15 Décembre 2024

EUN SYIELLE D'HISTOUÈRE D'CALVADOS   

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CAEN

Canton de Caen

Les habitants de la commune de Caen sont des Caennais, Caennaises.

Janvier 1940  -  Dans l’obscurité.  -  Sortant du Cinéma Sélect, M Lazare Anici, mineur à Saint-Martin-de-Fontenay, suivait vers 21 h 30, la rue de l'Engannerie, lorsque, à hauteur du numéro 42, il tomba dans la bouche d'égout dont la plaque était mise en bascule. M. Anici qui se plaint de douleurs dans la jambe a être transporté à son domicile.

Les enquêteurs qui ne veulent pas s'arrêter à la pensée qu'il s’agit la d'une plaisanterie de mauvais goût, supposent que la plaque s'était trouvée déplacée par le passage d'une voiture automobile.

 

Janvier 1940  -  Un chauffeur fait une chute mortelle à bord d'un cargo. -  Caen, 9 Janvier (de notre rédaction)  Un accident mortel s'est produit hier soir vers 18 h. 30 dans le port de Caen.

Arrivé lundi avec un chargement de charbons, le cargo « Le Normand », des établissements Odon de Lubersac, de Rouen, était amarré au nouveau bassin. Le déchargement en cours avait été arrêté depuis un certain temps déjà lorsqu'un chauffeur du bord, M. Marie-Joseph Loyer, qui allait aux rations, voulut traverser la cale arrière en passant sur une gaillotte.
Trompé par l'obscurité, il était environ 18 h 30, le malheureux perdit soudain l'équilibre et tomba au fond de la cale se blessant mortellement dans sa chute. Les officiers du bord aidés des matelots, réussirent à le porter sur un brancard, à le remonter à l'aide de la grue et à le déposer sur le quai l'ambulance de l'hôpital vint le chercher, il devait décéder en cours de route. 

M. Loyer était originaire de Pleudlhen (Côtes-du-Nord) il était le 28 décembre 1899 et Il s'était marié Il y a sept mois environ.                                         

 

Janvier 1940  -  Communiqué de l’administration des Postes.  -  L'Administration des Postes  informe les habitants de la ville de Caen qu'elle se trouve dans l'impossibilité, pendant quelques jours, de faire assurer le service de la distribution postale dans des conditions normales.

De nombreux distributeurs sont malades en raison de la rigueur de l'hiver. L'inexpérience des remplaçants et les difficultés de la circulation en ville retardent les opérations de la première distribution, à tel point que la distribution de l'après-midi doit elle-même être supprimée.

............Elle invite la population à faire preuve de patience et lui donne l'assurance que tout sera mis en œuvre pour rétablir la situation dans le plus bref délai.

 

Janvier 1940  -  Un malade est asphyxié par les émanations d’un poêle.  -  M. Clément Habatjou, garçon de restaurant, rue Saint-Jean, inquiet de ne pas avoir vu revenir à son travail  depuis vendredi l'un de ses camarades. M. Aimard Blanlot, âgé de 48 ans, demeurant  rue aux Juifs, et qu'il savait souffrant depuis une dizaine de jours, en avertit M. Charbonnier, commissaire de Police du 2e  arrondissement. Ce dernier se rendit à l'adresse indiquée, mais trouva la porte du logement fermée. Ses appels réitérés restant sans réponse, le commissaire demanda l'assistance d'un ouvrier serrurier de l'Entreprise Vrard, qui ouvrit la porte fermée à clef de l'intérieur. Une fois dans la pièce, M. Charbonnier trouva M. Blanlot étendu sans vie sur son lit. Le malheureux avait, d'après les  constatations faites, dû succomber à une asphyxie provoquée par des émanations d'oxyde de carbone se dégageant d'un poêle se trouvant dans la chambre. Ce qui confirme cette thèse, c'est que deux oiseaux se trouvant dans une cage étalent morts également. M. le docteur de Souza. mandé par le commissaire de Police, a constaté le décès de M. Blanlot, puis a délivré  le permis d'inhumer. M. Habatjou s'est chargé de prévenir les parents de la victime

 

Février 1940  -  Une façon inattendue de résoudre le problème des jours sans viande.  -  Cinq individus, dont deux ont été « pincés » avaient, dans leur esprit tout au moins, résolu le problème compliqué des jours sans viande.
Si la première partie de la solution semble devoir leur donner raison, la fin devait s'avérer beaucoup moins heureuse.

Il était environ 21 heures, lundi soir quand Mme Lesaulnier, charcutière, rue de Vaucelles, vit entrer dans son magasin cinq clients dont deux lui demandèrent le prix de différents morceaux de charcuterie.
Mme Lesaulnier s'empressait de les renseigner quand, soudain, les cinq individus déguerpirent. La charcutière s'aperçut aussitôt qu'un rôti de lard d'une valeur de 50 francs environ et 5 morceaux de boudin ne figuraient plus dans son étalage.

Aucun doute n'était possible, les clients en « puissance» avaient habilement trompé la vigilance de la commerçante et, pendant que deux d'entre eux se renseignaient sur les prix, les trois autres dérobaient le rôti.

Mme Lesaulnier alla aussitôt à la police et, peu après, le sous-brigadier Lepetit et les agents Salles, Landes, Cale et Blanchard se mettaient à la recherche des voleurs.
Deux d'entre eux ne devaient pas tarder être découverte par les agents Blanchard, Cale et Landes, face au 197 de la rue Saint-Jean. Il s'agissait de Bernard Jouannes, 28 ans, ouvrier peintre à Colombelles, rue des Lauriers et Roger Cardin, 21 ans, mécanicien, rue d'Auge, qui furent d'ailleurs trouvés en possession de la viande volée. Ils ont é maintenus à la disposition du commissaire de police du 3e  arrondissement, en attendant que leurs complices aillent les rejoindre.  

 

Février 1940  -  Un nouveau marché au poisson à Caen.  -  Le maire de la ville de Caen a l'honneur de porter à la connaissance de ses administrés qu'en application des dispositions de  l'arrêté de M. le Préfet du Calvados, en date du 24 février 1940, arrêté qui a avancé du vendredi au jeudi chaque semaine le troisième jour sans viande, il a autorisé la tenue d'un marché  au poisson supplémentaire, qui se tiendra dorénavant tous les jeudis, rue Saint-Sauveur (trottoir des Facultés), soit sur le même emplacement que celui du vendredi, lequel aura  également lieu comme précédemment.

Cette autorisation prend effet dès aujourd'hui, 29 février.

 

Mars 1940  -  Une fillette de 15 ans disparaît à la suite d'une réprimande.  -  Deux jeunes gens, Joseph Herpin, 13 ans, avenue d'Harcourt et Marcel Legay, rue de Branville, se  promenaient vendredi sur les bords de l'Orne, quand ils aperçurent une jeune fille qui se jeta à la rivière et fut aussitôt entraînée par le courant.

Les deux écoliers prévinrent la police qui arriva  aussitôt sur les lieux, suivis par les pompiers. À l'aide d'une gaffe, ceux-ci fouillèrent la rivière, mais leurs recherches demeurèrent  inutiles.

Le même jour, à 22 heures 30, Mme Duvieu, rue Saint-Pierre, vint déclarer au commissariat central que sa belle-fille, Marie-Louise Duvieu, avait quitté son domicile, vers 15 heures 30, à  la suite d'une réprimande et n'était pas encore rentrée.

L'enquête va établir s'il faut faire un rapprochement entre cette disparition et la noyade volontaire de la jeune fille qui s'est jetée dans l'Orne.  Signalons que la mere de Marie-Louise  Duvieu s'est suicidée en 1937, en se jetant dans l'Orne.

 

Mars 1940  -  Un immeuble est en grande partie détruit par un incendie quai Vendœuvre.  -   Le quartier du Vieux Bassin a été mis en émoi hier, peu après l'heure du déjeuner, par un grave incendie qui s'est déclaré dans un immeuble du quai Vendœuvre et dans lequel était entassée une quantité considérable de matériaux de bois. Les pompiers de Caen, venus rapidement sur les lieux, ont combattu avec vigueur le sinistre qui prenait des proportions inquiétantes et réussirent, avec l'aide du matériel allié et de ses servants actuellement dans notre ville, à se rendre maîtres du feu après de longues heures d'efforts.

Au cours des opérations de sauvetage, un soldat allié a été légèrement blessé, mais fort heureusement son état n'est pas grave. Les dégâts, non encore évalués, sont très importants et vraisemblablement de l'ordre de plusieurs centaines de mille francs.

L’immeuble incendié : Au 20 du quai Vendœuvre était édifié un important immeuble formant l'angle de la rue de l'Engannerie. Construit il y a 150 ans environ pour le compte d'un armateur caennais de l'époque à usage de voilerie, il avait été érigé avec des matériaux de premier choix les murs extérieurs montés en pierre de taille soutenaient des poutres de chêne particulièrement importantes et nombreuses. Les planchers intérieurs, tous en chêne, n'avaient pas moins de 35 centimètres d'épaisseur. Enfin, fantaisie de propriétaire fortuné et habitué aux voyages au long cours, la toiture avait été réalisée avec une cale de navire renversée. Chaque partie de la superstructure de la coque, soigneusement numérotée et repérée, avait été démontée avec précaution et remise à l'envers au couronnement de l'édifice. Sur certaines de ses membrures se lisaient encore actuellement le nom et le lieu de provenance en grande partie situé au Brésil.
Cet immeuble sur les murs intérieurs duquel se voyaient de nombreux études et plans de voiles de la grande époque de la marine française, représentait, avec son pignon élancé, un des rares spécimens nous restant des immeubles du grand siècle à l'architecture spéciale aux abords des ports, Il est actuellement la propriété de Mlle Desaunay, religieuse au monastère de la Charité de Caen et était loué à M. Bennasar, mandataire en fruits et primeurs, qui s'en servait comme d'entrepôts pour ses « billaux » et cageots en fruits et légumes. Locataire principal, M. Bennasar avait sous-loué â Mme Albert un logement sis au deuxième étage sur la partie donnant rue de l'Engannerie et portant le 36 de cette rue.
L’incendie :  Il était environ 13 heures, M. Bennasar dont le domicile et les bureaux sont installés au22, était à table pour le déjeuner, lorsqu'il fut averti qu'une épaisse fumée se dégageait de la toiture de l'immeuble lui servant de réserve. Immédiatement alarmé, le mandataire constata la triste réalité des faits et prévint les pompiers.
Venu sur place avec le premier secours, le capitaine Bonza se rendit compte aussitôt de l'importance du sinistre et alerta une deuxième voiture. Sans attendre sa venue, le capitaine et ses hommes montèrent dès leur arrivée au troisième étage de l'immeuble en feu et ne furent pas surpris de constater que l'ensemble des combles ne formait plus qu'un immense brasier alimenté par les nombreux cageots empilés en rangs serres.
Par ailleurs, les pièces de bois soutenant la couverture récemment refaite, constituaient de leur côté une multitude de petits foyers séparés.
Se rendait compte de l'imminence et de l'importance du danger couru par les immeubles voisins, le commandant de la compagnie des sapeurs-pompiers fit brancher de toute urgence 3 lances sur l'auto-pompe mise en route en bordure du bassin Saint-Pierre cependant qu'une autre était montée sur une bouche d'incendie voisine.
En même temps, la compagnie d'électricité prévenue isolait du courant le quartier menacé.
Avec ces premiers éléments, le feu fut attaqué de l'intérieur afin de «couper » les immeubles de la rue de l'Engannerie et du quai.
Presqu'aussitôt, avec une louable initiative et une rapidité d'exécution particulièrement remarquable, le poste d'incendie de l'armée alliée existant à Caen, vint prêter aide efficace et ordonnée aux sapeurs-pompiers. Deux motos-pompes mises ainsi en route devaient alimenter 4 et 5 lances au jet puissant qui attaquèrent le sinistre par le côté du quai Vendœuvre.
Sous ces doubles efforts, les flammes qui montaient au-dessus du toit maintenant voie libre, diminuèrent bientôt d'intensité, mais se trouvèrent remplacées par une fumée noire et intense obscurcissant tout le quartier. Elle était provoquée par la combustion des cageots dont chaque pile était transformée en bloc charbonneux.

Bientôt, et alors que nos pompiers s'apprêtaient à hisser une de leurs grandes échelles mobiles pour combattre le feu d'en haut, la corniche supérieure de l'immeuble en bordure du quai  qui, depuis quelques instants oscillait dangereusement, s'abattit sur la chaussée d'une hauteur d'une quinzaine de mètres. Heureusement, les précautions avaient été prises et les  sauveteurs ne furent pas atteints par le bloc de maçonnerie, non plus que par les poutres enflammées.
Il était exactement 13 h. 55 et il y avait 40 minutes que les secours fonctionnaient. Après de longues heures d'efforts incessants, le feu diminuait considérablement d'intensité et le capitaine Bonza ayant réussi à lever le rideau de fer fermant l'entrée de l'entrepôt, pénétra à l'intérieur avec plusieurs de ses hommes. Une lance fut mise alors en batterie au premier étage sur le quai, tandis que les pompiers jetaient par les fenêtres des quantités de cageots et d'emballages en partie enflammes.
Grâce aux tonnes d'eau déversées depuis le début par les pompiers et soldats alliée, l'incendie fut finalement maîtrisé et à 16 heures 30, les moto-pompes et autres pompes étaient arrêtées, tout danger étant provisoirement écarté et les immeubles voisins n'ayant plus rien à redouter.
Il restait à déblayer le rez-de-chaussée et les étages de l'immeuble de tout le matériel qui s'y trouvait et c'est à quoi s'employèrent les sauveteurs.
Pour éviter tout accident possible, il fut décidé par les services techniques de la ville d'abattre tout le fronton de l'immeuble en façade du quai Vendœuvre et dont la superstructure s'était écroulée au cours de l'incendie. En effet, par suite de ce premier éboulement, des pierres de taille et autres, en raison de la désagrégation produite par le jet des lances, la partie inférieure du fronton menaçait de s'écrouler sur la chaussée.
Sur la rue de l'Engannerie, le mur s'est également disjoint et est bombé à hauteur de la corniche, les mesures de sécurité s'imposent également de ce côté.
Des piquets de surveillance ont été maintenus sur place toute la soirée et pendant la nuit pour éviter le retour offensif du feu qui peut toujours couver dans ce qui reste de la charpente ou des planchers.
Dés le début du sinistre, de nombreuses personnalités se sont trouvées sur les lieux. Parmi celles-ci, nous avons reconnu MM. André Detolle, maire de Caen ; Lempériére et Lenoir, adjoints ; Pierre Marie, secrétaire général adjoint ; le commandant du bureau de recrutement ; le capitaine Débuts et le lieutenant Mengin de la place de Caen ; Guimbellot,
substitut du procureur de la publique etc…
En attendant l'arrivée du piquet d'incendie fourni par la caserne Claude Decaen, un service d'ordre fut assuré par des gardiens de la paix et les agents cyclistes, sous les ordres de MM. les officiers de paix Regnier et Desrues, et du brigadier-chef Chaté, maintenant à distance de très nombreux curieux attirés par la fumée se pandant au-dessus de la ville.

Les causes de l’incendie : L'état actuel des décombres n'a pas permis encore d'établir les causes de l'incendie qui, nous l’avons indiqué, a pris naissance dans les combles de l'immeuble dans lesquels étaient entassés, en même temps que des cageots, des frisures servant à l’emballage des fruits.

On peut cependant supposer à priori que le feu a été communiqué par un conduit de cheminée. Les dégâts, eux non plus, ne sont pas chiffrés. En outre des gradations actuellement visibles, les dégâts fort graves estimés à plusieurs centaines de mille francs pourraient bien être encore plus importants. Certains pans de murs devront probablement être abattus, et mettront peut-être en danger certaines maisons voisines.

 

Mars 1940  -  Communiqués officiels précautions à prendre en cas d’alerte.  -   Le directeur urbain de la fense passive rappelle qu'il est formellement interdit aux abonnés du service téléphonique d'user du téléphone pendant toute la durée de chaque alerte.  
Par ailleurs, il a été constaté qu'au cours de l'alerte, et malgré les avis répandus par la presse, les passant continuent à circuler sur les voles publiques sans tenir compte du danger qui pourraient résulter pour eux de l'entrée en action soudaine de la D. C. A.
La direction urbaine souhaite vivement qu'en particulier les res de famille prennent conscience du danger réel auquel elles exposeraient leurs enfants en les laissant, après le signal
d'alerte, sur les voles publiques, cours et promenades, ils risqueraient, à tous moment, de recevoir des éclata ou culots d'obus.

 

Mars 1940  -  Fermeture des boucheries et des charcuteries dans le Calvados.  -  Le préfet du Calvados fait connaître qu'il a, par arrêté en date du 14 mars courant, décidé qu'à partir du 26 mars, les boucheries et rayons de tous les établissements il est vendu de la viande de boucherie, ainsi que les pavillons de détail des halles et marchés cette viande est débitée, seront fermés les lundi, mardi et mercredi de chaque semaine.

Les charcuteries et rayons de tous les établissements il est vendu de 1a viande de charcuterie, ainsi que les pavillons de détail des halles et marchés cette viande est débitée, seront fermés les lundi et mardi de chaque semaine.

Les boucheries hippophagiques, les triperies et les rayons de tous les établissements il est vendu de la viande de boucherie hippophagique et de la triperie, ainsi que les pavillons de détail des halles et marchés cette viande est débitée, seront fermés le lundi de chaque semaine.
Ces interdictions s'appliquent étalement aux commerces forains.

 

Mars 1940  -  Pour l'achèvement des réparations des dégâts causes aux lignes électriques par le givre.  -  M. Boivin-Champeaux, sénateur et président du Conseil général, du Calvados, avait signalé au Ministre de Travaux publics la situation dans laquelle se trouve une partie de la population du Calvados du fait des ravages causée aux réseaux électriques du nord du département par le givre dans les journées des 29 et 30 janvier. M. de Monzie, dans sa réponse à l'honorable parlementaire du Calvados, a fait le bilan des gâts.

 En Normandie, près de 10.000 poteaux en bois ou en béton ont été brisés et renversées. Aussitôt des équipes ont commencé les réparations avec l'aide de renforts militaires mis à la disposition par le G.Q G.

   -  « A l'heure actuelle, 95 % des populations privées d'électricité sont à nouveau desservies, mais il reste 50.000 habitants encore privés de courant. J'ai pris toutes les dispositions, explique le Ministre, pour réduire les délais de remise en état de ces réseaux. Je viens encore d'obtenir de l'Autorité militaire régionale la mise à ma disposition de main-d’œuvre militaire qui encadrée par les spécialistes, pourra concourir à la remise en état des lignes».

« Par ailleurs, J'ai fait constituer les approvisionnements nécessaires en poteaux et en outillage en vue d'une marche accélérée des chantiers de réparations».

   « Soyez assuré que je suis convaincu de l'urgence qu'il y a à rendre à nos populations rurales,  dans le plus bref délai, l'énergie électrique qui leur fait défaut, et que tout sera fait pour que les travaux restant à exécuter soient achevés le plus rapidement possible ».

 

Mars 1940  -  Un déraillement en gare Saint-Pierre.  -  Hier après-midi, à 13 h, 50, le « petit train » de Luc-sur-Mer à Caen arrivait à la gare Saint-Pierre après avoir longé le quai de la Londe quand en abordant l'aiguillage placé avant la rue de Courtonne, l'avant-dernier wagon dérailla et dans un fracas formidable de vitres brisées, se coucha sur la chaussée.

 Immédiatement les employés de la compagnie et les voyageurs qui étaient particulièrement nombreux en raison de l'ouverture des vacances, se précipitèrent pour porter secours aux occupants du wagon qui avaient été culbutés les uns sur les autres, au milieu d'un amas indescriptible de colis de toutes sortes.
On commença par soulever le wagon renversé pour permettre aux voyageurs se trouvant à l'intérieur de sortir de leur fâcheuse position.
Quand cette première opération fut terminée, les sauveteurs unissant à nouveau leurs sorts finirent de redresser le wagon indiscipliné qu'ils réussirent à replacer sur ses roues.
Dans l'accident, deux voyageuses furent blessées au poignet par des éclats de vitres. Ce sont Mme Tardy, née Suzanne Voisin, 53 ans, domiciliée 64, rue Edouard Vaillant à Levallois-Perret, résidant actuellement à Riva-Bella, rue Alain Chartier, et Mlle Renée Tereux, 31 ans, ouvrière d'usine, demeurant, rue de la Maison-Dieu à Paris (14e). Elles ont reçu aussitôt les soins nécessaires et ont pu regagner Paris elles se rendaient, leur état, en effet, ne présentant aucun caractère de gravité.
C'est une chance que cet accident n'ait pas eu de conséquences plus graves, car le train, ainsi que nous l'avons dit, était bondé de très nombreux enfants partant en vacances.
M. Paugam, inspecteur de la reté Nationale, qui se trouvait dans le train, a recueilli tous les renseignements nécessaires à l'enquête.
 

 

Mars 1940  -  Fermeture des boucheries et des charcuteries dans le Calvados.  -  Le préfet du Calvados fait connaître qu'il a, par arrêté en date du 14 mars courant, décidé qu'à partir du 26 mars, les boucheries et rayons de tous les établissements il est vendu de la viande de boucherie, ainsi que les pavillons de détail des halles et marchés cette viande est débitée, seront fermés les lundi, mardi et mercredi de chaque semaine.
Les charcuteries et rayons de tous les établissements il est vendu de la viande de charcuterie, ainsi que les pavillons de détail des halles et marchés cette viande est débitée, seront fermés les lundi et mardi de chaque semaine.
Les boucheries hippophagiques, les triperies et les rayons de tous les établissements il est vendu de la viande de boucherie hippophagique et de la triperie, ainsi que les pavillons de détail des halles et marchés cette viande est débitée, seront fermés le lundi de chaque semaine.
Ces interdictions s'appliquent étalement aux commerces forains.

 

Mars 1940  -  Des travaux de forage vont être entrepris dans le château de Caen.  -  Jusqu'au vendredi 29 mars, à 18 h., dernier délai, M. le Maire de Caen recevra les propositions des entrepreneurs pour les travaux d'un forage dans le château de la ville de Caen. Un traité de gré à gré interviendra entre l'Administration préfectorale et la soumission retenu.
Les soumissions devront parvenir a peine de nullité, sous double enveloppe cachetée, l'enveloppe extérieure adressée à M. le Maire, l'enveloppe intérieure portant la mention « Soumission pour l'exécution d un forage dans le château de Caen ».
Pour tous renseignements, s'adresser au bureau de l'ingénieur, directeur des Services techniques, à l'Hôtel de Ville, tous les jours, de 8 heures à midi et de 14 heures à 18 h. 15, samedi après-midi. dimanche et fêtes exceptés.

 

Mars 1940  -  La production du lin en 1940.  -  L'Union des Syndicats Agricoles du Calvados nous communique.

Il ne reste plus que quelque semaines pour préparer les semailles de la récolte 1940.
La culture du lin, en temps de guerre, doit être encouragée. Les matières textiles nous sont, en effet, nécessaires par grosses quantités.
Les pouvoirs publics, qui ont déjà fait un effort pour accélérer l'écoulement de la récolte 1939, viennent de décider certaines mesures qui assurent au producteur de lin le maximum de sécurité et de profit pour la campagne de 1940. Les crédits nécessaires pour les prîmes de la récolte prochaine sont votés.
D'autre part, tous les lins de la récolte de 1940 qui seront teillés en France, le gouvernement a cidé de donner une garantie ferme d'achat des filasses sur la base d'un prix minimum de 1 800 francs pour une filasse de roui à terre moyen.
Ce prix, qui est en augmentation très nette sur les conte pratiqués pour la récolte 1939. s'entend, non comme prix définitif maximum, mais comme prix minimum garanti, prime
comprise. Il assure au producteur une sécurité de prix, quelle que soit l'évolution des événements.
D'autres mesures font également envisagées pour faciliter au maximum la culture du lin sur notre sol.
Il semble donc que les cultivateurs français ont intérêt à s'efforcer de produire le plus fort tonnage possible, ils le feront aussi par devoir vis-à-vis du pays.
L'Union des Syndicats Agricoles du Calvados, 9, quai de Juillet, à Caen. est d'ailleurs à la disposition des cultivateurs pour leur fournir tous renseignements concernant et l'écoulement d
e leur lin 1939 et les ensemencements de 1940.

 

Mars 1940  -  Un mystérieux blessé.  -  Hier après-midi, Mme Fernand Poussier, bouchère à Carpiquet, revenait en auto de la place Gambetta, ayant à ces côtés son mari, M. Louis Poussier.
L'automobiliste venait de s'engager rue Sadi-Carnot et avait passé de quelques mètres la borne lumineuse, quand elle fut surprise par l'arrivée d'un piéton traversant la chaussée, qu'elle ne put éviter, malgré tous ses efforts, et qui fut touché par l'aile avant gauche de la voiture.
Mme Poussier s'arrêta aussitôt et, avec l'aide de son mari, transporte le piéton sous un porche voisin, puis alla chercher des agents.
Mais, quand ceux-ci arrivèrent sur les lieux, le mystérieux blessé qui, d'ailleurs, ne paraissait pas sérieusement atteint, avait disparu.

  

Mars 1940  -  Caen a ressenti les effets de la tornade magnétique.  -  Une tornade magnétique s'est abattue comme on le sait, sur différents points du globe, provoquant des perturbations assez grandes. Caen et la région n'ont pas été épargnés et par suite des courantes « telluriques » les transmissions téléphoniques et télégraphiques de même que les retransmissions de T.S.F se sont trouvées complètement suspendues pendant plusieurs heures à partir du moment le phénomène a commen a se manifester. Depuis 1910, on n'avait pas eu a enregistrer semblable perturbation dans notre région.

 

Avril 1940  -  Une femme succombe à des émanations chimiques.  -  Mercredi après-midi, Mme Lechartier, marchand de poissons, demeurant rue Saint-Sauveur, effectuait des travaux de nettoyage à la station ponologique, rue de Geôle. Au cours de son travail, elle vida dans un récipient contenant de l'eau de javel, une bouteille d'acide chlorhydrique. Des émanations de ce mélange ne tardèrent pas à incommoder Mme Lechartier, qui dut s'aliter. Elle se trouva plus mal dans la nuit et sa fille, Mme Waldheim alla chercher le docteur Lesieur. Mais à son retour elle avait cessé de vivre. Le médecin a refusé le permis d'inhumer et une enquête est ouverte.

 

Avril 1940  -  On découvre des tombeaux des membres de la famille d'Harcourt.  -  Une découverte a été faite samedi, dans la chapelle désaffectée de l'ancien couvent de la  Visitation,  situé rue du bourg-l'Abbé et rue Caponière et occupé depuis de longues années par les services de la manutention militaire et le dépôt de remonte.

L'autorité militaire avait chargé une équipe de soldats d'effectuer des travaux de déblaiement dans la chapelle désaffectée de l'ancien couvent. Une salle pourvue d'un anneau fut mise à  jour. La dalle soulevée permit de voir à l'intérieur quatre tombeaux parfaitement conservés. Les inscriptions portent les noms et les titres des membres de la famille d'Harcourt, inhumés  dans la chapelle, en particulier de Mme la Marquise d'Harcourt, dame fondatrice du couvent de la Visitation.

 

Mai 1940  -  Les réfugiés. -  Des centaines de réfugiés venant du nord de la France  arrivent à  Caen et dans le Calvados. Le département est désigné pour recevoir des réfugiés belges et français qui fuient devant l'envahisseurs, 2000 réfugiés passent à Caen chaque jour. La préfecture prie instamment les caennais de déclarer leurs logements disponibles, afin de loger les  réfugiés.  

 

Mai 1940   -   Réglementation des Cafés.   -   L'accès dans les cafés, débits, estaminets des hôtels, est interdite dans la ville de Caen aux militaires de tous grades, français et étrangère, sauf aux heures ci-après 6 à 8 h. 30, 12 à 14 heures 18 à 21 heures.

 

Mai 1940   -   Pour le ravitaillement en sucre des cafés et restaurants.   -   Le président de la Chambre syndicale des hôteliers et limonadiers porte à la connaissance de ses adhérents que les hôteliers, restaurateurs, cafetiers et pensions de familles, ainsi que les pâtissiers et, d'une façon générale, tous les commerçants qui utilisent ou transforment le sucre pour la fabrication ou la vente de leurs produite, devront se faire délivrer par la mairie du lieu de leur établissement, dans les six derniers jours de chaque mois et pour le mois suivant, des bons de réapprovisionnement.

 

Mai 1940   -   Aux réfugiés.   -   MM. les maires et adjoints des communes évacuées, les fonctionnaires des administrations départementales et communales, les agents des établissement hospitaliers résidant dans ces mêmes communes, sont pries de faire savoir, avec l'indication de leurs fonctions, leur adresse actuelle par carte postale ou par lettre expédiée directement  à la présidence du Conseil, service central des réfugiés, 39, rue de Varenne, Paris (XVIIe).

 

Mai 1940   -   Un cycliste s’écrase sur un immeuble.   -  Un cycliste. M. Stanislas Wock, de nationalité polonaise, domicilié à Douchy (Aisne), actuellement réfugié chez l'instituteur d'Ouézy (Calvados), descendait, vers 13 heures, de la rue Canchy, lorsque ses freins ayant cassé, croit-on, il dévala la côte tel un bolide et vint s'écraser sur le pilier de l'immeuble portant le 27 de la rue d'Auge et édifié juste en face de la rue Canchy.
Les témoins de l'accident se précipitèrent et relevèrent aussitôt le malheureux cycliste qui fut transporté chez M. le docteur Mabille.
Le praticien, devant l'état du blessé, ordonna son transport d'urgence l'hôpital il a été admis et il a subi l'opération du trépan. Son état est considéré comme particulièrement grave. 


Mai 1940   -   La protection contre les bombardements.   -    Les mesures prévues pour le cas de bombardement vont entrer en service. Les chefs d'îlots ont reçu des cartes d'admission aux tranchées et aux caves qui ont été désignées comme abris publics.
Les agents de la défense passive, chargés d'assurer la police dans les tranchées et abris, seront dans l'obligation de refuser l'accès à quiconque ne serait pas porteur de telles cartes.
Le plan de mise a l'abri de la ville a été conçu sur les instructions de l'autorité supérieure, en tenant compte de la fraction de la population qui devait rester après l'évacuation de la ville, primitivement prévue, soit pour 25.000 personnes environ. Dans l'état actuel, ce plan ne comporte la protection que d'un tiers environ de la population totale. Mais, par ailleurs, il y a lieu de rappeler qu'en cette matière, comme en fait de protection contre l'incendie, les mesures officielles de défense passive n'interviennent qu'en complément des mesures particulières que chacun doit prendre dans la mesure de ses moyens, pour sa défense et celle des siens.
Il est nécessaire que chacun envisage de s'assurer un abri, soit dans une cave qui ne serait pas désignée comme abri public, soit dans un souterrain ou un couloir bien protégés, soit, dans tous les cas ou il existe à proximité de l'habitation un terrain disponible, en creusant par ses propres moyens ou avec l'aide de ses voisins une tranchée d'environ deux mètres de profondeur sur un mètre de large, tranchée qui serait étayée par des moyens de fortune et recouverte, si possible.
Service de la défense passive.   -   Il est rappelé aux jeunes mineurs de plus de 18 ans et de nationalité française, qu'ils sont tenus de faire connaître à la mairie leur adresse et leur profession, selon les termes de l'article 16 de la loi du 11 Juillet 1931, sur l'organisation de la nation en temps de guerre.
Ceux de ces jeunes gens qui auraient. jusqu'ici, négligé d'accomplir cette formalité, sont informés que les inscriptions seront encore reçues aujourd’hui, demain et Jeudi, de 9 heures à 12 heures et de 14 heures 18 heures.
Leur attention est attirée sur les sanctions prévues pour le cas d'inobservation de la loi.

 
Mai 1940   -   Choses vues.   -   La gravité des nouvelles annoncées au peuple de France par M. Paul Reynaud, président du Conseil, a provoqué autour de nos vitrines, boulevard des Alliés et de la rue du Pont-Saint-Jacques, un afflux de visiteurs avides de prendre connaissance des informations au fur et à mesure de leur affichage.
Malgré la pluie qui, toute la matinée, tomba avec rage, les diverses émissions du  Radio-Journal de France, diffusées par nos soins, groupèrent en si grand nombre les auditeurs que la circulation en fut rendue pratiquement impossible. Mais il n'y a rien qui mériterait d'être signalé si, à chacune de ces émissions, il ne nous avait été donné de constater combien, en des temps aussi difficiles que ceux que nous traversons, le sentiment national du peuple de France, ce sentiment inné et qui nous anime tous, se réveillait plus vivant que jamais.

Lorsque le speaker s’étant tu, retentissaient vibrantes les premières notes de notre Marseillaise, instinctivement d'un même geste, la multitude des hommes massés devant notre rédaction parmi lesquels nombre de Belges se découvraient et, tête nue, restaient sous la pluie, jusqu'à l'exécution de la dernière mesure. Pas un ne conserva sa coiffure et mieux, ceux qui, sous la pluie, se hâtaient vers un abri, s'immobilisaient soudain et, tète nue, à leur tour, écoutaient l'hymne national.
Un tel clan unanime, en un tel moment, se passe de tous commentaires. Disons simplement qu'il justifie tous les espoirs.  

 

Juin 1940   -   Appel à la population.

notre département, indemne jusqu'ici de toute invasion, où se trouve exposé à une avance éventuelle de l'ennemi.

Certaines communes de la baie de Seine se trouvant parfois sans liaison téléphonique avec le chef-lieu, il ne faut pas que les autorités de ces localités ou des communes voisines s'étonnent de ne pas avoir reçu l'ordre d'évacuation :

Celui-ci ne sera donnée par l'autorité militaire qu’au cas ou des populations intéressées se trouveraient dans une zone de combat.

Il importe, en effet, de considérer que dans les circonstances actuelles le danger et les risques d'un repliement massif des populations civiles apparaissent plus grande que ceux résultant d'une occupation par l'ennemi.

Toutes les personnes qui sont nécessaires à la continuation de la vie normale on le devoir de rester, les autres y ont intérêt.

Le repli des mobilisables s'imposerait naturellement : ceux-ci ne devront cependant quitter leur résidence au dernier moment.

Dans les heures grave et douloureuse que traverse la France, le préfet du département et le colonel commandant les subdivisions font appel au calme et au sang-froid des populations patriotes du Calvados qui doivent garder intacte leur confiance dans les destinées du pays.

Le colonel commandant le groupe de la subdivision :  Loizillon 

Le préfet du Calvados :  Henri Grau         (Source  : Archives du Calvados)

 

Juin 1940   -    Ville de Caen                   Défense passive

Devoir immédiat de chaque habitant.

1° Éclairage privé 

Dès aujourd'hui :

Tout éclairage privé extérieur est interdit.

L'éclairage intérieur et autorisé, à condition qu'il soit en tout temps, absolument invisible pour les observateurs aériens.

Le camouflage doit donc être complet, aussi bien du côté des cours, jardins et toits. (verrières, tabatière, etc...) que du côté rues.

Sanctions : Amende de 16 à 200 frs. prison de 6 jours à 1 mois.

2° Protection contre l'incendie.

Dès maintenant : 

Débarrassez vos grenier des matières facilement inflammable ( paille, papiers, caisses, etc...) 

Suivez à la lettre les instructions de votre chef d'îlot, pour tout ce qui concerne la protection contre l'incendie. 

La négligence d'un seul peut causer le repérage de la ville entière ou l'incendie de tout un quartier.  (Source  : Archives du Calvados)

 

Juin 1940   -   Appel aux automobilistes volontaires.   -   Prière aux propriétaires d'autos, voitures de tourisme, camions et camionnettes pouvant éventuellement aider au service de l'armée, de se faire connaître à la 3ème compagnie régionale du Train, quartier Claude Decaen, à Caen, téléphone 37 67. Indemnité journalière et essence fournie par l'armée.

 

Juin 1940   -   Couvre-feu à 21 heures.   -   Le Calvados étant désormais, avec toute la Normandie, dans la zone des Armées, le Préfet du Calvados après instructions ministérielles et  décisions du général commandant la 3ème Région, a pris un arrêté au terme duquel : 1° Les cafés sont consignés jusqu'à 18 heures aux officiers et à la troupe, à quelque nationalité  qu'ils  appartiennent ; 2° Les établissements publics, cafés, restaurants, théâtres, cinémas sont fermés à 21 heures dans toute l'étendue du département.  

 

Juin 1940  -  Une scène pénible.  -  Mardi après-midi, alors que des camions remplis de soldats allemands stationnaient place du 36e, une femme connaissant la langue germanique,  indiqua à un soldat qui l'interrogeait, la route de Vire.

À peine les véhicules étaient-ils partis, que de la foule, bêtement amassée partit un cri « c'est une espionne ». Il n'en fallut pas davantage pour que la malheureuse fut bousculée, rouée  de  coups, sauvagement frappée, malgré la protection de l'adjoint Lenoir, de la police et de quelques-uns de nos concitoyens.

Dégagée avec peine, cette pauvre femme fut conduite chez le docteur Lesieur, qui, en présence de son état grave, la fit transporter à l'hôpital.

Renseignements pris, il s'agit d'une brave alsacienne, Mme Meny, âgée de 57 ans, demeurant rue d'Auge, à Caen, dont le fils, aviateur français, fait vaillamment son devoir.

Souhaitons sincèrement que de pareils faits ne se renouvellent plus dans l'intérêt même de l'ensemble de la population.

Les gens nerveux et impulsifs feront bien de rester chez eux et notre police, renforcée, saura, il faut l'espérer, empêcher tout attroupement.

 

Juin 1940  -  Déposer les armes à la Mairie.  -  Tout détenteur d'armes, de quelque nature qu'elles soient (armes de guerre, armes de chasse, armes de collection, fusils, revolvers,  etc...),  est obligatoirement tenu de les déposer immédiatement à la Mairie de Caen, vestibule de la salle des Fêtes, de 8 heures à 12 heures et de 14 heures à 18 heures, entrée par  l'escalier d'honneur, porte en face.

Toute personne qui ne se conforme pas de suite à cet ordre impératif, encourrait les sanctions les plus graves.

Le maire : André Détolle.

 

Juin 1940   -   Camouflez vos lumières !   -   Le colonel commandant le groupe de subdivision, commandant d'armes de la place de Caen, porte à la connaissance de la population que,  malgré les observations de la Défense Passive, les postes de guet signalent que, la nuit tombée, des lumières sont visibles dans les immeubles et par conséquent, insuffisamment Camouflées.

Aucun rappel à l'ordre ne sera plus fait, et la population est avertie que des contraventions seront dressées et les récidivistes déférés à la justice militaire.

 

Juin 1940   -   « Triplées caennais ».   -   Ces jours derniers des triplées sont nées à la maternité de l'hôpital de Caen et se portent à ravir, entourées qu'elles sont de soins attentifs.

Il s'agit des petites Jacqueline, Hélène et Micheline Savary qui appartiennent à une famille d'ouvriers agricoles du Fresne-Camilly où se trouvent déjà trois garçons âgés de de 8, 4 et un  an. La mère de ces trois  petites jumelles est pleine de courage devant la lourde charge nouvelle et le père, M. Léon Savary qui était mobilisé à Colombelles, vient d'être renvoyé dans ses  foyers à la suite de cette brusque augmentation de famille.  

 

Juin 1940   -   L'arrivée des allemands.  -   On sait qu'à Paris l'entrée des allemands a trouvé la population calme et digne. Les troupes, du reste, ont défilé sans apparat et sans musique. Même en hommage a été rendu au Soldat Inconnu.

À Caen les troupes allemandes ont pénétré à Caen à 6 heures le 18, on attendait les allemands depuis plusieurs jours. Ils sont venus mardi matin par petits détachements d'abord, puis plus nombreux. Beaucoup n'ont fait que de traverser la ville. Disons tout de suite qu'ils n'ont  mangé personne et se sont au contraire, montrés d'une correction absolue. Par contre, ils  ont  pu être témoins de certains faits plutôt humiliants pour nous et que nous oublierons.

 

Juin 1940   -   La circulation nocturne.  -   Par arrêté du maire, de 22 heures à 5 heures, la circulation des habitants de la ville de Caen est interdite, sauf pour ceux d'entre eux qui, évacués au dehors, regagneraient leur domicile.

Tout rassemblement de plus de trois personnes est désormais formellement interdit sur la voie publique. Les pouvoirs de Police Judiciaire qui appartiennent au maire sont intégralement  délégués à M. Julien Lenoir, quatrième adjoint.

 

Juin 1940   -   Un bavard.  -   Le général de Gaulle, qui a pris la parole à la radio de Londres, et qui ne fait plus actuellement partie du gouvernement, n'avait aucune mission pour faire des communications en  public. Il a été rappelé de Londres et a reçu l'ordre de rentrer en France et de se tenir aux ordres de ses chefs. Ses déclarations doivent être regardées comme nulles et non avenues.

Ce trop grave général et « jusqu'au-boutiste » et il engageait les spécialistes et les soldats qui le pouvaient à gagner l'Angleterre pour continuer la lutte.  On assure même que malgré  l'ordre de rentrer au quartier que lui avait donné le maréchal Pétain, le général de Gaulle est resté en Angleterre. Tout cela est vraiment bien regrettable.

 

Juin 1940   -   La kommandantur à la Mairie.  -   Le chef de la place allemande de Caen et le commandant Früchtenicht. Il s'est présenté à l'hôtel de ville où il a été reçu par MM.  Asseline et Poirier, adjoint, MM. Renard et Marie, secrétaire et sous-secrétaire.

Après un entretien assez long le commandant, ses officiers et son personnel se sont installés dans les  bureaux du service d'hygiène, 9, rue Jean Eudes. Un détachement s'est installé à la  caserne Lefebvre. Et voici les premières mesures prises par la kommandantur qui nous ont été communiquées dans une entrevue dimanche dernier :

L'autorité allemande continuera d'autoriser dans les journaux les informations de source française, elle demande en échange la publication des communiqués allemands et celle des  notes  de la kommandantur adressées à la population.

L'emprise des autorités militaires allemandes sur les autorités civiles sera aussi réduite, aussi discrète que possible.

 

Juin 1940   -   L'heure allemande.  -   On sait que l'Allemagne est à l'Est de la France et que, par conséquent, le soleil  s'y lève plus tôt. La différence est assez grande pour faire un écart  d'une heure entre Paris et Berlin. Aussi nous a-t-on invités à avancer nos montres et nos horloges dans la nuit de lundi à mardi. Nous étions déjà pourtant à l'heure d'été ! Qu'importe, en  cette belle saison que nous lever une heure plus tôt !

 

Juin 1940   -   Un geste très regrettable.  -   Dans la nuit du 25 au 26 juin, on a brisé la tête du coq de Bigot, du monument aux morts, face à la rue Gabriel Dupont. Nous croyons savoir  que de sévères sanctions ont été prises.

 

Juillet 1940  -  Ont été classés monuments historiques en 1939.  -  Caen : Ancien cimetière des Quatre Nations ; ancien cimetière Saint-Jean sis rue Cauchy ; ancien cimetière Saint-Nicolas situé rue 5aint-Nicolas autour de l'église Saint-Nicolas ; ancien cimetière St-Pierre sis rue de Lelibes ; place du Parvis Notre-Dame, comprenant le sol de la place dans le périmètre déterminé par les arbres et les bornes avec leurs chaînes ; St-Jacques-de-Lisieux, manoir du lieu Binet.

 

Juillet 1940  -  La circulation à Caen.  -  La Kommandantur de Caen vient de donner un dernier avis à la population caennaise au sujet de la circulation en ville. A la suite de cet avis, il sera procédé, le cas échéant, à des contraventions et à de sévères sanctions.
Pour la ville de Caen, il est ordonné de circuler toujours à droite et il est défendu de prendre le côté de la chaussée. Du fait qu'il n'y a plus de tramways à Caen, il n'y a aucune raison de circuler à gauche.
La vitesse maxima dans les rues de la ville est fixée à 30 kms pour les véhicules poids lourds et à 50 kms pour les automobiles. Les motocyclistes peuvent aller à la vitesse de 40 kms à l'heure. Toute allure supérieure est formellement interdite.
Tous ceux qui enfreindront, dès maintenant, ces dispositions en ce qui concerne les vitesses à respecter et la circulation à droite se verront retirer leur permis. Leur voiture sera prise et retirée de la circulation, sans qu'ils aient droit à aucun dédommagement. Ces dispositions concernent tous les automobilistes, sans exception.
Les signaux du Code de la Route n'ont pas changé et tous les règlements passages à niveau, sens uniques, etc... sont toujours en vigueur.
Comme les automobilistes, les cyclistes, conducteurs de voitures à cheval et surtout les piétons doivent suivre scrupuleusement tous les règlements qui les concernent.
Sous aucun prétexte, les cyclistes ne pourront circuler sur les trottoirs et les voitures hippomobiles ne devront plus traverser une rue ou couper la circulation. Il est également fendu de s'arrêter à gauche de la chaussée. Comme les automobilistes, ceux qui contreviendraient à ces dispositions seront punis sévèrement.
La Kommandantur attire aussi l'attention des parents et des propriétaires de chiens et de chats. Les enfants doivent circuler toujours sur les trottoirs et les propriétaires d'animaux doivent débarrasser les routes de leurs chiens et chats.
Comme chaque faute sera sanctionnée, il est recommandé au lecteur de cet avis de bien vouloir en donner connaissance à toutes les personnes qu'il connaisse.

 

Juillet 1940  -  Avis de l’autorité allemande.  -  Die National Sozialistische Volkshilfe eroffnet eine Volksküche in Caen, rue de Bernières, 16 für Flüchtlinge, die sich vorübergehend in Caen befinden und keine vclle Unterkunft im flüchtlingsheim des Quartiers Lorge in Anspruch zu nehmen brauchen.
Die zuständigen Behôrden haben also die Flüchtlinge an folgende Stellen zu weisen : für Mahlzeiten, Nachtlager und Zugseinschreibungen steht in Zukunft das : Quartier Lorge, zur
Verfügung; für nur ein oder zwei Mahlzeiten : 16, rue de Bernières.
TRADUCTION
L'Assistance National-Socialiste (N. S. V.) ouvre une cuisine populaire gratuite, 16, rue de Bernières, à Caen, à partir du 17 juillet pour les réfugiés de passage qui ne doivent pas avoir recours à l'hébergement complet qui aura lieu comme par le passé au quartier Lorge.
Les autorités compétentes devront donc diriger les réfugiés de la manière suivante pour manger,
coucher et se faire inscrire pour les trains pourront être mis ultérieurement à leur
disposition
Quartier Lorge pour prendre simplement un ou deux repas, 16, rue de Bernières.

 

Août 1940  -  Avis de la Kommandantur.  -  La Feldkomntandantur du partement du Calvados informe qu'en raison de la rentrée avancée de la moisson annuelle, la défense de circuler, pour la population agricole du département, est fixée, avec application immédiate, de 22 h. 30 à 5 heures (heure allemande).
La Ortsknmmaudantur de Caen nous prie de rappeler à nos concitoyens que les lettres qui lui sont adressées doivent être libellées en LANGUE ALLEMANDE.
Toutes les communications qui lui seraient faites en français seront considérées comme non avenues et il n'en sera tenu aucun compte. Ces avis sont très Importants.

 

Août 1940  -  Défense passive.  -  La Ortskommandantur communique : Ces derniers temps, les dispositions de camouflages n'ont pas été appliquées assez attentivement.
Par ordre de la Ortskommandantur, toutes les mesures pour assurer la sécurité de tous les édifices militaires et civils seront rigoureusement observées.Toute contravention sera sévèrement punie.
Chaque propriétaire, locataire ou gérant répond de la stricte observation de ces ordres dans sa maison.
Chaque nuit, on peut compter avec des alertes et des bombardements. Préparez des seaux avec de l'eau et du sable.  -  Gardez le sang-froid. Que tout le monde soit sa place.

 

Août 1940  -  Une tentative de meurtre rue Porte-au-Berger.  -  Mme Julienne Hervé, 43 ans, bitante, 11 et 13, rue Porte-au-Berger, est une commerçante qui jouit de l'estime de tous. Il n'y a pas de mot pour traduire l'indignation qui s'empara des gens lorsqu'ils apprirent la tentative de meurtre dont elle fut victime vendredi. Voici les faits, tels qu'ils ont été relevés par notre collaborateur qui assista à l'arrestation de son agresseur.

Vers 15 heures, un homme bien mis dans son complet bleu, de taille moyenne se présentait au débit de Mme Hervé et prenant place à une table, se faisait servir une moque de cidre. L'homme buvait lentement, il se trouvait à ce moment seul avec une femme qui consommait en face de lui. Quelques instants passèrent et enfin la femme paya et s'en alla. L'homme ne bougeait toujours pas et laissa ainsi s'écouler une dizaine de minutes.
Mme Hervé se trouvait alors dans la cuisine. Ce fut l'instant choisi. Le consommateur appela la patronne, et celle-ci croyant qu’il voulait la payer, arriva aussitôt, à peine avait-elle pénétré dans la salle de café que le client, qui s'était dissimulé derrière une porte, se jeta sur elle, sans prononcer aucune parole, lui porta des coups de poing.
Affolée, Mme Hervé réussit pourtant à se dégager et appela à l’aide. Voyant son coup manqué, et craignant justement que les cris de la malheureuse femme ne fussent entendus,
le bandit chercha à sortir. Mais les cris de plus en plus aigus le poursuivaient. Il eut peur, il revint sur ses pas. De nouveau il frappa sa victime, la poussa jusqu'au fond de la salle jusqu'à ce que sous la violence des coups elle tombe à la renverse contre le buffet. Il partit alors. Le mieux qu'il le put il essaya de gagner le large, d'un air dégagé. Il ne put pourtant aller bien loin, la foule le poursuivait, l'aurait probablement mis à mal. De lui même il préféra alors se rendre au commissariat du l’arrondissement M. le commissaire Charroy et son secrétaire, M Desmoles, commencèrent à l'interroger. Il se nomme Henri Méléard, il est âge de 20 ans. Il est à Planguenoual dans les Côtes-du-Nord et il habite à l'Hôtel du Nord, 4, rue Saint-Laurent, en compagnie de sa maîtresse, Lucie Paquet. Que fait-il ? Il déclare être boulanger.
Il vit plutôt de l'argent que lui donne sa maîtresse. Il parle peu. Dans un interrogatoire poussé à fond, il reconnaît péniblement les faits qu'il faut lui arracher bribe par bribe.
Voici les raisons qu'il donna de son acte de sauvagerie : Se trouvant démuni d'argent au début de l'après-midi, sa maîtresse ne lui en ayant pas donné, il se présenta dans ce petit café de la rue Porte-au-Berger dans le but de s'approprier le contenu du tiroir-caisse. Il ajouta « Je regrette ce que j'ai fait ».  -  Méléard a été déféré au Parquet et écroué.                                         

 

Août 1940  -  Avis de la Kommandantur.  -  Certaines administrations et entreprises privées ont fait transformer les moteurs à essence des voitures qu'ils utilisaient en moteurs à gazogène, utilisant uniquement le gaz de combustion du charbon de bois.
La Kommandantur informe la population que les voitures ainsi transformées sont autorisées à circuler sans être au préalable munies de l'autorisation de la Kommandantur indispensable pour la circulation des voitures fonctionnant à l'essence.  

 

Août 1940  -  A propos de récents incidents.  -  Le maire de Caen rappelle que toutes manifestations, de quelque nature qu'elles soient, sont formellement interdites, aussi bien sur la voie publique que dans les établissements de spectacle.
Il déplore que, par le fait de quelque perturbateurs qui se sont livrés récemment, dans un cinéma de Caen, à une manifestation intempestive et déplacée, la population entière se trouve frappée d'une sanction générale, d'ordre de la Feldkommandantur.
Il en profite pour rappeler que le calme, la correction et la dignité sont le devoir de tous.

 

Août 1940   -    Déclaration des récoltes.  -   Tout détenteur, à quelque titre que ce soit, d'une quantité supérieure à cinq quintaux d'avoine, de maïs, d'orge ou de seigle, est tenu d'en faire la déclaration à la mairie de sa résidence, avant le 1er septembre 1940.

La libre circulation des céréales : avoine, maïs, orge et seigle, est interdite. Elle ne pourra être autorisée que dans les conditions qui seront fixées dans un arrêté ultérieur.

 

Août 1940   -   Interdiction des battages.   -   La Feldkommandantur du Calvados a changé la direction des services agricoles de faire connaître que l'autorité militaire allemande a décrété une interdiction générale des battages.

Les battages de la récolte de cette année ne commenceront qu'après un ordre formel des autorités militaires allemandes. Il est seulement permis actuellement de battre l'avoine nécessaire aux troupes d'occupation.

 

Septembre 1940   -   Interdiction de pêche.   -   La feldkommandantur vient de communiquer au Préfet du Calvados l'ordonnance suivante prises dans le but d'assurer la sécurité de  l'ensemble des ports de Caen et de Ouistreham.

il est interdit à la population civile de circuler en barque ou en canot, de prendre des bains, de pêcher à bord d'embarcations ; en outre, la pêche est interdite, dans les bassins du port de Caen, des Chantiers Navals et des Hauts-Fourneaux, dans un rayon de moins de 50 mètres de tous les ponts, dans l'avant-port et le port de Ouistreham, y compris le bassin des écluses ;   la pêche le long des rives du canal de Caen à la mer n'est autorisée que le de 8 h. à 20 h. (heure d'été allemande) et en tous cas à une distance minimum de 50 mètres d'un pont ;   il est interdit de pénétrer sur les quais et de circuler sur les rives du canal après 21 heures ;     il est interdit de stationner sur les ponts et sur les quais ;     toute   contravention à ces  règlements sera punie selon les dispositions du droit militaires.

 

Septembre 1940  -  Restrictions.  -  Les cartes d'alimentation sont instaurées. Le pain, la farine, le sucre, l'huile, les pâtes alimentaires, etc... seront strictement rationnés. Obligation est faite aux commerçants de déclarer leurs stocks.  

 

Octobre 1940  -  Les juifs.  -  Le recensement des juifs est ordonné dans toute la zone occupée par les allemands. Les autorités allemandes interdisent formellement d'écouter la radio  anglaise. La police française est chargée de faire respecter cet arrêté.  

 

Novembre 1940   -    Après un stupide sabotage.   -   Un incident très regrettable s'est produit la semaine dernière à la sortie de Caen, sur la route de Falaise et sur le territoire d'Ifs : Un câble militaire a été coupé.  L'auteur de ce sabotage, resté lâchement anonyme, a causé un préjudice considérable à la collectivité caennaise en compliquant la tâche de braves gens par des gardes pénibles. C'est par une lettre du lieutenant-colonel Elster, chef de la Feldkommandantur 723 que la mairie de Caen a été avisée.

 

Novembre 1940   -    Appel à la population caennaise.   -   Le maire de la ville de Caen appelle une fois de plus, de la façon la plus pressante, l'attention de ses concitoyens sur des faits regrettables récemment constatés. Des affiches apposées par l'autorité occupante, ou sur son ordre, ont été lacérées, mutilées ou maculées, parfois même ces affiches ont été  recouvertes d'inscriptions injurieuses.

Ces jours derniers un câble aurait même été coupé et ce fait a entraîné une sanction collective que subit toute la population. Ces actes sont commis par des lâches qui opèrent dans  l'ombre et en font supporter par les autres les conséquences. La police municipale est chargée de découvrir les coupables.

Le maire n'hésitera pas à déférer à l'autorité allemande les auteurs de ces actes qui subiront des peines exemplaires.

Le maire fait appel à la population pour l'aider à la recherche des coupables et pour signaler immédiatement à la mairie tous les cas de rupture de câbles.  

 

Novembre 1940   -   Au feu !   -   Un matin de la semaine dernière, un incendie éclatait  à l'imprimerie Ozanne et Cie, rue des Rosiers à Caen. A l'arrivée des pompiers, alertés par M. Le  Gal, directeur de l'Institution Saint-Joseph, le feu avait déjà entamé la toiture, menaçant de gagner l'immeuble. Mais grâce à la promptitude des secours, tout danger était écarté une  heure après.

Une machine, dite « bronzeuse », divers objets mobiliers et une certaine quantité de papier ont été détériorés. Les dégâts s'élèveraient à 25 000 francs. On présume que le feu a pris naissance dans la nuit, dans un tas de chiffons graisseux se trouvant dans un coin de l'atelier.  

 

Décembre 1940   -  Avis à la population.   -   Dimanche dernier, 1er décembre le maire de Caen, a fait savoir qu'il avait le regret d'informer la population qu'il venait de recevoir de M. Kreiskommandant la lettre suivante en date du 30 novembre 1940 :

« Le 28 novembre 1940, des câbles téléphoniques ont été coupés sur la route de Caen à Falaise environ 200 mètres au sud de l'entrée de Caen. Comme il s'agit d'un acte de sabotage des mesures d'expiation doivent être prises :

  Le maire sera placer des sentinelles masculines un un kilomètre à gauche et un kilomètre à droite des lieux du dégât, en espaces intermédiaires de 150 mètres, à partir du 2 décembre à midi.

   Il sera défendu aux habitants de Caen, de circuler de 19 heures à 8 heures, à partir du 2 décembre 1940 (midi) jusqu'au 10 décembre 1940 (midi).   Signé : Der Kreiskommandant ».

 

Janvier 1941   -   Avis important aux possesseurs de postes émetteurs de T. S. F.   -   Les postes émetteurs de T. S. F. installés dans les automobiles françaises doivent être, nous le rappelons, démontés entièrement. Les propriétaires de ces postes doivent en faire, sans délai, la claration à la préfecture du Calvados, 4éme  Division, service automobile.
Et de postes récepteurs : D'autre part, les propriétaires de voitures dans lesquelles sont installés des postes récepteurs de T. S. F. doivent également en faire connaître immédiatement à la préfecture du Calvados, 4éme Division, service automobile.
de voitures dans lesquelles sont installés des postes récepteurs de T. S. F. doivent également en faire connaître
immédiatement à la préfecture du Calvados, 4éme Division, service automobile.

 

Janvier 1941 - Au feu ! - Une nuit, un incendie a éclaté dans un bâtiment à usage de cave, au hameau de la Folie, à Caen, appartenant à M. Paul Fauvrard, mécanicien à Creully, et loué par M. Fouchard, débitant à La Folie.

Malgré les efforts des pompiers, accourus en hâte, la couverture a été détruite sur 20 mètres de long.  

Les dégâts sont estimés à 30 000 francs auxquels il y a lieu d'ajouter une partie du mobilier remisé par le locataire et non évalué. On ignore les causes du sinistre.  

 

Février 1941  -  Ne coupez pas les câbles !  -  Parce que c'est absurde, ça ne rime à rien, qu'à mettre les chefs allemands en colère et les amener à nous infliger des sanctions bien  pénibles. Croyez-vous qu'il soit agréable d'aller la nuit par 7 ou 8 au dessous de zéro faire les cent pas dans le vent et la neige ? Dans cette affaire là, les innocents paient toujours pour les  coupables. Un peu de bon sens et de raisons voyons ! Ne coupez pas les câbles.

 

Février 1941  -  Caen repunie...  -  Alors que se poursuivait encore la garde auprès des câbles sectionnés, rue des Jacobins, un autre méfait a été commis rue des Chanoines entraînant de nouvelles sanctions. Quand donc en aurons-nous fini avec ces lâches attentats anonymes qui déshonorent leurs auteurs causent à tous les caennais valides, des soucis et des fatigues supplémentaires dont il se passeraient bien ?...

 

Avril 1941   -   Punitions collectives.   -   Depuis mardi dernier, les caennais, qui montaient déjà la garde boulevard Dunois, la montent aussi rue de Falaise, à la suite de la rupture d'un nouveau câble, le 19 avril, de 13 h. à 16 h. Résultat : double garde, trois heures de faction au lieu de deux et menace d'une amende à la prochaine occasion.

Merci beaucoup, messieurs les vaillants saboteurs anonyme !..... Précisons que cette nouvelle garde se prend par 11 postes à organiser par la ville de Caen et 5 par la commune de d'Ifs.  

 

Mai 1941   -    Attention aux bombes non explosées !     -    La direction de la Défense Passive de Caen communique :

« A la suite des derniers bombardement aériens, il a été constaté, que parmi les bombes et engins lancés récemment, certains n'ont pas explosé. La population est, en conséquence, instamment prié.  a) de signaler immédiatement an Commissariat central de police la présence des dits engins. b) de ne pas approcher ou toucher ces bombes ou engins, sous aucun prétexte. Il y a danger de mort à commettre cette imprudence».  

 

Mai 1941   -   Curage du Grand Odon.   -   Pendant, neuf jours, du lundi 26 mai au mardi 3 juin inclus, il sera procédé sur le territoire des communes de Verson, Bretteville-sur-Odon, Venoix et Caen, au curage de la rivière le « Grand-Odon » pour rétablir le cours d'eau dans sa largeur et sa profondeur naturelles. A cet effet, le dimanche 25 mai, au coucher du soleil, toutes les eaux seront détournées dans le « Petit-Odon ». Le dimanche 8 juin, les dispositions seront prises pour faire rentrer les eaux dans le « Grand-Odon ». A partir du 3 juin, un  représentant des Ponts et chaussées vérifiera l'exécution des curages. Les maires des communes désignées ci-dessus dresseront un état des travaux restant à faire et les feront immédiatement exécuter aux frais des retardataires, de manière à ce que les travaux soient terminés, au plus tard, dans la journée du 7 juin.

Le recouvrement des dépenses faites sera opéré suivant les règles admises, comme en matière de contributions directes.

 

Juillet 1941   -   Des câbles ont été couplés route de Falaise.   -   M. le Maire de la ville de Caen a le regret d'informer la population qu'il vient de recevoir de M. le Feldkammandant la lettre suivante, en date du 30 juin 1941.  

Sur la route de Caen à Falaise, plusieurs câbles ont déjà été coupés à nouveau. Ces câbles étant fixés, le long de la route, sur des poteaux élevés, il s'agit sûrement d'un sabotage. J'ordonne, en conséquence, que ces câbles soient gardés par vingt postes placés par la ville de Caen.
Chaque poste est personnellement responsable de l'intégrité du câble dans son rayon. Qui ne remplit pas son devoir de garde encourt un châtiment. Toute infraction intentionnelle au devoir de garde, est punie de mort.
Les postes devront être placés suivant les indications de la Kreiskommandantur de Caen.
Des listes devront lui être présentées pour donner le nom, le temps et le lieu des postes particuliers. La garde commence le 1er Juillet, à 18 heures.
Le Felkommandant,  Signé : Elster, oberstleutnant.  


La dite lettre est accompagnée de la note suivante :  

Emplacement des postes .   -   Au croisement de la route de Caen-Falaise et de la route Ifs-Hubert-Folie. Ces postes doivent être établis ainsi, quinze postes dans la direction de Falaise, à une distance de cent mètres les uns des autres. Les postes tiendront la garde tout le temps.
En conséquence, le maire porte à la connaissance de ses administrés les décisions suivantes applicables à partir du mardi 1er juillet, à 18 heures.
Service de garde.
Tous les hommes valides, de 18 à 58 ans recevront, à tour de rôle, l'ordre d'avoir à assurer le service de garde nécessaire pour la surveillance des câbles, jour et nuit.
La désignation des hommes de garde sera faite dans l'ordre alphabétique, sans distinction de rue ni d'obligations professionnelles, l'âge et l'état valide entrant seuls en ligne de compte.
 Les listes de garde seront établies en prenant à la suite de la garde précédente, en suivant l'ordre alphabétique. Les gardes seront de trois heures chacune.
Au cas le requis ne se présenterait pas pour prendre la garde qui lui a été assignée, des pénalités immédiates seront prises contre lui, sans préjudice des sanctions infligées par la Cour Martiale allemande.

 

Février 1941  -  Des arrestations.  - Des militants communistes sont arrêtés par la police caennaise pour avoir fait de la propagande.

 

Mars 1941   -   De nouvelles sanctions à Caen.   -   Le maire de Caen a eu, dimanche, le regret d'informer la population qu'il venait de recevoir M. le Feldkommandant la lettre suivante, en date du 2 mars 1940 :

« Sur le boulevard Bertrand, à hauteur des établissements Binet, un câble de l'armée allemande a été coupé ces jours derniers et la bobine de liaison volée. Il s'agit d'un acte de sabotage. J'ordonne donc que le câble soit gardé par 25 gardes à une distance de 50 mètres l'un de autre, de telle façon qu'un garde se trouve au lieu de la coupure même et 12 gardes de chaque côté  sur la longueur du câble.

Les listes de gardes devront être transmises tous les jours avant midi à la Feldkommandantur. Commencement des postes de garde, 2 mars, à 18 h ».     Signé : le Feldkommandant.

 

Mai 1941  -  Un exploit.  -  C'est par le bouche à oreille que l'on apprend l'exploit des caennais qui ont réussi à s'emparer d'un avion sur la base de Carpiquet au nez et à la barbe des Allemands.

 

Mai 1941   -  Alerte aux avions !   -   On paraît croire volontiers que les requis pour la Défense Passive ne sont que des empêcheurs d'allumer le soir, alors que ces braves gens demeurent toujours prêts à se dévouer au moindre signal d'alerte. On l'a bien vu dimanche matin, à Caen, où les services caennais de D. P. avaient organisé un exercice d'entraînement dans le quartier Ste-Thérèse, sous la présidence de M. Poirier, adjoint au maire, directeur de la D. P. urbaine, assisté du dévoué et compétent M. Chapel, chef du secteur n° 6. Le maire,  des adjoints et conseillers municipaux, M. Gosselin, directeur départemental de la D. P., le Dr Fournier, médecin chef d'hygiène, assistaient à cet exercice ainsi que M. le major von dem Hagem et plusieurs officiers de la Feldkommandantur. Tous suivirent, avec un vif intérêt les différentes phases de l'opération et après une critique fort intéressante, tinrent à témoigner leur satisfaction à MM. Poirier et Chapel.

Le thème de l'exercice était le suivant : La ville est survolée par plusieurs vagues d'avions, des bombes tombent derrière le quartier Claude-Decaen, l'alerte est donnée. Quelques minutes après, tout le personnel de la D. P. est en place, avec médecins, infirmiers, brancardiers, pompiers, etc…., recherche, manipulation, soins des blessés, transport au poste de secours central (couvent de l'ancien Carmel, place de la Demi-Lune), déblaiement de tranchées obstruées, détection des gaz. manœuvres avec le masque, travaux de pulvérisation, lutte contre les bombes incendiaires, le tout compliqué d'incidents imprévus, tels que téléphone coupé, route d'accès obstruée, mise hors de combat de divers sauveteurs. Bref, cet exercice de Défense Passive fut  des plus actifs et des plus instructifs. On recommencera bientôt, dans le quartier de la rue Caponière... toujours pour « de rire », espérons-le.

  

Mai 1941   -  Avis à la Population.   -   La Feldkommandànthï du Calvados rappelle à la population que toute personne découvrant soit sur la voie publique, soit dans une propriété privée des objets ou imprimés suspects, tels, par exemple, que des tracts jetés par avion, doit en faire la remise à l'autorité militaire allemande la plus proche.  

 

Octobre 1941   -   Gare là-dessous !   -   Samedi matin, une des gargouilles de l'église St-Sauveur de Caen, dont les pierres étaient rongées, s'est détachée pour s'abattre devant la boutique de M. Ygout, marchand de couleurs, rue Froide. Une glace au-dessus de la vitrine de ce magasin a été brisée et le sol défoncé au point de chute, mais c'est miracle que personne n'ait été touché.

 

Novembre 1941   -   Harengs frais ! Harengs frais !   -   C'était un cri familier à Caen, lorsque l'automne ramenait sur nos côtes attiédies les énormes bancs de harengs qui, descendus du Nord et suivant le banc nourricier du plancton, viennent pondre dans la Manche. Comme chaque femelle pond plus de 60.000 oeufs, on conçoit qu'elle soit pressée de s'en débarrasser et qu'elle se laisse facilement, elle et son mari prendre dans les filets de nos pêcheurs.

Le fait est que, ces jours derniers, on en a rapporté des quantités dans nos ports de pêche. Où sont-ils passés ? Nous n'en avons pas vu la queue d'un ! Jamais pourtant cette manne d'hiver n'aurait été aussi bien accueillie. 

 

Mai 1942   -   Un attentat.   -    « L'odieux attentat qui avait, le 16 avril, causé à l'armée allemande la mort de plusieurs de ses membres, et, à la population française, de sévères représailles, vient de se renouveler, à 15 jours de distance, avec des conséquences aussi tragiques, à la même heure et au même lieu.

Il n'est pas un français digne de ce nom qui ne condamne un si abominable forfait et qui ne puisse souhaiter le châtiment des coupables. Tous les moyens de police français et allemands sont mis en oeuvre en vue de rechercher les auteurs de ces deux attentats. C'est un devoir pour la population que d'apporter à ces recherches toute la contribution possible.

Un Préfet du Calvados en flétrissant un acte aussi lâche, fait un pressant appel à ses administrés pour qu'ils sachent comprendre et remplir ce devoir. Il remettra une récompense de 200 000 francs à quiconque aura donné des renseignements dont l'exploitation aura permis d'arrêter les criminels ».                           Le Préfet : Henry GRAUX 

 

Mai 1942   -   Avis à la population.   -    Le commandant des forces d'occupation en France a publié, le 5 mai, l'ordonnance suivante :

« Dans la nuit du 1er mai 1942, à proximité de Caen, des éléments criminels ont, à nouveau, fait dérailler un train de l'armée allemande, mettant ainsi en danger la vie non seulement de militaires allemands, mais encore de civils français, qui, en vertu de mon avis du 18 avril 1942, doivent voyager dans chaque train allemand.

Cette fois encore, il ressort de tous les indices que les malfaiteurs sont des membres de l'ancien parti communiste, des juifs ou autres individus sympathisants avec ceux-ci.

Pour sanctionner ce lâche attentat,  le Militaerbefehishaber in Frankreich a ordonné ce qui suit :

  Les mesures qui ont frappé le département du Calvados, à la suite du premier attentat (nouvelle fixation de la durée du couvre-feu, heures de fermeture des restaurants et cafés, interdiction de toute sorte de spectacle et des réunions publiques) demeure en vigueur.

  30 communistes, juifs ou autres personnes sympathisants avec le milieu des auteurs de ce crime, ont été immédiatement fusillés.

  Si les coupables n'étaient pas arrêtés d'ici le 12 mai 1942 à minuit, un nombre beaucoup plus important de personnes appartenant aux mêmes milieux, seraient exécutées.

La population civile est invitée à contribuer activement à l'identification et à l'arrestation des criminels. C'est uniquement par cette contribution que le danger causé par les agissements de ces criminels et qui menace les français accompagnant les trains allemands pourrait être écartée. C'est le seul moyen d'empêcher les suites fâcheuses qu'entraînerait la répétition d'un semblable crime ». 

 

Juillet 1942   -   Une voix dans le désert.   -   Samedi dernier, un authentique combattant des deux guerres, ancien officier de carrière, quatre fois blessé, prisonnier en 1940, le commandant Baillon, officier de la Légion d'honneur, faisait au théâtre de Caen une conférence sur les « constatations et réflexions d'un prisonnier libéré ».

Annoncée plusieurs jours de suite dans la Presse, cette conférence était donc connue du public. Pourtant, sur les 70 000 habitants de notre ville, 250 à peine avaient daigné se déranger !

Ce que tout vrai français, homme de cœur et de réflexion, peut penser en comparant ces deux chiffres, point n'est besoin que nous l'écrivions ici... Donc, ce pèlerin des prisonniers, le commandant Baillon, qui fut officier d'ordonnance du maréchal Lyautey, parla avec loyauté et courage de nos chers captifs exilés, devant une salle aux trois quarts vide. A signaler toutefois la présence de MM. Asseline et Patry, adjoints au maire, Leconte, conseiller municipal et délégué départemental du Secours National, lui-même ancien prisonnier de guerre, du bâtonnier Delahaye, de M M.-Ch Renard, secrétaire général de la Mairie, de M. Lenoir, président du Groupe Collaboration, et du vice-président, M. Mercier, professeur à la Faculté des Sciences.

Dans une documentation très précise, le commandant Baillon situa l'atmosphère du camp, qui n'est ni une geôle, ni une station d'agrément, mais un lieu sévère et triste, où règne cependant une haute élévation de pensées, un noble altruisme et l'adhésion totale, absolue, au sauveur et seul chef de la France : le Maréchal Pétain. De ce dernier, le commandant Bailion exposa les nettes doctrines, rappela les messages et prouva que le seul chemin de salut était, à l'intérieur, dans l'union et la discipline des Français à l'extérieur, dans la formation d'un bloc européen, par une collaboration honorable et indépendante avec l'Allemagne. Il traita aussi du rôle important que doivent avoir les prisonniers libérés dans le relèvement du pays, par une absolue fidélité au Maréchal qui s'y connaît mieux que quiconque en patriotisme et n'a de leçons à recevoir de personne.

L'auditoire témoigna au conférencier par son attention soutenue l'intérêt qu'il prenait à son fervent exposé, lui prouvant ainsi qu'à défaut du nombre, il avait su grouper la qualité. (Bonhomme Normand)

 

Juillet 1942   -   Une évasion.   -   Victor Lechevalier, 32 ans, qui s'était évadé le 17 juin du Palais de Justice de Caen alors qu'il devait comparaître devant la Cour d'Appel de notre ville et qui avait été arrêté ces jours-ci, avait de nouveau pris la fuite après avoir réussi à percer le mur de la cellule de la caserne de gendarmerie. Il a été rejoint et arrêté près de Granville puis dirigé sur Caen sous bonne garde. (Bonhomme Normand)

 

Juillet 1942   -   Grave méfait de bandits à Caen.   -   Un acte de banditisme d'une audace et d'une rapidité presque incroyables, s'est produit vendredi, au Crédit Industriel de Normandie, rue de Geôle.

L'après-midi débutait et le caissier, venant de prendre sa caisse à la salle des coffres, remontait l'escalier débouchant dans le hall, quand, au haut des marches, un homme se détacha soudain des clients, s'approcha de lui, et, lui mettant un revolver sous le nez, lui arracha sa cassette qui contenait 2 millions environ d'argent liquide. En vain, le caissier tenta de résister, le sous-directeur se précipita pour intervenir, mais un deuxième bandit, que personne n'avait remarqué et qui se trouvait près de la porte, intervint et braqua à son tour son pistolet sur le sous-directeur, le tenant en respect ainsi que les autres témoins, tandis que son compagnon, toujours armé lui aussi, reculait vers la porte et dévalait l'escalier.

Puis les deux hommes sautaient dans une auto en station devant l'immeuble, dont le moteur tournait et qui démarrait en vitesse vers la rue du Tour-de-Terre. Le tout n'avait pas duré plus de trente secondes... La Police, aussitôt alertée, enquête et confronte sans trêve tous les témoignages susceptibles d'aider à la découverte des bandits. On connaît le nº de l'auto (Citroën 6724-C.T.- 4) qui est une voiture volée, ainsi que le signalement de l'agresseur (1 m. 75, vêtu de gris, cheveux bruns, visage glabre, grands yeux noirs. assez maigre) et de son complice (1 m. 65, vêtu de marron).

Les deux hommes, qui connaissaient parfaitement les lieux et les habitudes du caissier, avaient minutieusement préparé leur coup. Le montant de leur vol (2 millions environ) est largement couvert par des assurances.

Cette scène, rappelant les opérations de gangsters qui ensanglantèrent notre ville il y a un an, a semé un vif émoi dans notre vieille cité.

-  Après cinq jours d'actives recherches, les enquêteurs ont établi :

1° que les bandits étaient au nombre de trois : deux agresseurs et un chauffeur.

  que l'auto était une Citroën traction avant noire. 11 CV. roues rouges, pneus « pilotes ». Elle pourrait avoir été volée chez M. Cavrois, au Mesnil-Durand, près de Livarot. Mais, fait étrange. cette voiture n'était pas en état de marche, n'ayant ni accus, ni essence ! Rien ne dit qu'il y ait corrélation certaine entre ce vol mystérieux et l'affaire de la rue de Geôle.

  Les trois bandits ont été vus. dans leur voiture « cassant la croûte » la veille de l'agression, dans un chemin creux de la campagne, entre Mézidon et Lisieux.

Un cultivateur digne de foi a même relevé le numéro : 6 724 CT 4.

  Ce numéro est de hasard, c’est celui d'une voiture ayant appartenu à M. Camors, forain bien connu en Calvados, qui se trouve actuellement à Vire. Mais cette voiture était une Peugeot abandonnée dans le Pas-de-Calais, lors de l'exode. M. Camors en a gardé la carte grise et a été très surpris quand on lui a demandé des renseignements. -  Sur ces renseignements aussi vagues que décevants, l'enquête est poussée avec zele. (Bonhomme Normand)

 

Juillet 1942   -   Au Stade Malherbe Caennais.   -   Le vieux club « bleu et rouge » a tenu son assemblée générale annuelle lundi soir dans la grande salle de la Chambre de Commerce.

Après que l'assistance eut observé une minute de silence à la mémoire des stadistes morts au cours de la campagne 1939-40, M. Grégoire, président, prit la parole pour dresser un rapide bilan de l'année sportive 1941-1942 et féliciter tout spécialement l'équipe première de football, vainqueur de la Coupe de Normandie et la Section d'Athlétisme, champion de Normandie par équipe.

Les rapports des différentes sections du Club furent écoutés avec intérêt et M. Grégoire déclara la séance levée après avoir demandé aux footballeurs et aux basketteurs de pratiquer plus activement l'Éducation physique et l'athlétisme afin de se trouver au mieux de leur condition dès la reprise des compétitions. (Bonhomme Normand)

 

Juillet 1942   -   Interdiction de transporter du beurre.   -    Les expéditions de beurre par envois de colis familiaux se sont multipliés dans des proportions exagérées et il en résulte qu'elles compromettent la collecte de beurre sur laquelle le Ravitaillement général est en droit de compter.

Le Conseil des Ministres décidé de rapporter cette disposition libérale et de ne plus tolérer aucun transport de cette denrée, sans autorisation, aussi minime que soit la quantité transportée.

Cette interdiction s'appliquera : 1º aux colis enregistrés ou expédiés par chemin de fer ou par tout autre mode de transport, public ou privé ; 2º aux colis transportés à la main ; 3º aux paquets expédiés par poste.

La situation difficile des approvisionnements en matière grasse a déterminé le gouvernement à prendre ces dispositions et des mesures de contrôle très sévères vont être exercées à cet effet. (Bonhomme Normand)

 

Juillet 1942   -   On demande des volontaires garde-voies.   -   La préfecture communique :

«  Nos communes rurales, peu peuplées, participent dans de grandes proportions à la surveillance des voies ferrées. Le tour de garde de leurs habitants revient plus fréquemment que celui des villes. Les travaux des champs souffrent de cet état de choses. Pour que les cultivateurs et les ouvriers agricoles se consacrent entièrement à la terre, le Préfet du Calvados fait appel aux jeunes gens, aux rentiers, aux retraités, de bonne constitution physique, qui consentiraient à assurer la garde des voies ferrées, la nuit, dans le département du Calvados.

Les intéressés. qui doivent être de nationalité française, âgés de moins de 60 ans, être en résidence à moins de 5 kms de la voie ferrée, peuvent se faire Inscrire au Commissariat Central de Caen dans les commissariats de police de quartier, les brigades de gendarmerie, les mairies. Ils bénéficieront d'un salaire horaire, des allocations familiales, des Assurances Sociales, des congés payés et de bons supplémentaires de ravitaillement. » (Bonhomme Normand)

 

Août 1942   -   Une imprudence.   -   Descendant du train de Paris, à midi 10, à Caen, une parisienne, Mme Henriette Strahborn, 58 ans, rue Vidal-La-Blache (20e) circulait, rue de la Gare, le long de la voie du petit train Caen-Luc, lorsque, devant l'hôtel de l'Ouest, elle fut happée et traînée sur 18 m. par la locomotive d'un convoi partant à la mer.

Relevé avec une jambe broyée, la malheureuse victime fut portée en ambulance dans une clinique. Son état demeure serieux, mais non alarmant. (Bonhomme Normand)

 

Août 1942   -   Avis aux populations.   -   Malgré plusieurs avertissements, le calme a de nouveau été troublé sur certains points de la France occupée. Des attentats ont été perpétrés contre des soldats allemands par des terroristes communistes à la solde de l'Angleterre.

Conformément à ce qui a été annoncé à maintes reprises, les mesures les plus sévères ont été prises pour répondre à chaque attentat. J'ai, en conséquence, fait fusiller 93 terroristes qui ont été convaincus d'avoir commis des actes de terrorisme ou d'en avoir été complices.

J'invite la population française, dans son propre intérêt, à aider, par une extrême vigilance, à la découverte des machinations terroristes, faute de quoi je serai obligé de prendre des mesures dont toute la population aura à souffrir.

Der Hoehere SS-und Polizeifuehrer im Bereich des Militäerbefehlshaber in Frankreich. (Bonhomme Normand)

 

Août 1942   -   Note aux commerçants.   -   La Préfecture a eu son attention attirée par les autorités d'occupation sur les faits

suivants : depuis un certain temps des commerçants exigeraient des soldats de l'Armée allemande, des autorisations de la Feldkommandantur pour l'achat de diverses denrées telles que du papier à lettres ou d'emballage, ainsi que pour des objets de verrerie, etc…

Il est rappelé aux commerçants que de semblables autorisations ne sont réclamées que pour la vente des marchandises contingentées dont la délivrance aux consommateurs est subordonnée à la présentation des cartes de rationnement. (Bonhomme Normand)

 

Août 1942   -   Les rations de septembre.   -   Voici les caractéristiques essentielles des prochaines feuilles de tickets qui seront distribuées pour être valables à partir du 1er septembre :

        Feuille de tickets de pain : cette feuille sera délivrée en échange du coupon no 6 de septembre et dans les conditions habituelles.

        Feuilles de tickets de viande : coupon no 7 de septembre et dans les conditions habituelles. On remarquera cependant que les vignettes d'inscription - boucherie et charcuterie - ont été remplacées par quatre tickets d'inscription portant chacun en plus de l'indication de la feuille - U. M ou R - une des lettres

W. X. Y. Z.  L'emploi de ces tickets sera précisé ultérieurement.

        Feuille de tickets de denrées diverses, coupon nº 7 de septembre, déjà utilisé par la feuille de tickets de viande. A noter que l'ordre des tickets a, j-b, j-c et j-d a été inversé et que les tickets-chiffres de matières grasses de la catégorie p, ne correspondent qu'à un total de 50 grammes.

        Feuille de tickets de pommes de terre, coupon nº 8 de septembre, valable du 1er septembre 1942 au 28 février 1943. Il comporte des tickets numérotés de 54 à 83 et non affectés à des mois déterminés, des tickets affectés aux inscriptions mensuelles, au verso des cases pour l'inscription mensuelle.

        Feuille de tickets supplémentaires pour travailleurs de force, coupon no 4 de septembre. (Bonhomme Normand)

 

Août 1942   -   Les suites d’un vol à main armée.   -   Les bandits qui, le 17 juillet dernier, sous la menace de revolvers, dans le hall du « Crédit Industriel de Normandie », rue de Geôle à Caen, délestèrent le caissier d'une cassette contenant plus de 2 millions, viennent d'être arrêtés à Paris.

Ce sont de dangereux personnages inconnus dans notre région mais qui avaient été mêlés ailleurs à d'autres méfaits importants. (Bonhomme Normand)

 

Août 1942   -   Mort pour la France.   -   Un jeune caennais, M. Édouard Jeffrotin, tombé au champ d'honneur, a fait l'objet de la citation posthume suivante : « Jeffrotin Édouard, soldat de 1re  classe au 46e régiment d'infanterie, soldat plein de courage et de dévouement.

A fait preuve de belles qualités de combattant au cours des durs combats auxquels sa section a pris part le 10 juin 1940. Mortellement blessé à son poste de combat. » (Bonhomme Normand)

 

Août 1942   -   Incendie.   -   Un très violent incendie, dont on ignore encore les causes, a détruit, dans la nuit de vendredi à samedi, toute l'aile gauche des bâtiments à usage d'ateliers - longue de près de 100 m, - des Établissements Roy, travaux publics, situés au bout de la rue Basse, à Caen, en face du pont de Calix. C'est le curé de St-Jean-Eudes, dont le presbytère est proche des Etablissements Roy, qui, réveillé par les flammes vers 3 h. 30 du matin, donna l'alerte.

Malgré la prompte intervention des pompiers, le feu, se propageant très vite dans les bâtiments de bois contenant des matériaux et matières très combustibles, ne put être maîtrisé que 3 h. après.

Les dégâts s'élèveraient à 3 millions. En tout cas, les nombreux ouvriers qu'occupent cette entreprise ne seront pas en chômage du fait de ce sinistre. (Bonhomme Normand)

 

Août 1942   -   Un accident.   -   Un jeune mécanicien caennais, Robert Tribouillard, 23 ans, demeurant rue du Pont-Créon, nettoyait le gazogène de son patron, M. Lacroix, garage Terminus, rue Général-Moulin à La Maladrerie, lorsqu'une explosion se produisit soudain. Relevé à demi-asphyxié et blessé à une jambe, le mécanicien a été hospitalisé, puis ramené chez lui, son état n'étant pas inquiétant. (Bonhomme Normand)

Septembre 1942   -   Avis aux populations.   -   Les recommandations qui suivent sont de nouveau rappelées à l'attention de la population :

Il est défendu de cacher, d'héberger ou d'aider, de quelque façon que ce soit, tout membre d'un équipage d'avion ennemi, ou tout parachutiste ennemi. Toute contravention est punie de mort.

Quiconque trouve du matériel d'aviation, ou n'importe quel objet jeté d'un avion est obligé d'informer, immédiatement, le service de l'armée allemande le plus proche et de lui fournir les renseignements exacts relatifs à l'endroit et au moment de la découverte.

Tout matériel d'aviation et tout objet Jeté d'un avion doit être laissé intact à l'endroit où il a été trouvé. Quiconque se sera approprié du matériel d'aviation ou tout autre objet quelconque lancé d'un avion ou provenant d'avions abattus, ou d'avions faisant un atterrissage forcé, sera traduit devant un conseil de guerre allemand, il en sera de même pour quiconque aura négligé d'avertir immédiatement le service de l'armée allemande le plus proche ou aura détruit ledit matériel ou lesdits objets.

Quiconque aura indiqué, Immédiatement, à l'autorité militaire allemande la plus proche, avec tous les renseignements relatifs à l'endroit et à l'heure de sa découverte la présence d'avions abattus ou ayant fait un atterrissage forcé ou de pièces d'avions, permettant de conclure avec certitude à la chute d'un avion, sera récompensé dans la mesure ou l'avion aura pu être localisé grâce à ces renseignements. De même sera récompensé quiconque se sera assuré de la personne de tout parachutiste ennemi ou de tout membre d'un équipage d'avion ennemi, ou aura contribué à leur arrestation par son attitude.

Der Militaerbefehlshaber in Frankreich. (Bonhomme Normand)

 

Septembre 1942   -   L'indiscipline punie.   -   De nombreux industriels laitiers du Calvados dont la plupart des plus importants, avaient sciemment passé outre aux instructions du Ravitaillement général en fabriquant d'importantes quantités de fromages, grâce au surplus de leur production autorisée, au lieu de réserver le lait à la fabrication beurre.

Ils ont ainsi soustrait 18 000 ks de beurre à la collecte, soit la ration mensuelle de 50 000 consommateurs.

M. Le Roy Ladurie, ministre de l'Agriculture et du Ravitaillement, a donc décidé des sanctions, sous forme d'amendes professionnelles calculées sur la base de la valeur des fromages fabriqués irrégulièrement.

Le total de ces amendes, qui vont de 18 000 à 450 000 fr. par maison, selon l'importance de la fabrication, s'élève à près de 2 millions et demi. (Bonhomme Normand)

 

Septembre 1942   -   Un beau geste.   -   L'autre semaine, pendant cinq jours, dans la commune de Bréville l'on pouvait voir petits gars du Patronage Saint-Gilles de Caen que les habitants de Bréville avaient bien voulu recevoir afin de leur procurer non seulement le bienfait du grand air, mais aussi celui d'une nourriture saine et copieuse... ce qui n'est pas à dédaigner actuellement.

A la demande du Maire de Bréville, tout le monde avait tenu à contribuer au ravitaillement de ces petits citadins. Ils sont rentrés le samedi soir, peut-être un peu fatigués, mais certainement enchantés de leur séjour à la campagne.

Aussi M. l'abbé Dentz, directeur du Patronage, ses auxiliaires et les enfants expriment ils toute leur reconnaissance aux habitants de cette commune si hospitalière. (Bonhomme Normand)

 

Septembre 1942   -   Une dénonciation.   -   A la suite d'une dénonciation anonyme adressée au Parquet de Caen et signalant des faits d'avortement, une enquête discrète de la Police vient d'aboutir à l'arrestation de la femme Geneviève Roger, 28 ans, sans profession, vivant en concubinage, rue Haute, à Caen. Cette personne a dû avouer avoir avorté d'une enfant de 7 mois de gestation Des investigations se poursuivent. (Bonhomme Normand)

 

Septembre 1942   -   Les vols de denrées.   -   M. Robert Denize, 33 ans, faisant fonctions d'ingénieur du Génie Rural à Caen, et domicile rue d'Auge, qui s'était rendu coupable, dans son service, de vol de bons d'essence (800 litres) et de bons matière (200 kilos), « pour rendre service », vient d'être condamné à 1 an de prison par le Tribunal correctionnel de Caen. (Bonhomme Normand)

 

Septembre 1942   -   Une évasion.   -   Comme 17 détenus de la Maison d'arrêt de Caen, après une journée de travail dans les champs, rentraient par le chemin qui va de la Maison Centrale à la prison, l'un d'eux, Louis Baucher, 32 ans, originaire de Cormolain et demeurant à St-Paul-du-Vernay, trompant la surveillance d'un gardien, s'éclipsa.

On le rechercha en vain, mais l'on devait apprendre que le détenu, dont la veste fut retrouvée près de ià, s'était enfui le long de la voie ferrée et que là. Il avait trouvé une bicyclette amenée par un complice au courant de ses projets.

Le signalement du fugitif a été diffusé partout. (Bonhomme Normand)

 

Octobre 1942   -   Une dénonciation.   -   Récemment, M. Charles Chevallier, 32 ans, imprimeur, rue du Gaillon, à Caen, portait plainte contre l'auteur d'une lettre anonyme l'accusant d'appartenir au parti communiste.

L'enquête devait permettre de découvrir que l'auteur de cette lettre n'était autre que la propre femme de l'imprimeur. Celle-ci, née Jeanne Levivier, 30 ans, en instance de divorce, vit actuellement avec un nommé Roland Jeanne, 19 ans, domicilié rue des Teinturiers. Jeanne a reconnu que son amie avait écrit la lettre pour se débarrasser de son mari.

Une sévère sanction s'impose, car les dénonciations calomnieuses et anonymes se multiplient fâcheusement. (Bonhomme Normand)

 

Octobre 1942   -   Une dénonciation.   -   Une lettre anonyme accusait dernièrement Mme Demore, débitante, rue Caponière, à Caen, d'avoir volé 300 kilos de charbon.

Or, elle ne les avait pas volés, mais reçus gracieusement de Mme D. Drouville, et porta plainte contre inconnu pour cette dénonciation calomnieuse. Les coupables, car il y en avait deux ! furent vite retrouvées. Ce sont Mme Andrieux, rue Caponière, qui avait rédigé et dicté la lettre, et Mme Jeanne Blais, 25 ans, femme de ménage, même rue, qui, après avoir écrit le billet, était allé le mettre à la poste.  Les deux femmes seront poursuivies. (Bonhomme Normand)

 

Octobre 1942   -   Une p'tite histoire de t'chulottes.   -   Une Caennaise chent por chent m'envye c'tte p'tite histoire qu'a certifie authentique :

« Je m' trouvais y a quéque temps au Marché es puches d'vant la Paissonnerie où qu'y avait un étalage d'bonneterie.

J'examinais des solides t'chulottes roses molletonnées qui n'avaient guère d' ressemblanche aveuc les slips et les t'chulottes d'soie.

Mais por l'hiver sans chauffage, l'éléganche n'compte pus guère.

J'examinais donc sans m'presser les t'chulottes d'molleton en question quand v'là qu'eune brave femme arrive aupreus d'mei et s'informe du prix.

No li dit et v'là qu'a s'écrie touot d'un coup : « Chent chinquante

francs eune malheureuse t'chulotte ! Jésus, Marie ! C'est-il possible ?... A çu prix là, j'aime mieux aller l'l'chu à l'air !... » (Bonhomme Normand)

 

Octobre 1942   -   L’accès en zone côtière.   -   Désormais, les habitants du Calvados qui n'ont pas leur domicile ou leur résidence habituelle dans la zone côtière interdite ne peuvent y accéder que munies d'un laissez-passer spécial, à l'exception toutefois des jeunes gens de moins de 16 ans.

Les demandes de laissez-passer devront être présentées sur un formulaire spécial au Maire du lieu de résidence ; elles ne seront délivrées que pour une localité déterminée, et pour un court délai. Elles ne seront attribuées que pour des raisons impérieuses, à l'exclusion de toutes questions personnelles ou familiales.

Les personnes résidant en zone côtière interdite qui délaissent leur domicile, même pour un laps de temps très court, doivent être en possession d'une carte d'identité et d'un certificat de résidence délivrés par le Maire de la localité ; ces certificats ne pourront être remis qu'aux personnes résidant en zone côtière interdite depuis plus de six mois.

Les personnes de la zone côtière interdite qui transféraient leur habitation en dehors de cette zone ne peuvent y retourner qu'avec une autorisation de la Kreiskommandantur de Caen. Les personnes qui désirent changer de domicile à l'intérieur de la zone côtière interdite doivent solliciter l'autorisation préalable de la Kreiskommandantur.

Seuls les habitants de la zone côtière interdite peuvent à l'avenir, et munis à la fois de leur carte d'identité et du certificat de résidence prescrites, se rendre dans les zones côtières des départements limitrophes. Toutes les autorisations spéciales pour l'exercice du commerce ambulant dans la zone côtière interdite sont annulées.

Ces mesures sont rigoureusement appliquées a partir du 8 octobre, et toute personne qui se mettrait en contravention avec la présente réglementation se verrait infligée des peines sévères. (Bonhomme Normand)

 

Octobre 1942   -   Retour au foyer.   -   Dimanche derniers, 30 prisonniers bas-normands, libérés par suite de réforme, arrivaient à midi, en gare de Caen, par le train de Paris. Sur le quai, MM. Peret, représentant le préfet ; Détolle, maire ; La Touche, délégué à l'Information, et diverses personnalités, attendaient les rapatriés.

Spectacle toujours profondément émouvant : Dans la foule, un homme au visage fatigué par le long voyage, serre dans ses bras tremblants une femme et une fillette en pleurs. C'est M. Louis Chevreuil, 33 ans, cordonnier, rue de Bayeux, que sa famille est venue chercher. Près de lui, voici M. Julien Cottin, 37 ans, rue des Carmes, ouvrier du Bâtiment, marié lui aussi, et père de deux enfants. D'autres sont de Vire, Condé-sur-Noireau, Fierville-la-Campagne, Grimbosq, Le Quesnay, La Délivrande.

Au total, 14 pour le Calvados et 16 pour la Manche. Point de discours, cette fois : seulement des souhaits de bienvenue, de très cordiales poignées de mains, les questions affectueuses et rituelles sur la santé, le séjour là-bas, le bonheur du rapatriement. Et avant le définitif retour au foyer en fête, il y eut un déjeuner réparateur à la Maison du Prisonnier précédant les opérations de démobilisation, ultimes formalités militaires subies, celles-la, avec joie et, empressement ! (Bonhomme Normand)

 

Octobre 1942   -   Une agression de bandits à Caen.   -   On se souvient qu'en juillet dermier, des bandits armés, postés à l'intérieur de la banque du Crédit Industriel de Normandie, rue de Geôle à Caen, arrachaient au caissier sa sacoche contenant 2 millions, et disparaissaient.

Un acte de banditisme identique vient de se dérouler vendredi dernier, 16 octobre : Deux employés du Comptoir d'Escompte avaient quitté la succursale caennaise de cette banque, chargé de plusieurs sacoches, contenant quelques centaines de mille francs.

Rue St-Louis, près de la Banque de France, l'un d'eux, M. Daveux, fut interpellé par un automobiliste qui lui demanda un renseignement. Brusquement, lorsque Daveux s'éloignait, après avoir répondu, l'automobiliste se jeta sur lui, le frappant avec un coup de poing américain. Le compagnon de M. Daveux, M. Campain, se porta à son secours. Mais il fut lui-même attaqué par un second individu sorti de l'auto et armé d'une mitraillette. La scène rapide avait heureusement alerté des passants qui se précipitèrent au secours des deux employés de banque.

Sentant leur coup raté, les bandits remontèrent dans l'auto qui démarra et disparut par la place Maréchal Foch et le cours Sadi-Carnot, vers Vaucelles. Les recherches se poursuivent activement. L'auto était Citroën noire avec un faux numéro :

5313 CT 4. On possède le signalement assez complet des agresseurs : deux individus imberbes de 30 à 35 ans, vêtus proprement, l'un d'un complet marron, L'autre d'un bleu, sans pardessus ni gabardine et portant des lunettes noires.

Des explications des employés de banque, il ressort que les bandits, en même temps qu'ils les menaçaient de leurs armes, ont essaye d'arracher les sacoches, mais en vain. (Bonhomme Normand)

 

Novembre 1942   -   Découverte macabre.   -   La semaine dernière, un agent caennais était prévenu qu'un cadavre gisait dans une tranchée-abri de la promenade St-Julien. Il s'agissait d'un homme de 64 ans, vêtu modestement et n'ayant sur lui aucune pièce d'identité.

L'enquête a établi que c'était un nommé Octave Retout, ex-employé de la S. M. N., ayant demeuré 11, rue Porte-au-Berger. (Bonhomme Normand)

 

Novembre 1942   -   Un vol.   -   Un vol important de feuilles d'alimentation vient d'être découvert au siège même des services du Ravitaillement général du Calvados, rue St-Louis, à Caen.

Depuis un certain temps, le gardien de nuit, André Harel, 44 ans, habitant à Cormelles, dérobait chaque mois 200 à 300 feuilles d'alimentation parmi les centaines de mille dont cet organisme assume la répartition. C'était peu et ça ne se voyait guère.

Ces manquements étaient portés au compte des pertes et l'on

n'en parlait plus. Mais enhardi par l'impunité, Harel prenait, le 3 novembre, 1 300 feuilles d'un coup. Après quoi, il vint déclarer qu'il avait été, au cours de la nuit précédente, attaqué par plusieurs individus. Assommé, il n'avait pu opposer la moindre résistance, et les malfaiteurs s'étaient servis. Revenu à lui, le gardien avait continué sa garde, puis était retourné chez lui pour se restaurer, avant de revenir rendre compte de sa prétendue mésaventure à son chef de service.

Celui-ci constatait aussitôt que 1 300 feuilles avaient disparu et alerta la Police qui ne tarda pas à confondre Harel. Au cours d'aveux complets, le gardien reconnaissait ses vols antérieurs qu'il écoulait à Paris, soit directement, soit par l'intermédiaire d'une bande de trafiquants. A son domicile, on devait trouver des titres d'alimentation en assez grande quantité, ainsi qu'une somme de 70 000 fr.

Harel a été écroué et un mandat d'arrêt lancé contre ses complices. (Bonhomme Normand)

 

Novembre 1942   -   Un accident.   -   Dernièrement, le cadavre d'un homme était trouvé dans une tranchée-abri des Fossés-St-Julien.

Une nouvelle découverte macabre était faite ces jours-ci non loin de cet endroit, exactement place St-Martin. Il s'agissait cette fois d'une femme, la veuve Leroux, 68 ans, originaire de la Seine-Inférieure.

L'examen du corps a conclu à une mort naturelle. (Bonhomme Normand)

 

Novembre 1942   -   Nécrologie.   -   Le sous-chef de la Sûreté locale Édouard Besnard est mort le 6 novembre au soir, à la clinique du Bon-Sauveur, des suites de blessures reçues en service commandé.

On se souvient, en effet, que le policier était tombé le 27 juillet 1941, grièvement atteint par les balles du dangereux bandit Hopper alors qu'il s'apprêtait à appréhender celui-ci, rue de La Délivrande.

M. Besnard avait alors subi une première opération chirurgicale, mais une balle de revolver qui s'était logée contre la colonne vertébrale, n'avait pu être extraite. Après une longue convalescence, il avait pu prendre un petit poste d'aide-préparateur à la Faculté des Sciences, mais, souffrant chaque jour davantage, il avait dù quitter son emploi, il y une à dizaine de jours. Une nouvelle opération était tentée, mais hélas le malheureux ne fut pas en état de la supporter.

Entré dans la police municipale comme agent stagiaire le 1er mars 1923, le sérieux et la conscience professionnelle de M. Besnard le firent nommer quelques années plus tard sous-brigadier de la Sûreté. Nommé inspecteur sous-chef de 2 cl. en janvier 1938, il fut élevé à la 1re cl. le 1er juillet 1942.

Le défunt, qui était âgé de 42 ans, était titulaire de la médaille d'honneur « Courage et dévouement ».

Nous prions Mme Besnard et sa famille d'agréer nos bien sincères condoléances. (Bonhomme Normand)

 

Novembre 1942   -   Infanticide.   -   Accusée d'avortement, Louise Delisle, 27 ans, sans profession, demeurant rue de Falaise, à Caen, était mise à la disposition de la Police. Mais l'enquête devait établir que cette jeune femme, après avoir vainement pratiqué sur elle-même des manœuvres abortives, avait mis au monde une petit fille qu'elle avait étouffée puis jetée dans l'Orne. Ces faits remontent au mois de février.

La mère criminelle a été écrouée sous les graves inculpations de tentative d'avortement, infanticide et suppression d'enfant. (Bonhomme Normand)

 

Décembre 1942   -   Un accident.  -   Nous avons relaté la semaine dernière, le grave accident survenu quai Vendeuvre à Caen un enfant, Serge Valognes, 6 ans, demeurant rue Basse, chez ses parents, débouchant derrière une auto en station, s'est jeté sur une autre auto, pilotée par M. Marcel Leclerc, chauffeur, rue d'Auge, et a été heurté par la poignée d'une portière. Blessé très grièvement à la tête, le pauvre petit est mort à l'hôpital ou il avait été transporté. (Bonhomme Normand)

 

Janvier 1943  -  Sabotage.  -  Les installations du port de Caen ont été sabotées, portant un préjudice grave à son activité.

 

Janvier 1943   -   Le feu à l'Imprimerie Caennaise.   -   Caen, ville de sapience et cité des imprimeurs, vient d'être profondément affectée par le grave incendie qui vient de ravager une de ses plus vieilles imprimeries, l'Imprimerie Caennaise, rue Froide, dirigée depuis 23 ans par M. Joseph Robert, et qui fut, si longtemps, l'imprimerie du « Bonhomme » ... Le dimanche 27 décembre, vers 6 h. 40, un voisin était réveillé par une épaisse fumée, l'imprimerie était en flammes.  Vite, il donna l'alarme et, bientôt, les pompiers étaient sur les lieux. Hélas ! il n'y avait pas de bouche d'eau à proximité et il fallut dérouler une grande longueur de tuyaux, jusqu'à la rue des Croisiers d'un côté, et jusqu'à la rue St-Pierre de l'autre.

Malgré ces difficultés, il était à peine 7 h. 15, quand l'incendie fut attaqué de deux côtés. Mais déjà le fléau avait fait des progrès rapides grâce à la grande combustibilité des matières rencontrées. Les flammes s'élevaient très haut et de nombreuses flammèches projetées dans les environs, constituaient un danger permanent pour les immeubles voisins, souvent vétustes.

Fort heureusement il n'y avait pas de vent, car ce sérieux sinistre aurait pu se transformer en véritable catastrophe. Vers 8 h. 15, les pompiers, grâce à leur courage et à leur zèle, étaient maîtres du feu. Les dégâts, assurés, dépasseraient 3 millions. Déjà, en 1925, l'Imprimerie Caennaise avait été en partie ravagée par un incendie qui fit plus de 200 000 fr. de dégâts.

Nous tenons à noter que malgré le nouveau sinistre dont elle vient d'être victime, l'Imprimerie Caennaise a pu continuer ses travaux. (Bonhomme Normand)

 

Janvier 1943   -   Un accident.   -   Pour effectuer quelques travaux dans la cour du Lycée Malherbe, à Caen, M. René Duval, 39 ans, menuisier, rue de Bretagne, était monté à une échelle, à 6 m. 50 de haut.  Soudain, sans qu'on sache pourquoi, le malheureux tomba à terre : On le releva mort. (Bonhomme Normand)

 

Janvier 1943   -   Un accident.   -   - M. Édouard Adam, directeur de l'école de la rue du Tour-de-Terre, à Caen, a été trouvé inanimé sur la route de Falaise, près de Curcy.

Le malheureux qui rentrait chez lui en vélo, avait fait une chute de machine et portait une terrible blessure à la tête. Il est mort dans une clinique de Caen où il avait été transporté.

L'enquête n'a pas permis jusqu'ici d'établir les causes exactes de ce terrible accident. (Bonhomme Normand)

 

Janvier 1943   -   Découvertes macabres.   -   Lundi dernier, un agent caennais a découvert, flottant dans le bassin, quai de la Londe, près des Ponts et Chaussées, le cadavre d'un noyé. Il s'agissait de M. Henri Théroult, 40 ans, magasinier, avenue Guynemer, disparu depuis le 21 décembre.

-       Un inconnu s'est jeté volontairement dans l'Orne, à Caen, à hauteur de la nouvelle passerelle. Les recherches n'ont pas permis de repêcher le désespéré dont la bicyclette, ne portant aucune plaque d'identité, a été retrouvée près de la rivière. (Bonhomme Normand)

 

Janvier 1943   -   Un accident.   -   Une panne d'électricité s'étant produite chez le gérant de la Société Normande d'Alimentation, rue de l'Église, à la Maladrerie, à Caen, un voisin, M. Maurice Creneguy, 33 ans, facteur à la S. N. C. F., domicilié rue l'Église, s'offrit à réparer la panne. Il installa une échelle sur un puits couvert avec des planches et allait procéder à la réparation. Soudain, l'échelle passant au travers des planches pourries, tomba au fond du puits, entraînant l'homme dans sa chute.

M Creneguy fut tiré du fond du puits profond de 30 mètres, par les pompiers de Caen, alertés. Il fut transporté à l'hôpital avec de graves contusions à la tête, au cœur et au ventre. Ses jours, néanmoins, ne seraient pas en danger.

On espère que cet accident, qui aurait pu être tragique, décidera les autorités compétentes à faire combler les nombreux puits taris existant à La Maladrerie. (Bonhomme Normand)

 

Février 1943  -  Bombardement.  -  Le 10, un grave bombardement sur Caen et les rives de l'Orne  fait 10 tués et 39 blessés. Une centaine de maisons a été atteinte. Le 11, en milieu de journée, Caen est à nouveau bombardée par la RAF.  Mondeville est la plus touchée : 2 morts et 6 blessés. Les secours ont été très rapides et les organismes de la ville s'activent pour reloger le sinistrés. Le 18, la loi instituant le travail obligatoire a été décrétée, pour envoyer un maximum de travailleurs dans les usines allemandes. dans le Calvados , des milliers de jeunes sont tout à fait réfractaires au STO.

 

Février 1943   -   Le bombardement de Caen.   -   Tout aurait été dit déjà, sur l'affreux bombardement par la R. A. F., dont notre ville fut victime le 10 février, s'il était humainement possible de pouvoir dépeindre exactement tant de deuils, de douleurs et de souffrances, tant de cynisme dans cette agression que rien ne peut justifier, tant de ruines aussi, accumulées dans les quartiers de la rue d'Auge et de la Demi-Lune, sur les rives de l'Orne, chez Angot et Delannoy et chez Gauquelin notamment.

Le premier moment de stupeur passé, les secours s'organisèrent avec zèle et activité : Défense Passive, Police, Gendarmerie, Ponts et Chaussées firent, en général, de leur mieux, ce qui ne veut pas dire que tout fut parfait. Les morts et les blessés enlevés, le déblaiement s'imposait, pour chercher quelque nouvelle victime et pour sauver un peu partout, ce qui restait de mobilier, de linge, d'objets précieux, de papiers enfouis dans les décombres.

Ce pénible travail fut assuré, avec l'aide de travailleurs bénévoles, par les entreprises Mercier, Lapouza, Hochet, Adam, Gauquelin et Bonguardo, dont les ouvriers firent preuve d'autant de courage que d'habileté. M. Le Carpentier, courtier de commerce connu et estimé à Caen, se trouvait à l'établissement Angot et Delannoy lors du bombardement. I! avait disparu et son  corps n'avait pu être découvert. On l'a trouvé après plusieurs jours de recherches au fond d'une grande excavation. Son corps était relativement peu abîmé et on l'a transporté chez lui avant l'inhumation. M. Le Carpentier avait un frère plus jeune mort il y a quelques années à Mathieu , qui avait tenu une place importante dans le monde des théâtres à Paris.

 

Mars 1943   -   Distribution de pâtes.  -   La mise en distribution des 750 grammes de pâtes alimentaires prévus au titre des suppléments nationaux pour le mois d e février, aura lieu à partir du lundi 15 mars.

Elle sera effectuée contre remise du ticket DW de février de la carte de denrées diverses (impression rouge) et aux seuls consommateurs de Caen, Mondeville, Colombelles, Giberville, Cormelles, Venoix et Saint-Germain-la-Blanche-Herbe.

 

Avril 1943   -   L’activité du C.O.S.I.  -  Après le bombardement du 13 avril, qui a  mis, une fois de plus, notre ville en deuil, le Comité Ouvrier de Secours.

Immédiat, poursuivant sa tache, a apporté un réconfort moral et matériel aux familles victimes de la sauvagerie anglo-saxonne. Samedi dernier, lors d'un nouveau bombardement qui fit encore 5 victimes : le grand-père, la mère et les trois petits-enfants, plusieurs membres du COSI qui portent à domicile, des secours aux sinistrés étaient à proximité du point de chute des bombes et furent parmi les premiers sur les lieux. Les familles qui n'auraient pas reçu la feuille visite des inspecteurs sont priées de se faire connaître à la permanence : 23 rue St-Pierre à  Caen. On sait qu'une Union des Sinistrés a été créée au sein du COSI groupant tous les sinistrés. Ces derniers sont priés à adhérer à cette union pour la défense de leurs intérêts auprès des pouvoirs publics et du gouvernement. Des bulletins d'adhésion sont à leur disposition à l'adresse indiquée ci-dessus.  

 

Mai 1943   -   Des victimes du Devoir à l'honneur.   -   On se souvient, lors du bombardement de Caen du 10 février, de l'attitude courageuse de deux de nos concitoyens, MM. Ernest Tregon, gardien de la paix, et Léon Leroux, inspecteur de la Sûreté à Caen qui, sans hésiter, s'étaient aussitôt portés au secours des victimes prises sous les décombres des établissements Angot et Delannoy.

Une bombe à retardement ayant explosé peu après, l'agent Tregon fut tué sur le coup et l'inspecteur Leroux sérieusement blessé. Ce dernier, qui portait deux fractures ouvertes à une  jambe, est encore en traitement.

La médaille d'or du Courage et du dévouement vient d'être décernée à titre posthume à M. Tregon et la médaille d'argent de 2e classe à l'inspecteur Leroux, auquel nous adressons nos sincères félicitations et nos vœux de complet rétablissement.

 

Mai 1943   -   Faits divers.   -   Une des victimes du bombardement de Caen du 13 avril, Mme  Emile Denize, 69 ans, rue d'Auge, vient de succomber à ses blessures : La malheureuse avait eu les jambes sectionnées.  Ce décès porte à 13 le nombre des morts de ce bombardement.

 

Juin 1943   -   Un odieux attentat.   -   Un train transportant 400 jeunes requis de Cherbourg et de Caen partant pour l'Allemagne, a été l'objet d'un lâche attentat près d'Évreux. Le rail avait été déboulonné entre Boissey et Mirey, en dépit de rondes fréquentes, la voie étant gardée. Il était 2 h. du matin lorsque le train dérailla avec les 14 wagons de tête, dont plusieurs  se trouvaient projetés dans le ravin proche.  

Le mécanicien a été carbonisé sur sa machine. Il y a 6 blessés parmi les jeunes requis dont un, avec le bras droit arraché, est dans un état grave. Les populations du voisinage se sont prodiguées avec beaucoup de dévouement près des blessés qui, après les premiers soins, ont été portés à Pacy ou à Évreux. 

 

Juillet 1943   -   Citation.    -   M. Marcel Angot, lieutenant au 236e R. I., est cité à l'Ordre de la Division (croix de guerre avec étoile d'argent) avec la belle citation suivante : « Officier énergique et courageux. A la tète de sa compagnie, a assuré la défense du village d'Ailly. Le 11 juin 1940, dans des circonstances difficiles, débordé par un ennemi supérieur en nombre,  payant d'exemple, a eu une belle attitude  au cours de l'action. A été blessé ». M. Marcel Angot, avocat stagiaire à Caen, est le fils du distingué greffier en chef de la Cour d'appel de Caen, auquel nous sommes heureux d'adresser nos plus vives félicitations en le priant de vouloir bien les transmettre à son fils prisonnier en Poméranie.  

 

Août 1943    -   Un grand garage caennais incendié.   -   Lundi dernier, à 5 h. 30, un incendie dont les causes exactes demeurent inconnues (court circuit ou rayon de soleil à travers une une vitre formant lentille ?..) éclatait rue Singer, à Caen, dans le garage Vasseur.

C'est M. Dubois, demeurant rue Frémentel, derrière cet établissement, qui, alerté par des crépitements, donna l'alarme, en même temps que M. Morin, ingénieur des Ponts et Chaussées.  Les pompiers arrivèrent aussitôt,  sous les ordres du lieutenant Gervaise mais déjà le sinistre avait pris des proportions considérables. Toutes les lances de la compagnie furent mises en  batterie. De grandes précautions s'imposaient néanmoins car des autos étaient garées au 1er et 2ème étages, et il était à craindre que les planchers ne cédassent, précipitant les  voitures au rez-de-chaussée, sur les pompiers.

En dépit des efforts dévoués des sauveteurs, activement dirigés par M. Abeille, secrétaire général de la Préfecture, arrivée des premiers sur les lieux, tout le bâtiment ne formait plus bientôt qu'un vaste brasier, et la toiture s'effondrait dans un fracas terrible. Le feu menaçant de gagner les immeubles contigus on dut décider d'évacuer les locataires voisins et les marchandises de la papeterie Masson. Cette mesure, pour sage qu'elle fut, se révéla heureusement inutile car le sinistre pu être strictement limité au garage même.

Ce vaste bâtiment long de 40 mètres, a été presque totalement détruit avec les marchandises, pièces de rechange et outillage qu'elle contenait ; 12 autos garées depuis plusieurs années dans les étages ont été brûlées, par contre, celles placées au rez-de-chaussée ont pu être sorties à temps.

L'immeuble appartenait à Mme Veuve Vasseur, bâtiment, matériel et marchandises étaient assurés. Les dégâts non encore exactement estimés, sont de l'ordre de deux millions.

 

Novembre 1943    -   Fait divers.   -   Un grave incendie a été évité de justesse, mardi soir, au garage Bégu. Par suite d'un retour de flammes, une auto à gazogène a pris feu. Le toit de l'établissement commençait à flamber quand les pompiers arrivèrent en hâte. Après une heure d'efforts le sinistre était maîtrise.

 

Novembre 1943    -   Fait divers.   -   Vendredi dernier, vers 15 h., un train a encore été mitraillé par un avion de la R. A. F. alors qu'il se trouvait dans une gare du sud du département. La mécanicien, M. André Capeau, 50 ans, marié et père de 2 enfants, a été tué. Le chauffeur a été légèrement blessé.

 

Novembre 1943    -   Fait divers.   -  Encore un mitraillage anglais !….. Samedi après-midi, un train a été mitraillé à la sortie de Caen. Le chauffeur, M. Marie, et le mécanicien, M. Vivien, tous deux de notre ville, ont été grièvement blessés : M. Marie a dû être, amputé du bras droit et M. Vivien souffre de fractures multiples. Tous deux sont , en traitement à l'hôpital.

192    -    CAEN    -    Le Boulevard Saint-Pierre et l'Hôtel Moderne

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