25 Mars 2023

EUN SYIELLE D'HISTOUÈRE D'CALVADOS   

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CAEN

Canton de Caen

Les habitants de la commune de Caen sont des Caennais, Caennaises.

Janvier 1924  -  Le trafic du port.  -  Le trafic du port de Caen pendant l'année 1923 s'est élevé à l.554.743 tonnes de marchandises importées et exportées.
En 1922 le trafic s'était élevé 1.237.667 tonnes. L'augmentation pour cette année est donc : de 317.078 tonnes.
Pour l'exportation seule, chose très intéressante au point de vue de notre balance commerciale, l'augmentation sur 1922 se chiffre par 10.000 tonnes.    

 

Janvier 1924  -  La crue de l'Orne.  -  Après les pluies diluviennes des jours derniers, l'Orne menace de quitter son lit pour envahir les deux rives.

La prairie des courses est recouverte par les eaux, sur la plus grande partie de sa surface et la route de Louvigny va devenir impraticable aux piétons et aux véhicules.  

 

Janvier 1924  -  Les rues de Caen.  -  La population caennaise réclamait avec raison contre l'aspect lamentable de nos rues.

En dotant le service de la voirie balayeuses automobiles, la Municipalité actuelle a fait des frais inutiles car les balais mécaniques sont inopérants sur des chaussées disjointes et crevassées. La boue s'incruste entre les pavés informes qui datent de l'époque mérovingienne. On déplace la couche noirâtre qui revêt les deux côtés de la voie, mais le résultat estgatif et sous le rapport de la propreté nous continuerons longtemps encore à détenir un record peu enviable.
Il fallait commencer par le pavage à neuf. Les habitants de la périphérie sont-ils mieux partagés ? On assure que leur situation est encore plus misérable.
Une délégation des populeuses cités ouvrières du boulevard Leroy s'est rendue hier à l'Hôtel de ville pour signaler le mauvais entretien d'un chemin qui dessert, ces cités, chemin semé de fondrières l'on enfonce jusqu'à la ceinture. Boulangers et bouchers ont renoncé à approvisionner les riverains inabordables dans ce déluge de boue. Une tition couverte de signatures a été présentée à M. le Maire.
En vérité que fait le service vicinal ? C'est fort bien de favoriser la construction de nouveaux immeubles pour les familles nombreuses. Encore faut-il pouvoir accéder a ces l'immeubles.

 

Janvier 1924  -  Un nouveau plan de la ville de Caen.  -  Un nouveau plan de la ville vient d'être établi par les soins de l'ingénieur municipal. Ce travail s'imposait à tous égards. Le plan
officiel en usage jusqu'à ce jour datait de l'époque du premier Empire, et seuls nos archivistes ou antiquaires de Normandie pouvaient trouver intéressant ce devis archaïque.
Depuis une vingtaine d'années, la physionomie de l'Athènes Normande a subi d'importantes modifications. Des édifices nouveaux se sont élevés et si nous conservons à certaines rues leur nom du XIIe siècle, comme aux rues Froide, de Geôle et du Vaugueux, d'autres artères portent des dénominations plus modernes. Dans la plupart des cas c'est la municipalité qui donna un état-civil légal à ces voies nouvelles, elle s'est parfois sintéressée de cet office et en consultant le plan actuel, on relève un grand nombre d'appellations fantaisistes dues à l'initiative privée qui se substitua dans la circonstance à l'autorité de nos édiles.
Citons quelques-unes de ces rues baptisées au hasard par des parrains bénévoles rue de l'Aviation, Beauséjour, Beausite, Belair. rue et venelle Bénard, rue Blériot, Cours de la Brasserie, rues Eliane, Eugénie, Farman, venelles Fouquet, Gauthier, rues d'Aleine, Lechartier, venelles Loisel, Maillard, de l'Orne, impasse Persillet, rue Pierre Girard, venelle de la Rivière, etc…
Lorsque la plupart de ces rues furent tracées les riverains s'accordèrent généralement sur le nom du principal propriétaire. La rue de Bel-Air, reçut, parait-il, cette désignation expressive au cours d'une partie de manille à la table d'un café. Peut-être sera-t-il aussi sage de ratifier le choix des particuliers aussi bien l'administration municipale aurait peut-être été moins heureuse.

 

Janvier 1924  -  Le départ du drapeau du 36e régiment d’infanterie. Avis aux Associations Patriotiques. Le drapeau du 36e  R. I. devant quitter Caen aujourd’hui, les honneurs lui seront rendus dans la cour de la caserne du Château par les troupes de la garnison.
Les membres des Associations Patriotique, et en particulier les anciens du R. I. et les officiers de complément sont priés à assister à cette cérémonie. Réunion pour 15 h. 30, à la caserne du Château.

 

Janvier 1924   -   Les inondations.   -   Les inondations s'aggravent. La crue de la Seine occasionne les pires inquiétudes, les localités de la banlieue sont en partie sous l'eau et les quais sont couverts dans la traversée de Paris.

Dans le Midi, on signale des accidents, deux personnes ont été noyées près de Villefranche, un train est tombé d'un talus miné par les eaux.

A Tarbes, un charretier a été emporté par le flot. A Dijon, les habitants sont cernés par les eaux. Dans le Morvan, les habitants ont dû fuir les vallées.

Plus près de nous, on signale qu'à Pont-l’Évêque, la Touques a envahi, le jour de Noël, les quartiers de la Sous-Préfecture, du Collège et du Bras-d'Or.

A Caen, la prairie est de plus en plus couverte et le niveau de l'Orne se rapproche du bord extrême de ses berges. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Janvier 1924   -  La fin du 36e   -   Un fait qui aurait peut-être mérité de passer moins inaperçu, s'est passé le 31 décembre. Ce jour-là, a vu disparaître un des vieux régiments de France    avec beaucoup d'autres d'ailleurs    notre vieux 36e d'Infanterie.

Nous avions ici plaidé sa cause et rappelé quelques souvenirs de son histoire dont la dernière page vient de se fermer.

Comme nous le disions, beaucoup d'autres régiments ont partagé le sort du 36e, victime de la réforme nécessaire de notre organisation militaire.

Un peu partout les municipalités n'ont pas voulu laissé se dissoudre les régiments de leurs villes sans leur faire des adieux officiels. Tout près de nous, dans la Manche, à Cherbourg et à Saint-Lô, de patriotiques cérémonies ont eu lieu, où les municipalités de ces villes ont fait leurs adieux au 25e et 136e d'Infanterie. Les journaux de la légion nous ont apporté ces jours derniers l'écho de ces réunions qui ont été très touchantes. On peut regretter (et nous avons entendu de divers côtés regretter) que la Municipalité de Caen n'ait pas pensé à faire le geste qui a honoré celles d'autres villes. Elle aurait été certainement, en le faisant, l'interprète de tous nos concitoyens. (Source  : Le Moniteur du Calvados)  

 

Janvier 1924   -  Attention au tramway.   -   Le 19 décembre dernier, Émile Buhour, 45 ans, camionneur à Colombelles. conduisait un attelage rue Saint-Jean. Il suivait les rails du tramway et ne s'empressa pas de ranger sa voiture à l'approche d'un car électrique. Interpellé par le watman, le conducteur répondit par des invectives.

13 francs d'amende avec sursis pour embarras de la voie publique. ( Source : Ouest-éclair )

 

Février 1924  -  Sur le cours Montalivet.  Le 2 octobre dernier, au cours d'une violente tempête, plusieurs arbres furent déracinés sur les promenades Montalivet. Tombés en travers de la piste suivie par les cyclistes et par les piétons, ces arbres sont restés depuis quatre mois à la même place. Il faut faire un long détour pour éviter ces dangereux  obstacles qui peuvent, la nuit, occasionner de graves accidents. Qu'attend-t-on pour dégager le passage ? On sait que la première rangée d'ormes du cours a été sacrifiée pour élargir  la route située en bordure du canal. Le bois débité par un adjudicataire a été enlevé; mais les souches sont toujours la, et elles créent un danger constant pour la circulation. Les riverains nous prient de signaler ces faits au service compétent.  

 

Février 1924   -  Découverte d’ossements humains.    Au cours de travaux effectués à l'annexe des magasins Thierry, rue Pont-Mortain, les ouvriers ont mis à jour des ossements humains. Ceux-ci sont d'origine très ancienne et tombent en poussière au moindre toucher. Ces ossements proviennent d’un cimetière existant autrefois autour d'une église dite église Saint-Aignan, construite au XIe siècle et détruite au commencement, du siècle dernier, Ils ont été transportés à l'ossuaire du cimetière.

 

Février 1924  -  Le trafic du port. Les arrivages en charbon se sont maintenus dans la normale avec 22.041 tonnes, auxquelles il y a lieu d'ajouter 555 tonnes d'engrais à à 420 tonnes de ciment. Pas de minerai d'expédié. Par contre, un envoi de 3.350 tonnes d'acier a été fait pour Boulogne, Cardiff, Grangemouth et Newport. Le mouvement du pavillon était aux entrées de 10 vapeurs français, 5 anglais, 1 belge, 1 hollandais et 8 norvégiens ; aux sorties, de 7 français, 5 anglais, 1 belge, 1 hollandais et 1 norvégien.

 

Février 1924 -  Blanc partout ! c’est la neige.    La plupart de nos correspondants de la région nous signalent des chutes de neige. A Caen le 26 février, le froid a été très vif. La neige est tombée sans discontinuer, et une couche épaisse couvre les montagnes voisines. Dans l'après-midi, le vent souffla avec violence. Pendant ces rafales, un orage se déchaîna sur la ville, mais il ne dura que quelques minutes.

 

Février 1924  -  Fêtes des jours gras et de la Mi-carême.    Le Maire de la Ville de Caen rappelle à ses administrés les dispositions des arrêtés municipaux des 11 février 1907 et du 10 juillet 1919, à l'occasion des Jours Gras et de la Mi-carême. Il est expressément défendu à tout individu, masqué ou non, de jeter dans les maisons, dans les voitures ou sur les personnes, aucun objet qui puisse blesser ces personnes, endommager ou salir les vêtements. Le port du costume ecclésiastique et de tout costume appartenant à un fonctionnaire public est interdit. Sont rigoureusement interdits : le tir des pétards, fusées ou pièces quelconques d'artifice, le jet de confettis et de poudres de toute nature, l'usage des tubes lance-parfums.

 

Février 1924 -  L’enlèvement de la neige.    Le maire de Caen rappelle aux habitants que par les temps de  neige ou de glace, ils doivent déblayer les trottoirs devant leurs maisons,  et y répandre des cendres, du sable, de la sciure de bois ou autres matières pulvérulentes propres à rendre ces voies moins glissantes. Les riverains devront déblayer en premier lieu la partie des ruisseaux de la voie publique qui passe devant leurs habitations, soit en balayant la neige, soit en cassant la glace qui empêcheraient l’écoulement des eaux. La neige ou la glace provenant de ce travail sera rangée simplement et non mise en tas, de chaque côté de la voie, le long du ruisseau. La neige ou la glace provenant de l'intérieur des habitations, des allées et des cours communes ou particulières, ne pourra être déposée sur la voie publique. Les habitants la feront transporter aux décharges publiques.

 

9 janvier 1924  -  Un raz de marée ravage les cotes.  -  Un terrible raz de marée s’est produit dans la nuit de mercredi à jeudi et ravage les cotes de ouest de la France depuis la pointe Saint-Mathieu jusqu'à l'Espagne. Partout les dégâts sont considérables. Autant que l'on puisse en juger d'après les dépêches que nous avons reçues de nos correspondants particuliers, ce raz de marée se serait fait sentir depuis la pointe de Saint-Mathieu et Ouessant, jusqu'à l'Espagne. Les dégâts matériels sont considérables et,

malheureusement, des sinistres maritimes sont déjà signalés. Aux Sables-d'Olonne notamment un dundee s'est perdu corps et biens. L'équipage composé de 6 hommes a été noyé. A la Turballe un jeune homme a été enlevé par une lame. D'autre part, on signale plusieurs bateaux en perdition.

A qu’elle cause est due ce raz de marée ?

Jeudi matin le baromètre indiquait une profonde dépression. A Lorient, par exemple, Il marquait 729 millimètres. On s'attendait à un fort « coup de tabac » cependant, nous  télégraphie notre correspondant lorientais, a part quelques averses et un temps sombre, il ne se passa rien de fâcheux. Et pourtant, à ce moment, une tempête effroyable, passait au large en direction de la pointe Saint-Mathieu au cap Finisterre (Espagne), soit à une distance d'environ cent milles au large. On signalait quelque temps après à la Préfecture maritime de Lorient, que les flots bouleversés avaient occasionné un raz de marée violent qui avait eu une intensité particulière sur les cotes de Pommarch et dans le golfe de Gascogne.
Saint-Malo, hier matin, mercredi, alors que la mer était assez calme et que la marée une marée moyenne de 100, commençait décroître, les vagues ont livré un furieux assaut au coin de Rochebonne.
C'étaient des vagues sourdes, lames de fond monstrueuses, qui ont déferlé soudain sur nos côtes avec une rare violence, projetant un peu partout d'énormes quantité de sable.
A Bel-Air, en face la cale de la Piperie, la chaussée du Sillon s'est trouvée subitement obstruée et il a fallu dégager la voie pour que le tramway de Paramé puisse passer.

La Digue, bien qu'exposée en plein à l'assaut des vagues, n'a point souffert, seuls, des bancs en ciment armé ont été arrachés et brisés.

Mais c'est surtout à Rochebonne que la mer a causé de dégâts. Les vagues, qui montaient jusqu'au second étage de l'Hôtel de la Paix, fermé en ce moment, ont fait sur la terrasse une énorme crevasse. De l'autre côté de la cale de Rochebonne, plusieurs panneaux vitrés de l'Hôtel de l'Océan ont été défoncés. Les dégâts ne sont pas aussi élevés qu’on aurait pu le craindre dès qu'on les a eu constatés, une équipe d'ouvriers est venue aveugler la crevasse faite devant l'Hôtel de la Paix et prendre toutes mesures nécessaires.  

 

Mars 1924  -  Terrible accident de tramway.  -  Hier, dans la soirée, un accident mortel s est produit au passage d'un tramway qui descendait la rue de Bayeux sur la pente très prononcée qui affecte cette partie de la ligne. Le car électrique prit tout il coup une allure anormale. Le wattman, M. Catherine, voulut ralentir, mais il constata que ses freins fonctionnaient imparfaitement, il en avisa aussitôt M. Eudine, contrôleur, lequel se trouvait sur la plate-forme arrière. On coupa le courant, mais le tramway continua sa marche vertigineuse. Secoués par les chaos et redoutant un tamponnement qui leur paraissait inévitable, plusieurs voyageurs manquèrent de sang-froid, au moment la voiture abordait la place des Petites-Boucheries, à une allure moins rapide, Mme Dodeman, âgée de 56 ans, gagna la plate-forme arrière et voulut descendre malgré les recommandations de la receveuse En sautant sur la chaussée, la voyageuse eut le pied pris dans sa jupe et tomba à la renverse. On se porta au secours de la malheureuse qui fut transportée à la pharmacie Debelle.
Grièvement blessée à la tête, Mme Dodeman avait perdu connaissance et a succombé  quelques instants après d'une fracture du crâne.
La victime, dont l'identité ne fut établie que plus tard fut d'abord dirigée sur la Morgue. Son mari, M. Dodeman, demeurant, rue du Général-Decaen, vint reconnaître le corps dans la soirée.
Une enquête a été ouverte par la police pour rechercher les responsabilités. Cet accident semble bien avoir été occasionné par la panique. Au moment Mme Dodeman essaya de descendre, Mme Courvoisier s'efforça de la retenir en lui montrant le danger qu'elle courait, mais la voyageuse réussit à se dégager pour mettre son projet à exécution.

 

Mars 1924  -  Déguisements interdits.  -  Des procès-verbaux ont été dressé contre Mlles L. Geneviève, ouvrière d'habillement, demeurant rue des Teintureries, et B. employée de commerce, rue de Ouistreham, pour s'être déguisées en marin de l'État. 

 

Mars 1924 -  Un jardin au pillage.  -  M. Victor Frédéric, facteur des postes, a constaté que des inconnus s'étaient introduits dans un jardin lui appartenant et situé rue Saint-Contest. Une certaine quantité de légumes a été dérobée par les rapineurs.

 

Mars 1924  -  La police sur le marché au beurre.  -  A la suite de plaintes adressées au Parquet, plusieurs inspecteurs de la police mobile, accompagnés de M. le commissaire Ajéde, ont procédé hier matin, sur le marché au beurre, la saisie de plusieurs lots de marchandise, qu'ils ont pesés et dont le poids accusait des différences considérables sur celui pour lequel ils étaient vendus. Une instruction est ouverte.

 

Avril 1924  -  La fête du costume normand. -  C'est jeudi prochain à 14 heures que s'ouvrira dans la salle des concerts de l'Hôtel de Ville, l'exposition du costume normand, organisée au profit de l'Orphelinat National des P.T.T.. On nous prie d'annoncer que les enfants accompagnés leurs parents entreront gratuitement les jeudi, vendredi et samedi. En raison du grand nombre de fêtes prévues pour le dimanche 6 avril, le Comité prie les personnes qui ont des loisirs de choisir les jours précédents pour visiter l'exposition.
Rappelons qu'une tombola gratuite sera organisée et que le billet d'entrée y donnera droit. Les lots comprennent plusieurs poupées habillées aux modes locales et divers autres lots.
Cette fête charitable et originale ne pourra manquer d'attirer une foule considérable qui voudra admirer les poupées normandes et admirer aussi l’œuvre de l'orphelinat.

 

Avril 1924  -  Une pêche fructueuse. -  Hier, des cheurs ont capturé au barrage de l'Orne, trois superbes saumons pesant chacun une vingtaine de livre.  

 

Avril 1924  -  La tempête sévit.  -   Depuis samedi soir. une violente tempête sévit sur la côte normande.
C'est un véritable cyclone. Des arbres ont été déracinés et les fils télégraphiques ont subi des avaries sur plusieurs points. Vers 3 heures, la toiture d'un immeuble récemment construit, route de Falaise, a été emportée par le vent et ses débris jonchèrent la chaussée. Par un hasard extraordinaire, il n'y eut aucun accident de personne, bien que l'affluence était considérable à cet endroit, avait lieu la fête annuelle du quartier de Vaucelles.  

 

Mai 1924  -  Chez le brocanteur.  -  Le 6 mars dernier, les nommés Marcel Béchet, 20 ans, manœuvre, rue Caponière, Jules Laga. couvreur, rue Neuve-St-Jean, et Gaston Cagnon, doreur sur bois, boulevard Leroy ont soustrait au préjudice de la Compagnie du Gaz, environ 80 kilos de plomb, vendu ensuite à M. Gaumont, brocanteur, 69, rue de Falaise. Le Tribunal prononce les peines suivantes, M. Béchet, 4 mois de prison, Laga et Cagnon,
chacun 6 mois et 16 fr. d'amende Gaumont, 3 mois de prison avec sursis.

 

Juillet 1924  -  Un accident.  -  Vendredi 5, vers 16 heures, à la sortie de Venoix des ouvriers égalisaient le bitume de la route devant un rouleau compresseur à vapeur. Le talon de l'un d'eux, un homme de 55 ans, reste planté dans le macadam. Le malheureux tombe  et passe sous le cylindre qui l'aplatit tout entier, sauf la tête.

 

Juin 1924  -  Un centre anti-cancéreux à Caen.  -  Dans sa dernière session, le Conseil Général du Calvados, a décidé la création d'un centre anti-cancereux dans notre ville. Cette importante question fut l'objet de deux rapports, l'un de M. le docteur Moutier et l'autre de M. le docteur Germont.
M. le docteur Moutier, après avoir montré l'utilité du projet, fait connaître à l'assemblée, l'offre généreuse, du docteur Gosselin, qui vient de mettre gracieusement, à la disposition de l'hôpital de Caen, 20 centigrammes de radium. Un éminent spécialiste, M. le docteur Boner, consent a traiter des conditions très avantageuses pour le département, tous, les cas qui lui seront soumis, dans sa clinique de Vaugueux à celle de la communauté des Oblates, rue de l’Engannerie. Signalons, enfin, la libéralité de M. le baron Gérard, qui, pour la réalisation
du projet, a remis à M. le Préfet un chèque de 50.000 francs. L'assemblée départementale accueillit par de chaleureux applaudissements ce geste magnifique.

En terminant son étude documentée, M. le docteur Moutier déclara que la Commission des affaires diverses avait estimé que le centre anti-cancéreux devait être fixé à l'hôpital de Caen parce que le nombre de lits dont on pourra disposer y sera toujours plus considérable, et qu'en installant ce service dans un autre local, on priverait les élèves de l'Ecole de Médecine d'un enseignement devenu aujourd'hui nécessaire.
M. le docteur Germont, dans ce second rapport conclut en demandant qu'il soit voté une somme de l0.000 francs pour les frais de première organisation et de prendre acte du prêt gratuit, par le docteur Gosselin de 20 centigrammes de radium, de l'ensemble des frais annuels à 50.000 francs pour la participation du département à l'entretien du personnel et du matériel, de déléguer à la commission départementale tous pouvoirs pour l'achat du radium et de l'outillage technique. L'assemblée a adopté, les conclusions des deux
rapports.

 

Juin 1924 -  Une grue roulante au port de Caen.  -  Par décision de M. le Ministre des Travaux Publics, M. Mercier, entrepreneur à Caen, est autorisé à installer et à exploiter une grue roulante à vapeur Ketzer, d'une puissance de 3.000 kilogrammes, sur le rond-point du quai de Juillet au port de Caen.  

 

Juillet 1924  -  Le drame de l’hôtel d’Espagne.  -  Etienne Paret, hôtelier à Luc-sur-Mer, comparait devant la Cour pour tentative de meurtre sur la personne de sa femme. En février le débitant s'était déjà livré à des actes de brutalités sur la personne de sa compagne qui avait introduit une instance en divorce. Au mois de mars, après la tentative de conciliation, elle fut autorisée à s'installer à Caen, pendant que son mari regagnait le domicile conjugal à Luc-sur-Mer. Malgré la procédure engagée, les deux époux se rencontrèrent à plusieurs reprises, soit dans à Caen, soit à Luc. Le 8 avril dernier, à l'Hôtel d'Espagne, à Caen, une discussion éclata entre eux, à la suite de laquelle Paret tira sur sa compagne un coup de revolver qui la blessa au cou. Le coupable a reconnu la matérialité des faits qui lui sont reprochés, mais prétend avoir été provoqué par sa femme. Etienne Paret est condamné à 5 ans de clusion.  

 

Juillet 1924  -  Des locataires menacés d’expulsion.  -  Le prolongement de la rue Singer est commencé. Tout un quartier de la rue Saint-Jean va tomber sous la pioche des démolisseurs qui sont à pied d'œuvre depuis trois jours. Pour la plupart des immeubles expropriés, cette opération allait devenir urgente, car les murs lézardés menaçaient ruine et tout autour des accidents redoutables auraient pu se produire. Un des bâtiments condamnés s'est effondré hier soir, avec fracas, sans l'intervention des maçons. Le chantier était heureusement désert et personne ne fut blessé. Malgré leur délabrement, certaines des habitations appelées disparaître, sont encore occupées par des ménages d'ouvriers qui n’ont pu trouver d'autres logements. Un huissier se présenta hier matin, pour menacer d'expulsion les récalcitrants qui devront déménager dans un délai de 48 heures. Ce commandement était confirmé peu après par un commissaire de police. Les locataires ont répondu aux sommations dont ils ont été l'objet, par un refus catégorique. Ils ne partiront que lorsque la municipalité les aura pourvus d'un nouveau gîte. Les intéressés ont été prévenus dans les délais réglementaires, mais, depuis six mois, toutes leurs démarches pour trouver un abri, sont restées infructueuses. Cette situation est d'autant plus pénible que dans ces familles, les enfants sont nombreux et les parents sans ressources.

 

Juillet 1924  -  Le faux inspecteur.  -  Il y a quelque temps, le jeune Albert Duvey, 24 ans, soldat au 12e d'aviation, étant en permission à Caen, voulut se rendre en voiture à Louvigny. Arrivé à l'extrémité du Grand Cours, il demanda à un employé d'octroi d'ouvrir la barrière. Ce dernier s'y refusa. Irrité, Duvey l'injuria grossièrement. Il aurait ajouté qu'il était inspecteur d'un grand journal, et qu'il allait faire une campagne de presse contre le fonctionnaire. Albert Duvey est condamné à 50 fr. d'amende.

 

Août 1924  -  Les cambriolages continuent.  - Un sage conseil à nos concitoyens qui se préparent à partir vers les plages voisines, même si leur séjour sur la côte ne devait pas durer plus de 24 heures et les maisons rester désertes. Bien prendre soin de ne laisser dans les tiroirs ni bijoux, ni argent, ni objet de valeur. Depuis quelques jours, en effet, notre région est véritablement mise en coupe réglée par des voleurs aux tentatives desquels aucune serrure ne résiste.

Nous avons relaté les premiers exploits de ces dangereux visiteurs, qui opérèrent d'abord rue Saint-Jean, rue de Vaucelles et rue d'Auge. Ces cambriolages n'ayant pas réussi à leur gré, les chevaliers de la pince-monseigneur continuent la série de leurs faits. Rue Bosnières, un immeuble habité par M. Dubourg, garde la trace de leur passage. Les malfaiteurs s'étaient introduits dans cette maison dont le propriétaire est absent, en brisant un carreau du rez-de-chaussée. Le montant du vol ne pourra être connu qu'après le retour de la victime. Hier après-midi, on constatait également que la villa de M. Lefranc, 21, boulevard Caponnière, à l'angle du Pont de Venoix. avait été visitée par ces indésirables.

On présume que M. Lefranc cambriolé une première fois, il y a quelques mois, a mis à profit cette expérience en emportant ses valeurs. La police vient de l'informer de sa nouvelle mésaventure. Nos agents poursuivent très activement leurs recherches. On croit qu'il s'agit d'une bande nouvellement débarquée dans la gion. 16 cambriolages ont été commis cemment le même jour au Havre. La saison balnéaire facilite la besogne de ces malfaiteurs qui ont vite repéré leur champ d'action.

 

Août 1924  -  Un paratonnerre sur l’église St Jean.  -  Lorsqu'en septembre 1923, la foudre tomba sur la tour de l'église Saint-Jean, nous avons fait remarquer combien il était regrettable que cet édifice ne fut pas protégé par un paratonnerre. La vieille tour devenue une ruine menaçante ne résisterait peut-être pas à certains accidents provoqués par l'orage. L'administration s'est émue devant les possibilités d'une catastrophe. On travaille depuis longtemps à l’installation de deux paratonnerres sur l'église. D'autre part des crédits importants seraient demandés pour la restauration de 1'édifice.

 

Septembre 1924  -  Une pomme de terre géante.  -  M. Desponts, employé de chemins de fer de l'Etat, demeurant 44, rue Saint-Jean, a récolté dans un jardin qu'il cultive près du cimetière de Vaucelles, un tubercule géant mesurant 30 centimètres de haut et 41 de diamètre. Cette pomme de terre, parfaitement saine, pèse 1 kilog, 655 fr.

 

Octobre 1924  -  La tempête fait rage. -  Ce matin, vers 5 heures, la population caennaise eut un réveil en musique inattendu. Des rafales d'une rare violence passèrent sur la ville. Quelques instants après nos rues étaient jonchées de tuiles, ardoises et débris de toute sorte des cheminées tombèrent avec fracas. La tempête qui dura près de quatre heures, s'est terminée par une pluie diluvienne. Les dégâts causés par le cyclone furent assez graves. Au village des réfugiés, près de la caserne du 430, la toiture de plusieurs baraquements a été arrachée. Sur nos cours et promenades, plusieurs arbres furent déracinés et leurs troncs obstruaient la chaussée. Surpris par la tempête, les maraîchers du marché St-Pierre s'apprêtaient à quitter la place, lorsqu'une grosse branche s'abattit sur l'étalage de M. Mauduit, cultivateur. Il n'y eut pas d'accident de personne.
Le réseau électrique semble avoir été assez sérieusement éprouvé. Toutes les lignes vers l'extérieur ont été rompues par la chute des arbres. Un câble est tombé rue Graindorge, et un autre rue Jean Romain. Ces accidents provoquèrent des interruptions de courant. Les lignes téléphoniques et télégraphiques n'ont pas moins souffert, sauf sur le circuit d'Alençon. Toutes les communications étaient interrompues dans la matinée avec Rouen, Paris, Rennes, Le Mans et Le Havre.
Les campagnes voisines payèrent leur tribut au terrible cyclone. Des pommiers ont été arrachés et toute la récolte est tombée. Sur nos côtes la tempête a fait rage. A Ouistreham on est fort inquiet sur le sort d'une barque qui n'est pas rentrée mais elle a pu trouver abri dans la rade du Havre.

 

Novembre 1924  -  Des taureaux emballés se réfugient dans l'église. - Dimanche dernier, deux bouviers conduisaient chez M. Valette, cultivateur à Le Bisey, quatre jeunes taureaux, qu'il avait achetée la veille.

En passant devant l'Abbaye aux Dames, les animaux prirent peur et échappèrent à leurs gardiens. Après avoir contourné l'église Saint-Gilles, deux des taureaux, fonçant sur la porte principale, pénétrèrent dans le bas de la nef, une foule nombreuse assistait à l'office dominical qui venait de commencer. Cette apparition inattendue causa un vif émoi parmi les fidèles. Beaucoup abandonnerez leurs chaises et gagnèrent la nef principale.
Aucun accident ne s'est produit. Les taureaux se laissèrent docilement reprendre par leurs conducteurs.

 

Novembre 1924  -  Le record des betteraves.  -  On siglalait, l'autre jour, l'existence d'une betterave de 17 livres 1/2 chez un jardinier de Chantenay-les-Nantes.

M. Eugène Roux, cultivateur, route de Creully, à Caen, nous informe qu'il tient à notre disposition, une betterave de 21 livres et 150 grammes.

A qui le record ?

 

Janvier 1925  -  La tempête a passé causant d’importants dégâts.  -  L'Orne est une rivière bien sage et les riverains qui ont bâti sur ses bords, en amont et en aval, ne connurent jamais le péril des grandes inondations. Cependant, après les pluies torrentielles des jours derniers, une vive inquiétude s'est emparée de ces riverains brusquement menacés par la crue.

Tous les herbages sont inondés depuis 24 heures. L'immense prairie des courses est recouverte sur toute son étendue, par une nappe d'eau qui atteint., en certains endroits, une profondeur d'environ deux mètres.

Cet après-midi, de nombreuses barques explorèrent ce lac aux eaux tranquilles. Une partie du grand cours est submergé. Dans la nuit de samedi à dimanche, M. Maës, directeur de l'École de Natation, dont l’établissement est envahi, fit prendre des mesures immédiates pour sauver son matériel.

Une foule considérable n'a cessé de stationner aux abords de la prairie.

Hier soir, l'inondation avait atteint la cité Gardin et le quartier de la rue Grusse sont situés, de nombreux garages. Les locataires de ces garages ont dit mettre leurs automobiles en lieux sûrs. La situation devient inquiétante à Louvignv, l'on ne peut plus accéder. Dans l'après-midi, une jeune femme qui devait subir une opération urgente, a été transportée en barque à Caen. L'eau atteint les remblais de la ligne de Flers qui est menacée d'être coupée.

 

Janvier 1925  -  La crue de l’Orne.  -  Depuis 24 heures, la crue de l'Orne qui paraissait à son maximum d'élévation fait des progrès inquiétants. Du profond réservoir formé par la prairie, l'eau déborde sur le Cours circulaire et le Cours Sadi-Carnot. La pelouse du Stade départemental est complètement submergée et le flot dévastateur couvre déjà les premiers gradins des tribunes.

Dans la journée, plusieurs industriels dont les établissements sont situés en bordure du boulevard Bertrand, ont été surpris par l'inondation. L'importante fabrique de registres de MM. Hamelin frères est gravement éprouvée par le fléau et les ateliers de la maison Doré, place du Parc, ont également payé leur tribut la vague dévastatrice.

De bonne heure, hier matin, des marchandises de toute nature furent sorties des magasins de réserve de la cité Gardin. La présence d'un stock de carbure remisé dans ce quartier aurait pu déterminer une catastrophe au contact de l'eau et l'Administration municipale intervint aussitôt pour hâter l'évacuation du dangereux produit. L'évacuation s'effectua sans accident.

Notons que sur plusieurs points, l'Odon, rivière souterraine, qui traverse le centre de la ville, a déversé ses eaux bourbeuses dans les caves des riverains en causant de sérieux dégâts.

Tous les sous-sols des maisons situées à proximité de l'Orne et de la prairie sont noyés. Dans l'après-midi, les caves de la Banque de France étaient elles-mêmes menacées par des infiltrations continues et les pompiers furent requis pour prévenir tout danger.

Il convient de faire remarquer ici que la municipalité de Caen s'est montrée aussi prévoyante. Hier, des passerelles furent édifiées rue Grusse pour permettre l'accès aux habitations isolées par l'inondation. Dès samedi matin toutes les écluses avaient été ouvertes.

La commission spéciale, instituée après le désastre de 1910, serait amenée du reste, s'il était nécessaire, à prendre toutes les mesures envisagées par les plans de défense qui furent élaborés à cette époque. L'abaissement des eaux du canal de Caen à la mer, prévu dans ces dispositions, a déjà déterminé une légère diminution de la crue. Hier, dans la soirée, le service des Ponts et Chaussées annonçait encore une hausse d'environ 30 centimètres, mais tout danger grave semble écarté. Cependant la possibilité d'une recrudescence du fléau a nécessité l'installation d'un service d'ordre, à l'extrémité du Cours Cafarelli, sur la rive gauche de l'Orne plusieurs maisons durent être évacuées par leurs habitants. M. le chef de bataillon Fafet, commandant la compagnie de gendarmerie, et M. le capitaine Wiard accompagnés des adjudants Vivier et Devinsse, prirent les décisions commandées par la situation et l'évacuation prévue des habitants s'est effectuée sans le plus léger accident.

 

Janvier 1925   -  Autour du clocher Saint-Pierre.   -   La réfection du clocher Saint-Pierre se poursuit dans la rapidité qui caractérise tous les travaux intéressant les monuments historiques.

A voir quel soin on apporte à éterniser les réparations urgentes de toutes ces belles choses qui sont le Passé de la Patrie, il semble que l'on s'attache à compromettre à plaisir leur importante réalisation.

Depuis bientôt trois ans, le fier clocher de notre vieille église a vu se développer autour de ses clochetons et de ses ogives le réseau serré des échafaudages qui cachent encore aujourd'hui ses lignes harmonieuses. La restauration traîne en longueur. Certains se demandent si l'on y travaille encore, car le regard cherche en vain soit au pied de l'église, soit sur l'échafaudage même un quelconque compagnon.

A une période d'activité, manifestée vers la fin de 1922 et au début de l'année suivante, a succédé un calme complet. On pourrait croire à l'abandon de toute réfection si, au cours de la séance du Conseil municipal du 7 novembre dernier, nous n'avions brusquement entendu de nouveau parier de l'exécution des travaux... il s'agissait, en l'espèce, d'une demande nouvelle de participation financière de la Ville, nécessitée par un devis supplémentaire. Voici l'exposé des motifs qui le justifient, exposé tiré du remarquable rapport de M. Lesomptier au Conseil municipal :

Le 21 juin 1921, l'Administration municipale était saisie d'une lettre de M. le Préfet, relative à la réfection de l'église St-Pierre de Caen, classée au rang des monuments historiques. Le coût des réparations auxquelles il fallait d'urgence procéder, prévu par la Direction des Beaux[1]Arts, s'élevait à 407 007 fr. 43 centimes. Saisie de la question, l'Assemblée décida de contribuer pour moitié aux travaux et d'inscrire au budget primitif de 1922 une somme de 110 000 fr. représentant la part de la Ville, pour les ouvrages de consolidation de la flèche.

Or, le 19 août dernier, M. Hélitas avisait M. Armand Marie qu'après établissement des échafaudages et la restauration de la partie haute de l'église, M. l'Architecte en chef avait pu constater, en se livrant à un attentif examen de la flèche que les parois de celle-ci et plus particulièrement les clochetons monumentaux des quatre angles, ainsi que les pinacles, lucarnes et balustrades, se trouvaient dans un état déplorable, c'est ainsi qu'un grand nombre de pierres sont gelées, ce qui provoque des chutes de matériaux et compromet la sécurité de la circulation aux alentours. D'autre part, les pierres qui ont été remplacées lors d'une restauration effectuée dans des conditions défectueuses au XVIIe   siècle, sont actuellement complètement décomposées et les agrafes et crampons de fer, employés généralement, à cette époque, n'ont fait que provoquer des dégradations plus importantes.

C’'est dans ces conditions que l'Administration avait été appelée à établir un projet supplémentaire demandant un complément de frais de 315 756 fr. 30, seuls ayant été approuvés par le Ministre des Beaux-Arts, les chapitres I. IL III du devis estimatif — les deux autres chapitres devant faire l'objet d'une révision — une somme de 120 586 fr. 99, représentait l'évaluation envisagée. Ainsi pourrait être achevée la réfection de la partie basse et de la face est de la flèche, et serait effectué la remise en état du clocheton de l'angle sud[1]est, particulièrement dégradé.

La décision de nos édiles a rencontré l'approbation unanime de nos concitoyens. Regrettons pourtant que le Conseil municipal n'ait pas cru devoir rappeler nettement dans le procès-verbal de la séance du 7 novembre 1924, le paragraphe suivant adopté à l'unanimité le 18 août 1921, à peu près en ces termes : « Nous votons les sommes nécessaires qui nous sont demandées, et nous faisons confiance à M. l'Architecte des Monuments Historiques pour que l'exécution de cette restauration soit faite dans le plus court délai ».

Cette clause n'eut peut-être pas été inutile. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Janvier 1925   -  L’inondation.   -   Comme nous l'espérions, la pluie a cessé — ou presque — et le niveau de la nappe liquide qui recouvre la vallée de l'Orne s'est abaissé. L'étiage est en baisse de cinquante centimètres au moins sur hier, et on peut prévoir que le flot, d'ici quatre ou cinq jours, abandonnera le pays conquis et rentrera dans les limites d’où il n'aurait jamais dû sortir.

Ce matin les pompiers de Colombelles ont été appelés pour épuiser, à l'aide de leur pompe automobile, les eaux qui recouvraient la piste du Stade Départemental.

L'importance et la soudaineté de la crue ont causé, il serait puéril de le dissimuler, une surprise générale. L'inondation, on l'a rappelé, est la plus forte de celles qu'on ait vues depuis 1910. On a cependant vue des pluies plus abondantes qui n'ont pas eu les mêmes effets désastreux. Et l'on se demande, dans le public, si, à l'attaque pluviale, on a opposé une défense fluviale appropriée et si les écluses d'en bas ont été manœuvrées avec autant de maestria que celles d'en haut.

Nous posons aussi la question. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Janvier 1925  -  On découvre un squelette place Saint-Pierre. -  Hier, en procédant à des travaux de terrassement, place Saint-Pierre, des ouvriers ont mis a nu un squelette. Ces ossements proviennent de l'ancien cimetière Saint-Pierre qui s'étendait autrefois des deux côtés de l'église.

 

Janvier 1925   -  Les clochetons de l'abside de Saint-Pierre.   -   Comme suite à l'article de notre collaborateur Olivier Adeline, sur le clocher de Saint-Pierre, il nous a paru intéressant de rappeler une page d'histoire locale où peut-être la légende a mis son enluminure, mais qui en tout cas, avait donné naissance à une coutume aujourd'hui disparue. Voici le récit qu'en faisait un vieux Caennais quelques jours après la victoire de Solferino, en montrant avec orgueil aux visiteurs un drapeau qui flottait au sommet du plus haut clocheton :

— L'architecte qui exécutait, au seizième siècle, cette merveille sur pilotis se nommait Hector Sohier, de Caen. Il voulut résumer, dans son œuvre, toutes les richesses de la Renaissance. Quand il eut dessiné son armée de pointes, de culs-de-lampe et de colonnettes (trop nombreuse et trop chargée d'ailleurs pour un édifice gothique), il vit les plus hardis sculpteurs reculer devant l'entreprise énorme et dangereuse qu'il leur imposait.

Il les invita tous à dîner pour le lendemain, et les reçut à un festin royal, en grande toilette, avec sa fille Clotilde, parée de ses plus beaux atouts.

II faut dire que cette fille était la perle de la Normandie, et que chaque artiste eût donné son sang pout lui toucher le bout des doigts.

Le dîner fut long et joyeux, l'architecte aimable et familier, Clotilde ravissante et irrésistible, les sculpteurs enivrés de toute façon par l'esprit du maître, par le feu de ses vins et par les yeux de sa fille.

A la fin du dessert, Hector Sohier se leva, fit remplir les verres du plus fin bordeaux et dit solennellement, en trinquant à la ronde :

— A l'achèvement des clochetons de l'abside Saint-Pierre et à celui d'entre vous qui exécutera le plus beau et le plus élevé, je lui promets devant tous le cœur et la main de Clotilde !

La jeune fille accepta le toast en rougissant, ce qui la rendit plus admirable encore. Et dès le lendemain tous les sculpteurs étaient installés sur leurs échafaudages aériens. Or, pendant  deux ans, ce fut un travail acharné, prodigieux, infini.

Établie juge par les concurrents, Clotilde n'était jamais contente d'aucun d'eux : — Cette base était trop lourde, cette flèche trop aiguë, cette cannelure irrégulière, ce bas-relief indigne du sujet, etc., etc… Et les artistes de recommencer, de perfectionner, de recommencer encore, de tenter l'impossible et le surhumain.

Trois d'entre eux moururent à la peine. Deux se tuèrent en tombant sur le pavé. Quatre renoncèrent à gagner le prix. Et la lutte suprême eut lieu entre les cinq plus capables et vaillants.

Enfin, les clochetons étaient terminés. Tout le monde s'en extasiait. Sohier lui-même n'y trouvait rien à redire.

Il fallut bien que Clotilde se prononçât. Elle était brave catholique, et les huguenots assiégeaient Caen.

— Mon cœur et ma main sont à vous, dit[1]elle au plus habile des sculpteurs — qui se trouvait être le plus jeune et le plus beau — si vous m'apportez avant dimanche le drapeau de Coligny et si vous l'attachez à la pointe de votre clocheton.

Une heure après, Jacques Lemaître (c'était le nom de l'artiste) entrait au château, cerné par les calvinistes. Il trouva la garnison catholique en désarroi, sans pain et sans solde, sans munitions et sans habits. Il persuada aux plus courageux de tenter avec lui un coup de désespoir. Il en reçut le commandement absolu. Il fit fondre les bijoux du château pour les payer, le plomb des châsses et des toits pour charger leurs mousquets. Il les habilla du drap d'or et d'argent, du lampas et du velours des tentures et. des rideaux. Bref, il exécuta avec eux une sortie si vigoureuse et si triomphante, que les huguenots, croyant revoir les diables auxquels ils ne croyaient plus, s'enfuirent avec Coligny, entraîné dans leur déroute.

Le lendemain, devant toute la ville assemblée et poussant des acclamations de victoire, un jeune homme blessé à la tête s'élança, d'échafaudage en échafaudage, et arriva jusqu'au sommet du plus haut clocheton de Saint-Pierre.

II y attacha un drapeau criblé de balles et descendit au milieu des vivats et des applaudissements. Ce jeune homme était Jacques Lemaître, et le drapeau était le guidon de Coligny.

Clotilde embrassa le vainqueur au pied de son chef-d'œuvre et de son trophée, et un mois après, tous deux se mariaient dans la belle église, en présence du gouverneur, de l'évêque et des habitants.

Lorsque Henri IV vint remercier les Caennais, en 1603, on lui présenta Jacques Lemaître et sa femme, et on lui raconta leur histoire.

— Ventre Saint-Gris ! dit le Béarnais, je suis prêt à en faire autant pour la même récompense. II baisa la main de Mme Lemaitre, et nomma son époux sculpteur du roi.

— Depuis ce temps-là, conclut le vieux Caennais, toutes les victoires de la France ont vu flotter un drapeau au clocheton de Jacques Lemaître : et voilà pourquoi vous y remarquez aujourd'hui ce pavillon de Solferino.

Ces détails sont rigoureusement historiques. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Janvier 1925  -  Nouvelles locales  -  A Caen, la nommée Margueritte Allix, âgée de 22 ans, domestique, place de la République a été arrêtée et mise à la disposition du Parquet pour vol d'un empiècement de dentelle et de 5 mouchoirs au préjudice de son patron. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1925  -  13 300 communes ont élevé des monuments aux morts.    -  13 300 communes françaises ont a ce jour élevé des monuments à leurs habitants morts à la guerre. Presque toutes ont eu recours à l'État pour les aider à ériger ces monuments, ce qui a coûté au Trésor plus de 12 millions. Le gouvernement fait annoncer qu'il ne sera plus accordé d'autres crédits.  (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1925  -  Assises du Calvados.   -   Attentat aux mœurs.   -   La première affaire a amené devant le jury un capitaine de la Marine marchande nommé Layec Pierre, âgé de 48 ans, et originaire de Saizeau, lequel pendant la guerre fut cité à l'Ordre de l'Armée. 

Cet individu avait pour maîtresse une veuve Guérin domiciliée à Caen, rue Caponière, mère d'une fillette âgée de 6 ans, dont il aurait abusé. 

La cour le condamne à deux ans de prison avec sursis. Défenseur Me G. Dupont. (source : L’Indicateur de Bayeux)  

 

Janvier 1925   -  La place Saint-Pierre dans le passé.   -   La place St-Pierre, que la municipalité est en train de créer, n'est en somme qu'une reconstitution. Au temps de M. de Bras, le carrefour St-Pierre était formé par l'intersection de quatre rues : la rue de Geôle, la rue St-Pierre, celle de la Pâtisserie qui venait du Marché-au-Bois, enfin la rue de la descente du Pont St-Pierre, encore appelée rue du Change et que le vieil historien qualifiait de « belle et longue rue ». Entre celle-ci et l'église se trouvait le cimetière. 

Déjà, en l'année 1629, les échevins avaient décidé de créer une place à cet endroit. Afin, d'y parvenir, la ville acheta, pour la démolir, la rangée de maisons qui bordait la rue du Change, en face de l'hôtel d'Éscoville, depuis le carrefour jusqu'au pont St-Pierre, et aussi celles qui, situées d'un côté de la rue de la Pâtisserie, aboutissaient au pied de la tour de l'église, là où se voyait une croix devant laquelle les condamnés à mort faisaient amende honorable. 

Mais il fallait trouver un nouvel asile des morts, la ville y pourvut en achetant le cimetière des Carmes, au bout de la rue de ce nom, sur le bord de la rivière, et aussi, non loin de l'église, une parcelle de terre, en dehors du mur d'enceinte, qui devint le cimetière Buquet. 

En outre, elle s'engagea à verser au Trésor de la paroisse St-Pierre une rente de 600 livres. La démolition des bâtiments eut lieu en 1635. 

Aujourd'hui, on peut voir, au fond d'une tranchée assez profonde, creusée un peu en arrière de la grille, des pierres de taille qui, sans aucun doute, sont les fondations des maisons qui constituaient, de ce côté, l'ancienne rue du Change, détruite depuis près de trois siècle. 

Pourquoi faut-il que nos édiles, en reprenant le plan de leurs prédécesseurs, ne soient pas allés jusqu'au bout en isolant tout à fait l'église, au lieu de l'entourer d'une ceinture que l'on ne pourra que déplorer désormais. G. LESAGE. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Février 1925  -  Trafic du port. -  Plus élevé que celui de la semaine précédente de 8.582 tonnes, le total des importations de houille a été de 23.313 tonnes, chiffre qui n'avait pas été atteint au cours des quatre dernières semaines.

Les exportations ont été également très satisfaisants on note 10.330 tonnes de minerai de fer à
destination de Rotterdam, Grangemouth et Middlesbrough, de plus 2.930 tonnes de billettes d'acier ont été expédiées dans différents ports, dont un chargement de 1.150 tonnes à destination de Marseille, Oran et Alger.

 

Avril 1925  -  Un service entre l'Angleterre et Caen.  -   La Cie Southern Railways a pris la détermination de supprimer le service des passagers effectué par ses steamers entre Southampton et Cherbourg pendant les mois d'été et d'établir un service de passagers sur Caen, ce port étant mieux placé pour les touristes appelés à visiter les villes  maritimes ou intérieures de Normandie.

Les services sur Caen commenceront le vendredi précédent la Pentecôte et les départs de Southampton, pendant les mois d'été, auront lieu les lundi, mercredi et vendredi, et de Caen, les mardi, jeudi et samedi de chaque semaine.

 

Mars 1925  -  Après la crue.  -  Au cour, des dernières inondations, causées par l'une des plus fortes crues de l'Orne, de nombreux arbres et ces épaves de toutes sortes avaient suivi le courant de la rivière jusqu'à la passerelle.

Certaines de ces épaves, retenues par des obstacle, encombrent encore les deux cotés de l'Orne, entre Louvigny et Caen. Il serait temps que les Ponts et Chaussées procèdent à l'enlèvement des arbres déracinés qui constituent des barrages dangereux à certains endroits.

 

Avril 1925  -  A l’église Saint-Pierre.  -  L'inauguration du grand orgue, qui vient d'être restauré complètement par la maison Koenig, aura lieu le 17 mai, à 14 heures, avec le concours de M. Joseph Bonnet, organiste de St-Eustache de Paris. C'est une fête d'art religieux à laquelle se donneront rendez-vous tous les admirateurs du maître admirable qu'est M. Bonnet. Nous reparlerons prochainement de cette cérémonie.

 

Mai 1925  - La foire automobile.  -  Dans les terrains du nouveau quartier Saint-Louis se tient actuellement la première foire automobile de Caen, créée par le groupe de la Fédération de l'Association des Mécaniciens-Réparateurs du département du Calvados. Elle remporte le plus vif succès. Seules des voitures d'occasion y sont en vente. On ne peut que féliciter les auteurs de cette innovation. Il manquait entre vendeurs et acheteurs un terrain unique de rencontre. Cette lacune est maintenant comblée et nous ne saurions trop engager tous ceux que le choix des voitures d'occasion intéressent à rendre visite la foire automobile de Caen.

 

Mai 1925  -  Le service Caen-Londres de la Southern-Railway. -  Le steamer « Ardena », de la Southern-Railway, qui doit assurer le service Caen-Londres via Ouistreham et Southampton, trois fois par semaine, avec départs de Caen, le mardi, jeudi et samedi, effectuera son premier voyage le 29 et le 30 courant, Il arrivera à Caen samedi matin et repartira l'après-midi à 16 heures. Le paquebot sera amarré au quai des Établissements Worms, et le public pourra le visiter, de 13 h. 30 à 15 heures.

 

Juin 1925  - Comme au Maroc.  -  Le 4 juin dernier, vers 22 heures, une scène orageuse se déroulait dans le ménage des époux Toutain, 37, rue Saint-Jean, en un instant, tous les habitants de l'immeuble, alertés par le vacarme, ouvrirent leurs fenêtres. Toutain qui n'avait pu avoir le dernier mot dans la dispute engagée entre lui et sa compagne, sortit un moment pour prendre l'air dans la cour. Un facétieux lui versa sur la tète, du premier étage, le contenu d'un pot à eau. Cette douche, loin de calmer le pauvre mari, mit le comble à son exaspération. Et ce fut un beau tumulte dans le quartier. Le propriétaire de la maison, M. Moreau, employa les grands moyens pour rétablir l'ordre. Ar d'un revolver, il fit feu par terre à deux reprises. L'employé Toutain. nullement intimidé par cette démonstration belliqueuse, prit chez lui une carabine et mit plusieurs personnes en joue. L'émeute se termina heureusement sans qu'il eut de sang versé et l'affaire se réduisit aux simples proportions d'un tapage nocturne.

M Toutain est condamné à une amende de  15 francs.

 

Juin 1925  -  Un terrible incendie détruit cinq immeubles.  -  Un incendie qui a causé plus de deux millions de dégâts éclatait la nuit dernière, dans les ateliers de menuiserie de la maison Lefèvre, située près du port de Caen. Par suite de circonstances inexplicables, le poste de permanence des sapeurs-pompiers ne fut informé que très tardivement du sinistre. D'autre part, le matériel d'abord dirigé par erreur à l'autre extrémi de l'agglomération urbaine, ne put agir efficacement à son arrivée sur les lieux.

Plusieurs pièces manquaient et la motopompe municipale dut bientôt reprendre le chemin du garage. Heureusement, les pompiers de Colombelles assistés par les agents de la gare de l'État, secoururent utilement les sinistres, mais dans l'intervalle, le fléau avait pris des proportions foudroyantes. Cinq immeubles devinrent en quelques heures, la proie des flammes devant la foule accourue. Ce toutes paris, impuissante à endiguer les ravages du feu.
Vers 3 h. 15, deux agents de la Sûreté Caennaise, MM. Chasé et Dominé, passait près du pont de la Fonderie, entendirent des crépitements qui attirèrent leur attention, une pluie d'étincelles couvrait l'immeuble de la maison Lefèvre. Pendant que l'un des policiers réveillait à coups redoublés dans la porte les habitants de cet immeuble, l'autre se rendait au poste du premier arrondissement, puis au commissariat central pour donner l'alarme.

Dans le quartier, plusieurs voisins alertés, appelèrent vainement le service des téléphones. Personne ne répondit. Une heure après, les sapeurs au nombre d'une dizaine, arrivaient en face du pont de la Fonderie. La toiture de la première habitation incendiée venait de s'écrouler avec fracas. peine vêtu, M. et Mme Lefèvre avaient pu réussir à gagner le quai.
Comme nous le disons plus haut, la motopompe installée ne fonctionnait pas. On avait oublié le clapet de retenue. L'un des hommes se rendit au dépôt, chercher la pièce manquante pendant que le personnel de défense, resté sur place, utilisait sans grand succès une prise d'eau rue Richard-Lenoir. On ne put préserver des flammes les maisons occupées par M. Pouigny, directeur du Crédit Immobilier du Calvados, et M. Collette, qui n'eurent que le temps de se sauver, eux et les leur. En un instant les vastes entrepôts de M. Delaunay, négociant en cidre et spiritueux, dans le voisinage du foyer de l'incendie, étaient ravagés à leur tour. Deux mille
hectolitres de cidre, se répandirent parmi les décombres. Les pressoirs, les chaix, les bâtiments furent rapidement détruits. Quelques fûts d'eau-de-vie avaient été retirés à temps, mais les autres servirent à alimenter le feu, qui redoubla d'intensité au milieu du fracas des poutres et des charpentes. Le spectacle était terrifiant. Les lueux rougeâtres s'élevaient vers le ciel, enveloppait tout le quartier du nouveau bassin. Tandis que la défense s'organisait de ce côté, le sinistre atteignait bientôt l'avenue de Tourville.

Les cafés Levage et Harivel furent gravement atteintes. Un piquet du 129e était arrivé sous les ordres des capitaines David et Mouchet.

Parmi les personnalités présentes, on remarquait M. Houdan, conseiller municipal Delavergne, commissaire central Hélitas, préfet du Calvados.

Vers 6 heures du matin, les pompiers de Colombelles et de la gare de l'État parvinrent à circonscrire l'action du sinistre.

Cependant, les immeubles de M. Jeanne, négociant en cuir, avaient beaucoup souffert. Dans une écurie, un cheval auquel on ne put porter secours périt dans les flammes. Des sacs de sel entreposés et une grande quantité de fourrage ont été également consumés.

M. Pruède, commissaire du arrondissement, procédé à une première enquête pour déterminer les causes du sinistre. Il est à peu près certain que l'incendie a pris naissance dans les ateliers Lefèvre.

Les propriétaires de cette importante entreprise assurent cependant qu'un cour-circuit n'a pu se produire, les interrupteurs ayant été arrêtés au compteur dans la soirée. D'autre part aucun feu n'avait été allumé depuis deux jours pour la préparation de la colle. Durant la matinée et l'après-midi, une foule nombreuse stationna sur les lieux, maintenue par un important service d'ordre.

Des responsabilités semblent avoir été encourues par l'organisation des secours. Nous reviendrons sur cette question. Il est inadmissible qu'une ville de 60.000 habitants ne puissent être protégée efficacement dans de semblables catastrophes et qu'on ait eu besoin de faire appel à la municipalité socialiste de Colombelles pour suppléer à l'insuffisance des secours.

 

Juillet 1925  -  Le Président de la République, se rendant à Cherbourg passe à Caen.   -  Le train Présidentiel se rendant à Cherbourg est entré en gare de Caen mercredi soir à 20 h. 59. Il en est reparti à 21 h. 04. Aux abords de la gare, les curieux étaient peu nombreux aucune réception ne devait avoir lieu pendant le court arrêt du train.

Un service d'ordre fort important avait été organisé le long de la ligne dans toute l'étendue du département par les soins de M.Delavergne, commissaire central, remplissant en même temps les fonctions de commissaire spécial.

Avant l'arrivée du convoi, les portes de la gare avaient été fermées et toutes les issues gardées.

Pavoisée de drapeaux tricolores, la locomotive s'arrêta sur la voie 1. Le wagon-restaurant, dans lequel se trouvait le président de 1a République, vint se placer en face de la sortie des voyageurs.

A ce moment, M. Gaston Doumergue avait à sa droite M. Herriot, président de la Chambre à sa gauche, M. Painlevé, président du Conseil. En face, M. de Selves, président du Sénat. On reconnaissait également MM. Pierre Laval, Borel, M. Chiappe, directeur de la sûreté.

Au départ, à Paris, un incident pénible, s'était produit le valet de chambre de M. Painlevé, Léon Bizet, Agé de 38 ans, s'étant trouvé subitement indisposé avait é transporté au poste municipal.

Le Président du Conseil demanda qu'on lui envoyât télégraphiquement des nouvelles en cours de route. Dès l'arrivée du train à Caen, M. Delavergne fit aviser M. Painlevé du cès de M. Bizet.

A 21 h. 4 le train repartait pour aller, se garer à Neully à quelque distance de Lison, ou le président de la République et sa suite passèrent la plus grande partie de la nuit, le train ne devant arriver à Cherbourg qu'à 8 heures du matin.

Ce soir, le train repassera assez tard en gare de Caen.

 

Octobre 1925  -  Taxe sur les chiens.  -   Le maire rappelle aux intéressés qu'un registre est ouvert à la mairie, destiné à recevoir les déclaration exigées des possesseurs de chiens. Les personnes qui auraient changé de domicile ou qui auraient cessé de posséder des chiens, doivent venir faire une nouvelle déclaration à la mairie. Faute par elles de remplir cette formalité, elles seront  imposées d’office, d'après les bases de l’année précédente.  

 

Novembre 1925  -  Le chemin n° 212.  -  Pour ceux qui ne le reconnaissent pas sous cette désignation numérique, c'est le chemin de la Prairie, très souvent emprunté par les cyclistes et les automobilistes qui se rendent à Louvigny. Un de nos confrères recommande à la générosité des usagers de cette route le pauvre Restauvent qui par beau ou mauvais temps a mission d'ouvrir la barrière de la prairie.

Nous nous associons bien volontiers au geste charitable du confrère, mais en vérité pourquoi cette barrière et ce gardien à l'entrée d'un chemin classé ouvert à tous et particulièrement fréquenté.

D'autre part, puisque la barrière existe et que le pauvre Restauvent termine sa mission à la tombée de la nuit, pourquoi la barrière n'est-elle pas éclairée ? Attend-on que se produise une catastrophe pour prendre cette mesure de prudence.

La présence des animaux en liber ne suffirait-elle plus pour accroître les risques encourus par les voyageurs.

Rappelons à ce propos qu'il y a quelques jours M. et Mme Georges Marie, qui habitent la commune de Louvigny, ne durent qu'à une chance extraordinaire d'échapper à un grave accident.

Comme ils passaient à bicyclette pour traverser la prairie, des chevaux affolés au bruit d'une auto, traversèrent au galop le chemin. Les cyclistes n'eurent que le temps de se garer et de descendre de machine. De tels accidents sont presque journaliers.

Il est difficile d'expliquer comment la municipalité, responsable dans l'espèce, interprète les prescriptions du code de la route.

 

Novembre 1925  -  L'Église Saint-Jean.  -  Dans la nuit du 2 août dernier, des pierres d'un certain volume se sont détachées de l'église Saint-Jean, et sont tombées, partie sur la voie publique, et partie sur deux immeubles voisins. Il n'y eut pas de victimes, mais les dégâts matériels ont atteint un chiffre important.

Comme le fait remarquer le rapporteur, M. Herne, si cet accident s'était produit quelques jours plus tôt, pendant les fêtes du concours de musique, une foule énorme se pressait dans la rue, on frémit à l'idée de ce qui aurait pu se passer.

Les pierres, tombées de l'édifice, atteignirent d'abord l'immeuble occupé par le Petit Bazar, endommageant la toiture et la marquise 418 fr. 50 de dégâts d'après les évaluations de M. René Ménage, architecte à Caen. Les mêmes pierres, tombées ensuite sur la chaussée, rebondirent et vinrent briser la devanture que la Maison Doré achevait de poser au numéro 140, pulvérisant une grande glace, enfonçant la grille de fermeture et détériorant le socle en marbre coût 2.139 fr. 45.

M. Nicolas, architecte des monuments historiques, à qui on présenta ces deux factures, se déclare incompétent pour le règlement des dommages causés par l'église : la ville de Caen, propriétaire de l'édifice, aurait, à son avis, entièrement responsable des dommages.

Il convient de faire observer que bien qu'elle soit en effet propriétaire du monument, la ville n’a pas le droit d'y faire effectuer les plus petites réparations, ce monument étant classé, qu'elle vote tous les ans une contribution pour les dépenses ordinaires d'entretien, qui a été portée récemment à 15.000 francs.

Enfin, le Conseil municipal a voté des crédits élevés, pour la restauration du clocher Saint-Pierre : il a signalé à plusieurs reprises, l'état lamentable de la tour Saint-Jean, à l’administration des Beaux-Arts.

En mai 1920, notamment, MM. Nicolas et Ruprirh Robert, informés d'une chute de pierres, ayant occasionné de graves dommages virent examiner l'édifice. Quelques jours après, la ville attirait leur attention sur l'état des gargouilles.
Malgré ces avis réitérés, l'administration des Beaux-arts ne procéda à aucune enquête.

Son altitude est d'autant plus inexplicable que dans une lettre du 6 août denier, M. Herne, architecte du gouvernement avait donné des instructions précises à M. Nicolas pour prévenir de nombreux accidents.

 

Novembre 1925  -  Des automotrices sur la ligne de Caen à la mer.  -  La première voiture automotrice, pour l'acquisition de laquelle le Conseil Général a donné l'appui du département fera, mercredi prochain, un voyage de démonstration pour les personnalités particulièrement intéressées à l'amélioration des transports sur la ligne de Caen à Courseulles.
L'automotrice partira de Caen St-Martin à 14 h. 15, arrivée à Courseulles à 15 h. 20. Retour à Caen à 17 h. 30.
 

 

Novembre 1925  -  La tour qui penche.  -  Tardivement, après les avertissements réitérés du Conseil municipal, l'administration des Beaux-Arts se décide à faire quelque chose pour consolider la tour Saint-Jean. Il est certain que les gelées prochaines pourraient être fatales à l'édifice en hâtant la désagrégation des pierres qui sont à bout d'équilibre et n'attendent qu'un souffle pour mitrailler les passantes.

Un échafaudage se dresse devant le porche. On ne commencerait que plus tard, nous dit-on, les travaux de restauration qui s'imposent. La charpente que l'on construit en ce moment est destinée à soutenir une plate-forme en saillie pour prévenir des accidents possibles, en retenant les pierres susceptibles de se détacher du sommet.

C'est en quelque sorte un abri de bombardement qui n'a rien d'esthétique avec ses deux potences massif inclinées sur la rue. Remarquons en outre que les blocs de pierres qui viendraient à se desceller aux angles ne seraient nullement interceptés par cette couverture de protection.

Le dernier accident que nous avons relaté s'est précisément produit sur cette partie de l'édifice.

 

Novembre 1925  .  Le brouillard.  -  Hier après-midi, un brouillard opaque s'est étendu sur la ville qui fut tout à coup plongée dans l'obscurité la plus complète.

Dans nos rues, la circulation devint très difficile. Nombre d'automobilistes remisèrent leur voiture pour emprunter la voie ferrée, moins dangereuse, par suite de la brume épaisse. Ptons et cyclistes furent très prudents et aucun accident ne se produisit. Notre marché hebdomadaire se ressentit de cette température car les marchands plièrent bagage avant l'heure habituelle.  

 

Décembre 1925  .  L’Hôtel d’Escoville.  -  L'ancien hôtel Le Valois d'Escoville, chef-d'œuvre d'architecture d'une époque qui en produisit beaucoup d'autres, a été magnifiquement restauré par notre Chambre de Commerce, qui en a fait sa demeure.

L'élégant manoir, est généralement l'un des premiers monuments caennais, visité par les touristes, qui ne se lassent pas d'admirer ses curieuses lucarnes, son gracieux campanile, et ses sculptures originales.

La façade extérieure de l'édifice malheureusement subi des transformations moins heureuses que celles effectuées dans la partie occupée par la Chambre de Commerce. Plus rien n'indique du dehors, la présence de l'un des plus purs joyaux de la Renaissance. Guides en mains, les excursionnistes errent longtemps autour de la place St-Pierre, avant de découvrir l'objet de leurs recherches.

Les caractères gravés sur un marbre terni, au-dessus du porche, sont à peine lisibles, et il faut s'approcher, de fort près, pour apprendre que l'ancienne Bourse du Commerce tenait ses assises.

Il n'y a plus de Bourse du Commerce. Nos producteurs normands, qui se réunissaient jadis dans les salles de l'antique hôtel, pour connaître le cours des céréales, prennent ailleurs leurs informations. L'enseigne indéchiffrable n'a donc plus de raison d'être.

Pourquoi la Chambre de Commerce ne remplace-t-elle pas ce marbre dépoli, aux lettres invisibles, par une inscription plus digne de la majesté de l'édifice, en remettant a neuf, les colonnes en ruine, qui entour l’entrée du porche ?

277     Port de CAEN.  -  Déchargement du Charbon

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