9 Avril 2022

EUN SYIELLE D'HISTOUÈRE D'CALVADOS   

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CAEN

Canton de Caen

Les habitants de la commune de Caen sont des Caennais, Caennaises.

Janvier 1916  -  Caen, port de boue.  -  Est-ce l'effet des commotions épouvantables qui, sur un espace de quatre cents kilomètres, ébranlent sans cesse l'atmosphère, mais toujours est-il que jamais il n'a autant plu que cet hiver. Les terres sont complètement saturées d'eau et, si cela continue, toutes les prairies et tous les terrains bas vont être complètement inondés. Jamais non plus on n'a vu notre ville aussi sale. Une mer de boue nous envahit. Il est vrai que là-bas, dans les tranchées, nos pauvres soldats en voient bien d'autres, mais est-ce que la saleté dont nous souffrons peut en quoi que ce soit diminuer celle, beaucoup plus grave, dont ils souffrent ? 

Non, n'est-ce pas. Alors, donnez donc un coup de râteau de temps en temps. Il ne manque pas de pauvres vieux qui seraient enchantés de gagner quelques sous en travaillant et on aurait vite fait, si on voulait, de recruter un imposant corps de balai.

 

Février 1916  -  Les sans-pétoches.  -  Ce sont les « bonhommes » de la 4e section, de la 17e Cie  de notre régiment caennais, le 236e. Les pauvres bougres n'y voient goutte dans leurs cagnats ou dans leurs gourbis. Ils touchent deux bougies tous les deux ou trois jours et quelquefois moins. Avec ça, il n'y a guère mèche de chercher les cheveux sur la soupe ou les arêtes dans le « singe ». Ils demandent si on ne pourrait pas leur envoyer une vieille lampe à acétylène encore en état de servir. Si elle était neuve, ils la prendraient tout de même. Il faudrait l'adresser au sergent Noël, 236e d'inf. 17e Cie. Secteur 41.

 

Février 1916  -  Aux hauts-fourneaux.  -  Nous avons dit, dans notre dernier numéro, que l'Etat ayant refusé son concours, on craignait de ne pas voir aboutir les conventions projetées entre la Société des Hauts Fourneaux et Aciéries de Caen et le Creusot. Nous sommes heureux d’annoncer que ces conventions sont aujourd'hui définitives. Voilà donc enfin une de nos grandes industries redevenue complètement et exclusivement française. Quand en sera t-il de même partout ?

 

Février 1916  -  Sous la tempête.  -  La violente bourrasque qui s'est abattue sur Caen et la région a causé de graves perturbations dans le réseau de fils assurant l'éclairage électrique de notre ville. De nombreux courts-circuits se sont produits un peu partout et, en quelques endroits, ont provoqué des commencements d'incendie. Rue Ecuyère, le feu a pris dans cinq immeubles, rue de Bayeux, 52, chez M. Marie, rue Caponière, dans le magasin de MM. Robine et Levavasseur, épiciers, et, enfin, chez M. Rebuffé, rue Saint-Martin. Ces commencements d'incendie ont été promptement éteints et les dégâts sont, heureusement, peu importants. D'autre part, le vent a arraché de nombreuses feuilles de zinc de la toiture du Marché Couvert.

 

Février 1916  -  Le temps qu’il fait.  -  Après une période quasi printanière, où les arbres trop pressés avaient fleuri, nous sommes retombés plus avant dans l'hiver. Il a gelé, assez légèrement du reste, et la neige est tombée avec abondance. Mais elle fondait à mesure et, pendant plusieurs jours, on a pataugé dans un immense sorbet. Aussi que de rhumes et de bronchites ! Dimanche, au Foyer du Soldat, où la salle était bondée de vieux et jeunes poilus, le bruit permanent des toux couvrait par instants la musique. Il était évident que les trois quarts et demi des soldats présents avaient les pieds mouillés. S'inquiète-t-on suffisamment de la qualité des chaussures, dans l'armée ? En 1870, elles avaient des semelles de carton, tâchons qu'en 1916 elles soient un peu plus consistantes et moins spongieuses.

 

Février 1916  -  Le temps.  -  La neige est tombée sans relâche pendant plusieurs jours et plusieurs nuits, interceptant les communications de tout genre, rendant impraticables les routes et les chaussées. Ça et là, des dégâts se sont produits, des fils ont été brisés, des poteaux et jusqu'à des faîtages arrachés. A Caen, dimanche, c'était un cloaque inexprimable. Mais, ces jours-ci, un dégel s'est produit et la neige a disparu. C'est heureux, car il est probable qu'en ce moment, notre service de voirie, déjà bien insuffisant d'ordinaire, doit briller par sa plus complète absence.

 

Mars 1916  -  Pour nos auxiliaires.  -  Dans les différents dépôts de prisonniers allemands de notre région, il y a deux sortes de captifs : 1° les Boches ; 2° les Français qui les gardent. Et les plus tenus des deux ne sont pas ceux qu'on pense. On nous demande, à ce propos, s'il ne serait pas possible d'améliorer le sort des pauvres diables d'auxiliaires chargés de veiller sur les soldats allemands, ils doivent rester là, immobiles ou presque, sous le vent, la pluie ou la neige, pendant de longues heures, pour les garder. La moindre guérite ferait bien leur affaire. Il paraît aussi que certains directeurs d’exploitation, auxquels on a fourni des travailleurs boches, ne s'inquiètent guère d'installer convenablement leurs gardiens. Nos soldats couchent parfois dans des greniers mal fermés. Dans cette saison, c'est un peu dur, et ils ne seraient peut-être pas beaucoup plus mal, à ce point de vue du moins, s'ils étaient eux-mêmes prisonniers en Allemagne.

 

Mars 1916  -  Affaire faite.  -  L'assemblée générale des Hauts Fourneaux a approuvé les conventions passées avec la société Schneider et Cie. La nouvelle entreprise s'appelle « Société Normande de Métallurgie ». Les Thyssen n'ont pas donné leur avis sur ces choses. Espérons qu'on ne le leur avait pas demandé.

 

Mars 1916  -  Maison nette.  -  La nouvelle Société des Hauts-Fourneaux a remercié tout l'ancien personnel, depuis le directeur jusqu'au dernier des employés et la maison va demeurer fermée pendant un mois. Espérons que ces MM. Thyssen ont, eux aussi, reçu leur congé définitif. 

 

Mars 1916  -  École de dentelle de Caen.  -  Malgré les difficultés résultant des circonstances actuelles, l'École n'a pas interrompu ses leçons. Elle est ouverte tous les jours, de 2 heures à 6 heures de l'après-midi, 18 place de la République. On y enseigne notamment la dentelle de Cluny, la dentelle Renaissance, la dentelle de Bayeux ou Chantilly, la dentelle de Bruges, L'enseignement est gratuit.

 

Mars 1916  -  La piraterie allemande.  -  Après le « Danaé », de la Société Navale Caennaise, torpillé en juillet dernier par un sous marin allemand, dans les parages des Hèbrides, voici qu'un autre navire de cette Société, « l’Hébé», qui se rendait de Caen à Newcastle, a heurté une mine au large de Yarmouth, et a coulé. L'équipage, composé de dix huit hommes, a été sauvé. L' « Hébé », commandé par le Capitaine Lemasson, avait été lancé en 1909 et jaugeait 2 200 tonnes.

 

Mars 1916  -  Le temps qu’il fait.  -  Depuis trois jours, on est entré dans le printemps et on attend toujours que l'hiver commence. De l'eau ! toujours de l'eau ! (Que d'eau ! Que d'eau !) Un peu de neige, mais plus de gelées, nous n'avons plus que des hivers pourris. Il doit y avoir quelque chose de détraqué autour de nous. Enfin, malgré les jours mauvais, les arbres bourgeonnent, les oiseaux fredonnent, et notre confrère, M. Lebbyteux, fleuronne, car il a un marronnier déjà épanoui dans sa cour. Celui légendaire des Tuileries va en dessécher de jalousie. 

 

Avril 1916  -  Incidents au marché.  -  Nous nous étions empressés de nous réjouir de la baisse des œufs, elle a été de courte durée et nous avons trop tôt crié victoire. Après avoir valu 1 fr. 10 et 1 fr. 20, ils sont remontés vendredi dernier à 1 fr. 25 et 1 fr. 30. Une marchande s’avisa même de demander 1 fr. 50 pour une douzaine : en un clin d’œil, des ménagères s’emparèrent de ses œufs et les brisèrent sur le sol. Tout a une limite, et les marchands feront bien de modérer leurs exigences s’ils ne veulent pas s’exposer à des leçons de ce genre.

 

Avril 1916  -  Attention aux Zeppelins.  -  Jeudi dernier, les Caennais ont vu, avec quelque surprise, placarder sur les murs de notre ville de grandes affiches blanches,  indiquant les  mesures de précaution à prendre au cas où des Zeppelins ou autres aéronefs ennemis viendraient survoler Caen. Si cette éventualité survenait, - mais rien ne la fait plus prévoir aujourd'hui qu'auparavant,  - les Caennais en seraient immédiatement avertis par le tocsin qui serait sonné à l'église Saint-Pierre et le " Garde à vous " dans les casernes. Il leur est recommandé de descendre alors dans leur cave ou, s'ils n'en ont pas, de se retirer dans une pièce aux murs très épais ; ils devront également fermer tous les robinets à gaz. Le courant électrique sera arrêté, aussi tous les Caennais feront-ils bien de se prémunir de bougies ou de pétrole.  Enfin, lorsque l'alarme aura cessé, les habitants en seront avertis par la joyeuse sonnerie de la " Berloque ". Nous espérons que ces sages mesures de prudence n'auront pas lieu d'être appliquées et que les Boches ne viendront pas visiter notre belle ville.

 

Avril 1916  -  Prisonniers de guerre pour les travaux agricoles.  -  Le Ministre de l'Agriculture vient d'accorder au département du Calvados un contingent de 140 prisonniers choisis parmi les hommes exercés aux travaux agricoles. Ces prisonniers pourront être attribués par équipes de 20, non compris la garde. Ils doivent être logés ensemble, mais peuvent être divisés pour le travail en groupe de 5, au minimum. Les Comités agricoles, les Syndicats et les particuliers qui désirent utiliser leur travail, sont priés de faire parvenir une demande à la Préfecture le plus tôt possible, en donnant les détails nécessaires sur l'étendue et la nature du travail à effectuer et sur l'époque où devra commencer le travail.

 

Avril 1916  -  Le temps qu’il fait.  -  Le vent était encore maigre pendant les fêtes de Pâques, et la végétation était sensiblement en retard. Mais, depuis quatre jours, les hirondelles et les martinets sont arrivés, apportant le printemps dans le vent de leurs ailes et, tout d'un coup, feuilles et fleurs ont jailli de partout. La température s'est élevée rapidement et le courant des rivières, grossies par les dernières pluies, s'est amorti. Cette fois, c'est le vrai printemps ! Puisse-t-il nous apporter un peu d'espérance et nous faire entrevoir la fin de nos misères !

 

Avril 1916  -  Sur le trottoir.  -  Un récent arrêté municipal, qui entrera en vigueur vendredi prochain, établit une nouvelle répartition des emplacements destinés aux marchands. Le marché aux oeufs, notamment, se tiendra dorénavant sur les trottoirs, de chaque côté de la rue Pémagnie. Si seulement ce chambardement pouvait faire augmenter le  nombre des marchands et diminuer le prix des oeufs.

 

Avril 1916  -  Un acte de courage .  -  Lundi dernier, sur la rivière Noé, dans la Prairie, un jeune enfant, voulant suivre son papa qui faisait passer son autre bébé sur une poutre au-dessus de la rivière s’engagea sur l’étroite passerelle et perdant son équilibre, il tomba dans l’eau. Il était en grand danger de se  noyer quand il fut aperçu par le jeune Paul Le Somptier, élève du lycée Malherbe et fils du sympathique conseiller municipal de Caen. Celui-ci courageusement, entra dans l’eau et parvint, non sans peine ; à ramener le petit sain et sauf. Aux remerciements émus du papa, très inquiet, nous joignons nos très amicaux compliments pour cet acte de courage.  

 

Mai 1916  -  Un violent orage s'abat sur Caen et les environs.  -   Vendredi, vers 7 heures, un violent orage a éclaté sur Caen et les environs. Dans la ville, les rues, surtout celles en contrebas, sont rapidement devenues de véritables torrents, et certaines places, la place Saint-Sauveur entre autres offraient l'aspect d'un lac. 

Par suite de l'accumulation du sable et des graviers entraînés dans les rails et les aiguilles, la circulation des tramways électriques fut gênée dans la soirée et on nous assure que rue de Vaucelles une  automobile fut arrêté par la grêle. La foudre serait tombée dans le quartier de la rue basse et du côté du jardin des plantes. Dans les campagnes, la grêle très violente a causé de vrais ravages aux arbres fruitiers et les pommiers en fleurs ont été durement éprouvés.

 

Juin 1916  -  Le temps qu’il fait.  -  Il a plu le jour de Saint-Médard, grand pleurard, mais, Il n'est rien tombé le jour de Saint-Barnabé, pour la bonne raison que ce saint a été, cette année, rayé de la plupart des calendriers, on ne sait trop pourquoi. Les savants expliquent que les périodes de mauvais temps actuelles sont dues aux immenses champs et montagnes de glaces détachés, brusquement du pôle par les chaleurs anormales d'il y a quelques semaines. Le Gulf-Stream a entraîné ces glaces jusque dans les mers tempérées. L'activité calorique du soleil, particulièrement intense cette année, a causé ces ruptures, et les glaces, au lieu de fondre la-haut, ont fondu sur nous. Cela revient à dire que, s'il fait si froid, c'est parce que le soleil chauffe trop. Qu'il se calme donc un peu pour qu'où sue !

 

Août 1916  -  Dans le port.  -  Deux puissants navires, un anglais et un norvégien, sont entrés, ces jours-ci, dans le port de Caen, le « Kilean » de Cardiff et le « Rask de Hauguesund », (Norwége », le dernier est un quatre mâts qui peut aussi être mû par la vapeur. Ils apportent des marchandises et notamment du coke pour la Société métallurgique.

 

Août 1916  -  On dit….  -  Que, voulant se mettre d'accord avec la température tropicale de la canicule, les conductrices de tramway de Caen, n'hésitent pas à brûler les stations sous le nez des voyageurs qui en fument.

 

Août 1916  -  Le temps qu’il fait.  -  Inutile de parler de la chaleur, tout le monde la sent. Nous sommes dans la canicule, cela ne veut pas dire qu'il doit faire un temps de chien, mais tout bonnement que le soleil traverse en ce moment la constellation du Grand Chien dont Sirius (Invisible en ce moment, bien entendu) est l'étoile la plus brillante du ciel. Si la récolte des foins se fait admirablement, les herbages et prairies commencent à souffrir de la sécheresse, car il n'a pas plu depuis près d'un mois. 

 

Août 1916  -  La croix pour tous.  -  Jusqu'ici les officiers seuls pouvaient obtenir la Légion d'honneur. Le général Joffre vient de décider qu'elle pourrait aussi être décernée aux sous-officiers et même aux simples soldats de préférence « non grièvement blessés et susceptibles de porter leurs décorations dans le rang ». Attendons-nous donc à une promotion prochaine de soldats et de sous-officiers et espérons qu'on pensera, en donnant à cette mesure un effet rétroactif, à récompenser le courage de ceux qui se conduisirent héroïquement dès les premiers jours de la guerre.

 

Septembre 1916  -  On demande…...  -  si l'abreuvoir de la Prairie a cessé d'être un abreuvoir pour de venir un lavoir. On y tolère des blanchisseuses qui ne sont pas dégoûtées, car l'eau qui y stagne pourrait plutôt salir le linge que de le blanchir. Les chevaux délicats n'y veulent plus boire, les autres, ont les intestins savonnés et les cochers réclament. Et dire, qu'avant l'établissement du fameux nouveau barrage, qui enrichit nos armateurs, une nappe de transparent cristal coulait dans l'abreuvoir et dans la Noë ! Pauvres chevaux et pauvres lavandières !

 

Septembre 1916  -  Les écoliers aux champs.  -  Le gouvernement fait appel au concours des écoliers pendant les vacances, pour les travaux de la moisson. Le transport vers les exploitations agricoles de la jeunesse scolaire des agglomérations urbaines sera fait, gratuitement, par réquisition, aux frais de l'Etat. D'autre part, toutes les mesures seront prises pour protéger moralement et matériellement les Jeunes gens des écoles qui auront à cœur de consacrer leurs vacances aux travaux des champs. Les élèves disposés à répondre a cet appel devront se faire inscrire soit à la mairie de leur commune, soit à la Préfecture, office départemental de placement, qui fournira tous les renseignements utiles.  

 

Septembre 1916  -  Levée de rasoirs.  -  Avant la guerre, il avait été convenu, entre les coiffeurs caennais, qu'on fermerait le dimanche à midi. Certains même de nos sympathiques raseurs n'ouvrent pas ce jour-la. Mais des coiffeurs mobilisés se plaignent de ce que plusieurs de leurs confrères fonctionnent quand même, l'après-midi du dimanche, et risquent ainsi d'accaparer la clientèle de ceux qui tiennent leurs engagements. Que devient alors l'Union sacrée dans le monde des figaros ?

 

Septembre 1916  -  Stade Malherbe Caennais.  -  Le S. M. C. fait savoir qu'étant en possession du terrain route de Ouistreham, il est à même de recevoir de nouveaux adhérents. Les inscriptions sont reçues chez M. H. Lepage, tailleur, 136 rue Saint-Jean.

 

Septembre 1916  -  L’heure retrouvée.  -  Dans la nuit de samedi à dimanche, on nous rendra l'heure qu'on nous avait prise il y a trois mois et demi. A une heure du matin, les horloges publiques seront toutes remises sur minuit. Inutile de dire que, jusqu'ici, il n'a pas été question de suspendre le cours des astres pendant soixante minutes. Jupiter, qui brille superbement à l'est, en ce moment, montera donc dans le ciel, cette nuit-là, comme de coutume.

 

Septembre 1916  -  Le temps qu’il fait.  -  Depuis samedi, 23 septembre, nous sommes en automne Cette saison a débuté par plusieurs journées superbes, malheureusement précédées de gelées blanches qui ont fait tomber pas mal de feuilles. Souhaitons que la pluie traditionnelle de la Saint-Michel nous soit épargnée, celte année.

 

Octobre 1916  -  On dit……..  que dans un de nos ports de la côte, un vapeur a pu entrer sans pilote et sans être arraisonné ? C'était un allié, mais si cela avait été un Boche... 

On dit……..  que des soldats blessés, boiteux, en traitement dans les hôpitaux de la ville, sont obligés de rester debout dans des tramways bondés de civils 

On dit..... qu'à l'hôpital 102 il n'y a pas de cabinets extérieurs, et que les visiteurs ou bien les blessés, quand ils sont pressés, doivent faire leurs confidences à la muraille.

On dit..... qu'on s'assomme, le soir, sur les camions abandonnés et les boites ordures de la rue de l'Oratoire, où un seul réverbère est allumé et qu'on ne peut plus y trouver bonne aventure, mais plutôt des mauvaises.  

 

Octobre 1916  -  Les braves.  - La médaille militaire a été conférée à MM. Émile Morel, de Sept Frères ; Maurice Rose, de Mesnil-Germain ; Octave Angot, de Balleroy, mort au champ d'honneur ; Gustave Narcisse, de Caen, soldat au 74e ; Alphonse Cathrin, de Caen, soldat au 23e territorial ; Furon, de Tour-en-Bessin, caporal au 236e d'Infanterie.

 

Novembre 1916  -  Formalités !   -  Comment se fait-il donc que les familles des braves, morts pour la patrie, aient tant de peine à recouvrer les sommes trouvées dans les vêlements de leurs chers défunts ? Un de nos concitoyens, qui a perdu son fils au front, a toutes les peines du monde à se faire rendre les 329 francs que le pauvre garçon portait sur lui, restes d'une somme que son père lui avait remise en partant ? On a pourtant renvoyé ses autres effets. 

Pourquoi aussi exige-t-on des familles de blessés frappés au champ de bataille, mais morts seulement plus tard, à l'hôpital, des droits de succession, alors qu'avec raison on en dispense celles des tués pendant l'action ? Il y a là des mystères bureaucratiques à éclaircir.  

 

Novembre 1916  -  Les pirates dans la Manche.  -  Des sous-marins allemands ayant été signalés dans la Manche, le service entre Caen et le Havre est interrompu : Il en résulte un fort déficit dans nos approvisionnements. Espérons qu'on va trouver le moyen d'expurger la baie de ces hôtes dangereux et de rétablir un trafic si utile à notre commerce caennais.

 

Novembre 1916  -  A la diète.   -  Il y a deux ans que l'Allemagne se serre le ventre et nous allons commencer seulement à l'imiter. C'est toujours autant de gagné. Malgré que les gens Informés assurent qu'on pourrait, en s'y prenant bien, ou plutôt mieux, ne point manquer de viande, il est question de nous on priver le jeudi et le vendredi. Deux jours de suite, c'est peut-être rigoureux pour commencer ! On va aussi interdire la vente des petits pains et gâteaux frais. Cela équivaudra à fermer les pâtisseries. 

 

Décembre 1916  -  Les braves.   -  Ont été nommés dans la Légion d'honneur : Chevaliers : MM. Fernand Marson, de Condé sur Noireau, sous-lieutenant au 2e colonial ; de Saint Quentin, lieutenant au 117e, fils du sénateur ; René Michel, avocat à Caen, lieutenant aviateur ; Billet médecin aide-major au 36e.

 

Janvier 1917  -  Femme broyée par un tramway.  -  Mardi à dix heures, Mme veuve Lemaitre demeurant rue Laplace, passait rue Saint-Jean, portant un panier et un parapluie. N'entendant pas venir le tramway, elle voulu traverser, mais elle le fit trop tard, le car électrique Saint-Martin-Gare de l'État arrivait en effet à ce moment à vive allure. Il renversa la malheureuse qui tomba et fut broyée par le chasse-pierre et les roues. Elle eut la poitrine littéralement écrasée et les cotes enfoncées et brisée. 

Retirée pantelante d'une mare de sang, la victime était morte sur le coup. Mme Lemaitre était âgée de 77 ans, et habitait avec son fils, mécanicien aux chemins de fer.

 

Janvier 1917  -  Hareng frais ! et de la cote !   -  Mainte fois, l'Ouest- Éclair, se faisant l"écho des plaintes des acheteurs, a signalé l'insuffisance du contrôle sanitaire à la Poissonnerie. Nous enregistrons avec plaisir que, pris d'un zèle inaccoutumé ce service a saisi, les 31 et 1er janvier, 206 caisses de harengs déclarés impropres à la consommation,  c'est-à-dire complètement pourris. Les poissons avariés ont été dénaturés et jetés au tombereau. Cependant, il semble que le contrôle aurait pu être encore plus sévère car certaines baladeuses (hareng frais, 15 sous la douzaine !) répandaient dans les rues une odeur qui n'était rien moins qu'alléchante.

 

Janvier 1917  -  Dictature.  -  Il y a des gens qui demandent des dictateurs. Ils n'ont qu'à venir à Caen. Il y trouveront des voies publiques interdites, une ville entière plongée dans les ténèbres et les habitants bouclés chez eux par ordre, tout cela sans qu'on sache ni pourquoi ni comment. Si ce n'est pas là de la dictature, qu'est-ce que ça peut bien être ?

 

Janvier 1917  -  Un noble exemple.  -  Le lieutenant colonel Kahn, bien connu à Caen, avait été, on le sait, blessé grièvement, au début de la guerre à la tête d'un bataillon de notre 36e.  Un de ses fils a été tué et l'autre, jeune officier de grande valeur, blessé deux fois, est décoré. M. Kahn, après une longue convalescence, avait été nommé commandant d'armes de la place de Lisieux. Il vient, sur sa demande, d'être renvoyé au front. Méditez donc cela, Messieurs les embusqués .

 

Janvier 1917  -  Le gel et la glace.  -  Le froid continue à sévir avec rigueur inaccoutumée. Les rues sont littéralement couvertes de glace et par endroits la circulation est devenue très difficile, sinon impossible. Un arrêté du Maire a bien ordonné aux habitants de déblayer les trottoirs et les ruisseaux, mais, ceux-ci par le froid qu'il faisait, n'avaient pas hâte, de se soumettre aux injonctions municipales. Il fallut un rappel à l'ordre de la police pour y parvenir.

Par contre, les équipes de la voirie se sont empressées de déblayer les rues désertes, telle la rue de Caumont, mais n'ont pas daigné donner un coup de pioche pour dégager la voie du tramway dont la circulation était sérieusement entravée par endroits, notamment place Malherbe et rue Caponnière,  en face le Bon-Sauveur ( la glace atteignait à cet endroit plus de 15 cm et Contre le chasse-corps ). Inutile de dire que l'état glissant des rues a causé mainte et mainte chute : que plus d'un cheval et plus d'un passant a pris un contact un peu brutal avec le sol : on ne signale heureusement aucun accident. Dans la prairie derrière l'école de natation Bertaux, une belle nappe d'eau a été transformée en une brillante piste de glace. Nombre de Caennais sont venus s'y donner rendez-vous et se livrer aux joies sportives du patinage, que nul n'avait pu pratiquer dans notre ville depuis plusieurs années déjà. Par places, l'Orne était gelée d'un bord à l'autre et les bassins du port étaient uniformément recouverts d'une épaisse couche de glace qui rendait difficile la navigation.

Des mouettes et des oiseaux aquatiques sont apparus en grand nombre et le passage des sarcelles et de canards sauvages est signalé dans tout le département. 

 

Février 1917  -  Après le gel, la neige.  -  Après la huitaine de froid intense que nous avons traversée, la neige est venue, comme il était prévu, dans la nuit de mardi à mercredi. Le Thermomètre est remonté sensiblement, et il est probable que les beaux jours du patinage sont passés...

 

Février 1917  -  le froid.  -  Malgré la chute de neige abondante mais heureusement éphémère, " La patinoire "  de la prairie a pu être sauvée, grâce à l'heureuse intervention d'une équipe d'actifs déblayeurs... Le patinage a repris de plus belles et nombreux sont nos concitoyens, surtout parmi les jeunes, qui se livrent aux joies saines et vivifiantes de ce joli sport.  Mais le balayage et l'entretien de la piste de glace est un rude travail et les déblayeurs se recommandent à la générosité des patineurs et patineuses... car ils n'ont pas, eux, de  Traitement fixe...

 

Février 1917  -  La circulation impossible.  -  Depuis quinze jours que nos rues sont couvertes de glace et de neige, notre administration municipale n'a rien fait pour les approprier ou les faire déblayer. Les Tramways n'ont pas pu circuler en partie pendant deux jours et, vendredi dernier,  des bouches d'eau ayant éclaté en certains endroits (notamment rue Guillaume), la Circulation était absolument impossible. Le regel de chaque nuit transforme la neige à demi-fondue en verglas... 

 On glisse, on tombe, on risque de se casser une jambe à chaque pas. Cependant, nos municipaux, qui sans doute, ne sortent pas ou ne s'aventurent qu'en fiacre ou en auto, se bornent à attendre le dégel qui transformera nos glaciers en cloaques et en marécages... Secouons Notre inertie !..,  

 

Février 1917  -  Des soldats Malgaches à Caen. -  Depuis quelques jours des Caennais ont pu voir dans les rues de leur ville, de nombreux soldats couleur d’ébène. C’est qu’en effet deux Compagnies de Tirailleurs Malgaches y sont venues travailler pour la défense nationale. Ces militaires, qui portent l’uniforme français bleu horizon, sont casernés au quartier d'artillerie.

 

Février 1917  -  Méfait de pirates.  -  Le vapeur « Gabrielle », de Caen, M. Bouet, armateur, a été coulé, ces jours derniers, sans avertissement. Les marins, qui étaient restés quatorze heures dans une embarcation, ont été recueillis par le steamer anglais « Solway-Prince ». 

 

Février 1917  -  Méfiez-vous des obus.  -  M. Gravent, 55 ans, contremaître de la serrurerie Roblin, demeurant rue Froide, était, dans l'atelier de son patron, en train de polir un obus qu'on lui avait donné, lorsque l'engin éclata. L'ouvrier fut grièvement atteint à la figure. Ou craint qu'il ne perde la vue. On le soigne à l'hôpital.

 

Février 1917  -  Les obstructionnistes.  -  Un sage arrêté du maire enjoint aux habitants de déblayer la neige devant leurs portes et de dégager les ruisseaux. Beaucoup n'en font rien. Rue Caponière, la circulation du tramway était interrompue, ces jours-ci, par suite de l'amoncellement des neiges, notamment devant le Bon-Sauveur. Est-ce qu'on n'aurait pas pu recruter, dans cet établissement, une équipe de demi fous pour nettoyer un peu la chaussée ? Ce petit travail n'eût pas manqué de leur être salutaire en leur rafraîchissant un peu les  idées.

 

Février 1917  -  Le temps qu’il fait.  -  Ces jours derniers, le froid a été un peu moins rude. Le thermomètre a remonté et le baromètre a descendu. Puis ils sont repartis en sens inverse. C'est tout de même le dégel, espérons-le. Mais un dégel sans pluie n'est jamais bien sincère. Il est donc dit que les hivers de guerre sont forcément des hivers froids. On n'a pas oublié celui si terrible de 1870 –71 ! L'hiver de 1917 aurait pu lui faire concurrence s'il avait commencé quelques semaines plus tôt. A présent, nous marchons vers le Printemps, les jours ont déjà rallongé pas mal et dans  l’après-midi le soleil commence à chauffer. Mais, c'est égal, cette année le proverbe pourrait bien mentir qui assure que « Jamais février n'a passé sans voir groseillier feuillé ». 

 

Février 1917  -  Allô ! allô !.  -  Si vous désirez téléphoner avec les départements limitrophes, l'administration des postes vous fait signer un papier dans lequel vous vous engagez à ne fournir aucun renseignement concernant la défense nationale. Dans le cas où vous violeriez cette clause, on vous couperait... devinez quoi ? Pas la tête, ce que vous mériteriez pourtant, mais simplement la communication. A la bonne heure ! voila, un régime vraiment paternel !

 

Février 1917  -  Les jours gras.  -  Nous voici déjà au Mardi gras qui tombe la semaine prochaine. On ne le croirait guère ! Un arrêté municipal nous apprend que les réjouissances habituelles a ce jour et à la Mi-Carême sont supprimées à Caen. Cela va de soi. 

 

Février 1917  -  L’heure d’été.  -  On nous la promet pour le commencement du printemps : il faudrait alors lui trouver un autre nom. Nous nous y rallierons comme tout le monde, par patriotisme. Mais il reste bien entendu que ce changement présente, avec de nombreux avantages, de sérieux inconvénients, ne serait-ce que celui de nous faire rompre avec des habitudes ancestrales auxquelles se cramponnent toujours les irréductibles traditionalistes que nous sommes, nous autres Normands. Et puis, l'heure dite d'été convient surtout à la vie factice des citadins, elle est en contradiction avec celle des ruraux. Tous les édits du monde ne pourront jamais changer quoi que ce soit aux grandes lois naturelles auxquelles les travailleurs des champs sont contraints d'obéir.

 

Février 1917  -  Victime de pirates.  -  Le vapeur français « Paramé », arrivé dans le port de Caen, avait à bord douze hommes de l’équipage du navire russe « Tammerfors », coulé en  mer.

 

Mars 1917  -  Les étudiants aux champs.  -  Pour faciliter la participation des élèves des lycées, collèges, écoles normales et écoles primaires supérieures aux travaux agricoles en temps opportun, les congés de Pâques commenceront le lundi 26 mars et se termineront le jeudi soir 12 avril. Les classes reprendront le vendredi matin 13 avril.   

 

Mars 1917  -  La prairie en flammes.  -  Dimanche également dans la matinée vers 10 heures, de grandes flammes furent aperçues dans la prairie, derrière le cinéma Omnia. M. le lieutenant des sapeurs-pompiers Thibault, accouru sur les lieux, constata que le feu s'était déclaré dans les ajoncs de la prairie de Venoix ; mais qu'en raison de l'état du sol, les pompes ne pouvaient être d'aucun secours.

Cet incendie ne présentait d'ailleurs aucun danger, nulle habitation ne se trouvant à proximité. Les flammes gagnant de proche en proche, une grande étendue de terrain fut bientôt embrasée. L'incendie se continua ainsi pendant toute la journée et même une partie de la nuit, sans causer toutefois de dégâts sérieux. 

 

Mars 1917  -  1500 rapatriés vont arriver dans le Calvados. -  Nos armées victorieuses viennent de reconquérir de vastes étendues de la terre de France. Mais, on sait qu'elle dévastation, quel désert, les Allemands, ces Huns modernes, ont laissé derrière eux. La vie il y est encore impossible. Aussi les populations des territoires envahis,  aujourd'hui libérées, sont-elles, par les soins de l'autorité militaire, évacuées vers l'arrière puis dirigées sur diverses régions de la France, susceptibles de les recevoir et de les nourrir. C'est ainsi qu'à partir de demain et l'après-demain, un contingent de 1500 évacués de la Somme et de l'Oise, anciens habitants des zones récemment de reconquises, va arriver dans le Calvados.

On a pas oublié l'admirable élan de générosité qui souleva tout le Calvados au moment de la grande et douloureuse retraite, aux sombres jours de l'exode des malheureux Belges et de nos populations du Nord si éprouvées. C'est au nom de la solidarité patriotique, de l'humanité,  qu'il est fait à nouveau appel à la générosité des habitants du Calvados, pour nos compatriotes qui ont subi pendant de longs mois le joug allemand, c'est à dire la plus barbare et la plus intolérable des oppressions, pour nos compatriotes de la Somme et de l'Oise qui ont tout perdu : fortune, foyer, vergers, cultures....

Il faut des leur arrivée, un logement, un mobilier convenable leur soient assurés. Il est fait appel au patriotisme de tous, des maires et des habitants, qui ne voudront pas laisser sans abri et sans ressources nos frères si longtemps privés et opprimés. Cet appel doit être entendu de tous, riches et modestes, qui auront à coeur de recevoir quelqu'un des hôtes que nous  attendons.

On peut se faire inscrire à la préfecture, en indiquant si l'on peut offrir un asile momentané ou permanent et le nombre de personnes que l'on veut bien hospitaliser. L'état paiera les frais de subsistance des rapatriés. C'est le devoir des populations du Calvados, de ce riche département qui n'a pas été atteint, par la guerre dans son sol fertile, de répondre en foule à l'appel pressant qui leur est adressé.

 

Mars 1917  -  Mesure rapportée.  -  On avait fermé les théâtres et les cinémas sans trop savoir pourquoi. On va les rouvrir pour la même raison. Il faut bien que l'administration administre. Toutefois elle interdit de chauffer les salles. Voilà une recommandation bien superflue en ce qui concerne le théâtre de Caen.

 

Mars 1917  -  Le coup de pouce.  -  Nous sommes dans le printemps depuis hier, aussi nous fait-on prendre l'heure d'été ! Les pouvoirs publics sont pleins d'à propos ! C'est dans la nuit de samedi à dimanche qu'il faudra avancer sa montre d'une heure. Beaucoup ne s'y résignent qu'en maugréant. Si, du moins, nous pouvions espérer qu'après la guerre, on nous laissera, comme nos pères, libres de compter les heures d'après la marche des astres ! Mais comme il parait que l'avance de l'heure est mesure provisoire et c'est ce qui nous fait craindre qu'elle ne dure longtemps.

 

Mars 1917  -  Les congés de Pâques.  -  Afin de faciliter la participation des élèves des lycées, collèges, écoles normales et écoles primaires supérieures aux travaux agricoles en temps opportun, le ministre de l'Instruction publique a décidé que les congés de Pâques commenceront le dimanche 23 mars et se termineront le Jeudi soir 12 avril. Les classes reprendront le lendemain matin.

 

Mars 1917  -  On récolte ce qu’on sème. -  Presque toutes les villes du Calvados, et Caen en tête, ont trouvé du terrain pour la culture des pommes de terre. Bayeux n'a rien trouvé du tout. Dans la bonne vieille cité bajocasse, on n'est pas partisan du système D. Il y a pourtant un champ de courses, un jardin public. A Coutances on a sacrifié les pelouses du jardin de la ville, à Bayeux on ne se résignerait jamais à une telle transformation. Or ces pelouses n'en ont pourtant que le nom, puisqu'on y laisse croître l'herbe pour en faire du foin. On aime faner, chez nos voisins, tout comme Mme de Sévigné !  Après tout, chacun a ses besoins, et la municipalité bayeusaine est bien libre de préférer le foin aux pommes de terre.

 

Avril 1917  -  Le danger des rues.  -  On proteste énergiquement contre le mauvais état de la voie des trams électriques en ville. Les rails font, par endroits, de dangereuses saillies et les voitures se rangent des cars avec difficulté. Nous savons fort bien que la main-d’œuvre manque partout ; pourtant, les Anglais viennent de faire onze mille prisonniers !

 

Avril 1917  -  La prison pour les époux infidèles. -  En temps de paix, les 25 francs d'amende infligés par les tribunaux, étaient devenus légendaires. Avec la guerre, le tarif s'est modifié et il n'est pas rare de voir la peine de l'emprisonnement prononcée contre la femme qui profite de la mobilisation de son mari pour le tromper.

C'est ainsi qu'a sa dernière audience, le tribunal correctionnel de Caen a condamné pour adultère la nommée Louise Moulin, 22 ans, journalière a 8 jours de prison.

 

Avril 1917  -  Acte de courage.  -  Le soldat Auguste Flachet, 24 ans, du 1er régiment mixte de zouaves, se trouvant l'autre jour rue St-Jean, s'est jeté courageusement à la tête d'un cheval emballé et a réussi à le maîtriser, et cela malgré qu'il ait une fracture du bras gauche, glorieuse blessure reçue à la guerre. 

 

Avril 1917  -  Voul’ous vend vos caudières ?  -  L'Etat cherche à acheter du cuivre et, de préférence, en France. Aussi a-t-il fait savoir qu'on pourrait lui proposer les alambics devenus sans usage, depuis la loi sur l'alcool. Mais peut être nos bouilleurs auxquels, avec cruauté, on a leur crû ôté, aimeront-ils mieux les conserver quand même. On ne sait jamais ce qui peut arriver !

 

Avril 1917  -  Jour de deuil.  -  Gros émoi, ces jours-ci, parmi nos riches possesseurs d'autos. Malgré que plusieurs aient soigneusement caché leurs voitures, on les a dénichées et réquisitionnées. L'un d'eux a vu prendre la sienne qui lui avait coûté, assurait-il, 22 000 frs. Un autre, gros bonnet municipal, avait muchi son auto chez un ami et se servait d'un mauvais « taco ». On l'en a dépouillé aussi, pas du « taco », mais de la bonne voiture. Sa mauvaise humeur n'a pas émotionné le moins du monde l'officier acheteur. Pauvres gens ! faudra nous coucher pour les plaindre !

 

Mai 1917  -  Beau coup de filet.  -  Ces jours-ci, un pécheur caennais a capturé, au nouveau barrage, un saumon pesant 28 livres et l'a vendu 105 fr. Est-ce que les grands salmonidés,  chassés de notre rivière par l'obstruction des Ponts-et-Chaussées, commenceraient enfin à en reprendre le chemin !

 

Mai 1917  -  Les jardins potagers militaires.  -  En présence des difficultés toujours grandissantes rencontrées par le service du ravitaillement, l'autorité militaire a tenu, cette année, à produire elle-même les légumes frais dont elle a besoin pour l'alimentation des troupes. Les plus louables efforts ont été faits et, il y a quelques mois, des propagandistes militaires ont été désignés pour s'occuper spécialement de la question dans toutes les régions de France. A leur appel, tous ont répondu et ont rivalisé de zèle, rien que dans le Calvados, plus de quarante hectares de terrains abandonnés ont été transformés en jardins et plantés en légumes divers. La récolte, qui promet d'être abondante, permettra de varier les menus de nos braves soldats et contribuera, dans une large mesure, à atténuer la crise alimentaire.

 

Juin 1917  -  Le massacre des arbres.  -  On a commencé à abattre les plus beaux arbres du Grand Cours. En tombant, les platanes géants écrasent sous leurs branches les arbres plus petits qui les entourent : si de travail se poursuit de la sorte nous verrons bien quelques jours nos cours sans arbres. Ne pourrait-on èmonder avant d'abattre ? Ne pourrait-on aussi empêcher de malhonnêtes gens de voler, non seulement des branchages, mais même de grosses branches qu'ils viennent scier et emportent à pleines brouettes la nuit.   

 

Juin 1917  -  La situation agricole dans le calvados.  -  Au 1er juin, la situation agricole s'est assez sensiblement améliorée. Le temps plus chaud de mai, accompagné de pluies trop peu abondantes a permis à la végétation de prendre enfin son essor. Mais les effets désastreux de l'hiver se feront sentir jusqu'à la récolte sur les blés, dont beaucoup sont clairs et envahis par les mauvaises herbes, sur les avoines d'hiver ainsi que sur les prairies.

La culture n'ayant pas reçu suffisamment de semences n'a pu planter toutes les terres préparées pour la pomme de terre. Celle -ci a été remplacée en grande partie par de l'orge et du sarrasin.

Les céréales de printemps sont jusqu'à présent de belle venue. La levee des betteraves, dont les semailles sont à peine terminées, est satisfaisante. Dans les prairies naturelles, l'herbe est encore assez peu touffue. Les sainfoins sont irréguliers. La floraison des poiriers et des pommiers fait présager, comme nous l'avons dit, une très belle récolte.

 

Juin 1917  -  Un Caennais s'est évadé d'Allemagne.  -  M. Porquet, négociant en cuirs à Caen, parti comme soldat de 1er classe au 236e régiment d'Infanterie a été cité à  l'ordre de la 3e armée avec ce motif : " D'une classe ancienne, a demandé à partir dans un régiment de réserve, au début de la campagne. Fait prisonnier le 20 août 1914, à Moy, a réussi à s'évader après deux années de captivité et après de  dures souffrances. Est venu se remettre à la disposition de l'autorité militaire à sa rentrée en France le 20 avril 1917 ". Nous adressons à notre brave concitoyen nos félicitations les meilleurs.

 

Juin 1917  -  Le temps qu’il fait.  -  Pendant deux nuits consécutives, les éclairs, le tonnerre et la pluie ont fait rage. Ces grands bals d'eau ne valent pas une bonne petite pluie régulière, mais la végétation s'en trouve bien quand même. Souhaitons, cependant, que leur violence n'ait pas causé la chute prématurée des fleurs dont les arbres à fruits sont couverts. 

 

Juin 1917  -  Trop de horsains !  -  Il faut croire qu'il fait meilleur chez nous que partout ailleurs, car les étrangers y affluent. Nous les accueillons de notre mieux, mais il ne faut tout de même pas qu'ils abusent. Route de Lébisey, dimanche dernier, de jeunes Bretons de 15 à 18 ans, montés sur des vélos, ont injurié grossièrement un passant et lui ont jeté des pierres. Faudra-t-il maintenant, pour se protéger contre des agressions possibles, ne plus circuler qu'avec des matraques et des revolvers ?

 

Juin 1917  -  Le temps qu’il fait.  -  II a plue le jour de la Saint-Médard et bruiné seulement le jour de la Saint-Barnabé. Cela autorise à la fois nos craintes et nos espérances les orages ne semblent pas avoir trop fait couler les fleurs des pommiers, il y a toujours belle apparence. Au moins, si la on nous mesure le manger, que nous ayons de quoi boire ! 

 

Juin 1917  -  Pour la mobilisation civile.  -  Tout homme de 16 à 60 ans, non présent sous les drapeaux, est tenu de faire sa déclaration à la mairie de la commune où il se trouvera dans la nuit  du 7 au 8 Juillet.

 

Juin 1917  -  Les écrases-tout.  -  Ces jours-ci, en ville, une auto des Hauts-Fourneaux bousculait et brisait le coquet attelage d'une aimable doctoresse, et le chauffeur filait aussitôt, sans plus s'occuper de son méfait. Heureusement qu'on avait en le temps de prendre son numéro ! D'autre part, nous  recevons des plaintes véhémentes de nos lecteurs de la campagne  au sujet des autos qui traversent les villages à des vitesses folles, inondant les passants de poussière ou de boue suivant l'état du sol. Il ne devrait s'agir là que des autos militaires,  puisqu'on refuse l'essence aux civils. On nous demande à ce propos pourquoi les automobilistes, quels qu'ils soient, ne seraient pas rendus responsables du mauvais état des routes qu'ils arrachent et ravinent, et pourquoi on ne les ferait pas contribuer directement à leur entretien. C'est une idée, et nous attendons de nos législateurs un article de loi ainsi conçu : « Tout propriétaire d'auto devra se mettre, pendant deux jours par mois, à la disposition du chef cantonnier qui l'emploiera à la réfection de la route sur laquelle il fait rouler sa voiture le plus ordinairement. » Et qui sait si ces travaux forcés ne deviendraient pas, désormais, un signe extérieur très recherché de la richesse ? Ne serait-il pas, en effet, souverainement chic que votre domestique pût répondre, aux visiteurs étonnés de ne pas vous rencontrer chez vous : « Monsieur n'y est pas aujourd'hui. Monsieur empierre ou Monsieur rabote ! »

 

Juin 1917  -  Contre les pirates  -  Une primo de 6 500 fr., prélevée sur la souscription ouverte par notre confrère Le Journal, a été accordée au vapeur « Daphnè », de la Société navale Caennaise. En mai dernier, le « Daphné », attaqué au canon par un sous-marin, riposta et manœuvra assez heureusement pour que le sons-marin renonçât à la chasse après avoir canonné ce vapeur sans résultat, pendant plus d'une demi-heure.

 

Juillet 1917  -  Le temps qu’il fait.  -  Après quelques jours d'un froid bien anormal en cette saison, la température s'est élevée à nouveau. Cette hausse subite a causé des orages violents et de grands abats-d’eau. Un peu partout des bestiaux ont été foudroyés dans les champs. Les rivières sont en pleine crue, on se croirait à l'automne, et la fenaison va devenir difficile si ces désordres atmosphériques continuent. Hier soir, une éclipse totale de lune avait lieu. Elle s'est passée derrière les nuages.

 

Juillet 1917  -  L'orage.  -  L'orage de samedi dernier, qui s'est déclaré le soir après une chaleur torride, a donné relativement moins de pluie que partout ailleurs, mais les éclairs et les coups de tonnerre se succédaient à chaque instant et l'orage a duré plus de deux heures, sans causer d'accidents.  

 

Juillet 1917  -  Noyade accidentelle.  -  En démontant une passerelle provisoire, près du nouveau pont de l'Orne, un italien, Pietro Ambrosetti, 51 ans, demeurant rue Basse, perdit  l'équilibre et tomba à l'eau. Le malheureux ayant coulé à pic aussitôt, il fut impossible de le sauver, et ce n'est que le lendemain qu'on retrouva son cadavre à une cinquantaine de mètres de l'endroit où il était tombé. Ambrosetti était marié et père de cinq enfants.

 

Juillet 1917  -  La tour, prends garde !  -  Avec les inondations permanentes causées par l'élévation du plan d'eau du canal, les fondations de certains édifices caennais perdent sensiblement de leur solidité, et les risques d'écroulement de la tour Saint-Jean augmentent tous les jours. C'est du moins ce qu'affirmait, l'autre jour, en séance du Conseil municipal, M. Armand Marie, un homme de pierre, qui s'y connaît. Une catastrophe est possible, parait-il, et l'administration des Beaux- Arts est coupable de ne point s'en préoccuper. En attendant qu'on étudie les moyens de consolidation de notre curieuse tour penchée, on va se mettre à recouvrir l'église Saint-Sauveur, et 7.000 fr., la moitié de la dépense, ont été votés par la Ville. Toujours à propos de travaux, M. Armand Marie a avancé que l'échafaudage établi au vieux Saint-Etienne n'était peut-être pas des plus urgents et que les réparations entreprises à l'hôtel d'Escoville ne semblaient pas inspirées par le bon sens et le niveau d'eau. Ça, nous le savions avant qu'on nous l'ait dit, car, depuis un quart de siècle et plus, a-t-on fait quelques travaux ou constructions à Caen qui aient été réussis ?

 

Août 1917  -  Vers la fermeture complète des casinos.  -  Le préfet du Calvados vient de prendre un arrêté ordonnant la fermeture de tous les cercles fonctionnant dans les stations balnéaires du département en même temps que de tous les débits de boissons, estaminets, restaurants et bars attenant aux casinos de ces stations. Seules resteront ouvertes les salles de spectacle, à l’exclusion des salles de concert ou de danses dont la fermeture a été prescrite précédemment.

 

Août 1917  -  L'allumage du premier haut-Fourneau par M. Albert Thomas, ministre de l'armement.  -  MM. Albert Thomas, ministre de l'armement, et Loucheur, sous-secrétaire d'État aux fabrications de guerre sont venus, dimanche dernier rendre visite à la cité caennaise, pour présider à la mise à feu du premier haut-fourneau de la Société Normande de Métallurgie.
La censure nous permettra-t-elle d'en entretenir aujourd'hui nos lecteurs ? Nous l'espérons, mais en doutons encore, car dame Anastasie est d'humeur fantasque et ce qu'elle laisse passer à Caen peut fort bien être échoppé à Rennes et vice-versa.
Invités gracieusement par la Société Normande de Métallurgie à assister à l'Allemagne de son premier haut-fourneau, nous étions à dès 9 heures, heure fixée pour le départ, devant l'hôtel de la Préfecture se trouvaient déjà de nombreuses personnalités caennaises, mais ce n'est qu'à 9 h. 30 que les automobiles de la Société vinrent nous prendre pour nous conduire aux hauts-fourneaux, s'étaient rendus dès 8 heures, MM. Albert Thomas et Loucheur, accompagnés de leurs chefs de cabinet, de M. Hélitas. préfet du Calvados, Henri Chéron, Henri Bérenger et de Saint-Quentin, sénateurs, pour pouvoir procéder, en toute tranquillité à la visite détaillée et minutieuse de toutes les installations.

Quel émerveillement s'empare de tous ceux qui, comme nous, ont vu, il y a cinq ans encore, notre plaine de Caen, si calme et si paisible, seules quelques vaches normandes venaient rompre la monotonie du paysage, et la revoient aujourd'hui, transformé de fond en combles méconnaissable, tout hérissée de cheminées qui s'élèvent dans les airs à perte de vue, de constructions gigantesques pour lesquelles des milliers de tonnes de fer ont été nécessaires, et sillonnée de toutes parts de lignes de chemins de fer qui permettent la plus grande activité jusque dans les moindres parties de cet immense organisme.

Mais voici le haut-fourneau, le monstre du jour, avec ses tuyaux énormes servant à l'épuration des gaz et à l'extraction des poussières de charbon. Un monte-charge et un transbordeur de bennes, actionné par un central électrique spécial lui apporteront minerais et combustibles qui viendront se déverser dans le gueulard, le gouffre de ce gargantua moderne. A sa partie inférieure, une ouverture a été pratiquée, donnant naissance à un conduit qui rejettera tous les résidus de la combustion, coke et scories, dans des wagons qui, une fois remplis, n'auront plus qu'à être expédiés, pour qu'il soit procédé au triage de toutes ces matières dont les plus utilisables seront livrées à la consommation.

Nous montons sur la première plate-forme du Haut-Fourneau et nous nous groupons, autour des autorités, sur le pont de coulée a été placée une table sur laquelle est posé un boutons électrique dont le fil communique au foyer du haut-fourneau. Tous les assistants sont immobiles, les yeux fixés sur ce petit point qui, tout à l'heure va mettre le feu à cette masse énorme.  

L'instant est historique.  -  A 10 h. 30 précises, M. Albert Thomas, d'un geste qui lui est maintenant familier, appuie sur le bouton, une étincelle jaillit aussitôt et les copeaux de bois s'enflamment immédiatement, le premier haut-fourneau de Caen est allumé, il pourra produira désormais 400 à 500 tonnes de fer par jour ce qui le met la tête des plus puissants hauts-fourneaux du monde.

Un train, mis aimablement à la disposition des invités. nous conduit ensuite, à travers toute l'exploitation, au môle du port privé de la Société Normande de Métallurgie. Tout en ciment armé, ce quai de débarquement est déjà pourvu de deux grues électriques d'une puissance considérable, dont le montage est presque complètement terminé.

Là, M. Loucheur s'est longuement entretenu avec MM. Dufour, directeur de l'entreprise générale des Hauts-Fourneaux, et le commandant Vasseur, ingénieur en chef des ponts et chaussées, sur la nécessité d'activer les travaux d'agrandissement et d'approfondissement du canal de Caen à la mer, sans s'occuper de l'éternelle paperasserie qui cherche toujours à mettre des entraves et en ayant recours, au besoin, à la réquisition des terrains nécessaires, beaucoup plus rapide que l'expropriation, mode judiciaire du temps de paix, mais dont la sage lenteur n'est plus de mise en temps de guerre, lorsque les intérêts de la défense nationale sont en jeu.

Après cette visite, nous avons eu le privilège d'accompagner MM. les Ministres sur les chantiers de la Pyrotechnie, ils ont été reçus par M. le commandant Philippon, entouré de ses collaborateurs.

Ces établissements doivent être prêts à marcher pour le 1er janvier prochain. « Il le faut » a déclaré M. Loucheur, dans son langage vif et imagé, à M. le commandant Philippon, et nous sommes assurés que ce dernier tiendra à faire perdre à M. Cauvin, sénateur de la Somme, le déjeuner qu'il s'est engagé à offrir au cas ce prodige serait accompli.

A midi et demi, au restaurant Chaudivert, un déjeuner était offert par la Chambre de Commerce de Caen aux ministres et aux invités de la Société Normande de Métallurgie, à l'issue duquel de très intéressants discours ont été prononcés par MM. Hippolyte Lefèbre,
président de la Chambre de Commerce : Chéron, sénateur, Loucheur et Albert Thomas. Puis M. Loucheur s'est rendu ensuite en automobile aux mines de Soumont, qu'il a visitées avant de regagner Paris.

 

Juillet 1917  -  Les embarras de Caen.  -  Un car électrique a heurté, ces jours derniers, rue de Bayeux, une charrette chargée d’un tonneau de cidre. Par suite du choc, le conducteur, M. Narcisse Lebel, 50 ans, cultivateur à Cahagnes à été projeté à terre. On l’a transporté à l’hôpital. Cet accident, si nous en croyons un témoin, eût pu être évité. Le tonneau de cidre précédait le tramway et circulait dans le même sens. La wattwoman aurait donc dû ralentir et même stopper. S'il est entendu que l'arrêté préfectoral qui régit la circulation des tramways prescrit à tous les conducteurs de véhicules de laisser les voies libres, il  ne s'ensuit pas, par cela même, qu'il donne le droit d'écraser les gens. L'état de guerre a obligé beaucoup d'administrations à avoir recours au personnel féminin, c'est le cas pour nos tramways, où presque tous les postes sont occupés par des femmes. Malheureusement, par suite de fréquents changements, la plupart d'entre elles sont inexpérimentées, et nous nous demandons s'il n'est pas imprudent de les charger d'une tâche aussi sérieuse que la conduite des  voitures, surtout en l'état actuel du matériel et des voies. C'est l'occasion pour notre municipalité, qui accède si facilement aux demandes de la Compagnie, d'exiger de celle-ci qu'elle  assure au moins la sécurité des voyageurs et des passants. 

 

Août 1917  -  Caen emm….illé.  -  Une tempête de plaintes et de récriminations nous arrive. Partout, en ville, les fosses d'aisances sont pleines et débordent. Rue de l'Oratoire, certains immeubles deviennent intenables. La Compagnie d'assainissement n'y peut mais... Elle manque de personnel et ses machines sont détraquées. Cette situation anti-hygiénique ne peut pourtant pas se prolonger et on s'étonne partout de voir notre administration se désintéresser de cette question, comme de tant d'autres. Qu'est-ce donc qui se passe ?... Le temps et c'est tout.

 

Août 1917  -  Le temps qu’il fait.  -  Après quelques journées d'une chaleur excessive, des orages ont éclaté un peu partout, dans notre région, retardant la récolte du foin qui, jusqu'ici, s'opérait sans encombre. Pour quelques jours le temps est redevenu maussade, pluvieux et froid. Espérons que ça n'est qu'une mauvaise passe.

 

Août 1917  -  Les trams caennais. -  On continue de se plaindre du service défectueux de nos tramways électriques. Leurs déraillements sont fréquents, dans les courbes surtout, et, étant donné l'état lamentable des voies, on s'étonne que des accidents graves ne se produisent pas plus souvent encore. Bien ennuyeuses aussi sont les interruptions de courant. Les voyageurs restent en plan, quelquefois à peine montés dans les voitures. Il serait honnête alors de les rembourser. Un de nos lecteurs, resté sept fois en panne dans une seule semaine, y est de ses vingt et un sous. Ça n'est vraiment pas drôle !

 

Août 1917  -  Derrière les grilles. -  Une lectrice d'une petite ville du département, allant toucher son allocation, a été prise à partie par le percepteur qui, sans aménité, lui a réclamé les impôts, restés impayés, de sa mère qui est veuve, a eu un fils tué et a encore cinq fils et gendre sur le front. 

On nous demande ce que nous pensons de cela. Parbleu ! que le percepteur eût mieux fait de continuer à compter sa monnaie et à manipuler ses paperasses.

 

Août 1917  -  L’église s’adapte ! -  Les temps que nous vivons ne permettent guère la minutie des anciennes observances religieuses, aussi le Pape s'est-il décidé à les abolir en notable  partie. Désormais, l'usage des oeufs, du laitage et de la graisse sont permis en tout temps, même pendant le carême et les jours de jeune. On peut aussi manger de la viande et du poisson. Les vendredis et samedis sont, maintenant, jours de jeune et d'abstinence pendant le carême. Resteront cependant à observer le mercredi des Cendres, les quatre-temps et les  veilles de fêtes jusqu'à midi seulement. L'avance de l'heure n'est pas prévue.

 

Août 1917  -  Au front. - Notre concitoyen, M. Théodore Legrand, lieutenant au 7e chasseurs à cheval, vient d'être cité à l'ordre de sa division et décoré de la Croix de guerre  pour sa belle conduite dans des combats récents au Chemin des Dames.

 

Août 1917  -  Aux champs. -  Pendant qu'un certain nombre de cultivateurs se plaignent amèrement du manque de main-d’œuvre, on dit qu'il en est d'autres qui en trouveraient facilement s'ils se résignaient à la payer ce qu'elle vaut. On prétend aussi que certains usent et abusent des enfants d'hospice qui leur sont confiés. On nous en signale même, assez prés de Caen, chez lesquels les malheureux gosses sont accablés de si rudes tâches qu'ils en deviennent difformes. 

Comme salaire, ces enfants ont des coups. Les quelques journaliers restant les communes, excédés de travailler à un taux dérisoire, sont partie dans les usines voisines. Et pourtant le mois d’août et il pleut sur notre pain.

 

Août 1917  -  La récolte compromise.  -  La persistante du mauvais temps devient vraiment inquiétante. Tous les jours et même plusieurs fois par jour, des orages se montent qui n'éclatent qu'imparfaitement et se résolvent en pluies interminables. Pourtant la récolte devrait se faire et c'est notre existence de toute l'année qui est en jeu. Si au moins nos cultivateurs pouvaient profiter des embellies pour faucher et lier leur blé ! Mais les bras manquent et parfois le zèle. Le grain est pourtant déjà assez clair et maigre, s'il est mal récolté, ce sera la disette certaine et la perspective d'un terrible hiver. Aussi personne (pas même l'administration militaire) n’a-t-il le droit de s'engourdir dans l’inaction. Qu'on envoie à la terre les hommes qui ne sont pas absolument indispensables à la défense. Pour vaincre et résister, il faut vivre, pour vivre il faut manger, pour manger, il faut récolter.

 

Août 1917  -  Arrestation d’un voleur de blé.  -  Lundi dernier, vers 23 heures, un agent de police passant sur le pont des Abattoirs rencontra deux individus portant chacun un sac sur le dos à sa vue, ces hommes jetèrent leur chargement dans l'Orne et s'enfuirent, mais l'un d'eux fut rejoint par l'agent et conduit au plus prochain poste de police. C'est un nommé Nicolas Cousin, patron du chaland « l’Amiral Courbet » amarré dans la rivière l'Orne, qui avoua que les sacs qu'ils transportaient, contenaient du blé provenant de son bateau et confié à sa garde.

Cousin a été arrêté et écroué à la maison d'arrêt, son complice est activement recherché.

 

Septembre 1917  -  Une rafle de nuit.  -  On n'a jamais cessé de se plaindre de l'insuffisance de notre police, impuissante à rétablir dans nos rues, autrefois si tranquilles, l'ordre et le calme que sont venus troubler les malfaiteurs et d’innombrables femmes d'allure équivoque, qui se sont abattus dans notre ville, sûrs d'y trouver le meilleur et le plus inviolable des asiles, et qui y opéraient jusqu'à ces derniers temps comme en pays conquis, avec une audace qui devenait de jour en jour plus grande, assurés qu'ils étaient de l'impunité.

Tout dernièrement encore, on se faisait l'écho de ces réclamations trop justifiées. Mais rien n'était parvenu jusqu'alors à secouer l'indifférence des Pouvoirs publics.
Il a fallu que des cambrioleurs viennent saccager de fond en comble la maison voisine de celle habitée par un de nos pères conscrits, M. Henri Chéron, pour que les gardiens de la sécurité des foyers, comme feu les carabiniers, se décident enfin à se mettre en branle.
Mieux vaut tard que jamais, direz-vous. C'est ainsi que samedi dernier, dans la journée, au cours d'une assemblée tenue à la préfecture, par M. Hélitas, préfet de Calvados, d'accord avec M. Perrotte, maire de Caen à laquelle prenaient part le colonel commandant d'armes, le commandant de gendarmerie et M. Bobler, commissaire central, il fut cidé que l'on mettrait à exécution dès le soir même les importantes mesures qui furent jugées nécessaires pour remédier a cet état de choses vraiment inquiétant.

Dans la nuit, des patrouilles furent effectivement faites dans les rues et sur les quais.  Au cours de ces rondes, 26 arrestations furent opérées ce furent d'abord neuf hommes, parmi lesquels deux repris de justice recherchés par la police, qui sortaient d'un débit de boissons vers 2

heures et demie du matin. Sept militaires trouvés dans une situation irrégulière ont été mis à la disposition de la gendarmerie. Enfin 17 femmes de vie peu recommandable ont été arrêtées. Trois ont été conduites à l'hôpital.

 

Septembre 1917  -  Les caennais devant l’ennemi. -  On sait comment M. Marcel Perrotte, un des fils de notre maire, s'est distingué au front et, plusieurs fois blessé, a été l'objet d'une glorieuse réforme. L'aîné de la famille, M. Pierre Perrotte, lieutenant d'artillerie à l'armée d'Orient, vient aussi d'obtenir une très flatteuse citation pour son commandement d’un dépôt de munitions aux Dardanelles et ses vaillants faits d'armes lui ont valu la Croix de guerre.

 

Septembre 1917  -  Activité aérienne. -  Depuis plusieurs jours, des avions passent au dessus de Caen. Par bonheur, ce sont des appareils français ou alliés. Un dirigeable aussi a  survolé la plaine, où il a dû atterrir par suite d'avaries. La proximité de stations aéronautiques va rendre ces passages d'aéros de plus en plus fréquents. Nous n'avons pas à nous en inquiéter outre mesure : il y a de la place en l'air. Seulement, faudrait voir à ne pas attraper de torticolis et à ne pas perdre trop son temps à épier ces  sympathiques voleurs. 

 

Septembre 1917  -  Levez-vous ! méfiez-vous ! -  La nuit dernière, l'alerte a été donnée dans Caen par des trompettes du régiment d'artillerie. Des zeps ou des aéros avaient sans doute été signalés quelque part. Il était trois heures du matin, tout le monde dormait et tout était éteint. En quelques minutes, les gens, réveillés, ont rallumé des quantités de Iumières. C'était  tout le contraire de ce qu'il fallait et peut-être eût-il mieux valu laisser les Caennais dormir. Si les zeps étaient venus, d'aucuns se seraient réveillés morts, mais du moins ils ne s'en seraient pas aperçus.

 

Septembre 1917  -  Un joli cadeau.  -  C'est celui que vient de nous faire la Croix-Rouge américaine. Elle a envoyé 35 000 fr. au Conseil général, pour être distribués entre les familles de mobilisés les plus éprouvées du Calvados, à raison de 100 fr. par famille. Hip ! Hip ! Hurrah ! for the Red-Cross ! 

 

Octobre 1917  -  Sabotages.  -  Le préfet de l'Allier vient de taxer les sabots à 3 francs, alors que les mêmes sabots continuent de se vendre 6 et 7 francs la paire dans les autres départements. La voilà bien pourtant la vraie chaussure nationale et hivernale ! Chaussure historique aussi. Les soldats de la révolution n'ont-ils pas sauvé la Patrie en sabots.

 

Octobre 1917  -  Sous l’œil de la police.  -  L'autre nuit, une dame Ménard, journalière, rue Saint-Jean, 50, à Caen, se présentait au commissariat de la Tour, déclarant qu'elle venait d'être prise des douleurs de l'enfantement. Les agents coururent aussitôt chercher une voiture. Quand ils revinrent, Caen comptait une habitante de plus. Pendant leur absence, en effet, la dame Ménard était accouchée d'une fillette. On a transporté la mère et l'enfant à l'hôpital.

 

Octobre 1917  -  Dangereux horsains.  -  Un Espagnol, Domingo Lopez, 32 ans, demeurant à Giberville, noctambulait, l'autre soir, rue St-Jean, à Caen, ayant à la main un revolver chargé,  avec lequel il terrorisait les passants. Les agents l'ont arrêté et mis en lieu sûr. Espérons qu'on apprendra à ce horsain, de façon qu'il s'en souvienne, à ne pas méconnaître ainsi les lois de l'hospitalité.  

 

Novembre 1917  -  Noyade accidentelle.  -  Un marin du centre d'instruction de l'armement des navires de commerce, Eugène Bonnot, est tombé à l'eau en voulant monter à bord d'un vapeur anglais amarré quai de Juillet, à Caen. Il a été aussitôt entraîné par le courant et, jusqu'à présent, On n'a pu retrouver son cadavre.

 

Décembre 1917  -  arrivée de réfugiés. -  On annonce comme imminente l'arrivée dans notre département d'un convoi de plus d'un millier de réfugiés, évacués des régions du Nord de la France récemment libérées par les Anglais.
Pour les vêtir et les secourir, les dons en nature sont reçus au vestiaire (Préfecture, rue Saint-Laurent). Les dons en argent doivent être adressés à Mme Foy, trésorière, 35, boulevard Bertrand.

 

Décembre 1917  -  Un soldat noyé. - On a retiré de l'Orne, près la passerelle du Grand-Cours, le cadavre du militaire Marcel Marie, 30 ans, mobilisé au groupe d'aviation de Lion-sur-Mer. Le corps a été transporté à l'Hôtel-dieu. On ne sait s'il y a eu suicide, crime ou accident. L'enquête ouverte parviendra peut-être à élucider ce mystère.

 

Décembre 1917  -  Démarches utiles.  -  On sait que les halles de Dives-sur-Mer sont un monument du XllIe ou XIVe siècle, un des rares spécimens des édifices de bois construits par les savants et hardis charpentiers de ces époques lointaines. Il est question, parait-il, d'en obtenir le classement comme monument historique, et des démarches sont faites en ce sens par la municipalité. Nous souhaitons vivement qu'elles réussissent. 

A propos de classement, on nous demande de différents côtés ce que devient celui de la prairie de Caen. Le fait est qu'on n'en entend plus parler, mais puisque la municipalité et le conseil général ont juré de l'obtenir, il n'y a qu'à attendre. Il est vrai que M. Chéron, qui a promis de s'en occuper particulièrement, a, pour l’instant bien d'autres soucis. Il vient de faire un rapport très étudié sur « la  loi de procédure de la Haute-Cour de Justice » à propos des affaires parlementaires en cours, et ce travail a été des mieux accueillis par ses collègues, à ce qu'assure la Journal 0fficiel. En outre, il vient d'être élu rapporteur du budget de la guerre et ce n’est pas une sinécure. Bravo ! La Prairie du reste, a la temps d'attendre elle tient solidement à son fonds, pas de danger qu'on la cambriole comme une simple pendule.

 

Décembre 1917  -  Les robinets capricieux .  -  Le système R (celui des restrictions) sévit aussi aux Bains et Lavoirs de la Ville. Les mardis et vendredis, l'eau chaude y est supprimée. C'est très bien, mais pour quoi continue-t-on d'y faire payer aux lavandières le même prix que lorsque les robinets fonctionnent ? On se plaint aussi que ces jours sans eau chaude soient mal choisis. Ainsi, le samedi est jour de repassage, tout le monde sait ça. L'Administration, elle, l'ignore avec sérénité. L'eau chaude coule donc le samedi et personne ne s'en sert.

 

Décembre 1917  -  Faut pas s’en faire !  -  Sur la vitrine d'un marchand de tabacs du quartier de la Poissonnerie on peut lire cette inscription, à la fols navrante et rigolote : Manquent tabac et cigarettes - Cigares et pinard à volonté.

 

Décembre 1917  -  Essence pour les battages.  -  Les entrepreneurs et cultivateurs qui ne peuvent se procurer dans le commerce l'essence nécessaire à leurs battages, sont informés qu'il peut leur être délivré à la Direction des services agricoles, rue de Bernières, 16, un bon d'essence livrable de suite par la sous-intendance militaire de Caen.

 

Décembre 1917  -  Du lait pour les caennais.  -  Grâce à l'utile intervention de M. Hélitas, notre nouveau préfet, dés les premiers jours de cembre la fourniture de lait quotidienne, à Caen, pour la consommation familiale, va s'augmenter chaque jour de 2.500 litres de lait pasteurisé, livrés par le Syndicat des Fabricants du véritable Camembert Normand, au prix de 40 centimes le litre. Ces 2.500 litres seront répartis entre plusieurs entrepôts. Il n'est pas trop tôt que les fromagers rendent un peu le lait qu'ils accaparent toujours.

 

Décembre 1917  -  Départ.  -  Il n'y a plus de Belges à Bayeux. Les derniers officiers et soldats de l'école d'interprètes sont partis ces jours-ci. 

A Caen, nous perdons aussi les docteurs américains du Lycée. Ces parfaits gentlemen, qui laisseront chez nous les plus aimables souvenirs, partent vendredi pour Châteauroux. Nous leur souhaitons de n'y pas séjourner trop longtemps et de pouvoir d'ici peu de mois traverser l'eau salée.

 

Décembre 1917  -  On va lui percer le flanc !  -  A qui ? A la place Gambetta, parbleu ! pour la réunir, par une voie nouvelle, à l'avenue Albert-Sorel. Ce sera un fort raccourcissement du trajet du cinéma, si, toutefois, la société Pathé reste encore longtemps au cirque Omnia. La nouvelle rue qu'on se propose d'ouvrir aura besoin d'un nom. Un lecteur nous propose celui de : Rue des Poilus. Il en vaudrait bien un autre... qui serait moins bon.

 

Décembre 1917  -  Les braves.  -  Ont été cités à l'ordre du jour : MM Gaston Leboucher, de Bény-sur-Mer, soldat au 120e d'artillerie (4 citations) ; le 2e bataillon du 23e  territorial ; Emile Debasly, de La Folie, près Caen, conducteur d'auto ; Albert Cadorin d'Ellon, soldat au 110e ; Raoul Henry, de Caen, canonnier au 43e d'artillerie ; Louis Dewilde, de Caen, sergent au 163e ;  Constant Lemarchand, de Caen, sergent au 235e

 

Décembre 1917  -  Légion d’Honneur.  -  Le colonel Cochin, commandant la subdivision du Calvados, vient de recevoir la cravate de commandeur de la Légion d'honneur.

 

Janvier 1918  -  Une belle cérémonie maritime.  -  C'est celle qui a eu lieu au dépôt de l'armement militaire des bâtiments de commerce, au nouveau bassin du port de Caen, à l'occasion de la remise d'un pavillon offert par quelques négociantes caennais, faite en présence de MM. Potigny, administrateur de la marine, et Monjarret, commandant le dépôt.

Devant la réunion de nos « Cols bleus » normands, dont le regard disait tout le calme courage et toute la légitime fierté, le glorieux emblème fut hissé par une charmante jeune fille, pendant que les marins en armes rendaient les honneurs.

Une réception intime suivit, au cours de laquelle des toasts furent prononcés. Le commandant Monjarret remercia les généreux donateurs au nom du centre de l'A. B. M. C. Il dit la grandeur et l'héroïque simplicité du rôle des marins qui sur le front de mer servent la Patrie, comme les poilus de la tranchée. Il fut chaleureusement applaudi. M. Potigny ne le fut pas moins lorsqu'il leva son verre à son tour, en disant l'importance vitale de la marine marchande en temps de guerre et en temps de paix, et en portant la santé des marins normands et de tous les défenseurs de la France.
Cette fête touchante, qui a vivement ému tous les assistants, a laissé au fond de leur cœur comme des braves marins qui en furent les héros, un souvenir impérissable.

La tombola des Œuvre de Guerre du Calvados

 

Janvier 1918  -  La question du pain. Réduction de la consommation.  -  Le maire de la ville de Caen informe ses concitoyens qu'à partir du 1er  Janvier le contingent de farine mit à la disposition de la ville de Caen a été réduit dans la proportion de 30 %.

Dans une réunion de tous les boulangers de la ville. Il les a prévenus que les quantités de farines qui leur seraient livrées chaque jour seraient duites dans la même proportion, que par conséquent pour pouvoir fournir tous leurs clients, ils devraient ne livrer à chacun d'eux que des quantités de pain réduites de 20 à 25 % sur leur consommation habituelle. Le maire compte sur la bonne volonté de ses concitoyens pour accepter sans murmures ces restrictions nécessaires.
Chacun tiendra à honneur de ne demander à son boulanger que la quantité de pain ainsi duite, en songeant que ce qu'il prendrait en surplus, il l'enlèverait à un autre qui n'en aurait pas sa part et en a peut-être plus besoin que lui.
Au surplus, pour faciliter les choses et ne pas trop déranger les habitudes locales. Il a été convenu que les boulangers pourront fabriquer des pains de 725 grammes et de 1.450 grammes, qui seront vendus au prix de 40 centimes et 60 centimes la pièce. 

 

Janvier 1918  -  La vente du lait dans les dépôts municipaux.  -  A partir du 1er  janvier, la quantité de lait mise en vente dans les pôts municipaux établis dans les différentes écoles de filles que nous avons indiquées, a été notablement augmentée. Les personnes non munies de cartes pourront donc s'y présenter partir de 6 heures afin de profiter des disponibilités qui leur seront livrées au prix de 45 centimes le litre. 

 

Janvier 1918  -  On nettoie nos trottoirs !  -  Les rafles continuent. Ces jours derniers dans les secteurs de la rue Saint-Jean - Boulevard Saint-Pierre et quais, seize filles soumises ont été arrêtées pour provocation aux passants sur la voie publique. Trois d'entre elles reconnues malades, ont été envoyées à l'hôpital.

Tous les Caennais, lassés de voir nos trottoirs et nos rues infestés de cette engeance applaudiront aux mesures énergiques prises par notre nouveau commissaire central. Bravo. Qu'il continue sa tache d'épuration salutaire. Tous les honnêtes gens sont avec lui.

 

Mars 1918  -  Les récalcitrants.  -  Au cours d'une ronde récemment effectuée, les agents de la police municipale ont constaté à minuit 15, dans un café de la rue Saint-Jean, présence de filles soumises, de civils et de militaires. Procès-verbal a été dressé.

 

Mars 1918  -  Mort pour la France.  -  Charles Pierre, militaire, disparu dans la perte du Gallia en mer ; Joseph Meriel, caporal au 55e territorial d'infanterie, disparu dans la perte du Gallia en mer.  

 

Avril 1918  -  L’hôtellerie des réfugiés.  -  En présence de l'affluence considérable des réfugiés à Caen, notre distingué préfet M. Maurice Hélitas, vient d'avoir l'heureuse initiative d'établir dans un grand immeuble sis 45, rue de Geôle, une vaste hôtellerie sont établis des dortoirs comprenant 100 lits, un réfectoire, et qui comprend en outre un jardin pourront jouer les enfants. Là, nos malheureux compatriotes pourront trouver un asile sûr et tout au moins momentané. Cette entreprise si intéressante, et si heureusement réalisée, méritait d'être signalée.

 

Mai 1918  -  Lait écrémé.  -  Un voleur tué d'un coup de fusil.  -  Ayant constaté depuis quelque temps qu'on venait lui voler des volailles, M. Jamois, cultivateur à Caen, route de Ouistreham, décida de faire le guet. Samedi soir, vers 10 h. 1/2, son chien se mit à aboyer, M. Jamois prit son fusil et s'avança vers son poulailler. Un homme s'y trouvait qui cria : « si tu avances, je te casse la g. », M. Jamois n'avança point, mais il tira dans les jambes du voleur. L'homme atteint au genou gauche s'affaissa. M. Jamois s'en fut prévenir la police. Il revint avec M. Pruède, commissaire de la Tour, et tous deux trouvèrent le cambrioleur mort à bout de sang le coup de feu lui avait touché une artère. Sur lui, on trouva un livret militaire au nom de Fernand Jouenne, 24 ans, demeurant 33, rue de l'Oratoire. M. Jamois a été consigné à la disposition du parquet. Mais il ne saurait être inquiété pour s'être justement défendu contre un malfaiteur.

 

Mai 1918  -  Un Camion défonce une devanture.  -  Lundi, vers 18 heures, un camion de la Maison Blochon, tournait à l'angle de la rue Formage et de la place Saint-Sauveur. Le cheval fit un écart brusque et la voiture pivotant sur elle-même alla défoncer la devanture du restaurant Robert, dont une grande glace fut réduite en miettes. Heureusement, aucun accident de personnes.    

 

Mai 1918  -  La foudre.  -  Vendredi dernier, vers 18 heures, un violent orage a éclaté brusquement sur la ville. Le tonnerre est tombé au bout de peu d'instants sur le réseau télégraphique, au-dessus de la rue de Strasbourg et coupa un fil sur l'immeuble occupé par M. Lefrançois, marchand de chaussures. Une foule de badauds resta longuement, le nez en l'air, recherchant vainement les effets de la foudre, nullement comparables à ceux d'un Gotha. Des témoins oculaires affirment avoir vu l'éclair tomber au milieu de la rue, à quelques mètres de deux passants.

 

Juin 1918  -  Un magasin détruit, une victime.  -  Un terrible incendie a éclaté, vers 9 heures hier matin, chez Mme Lacroix, qui tient un magasin de couleurs et vernis, rue de Vaucelles. Le commis, âgé de 14 ans, remplissait un briquet près d'une bouteille d'essence. Il fit fonctionner l'appareil et une étincelle communiqua le feu la bouteille. Des flammes jaillirent. Le commis affolé prit la fuite. Mme Lacroix rentra dans l'arrière boutique, le feu se propageait, elle tenta de l'éteindre, mais ses efforts furent vains. Tout à coup la malheureuse communiqua le feu à ses vêtements. Elle sortit en hurlant et vint tomber sur le trottoir, alors que déjà l'incendie dévorait le magasin. Le feu trouva un aliment facile dans les bidons de pétrole et d'essence, peinture, benzine, acétylène, etc…

Très rapidement les secours arrivèrent. D'abord les pompiers du poste permanent, sous la conduite du lieutenant Thibault, puis le piquet d'incendie, 25, hommes de la classe 19 du 11e d'artillerie, commandés par le maréchal des logis Pannentier, qui rivalisa de zèle avec le lieutenant Thibault et se distingua par son intrépidité. M. Lacroix père, sexagénaire, a put être sauvé, ainsi qu'une jeune fille et une autre personne qui étaient au deuxième étage.
Grâce à la promptitude et l'efficacité des secours, l'incendie put être limité au seul magasin. Le premier étage a été peu atteint, les meubles sont intacts. Le feu avait eu une telle violence que les flammes traversaient la rue, atteignant la devanture du magasin de M. Daragon, également marchande de couleurs.

La circulation a été interrompue près de deux heures. Le service d'ordre fut très bien établi par la gendarmerie et la police. Le commissaire central était sur le lieu du sinistre.

La malheureuse dame Lacroix, grièvement brûlée, fut soignée immédiatement par des médecins militaires présents, puis transportée l'hôpital d'urgence en automobile. Elle est décédée hier après-midi à 5 heures.

 
Juin 1918  -  Une explosion formidable, rue Neuve Saint-Jean.  -  Mardi soir, vers 22 h. 30, une détonation d'une extrême violence ébranlait tout le quartier Saint-Pierre. Elle s'était produite exactement à l'entrée de la rue Neuve Saint-Jean, en face de la maison occupée par M. Dorée, marchand de couleurs, et fut entendue des extrémités de la ville. Au premier moment on crut une incursion de gothas. Mais fort heureusement pour les Caennais, il n'en était rien, et l'on en fut quitte pour la peur.

Les causes de cette détonation qui mit tout le quartier en révolution demeurent mystérieuses, encore à l'heure actuelle, malgré toutes les recherches de la police qui poursuit activement son enquête.  

 

Juillet 1918  -  Le vapeur "Brignogan" en feu.  -  Caen, ler juillet. (De notre correspondant particulier.) Un violent incendie s'est claré à bord dit vapeur charbonnier français,  « Brignogan », amarré dans le port de Caen. Le feu a déterminé une violente explosion qui a été entendue de toute la ville et y a causé une très vive émotion.

Malheureusement il y a quelques victimes, des morts et des blessés. Le dévouement des sauveteurs a été au-dessus de tout éloge.

Nous pourrions donner d'amples détails sur cette catastrophe, mais la Censure nous l'interdit.

 

Juillet 1918  -  L’explosion du "Brignogan".  -  Nous avons annoncé le terrible accident qui s'est produit dans le port de Caen, dans la nuit de samedi à dimanche.

Le charbonnier français « Brignogan » qui a fait explosion, appartenait à la Société Maritime Nationale, dont le siège est à Paris. Vainement essaya-t-on de prévenir téléphoniquement le poste central des pompiers lorsqu'on s'aperçut de l'incendie qui avait pris dans la cambuse. Un cycliste alla donner l'alarme. Aussitôt la pompe automobile était dirigée vers le nouveau bassin. Mais le feu avait fait de rapides progrès, et malgré les efforts des courageux sauveteurs, bientôt les flammes commençaient à gagner l'arrière du navire.

Tout à coup, une formidable explosion se produisit qui ébranla tout le quartier. Le premier moment de stupeur passé, on s'empressa de porter secours aux pompiers atteints par les débris de toutes sortes projetés par la violence de l'explosion. Une dizaine d'entre eux avaient été plus ou moins grièvement blessés, ainsi que l'adjudant Lepaulnier. Le lieutenant Thibault, atteint aux reins, ne devait pas tarder à succomber à l'Hôtel-Dieu,il fut transporté.

Il ne devait malheureusement pas être la seule victime, car on découvrait bientôt quatre morts le sergent Voisin et le caporal Lefèvre, et sur le navire sinistré MM. Hérisson, employé chez M. Alainguillaume et le chauffeur Trémoureau.

Quelques personnes appartenant à l'équipage du « Brignogan », ont également reçu des blessures, le capitaine M. Le Guyennec, le lieutenant Rouzie, les chauffeurs Kerzerho, Martin et Guyomard ainsi que M. Bouteille, mécanicien.

Dans le quartier avoisinant, quelques gâts se sont produits, mais personne n'a été blessé. Sur le lieu de la catastrophe s'étaient rendues, dés le début de l'incendie, la plupart des autorités de la ville de Caen M. de Févelas, représentant M. 1e préfet, M. Pérrotte, maire, M. Leuillieux, Monnier, Pruéde, Lacroix, Duoornet, Potigny, colonel Cochin. etc…

Au vif émoi produit d'abord dans notre ville par cet épouvantable accident, a succédé une profonde consternation.
Les chinoiseries de la censure.
Une question  -  Y a-t-il deux censures, sans doute, car la censure de Caen reçoit des ordres différents de ceux que reçoit celle de Rennes. Ainsi, Ouest-Eclair a été autorisé à donner  quatre lignes sur l'explosion du « Brignogan », aux journaux de Caen, on permet de publier quatre colonnes de renseignements. Nos lecteurs savaient déjà qu'Anasthasie était une vieille dame étrangement capricieuse.

 

Septembre 1918  -  Le toupet des Boches.  -  Quatre prisonniers de guerre, qui, après avoir cessé leur travail aux chantiers de la Société Normande de Métallurgie, traversaient la voie ferrée sur un madrier d'une largeur de trente centimètres, se trouvèrent en présence de trois employés de la Compagnie, MM. Gaumes, Guibert et Darrouzès, qui venaient en sens inverse. Ils refusèrent de leur laisser le passage libre, et les injurièrent grossièrement. M. Caumes fut même frappé par les Boches Hermann, Haller et Johann Willems. Il a porté plainte.

 

Septembre 1918  -  Au conseil de guerre.  -  Le conseil de guerre de la 3e région a condamné à deux ans de prison, avec sursis, pour vol de fromages sur le quai de la gare de Vire, le matelot Raoul Rouyer, mobilisé au 4e dépôt des équipages de la flotte. Il a condamné à six mois de prison, également avec sursis, pour absences fréquentes, le soldat Georges Lefèvre, mobilisé à la Société Normande de Métallurgie de Caen.  

 

Septembre 1918  -  Au conseil municipal.  -  La jonction de la Loire au port de Caen.  -  Dans sa dernière séance, le conseil municipal a entendu un intéressant rapport de M. A. Nicolas qui a fait l'historique du projet de jonction de la Loire au port de Caen, et rappelé les efforts successifs pour établir dans l'Ouest et autour de Caen un système de canaux, après quoi il a adopté la délibération suivante :

«  Le conseil municipal s'associant à la délibération prise par la Chambre de commerce de Caen le 13 août 1918 et après avoir entendu le rapport fait au nom des commissions réunies par M. Auguste Nicolas, émet le vœu : Que les études du canal reliant Caen la Loire et aux canaux du centre de la France soient reprises dans le plus bref délai possible et que les projets y correspondantes soient soumis à une commission composée des délégués des Assemblées et des Chambres de commerce intéressées ».

 

Septembre 1918  -  La jonction de la Loire à la Manche.  -  M. H. Lefèvre, président de la Chambre de commerce de Caen, vient de recevoir du ministre des travaux publics une lettre qui fait suite au vœu émis par cette Compagnie. Le ministre fait savoir que cette question a été soumis à l'instruction, mais qu'en raison même de son importance, cette instruction n'est pas encore terminée. Le ministre prie la Chambre de commerce d'en informer les intéressés.

 

Octobre 1918  -  Grave collision de tramways.  -  Un sérieux accident de tramways s'est produit samedi soir, vers sept heures et demie, rue Saint-Pierre.

Un car électrique arrivait en face de l'épicerie Mesnil, au moment même un autre car, Gare Saint-Martin-Gare-Etat, débouchait au tournant de la rue Demolombe. En vain les wattwomen tentèrent-elles de serrer les freins qui n'obéirent pas. Bien que la première voiture eut fait marche en arrière presque instantanément, le heurt inévitable se produisit.

Il fut extrêmement violent. La première voiture eut son trolley arraché et tordu. La seconde fut littéralement décapitée de la large bande-réclame en tôle qui couronne nos élégants tramways. Cette énorme bande de tôle et de fer vint s'abattre sur le trottoir, devant le magasin d'épicerie, arrachant sur son passage une lampe à arc, qui se brisa avec un fracas de vitres et de glaces, le magasin ayant été assez sérieusement atteint.

Par bonheur, personne ne fut blessé, ni dans la rue, plus déserte à cette heure de la journée, ni à l'avant des deux trams, tout le monde en fut quitte pour une violente émotion.
Au dire des témoins et des employés de la compagnie eux-mêmes, l'accident est surtout au mauvais état des freins, littéralement hors d'usage, et au non-fonctionnement des sabliers, qui sont pour ainsi dire inexistants, ou dépourvus de sable.

Faudra-t-il encore quelques accidents de ce genre, ou d'autres plus graves, pour que la Direction des tramways s'émeuve enfin, ou pour que s'émeuve au moins notre municipalité. 

 

Octobre 1918  -  Une baladeuse de tramway démolit une devanture.  -  Hier, vendredi, à 13 heures 1/2, la receveuse d'un, tramway effectuait, au terminus Saint-Martin, la manœuvre de la baladeuse. Elle croyait avoir serré le frein, mais celui-ci était démoli.
Soudain, la baladeuse se mit à descendre l'avenue de Courseulles, dont la pente est rapide. La receveuse, voyant le danger et se jugeant impuissante à l'empêcher, sauta à terre, se contusionnant légèrement. La baladeuse, heureusement vide, descendit à toute allure l'avenue, et, sous les yeux effarés des marchands, traversa la place Saint-Sauveur, se tenait le marché.

Par miracle, la voiture effectua, le virage de la place, et absolument emballée, fila la rue Saint-Sauveur mais au tournant de la rue de Mole, elle dérailla, franchit environ six tres, sur les pavés, et alla défoncer la devanture et la vitrine d'un marchand de tissus, fugié à Caen.
C'est une véritable chance qu'il n'y ait eu aucun accident de personnes car, la voiture ayant parcouru environ 800 mètres à toute vitesse, l'accident aurait pu avoir de très graves conséquences, si un déraillement était survenu place Saint-Sauveur, en plein marché.

Les dégâts matériels sont sérieux. Quant donc la direction de la Compagnie et la Municipalité, caennaise comprendront-elles la cessité de réparer un matériel devenu hors d'usage, qui est un danger confiant pour les voyageurs et pour les passants ? 

 

Octobre 1918  -  L'épidémie de grippe.  -   Hier, à Caen, après une réunion du Conseil départemental d'hygiène, tenue à la préfecture, le préfet du Calvados a pris un arrêté qui, en considération de l'épidémie de grippe qui s'est étendue au département, interdit temporairement, dans tout le Calvados, les réunions publiques, les théâtres, les concerts, les cinémas et les autres spectacles qui provoquent des agglomérations de population. Toute infraction à cet arrêté sera sévèrement poursuivie.

 

Novembre 1918  -  Du lait pour les enfants et les malades.  -  A partir du lundi 4 novembre, du lait sera mis en vente, par les soins de la Municipalité : 1e à l'école de filles de la rue Branville. 2e à l'école maternelle de la rue d'Auge et à l'école de filles de la rue Saint-Jean, 220.

D'autres dépôts de lait seront créés ultérieurement et la population en sera informée en temps utile.

Ce lait étant spécialement destiné aux enfants et aux malades, il sera délivré à la mairie de Caen (salle des mariages) à partir du samedi 2 novembre, 9 heures, des cartes de lait sur présentation du livret de famille ou d'un certificat médical pour les malades ce certificat devra indiquer la quantité de lait que réclame le régime imposé au malade, ainsi que la durée probable de ce régime.

Le prix du lait est fixé à 55 centimes le litre. La vente aura lieu chaque jour, de 5 heures à 6 h. 1/2 du soir. (Source  : Ouest-Eclair)

 

Novembre 1918  -  L’Armistice à Caen.  -  Je crois bien que le Moniteur le premier journal de France a avoir donné la nouvelle de la signature de l'armistice. Le gouvernement tenait à en réserver la primeur aux Chambres et les préfectures avaient reçu l’ordre de ne rien communiquer.

Je·demande pardon aux autorités diverses d’avoir omis de les consulter. Elles m’aurait interdit ( et auraient fait ainsi leur devoir ), de publier l’annonce d’une paix prochaine. J’ai cru d’ailleurs que je n’avais pas le droit de priver toute la population anxieuse de la connaissance d’un traité qui faisait cesser une tuerie générale !

D’ailleurs dés 10 heures notre dévoué député Camille Blaisot téléphonait à  M. le maire de Caen pour le mettre au courant de la situation et lui demander de faire sonner les cloche des églises.

En un clin d’œil, la ville a été en fête, bien que mise en défiance par une fausse nouvelle repandue il y a trois jours, vite on s'est donné tout à la joie.

Les drapeaux sont sortis des étages de nos maisons. L'allégresse débordait. Les gamins avaient fait provision de minuscules drapeaux, dont certains avaient entouré la dépêche du Moniteur. Les bicyclistes avaient attaché nos trois couleurs sur les guidons de leurs machines. On s’abordait dans la rue sans se connaître.

"C'est la note générale de toute la France. L'un de nos représentants nous écrivait ce matin :

« Vous savez la grande nouvelle d'aujourd’hui. Nous sommes tout à la joie de l’immense victoire de la Patrie qui ne peut que réunire dans un même enthousiasme tous les Français ».

Et c'est la vérité .

Aujourd'hui, on sent que tous nous sommes frères.

Les rues pendant toute l’après-midi ont présenté l'aspect des grands jours de fête.

Des groupe de femmes portant les drapeaux alliés les ont parcourues en chantant.

Un Cortège plus réjouissant est celui des enfants en tête duquel marchent deux jeunes filles : Une représentant la France, l'autre l'AIsaces-Lorraine. .

Les enfants accompagnés de leurs maîtres et maîtresses suivent, portant des bouquets, et des drapeaux et chantant des hymnes patriotiques.

Partout les drapeaux flottent.

Une mention spéciale pour l’entrée de la rue de Geôle où les guirlandes tricolores traversent d’un côté à l’autre des maisons.

A 11 heures et demie, les cloches ont sonné et une salve de 50 coups de canon était tirée.

A Paris, à 11 heures, le canon tonnant du Mont Valérien, annonçait la bonne nouvelle. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Novembre 1918  -  L’ex Kayser se réfugie en Hollande.  -  Paris, 10 novembre 9 h. 35 soir :

Un télégramme de La Haye dit que ex Empereur, et arrivé ce matin par train spécial, à la gare d'yEsden, localité située à la frontière hollandaise entre Liège et Maëstricht. Un train spécial néerlandais a dû le conduire à sa nouvelle résidence, actuellement encore inconnue

Le roi de Wurtemberg a abdiqué. - Bâle. 10 .novembre : Les Basler Nachrichten annoncent que le roi de Wurteinberg a abdiqué dans la nuit de vendredi. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Novembre 1918  -  La fête de l'armistice.  -  Quand, à 11 heures du matin, lundi, s'est répandue par la ville la nouvelle de la signature de l'armistice, les drapeaux sont apparus aux fenêtres comme par enchantement. Dans les bazars, on se les arrachait. 
A midi. toutes les cloches de la ville ont sonné à la volée. Des salves d'artillerie ont annoncé la grande nouvelle. Le soir, un immense cortège s'est déroulé dans les rues, pavoisées et illuminées. Le départ en avait été fixé au grand balcon, siège de l' « Association des Étudiants ».

Les pompiers avaient bien voulu précéder le cortège avec leurs torches. Venaient ensuite les étudiants, parmi lesquels Jean Blanc, président de l'Ass. et Marcel Macé, organisateur de la manifestation. De nombreux drapeaux alliés flottaient sur tout le cortège, qui chanta la « Marseillaise » devant la préfecture, joliment illuminée. De, il rendit en chantant des hymnes patriotiques au monument des Mobiles du Calvados.

Mardi, jour de congé et de fête, l'animation a été grande. Les salves d'artillerie ont de nouveau fait retentir l'air au moment même 1' « Ouest-Eclair» faisait connaître en tail toutes les conditions de l'armistice. Des cortèges ont parcouru les rues, notamment ce-lui des employés et employées de la Pyrotechnie militaire, porteurs de drapeaux et de gerbes de fleurs.

Les cafés sont restes ouverts jusqu'à une heure avancée de la nuit. Partout les chants patriotiques des alliés ont été chantés et repris en chœur.
Après les heures sombres, les belles, les glorieuses heures ont enfin sonné. Tous avaient le droit de se réjouir et de fêter la victoire de nos armes.

 

Décembre 1918  -  La guillotine à Caen.  -  Les bois de justice sont arrivés à Caen hier. Le président de la République ayant rejeté le recourt en grâce de Tranquet. L'assassin condamné à mort par la Cour d'assises du Calvados à la session d'octobre dernier, l'exécution aura lieu devant la maison d'arrêt demain matin samedi ̃ au petit jour.

 

Décembre 1918  -  Une exécution capitale à Caen.  -  Tranquet, repris de justice, mauvais soldat, quatre fois déserteur, avait assassiné pour le voler un vieillard de 72 ans, en l'assommant et en lui ouvrant le crâne à coups de sécateur.

Les bois de justice étaient arrivés à Caen vendredi à midi. Samedi matin à 6 h. 35, la porte de la cellule Tranquet dort, fers aux pieds, s'ouvre. Entrent l'avocat général Mazier, le Procureur de la République Leullieux, le juge d'instruction et son greffier, Me Dubourg, défenseur, l'abbé Maçon, aumônier de la prison, et le directeur de la Maison centrale, M. Mazière, avocat général, annonce le rejet du recours en grâce « L'heure d'expier est arrivée, dit-il, soyez courageux ». Le gardien retire au condamné les fers et la camisole de force et lui donne un veston.

Tranquet déclare n'avoir aucune déclaration faire ni aucune confidence à son défenseur. Il se confesse, écoute la messe, très calme et très pale, et communie.
 La messe terminée il est amené au parloir des femmes. Là, il prend deux verres de café et un verre de rhum, pendant que M. Deibler signe la levée d'écrou, puis rapidement deux aides procèdent à la toilette et lui coupent à coups de ciseaux son col de chemise. Il est 7 h. 3 minutes. Personne ne souffle mot.

A 7 h. 4 la première porte de la prison est ouverte. Tranquet s'avance sur le perron, soutenu par les deux aides, et la seconde porte de la prison est ouverte. Dans la pénombre, Tranquet aperçoit la guillotine qui se dresse, devant l'entrée. Il chancelle. L'abbé Bacon lui présente le crucifix, qu'il embrasse, puis les deux aides l'empoignent « Un deux allons-y » dit Tranquet. Il franchit la seconde porte.

On entend le bruit sourd de la chute du corps sur la bascule. Le couteau tombe. Justice est faite.

Quelques curieux, maintenus assez loin de la guillotine par un service d'ordre, n'ont rien vu. Aucune manifestation.

 

Janvier  1919    -   Ministère de la Guerre. Direction des Approvisionnements, des Fabrications et des Établissements Centraux du Service de Santé.  -   Marché de gré à gré pour la fourniture de : 1 000 jambes en bois à flexion libre et verrouillage facultatif et 1 000 pilons articulés.

Le cahier des charges et les conditions du marché sont déposés à la direction des Approvisionnements des Fabrications etc... du Service de Santé, 4, rue Casimir-Périer, à Paris, ainsi qu'à la Direction du Service de. Santé de chaque Région.

Les offres, ainsi que les pièces établissant la qualité de Français, devront parvenir le 20 janvier 1919, au plus tard à la direction des Approvisionnements et Fabrications, etc... du Service de Santé, 4, rue Casimir-Périer, à Paris, 7e. ( Source : Le Moniteur du Calvados )

 

Janvier  1919    -   Incendies provoquées par des courts-circuits.  -  Ce matin, à 5 heures, de nombreux commencements d'incendie se sont produits en divers points de la ville. Ils ont été provoqués par des courts-circuits, dont la cause elle-même serait la chute d'un fil-lumière sur les fils des tramwys. Au moment où le courant a été lancé sur ces derniers, les courts circuits se sont produits.

On en a constaté aux magasins de la « Samaritaine », chez M. Delaunay, marchand de cierges et couronnes à l'angle des rues St-Jean et de l'Oratoire. C'est là que les dégâts paraissent  avoir été le plus sérieux. Le magasin de son voisin, M. Borras, marchand de primeurs, a été également atteint.

Courts-circuits encore dans la même rue St-Jean, chez MM. Lefrançois, débitant de tabac ; Maillard, tailleur ; à la succursale de la Belle Fermière ; chez M. Rolland, marchand de primeurs et à l'annexe de l'Hôtel d'Espagne.

Sur le boulevard St-Pierre, on nous signale comme ayant été atteintes : la maison de M. Teto-Etienne et celle de M. David, marchand de couleurs. En ce dernier endroit, un grand accident aurait pu se produire, le compteur se trouvant au-dessus d'une porte donnant accès aux magasins où se trouvent les essences et les peintures.

Un court-circuit s'est également produit chez M. Destiné, bijoutier, rue St-Pierre, et MM. Maugeais, droguiste, rue du Moulin ; Pasquier, entrepositaire, rue de l'Engannerie ; Marivaux et Durocher, entrepositaires, rue St-Jean ; Mahias, marchand de porcelaine et Clerget, marchand de parapluies même rue, et il y a eu certainement beaucoup d'autres endroits qui ne nous ont pas été signalés.

Fort heureusement, un peu partout, on s'est aperçu à temps du danger et on a pu ainsi éviter qu'il prit des proportions sérieuses.

Les pompiers se sont multipliés et, aidés par les voisins, ont pu, en nombre d'endroits, circonscrire le feu. Dans d'autres les habitants ont réussi à écarter le danger qui menaçait leurs habitations.

Une enquête est ouverte. Les dégâts, non encore évalués, paraissent, généralement, couverts par les assurances. ( Source : Le Moniteur du Calvados )

 

Janvier  1919    -   Citations à l'Ordre du Jour.  -   Est cité à l'ordre du corps d'armée :

Jame ( Edmond ), 2e canonnier servant : « Soldat de premier ordre, remarquable par son calme. Du 25 septembre au 6 octobre 1918, a assuré heureusement le fonctionnement des liaisons téléphoniques de première ligne continuellement coupées par les tirs ennemis. Croix de guerre ».

M. Jame est le fils de M. Jame, demeurant rue du Gaillon, et dont le frère Jame ( Maurice ), est mort pour la France le 12 juillet 1917, à Œuilly (Aisne).  ( Source : Le Moniteur du Calvados )

 

Janvier  1919    -   La défense de nos cotes est réorganisée.  -   Un décret que publie le Journal Officiel, organise le service de défense côtière contre l'ennemi flottant.

D'après ce décret, il est créé, dans chaque arrondissement maritime, un service de défense, placé, dans chaque arrondissement, sous le commandement d'un officier général, qui a le  titre de chef de la défense, qui en commande tous les éléments et qui a, de ce fait, autorité sur les commandants de la marine de l'arrondissement, en ce qui concerne la défense de leur secteur. ( Source : Le Moniteur du Calvados )

 

Janvier  1919    -   Incendie.  -   Un incendie, que l'en croit causé par quelques charbons, non éteints, tombés d'un brûloir à café, s'est déclaré Jeudi la nuit dans l'arrière-magasin. de l'épicerie Lecordier, rue St-Jean.

L'alarme fut donnée par M. Pannier, conservateur des hypothèques, qui avait été réveillé par les crépitements du feu.

Grâce à la promptitude des secours organisés par le capitaine Blanchard, M. Adeline, fontainier et les voisins, les dégâts ont été considérablement atténués, au moins pour l'Immeuble. Ceux des marchandises sont importants, Ils sont évalués à 30 000 fr., dont, 24 000 fr. pour des cafés.

La générale fut sonnée en ville et les pompiers arrivèrent avec leur matériel qui fut vite installé. Ce matin, une pompe était encore restée sur placé et l'on procédait au  déblaiement des cafés et autres sacs carbonisés.  ( Source : Le Moniteur du Calvados )

 

Janvier  1919    -   Légion d’honneur.  -   Sont nommés chevaliers : MM. Parny, sous-lieutenant de réserve à titre temporaire au 36e d'infanterie ; Bourseau, sous-lieutenant da réserve à titre temporaire au 36e d'infanterie.

Médaille militaire : La médaille militaire est attribuée à MM. Detoy, adjudant de réserve au 36e d'infanterie ; Taisson, de réserve au 36e d'infanterie. ( Source : Le Moniteur du Calvados )

 

Janvier  1919    -   Citation à l'Ordre du Jour.  -   M. Joseph Hodierne, sous-officier au 1er bataillon, de pionniers du 23e  a été cité à l'ordre du jour en ces termes flatteurs.

« Sous-officier courageux et dévoué, au front depuis décembre 1914 dans l'armée territoriale et dans l'armée active.

Aux attaques par nappes chlorées, des 19 et 20 octobre 1915, a fait preuve de réelles qualités militaires. Agent de liaison entre le chef de bataillon et le commandant de Cie, a fait montre de bravoure en toutes circonstances, et tout particulièrement en mars et avril 1917, en assurant la liaison dans le secteur de la Butte de Tir soumis à de continuels bombardements ».

M. Hodierne est employé depuis de longues années au journal le « Bonhomme Normand », Nous lui adressons nos vives félicitations.  ( Source : Le Moniteur du Calvados )

 

Janvier  1919    -   Citation à l'Ordre du Jour.  -   Le colonel de Partoneaux, commandant la brigade de dragons, cite à l'ordre de la brigade :

De Corday, Jacques, cavalier au 32e dragons.

« Jeune cavalier plein de courage et de sang-froid. Le 16 juillet, devant Vanteuil, est sorti spontanément de son abri, sous un feu Intense de canons et de mitrailleuses et au moment même d'une attaque ennemie, pour porter secours à un officier gravement blessé, a aidé à le transporter jusqu'au poste de secours et a immédiatement rejoint son poste de liaison sous un feu violent ».

Toutes nos félicitations pour cette belle citation au jeune cavalier, fils de M. le capitaine de Corday qui, depuis de longs mois, seconde avec tant de dévouement, la subdivision de Caen, M. le colonel Cochin. ( Source : Le Moniteur du Calvados )

 

Janvier  1919    -   Tribunal Correctionnel de Caen.  -   Louis Prével, 43 ans, domestique à Boissey, a outragé 2 gendarmes de la brigade de Caen, parce que ceux-ci lui  dressèrent une contravention pour défaut de guides.

50 francs, plus 6 francs. Le sieur Lantier, propriétaire à Boissey, civilement responsable

— Désiré Fauvel, 50 ans, cultivateur à Bonnemaison ; Henri Diligence, 49 ans, cultivateur à Bonnemaison, sont poursuivis pour coups réciproques. Fauvel, 25 fr., défenseur : Me  Adam. Diligence, 16 fr., défenseur : Me  Dubourg.

— Louis Violette, 55 ans, propriétaire, lieu dit la « Giraffe », destruction de petits oiseaux. 16 francs.

— Auguste Levieux, 59 ans, chiffonnier à Cabourg, a soustrait un demi-hectolitre de pommes à son propriétaire, le sieur Guillard, à Troarn.

6 jours et 25 francs. Défenseur : Me  Dubourg.

— Marie Lemarchand, femme Tlrard, 25 ans, charcutière à Villers-Bocage.

Le 23 octobre, jour de marché à Villers-Bocage, a mis en vente et vendu de la viande de porc, un jour où cette vente était Interdite. 16 francs. – Défenseur : Me  Delahaye.

Louise Thomas, femme Margrain, 34 ans, épicière, rue de Vaucelles, 1, pour défaut d'affichage sur le prix des marchandises et vente de beurre au-dessus de la taxe.

16 francs plus 5 francs. Défenseur : Me  Delahaye,

— Ou Tien Yuey (chinois), à Colombelles, a soustrait une montre en argent avec sa chaîne qui se trouvaient sur la table du photographe Krière, rue St-Jean, chez lequel la demoiselle  Durand les avait laissés.  2 mois. ( Source : Le Moniteur du Calvados )

 

Janvier  1919    -   Médaille de Sauvetage.  -   Par décision du 19 janvier 1919, lé ministre de la marine a décerné une médaille de sauvetage en bronze au matelot fusilier breveté provisoire Gibert (Louis-Jacques), Caen n° 9377, embarqué à la 4e escadrille de patrouille de la zone des armées du Nord, en récompense du dévouement dont il a fait preuve à Fécamp, le 19 décembre 1918 : « s’est jeté tout habillé à la mer, en pleine mer et par température très froide, pour porter-secours à un marin d'un navire de commerce anglais, tombé accidentellement à l'eau et qui, sans sa courageuse intervention, se serait infailliblement noyé. Déjà titulaire de trois récompenses de sauvetage ». ( Source : Le Moniteur du Calvados )

 

Janvier  1919    -   Les prisonniers encore en Allemagne.  -    Le Sous-secrétaire d'État à la démobilisation fait savoir que le gouvernement français s’est préoccupé de savoir si les autorités allemandes ne maintenaient pas cachés des militaires français jusqu'alors portés déparas.

Une déclaration formelle a été faite par les autorités allemandes que de tels prisonniers n'existent pas. Pour la contrôler, et d'accord avec les autres gouvernements de  l'Entente, le gouvernement français organise des missions chargées de procéder aux recherches et vérifications utiles.

D'autre part, un avis officiel va être donné par tous les moyens de publicité désirables à la population allemande d'avoir à signaler, sous peine de sanctions individuelles et collectives les plus sévères, tout sujet des pays de l'Entente qui se trouverait encore sur le territoire allemand. ( Source : Le Moniteur du Calvados )  

 

Février  1919    -     La Fabrication de nos Fromager par l’Amérique.   -   Pendant qu'en Normandie on fait la guerre au camembert, en Amérique on développe cette industrie. Et voici un détail curieux : ce sont les fromageries américaines qui maintenant fournissent les transatlantiques français et, parait-il, d'autres Importantes compagnies. Taxes supprimées. ( Source : Le Moniteur du Calvados ) 

 

Février  1919    -   Retour de « Poilus ».  -   Retour de « Poilus » Aujourd'hui, vers midi, sont arrivés à Caen environ 150 démobilisés des classes 94, 95, 96 et assimilés. Ils ont été reçus à la Caserne d'Artillerie par le Colonel de Bouvie et M. Perrotte, Maire de Caen, qui leur ont adressé quelques paroles de bienvenue. Puis, au nom de la Ville de Caen, M. le Maire leur a offert une coupe de Champagne et a levé son verre en l'honneur de tous les poilus qui, par leur endurance et leur bravoure, ont sauvé la France et nous ont donné la Victoire,. ( Source : Le Moniteur du Calvados ) 

 

Février  1919    -   Citation à l'Ordre du Jour.  -  Nous apprenons avec plaisir que M. Quesnel, Gaston, employé au bureau du secrétariat de la mairie de Caen, vient de faire l'objet de la citation suivante :

Le médecin inspecteur Rigollet, directeur du service de santé du 1er corps d'armée colonial, cite à l’ordre de la direction du Service de santé les militaires dont les noms suivent : Groupe de brancardiers de la 3e D. I. C.

Quesnel, Gaston Fernand, caporal, section d'infirmiers coloniaux (réserve) : « Ancien fantassin, caporal brancardier digne d'éloges. A su dans les affaires de mars à La Pompelle conduire ses équipes avec calme et courage favorisant dans une large mesure l'évacuation des blessés ».  ( Source : Le Moniteur du Calvados ) 

 

Février  1919    -     Citation à l’Ordre du jour.   -   Nous adressons toutes nos félicitations au sergent Ribard dont nous publions aujourd'hui la cinquième citation ainsi conçue :

Ribard (Robert), sergent au 168e régiment d'infanterie, détaché comme observateur à l'état-major du régiment : « Très bon sous-officier. A toujours fait preuve de courage et de dévouement. A su rendre de grands services et s'est montré un auxiliaire précieux de son chef de corps, notamment pendant les journées des 29 et 30 octobre 1918 au cours desquelles il a assuré une liaison difficile en dépit des bombardements les plus violents ». ( Source : Le Moniteur du Calvados ) 

 

Février  1919    -     Citation à l’Ordre du jour.   -  Est cité à l'ordre du régiment : Jules Bichard. « Au front depuis le début de la guerre, s'est toujours distingué au feu par sa belle conduite et en particulier dans les opérations du 25 septembre au 7 novembre 1918 ». M. Jules Bichard est notre concitoyen, marchand de fûts, rue des Carmes. ( Source : Le Moniteur du Calvados ) 

 

Février  1919    -     Nouvelles maritimes.   -  Deux steamers de la Compagnie Normande qui avaient été affectés au service de guerre viennent de rentrer au Havre et vont reprendre leur service.

Ce sont l’ « Augustin-Normand » et le « Trouville ». Ce dernier a été cité a l'ordre de l'armée avec le motif suivant : « A détruit un grand nombre de mines ennemies devant des ports particulièrement visés par l'ennemi, en raison de leur importance pour la défense nationale ». ( Source : Le Moniteur du Calvados ) 

 

Février  1919    -     Commencement d'Incendie.   -   Dimanche, vers huit heures du matin, Mme Desmonts, épicière, à Caen, Rue d'Auge, 180, en voulant activer le feu dans son fourneau y versa du pétrole et communiqua ainsi le feu à des paniers vides et à du linge se trouvant à proximité.

Ce commencement d’incendie a été éteint par les voisins et les pompiers accourus sur les lieux non pas eu à intervenir. Les dégâts sont évalués à une cinquantaine de francs. ( Source : Le Moniteur du Calvados ) 

 

Février  1919    -     Médailles militaires.   -  Reçoivent la médaille militaire : MM. Victor Maurice, soldat de 1er classe (réserve) et Joseph Jouet (active) soldat au 36e  d'infanterie ; Couturier, sergent de réserve au 36e régiment d'infanterie.  ( Source : Le Moniteur du Calvados )

 

Février  1919    -     Une tentative de meurtre.   -   Un permissionnaire du 333e régiment d'infanterie M. Jules Hervé, qui tient à Caen, rue de Geôle, 14, un débit de boissons, arrivait dimanche soir, vers 8 heures, à son domicile, sans avoir eu le temps de prévenir sa femme.

Ne l'ayant pas trouvée dans sa boutique, il monta dans ses appartements avec l'espoir de l'y rencontrer. Grande fut sa surprise en la trouvant en tête à tête avec un interprète danois, Ertich Westermark, qui demeure à Caen, rue Frémentel, 27.

À la vue du mari, ce dernier s'enferma dans le cabinet de toilette pour échapper à sa colère. Mais le mari outragé ne l'entendait pas ainsi, d'un formidable coup de pied, il fit voler la porte en éclats et se trouva en présence de son rival qui lui déchargea à bout portant un coup da revolver.

Atteint à l'épaule, M. Jules Hervé s'affaissa en poussant un cri, cependant que Westermack prenait la fuite.

On fit mander immédiatement le docteur Wavelet qui après avoir examiné le blessé, déclara que son état présentait peu de gravité.

Mis au courant de ce qui venait de se passer, les agents de la sûreté se mirent immédiatement à la recherche du coupable qui fut arrêté peu de temps après.

Ce petit drame a mis en émoi tout le quartier de la rue de Geôle et de Saint-Pierre, où M. Jules Hervé est particulièrement connu. ( Source : Le Moniteur du Calvados )  

 

Mars  1919    -     Mort au champ d’honneur.   -   M. Lemoine, médaillé militaire, ancien huissier-audiencier près la Cour d'Appel, et Madame Lemoine, sont cruellement  frappés. Leur fils Henri Lemoine, membre de la Jeunesse Catholique, gradué en Droit, Caporal au 24e Rég. d'infanterie, qui avait été porté disparu, a été tué au combat du bois de la Caillette, sous Verdun, le 1er juin 1916 à l'âge de 21 ans.

Un service pour le repos de son âme, sera célébré en l'église Saint-Gilles de Caen, le jeudi 20 mars courant, à neuf heures et demie du matin. On est prié de considérer le présent avis comme une invitation. ( Source : Le Moniteur du Calvados ) 

 

Mars  1919    -     Le pécule des poilus insaisissable.   -   Le sous-secrétaire d'État aux finances fait connaître qu'il a été notifié aux comptables du Trésor qu'il leur était  interdit de retenir d'office les impôts sur les sommes inscrites au carnet de pécule, de même qu'éventuellement sur l'indemnité de démobilisation. ( Source : Le Moniteur du Calvados ) 

 

Mars  1919    -     Les Régiments Normands.   -   On sait combien les régiments Normands se sont distingués an cours de la grande guerre et tous maintenant ont, croyons-nous la fourragère.

A ceux dont nous avons déjà parlé, il faut ajouter le 205e régiment de Falaise ; le 319e régiment de Lisieux, et le 224e régiment de Bernay.

Le 5e, qui porte déjà, cette fourragère, a de nouveau été cité. On-dit qu'il recevrait prochainement la fourragère aux couleurs de la Médaille militaire. ( Source : Le Moniteur du Calvados )  

 

Avril  1919    -     Citations à l'Ordre du Jour.   -  Nous sommes heureux de pouvoir publier la belle citation à l'ordre de l'armée du 81e régiment d'artillerie lourde.

La voici : « Malgré les bombardements les plus violents, et malgré les rafales de mitrailleuses, malgré les fatigues endurées du 81e régiment d'artillerie lourde, sous les ordres du lieutenant-colonel Charlier, a contribué pour une large part, à arrêter, l'ennemi devant Noyon, devant Montdidier, et sur la Marne, et à précipiter sa retraite au cours de la glorieuse offensive du 18 juillet ».

Par ordre numéro 136 F., le droit au port de la fourragère aux couleurs de la Croix de guerre, est conféré au 1er, 3e et 4e groupe et au groupe C et D du 81e  régiment d'artillerie lourde. Signé: PETAIN.

Nos sincères félicitations à ces braves et tout particulièrement aux Caennais qui en faisaient partie, entre autres : MM. Albert Leboyteux, second fils de notre confrère, M. Leboyteux, directeur, de l’Écho Normand ; Édouard Morin et Gaston Lebon, M. Marcel Le Moigne. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Avril  1919    -     Enfant brûlée.   -  Un déplorable accident vient de survenir à une petite fille de 8 ans, Raymonde C……. Sa mère s'étant absentée quelques instants, l'enfant  s'approcha de la cheminée. Le feu prit à ses vêtements.

Les premiers soins ont été donnés à la pharmacie Guyard et l'enfant a été transportée à l'hôpital. Elle a de nombreuses brûlures, mais qui ne paraissent pas graves. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Mai 1919  -  Un sous-brigadier des douanes se noie  -  Il voulait sauver une femme. Dans la nuit de mercredi à jeudi, le sous-brigadier Caillet effectuait sa ronde au nouveau bassin, en compagnie du douanier Segoulin, lorsqu'il entendit la chute d'un corps dans l’eau. C'était une femme qui venait de se jeter dans le bassin. N'écoutant que son courage, le sous-brigadier Caillet se précipita à son secours. Assez longtemps, il disparut sous l'eau sans que son camarade le vit revenir. 

Se demandant alors ce qu'il était devenu, M. Segoulin plongea à son tour. Il fut assez heureux pour saisir un corps dans le remous et remonta à la surface. C'était celui de la femme. Il le  déposa sur la berge et rechercha alors son camarade. Il ne put malheureusement le retrouver. Il appela au secours, et après des recherches longtemps infructueuses, il finit par retrouver le corps de Caillet. On opéra aussitôt les tractions  arpthmées de la langue et on l'entoura de soins. Mais tout fut inutile, l'asphyxie avait fait son oeuvre. Le corps du malheureux a été  ramené à son domicile.

 Quant à la femme, qui a pu être retirée saine et sauve, c'est une fille Léontine  Richard, demeurant à Caen. M. Caillet était âgé de 44 ans. Il était entré dans l'administration des douanes en 1898 et avait fait preuve d'excellentes qualités qui lui  avaient valu le titre de sous-brigadier en 1901. Quant à segoulin. Dont on ne saurait trop louer le courage et l'esprit de sacrifice, il est né le 25 janvier 1876 a Lion-sur-Mer.  Entre  dans l'administration des douanes en 1900, Il est déjà titulaire d'une médaille de sauvetage décernée par le ministre de la marine et la fondation Carnegie lui a été attribué une de ces dernières années. Il est marié et père de trois enfants. Son bel acte de courage mérite d'être signalé à l'attention de son administration.

 

Mai  1919  -  Caen, ville sale.   -   Comme si ce n'était pas assez de sa saleté intérieure, notre ville compte, dans plusieurs de ses quartiers excentriques, d'infects dépotoirs, loyers de pestilence, dont les riverains ne se trouvent pas à la noce. Dans les terrains vagues du « Pot-d'Etain », à Saint-Julien, on dépose toutes sortes de choses, ordures variées et cadavres d'animaux.

Au premier rayon de soleil des miasmes se dégagent. Ce terrain, qui appartient à M. Beaujour, avait été clos, on en a brisé les clôtures et le dépôt continue.

A Saint-Gilles, la rue Haute est presque Inaccessible. C'est un cloaque. Les habitants de cette rue et ceux des maisons de la rue des Chanoines qui y accèdent viennent de  signer une protestation collective.

Si on envois nos cinq balayeurs dans ces bourbiers louches, il serait peut-être utile de les habiller en scaphandriers et de les relier par téléphone au poste de pompiers. On pourrait voler à leur secours en cas d'asphyxie ou d'enlisement. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mai  1919  -  Les nouveaux noms des rues.  -  M. le Préfet a Informé M. le Maire qu'à la suite de la transmission de la délibération du Conseil Municipal demandant l'autorisation de donner à la route de Ouistreham, le nom de rue « Georges Clemenceau », il a été informé que le Conseil des Ministres a décidé d'ajourner l'autorisation de donner aux rues ou avenues le nom des personnalités diplomatiques existantes, exception faite pour les chefs d'État et les militaires.  (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Mai  1919  -  Nouvelles maritimes.    Les noms des bateaux.   -   Le commissaire aux Transports maritimes a prescrit qu' à l'avenir — et à compter du 29 mai courant — aucun navire français de plus de 25 tonneaux bruts ne pourra prendre un nom qui serait déjà porté par un autre bâtiment.

Il s'ensuit que, désormais, les armateurs devront faire connaître à. l'administration compétente (Transports maritimes — Réglementation du Commerce maritime) les noms qu'ils désirent donner à leurs nouveaux bâtiments. II leur sera accusé réception de leur demande, en même temps qu'un avis favorable ou non, suivant le cas. (Source  : Le Moniteur du Calvados) 

 

Mai  1919  -  Installation du téléphone dans les gendarmeries.   -    L'installation du téléphone dans les brigades de gendarmerie est adopté.

Tous pouvoirs sont donnés à M. le Préfet pour signer les contrats d'abonnement, accepter les offres de participation des communes et accélérer l'achèvement complet des travaux.  (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Mai  1919    -   Réinstallation de l'École Normale d'instituteurs de Caen.   -   Le Conseil ouvre un crédit de 30 000 fr. pour la remise en état des locaux de l'École Normale d'instituteurs et sa réinstallation, sur lesquels l'Union des Femmes de France a déjà versé 17 000 francs.

M. le Président rend hommage à l'Union des femmes de France qui a rendu de si grands services pendant la guerre et qui mérite la reconnaissance publique. (Source  : Le Moniteur du Calvados) 

 

Mai  1919  -  AVIS.   -   Conformément aux instructions de M. le ministre du Ravitaillement, il ne sera pas distribué de tickets de pain pour le mois de juin.

L'attribution de farine aux boulangers étant basée sur la moyenne des délivrances, qui leur ont été faites du 1er avril au 15 mai 1919, les consommateurs sont invités à maintenir leur consommation dans la limite des quantités auxquelles ils avaient droit avec des tickets qu'ils détenaient.

Les Cartes d'Alimentation devront être conservées par leurs titulaires qui auront à les représenter à la mairie en vue de l'obtention de la feuille de coupons du 2e semestre 1919. Le coupon n° 2 de cette feuille sera toujours nécessaire pour obtenir des détaillants la ration de sucre à laquelle chaque intéressé a droit.

A l'hôtel de ville le 27 mai 1919. Le maire de Caen, chevalier de la Légion d'honneur.        R. PERROTTE.        (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Mai  1919  -  Conseil Général du Calvados.   -   Séance du 29 avril 1919  -  Canal de la Manche à la Loire.

Le Conseil appuie le projet du canal de la Manche et décide de poursuivre énergiquement la réalisation de différents travaux à réaliser en trois tranches : 1° Transformation des  ponts de Caen.

2° Dragages du premier bief de la Haute Orne.

3° Canalisation de la Haute Orne jusqu'à Saint-Rémy. Il réclame la mise en état des ports d'Isigny et de Deauville.

M. le baron Gérard demande que ces travaux soient exécutés le plus tôt possible. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Mai  1919  -  Conseil Général du Calvados.   -   Séance du 29 avril 1919  -   Postes et Téléphones.

Dans son rapport, M. de Longuemare, président de la 3e sous-commission. demande la création de nouvelles recettes auxiliaires. La modification et l'agrandissement de la poste centrale de Caen et de la poste de Pont-l’Évêque, l'augmentation du personnel notamment[1]dans les bureaux des villes d'eaux pendant la saison des bains de mer.

L'utilisation de la locomotion automobile pour le service des courriers et en même temps des voyageurs.

L'installation du téléphone dans toutes les communes et notamment dans les brigades de gendarmerie. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Mai  1919  -  Conseil Général du Calvados.   -   Séance du 29 avril 1919  -  Lait.   -    M. Bellissent démontre la difficulté d'application par les maires du droit de réquisition.

Il signale la mort fréquente d'enfants, faute de lait.

MM. Le Cherpy de Longuemare et Perrotte prennent part à la discussion. M. le préfet signale les difficultés du ravitaillement en lait.

L'assemblée émet à l'unanimité le vœu : 1° Qu'à l'aide de toutes mesures qui seront jugées nécessaires, les Pouvoirs publics réservent à la consommation des enfants, des malades et des vieillards, le lait Indispensable à leur alimentation avant toute transformation industrielle.

2° Que les maires des communes usent du droit de réquisitionner le lait dont ils peuvent avoir besoin pour les enfants, malades et vieillards.

3° Qu'on réalise le projet de fixer autour des villes une zone interdite aux fromageries afin de permettre le ramassage du lait par les villes et leur ravitaillement, dans des[1]conditions de fraîcheur et de conservation irréprochables. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Mai  1919  -  Université de Caen.   -   Le conseil de l'Université de Caen, désirant conserver la mémoire des étudiants des différentes facultés (droit, sciences, lettres) et de l'École de Médecine, qui sont tombés au champ d'honneur, où ont reçu des blessures, ou ont été l'objet de citations et de distinction prie les familles des étudiants qui étaient  inscrits sur les registres d'une des facultés ou de l'École de Médecine au moment de leur mobilisation et qui rentrent dans l'un des cas qui précèdent, de vouloir bien envoyer au secrétaire des facultés, le plus tôt possible tous renseignement utiles sur ces étudiants, avec le texte des citations qui les concernent. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Juin 1919  -  Le feu à bord d'un navire.  -  Dans la nuit de samedi à dimanche, le poste permanent des sapeurs-pompiers était prévenu qu'un incendie venait d’éclater à bord du steamer " Koningin-Willhelmina ", capitaine Bosselaar, amarré dans le port de Caen. Les pompiers se rendirent immédiatement sur les lieux, sous le commandement du capitaine Keyser et du sous-lieutenant Le Pommier. Aidés par une partie de l'équipage, ils parvinrent à se rendre maîtres du feu après plus de deux heures de travail ; ils allaient regagner leur poste, lorsque vers deux heures et demie du matin, ils furent appelés de nouveau, une nouvelle alerte s'étant produite dans la chambre des machines. Au cours des efforts faits pour éteindre l’incendie, le maître chauffeur Rintenberg s'est brûlé aux mains, en voulant retirer  du foyer d'incendie des bouteilles de pétrole. Il a reçu les premiers soins à la pharmacie Lévesque. A la suite de l'enquête à laquelle il a été procédé, il semblerait établi que ces incendies successifs sont dus à la malveillance. Deux arrestations ont été opérées, et les deux matelots arrêtés sont actuellement écroués.

 

Juin  1919  -  Citation à l'Ordre du Jour.   -   Le maréchal de France commandant en chef les armées françaises de l'Est cite à l'ordre du régiment: Régnier, Edouard Fernand, matricule 014027, sergent territorial à la 11e  compagnie d'infanterie :

 « Bon gradé, ayant toujours fait son devoir dans toutes les circonstances.

A été atteint grièvement le 16 décembre 1916. Une blessure antérieure ».

Nous sommes heureux de cette citation qui fait honneur à l'un de nos compatriotes. M. Régnier est, en effet, brigadier de notre police municipale. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Juillet 1919  -  Dimanche 13 juillet.  -   A 21 heures : retraite aux flambeaux. A 22 h. 30, bals publics, place du Théâtre et place des Petites-Boucheries. Lundi, 14 juillet.   -  A 8 heures et demie, 12 heures et 20 heures, salves d'artillerie, sonnerie de cloches. A 9 heures, place Alexandre-III, remise de décorations, Le général remettra à l'Association des Invalides de la Grande Guerre le drapeau offert par l'Union commerciale.  A 10 heures 30, remise d'une palme au monument de la Place Alexandre-III par les Anciens Combattants. -  A 14 h. 30, Grande représentation gratuite de cinématographe. A 15 heures, sur le Cours Sadi-Carnot, concours de bicyclettes et de voitures fleuries et fête  sportive. Au quartier neuf de Vaucelles, fête foraine et sportive. Le soir, concert, illuminations, bal. 

 

Juillet 1919  -  Pour l’application des 8 heures.  -  Vendredi dans la soirée, des manifestations bruyantes se sont produites devant certains magasins de commerçants - des merciers, bonnetiers et marchands de blanc, notamment  - elles étaient survenues parce que ces commerçants se refusaient à fermer leur magasin et à libérer « tout » leur personnel à 6 heures et demie du soir. Rue Saint-Pierre, au coin de la rue de Strasbourg, la manifestation se prolongea une demi-heure environ. Finalement, le rideau de fer se releva pour libérer quatre ou cinq employées, à la grande joie de leurs camarades. 

Renseignements pris, il s'agirait d'un simple malentendu. Les patrons de cette catégorie de commerce - chambre syndicale de l’ habillement, confection, blanc, lingerie, etc…. - auraient  pris l'engagement de fermer leur magasin à 6 heures et demie du soir. Quelques-uns, les réfractaires, prétendent que cet engagement ne s'applique pas au vendredi, jour de marché.  Toute la question est là. Il est évident que si  l'engagement, qui a été approuvé et signé, ne comporte pas d'exception précise, il doit être intégralement et unanimement respecté. Nous devons dire que les manifestants se sont bornés à une démonstration publique, un peu bruyante, mais non hostile et qui s'est passée dans le calme. La police, présente, n'a joué qu'un rôle de spectateur passif il faut l'en féliciter.

 

Septembre 1919  -  La fin d'un conflit.  -  La grève des Chantiers Navals est terminée. Le mouvement de grève, déclenché depuis quelques Jours n'ayant pas abouti, les ouvriers des Chantiers Navals ont repris le travail ce matin, sans augmentation de salaire. 

 

Janvier 1920  -  Embellissements.   -   Pendant qu'on ouvre un chemin à travers le square de la Préfecture, on s'occupe d'abattre les acacias du boulevard dont la vieillesse a fort éclairci les branchages. M. Augis va remplacer ces arbres par des sorbiers et des tilleuls. Il y aura là, plus tard, de quoi régaler les merles et faire de la tisane. Mais combien de vieux Caennais n'auront pas le temps d'attendre les floraisons futures ! (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1920  -  La catastrophe des Haut-Fourneaux.   -   Samedi matin, la population de notre ville était douloureusement émotionnée par la nouvelle que le train transportant le personnel des Hauts-Fourneaux venait de dérailler et qu'il y avait de nombreuses victimes. 

Cette nouvelle était malheureusement exacte et on connut bientôt les circonstances de l'accident qui s'était produit. Le convoi était parti du Nouveau Bassin vers 7 heures, comme d'habitude, quand, arrivé à la bifurcation de la ligne des Chantiers Navals, le premier wagon suivit la voie des Hauts-Fourneaux alors que le reste du train s'engagea sur celle des Chantiers Navals. Une rupture d'attelage se produisit et les trois wagons, suivant le premier, allèrent s'écraser contre le remblai. 

Des cris déchirants se firent entendre et ceux qui n'avaient pas été atteints se précipitèrent au secours de leurs camarades. On releva cinq morts et une cinquantaine de blessés. Une dizaine de ces derniers, grièvement atteints, furent transportés à l'hôpital. Les autres regagnèrent leur domicile ou y furent conduits par les soins de l'administration des Hauts-Fourneaux. 

Les morts sont : MM. André Bazire, route de Falaise ; Raymond Rausch, route d'Ifs ; Jules Foulfoin, rue de la Déllvrande ; Georges Liénard, rue d'Auge, et Debrobick, sujet russe. On espère n'avoir pas d'autre mort à déplorer. 

Une enquête a été aussitôt ouverte sur les causes de cette catastrophe. On l'a d'abord attribuée à l'imprudence d'un ouvrier qui, monté sur le marchepied d'un wagon, aurait donné involontairement un coup de pied sur le contre-poids de l'aiguille et en aurait ainsi produit le déclenchement.

C'est bien invraisemblable. Mais il existe d'autres causes. On dit notamment que l'aiguille n'était pas gardée et que la tige reliant les deux pointes était en mauvais état, enfin, que le train, en dépit des protestations déjà formulées nombre de fois, ainsi que nous le disons d'autre part, était refoulé et non traîné. II y a donc, dans cette terrible catastrophe, des responsabilités qu'il faut chercher et surtout trouver.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1920  -  A propos d’une catastrophe.   -  L'émotion causée par le déraillement du chemin de fer des Hauts Fourneaux est grande, dans le monde ouvrier. Personne, du reste, n'a pu demeurer Indiffèrent en présence d'un accident aussi grave. Reste à en établir les responsabilités.

A ce point de vue, nous nous permettrons simplement une remarque : Des accidents précurseurs de celui-ci s'étaient déjà produits sur cette ligne. Ils avaient toujours pour cause la composition anormale des trains, dans lesquels la locomotive, au lieu de traîner les wagons, les poussait devant elle. On n'a pas idée d'atteler ainsi la charrue devant les bœufs ! 

La presse tout entière avait présenté maintes fois des observations à la Cie à ce sujet. Elle n'en a jamais tenu compte et c'est un miracle qu'un déraillement complet ne se soit pas produit plus tôt. Il n'en est pas moins venu à son heure.

Heure tragique s'il en fut, puisqu'elle a fait tant de victimes ! Mais on ne peut s'empêcher de regretter une si faible sollicitude des employeurs pour les employés et de plaindre les familles de travailleurs et durement éprouvées. 

— Les Inhumations des victimes ont attiré une assistance nombreuse. Elles ont été suivies d'une réunion ouvrière dans laquelle l'administration des Hauts Fourneaux a été plutôt malmenée.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1920  -  Un acte de justice.   -  Dans la dernière liste des médailles de la Reconnaissance Française parue à l'Officiel, se trouve l'attribution d'une médaille d'argent à Mme Vêrel, la très dévouée présidente de la Croix Rouge. Voici la belle citation qui accompagne cette attribution. 

« Mme Vérel, née Amélie Emma Hettier, à Caen (Calvados) : a été la fondatrice à Caen du Comité de la Croix Rouge qu'elle préside depuis 40 ans. Malgré son grand age (née le 7 avril 1828) s'est dépensée sans compter pendant toute la durée de la guerre pour assurer le bon fonctionnement et la bonne marche de l'hôpital auxiliaire n° 9, venant chaque jour à l'hôpital, prêtant son concours le plus actif à l'assistance des blessés et ne cessant de donner l'exemple de l'esprit de charité et du plus entier dévouement aux glorieuses victimes de la guerre. » 

La ville entière applaudira à une distinction si bien méritée. Depuis nombre d'années, dans la paix comme dans la guerre, Mme Vérel a mis au service de son œuvre une inlassable énergie et une rare intelligence. Elle s'est Ingéniée de mille façons à trouver les ressources nécessaires et, tant qu'ont duré les hostilités, elle est restée vaillamment et généreusement à son poste. C'est aussi, dans sa personne, la Croix-Rouge tout entière qui est récompensée et, de cette récompense si hautement méritée, nous ne pouvons que féliciter avec joie et la vénérable présidente et ses dévouées collaboratrices. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1920  -  Cour d’Assises.   -   Les satyres.  -  Emmanuel Le Gloas, 27 ans, chauffeur à Caen, a comparu devant le jury sous l'Inculpation d'attentat à la pudeur sur sa jeune belle-sœur, Juliette Yssambourg, 12 ans. Il a avoué, mais en alléguant qu'il était Ivre quand il a commis l'acte qu'on lui reproche. Il est marié et père de deux enfants. 

Il a été condamné à dix-huit mois de prison.  Défenseur : Me  P. Adam. 

  La Cour a infligé trois ans de prison à un ignoble personnage, Émile Guillaume, 33 ans, qui s'était rendu coupable d’un attentat sur un jeune garçon du 13 ans, Louis Marie, demeurant à Caen, hôtel du Saumon. Guillaume avait déjà été condamné pour tentative de viol. — Défenseur : Me  Beslière. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1920  -  Le lait à Caen.   -   On en manque, il n’y a pas besoin de le dire. Pourtant il en faut, et la Mairie adresse à nos voisins, les ruraux, un appel pressant, à ce sujet. 

Les producteurs des environs qui pourraient fournir du lait sont Instamment priés de se faire connaître. On le leur paiera au prix des fromagers et même on les dédommagera pour le transport : il est Impossible de mieux dire. Il faut espérer que, parmi les cultivateurs de la région caennaise, qui sont tous de braves gens, Il va s'en trouver qui auront pitié de nos malheureux gosses. Quand on songe que des mères en sont réduites actuellement à mettre de l'eau sucrée dans les biberons, c'est une chose terrible !

— « Voyons, un bon mouvement, mait' Jacques ! Dites à !a maîtresse d’attendre au printemps pour porter du beurre au marché, faites emplir les channes, attelez la Grise et envoyez Désiré à la ville. Vous sauverez la vie à plus d'un petiot dans le courant de l'hiver et, dans votre prospérité actuelle, dont personne n'est jaloux, croyez-le bien, vous aurez fait acte de bon Francais et de Normand complaisant et serviable I » (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1920  -  Pour Rethel.   -   La souscription en faveur de notre filleule s'est ralentie, ce qui est tout naturel. Les Caennais ont fait preuve de bonne volonté et de patriotisme et donné dans la mesure de leurs moyens. Tant d’œuvres intéressantes les ont sollicités qu'ils n'ont pu faire, pour chacune, que tout juste ce qui était convenable.

Cependant on quête encore pour Rethel, dans les cinémas et les spectacles, et la souscription demeure toujours ouverte. Nous y faisons inscrire, cette semaine, deux dons anonymes de 20 francs chacun et nous restons à la disposition de nos lecteurs pour recevoir leurs offrandes en faveur de la vaillante petite cité des Ardennes, qui essaie courageusement de ressusciter de ses ruines. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1920  -  Bonne prise.   La police municipale vient de mettre la main sur les auteurs des cambriolages commis, ces jours derniers, a la chocolaterie dirigée par M. de Peretil, route d'Harcourt, à Caen. Ce sont trois tout jeunes gens, Albert Tostain, 17 ans, rue des Teinturiers ; Émile Marie dit Lemière, 16 ans, rue Saint-Pierre, et Julien Decarpentry dlt Le Mousse, 16 ans, rue Vaugueux. 

Ces trois vauriens travaillent peu et ne vivent, la plupart du temps, que de vols et de rapines. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1920  -  Suites tragiques d’un abandon.   -   Un jeune homme de 19 ans, André Giblasse, originaire de Lisieux, ajusteur aux Chantiers navals, à Caen, avait vécu  maritalement pendant quelque temps avec une fille soumise, Marie Jean. Cette fille l'abandonna bientôt pour voler vers d'autres amours. 

Rencontrant l'autre nuit, rue des teinturiers, sa volage maîtresse, Giblasse la supplia de revenir à lui. Comme elle ne voulait rien savoir, le jeune homme se frappa d'un violent coup de couteau en pleine poitrine. On le soigne à l’hôpital où, pendant quelques jours, on a considéré son état comme désespéré. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1920  -  Et la Poste !   -   Nous voici avec une nouvelle, municipalité, va-t-elle s'occuper enfin, de la Poste ? 

L'ensemble des locaux baptisé pompeusement : Hôtel des Postes de Caen est composé de taudis infects, étroits, mal aérés, dégoûtants d'aspect et inhabitables. 

De malheureux employés s'entassent là-dedans et y séjournent dans les conditions d'hygiène les plus épouvantables. Combien d'entre eux, seulement depuis un quart de siècle, y ont contracté les germes de maladies mortelles ! Et le public ! On ne sait comment il se décide à aller à la Poste, le public ! Il n'y va, du reste, qu'avec répulsion. 

A de certaines heures, la foule s'entasse devant les guichets insuffisants derrière lesquels les employés débordés perdent patience. Tout le monde, dans cette sentine, souffre, se souille et se plaint. 

Depuis longtemps on a projeté le déplacement des Postes et leur reconstruction. Même des projets superbes ont été préparés et près d'être exécutés, mais il y fallait le concours de l'État et on n'a jamais pu l'obtenir ! Nos députés n'ont donc guère d'influence, à Paris ? 

En attendant, notre ville avec son Hôtel des Postes, bouge infect, est la risée des étrangers et le public qui paie y est molesté et mal servi. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1920  -  Condamné à mort gracié.   -   Bonnafous qui avait été condamné à mort, au Assises d'octobre, pour tentative de meurtre sur les agents Cros, Provost et Desrues, de la police municipale de Caen, eu sa peine commuée en celle des travaux forcés à perpétuité. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1920  -  Une naissance mouvementée  -  Un soir de la semaine dernière, deux femmes se présentaient à l’hôtel de Strasbourg, rue de Bras, à Caen, tenu par M. Mériel, et demandaient une chambre. On la leur donna.

Pendant la nuit, un pensionnaire de l’hôtel, fut réveillé par des bruits de pas, des vagissements. Le lendemain matin, il prévint le patron de l'hôtel, qui monta aussitôt. Les clientes étaient parties. L'état du lit démontrait clairement qu'un accouchement avait eu lieu.

La Police fut prévenue et on se mit à la recherche des fugitives. A l'hôpital, on n'avait rien vu. Ce n’est qu'au bout de trois Jours de recherches qu’on finit par retrouver, à l’hôpital même où, pourtant, on avait affirmé, peu auparavant, n'avoir enregistre aucune entrée, l'accouchée, Léa Soyer. Elle s’y était rendue directement, à pied, le matin même, avec son enfant, une fillette. Peu après, on retrouvait sa compagne, Armandine Blier, veuve Durand. Dans cette aventure, cette dernière a été la moins, favorisée, car, comme elle est sous le coup d'un arrêté d'interdiction de séjour, elle fut arrêtée sur le champ et écrouée. Elle sera poursuivie. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1920  -  Un duel à l’arme blanche.   -   L'autre soir, Albert Marguerie, journalier, rue Caponière, 82, soupçonnant sa femme de le tromper avec Gaston Lalaude, 29 ans, égoutier, 198, rue St-Jean, alla demander à ce dernier des explications à ce sujet. Naturellement, il y eut discussion, puis rixe, au cours de laquelle Marguerie frappa Lalande de plusieurs coups de couteau. Ce dernier riposta avec un sabre.

Ils se sont arrangés de telle façon qu'on a dû transporter les deux adversaires à l'hôpital. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1920  -  Après le pillage.  -  On n'a pas oublié les scènes d'émeute dont notre ville fut, l'autre année, le théâtre et le pillage de plusieurs magasins caennais. Les commerçants ont naturellement réclamés indemnités. Ils vont en recevoir prochainement. L'Etat y participera pour une moitié et la ville pour l'autre moitié.

Tout de même, n'eùt-il pas été plus simple de réfréner ces essais de bolchevisme expérimental et d'épargner aux contribuables excédés, une dépense de plus ? (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1920  -  Le gaz part.  -   On souffre grondement, à Caen de la restriction du gaz. Ce n'est pourtant pas une consolation de songer qu'on en souffre davantage encore à Bayeux. A tout propos, l'usine cesse de fonctionner. Et dire qu'il y a peut-être, à quelques kilomètres, des quantités énormes de charbon ensevelies dans les profondeurs du so!. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1920  -  On dit….  -  que les cinq balayeurs de Caen vont avoir du renfort. M. Armand Marie compte leur adjoindre les balayeuses mécaniques, sorties, enfin, de leurs remises. Si une idylle s'ébauchait entre balayeurs et balayeuses, on pourrait peut-être entrevoir une descendance heureuse de jeunes tapis-brosses et de gracieuses raclettes. (Source  :  Le Bonhomme Normand)

 

Février 1920  -  Chemins de fer du Calvados.  -   Par suite du manque de charbon, a partir du 11 février, le nombre des trains sera réduit à un train journalier, aller et retour, sur les lignes de Caen-Falaise, Bayeux-Arromanches, Courseulles et Bayeux-Port-en-Bessin. [Consulter les Horaires dans les Gares). (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1920  -  La cavalcade des étudiants.  -   Elle est en marche déjà ! Elle court les rues et grimpe les escaliers pour recoller les subsides nécessaires à sa réalisation complète.

A peu près partout, nos jeunes quêteurs sont bien accueillis. Pourtant chacun ne donne pas suivant ses moyens. Il est des gens à sac qui lâchent péniblement vingt sous et de pauvres diables d'ouvriers qui y vont du billet bleu. Un boucher a daigné souscrire pour un franc. Peut-être aurait-il pu faire mieux. Qu'importe ! l'opération commence à réussir. On a déjà ramassé trois ou quatre billets de mille, peut-être. Mais il en faut dix, vous entendez bien, pour faire une cavalcade qui en vaille la peine.

Allons ! braves caennais, on vous offre un jour de joie et de folie, si vous avez de salles billets déchirés, débarrassez vous en donc ! (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1920  -  Coup de pouce.  -   C'est dans la nuit du samedi à dimanche que nous allons devenir tous riches, en économisant, d'un coup, 250 heures de feu et de lumière ! En effet, l'avance de l'heure part, cette année, du 14 février et elle durera jusqu'au 25 octobre.

Nous allons donc recommencer et vivre en désaccord avec le soleil, la lune, les étoiles, les fleurs, les petits oiseaux, les coqs, les vaches, les cultivateurs et le bon Dieu par dessus le marché.

Ça ne fait rien, nous avons l'habitude ! Pour que l'avance prématurée de l'heure ne soit pas trop préjudiciable à la santé des écoliers, les entrées de classes, ne seront pas avancées avant Paques. Alors nos gosses vont manger une heure après nous !

On dit qu'en Amérique cette avance de l'heure n'est plus pratiquée. Pourtant les Yankees sont gens pratiques. Sans doute se trouvent-ils assez riches pour se dispenser de  faire des économies de bouts de chandelles. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1920  -  Le feu.  -   Dans la nuit de lundi, le feu a éclaté chez M. Amey, boulanger, rue de Geôle. Tout le matériel de la boulangerie a été brûlé et un plancher s'est effondré.

Les dégâts sont évalués à une dizaine de mille francs. Ils sont assurés. L'incendie serait dû à un court-circuit. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1920  -  Le Gaz.  -    Onze sous le mètre cube ! C'est un peu cher tout de même. Et encore pour ce prix là, nous n'en avons pas autant que nous en voulons ! Pour nous consoler on nous annonce que, d'ici quelques jours nous pourrions bien ne plus en avoir du tout. Il parait que les bateaux de charbon, à peine sortis des ports anglais, sont forcés d'y rentrer.

Pourtant notre Cie du gaz est anglaise elle-même et nous devrions être encore éclairés quand partout on est à tâtons. Inutile de dire que, dans toutes les villes de la régions l’éclairage au gaz est supprimé ou considérablement réduit. On parle de faire de l'hydrogène avec du bois. Y réussira-t-on et si on y réussit, combien faudra-t-il payer ce nouveau fluide ? (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1920  -  Le Caen nouveau.  -  On va enfin s'occuper de démolir l'hôpital Saint-Louis ! Que va-t-on « remolir » à la place ? Personne n'en sait encore rien, car on se souvient qu'un litige est ouvert à ce sujet.

Pour la Ville, l'opération va comporter un assez important bénéfice et une certaine dépense, car il va falloir reconstruire un égout aboutissant à la caserne Hamelin. Qu'importe ! on fera bien de mener grand train cette double besogne. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1920  -  V’la les masque !  -  La grippe « reprend du vif ». Sale maladie, s'il en fut ! Pour éviter !a contagion, des précautions sont utiles assurément. Reste à savoir si celles qu'on nous indique, par voie d'affiches, sont vraiment efficaces. Il faudrait n'approcher les malades que le visage recouvert d'un triple masque de gaze ou de tarlatane. Combien de personnes consentiront à se masquer ainsi, après Carnaval, et au risque de fiche le trac à ceux qu'ils auront à soigner.

Ne rions pas trop de la grippe cependant. Elle a fait ses preuves comme meurtrière et il vaudrait encore mieux suffoquer un peu derrière trois tarlatanes que d'étouffer pour de bon dans une péremptoire congestion.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1920  -  La crise du gaz.  -  Le gaz part de partout. Caen est toujours restrictionné. Bayeux le paierait 0 f. 91 le mètre cube, si on lui en donnait, mais les cornues de son usine sont, depuis longtemps, refroidies.

A Condé, on est aussi à tâtons et il y a si peu d'espoir d'obtenir du gaz à nouveau que la Compagnie propose à ses abonnés d'enlever les compteurs et de sceller les robinets.

A Argences, il est question de faire payer le gaz 35 sous le mètre. Ça le mettra cher la lieue !   (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1920  -  On dit...  -   Que, dans les cérémonies patriotiques, ce sont souvent ceux qui n'ont pas combattu qui parlent au nom des anciens combattants.

On dit...  que les veuves de guerre n’ont pu toucher leur trimestre de pension du 15 mars, à la perception de Courseulles. Par ces temps de vie chère, les pauvres femmes ne peuvent guère attendre. Ne devrait-on pas, au moins, à défaut d'argent, leur donner les renseignements nécessaires pour se faire payer plus vite ?

On dit...  que l'éclairage électrique des principales rues de Caen sera inauguré le matin du 14 juillet. En attendant, on vole et ou assomme dans les ténèbres propices.

On dit...  que la voix de « Blandine », la cloche de Saint-Sauveur, est quelque chose dans le genre de Malborough : elle reviendra-z-à Pâques... ou à la Trinité ! ? (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1920  -  Légion d’honneur.  -   Le sous-lieutenant Marcel Moreau, du 36e mort au champ d’honneur, le 23 septembre 1915, Croix de guerre, 2 citations, vient d'être promu chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume.

— Deux officiers du 36e MM. Dufour de la Thuilerie, lieutenant, et Hervoches, sous-Iieutenant, tous deux frappés mortellement sur le champ de bataille, viennent d'être nommés, à titre posthume, chevaliers de la Légion d'honneur. ? (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1920  -  Les beurres baladeurs.   -    C'est bon, le beurre de Normandie ! excepté quand il vient de Hollande !

Les sujets de la gracieuse Wilhelmine, non contents de nous garder Guillaume et son fils, s'emploient encore à diminuer la réputation de nos beurres. Ils en expédient à un prix relativement peu élevé aux marchands du Cotentin qui le malaxent avec les leurs. Ce mélange bâtard devient du beurre normand et est expédié, à gros bénéfices, sous ce nom, dans toutes les directions.

Les trafiquants qui se livrent à ce petit commerce ne sont pas seulement de malhonnêtes gens, ce sont des imbéciles, car ils tuent bêtement leur poule aux oeufs d'or. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1920  -  Une Foire régionale, à Caen.  -   On sait qu'il a été projeté d'organiser, chaque, année, dans notre ville, une grande foire régionale dans le but de continuer au développement de l'agriculture, de l'industrie et du commerce. Le comité constitué dans ce but et dont le président est M. Hippolyte Lefèvre, fait appel à notre concours. Il lui est tout acquis et nous serons heureux d'intéresser le public à cette tentative d'un si haut intérêt pour le Calvados et la Normandie. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1920  -  Et le lait !  -   La mortalité infantile s'accroît de plus en plus par suite de la pénurie de lait. Nos gosses meurent en suçant leurs tétines vides, pendant qu'à la porte des herbages, les camions se chargent d'énormes channes, débordant de lait parfumé et crémeux.

Ces choses là se passent dans un pays qui se dit civilisé où il y a un gouvernement et des représentants du peuple ! A ce sujet, un de nos lecteurs nous écrit, déplorant avec nous la pénurie de lait, mais affirmant que la fermeture des fromageries est impossible. Nous le voyons pardieu bien ! Il termine ainsi sa lettre : «...Il y a pourtant un moyen bien simple d'en trouver, du lait, un moyen simple comme le jour, sans fermetures d'usines. Que la municipalité de Caen m'en donne les moyens et je lui en trouverai, du lait, autant qu'il en faudra . »

Sapristi ! que notre lecteur parle vile... Mais il est probable que c'est précisément le moyen qu'il réclame qui nous manque. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1920  -  La Cavalcade des étudiants.  -   Le temps est devenu tellement incertain que nous ignorons, à l'heure où nous paraissons, si la Cavalcade des Etudiants  déroule à travers la ville son joyeux cortège. Mais qu'elle ait lieu, ou qu'elle soit remise, elle n'en est pas moins pour notre ville un précieux et profitable divertissement, une vraie fête de charité et la jeunesse studieuse de nos Facultés doit être chaleureusement remerciée de l'avoir organisée.

A cette occasion, la joyeuse feuille estudiantine, le Can-Can a refait une apparition. On s'en est arraché les numéros. Nos étudiants y ont[1]exprimé aux gens de Vaucelles leur regret de ne pouvoir les aller visiter, la hauteur des chars interdisant le passage sous les ponts du chemin de fer, Vaucelles ne s'en formalisera pas, il descendra en ville, et voilà tout, ce ne sera pas la première fois. D'ailleurs, dans ce quartier remuant et actif, on s'entend aussi admirablement à organiser des fêtes et on aura sûrement, de l'autre côté de l'Orne, au cours de la saison, d'agréables compensations. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1920  -  E. P. S.  -   L'école primaire supérieure de Caen a été une vraie pépinière de héros. Trois de ses professeurs et soixante-deux de ses anciens élèves ont donné leur sang pour la France.

Leur mémoire a été commémorée dimanche à l'Ecole en une impressionnante cérémonie.  Une plaque de marbre portant les noms glorieux est apposée dans le grand vestibule où elle sera, pour les élèves actuels et futurs, un noble et patriotique enseignement. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1920  -  Légion d’honneur.  -   La croix de la Légion d'honneur a été décernée, à titre posthume, à MM. Gérard de la Crouée, lieutenant au 36; Marcel Hérissy, lieutenant au 3e génie, et René Roussel, lieutenant au 319e. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Avril 1920  -  Un tour de vis.  -   Jadis on eut beaucoup de peine à affranchir les nègres, on en aura davantage à présent à affranchir les lettres. A partir du 1er avril, il en coûte cinq sous pour confier un pli à la poste et encore ne doit-il pas peser plus de vingt grammes. L'envoi d'une carte postale coûte quatre sous, d'une carte illustrée avec cinq mots, trois sous. Les imprimés, échantillons, lettres recommandées, mandats, bons de postes, recouvrements, etc... ont vu ( de quels yeux ? ) augmenter aussi leurs tarifs dans des proportions notables. Les dépêches valent trois sous le mot, c'est cher tout de même ! Et on ne peut en envoyer à moins de 1 fr. 20. Il faut payer 700 fr. par an, à Paris, pour s'abonner au téléphone. Le reste est à l'avenant.

Si cela continue la Poste ne nous laissera pas un liard dans nos poches et on pourra traduire ainsi ses initiales fatidiques : P. T . T. : Pour tout tondre ! (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1920  -  Une déplorable erreur.   -   A sa rentrée dans ses foyers, le 1er janvier dernier, le soldat Léon Croquevieille, du 136e d'infanterie, avait été arrêté. Il était sous le coup d'une condamnation à mort par contumace pour désertion devant l'ennemi.

Après plus d'un an de détention, M. Croquevieille vient d'être mis en liberté en attendant qu'une ordonnance de non-lieu soit rendue en sa faveur.

M. Croquevieille est marié et père de quatre enfants, et, étant donné la condamnation prononcée contre lui, sa famille a été privée des secours qui lui étaient dus et se trouve dans la misère. Il y a là une injustice à réparer. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1920  -  Un vol hardi.   -   Dans la nuit du 20 mars, des voleurs ont pénétré dans les magasins du Centre de récupération quai Amiral-Hamelin, à Caen, et ont réussi à enlever et à forcer le coffre-fort de l'administration militaire, placé dans une pièce du magasin. Le coffre-fort contenait environ 10 000 fr. Ce vol serait dû à l'insuffisance de surveillance.

Deux arrestations ont été opérées et la brigade mobile continue activement l'enquête qu'elle a ouverte sur cette affaire.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1920  -  Mortel accident du travail.   -   Ces jours-ci, Marcel Thomas, 32 ans, docker, rue Montoir-Poissonnerie, était occupé au déchargement d'un bateau de charbon pour le compte de la maison Lamy. Une pièce de la grue électrique se détacha et tomba sur l'ouvrier, qui fut tué sur le coup.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1920  -  Macabre repêchage.   -   On a retiré du canal, avenue de Tourville, le cadavre d'un individu paraissant âgé de 40 à 45 ans. On n'a trouvé sur lui aucune pièce permettant d'établir son identité. On croit que c'est un matelot étranger. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1920  -  Médaille militaire.   -   L'adjudant Gaston Defoy, de Caen, promu sous-lieutenant, Croix de guerre, trois citations, tué à la tête de ses hommes, a reçu, à titre posthume, la médaille militaire. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1920  -  Le temps qu’il fait.   -  Tout sort de terre, ainsi que le constatait avec épouvante un gendre qui venait, d'enterrer sa belle-mère, il y a peu de temps. La végétation est en avance de deux ou trois semaines et, comble de joie ! les hirondelles sont arrivées. On en a vu voler, dès le commencement de la semaine, au-dessus des jardins du Carel, à St-Ouen. La floraison des arbres fruitiers donne encore de belles promesses et on ne redoute plus guère les gelées tardives.

La campagne est superbe déjà et n'était cette maudite cocotte qui ravage nos herbages, tout serait pour le mieux dans la plus belle des Normandies. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1920  -  Le déraillement du train Paris-Caen.   -  Un grave accident de chemin de fer c'est produit, samedi sur la ligne de Paris-Cherbourg, à Vernouillet, à 300 mètres de la gare de Verneuil.

A cet endroit, une équipe de poseurs remplaçait de vieux rails, l’express, parti de Paris vers 8 heures, et marchant à environ 80 kilomètres à l'heure, passa en trombe sur un rail déboulonné. Un choc formidable se produisit. Plusieurs wagons furent renversés et brisés et de nombreux voyageurs se trouvèrent pris sous les décombres.

On organisa immédiatement les premiers secours. On compte un mort et une quarantaine de blessés. Parmi ces derniers se trouvent plusieurs de nos concitoyens, notamment  M. Voutiers, employé des pompes funèbres à Caen, fracture, de la jambe gauche ; Le Goff, charbonnier à Lieury, fracture des jambes ; Mezeran, rue Laplace, à Caen, fracture  des deux cuisses ; l'abbé Thomas, curé de Condé-sur-Noireau.

Dans le train déraillé, Se trouvaient M. Aristide Briand, ancien président du Conseil ; Mgr Amette et plusieurs autres prélats, qui se rendaient aux obsèques de l'évêque d'Evreux. En plus de ces personnalités, le train transportait notamment plusieurs artistes du cirque Palisse, actuellement sur notre foire, dont quelques-uns furent blessés et, par conséquent, ne purent débuter le lendemain.

On recherche les causes de l'accident. Elles paraissent dues à l'insuffisance des mesures de sécurité. D'abord il parait, chose inouïe, que le chef poseur ignorait l'horaire exact des trains. En outre, le règlement prescrit l'envoi d'un homme à un kilomètre du chantier, lequel doit signaler, par plusieurs coups de trompe, l'approche d'un train. Le moindre vent, contraire peut empêcher qu'on les entende.

C'est peut-être ce qui s'est produit. Ce serait ridicule, si ce n'était aussi triste. La science a certainement mis d'autres moyens de sécurité à la disposition des compagnies de chemins de fer. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1920  -  Un qui sait se défendre.   -  Un chef d'équipe des Hauts-fourneaux, M. Fiévet, demeurant à Caen, rue St-Pierre, passait à bicyclette cours Montalivet, lorsqu'un individu qui se tenait dissimulé derrière un arbre, bondit sur lui et lança un coup de pied dans le vélo. M. Fiévet fut projeté sur le sol. L'agresseur le frappa de plusieurs coups de poing au visage. M. Fiévet étant parvenu à se relever, tomba à son tour sur son agresseur et, d'une violente poussée, le précipita dans la rivière, puis remontant sur sa machine, il continua sa route. S'étant retourné, il vit l'homme, qui s'était retiré de l'eau.

Une enquête est ouverte sur cette agression, dont on ignore les causes. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1920  -  Un cheval qui s’emballe.   -   M. Hurel, cocher de fiacre, rue Ecuyère, se trouvait, avec sa voiture, place Gambetta, quand son cheval s'emballa, partit à toute allure dans la rue Grusse, et alla s'abîmer près de la maison de M. Lamy. Le cocher fut projeté sur le sol et assez grièvement blessé. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Avril 1920  -  Pauvre gosse !   -  Une de ces dernières nuits, un employé de la gare de Caen a trouvé sous la banquette d'un compartiment d'un wagon de troisième classe détaché du train de Paris à Cherbourg, un enfant emmailloté. A coté du bébé, qui parait âgé d'une quinzaine de jours, avait été exposé un trousseau analogue à ceux qu'on remet aux mères indigentes dans les Maternités. Le commissaire spécial de la gare a fait transporter à la Maternité de Caen l'enfant abandonné. (Source  : Le Bonhomme  Normand)  

 

Mai 1920  -  Arrestations pour faits de grève.   -   Sur mandat du Parquet de Caen, M. Terrassou, membre du Conseil de la Fédération des mineurs, et délégué des ouvriers de la région, a été arrêté à Granville.

— A Caen, la police locale a arrêté le chef de train Métayer, des Chemins de fer de l'Etat, pour entraves à la liberté du travail. Ont été également arrêtés et écroués : Pierre Porte, ébéniste, 126, rue de Bayeux. Il était un de ceux qui arrêtèrent les tramways, rue St-Pierre. Enfin, Maurice Leroy, 25 ans, demeurant à Carpiquet, inculpé de provocation de militaires à l'indiscipline. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1920  -  Caen coupe gorge.   -   En rentrant, le soir, de la foire pour aller coucher chez un de ses camarades, rue St-Martin, un jeune employé de commerce de Coutances, arrivé à Caen le matin même, a été assailli, rue Pasteur, devant le Lycée de jeunes filles, par deux individus dissimulés dans l'embrasure d'une porte, qui l'assommèrent à demi à coups de pieds et de poings. Aux cris poussés par la victime, des habitants du quartier ouvrirent leurs fenêtres et virent s'enfuir les agresseur, deux jeunes gens d'une vingtaine d'années. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1920  -  Caen autodrome.   -  Les rues de Vaucelles, la rue de Falaise surtout, ne sont plus, quand il pleut, qu'une vaste « éclinchoire ». Les autos, sortant de la ville ou y entrant, y passent à des vitesses folles, envoyant toute la boue des flaques dans les vitrines et sur les passants. Au carrefour du boulevard Leroy, la circulation est dangereuse. Les habitants de ces régions suburbaines réclament la présence d'un agent à bâton blanc, comme on en voit à Paris, pour calmer un peu la folie de vitesse des automaboulistes.  (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Mai 1920  -  Le commerce caennais.  -   Notre Chambre de Commerce est riche !  Elle participera pour moitié aux travaux d'aménagement du port de Caen-Ouistreham, lesquels travaux atteindront 80 millions (une paille, un rien !) En attendant, elle va dépenser 1 750 000 fr. pour l'achèvement, d'un quai de 365 mètres (un mètre pour chaque jour de l'année), plus 34 000 fr. pour les travaux d'enrochement des jetées de Ouistreham. Il fait bon vendre quelque chose, à Caen. Et acheter ?... Ça c'est une autre affaire. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1920  -  La fermeture des cafés et théâtres    Par arrêté préfectorale, dans le département du Calvados, les cafés et débits de boissons ouvriront à 5 heures du matin et fermeront  :  au chef-lieu du département à 23 h. 30. Dans les chefs-lieux d'arrondissement et de canton et dans les communes comptant au moins de 1.500 habitants agglomérés, 23 heures. Dans les autres communes, 22 heures.

D'autre part, les établissements publics : théâtres, cinémas, etc.. pourront rester ouverts jusqu'à 23 heures 30. Des dérogations sont prévues en ce qui concerne les communes du littoral pendant la saison balnéaire.

 

Juin 1920   -   Comme M. Deschanel.   -   L'autre jour, pendant le trajet de Cherbourg à Caen, le matelot Dumouchel, qui était ivre, chercha querelle aux voyageurs de son compartiment et bouscula l'un d'eux, M Hardel, graveur à Cabourg. Sous la poussée, la portière s'ouvrit et M. Hardel tomba sur la voie. 

On actionna le signal d'alarme, le train stoppa et l'on se porta au secours de M. Hardel, qu'on trouva étourdi sur le ballast. Il n'avait heureusement que quelques contusions et a pu remonter dans le train. Profitant du désarroi qui s'en était suivi, le matelot s'était esquivé et réfugié dans un compartiment voisin où il fut gardé à vue. A l'arrivée à Caen, il fut, remis entre les mains de l'autorité militaire. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1920   -   Chevaux à prêtés.   -   Le 43e d'artillerie peut prêter environ 25 chevaux dans les conditions réglementaires. Adresser demandes au 43e d'artillerie. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1920   -   A voir.   -   Dans la vitrine de Bonnaventure, un peintre Impressionniste, M. Lucien Leclerq, expose quelques toiles d'une tonalité éclatante qui semblent surtout de séduisants panneaux décoratifs. 

C'est un peu poussé vers la clarté rutilante et la vibration exaspérée, mais on sent de la sincérité et un talent déjà sûr de soi. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1920   -   Caen, coupe-gorge.   -   Lundi soir, à  11 h. 1/2, un Algérien, chauffeur aux Hauts-Fourneaux, a été assailli en sortant du débit Guelfi, rue Porte-au-Berger, par deux autres sidis, qui l'ont à demi assommé à coups de Bâton. Le blessé, dont la tête ne formait qu'une plaie, a été transporté à l'hôpital.

— En rentrant le soir, de son travail, M. Octave Guilbert, 35 ans, manœuvre aux Hauts-Fourneaux, fut abordé sur le cours Caffarelli par trois individus qui lui demandèrent l'heure,  puis, sans attendre la réponse, le terrassèrent et l'assommèrent à moitié. Ensuite, après lui avoir volé sa montre, ils prirent la fuite en tirant trois coups de revolver sur leur victime, qui fut atteinte au bras et à la cuisse.

  Dans la même nuit, les agents ont trouvé étendue sans connaissance, rue St-Jean, la nommée Marie Chevreuil, 26 ans, fille soumise. Revenue à elle, elle a déclaré qu'elle .avait été frappée d'un coup de couteau à la joue droite et de plusieurs coups de poing au visage par un individu qu'elle avait rencontré rue Montoir-Poissonnerie et dont elle ignore le nom. Ce sont les seuls renseignements qu'on a pu tirer de cette malheureuse qui était ivre. On l’a transportée à l'hôpital.

  La présence d'une tourbe d'étrangers est un danger permanent pour la sécurité publique. En serons-nous jamais débarrassés ?  Comment veut-on que les vieux Caennais se sentent des sympathies pour les entreprises industrielles qui ont fait de leur ville, jadis paisible, un ignoble bouge cosmopolite ?  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1920   -   Une bonne leçon.   -  On se rappelle l'incident qui se produisit, le 1er mai, devant la Bourse du Travail, rue St-Pierre. Une centaine d'ouvriers barrèrent la rue et empêchèrent le passage du tramway. 

L'un d'eux, Pierre Porte, 46 ans, ébéniste à Caen, 126, rue de Bayeux, se disant secrétaire du syndicat du bâtiment, enjoignit au personnel du tramway de cesser le travail. Pour éviter que l'incident dégénérât, en bagarre, le Directeur des tramways, qui était présent, donna l'ordre de rentrer au dépôt. Porte fut arrêté et poursuivi pour entraves à la liberté du travail. Il a été condamné à 40 jours de prison et 500 fr. d'amende.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1920  -  La statue oubliée.  —  Une magnifique statue équestre du connétable Du Guesclin a été donnée à la ville de  Caen par la veuve du statuaire Le Duc. La municipalité a exprimé sa reconnaissance à la généreuse donatrice, mais l'entente n'ayant pu se faire au sujet de l'emplacement réservé au monument la statue ne semble pas sur le point d'être inaugurée. On à construit place Gambetta une sorte de boxe provisoire recouvert d'une bâche qui peut convenir à la monture, mais pas à l'illustre cavalier. A quand l'inauguration ?

 

Juin 1920   -   Légion d’honneur.   -   M. Fernand Lenoir, officier adjoint au 161e d'infanterie, frère de M. Jules Lenoir qui fut candidat aux dernières élections législatives, a été nommé, a titre posthume, chevalier de la Légion d'honneur. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1920   -   Le feu.  -  Un violent incendie a détruit deux baraquements dépendant de la fabrique de meubles de M, Brunet, ébéniste à Caen. C'est à grand'peine que l'on put préserver le reste de la fabrique. Les dégâts s'élèvent à 70 000 francs. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1920   -   Un forcené.   -   Ces jours-ci, un certain Ernest Mounier, 26 ans, demeurant à Ouistreham, qui était ivre, causait du scandale à la gare de Caen. Il venait de frapper un militaire qui prenait le train pour Paris. Des agents furent requis. Alors Mounier tourna sa colère contre eux les injuria et les frappa. Un gendarme accouru pour leur prêter main-forte ne fut pas épargné et reçut, lui aussi, de nombreux horions. 

Pourtant force resta à la loi et l'énergumène fut arrêté et écroué. Les deux agents, dont l'un, l'agent Fourmond, avait eu l'arcade sourcilière gauche fendue d'un coup de pied, et l'autre, l'agent Blanc, avait été atteint au bas-ventre, ont dû interrompre leur service. 

Mounier a comparu devant le Tribunal correctionnel de Caen, qui l'a condamné à trois mois de prison avec sursis et 205 fr. d'amende. Il s'en tire, en somme, à bon compte.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1920   -   Duel de locomotives.   -   L'autre soir, en se rendant au dépôt à la Demi-Lune, une des locomotives des Chemins de fer du Calvados, a tamponné, rue du Marais, une autre locomotive rentrant au dépôt. Le mécanicien et le chauffeur de cette dernière machine purent heureusement sauter à temps de leur locomotive, qui alla se renverser dans le remblai. Il n’y a eu aucun accident de personnes. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1920   -   Les mères coupables.   -   Le 17 mai, Lucille Simon, 18 ans, pupille de l'Assistance publique, servante chez Mme Mauger, à Couvrechef, accouchait clandestinement, la nuit chez sa patronne. Elle étouffa son enfant avec un mouchoir et porta le petit cadavre à l'endroit dit « La Fosse aux Loups », où les gendarmes le découvrirent. Les renseignements recueillis sur son compte sont bons et Mme Mauger n'a eu qu'à se louer de ses services. Le jury a rendu en sa faveur un verdict négatif, en conséquence duquel elle a été acquittée. — Défenseur : Me Richard. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Juillet 1920   -   Il faudrait Sherlock-Holmes.   -   L'autre nuit, on a découvert, rue Porte-au-Berger, baignant dans une mare de sang, une veuve NicoIIe, 55 ans, domiciliée à Paris, arrivée à Caen, dans la journée. Elle portait une plaie profonde à la tête. On la soigne à l'hôpital. La veuve Nicolle a déclaré qu'elle s'était blessée en tombant, mais sa version paraissant invraisemblable on a ouvert une enquête. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Août 1920   -   Légion d’honneur.   -   M. Jos. Vattier, rédacteur en chef du Journal de Caen, à présent au les Services Economiques vient d’être nommé, à titre militaire, Chevalier de la Légion d'Honneur, avec la citation suivante : « Excellent officier, d'une haute valeur morale, pénétré de l'esprit du devoir, s'est distingué au front par son courage et son sang-froid sous le feu, en particulier à la bataille de la Somme, en 1916 et 1917, où il a été blessé au cours d'une reconnaissance très périlleuse qu'il dirigeait, 2 blessures, 3 citations, dont une avec palme ».

— Nous offrons à notre ex-confrère, nos plus chaleureuses félicitations pour une distinction si hautement méritée. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1920  -  Une enfant tombe du deuxième étage.  -  La jeune Marie Françoise, Âgée de 4 ans, dont les parents demeurent 47, rue du Vaugueux, était restée A la  maison avec une petite camarade âgée de 7 ans. Cette dernière s'étant absentée, l'enfant, demeurée seule, se pencha vers la fenêtre et les voisins virent tout-à-coup l'enfant tomber du 2e étage sur la rue. Relevée Immédiatement, la petite fut transportée à la clinique du docteur Maugéaix. Par un hasard extraordinaire, la fillette n'était que légèrement blessée à un pied. 

 

Septembre 1920  -  Aux chantiers Navals.  —  Les Chantiers navals français ont procédé le 5 septembre a la mise à l'eau d'un ponton pesant 750 tonnes et qui est destiné à recevoir une grue de 100 tonnes de puissance, réservée au service des Chantiers navals et au port de Caen. L'opération a. été effectuée avec plein succès.

 

Octobre 1920   -   Le respect des morts ?   -   Des vandales ont enlevé plusieurs entourages de tombes d'enfants, dans le cimetière de Venoix, près Caen. La gendarmerie, prévenue par le garde-champêtre, a ouvert une enquête qui, nous l'espérons, ne tardera pas à porter ses fruits.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1920   -   Une bande sous les verrous.   -   Les gendarmes de Caen ont arrêté, ces jours-ci, les auteurs des agressions nocturnes si fréquentes pendant ces derniers temps. Ce sont les nommés Léon Hild, dont le casier judiciaire est déjà bien rempli, Havas, Travers et Conan.

Ces dernièrs sont les auteurs du cambriolage de la maison Lavarde, à La Maladrerie. Ils ont été écroués à la prison de Beaulieu.

Le chef de la bande, Hild, a été trouvé, un matin, dans sa cellule, pendu par sa ceinture aux barreaux de la lucarne. En voilà un qui s'est tiré d'affaire. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1920   -   Dans les fumées de l’alcool.  -  Antoine Hudelot, charpentier en fer, boulevard Leroy, à Caen, rencontré en état d'ivresse, a été conduit au violon. Dans la nuit, il a tenté de se suicider. Il a déchiré[1]sa chemise et fait une corde avec les morceaux pour se pendre.

Heureusement cette corde, peu solide, a craqué. Deux compagnons d'infortune ont veillé toute la nuit pour l'empêcher de recommencer. Interrogé, au matin, il a déclaré qu'il avait préféré mourir que de rentrer dans sa famille, déshonorée par son arrestation. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1920   -   Les dangers de la rue.   -    Le jeune Gabriel Campos, 17 ans, employé de commerce à Venoix, est tombé de bicyclette, rue St-Jean, en voulant éviter une auto. Accrochée par le tramway qui passait à ce moment, l'automobile a été poussée contre le jeune homme qui n'avait pas eu le temps de se relever. Il a été serré par l'essieu et a eu la cuisse fracturée. On l'a conduit à l'hôpital. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1920  -  Service du téléphone.  -  A partir du 15 octobre, les abonnés de Caen pourront communiquer jusqu'à minuit avec la ville et les régions à service prolongé. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1920  -   Le dernier glas.  -  Le jour de la Toussaint, vers 7 h. 1/2 du soir, Charles Lamare, 41 ans, demeurant à Caen, rue du .Milieu, aidait à sonner les cloches à l'église de Vaucelles. Il eut l'imprudence de passer sous une cloche en mouvement qui, à son retour, lui brisa les reins. La mort a été immédiate.

La nouvelle de ce tragique accident a causé dans la paroisse une très vive émotion. La victime laisse une veuve et six enfants en bas âge. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1920  -   Visite indiscrète.  -  Des malfaiteurs se sont introduits dans les bureaux de M. Lamy. négociant en charbons, quai du Nouveau-Bassin. A l'aide d'un bout de rail, ils se sont attaqué au coffre-fort qui a résisté. Ils ont enfoncé plusieurs tiroirs et se sont emparés de timbres-poste et de divers effets d'habillement estimés 2 000 fr.

Le montant de ce vol est couvert par une assurance. Une enquête est ouverte. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1920  -   Gosses précoces.  -  Les jeunes Robert Roger, 13 ans, demeurant à Caen, 3, place St-Gilles, et René Fourneau, 11 ans, rue de Geôle, 33, ont quitté le domicile de leurs parents pour prendre le train à destination de Lisieux. Arrivés à Mesnil-Mauger, ils ont fait arrêter le train en tirant la sonnette d'alarme.

En raison de leur jeune âge, ils avaient, été confiés à I’hôpital de Lisieux. Ils sont maintenant à la disposition du parquet, sous l'inculpation d'infraction à la police des chemins de fer, vagabondage et vols. Cela promet. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1920   -   Duel de voitures.  -   Une voiture dans laquelle se trouvaient M.M. Chauffrée, débitant, rue Marthe-le-Rochois, à Caen, et Ridel, entrepositaire à Ifs, a été accrochée, route de Ouistreham, par la voiture de M. Dujardin, messager à Ouistreham.

La première voiture s'est brisée et le cheval, dételé a continué sa course tout seul. Il n'y a pas eu d'accident de personne. Une enquête est ouverte. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1920  -   Pour monter sa cave.  -  On a arrêté et écroué Victorine Cornefer, 41 ans, domestique, sans domicile fixe. Elle est inculpée d'avoir dérobé plusieurs litres d'eau-de-vie au préjudice de M. Martin, débitant, rue de Vaucelles, à Caen. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1920  -  Chronique de la Cour d’Assises.  -  Paul Chaze, 36 ans, mécanicien, sans domicile fixe, est accusé du deux vols qualifiés au préjudice de deux commerçants de notre ville : Mme Mirault, bureau de tabac, rue St-Pierre, et M. Jourdain, débitant, boulevard des Alliés. Bien que les objets volés aient été trouvés chez lui au moment de son arrestation, Chaze nie les faits.

Les débats d'audience font ressortir, ses contradictions. Comme il a déjà subi 6 condamnations, le jury rapporte un verdict affirmant avec circonstances aggravantes. Chaze est condamné à 10 ans de travaux forcés. ( Défenseur Me  Dyrande ). (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1920  -  Le soldat inconnu.  -  Un Caennais, le soldat Auguste Thin de la classe 19, l'un des survivants du 234è R.I. et blessé de guerre, est désigné pour choisir le Soldat Inconnu parmi les cercueils des tués non identifiés ramenés des différents fronts.

 

Novembre 1920  -  Une échauffourée.   -   Des agents, prévenus qu'un individu venait d'elle assailli en sortant de la maison de tolérance de la cour du Mesnil-Thouret, par trois matelots ivres, qui l'avaient frappé à coups de couteau, se mirent à leur poursuite. Ils les eurent vite rejoints et arrêtés. 

Ce sont Louis Bergot, Hippolyte Lecarpentier et Victor Podeur, tous trois chauffeurs à bord du « Mécanicien », entré la veille dans le port de Caen. 

La victime est un nommé François Maillard, chauffeur au gaz. Il a été conduit à l'hôpital. Son état n'est pas grave. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1920  -  Eau de la ville.   -  En raison de la sécheresse prolongé, il est recommandé de limiter la dépense d'eau au strict nécessaire et d'éviter tout gaspillage. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Décembre 1920  -  Abandonné.   -   Une femme paraissant âgé de 25 ans, s'est présentée à la crèche Notre-Dame, rue des Carmélite, à Caen, et a demandé à la directrice de lui garder son enf'ant, qui peut avoir entre 6 et 7 mois, pendant qu'elle allait faire quelques courses. Depuis, elle n'a pas reparu. Des démarches sont faites pour faire admettre l'enfant à l’Assistance publique. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

 

103   CAEN   -   Le Boulevard Saint-Pierre et la Tour le Roi

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