15 juillet 2023

EUN SYIELLE D'HISTOUÈRE D'CALVADOS   

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CAEN

Canton de Caen

Les habitants de la commune de Caen sont des Caennais, Caennaises.

Janvier 1926  -  Une réunion des sinistrés.  -  L'inondation du 31 décembre et du 1er janvier a causé un préjudice considérable aux commerçants caennais qui, comme nous l'avons dit, furent tenus dans l'ignorance du danger jusqu'à l'ultime minute et ne purent sauver leurs marchandises.

Les sinistrés attendent qu'une enquête impartiale et complète soit organisée pour établissement des responsabilités. Ils demandent en outre qu'il leur soit tenu compte des pertes immenses subies par eux à cause de l'imprévoyance des services compétents.

Tous ceux qui ont été éprouvés par le sinistre sont convoqués à une réunion qui aura lieu mercredi soir à 20 h. 30 dans la salle des concerts de l'hôtel de ville.

La crue toujours menaçante
Notre Municipalité émue des nombreuses plaintes qui lui sont parvenues, décide qu'à l'avenir la population caennaise sera tenue au courant des progrès de la crue. Hier soir M. le capitaine des sapeurs-pompiers Blanchard, a parcouru en automobile les différents quartiers de la ville, accompagné d'un clairon des sapeurs.

C'est ainsi que nous avons appris une nouvelle élévation de l'étiage, heureusement sans danger pour le moment.

Félicitons nos édiles de veiller enfin au grain. Si la même méthode avait été adoptée quelques jours plus tôt, quel désastres aurait-on évité en permettant de procéder à des mesures de préservation.

 

Janvier 1926  -  Le feu dans une scierie.  -  Au cours de la nuit dernière un incendie s'est déclaré vers 21 heures, avenue Victor-Hugo, dans la scierie des chantiers de la Société Continentale d'Exploitation forestière, dont le siège social est à Paris, 73, rue Saint-Blaize.

En quittant les ateliers hier soir, M. Brosssy, directeur, n'avait rien remarqué d'anormal. Le foyer d'une machine à vapeur, qui est chauffée au bois, fut vidé comme d'habitude dans un cendrier isolé de tout contact dangereux. Il était 18 heures lorsque s'éloignèrent les derniers employés de l'établissement.

L'alarme fut donnée par un veilleur des chantiers voisins, mais le feu, qui avait pris naissance dans une scierie s'étendit rapidement et gagna bientôt la toiture du hangar, vaste bâtiment d'une longueur de 25 mètres. Tordue sous l'action des flammes, la couverture métallique s'effondra pendant qu'une grande quantité de bois entreposé à l'intérieur achevait de se consumer.

Nos sapeurs-pompiers, sous la direction du commandant Binet et du capitaine Blanchard, arrivés très rapidement sur les lieux, s'efforcèrent de préserver les dépôts de bois voisins, menacés par l'incendie et ils réussirent. après une heure d'efforts, à se rendre maître du feu.

Sans leur intervention énergique, les marchandises entassées autour des bâtiments auraient été la proie des flammes.

Les dégâts causés par ce sinistre n'en sont pas moins considérables et ils dépassent la somme de 50.000 francs. Une partie de la machinerie a été détruite. Le bois placé à l'intérieur de la scierie fut également consumé.

Le personnel des établissements voisins, alerté dès la première heure, s'était efforcé d'arrêter les progrès de l'incendie et tous ont fait preuve du plus beau dévouement. On remarqua sur les lieux MM. Hélitas, préfet du Calvados Mengui, substitut du procureur de la République, Delavergne, commissaire central, Renard, secrétaire de la mairie.

 

Janvier 1926  -  Enquête sur la crue du 31 décembre.  -  Cette fois le grelot est bien attaché Accuser l'hiver pluvieux, nos rivières qui s'émancipent, la marée qui vient compliquer la situation, les digues qui se rompent, les crues qui sévissent ailleurs, et mettre tout sur le dos de l'aveugle fatalité, fini cet expédient. Cela ne prend plus.

La population caennaise commence à y voir clair et à discerner les causes de son malheur. On n'est pas toujours maître des éléments, soit, mais ici tout semble concourir à favoriser son action néfaste.

Depuis le terrible avertissement de 1910, l'Administration ne s'est pas contentée de laisser les choses en l'état, ce qui déjà peut sembler énorme, elle a fait pis en aggravant le danger, en le rendant constant par l'autorisation donnée à des travaux au profit de l'armement, mais qui suspendent sur nos tes une menace perpétuelle.
Lorsque le plan d'eau des bassins fut surélevé, grâce à un mécanisme de siphons peu croûteux, pour permettre l’accès des navires de fort tonnage, on disait bien « II n'y a rien à craindre, si vous êtes submergés, nous ouvrirons les écluses du canal et l'eau s'en ira comme elle était venue. Vous en serez quittes pour un bain désagréable de quelques heures au plus. Donc, pas de catastrophes à redouter. »
Et justement voilà un motif de plus à notre angoisse au plus fort de la crue ces écluses libératrices restent obstinément fermées. Pourquoi ?
Il faut, dit-on, pour le grand sas l'autorisation ministérielle, ensuite le jeu précipité des vannes abîmerait les berges du canal et serait certainement dangereux pour les navires amarrés au quai des deux-bassins. Vous objecterez : Mais si la vie de beaucoup de nos concitoyens dépend d'une prompte intervention, ne faudrait-il pas mieux donner aussitôt le passage au courrant ?

Je n’entends pas reprocher à la direction du port de manquer humanité. Elle a de puissants intérêts matériels et financiers à sauvegarder. Tout, de même il est pénible de penser qu'au moment, ou des milliers d'individus se débattent, ses calculs soient agités.
Pendant que l'eau monte et que nous en avons jusqu'à la ceinture, on crie de l'autre rive : Prenez patience, tout va s'arranger, nous courons aux écluses. Point ! Deux heures après le flot s'est graduellement élevé dans les différents quartiers de la cité. Il dépasse nos épaules. Un émissaire aux jambes nues parcourt les rues sinistrées avec une clochette : Encore 50 centimètres, ce sera la fin !

L’eau monte toujours et les dirigeants du port assistent impassible à notre supplice, parce que, malgré leur bon vouloir, ils ne sauraient, exposer à de déplorables avaries les cargos et l'airain de gros navires qui n'ont pas fini leur déchargement. La voix des consolateurs reprend : Plus que 30 centimètres à avaler et vous serez dégagés.

Le dernier cargo lève l'ancre. L'eau progresse toujours en hauteur et en étendue pendant que nos bassins conservent toujours leur niveau normal 80 centimètres au-dessous de l'effleurement des quais. Ce fut constaté pendant la matinée, du 1er janvier.
Bref, c'est lorsque nous en avons par dessus la tête que les écluses fonctionnent ! Immédiatement le miracle s'accomplit en quelques heures, plus rien. La ville est nettoyée.
Et à chaque inondation le même phénomène se reproduit !
Que faut-il de plus pour établir qu'il y a réellement, une étroite corrélation entre la situation de notre port et les méfaits déjà crue. On veut conserver à ce port le 7e  rang. Très bien. Mais si sa prospérité a été acquise au détriment de la sécurité d'une population de 60 mille habitants, il est juste d'astreindre à la Chambre de Commerce à participer aux travaux de préservation qui seront entrepris.

 

Janvier 1926  -  Avis aux sinistrés.  -  L'énorme quantité d'eau tombée dans la région et les inondations étant susceptibles d'entraîner la présence d'impuretés dans les eaux provenant des sources de Moulines et livrées à la consommation, le Maire de la ville de Caen a l'honneur d'inviter ses concitoyens à faire bouillir leur eau avant de l'utiliser pour l'alimentation ou pour le lavage de la vaisselle et des récipients qui doivent contenir le lait ou les boissons.

Il rappelle aux commerçants que toutes les marchandises ayant été contaminées ne doivent pas être mises en vente. Des instructions seront données ultérieurement pour les formalités à remplir au sujet de l'évaluation.

Des démarches ont été faites et seront poursuivies près de MM. Chéron et Blaisot, avec lesquels nous avons eu une entrevue au sujet du paiement des impôts et de la prorogation destraites.

Le Comité s'est mis en liaison avec les autorités préfectorale et municipale et M. l'inspecteur général des Ponts et Chaussées. Compte rendu de cette entrevue sera fait au cours de la réunion générale, mais dès maintenant nous tenons à rendre hommage à la grande courtoisie de M. l'inspecteur général des Ponts et Chaussées.

Votre délégué a emporté de l'entrevue l'impression très nette que l'enquête serait faite avec toute l'impartialité désirable et que notre cause ne pouvait être en de meilleures mains. Une nouvelle entrevue a d'ailleurs été demandée aux fins d'entendre nos doléances et revendications.

Le Comité provisoire de défense des intérêts des sinistrés demande à toutes les victimes de l'inondation de faire dès maintenant l'inventaire des dommages à eux causés par la crue, en y joignant toutes pièces justificatives si possible.

 

Janvier 1926  -  Malheureux Grainquebille.  -  Hier matin, Eugène Loyer, 63 ans, marchand de quatre saisons, qui avait pris livraison de ses marchandises, allait commencer sa tournée habituelle, à travers la ville avec sa baladeuse.

On vit tout à coup le malheureux s'affaisser sur le sol entre les brancards du véhicule. Croyant que le malheureux avait glissé sur la neige, un passant se précipita a secours et voulut le relever. Eugène Loyer ne donnait plus signe de vie.

On le transporta au poste de 1a Tour où, malgré les soins dont il fut entouré, il succomba, peu d'instants après, à une congestion causée par le froid. 

 

Janvier 1926  -  Une nouvelle église à la Demi-Lune.  -  Sur l'initiative de Mgr Lemonnier, le clergé de Vaucelles s'occupe de faire construire une église dans le quartier de la Demi-Lune. Il y a déjà fait l'acquisition d'un terrain situé au point terminus de l'avenue Guynemer, qui appartient maintenant à l'association diocésaine.

des travaux sont en cours depuis un mois pour établir une chapelle provisoire en vue de la construction de l'église définitive. M. le Curé de Vaucelles nous prie de faire savoir qu'il reçoit dès maintenant les offrandes, 1, rue de Branville, et à son compte chèques-postaux, Abbé Delamazure, Rouen 10.576.

 

Janvier 1926  -  L’eau de la Moulines.  -   Les dernières analyses ayant, permis de constater que l'eau de la ville provenant des sources de Moulines était redevenue pure, il en résulte qu'elle peut désormais être consommée sans avoir été au préalable bouillie.

 

Février 1926  -  Le trafic du port de Caen.  -  Une activité normale a régné au port de Caen, qui a reçu 23.842 tonnes de houille, 1.061 tonnes de nitrate de chaux et 615 tonnes de produits divers.

Les exportations ont particulièrement porté sur le minerai de fer dont 12.315 tonnes ont été expédiées sur Igminden et Rotterdam, ainsi que l'acier, dont 1.719 tonnes sont parties à destination de Grangemouth et Le Havre : divers, 43 tonnes.

Le mouvement du pavillon a été aux entrées de 17 vapeurs français, 6 anglais, 2 hollandais, 2 norvégiens et 1 estonien, aux sorties 15 français, 4 anglais, 2 hollandais, 2 norvégiens et 1 estonien.

 

Février 1926  -  Match sanglant.  -  Chacun sait que nos clubs sportifs caennais sont loin de faire bon nage depuis quelques mois. Lorsque les deux camps se rencontrent sur le ring, on comprend que le combat doit être sans merci et qu'on y aille pour de bon ! Tant pis pour qui écope. Les farouches adversaires peuvent, sans forfaire au règlement, donner libre cours à leur féroce émulation.

Mais des matchs de football ne doivent pas dégénérer en rixe sanglante.

Hier, le joueur Gœury, du Stade Malherbe, fut allongé sur le gazon par un formidable coup de tête en plein visage. Le malheureux, qui avait perdu connaissance, ne pourra, de longtemps rejoindre son équipe car son état a été jugé assez grave.

Détail singulier le match au cours duquel s'est produit cet accident pénible, avait été organisé en faveur d'un autre joueur, Mathieu, de l'Olympique, qui avait eu récemment la jambe fracturée dans une rencontre de championnat.

Notre jeunesse sportive défend réellement ses couleurs avec trop d'impétuosité. Les sports favorisent la culture physique, dit-on pas lorsqu'ils font des bancals ou des manchots. De grâce, messieurs, maîtrisez vos nerfs ! Un stade n'est pas une arène de Gladiateurs. 

 

Mars 1926  -  Le mouvement de la population en 1925.  -  Pendant les quatre trimestres de 1925, on a compté dans le Calvados 146 mariages, 8.580 naissances et 1.961 décès. Le nombre des marinages a é en diminution constante de 1922 à 1924. Il a en effet passé de 3.657 en 1922 à, 3.410 en 1923 et 3.253 en 1924.

Le nombre des naissances est par contre en légère augmentation, de 8.460 en 1922 il est passé à 8.561 en 1923 pour revenir à 8.338 en 1924 et remonter à 3.580 en 1925.

Enfin, sauf pour l'année 1925, le nombre des décès est allé en diminuant. Il y a lieu de remarquer que, en ce qui concerne 1925 õn a constaté que les décès survenus perdant les 3e et 4e trimestres sont bien plus élevés que pendant les mêmes trimestres des années précédentes.  

 

Mars 1926  -  Tragique accident d’auto.  -  M. Minard, chauffeur d’automobile, marié et père d'une jeune fillette, demeurant 4, rue d'Alençon, a été tué accidentellement au cours de la nuit du 26 au 27 mars, dans les circonstances suivantes.

M. Minard se trouvait rue du Grandjardin vers une heure du matin dans un taxi conduit par le chauffeur Lethiais, de la maison Just, quand, en passant devant le restaurant James, il ouvrit la portière pour, suppose-t-on, parler à Lethiais. Malheureusement un camion de bois muni de feux réglementaires appartenant à M. Prodhomme, entrepreneur à Orbec, stationnait depuis un quart d'heure à proximité du restaurant le conducteur était entré prendre une consommation. La porte du taxi vint heurter si violemment le chargement de bois que le choc fit perdre l'équilibre à M. Minard qui tomba lourdement sur la chaussée. Quand on le releva, il avait cessé de vivre et on constata que la boite crânienne était complètement défoncée. M. le commissaire de police Pestel et le brigadier firent transporter le corps à la morgue ou il sera procédé à l'autopsie. Le taxi a été saisi et placé sous scellés aux fins d'expertise.

 

Avril 1926  -  Ce n’était pas un drame.  -  Hier après-midi les habitants de la rue Saint-Malo étaient mis en émoi par un coup de feu parti de l'une des fenêtres donnant sur le marché couvert.

Deux agents de police entrèrent dans le logement. Aucun drame, heureusement, ne s'était produit. M. Auguste Deremesnil, garçon boulanger, avait simplement voulu essayer un fusil de chasse en tirant à blanc. Procès-verbal lui a été dressé.

Avril 1926  -  La baisse du niveau de l’Orne.  -  C'est aujourd'hui que l'Orne sera, non pas mise à sec comme on l'avait cru tout d'abord, mais à un niveau inférieur d'un mètre environ du niveau actuel. Étant donné la saison, il a été impossible d'envisager la mise à sec totale mais la baisse obtenue permettra aux riverains les travaux urgents et les renflouements nécessaires.

L'ouverture des vannes et écluses a commencé hier soir, après la rentrée du bateau du Havre, et la baisse a été complète vers minuit. Toute la journée, on laissera l'Orne étale pour élever le niveau dans la nuit et permettre le départ normal du bateau vendredi matin.


Avril 1926  -  Le trafic du port.  -  Le port de Caen a fait preuve d'une grande activité. Il a reçu 22.159 tonnes de houille, 800 tonnes de fonte, et 600 tonnes de bois.

Les exportations ont été de 11.850 tonnes de minerai de fer à destination de Glasgow et Rotterdam, 4.475 tonnes d'acier pour Newport, Garston et Grangemouth, et 1.780 tonnes de marchandises diverses à destination de Oran, Alger, Marseille.

Le mouvement du pavillon a été aux entrées de 19 vapeurs français, 4 anglais, 2 hollandais et 1 belge.

Aux sorties, 19 français, 4 anglais, 2 hollandais, 1 belge.

 

Avril 1926  -  Les joyeux caviste du Café de la bourse et ses compères de l’Alhambra.  -  Mme Scali, propriétaire du Café de la Bourse, avait porté plainte contre inconnu pour vol d'un billet de 1.000 francs. En recherchant l'auteur de ce vol, la reté municipale qui exerçait une surveillance discrète autour de l'établissement, fut promptement fixée sur la probité de l'un des employés, Marcel Angot, machiniste de l'Alhambra et caviste à ses heures de loisir. On savait qu'il s'occupait avec une attention toute spéciale de ce dernier emploi, mais un rapide inventaire des liquides démontra bientôt la raison de ce zèle. Marcel Augot, aidé par deux complices, Marie Lucien, 17 ans, plombier, et René Brunet, également garçon de café à la Bourse, avait fait disparaître environ 40 bouteilles de Champagne, sans compter les bouteilles d'apéritif de toutes marques. Il y a lieu de croire que le billet de 1.000 francs fut soustrait par l'un de ces trois individus qui s'étaient partagés les étages de la maison pour y opérer simultanément.

L'enquête de la sûreté a mis fin à ce pillage. Les trois escrocs ont été coffrés après interrogatoire, malgré leurs dénégations.

 

Avril 1926  -  Les résultats du recensement dans le Calvados.  -  La Préfecture du Calvados vient de terminer le premier travail de pouillement des opérations du recensement du 7 mars dernier. Ce travail qui porte sur le nombre de maisons, de ménages et d'habitants, a donné les résultats suivants pour l'ensemble des 763 communes du Calvados.

Nombre de maisons, 108.242 ; ménages, 120.847 ; habitants, 386.991.

Le travail analogue, fait vers la même date, à l'occasion du recensement de 1921, donnait les chiffres ci-après :
Nombre de maisons, 106.048 ; ménages, 119.730 ; habitants ; 380.540.

Le nombre total des maisons, des ménages et des habitants a donc augmenté et cette augmentation est la suivante :

Maisons, 2.194 ; ménages, 1.117 ; habitants 6.451.
Le nombre de maisons s'est accru dans tous les arrondissements, sauf dans ceux de Falaise et de Vire. L'augmentation la plus importante est constatée dans les arrondissements de Caen et Pont-l’évêque.

Le nombre des ménages a augmenté dans tous les arrondissements sauf dans ceux de Bayeux et de Vire.
La population s'est accrue dans tous les arrondissements, mais toutefois très légèrement dans ceux de Bayeux, Falaise et Vire.  L'augmentation la plus sensible a été constatée dans l'arrondissement de Caen, elle se chiffre par 2.692 habitants. Dans l'arrondissement de Bayeux, seul le canton de Ryes a vu sa population diminuer.
Il en est de même:
Du canton Ouest de Caen et des cantons de Creully, d'Evrecy et de Tilly, dans l'arrondissement de Caen.
Des cantons de Falaise sud et Thury-Harcourt, dans l'arrondissement de Falaise.
De ceux de Blangy-le-Château, de Cambremer et de Honfleur, dans l'arrondissement de Pont-l’évêque.
De Condé-sur-Noireau et Vassy, dans l'arrondissement de Vire.

Dans tous les autres cantons du département, la population a augmenté.
Les renseignements qui procèdent confirment, les indications données périodiquement au sujet du mouvement de la population et desquelles il résulte que depuis quelques années le nombre de naissances excède, dans le département, celui des décès.

 

Avril 1926  -  La crue de l’Orne.  -  La nuit dernière, vers une heure du matin, le poste de Thury-Harcourt signalait par télégramme à la mairie de Caen, une cote de 3 mètres, en ajoutant que la crue paraissait se velopper.  

M. Renard, secrétaire général, informa aussitôt les membres de la Municipalité. On alerta les bas quartiers de la rue Grusse, de la rue de Louvigny et de la cité Gardin. D'après les calculs établis par l'Administration des Ponts et Chaussées, l'indication fourmi par Thury-Harcourt laissait prévoir 8 m. 75 à l'étiage de la passerelle. Si ces prévisions s'étaient réalisées, une partie des deux cours aurait été envahie par les eaux. Les propriétaires d'établissements forains, en particulier, M. Pêne, furent avertis. Fort heureusement la cote ne dépassa pas 8 m. 40.  

Dans la matinée, nouveaux renseignements de Thury-Harcourt faisant connaître que la cote était toujours de 3 mètres, mais que la rivière était étale.

La situation depuis semble s'être améliorée, tout en restant sérieuse. En effet, comme à la fin de l'année, nous nous trouvons au moment d'une grande marée. Hier on cotait une marée de 7 mètres et 7 m. 05. Aujourd’hui, a 10 heures, elle était de 7 m. 20.
Or, celle du 1er janvier atteignait, 7 m. 30. On a constaté que l'évacuation des eaux des Odons se faisait normalement. Seule la crue de l'Orne a paru inquiétante. Hier matin, l'eau a atteint les bords du grand Cours et quelques tentes foraines ont été touchées par le flot. On pense que
l'écoulement après la marée se fera plus rapidement. On signale à Argences que la quantité d'eau tombée dans les dernières 24 heures a atteint 42 millimètres, chiffre qui n'avait pas été atteint depuis plus de trente ans.

La conséquence en a été le débordement de la Muance, qui traverse la coquette localité. La rivière la Dives a également débordé dans les prés de Cléville, Saint-Pierre-du-Jonquet, Le Ham.

 

Juin 1926  -  On répare la Tour.  -  Tout arrive. Après bien des alternoiements, l'administration des Beaux-Arts s'est décidée à faire quelque chose pour la tour Saint-Jean. Oh, cette initiative n'ira pas loin, il s'agit simplement de consolider la voûte du porche, qui pourrait dans quelque jour s'effondrer sur la tête du sonneur ou sur les fidèles à l’entrée ou à la sortie de l'église.

Pour le dehors, on sait ce qui a été fait. Depuis l'accident qui causa de graves dommages aux immeubles voisins, en jonchant de moellons énormes les dalles du portail, on évita, aux mariages et aux enterrements, de stationner à cet endroit dangereux.

L'architecte des monuments historiques, pour assurer la sécurité des cortèges, fit construire au dessous de ce portail, une gigantesque cuvette destinée à retenir les bolides susceptibles d'écraser quelques personnes.

En fait, ce grotesque échafaudage, qui aveugle l'horloge et enlaidit, la façade de notre vieille église, n'est d'aucune utilité et si l'un des angles de la tour venait a s'abattre, il y aurait certainement de la casse.

L’installation a cependant coûte cher. Les réparations locales et partielles qui vont être effectuées ne seront pas moins élevées. Pourquoi ne pas entreprendre une restauration complète qui s'impose !

 

Juin 1926  -  Le mouvement du port.  -  La persistance de la grève anglaise menaçait sérieusement l'approvisionnement des importateurs de houille du littoral normand, et en particulier du port de Caen, dont l'interland comprend plusieurs départements de l'Ouest.  

Ne pouvant se procurer les charbons dont ils avaient besoin, tant pour la consommation domestique que pour la fabrication des briquettes, ils se sont adressés en Allemagne plusieurs marchés viennent d'être passés tout récemment.

L'exécution en est commencée, et la semaine écoulée, neuf navires ont apporté de Rotterdam 10.155 tonnes de charbons, ce qui correspond à une moyenne presque normale.

L'approvisionnement sur cette place a été facilité par ce fait que l'exportation des minerais de fer sur Rotterdam est plus abondante que jamais.

Les navires de la flotte caennaise trouvent ainsi un fret de retour rémunérateur au lieu d'aller le chercher dans les ports anglais.

Aux entrées, on a encore enregistré 1186 tonnes de brai

Aux sorties, les minerais sont en progression. Il en a été exporté 19.150 tonnes.

Les pourparlers engagés avec les Mines et les Chemins de fer de l'État par la Chambre de Commerce, pour l'installation d'un appareillage moderne, sur le nouveau quai de 305 mètres de longueur, se poursuivent activement. Notre port est particulièrement intéres à la réussite de ce projet, car le stockage sur les quais actuels est plus difficile, et le port de Granville fait en ce moment de gros efforts pour attirer le trafic du minerai de l'Orne et même du Calvados.
Les sorties d’aciers ont été relativement élevées. On a enregistré 7612 tonnes à destination de Garston, Newport, Crangemouth. Le mouvement du pavillon a été de 28 navires dont deux hollandais et un anglais. 

 

Juin 1926  -  Les poivrots débrouillards. -  Une histoire suggestive qui montre l'ingéniosité de deux poivrots, plus forts que Panurge, lorsqu'il s'agit de se procurer de l'argent pour satisfaire leur passion.

Auguste Percheron, 44 ans, terrassier, demeurant 46, avenue Guynemer, et Leteiller Albert, 30 ans, demeurant 100, rue d'Auge. Occupés à extraire de la pierre, dans une carrière située derrière le débit de M. Moitié, rue d'Auge, les deux hommes qui avaient fait d'abondantes libations et dépensé leur dernier maravédis, étaient torturés par une soif inextinguible.

Dans ce quartier, le débitant fait rarement crédit. Auguste Percheron trouva instantanément la combine. Des lapins erraient, en liberté, dans une cour voisine. L'un de ces lapins fut pris, à la course, étranglé sur le champ, pouillé avec célérité et la peau toute chaude, vendue chez le brocanteur d'a côte. Le corps de l'animal avait été abandonné sur un tas de fumier.

Avec le produit de la vente, nos bons poivrots purent se rafraîchir. Leteiller est condamné à 15 jours de prison avec sursis. Auguste Percheron, qui fait défaut deux mois de prison.

 

Juin 1926  -  Le mouvement du port.  -  La persistance de la grève anglaise menaçait sérieusement l'approvisionnement des importateurs de houille du littoral normand, et en particulier du port de Caen, dont l'interland comprend plusieurs départements de l'Ouest.

Ne pouvant se procurer les charbons dont ils avaient besoin, tant pour la consommation domestique que pour la fabrication des briquettes, ils se sont adressés en Allemagne plusieurs marchés viennent d'être passés tout récemment.

L'exécution en est commencée, et la semaine écoulée, neuf navires ont apporté de Rotterdam 10.155 tonnes de charbons, ce qui correspond à une moyenne presque normale.

L'approvisionnement sur cette place a été facilité par ce fait que l'exportation des minerais de fer sur Rotterdam est plus abondante que jamais.

Les navires de la flotte caennaise trouvent ainsi un fret de retour rémunérateur au lieu d'aller le chercher dans les ports anglais.

Aux entrées, on a encore enregistré 1186 tonnes de brai

Aux sorties, les minerais sont en progression. Il en a été exporté 19.150 tonnes.

Les pourparlers engagés avec les Mines et les Chemins de fer de l'État par la Chambre de Commerce, pour l'installation d'un appareillage moderne, sur le nouveau quai de 305 mètres de longueur, se poursuivent activement. Notre port est particulièrement intéres à la réussite de ce projet, car le stockage sur les quais actuels est plus difficile, et le port de Granville fait en ce moment de gros efforts pour attirer le trafic du minerai de l'Orne et même du Calvados.
Les sorties d’aciers ont été relativement élevées. On a enregistré 7612 tonnes à destination de Garston, Newport, Crangemouth. Le mouvement du pavillon a été de 28 navires dont deux hollandais et un anglais. 

 

Juin 1926  -  Les poivrots débrouillards. -  Une histoire suggestive qui montre l'ingéniosité de deux poivrots, plus forts que Panurge, lorsqu'il s'agit de se procurer de l'argent pour satisfaire leur passion.

Auguste Percheron, 44 ans, terrassier, demeurant 46, avenue Guynemer, et Leteiller Albert, 30 ans, demeurant 100, rue d'Auge. Occupés à extraire de la pierre, dans une carrière située derrière le débit de M. Moitié, rue d'Auge, les deux hommes qui avaient fait d'abondantes libations et dépensé leur dernier maravédis, étaient torturés par une soif inextinguible.

Dans ce quartier, le débitant fait rarement crédit. Auguste Percheron trouva instantanément la combine. Des lapins erraient, en liberté, dans une cour voisine. L'un de ces lapins fut pris, à la course, étranglé sur le champ, pouillé avec célérité et la peau toute chaud, vendue chez le brocanteur d'a côte. Le corps de l'animal avait été abandonné sur un tas de fumier.

Avec le produit de la vente, nos bons poivrots purent se rafraîchir. Leteiller est condamné à 15 jours de prison avec sursis. Auguste Percheron, qui fait défaut deux mois de prison.

 

Juillet 1926  -  La terre tremble.  - Dans une partie de la Normandie, des secousses de quelques secondes ont été ressenties. Une secousse sismique assez violente, mais de courte durée, quelques secondes, a été ressentie en Normandie, vendredi, vers 14 heures 20.  Voici les renseignements que nous avons reçus à ce sujet dans le Calvados.

Hier après-midi, vers 14 h. 30, une secousse sismique qui a duré environ une seconde a été ressentie sur divers points de la ville. Cours Montalivet, chez M. Frémont, marchand de porcelaine, de la vaisselle a été projetée par terre et brisée. Rue Saint-Martin et Pémagnie, des cloisons ont tremblé. Rue Caponière, au 26, deux dames qui se trouvaient dans leur chambre, Mme Faniel et Mme Panier, ont perdu l'équilibre et sont tombées.

Rue Saint-Pierre et rue Saint-Jean on a éprouvé également pendant plus d'une seconde un léger tremblement.

 

Juillet 1926  -  La ligne Caen - Le Havre.  -  Après "l'Emile-Deschamps", un second paquebot mixte, l'Adolphe-Le Prince", est mis en service le 2 sur la ligne Caen-Le Havre.

 

Octobre 1926  -  La question des Chemins de fer du Calvados.  -  Dans sa séance du 30 septembre 1926, le Conseil général avait chargé la Commission spéciale désignée le 20 mai 1925 pour étudier les questions relatives aux chemins de fer du Calvados, de donner un avis sur les suppressions ou réductions de trafic à opérer sur les dits chemins de fer, en considération du prix actuel des combustibles et de l'importance croissante du déficit d'exploitation.
Cette Commission s'est réunie le 27 octobre à la Préfecture et elle a entendu les représentants des cantons intéressés, qui ont pris la parole pour la sauvegarde des intérêts des populations.

La Commission a ensuite formulé son avis et la Commission départementale, qui avait reçu à cet effet la délégation du Conseil général, a rendu définitives les décisions de la Commission spéciale.
Tenant compte de tous les intérêts en cause et désireuse de ne pas priver les populations de tous moyens de transport, notamment pour les marchandises, résolue, d'autre part, à réaliser les économies indispensables dans la situation actuelle, la Commission départementale, conformément à l'avis de la Commission spéciale, a décidé que les mesures suivantes seraient prises à dater du 16 novembre prochain
 Sur les lignes de Bayeux à la Besace et de Balleroy à Isigny, le service sera fait au moyen de trains mixtes (voyageurs-marchandises) qui seront au nombre de trois par semaine (aller et retour) entre Bayeux et Balleroy et entre Balleroy et Isigny, et de six par semaine (aller et retour) entre Balleroy et La Besace.

Le samedi, jour du marché de Bayeux, il y aura un train aller et retour entre Caumont et Bayeux.
La Commission est d'avis qu'un moyen de transport spécial soit immédiatement étudié pour assurer le trafic quotidien du poisson venant de Grandcamp.
  Ligne de Bayeux à Courseulles et de Bayeux à Port-en-Bessin. Un train sera supprimé sur la ligne de Bayeux à Port-en-Bessin, chaque jour, sauf le samedi. On fera un seul train par jour, entre Bayeux et Courseulles, même le dimanche.

 Réseau de Falaise. Les trains mixtes actuels seront maintenus. Le train automoteur sera supprimé.

 Caen-Dives-Luc.  Le service actuel est maintenu, sauf pour le train automoteur qui sera supprimé, si, dans le courant du mois de novembre, les recettes de ce train ne couvrent pas entièrement les dépenses.
D'après les évaluations du service du contrôle, les économies à attendre des mesures ci-dessus, par rapport aux dépenses qui résulteraient du service actuel, sont évaluées à 250.000 francs par an environ.

 

Décembre 1926  -  Autour de nos clochers.  -  Lorsqu'un de nos monuments historiques menace ruine, et oscille sur ses bases à la suite d'une lente décomposition, si les riverains s'émeuvent, si la municipalité réclame une restauration urgente, l'administration des beaux-arts commande un échafaudage à la maison Lelièvre. Ce revêtement de poutres et de madriers rassure les habitants du quartier intéressé qui se disent « On va faire des travaux, nous ne serons plus exposés à une catastrophe, voici les ouvriers à pied d'œuvre ».
Mais après un sommaire rafistolage des cailloux qui s'égrènent, l'entrepreneur et son équipe désertent les chantiers. Seul l'échafaudage reste. On se garde bien de l'enlever et la raison de sa survivance s'explique. S'il ne protège ni de monument au pied duquel il se dresse, ni les riverains situés dans la zone dangereuse, c'est toujours un « pare-tuile » pour les architectes des Beaux-Arts qui en cas de malheur sauraient se couvrir en prouvant que les travaux de consolidation étaient en cours.

C'est ainsi que depuis cinq ans la flèche majestueuse de l'église Saint-Pierre est masquée par un ouvrage gigantesque avec échelles aériennes, monte-charge et plates-formes superposées. Pas un ouvrier sur ces plates-formes. Si ce monumental échafaudage est inutile pourquoi n'autoriserait-on pas notre compagnie de sapeurs-pompiers qui se réorganise à l'utiliser pour les exercices d'équilibre et d'escalade de ses jeunes recrues ? M. le commandant Binot disposerait ainsi d'appareils merveilleux pour remplacer l'installation du poste de permanence qui ne suffit plus à ses hardis sapeurs.
Faisions observer que la location par l'entrepreneur de cet ouvrage, qui ne sert plus à rien, coûte aux contribuable, la bagatelle de 12.000 francs par an, le prix d'un immeuble bourgeois, sans déduire bien entendu le montant du devis et de la construction. Il serait intéressant en totalisant les dépenses depuis 1922 d'établir le prix de revient au mètre cube du bois ainsi employé.

L'échafaudage construit devant le portail de l'église Saint-Jean, encore plus inesthétique que le premier, est un véritable non-sens. Comme nous l'avons dit plusieurs fois, il n'a pas été édifié pour permettre de commencer les travaux qui s'imposent, mais pour retenir les pierres qui ce détachent du sommet du clocher expédient bien précaire et d'une efficacité très douteuse. Si la tour aux assises ébranlées venait à s'écrouler, cette cuvette tendue par M. Nicolas en guise de pare-éclats, n'empêcherait pas la catastrophe.

En attendant ce plancher massif masque une partie du portail et couvre entièrement l'horloge.

 

Décembre 1926  -  Une quincaillerie au pillage.  -  Nous avons relaté les vols importants commis au préjudice de la maison Legallais et Bouchard, rue de Vaucelles par une bande organisée qui avait réussi à s’emparer d'une grande quantité de marchandises, vendues à vil prix chez des brocanteurs de la ville.

L'auteur principal de ces vols, Clément Merceron, 21 ans, plombier demeurant, rue d'Auge, employé pour des travaux de réparation par MM. Legallais et Bouchard, était tenteur d'une clef des réserve. Aidé par un complice, Ferdinand Lecornenr, 19 ans, demeurant, rue d'Auge, il transportait à la nuit, dans un camion à bras, tous les objets susceptibles d'être facilement revendus : brocs, lessiveuses, chaudrons, tuyaux en zinc, les marchandises étaient recelées par la veuve Helliet, 40 ans, domestique, route de Rouen.

Deux brocanteurs occasionnels acceptèrent de traiter à des conditions qui prouvaient leur mauvaise foi. C'étaient les sieurs Eugène Leblanc, 27 ans, rue Eustache Restant et Mahé Fernand, 38 ans, demeurant rue de Falaise. Ne pas confondre avec un honorable commerçant demeurant dans la même rue.

Le tribunal a prononcé les condamnations suivantes Clément Merceron, 13 mois de prison ; Ferdinand Lecorneur, 8 mois ; Fernand Mahé, 6 mois de prison ; Marie Lecomte, veuve Helliet, 6 mois ; Eugène Leblanc, 6 mois.

 

Décembre 1926  -  Travaux de démolition de l’ancien barrage.  -  Le Maire de Caen informe les intéressés que pour permettre les travaux de démolition de l'ancien barrage, la passerelle reliant l’entrée du Grand Cours à la rue du Puits-de-Jacob, va être montée à partir de demain lundi, 6 décembre.

Pendant la durée des travaux, la traversée de l'Orne par les piétons sera assurée gratuitement par M. Jehanne, passeur, rue de l'Arquette. Ce service fonctionnera tous les jours, dimanches et jours fériés compris, entre la Venelle du Bac et la rive opposée du lever au coucher du soleil.

Le passage des colis transportés à la main, ainsi que des bicyclettes et des voitures d'enfants, sera assuré dans les mêmes conditions.  

 

Décembre 1926  - A la poissonnerie. — Peu accoutumées aux rigueurs de la température que nous subissons depuis quelques jours, les marchandes de poissons des Halles ont quitté leurs tables de vente hier dans la matinée et nos ménagères qui se présentèrent un peu avant midi trouvèrent le marché fermé. C'est un fait sans précédent. Cependant la criée eut lieu comme d'habitude et la marchandise était arrivée en quantité à peu près normale. Cette fermeture brusquée par la seule autorité des poissonniers fait tout naturellement penser au repos hebdomadaire, longtemps agitée sans succès par les employés de la régie municipale qui n’ont même pu obtenir les deux jours de repos annuel demandés pour les lundis de Paques et de la Pentecôte, jours où la clientèle est excessivement rare, pour ne pas dire absolument inexistante.

L'opposition des tout-puissants commissionnaires suffit pour écarter les justes revendications du personnel. Mais si la halle est en principe tenu constamment ouverte, il y a des jours, lorsque le marché se présente sous un aspect défavorable, où l'approvisionnement des tables est à peu près inexistant. Le poisson du jour marine dans les caisses pour être livré le lendemain. De sorte que en astreignant les employés à faire acte de présence, on offre parfois des vacances forcées au public des acheteurs. 

Nous avons protesté à, maintes reprises contre cet autocratisme mais il parait que le pouvoir des maires de Caen expire sur la première marche de cette poissonnerie, qui se régit comme elle l'entend, selon le caprice de cinq ou six manitous dont personne n'oserait discuter les actes ni les volontés. Le conseil économique, qui fait feu des quatre fers contre les abus en matière commerciale, ferait bien d'entreprendre une enquête intéressante à cet égard. Ses investigations nous permettraient peut-être d'être éclairés sur deux questions importantes. Pourquoi ne nous vend-on en général que du poisson de qualité inférieure et pourquoi ce poisson est-il à Caen plus cher que partout ailleurs ?

 

Janvier 1927  -  Intéressantes découverte archéologique.  -  En bêchant le jardin qu'il possède rue Eugénie, à Caen M. Tissières a mis à jour à 80 centimètres de profondeur, deux sarcophages en pierre, l'un de 2 mètres sur 0, 70 de large, l'autre de 1,90 sur 0,50.

L'épaisseur de la pierre et de 5 centimètres. Les deux sarcophages étaient remplis de terre, entrée par une ouverture, mais dans le plus grand M. Tissières a trouvé des ossements. Il semble que ces sépultures identiques à celles découvertes sur le même plateau, lors de la construction de la caserne du 43e d'artillerie, datant de l'époque mérovingienne, et peut-être même de l'époque gallo-romaine.

 

Février 1927  -  Encore un Séisme.  -  Jeudi 18 et vendredi 19, nouvelle secousse sismique à Caen, 6 mois et demi après celle de l'été 1926.

 

Mars 1927  -  Le feu chez les imprimeurs du " Bonhomme ".  -  Vendredi dernier, un peu avant midi un incendie se déclarait dans le magasin à papier, situé au troisième et dernier étage de l'imprimerie caennaise Robert et Cie, rue Froide à Caen. À peine d'alerte était-elle donnée que déjà le sinistre s'était développé, trouvant dans la construction même des combles, en bois et galandage, un aliment facile.

Prévenus téléphoniquement par M. Robert, les pompiers permanents, sous les ordres du commandant Binet, arrivaient quelques minutes après, avec la forte auto-pompe qui ne put, malheureusement, tourner sous l'étroite voûte conduisant dans la cour de l'imprimerie. À ce moment, il semblait que l'incendie attaqué sans retard, pouvait être rapidement circonscrit. Mais, malgré le zèle des officiers et des pompiers présents, un certain flottement se produisit, faute de main d'œuvre suffisante et expérimentée. Ainsi perdit-on de précieuses minutes. La preuve fut faite, une fois de plus, de l'insuffisance de pompiers permanents et d'engins, et aussi du mauvais état d'une partie du matériel existant. Enfin, des lances furent branchées  sur les bouches d'eau des rue Saint-Pierre, aux Namps et Pasteur, tandis qu'arrivaient en hâte des pompiers rentrant de leur travail matinal.

Pendant que le sinistre était attaqué par la rue des Croisiers, n tentait également de l'atteindre directement par la cour même de l'imprimerie. Mais il fallut y renoncer, faute de pression suffisante.

Heureusement, grâce à l'auto-pompe, des torrents d'eau s'abattaient bientôt des toits voisins sur l'immeuble en feu... et sur les autorités au grand complet massées dans la cour de la rue Froide. Dès cet instant, le sinistre était enrayé et bientôt les pompiers, progressant à travers la fumée, pouvaient prendre pied sur la maison elle-même.

Vers une heure, tout danger était écarté et a 1 h. 1/2 le foyer d'incendie, les décombres et l'immeuble tout entier étaient littéralement noyés. Aussitôt après, le travail de déblaiement commençait. Toute la toiture et l'étage supérieur avaient été détruits ainsi que le stock de papier qui y était entreposé.

En outre, jusqu'au rez-de-chaussée, l'eau avait fait de graves ravages. Par chance, malgré ce bain forcé, les linotypes étaient à peu près intactes. Au total les dégâts et les pertes semblent s'élever à 200 000 francs environ.

 

Mars 1927  -  Le vieux Caen.  -  " La Tour prends garde ! La Tour prends garde ! Car nous t'abattrons ! " chantait depuis longtemps le Conseil municipal caennais. Il en avait alors à chacun des deux édifices militaires conservés provisoirement au milieu des ruines du quartier Saint-Louis, et dont les amis du passé avaient obtenu le classement comme monuments historiques.

Mais nos édiles on renonçaient pas pour cela au désir de fiche par terre les deux antiques donjons. Leur insistance a reçu une demi satisfaction. La Tour-devers-les-Prés a été déclassée et va disparaître. C'est la première en allant vers la rivière. L'autre, la Tour-ès-morts, sera conservée et c'est heureux car, dégagée comme elle l'est, son aspect est des plus pittoresques. Il a déjà tenté bien des peintres, dessinateurs et photographes. Si on veut bien s'occuper dans nettoyer les abords et de lui créer un petit cadre simple et décent, cette vénérable Tour-ès-morts ajoutera une curiosité de plus à celles, si nombreuses, dont notre ville est fière.

 

Mars 1927  - Un horrible personnage.  -   Gardien d'un cinéma de Caen, a été condamné à 8 mois de prison pour s'être intéressé de trop près à 2 fillettes. Libéré, il essaie de se venger en leur apportant des éclaires au café et farcis de mort-aux-rats. La Cour d'assises le condamnera à 20 ans de prison.

 

Juin 1927  -   Le déménagement de la baleine.  -  À la réunion municipale de ce soir on va s'occuper du transfert de la baleine qui va quitter enfin la Halle, dont elle bouchait un rude coin, pour aller prendre l'air au Jardin des Plantes. On dressera à ses vieux vertèbres, un asile rudimentaire mais suffisant et là, du moins tout le monde pourra la voir. Le docteur Lebailly triomphe, et les marchands de beurre exultent. Ils vont pouvoir respirer plus au large. Mais qui expliquera pourquoi on a attendu si longtemps avant d'expulser cette encombrante carcasse et de dire à la baleine : " Filez, c'est  assez ! "

 

Juillet 1927  -  Un drame aux Charmettes : Deux  morts.  -  A la sortie de Caen, sur la route de Rouen, se dresse, à l'entrée du lotissement des Charmettes, une gentille maison, où Mme Eugénie Huet, 36 ans, divorcée et mère d'un garçonnet, tenait un café-restaurant. Avec elle, vivait son amant, Charles Fagnen, 48 ans, lequel, après avoir été plombier, rue de goêle, avait fait construire cette villa voici deux ans, et y avait installé le restaurant et une entreprise de construction. La chance ne devait pas lui sourire : mis en liquidation, Fagnen avait passé le fonds de commerce et ses droits sur l'immeuble au nom de son amie qui apporta ses meubles et paya une partie des dettes.  

Pourtant, la discorde régnait dans le faux ménage : malade et très affecté de sa ruine, l'ex entrepreneur reprochait à Mme Huet de le tromper et de vouloir de le dépouiller de ce qu'il pouvait posséder encore. Des scènes violentes eurent lieu, accompagnées de menaces. Vendredi dernier, Fagnen se fit régler aux haut-Fourneaux, où il travaillait, et déclara qu'il allait acheter un revolver et tuer sa femme. Cependant, il rentrait le soir, portant des gâteaux à sa fillette, Paulette, et à Marcel Jouan, fils de Mme Huet.  

Le lendemain matin , comme de coutume, cette dernière envoya les deux enfants en classe (d'où ils ne rentraient que le soir), puis vaqua à ses occupations jusqu'au moment où, vers 10 h., elle dit à un consommateur qu'étant souffrante, elle allait se coucher. À midi, un client trouva la porte du café fermée et, à 17 h., quand Paulette et Marcel revinrent de l'école, ils durent contourner la maison pour y entrer.  

Dans la chambre, un spectacle horrible les attentait : sur un lit, Mme Huet gisait dans une mare de sang, la tête fracassée d'une balle tirée derrière l'oreille, tandis que  sur l'autre lit, Fagnen, mort, tenait encore dans sa main crispée l'arme du crime. Affolés, les petits se réfugiaient chez un voisin, qui prévenait les gendarmes.

L'enquête, aussitôt commencée, révélait qu'une lutte avait précédé le drame : des meubles et une lampe renversés en témoignaient. L'ex-entrepreneur avait dû tuer son amie alors qu'elle était debout, puis il avait porté le corps sur le lit et s'était fait justice ensuite d'une balle à la tempe. Les deux morts avaient été instantanées. Fagnen laisse quatre enfants : deux fils, la ouvriers des P.T.T., L'autre soldat, une fille, employée à Paris après avoir travaillé à Caen, enfin la petite Paulette qui a été provisoirement confiée, ainsi que Marcel Jouan, à un ami dévoué, M.  Marie.

 

Septembre 1927  -  Que d'eau ! que de eau !  -  Jamais il n'en était tant tombé qu'en cette fin d'été. L'autre vendredi surtout, cela tournait au cataclysme. Pluie, grêle, vent, faisaient rage. Des torrents se formaient dans les chemins, les arbres étaient déracinés, des fils et les poteaux électriques brisés. À Caen, les égouts débordaient de toutes parts et l'eau commençait déjà à s'élever dans les rues. L'almanach du bonhomme avait justement annoncé cette bourrasque avec une simple erreur de quelques jours.

Fort heureusement, l'état de la végétation et tel que des inondations graves ne peuvent encore se produire, l'herbe et les feuilles retiennent l'eau et l'évaporent.

Mais si le beau temps n'était revenu que pour une courte période et si les pluies devaient reprendre, les terres imprégnées profondément, ne pourraient plus rien absorber et nous aurions tout à craindre.

Heureusement qu'à Caen l'enlèvement du radier de la passerelle et la construction de la digue des Écoles de Natation favorisaient l'emmagasinage et l'écoulement des eaux. Puis il y a la pyramide enlevée de la prairie par M. Babin qui y donnerait place à un ou deux mètres cubes supplémentaires de liquide... Alors, avec tout ça, nous pouvons dormir tranquilles.  

 

Octobre 1927  -  La « Faire és Malards ».  -  C'est ainsi que, dans notre patois, on désigne la traditionnelle Foire d'automne qui se tient à la Maladrerie, dans un pré. Elle a bien perdu de son importance, jadis très grande, cette joyeuse assemblée ! On y  allait « mougi du lard à la broquette et baire du cidre nouveau ». Or, voici qu'un nouveau coup vient de lui être porté. Comme elle tombe, cette année, le vendredi 28 octobre, jour du grand marché à Caen, on a décidé que la foire aux bestiaux n'aurait pas lieu, là-bas, dans le faubourg, mais tout simplement, comme d'ordinaire, sur les Fossés St-Julien. Pauvre « faire és malards » ! Va-t-elle pouvoir résister à un coup pareil ?  

 

Novembre 1927 Encore un Séisme.  -  Le samedi 19 à 23h 10, nouvelle secousse sismique.

 

Janvier 1928  -  Démolition de l’échafaudage de la place Saint-Pierre.  -  Pour éviter les accidents possible lors de la démolition de l’échafaudage de la place Saint-Pierre,  M. le Maire de Caen vient de prendre l’arrêté suivant :
Art. 1er   Pendant toute la durée des travaux relatif au démontage de l’échafaudage de l’église Saint-Pierre, du 23janvier au 19 février 1928, la circulation des véhicules automobiles, hippomobiles et des motocyclettes est interdite dans la partie de la voie comprise entre l'extrémité de la place Saint-Pierre et du place du Marché au bois.
Les véhicules venant de la rue Saint-Jean, du boulevard des Alliés, de la rue Saint-Pierre,de la rue de Geôle, en direction de la place du Marché au bois de la rue Montoir-Poissonnerie, emprunteront la rue Sohier et réciproquement.
Art. 2.  Pendant la période sus indiquée et sur la partie de voie énoncée au paragraphe 1er du précédent article, la circulation des véhicules sera toutefois autorisée chaque semaine,
du samedi 17 heures au lundi 7 heures.
Art. 3.  La circulation des bicyclettes et des piétons sera tolérée, du 23 janvier au l9 février, dans la partie de voie comprise entre l'extrémité de la place Saint-Pierre et de la place du Marché au bois. Les passants sont néanmoins invités à ne pas stationner sur cette partie de voie, en raison du danger auquel les exposerait la chute éventuelle de matériaux.

 

Février 1928   -   Le nouvel Hôtel des Postes.   -   Le jury spécial chargé des pourparlers relatifs aux indemnités pour expropriation des terrains visés pour la construction du nouvel hôtel des Postes, vient d'être formé.
Les membres désignés sont MM. Homard Léon, à Balleroy ; Lepetit Louis à Bayeux ; Vaussy Victor à Livry ; de Bonvouloir, à Amblie ; Fret du Longlois à Caen ; Lécluse à Douvres ; Roussel à Caen ; Nizon Charles à Verson ; Letellier Charles à Carpiquet ; Marie Amant, à Caen ; Robert, maire d'Harcourt ; Prentout à Villers-Bocage ; Monchâtre, à Falaise ; Tourmente, à Caen.

La réunion du Jury se tiendra au tribunal de première instance de Caen le 16 février, sous la présidence de M. Tardieu, magistrat directeur, pour statuer sur les causes qui y seront appelées.

 

Février 1928  -  On redoute de fortes inondations.  -  Les pluies persistantes de ces derniers jours ont amenées c'était à prévoir une crue sensible de l'Orne.
Les mesures prises immédiatement ont conjuré jusqu'à présent, les dangers constitués par l'énorme quantité d'eau charriée par l'Orne. Les vannes du nouveau barrage du cours Montalivet, levées depuis vendredi matin, laissent un libre écoulement aux flots excessivement rapides.
Des chasses d'eau pratiquées à  Ouistreham à marée basse, ont permis de neutraliser les effets d'une
très grosse crue de l'Odon.
La cote de l'Orne à Caen, à l'ancien barrage était hier soir de 8 m. 15, au lieu de 7 m. 74, hauteur normale.
On prévoit que cette cote sera portée à 8. 50, dans les douze heures.  Si la pluie continue, on peut craindre dans un délai relativement court, que les points bas de Caen commencent à être atteints par l'eau.
Les habitants de la Cité-Jardins des rues Grusse et avoisinantes ont été prévenus par les soins de la police.
 Les services compétent restent en liaison continuelle et les Caennais peuvent être assurés d’être prévenus, au moins huit ou dix heures à l'avance si un danger les menaçait.
Rappelons pour calmer les esprits que la cote de l'Orne au cours des inondations des 31 décembre 1925 et 1er janvier s'est élevée à Caen à 10 m. 54.

 

Mars 1928  -  Un canot à sac.  -  Le canot à vapeur « Le Daphné », à M. Bocquel, chef d'atelier aux Chantiers Navals, amarré près du pont de Calix à Caen, a été dévalisé d'une grande partie de la tuyauterie de cuivre et de nombreux objets de bronze et de plomb.

Leur méfait accompli, les voleurs auraient même ouvert la prise d'eau pour faire couler le petit bâtiment. Il est possible qu'il s'agisse d'un exploit de la bande arrêtée dernièrement et qui avait déjà mis en coupe réglée un bateau voisin, « Le Saint-Julien » dans les conditions que nous avons relatées.  

 

Mars 1928  -  Pauvre gosse !  -  Le 12 février dernier, un jeune collégien de Vire, Luc Bariol, 17 ans, qui se rendait à bicyclette chez ses parents à Champ-du-Boult, traversait Caen dans la nuit lorsque, au pont de la Fonderie, à l'entrée du canal, il a buté sur le trottoir et est tombé à l'eau.

Toutes les recherches étaient restées vaines, lorsque dernièrement, on a enfin retiré du canal le corps du malheureux jeune homme.

 

Avril 1928  -  Un tragique voyage de noce.  -  Mardi matin, à 11 h. était célébré, en l'église Saint-Jean, à Caen, au milieu d'une nombreuse affluence de parents et d’amis, le mariage de Mlle Anne Gosselin avec M. Jacques Évrard, industriel, 16, rue Porte-Foin, à Paris.
Une matinée dansante réunissait, l'après-midi, les nouveaux mariés et leurs invités. Vers 6 heures, M. et Mme Évrard prenaient place dans un taxi piloté par M. Lenoir, loueur de voitures, promenade du Fort, pour se rendre à Lisieux, ils devaient  passer la nuit.
A environ 15 kilomètres de notre ville, un peu avant le village de Moult, à l'endroit la route est coupée par une ligue particulière reliant la tuilerie d'Argences à la gare de Moult-Argences, le chauffeur, dont la voiture marchait, paraît-il, à 40 kilomètres à l'heure, aperçut tout à coup un train de marchandises qui allait s'engager sur la route. Il freina sespérément, mais ne put éviter le choc, qui fut brutal.
La voiture heurta la locomotive, dont elle arracha le marche-pied, et se retourna complètement. Sérieusement blessé, le chauffeur put se dégager cependant, et se mit en devoir, au prix d'efforts surhumains et en domptant ses souffrances de retirer de dessous la voilure M. et Mme Évrard, complètement incapables du moindre mouvement. Il y réussit juste au moment la voiture, par suite de l’explosion du moteur, prenait feu ! Le personnel du train coopéra aussi au sauvetage, tandis qu'un automobiliste, qui passait, allait prévenir M. le brigadier Serre et les gendarmes de Moult, qui se rendirent aussitôt sur les lieux.
Les deux voyageurs furent transportés à la clinique de la Miséricorde où, dès son arrivée, l'on se rendit compte que l'état de M. Évrard était désespéré. En effet, il devait succomber, vers minuit, à une fracture du crâne, sans avoir repris connaissance, sauf pour articuler quelques plaintes. L'état de sa jeune femme est très satisfaisant et, sauf complications, elle est considérée actuellement comme hors de danger.
Ce n'est que vers midi, hier, qu'on a pu lui apprendre, avec tous les ménagements possibles, l'horrible nouvelle. de son veuvage au seuil de ses noces. Son désespoir fait peine à voir !
Lorsque les parents d'Évrard furent prévenus du terrible accident qui venait de se produire, toute la famille et les invités étaient réunis pour dîner à l'Hôtel de la Place Royale.

Inutile de dépeindre la consternation et le désespoir qui firent place à la meilleure des gaietés.
L'état du chauffeur Lenoir ne semble pas devoir mettre ses jours en danger. Il se plaint de fortes douleurs dans la poitrine, consécutives à un choc que lui a occasionné son votant.

Le docteur Marais, qui l'a examiné, suppose la fracture de deux ou trois cotes. MM. Mengin et Bosquet, du parquet de Caen, se sont tendus sur les lieux pour procéder à une enquête.

Ils étaient accompagnés de M. le capitaine de gendarmerie Bercier.  

 

Mai 1928  -  Un drame à Caen.  -  Dans un immeuble du passage Bellivet, au dessus du café Lemarchand, vivaient ensemble un maçon d'origine portugaise Antonio Avelino, 24 ans, et Jeanne Lanissol, 40 ans, caissière.

Mardi soir, peut-être pour justifier le proverbe, le portugais rentra gai, si gai même qu'il en avait perdu la raison. Ayant voulu frapper son amie, celle -ci, prise de peur, saisit un revolver et tira sur l'ivrogne un coup de feu qui le blessa grièvement au ventre. Avertie par les voisins, la police a écroué la meurtrière et fait porter le blessé à l'hôpital. Son état, quoique sérieux, ne semble pas désespéré.  

 

Juin 1928  -  Le noyé hebdomadaires.  -  On a retiré du bassin Saint-Pierre, en face de la rue Guilbert, à Caen, le cadavre d'un noyé qui a été reconnu pour être celui d'Ahmed Bohel, 30 ans, journalier, sans domicile fixe. Le corps ne portant aucune trace de blessures, l'enquête a conclu à une mort par immersion prolongée.

Hier matin, on a également repêché le Vieux-Bassin, à Caen, le corps d'un noyé de 35 à 40 ans, correctement vécu, qui n'a pu encore être identifié. Sur lui, on a trouvé un porte-monnaie contenant 18 francs 75, mais aucun papier.  

 

Juin 1928  -  Plus de peur que de mal.  -  Vendredi soir, le petit peu Lucien Leffaileur, 4 ans, demeurant chez ses parents, rue du Vaugueux à Caen est tombé d'une fenêtre du 3ème étage dans la cour. Quand on l'a relevé il ne portait aucune blessure apparente, mais, pour plus de précautions, on l'a porté à l'hôpital.  

 

Juillet 1928  -  Un grave accident de train en gare de Caen.  -  Un grave accident s'est produit hier, peu après midi, à l'entrée de la gare de Caen. Le train transatlantique 10.320, venant de Cherbourg, a tamponné, sur la voie 3, le train de voyageur qui doit quitter Caen à 12 h. 11, à destination de Laval.
Cette catastrophe, qui a causé un mort et 12 blessé, tous heureusement légèrement atteints, se serait produite dans les circonstances suivantes : A l'embranchement situé à environ 500 mètres de la gare de Caen, sur la ligne de Cherbourg, avant de traverser le pont sur l'Orne, le mécanicien du transatlantique, M. nard, du dépôt de Caen, s'apercevait tout à coup, en voulant commencer à diminuer sa vitesse pour entrer en gare de Caen, que ses freins, qui avaient été essayés au départ de Cherbourg et dont il s'était servi à plusieurs reprises sur la route ne fonctionnaient plus.
Son convoi, à ce moment-là, roulait à environ 100 kilomètres à l'heure. Le signal placé a cet endroit, et qui était fermé, fut franchi en trombe. Il en fut de même de différents disques et pétards qui furent tous brûlés successivement.
Ne pouvant réussir à faire fonctionner ses freins, le mécanicien renversa sa vapeur et aborda la gare de Caen à la vitesse de 48 kilomètres à l'heure. Malheureusement, il était engagé sur la voie 3, sur laquelle stationnait un train en partance pour Flers. Le chef de train de ce convoi, qui était occupé à ranger des bagages dans son fourgon, entendit un bruit anormal, se mit à la porte. Il aperçut le transatlantique qui arrivait sur la voie se trouvait son train et sauta vivement sur le quai en criant.
C'est à ce moment que le choc se produisit avec un fracas épouvantable. La locomotive du train transatlantique vint tamponner celle du train de Flers, qu'elle repoussa sur une longueur de 20 à 30 mètres environ, cependant qu'elle sortait des rails et se couchait légèrement sur le côté.
Par la violence du choc, deux wagons J, qui se trouvaient accrochés entre le tender et les grands fourgons à boggies du train transatlantique montèrent sur ceux-ci, les défoncèrent en partie et se retournèrent sur l'avant du fourgon dans lequel se trouvait le chef de train Hamel, du dépôt de Cherbourg qui fut tué sur le coup. Par hasard providentiel, le mécanicien Ménard, qui était resté sur sa machine, ainsi que le chauffeur, qui, lui, était sauté avant la collision, sont sortis indemnes de l'accident.

C'est dans le train tamponneur que se trouvaient les voyageurs qui furent blessés. Le fourgon de tête de ce train dans lequel se trouvait le chef de train, qui put sauter à temps sur le quai, un wagon de 3e classe, ancien modèle, et le premier compartiment d'une voiture de 3e  classe à couloir sont complètement démolis et enchevêtrés les uns dans les autres.

Dès la nouvelle de l'accident, une foule énorme s'est portée dans l'avenue de la Gare d'où, par dessus les barrières, il est possible de voir l'enchevêtrement des wagons brisés. De nombreuses personnalités se sont rendues sur les lieux. Nous y avons remarqué MM. Hélitas, préfet du Calvados ; Delalande, procureur de la République ; Bosquet, juge d'instruction ; Mengin, substitut du procureur ; Delavergne, commissaire central ; le général Gouraud, le commandant de gendarmerie ; le capitaine de gendarmerie Bercier ; le receveur des P.T.T.. etc, etc….

Plusieurs équipes d'ouvriers de la gare de Caen procèdent activement au déblaiement des voies. Le service des trains, dans l'après-midi, a été assuré par voie unique. (Source : Ouest-Éclair)

 

Juillet 1928  -  Le terrible accident de train de Caen.  -  Le nombre des blessés de l'accident survenu à l'entrée de la gare de Caen, primitivement fixé à 8, puis à 12 se trouve arrêté à 16, cinq d'entre eux sont encore hospitalisée à l'Hôtel-Dieu. Ce sont MM. Jules Ronné, manœuvre au dépôt de Caen, sa femme et ses deux enfants et M. Jules Marie, des Trois-Monts.  Leur état, qui est aussi satisfaisant que possible, n'inspire aucune inquiétude.
Le déblaiement de la voie : Les travaux de déblaiement de la voie ont été menés avec une grande activité pour permettre le déblaiement des deux locomotives et des fourgons chavirés sur une longueur d'une trentaine de mètres, il a fallu faire appel à la grue de 50 tonnes de Mantes. Celle-ci est arrivée mercredi soir, vers 7 heures, et aussitôt s'est mise au travail. Des équipes d’ouvriers ont travaillé toute la nuit sans arrêt, sous l'œil d'une partie de la population de la ville qui accrochée tout au long des barrières de l’avenue de la gare, suivaient avec intérêt leurs efforts. Le matin, il ne restait plus que la locomotive du transatlantique a dégager. C'est chose faite à l'heure nous recevons cette dépêche et des ouvriers poseur, sont occupés à replacer de nouveaux rails et de nouvelles traverses, cependant que d'autre refont le ballast, qui avait été fortement labouré. Dés maintenant, le trafic normal est repris les différents trains venant de Cherbourg, qui étaient tournés sur des voies secondaires n'ont, grâce au dévouement du personnel de la gare de Caen, subi aucun retard, tontes les communications ont été assurées avec le maximum de célérité. Il y a bien eu quelques voyageurs qui, voyant une rame de wagons à la place qu'occupe habituellement le train qui doit les conduire à destination, montèrent sans se renseigner et furent obligés de descendre quelques instants après, les employée prévenant qu'ils s’étaient trompés. Mais ces cas furent assez rares.
Le récit d'un témoin :  Nous avons pu joindre un instant un des rares témoins oculaires de l'accident, M. Goux, sous-ingénieur chef de section à la gare de Caen, qui voulut bien nous raconter ce qu'il a vu.  « Je descendais du train de Paris, qui avait un léger retard, en compagnie de M. Guy, sous-Inspecteur du service électrique, avec lequel je venais de finir une enquête dans la gare voisine, me dirigeant vers la sortie de l'avenue de la Gare. Je me trouvais sur le quai d'embarquement des Bestiaux, lorsque, j’eus mon attention attirée par un bruit anormal. Je regardai dans la direction d'où provenait ce bruit et je vis, à environ 50 mètres de la locomotive du train de Laval, en partance, un train transatlantique qui arrivait à une allure exagérée, la machine vrombissait, de tous cotés s'échappaient avec un bruit assourdissant des jets de vapeur.

« Je me rendis nettement compte que le mécanicien qui avait renversé sa vapeur n'était plus maître de sa machine et je fis à haute voix cette réflexion « Mais va-t-il s'arrêter ? », car dans l'endroit je me trouvait, je ne voyais pas sur quelle voie il était engagé. Ce n'est que lorsque les deux locomotive furent à quelques mètres l'une de l'autre que j'entrevis l'affreuse collision, inévitable. J'aurai voulu crier, je n'aurai pu. Je restai une seconde sans voix, désespéré d'assister impuissant à une catastrophe que j'envisageai immédiatement terrible, et le choc eut lieu.

« C'est quelque chose d'inimaginable. La locomotive du « transatlantique », la 231-685, du dépôt de Caen défonça littéralement l'avant de celle du train de Laval par la violence du choc, les deux machines se cabrèrent, formant un dos d'âne de plusieurs mètres de hauteur, puis retombèrent avec un bruit terrible se couchant légèrement sur le coté, cependant que, de chaque coté, les wagons venaient s'écraser sur elles.

« Pour le transatlantique, ce sont les deux wagons J qui s'ouvrirent les premiers, placés entre le tender et le fourgon à bagages, ils furent soulevés avec une force formidable et s'élevèrent l'un sur l'autre à une hauteur à peine croyable, puis retombèrent sur le fourgon à boggie qu'ils endommagèrent, soulevant en même temps l'arrière du tender. Celui-ci, défonçant la vigie d'un des fourgons se trouvait le chef de train Hamel, accrocha le corps du malheureux, qui avait été tué sur le coup, et fut ainsi hissé à plusieurs mètres du sol. Les deux fourgons à boggie chargés de bagages des males, valises, caisses, etc…, ayant jailli par les ouvertures pratiquées, gisaient éventrés sur la voie, laissant échapper une partie de leur contenu : écharpes de soie, souliers et toilettes le bal, linge féminin, bijoux, porte-feuilles et porte-monnaie garnis de billets français et étrangers, ainsi que quelques pièces d'or et d'argent.

Du côté du train de Flers, les gâts, pour être moins impressionnants, n'en étaient pas moins lamentables, un fourgon et deux voitures de 3e classe s'étaient littéralement réduits en miettes sur le tender des débris s'élevaient des cris et des plaintes. Des secours s'organisaient rapidement et tous les blessés heureusement peu gravement atteints, furent immédiatement conduits hors de la gare pour recevoir les premiers soins.. »

Comme nous demandons à M. Goux quelles seraient, d'après lui, les causes probables ou possibles de la catastrophe, il devient subitement très réservé et ne veut se permettre aucune déclaration.

« Deux enquêtes sont en cours, une administrative et une judiciaire, vous comprendrez que je ne veux en aucune manière préjuger de leurs décisions. »

Le corps de M. Hamel part pour Cherbourg : Le corps du chef de train du transatlantique, M. Hamel, du dépôt de Cherbourg, tué dans la catastrophe, doit quitter Caen ce soir, à destination de Cherbourg, la malheureuse victime habitait impasse Vindras avec sa femme et ses huit enfants.  (Source : Ouest-Éclair)

 

Juillet  1928  -  Des torpilleurs dans le port de Caen.  -  Hier, au début de l'après-midi, est arrivée dans notre port, venant de Cherbourg, l’escadrille de Cherbourg, comprenant le Bambard, l'Algérien, le Kabyle, et l'Arabe, qui bat pavillon du capitaine de frégate Nicolas, commandant de l'escadrille.

Le public sera admis à visiter ces navires de guerre tous les jours, de 13 h. 30 à 17 heures, jusqu'à jeudi
prochain 12 juillet.
A cette date deux torpilleurs appareilleront pour Cherbourg, cependant que les deux autres resteront à Caen, jusqu'au 17 et rehausseront de leur présence les régates organisées par la société nautique de Caen pour le 14 juillet.
Les quatre unités sont ancrées dans le vieux bassin, le long du quai de Courtonne.

 

Juillet 1928   -   Un charretier ivre tombe de son siège et se blesse.  -  Dans la soirée de mardi, le camionneur siré Genoux, 35 ans, demeurant au village des Réfugiés, qui était en état d'ivresse, est tombé de son siège à la hauteur du N° 60 rue du Vaugueux et s'est fait une blessure superficielle au visage.
Le cheval, privé de conducteur, a cau des dégâts à la carrosserie d'une voiture automobile appartenant à M. Henri Petit, fromager à Sainte-Marie-aux-Anglais, stationnée en bordure du trottoir. Genoux sera poursuivi pour ivresse.

 

Août 1928  -  Les bonnes mœurs.  -  Sous la pression de la Ligue contre la Licence des Rues, une troupe parisienne doit changer, sur ses affiches, le titre de l'opérette d'Yves Mirande qu'elle joue au théâtre de Caen : « 3 jeunes filles nues » devient « 3 jeunes filles modernes »

 

Août 1928   -   Une pierre se détache du clocher de l’église Saint-Pierre et blesse grièvement un chauffeur.   -   Hier matin, vers 8 h. 30, une pierre d'un poids de 4 kilos 200 se détachant de la base du clocher Saint-Pierre, à hauteur des premières gargouilles, est venue tomber sur un camion automobile de la maison Leturcq, entrepositaire quai Vendeuvre, qui passait rue Montoir Poissonnerie.
Traversant la bâche du véhicule, la pierre a atteint à la tête, le chauffeur, M. Charles Hue, 53 ans, domicilié à Rots, le blessant sérieusement.
M. Hue a été transporté à l'hôpital après avoir été visite par M. le docteur Souron. A l'hôpital on considère son état comme grave. On craint une fracture du crâne.

 

Septembre 1928   -   la fin du « Daphné ».   -   Vendredi dernier le cargo charbonnier « Daphné », de la Société Navale Caennaise, commandé par le capitaine Caveland, quittait Caen à destination de Gand, avec un équipage de 21 hommes et un chargement de 2050 tonnes de minerai de fer. Le lendemain, il était coulé dans le Pas-de-Calais par le quatre-mâts allemand « Pascal », à bord duquel se trouvaient 72 cadets. L'équipage du « Daphné » n'eut que le temps de se jeter à la mer.

Il fut recueilli sain et sauf par le voilier abordeur et hospitalisé à Dungeness.

 

Janvier 1929  -  Sur la place Blot. -  Comme ses similaires, le bureau d'octroi de cette place va disparaître, la démolition de cette « cabane » laissera un vide dans ce quartier tranquille où son trafic journalier provoquait une animation joyeuse. On n'y verra plus l'arrêt des automobiles, le stationnement  des divers véhicules que le drapeau rouge invitait à la vérification. On n'entendra plus le gai tintement des timbales, complaisamment remplies au passage de la voiture laitière et mise à la disposition des ménagères dans l'étroit vestibule de la maisonnette en brique.  

Le dernier occupant de ce « corps de garde » a été M. G. Guyomard si assidu si intelligemment serviable, auquel il est permis de souhaiter une complète réussite dans le nouvel emploi qui lui est  confié

Certes, il ne faut pas maudire la suppression de l'octroi, le vestige falot d'une organisation périmée. Cependant ce n'est pas sans mélancolie que l'on verra s'écrouler la frustre construction de la placeBlot, dont la façade de brune se couvrait, à la belle saison, d'une parure de fraîches capucines et de souples volubilis.  

 

Janvier 1929  -  Le temps qu'il fait. -  Après les froid des jours derniers, très vifs surtout la nuit où la température est descendu jusqu'à moins 9, le dégel est survenu mardi matin. Mais toute la journée le vent est resté du Nord et le baromètre n'avait pas sensiblement baissé. Si l'on en croit les augures, le froid ne fait que commencer. Brrr !!!

  

Février 1929  -  Le temps qu'il fait.   -   Une sorte de jeu de bascule semblait s'être établi depuis quelques jours. La nuit, gelée à 4 ou 5 degrés, dans la journée le thermomètre monte un peu et la glace fond. Aussitôt le soleil couché, il regéle. Il en résulte que par places, le sol était glissant tous les matins. Le vent qui s'était fixé au sud, a tendance à tourner à l'est.

Lundi, le dégel s'est accentué, et la pluie ne saurait tarder.

  

Février 1929  -  Un nouveau-né brûlé vif.  -  Le dernier enfant du docteur et de Mme  Frilley, né il y a quelques jours, est décédé dans la nuit de lundi à mardi, de façon tragique.

L'enfant était couché dans une pièce chauffée d'un feu de boulets, sur le pare-étincelle qui abritait le berceau, des langes étaient à sécher. Un boulet enflammé, tombant du foyer, y mit le feu qui, en quelques instants se communiqua au berceau.

On se porta au secours du pauvre bébé, mais les atroces brûlures qu'il portait au  visage et au mains étaient si graves qu'il succomba presque aussitôt.

Folle de douleurs, Mme Frilley dut etre conduite par Miséricorde.  

 

Avril 1929  -  La mort tragique d'un journalier.  -  L'autre soir, vers 17 h. 30, M. André Achard, mécanicien, demeurant place Saint-Gilles, se trouvait sur un train de minerai, au nouveau bassin, lorsqu'il aperçu debout près d'une aiguille, un homme d'une cinquantaine d'années paraissant s'intéresser à la manœuvre du convoi. Au moment où celui -ci arrivait à sa hauteur, l'homme se baissa brusquement, fut happé par le wagon de tête et horriblement broyé.

L'enquête ouverte par la gendarmerie a établi qu'il s'agissait d'un journalier, M. Paul Poisson, 55 ans, disparu depuis le 12 mars au matin du domicile de sa belle-fille, Mlle Perrier, couturière à  Hérouville, chez laquelle il habitait.

Il est probable que le geste fatal de M. Poisson, malade depuis 15 jours, aura été volontaire. 

 

Avril 1929  -  Le bâton blanc.  -  Au carrefour Saint-Pierre, place Fondette et au pont de Vaucelles, le bâton blanc est en fonctions et cet essai donne des résultats si satisfaisants qu'incessamment nous pourrons admirer aux agents en plein exercice à tous les carrefours qu'une circulation intense embouteille.

Les bienfaits de cette nouvelle application du «  circulez ! » traditionnel, déjà très sensibles, ne pourront être pleinement appréciés qu'au cours des mois à venir, c'est, en effet, pendant la saison estivale que cette réforme aura son plein effet. Les vacances de Pâques qui vont diriger sur notre littoral les premiers touristes de l'année, vont donner la mesure de cette importante innovation en permettant d'endiguer le flot tumultueux des autos vrombissantes qui, auparavant, sans contrôle et sans retenue, traversaient Caen à une allure de bolide.

Sous l'égide des petits bâtons blancs, les piétons jusqu'alors apeurés et protestataires, pourront désormais vaquer sans crainte à leurs occupations journalières et traverser sans palpitations indésirables les coins les plus animés de notre ville.

Les voitures grondantes et trépidantes, domptées par le geste symbolique de l'agent tout puissant, leur laisseront libre passage lorsqu'il y aura lieu.

Voici qui réjouira les timorés et les craintifs, la rue redevenue enfin abordable au piéton sans risques mortels et cela grâce à l'agent au bâton blanc.

Décidément, qu'ils se baladent où qu'ils restent sur place, nos agents sont de graves gens !

 

Avril 1929  -  Un déraillement près de la gare.  -  Un déraillement s'est produit vendredi matin sur la ligne de Laval.

Le train 2456 qui part de Croisilles-Harcourt à 6 h. 57, pour arriver à Caen, normalement à 7 h. 30, sortait du tunnel, quand la locomotive, le tender et le fourgon sortirent des rails.

Le nombre des voyageurs venant au marché de Caen, était très grand et il en résulta pour eux un retard de plus de 3 heures. Fort heureusement les dégâts furent purement  matériels.

 

Avril 1929  -  Le temps qu'il fait.  -  La température se réchauffe peu à peu. Elle se réchaufferait davantage si le vent ne restait pas obstinément fixé au Nord. Néanmoins, dans la journée même sans soleil, on constate 10 à 11 degré au-dessus de 0. Une baisse barométrique considérable nous a amenée une pluie abondante que la campagne a accepté avec plaisir. Malgré tout, comme disent les bonnes gens, « nous allons du bon côté ».   

 

Mai 1929  -  Le mouvement de la population.  -  Au cours de l'année 1928 le nombre de mariages est demeuré à peu prés stationnaire dans le Calvados. Ils se sont élevés à 3.142 contre 3.131 en 1927.

Le nombre de naissances a été en progression constante. Il a atteint 8.801 en 1928, alors qu'il était de 8.524 en 1927.

Les décès, qui étaient depuis plusieurs années en augmentation continuelle, se sont abaissés en 1928 à 7.946, alors qu'ils avaient été de 8.302 en 1926. On a dû constater malheureusement une augmentation du nombre de décès d'enfants de moins d'un an.

La natalité a été devint le 22,5 pour 1000 en 1928 et la mortalité de 20,3.

 

Juin 1929  -  Grave accident de rue de d'église Saint-Julien.  -  Samedi, vers 21 heures 30, Mme Martin, 38 ans, demeurant rue de l'église Saint-Julien, a mis le feu à ses vêtements en accrochant sont tricot de laine à une lampe à alcool.

Grièvement brûlée, Mme Martin, après avoir été visitée par M. le docteur Frémont, a été admise à l'hôpital.

 

Juillet 1929  -  La température.  -  La chaleur après laquelle tout le monde aspirait en raison des vacances et pour la maturité des récoltes, est survenue brutalement. Et c'est maintenant une température torride que nous avons à subir, avec des 30° et même plus à l'ombre.

L'absence de vent rend encore cette chaleur plus difficile à supporter et les travaux des champs sont devenus très pénibles dans cette véritable fournaise. Cependant, mardi, le ciel commencait à se couvrir et l'orage semblait proche. Espérons que des pluies viendront rafraîchir la température, mais souhaitons cependant qu'elles ne soient pas trop fréquentes et que nous ayons un été suffisamment sec.

 

Août 1929  -  Le nombre de bicyclettes et de motos en Normandie.  -  D'une récente statistique, il résulte que les nombres de bicyclettes et de motocyclettes existant en Normandie au 31 décembre 1928, sont les suivants : Seine-Inférieure, 149.957 bicyclettes et 4.757 motos. Manche, 81.820 bicyclettes et 1.907 motos. Calvados, 77.166 bicyclettes et de 2.381 motos. Eure, 74.596 bicyclettes et 3.203 motos. Orne, 62.764 bicyclettes et 2.322 motocyclettes.

 

Septembre 1929  -  Un ouvrier capité par une locomotive.  -  M. Thomas Le Goff, aiguilleur, demeurant à Caen. Rue Neuve-Saint-Jean, se rendant sur la voie des silos au charbon de la Société Métallurgique de Normandie pour manœuvrer une aiguille, aperçut, couché sur la voie, le cadavre d'un homme dont la tête sectionnée se trouvait à environ 60 centimètres du corps.

Il avertit aussitôt le chef de manœuvre M. Boitard, qui reconnut dans la victime un de ses camarades, M. Voisin, 23 ans, chef de manœuvre, demeurant à Bretteville-sur-Laize, où  il est marié et père  d'un enfant. M. Voisin qui était occupé à la manœuvre d'une rame, a dû être tamponné par une machine haut-le-pied qu'il n'aura pas entendue venir et, tombant sur la voie, aura eu la tête sectionnée par une des roues du lourd véhicule.

 

Septembre 1929  -  Une locomotive dans la rue.  -   Un accident qui aurait pu avoir de tragiques conséquences s'est produit, jeudi dernier.

Un train de marchandises se dirigeant vers Vire quittait vers 9 heures la Gare-Etat lorsque par suite d'une erreur d'aiguillage il fut détourné sur une voie de garage. Brisant le butoir placé au point terminus de la dite voie, la machine enfonça un mur, glissa dans la rue de la Gare et vint détériorer la devanture d'un bar. Le mécanicien et le chauffeur du convoi avaient pu, auparavant, sauter hors de la locomotive.

De leur côté, les consommateurs attablés dans le débit étaient fort heureusement parvenus à s'enfuir à temps.

Les travaux de déblaiement habilement et rapidement menés permirent de dégager la chaussée avant la fin de la journée.

L'immeuble au rez-de-chaussée duquel se trouvait le bar a été très endommagé. Une enquête est ouverte par l'administration des Chemins de fer de l'État et par le Parquet de Caen. 

 

Septembre 1929  -  La sécheresse.  -  Le temps magnifique dont nous jouissons a aussi ses inconvénients. Aux cas d'insolation toujours possibles et aux véritables souffrances physiques que cause une température aussi élevée, il faut ajouter le manque d'eau qui commence à inquiéter sérieusement les agriculteurs.

Non seulement, il ne pleut pas depuis plusieurs jours, mais l'année presque entière a été d'une sécheresse inaccoutumée. A la campagne, les cultivateurs qui n'ont pas de source sur leur propriété, ou de puits, sont obligés d'aller chercher l'eau à la rivière pour les besoins de leur ménage et pour abreuver les bestiaux, et de la faire charrier à des distances quelquefois très grandes, d'où une gêne sensible et des dépenses considérables.

Les villes ne sont pas moins à plaindre. Pour abattre la poussière et donner un peu de fraîcheur dans les rues, elles sont obligées de faire arroser, ce qui grève incontestablement le budget.

 

Septembre 1929  -  Pour s'offrir une impression de fraîcheur.  -  Vous ne devinerez jamais ce que fait ce petit paysan ! .. il a l'air de se boucher les oreilles ! .. Il est en train de se rafraîchir ! .. Pendant les chaudes journées d'été, quand vous faites de longues promenades, en pleine campagne, sous un soleil ardent, loin du petit ruisseau, ou de toute fontaine, vous désireriez certainement vous offrir au moins l'illusion d'un peu de fraîcheur ?

Voici un moyen très simple qui vous procurera facilement une agréable impression momentanée. Amenez au bout de votre langue le plus de salive possible, et avec ce liquide, humectez fortement l'index de vos de mains, sans attendre, posez l'extrémité humide de vos index sur les lobes de vos oreilles. Retirez vivement vos mains. À ce moment vous éprouverez une sensation de fraîcheur très nette qui s'explique facilement.

Elle est produite tout simplement par l'évaporation de la salive qu'on vient de déposer sur les lobes des oreilles très sensibles au moindre variation de température. A vous de profiter de cet excellent tuyau et de l'utiliser quand besoin s'en fera sentir ! 

 

Octobre 1929  -  L'heure d'hiver.  -  Conformément à la loi du 24 mai 1923, c'est dans la nuit du samedi 5 au dimanche 6 octobre que l'heure d'été fera place à l'heure d'hiver, c'est à dire que les pendules devront être retardées de 60 minutes.

 

Décembre 1929   -   La tempête.  -   Depuis samedi, la tempête qui a produit ses effets sur le nord de la France a causé de nombreux dégâts à Bayeux et dans notre région. Des rafales balayaient la ville en jonchant le sol d'ardoises, de tuiles, des faîtières et plusieurs têtes de cheminées, un grand mur, de l'ancien couvent des Ursulines, a été renversé rue de la Bretagne, d'autres ont été endommagés sur plusieurs points en ville, notamment à l'enclos des Capucins, à cet endroit la couverture d'un atelier a été très endommagée.

Un pinacle d'une niche placée au-dessus du portait de la cathédrale est tombé auprès de la porte nord où il se brisa heureusement sans blesser personne.

A l'église Saint-Patrice, une aiguille du cadran de l'horloge a été arrachée et le mécanisme a été faussé.

Dans les jardins les arbres abattus sont nombreux et dans les campagnes incalculables, sans compter les divers sur les routes et dans les terres, il y a en outre des quantités de pommiers, ce qui causera un grand préjudice.

On nous signale des arbres tombés sur la route de Caen, dans le voisinage de l'église Saint-Exupère, un s'est abattu dans la tête d'un de l'autre côté de la route, et sous lequel les voitures passent, un rompu dans la propriété de M. Garnier a coupé des câbles d'électricité et ceux du téléphone.

Sur nos plages tout est ravagé. A Port-en-Bessln le faite de l'abri Thomas Lemonnier a été enlevé de ses deux tiers de sa longueur. A l'église, des dégâts ont été causés à la toiture, celle avec sa charpente a été enlevée de la maison Tabourel.

Tous les bateaux étaient rentrés, mais l'un avait perdu un mat et plusieurs avaient des voiles enlevées ou arrachées.

A Caen, un bâtiment s'est écroulé dans le quartier de Vaucelles. Des cheminées et des couvertures ont été sérieusement endommagées.

L'ouragan a atteint particulièrement les lignes de la Société d’Electricité de Caen, privant ainsi de courant les régions de Bayeux, Tilly-sur-Seulles, Condé-sur-Noireau, Falaise, Mézidon, Cabourg et tous les pays entre Caen et la mer.

Les deux lignes qui alimentent Bayeux ont été fauchées littéralement par des arbres énormes tombés en travers des routes.

Sur d'autres points, des poteaux ont été brisés et des lignes entières jetées à terre. Un poste de transformation a été couché. (Source : L’Indicateur de Bayeux)  

73    -   CAEN  -  Chapelle du Chateau

CAEN  -  La Tour le Roi et le Clocher de Saint-Pierre.

CAEN  -  La Gendarmerie  -  LD.

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