1er Février 2025

EUN SYIELLE D'HISTOUÈRE D'CALVADOS   

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CAEN

Canton de Caen

Les habitants de la commune de Caen sont des Caennais, Caennaises.

Janvier 1930   -  Assises du Calvados.   -   Un Commis-greffier de la Prison de Caen devant le Jury.

Chartier Ernest, 32 ans, commis greffier, demeurant à La Neo-en-Vieux-Viel, était surveillant à la maison d'arrêt de Caen, où l'on se montrait très satisfait de lui, quand des faits dénoncés par un fournisseur, M. Leblanc, marchand de cidre à Caen, révélèrent à la charge de Chartier des manquements particulièrement graves.

Le 15 juin dernier, Chartier se présentait chez M. Leblanc pour régler une facture de cidre s’élevant à 1 900 francs, mais prétextant une perte de 2 000 fr. qu'il venait de subir, il ne versait que 1 200 francs. Il promit à M. Leblanc de régler le solde de cette facture à fin juin. Chartier ne tint pas sa promesse et M. Leblanc, malgré ses réclamations pressantes et réitérées, ne put obtenir de l'inculpé le remboursement de ce solde de facture pas plus d'ailleurs que le paiement d'une nouvelle facture. On lui reprocha d'avoir fait un émargement au nom de M. Leblanc.

Me  Sénéchal prononce une vibrante plaidoirie demandant au jury un verdict d'acquittement que celui-ci rapporte après une courte délibération. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Février 1930   -  Le mouvement de la population en Basse-Normandie.   -   Voici le mouvement de la population des départements normands au cours du 2e trimestre 1929, avec les chiffres correspondants de l’année 1928, le premier chiffre se rapportant à 1928 et le second chiffre à 1929. Calvados : mariages, 828 - 878 ; naissances, 2 171 - 2 177 ; décès, 3 053 - 2 014.

Manche : mariages, 909 - 940 ; naissances, 2 376 – 2 381 ; décès, 2 016 -2 357.

Orne : mariages, 680 - 701 ; naissances, 1 522 – 1 406 ; décès, 1 429 - 1 521. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Février 1930   -  Les Écoliers et le Code de la Route.   -   Le bureau du Calvados de l'Automobile Club de l'Ouest vient de faire distribuer dans les écoles du département cinq mille tracts illustrés qui permettront d'instruire les enfants des principales dispositions du code de la route et leur apprendront la façon de se comporter et de circuler sans risques pour eux et pour autrui. De nombreuses légendes accompagnent chaque image. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Février 1930   -  L'activité de la Gendarmerie dans la 3e Légion.   -   C'est avec satisfaction que nous reproduisons la statistique générale de la gendarmerie de la 3e région pour l'année 1929, qui est particulièrement éloquente.

Cette statistique prouve que cette arme d'élite est toujours fidèle à ses traditions d’honneur et de dévouement, et qu'elle a fait consciencieusement son devoir. Nous ajouterons qu'on n'apprécie pas toujours le courage et les mérites de ces excellents serviteurs du pays.

Le service spécial de la gendarmerie comporte les constatations de crimes, délits ou contraventions et les arrestations en flagrant délit ou sur mandat, qu'on se rendra compte.

En 1929, les gendarmes de la 3e légion ont constaté : 191 crimes, 10 035 délits et 27 993 contraventions. Ils ont arrêté en flagrant délit : 1 709 civils et 37 militaires ; sur mandat : 3 071 civils et 83 militaires.

La gendarmerie est désormais dotée de véhicules automobiles qui lui permettent — tout en étant souvent encore moins bien partagée que les malfaiteurs — de prévenir maints mauvais coups et d'arrêter rapidement maints gaillards.

La statistique nous apprend, à ce sujet, que les gendarmes de la 3e légion ont parcouru, au cours de l'an passe, 106 816 kilomètres en automobile. Ils ont effectué avec leurs autos : 1 676 opérations pour le service spécial et 412 opérations pour le contrôle. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mars 1930  -  Le temps qu'il fait.  -  Pluie, grêle, vent, soleil, brouillard, bourrasques. Un  vrai temps de mars. Qui dira encore que les saisons sont chambardées ?

Même, un peu tardivement, nous avons été gratifiés de la neige, dans la nuit de mercredi à jeudi. Pour le dernier jour d'hiver, Caen et sa région se sont réveillés, hier matin, recouverts d'un tapis blanc assez épais qui n'a pas retardé à fondre sous un soleil radieux pour se transformer en une vilaine boue noire. Cette chute de neige a provoqué la rupture nombreux fils électriques, notamment place de la république, causant des perturbations  dans les services des P.T.T. En outre, plusieurs poteaux télégraphiques sont tombés, une cheminée s'est écrasée rue Bertauld, et jeudi matin, plusieurs pierres menaçaient de tomber, rue Beuvrelui. Patience ! Le beau temps arrive.

 

Avril 1930  -  Comptons-nous !  -  On vient de publier d'instructifs renseignements sur le mouvement de la population dans le Calvados en 1929. De ces chiffres il ressort que les mariages diminuent (3.044 contre 3.142 en 1928) tandis que chose curieuse ! Les naissances augmentent progressivement depuis cinq ans (8.578 contre 8.333 en 1924) : proportion, 21,9 pour mille, contre 17,7 dans l'ensemble de la France.

Malheureusement, les décés aussi sont en forte progression passant de 7.500 en 1923 à 8.271  l'an dernier : proportion, 21 pour mille, contre 18 ! De tels chiffres soulignent l'urgence des oeuvres sociales créées cours de ces dernières années, dans le département, par le conseil général (Maternité de Bénouville, Préventorium de Graye, Sanatorium de Saint-Sever, Centre Hygiène Sociale) et aussi la nécessité des inspections sanitaires des écoles adressées à l'administration préfectorale sur l'insalubrité des locaux scolaires.

Dans le seul arrondissement de Caen, 15 000 enfants profitent de ce nouveau service qui, bien compris et exécuté avec soin, doit avoir les plus salutaires effets sur les jeunes générations dont l'éducation hygiénique laisse encore tant à désirer.

 

Juin 1930   -   Le service des transports.   -  En apprenant que la Compagnie Satos assurerait les correspondances entre Caen-Etat et Courseulles, d'une part, Courseulles et Bayeux, d'autre part, les usagers ne purent cacher leur satisfaction. Les longues attentes en gare de Caen-État, le trajet monotone de Caen-Etat à Caen-St-Martin, le séjour prolongé à la gare de Caen-St-Martin allaient enfin être évités, et le trajet de Caen à Courseulles accéléré et régularisé.

Mais, si tout alla pour le mieux au début de  l'exploitation, les temps sont maintenant changés et les Satos n'ont presque plus rien à envier pour la lenteur et l'irrégularité à l'ineffable convoi de Caen à la mer. Des accidents de route, pannes de moteur ou collisions du tout ordre, des arrêts des conducteurs imprévus aux horaires, trop fréquents, occasionnent presque  journellement des retards considérables et préjudiciables aux usagers.

Au moment où le service d'été va entrer en vigueur,  nous croyons utile de signaler à qui de droit, les doléances motivées des voyageurs payants, qui estiment qu'une surveillance active et relativement facile, apporterait sûrement un remède prompt et efficace aux irrégularités signalées.

 

Juillet 1930   -   On découvre dans la cave d'un hôtel le cadavre d'un nouveau-né.   -   Vendredi matin une domestique de l'Hôtel Parisien, tenu place du marché au bois par M. Roignant, Mlle Boiron, trouvait dans la cave de l'établissement un volumineux paquets environné d'un essaim de mouches. M. Roignant, informé du fait, prèvint M. Moser, commissaire de police du premier arrondissement, qui ayant procédé à l'ouverture du colis suspect, a trouvé un cadavre de nouveau-né complètement desséché.

M. Roignant se souvint alors qu'une bonne nommée Augustine Lefebvre, âgée de 20 ans, qu'il avait eue à son service, était partie brusquement le 25 mai dernier sans réclamer ses gages.

Une perquisition dans sa chambre, qui n'avait pas été occupée depuis, permit d'y découvrir les traces d'un accouchement clandestin.

 

Juin 1930   -   Un imprimeur victime d'un curieux accident.   -   M. Edmond Domin, directeur de la Société d'Impression de Basse-Normandie, vient d'être victime d'un grave accident.

Vendredi soir, M. Domin travaillait à son bureau lorsque sa chaise glissa alors qu'il se baissait pour ramasser un livre. M. Domin tomba si malencontreusement que cette chute qui eût dû être insignifiante lui occasionna une grave fracture. Nous formons des vœux pour le prompt rétablissement du blessé.

 

Août 1930   -   Avez-vous vu la baleine ?   -  Ce fut sous Jules Grévy, une « scie » qui eut à Caen son heure de succès. L'échouement sur la plage de Luc d'un cétacé de belle taille, que tout le monde voulut aller contempler, avait donné naissance à cette innocente plaisanterie dont, en 1883, on se saluait d'un bout à l'autre de la ville.

Pour permettre à tous les caennais de « voir la baleine » la municipalité de l'époque décida de recueillir le monstre et voilà, à cet effet, une somme de 5000 francs pour la préparation de son squelette et son installation dans le vieux Saint-Sauveur...

Pendant 42 ans, vite oublié, le cétacé ou plutôt ce qui en restait, étala dans un coin de la pauvre église désaffectée, sous un épais linceul de poussière, sa masse imposante entre deux baleinoptères venus, par charité sans doute, lui tenir compagnie..

Les trois-quarts des caennais aujourd'hui ignoraient son existence à l'heure présente, si la nécessité d'agrandir, la Halle-au-Beurre ne s'était fait impérieusement sentir.

Cet agrandissement ne pouvant être qu'en reprenant à la baleine l'abri qui lui avait été donné à son corps défendant, c'est le cas de le dire ! Nos édiles, dans leur séance du 7 juillet 1927, décidèrent d'expulser la carcasse du monstre dont ils se trouvèrent aussitôt fort embarrassés.

Que faire de la baleine ?

Le musée d'histoire naturelle n'en voulait pas... Le lycée n'offrait pour le loger qu'un local insuffisant... Le Vieux Saint-Etienne ? Il n'y fallait pas songer...

Après une étude laborieuse de la question, ça n'alla pas tout seul, loin de la, et la baleine frisa de près l'incinération ! Le Conseil prit finalement la décision de caser le squelette au Jardin des Plantes sous un hangar que l'on construirait à sa seule intention, s'il vous plaît. Ce qui fut fait.

Le hangar se dresse au fond du Jardin Botanique, adossé au mur bordant les propriétés riveraines de la rue du XXe siècle. Démontée pièce par pièce par un spécialiste venu tout exprès de Paris et transportée là par camions, la carcasse de la baleine il y a été reconstituée.

Je suis allé lui dire un petit bonjour, l'autre semaine, entre deux averses... C'est de, ma foi, un beau morceau de 17 m. 50 de long qui n'a pas trop souffert de près d'un demi-siècle de claustration. Reste à savoir si le grand air et ses inconvénients auxquels elle est exposée lui réussiront aussi bien que les toiles d'araignées du Vieux Saint-Sauveur... J'en doute que, comme je doute de son nouvel habitat lui attire plus de visite que son ancien logis. Pas un écriteau pour indiquer, dans le Jardin Botanique, au fond duquel sont les restes du monstre. Mieux l'accès du Jardin Botanique, au fond duquel sont cachés ceux-ci, est interdit au public...

Pour donner asile à la baleine, le Conseil Municipal sacrifia, sauf erreur, une trentaine de mille francs pris, évidemment dans la poche des contribuables caennais.

Il serait de foule justice que ces derniers puissent au moins, si l'envie leur en vient par hasard, approcher la baleine à laquelle ils ont payé un logement. On leur doit bien ça.

Sans compter qu'une petite visite aux débris du cétacé, ça distrairait les nounous qui tuent le temps comme elles peuvent, assises près des serres,  et ça meublerait un peu le dimanche des pious-pious qui bayent aux corneilles, par les allées nombreuses en attendant l'heure de rentrer au quartier pour la soupe du soir...

 

Août 1930   -   Autour de la statue de Louis XIV.   -   Rien de plus amusant que de voir aux beaux jours, son Baedeker ou son Joanne à la main, le touriste étranger s'arrêter devant l'énigmatique statue,  campant sur la place du Lycée un bizarre personnage à l'aspect de général romain satisfait de lui-même, semblant attendre avantageusement le salut de cohortes qui tardent évidemment d'apparaître à travers des frondaisons du boulevard Bertrand. Après avoir par trois fois tourné autour du socle, à la recherche d'une inscription absente, le visiteur se décide à ouvrir son guide, ce qu’il y lit le stupéfait sans doute, car il reste généralement sur place, considérant longuement le guerrier des pieds à la tête.

Il faut bien avouer qu'il est au moins inattendu de trouver là le Roi-Soleil, dans un costume sous lequel, certes, on s'est plus à le représenter, mais qui se justifie toutefois, à notre avis, assez difficilement, étant par ailleurs d'un goût très discutable.

L'histoire, fertile en déboires, des effigies de Louis XIV à Caen est assez curieuse, voire divertissante, et c'est pourquoi nous avons entrepris de la conter brièvement à nos lecteurs,  en nous aidant, de la précieuse brochure d'un érudit, M. Longuemarre, brochure à peu prés introuvable aujourd'hui.

Le 4 novembre 1684, vraisemblablement sur le conseil d'un personnage influent soucieux de se ménager les bonnes grâces royales, M. de Morangis, intendant de la généralité, les échevins de Caen, à la tête desquels se trouvait Segrais, décidèrent d'élever une statue au monarque.

À cet effet, ils firent aménager un terrain vague, dépendant de la prairie, appelé les Petits Prés, à droite de la chaussée Saint-Jacques, en une place qui prit le nom de place Royale. Le 5 septembre 1885, eut lieu l'inauguration solennelle du monument oeuvre d'un sculpteur caennais appelé Postel, il revenait à plus de 4000 livres. Haut de vingt pieds, y compris le piédestal, Louis y était représenté debout, le bras tendu dans un geste de commandement. Sculptée dans une pierre de très mauvaise qualité, l'effigie du grand roi ne tarda pas à souffrir des injures des intempéries. Elle était déjà en piteux état lorsqu'éclata la première Révolution. Le 7 juillet 1794, la statue fut renversée pendant la nuit et stupidement mutilée.

Au lendemain de la restauration, la municipalité, présidée par le comte de Vendeuvre, résolut de manifester aux Bourbons le loyalisme des caennais en élevant à la place même occupée avant la tourmente par la statue détruite, une nouvelle effigie de Louis XIV. Les plans furent établis et l'exécution de l'oeuvre tout entière, y compris le socle, confiée à Petitot, pensionnaire de Sa Majesté. Adoptant les conclusions d'un rapport ampoulé de M. Harou-Romain, architecte de la ville, qui chargé de dresser un devis de la dépense du piédestal, avait cru bon d'y joindre un croquis de la statue telle qu’il la comprenait, l'artiste affubla son personnage de l'étrange costume, le plus convenable au monument de ce genre (assura-t-il) sous lequel il apparaît aujourd'hui.

Le Conseil avait tout d'abord songé à faire sculpter la statue dans le marbre, puis par la suite, son choix se fixa sur le bronze. Le 9 septembre 1827, la duchesse d'Angoulême scellait le piédestal que devait surmonter le 24 avril suivant, l'effigie, récemment sortie des ateliers de Crosatier, de Paris.

Comme en l'an 1685, l'inauguration donna lieu à des fêtes et à des réjouissances diverses. À peine dressée, les caennais, qui toujours donnèrent « du fil à retordre » à leurs édiles, criblèrent de sarcasmes la nouvelle statue et ne lui épargnèrent pas les plaisanteries. C'est ainsi que par une belle soirée de 1831, quelques farceurs de la 3ème compagnie de grenadiers  de la Garde Nationale, de service au poste de la place Royale, s'il vous plaît ! n'imaginèrent-ils pas de placer dans la main du Roi-Soleil un superbe drapeau tricolore ! Ce n'était pas bien méchant, et sans doute eut-il mieux valu en rire. Si l'on en croit les journaux de ce temps, l'affaire fit au contraire, grand bruit, les partisans de l'Ancien Régime que le souvenir des récentes journées de juillet rendait particulièrement susceptibles, poussèrent les hauts cris. Ce fut l'occasion d'une aigre polémique entre les Carlistes et les Louis-philippards, comme on disait à l'époque, qui se prolongea durant un mois entier. Le monument de la place Royale devait pourtant en voir bien d'autres, et parmi celles-là, beaucoup d'un goût très douteux.

En 1882, l'Administration municipale gagnée de la maladie des embellissements, fit ravager le jardin public et transporter la statue devant la façade du Lycée à la place qu'elle occupe actuellement.  

 

Octobre 1930   -   L'automobilisme dans le Calvados.   -   Le Calvados possède 10 802  voitures de tourisme et autobus et 5 233 camions et camionnettes, soit un total de 16 125 véhicules représentant une voiture pour 25 habitants.

En 1929, le Calvados a consommé 320 954 hectolitres d'essence.

 

Novembre 1930   -   Vive la lumière !  -   Tous les caennais se félicitent de cette heureuse décision du Conseil Municipal : 250 lampes électriques de 1 000 bougies vont être réparties dans les artères centrales de notre vieille ville ainsi que dans les principales voies d'accès, cependant que les lampadaires actuels iront prendre place dans les quartiers plus déshérités quant à l'éclairage.

Quels sont donc ceux d'entre nous pérégrins de nos archaïques ruelles qui, dès le crépuscule, n'ont point éprouvé les traîtrises de la chaussée du roi, favorisées par un éclairage défectueux ou insuffisant. La fantaisie de ses petits pavés chahuteurs qui gaminement ne s'arrondissent en bosses que pour mieux se transformer en fondrières, a été, voici " belle lurette" chantée sur tous les tons, d'inénarrables glissades, des entorses moins drôles, des bains de pieds inattendus au creux de lacs fangeux, voilà quelles étaient les destructions quotidiennes offertes à nos pas hésitants.

Entraînés depuis l'enfance à ces périlleuses randonnées, les caennais se tiraient avec honneur de tous les mauvais pas. Cheminant avec l'habileté d'équilibristes sur fil de fer sur ces grès polis au grain serré qui ont si bien résisté aux outrages du temps, ils glissaient, butaient, pataugeaient, mais rattrapaient toujours un équilibre si sévèrement menacé et savaient mener vive allure en dépit de toutes ces chausse-trappes.

Pour nos amis, hôtes d'un jour ou d'une saison, le problème était plus délicat et nous savons que bien des fines chevilles ont été douloureusement éprouvées au cours de promenades citadines, devenues par ce fait de véritables corvées.

Mais la fée électricité va, une fois de plus docile à l'appel de nos édiles, éloigner ces ennuis de nos sorties nocturnes, sous le ruissellement de clarté qui baignera nos artères centrales d'une nappe de lumière, les pièges de la chaussée seront décelés et facilement évités.

Il n'y aura que les poètes et les amoureux pour regretter l'éclairage au gaz, et déplorer la brutale invasion des rayons lumineux chassant la poésie charmante de la danse des ombres où l'angoissant mystère du gouffre des ténèbres inondées que les couples épris de solitude affrontaient cependant, sans peur pour les animer de leur bonheur éphémère et de la douce musique des baissers.

 

Janvier 1931  -  les aides aux jeunes filles.  -  Dots attribuées en 1930 aux jeunes filles de familles nombreuses. La Commission départementale, chargée de l’attribution des dots y a donc eu à se prononcer pour cinquante attributions sur soixante et onze dossiers constitués.

Caen. — Mlle Le Berre Andrée, âgée de 23 ans, d'une famille de 6 enfants vivants, Le père de Mlle Le Berre est décédé en 1914, la mère, veuve, a élevé seule les 3 derniers enfants, elle doit encore subvenir en partie aux besoins de sa mère, âgée de 78 ans.. La postulante a appris le métier de couturière. De bons renseignements ont été recueillis sur sa conduite et sa moralité. Elle a épousé, le 7 juin 1930, M. Datin, chaudronnier, dont le père est employé depuis 25 ans comme préposé aux abattoirs de la ville de Caen.

— Mlle Lebreton Madeleine, âgée de 24 ans, appartient à une famille de 5 enfants. Le père est décédé en 1925, des suites de maladie contractée aux armées. La mère exerce la profession de blanchisseuse. La candidate, qui est ouvrière en bonneterie, a fait l'objet des meilleurs renseignements. Elle a contracté mariage, le 25 avril 1930, avec M. Gassion, ouvrier jardinier.

 

Janvier 1931   -   A l’instar de Paris.   -   La capitale n'a plus le monopole des vols dans les bijouteries ! L'autre matin un ouvrier endimanché, pénétrait dans la bijouterie-horlogerie Duhamel, rue St-Pierre, près de place Malherbe, et demandait à Mlle Duhamel de voir des bagues dites « chevalières ». Aprés de longues hésitations, le client allait partir sans rien acheter quand Mlle Duhamel constata la disparition d'une bague.

Rappelé, l'homme protesta de son honnêteté, une discussion s'en suivit qui se termina par la fuite du voleur, poursuivi à grands cris par le bijoutier et sa fille. Empruntant la venelle Loisel, le malandrin prit les rues de Bras, Strasbourg, St-Pierre et sauta, croit-on dans un tramway qui passait. On ne l'a plus revu, la bague non plus. ( Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1931   -   Accident de navigation.   -   L'autre nuit le charbonnier anglais « Glanbrydan », venant de Cardiff, remontait le canal vers Caen quand il a heurté le pont de Calix qui venait de s'ouvrir pour le laisser passer.

Des dommages importants ont été causés à l'estacade, au navire et au pont lui-même. Néanmoins, ni la navigation, ni la circulation n'ont été interrompues. (Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1931  -  Subvention.  -  Le Conseil général, et la commission des travaux publics, donne acte à M. le Préfet de la répartition de la subvention de 60.000 fr. accordée par le département aux communes s'imposant des sacrifices pour l'entretien des édifices classés. Il estime que ce crédit de 60.000 fr. est notoirement insuffisant pour un département qui contient tant de richesses artistiques et invite la commission des Finances à prévoir une augmentation de crédit dans l'établissement du prochain budget.

Subventions pour la ville de Caen. — Restauration des faces Est et Nord du clocher de l'église Saint-Jean. — Achèvement des travaux,  20.000 fr. Continuation de la restauration de la façade ouest de l'église Saint-Pierre 10.000 fr.

 

Juillet 1931   -   Curiosité satisfaite.   -  Nous connaissons enfin le chiffre, mystérieux et flottant de la population de notre ville :  Caen possède, d'après le démembrement de mars 1931, 7  817 maisons, 17 401 ménages et 56 283 habitants, dont 32 412 au canton Est et 23 871 au canton Ouest.

Ces chiffres accusent une augmentation de 2 155 personnes depuis le recensement de 1926. Et encore, on pourrait prétendre que, depuis la publication de ces statistiques, il y a 112 566  caennais, puisque, enfin on nous avertis et qu'un homme averti en vaut deux.

 

Juillet 1931   -   Les Trois-Graces.   -   M. Pasquier. au nom des Commissions, demande au Conseil de décider que la fontaine des Trois-Grâces, actuellement fixée boulevard des Allies, sera déplacée, que la vasque ira servir d'abreuvoir aux abattoirs et que le groupe dit des Trois-Graces sera mis à la réforme.
M. Houdan demande s'il n'est pas possible que soit sauvé le groupe décoratif de la fontaine. M. Tréhet s'étonne que l'on déplace ce monument, il reconnaît qu'il a besoin d'être nettoyé mais s'oppose à sa suppression.
M. Guillou intervient pour préciser que le groupe décoratif de la fontaine est dans un état lamentable et qu'il est absolument irréparable.  

 

Juillet 1931   -   Renversé par un autobus et grièvement blessé.   -   Un  accident s'est produit vers 14 heures, sur la place des Petites-Boucheries, à Caen, à l'entrée de la rue Caponnière.
M. Lecauchois, contrôleur des contributions indirectes, demeurant rue Caponnière, se rendait à son bureau, rue Saint-Martin, suivant le trottoir de la rue Caponnière. Arrivé en haut
de cette rue, en face le refuge, il voulut traverser la chaussée. A ce moment précis, arrivait un autobus de la S. A. T. 0. S. Caen-Rennes, piloté par M. Julien Johnston, que M. Lecauchois n'avait pas vu venir. Malgré un brusque coup de volant à droite, le chauffeur ne put éviter le piéton et l'aile gauche avant du lourd véhicule heurta M. Lecauchois qui tomba lourdement à la renverse sur le pavé, il se fractura le crâne.
Relevé immédiatement par des moins de l'accident, M. Lecauchois fut transporté à la pharmacie Debelle. Il y reçut les premiers soins de M. le docteur Aumond qui ordonna son transfert immédiat à la clinique de la Miséricorde, doit être tentée l'opération du trépan. Malgré la gravité de la blessure, les praticiens ne désespèrent pas de sauver M. Lecauchois, à qui nous offrons nos souhaits les plus sincères de complet rétablissement.
Sur les lieux de l'accident, nous avons noté la présence de M. Delalande, procureur de la République, accompagné de M. Le Gall, juge d'instruction et de M. Moser, commissaire de police.
Pour ne pas retarder les voyageurs de la ligne Caen-Rennes, une voiture de secours a assuré le service.  

 

Juillet 1931   -  Un incendie à l'usine électrique.  -   Jeudi matin, vers 8 heures, le poste permanent des pompiers de Caen était alerté pour aller combattre un incendie qui venait de se déclarer à l'usine électrique et que les ouvriers ne pouvaient utilement maîtriser.
Aussitôt sur les lieux, les pompiers mirent en action le matériel de premier secours, et se rendirent maîtres du sinistre avant que celui-ci n'ait occasionné des dégâts importants. Cet
incendie a éclaté dans la chambre des machines et a été communiqué par l'imprudence d'un ouvrier, qui, employant un chalumeau découpeur, en dirigea, par distraction, la flamme
vers une planche garnie de feutres servant au support d'appareils.
Le feu, trouvant un aliment facile dans ces matériaux, se propagea assez rapidement et atteignit le tablage des services auxiliaires, les dégâts, peu importants, sont de l'ordre d'environ 15.000 francs. Mais toutes les villes desservies par la centrale électrique du Calvados, ont été privées de courant pendant toute la journée de jeudi.
A Caen, un circuit de fortune, branché sur la Centrale des hauts-fourneaux, a permis d'alimenter les abonnés en courant lumière, mais le courant-force n'a pu être rétabli. Les
tramways se sont donc trouvés immobilisés toute la journée, ils ont pu être remplacés par des services d'autobus des Chemins de Fer du Calvados.  

 

Juillet 1931   -   La circulation des barques.   -   Considérant qu'il y a lieu de réglementer la circulation des barques sur la rivière l'Orne au cours des fêtes nautiques organisées les dimanches 2 et lundi 3 août par le comité des tes de l'Union commerciale et Industrielle de Caen et de l'arrondissement, M. le Maire de Caen vient de prendre un arrêté stipulant que pendant la durée de la fête nautique qui sera donnée le 2 août 1931, de 21 heures à 24 heures, et pendant la durée du feu d'artifice nautique qui sera tiré sur l'Orne le lundi 3 août 1931, de 21 heures à 24 heures, aucune barque autre que les barques décorées illuminées et préalablement autorisées par le comité des fêtes ne pourra circuler sur la rivière l'Orne, partie comprise entre le vannage du Pont des Près et la nouvelle passerelle de la rue du Puits de Jacob.
A partir du signal qui sera donné par l'explosion d'une bombe, la circulation de toutes barques, autres que celles qui auront été autorisées par le comité des fêtes sera rigoureusement interdite.

 

Juillet 1931   -   Pour la création d’une Foire-Exposition de Caen et de Basse-Normandie.   -   Nous avons reçu, avec prière d'insérer, le communiqué suivant :
M. Bure, Drouet, Le Moal, Lenoir, L'Honneur, Moriceau, Ramonet, Roguier, Spriet et Travailleur se sont réunis à 17 heures, le vendredi 31 juillet 1931, au domicile de M. Lenoir. Ils ont en conclusion de conversations et de réunions antérieures, et comme suite aux visites faites à Rouen et à Rennes, de se constituer en « Comité d'Etudes de la Foire-Exposition de Caen et de Basse-Normandie », en vue de fonder à Caen une foire-exposition annuelle qui aurait lieu en principe dans la deuxième quinzaine d'août.
En conséquence, les attributions de chacun ont été ainsi réparties : Présidence du Comité M. Lenoir ; Comité administratif MM. Drouet, Lenoir et L'Honneur : Bâtiment et aménagements M. Travailleur ; Organisation et propagande industrielles M. Spriet ; Organisation et propagande commerciales MM. Le Moal et Roguier; tes et décorations MM. Moriceau et Ramonet.
Les membres du Comité ont sollicité M. Bures de devenir secrétaire administratif, ce qu'il a accepté.
Le Comité a décidé que le nombre de ses membres ne pourra être jamais supérieur à neuf, non compris le secrétaire, sans obligation d'atteindre ce chiffre, les membres partants
pouvant être ou ne pas être remplacés par le Comité, qui reste seul juge en la matière.
Le Comité décide la constitution d'une société anonyme au capital de 50.000 francs répartis à peu près également entre les actionnaires. Il charge sa Commission administrative de l'élaboration des statuts.

 

Janvier 1932   -   Une bonne idée.    -   Tout le monde connaît, à Caen, la rue Manissier qui monte, dure et raide, de la rue Basse à Saint-Gilles. Cette côte, pénible aux piétons, difficile aux autos et quasi impossible aux gros charrois. Nous y avons vu trop souvent de forts chevaux demander grâce. Aussi, le comité bas-normand de la Société Protectrice des Animaux a-t-il été particulièrement bien inspiré en faisant placer au bas de ce raidillon, une double pancarte signalant la rude montée aux charretiers. Ce panneau, bien composé, est très lisible.

Souhaitons que les camionneurs, eux, daignent le lire et se conformer à ses sages conseils.  

 

Janvier 1932   -  La restauration de Saint-Jean.  -  On a fini d'enlever aujourd'hui les derniers échafaudages qui ont servi à la restauration de l'église Saint-Jean. On ne saurait trop louer les Monuments historiques et de l'activité qui a marqué ces travaux et du goût qui y a présidé. Tous les détails d'ornementation ont été reconstitués, tout à été réparé avec un soin et un talent auquel on ne peut que rendre hommage.

Si, comme il en a été question on reconstituait également l'ancien cadran d'horloge on retrouverait ainsi dans son plus bel état l'un de nos vieux et beaux édifices religieux qui sont la gloire de notre Cité. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Janvier 1932   -  Un ponton-grue coule dans le bassin.  -  Le vapeur danois « Lexa », navigant sous pavillon allemand, à destination de Londres, quittait le bassin Saint-Pierre mardi soir à 9 h. 21, lorsque par suite d'une fausse manœuvre il heurta le ponton-grue, en ciment armé, de la Société Commerciale et Maritime Normande, amarré au quai de la Londe.

Une voie d'eau se déclara aussitôt dans le ponton qui coula, sans toute[1]fois chavirer, ce qui eut entraîné l'obstruction du bassin.

Le navire abordeur fut, par ordre des services du Port, arrêté, à Ouistreham et saisi comme caution des dégâts occasionnés par l’abordage, qui sont estimés à 300 000 francs. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Janvier 1932   -   Un drame sur les toits.   -   Un Marocain assiégé pendant 7 heures sur un toit, lapide pompiers et agents.

Un Marocain, Mohamed ben Saïd ben Barek, habitait depuis quelques jours, au 60 de la rue des Carmes, un garni au quatrième étage d'un immeuble dont le rez-de-chaussée est occupé par le restaurant Pattyn.

Vers le milieu de la nuit, sans doute après de copieuses libations, une rixe éclatait dans l'escalier entre le Marocain et plusieurs de ses coreligionnaires. Saisi d’une frayeur qu'augmentait encore l’alcool dont son cerveau était saturé, Mohamed, enjamba le rebord de sa fenêtre et gagna le toit, ce qui lui était facile, sa chambre se trouvant sous les combles. Il ne s'y crut pas cependant en sécurisé et appela au secours. A ses cris, des voisins alertèrent les agents, et bientôt M. Brochet commissaire central, accompagné de M. Moser, commissaire du premier arrondissement, et de plusieurs agents, arrivaient sur les lieux.

Il fallait à tout prix faire descendre l’énergumène, car celui-ci en proie sans doute à une hallucination, se croyait poursuivi par des ennemis et lançait dans la rue des blocs de pierre arrachés à une grande tête de cheminée à laquelle il s'était accroché.

On dut réclamer l'intervention des pompiers. Bientôt le lieutenant Jacquemard arrivait avec ses hommes, deux lances furent mises en batterie, mais le sidi, apercevant les préparatifs, cria qu'il se jetterait du haut en bas si on l'aspergeait.

Il fallut chercher autre chose, M. Brochet et ses agents montèrent sous les combles et firent pratiquer deux ouvertures dans le toit. Deux agents, MM. Mazelin et Blouet, s'y engagèrent, mais Mohamed, qui pendant ce temps avait achevé sa démolition se réfugia derrière une autre cheminée. A ce moment, deux autres agents. MM. Delord et Raimond, purent saisir le fils du Prophète par les cheveux et le firent rentrer dans le grenier, non sans qu'il se fût débattu comme un beau diable.

On croit qu'il a agi sous l'influence d'une crise alcoolique. Cette scène mouvementée et non sans péril pour les acteurs a mis en émoi tout le quartier du port de minuit à sept heures du matin. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Janvier 1932   -   Retrait de permis de conduire.   -   La Commission consultative de retrait des permis de conduire s'est réunie, à la Préfecture, le lundi 11 janvier, sous la présidence de M. le Secrétaire général.

Après avis de cette Commission, le Préfet du Calvados a décidé :

1° de suspendre : 5 permis pour une durée de 8 jours, 1 pour une durée de 15 jours, un pour une durée de trois mois.

2° de retirer : 1 permis pour une durée de deux ans et un autre permis définitivement.

En outre, de nombreux avertissements ont été adressés à des conducteurs ayant contrevenu aux prescriptions du Code de la route. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Janvier 1932   -   La police des mœurs opère…  -   La veuve Folliot, née Marie Dufour, 40 ans, ménagère, demeurant à Caen, hameau de La Folie, sera poursuivie pour excitation habituelle de mineurs à la débauche.

Cette femme recevait chez elle des jeunes gens de 15 à 19 ans, avec lesquels elle avait des relations ; sa fille, âgée de 17 ans, se livrait à la prostitution au domicile maternel. La femme Folliot qui est mère de trois enfants en bas âge, a été laissée en liberté provisoire.

— La femme Thibault, née Léontine Riau, 39 ans, ménagère, 1, place de la Mare, a été déférée au parquet sous l'inculpation d'excitation de mineurs à la débauche et d'outrages publics à la pudeur.

— René Philibert, 25 ans, 113, rue Saint-Jean, a été déféré au parquet sous l'inculpation d'outrages publics à la pudeur. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Février 1932   -   Après avoir tenté d’abandonner son enfant une jeune polonaise voulait se suicider.   -  Hier soir, vers 19 h., une femme se présentait au Commissariat de police du IIIe  Arrondissement et déclarait qu'une jeune fille, portant dans ses bras un bébé, longeait le quai Amiral-Hamelin et paraissait avoir l'intention de se jeter dans l'Orne.

Immédiatement, deux gardiens de la paix se portaient à la rencontre de l'inquiétante promeneuse et la ramenaient au poste, il s'agissait d'une Polonaise qui interrogée par le truchement d'un interprète, déclara se nommer Antonia Krzisinska, être âgée de 24 ans, et demeurer rue des Buttes, à Dives-sur-Mer. Elle avoua que son mari, qui la brutalisait sans cesse, l'ayant quittée pour retourner en Pologne, elle avait tenté — ainsi que « Le Moniteur » l'a relaté — d'abandonner à Cabourg l'enfant qu'elle venait de mettre au monde à l'hôpital de Caen. Ayant repris le nouveau-né et se trouvant sans ressources, elle avait fait à pied le trajet de Dives à Caen dans l'intention de demander un secours à la Protection Polonaise, mais lorsqu'elle était arrivée dans notre ville les bureau de celte organisation étaient fermés.

Désespérée, ne sachant à qui confier sa misère, elle s'était résolue à se suicider avec son enfant. La malheureuse ajouta qu'elle était mère d'un second bambin qu'elle avait laissé, malade, à Dives.

Antonia Krzisinska, dûment sermonnée, a repris le chemin de Dives. Son enfant a été confié au sœurs de l'hôpital. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Mars 1932   -   Un flair d’artilleur.   -   En congé, l’agent de la police caennaise Gabriel Hérondel, rentrait à Caen par le bateau du Havre. Comme le navire longeait le quai du Nouveau-Bassin, l'agent vit deux personnes qui remplissaient des sacs à même un tas de charbon. Dès que le bateau fut à quai, M. Hérondel se rendit à l’endroit ou le vol se commettait et arriva comme les malfaiteurs partaient avec leur brouette.

Conduits au poste, ils dirent se nommer Aimé Gohier, 62 ans, retraité à Mondeville, et Élise Mamet, 60 ans, ménagère, au même lieu. Tous deux seront déférés au Parquet pour vol de 100 kilos de charbon. (Bonhomme Normand)

 

Avril 1932   -   Pâques rouges.   -    51 morts, 218 blessés : tel est, pour la France, le tragique total des victimes de la route et de l'auto durant ces dernières fêtes. Mais par un hasard heureux, nous n'avons eu à déplorer aucun accident grave dans ce département qui a pourtant connu la plus vive animation.

A Caen, aussi, tout s'est fort bien passé, grâce, surtout, aux judicieuses dispositions de l'actif commissaire central, M. Brochet, qui avait mobilisé ses forces de police tout au long des rues les plus passantes. Et l'on a pu constater, de ce fait, que, décidément, la peur du procès-verbal est le commencement de la sagesse. (Bonhomme Normand)

 

Avril 1932   -   Le printemps.   -   Après un hiver inondé de soleil, voici un printemps inondé de pluie. C'est la loi des compensations, il n'y a pas à s'insurger contre. Puis, cela ne servirait à rien. Seulement, s'il pleut pendant aussi longtemps qu'il a fait beau, nous ne sommes pas au bout de nos larmes.

Les marchands de parapluies vont pouvoir prendre une belle revanche ! Pourtant, malgré tout et malgré même un retour offensif du froid, la sève monte. Dans le square de la place de la République, les primevères, étonnées de leur audace, s'épanouissent frileusement. Les jacinthes, plus hardies, lèvent leurs hampes embaumées. Dans les bosquets et les avenues, les merles chantent leurs refrains effrontés ... Allons ! c'est tout de même le printemps. (Bonhomme Normand)

 

Avril 1932   -   Fatal épilogue.   -    Nous avons relaté l'accident dont a été victime, rue de Geôle, Anne Panter, 60 ans, qui, sortant d'un couloir de cette rue et voulant traverser la chaussée, avait été renversée par l'auto de M. Lepainteur, entrepreneur de peinture. La malheureuse victime est morte des suites de ses blessures.  (Bonhomme Normand)

 

Avril 1932   -   La grue renflouée.   -    Le 31 décembre  dernier, un vapeur allemand, le « Lexa », en manœuvrant pour quitter le vieux bassin de Caen, heurta et coula un ponton grue en ciment armé, pesant 800 tonnes, propriété de la Société Commerciale et Maritime de transports, amarré près du pont de la Fonderie, Quelque temps après, la Cie d'Assurances du « Lexa » était mise en demeure par les Ponts et chaussées de débarrasser le port de Caen de cette encombrante épave.

L'opération, extrêmes délicate, vient d'être menée à bien au moyen de deux bigues de 50 tonnes sur lesquelles furent amarrés deux câbles passant sous le ponton grue et destinés non pas à le soulever, mais à le guider dans son mouvement ascensionnel. Par ailleurs, le ponton était lui-même divisé en dix compartiments rendus étanches. Le vide y fut ensuite fait par 10 pompes débitant 3 000 mètres cube heure, tandis que l'équilibre du ponton était soigneusement surveillé.

La première partie des travaux, commencée samedi dès 6 heures du matin s'effectua régulièrement mais la grue, par suite de sa position inclinée dans l'eau, accentua bientôt cette inclinaison en montant. Il fallut donc rétablir l'équilibre en remplissant d'eau les compartiments se trouvant à la partie la plus dégagée, et bientôt le ponton-grue se releva tout doucement pour reprendre une position horizontale et enfin monter à la surface de l'eau, tel un bouchon de liège.

Un des artisans de ce succès est certainement le scaphandrier Henri Cavelier qui, de l'avis des techniciens, accompli là un travail remarquable qui méritait d’être signalé. Et ce récit prouve qu'il est, malgré tout, moins difficile de renflouer une grue qu'une banque ou la Cie Transatlantique. (Bonhomme Normand)

 

Avril 1932   -   Le courage récompensé.   -    Des médailles de bronze viennent d'être accordées, pour actes de courage et de dévouement, à MM. Victor Blouet, Désiré Deloor, Henri Mazelin et Auguste Raimond, agents de police à Caen. Tous nos compliments. (Bonhomme Normand)

 

Avril 1932   -   Fête remise.   -   On a décidé de reporter au 15 mai, au delà de la période électorale, la fête nationale de Jeanne d'Arc, fixée au dimanche 8 mai. C'est donc seulement le dimanche 15 mai que les Monuments publics seront pavoisés et illuminés et qu'auront lieu les cérémonies et cortèges habituels en l'honneur de notre grande héroïne française. (Bonhomme Normand)

 

Mai 1932   -   Adieu, joli Co !   -   Les anciens caennais n'ont pas pu oublier le site charmant que formait naguère l'abreuvoir de la Prairie, avant que l'élévation du plan d'eau du canal et des bassins ait changé tous nos cours d'eau caennais en immondes cloaques. La Noë etait alors un cours d'eau cristallin dans lequel on voyait miroiter au soleil les écailles des cyprins.

Quant à l'abreuvoir, abrité par de grands peupliers et des trembles toujours murmurants, c'était une nappe transparente, un miroir de cristal en mouvement. Il nous souvient d'avoir vu des pêcheurs à la mouche artificielle lancer leur appât de la petite passerelle ménagée pour le bain des chevaux, jusque sous les saules de la rive opposée et, par certains jours, ramener un poisson, truite ou chevaine, à chaque coup de ligne. Avec le progrès, l'abreuvoir était devenu un amas de vase et d'herbes pourrissantes. Ne pouvant lui rendre son aspect ancien, on prend le parti de le combler, pour y faire un square, paraît-il.

Quelque agréable que puisse devenir ce coin - et nous espérons qu'il le deviendra  -  on ne peut s'empêcher de regretter le joli étang mouvant de jadis ... Caen s'embellit ! (Bonhomme Normand)

 

Juin 1932   -   Mari brutal.   -   Au soir, des passants trouvaient, dans une allée du village des Réfugiés, à Caen, une femme sans, connaissance, la tête ensanglantée. Ils alertèrent la police et le poste d'artillerie, et les premiers soins furent donnés à la blessée, Mme Benard, au village des Réfugiés.

L'enquête a établi qu'au cours d'une scène de violence, Léon Bénard, 44 ans, avait malmené son épouse par trop brutalement. Les agents voulurent s'assurer de sa personne pendant qu'on transportait en ambulance la victime à l'hôpital, mais Bénard refusa d'ouvrir, déclarant qu'il ne parlerait que devant le procureur de la République et menaça les agents d'une barre de fer.

Enfin, le lendemain matin, le singulier mari a été appréhendé et conduit au Parquet. Il a déclaré que s'il avait corrigé un peu sévèrement sa femme, c'est qu'il l'avait trouvée ivre à son habitude. Le plus triste de l'affaire c'est que les époux Bénard ont quatre enfants dont les deux derniers, de 7 et 5 ans, vivaient avec eux. Pauvres petits ! (Bonhomme Normand)

 

Juin 1932   -   Le sport dangereux.   -   Au cours de la réunion organisée au vélodrome de Venoix, à Caen, mardi soir, deux engagés de la course à l'américaine, les cyclistes Clérisse et Poulain se sont accrochés et sont tombes sur la piste. Le coureur Poulain s'est occasionné quelques égratignures, mais son camarade a du être transporté chez un médecin : il avait l'arcade sourcilière fendue et des blessures au nez et à la joue. Son état n'a pas été juge grave. (Bonhomme Normand) 

 

Juillet 1932   -   Le nouvelle hôtel des Postes.   -   A l'heure ou, dans leur vieille cité, surgissement tant de laideurs déplaisantes, c'est avec grand plaisir que les Caennais ont vu s'élever l'importante et agréable construction de la Nouvelle Poste.

C'est un véritable édifice, harmonieux, grandiose presque dans son ensemble et qui, malgré son allure bien moderne, ne déparera pas notre ville. Son architecte, M. Chirol, est Rouennais, homme aimable et de grand talent, il l'a prouvé. Il a su tirer parti d'un terrain en polygone irrégulier, aux angles inégaux. Dire que son plan initial n'a reçu aucun changement serait mentir, les remaniements, les chambardements et autres embêtements n'y ont pas manqué. Le constructeur en est sorti quand même et il a fait quelque chose de bien, comme on peut en juger déjà par l'aspect extérieur.

La Nouvelle Poste, établie sur des fondations ultra-solides, malgré le terrain humide et mouvant, est revêtue entièrement en pierre de Caen et ses éléments décoratifs, très sobres nécessairement, sont empruntés avec goût au style roman normand. De larges et nombreuses baies, faisant verrières, recouvertes de grilles artistiques, donnent de la légèreté à l'ensemble robuste. Deux entrées monumentales, aux angles Aubert et Alliés, s'ouvrent par des grilles ouvragées, décorées d'écussons aux armes de Caen, flanqués des léopards de Normandie. On entre et dés l'abord, on est frappé par le bel aspect de la grande salle, inondée de lumière, aérée, où s'alignent en liberté, pour ainsi dire, les services du public. Pas de séparations, ni de grillages, rien de rébarbatif, tout au large, les choses et les gens. Le plafond élevé, porte son éclairage dans ses caissons réguliers. Les bois rares, les marbres, les mosaïques donnent à ce beau hall un véritable cachet d'élégance. A coté les salles de tri avec leurs tables séparées, leurs sièges mobiles, assureront à nos facteurs, si à l'étroit actuellement, toutes les commodités. Les cabines de chargements, les nombreuses boites de commerce et privées se trouvent au rez-de-chaussée aussi.

La place nous manque pour décrire en détail les nombreux aménagements de ce nouvel Hôtel des Postes. La salle des téléphones, située au-dessus de celle d'en bas, est fort belle aussi ; ces demoiselles y auront de la lumière et de l'espace. Des bureaux nombreux sont aménagés là, comme, du reste, à tous les étages. Ils sont accompagnés de toutes les commodités indispensables.

Au 2e, se trouvent les services de la direction, l'appartement du Receveur, confortable comme il convient. Les services télégraphiques ont eux-mêmes une large installation. Les sous-sols sont occupés par la machinerie, le chauffage central, etc…, tout cela disposé le plus judicieusement du monde.

Nous aurons, sans doute, l'occasion de reparler de cette belle installation de I'Hôtel des Postes de Caen, mais on nous pardonnera, en finissant, de rappeler que, pour obtenir cet emplacement si propice et faciliter cette réalisation si désirable, le Bonhomme Normand s'est pas mal débattu.

N'insistons pas, le résultat est atteint et, avec tous nos concitoyens, réjouissons-nous plutôt. (Bonhomme Normand)

 

Juillet 1932   -   Le Tour de France.   -   La place de la République, ses abords et un peu la ville entière étaient en émoi, mercredi, pour l'arrivée du Tour de France cycliste.

Des hauts-parleurs hurlaient les résultats aux badauds, pendant que des pick-ups faisaient rage et qu'on risquait partout  l'écrabouillement sous les voitures des suiveurs officiels, des grands journaux français et étrangers et des camions-réclames, appartenant aux firmes les plus variées.

L'Italie même était représentée dans ce brouhaha. Il y avait là les autos de nos confrères péninsulaires, la Gazetta del Popolo et d'autres, venus chez nous pour voir arriver de braves cyclistes esquintés.

Nous aurions pu, en même temps, leur faire voir tout de même autre chose et du diable si jamais nous irions à Venise voir des courses de bécanes, surtout sur les canaux.

Félicitons-nous quand même de ce passage sensationnel qui, trois jours avant l'arrivée de M. Albert Lebrun, a attiré sur Caen l'attention du monde. (Bonhomme Normand)

 

Juillet 1932   -   Audacieuse agression.   -   Mardi matin, vers 8 h. 45, un individu de 25 ans environ, vêtu d'un costume marron et coiffé d'une casquette, se présentait à la maison Servat, primeurs, boulevard des Alliés, à Caen, et demanda une livre de café. La caissière, Mme Hamelin, qui était seule, lui répondit qu'il n'y avait que des paquets de 250 grammes.

L'individu déclara alors vouloir la livre en un seul paquet et Mme Hamelin se retourna pour le servir. Le client en profita pour s'emparer de deux liasses de billets qui étaient, sur la caisse. La caissière se retournant, vit le geste et tenta d'arracher les billets au ravisseur. Elle réussit après une courte lutte, lui abandonnant toutefois une cinquantaine de francs.

L'individu se sauva et sauta prestement sur une moto avec un complice qui la pilotait. Il ne put être rejoint. C'est grâce à la courageuse attitude de Mme Hamelin que cette audacieuse tentative a échoué. Une enquête est ouverte. (Bonhomme Normand) (Bonhomme Normand)

 

Juillet 1932   -   Le rail homicide.   -    Un grave accident s'est produit, mercredi matin, à la gare de Caen-État : Un ingénieur de l'entreprise chargée des réparations au dépôt des machines, M. Guinet, a été surpris au moment où il traversait les voies, par une rame en manœuvre qu'il n'avait pas entendue venir.

Renversé, M. Guinet est tombé entre les rails et la rame entière lui est passée dessus.

Relevé sans blessures apparentes, l'ingénieur, qui se plaint de douleurs très vives, a été transporté dans une clinique où son

état a été considéré comme grave. (Bonhomme Normand)

 

Juillet 1932   -   Pèche Macabre.   -   Depuis le 30 juin, M. Jean Laborie, 39 ans, surveillant au Réseau de l'État, demeurant rue des Mésanges, avait disparu. On vient de retrouver dans l'Orne, aux « Quatre Carabines », son cadavre, déjà en décomposition.

Dans les vêtements, on a retrouvé sa montre en or et une certaine somme. Atteint de paludisme, on pense que M. Laborie sera tombé à l'eau par accident. (Bonhomme Normand)

 

Juillet 1932   -   L’impossible clef des champs.   -    Bernard Cadoret, 26 ans, de Rennes, qui purgeait à la Maison Centrale de Caen, une peine de 7 ans de réclusion, infligée en 1929, par les Assises d'Ille-et-vilaine, avait, dans la nuit du 21 au 22 novembre 1930, tenté de s'évader, de complicité avec un codétenu, nommé Engel. L'affaire ne réussit pas.

Traduit devant les Assises du Calvados, le 20 avril 1931, Cadoret fut condamné à 8 ans de travaux forcés et à la relégation.

Le prisonnier, loin d'avoir abandonné tout espoir de fugue, ne cherchait qu'une occasion de filer à nouveau. Un jour, il découvrit une pointe. L'ayant solidement emmanchée, il découpa un morceau du panneau inférieur de la porte de sa cellule, et d'un montant de son lit de camp, il fit une solide matraque. Cadoret camoufla son travail si bien que le surveillant ne vit rien d'anormal.

Le 4 février 1932, vers 2 h. du matin, Cadoret se glissa par la petite ouverture, armé de son poinçon et de la matraque, et se mit à l'affût dans un escalier voisin, prêt à frapper le gardien au passage : il comptait l'assommer, lui prendre ses clefs et son argent, et revêtir son uniforme. Heureusement, le surveillant, M. Riou, fit un détour inattendu. Cadoret se précipita cependant sur lui et lui assena un fort coup de matraque sur la tête. Une lutte sauvage s'engagea, au cours de laquelle le grand poêle qui chauffe le quartier cellulaire fut renversé. Réveillé par le bruit, un autre surveillant, M. Rideau, accourut et maîtrisa le détenu qui fut aussitôt mis en lieu sur.

Légèrement blessé, M. Riou, n'a pourtant pas interrompu son service. Quant à Cadoret, il a prétendu que s'il portait un poinçon, c'était pour pouvoir se tuer en cas d'échec. Le misérable, qui a de déplorables antécédents et de nombreuses condamnations. est un individu des plus dangereux.

A l'audience, après un interrogatoire serré du président, Cadoret finit par avouer qu'il avait bien voulu assommer le gardien, Il est condamné à 20 ans de travaux forces.  Défenseur, Me Desmolles. (Bonhomme Normand)

 

Juillet 1932   -   A tâtons !   -   Au cours des travaux pour la pose des tuyaux canalisant l'Odon, un câble électrique, desservant tout un réseau, a été coupé.

Résultat : la banlieue cannaise et de nombreuses communes se sont trouvées privées de lumières et d'énergie, lampes éteintes et moteurs arrêtés. Il a fallu faire un raccord de fortune,

tout juste suffisant et il s'écoulera huit jours peut-être avant que la ligne soit complètement remise en état. (Bonhomme Normand)

 

Août 1932   -   Pour le gros baire.   -   En Normandie, le vrai bon cidre n'est pas rare, mais il est tout de même plus rare que s'il était moins rare.

En dehors de chez nous, notre boisson normande est assez peu estimée. Cela vient de ce qu'on ne livre à la consommation extérieure que du cidre adouci, édulcore, additionné de drogues qui lui enlèvent son piquant, sa saveur, ce qu'on appelle du cidre « pour les parisiens » : un vrai jus de réglisse. Comme les parisiens, et d'autres aussi, ont la bouche assez fine, ils trouvent cette mixture médiocre et ils n'y reviennent pas. Pourtant quel succès pourrait avoir, traité et embouteillé normalement et loyalement, le vrai bon cidre de chez nous, cru de la Vallée d'Auge, du Bessin ou d'Harcourt ! C'est sur cette pensée qu'un comité vient de se former, qui s'intitule : « Association nationale pour la propagande du Bon Cidre ».

Ce Comité, composé de Normands et de Bretons, comprend des personnalités influentes et compétentes : agronomes, commerçants, producteurs, dont nous regrettons de ne pouvoir donner la liste. Il a mis sur pied un programme d'action très complet. Nous espérons le voir bientôt à l'œuvre et lui souhaitons bonne réussite. (Bonhomme Normand)

 

Août 1932   -   Le prix de l’impur jus.   -   Le Tribunal Correctionnel de Caen vient de juger une grave affaire de falsification de cidre, dans laquelle était inculpé M. Lenfant, propriétaire d'une cidrerie à Caen, rue Basse, et qui n'a pas demandé moins de trois audiences.

Sur dénonciation d'un ancien contremaître de M. Lenfant, des vérifications ont eu lieu dans la cidrerie et ont révélé, dans de nombreuses cuves, une dilution alcoolique n'ayant pas droit à la dénomination « cidre » et, dans une cuve, un liquide en putréfaction, souillé de substances nocives, dégageant une odeur putride. En outre, le rapport de M. Warcollier a établi que les coupures de cidre avaient été faites avec de l'eau non potable mais n'a pas affirmer que la dilution alcoolique mise en vente sous l'appellation « cidre » ait été dangereuse pour les consommateurs.

Pour se défendre, M. Lenfant a déclaré qu'il ignorait complètement le contenu de ses cuves, son contremaître accusateur, M. Louis Guibert, actuellement
établi marchand de vin dans l'Orne, ayant été seul chargé de la fabrication du cidre. Ajoutons que M. Lenfant jouit de la plus excellent réputation.

Après plaidoiries de Mes Dubourg pour M. Lenfant et Dupont pour la Régie, le tribunal, présidé par M. Le Bacheley, a déclaré M. Lenfant coupable de falsifications et tromperie, avec toutefois des circonstances atténuantes, et l'a condamné à un mois de prison avec sursis. 3 000 fr. d'amende, plus un total de 360 000 fr. d'amendes multiples, confiscation et remboursement des droits fraudés, à verser aux Contributions Indirectes et 25 000 fr. à l'État. Encore, le sursis a-t-il été accordé pour diverses autres amendes montant à deux millions et demi !  (Bonhomme Normand)

 

Août 1932   -   Légion d’honneur.   -   Notre distingué concitoyen le pharmacien-capitaine Colin, vient d'être nommé Chevalier au titre du Ministère de la Guerre (promotion du 14 juillet).

Nous lui exprimons à nouveau nos bien sincères félicitations, ainsi qu'à M. Michant, inspecteur des Compagnies de Sapeurs-pompiers de l'arrondissement de Pont-l'Évêque, décoré au titre du Ministère de l'Intérieur et M. Buhot, président de l'Union mutuelle des Employés de Commerce de Lisieux, secrétaire, depuis 32 ans, du Conseil des Prud'hommes (promotion du Ministère du Travail).

- M. Maurice Delahaye, de St-Aubin-des-Bois, grand mutilé de guerre, médaille Militaire et Croix de guerre, est également nommé Chevalier de la Légion d'honneur (ministère de la Guerre). (Bonhomme Normand)

 

Août 1932  -  Canicule  -   un chapelier caennais équipe de casque coloniaux les 18 agents préposés à la circulation.

 

Septembre 1942   -   L'indiscipline punie.   -   De nombreux industriels laitiers du Calvados dont la plupart des plus importants, avaient sciemment passé outre aux instructions du Ravitaillement général en fabriquant d'importantes quantités de fromages, grâce au surplus de leur production autorisée, au lieu de réserver le lait à la fabrication beurre.

Ils ont ainsi soustrait 18 000 ks de beurre à la collecte, soit la ration mensuelle de 50 000 consommateurs.

M. Le Roy Ladurie, ministre de l'Agriculture et du Ravitaillement, a donc décidé des sanctions, sous forme d'amendes professionnelles calculées sur la base de la valeur des fromages fabriqués irrégulièrement.

Le total de ces amendes, qui vont de 18 000 à 450 000 fr. par maison, selon l'importance de la fabrication, s'élève à près de 2 millions et demi. (Bonhomme Normand)

 

Septembre 1932   -   Les jeux périlleux.   -    Mardi après-midi, dans la cour de la caserne Lefèvre, le jeune Albert Cloître, 12 ans, demeurant dans un des bâtiments, et son camarade, Pierre Sageot, 7 ans, rue St-Pierre, voulurent mettre le feu à des détonateurs que Sageot avait apportés.

L'un d'eux fit explosion et blessa grièvement l'enfant qui a perdu l'œil droit. Quant à Cloitre, il ne fut atteint que superficiellement à la main gauche et au-dessus de l'œil. (Bonhomme Normand) 

277    Port de CAEN.  -  Déchargement du Charbon

24    CAEN.  -  L'Arrivée du Train de Cabourg et Riva-Bella

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