
péri. Le capitaine, Jules Grosse, était inscrit à Granville, et le
chef mécanicien, Joseph Figeau, avait son domicile à Caen. Les 16
autres étaient des marins bretons.
Février
1913 - À l'hôtel des postes -
L'hôtel des postes de Caen, qui n'est déjà pas si confortable, a
été le théâtre, hier soir, d'un incident dû à une interruption
dans l'éclairage du gaz, qui a privé pendant plus d'une heure, les
services télégraphique et téléphonique. Ceux-ci ont dû
s'éclairer par des moyens de fortune.
Février
1913 - La terre tremble - Dans la
nuit de samedi 22 au dimanche 23, vers 11 heure et demi,
une légère secousse de tremblements de terre accompagnée de sourds
bourdonnements s'est fait sentir à Caen, Évrecy, Carpiquet, Rots.
Mars
1913 - Le premier saumon
- Samedi matin, a été pris prés du nouveau barrage du Cours
Cafarelli, un superbe saumon de 18 livres. L'auteur de cette capture
était M. Delasalle, wattman aux tramway électriques. Il vient de
renouveler trois fois son brillant exploit. En effet, il a pris à
très peu d'intervalle trois autres superbes saumons pesant au total
49 livres, ce qui lui fait le chiffre coquet de 66 livres de
saumon en trois jours. Ces poissons ont été mis en vente dans un
magasin du boulevard Saint-Pierre et enlevés aussitôt. Les belles
captures se succèdent. Voici que le pêcheur Gobillet a pris ,
dans l'Orne, près de la passerelle du Grand-Port, un saumon mesurant
1 m 06 et pesant 26 livres.
Mars
1913 - Un escalier qui ne mène nulle part. -
Voici la saison de la montée en rivière des poissons migrateurs :
saumons et aloses et, ces jours derniers, plusieurs saumons
d'assez forte taille ont été capturés au pied du nouveau barrage.
tout le monde se demande, à ce propos, quand fonctionnera enfin le
fameux escalier à saumons qu'on a aménagé sur un des côtés de
cette ouvrage. C'est à la suite d'une campagne menée, il y a
quelques années, par un fervent ami de la rivière, que ce projet fut
lancé. M. Delarbre le reprit au Conseil Général et on croyez
bien le voir définitivement réalisé. Or, aujourd'hui le
barrage fonctionne, les saumons se présentent et ils trouvent porte
clause.
L'installation
du fameux escalier n'est pas terminée et ne le sera, paraît-il, que
l'an prochain ! Les ingénieurs sont beaucoup moins pressés que les
mamans saumons qui voudraient aller pondre vers les sources et
que les pêcheurs riverains, qui voudraient les happer au passage.
Avril
1913 - Sur les tramways
- Depuis ouverture de la foire, la compagnie des tramways
électriques a mis en circulation sur la ligne gare de l'État -
gare Saint-Martin la remorque du nouveau modèle. Cette voiture neuve
est très confortable ; l'agencement des places de l'intérieur est
bien compris ; il permet aux voyageurs de voir commodément le
spectacle de la rue tout en étant parfaitement l'abri ; de plus,
grâce au couloir central, la perception des billets et le
contrôle peuvent s'exercer facilement, ce qui n'est pas le cas dans
les " baladeuses" ancien modèle. Cette nouvelle remorque
attelée à un car complètement remis à neuf, forme un convoi
d'aspect imposant en luxueux, admiré et apprécié des habitants et
des nombreux visiteurs de
la foire.
Mai
1913 - La tempête
- C'est une véritable tempête qui s'est déchaînée sur Caen
et sa région. Hier dimanche le service des bateaux du Havre a été
désorganisé. Dans l'après-midi le vent a démoli plusieurs
décorations servant aux éliminations électriques de la soirée.
Juin
1913 - Ayez des plaques
à vos vélos. - Albert Gérin, 38 ans, journalier,
fut rencontré à Cormelles avec une bicyclette non munie
de la plaque de contrôle ; il récolta un procès-verbal qui lui
valut le 6 juin, en simple police une condamnation à 3 francs
d'amende, accrue du paiement du double décime 1/2, du quintuple droit
fraude soit 15 francs, à la saisie du vélo et à la vente au profit
de l'État jusqu'à concurrence du montant des amendes et frais.
Juin
1913 - L'orage du
lundi. - L'orage de lundi 16 a particulièrement
éprouvé les cantons de la plaine bordant la mer et aussi une partie
de la vallée de l'Odon. La partie située entre Cheux et la vallée,
dans un espace de 5 kilomètres de long sur 3 de large, a reçu le
fort de l'orage. Les grêlons énormes ont tué des quantités
d'oiseaux, de poules, haché les jardins, brisé de nombreuse
vitres à Tourville-sur-Odon et à Mouen, où la foudre s'est abattue
sur la cote de la vallée Vicquet.
Juin
1913 - Les opérations de
la brigade mobile - Voici le total des
arrestations opérées par la 3e brigade de police mobile
pendant le mois de juin 1913 : homicide volontaire, 1 : infanticide, 2
: vol qualifié et complicité, 16 : vol et complicité, 12 :
escroquerie, 4 : abus de confiance, 4. Total : 39.
Juillet
1913 - Le mouvement de population.
- Presque partout la population diminue et depuis 1951 le
déficit est formidable on peu dire : C'est ainsi qu'en ce qui
concerne l'arrondissement de Caen, il comptait en 1851 , 139 922
habitants ; en 1911, il n'y en a plus que 114 669. Diminution
: 25 253 âmes. Cependant, grâce à la légère augmentation de
la ville de Caen (46 934 habitants en 1911 au lieu de 45 280 en 1851,
et 44 442 en 1906), l'arrondissement a gagné 1 734 habitants sur le
dernier recensement.
Août
1913 - Effroyable accident boulevard Leroy
- Un atroce accident est arrivé dans la nuit de mardi 19
à mercredi 20, sur le boulevard Leroy. Il était 9 heures et demie du
soir quand MM. Hamelet, mécanicien, et Givel, mécanicien,
conducteur aux chemins de fer du Calvados, trouvèrent sur
la voie longeant le boulevard, à hauteur des jardins ouvriers,
le cadavre d'un homme affreusement mutilé. Le corps était
étendu sur le ventre, à droite des rails ; la tête, complètement
séparée du tronc, se trouvait entre les rails, à 0 m. 50 plus
loin ; le bras droit complètement sectionné de l'épaule
longeait la voie extérieurement ; enfin, détail horrible, le cœur,
qui avait été complètement arraché, se trouvait à trois mètres
en arrière. Le cadavre fut reconnu pour être celui du
nommé Edmond Chédot, 36 ans, ouvrier jardinier. Des premières
constatations, il semble résulter que la victime aurait été
couchée la tête reposant sur le bras droit, et appuyée sur
l'un des rails du tramway, et profondément endormi quand il aurait
été surpris par le convoi de minerai. Les tristes restes de Chédot
ont été transportés à la morgue, et une enquête a été ouverte
sur les circonstances de cet accident, qui a causé en ville une vive
émotion.
Août
1913 - Électricité - On pose en
ce moment sur la route Paris-Cherbourg, les poteaux en ciment armé
qui doivent servi au support des fils amenant l'électricité de
Caen à Bayeux.
On sait que lumière et force seront fournis par la puissante centrale
électrique qui s'achève en ce moment près des nouveaux
bassins. L'arrivée de la fée électricité dans toute la région
Ouest de Caen et de la région de Bayeux pourra faire naître ou
améliorer d'intéressantes industries. Peut-être aussi
permettra-t-elle l'établissement d'une voie de communication
rapide dans une partie du département défavorisée sous ce
rapport. Un tramway est depuis longtemps réclamé de Caen a Creully,
par Bois-Bretteville-l'Orgueilleuse, etc... On peut espérer que
la proximité d'une grande ligne électrique en hâtera la
réalisation.
Septembre
1913 - Nos mines de fer.
- L'exploitation du bassin minier de Normandie commence à
entrer dans la période intensive. La mise en train des hauts
fourneaux que alimentera en partie la grande mine de Soumont,
sera comme le signale d'un véritable déclenchement de la révolution
industrielle d'où sortira la Normandie métallurgique. Actuellement
on pose les câbles qui transporteront la lumière et force des usines
de Colombelles aux mines de Soumont et fournira la traction sur le
chemin de fer minier. Actuellement, la portion principale du bassin
minier de Basse-Normandie s'étendent de Caen à Falaise et de
Mèzidon à Mortain. Il y a 20 concessions accordées, dont 6 en
exploitation et 4 en aménagement. Les surfaces concédées étaient
de 1950 hectares en 1893 ; en 1911, elles atteignent 15 000 hectares ;
20 concessions au moins sont en instance ; si on y fait droit la
superficie atteindra près de 50 000 hectares.
Octobre
1913 - Le pavé. - Caen devient terrible
le soir, et en cela il a bien changé. On rencontre à chaque instant
des bandes aux sinistres mines dans les rues les plus calmes.
Dès 10 heures du soir les pochards ivres-morts jonchent les
trottoirs devant les cafés. En dépit de l'arrêté courageux de M.
Perrotte, on signale chaque semaine de nouveaux arrivages de
prostituées. Une police volante à bicyclette devient urgente.
Heureusement l'uniforme bleu et bien seyant des artilleurs est venu
avant-hier soir jeter dans ces transformations une note
réconfortante. Adieu, vieux Caen !
Octobre
1913 - La foire "
aux malades ". - C'était hier mardi la foire de
la Maladrerie, foire " aux malades " parce qu'au temps
jadis, comme son nom l'indique, le hameau de la Maladrerie
était une léproserie et qu'une foire il y avait lieu dont
profitaient les malades. La foire se tient à l'intersection de cinq
communes : Caen, Saint-Germain-la-Blanche-Herbe, Venoix, Carpiquet,
Bretteville-sur-Odon. Elle attirait jadis beaucoup plus de monde que
maintenant, mais bien qu'ayant diminué en importance, elle constitue
encore une attraction de la banlieue caennaise. Le marché aux
bestiaux, hier mardi, a été actif et les prix élevés. On y a
amené 84 bœufs, taureaux ou vaches, 115 petits porcs, 48 porcs
gras, 8 moutons et une centaine de chevaux. Il il y avait en outre des
oignons, des marrons, etc... Dans l'après-midi et le soir sur la
place, où se trouvaient les baraques foraines, on a consommé, selon
la tradition, beaucoup de lard
" à la broquette ", arrosé de cidre doux.
Décembre
1913 - Fait divers. - A Caen,
2 femmes, une laitière et sa servante, sont condamnées, pour abus
sexuels sur leur petit valet de 14 ans. Toujours à Caen une jeune
fille de 16 ans entre dans les "lieux d'aisance" en
s'éclairant avec une allumette. Une formidable explosion l'éjecte
avec la porte
: la fosse était mal aérée.
Décembre
1913 - Pour enrayer la
prostitution caennaise - La municipalité pour enrayer
cette plaie de la prostitution particulièrement intense à Caen,
comme dans toutes les villes populeuses d'ailleurs. M. Perrotte,
maire, vient de prendre l'arrêté suivant : " le maire de
la ville de Caen considérant qu'il a été constaté, à plusieurs
reprises, que certaines femmes ou filles en service dans les hôtels,
auberges, cabarets, cafés, débits de boissons et maisons
meublées se livraient clandestinement à la prostitution dans
ces lieux publics et que l'administration municipale a été saisie à
ce sujet de plaintes réitéré, vient de prendre un arrêté
prescrivant que : tout hôtelier, aubergiste, cabaretier, cafetier,
débitant de boissons, tenancier de maison meublée ou logeur en
garni, ne devra à l'avenir :
1er
- Employer que des femmes ou filles munies d'un certificat de
bonne vie et mœurs délivré par le maire de leur domicile ou de leur
dernière résidence. Ce certificat ne devra pas porter une date
antérieure de plus de huit jours à celle de leur entrée en service
à Caen.
2eme
- N'employer des jeunes filles mineures qu'avec le consentement
écrit et légalisé de leur père, mère ou tuteur. Les hôteliers,
aubergistes, cafetiers, débitants de boissons, tenanciers de
maison meublée ou logeurs en garni, devront inviter les femmes ou
filles qu'ils emploient à se faire délivrer, avant le 15 janvier
1914, le certificat de bonne vie et mœurs prévu à l'article
1er et si il a lieu, le consentement de leur père, mère ou
tuteur ".
Décembre
1913 - La neige. - Un temps effroyable a
sévi hier, dimanche, 28 décembre, sur tout le Calvados où
sévissaient pluie, grêle, neige fondue. Les hauteurs du pays d'Auge
aux environs de Livarot et de Lisieux étaient couverte d'une épaisse
couche de neige.
Lundi
29 - la neige a fait son apparition à Caen, mais le
blanc tapis n'a pas résisté longtemps au dégel, du moins en ville,
où il a tout au plus contribué à rendre nos rues un peu plus sales.
Mardi
30 - Le mauvais temps
continu. Nous avons eu à Caen hier matin de violentes rafales de
neige et de grêle. La veille au soir, la foudre a grondé, sans qu'il
régnât, (bien loin de la) une chaleur d'orages.
Janvier
1914 - Essor du port de
Caen. - Tout ce que l'on avait pu former d'espérances sur
le développement de notre port se trouve dépassé par les
résultats, transmis par les statistiques de fin d'année
dressées par la Chambre de Commerce. Le port de Caen qui en 1911
atteignait comme trafic 960 000 tonnes, en 1912, 1 030 000 tonnes,
passe en 1913 par un bon qu'on peut qualifier de prodigieux à 1
250 000 tonnes, et cette montée considérable ne s'arrête pas loin
de là. L'année prochaine on peut prévoir une augmentation aussi
considérable, sinon plus, Caen est en train de devenir un des
premiers ports de France comme trafic.
Janvier
1914 - Un bolide a été
vu à Caen. - L'apparition d'un bolide dans la
région de l'ouest. Ce bolide a été aperçu également à Caen
mercredi soir, vers 8 heures 30, mais par peu de personnes. Il a
passé avec une lueur intense, que certains ont prise pour la
fulguration d'un trolley des trams électriques passant à un
croisement de fils. La direction du météore
était sensiblement N.E. - S.E.. Caractéristique du phénomène
: lumière bleuâtre aveuglante comme un éclair, rapidité
extrême.
Janvier
1914 - Le froid et la
neige. - La vague de froid continue et la neige a
recommencé à tomber. Espérons qu'elle n'occasionnera pas à nouveau
des accidents et ruptures de fils électriques comme ces temps
derniers.
Janvier
1914 - La glane du
charbons. - Un nouveau cas de vol de charbon sur
des quai vient s'ajouter à la liste déjà trop longue. C'est
qu'en effet, et par ces temps froid surtout, les wagons de
charbon qui stationnent journellement sur les quais son une
tentation souvent trop forte pour les miséreux qui désirent se
chauffer. Ce sont deux femmes qui sont poursuivies pour se fait
: les nommées Marie Bonvoisin, et Ernestine Berthout, 61 ans. Ces
deux femmes se livraient le 1er août 1913, en pleine après-midi, à
la glane du charbon. Malheureusement ils ne purent résister aux
désirs de s'emparer de quelques gros morceaux. Le tribunal leur
adjuge 25 francs d'amende avec sursis.
Janvier
1914 - La circulation dans nos rues.
- La période de gelée prolongée que nous subissons a
fait de nos rues, pour quelques-unes du moins, de véritables
skatings. Au début on a laissé couler les bornes fontaines, la
glace s'est accumulée dans les ruisseaux qui bientôt se sont
rejoints pour ne former qu'une seule un nappe. J'ai bien vu, un
certain jour, les agents inviter les riverains à déblayer les
ruisseaux. Pauvres riverains ! La plupart n'ont chez eux aucun outil
leur permettant de se livrer à ce travail. D'autres, plus heureux ont
réussi à dégager leur ruisseau, mais il ont vu les monceaux de
glace s'accumuler devant leurs portes et encombrer la chaussée.
Autres, enfin, se sont vu le lendemain dans la même situation
que la veille : le ruisseau était de nouveau rempli de glace,
car le tas qui avait quelque peu dégelé faisait corps maintenant
jusqu'au trottoir.
L'administration
ne devrait-elle pas, en même temps qu'elle enjoint aux habitants de
nettoyer, faire enlever immédiatement les tas de glace qui sont
eux-mêmes la cause de l'obstruction des ruisseaux ? Nous devons
ajouter personnellement, et pour être justes, que depuis de longues
années, on avait peu l'habitude à Caen d'avoir à subir d'aussi
longue période de froid. Il est donc compréhensibles que
l'administration de la voirie ait été un peu prise au
dépourvu. Mais nous sommes persuadés que, en présence du
froid persistant dans toute sa rigueur, elle va prend promptement les
mesures nécessaires pour procéder au déblaiement des rues et rendre
la circulation possible et sure.
Février
1914 - On arrête à
nouveau les petits mendiants. - Nous avons parlé à
plusieurs reprises de l'utile mesure qui avait été un moment,
on ne sait pourquoi suspendue. Elle vient d'être remise en
vigueur, le 12 février. Trois petits mendiants vagabonds ont été
arrêtés par la police et les mesures utiles sont prises pour faire
prononcer contre les parents la déchéance de la puissance paternelle
: ce sont les nommés Henri Lecocq, 11 ans, Émile Lecocq, 10 ans, et
René Guyonwark, 9 ans, que leurs père et mère abandonnent à la rue
du matin au soir. Nous ne pouvons que féliciter la municipalité de
se montrer à nouveau fermement décidée à poursuivre son oeuvre de
salubrité et de moralité sociales.
Février
1914 - L'état sanitaire à Caen. - A
Caen, comme dans beaucoup d'autres villes, l'armée est
en ce moment très éprouvée par diverses épidémies. Les
majors sont surchargés et l'hôpital militaire regorge de
malades. Il a contenu ces jours derniers jusqu'à 120 soldats. Six
décès se sont déjà produits. Il faut les attribuer surtout à une
épidémie de
broncho-pneumonie et de grippe infectieuse particulièrement
redoutables, qui a même obligé les autorités militaires à
prendre des mesures de sécurité en renvoyant un certain nombre
d'infirmières étudiantes. Espérons que cet état va s'améliorer
prochainement.
Mars
1914 - Attention au
prélèvement ! -
Vendredi, M. Le commissaire de police a fait des prélèvements
d'échantillons de marchandises chez différents commerçants de la
ville. Les prélèvements portaient sur le lait, les conserves, la
chicorée, etc..., etc.... Les échantillons prélevés vont être
analysés. Espérons pour les intéressés qu'il n'y sera pas
constaté de fraude...
Mars
1914 - La crue de l'Orne. - Cette
année, L'Orne semblait devoir rester paisiblement dans son lit.
Jeudi cependant le cours commença à devenir plus rapide et le niveau
se mit à monter avec une grande rapidité. La Prairie, vendredi
matin, était entièrement submergée est transformée en un
véritable lac, de près d'un mètre de profondeur. On craint que des
bestiaux n'aient été noyés dans quelques endroits. Le château de
Louvigny est entouré d'eau comme au moment des plus fortes crues.
Dans l'après-midi de vendredi le niveau a continué à monter et si
vite que des laveuses tranquillement installées au bas d'une venelle
de la rue de l'Arguette, ont dû abandonner subitement leurs cases et
plusieurs allaient s'en aller au fil de l'eau sans l'aide de
complaisants égoutiers qui voulurent bien s'employer à les
rattraper. Toutes les mesures ont été prises pour éviter le retour
des inondations dont chacun a encore le souvenir présent
à la mémoire. Dans la soirée cependant l'eau avait encore monté et
atteignait presque la deuxième rangée d'arbres du grand cours.
Cependant, avec le changement de lune, il est à présumer que
la pluie va cesser pour quelque temps.
Avril
1914 - Les
monuments historiques
du Calvados. - Voici, d'après le officiel, la liste des
immeubles classés parmi les monuments
historiques avant la promulgation de la loi du 31 décembre 1913, pour
le département du Calvados :
Église
Sainte-Trinité (église de l'ancienne abbaye aux Dames) ; Église
Saint Etienne (Église de l'ancienne abbaye aux Hommes) ; Église
Saint-Sauveur (anciennement Notre-Dame de Froide-Rue) ; Ancienne Église
Saint-Gilles ; Église Saint-Jean ; Église Saint-Pierre ; Ancienne Église Saint-Nicolas
(affectée aux services de la guerre) ; anciennes Église dite
" le vieux Saint-Étienne " (magasin de la ville)
; Église Notre-Dame-de-la-Gloriette ; Clocher de
l'église de Vaucelle ; lycée Malherbe (anciens bâtiments
de l'abbaye aux Hommes) parties classées ; bâtiment situé à
l'entrée, cloître et les bâtiments qui l'entourent. Les deux
ailes placées à la suite, bâtiment du XIVe siècle, dit "
Salle des Gardes ", ainsi que les parois revêtues de
peintures murales classées ; Hôtel d'Escoville (aujourd'hui
Chambre et Tribunal de Commerce) ; maison dite " des Gens
d'Armes " ; Hôtel des Monnaies ; Hôtel
de Mondrainville ; Château (affecté au service de
la guerre) parties classées : l'enceinte (moins la partie Nord)
comprenant : les fossés, les courtines, les tours, la porte Sud avec
l'ouvrage en bonnet de prêtre qui la précède et la porte Est, dite
porte de secours ou porte des champs, avec son pont et son bonnet de
prêtres.
Juin
1914 - Avis aux
automobilistes. - Le maire de Caen rappelle aux
propriétaires et conducteurs d'automobiles qu'aux termes de
l'arrêté municipal du 17 juin 1912, la vitesse maximum dans la
traversée de la ville ne doit pas dépasser 20 kilomètres à l'heure
et que l'usage des sirènes ou d'appareils similaires (Klason, etc.),
ainsi que de l'échappement
libre est rigoureusement interdit. Des instructions ont été données
aux agents de la police municipale pour tenir la main a l'exécution
des dispositions ci-dessus rappelées.
Septembre
1914 -
Les blessés. -
Un
bateau portant des blessés belges, attendu pendant plusieurs jours,
est arrivé aussi à Caen.
Ces
jeunes patriotes, frappés pour la défense de leur indépendance et
qui ont su retarder si énergiquement la descente du flot allemand,
sont dignes de tous les respects et de toutes les sollicitudes. Les
femmes françaises les traiteront comme leurs propres fils et, alors
qu'ils viennent dans notre pays reprendre la santé et de nouvelles
forces, nous sommes heureux de leur exprimer ici la vive
reconnaissance et la sympathie chaleureuse de tous les Caennais et de
tous les Normands. (Bonhomme Normand)
Septembre
1914 -
Départ d’italiens.
- En
attendant leur rapatriement, on avait gardé, à Caen, environ 300
Italiens, parmi lesquels des femmes et des enfants. Ils ont quitté
notre ville, à présent, et ce départ a donné lieu à de touchants
incidents ou la sympathie qui unit leur pays au notre s'est affirmée.
Les
Italiens ont acclamé les Caennais ; ils ont chanté la Marseillaise
et leur hymne national. M. Hendlé les a harangués en français, ils
ont répondu dans leur langue. On les a bourrés de victuailles, de
lait et de gâteaux et ils sont partis pour Menton.
S'ils
pouvaient nous renvoyer, un de ces jours, un joli petit corps d'armée
pour augmenter les nôtres ! (Bonhomme Normand)
Septembre
1914 -
Trop de brassards !
- Dés
les premiers jours de la mobilisation, on a été frappé par le grand
nombre de personnes arborant la croix de la Convention de Genève,
soit à leurs bras, soit à leurs voitures, soit à leurs balcons.
Le
ministère de la guerre vient de faire savoir que seul est autorisé
à porter cet insigne le personnel de la Croix-Rouge et des
organisations sanitaires temporaires ou en voie de formation,
accrédité par l'autorité militaire.
Le
public commençait à s'étonner, en effet, de la multiplicité de ces
insignes. (Bonhomme Normand)
Septembre
1914 -
Les drapeaux aux voitures.
- Il
est interdit de
porter, sans autorisation spéciale, des drapeaux, fanions, guidons ou
bannières sur tous véhicules autres que les voitures militaires.
-
Ne pourrait-on pas aussi réserver les drapeaux aux fenêtres pour une
grande et réelle victoire au lieu de les arborer à tout propos comme
on l'a fait jusqu'ici ? (Bonhomme Normand)
Septembre
1914 -
Caen ville nourricière.
- Jamais
notre ville n'a présenté une telle animation. Les rues sont trop
petites, les places publiques, les squares encombrés. Partout on
rencontre des étrangers, qui n'en sont pourtant pas, mais des
compatriotes fuyant l'invasion et des Belges émigrés. Il n'y a plus
de place dans les hôtels ; les restaurants débordent,
on dirait que la population de Caen a doublé.
Dans
les hôpitaux. on soigne plus d'un millier de blessés.
Tous
les jeunes gens de la classe 1914, de la circonscription d'Avesnes,
ont été envoyés ici. Des troupes cantonnent chaque jour, d'autres
arrivent remplacer celles qui partent. Il est resté en outre,
quantité d'ouvriers étrangers espagnols, marocains, des mines et des
hauts-fourneaux. Et tout ce monde là trouve à vivre et à se loger !
Jamais
nous n'aurions cru que Caen était si grand et pouvait réunir d'aussi
étonnantes ressources.
(Bonhomme Normand)
Septembre
1914 -
Victimes de la guerre.
- Nous
avons le regret d'apprendre que le fils de M. Mancini, directeur de
notre École de musique, a été blessé au visage et est en
traitement dans un hôpital militaire.
-
Parmi les premières victimes de la guerre, il faut compter le
lieutenant Guy de Liénard, qui appartient à une vieille famille de
la région du Bessin. Il a été frappé d'une balle au front, en
portant un ordre à Charleroi. Ce jeune officier avait fait ses
études à Caen, au Grand Sainte-Marie. (Bonhomme Normand)
Septembre
1914 -
Bravour d’un caennais.
- Un
de nos compatriotes, M. Charles Besnier, pharmacien, qui a été
appelé à suivre le 36e comme brancardier, a été porté
à l'ordre du jour de l'armée pour sa belle conduite dans la journée
du samedi 22 août. (Bonhomme Normand)
Septembre
1914 -
Frappés au champ d'honneur.
- On
peut dire qu'en ce moment, nos rues sont pleines de revenants, car
nombreux sont ceux qu'on a dits morts et qui nous sont revenus avec
des blessures souvent légères.
Nous
sommes heureux de compter parmi ces retrouvés M. le commandant Kahn
et le sergent Kahn, son fils, tous deux du 36e
de ligne. Frappé de vingt-deux balles, le commandant Kahn a été
sauvé par l'héroïsme d'un de nos concitoyens.
Sa
guérison sera assez longue peut-être, mais elle est assurée. Quant
à son fils, qui avait reçu une balle dans le côté, il semble
ne
s'en porter que mieux. (Bonhomme Normand)
Septembre
1914 -
Frappés au champ d'honneur.
- Des
deuils nous sont signalés de Lisieux : M. Robert Chiffeman, 21
ans,
fils d'un négociant de cette ville, et M. Mallais, 27 ans, lexovien
aussi, sont tombés glorieusement sur champ de bataille.
Le
capitaine Blondeau du 36e,
grièvement atteint à Charleroi, a disparu. Son décès toutefois
n'est pas confirmé. Cet officier est le gendre de M. Cusson,
président de la Chambre de commerce de Lisieux.
Parmi
d'autres Lexoviens blessés citons : le lieutenant Robert Lietout, le
caporal Pedroncini, les soldats Duquesne, Leroy, Blot.
On
annonce aussi la mort du lieutenant-colonel Champion, qui fut
commandant du dépôt de remonte de Caen. (Bonhomme Normand)
Septembre
1914 -
Un coup de balai. -
Il
y a quelques jours, le bateau du Havre amenait à quai, à Caen, un
groupe de deux cents Allemands et Autrichiens, hommes, femmes et
enfants, qui, depuis la guerre, erraient dans les rues du Havre et de
Rouen.
Ces
gens, qui, se trouvant sans doute bien chez nous, n'avaient pas obéi
à l'ordre d'expulsion qu'on leur avait signifié, ont été
débarqués entre une double haie de fantassins, baïonnette au canon,
et réembarqués aussitôt dans des wagons amenés exprès. On les a
ensuite dirigés sur Flers, toujours accompagnés de leur escorte
militaire.
Pendant
l'opération, la foule a poussé des cris hostiles qui ont été vite
réprimés par le capitaine de gendarmerie. (Bonhomme Normand)
Septembre
1914 -
Arrivée de blessés.
-
On continue de diriger des blessés vers notre région. L'autre
nuit, il en est arrivé un convoi de trois cents en gare de Caen. On
les a aussitôt répartis entre l'hôpital militaire et les hôpitaux
temporaires de la ville.
Plusieurs
paraissaient grièvement atteints; néanmoins on a le bon espoir de
les remettre promptement sur pied.
Une
vingtaine d'Allemands, dont, étant donnée l'heure, l'arrivée a
passé inaperçue, faisaient partie du convoi. L'un d'eux est
décédé, à l'hôpital.
On
attend, pour ces jours-ci, d'autres blessés, très nombreux,
parait-il. Toutes les ressources et tout le dévouement dont on
dispose à Caen ne seront pas de trop pour faire face à l'importante
tâche patriotique qu'on nous réserve. (Bonhomme Normand)
Septembre
1914 -
Réponses à des questions.
-
Des lecteurs nous demandent pourquoi on n'installe pas de
blessés dans le nouveau Lycée de jeunes filles.
-
Réponse : Parce que notre lycée de garçons va s'y installer, les
bâtiments du Lycée Saint-Étienne, beaucoup plus vastes, étant
occupés par les blessés. De même, une ambulance anglaise très
confortable étant créée à l'École primaire supérieure de la rue
de Bayeux, les élèves de cette institution rentreront au Collège de
jeunes filles de la rue Saint-Jean, où ils devront voisiner avec le
fourneau alimentaire. Quant aux collégiennes, expulsées de leurs
locaux, elles iront au petit Lycée.
Tous
ces chassé-croisés un peu compliqués auraient certainement pu
l'être moins. (Bonhomme Normand)
Septembre
1914 -
On réclame... -
Contre la rudesse, pour ne pas dire pis, avec laquelle sont
acueillies certaines demandes de renseignements.
Un
brave ouvrier caennais allant demander des nouvelles de son fils
soldat, lequel justement est notre confrère, reporter d'un journal
parisien, aurait été plutôt mal reçu.
L'angoisse
des parents voulant s'enquérir du sort de leurs enfants est assez
douloureuse déjà, elle ne mérite que du respect. (Bonhomme Normand)
Octobre
1914 -
Morts glorieuses. -
Parmi les nôtres
tombés à l'ennemi ou morts des suites de leurs blessures, citons :
Le soldat Chemin, de Hiéville, tué à l'ennemi ; le soldat Clovis
Caligny, de Saint-Pierre-du-Bû, mort à l'hôpital de l'Institut, à
Paris ; le soldat Léon Hubert, de Viessoix, mort à l'hôpital de
Ribérac ; le soldat Alexandre Hamel, du 19e
territorial d'infanterie, de Saint-Germain-de-Tallevende, mort
à l'hôpital de Villeneuve-Saint-Georges ; le capitaine
Delaunay, du 24e,
beau-frère de M. Le Chesne, dentiste à Caen,
tué au combat de Loivre ; le capitaine Le Maréchal, gendre de M.
Roussy, receveur d'enregistrement à Caen ; le sergent Lemay,
du 41e
de ligne, gendre de M. Radenac, marchand de vins à Bayeux, blessé
mortellement à Montmirail ; le lieutenant Claude Guinder,
sous-préfet de Boulogne-sur-Mer, ancien sous-préfet de
Pont-l'Évêque, mort au champ d'honneur ; le soldat Toutain, du 5e,
de Falaise, tué à la bataille de la Marne ; le soldat Esnault, du 5e,
de Villers-Canivet, tué prés de Reims ; le soldat Poisson, du 205e,
de Saint-Germain-Langol, mort à la Pitié, à Paris ; le soldat
Liard, du 5e,
de Vignats, blessé mortellement à Charleroi ; le capitaine de
Maynard et le lieutenant du Plessis-Vaidières, du 36e,
morts au champ d'honneur. (Bonhomme Normand)
Octobre
1914 -
La censure. -
Nos lecteurs ont pu
remarquer, dans notre dernier numéro, l'espace de quelques lignes
laissées en blanc et peut-être en trouveront-ils aussi dans le
présent journal.
Sans
doute, ils ont pensé que nous avions ménagé ces blancs pour les
personnes qui ne savent pas lire. Il ont eu tort. Ces lignes nous ont
été supprimées par la Censure.
Pendant
la guerre, en effet, et dans un but hautement patriotique, il est
convenu que la Presse ne doit pas être trop bavarde et qu'elle doit
faire le silence absolu sur tout ce qui concerne les opérations
militaires, mobilisation, déplacements de troupe, etc… (Bonhomme
Normand)
Octobre
1914 -
Vive le 36e. -
Nos braves pioupious
du 36e
de ligne se sont vaillamment conduits devant l'ennemi, notamment
pendant les journées des 13, 14, 15, 16 et 17 septembre. Leur chef,
le général Hache, a tenu à leur rendre un public hommage par
l'ordre du jour suivant porté à la connaissance des troupes :
«
Le général commandant le 3e
corps d'armée porte à la connaissance des troupes et du corps
d'armée la belle conduite du 36e
de ligne pendant les journées des 13, 14, 15, 16 et
17
septembre. Attaqués par des forces supérieures, deux bataillons de
ce régiment se sont maintenus pendant ces
journées dans les bois de X ... et de X .... malgré les feux
d'artillerie et d'infanterie très violents.
Ces
deux bataillons ne se sont repliés que par ordre, bien qu'ils aient
perdu la moitié de leurs effectifs.
Le
général est heureux d'exprimer toute sa satisfaction à ces deux
bataillons et il adresse ses félicitations aux vaillants chefs qui
les commandent. »
Signé : Général HACHE. (Bonhomme Normand)
Octobre
1914 -
Émouvante cérémonie.
-
Au début de l'audience de la première Chambre, M. le premier
Président Fabry a prononcé un fort bel éloge funèbre de M. Jean de
Percin, avoué, tué dans les tranchées de Berry-au-Bac.
M.
Guillouard a répondu avec éloquence au nom du Barreau.
Mentionnons
aussi, parmi les morts héroïques, le lieutenant Maurice Delamare, du
21e colonial, tué à la bataille de Neufchâteau. Le
glorieux disparu était proche parent de M. Prentout, professeur à
l'Université. (Bonhomme Normand)
Octobre
1914 -
Les soldats
belges. -
Nos cites du Calvados sont devenues villes de garnison pour
nos chers alliés les Belges. Un grand nombre de soldats de la
vaillante petite nation y sont arrivés ces jours-ci. Ce sont pour la
plupart des recrues de l'année, accompagnées par leurs officiers et
sous-officiers.
Il
y en a un grand nombre à Caen et on en a envoyé aussi à Bayeux, à
Honfleur, au séminaire de Sommervieu. Partout on a fait à ces jeunes
soldats le plus chaleureux accueil. Leur air dégagé, leur démarche
alerte et la coquetterie désinvolte de leurs uniformes disposent
déjà en leur faveur.
Il
nous est plus agréable d'apercevoir leurs silhouettes à présent
familières, que celles d'autres étrangers dont nous ne parlons plus,
malgré que leur présence ne nous soit pas devenue pour cela plus
agréable. (Bonhomme Normand)
Octobre
1914 -
Un procès de fraude.
- Nous
avons raconté en son temps l'équipée du nommé Henri Louvrier, 29
ans, ex-chauffeur de la maison de confections Dony, à Caen. Mettant
à profit sa connaissance des maîtres, Louvrier s'introduisit, une
nuit de mai dernier, dans le garage de ses anciens patrons, s'empara
de l'auto et partit chercher de l'eau-de-vie.
Les
agents de la régie le surprirent, à son retour à Caen, au moment
où il déchargeait un fût devant une maison de la rue
Neuve-Saint-Jean. Louvrier s'enfuit, les agents le rejoignirent près
du bassin, mais durent se replier devant la menace d'un revolver que
Louvrier braqua sur eux. Le fraudeur ne perdit rien pour attendre, car
on l'arrêta peu après au Havre.
Il
fut condamné, pour ces exploits, à un mois de prison. Mais la régie,
qui ne perd jamais ses droits, l'a poursuivi à son tour, ainsi que M.
Dony et le directeur de la maison, M. Paul Rodange. Ces deux derniers
ont été acquittés. Quant à leur ancien chauffeur, il a été
condamné à trois mois de prison, 1 000 francs d'amende et tous les
droits accessoires. (Bonhomme Normand)
Octobre
1914 -
Nos héros. -
Nous
pouvons être fiers de notre régiment d'artillerie. En effet, le
général commandant la 5e armée cite, en ces termes, à
l'ordre du jour de l'armée la 5e
batterie du 43e régiment d'artillerie et son chef,
le capitaine Lebreton : « S'est établie à la lisière d'un
village attaqué par l'ennemi, s'est immédiatement retranchée de la
façon la plus adroite et a pu ainsi continuer le tir sous le feu des
obusiers ennemis, donnant un bel exemple de calme, de courage et de
discipline. A brillamment contribué au succès de notre
contre-attaque. »
-
Au tableau spécial de la médaille militaire, on relève le nom du
canonnier-servant Dogon, du 43e d'artillerie, qui, «
faisant fonctions de signaleur, est resté pendant quatre heures à
découvert sous le feu, et, blessé à l'épaule, n'a quitté son
poste que sur l'ordre de son commandant de batterie. »
-
Cité aussi à l'ordre du jour, le sapeur Grandin, du 8e
génie, pour sa belle conduite au feu. Le sapeur Grandin est gérant
de « l'Incroyable », rue St-Jean.
--
Signalons enfin l'héroïsme d'un facteur des postes du Mans, qui,
blessé dans de glorieuses circonstances, a été décoré de la
médaille militaire de la main d'un général. (Bonhomme Normand)
Octobre
1914 -
Nos deuils. -
Sur la
demande de leurs familles, nous faisons part à nos lecteurs de la
mort de deux jeunes soldats : Paul Lenoble, 21 ans, de Carcagny, tué
à Roye. le 21 septembre, et Maurice Cauchard, 21 ans, de Caen, soldat
au 162e,
à Verdun, décèdé à l'hôpital de Chalons. (Bonhomme Normand)
Novembre
1914 -
Maisons allemandes.
- On
s'est demandé ce que c'était que cette société d'électricité A.
E. G., dont le siège, à Caen, était rue Calibourg et qui vient
d'être mise sous séquestre.
Il
s'agit de la succursale d'une puissante entreprise allemande (la plus
importante de ce genre même, dit-on) pour la fourniture et
l'installation des machines mues par la force électrique. Le
représentant de cette société, un M. Verissy, s'était installé
chez nous, il y a un an ou deux. Il avait disparu au moment de la
déclaration de guerre. Mais depuis, il avait redonné signe de vie et
ne paraissait nullement se douter qu'on allait mettre des bâtons dans
les roues de ses mécaniques.
-
A signaler aussi la mise sous séquestre, à Caen, d'un dépôt
d'articles d'aluminium. Est-on bien sur qu'il n'existe pas chez nous
d'autres dépôts de marchandises portant la marque : Made in Germany
? (Bonhomme Normand)
Novembre
1914 -
Nos héros. -
Le capitaine Koch, du
36e
de ligne, qui avait été grièvement blessé, le 29 août, et
s'était distingué dans plusieurs affaires, a été solennellement
décoré de la Légion d'honneur, à la caserne Lefèvre.
Trois
autres officiers du 36e,
les capitaines Wiart, Roy et Maffre, blessés aussi, sont proposés
pour la Croix. (Bonhomme Normand)
Novembre
1914 -
Bon exemple. -
Le comte
Foy, conseiller général du Calvados, a fait don à l'hôpital de
Caen de 1 200 barattées de pommes pour lesquelles il n'a réclamé
que les frais de ramassage. (Bonhomme Normand)
Novembre
1914 -
Les braves. -
Le sergent
René Roussel, du 5e de ligne, originaire de Couvrechef, a
été cité à l'ordre du jour, pour sa belle conduite et nommé
adjudant.
Un
autre sous-officier du 5e, le sergent-major Auguste
Mauduit, secrétaire de la mairie de Saint-Germain-de-Tallevende, a
été, lui aussi, cité à l'ordre du jour pour sa belle attitude
devant l'ennemi. (Bonhomme Normand)
Novembre
1914 -
Victimes glorieuses.
- Ces
jours derniers, ont été célébrées, à Caen, les obsèques du
caporal Roignant, du 5e de ligne, décédé, à Angoulême,
des suites des blessures
qu'il avait reçues près de Reims.
-
On nous annonce la mort, à l'hôpital de la rue de la Chaise,
à Paris, du soldat Édouard Bourdon, du 236e de ligne,
originaire de Laize-la-Ville, décédé des suites de ses blessures.
Avant la guerre, Bourdon était employé à l'Hôtel de la
Place-Royale, à Caen.
-
Le sous-lieutenant Daniel d'Yanville neveu du conseiller
général du Calvados, a été tué sur le champ de bataille de
Bailleul, près de la frontière belge. (Bonhomme Normand)
Novembre
1914 -
Avis aux minotiers et boulangers.
- Le
Préfet du Calvados informe les minotiers et boulangers que le
Ministre de la Guerre se trouve dans l'impossibilité de renouveler
les sursis d'appel accordés aux ouvriers minotiers et boulangers
mobilisés. Il les invite, en conséquence, à réunir, avec le
concours des Municipalités, le nombre d'ouvriers indispensables, soit
parmi les hommes dégagés de toutes obligations militaires, soit
parmi les réfugiés français ou belges, soit même aussi, suivant
les régions, parmi l'élément étranger appartenant aux pays
neutres. (Bonhomme Normand)
Novembre
1914 -
Plus de tramways !.
- La
nouvelle est officielle : à partir de samedi prochain, la Compagnie
des tramways du Calvados veut cesser tout service.
Les
habitants de la côte, et ceux de l'intérieur, sont dans la
consternation. Les voici bloqués chez eux, comme s'ils se trouvaient
dans une région occupée par l'ennemi. Le personnel et même le
directeur sont mobilisés, parait-il.
Mais
ne serait-il pas possible de trouver des ingénieurs et des cheminots
âgés, cherchant un emploi, qui seraient susceptibles de conduire
cette exploitation ?
On
parle de la reprise des affaires, est-ce en fermant ainsi les lignes
de chemin de fer qu'on compte les favoriser ?
Les
réclamations des populations pleuvent dans nos bureaux comme grêle
en mars.
Nous
n'y pouvons rien, pourtant. On dit que les pouvoirs publics ont songé
à venir en aide à ces déshérités et à contraindre la Compagnie
à ne pas cesser complètement son service ? Des intérêts importants
se trouveraient lésés.
Qu'on
fasse ce qu'on voudra, pourvu qu'on fasse quelque chose. (Bonhomme
Normand)
Novembre
1914 -
Les frères d’armes.
- Parmi
les plus intéressantes victimes de la guerre, il faut citer le jeune
sergent Le
Bœuf, du 236e de ligne, dont la famille habite notre
ville.
Il
avait spontanément demandé à remplacer un père de famille qu'on
avait désigné pour faire partie d'un convoi.
Il
fut mortellement frappé en pleine poitrine dès le début d'une
attaque, près de Bray-sur-Somme. Il était tombé trop près des
tranchées allemandes pour qu'il fût possible de le retrouver, le
soir du combat. Mais, plus tard, des camarades, dont il était très
estimé, se dévouèrent pour aller, au péril de leur vie, rechercher
son corps qu'ils purent reconnaître et rapporter en arrière de la
ligne de feu.
Le
jeune héros a été inhumé dans le cimetière de Carnoy (Somme).
(Bonhomme Normand)
Novembre
1914 -
Ca continue toujours !
- Les
unes après les autres on découvre les industries allemandes qui nous
avaient envahis. Cette fois, on vient de placer sous séquestre
le matériel du chemin de fer minier de Caen à Potigny. II
appartenait à la maison Oreinstein und Koppel-Arthur Koppel
Actie-geselleschaft.
On
voit à quel point cette entreprise était bien française ! Pour la
construction de cette ligne, devant relier les mines de Soumont aux
Hauts-Fourneaux, la maison Oreinstein avait fusionné, il y a trois
ans, avec la société Decauville aîné.
On
a aussi saisi tous les stocks de pneumatiques et d'accessoires de
cycles de la marque « Continental ».
Peu
à peu l’épuration va se faire. (Bonhomme Normand)
Novembre
1914 -
Les braves. -
La
médaille militaire a été conférée au soldat cycliste Auguste
Dumaine, originaire de Vire, blessé en portant un ordre. La
décoration lui a été remise, à l'hôpital de Guéret, où il est
en traitement, par le commandant d'armes entouré de tous les
officiers.
Cités
à l'ordre du jour
: Le maréchal des logis Geffroy, du 26e
dragons. Ce sous-officier est de Caen, ou ses parents habitent
rue Saint-Jean.
Le
lieutenant Vié, du 119e de ligne. Il a été promu
capitaine. Le capitaine Vié est professeur de gymnastique à Lisieux
et lieutenant des pompiers de cette ville.
Le
lieutenant Angot, du 42e d'artillerie, fils de M. Angot,
boulanger à Vire.
Le
sous-lieutenant Henri Palmade du 18e bataillon de chasseurs
à pied, instituteur adjoint à l'école de la rue du Général Decaen,
à Caen, membre de la Société de tir de Ranville.
L'adjudant
Vaujour, du 236e de ligne. (Bonhomme Normand)
Novembre
1914 -
Morts glorieuses. -
Le Maire de
Caen, M. Perrotte, déjà frappé cruellement par la perte de son
gendre, le lieutenant Neyreneuf, vient d'être de nouveau éprouvé
par la mort d'un autre parent, le capitaine Jean Kappler, du 316e
de ligne.
Deux
autres membres de notre municipalité, MM. Dubosq et Venise, ont aussi
été atteints dans leurs plus chères affections : leurs fils, M.
Robert Dubosq et le caporal Venise, du 236e de ligne, sont
tombés au champ d'honneur, le premier dans la Marne, le second à
Berry-au-Bac.
Le
commandant de Prévoisin, du 21e dragons, frère de
l'avocat à la Cour d'appel, est mort à Boulogne-sur-Mer, des suites
de ses blessures.
Le
capitaine Georges de Fabry, a été tué en Lorraine. Il était allié
aux familles de Formigny de la Londe et Carel.
Le
soldat Heuzé, d'Évrecy, a été blessé mortellement à la bataille
de Guise. Son corps a été ramené à Évrecy, ou a eu lieu
l'inhumation. (Bonhomme Normand)
Décembre
1914 -
Les envois aux soldats.
- Après
les sapeurs, les mitrailleurs. M. le Maire de Caen a reçu du front
une touchante et naïve lettre de remerciements que nous insérons
volontiers.
A
Monsieur le Maire de la ville de Caen,
Monsieur
le Maire,
Nous
venons de recevoir, des commerçants de la ville de Caen et des villes
du Calvados, tous les paquets envoyés par eux. C'est M. le lieutenant
Guérin avec M. le capitaine Besnier qui les ont déballés, devant
nos yeux impatients de voir et de constater ce qu'ils renfermaient.
C'est un véritable petit bazar envoyé par des cœurs patriotiques.
Vraiment, rien
ne manque : caleçons, tricots, flanelles, chaussettes, cache-nez,
gants, savon, chemises. Nous étions heureux de nous voir choyer
ainsi, nous avons trouvé aussi du chocolat, du tabac et autres qui
nous faisaient grand plaisir.
Grâce
à tous ces braves commerçants, nous pourrons passer sans souffrir
les grands froids. Nous reviendrons de ce champ de luttes avec les
lauriers de la victoire. Encore quelques sacrifices, encore quelques
efforts et l'ennemi sera vaincu. Alors, chers bienfaiteurs des
pioupious de France, nos cœurs vous exprimeront de nouveau leur
reconnaissance. Ce sera à celui d'entre nous qui aura la douce
consolation de vous dire merci, et c'est aux cris de : « Vive
la France, vive l'armée et honneur et gloire aux chers Français qui
pensent à leurs combattants ».
La
2e
section de mitrailleuses du 36e,
à qui il est échu tous ces ballots, prie M. le Maire de bien vouloir
être son interprète auprès des commerçants de la ville de Caen et
des environs pour les remercier comme ils le méritent.
Comptant
sur votre obligeance, Monsieur le Maire, recevez l'assurance de tous,
de leur entier dévouement.
Vive
la France ! Vive la ville de Caen Vive l’armée pour tous !
Le
caporal chef de pièce,
Marius
VEAUVER.
P.
S. - Nous demandons à M. le Maire de bien vouloir faire insérer
cette lettre dans le journal « Le
Bonhomme Normand »
Décembre
1914 -
Les braves. -
Ont été
cités à l'ordre du jour : le soldat Pierre Delangle, du 21e
colonial, dont la famille habite rue de Geôle, à Caen.
La
21e
compagnie du 205e
de ligne, capitaine Perrinetti. Le capitaine Perrinetti a été nommé
chef de bataillon et affecté au 319e.
Le
sergent Paul d'Arvieu, du 1er
colonial, de Saint-Loup-Hors, a reçu la médaille militaire.
(Bonhomme Normand)
Décembre
1914 -
Morts glorieuses. -
Sont
tombés au champ d'honneur : le soldat Ernest Lange, du 236e
de ligne, tué à Guise ; le soldat Auguste Guillet, de Jurques ; le
soldat Ernest Javalet, du 5e,
de St-Ouen-des-Besaces, tué au Godat ; Léon Norel, du 4e
zouaves, fils de l'ancien restaurateur du boulevard St-Pierre, tué
près d'Ypres ; Paul Guezet, du 43e
d'artillerie, et Albert Désert, du 5e,
tous deux de Sept-Frères ; René Le Gout, du 319e,
de Lisieux, tué dans la Marne ; Albert Saucey, du 205e
de Saint-Martin-Don ; le caporal Paul Martin, du 5e,
demeurant 162, rue d'Auge, à Caen, tué dans la Marne ;
Joseph Lemitre, du 136e,
de Viessoix ; le soldat Maurice Lebrun, du 5e,
de Saint-Etienne-la-Thillaye ; le caporal Eugène Lebissonnais,
sergent-major aux pompiers de Caen, tué dans la Somme.
-
Sont morts des suites de leurs blessures : à l'hôpital
d'Etampes, Eugène Robin, du 119e,
dont la famille habite, rue du Marais, à Caen ; à
Chalons-sur-Marne, Camille René, de Coulvain ; à l'hôpital
Saint-Joseph de Caen, Antoine Pegon, du 60e
territorial : à Fismes, Edmond Baloud, du 205e,
de Danvou ; au Bourgel-Drancy, Louis Leclercq, du 5e,
de Saint-Ouen-des-Besaces : à l'ambulance de Prouilly, Louis Douet,
du 5e,
de Bernières-le-Patry. (Bonhomme Normand)
Décembre
1914 -
Un meurtre dans une maison publique.
- Un
drame terrible s'est déroulé dans la maison publique, nº4, cour du
Mesnil-Thouret, dans l'après-midi de dimanche.
Un mineur espagnol, Vincente Huérol, 24 ans, demeurant rue de l'Eglise-de-Vaucelles,
était entré dans cet établissement. Il n'était pas complètement
ivre, mais déjà assez surexcité par la boisson. Comme il faisait
quelque tapage, la patronne voulut le modérer. Pour toute réponse,
Huérol lança son bock à bière dans une glace qu'il brisa.
Le
patron de l'établissement, Charles Hoffmeister, 41 ans, accourut au
bruit. L'Espagnol avait déjà tiré et ouvert son couteau. Il se jeta
sur Hoffmeister et lui en porta un coup violent. La blessure était
grave, car la victime, transportée à l'hôpital, y est morte deux
jours après. L'Espagnol est arrêté. (Bonhomme Normand)
Janvier
1915 -
Que d’eau ! que d’eau !
- Après
l'insalubrité, l'inondation est la seconde plaie de Caen. On a
pourtant annoncé à la Chambre de Commerce que de nouvelles portes de
flot, posées à l'écluse de l'Orne, pourraient isoler le canal de la
rivière et rendre plus rapide l'écoulement des eaux en cas de crue.
On
verra bien ! Il paraît aussi qu'on fera des « chasses » dans les
Odons. C'est pour y tuer des rats, probable ! (Bonhomme Normand)
Janvier
1915 -
On réclame. -
Contre les
phonographes de
certains cafés qui résonnent parfois indiscrètement. Il est vrai
que tout le monde ne peut pas se payer un orchestre de tziganes.
...
Contre les iconoclastes (icono ... quoi ?) qui prennent un plaisir
stupide à lacérer les affiches illustrées des cinémas.
Certaines
de ces grandes chromos sont de véritables chefs-d'œuvre, et les
affiches, c'est le musée de la rue.
(Bonhomme Normand)
Janvier
1915 - Des adoucissements
- Par
un nouvel arrêté les cafés sont autorisés à rester ouverts
jusqu'à 10 heures du soir, à Caen, et jusqu'à 9 heures dans les
autres villes. Toutefois il reste interdit d'y servir l'alcool et les
liqueurs dans la dernière heure de vente. (Il n'y a donc que
celle-là de dangereuse ?)
Pour
les militaires et les personnes touchant l'allocation, cette
interdiction reste maintenue d'une façon permanente. (Bonhomme
Normand)
Janvier
1915 - Caen port de boue.
- Est-ce
l'effet des commotions épouvantables qui, sur un espace de quatre
cents
kilomètres,
ébranlent sans cesse l'atmosphère, mais toujours est-il que jamais
il n'a autant plu que cet hiver.
Les
terres sont complètement saturées d'eau et, si cela continue, toutes
les prairies et tous les terrains bas vont être complètement
inondés. Jamais non plus on n'a vu notre ville aussi sale. Une mer de
boue nous envahit.
Il
est vrai que là-bas, dans les tranchées, nos pauvres soldats en
voient bien d'autres, mais est-ce que la saleté dont nous souffrons
peut en quoi que ce soit diminuer celle, beaucoup plus grave, dont ils
souffrent ? - Non, n'est-ce pas. Alors, donnez donc un coup de rateau
de temps en temps. Il ne manque pas de pauvres vieux qui seraient
enchantés de gagner quelques sous en travaillant et on aurait vite
fait, si on voulait, de recruter un imposant corps de balai. (Bonhomme
Normand)
Janvier
1915 -
Le courrier.
- A
tout seigneur, tout honneur. Nous commençons par la lettre que nous
adresse un officier, le capitaine commandant H. Guènebault, du 7e
chasseurs. Voici cette missive, éloquente dans sa simplicité.
Épernay,
29 décembre 1914. Monsieur le Directeur,
Mon
escadron étant en majeure partie composé de Normands, je vous serais
très reconnaissant si vous, pouviez leur faire envoyer, par vos
lecteurs, quelques vêtements chauds : tricots, chaussettes, gants,
ceintures de laine, car, sur les 150 hommes de mon effectif, il y en a
environ une trentaine qui n'ont aucune ressource. Si vous obtenez
quelque chose, soyez assez aimable de le faire adresser à M. le
colonel commandant l'arrondissement d'étapes d'Épernay, pour
remettre au 10e escadron du 7e chasseurs. Je
vous demande infiniment
pardon de la liberté que je prends et vous plie d'agréer, etc…..
H.
GUÉNEBAULT, Capitaine
commandant.
Cet
appel est pressant et il touchera nos lecteurs, nous en sommes
persuadés. Nous sommes navrés d'apprendre qu'il se trouve encore
parmi nos défenseurs des braves garçons, des Normands comme
nous, qui souffrent du froid et des intempéries. On nous avait dit
pourtant qu'il y avait eu une quantité énorme de lainages envoyés
à l'année et qu'on avait même du suspendre momentanément les
envois. Il faut les reprendre, au contraire, puisque tous nos soldats
ne sont pas pourvus. Mais, en dehors de l’intervention officielle,
nous espérons bien que nos compatriotes du 7e chasseurs
vont recevoir, à leur tour, quelques chauds vêtements de dessous et
que le brave capitaine Guénebault n'aura pas eu tort de compter sur
la charité fraternelle.
Janvier
1915
- Morts glorieuses.
- Sont
tombés au champ d'honneur : Marcel Renard, soldat au 119e
de ligne, dont la famille habite rue Saint-Jean, à Caen ;
Lucien Blanchel, menuisier à Bayeux ; Tribout, serrurier à Bayeux ;
Victor Tirard, de Pierres, soldat au 205e ; Victor Esnault,
de Ste-Marie-Laumont ; Henri Debreuil, soldat au 136e, professeur
au pensionnat St-Joseph à Caen ; le sergent Pierre Lebas, des
Iles-Bardels ; Clément Delacour, de Villers-Canivet, soldat au 166e
; Alfred Bonne, de Pierrefitte-en-Cinglais ; Émile Gouesmel,
boulanger à Bayeux ; Ferdinand Denise et Léon Evode, de
Moutiers-en-Auge, du 5e d'infanterie.
Janvier
1915
- Caen, port de
boue.
- Est-ce
l'effet des commotions épouvantables qui, sur un espace de
quatre cents kilomètres, ébranlent sans cesse l'atmosphère, mais
toujours est-il que jamais il n'a autant plu que cet hiver. Les terres
sont complètement saturées d'eau et, si cela continue, toutes les
prairies et tous les terrains bas vont être complètement inondés.
Jamais non plus on n'a vu notre ville aussi sale. Une mer de boue nous
envahit. Il est vrai que là-bas, dans les tranchées, nos pauvres
soldats en voient bien d'autres, mais est-ce que la saleté dont
nous souffrons peut en quoi que ce soit diminuer celle, beaucoup plus
grave, dont ils souffrent ? Non,
n'est-ce pas. Alors, donnez donc un coup de râteau de temps en temps.
IL ne manque pas de pauvres vieux qui seraient enchantés de gagner
quelques sous en travaillant et on aurait vite fait, si on voulait, de
recruter un imposant corps de balai.
Janvier
1915 -
Un courrier.
- C'est,
à présent, une lettre du front Un Caennais du 23e
territorial se fait l'interprète de ses camarades en demandant qu'on
n'oublie pas trop ce régiment, exclusivement composé de pères de
familles de la région.
C'est
avec un réel plaisir que les Normands du 23e territorial
lisent, eux aussi, votre estimable journal. Ces braves gars sont tous
mariés, la plupart chargés de famille et ils ont abandonné au pays
leur commerce, situation ou travail. Eh ! bien, ces vieux briscards de
35 à 45 ans, on leur a fait passer quatre mois dans le Cotentin, pour
les réhabituer au métier militaire qu'ils avaient un peu
oublié, et, maintenant
ils sont sur le front de bataille et supportent, comme les jeunes, les
fatigues et les intempéries. En ce moment, ils sont dans la Marne,
près d'une ville bombardée chaque jour et le village qu'ils occupent
n'est pas exempt des marmites allemandes. Ils assurent le service des
tranchées de 1er , 2e
et 11e ligue,
restent sur la ligue de feu pendant huit jours dont quatre dans les
tranchées. Après cette période, on les renvoie à l'arrière pour
se reposer pendant huit autres jours. Durant le temps, ils
font de nouvelles tranchées. Le service se continue toujours ainsi.
Par ce temps épouvantable ils reviennent couverts de boue des pieds
à la tète. Malgré l'ingéniosité déployée pour aménager les
tranchées, la terre et la marne (sorte de craie blanche) n'ont pu
être lambrissées, ni garnies de tapisseries. Or, beaucoup de ces
braves Caennais et Normands sont attristés lorsque, lisant le
bonhomme Normand qu'ils reçoivent de leurs femmes ou enfants, ils
voient qu'ils sont un peu oubliés des camarades et amis du pays
natal. Cette remarque générale m'a été faite lorsqu'ils ont lu, à
plusieurs reprises, que des gâteries avaient été envoyées aux
jeunes régiments caennais partis au feu. Ce n'est qu'un oubli sans
doute, mais vous comprenez qu'étant, eux aussi à l'honneur, et
bien à la peine, ils vous seraient reconnaissants de faire savoir
qu'ils existent. Même, certains d'entre eux seraient heureux de
recevoir la moindre des gracieusetés offerte de bon cœur, cela
semble si bon de toucher un objet, de quelque nature soit-il, qui
vient du pays ! Je termine en vous envoyant le bonjour de tous
les Normands qui sont heureux des bons moments que vous leur procurez
par votre journal, et recevez leurs meilleurs
remerciements..
Pour tous : J. H.
Janvier
1915
- Les blessés
allemands.
- Tous
les journaux ont publié une lettre d'un blessé allemand, le
fils du général von Bissing, gouverneur actuel et provisoire de la Belgique,
remerciant les dames infirmières qui l'ont soigné à Caen. Nous
apprenons ainsi que nos ennemis frappés trouvent chez nous une
hospitalité loyale et même de la sollicitude.
Ces procédés sont dignes de nous, à condition, toutefois, que la
pitié ne se transforme pas en tendresse. N'est-ce pas pour couper
court à des abus de ce genre que certaines modifications ont
dû être apportées dans le service d'un hôpital de la ville ?
Soyons bons, soit, mais ne soyons pas bêtes !
Mars
1915 -
Invasions de
Boches. - Un
convoi d'une vingtaine
de prisonniers allemands, avec leurs officiers, est arrivé l'autre
jour par le bateau du Havre, et a traversé Caen. Ce débarquement
d'hommes sauvages a excité une vive curiosité.
Mars
1915 -
Voisinage encombrant. -
On
a établi, route de Falaise, une station de Romanichels qui
campent là avec leurs bêtes et leurs voitures. Les voisins se
plaignent du sans-gêne de ces hôtes occasionnels, qui ne se
font pas faute de faire paître leurs animaux dans les champs où
lève la moisson prochaine. Un des propriétaires lésés estime
son dommage à 500 francs. Pourtant, la plupart de ces forains
touchent des allocations. Un de ces ménages, notamment, reçoit 70
fr. par quinzaine. Ne pourraient-ils pas acheter un peu de
fourrage à leurs bourris et à leurs chevaux, sans les envoyer se
nourrir dans les alentours ?
Mars
1915 -
Les écraseurs. - Est-ce une raison parce que la circulation est moins active dans nos rues
pour y lancer les autos à des vitesses de course ? Du
matin au soir, les services médicaux des ambulances sillonnent la
ville de véhicules dont les conducteurs déploient vraiment un peu trop d'audace. Le nombre de chiens écrasés est déjà grand,
le tour des
piétons viendra sans doute aussi.
Est-il donc nécessaire, pour collaborer au
rétablissement des blessés militaires, d'estropier les civils
inoffensifs ? Un peu de calme et de prudence, messieurs les
chauffeurs, s. v. p.
Mars
1915 -
La mémoire des héros. -
On s'est efforcé
assez souvent de faire à nos soldats morts, dans nos hôpitaux, des
suites de leurs blessures, des funérailles décentes. Mais on ne
pense plus guère à entretenir leurs tombes, et il parait que celles
du cimetière Saint-Pierre, route de Ouistreham, sont déjà à
l'abandon. Ne pourrait on pas s'en occuper un peu et remplacer
pieusement les familles éloignées ?
Mars
1915 -
Le fer normand. - Les
riches gisements de minerai, que messieurs les Allemands avaient si
bien éventés et accaparés chez nous, continuent de tenter les
capitalistes et les industriels. Les demandes de concession affluent
et le ministère, répondant à une question de M. Fernand Engerand à
ce sujet, vient de déclarer qu'il avait été fait environ cent
demandes de concession pour la région de l'Ouest, dont quinze pour le
département du Calvados seul. Espérons qu'on ne va pas se presser de
les accorder sans un sérieux examen et qu'on va savoir écarter les
raisons sociales douteuses, les prête-nom et les personnes
interposées. Les Allemands ont toutes les audaces et ne se tiennent
jamais pour battus. Il ne faudrait pas qu'après avoir eu tant de
peine à les faire sortir par une porte ils puissent trouver le moyen
de rentrer par une autre.
Mars
1915 -
Certificat d’études. -
Le
ministre de l'instruction
publique et des beaux-arts a décidé, par une mesure exceptionnelle,
d'ouvrir l'examen dans sa session normale à tous
les enfants qui atteindront l'âge de 12 ans, le 31 décembre
prochain.
Mars
1915 -
Le temps qu’il fait. -
On
ne dira pas que le
Bonhomme Normand n'est pas un bon prophète, puisque son Almanach
annonçait de la pluie et du vent pour les fêtes de Pâques.
Malheureusement, ses pronostics pour la suite du mois ne sont pas non
plus très bons. Heureusement que, suivant le vieux dicton : Jamais
pluie de printemps n'a passé pour du mauvais temps.
Avril
1915
-
Comité de secours aux prisonniers de guerre.
-
Un Comité de secours aux prisonniers de guerre s’est
constitué sous la présidence de M. Perrotte, maire de Caen, en vue d’adresser
aux prisonniers de guerre, originaire de Caen et des communes de l’arrondissement,
des colis composés de pain de guerre, beurre, chocolat, conserves de
viande et de poisson,
tabac. Une centaine de ces colis ont déjà été envoyés aux
prisonniers dont les noms et adresses sont parvenues à la mairie, et
le comité s’entoure de toutes les garanties pour que ces colis
parviennent a leurs destinataires.
Avril
1915 -
Les braves. -
Maurice Rouillard, de Lisieux, soldat au 319e a
reçu la médaille de l'ordre de Saint-Georges de Russie ; M.
Fernand Arbogast, beau-frère de M. Perrine, ancien adjoint au maire
de Trouville, a reçu la médaille militaire.
-
Ont été cités à l'ordre du jour : MM. Margot, fondé de
pouvoirs à la recette des finances de Bayeux, caporal fourrier au 31e
bataillon de chasseurs à pied ; Henri Blachet, de Caen, soldat
au 36e ; Charles Osmont, aspirant au 5e
de ligne, blessé mortellement
; Jouanne, soldat au 236e ; Perpignani et Crowet,
sous-lieutenants au 205e ; l'adjudant Cremazy, les sergents
Thelamon et Cany, les soldats Lequesne et Fournier, le chef de
bataillon Henneton, les capitaines Cren et Mollinier, le lieutenant
Bourdarie, les sous-lieutenants Ferlut, Blary, Rodat et Hiriard, tous
du 5e. (Bonhomme Normand)
Avril
1915 -
Les ressuscités. -
Le
Comité « Les Nouvelles du Soldat », dont la Bourse du Travail est
la correspondante à Caen, a eu la bonne fortune, ces jours derniers,
de donner à deux familles de notre département des nouvelles
d'un des leurs, disparus depuis longtemps. Ce sont les soldats Arthur
Gustave, de Caen, et Louis James, de Colombiers-sur-Seulles, qui
n'avaient plus, tous deux, donné signe de vie depuis six mois, et qui
sont internés au camp de prisonniers de Quedlinburg, dans la Saxe.
Mai
1915 - Le temps qu’il
fait. - Un
maître orage s'est
déchaîné mardi sur notre région. Les détonations électriques se
succédaient avec une violence extraordinaire et la pluie tombait «
d'abat ». En beaucoup d'endroits, la grêle a endommagé les fleurs
des poiriers et autres arbres fruitiers. Cette perturbation un peu
subite et inattendue est-elle causée par les commotions anormales que
propagent, dans l'air, les canonnades et les explosions ?
Mai
1915 - Blessés
normands. - On
nous prévient qu'à l'hôpital temporaire Richelieu, à Luçon
(Vendée), un groupe de blessés normands sont en traitement. Parmi
eux se trouvent le paysagiste G. Lefèvre (il ne s'agit pas,
croyons-nous, de notre ami Géo Lefèvre, de Clinchamps). Nos
compatriotes reçoivent là les soins excellents d'une Caennaise, Mme
Sartout, veuve d'un capitaine qui fut longtemps au dépôt de
remonte de Caen, et qui a été tué sur le front en novembre dernier.
Mai
1915
- Le
ravitaillement de la population civile.
- M. Le préfet du Calvados a fait parvenir a MM. Les
sous-préfet et maire du département les instructions suivantes :
Tous cultivateurs, négociants, minotiers, et tous détenteurs de
grains, que récoltants où détenteurs sont autorisés à vendre
amiablement leur blé aux minoterie du Calvados à un prix qui
ne devra pas dépasser 32 francs le quintal. La
réquisition administrative ne sera exercée qu'en cas de refus de
vente par les détenteurs.
Mai
1915 - Morts glorieuses.
- Nous apprenons
que le 7 mai, le soldat Deflisque, du 146e de ligne, 7e
compagnie est mort des suites de ses blessures à l‘hôpital
auxiliaire n° 9 à la Maladrerie.
Sont
morts pour la patrie : MM. Jules Jeanmasson, sergent mitrailleur,
ancien élève de la Faculté des Sciences de Caen, le lieutenant Paul
Leroy, Gustave
Chandivert, de Caen, soldat au 129e
de Caen.
Mai
1915 -
Les braves. - Le sous-intendant
militaire Vernay, bien connu à Caen, a été cité à l'ordre du jour
et nommé chevalier de la Légion d’Honneur.
Ont
été cités à l'ordre du jour : M. Jacques Chabert, cycliste au
39e, fils, du propriétaire de l'hôtel d'Espagne, à Caen.
L'adjudant
Kuhn, du 36e de ligne, a reçu la médaille militaire..
Le
soldat Auguste Lerévérend, du 36e, a été cité à
l'ordre du jour et a reçu la croix de Saint-Georges.
Mai
1915
- A
propos des tramways. -
De nombres voyageurs, fréquentant surtout la ligne de Venoix,
nous prient de réclamer, près de la direction des tramways
électriques, contre l'état lamentable de certains car. L'une
des voitures à roulé pendant plusieurs jours avec une roue carrée,
faisant à travers les rues un vacarme insolite et infligeant aux
voyageurs un tangage intolérable.
Mai
1915 -
A propos des tramways.
- Nous nous
étions l’autre jour, fait l’écho des réclamations du public à
l’égard du mauvais état du matériel en général de certaine
voiture en particulier, qui roula pendant plusieurs jours, non
avec une roue cassée, mais avec un essieu faussé. Des
explications que nous ont formulé des personnes compétentes. Il
ressort que la direction des tramways se heurte pour les réparations
de son matériel à des difficultés très sérieuses, les tourneurs
sur métaux et ouvriers de la métallurgie en général étant
employés dans les arsenaux et fabriques de munitions presque sans
exception. Il lui est déjà très malaisé d’assurer un service
aussi régulier que celui qu’elle a maintenu jusqu’à ce
jour.
Les
voyageurs comprendront certainement ces raisons très justes. Les
ouvrier qui pourraient réparer les essieux des cars travaillent à
cette heure pour la défense nationale. C’est donc bien parce
que c’est la guerre…
Mai
1915 - Les
habillements militaires. -
A
côté
de la confection des capotes, vareuses et pantalons, pièces
principales du costume militaire, celle des accessoires moins
importants procure du travail aussi à pas mal d'ouvrières. C'est
ainsi que la confection des écussons portant le numéro
matricule du régiment et devant être cousus sur le col des
capotes ou vareuses occupe quelques personnes. Ces écussons,
comportant trois chiffres à coudre comme ceux du 236e,
étaient payés cinq francs le cent aux ouvrières. Comme l'écusson
est double (un de chaque côté du col, cela faisait donc six cents
chiffres pour 5 fr. Ceux des régiments dont le matricule ne comporte
que deux chiffres, comme le 36e, n'étaient payés que
4 fr. le cent. On concevait bien le motif de cette différence.
Mais depuis quelques jours, sans qu'on sache trop pourquoi, les
écussons de trois chiffres ne sont plus payés que 4 fr. aussi.
Si ce tarif uniforme est maintenu, toutes les ouvrières vont
demander à faire des écussons pour le 5e
de ligne.
Mai
1915 -
Police du roulage. -
M.
Hendlé, préfet du
Calvados, vient de modifier l'arrêté préfectoral du 30 septembre
1853 sur la police du roulage aux termes duquel il était défendu de
faire conduire un attelage par un enfant de moins de 10 ans.
Considérant l'absence à peu près totale d'hommes valides et de
jeunes gens, le Préfet a abaissé, par arrêté du
1er mai courant, cette limite d'âge à 14 ans.
Mai
1915 -
La guerre aux mouches. -
Il
est incontestable qu'un grand danger nous menace, cet été, qu'il
faut à tout prix détourner. Ce sont les maladies pestilentielles et,
en particulier, celle qui peuvent être transmises par les mouches.
Dans nos plaines du Nord gisent, hélas des milliers de cadavres en
décomposition, plus ou moins recouverts de terre. Des germes
morbides vont se développer dans cet effroyable charnier sous
l'influence, de la chaleur, et, de proche en proche, les mouches
peuvent les propager. Le péril est très grand,
il ne faut pas se
le dissimuler. Donc, guerre aux mouches meurtrières, guerre chez soi
et au dehors. On connaît les moyens à employer : propreté
méticuleuse des intérieurs, et, à l'extérieur, suppression de tous
les liquides stagnants, purins, baquets d'eau croupie, mares, etc…..,
emploi du crézyl et du pétrole pour détruire les larves.
Mai
1915 -
Victimes de la guerre. -
A
la suite de la violente
offensive que nous avons prise dans le Nord, offensive couronnée de
magnifiques succès, il y a eu une recrudescence marquée dans les
arrivages de blessés. Tous nos hôpitaux en ont eu leur part. Il en
est venu sur la côte et Honfleur aussi en a reçu pas mal. Ceux
envoyés dans cette ville étaient, comme au début de la
guerre, atteints surtout dans le bas du corps, ce qui prouve bien
qu'il y a eu enfin des combats hors des tranchées et en rase
campagne. Tous ces blessés se trouvaient d'accord pour déclarer que
les hostilités prennent maintenant une tournure nettement favorable
à nos armes.
Mai
1915 -
Les Saints de Glace. -
Connaissez
vous Mamert, Pancrace
et Servais ? Ce sont trois particuliers morts en odeur de sainteté et
dont on commémore la fête les 12, 13 et 14 mai. On ne sait trop
pourquoi ces vénérables personnages ont accoutumé de jeter un froid
dans le calendrier et d'y signaler leur passage annuel par une
recrudescence de gelées dangereuse pour les arbres à fruit. Servais,
Pancrace et Mamert n'ont pas failli à leur mission, cette année non
plus, et si nous en parlons après coup, c’est qu'ils ont trouvé
des imitateurs dans leurs camarades des jours suivants. Il a blanc
gelé un peu partout, mais il ne semble pas jusqu'ici que les
arbres aient beaucoup souffert et la floraison se poursuit dans
d'excellentes
conditions.
Mai
1915 -
Morts glorieuses. -
Sont
morts pour la patrie : MM. Paul Hardy, de l'infanterie coloniale,
frère de notre confrère, M. Pierre Hardy, rédacteur au Moniteur du
Calvados ; Joseph Lemonnier, employé à la gare de Caen, sergent au
136e de ligne .
Mai
1915 - Mauvaise
rencontre. - Ces
jours-ci, une collision
s'est produite, rue Saint-Sauveur, à Caen, entre la voiture de M.
Poulain, boucher à Croisilles, et un car électrique. Il n'y a eu que
des dégâts matériels.
Juin
1915
- Un arrêté de M. Le maire.
- M. Le maire de
Caen vient de prendre un arrêté sur les bains publics. Il faut
avouer que le besoin s'en faisait sentir : le dernier date de 1826 et
depuis on a pris l'habitude de se baigner un peu plus souvent... Donc
l'article 2 décide que les hommes devront se baigner vêtus d'un
caleçon ample et non transparent et les dames
d'un maillot descendant au moins jusqu'aux genoux. Et encore, poursuit
d'arrêter, il sera interdit de se promener dans cette tenue sur les
berges...
D'autre
part, l'accès des écoles de natation sera interdit aux femmes de
mauvaise vie et aux individus en état d'ivresse. Mesure excellente...
Qui eut dû être prise et appliquée depuis longtemps. Mais il n'est
jamais trop tard pour bien faire.
Juin
1915
- La
« Boulangère ». -
C'est
ainsi que les employés des tramways électriques désignent la
voiture qui est allée, un jour, s'encastrer exactement dans une
boulangerie de la
place Saint-Sauveur. Cette voiture ensorcelée a refait des siennes.
Elle est entrée, avenue de la Gare, dans le restaurant Tirel. Il n'y
a eu que des dégâts matériels, malgré que des clients étaient là
qui déjeunaient. Gare le troisième exploit !
Juin
1915
-
La situation agricole au 1er mai dans le Calvados.
- Le
mois d’avril a été favorable à l’exécution des travaux
agricoles. On a achevé les semailles d’avoine et commencé celles d’orges
et de betteraves. La végétation n’a pas été favorisée par la
température dans la seconde quinzaine du mois. Néanmoins l’aspect
général des cultures en terre reste satisfaisant.
Juin
1915
-
Une jeune caennaise.
- Cette
jeune caennaise appartient à une famille des plus honorables et qui
longtemps occupa l’hôtel de M. le marquis de Touchet, rue St-Jean.
C’est
Mlle Jeanne Guiot, fille de l’excellent docteur Guiot, l’oculiste
bien connu, propriétaire de plusieurs villas à la Brèche-d’Hermanville.
Mlle
Jeanne Guiot vient de faire une découverte d’ordre médical fort
intéressant en solutionnant le problème ardu des fonctions du
lipoïde du lobe postérieur de l’hypophyse.
Mlle
Jeanne Guiot, qui a subi les examens de doctoresse ès-science, a
obtenu de grands succès aux divers concours universitaires.
Nous
lui adressons, ainsi qu’à sa famille dont nous avons conservé le
meilleur souvenir, nos bien sincères félicitation.
Août
1915
- La piraterie
allemande. -
Les boches, qui avaient jeté leur dévolu aussi bien sur notre
port que sur nos mines, viennent de détruire un des meilleurs navires
qui y étaient attachés. Le vapeur « Danaé » de la
Société Navale Caennaise, réquisitionné, pour le compte du
gouvernement russe, pour le transport du charbon de Liverpool à
Arkangel, a été coulé par un sous-marin allemand dans les parages
des Hébrides. Le capitaine Geffroy, commandant le navire a
télégraphié que l’équipage avait été sauvé.
Août
1915
- Un de
moins ! -
Le manufacturier allemand, Joseph Tyssen, frère d’Auguste
Tyssen, l’accapareur des mines et du fer dans notre région vient de
mourir, victime d’un accident de chemin de fer dans ses usines.
Espérons qu’il ne se trouvera aucun des associés de cette trop
encombrante famille pour envoyer là-bas des condoléances.
Août
1915 -
Morts glorieuses. -
Sont morts pour la
patrie : MM. André Tabon, de Caen, sergent au 403e
; Aimable Dudouit, de Saint-Germain-du-Pert.
Août
1915
- Les braves.
- Ont été cités
à l’ordre du jour : MM. René Pigault, ex-secrétaire de la
Bourse du Travail de Caen, sergent au 5e .
S’est
volontairement présenté pour effectuer une patrouille à proximité
des tranchées ennemies et a pu recueillir des renseignements utiles.
A pris part avec un entrain remarquable à l’assaut de ces
tranchées.
MM.
René Fleury, de Caen, sergent au 104e (2e
citation) ; Eugène Charpentier, soldat, Assiré, aide-major, Charles
Deprun, René Capelle, Eugène Maréchal, caporal, Marcel Chéradame,
Georges André, Max Man-Sang, Robert Poirson, caporal, Robert
Desmouceaux, tous du 119e ; le capitaine Grandsart, frère
de M. Grandsart, avocat à la Cour d'appel de Caen.
Août
1915
- Les grands
blessés. -
Les Allemands nous
ont renvoyé plusieurs grands blessés, entr'autres M. Cauvet,
mécanicien, mobilisé au 31e Colonial. M. Cauvet, qui est
grièvement atteint aux mains, a pu résister vaillamment à ses
souffrances et aux misères de la vie des camps. Il a rapporté une
liste des prisonniers de Caen et des environs retenus au camp de
Friedrichsfeld, où il était interné.
Août
1915
- Équipes
agricoles. -
Le
Préfet du Calvados
croit utile de rappeler aux maires qui ont dans leur commune des
équipes de travailleurs militaires qu'ils n'ont nullement le
droit d'accorder à ces soldats des permissions pour se rendre soit
chez eux, soit ailleurs. En le faisant ils engageraient gravement leur
responsabilité. Les militaires, de leur coté, s'exposent à de très
sévères punitions s'ils s'absentent de la commune, où ils ont été
envoyés, sans une permission régulièrement délivrée par leurs
chefs de corps.
Il
importe que de part et d'autre, la période de séjour des équipes
soit considérée comme une période de travail intensif et non comme
une période de repos à la campagne. Les soldats qui travaillent en
ce moment à la récolte des moissons remplissent, comme ceux
qui se battent sur le front, un devoir national.
Septembre
1915
-
Incendie d'une cargaison de coton.
-
Le vapeur La-Héve, venant du Havre a apporté une
cargaison composée de balles de coton, les unes avariés par suite
d'un incendie survenu au Havre, les autres intactes. Au cours du
débarquement, hier vers 3 heures, le feu se déclara dans un amas de
balles intactes, prenant rapidement une grande intensité. Des flammes
énormes s'élevèrent bientôt et les flammèches enflammèrent
bientôt le reste de la cargaison.
Le
capitaine et les matelots commencèrent à combattre le feu. La
sirène siffla. Les pompiers furent prévenus et ils arrivèrent en
hâte sous la conduite du lieutenant Thibault
et du sous-lieutenant Ménard. Les tuyaux furent branchés avec
l'aide des soldats du 23e territorial. À 6 heures, les balles
fumaient encore. Une foule nombreuse massée en face des bureaux
de la compagnie normande de navigation regardait le travail des
pompiers et de l'équipe des territoriaux.
-
Mort d’un brave.
- M. Minot,
Georges, sous-lieutenant au 205e d’infanterie ;
«
Chargé avec sa
compagnie de défendre une position qu’il avait conquise de haute
lutte, a fait tête, de nuit, à une contre-attaque violente. Blessé
3 fois par des balles, a conservé son commandement jusqu’au moment
où il est mortellement frappé ».
Octobre
1915 -
Graves incidents au marché.
-
Hier matin, vers 11 heures, les marchands montraient des
exigences intolérables et prétendaient imposer leurs prix. C’est
un marchand d’œufs qui mit le feu aux poudres. Une ménagère,
au passage, se permit de marchander ses produits, lui faisant
remarquer que « c’était cher ».
– « J’vais pourtant pas les
diminuer, répondit le marchand, je préfèrerais les donner aux
Boches ! ». Le mot était malheureux ; il mécontenta
gravement la ménagère et ses voisines, dont beaucoup avaient leur
mari mobilisé. Les ménagères furieuses ont cassé les œufs en
renversant les paniers, répandu les fruits à terre et jeté les
mottes de beurre à la tête des marchands. La police fut
obligée d’intervenir. Plusieurs personnes furent conduites au
commissariat. A 2 heures de l’après-midi, un grand nombre de femmes
alla manifester devant le domicile de M. le Maire, rue Guillaume. Une
délégation de quatre ménagères fut reçue par celui-ci en
présence du commissaire. Des policiers surveillaient la foule. M. le
Maire aurait promis des mesures énergiques avant vendredi
prochain. Calmées par ces déclarations, les manifestantes se
retirèrent sans
violences et calmes.
Août
1915
- Équipes
agricoles. -
Le
Préfet du Calvados
croit utile de rappeler aux maires qui ont dans leur commune des
équipes de travailleurs militaires qu'ils n'ont nullement le
droit d'accorder à ces soldats des permissions pour se rendre soit
chez eux, soit ailleurs. En le faisant ils engageraient gravement leur
responsabilité. Les militaires, de leur coté, s'exposent à de très
sévères punitions s'ils s
'absentent de la
commune, où ils ont été envoyés, sans une permission
régulièrement délivrée par leurs chefs de corps.
Il
importe que de part et d'autre, la période de séjour des équipes
soit considérée comme une période de travail intensif et non comme
une période de repos à la campagne. Les soldats qui travaillent en
ce moment à la récolte des moissons remplissent, comme ceux qui se
battent sur le front, un devoir national.
Août
1915
- Depuis 35 ans.
- Un
vapeur grec Ermioni, de
1.100 tonnes, venant de Newcastle, chargé de charbon, a fait escale
dans le port de Caen. Le dernier passage d'un navire grec, un voilier,
remontait a 1880.
Août
1915
- Protégeons l’Orne !
- Comme
nous l'avons dit, la
menace de laisser circuler, sur notre Orne paisible, un
bateau-transport de 15 mètres de long, mû par un moteur de 30
chevaux, a soulevé les plus vives et les plus unanimes protestations.
Évidemment, le conseil municipal n'a pas songé à quoi il
s'engageait en autorisant la construction d'un appontement, pour
un tel dreadnought. C'est un bateau qu'il a voulu monter, sans doute,
aux propriétaires riverains, aux écoles de natation, aux canotiers,
aux baigneurs et aux pêcheurs. Comme on voit bien que, le jour du
vote de cette autorisation, le dévoué président de la Société de
pêche caennaise, M. Quatravaux, était absent : Il n'eût jamais
laissé ses collègues s'embarquer dans cette galère. Mais, on
nous fait observer que l'autorisation n'a été donnée qu'à titre
précaire et pourra être facilement retirée. Allons, tant mieux !
N'eût-il pas été plus simple, alors, de faire une enquête avant de
l'accorder.
Août
1915
- Une victoire
du féminisme. -
Depuis
quelques jours, on a introduit des femmes dans le personnel de nos
tramways électriques, sans doute pour qu'on ne puisse plus dire qu'il
est « trop laid ». Ces dames tiennent avec dextérité et aménité
la sacoche de receveuse. Elles avalent des sous et rendent des
tickets. Si la pénurie d'hommes continue, nous en verrons bien
d'autres. Nous aurons bientôt, comme à New-York, des femmes sergents
de ville et des femmes gendarmes. On voit bien déjà, sur les
trottoirs, le soir, des allumeuses... gaz. Puis viendront les
magistrates, les agréées, les avouées, les ingénieuses et, dans un
genre moins relevé, les factrices ou les factoresses, les hoquetonnes,
les afficheuses et les croque-mortes. Il ne restera plus aux poilus,
retour de la guerre, qui trouveront leurs emplois occupés par le beau
sexe, que la ressource de lui chiper les siens. C'est alors que, faute
de bonnes, on pourra engager des « bons », et, qu'en guise de
sages-femmes, il faudra prendre des hommes sages.
Septembre
1915
- Ce que nous
mangerons
l’an prochain. -
C'est en ce moment que va se décider, en grande partie, le
sort de la prochaine récolte. La question des semailles est une
question vitale, et si, à la rigueur, le premier venu, ou le second,
peut ramasser une gerbe et la battre, lorsqu'il s'agit de préparer la
terre et de l'ensemencer, c'est une autre affaire. A ce
sujet, M. Blaisot, député, a écrit au ministre de l'agriculture,
qui lui a répondu. Il résulte de leur correspondance qu'on va
essayer d'accorder des permissions de
labours et de semailles, de préférence à des cultivateurs.
Espérons qu'on y parviendra. Il parait que, pour la moisson, on
envoyait des notaires, des rémouleurs et des professeurs d'académie.
Si ça recommençait pour les semailles, nous serions exposés, l'an
prochain, à récolter des choux rouges au lieu de blé chicot et à
faire de la galette de Sarrazin avec des navets d'hiver.
Novembre
1915 -
La collision des Hauts-fourneaux.
-
Un grave accident s'est
produit lundi soir sur la ligne reliant les usines des Hauts-Fourneaux
au port de Caen. Un convoi d'obus était parti des usines. Douze
minutes après, le train ramenant le personnel partait à son tour.
Par suite de circonstances encore inexpliquées, ce train rejoignit le
premier et le tamponna. Un choc violent se produisit, sous l'influence
duquel le fourgon d'arrière se dressa, puis retomba sur le wagon de
voyageurs qu'il précédait. Parmi les ouvriers se trouvant dans
cette voiture, vingt huit furent atteints. Sept ou huit
seulement sont assez grièvement blessés, mais on croit qu’aucun
n'est en danger de mort. Les secours furent promptement organisés
par les non blessés et le personnel resté à l'usine, qu'on
avait immédiatement prévenu. Les plus gravement atteints furent
aussitôt transportés à l'Hôpital des Hauts-Fourneaux, où on leur
prodigua les meilleurs soins. Cet accident ne parait pas imputable au
mécanicien du train tamponneur qui, de sa machine placée à
l'arrière, ne pouvait apercevoir
le convoi qui le précédait. L'état des blessés est satisfaisant.
Novembre
1915 -
La Cueillette des pommes.
-
Le ministre le
l'instruction publique avait décidé, le mois dernier, que les
enfants des écoles, dans nos vingt trois départements cidricoles,
pourraient être mis, un jour par semaine, à la disposition des
maires, pour participer à la cueillette des pommes. Afin de hâter
cette récolte, particulièrement abondante cette année, et
afin d'éviter la perte d'une véritable richesse nationale, le
ministre de l'instruction publique vient l'envoyer des Instructions
aux inspecteurs d'académie pour que, partout où le besoin s'en fera
sentir, nos écoliers consacrent tous leurs après-midi à ce travail.
Décembre
1915 -
La « Crétine ».
-
Comme
les hivers
précédents, celui-ci s'annonce pourri. Il ne peut parvenir à geler
et la pluie tombe sans discontinuer. L'Orne est en crue, la prairie
est un lac et l'eau commence a envahir les sous-sols. Allons-nous
voir, en ville, remonter la « crétine »? Ce phénomène n'est pas
très nouveau à Caen, car, au XVIe siècle, notre vieil historien
local, le sieur de Bras, en parlait curieusement ainsi : « Et au
précédent (avant le changement du lit de l'Orne), j'ai veu les eaux
si grandes, que l'on appelle « Crétines »,
qu'on ne pouvait passer par le carrefour St-Pierre et couloyent
par dessus la chaussée de St-Jacques et regorgement en plusieurs
endroits de la rue Exmesine (l'ancienne rue St-Jean) ». On a
bien vu, l'autre année, que, pendant l'hiver, la crétine est
toujours reine de Caen et qu'il n'y a pas grand'chose de changé chez
nous depuis le XVIe siècle.
Décembre
1915 -
Recensement des chevaux et voitures.
-
Les propriétaires de chevaux, juments, mulets et mules,
voitures, automobiles et motocyclettes, doivent en faire la
déclaration à la mairie (bureau militaire) avant le 1er
janvier prochain.
Décembre
1915 -
Que d’eau ! que d’eau !
-
C'est
le cri du
jour. Il pleut sans relâche. C'est à croire à un nouveau déluge.
L'Orne
déborde sans
cesse, inondant les prairies, et, en ville, on patauge avec
entrain. Mais que sont nos petites misères près de l'immense misère
de nos malheureux soldats enlisés dans la boue des tranchées !
Puisse le père Noël, pour leurs étrennes, leur apporter une
bonne petite gelée, pas méchante, avec quelques jolis rayons de
soleil.
Décembre
1915 -
Les rosières de Caen. -
Nanterre
n'a qu'à bien se
tenir, nous allons lui faire concurrence, Un philanthrope caennais, M.
Bourdon, a légué sa fortune à la Ville, en réservant
l'usufruit à son épouse. Après la mort de celle-ci, cette fortune
sera réalisée et servira à acheter deux titres de rente. Chaque
année, ces rentes seront partagées entre deux rosières, deux
jeunes filles de la ville, pauvres mais honnêtes, qui quitteront leur
pauvre maisonnette pour se marier et qu'on dotera ainsi, au jour de
leur hymen. Et pour être assuré, sans doute, que ces intéressantes
lauréates seront vraiment des rosières, le donateur a prescrit qu’elles
devraient pendant toute l'année qui suivra leur couronnement, aller
porter des roses sur la tombe de sa femme. A la bonne heure ! par
ces temps de falsification à outrance, on ne saurait prendre trop de
précautions.
Décembre
1915 -
La Mirlourette. - Pas très
brillante, cette année, notre vieille foire de Noël. Pourtant, comme
petit bonhomme, elle vit encore et elle le prouve. Il faut aller y
faire un tour, quand ce ne serait que pour se faire une idée de la
boue des tranchées. Dans trois mois reviendra l'époque de notre
grande foire caennaise. Pourrat-elle avoir lieu, cette fois ?...
Décembre
1915 -
Que d’eau ! que d’eau !
-
Après l'insalubrité,
l'inondation est la seconde plaie de Caen. On a pourtant annoncé à
la Chambre de Commerce que de nouvelles portes de îlot, posées à
l'écluse de l'Orne, pourraient isoler le canal de la rivière et
rendre plus rapide l'écoulement des eaux en cas de crue. On verra
bien ! Il parait aussi qu'on fera des « chasses » dans les Odons.
C'est pour y tuer des rats, probable !
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