1er Décembre 2024

EUN SYIELLE D'HISTOUÈRE D'CALVADOS   

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CAEN

  

Canton de Caen

Les habitants de la commune de Caen sont des Caennais, Caennaises.

Janvier 1913  -  Le passage à niveau de la Maladrerie.  -  Le 14, vers 3 h. 20 du soir, au passage à niveau du chemin de fer du Caen-État à Caen-Saint-Martin, route de Bayeux, le cheval de M. Bacon, propriétaire à Coulvain, a pris peur au passage d'un car électrique et a reculé brusquement. Le car a eu sa tôle défoncée. Pas d'accident de personne.

 

Janvier 1913  -  Un accident mortel.  -  Un noël sans neige et sans gèle, de la pluie et du vent en tempête, c’est ainsi que cette vilaine année mouillée nous a fait ses adieux. Le vent  faisait rage la semaine dernière, il a causé des dégâts partout.

A Caen, une pauvre vieille de 72 ans, Mme veuve Charles Noury, propriétaire, rue Saint-Jean, a été tuée par la chute d’une cheminée. Elle allait rendre visite à des amis, M. et Mme  Lebœuf, ancien pharmacien, qui demeurent, rue froide, 16, dans la cour de l’imprimerie Poisson. Comme elle traversait cette cour, une haute cheminée de briques qui surmontait l’imprimerie oscilla et s’abattit avec fracas sur la maison voisine de Mme Lemazurier, propriétaire, dont le toit fut en partie démoli. Une masse de briques atteignit Mme Noury à la tête et on la releva perdant le sang à flots par une énorme blessure au crane.

On la transporta chez ses amis ? M. et Mme Lebœuf, où elle expira peu après. 

En ville, les tuiles pleuvaient, ainsi que les branches sur les cours. Sur le canal, des arbres ont été déracinés. Rue Saint-Jean, le panneau caricatural de René Thurin, placé à la devanture  du tailleur Crémieux, a été arraché. Aux hauts-fourneaux de Mondeville, un bâtiment recouvrant le puit artésien a été renversé par le vent, un ouvrier a été blessé à la jambe.

A Arromanches, un mur s’est écroulé : un mulon de paille  à M. Hubert, cultivateur, a été poussé à la mer.

En mer, les paquebots de la Compagnie normande ont dû interrompre leurs voyages.

 

Janvier 1913  -   Paysage d'hiver.  -  La neige sera bientôt pour nous une chose est connue et  il y a des enfants qui ne se sont encore jamais battus avec des boules de neige blanches. C'es l'eau, encore l'eau, toujours l'eau qui nous inonde et nous submerge !

Ces jours -ci, la prairie était couverte en grande partie d'une couche liquide. Vaches et veaux en pâture avaient l'air de s'entraîner à la course, car ils étaient forcés de suivre l'hippodrome qui, presque seul, émergeait. Et ce joli lac jamais ne se congèle, au grand désespoir de M. Jacquot  dont les cabines de patinage restent tristement fermées. Des vols de mouettes aux longues ailes recourbées animent un peu ce tableau désolé. À avoir, du cours, ces oiseaux prendre leurs ébats, on se croirait sur une grève, au bord de la mer et plus d'un chasseur a dû songer qu'en face les tribunes on pourrait  peut-être établir un gabion.

 

Janvier 1913  -  Le port  -  Sur le port de Caen, Mgr Lemonnier baptise les vapeurs "Geneviève" (80 m de long, 11,10 m. de large, 3.600 tonneaux) et "Gabrielle" (76 m de long, 10,60 de  large, 3.100 tonneaux) de l'armement Bouet. En 1913, le trafic portuaire a dépassé le million de tonnes.

 

Janvier 1913  -  Le naufrage du " Marcelle".  -   Quelques misérables épaves poussées par les courants jusque sur la côte sud d'Angleterre, c'est tout ce qu'il reste du beau navire que fut le "Marcelle" du port de Caen. Comme nous l'avons dit, le steamer a dû être surpris, le 26 décembre, le lendemain de noël, par un formidable raz de marée, dans les parages d'Ouessant. Il est à peu près certain que les 18 hommes d'équipage ont tous péri. Le capitaine, Jules Grosse, était inscrit à Granville, et le chef mécanicien, Joseph Figeau, avait son domicile à Caen. Les 16 autres étaient des marins bretons.

 

Février 1913  -  À l'hôtel des postes  -  L'hôtel des postes de Caen, qui n'est déjà pas si confortable, a été le théâtre, hier soir, d'un incident dû à une interruption dans l'éclairage du gaz, qui a privé pendant plus d'une heure, les services télégraphique et téléphonique. Ceux-ci ont dû s'éclairer par des moyens de fortune.

 

Février 1913  -  La terre tremble  -  Dans la nuit de samedi 22 au dimanche  23, vers 11 heure  et demi, une légère secousse de tremblements de terre accompagnée de sourds bourdonnements s'est fait sentir à Caen, Évrecy, Carpiquet, Rots.  

 

Mars 1913  -  Le premier saumon  -  Samedi matin, a été pris prés du nouveau barrage du Cours Cafarelli, un superbe saumon de 18 livres. L'auteur de cette capture était M. Delasalle, wattman aux tramway électriques. Il vient de renouveler trois fois son brillant exploit. En effet, il a pris à très peu d'intervalle trois autres superbes saumons pesant au total 49 livres, ce  qui lui fait le chiffre coquet de 66 livres de saumon en trois jours. Ces poissons ont été mis en vente dans un magasin du boulevard Saint-Pierre et enlevés aussitôt. Les belles captures se succèdent. Voici que le pêcheur Gobillet a  pris , dans l'Orne, près de la passerelle du Grand-Port, un saumon mesurant 1 m 06 et pesant 26 livres.

 

Mars 1913  -  Un escalier qui ne mène nulle part.  -  Voici la saison de la montée en rivière des poissons migrateurs : saumons et aloses et, ces jours derniers, plusieurs saumons  d'assez forte taille ont été capturés au pied du nouveau barrage. tout le monde se demande, à ce propos, quand fonctionnera enfin le fameux escalier à saumons qu'on a aménagé sur un des côtés de cette ouvrage. C'est à la  suite d'une campagne menée, il y a quelques années, par un fervent ami de la rivière, que ce projet fut lancé. M. Delarbre le reprit au Conseil  Général et on croyez bien le voir définitivement réalisé. Or,  aujourd'hui le barrage fonctionne, les saumons se présentent et ils trouvent porte clause.

L'installation du fameux escalier n'est pas terminée et ne le sera, paraît-il, que l'an prochain ! Les ingénieurs sont beaucoup moins pressés que les mamans saumons qui voudraient  aller pondre vers les sources et que les pêcheurs riverains, qui voudraient les happer au passage.

 

Avril 1913  -  Sur les tramways  -  Depuis ouverture de la foire, la compagnie des tramways  électriques a mis en circulation  sur la ligne gare de l'État - gare Saint-Martin la remorque du nouveau modèle. Cette voiture neuve est très confortable ; l'agencement des places de l'intérieur est bien compris ; il permet aux voyageurs de voir commodément le spectacle de la rue tout en étant parfaitement l'abri ; de plus, grâce au couloir  central, la perception des billets et le contrôle peuvent s'exercer facilement, ce qui n'est pas le cas dans les " baladeuses" ancien modèle. Cette nouvelle remorque attelée à un car complètement remis à neuf, forme un convoi d'aspect imposant en luxueux, admiré et apprécié des habitants et des nombreux visiteurs de la foire.

 

Mai 1913  -  La tempête  -  C'est une véritable tempête qui s'est déchaînée sur Caen et sa région. Hier dimanche le service des bateaux du Havre a été désorganisé. Dans l'après-midi le vent a démoli plusieurs décorations servant aux éliminations électriques de la soirée.

 

Juin 1913  -  Ayez des plaques à vos vélos.  -  Albert Gérin, 38 ans, journalier, fut rencontré à Cormelles avec  une bicyclette non  munie de la plaque de contrôle ; il récolta un procès-verbal qui lui valut le 6 juin, en simple police une condamnation à 3 francs d'amende, accrue du paiement du double décime 1/2, du quintuple droit fraude soit 15 francs, à la saisie du vélo et à la vente au profit de l'État jusqu'à concurrence du montant des amendes et frais.

 

Juin 1913  -  L'orage du lundi.  -  L'orage de lundi 16 a particulièrement éprouvé les cantons de la plaine bordant la mer et aussi une partie de la vallée de l'Odon. La partie située entre Cheux et la vallée, dans un espace de 5 kilomètres de long sur 3 de large, a reçu le fort de l'orage. Les grêlons énormes ont tué des quantités d'oiseaux, de poules, haché les jardins,  brisé de nombreuse vitres à Tourville-sur-Odon et à Mouen, où la foudre s'est abattue sur la cote de la vallée Vicquet.

 

Juin 1913  -  Les opérations de la brigade mobile  -  Voici le total des arrestations opérées  par la 3e brigade de police mobile  pendant le mois de juin 1913 : homicide volontaire, 1 : infanticide, 2 : vol qualifié et complicité, 16 : vol et complicité, 12 : escroquerie, 4 : abus de confiance, 4. Total : 39.

 

Juillet 1913  Le mouvement de population.  -  Presque partout la population diminue et depuis 1951 le déficit est formidable on peu dire : C'est ainsi qu'en ce qui concerne l'arrondissement de Caen, il comptait en 1851 , 139 922 habitants ; en 1911, il n'y en a plus que 114 669.  Diminution :  25 253 âmes. Cependant, grâce à la légère augmentation de la ville de Caen (46 934 habitants en 1911 au lieu de 45 280 en 1851, et 44 442 en 1906), l'arrondissement a gagné 1 734 habitants sur le dernier recensement.

 

Août 1913  -  Effroyable accident boulevard Leroy  -  Un atroce accident est arrivé dans la nuit de  mardi 19 à mercredi 20, sur le boulevard Leroy. Il était 9 heures et demie du soir quand MM. Hamelet, mécanicien, et Givel, mécanicien, conducteur  aux chemins de fer du Calvados,  trouvèrent sur la voie longeant le boulevard, à hauteur des jardins ouvriers, le  cadavre d'un homme affreusement mutilé. Le corps était étendu sur le ventre, à droite des rails ; la tête, complètement séparée du tronc, se trouvait entre les rails, à  0 m. 50 plus loin ;  le bras droit complètement sectionné de l'épaule longeait la voie  extérieurement ; enfin, détail horrible, le cœur, qui avait été complètement arraché, se trouvait à trois mètres en arrière. Le cadavre fut reconnu pour  être celui  du nommé  Edmond Chédot, 36 ans, ouvrier jardinier. Des premières constatations, il semble résulter que la victime aurait été couchée la  tête reposant sur le bras droit, et appuyée sur l'un des rails du tramway, et profondément endormi quand il aurait été surpris par le convoi de minerai. Les tristes restes de Chédot ont été transportés à la morgue, et une enquête a été ouverte sur les circonstances de cet accident, qui a causé en ville une vive émotion.

 

Août 1913  -  Électricité  -  On pose en ce moment sur la route Paris-Cherbourg, les poteaux en ciment armé qui doivent servi  au support des fils amenant l'électricité de Caen à  Bayeux. On sait que lumière et force seront fournis par la puissante centrale électrique qui s'achève en ce moment près  des nouveaux bassins. L'arrivée de la fée électricité dans toute la région Ouest de Caen et de la région de Bayeux pourra faire naître ou améliorer d'intéressantes industries. Peut-être aussi permettra-t-elle l'établissement d'une voie de  communication rapide dans une partie du département défavorisée  sous ce rapport. Un tramway est depuis longtemps réclamé de Caen a Creully, par Bois-Bretteville-l'Orgueilleuse,  etc... On peut espérer que la proximité d'une grande ligne électrique en hâtera la réalisation.  

 

Septembre 1913  -  Nos mines de fer.  -  L'exploitation du bassin minier  de Normandie commence à entrer dans la période intensive. La mise en train des hauts fourneaux que  alimentera en partie la grande mine de Soumont, sera comme le signale d'un véritable déclenchement de la révolution industrielle d'où sortira la Normandie métallurgique. Actuellement on pose les câbles qui transporteront la lumière et force des usines de Colombelles aux mines de Soumont et fournira la traction sur le chemin de fer minier. Actuellement, la portion principale du bassin minier de Basse-Normandie s'étendent de Caen à Falaise et de Mèzidon à Mortain. Il y a 20 concessions accordées, dont 6 en exploitation et 4 en aménagement. Les surfaces concédées étaient de 1950 hectares en 1893 ; en 1911, elles atteignent 15 000 hectares ; 20 concessions au moins sont en instance ; si on y fait droit la superficie atteindra près de 50 000 hectares. 

 

Octobre 1913  -  Le pavé.  -  Caen devient terrible le soir, et en cela il a bien changé. On rencontre à chaque instant des bandes aux sinistres mines dans les rues les plus calmes. Dès  10 heures du soir les pochards ivres-morts jonchent les trottoirs devant les cafés. En dépit de l'arrêté courageux de M. Perrotte, on signale chaque semaine de nouveaux arrivages de  prostituées. Une police volante à bicyclette devient urgente. Heureusement l'uniforme bleu et bien seyant des artilleurs est venu avant-hier soir jeter dans ces transformations une note  réconfortante. Adieu, vieux Caen ! 

 

Octobre 1913  -  La foire " aux malades ".  -  C'était hier mardi la foire de la Maladrerie, foire " aux malades " parce qu'au temps jadis, comme son nom l'indique, le hameau de la  Maladrerie était une léproserie et qu'une foire il y avait lieu dont profitaient les malades. La foire se tient à l'intersection de cinq communes : Caen, Saint-Germain-la-Blanche-Herbe, Venoix, Carpiquet, Bretteville-sur-Odon. Elle attirait jadis beaucoup plus de monde que maintenant, mais bien qu'ayant diminué en importance, elle constitue encore une attraction de la  banlieue caennaise. Le marché aux bestiaux, hier mardi, a été actif et les prix élevés. On y a amené 84 bœufs, taureaux ou vaches, 115 petits porcs,  48 porcs gras, 8 moutons et une centaine de chevaux. Il il y avait en outre des oignons, des marrons, etc... Dans l'après-midi et le soir sur la place, où se trouvaient les baraques foraines, on a consommé, selon la  tradition, beaucoup de lard  " à la broquette ", arrosé de cidre doux.  

 

Décembre 1913  -  Fait divers.  -  A Caen, 2 femmes, une laitière et sa servante, sont condamnées, pour abus sexuels sur leur petit valet de 14 ans. Toujours à Caen une jeune fille de 16  ans entre dans les "lieux d'aisance" en s'éclairant avec une allumette. Une formidable explosion l'éjecte avec la porte : la fosse était mal aérée.

 

Décembre 1913  -  Pour enrayer la prostitution caennaise  -  La municipalité pour enrayer cette plaie de la prostitution particulièrement intense à Caen, comme dans toutes les villes populeuses d'ailleurs. M. Perrotte, maire, vient de prendre l'arrêté suivant :  " le maire de la ville de Caen considérant qu'il a été constaté, à plusieurs reprises, que certaines femmes ou filles en service dans les hôtels, auberges, cabarets, cafés, débits de boissons et maisons meublées  se livraient clandestinement à la prostitution dans ces lieux publics et que l'administration municipale a été saisie à ce sujet de plaintes réitéré, vient de prendre un arrêté prescrivant que : tout hôtelier, aubergiste, cabaretier, cafetier, débitant de boissons,  tenancier de maison meublée ou logeur en garni, ne devra à l'avenir :

1er  -  Employer que des femmes ou filles munies d'un certificat de bonne vie et mœurs délivré par le maire de leur domicile ou de leur dernière résidence. Ce certificat ne devra pas porter une date antérieure de plus de huit jours à celle de leur entrée en service à Caen.

2eme  -  N'employer des jeunes filles mineures qu'avec le consentement écrit et légalisé de leur père, mère ou tuteur. Les hôteliers, aubergistes, cafetiers, débitants de boissons,  tenanciers de maison meublée ou logeurs en garni, devront inviter les femmes ou filles qu'ils emploient à se faire délivrer, avant le 15 janvier 1914, le certificat de bonne vie et mœurs  prévu à l'article 1er et si il a lieu, le consentement de leur père,  mère ou tuteur ".

 

Décembre 1913  -  La neige. -  Un temps effroyable a sévi hier, dimanche, 28 décembre, sur tout le Calvados où sévissaient pluie, grêle, neige fondue. Les hauteurs du pays d'Auge aux environs de Livarot et de Lisieux étaient couverte d'une épaisse couche de neige.  

Lundi 29  -  la neige a fait son apparition à Caen, mais le blanc tapis n'a pas résisté longtemps au dégel, du moins en ville, où il a tout au plus contribué à rendre nos rues un peu plus sales.  

Mardi 30  -  Le mauvais temps continu. Nous avons eu à Caen hier matin de violentes rafales de neige et de grêle. La veille au soir, la foudre a grondé, sans qu'il régnât, (bien loin de la)  une chaleur d'orages.  

 

Janvier 1914  -  Essor du port de Caen.  - Tout ce que l'on avait pu former d'espérances sur le développement  de notre port se trouve dépassé par les résultats, transmis par les  statistiques de fin d'année dressées par la Chambre de Commerce. Le port de Caen qui en 1911 atteignait comme trafic 960 000 tonnes, en 1912, 1 030 000 tonnes, passe en 1913 par un bon qu'on peut qualifier de prodigieux à  1 250 000 tonnes, et cette montée considérable ne s'arrête pas loin de là. L'année prochaine on peut prévoir une augmentation aussi considérable, sinon plus, Caen est en train de devenir un des premiers ports de France comme trafic.

 

Janvier 1914  -  Un bolide a été vu à Caen.  -   L'apparition d'un bolide dans la région de l'ouest. Ce bolide  a été aperçu également à Caen mercredi soir, vers 8 heures 30, mais par peu  de personnes. Il a passé avec une lueur intense, que certains ont prise pour la fulguration d'un trolley des trams électriques passant à un croisement de fils. La direction du météore était sensiblement N.E. - S.E.. Caractéristique du phénomène :  lumière bleuâtre aveuglante comme un éclair, rapidité extrême.

 

Janvier 1914  -  Le froid et la neige.  -  La vague de froid continue et la neige a recommencé à tomber. Espérons qu'elle n'occasionnera pas à nouveau des accidents et ruptures de fils électriques comme ces temps derniers.  

 

Janvier 1914  -  La glane du charbons.  -  Un nouveau cas de vol de charbon  sur des quai vient s'ajouter à la liste  déjà trop longue. C'est qu'en effet, et par ces temps froid surtout, les  wagons de charbon qui stationnent  journellement sur les quais son une tentation souvent trop forte pour les miséreux qui désirent se chauffer. Ce sont deux femmes qui sont  poursuivies pour se fait : les nommées Marie Bonvoisin, et Ernestine Berthout, 61 ans. Ces deux femmes se livraient le 1er août 1913, en pleine après-midi, à la glane du charbon.  Malheureusement ils ne purent résister aux désirs de s'emparer de quelques gros morceaux. Le tribunal leur adjuge 25 francs d'amende avec sursis.

 

Janvier 1914  -  La circulation dans nos rues. -  La période  de gelée prolongée que nous subissons a fait de nos rues, pour quelques-unes du moins, de véritables skatings. Au début on  a laissé couler les bornes fontaines, la glace s'est accumulée dans les ruisseaux qui bientôt se sont rejoints pour ne former qu'une seule un nappe. J'ai bien vu, un certain jour, les  agents inviter les riverains à déblayer les ruisseaux. Pauvres riverains ! La plupart n'ont chez eux aucun outil leur permettant de se livrer à ce travail. D'autres, plus heureux ont réussi à dégager leur ruisseau, mais il ont vu les monceaux de glace s'accumuler devant leurs portes et encombrer la chaussée. Autres, enfin, se sont vu le lendemain dans la même situation  que la veille : le ruisseau était  de nouveau rempli de glace, car le tas qui avait quelque peu dégelé faisait corps maintenant jusqu'au trottoir.

L'administration ne devrait-elle pas, en même temps qu'elle enjoint aux habitants de nettoyer, faire enlever immédiatement les tas de glace qui sont eux-mêmes la cause de l'obstruction des ruisseaux ? Nous devons ajouter personnellement, et pour être justes, que depuis de longues années, on avait peu l'habitude à Caen d'avoir à subir d'aussi longue période de froid. Il est donc compréhensibles que l'administration de la voirie ait été un peu prise au dépourvu.  Mais nous sommes persuadés que, en présence du froid persistant dans toute sa rigueur, elle va prend promptement les mesures nécessaires pour procéder au déblaiement des rues et rendre la circulation possible et sure. 

 

Février 1914  -  On arrête à nouveau les petits mendiants. -  Nous avons parlé à plusieurs  reprises de l'utile mesure qui avait été un moment, on ne sait pourquoi suspendue. Elle  vient d'être remise en vigueur, le 12 février. Trois petits mendiants vagabonds ont été arrêtés par la police et les mesures utiles sont prises pour faire prononcer contre les parents la déchéance de la puissance paternelle : ce sont les nommés Henri Lecocq, 11 ans, Émile Lecocq, 10 ans, et René Guyonwark, 9 ans, que leurs père et mère abandonnent à la rue du matin au soir. Nous ne pouvons que féliciter la municipalité de se montrer à nouveau fermement décidée à poursuivre son oeuvre de salubrité et de moralité sociales.  

 

Février 1914  -  L'état sanitaire à Caen. -  A Caen, comme dans beaucoup d'autres  villes, l'armée est  en  ce moment très éprouvée par diverses épidémies. Les majors sont surchargés  et l'hôpital militaire regorge de malades. Il a contenu ces jours derniers jusqu'à 120 soldats. Six décès se sont déjà produits. Il faut les attribuer surtout à une épidémie de  broncho-pneumonie et de grippe infectieuse particulièrement redoutables,  qui a même obligé les autorités militaires à prendre des mesures de sécurité en renvoyant un certain nombre  d'infirmières étudiantes. Espérons que cet état va s'améliorer prochainement.  

 

Mars 1914  -  Attention au prélèvement !  -  Vendredi, M. Le commissaire de police a fait des prélèvements d'échantillons de marchandises chez différents commerçants de la ville. Les prélèvements portaient sur le lait, les conserves, la chicorée, etc..., etc.... Les échantillons prélevés vont être analysés. Espérons pour les intéressés qu'il n'y sera pas constaté de  fraude...  

 

Mars 1914  -  La crue de l'Orne.  -  Cette année, L'Orne semblait devoir rester paisiblement dans son lit.  Jeudi cependant le cours commença à devenir plus rapide et le niveau se mit à monter avec une grande rapidité. La Prairie, vendredi matin, était entièrement submergée est transformée en un véritable lac, de près d'un mètre de profondeur. On craint que des bestiaux n'aient été noyés dans quelques endroits. Le château de Louvigny est entouré d'eau comme au moment des plus fortes crues. Dans l'après-midi de vendredi le niveau a continué à monter et si vite que des laveuses tranquillement installées au bas d'une venelle de la rue de l'Arguette, ont dû abandonner subitement leurs cases et plusieurs allaient s'en aller au fil de l'eau sans l'aide de complaisants égoutiers qui voulurent bien s'employer à les rattraper. Toutes les mesures ont été prises pour éviter le retour des inondations dont  chacun a encore le souvenir présent  à la mémoire. Dans la soirée cependant l'eau avait encore monté et atteignait presque la deuxième rangée d'arbres du grand cours. Cependant,  avec le changement de lune, il est à présumer que la pluie va cesser pour quelque temps.  

 

Avril 1914  -  Les monuments historiques du Calvados. -  Voici, d'après le officiel, la liste des immeubles classés parmi les monuments historiques avant la promulgation de la loi du 31 décembre 1913, pour le département du Calvados :

Église Sainte-Trinité (église de l'ancienne abbaye aux Dames) ; Église Saint Etienne (Église de l'ancienne abbaye aux Hommes) ; Église Saint-Sauveur (anciennement Notre-Dame de Froide-Rue) ; Ancienne Église Saint-Gilles ; Église Saint-Jean ; Église  Saint-Pierre ; Ancienne Église Saint-Nicolas (affectée aux services de la guerre) ; anciennes Église dite " le vieux Saint-Étienne " (magasin de la ville) ; Église Notre-Dame-de-la-Gloriette ; Clocher de l'église de Vaucelle ; lycée Malherbe (anciens bâtiments de l'abbaye aux Hommes) parties  classées ; bâtiment situé à l'entrée,  cloître et les bâtiments qui l'entourent. Les deux ailes placées à la suite, bâtiment du XIVe siècle, dit " Salle des Gardes ", ainsi que les parois  revêtues de peintures murales classées ; Hôtel d'Escoville (aujourd'hui Chambre et Tribunal de Commerce) ; maison dite " des Gens d'Armes " ; Hôtel des Monnaies ; Hôtel de  Mondrainville ; Château (affecté au service de la guerre) parties classées : l'enceinte (moins la partie Nord) comprenant : les fossés, les courtines, les tours, la porte Sud avec l'ouvrage en bonnet de prêtre qui la précède et la porte Est, dite porte de secours ou porte des champs, avec son pont et son bonnet de prêtres.

 

Juin 1914  -  Avis aux automobilistes.  -   Le maire de Caen rappelle aux propriétaires  et conducteurs d'automobiles qu'aux termes de l'arrêté municipal du 17 juin 1912, la vitesse  maximum dans la traversée de la ville ne doit pas dépasser 20 kilomètres à l'heure et que l'usage des sirènes ou d'appareils similaires (Klason, etc.), ainsi que de l'échappement libre est rigoureusement interdit. Des instructions ont été données aux agents de la police municipale pour tenir la main a l'exécution des dispositions ci-dessus rappelées.

 

Septembre 1914   -   Les blessés.   -   Un bateau portant des blessés belges, attendu pendant plusieurs jours, est arrivé aussi à Caen.

Ces jeunes patriotes, frappés pour la défense de leur indépendance et qui ont su retarder si énergiquement la descente du flot allemand, sont dignes de tous les respects et de toutes les sollicitudes. Les femmes françaises les traiteront comme leurs propres fils et, alors qu'ils viennent dans notre pays reprendre la santé et de nouvelles forces, nous sommes heureux de leur exprimer ici la vive reconnaissance et la sympathie chaleureuse de tous les Caennais et de tous les Normands. (Bonhomme Normand)

 

Septembre 1914   -   Départ d’italiens.   -   En attendant leur rapatriement, on avait gardé, à Caen, environ 300 Italiens, parmi lesquels des femmes et des enfants. Ils ont quitté notre ville, à présent, et ce départ a donné lieu à de touchants incidents ou la sympathie qui unit leur pays au notre s'est affirmée.

Les Italiens ont acclamé les Caennais ; ils ont chanté la Marseillaise et leur hymne national. M. Hendlé les a harangués en français, ils ont répondu dans leur langue. On les a bourrés de victuailles, de lait et de gâteaux et ils sont partis pour Menton.

S'ils pouvaient nous renvoyer, un de ces jours, un joli petit corps d'armée pour augmenter les nôtres ! (Bonhomme Normand)

 

Septembre 1914   -   Trop de brassards !   -   Dés les premiers jours de la mobilisation, on a été frappé par le grand nombre de personnes arborant la croix de la Convention de Genève, soit à leurs bras, soit à leurs voitures, soit à leurs balcons.

Le ministère de la guerre vient de faire savoir que seul est autorisé à porter cet insigne le personnel de la Croix-Rouge et des organisations sanitaires temporaires ou en voie de formation, accrédité par l'autorité militaire.

Le public commençait à s'étonner, en effet, de la multiplicité de ces insignes. (Bonhomme Normand)

 

Septembre 1914   -   Les drapeaux aux voitures.   -   Il est interdit de porter, sans autorisation spéciale, des drapeaux, fanions, guidons ou bannières sur tous véhicules autres que les voitures militaires.

-  Ne pourrait-on pas aussi réserver les drapeaux aux fenêtres pour une grande et réelle victoire au lieu de les arborer à tout propos comme on l'a fait jusqu'ici ? (Bonhomme Normand)

 

Septembre 1914   -   Caen ville nourricière.   -   Jamais notre ville n'a présenté une telle animation. Les rues sont trop petites, les places publiques, les squares encombrés. Partout on rencontre des étrangers, qui n'en sont pourtant pas, mais des compatriotes fuyant l'invasion et des Belges émigrés. Il n'y a plus de place dans les hôtels ; les restaurants débordent, on dirait que la population de Caen a doublé.

Dans les hôpitaux. on soigne plus d'un millier de blessés.

Tous les jeunes gens de la classe 1914, de la circonscription d'Avesnes, ont été envoyés ici. Des troupes cantonnent chaque jour, d'autres arrivent remplacer celles qui partent. Il est resté en outre, quantité d'ouvriers étrangers espagnols, marocains, des mines et des hauts-fourneaux. Et tout ce monde là trouve à vivre et à se loger !

Jamais nous n'aurions cru que Caen était si grand et pouvait réunir d'aussi étonnantes ressources. (Bonhomme Normand)

 

Septembre 1914   -   Victimes de la guerre.   -   Nous avons le regret d'apprendre que le fils de M. Mancini, directeur de notre École de musique, a été blessé au visage et est en traitement dans un hôpital militaire.

-  Parmi les premières victimes de la guerre, il faut compter le lieutenant Guy de Liénard, qui appartient à une vieille famille de la région du Bessin. Il a été frappé d'une balle au front, en portant un ordre à Charleroi. Ce jeune officier avait fait ses études à Caen, au Grand Sainte-Marie. (Bonhomme Normand)

 

Septembre 1914   -   Bravour d’un caennais.   -   Un de nos compatriotes, M. Charles Besnier, pharmacien, qui a été appelé à suivre le 36e comme brancardier, a été porté à l'ordre du jour de l'armée pour sa belle conduite dans la journée du samedi 22 août. (Bonhomme Normand)

 

Septembre 1914   -   Frappés au champ d'honneur.   -   On peut dire qu'en ce moment, nos rues sont pleines de revenants, car nombreux sont ceux qu'on a dits morts et qui nous sont revenus avec des blessures souvent légères.

Nous sommes heureux de compter parmi ces retrouvés M. le commandant Kahn et le sergent Kahn, son fils, tous deux du 36e de ligne. Frappé de vingt-deux balles, le commandant Kahn a été sauvé par l'héroïsme d'un de nos concitoyens.

Sa guérison sera assez longue peut-être, mais elle est assurée. Quant à son fils, qui avait reçu une balle dans le côté, il semble

ne s'en porter que mieux. (Bonhomme Normand)

 

Septembre 1914   -   Frappés au champ d'honneur.   -   Des deuils nous sont signalés de Lisieux : M. Robert Chiffeman, 21

ans, fils d'un négociant de cette ville, et M. Mallais, 27 ans, lexovien aussi, sont tombés glorieusement sur champ de bataille.

Le capitaine Blondeau du 36e, grièvement atteint à Charleroi, a disparu. Son décès toutefois n'est pas confirmé. Cet officier est le gendre de M. Cusson, président de la Chambre de commerce de Lisieux.

Parmi d'autres Lexoviens blessés citons : le lieutenant Robert Lietout, le caporal Pedroncini, les soldats Duquesne, Leroy, Blot.

On annonce aussi la mort du lieutenant-colonel Champion, qui fut commandant du dépôt de remonte de Caen.  (Bonhomme Normand)

 

Septembre 1914   -   Un coup de balai.   -   Il y a quelques jours, le bateau du Havre amenait à quai, à Caen, un groupe de deux cents Allemands et Autrichiens, hommes, femmes et enfants, qui, depuis la guerre, erraient dans les rues du Havre et de Rouen.

Ces gens, qui, se trouvant sans doute bien chez nous, n'avaient pas obéi à l'ordre d'expulsion qu'on leur avait signifié, ont été débarqués entre une double haie de fantassins, baïonnette au canon, et réembarqués aussitôt dans des wagons amenés exprès. On les a ensuite dirigés sur Flers, toujours accompagnés de leur escorte militaire.

Pendant l'opération, la foule a poussé des cris hostiles qui ont été vite réprimés par le capitaine de gendarmerie. (Bonhomme Normand)

 

Septembre 1914   -   Arrivée de blessés.   -    On continue de diriger des blessés vers notre région. L'autre nuit, il en est arrivé un convoi de trois cents en gare de Caen. On les a aussitôt répartis entre l'hôpital militaire et les hôpitaux temporaires de la ville.

Plusieurs paraissaient grièvement atteints; néanmoins on a le bon espoir de les remettre promptement sur pied.

Une vingtaine d'Allemands, dont, étant donnée l'heure, l'arrivée a passé inaperçue, faisaient partie du convoi. L'un d'eux est décédé, à l'hôpital.

On attend, pour ces jours-ci, d'autres blessés, très nombreux, parait-il. Toutes les ressources et tout le dévouement dont on dispose à Caen ne seront pas de trop pour faire face à l'importante tâche patriotique qu'on nous réserve. (Bonhomme Normand)

 

Septembre 1914   -   Réponses à des questions.   -   Des lecteurs nous demandent pourquoi on n'installe pas de blessés dans le nouveau Lycée de jeunes filles.

-  Réponse : Parce que notre lycée de garçons va s'y installer, les bâtiments du Lycée Saint-Étienne, beaucoup plus vastes, étant occupés par les blessés. De même, une ambulance anglaise très confortable étant créée à l'École primaire supérieure de la rue de Bayeux, les élèves de cette institution rentreront au Collège de jeunes filles de la rue Saint-Jean, où ils devront voisiner avec le fourneau alimentaire. Quant aux collégiennes, expulsées de leurs locaux, elles iront au petit Lycée.

Tous ces chassé-croisés un peu compliqués auraient certainement pu l'être moins. (Bonhomme Normand)

 

Septembre 1914   -   On réclame...   -   Contre la rudesse, pour ne pas dire pis, avec laquelle sont acueillies certaines demandes de renseignements.

Un brave ouvrier caennais allant demander des nouvelles de son fils soldat, lequel justement est notre confrère, reporter d'un journal parisien, aurait été plutôt mal reçu.

L'angoisse des parents voulant s'enquérir du sort de leurs enfants est assez douloureuse déjà, elle ne mérite que du respect. (Bonhomme Normand)

 

Octobre 1914   -   Morts glorieuses.   -   Parmi les nôtres tombés à l'ennemi ou morts des suites de leurs blessures, citons : Le soldat Chemin, de Hiéville, tué à l'ennemi ; le soldat Clovis Caligny, de Saint-Pierre-du-Bû, mort à l'hôpital de l'Institut, à Paris ; le soldat Léon Hubert, de Viessoix, mort à l'hôpital de Ribérac ; le soldat Alexandre Hamel, du 19e  territorial d'infanterie, de Saint-Germain-de-Tallevende, mort à l'hôpital de Villeneuve-Saint-Georges ; le capitaine Delaunay, du 24e, beau-frère de M. Le Chesne, dentiste à Caen, tué au combat de Loivre ; le capitaine Le Maréchal, gendre de M. Roussy, receveur d'enregistrement à Caen ; le sergent Lemay, du 41e de ligne, gendre de M. Radenac, marchand de vins à Bayeux, blessé mortellement à Montmirail ; le lieutenant Claude Guinder, sous-préfet de Boulogne-sur-Mer, ancien sous-préfet de Pont-l'Évêque, mort au champ d'honneur ; le soldat Toutain, du 5e, de Falaise, tué à la bataille de la Marne ; le soldat Esnault, du 5e, de Villers-Canivet, tué prés de Reims ; le soldat Poisson, du 205e, de Saint-Germain-Langol, mort à la Pitié, à Paris ; le soldat Liard, du 5e, de Vignats, blessé mortellement à Charleroi ; le capitaine de Maynard et le lieutenant du Plessis-Vaidières, du 36e, morts au champ d'honneur. (Bonhomme Normand)

 

Octobre 1914   -   La censure.   -   Nos lecteurs ont pu remarquer, dans notre dernier numéro, l'espace de quelques lignes laissées en blanc et peut-être en trouveront-ils aussi dans le présent journal.

Sans doute, ils ont pensé que nous avions ménagé ces blancs pour les personnes qui ne savent pas lire. Il ont eu tort. Ces lignes nous ont été supprimées par la Censure.

Pendant la guerre, en effet, et dans un but hautement patriotique, il est convenu que la Presse ne doit pas être trop bavarde et qu'elle doit faire le silence absolu sur tout ce qui concerne les opérations militaires, mobilisation, déplacements de troupe, etc… (Bonhomme Normand)

 

Octobre 1914   -   Vive le 36e.   -   Nos braves pioupious du 36e de ligne se sont vaillamment conduits devant l'ennemi, notamment pendant les journées des 13, 14, 15, 16 et 17 septembre. Leur chef, le général Hache, a tenu à leur rendre un public hommage par l'ordre du jour suivant porté à la connaissance des troupes :

« Le général commandant le 3e corps d'armée porte à la connaissance des troupes et du corps d'armée la belle conduite du 36e de ligne pendant les journées des 13, 14, 15, 16 et

17 septembre. Attaqués par des forces supérieures, deux bataillons de ce régiment se sont maintenus pendant ces  journées dans les bois de X ... et de X .... malgré les feux d'artillerie et d'infanterie très violents.

Ces deux bataillons ne se sont repliés que par ordre, bien qu'ils aient perdu la moitié de leurs effectifs.

Le général est heureux d'exprimer toute sa satisfaction à ces deux bataillons et il adresse ses félicitations aux vaillants chefs qui les commandent. »

 Signé : Général HACHE. (Bonhomme Normand)

 

Octobre 1914   -   Émouvante cérémonie.   -    Au début de l'audience de la première Chambre, M. le premier Président Fabry a prononcé un fort bel éloge funèbre de M. Jean de Percin, avoué, tué dans les tranchées de Berry-au-Bac.

M. Guillouard a répondu avec éloquence au nom du Barreau.

Mentionnons aussi, parmi les morts héroïques, le lieutenant Maurice Delamare, du 21e colonial, tué à la bataille de Neufchâteau. Le glorieux disparu était proche parent de M. Prentout, professeur à l'Université. (Bonhomme Normand)

 

Octobre 1914   -   Les soldats belges.   -   Nos cites du Calvados sont devenues villes de garnison pour nos chers alliés les Belges. Un grand nombre de soldats de la vaillante petite nation y sont arrivés ces jours-ci. Ce sont pour la plupart des recrues de l'année, accompagnées par leurs officiers et sous-officiers.

Il y en a un grand nombre à Caen et on en a envoyé aussi à Bayeux, à Honfleur, au séminaire de Sommervieu. Partout on a fait à ces jeunes soldats le plus chaleureux accueil. Leur air dégagé, leur démarche alerte et la coquetterie désinvolte de leurs uniformes disposent déjà en leur faveur.

Il nous est plus agréable d'apercevoir leurs silhouettes à présent familières, que celles d'autres étrangers dont nous ne parlons plus, malgré que leur présence ne nous soit pas devenue pour cela plus agréable. (Bonhomme Normand)

 

Octobre 1914   -   Un procès de fraude.   -   Nous avons raconté en son temps l'équipée du nommé Henri Louvrier, 29 ans, ex-chauffeur de la maison de confections Dony, à Caen. Mettant à profit sa connaissance des maîtres, Louvrier s'introduisit, une nuit de mai dernier, dans le garage de ses anciens patrons, s'empara de l'auto et partit chercher de l'eau-de-vie.

Les agents de la régie le surprirent, à son retour à Caen, au moment où il déchargeait un fût devant une maison de la rue Neuve-Saint-Jean. Louvrier s'enfuit, les agents le rejoignirent près du bassin, mais durent se replier devant la menace d'un revolver que Louvrier braqua sur eux. Le fraudeur ne perdit rien pour attendre, car on l'arrêta peu après au Havre.

Il fut condamné, pour ces exploits, à un mois de prison. Mais la régie, qui ne perd jamais ses droits, l'a poursuivi à son tour, ainsi que M. Dony et le directeur de la maison, M. Paul Rodange. Ces deux derniers ont été acquittés. Quant à leur ancien chauffeur, il a été condamné à trois mois de prison, 1 000 francs d'amende et tous les droits accessoires. (Bonhomme Normand)

 

Octobre 1914   -   Nos héros.   -   Nous pouvons être fiers de notre régiment d'artillerie. En effet, le général commandant la 5e armée cite, en ces termes, à l'ordre du jour de l'armée la 5e  batterie du 43e régiment d'artillerie et son chef, le capitaine Lebreton : « S'est établie à la lisière d'un village attaqué par l'ennemi, s'est immédiatement retranchée de la façon la plus adroite et a pu ainsi continuer le tir sous le feu des obusiers ennemis, donnant un bel exemple de calme, de courage et de discipline. A brillamment contribué au succès de notre contre-attaque. »

- Au tableau spécial de la médaille militaire, on relève le nom du canonnier-servant Dogon, du 43e d'artillerie, qui, « faisant fonctions de signaleur, est resté pendant quatre heures à découvert sous le feu, et, blessé à l'épaule, n'a quitté son poste que sur l'ordre de son commandant de batterie. »

- Cité aussi à l'ordre du jour, le sapeur Grandin, du 8e génie, pour sa belle conduite au feu. Le sapeur Grandin est gérant de « l'Incroyable », rue St-Jean.

-- Signalons enfin l'héroïsme d'un facteur des postes du Mans, qui, blessé dans de glorieuses circonstances, a été décoré de la médaille militaire de la main d'un général. (Bonhomme Normand)

 

Octobre 1914   -   Nos deuils.   -   Sur la demande de leurs familles, nous faisons part à nos lecteurs de la mort de deux jeunes soldats : Paul Lenoble, 21 ans, de Carcagny, tué à Roye. le 21 septembre, et Maurice Cauchard, 21 ans, de Caen, soldat au 162e, à Verdun, décèdé à l'hôpital de Chalons. (Bonhomme Normand)

 

Novembre 1914   -   Maisons allemandes.   -   On s'est demandé ce que c'était que cette société d'électricité A. E. G., dont le siège, à Caen, était rue Calibourg et qui vient d'être mise sous séquestre.

Il s'agit de la succursale d'une puissante entreprise allemande (la plus importante de ce genre même, dit-on) pour la fourniture et l'installation des machines mues par la force électrique. Le représentant de cette société, un M. Verissy, s'était installé chez nous, il y a un an ou deux. Il avait disparu au moment de la déclaration de guerre. Mais depuis, il avait redonné signe de vie et ne paraissait nullement se douter qu'on allait mettre des bâtons dans les roues de ses mécaniques.

- A signaler aussi la mise sous séquestre, à Caen, d'un dépôt d'articles d'aluminium. Est-on bien sur qu'il n'existe pas chez nous d'autres dépôts de marchandises portant la marque : Made in Germany ? (Bonhomme Normand)

 

Novembre 1914   -   Nos héros.   -   Le capitaine Koch, du 36e de ligne, qui avait été grièvement blessé, le 29 août, et s'était distingué dans plusieurs affaires, a été solennellement décoré de la Légion d'honneur, à la caserne Lefèvre.

Trois autres officiers du 36e, les capitaines Wiart, Roy et Maffre, blessés aussi, sont proposés pour la Croix. (Bonhomme Normand)

 

Novembre 1914   -   Bon exemple.   -   Le comte Foy, conseiller général du Calvados, a fait don à l'hôpital de Caen de 1 200 barattées de pommes pour lesquelles il n'a réclamé que les frais de ramassage. (Bonhomme Normand)

 

Novembre 1914   -   Les braves.   -   Le sergent René Roussel, du 5e de ligne, originaire de Couvrechef, a été cité à l'ordre du jour, pour sa belle conduite et nommé adjudant.

Un autre sous-officier du 5e, le sergent-major Auguste Mauduit, secrétaire de la mairie de Saint-Germain-de-Tallevende, a été, lui aussi, cité à l'ordre du jour pour sa belle attitude devant l'ennemi. (Bonhomme Normand)

 

Novembre 1914   -   Victimes glorieuses.   -   Ces jours derniers, ont été célébrées, à Caen, les obsèques du caporal Roignant, du 5e de ligne, décédé, à Angoulême, des suites des blessures qu'il avait reçues près de Reims.

-       On nous annonce la mort, à l'hôpital de la rue de la Chaise, à Paris, du soldat Édouard Bourdon, du 236e de ligne, originaire de Laize-la-Ville, décédé des suites de ses blessures. Avant la guerre, Bourdon était employé à l'Hôtel de la Place-Royale, à Caen.

-       Le sous-lieutenant Daniel d'Yanville neveu du conseiller général du Calvados, a été tué sur le champ de bataille de Bailleul, près de la frontière belge. (Bonhomme Normand)

 

Novembre 1914   -   Avis aux minotiers et boulangers.   -   Le Préfet du Calvados informe les minotiers et boulangers que le Ministre de la Guerre se trouve dans l'impossibilité de renouveler les sursis d'appel accordés aux ouvriers minotiers et boulangers mobilisés. Il les invite, en conséquence, à réunir, avec le concours des Municipalités, le nombre d'ouvriers indispensables, soit parmi les hommes dégagés de toutes obligations militaires, soit parmi les réfugiés français ou belges, soit même aussi, suivant les régions, parmi l'élément étranger appartenant aux pays neutres. (Bonhomme Normand)

 

Novembre 1914   -   Plus de tramways !.   -   La nouvelle est officielle : à partir de samedi prochain, la Compagnie des tramways du Calvados veut cesser tout service.

Les habitants de la côte, et ceux de l'intérieur, sont dans la consternation. Les voici bloqués chez eux, comme s'ils se trouvaient dans une région occupée par l'ennemi. Le personnel et même le directeur sont mobilisés, parait-il.

Mais ne serait-il pas possible de trouver des ingénieurs et des cheminots âgés, cherchant un emploi, qui seraient susceptibles de conduire cette exploitation ?

On parle de la reprise des affaires, est-ce en fermant ainsi les lignes de chemin de fer qu'on compte les favoriser ?

Les réclamations des populations pleuvent dans nos bureaux comme grêle en mars.

Nous n'y pouvons rien, pourtant. On dit que les pouvoirs publics ont songé à venir en aide à ces déshérités et à contraindre la Compagnie à ne pas cesser complètement son service ? Des intérêts importants se trouveraient lésés.

Qu'on fasse ce qu'on voudra, pourvu qu'on fasse quelque chose. (Bonhomme Normand)

 

Novembre 1914   -   Les frères d’armes.   -   Parmi les plus intéressantes victimes de la guerre, il faut citer le jeune sergent Le Bœuf, du 236e de ligne, dont la famille habite notre ville.

Il avait spontanément demandé à remplacer un père de famille qu'on avait désigné pour faire partie d'un convoi.

Il fut mortellement frappé en pleine poitrine dès le début d'une attaque, près de Bray-sur-Somme. Il était tombé trop près des tranchées allemandes pour qu'il fût possible de le retrouver, le soir du combat. Mais, plus tard, des camarades, dont il était très estimé, se dévouèrent pour aller, au péril de leur vie, rechercher son corps qu'ils purent reconnaître et rapporter en arrière de la ligne de feu.

Le jeune héros a été inhumé dans le cimetière de Carnoy (Somme). (Bonhomme Normand)

 

Novembre 1914   -   Ca continue toujours !   -   Les unes après les autres on découvre les industries allemandes qui nous avaient envahis. Cette fois, on vient de placer sous séquestre le matériel du chemin de fer minier de Caen à Potigny. II appartenait à la maison Oreinstein und Koppel-Arthur Koppel Actie-geselleschaft.

On voit à quel point cette entreprise était bien française ! Pour la construction de cette ligne, devant relier les mines de Soumont aux Hauts-Fourneaux, la maison Oreinstein avait fusionné, il y a trois ans, avec la société Decauville aîné.

On a aussi saisi tous les stocks de pneumatiques et d'accessoires de cycles de la marque « Continental ».

Peu à peu l’épuration va se faire. (Bonhomme Normand)

 

Novembre 1914   -   Les braves.   -   La médaille militaire a été conférée au soldat cycliste Auguste Dumaine, originaire de Vire, blessé en portant un ordre.  La décoration lui a été remise, à l'hôpital de Guéret, où il est en traitement, par le commandant d'armes entouré de tous les officiers.

Cités à l'ordre du jour : Le maréchal des logis Geffroy, du 26e  dragons. Ce sous-officier est de Caen, ou ses parents habitent rue Saint-Jean.

Le lieutenant Vié, du 119e de ligne. Il a été promu capitaine. Le capitaine Vié est professeur de gymnastique à Lisieux et lieutenant des pompiers de cette ville.

Le lieutenant Angot, du 42e d'artillerie, fils de M. Angot, boulanger à Vire.

Le sous-lieutenant Henri Palmade du 18e bataillon de chasseurs à pied, instituteur adjoint à l'école de la rue du Général Decaen, à Caen, membre de la Société de tir de Ranville.

L'adjudant Vaujour, du 236e de ligne. (Bonhomme Normand)

 

Novembre 1914   -   Morts glorieuses.   -   Le Maire de Caen, M. Perrotte, déjà frappé cruellement par la perte de son gendre, le lieutenant Neyreneuf, vient d'être de nouveau éprouvé par la mort d'un autre parent, le capitaine Jean Kappler, du 316e de ligne.

Deux autres membres de notre municipalité, MM. Dubosq et Venise, ont aussi été atteints dans leurs plus chères affections : leurs fils, M. Robert Dubosq et le caporal Venise, du 236e de ligne, sont tombés au champ d'honneur, le premier dans la Marne, le second à Berry-au-Bac.

Le commandant de Prévoisin, du 21e dragons, frère de l'avocat à la Cour d'appel, est mort à Boulogne-sur-Mer, des suites de ses blessures.

Le capitaine Georges de Fabry, a été tué en Lorraine. Il était allié aux familles de Formigny de la Londe et Carel.

Le soldat Heuzé, d'Évrecy, a été blessé mortellement à la bataille de Guise. Son corps a été ramené à Évrecy, ou a eu lieu l'inhumation. (Bonhomme Normand)

 

Décembre 1914   -   Les envois aux soldats.   -   Après les sapeurs, les mitrailleurs. M. le Maire de Caen a reçu du front une touchante et naïve lettre de remerciements que nous insérons volontiers.

A Monsieur le Maire de la ville de Caen,

Monsieur le Maire,

Nous venons de recevoir, des commerçants de la ville de Caen et des villes du Calvados, tous les paquets envoyés par eux. C'est M. le lieutenant Guérin avec M. le capitaine Besnier qui les ont déballés, devant nos yeux impatients de voir et de constater ce qu'ils renfermaient. C'est un véritable petit bazar envoyé par des cœurs patriotiques. Vraiment, rien ne manque : caleçons, tricots, flanelles, chaussettes, cache-nez, gants, savon, chemises. Nous étions heureux de nous voir choyer ainsi, nous avons trouvé aussi du chocolat, du tabac et autres qui nous faisaient grand plaisir.

Grâce à tous ces braves commerçants, nous pourrons passer sans souffrir les grands froids. Nous reviendrons de ce champ de luttes avec les lauriers de la victoire. Encore quelques sacrifices, encore quelques efforts et l'ennemi sera vaincu. Alors, chers bienfaiteurs des pioupious de France, nos cœurs vous exprimeront de nouveau leur reconnaissance. Ce sera à celui d'entre nous qui aura la douce consolation de vous dire merci, et c'est aux cris de : « Vive la France, vive l'armée et honneur et gloire aux chers Français qui pensent à leurs combattants ».

La 2e section de mitrailleuses du 36e, à qui il est échu tous ces ballots, prie M. le Maire de bien vouloir être son interprète auprès des commerçants de la ville de Caen et des environs pour les remercier comme ils le méritent.

Comptant sur votre obligeance, Monsieur le Maire, recevez l'assurance de tous, de leur entier dévouement.

Vive la France ! Vive la ville de Caen Vive l’armée pour tous !

Le caporal chef de pièce,

Marius VEAUVER.

P. S. - Nous demandons à M. le Maire de bien vouloir faire insérer cette lettre dans le journal « Le Bonhomme Normand »

Décembre 1914   -   Les braves.   -   Ont été cités à l'ordre du jour : le soldat Pierre Delangle, du 21e colonial, dont la famille habite rue de Geôle, à Caen.

La 21e compagnie du 205e de ligne, capitaine Perrinetti. Le capitaine Perrinetti a été nommé chef de bataillon et affecté au 319e.

Le sergent Paul d'Arvieu, du 1er colonial, de Saint-Loup-Hors, a reçu la médaille militaire. (Bonhomme Normand)

 

Décembre 1914   -   Morts glorieuses.   -   Sont tombés au  champ d'honneur : le soldat Ernest Lange, du 236e de ligne, tué à Guise ; le soldat Auguste Guillet, de Jurques ; le soldat Ernest Javalet, du 5e, de St-Ouen-des-Besaces, tué au Godat ; Léon Norel, du 4e zouaves, fils de l'ancien restaurateur du boulevard St-Pierre, tué près d'Ypres ; Paul Guezet, du 43e d'artillerie, et Albert Désert, du 5e, tous deux de Sept-Frères ; René Le Gout, du 319e, de Lisieux, tué dans la Marne ; Albert Saucey, du 205e  de Saint-Martin-Don ; le caporal Paul Martin, du 5e, demeurant 162, rue d'Auge, à Caen, tué dans la Marne ; Joseph Lemitre, du 136e, de Viessoix ; le soldat Maurice Lebrun, du 5e, de Saint-Etienne-la-Thillaye ; le caporal Eugène Lebissonnais, sergent-major aux pompiers de Caen, tué dans la Somme.

-       Sont morts des suites de leurs blessures : à l'hôpital d'Etampes, Eugène Robin, du 119e, dont la famille habite, rue du Marais, à Caen ; à Chalons-sur-Marne, Camille René, de Coulvain ; à l'hôpital Saint-Joseph de Caen, Antoine Pegon, du 60e territorial : à Fismes, Edmond Baloud, du 205e, de Danvou ; au Bourgel-Drancy, Louis Leclercq, du 5e, de Saint-Ouen-des-Besaces : à l'ambulance de Prouilly, Louis Douet, du 5e, de Bernières-le-Patry. (Bonhomme Normand)

 

Décembre 1914   -   Un meurtre dans une maison publique.   -   Un drame terrible s'est déroulé dans la maison publique, nº4, cour du Mesnil-Thouret, dans l'après-midi de dimanche. Un mineur espagnol, Vincente Huérol, 24 ans, demeurant rue de l'Eglise-de-Vaucelles, était entré dans cet établissement. Il n'était pas complètement ivre, mais déjà assez surexcité par la boisson. Comme il faisait quelque tapage, la patronne voulut le modérer. Pour toute réponse, Huérol lança son bock à bière dans une glace qu'il brisa.

Le patron de l'établissement, Charles Hoffmeister, 41 ans, accourut au bruit. L'Espagnol avait déjà tiré et ouvert son couteau. Il se jeta sur Hoffmeister et lui en porta un coup violent. La blessure était grave, car la victime, transportée à l'hôpital, y est morte deux jours après. L'Espagnol est arrêté. (Bonhomme Normand)

 

Janvier 1915   -   Que d’eau ! que d’eau !   -   Après l'insalubrité, l'inondation est la seconde plaie de Caen. On a pourtant annoncé à la Chambre de Commerce que de nouvelles portes de flot, posées à l'écluse de l'Orne, pourraient isoler le canal de la rivière et rendre plus rapide l'écoulement des eaux en cas de crue.

On verra bien ! Il paraît aussi qu'on fera des « chasses » dans les Odons. C'est pour y tuer des rats, probable ! (Bonhomme Normand)

 

Janvier 1915   -   On réclame.   -   Contre les phonographes de certains cafés qui résonnent parfois indiscrètement. Il est vrai que tout le monde ne peut pas se payer un orchestre de tziganes.

... Contre les iconoclastes (icono ... quoi ?) qui prennent un plaisir stupide à lacérer les affiches illustrées des cinémas.

Certaines de ces grandes chromos sont de véritables chefs-d'œuvre, et les affiches, c'est le musée de la rue.   (Bonhomme Normand)

 

Janvier 1915   -   Des adoucissements   -   Par un nouvel arrêté les cafés sont autorisés à rester ouverts jusqu'à 10 heures du soir, à Caen, et jusqu'à 9 heures dans les autres villes. Toutefois il reste interdit d'y servir l'alcool et les liqueurs dans la dernière heure de vente. (Il n'y a donc que celle-là de dangereuse ?)

Pour les militaires et les personnes touchant l'allocation, cette interdiction reste maintenue d'une façon permanente. (Bonhomme Normand)

 

Janvier 1915   -   Caen port de boue.   -   Est-ce l'effet des commotions épouvantables qui, sur un espace de quatre cents

kilomètres, ébranlent sans cesse l'atmosphère, mais toujours est-il que jamais il n'a autant plu que cet hiver.

Les terres sont complètement saturées d'eau et, si cela continue, toutes les prairies et tous les terrains bas vont être complètement inondés. Jamais non plus on n'a vu notre ville aussi sale. Une mer de boue nous envahit.

Il est vrai que là-bas, dans les tranchées, nos pauvres soldats en voient bien d'autres, mais est-ce que la saleté dont nous souffrons peut en quoi que ce soit diminuer celle, beaucoup plus grave, dont ils souffrent ? - Non, n'est-ce pas. Alors, donnez donc un coup de rateau de temps en temps. Il ne manque pas de pauvres vieux qui seraient enchantés de gagner quelques sous en travaillant et on aurait vite fait, si on voulait, de recruter un imposant corps de balai. (Bonhomme Normand)

 

Janvier 1915  -  Le courrier.  -  A tout seigneur, tout honneur. Nous commençons par la lettre que nous adresse un officier, le capitaine commandant H. Guènebault, du 7e chasseurs. Voici cette missive, éloquente dans sa simplicité. 

Épernay, 29 décembre 1914. Monsieur le Directeur,

Mon escadron étant en majeure partie composé de Normands, je vous serais très reconnaissant si vous, pouviez leur faire envoyer, par vos lecteurs, quelques vêtements chauds : tricots, chaussettes, gants, ceintures de laine, car, sur les 150 hommes de mon effectif, il y en a environ une trentaine qui n'ont aucune ressource. Si vous obtenez quelque chose, soyez assez  aimable de le faire adresser à M. le colonel commandant l'arrondissement d'étapes d'Épernay, pour remettre au 10e escadron du 7e chasseurs. Je vous demande infiniment pardon de la liberté que je prends et vous plie d'agréer, etc…..            

  H. GUÉNEBAULT, Capitaine commandant.

Cet appel est pressant et il touchera nos lecteurs, nous en sommes persuadés. Nous sommes navrés d'apprendre qu'il se trouve encore parmi nos défenseurs des braves garçons, des  Normands comme nous, qui souffrent du froid et des intempéries. On nous avait dit pourtant qu'il y avait eu une quantité énorme de lainages envoyés à l'année et qu'on avait même du  suspendre momentanément les envois. Il faut les reprendre, au contraire, puisque tous nos soldats ne sont pas pourvus. Mais, en dehors de l’intervention officielle, nous espérons bien   que nos compatriotes du 7e  chasseurs vont recevoir, à leur tour, quelques chauds vêtements de dessous et que le brave capitaine Guénebault n'aura pas eu tort de compter sur la charité fraternelle.

 

Janvier 1915  -  Morts glorieuses.  -  Sont tombés au champ d'honneur : Marcel Renard, soldat au 119e  de ligne, dont la famille habite rue Saint-Jean, à Caen ; Lucien Blanchel, menuisier à Bayeux ; Tribout, serrurier à Bayeux ; Victor Tirard, de Pierres, soldat au 205e ; Victor Esnault, de Ste-Marie-Laumont ; Henri Debreuil, soldat au 136e, professeur au pensionnat St-Joseph à Caen ; le sergent Pierre Lebas, des Iles-Bardels ; Clément Delacour, de Villers-Canivet, soldat au 166e ; Alfred Bonne, de Pierrefitte-en-Cinglais ; Émile Gouesmel, boulanger à Bayeux ; Ferdinand Denise et Léon Evode, de Moutiers-en-Auge, du 5e d'infanterie.  

 

Janvier 1915  -  Caen, port de boue.  -  Est-ce l'effet des commotions épouvantables qui, sur un espace de quatre cents kilomètres, ébranlent sans cesse l'atmosphère, mais toujours est-il que jamais il n'a autant plu que cet hiver. Les terres sont complètement saturées d'eau et, si cela continue, toutes les prairies et tous les terrains bas vont être complètement inondés. Jamais non plus on n'a vu notre ville aussi sale. Une mer de boue nous envahit. Il est vrai que là-bas, dans les tranchées, nos pauvres soldats en voient bien d'autres, mais  est-ce que la saleté dont nous souffrons peut en quoi que ce soit diminuer celle, beaucoup plus grave, dont ils souffrent ?  Non, n'est-ce pas. Alors, donnez donc un coup de râteau de temps en temps. IL ne manque pas de pauvres vieux qui seraient enchantés de gagner quelques sous en travaillant et on aurait vite fait, si on voulait, de recruter un imposant corps de balai.

 

Janvier 1915  -  Un courrier.  -  C'est, à présent, une lettre du front Un Caennais du 23e territorial se fait l'interprète de ses camarades en demandant qu'on n'oublie pas trop ce régiment, exclusivement composé de pères de familles de la région. 

C'est avec un réel plaisir que les Normands du 23e territorial lisent, eux aussi, votre estimable journal. Ces braves gars sont tous mariés, la plupart chargés de famille et ils ont abandonné au pays leur commerce, situation ou travail. Eh ! bien, ces vieux briscards de 35 à 45 ans, on leur a fait passer quatre mois dans le Cotentin, pour les réhabituer au métier  militaire qu'ils avaient un peu oublié, et,  maintenant ils sont sur le front de bataille et supportent, comme les jeunes, les fatigues et les intempéries. En ce moment, ils sont dans la Marne, près d'une ville bombardée chaque jour et le village qu'ils occupent n'est pas exempt des marmites allemandes. Ils assurent le service des tranchées de 1er , 2e  et 11e  ligue, restent sur la ligue de feu pendant huit jours dont quatre dans les tranchées. Après cette période, on les renvoie à l'arrière pour se reposer pendant huit autres jours. Durant le temps,  ils  font de nouvelles tranchées. Le service se continue toujours ainsi. Par ce temps épouvantable ils reviennent couverts de boue des pieds à la tète. Malgré l'ingéniosité déployée pour aménager les tranchées, la terre et la marne (sorte de craie blanche) n'ont pu être lambrissées, ni garnies de tapisseries. Or, beaucoup de ces braves Caennais et Normands sont attristés lorsque, lisant le bonhomme Normand qu'ils reçoivent de leurs femmes ou enfants, ils voient qu'ils sont un peu oubliés des camarades et amis du pays natal. Cette remarque générale m'a été faite lorsqu'ils ont lu, à plusieurs reprises, que des gâteries avaient été envoyées aux jeunes régiments caennais partis au feu. Ce n'est qu'un oubli sans doute, mais  vous comprenez qu'étant, eux aussi à l'honneur, et bien à la peine, ils vous seraient reconnaissants de faire savoir qu'ils existent. Même, certains d'entre eux seraient heureux de recevoir la moindre des gracieusetés offerte de bon cœur, cela semble si bon de toucher un objet, de quelque nature soit-il, qui vient du pays ! Je termine en vous envoyant le bonjour de  tous les Normands qui sont heureux des bons moments que vous leur procurez par votre journal, et recevez leurs meilleurs remerciements..           Pour tous : J. H. 

 

Janvier 1915  -  Les blessés allemands.  -  Tous les journaux ont publié une lettre d'un blessé allemand, le fils du général von Bissing, gouverneur actuel et provisoire de la Belgique,  remerciant les dames infirmières qui l'ont soigné à Caen. Nous apprenons ainsi que nos ennemis frappés trouvent chez nous une hospitalité loyale et même de la sollicitude. Ces procédés sont dignes de nous, à condition, toutefois, que la pitié ne se transforme pas en tendresse. N'est-ce pas pour couper court à des abus de ce genre que certaines modifications  ont dû être apportées dans le service d'un hôpital de la ville ? Soyons bons, soit, mais ne soyons pas bêtes !  

 

Mars 1915  -  Invasions de Boches.  -  Un convoi d'une vingtaine de prisonniers allemands, avec leurs officiers, est arrivé l'autre jour par le bateau du Havre, et a traversé Caen. Ce débarquement d'hommes sauvages a excité une vive curiosité. 

 

Mars 1915  -  Voisinage encombrant.  -  On a établi, route de Falaise, une station de Romanichels qui campent là avec leurs bêtes et leurs voitures. Les voisins se plaignent du sans-gêne  de ces hôtes occasionnels, qui ne se font pas faute de faire paître leurs animaux dans les champs où lève la moisson prochaine. Un des propriétaires lésés estime son  dommage à 500 francs. Pourtant, la plupart de ces forains touchent des allocations. Un de ces ménages, notamment, reçoit 70 fr. par quinzaine. Ne pourraient-ils pas acheter un peu de  fourrage à leurs bourris et à leurs chevaux, sans les envoyer se nourrir dans les alentours ?

 

Mars 1915  -  Les écraseurs.  -  Est-ce une raison parce que la circulation est moins active dans nos rues pour y lancer les autos à des vitesses de course ? Du matin au soir, les services médicaux des ambulances sillonnent la ville de véhicules dont les conducteurs déploient vraiment un peu trop d'audace. Le nombre de chiens écrasés est déjà grand, le tour des piétons  viendra sans doute aussi. Est-il donc nécessaire, pour collaborer au rétablissement des blessés militaires, d'estropier les civils inoffensifs ? Un peu de calme et de prudence, messieurs les chauffeurs, s. v. p.  

 

Mars 1915  -  La mémoire des héros.  -  On s'est efforcé assez souvent de faire à nos soldats morts, dans nos hôpitaux, des suites de leurs blessures, des funérailles décentes. Mais on ne pense plus guère à entretenir leurs tombes, et il parait que celles du cimetière Saint-Pierre, route de Ouistreham, sont déjà à l'abandon. Ne pourrait on pas s'en occuper un peu et remplacer pieusement les familles éloignées ? 

 

Mars 1915  -  Le fer normand.  -  Les riches gisements de minerai, que messieurs les Allemands avaient si bien éventés et accaparés chez nous, continuent de tenter les capitalistes et les industriels. Les demandes de concession affluent et le ministère, répondant à une question de M. Fernand Engerand à ce sujet, vient de déclarer qu'il avait été fait environ cent demandes de concession pour la région de l'Ouest, dont quinze pour le département du Calvados seul. Espérons qu'on ne va pas se presser de les accorder sans un sérieux examen et qu'on va savoir écarter les raisons sociales douteuses, les prête-nom et les personnes interposées. Les Allemands ont toutes les audaces et ne se tiennent jamais pour battus. Il ne faudrait pas qu'après avoir eu tant de peine à les faire sortir par une porte ils puissent trouver le moyen de rentrer par une autre. 

 

Mars 1915  -  Certificat d’études.  -  Le ministre de l'instruction publique et des beaux-arts a décidé, par une mesure exceptionnelle, d'ouvrir l'examen dans sa session normale à tous les enfants qui atteindront l'âge de 12 ans, le 31 décembre prochain.

 

Mars 1915  -  Le temps qu’il fait.  -  On ne dira pas que le Bonhomme Normand n'est pas un bon prophète, puisque son Almanach annonçait de la pluie et du vent pour les fêtes de  Pâques. Malheureusement, ses pronostics pour la suite du mois ne sont pas non plus très bons. Heureusement que, suivant le vieux dicton : Jamais pluie de printemps n'a passé pour du  mauvais temps.

 

Avril 1915  -  Comité de secours aux prisonniers de guerre.  -  Un Comité de secours aux prisonniers de guerre s’est constitué sous la présidence de M. Perrotte, maire de Caen, en vue d’adresser aux prisonniers de guerre, originaire de Caen et des communes de l’arrondissement, des colis composés de pain de guerre, beurre, chocolat, conserves de viande et de poisson, tabac. Une centaine de ces colis ont déjà été envoyés aux prisonniers dont les noms et adresses sont parvenues à la mairie, et le comité s’entoure de toutes les garanties pour que ces colis parviennent a leurs destinataires.

 

Avril 1915   -   Les braves.   -   Maurice Rouillard, de Lisieux, soldat au 319e a reçu la médaille de l'ordre de Saint-Georges de Russie ; M. Fernand Arbogast, beau-frère de M. Perrine, ancien adjoint au maire de Trouville, a reçu la médaille militaire.

-       Ont été cités à l'ordre du jour : MM. Margot, fondé de pouvoirs à la recette des finances de Bayeux, caporal fourrier au 31e bataillon de chasseurs à pied ; Henri Blachet, de Caen, soldat au 36e ; Charles Osmont, aspirant au 5e de ligne, blessé mortellement ; Jouanne, soldat au 236e ; Perpignani et Crowet, sous-lieutenants au 205e ; l'adjudant Cremazy, les sergents Thelamon et Cany, les soldats Lequesne et Fournier, le chef de bataillon Henneton, les capitaines Cren et Mollinier, le lieutenant Bourdarie, les sous-lieutenants Ferlut, Blary, Rodat et Hiriard, tous du 5e. (Bonhomme Normand)

 

Avril 1915  -  Les ressuscités.  -  Le Comité « Les Nouvelles du Soldat », dont la Bourse du Travail est la correspondante à Caen, a eu la bonne fortune, ces jours derniers, de donner à  deux familles de notre département des nouvelles d'un des leurs, disparus depuis longtemps. Ce sont les soldats Arthur Gustave, de Caen, et Louis James, de Colombiers-sur-Seulles, qui  n'avaient plus, tous deux, donné signe de vie depuis six mois, et qui sont internés au camp de prisonniers de Quedlinburg, dans la Saxe.

 

Mai 1915  -  Le temps qu’il fait.  -  Un maître orage s'est déchaîné mardi sur notre région. Les détonations électriques se succédaient avec une violence extraordinaire et la pluie tombait « d'abat ». En beaucoup d'endroits, la grêle a endommagé les fleurs des poiriers et autres arbres fruitiers. Cette perturbation un peu subite et inattendue est-elle causée par les commotions anormales que propagent, dans l'air, les canonnades et les explosions ?

 

Mai 1915  -  Blessés normands.  -  On nous prévient qu'à l'hôpital temporaire Richelieu, à Luçon (Vendée), un groupe de blessés normands sont en traitement. Parmi eux se trouvent le  paysagiste G. Lefèvre (il ne s'agit pas, croyons-nous, de notre ami Géo Lefèvre, de Clinchamps). Nos compatriotes reçoivent là les soins excellents d'une Caennaise, Mme Sartout, veuve  d'un capitaine qui fut longtemps au dépôt de remonte de Caen, et qui a été tué sur le front en novembre dernier.

 

Mai 1915  -  Le ravitaillement de la population civile.  -  M. Le préfet du Calvados a fait parvenir a MM. Les sous-préfet et maire du département les instructions suivantes : Tous cultivateurs, négociants, minotiers, et tous détenteurs de grains, que récoltants où détenteurs sont autorisés à vendre amiablement leur blé aux minoterie du Calvados à un prix qui ne  devra pas dépasser 32 francs le quintal. La  réquisition administrative ne sera exercée qu'en cas de refus de vente par les détenteurs.

 

Mai 1915  -  Morts glorieuses.  -  Nous apprenons que le 7 mai, le soldat Deflisque, du 146e de ligne, 7e compagnie est mort des suites de ses blessures à l‘hôpital auxiliaire n° 9 à la Maladrerie. 

Sont morts pour la patrie : MM. Jules Jeanmasson, sergent mitrailleur, ancien élève de la Faculté des Sciences de Caen, le lieutenant Paul Leroy, Gustave Chandivert, de Caen, soldat au 129e de Caen.

 

 Mai 1915  -  Les braves.  -  Le sous-intendant militaire Vernay, bien connu à Caen, a été cité à l'ordre du jour et nommé chevalier de la Légion d’Honneur.

Ont été cités à l'ordre du jour : M. Jacques Chabert, cycliste au 39e, fils, du propriétaire de l'hôtel d'Espagne, à Caen.

L'adjudant Kuhn, du 36e de ligne, a reçu la médaille militaire..

Le soldat Auguste Lerévérend, du 36e, a été cité à l'ordre du jour et a reçu la croix de Saint-Georges.

 

Mai 1915  -  A propos des tramways.  -  De nombres voyageurs, fréquentant surtout la ligne de Venoix, nous prient de réclamer, près de la direction des tramways électriques, contre l'état lamentable de  certains car. L'une des voitures à roulé pendant plusieurs jours avec une roue carrée, faisant à travers les rues un vacarme insolite et infligeant aux voyageurs un tangage intolérable.

 

Mai 1915  -  A propos des tramways.  -  Nous nous étions l’autre jour, fait l’écho des réclamations du public à l’égard du mauvais état du matériel en général de certaine voiture en  particulier, qui roula pendant plusieurs jours, non avec une roue cassée,  mais avec un essieu faussé. Des explications que nous ont formulé des personnes compétentes. Il ressort que la direction des tramways se heurte pour les réparations de son matériel à des difficultés très sérieuses, les tourneurs sur métaux et ouvriers de la métallurgie en général étant employés dans les arsenaux et fabriques de munitions presque sans exception. Il lui est déjà très malaisé d’assurer un service aussi régulier que celui qu’elle a maintenu jusqu’à ce jour. 

Les voyageurs comprendront certainement ces raisons très justes. Les ouvrier qui pourraient réparer les essieux des cars travaillent à cette heure pour la défense nationale. C’est donc  bien parce que c’est la guerre…

 

Mai 1915  -  Les habillements militaires.  -  A côté de la confection des capotes, vareuses et pantalons, pièces principales du costume militaire, celle des accessoires moins importants procure du travail aussi à pas mal d'ouvrières. C'est ainsi que la confection des écussons portant le numéro matricule  du régiment et devant être cousus sur le col des capotes ou vareuses occupe quelques personnes. Ces écussons, comportant trois chiffres à coudre comme ceux du 236e, étaient payés cinq francs le cent aux ouvrières. Comme l'écusson est double (un de chaque côté du col, cela faisait donc six cents chiffres pour 5 fr. Ceux des régiments dont le matricule ne comporte que deux chiffres, comme le 36e, n'étaient payés que 4  fr. le cent. On concevait bien le motif de cette différence. Mais depuis quelques jours, sans qu'on sache trop pourquoi, les écussons de trois chiffres ne sont plus payés que 4 fr. aussi. Si  ce tarif uniforme est maintenu, toutes les ouvrières vont demander à faire des écussons pour le 5e de ligne.

 

Mai 1915  -  Police du roulage.  -  M. Hendlé, préfet du Calvados, vient de modifier l'arrêté préfectoral du 30 septembre 1853 sur la police du roulage aux termes duquel il était défendu de faire conduire un attelage par un enfant de moins de 10 ans. Considérant l'absence à peu près totale d'hommes valides et de jeunes gens, le Préfet a abaissé, par arrêté du 1er mai  courant, cette limite d'âge à 14 ans.

 

Mai 1915  -  La guerre aux mouches.  -  Il est incontestable qu'un grand danger nous menace, cet été, qu'il faut à tout prix détourner. Ce sont les maladies pestilentielles et, en particulier, celle qui peuvent être transmises par les mouches. Dans nos plaines du Nord gisent, hélas des milliers de cadavres en décomposition, plus ou moins recouverts de terre. Des  germes morbides vont se développer dans cet effroyable charnier sous l'influence, de la chaleur, et, de proche en proche, les mouches peuvent les propager. Le péril est très grand, il ne  faut pas se le dissimuler. Donc, guerre aux mouches meurtrières, guerre chez soi et au dehors. On connaît les moyens à employer : propreté méticuleuse des intérieurs, et, à l'extérieur, suppression de tous les liquides stagnants, purins, baquets d'eau croupie, mares, etc….., emploi du crézyl et du pétrole pour détruire les larves. 

 

Mai 1915  -  Victimes de la guerre.  -  A la suite de la violente offensive que nous avons prise dans le Nord, offensive couronnée de magnifiques succès, il y a eu une recrudescence marquée dans les arrivages de blessés. Tous nos hôpitaux en ont eu leur part. Il en est venu sur la côte et Honfleur aussi en a reçu pas mal. Ceux envoyés dans cette ville étaient,  comme au début de la guerre, atteints surtout dans le bas du corps, ce qui prouve bien qu'il y a eu enfin des combats hors des tranchées et en rase campagne. Tous ces blessés se trouvaient d'accord pour déclarer que les hostilités prennent maintenant une tournure nettement favorable à nos armes.

 

Mai 1915  -  Les Saints de Glace.  -  Connaissez vous Mamert, Pancrace et Servais ? Ce sont trois particuliers morts en odeur de sainteté et dont on commémore la fête les 12, 13 et 14 mai. On ne sait trop pourquoi ces vénérables personnages ont accoutumé de jeter un froid dans le calendrier et d'y signaler leur passage annuel par une recrudescence de gelées dangereuse pour les arbres à fruit. Servais, Pancrace et Mamert n'ont pas failli à leur mission, cette année non plus, et si nous en parlons après coup, c’est qu'ils ont trouvé des imitateurs dans leurs camarades des jours suivants. Il a blanc gelé un peu  partout, mais il ne semble pas jusqu'ici que les arbres aient beaucoup souffert et la floraison se poursuit dans  d'excellentes conditions.

 

Mai 1915  -  Morts glorieuses.  -  Sont morts pour la patrie : MM. Paul Hardy, de l'infanterie coloniale, frère de notre confrère, M. Pierre Hardy, rédacteur au Moniteur du Calvados ; Joseph Lemonnier, employé à la gare de Caen, sergent au 136e de ligne .

 

Mai 1915  -  Mauvaise rencontre.  -  Ces jours-ci, une collision s'est produite, rue Saint-Sauveur, à Caen, entre la voiture de M. Poulain, boucher à Croisilles, et un car électrique. Il n'y a eu que des dégâts matériels.

 

Juin 1915  -  Un arrêté de M. Le maire.  -  M. Le maire de Caen vient de prendre un arrêté sur les bains publics. Il faut avouer que le besoin s'en faisait sentir : le dernier date de 1826 et depuis on a pris l'habitude de se baigner un peu plus souvent... Donc l'article 2 décide que les hommes devront se baigner vêtus d'un caleçon ample et non transparent et les dames  d'un maillot descendant au moins jusqu'aux genoux. Et encore, poursuit d'arrêter, il sera interdit de se promener dans cette tenue sur les berges... 

D'autre part, l'accès des écoles de natation sera interdit aux femmes de mauvaise vie et aux individus en état d'ivresse. Mesure excellente... Qui eut dû être prise et appliquée depuis longtemps. Mais il n'est jamais trop tard pour bien faire.

 

Juin 1915  -  La « Boulangère ».  -  C'est ainsi que les employés des tramways électriques désignent la voiture qui est allée, un jour, s'encastrer exactement dans une boulangerie de la place Saint-Sauveur. Cette voiture ensorcelée a refait des siennes. Elle est entrée, avenue de la Gare, dans le restaurant Tirel. Il n'y a eu que des dégâts matériels, malgré que des clients étaient là qui déjeunaient. Gare le troisième exploit !  

 

Juin 1915  -  La situation agricole au 1er mai dans le Calvados.  -  Le mois d’avril a été favorable à l’exécution des travaux agricoles. On a achevé les semailles d’avoine et commencé celles d’orges et de betteraves. La végétation n’a pas été favorisée par la température dans la seconde quinzaine du mois. Néanmoins l’aspect général des cultures en terre reste satisfaisant.

 

Juin 1915  -  Une jeune caennaise.  -  Cette jeune caennaise appartient à une famille des plus honorables et qui longtemps occupa l’hôtel de M. le marquis de Touchet, rue St-Jean.

C’est Mlle Jeanne Guiot, fille de l’excellent docteur Guiot, l’oculiste bien connu, propriétaire de plusieurs villas à la Brèche-d’Hermanville.

Mlle Jeanne Guiot vient de faire une découverte d’ordre médical fort intéressant en solutionnant le problème ardu des fonctions du lipoïde du lobe postérieur de l’hypophyse.

Mlle Jeanne Guiot, qui a subi les examens de doctoresse ès-science, a obtenu de grands succès aux divers concours universitaires.

Nous lui adressons, ainsi qu’à sa famille dont nous avons conservé le meilleur souvenir, nos bien sincères félicitation.  

 

Août 1915  -  La piraterie allemande.  -  Les boches, qui avaient jeté leur dévolu aussi bien sur notre port que sur nos mines, viennent de détruire un des meilleurs navires qui y étaient attachés. Le vapeur « Danaé » de la Société Navale Caennaise, réquisitionné, pour le compte du gouvernement russe, pour le transport du charbon de Liverpool à Arkangel, a été coulé par un sous-marin allemand dans les parages des Hébrides. Le capitaine Geffroy, commandant le navire a télégraphié que l’équipage avait été sauvé.

 

Août 1915  -  Un de moins !  -  Le manufacturier allemand, Joseph Tyssen, frère d’Auguste Tyssen, l’accapareur des mines et du fer dans notre région vient de mourir, victime d’un accident de chemin de fer dans ses usines. Espérons qu’il ne se trouvera aucun des associés de cette trop encombrante famille pour envoyer là-bas des condoléances.

 

Août 1915  -  Morts glorieuses.  -  Sont morts pour la patrie : MM. André Tabon, de Caen, sergent au 403e ; Aimable Dudouit, de Saint-Germain-du-Pert.

 

Août 1915  -  Les braves.  -  Ont été cités à l’ordre du jour : MM. René Pigault, ex-secrétaire de la Bourse du Travail de Caen, sergent au 5e .

S’est volontairement présenté pour effectuer une patrouille à proximité des tranchées ennemies et a pu recueillir des renseignements utiles. A pris part avec un entrain remarquable à l’assaut de ces tranchées.

MM. René Fleury, de Caen, sergent au 104e (2e citation) ; Eugène Charpentier, soldat, Assiré, aide-major, Charles Deprun, René Capelle, Eugène Maréchal, caporal, Marcel Chéradame, Georges André, Max Man-Sang, Robert Poirson, caporal, Robert Desmouceaux, tous du 119e ; le capitaine Grandsart, frère de M. Grandsart, avocat à la Cour d'appel de Caen.

 

Août 1915  -  Les grands blessés.  -  Les Allemands nous ont renvoyé plusieurs grands blessés, entr'autres M. Cauvet, mécanicien, mobilisé au 31e Colonial. M. Cauvet, qui est grièvement atteint aux mains, a pu résister vaillamment à ses souffrances et aux misères de la vie des camps. Il a rapporté une liste des prisonniers de Caen et des environs retenus au camp de Friedrichsfeld, où il était interné.

 

Août 1915  -  Équipes agricoles.  -  Le Préfet du Calvados croit utile de rappeler aux maires qui ont dans leur commune des équipes de travailleurs militaires qu'ils n'ont nullement le  droit d'accorder à ces soldats des permissions pour se rendre soit chez eux, soit ailleurs. En le faisant ils engageraient gravement leur responsabilité. Les militaires, de leur coté, s'exposent à de très sévères punitions s'ils s'absentent de la commune, où ils ont été envoyés, sans une permission régulièrement délivrée par leurs chefs de corps. 

Il importe que de part et d'autre, la période de séjour des équipes soit considérée comme une période de travail intensif et non comme une période de repos à la campagne. Les soldats qui travaillent en ce moment à la récolte des  moissons remplissent, comme ceux qui se battent sur le front, un devoir national.

 

Septembre 1915  -  Incendie d'une cargaison de coton.  -  Le  vapeur La-Héve, venant du Havre a apporté une cargaison composée de balles de coton, les unes avariés par suite d'un incendie survenu au Havre, les autres intactes. Au cours du débarquement, hier vers 3 heures, le feu se déclara dans un amas de balles intactes, prenant rapidement une grande intensité. Des flammes énormes s'élevèrent bientôt et les flammèches enflammèrent bientôt le reste de la cargaison. 

Le capitaine et les matelots commencèrent à combattre le feu. La sirène siffla. Les pompiers furent prévenus et ils arrivèrent en hâte sous la conduite du lieutenant Thibault et du  sous-lieutenant Ménard. Les tuyaux furent branchés avec l'aide des soldats du 23e territorial. À 6 heures, les balles fumaient encore. Une foule nombreuse massée en face des bureaux  de la compagnie normande de navigation regardait le travail des pompiers et de l'équipe des territoriaux.  

-  Mort d’un brave.  -  M. Minot, Georges, sous-lieutenant au 205e d’infanterie ;  « Chargé avec sa compagnie de défendre une position qu’il avait conquise de haute lutte, a fait tête, de nuit, à une contre-attaque violente. Blessé 3 fois par des balles, a conservé son commandement jusqu’au moment où il est mortellement frappé ».

 

Octobre 1915  -  Graves incidents au marché.  -  Hier matin, vers 11 heures,  les marchands montraient des exigences intolérables et prétendaient imposer leurs prix. C’est un  marchand d’œufs qui mit le feu aux poudres. Une ménagère, au passage, se permit de marchander ses produits, lui faisant remarquer que « c’était cher ».  – «  J’vais pourtant pas les  diminuer, répondit le marchand, je  préfèrerais les donner aux Boches ! ». Le mot était malheureux ; il mécontenta gravement la ménagère et ses voisines, dont beaucoup avaient leur mari mobilisé. Les ménagères furieuses ont cassé les œufs en renversant les paniers, répandu les fruits à terre et jeté les mottes de beurre à la tête des marchands. La police fut  obligée d’intervenir. Plusieurs personnes furent conduites au commissariat. A 2 heures de l’après-midi, un grand nombre de femmes alla manifester devant le domicile de M. le Maire, rue Guillaume. Une délégation de quatre ménagères fut reçue par celui-ci en présence du commissaire. Des policiers surveillaient la foule. M. le Maire aurait promis des mesures  énergiques avant vendredi prochain. Calmées par ces déclarations, les manifestantes se retirèrent sans violences et calmes.  

 

Août 1915  -  Équipes agricoles.  -  Le Préfet du Calvados croit utile de rappeler aux maires qui ont dans leur commune des équipes de travailleurs militaires qu'ils n'ont nullement le  droit d'accorder à ces soldats des permissions pour se rendre soit chez eux, soit ailleurs. En le faisant ils engageraient gravement leur responsabilité. Les militaires, de leur coté, s'exposent à de très sévères punitions s'ils s 'absentent de la commune, où ils ont été envoyés, sans une permission régulièrement délivrée par leurs chefs de corps.

Il importe que de part et d'autre, la période de séjour des équipes soit considérée comme une période de travail intensif et non comme une période de repos à la campagne. Les soldats qui travaillent en ce moment à la récolte des moissons remplissent, comme ceux qui se battent sur le front, un devoir national.

 

Août 1915  -  Depuis 35 ans.  -  Un vapeur grec Ermioni, de 1.100 tonnes, venant de Newcastle, chargé de charbon, a fait escale dans le port de Caen. Le dernier passage d'un navire grec, un voilier, remontait a 1880.

 

Août 1915  -  Protégeons l’Orne !  -  Comme nous l'avons dit, la menace de laisser circuler, sur notre Orne paisible, un bateau-transport de 15 mètres de long, mû par un moteur de 30 chevaux, a soulevé les plus vives et les plus unanimes protestations. Évidemment, le conseil municipal n'a pas songé à quoi il s'engageait en autorisant la construction d'un  appontement, pour un tel dreadnought. C'est un bateau qu'il a voulu monter, sans doute, aux propriétaires riverains, aux écoles de natation, aux canotiers, aux baigneurs et aux pêcheurs. Comme on voit bien que, le jour du vote de cette autorisation, le dévoué président de la Société de pêche caennaise, M. Quatravaux, était absent : Il n'eût jamais laissé ses  collègues s'embarquer dans cette galère. Mais, on nous fait observer que l'autorisation n'a été donnée qu'à titre précaire et pourra être facilement retirée. Allons, tant mieux ! N'eût-il pas été plus simple, alors, de faire une enquête avant de l'accorder.

 

Août 1915  -  Une victoire du féminisme.  -  Depuis quelques jours, on a introduit des femmes dans le personnel de nos tramways électriques, sans doute pour qu'on ne puisse plus dire qu'il est « trop laid ». Ces dames tiennent avec dextérité et aménité la sacoche de receveuse. Elles avalent des sous et rendent des tickets. Si la pénurie d'hommes continue, nous en  verrons bien d'autres. Nous aurons bientôt, comme à New-York, des femmes sergents de ville et des femmes gendarmes. On voit bien déjà, sur les trottoirs, le soir, des allumeuses... gaz. Puis viendront les magistrates, les agréées, les avouées, les ingénieuses et, dans un genre moins relevé, les factrices ou les factoresses, les hoquetonnes, les afficheuses et les croque-mortes. Il ne restera plus aux poilus, retour de la guerre, qui trouveront leurs emplois occupés par le beau sexe, que la ressource de lui chiper les siens. C'est alors que, faute de  bonnes, on pourra engager des « bons », et, qu'en guise de sages-femmes, il faudra prendre des hommes sages. 

 

Septembre 1915  -  Ce que nous mangerons  l’an prochain.  -  C'est en ce moment que va se décider, en grande partie, le sort de la prochaine récolte. La question des semailles est une question vitale, et si, à la rigueur, le premier venu, ou le second, peut ramasser une gerbe et la battre, lorsqu'il s'agit de préparer la terre et de l'ensemencer, c'est une autre  affaire.  A ce sujet, M. Blaisot, député, a écrit au ministre de l'agriculture, qui lui a répondu. Il résulte de leur correspondance qu'on va essayer d'accorder des permissions de labours et  de semailles, de préférence à des cultivateurs. Espérons qu'on y parviendra. Il parait que, pour la moisson, on envoyait des notaires, des rémouleurs et des professeurs d'académie. Si ça recommençait pour les semailles, nous serions exposés, l'an prochain, à récolter des choux rouges au lieu de blé chicot et à faire de la galette de Sarrazin avec des navets d'hiver.  

 

Novembre 1915  -  La collision des Hauts-fourneaux.  -  Un grave accident s'est produit lundi soir sur la ligne reliant les usines des Hauts-Fourneaux au port de Caen. Un convoi d'obus était parti des usines. Douze minutes après, le train ramenant le personnel partait à son tour. Par suite de circonstances encore inexpliquées, ce train rejoignit le premier et le tamponna. Un choc violent se produisit, sous l'influence duquel le fourgon d'arrière se dressa, puis retomba sur le wagon de voyageurs qu'il précédait. Parmi les ouvriers se trouvant dans cette  voiture, vingt huit furent atteints. Sept ou huit seulement sont assez grièvement blessés, mais on croit qu’aucun n'est en danger de mort. Les secours furent promptement organisés par  les non blessés et le personnel resté à l'usine, qu'on avait immédiatement prévenu. Les plus gravement atteints furent aussitôt transportés à l'Hôpital des Hauts-Fourneaux, où on leur prodigua les meilleurs soins. Cet accident ne parait pas imputable au mécanicien du train tamponneur qui, de sa machine placée à l'arrière, ne pouvait apercevoir le convoi qui le précédait. L'état des blessés est satisfaisant.

 

Novembre 1915  -  La Cueillette des pommes.  -  Le ministre le l'instruction publique avait décidé, le mois dernier, que les enfants des écoles, dans nos vingt trois départements cidricoles, pourraient être mis, un jour par semaine, à la disposition des maires, pour participer à la cueillette des pommes. Afin de hâter cette récolte, particulièrement abondante cette  année, et afin d'éviter la perte d'une véritable richesse nationale, le ministre de l'instruction publique vient l'envoyer des Instructions aux inspecteurs d'académie pour que, partout où le besoin s'en fera sentir, nos écoliers consacrent tous leurs après-midi à ce travail.

 

Décembre 1915  -  La « Crétine ».  -  Comme les hivers précédents, celui-ci s'annonce pourri. Il ne peut parvenir à geler et la pluie tombe sans discontinuer. L'Orne est en crue, la prairie est un lac et l'eau commence a envahir les sous-sols. Allons-nous voir, en ville, remonter la « crétine »? Ce phénomène n'est pas très nouveau à Caen, car, au XVIe siècle, notre vieil historien local, le sieur de Bras, en parlait curieusement ainsi : « Et au précédent (avant le changement du lit de l'Orne), j'ai veu les eaux si grandes, que l'on appelle « Crétines », qu'on  ne pouvait passer par le carrefour St-Pierre et couloyent par dessus la chaussée de St-Jacques et regorgement en plusieurs endroits de la rue Exmesine (l'ancienne rue St-Jean) ». On a bien vu, l'autre année, que, pendant l'hiver, la crétine est toujours reine de Caen et qu'il n'y a pas grand'chose de changé chez nous depuis le XVIe siècle. 

 

Décembre 1915  -  Recensement des chevaux et voitures.  -  Les propriétaires de chevaux, juments, mulets et mules, voitures, automobiles et motocyclettes, doivent en faire la déclaration à la mairie (bureau militaire) avant le 1er  janvier prochain.

 

Décembre 1915  -  Que d’eau ! que d’eau !  -  C'est le cri du jour. Il pleut sans relâche. C'est à croire à un nouveau déluge. L'Orne déborde sans cesse, inondant les prairies, et, en ville,  on patauge avec entrain. Mais que sont nos petites misères près de l'immense misère de nos malheureux soldats enlisés dans la boue des tranchées ! Puisse le père Noël, pour leurs  étrennes, leur apporter une bonne petite gelée, pas méchante, avec quelques jolis rayons de soleil.

 

Décembre 1915  -  Les rosières de Caen.  -  Nanterre n'a qu'à bien se tenir, nous allons lui faire concurrence, Un philanthrope caennais, M. Bourdon, a légué sa fortune à la Ville, en  réservant l'usufruit à son épouse. Après la mort de celle-ci, cette fortune sera réalisée et servira à acheter deux titres de rente. Chaque année, ces rentes seront partagées entre deux  rosières, deux jeunes filles de la ville, pauvres mais honnêtes, qui quitteront leur pauvre maisonnette pour se marier et qu'on dotera ainsi, au jour de leur hymen. Et pour être assuré, sans doute, que ces intéressantes lauréates seront vraiment des rosières, le donateur a prescrit qu’elles devraient pendant toute l'année qui suivra leur couronnement, aller porter des roses sur la tombe de sa femme. A la bonne heure ! par ces temps de falsification à outrance, on ne saurait prendre trop de précautions.  

 

Décembre 1915  -  La Mirlourette.  -  Pas très brillante, cette année, notre vieille foire de Noël. Pourtant, comme petit bonhomme, elle vit encore et elle le prouve. Il faut aller y faire un tour, quand ce ne serait que pour se faire une idée de la boue des tranchées. Dans trois mois reviendra l'époque de notre grande foire caennaise. Pourrat-elle avoir lieu, cette fois ?...

 

Décembre 1915  -  Que d’eau ! que d’eau !  -  Après l'insalubrité, l'inondation est la seconde plaie de Caen. On a pourtant annoncé à la Chambre de Commerce que de nouvelles portes de îlot, posées à l'écluse de l'Orne, pourraient isoler le canal de la rivière et rendre plus rapide l'écoulement des eaux en cas de crue. On verra bien ! Il parait aussi qu'on fera des « chasses » dans les Odons. C'est pour y tuer des rats, probable !

CAEN  -  Rue Saint-Jean et Maison de Charlotte Corday

CAEN   -   Boulevard Bertrand

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