1er Novembre 2024 

UN SIÈCLE D’HISTOIRE DU CALVADOS

Page 2

CONDÉ  s/ NOIREAU

Canton de Condé-sur-Noireau

Les habitants de la commune sont des Condéens, Condéennes

Septembre 1876   -  Invention.  -  L'inventeur du navire le « frigorifique », construit pour aller chercher en Amérique des viandes qui resteront fraîches jusqu'à leur arrivée sur nos marchés, est M. Ch. Tellier, né  à Condé-sur-Noireau.

 

Septembre 1876   -  Une époussette, s.v.p..  -  Les nombreux étrangers qui ont visité Condé-sur-Noireau, lors de la foire dernière, ont décidé d'ouvrir une souscription dont le produit sera employé à l’achat d'une époussette, destinée à nettoyer la statue de Dumont d'Urville. L'administration condéenne peut souscrire, sa souscription sera bien accueillie.

 

Octobre 1876   -  Travaux.  -  Le projet des travaux à exécuter pour empêcher, autant que possible, le retour des inondations qui désolent une partie des arrondissements de Lisieux et de Pont-l'Evêque, sont en ce moment soumis au gouvernement. Sous peu, l'enquête sera ordonnée, et les travaux adjugés.

—Samedi, M. le Préfet du Calvados et M. l'Ingénieur en chef du département sont venus à Condé, afin d'examiner ce qu'il y aurait à faire pour remédier aux inondations ou pour en atténuer l'effet. Après avoir reçu les observations des intéressés, réunis à la mairie, M. de Perthuis et M. Leblanc, accompagnés du maire de Condé, ont ensuite visité les quartiers bas de la ville, et les endroits de la Druance et de l'Odon sur lesquels leur attention a été appelée. Le Journal de Condé annonce que les études commencées vont être continuées.

— D'un autre côté, on nous écrit de Bayeux qu'aujourd'hui jeudi, MM. Pille-Dujardins, député, et de Toustain, conseiller général, doivent attendre à la gare de Bayeux, M. de Perthuis et l'ingénieur du département, afin d'aller étudier les besoins des ports de Port-en Bessin et de Grandcamp.  

 

Janvier 1877   -  Affreux malheur.  -  M. Jules Bain-Bauquet, épicier, rue Saint-Jacques, à Condé, s'aperçut, dimanche dernier, qu'il avait sur la main droite une petite inflammation qui commençait à devenir douloureuse, il se rendit chez M Alfred Vaullegeard, pour le consulter à ce sujet. Malheureusement, M. Vaullegeard est lui-même malade en ce moment, et a dû suspendre ses visites. Ne voulant pas s'adresser à un autre médecin qu'à celui de la famille, M. Bain-Bauquet, qui, d'ailleurs, ne voyait rien de sérieux dans son mal, ne s'en occupa pas davantage. Lundi et mardi, l'inflammation, due, croit-on, à la piqûre d'une mouche charbonneuse, fit des progrès rapides, et il ne fut bientôt plus possible de l'arrêter. L'infortuné est mort samedi, à 2 heures du matin, après avoir enduré d'horribles souffrances. Il était dans un tel état d'exaltation fiévreuse, que cinq hommes furent impuissants à le maintenir, et qu'on dut employer la camisole de force appartenant à l'hospice de Condé. La main et le bras atteints étaient enflés d'une façon incroyable. M. Jules Bain-Bauquet, très estimé à Condé, était âgé de 37 ans.  

 

Janvier 1877   -  Températures.  -  La Température ne varie pas, et le temps reste humide, au grand déplaisir des cultivateurs qui voudraient voir succéder un peu de froid à la température anormale que nous subissons depuis trop longtemps. Hâtons-nous de le dire, cependant, il n'y a quant à présent, aucun dégât et tout serait pour le mieux s'il survenait sous peu du froid et de la sécheresse. 

Dans la nuit de dimanche, un ouragan terrible s'est fait sentir sur notre contrée, les dégâts sont presque insignifiants. 

 

Janvier 1877   -  Population.  -  Le dénombrement de la population a donné les résultats suivants : Condé. - Garçons, 1 677. - Hommes mariés, l 514. - Veufs, 191. - Filles, 1 952. - Femmes mariées, 1 490. - Veuves, 526. -Total, 7 350 habitants. – 1 169 maisons et 2,014 ménages.  

 

Août 1877   -  Distinction.  -  M. Aubraye, instituteur à Courseulles, et M. Lepelletier, maire de Condé, ont reçu des mains du maréchal les palmes d'officier d'Académie.

 

Janvier 1878  -  Quitte pour un bain froid.  -  A Condé-sur-Noireau, le jour de Noël, vers 8 heures et demie du soir, un ouvrier de filature, le sieur X, domicilié rue du Chêne, se trouvait dans la rue de Vire. Ayant un peu fêté la dive bouteille et voulant raccourcir son chemin, il traversa le pré de  M. Comont, teinturier, mais arrivé là, au lieu de prendre un petit pont, jeté à cet endroit, sur la rivière la Durance, il  entra dans l'eau, dont le courant était assez fort, et il se serait probablement noyé si plusieurs personnes attirées par ses cris, n'étaient venues à son secours.

Le lendemain, notre homme était en état de se remettre au travail, heureux d'en être quitte pour un bain .... moins agréable à apprendre à Noël qu'a l'ascension

 

Avril 1878.   -   Un mauvais père.   -   Un individu de Condé-sur-Noireau a été arrêté et conduit à Vire. Il va être poursuivi pour un acte de honteuse violence sur la personne de sa fille légitime. ( Bonhomme Normand)

 

Novembre 1878   -  Le mauvais temps.  -  Les pluies continuelles qui tombent depuis trop longtemps, ont mouillé considérablement les terres, les rivières débordent partout, il est impossible de semer le blé, les herbages des bas-fonds sont intenables pour les bestiaux qu'il va falloir mettre en stabulation. Aussi le prix des vaches grasses a-t-il diminué, les herbagers sont désolés, ils perdent ou ne font qu'un bénéfice insuffisant.

 

Novembre 1878   -  Fait divers.  -  Miril-Victor Nicolle, 25 ans, marchand de poisson à Condé-sur-Noireau, a été trouvé mort à côté de sa voiture, sur la route de St-Remy. Cette mort est  attribuée à une congestion déterminée par l'ivresse.  

 

Avril 1879  -  Écoles de filles, répartition de secours.  - Le Conseil, conformément au rapport de M. le Préfet, répartit une somme de 2 500 fr. à prendre sur le crédit de 5 000 fr. inscrit au budget de 1879, pour établissement et entretien d'écoles de filles. 

Ce crédit, qui existe depuis longtemps, a toujours été employé en indemnités personnelles aux institutrices qui dirigent les écoles facultatives de filles, de manière à rapprocher le plus possible leurs émoluments de ceux déterminés par la loi pour les écoles obligatoires.  

Condé-sur-Noireau, 6 871 habitants, Mme Aubert (Zéphirine), sœur Aubert, 114 élèves payantes, 53 gratuites ; indemnité personnelle accordée, 35 fr. Cette école compte 53 élèves gratuites et rend les plus grands services à la paroisse Saint-Martin-de-Condé. Elle tient lieu par le fait d'une école communale.  

Mme Sence (Louise), sœur Saint-Louis-de-Gonzague, 35 élèves payantes, 40 gratuites ; indemnité personnelle accordée 30 fr.

 

Juin 1879   -  Rongé par un rat.  -  Dans la nuit de jeudi dernier à vendredi, la femme Collin, demeurant à Condé, dans l'une des impasses de la rue du Vieux-Château, fut réveillée par les cris déchirants que poussait son plus jeune fils, âgé de quelques semaines. Elle se pencha sur son berceau, et comme il ne se calmait pas, elle alluma la chandelle et constata avec horreur qu'un rat était monté dans le berceau et avait commencé à dévorer la peau du front du malheureux enfant. On espère que ce pauvre petit, malgré les morsures qu'il a reçues, ne restera pas défiguré.  

 

Août 1879  -  La Poste.  -  Les bureaux de poste et les bureaux télégraphiques ont été fusionnés à Vire, Condé, Orbec, Dives, Livarot, Argences, Dozulé et Évrecy. La fusion sera bientôt à Honfleur un fait accompli.

Deux bureaux télégraphiques ont été ouverts à Ryes et à Crèvecœur. Un bureau permanent a été substitué au bureau temporaire de Cabourg. Le bureau de Deauville va être incessamment réouvert et transféré au bureau de poste.

Enfin, des études se poursuivent pour doter d'un bureau télégraphique les communes de Saint-Aubin, Morteaux-Coulibœuf, Clécy, Bonnebosq, Lison et Bonneville-la-Louvet.

 

Août 1879  -  Travaux pour mettre la villes à l’abri des inondation.  -  Nous avons adressé le 11 janvier dernier à M. le Préfet l'avant-projet, très soigneusement étudié par M. le Sous-Ingénieur Bérard, des travaux à faire pour mettre la ville de Condé-sur-Noireau à l'abri des inondations.

Les travaux projetés ne présentant pas tous le même caractère d'urgence, nous les avons divisés en trois grandes sections subdivisées elles-mêmes en plusieurs articles.

L'ouvrage qui, selon nous, paraît s'imposer d'abord et avant tout à la ville de Condé est la construction d'un canal de dérivation sur une longueur de 184 mètres comprise entre le jardin de MM. Vaulogé frères et la rencontre du canal d'amenée du moulin Biot.

Car il faut reconnaître que les bâtiments, usines, etc., élevés depuis un demi siècle dans la prairie qui s'étend à

l'aval de la ville ont eu pour résultat, par suite des obstructions qu'elles créent, de rendre beaucoup plus menaçantes pour le quartier du Vieux-Château les inondations de la Druance. Il y aurait aussi un intérêt sérieux à isoler complètement l'Odon de la Druance en temps de crue, ce qui peut se faire à peu de frais.

L'élargissement du lit urbain de la Druance et le prolongement du canal de dérivation au travers du pré du Seigneur ne viendraient ainsi qu'en deuxième ligne, et en troisième ligne enfin  les redressements du Noireau.

Le dossier est en ce moment soumis à l'examen du Conseil municipal de Condé.  

 

Décembre 1879  -  Les victimes du froid.  -  Lundi, à 9 heures du matin, Mme veuve Briard, âgée de 65 ans, dentellière, demeurant Porte-au-Berger, n° 5, à Caen, est tombée sur le trottoir de la rue St-Jean, et s'est fracturé la jambe droite.

  -  La femme Lequesne, épicière à Courseulles, est tombée sur la glace, et s'est blessée très grièvement au bras. 

  - Lundi dernier, vers 5 heures du soir, Mme Sophie Madeline, veuve Dagobert, épicière à Condé, rue des Challouets, revenait de son jardin, situé rue du Chêne, quand, ayant glissé sur la  neige formant verglas, elle tomba si malheureusement qu'elle se fractura la jambe gauche à 5 centimètres de la cheville. La veille, vers 3 heures de l'après-midi, Mme Piel, du Pont-Errembourg, avait été victime d'un semblable accident. Enfin deux jours après, l'un des dégraisseurs du tissage des Vaux-de- Vère, nommé Zéphir, partant de chez lui de grand matin pour son travail habituel, s'est également brisé la jambe et est tombé dans la neige. Il est resté dans cette cruelle position jusqu'à l'arrivée des ouvriers du tissage qui se sont empressés de lui donner les soins que sa position réclamait. 

  -  A Radon, une jeune fille, Mlle Fleury, qui était sur le point de se marier, a été engloutie dans un fossé rempli de neige. Elle avait complètement disparu. Sans son parapluie, qui était resté à la surface, on n'aurait retrouvé son cadavre qu'à la fonte des neiges.  

Mai 1880  -  Explosion – deux morts.  -  Mardi, vers 10 heures du matin, une détonation terrible est venue frapper de stupeur les habitants de la rue Saint-Martin, à Condé-sur-Noireau. Un baril de poudre de mine, qui se trouvait au domicile de Mme veuve Nérou, débitante de tabac, a fait explosion et détruit la maison de cette dame, ainsi que celle d'un voisin, M. Aubry. Les murs sont encore debout, mais lézardés, et il a fallu les étayer pour empêcher qu'ils s'affaissent. Les planchers des deux étages et du grenier se sont effondrés et sont tombés au rez-de-chaussée. Une dizaine de maisons voisines ont eu toutes leurs vitres brisées. Il n'y avait alors au domicile de Mme Nérou que sa fille, âgée de 22 ans environ. Elle a été tuée sur le coup et lancée à la porte de la boutique, où elle a été retrouvée, son corps était affreusement mutilé. Une servante passait dans, la rue à l'instant même, un comptoir, projeté dehors par la force de l'explosion, l'a lancée aussi contre la grille de l'habitation d'en face où elle a été broyée. Plusieurs ouvriers habitaient au 1er  et au 2e  étage. Ils étaient à leur travail lorsque l'explosion a eu lieu, si elle s'était produite à midi, heure du repas, on compterait de nombreuses victimes. Ces pauvres gens ont tout perdu, leurs meubles, leurs effets.  

 

Août 1880  -  Don.  -  Un honorable industriel de Condé-sur-Noireau, M. Nestor Duforestel, qui vient de mourir, a légué par son testament 6 000. fr. à l'hospice de cette ville.

 

Août 1880  -  Les orages.  -  Mardi de la semaine dernière, un orage d'une violence extrême a éclaté sur Condé et sur toute la région voisine. A Condé, les rues ont été pendant quelques instants transformées en torrents, et les caves des quartiers bas se sont complètement remplies d'eau, mais les dégâts n'ont pas été très considérables. Les environs ont été plus éprouvés. L'eau qui tombait à torrents entraînait sur son passage tout ce qu'elle rencontrait. A quelque distance d'Athis, sur le chemin du village de la Bunodière, un pont solidement bâti en pierres a été emporté sans qu'il en demeure rien. Des granits pesant cinq à six cents kilos ont été roulés dans les prés voisins.

Au Pont-Errembourg, des pièces de terre ont été dévastées. Des masses de terre de dix mètres cubes et plus sont descendues jusqu'aux fossés, entraînant les haies qui sont restées debout. Le tonnerre est tombé au Pont-Errembourg, sur la maison de M. Letourneur. La femme seule, qui était près d'accoucher, gardait la maison. Elle a vu avec effroi la foudre pénétrer par la cheminée sous la forme d'une boule de feu, faire deux ou trois fois le tour de la table et sortir sans autre incident, par la porte qui était restée ouverte. Le tablier du pont qui donne  accès à la filature de M. Houdayer a été arraché à l'une de ses extrémités. Les usines des vallées ont éprouvé de sérieuses avaries.

La route de Condé à Argentan, depuis le Gué-Besnard jusqu'au Pont-Errembourg, a été très endommagée. La route d'Athis à la Carneille, au lieu dit le Lembron, est barrée par suite de la destruction du pont de pierre qui existait en cet endroit, les voyageurs d'Athis à la Carneille seront obligés de passer par Ronfeugeray jusqu'à ce que le pont soit reconstruit.  

 

Octobre 1880  -  Inondation.  -  Qu'a donc fait notre pauvre France ? Toutes les calamités semblent accumulées sur elle. Presque toute;notre région est sous l'eau, plus loin, nos lecteurs trouveront les désastreux détails de cette crue que nous n'avions pas vue aussi forte depuis vingt ans. L'été a été déplorable. Il n'y a pas de pommes, les récoltes ont été faites dans les conditions déplorables, et si le temps continue, on se demande comment on arrivera à faire, le blé. Les pluies qui ont tombé pendant toute la semaine dernière ont considérablement grossi les cours d'eau de notre département. 

A Condé, les pluies de ces jours derniers ont fait déborder la Druance et le Noireau. Les quartiers bas ont été submergés depuis vendredi soir jusqu'à l'après-midi de samedi. La circulation était impossible dans la rue du Vieux-Château. Beaucoup de maisons du centre de cette rue, l'hôtel du Lion-d'Or notamment, ont eu plusieurs pieds d'eau dans leurs pièces du rez-de-chaussée. L'eau n'étant montée que lentement, les habitants ont eu le temps de sauver leur mobilier, mais quantité d'immeubles ont éprouvé des avaries.  

 

Décembre 1880  -  L’amnistié Urbain.  -  Le Navarin ramène en France les derniers condamnés de la Commune, libérés par l'amnistie totale. Parmi eux se trouve le nommé Urbain, originaire du Calvados, fils d'un ancien instituteur de Condé-sur-Noireau, et ex-instituteur lui-même à Argences et à Ver (Calvados) . Urbain était membre de la Commune et maire du 7e  arrondissement. C'est lui qui, dans la séance du 17 mai, proposa d'appliquer la loi sur les otages. Au mois de septembre. 1871, Urbain avait été condamné aux travaux forcés à perpétuité par le conseil de guerre de Versailles.

 

Décembre 1880  -  Une série de désastres.  -  A Condé, dans les quartiers bas, l'eau est montée à environ deux mètres dans les maisons, dont les rez-de-chaussée ont eu beaucoup à souffrir. L'établissement de bains, appartenant au sieur Larchevèque, menace de s'écrouler. Les pertes matérielles sont considérables, quantité de commerçants de la rue du Vieux-Château  ont beaucoup souffert de l'inondation. Pontécoulant et Saint-Denis-de-Méré ont été également fort éprouvés. 

A la Chapelle-Engerbold, le petit hameau de Val-Mérienne a été affreusement ravagé par le débordement de la Druance. Dans la plupart des maisons, qui n'ont qu'un rez-de-chaussée, l'eau a atteint une hauteur de plus de cinq pieds. Les lits flottaient et les habitants de ces maisons ont dû se résigner à aller demander l'hospitalité dans les villages d'alentour. Les pertes, qu'ils ont éprouvées sont très considérables, et, pour quelques-uns, c'est la ruine complète. En résumé, le chiffre des pertes causées dans notre département par cette crue s'élèvera à plusieurs millions.

 

Janvier 1881  -  L’eau, la neige, le froid.  -  Pour la troisième fois depuis cinq mois, la commune de Louvigny a été inondée. Jamais la crue ne s'était élevée si haut. 

A Condé, samedi à midi, le niveau de l'eau avait atteint 60 centimètres environ dans la rue du Vieux-Château. La circulation, dans cette rue, n'était plus possible qu'à l'aide de voitures.

 

Janvier 1881  -  S’est-il suicidé ?  -  Siméon Texier, âgé de 19 ans, commis à la perception de Condé-sur-Noireau, a disparu, sans qu'on puisse savoir ce qu'il est devenu. Aucun détournement, ni aucun l’acte d'indélicatesse, n’est du reste, imputé à ce jeune homme, qui menait une conduite irréprochable. Il logeait à l'hôtel du Lion-d'Or. Dimanche matin, il quitta sa chambre, et ne reparut plus. Son absence prolongée ayant paru inquiétante, on fit des recherches dans la chambre de ce jeune homme et on découvrit un billet dans lequel il annonçait qu'il  se suicidait par désespoir d'amour. Le jeune Texier s'occupant un peu de littérature et ayant, parait-il, un roman sur le chantier, il n'est pas impossible que ce billet soit tout simplement un chapitre du roman, en question. Mais comme il n'a pas reparu, il est à craindre que le billet qu'on à trouvé n'annonce véritablement un suicide

 

Février 1881  -  Les suites du vent.  -  Un accident qui aurait pu avoir les suites les plus graves est arrivé mardi au hameau du Busq, commune de Condé. Mlle Marie Lecordier, âgée de 22 ans, domiciliée  chez ses parents, au village du Busq, se rendait à son travail, chez M. Lehugeur, rue St-Martin, à Condé, et traversait la cour de M, Pierre Lepautonnier, cultivateur. Il faisait un vent violent, et les branches d'un sapin frappaient la cheminée d'un vieux bâtiment qui borde le chemin rural. Au moment où Mlle Lecordier poussait la barrière, une pierre pesant 10 kilogrammes environ se détacha de la cheminée et vint la frapper au milieu du front. La jeune fille s'affaissa sur le sol et resta sans mouvement. Elle fut transportée chez ses parents par M. Eugène Dugué, son cousin, qui la suivait à quelque distance. Quoique Mlle Lecordier ait perdu beaucoup de sang, son état n'inspire aucune inquiétude.  

 

 Avril 1881  -  Un conducteur inhumain.  -  Dimanche dernier, vers huit heures du soir, M. Hardy, journalier à Condé, passait sur la route de Vire, au lieu dit le Mesnil, en compagnie de sa  femme et de la dame Teinturier, âgée de 81 ans. Ces trois personnes marchaient au bord de la banquette, sur la gauche de la route. Une voiture renfermant six personnes, dont l'une tenant  une lanterne sur ses genoux, descendait à ce moment la côte au grand galop. M. Hardy, qui marchait en avant, se retourna vers les deux femmes et leur cria de prendre garde. Il n'avait pas fini de parler que la voiture renversait la dame Teinturier et lui passait sur le corps. M. Hardy s'empressa de relever la pauvre vieille, puis il s'élança à la poursuite de la voiture, qu'il ne put rejoindre qu'au delà de l’octroi. Le conducteur de la voiture est un sieur Armand Leteinturier, cultivateur aux Haies. Malgré son grand âge, on espère que les blessures et, contusions que Mme Teinturier a reçues n'auront pas pour elle de suites fâcheuses.  

 

Avril 1881  -  Coup double.  -  Dernièrement, près d'Harcourt, la gendarmerie, en dressant procès-verbal à un voiturier qui n'avait pas de lanterne, s'est aperçu qu'il transportait de l’eau-de-vie en fraude et a fait ainsi coup double.  

 

  Juin 1881  -  Imprudence.  -  Un accident qui aurait pu avoir les plus funestes conséquences est arrivé dernièrement à la salle d'asile du quartier St-Sauveur à Condé. Pendant la promenade des enfants en ville, une petite fille de deux ans environ, nommée Dupas, dont les parents habitent rue du Chêne, se glissa sans, être aperçue dans les cabinets d’aisances de l’établissement, et tomba dans la fosse. Deux maçons qui travaillaient aux démolitions, dans les environs, entendirent les plaintes de la petite fille, et s'empressèrent de la tirer saine et sauve de sa périlleuse position.  

 

Juillet 1881  -  Incendie.  -  Dans la nuit de lundi a mardi, vers 11 heures et demie, le feu a éclaté chez le sieur Jean Noget, tanneur, rue aux Chiens, à Condé-sur-Noireau, dans un grenier renfermant du foin, des mottes, du bois à brûler, du linge et, de la laine. On ne s'explique pas comment, cet Incendie s'est déclaré. Les pertes totales s'élèvent à 11 270 fr. environ.

 

Juillet 1881  -  Démission.  -  Le maire de Condé et ses adjoints viennent de donner leur démission. C'est M. Baranger, membre du conseil municipal, qui remplit provisoirement les fonctions de maire.  

 

Avril 1882  -  Armée.  -  En ce moment, dans certaines garnisons de notre région, on tire au sort 75 hommes par bataillon, qui sont dirigés sur l'Afrique.

 

Avril 1882  -  Encore et toujours les chiens.  -  Lundi à Condé, un chien enragé a mordu plusieurs chiens et un cheval. En sortant de Condé, il a rencontré une jeune enfant qui allait à l'école. La petite fille a eu la présence d'esprit de lui jeter, le panier qui contenait ses provisions du jour, et pendant qu'il s'acharnait dessus, elle s'est enfuie à toutes jambes. Plus loin, au hameau de la Croix-à-la-Main, il s'est précipité sur une autre jeune fille, âgée d'environ 18 ans, et lui a déchiré la main. Les cris et le secours des voisins lui ont fait lâcher prise, et il a continué sa  course, poursuivi par les gens du village. En face de la Nôtre-Dame-du-Chesne, un jeune homme est parvenu à le rejoindre, et l'a abattu d'un coup de fusil.

 

Avril 1882  -  Attribution d’un prix.  -  La semaine dernière, est morte à Condé la demoiselle Hélène Chollet, âgée de 69 ans, qui, en 1872, obtint de l'Académie française un prix de vertu.

 

Septembre 1882  -  Les inondations.  -  Un décret vient de déclarer d'utilité publique, les travaux projetés pour la défense de la ville de Condé-sur-Noireau contre les inondations. La dépense, évaluée à 150 000 f. est répartie par parties égales entre l'État, le département et la Ville.  

 

Octobre 1882  -  Statistique.  -  La statistique vient de découvrir que la Calvados est un des départements dans lesquels il y a le plus de vieilles filles, et où les vieillards se trouvent en plus grand nombre.

 

Novembre 1882  -  Un crime.  -  La semaine dernière, On a trouvé, dans le Noireau, non loin de Condé, le cadavre de la nommée Bidard, âgée de 38 ans, ouvrière de fabrique, à Cahan. On constata sur le sommet de la tête et à la tempe six plaies récentes. Aucune de ces blessures n'était mortelle et la mort n'a du être déterminée que par suffocation et submersion. De graves soupçons pèsent sur quelques personnes, qui ont été interrogées par le juge d'instruction. La femme Bidard vivait en très mauvaise intelligence avec son mari qui la frappait souvent. Ils se livraient d'ailleurs l'un et l'autre a l'ivrognerie. Dans la journée du crime, ils étaient ivres tous les deux.

 

Novembre 1882  -  Antiquités. -  On vient de découvrir, dans un champ, à Condé, huit épées gauloises en bronze.  

 

Mai 1883  -  Plus de cachot. –  Le ministre de l'instruction publique vient d'adresser aux recteurs d'académie une circulaire, dans laquelle il les informe que l'usage du séquestre dans les lycées et collèges doit être abandonné partout.

 

Juin 1883  -  La foudre. –  Vendredi, pendant l'orage qui a éclaté vers quatre heures du soir, une décharge électrique s'est produite près de la conduite d'entrée du gaz dans le bureau des postes et télégraphes à Condé. Elle a déterminé une explosion immédiatement suivie d’un commencement d'incendie. Le receveur des postes et ses employés se sont hâté, les uns d’éteindre l'incendie, les autres d’aplatir, à coups de marteau, le conduit du gaz qui avait été fondu, sur une longueur d'un mètre.

 

Juillet 1883  -  Les dangers du bain.    Lundi, le sieur Flavien, ouvrier d'usine, à Condé, alla dans l'après-midi, après avoir fait une collation, prendre un bain dans le Noireau, carrefour des Folies, près Condé. Le malheureux devait payer cher cette imprudence. A peine venait-il d'entrer dans l'eau, assez profonde en cet endroit, qu'il disparut; quand on put le retirer, il avait cessé de vivre. Il laisse une veuve et un enfant âgé de 7 à 8 mois.

 

Mars 1884  -  Il était temps !    Vendredi matin, un commencement d'incendie accidentel se déclarait au domicile du sieur Chevalier, blanchisseur à Condé-sur-Noireau. Le feu a consumé une certaine quantité d'effets d'habillement et carbonisé l'intérieur d'un placard contenant des effets. Perte, 3 00 fr. Une femme Dumorieux, demeurant à Proussy, passant près de là au moment de l'incendie, a pu sauver un pauvre enfant, âgé de 5 ans, qui était déjà à demi asphyxié par la fumée.  

 

Avril 1884  -  Tremblement de terre.    Une commotion souterraine, accompagnée d'un bruit pareil à celui du grondement de la foudre, s'est produite jeudi la nuit et vendredi dans la matinée, à Condé-sur-Noireau. Ce bruit souterrain et la trépidation ont également été remarqués dans la commune d'Athis.  

 

Mai 1884  -  Battu, mais pas content.     Dimanche, on plantait un calvaire à Condé. Un curé des environs, qui faisait la police, a voulu faire changer de place un individu qui assistait à la  procession. Sur le refus de celui ci, le curé lui a flanqué un soufflet. Le battu n'a pas riposté, il s'est contenté de porter plainte à l'évêché. S'il ne veut pas qu'il lui arrive de plus graves  désagréments, ce curé irascible fera bien de mettre à l'avenir un peu d'eau dans son vin.  

 

Juillet 1884  -  Les dangers du bain.    Deux jeunes gens des environs de Condé, qui s'étaient mis à l'eau pour se baigner, peu de temps après avoir mangé, se sont noyés. Ce sont les  sieurs Félix Davoult et Aimable Patard, tous les deux sont âgés de 21 ans. 

 

Septembre 1885  -  L’ouragan.  -  La tempête qui a sévi cette semaine sur notre contrée a causé d'immenses ravages.

A Caen et dans les campagnes voisines, les dégâts sont purement matériels : arbres arrachés, pommiers brisés et dépouillés de leur récolte, couvertures endommagées. Le train de 8 heures, de Courseulles à Caen, est demeuré en détresse pendant 3/4 d'heure à la sortie de Douvres. Quatre grands arbres, arrachés par le vent, obstruaient la voie, ayant brisé les fils  télégraphiques. Il a fallu scier les troncs d'arbres qu'il aurait été impossible de déplacer, s'ils étaient restés entiers.

A Lisieux, Pont-l'Evèque, Vire, Bayeux, grands dégâts, mais pas d'accidents. A Condé, où se tenait la foire, des tentes de forains ont été renversées. Des peupliers sont tombés sur un bâtiment de la tannerie de M. Maillard, et l'ont effondré. Un ouvrier a failli être tué.

Sur nos côtes, cet ouragan coïncidait avec la grande marée, ce qui en a augmenté la violence. A Langrune, la mer a enlevé sur plus de cent mètres les talus en terre bordant la rue de la Plage, démoli des murs en pierre sèche, coupé les pentes qui conduisent à la mer et brisé les escaliers en bois. A Cabourg, les cabines des bains culbutées. Les branches des arbres jonchaient toutes les avenues.

Une barque d'Arromanches dont l'équipage se composait de 13 hommes a échoué à Asnelles, après avoir lutté 10 heures contre l'ouragan. A Deauville, la mer a enlevé le pavillon en bois placé au bout de l'estacade. A Trouville, la jetée Est a été endommagée. Un homme a été jeté à la mer par le vent et n'a pu être sauvé qu'avec grandes difficultés. Un pêcheur montant une barque du Havre, Auguste Fouriel, 35 ans, né à Honfleur, enlevé par une lame, n'a pu être retrouvé. De mémoire de marin, la mer n'avait jamais été plus furieuse. A Honfleur, le musoir de l'estacade a été assez fortement avarié par les vagues, de même que le côté nord de la digue construite à l'entrée du port. A Villerville, la tempête a eu des effets désastreux. Les falaises hautes de 20 mètres ont été escaladées par les lames, le village a été envahi, les cours remplies d'eau, des maisons démolies, le casino est littéralement emporté. Les peintres Duez, Pinel, Ravaud, le romancier Montaigut, qui ont voulu voir ce spectacle effrayant, ont manqué d'être enlevés par la mer. On est sans aucune nouvelle de plusieurs barques de pêcheurs.

Au Havre, une barque de Trouville, poussée par le vent, a heurté le steamer « l’Éclair » et brisé ses tambours. La barque a eu son beaupré cassé. Le trois-mâts italien « Nipoli-Accume » a été jeté contre le mur du quai et a éprouvé de fortes avaries. Au poste des Transatlantiques, les pieux d'amarrage s'arrachaient, et il a fallu mouiller les ancres des paquebots pour parer à  tout événement.

Le cotre de Cherbourg, « l'Avenir » a fait côte sur les rochers de Mielle, l'équipage a été sauvé.

 

Juillet 1886  -  Mort accidentelle.  -  Samedi soir, le nommé Louis Restout, 60 ans, domestique chez le sieur Victor Huvet, filateur à Condé, était parti de Pont-d'Ouilly, vers 5 heures, conduisant une voiture chargée de 700 kilos de coton. Restout était assis à l'avant du véhicule et tenait les guides. Dans la traversée de la rue de Bosny, le surfaix s'étant brisé, l'attelage  inclina vers l'arrière. Voyant le danger, le conducteur sauta à terre, mais il tomba d'une façon si malheureuse que la roue lui passa sur le corps. Le docteur, appelé aussitôt, ne put que constater le décès.  

 

Janvier 1887  -  Vol sacrilège.  -  Deux malfaiteurs se sont introduits dans l'église St-Martin, à Condé-sur-Noireau. Ils ont descellé la pierre qui couvre le tabernacle. Et ont alors retiré, par cette ouverture, le saint ciboire contenant les hosties consacrées et se sont retirés par le même chemin. Ce vase est en vermeil et d'une valeur de 300 fr. environ.  

 

Janvier 1887  -  Un ouvrier foudroyé.  -  Comme beaucoup d'usines, le tissage mécanique de MM. Le Hugeur, à Condé, est éclairé par la lumière électrique, et un des fils conducteurs pourvu d'une enveloppe isolante traverse l'appartement où se fait le parage des chaînes à tisser. Au-dessous de ce fil, sont des rails assujettis à une poutre du plafond au moyen de tiges en fer, et ces rails servent à la manœuvre d'un palan pour faire aller et venir les chaînes. Vers six heures du soir, alors que les ateliers venaient d'être éclairés, un des ouvriers du parage voulut mettre en mouvement le palan et y porta la main, mais il ressentit une violente commotion et s'empressa de crier : « N'y touchez pas ! » à un autre ouvrier, le sieur Le Hugeur, qui s'apprêtait à faire la même chose. Celui-ci n'entendit pas l'avertissement ou n'en tint pas compte, il s'adossa contre un pilier en fonte et allongea le bras. A peine ses doigts avaient-ils touché le palan qu'il fit un bond et retomba foudroyé. Quand on le releva, il était mort. Le Hugeur laisse une veuve et un enfant.  

 

Avril 1887  -  Recensement des chevaux.  -  Il sera procédé, du 15 mai au 13 juin 1887, à l'inspection et au classement : 1° de tous les chevaux et juments âgés de 6 ans et au-dessus, de tous les mulets et mules de 4 ans et au-dessus (l'âge se compte à partir du 1er janvier de l'année de la naissance) ; 2° des voitures attelées susceptibles d'être requises.

 

Avril 1887  -  A lire par les jeunes soldats.  -  La loi de 1872 dit que les jeunes gens, après avoir été examinés et entendus par le conseil de révision, peuvent faire connaître l'arme dans laquelle ils désirent être placés. Les commandants de recrutement ont reçu l’ordre de déposer dans les mairies les registres destinés à recevoir les demandes non formulées verbalement  en séance.

 

Mai 1887  -  Incendie de Condé.  -  Mercredi, le sieur Julienne, menuisier à Condé-sur-Noireau, voulut nettoyer des armes chargées depuis quelque temps. Il déchargea un pistolet et un fusil à deux coups. Les bourres tombèrent sans doute sur des copeaux et le feu y couva. Vers 8 heures du soir, il éclata subitement. Malgré l'activité des secours, en moins d'une demi-heure le hangar rempli de bois et l'atelier de menuiserie ne formaient qu'un immense brasier éclairant toute la ville. Les flammes se sont communiquées rapidement à un hangar  appartenant au sieur Bédet, couvreur, ainsi qu'à un bâtiment servant de remise et d'étable, appartenant au sieur Aubert père, loueur de voitures. On apercevait la lueur de l'incendie à une distance de seize kilomètres. 

 

Juin 1887  -  Avis aux gamins.  -  Le commissaire de Condé a dressé procès-verbal contre le jeune Victor Onfray, 11 ans et demi, pour avoir détruit un nid d'oiseau, sans se douter qu'il tombait ainsi sous le coup de la loi interdisant à cette époque la capture et la destruction des oiseaux insectivores.  

 

Avril 1888  -  Épizootie.  -  En présence des cas de fièvre aphteuse, dite cocotte, qui se sont produits sur divers points du département, le préfet rappelle aux Maires, propriétaires, éleveurs et cultivateurs, les dispositions de la loi du 21 juillet 1881, qui oblige de faire au maire la déclaration de tout animal malade afin qu'il le fasse visiter, interdit la vente et le transport des animaux atteints le tout sous peine d'amende et de prison.

 

Avril 1888  -  Triste accident.  -  Dimanche à Condé, le sieur Duchesnay avait des amis à dîner. Le repas, achevé, vers six heures, le sieur Duchesnay sortit avec ses invités et laissa au logis sa femme et une petite fille au berceau. A leur retour, l'enfant était morte. La femme Duchesnay qui avait bu un peu trop s'était mise à bercer sa petite fille à l'aide d'une cordé, le berceau fut bientôt renversé et l'enfant jetée à terre. On ne sait si elle a été étouffée ou si c'est la commotion qui a été cause de la mort.

 

Mai 1888  -  Écrasé.  -  Le nommé Victor Lassere, journalier, 61 ans,  demeurant village de la Croix-Marie a été renversé la semaine dernière et écrasé, près du pont de Caligny, par une voiture dont le conducteur, Henri Lhomme, cultivateur à Condé, était ivre. Il a succombé à ses blessures. Procès-verbal a été dressé contre Lhomme.  

 

Mai 1888  -  Vol.  -  Alexandre Aubrée, 47 ans, et Jules Brunet, 25 ans, journaliers à Condé-sur-Noireau, vol de gluis au sieur Piel, cultivateur à Berjou. Tous les deux sont repris de justice. Aubrée est très  redouté et plusieurs personnes qu'il avait volées n'avaient jamais osé porter plainte contre lui. Ils ont été condamnés à 5 ans, de plus, Aubrée sera relégué.  

 

Mai 1888  -  Faux espion.  -  Un nommé Signoux, 21 ans, pâtissier de son état, pour se donné une contenance, prenait des notes près de Condé. Un garde champêtre, l'ayant pris pour un espion, l'a arrêté. La prise était bonne cependant, car Siguoux est en état de vagabondage.

 

Juillet 1888  -  Ce qu’on ne sait pas.  -   Pêcher à la main dans les rivières est un délit. Voilà ce que bien des gens ne savent sans doute pas Hippolyte Colin et Victor More, âgés de 18 ans,  ouvriers à Condé, surpris péchant à la main des écrevisses, dans la Druance, ont été condamnés chacun à 3 francs d'amende et aux frais.  

 

Août 1888  -  Un cas rare.  -  A Condé-sur-Noireau, on a enterré en même temps les époux Calbris, grainetiers, décèdés à quelques heures de distance, la femme, l'un cancer, le mari, d'une maladie de poitrine.

 

Septembre 1888  -  Immoralité.  -  La police de Condé a arrêté, samedi, le sieur Philippe Jourdain, 63 ans, sans profession, rue de Vire. Deux fillettes de huit et de neuf ans, dont les parents sont voisins de cet individu, ont raconté qu'il s'était livré sur elles à des actes de honteuse immoralité. Jourdain nie ces faits de la façon la plus énergique, mais le récit des deux fillettes concorde absolument et diverses circonstances semblent le confirmer.  

 

Novembre 1888  -  Les pommes.  -  Quelques députés ont déposé sur le bureau de l'a Chambre une proposition de loi tendant à frapper d'un droit de douane de 1 fr. 50 par 100 kilog. les pommes à cidre et les poires à poiré de provenance étrangers. La plus grande quantité de ces fruits viennent d'Allemagne, en passant par la Suisse.

 

Novembre 1888  -  Une vache furieuse.  La servante d'un cultivateur du hameau de l’Abbaye-Saint-Claude, près Condé, gardait ses vaches dans un pré, accompagnée de deux chiens, qui se mirent, à harceler les vaches. Bientôt la bête fit tête aux chiens, fonça sur eux, les mit en fuite et les poursuivit. Ils coururent alors se réfugier derrière la servante. Ne voyant plus les  chiens la vache furieuse fondit sur la servante, la renversa à terre, la piétina avec rage et l'accabla de coups de corne. La pauvre fille ne put se relever et poussa des cris désespérés, qui,  heureusement, furent entendus par des gens occupés dans le voisinage. Mais il fallut s'armer de morceaux de bois pour chasser la vache furieuse et lui faire lâcher prise. La servante fut  relevée dans un état déplorable, le corps tout couvert de contusions, les vêtements en lambeaux, et fut ramenée chez ses maîtres, ou tous les soins que nécessitait sa triste situation lui furent donnés.  

 

Décembre 1888  -  Infanticide.  -  Une fille Marie Degrenne, 24 ans, dont les parents habitent Tinchebray, était servante à Condé-sur-Noireau. On l'avait soupçonnée d'être  enceinte, mais soudain son embonpoint disparut. Une enquête fut ordonnée. La fille nia d'abord, puis finit par avouer qu'elle était accouchée, dans la nuit du 13 octobre, d'un enfant dont elle n'avait pas regardé le sexe, aussitôt, prise de colère, elle lui serra la gorge avec la main pour l'étouffer, et, au point du jour, elle fut enfouir Je cadavre dans une fosse profonde. 

Elle se dit seule coupable et que personne ne l'a conseillée ni aidée dans son crime. L'accouchement ne doit pas remonter à deux mois, comme l'indique l'inculpée, mais à quinze jours seulement. Cette fille est d'autant plus coupable que plusieurs personnes, pendant sa grossesse, lui avaient proposé d'élever son enfant.

Le bruit se répand avec persistance que Marie Degrenne n'est pas accouchée seule, et qu'elle n'a peut-être pas fait elle-même la fosse où l'enfant a été trouvé.  

 

Janvier 1889  -  Mort gelé.  -  Il y a cinq semaines environ, le sieur Lelouvier, 50 ans, né à Saint-Pierre-d'Entremont, domestique chez M. Albert Dethan, à Condé, était renvoyé. 

Lelouvier passa sa journée à boire. Quand vint la nuit, il alla rôder autour de la maison, puis il essaya de monter dans le grenier à l'aide d'une échelle. En montant, il tomba à la renverse, resta pris par un pied entre deux des échelons et passa la nuit entière, la tête en bas, dans cette terrible position. Quand on l'aperçut, le lendemain matin, le malheureux était paralysé par le froid de la nuit. On le transporta à l'hospice. Tous les soins dont il a été l'objet ne pouvaient le sauver, car le pauvre homme était gelé jusqu'à la ceinture et ses chairs se détachaient par lambeaux. Il est mort jeudi.  

 

Août 1889.   -   275 ouvriers sans travail.   -   Dans la nuit de jeudi à vendredi, le feu a pris, à Condé, dans l'usine de tissage mécanique de M. Germain. La cause de cet incendie, suivant les uns, doit être attribuée à la malveillance; suivant les autres, elle serait accidentelle. Après examen des lieux, on est enclin à croire que c'est bien plutôt le résultat d'un accident.

A première vue, on peut estimer les dégâts à environ 650 000 francs. Une soixantaine de métiers sont restés à peu près intacts sous les deux toits préservés, mais il n'y a pas à espérer de les remettre en marche, puisque la machine à vapeur a fait explosion, et les 275 ouvriers employés dans l'établissement Germain sont aujourd'hui sans travail.

C'est la quatrième usine qui a été brûlée dans la vallée de la Vère. ( Bonhomme Normand)

 

Mars 1890  -  Veillez sur vos enfants.  -  Le jeune Alfred Challot, 8 ans et demi, demeurant chez ses parents, tisserands à Condé, était resté seul pendant que sa mère, était à porter le déjeuner à son mari. Avant de partir, la dame Challot dit au petit garçon, qui était resté couché, de s'habiller pour aller à l'école. 

Comme il faisait très froid, l'enfant s'installa devant la cheminée. Au bout de quelques minutes, le feu prit à sa chemise et se développa si rapidement qu'en peu d'instants le pauvre petit fut environné de flammes. A ses cris, les voisins s'empressèrent d'accourir et de lui porter secours, mais il était déjà couvert de profondes brûlures, notamment à l'estomac, au ventre et aux cuisses. Son état est grave.  

 

Juillet 1890  -  Affaire Lebarbier.  -  Nous avons raconté la tentative d'assassinat commise sur la route de Condé sur le nommé Léon Lebarbier, marchand de chiffons. Sa femme l'aurait fait descendre la nuit de sa voiture et lui aurait tiré plusieurs coups de revolver, voilà ce qu'il dit. 

— La femme Lebarbier soutient que les coups de revolver ont été tirés par des malfaiteurs qui ont pris la fuite dans la direction de Segrie-Fontaine. 

— Lebarbier a 45 ans, il a une assez bonne conduite, son état est grave. Sa femme n'a que 35 ans, sa conduite est mauvaise. C'est une débauchée. On suppose qu'elle a voulu tuer son  mari pour épouser l'un de ses amants. Un ancien domestique de Lebarbier a été aussi arrêté.  

 

Novembre 1890  -  Lapins changés en cochon.  -  Jeudi à Condé-sur-Noireau, le sieur Auguste Lemécré en allant voir ses lapins, s'aperçut que la porte de la niche était grande ouverte. Les  lapins avaient disparu et à leur place se prélassait un cochon de lait. Le sieur Lemécré retrouva ses lapins dans son jardin. Le cochon en question, appartient à un cultivateur de St-Pierre-la-Vieille. Il s'était échappé du marché, et, trouvant ouverte la porte du jardin, s'était introduit dans la place et avait démoli l'entrée de la niche aux lapins. Il a été rendu à son propriétaire.  

 

Décembre 1890  -  Les nouveau Petit-Poucet.  -   Deux gamins, de 9 et 11 ans, ont été surpris sous la gare de Condé comme ils venaient de voler chacun un paquet de sucre de cinq kilog..

Aux questions qui leur furent adressées, ces gamins répondirent qu'ils étaient originaires de Villers-Bocage, et que leur père, un nommé Malherbe, les envoyait mendier et voler. Ils ajoutèrent que, se trouvant avec leur père, à Lisieux, il les avait conduits au loin pour les perdre, et qu'ayant retrouvé leur chemin et leur domicile ils avaient entendu. Malherbe dire à sa femme pendant la nuit, tout comme dans le conte du Petit-Poucet, qu'il les emmènerait si loin qu'ils ne pourraient jamais reconnaître leur route. Une enquête est ouverte afin de savoir ce qu'il peut y avoir de vrai dans le récit de ces deux gamins.  

 

Janvier 1891  -  Dans un puits.  -  L'autre dimanche, à Condé, un ouvrier couvreur nommé Richard, de passage dans la ville, poursuivi, dit-il, par trois individus, s'est introduit, vers onze heures du soir, dans le corridor d'une maison, rue Saint-Martin, est tombé dans le puits et n'a été repêché que le lendemain, à 6 heures du matin. Or, le thermomètre, pendant cette nuit, a marqué dix à douze degrés au-dessous de zéro. Richard n'a eu que quelques contusions sans gravité et ne s'est même pas enrhumé à la suite de cette aventure.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1891  -  Personne brûlée.  -  Scholastique Marie, 70 ans, qui gardait les vaches d'un cultivateur dans un champ, au hameau de Samoy, près Condé, s'était assise sur le talus d'un fossé, sa « pote » remplie de braise allumée sous sa robe. 

Au bout d'un instant, elle sentit que la pote la brûlait. Elle se leva, mais à peine était-elle debout que les flammes l'enveloppèrent, ses vêtements ayant pris feu. Elle se mit à courir, criant,  appelant au secours, mais, activées par la course et un vent assez fort, les flammes prirent plus de force, de sorte que, de la malheureuse, on ne voyait que la tète et les bras qui  s'agitaient vainement, cherchant à maîtriser le feu qui la dévorait. 

Lorsque arrivèrent ceux qui venaient lui porter secours, elle était dans le plus affreux état, son corps n'était qu'une plaie et la chair se détachait de ses doigts. On parvint à éteindre le feu qui la consumait. Elle fut transportée dans sa demeure où, après deux jours d'horribles souffrances, elle rendait le dernier soupir.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1891  -  Ne mettez pas d’épingles dans votre bouche.  -  Mercredi, à Condé-sur-Noireau, Marie Laplanche, 14 ans et demi, apprentie couturière chez Mlle Harivel, rue de Vire, mit une épingle entre ses lèvres. Juste à ce moment, elle fut prise d'un accès de toux et l’épingle pénétra profondément dans sa gorge. 

Un docteur fut immédiatement appelé, mais, malgré tous ses efforts, il ne put ramener l'épingle. La jeune fille fut conduite à Caen, où on ne put non plus retrouver l'épingle. Marie Laplanche a enduré de cruelles souffrances et est restée plusieurs jours sans pouvoir prendre aucun aliment. 

Aujourd'hui, elle éprouve toujours une vive douleur dans la gorge et croit que l'épingle s'y trouve encore arrêtée, les médecins, au contraire, pensent qu'elle est descendue dans l'estomac.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1891  -  L’avaleuse d’épingle.  -  La jeune Marie Laplanche, qui avait avalé une épingle, à Condé, est enfin délivrée. Les douleurs de cette pauvre fille, étaient devenues si atroces qu’elle demandait à grands cris qu'en lui ouvrit la gorge. Enfin, mercredi, vers quatre heures du matin elle fut prise de vomissements violets à la suite desquels l'épingle fut expulsée. Cette épingle, qui est restée vingt-deux jours dans la gorge, de la malheureuse enfant, était toute noire, elle est mince, mais très longue, comme celles dont se servent les couturières. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1891  -  Pauvre vieillard.  -  Un vieillard de 76 ans, nommé Pierre Milan, est venu s'échouer sur la promenade Saint-Martin, à Condé. Le pauvre diable, malade de misère et de privations, ne pouvait aller plus loin, le commissaire l'a fait aussitôt transporter à l'hospice. Quand il a pu reprendre quelque force, il a déclaré être né à Heussé (Manche). Il avait deux fils qui, en 1870, habitaient St-Denis-de-Méré, canton d'Harcourt, ils ont été appelés, sous les drapeaux, et depuis on n'en a plus entendu parler.  

Pierre Milan a également dit que la commune de Heussé, le lieu de sa naissance, a droit à un lit à l'hospice  du chef-lieu de canton, mais que, chaque fois qu'il s'est présenté à cet hospice,  on lui a déclaré qu'on ne pouvait le recevoir, le lit en question étant occupé. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1891  -  Une ville em…..baumée.  -  Pendant deux jours, de six heures du matin à six heures du soir, on a vidé les lieux d'aisances de l'école Saint-Martin de Condé dans une barrique. Au dix-septième voyage, Dumont d'Urville en a changé de couleur sur son piédestal. Quel em...baumement. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1891  -  Chevaux emportés.  -   Jeudi, le sieur Vital Jehan, 25 ans, domestique à Flers, quittait Condé avec un chargement de bois. Près du passage à niveau de la Remaizières, les chevaux s'emportèrent. Jehan tomba et une roue lui brisa les deux os de la jambe gauche.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1891  -  Mort accidentelle.  -  Jeudi, le sieur Lucien Laplanche, 43 ans, charpentier à Condé-sur-Noireau, était parti de St-Christophe, ramenant à Condé un chargement de bois et d'outils. Il était monté sur la voiture et tenait les guides. Près de Cambercourt, s'étant probablement endormi, il glissa entre le corps de la voiture et l'une des roues et se brisa plusieurs côtes. Des charpentiers, qui le suivaient, l'aidèrent à se relever. Quoique se plaignant de vives douleurs, il put continuer la route à pied. Mais, au Pont-Errembourg, il ne put aller plus loin. Ses camarades le transportèrent à son domicile, où il est mort vendredi. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1892  -  Coup de maladresse.  -  Ajuster un oiseau et le manquer, cela rentre dans la série des maladresses que commettent inévitablement les chasseurs novices, mais viser un oiseau dans un arbre et tuer le chien qui passe au pied, voilà une chose infiniment plus rare... C'est pourtant ce qui est arrivé, non loin de Condé, au fils Gémy.

Le chien est estimé 60 fr, le tireur maladroit ne veut pas le payer, sous prétexte que l'animal occis ne devait pas passer sous l'arbre au moment où il tirait.  Procès-verbal a été dressé, le juge de paix nous dira qui a tort ou raison. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1892  -  Mort de misère.  -  Un raccommodeur de porcelaine ambulant, Louis Guérin, 57 ans, né à Cormeilles (Eure), traversant la rue d'Urville, à Condé, vendredi, vers 8 heures du  matin, s'affaissa sur le trottoir et ne put se relever. Il fut transporté à l'hospice où, malgré les secours qui lui furent donnés, il expira.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1892  -  Orages et foudre.  -  Un orage épouvantable s'est abattu sur la France vendredi et samedi. Après avoir fait de très sérieux dégâts dans la Manche, le fléau a atteint le Calvados et s'est étendu sur presque toute la France en faisant des victimes et en occasionnant des pertes immenses.

A Caen et dans l'arrondissement, rien de grave heureusement. A Villers-Bocage cependant, deux vaches appartenant au sieur Delaunay ont été foudroyées dans un herbage où elles étaient à pâturer.

A Authie, la foudre a tué un cheval dans un herbage. A Bayeux, elle est tombée dans les herbages de M. Langlois, boulevard de la Gare. A Bellefontaine, elle est tombée sur la maison inhabitée appartenant à Mme Duperron et connue sous le nom de « Maison hantée, ou « Maison du Diable ». Elle a démoli un tuyau de cheminée et fait deux brèches assez larges à la toiture.

A Sully, dans un herbage, une vache appartenant à M. Jacques Lefèvre, de Ranchy, a été tuée.

A Ver, la foudre est tombée chez le sieur Ponty, menuisier, mais n'a fait que des dégâts insignifiants. Personne n'a été attrapé sauf un ouvrier qui s'est plaint d'avoir reçu une commotion dans les reins. : A Crépon, la foudre est tombée sur un veau qu’elle à tué et sur une maison dont elle a abattu la cheminée.

A Vire, l'orage a été d'une violence inouïe. La foudre a tué deux personnes sur le champ de foire. Ce sont les sieurs Sourdeval fils, 20 ans, à Saint-Martin-de-Tallevende, et Lechevalier, 50 ans, cultivateur, demeurant à Pleines-Oeuvres, qui s'étaient retirés sous les marronniers. Une femme qui se trouvait près d'eux est tombée sans faire le moindre mouvement, et a été portée à l'hospice. Elle n'est pas morte, et la paralysie des jambes qu'on a crainte ne se produira pas. Elle sera quitte pour la peur. Plusieurs bestiaux ont été foudroyés à Roullours, la foudre, a incendié la ferme du sieur Briard. Les pertes sont importantes, assuré. La foudre est tombée également à Neuville, à St-Germain-de-Tallevende, à St-Martin-de-Chaulieu où elle a tué des bestiaux. 

A Pont-Erembourg, elle a mis le feu à la filature Baron-Langlois, mais l'incendie a été rapidement éteint. Elle est tombée également dans un champ où elle a brûlé des gerbes de seigle.

A Saint-Pierre-sur-Dives, la foudre est tombée par deux fois sur l'église, où elle a fait des dégâts considérables, découvrant une partie de la tour du milieu, crevassant les murs en nombreux endroits et endommageant la charpente et faisant de grands dégâts dans l'intérieur de l'église. MM. Lechoisne et Lecerf étaient montés sur la grosse tour, comme ils  en descendaient, Un  coup de tonnerre les renversa. M. Lechoisne se releva avec un bras endolori, M. Lecerf fut quelque temps avant de reprendre connaissance. Il n'a eu d'ailleurs aucun mal. Une religieuse  qui  priait a été renversée sans avoir aucun mal. La foudre est tombée également sur l'école des garçons et plusieurs habitations. Dans les environs, il y a eu des gerbes de blé de brûlées, sur la route de Crèvecoeur, les poteaux du téléphone de M. Lepetit ainsi que plusieurs peupliers ont été atteints et teillés. A Victot-Pontfol, le tonnerre est tombé sur une jument, que M.  Marie venait de dételer, elle a été tuée net.

A Méry-Corbon, M. Semaison, l'éleveur bien connu, a eu un cheval de course, d'une très grande valeur, tué par la foudre dans un herbage.

A Coulibœuf, la foudre est tombée sur un poteau près de la gare et a interrompu les communications télégraphiques avec Falaise.

A Urville, la foudre est tombée sur le calvaire en contournant le fût de la croix, elle a détaché le Christ qui, est resté suspendu par un bras. Même commune, trois bestiaux ont été tués dans l'herbage de M. Macé.

Les campagnes sont dévastées et les récoltes entièrement perdues.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1892  -  Le saut d’une somnambule.  -  Au milieu de la nuit, Julia Corbin, 28 ans, domestique chez M. Houel, représentant de commerce à Condé-sur-Noireau, est tombée dans un accès de somnambulisme par la croisée de sa chambre, d'une hauteur de huit mètres. Dans sa chute, cette jeune fille s'est brisé les deux poignets et s'est fait une légère blessure à la  lèvre supérieure. Jusqu'à ce jour, aucun signe de somnambulisme ne s'était manifesté chez elle. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1892  -  Bataille prés d’un cadavre.  -  La veuve Brochard, journalière, rue du Chêne, à Condé-sur-Noireau, venait de rendre le dernier soupir. Son gendre et sa fille, les époux Huet, ne s'entendaient pas entre eux sur ce qu'ils devaient faire, n'ayant pas de motifs de reconnaissance envers la défunte. Une explication assez vive eut même lieu à propos du linge à fournir. Le sieur Huet père arriva à ce moment chez ses enfants et voulut mettre la paix, mais son fils lui imposa silence et le malmena. Un sieur Lemière ayant voulu intervenir, Huet fils lui aurait porté deux coups de clef sur la télé. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1892  -  Mauvaises père.  -  Le sieur Armand Séguin, 63 ans, propriétaire au hameau de la Poissonnière, prés Condé-sur-Noireau, est veuf depuis quelque temps seulement. Il a  conservé chez lui sa fille, âgée de 13 ans. Sous prétexte qu'elle est paresseuse et a un caractère difficile, il la frappe avec brutalité et la prive de nourriture. Une  enquête se poursuit.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1892  -  Écrasé.  -  La semaine dernière, le sieur Adolphe Dutoit, 62 ans, journalier à Condé-sur-Noireau, était parti de Flers avec sa voiture attelée de deux chevaux, chargée de coton. Au Pont-de-Vère, il fit un faux pas et tomba sous la roue de la voiture qui lui écrasa la tête. Les chevaux continuant leur route furent rencontrés par un sieur Albert Lenormand, de Pont-Errembourg, à environ deux kilomètres de l'endroit où a eu lieu l'accident. Le corps de Dutoit fut retrouvé le lendemain par un ouvrier. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1892  -  Explosion dans un puits.  -  M. Couespel, épicier et débitant à Condé-sur-Noireau, ayant reçu, la semaine dernière, une barrique de pétrole de 160 litres, la plaça sous un appentis, sans s'apercevoir que le liquide coulait. 

Dimanche matin, il constata qu'une partie du pétrole s'était infiltré dans certaines crevasses et était parvenu à un puits qui se trouvait près de là. Aidé de plusieurs ouvriers, il enleva une certaine quantité de seaux d'eau, et, lorsqu'il crut qu'il ne restait plus de pétrole, il eut l'imprudence d'allumer un monceau de paille et de le jeter au fond du puits. Il regardait avec un ouvrier, nommé Frédéric Vaugeois, au fond de ce puits, lorsqu'une détonation se fit entendre, et un jet de flammes d'une grande hauteur.

Couespel et Vaugeois n'eurent que le temps de se retirer, les flammes leur brûlant le visage. 

Ils sont actuellement hors de danger. Une vieille dame, qui se trouvait assise dans un appartement voisin, éprouva une telle frayeur, en entendant l’explosion, qu'elle tomba de sa chaise et perdit connaissance.   (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1892  -  Une série.  -  La demoiselle Marie Bourdon, 29 ans, servante chez M. Bissey, imprimeur à Condé, a été renversée par le timon d'une voiture. Elle a été relevée  dans un état épouvantable. Le cheval, qui appartient à M. Bourge, boulanger, avait été débridé pour boire et il s'était emballé. Depuis quelque temps, le malheur s'acharne sur M. Bourge : au commencement de l'année dernière, un incendie accidentel se déclarait dans l'un de ses bâtiments, quelques mois auparavant, c'était un cheval attelé qui brisait la devanture d'un  magasin. C'est une série. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1892  -  Accidents de travail.  -  Vendredi, à Condé-sur-Noireau, Albert Goudier, 18 ans, employé chez MM. Paris et Bessire, rue St-Pierre, a été saisi dans une machine, par la manche de sa vareuse. Il a essayé de se dégager, mais l'étoffe de ce vêtement étant neuve n'a pas cédé, et le bras droit a été fortement contusionné à la hauteur du coude. On a pu  heureusement le dégager. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1892  -  Misère et intempérance.  -  Le nommé Alphonse Pigeon, âge de 63 ans, qui ne vivait que d'aumônes, a été trouvé agonisant près de Condé-sur-Noireau. Il est mort à l'hospice de Condé où il avait était transporté. Ce malheureux a succombé à une congestion cérébrale produite par l'abus immodéré des liqueurs fortes. (Source : Le Bonhomme Normand)   

 

Décembre 1892  -  Détournement.  -  Victor Tirard, 21 ans, attaché au bureau de poste de Condé-sur-Noireau, n'a dérobé que 35 francs, mais il a contre lui sa qualité d'employé, qui aggrave sa situation et le conduit devant la cour d'assises. L'accusé, dont le passé est excellent, est acquitté, grâce à la plaidoirie pleine de cœur de Me  Guernier. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Février 1893  -  Sauvage agression.  -  Le sieur Pierre Dudemaine, de St-Pierre-du-Regard, 43 ans, tisserand, revenait samedi soir de Condé-sur-Noireau, lorsque, passante la Roque, le nommé Constant Delarue, 37 ans, tisserand, se jeta sur lui et d'un violent coup de pied l'envoya rouler à terre. 

Aux cris de Dudemaine et au bruit de la lutte, un voisin accourut et le délivra du forcené qui l'accablait de coups. On ignore le mobile de cette agression. Dudemaine se plaint de douleurs de tête, il a porté plainte. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1893  -  Taureau furieux.  -  Le sieur Barbé, marchand de bestiaux à Condé-sur-Noireau, a failli être tué par un taureau. Cet animal, habituellement très doux, s'est précipité sur sont maître et l'a grièvement blessé. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1893  -  Les victimes de l’ivresse.  -  Une fois déjà, le sieur Poupinel, maréchal-ferrant à St-Pierre-la-Vieille, avait failli être brûlé vif étant gris. Cela ne l'a pas corrigé. La semaine dernière, rentrant chez lui, ivre-mort, il se jeta sur son lit. Un paquet d'allumettes qu'il avait dans sa poche prit feu. La femme de Poupinel, qui couche dans un appartement voisin, apercevant une lueur, et ne respirant plus à cause de la fumée, alla voir ce qui se passait. Les vêtements de son mari flambaient et celui-ci ne bougeait pas. 

Elle appela un voisin qui accourut et jeta un seau d'eau sur le dormeur qu'on ne put réveiller. Poupinel est dans un état lamentable, la partie inférieure de son corps ne forme qu'une plaie. On n'espère pas le sauver. Triste retour, même les liquides ne peuvent passer. 

— L'autre semaine, à Truttemer-le-Petit, le sieur Adolphe Liot, 51 ans, cultivateur, était allé travailler chez un de ses voisins, pour l'aider à battre son sarrasin. Le soir, la femme Liot, ne le voyant pas rentrer, alla à sa rencontre, et le trouva étendu sur le chemin, ne donnant plus signe de vie. Il avait été écrasé par une voilure. Ce pauvre homme était un peu pris de boisson. 

— Le cadavre du sieur Joseph Dinel, 55 ans, a été trouvé sur la route de Vassy à Condé, au lieu dit « la Fosse ». Il était pieds nus, et sans pantalon. Les souliers et le pantalon se trouvaient à quelques mètres de lui. Une enquête a établi que cet homme était mort d'une congestion pulmonaire produite par l'ivresse.  (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Octobre 1893  -  A 52 ans !  -  La veuve Octavie Guérin, 52 ans, propriétaire à Condé-sur-Noireau, rue du Calvados, apportait, un soir, 80 fr. qu'elle devait au sieur Eugène Jobard, 41 ans, maçon, rue du Pont. On l'invita à boire un petit coup; mais elle en prit plusieurs et il fallut atteler pour la ramener chez elle. 

En arrivant, la veuve Guérin renvoya le domestique et la voiture, sous prétexte qu'elle avait quelque chose à montrer au sieur Jobard. Il faut croire que cela lui plut à voir, car à minuit il était encore dans la chambre de la veuve Guérin quand la dame Jobard apparut. Ce qu'elle vit ne lui plut pas autant qu'à son mari, faut croire, car elle tomba sur la veuve Guérin pendant que son mari se sauvait par le jardin. 

Mais elle ne se contenta pas de taper dessus à coups de poing et de pied, elle arracha aussi tout ce qui lui tomba sous les griffes, mettant ainsi l’amoureuse veuve hors d'état de recommencer son escapade d'ici longtemps.

L'affaire se serait arrêtée là, si la dame Jobard n'avait pas exigé que la veuve Guérin lui remît 300 fr. en or, plus une reconnaissance de 5 700 francs, total 6 000 fr., pour le préjudice  causé. 

C'était exagéré assurément. C'est ce qu’a pensé le parquet, car il a fait arrêter la femme Jobard et son fils Gustave, qui s'est mêlé de la chose, et ils seront poursuivis pour extorsion de signature. Quanta notre Jobard, cause de tout le mal, il s'était retiré à Caen chez une parente en attendant que l'orage fût passé. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1893  -  Chronique judiciaire.  -   Eugène Catherine, 44 ans, cultivateur à Cahagnes, 50 fr., coups et blessures, 

— François Pidos, 42 ans, cultivateur à Cahagnes, 25 fr., coups et blessures. 

— Ferdinand Aubry, 26 ans, rattacheur à Condé-sur-Noireau, 8 jours, coups et blessures. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1893  -  Le pétrole.  -  Jeudi soir, vers 8 heures 1/2, une lampe à pétrole s'est renversée dans le magasin de M. Trochet, bijoutier à Condé. Mme Trochet a rapidement saisi la lampe et l'a lancée dans la rue. Elle a eu les doigts d'une main brûlés. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1894  -  Il l’a échappé belle.  -  Jeudi, à Condé-sur-Noireau, rue des Challouets, un cultivateur qui conduisait son cheval, en marchant auprès de lui, fit un faux pas, lâcha la bride et tomba en avant de la roue. Un malheur serait s le sieur Delaunay, huissier, s’était jeté à la tête du cheval ne l'avait arrêté au moment où la roue allait passer sur le cou du cultivateur. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1894  -  Mouvement de la population.  -  D'un rapport inséré au Journal officiel, il résulte qu'il y a eu dans le Calvados en 1892, 8 616 naissances ; 10 672 décès ; 3 054 mariages et 89 divorces, excédent des décès, 2 056. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1894  -  Le froid.  -   L'hiver nous est revenu brusquement cette semaine. Mardi matin le thermomètre marquait 4 degrés au-dessous de zéro et mercredi 6 degrés.  (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Avril 1894  -  Suicides.  -  Eugène Catherine, 43 ans, ouvrier maçon à Condé-sur-Noireau, ne cessait de battre sa femme, mère de trois enfants. En janvier, elle demanda sa séparation de corps, et qui n'empêchait pas Catherine de battre sa femme chaque fois qu'il la rencontrait. 

Enfin, lundi, après avoir asséné à la malheureuse trois coups de canne plombée, Catherine est allé se pendre dans son logement. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1894  -  L’immoralité.   -  Une tentative de viol a été commise, par un jeune cultivateur de Canchy, sur une fillette d'une quinzaine d'années. Cet individu n'en est pas à son coup d'essai. Il y a enquête.

— Une enquête se poursuit à Condé-sur-Noireau. Il s'agit d'actes immoraux commis par plusieurs habitants de la ville sur des jeunes filles de moins de treize ans, que leur procuraient la  femme Victorine Ferrand, 38 ans, et les filles Juliette Baffard, 28 ans, et Célestine Profichet, 28 ans, ouvrières. Elles ont été arrêtées. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1894  -  L’immoralité.   -  L'enquête sur l'affaire de mœurs de Condé-sur-Noireau se poursuit. Un employé de commerce de la ville est passé en Angleterre pour ne pas être arrêté. Les scènes de débauche se seraient passées chez Victorine Ferrand, dite la Parisienne, 41 ans, dévideuse. 

Cette femme, qui vit séparée de son mari, aurait, paraît-il, attiré chez elle des filles du plus bas étage et des fillettes mineures qu'elle procurait à des individus. Cela durait depuis plus d'un an. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1894  -  Trop de vacances.   -  Pour l'année scolaire 1893-1894, on arrive, dans les lycées et collèges, au total inouï de 201 jours de congé contre 164 de travail. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1894  -  Le vélo.   -  L'Académie a parlé. Tout compte fait, sauf de très rares exceptions, hommes et femmes peuvent, sans danger pour leur santé, monter en vélocipède, cet exercice n'est interdit qu'aux personnes atteintes d'une maladie de cœur. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1894  -  Noyé en se baignant.   -  Le sieur Georges Bertrand, 24 ans, garçon de café à Condé-sur-Noireau, quittait son patron, le sieur Mahiet, sans l'avertir. Le sieur Mahiet, ne voyant pas rentrer son garçon pour faire son service, le fit chercher et le chercha lui-même dans toute la ville, mais inutilement. Son cadavre a été trouvé dans le Noireau. Bertrand se sera noyé en voulant prendre un bain. Il était marié depuis quinze mois. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Décembre 1894  -  Pauvre femme.   -  La dame Armandine Ballot, 35 ans, femme du sieur Régnault, ouvrier charron à Condé-sur-Noireau, est morte en couches la semaine derniers. Cette mort ayant été attribuée aux coups que le mari avait portés, dans la matinée, à la malheureuse femme, la police a ouvert une enquête. Il parait établi que les violences exercées par Régnault ne sont pas la cause directe du décès. Le fait n'en est pas moins ignoble. Quoi de plus brute que de frapper une pauvre femme sur le point d'accoucher ? (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Janvier 1895  -  Un malheureux qui veux s’arracher la langue.   -  Le sieur Auguste Lebailly, galochier à Condé, a été pris d'un accès de « delirium tremens ». Il s'est persuadé qu'il avait  des vers dans la gorge, et, en cherchant  à les enlever, il s'est tiré violemment sur la langue, qu'il a cruellement mordue. Son état est grave. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1895  -  Tempête, neige et froid.   -   Nous avons eu cette semaine de grands froids et des tempêtes de neige. Dans la nuit de dimanche à lundi, le thermomètre est descendu à Alençon à 16 degrés au-dessous de zéro. Sur un grand nombre de points du département, la circulation a été interrompue par suite de la neige. 

Lundi, le train, des tramways du Calvados a été bloqué entre Lion et le Haut-Lion. La mer était mauvaise sur nos côtes. Il y a plusieurs sinistres en Manche. Cette situation à été générale. La circulation des trains a été interrompue dans l'Est au delà de Nancy. Le vent a causé de grands ravages dans le département du Nord. Deux fabriques ont été détruites près de Roubaix. Il y a des inondations en Angleterre. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1895  -  Un mari brutal.   -  Le 4 décembre dernier, la dame Regnault, 35 ans, femme d'un carrossier de Condé-sur-Noireau, mourait en couches. Le bruit public attribua cette mort aux mauvais traitements du mari, Henri Regnault, 34 ans. 

L'enquête établit qu'il trompait sa femme et la battait souvent, il l'avait encore frappée la veille de son décès. Mais, d'après les médecins, ces coups n'ont pas causé la mort. Le tribunal de Vire a condamné. Regnault à 4 mois. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1895  -  Neige et froid.   -  L'hiver que nous traversons menace d'être un des plus longs que nous ayons eu depuis longtemps. Il est de nouveau tombé de la neige dimanche la nuit, et le froid continue. Les routes et les chemins sont impraticables. On s'étonne de l'inaction des administrations que cela concerne. Les bras inoccupés sont nombreux dans nos campagnes et en leur faisant appel on pourrait rétablir la circulation sur beaucoup de points, au besoin, on pourrait avoir recours aux prestataires. Si cet affreux temps continue, les navires ne pourront plus arriver à Caen. L'Orne est prise et le paquebot La « Dives » est resté huit jours retenu par les glaces près de Longueval. Il n'a été dégagé que mercredi matin. Quant au canal, les glaçons l'encombrent. Cette situation est d'ailleurs générale. La Seine est prise à Paris et à Rouen. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1895  -  Les victimes du froid.   -   Samedi de la semaine dernière, à Condè, la dame Marie Harivel, veuve Leboucher, dévideuse, 49 ans, allait chercher du charbon au tissage du Moulin-Biot. Dans la cour, saisie par le froid, elle tomba. Portée à son domicile, elle y est morte le lendemain.

— Le nommé Grosnier, 59 ans, marchand ambulant, a été trouvé sur la route, près de Balleroy, mort d'une congestion causée par le froid. 

— Le sieur Victor Gilles, 62 ans, a été trouvé mort de froid dans la maison qu'il habitait seul à Moyaux. 

— Une malheureuse femme, nommée Marie Delamare, 46 ans, vivant de la charité publique, a été trouvée morte de froid, jeudi dernier, dans une prairie, à Fatouville-Grestain. 

— On a trouvé sur un chemin vicinal, à Ecrammeville, le cadavre du nommé Léonor Pimont, 71 ans, de St-Lo. Il avait succombé à une congestion causée par le froid. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1895  -  Chien enragé.   -   Fernand Golin,16 ans, demeurant chez sa mère, rue du Marché, à Condé, fut mordu par son chien vendredi de la semaine dernière. Le chien est mort dimanche matin. L'autopsie ayant démontré qu'il était enragé, le jeune Colin est parti pour l'institut Pasteur.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1895  -  Mauvaise mère.   La jeune Merry, 13 ans, se livrait chaque jour à la mendicité dans les rues de Condé. Pour apitoyer les personnes auxquelles elle tendait la main, elle leur racontait d'un ton larmoyant qu'elle était, l'aînée de sept enfants, que sa mère était au Bon-Sauveur et son père paralytique, elle était seule pour soutenir la famille. En réalité, les époux Merry, se portent à merveille et ont quatre enfants seulement. C'est la femme, âgée de 33 ans, qui a contraint sa fille à demander l'aumône, et, quand la jeune fille refusait ou quand le soir elle ne rapportait pas assez d'argent, elle était battue comme plâtre. Elle n’était d’ailleurs pas la seule dans la maison à subir de mauvais traitements. Son petit frère, âgé de 10 ans, était tellement battu par sa mère qu'il s'enfuit du domicile paternel. Il fut recueilli par des personnes charitables qui continuent à s'occuper de lui. La fille et la mère vont être poursuivies en correctionnelle. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1895  -  Mauvais fils.   -   La semaine dernière, à Condé-sur-Noireau, à la suite d'une discussion entre le sieur Poulain, cafetier, et son fils, ce dernier frappa son père. Celui-ci, furieux, courut après son fils qui s'enfuyait, mais il glissa, tomba, et se fit de nombreuses blessures, dont une à la tête d'où le sang s'échappait abondamment, la main reçut aussi d'horribles meurtrissures. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1895  -  Tombé par la fenêtre.  -  Le sieur Cœurdoux, 50 ans, demeurant rue du Chêne, à Condé, était accoudé à la barre d'appui de la fenêtre de sa chambre,  située au  premier étage. Cette barre d'appui, en bois, était vermoulue, elle vint à céder, et Cœurdoux tomba dans la rue. Il parait qu'il s'est défoncé la poitrine et brisé la colonne vertébrale. Il a été transporté à l'hospice dans un état qui laisse peu d'espoir de le sauver. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1895  -  Vilaine affaire.  -  Le sieur Le Monnier, carrossier à Condé-sur-Noireau, se rendait à Flers en voiture. Sur la place, les commis lui dirent de s'arrêter. Il ne les écouta pas et, au galop, se dirigea vers la cour de l'hôtel du Lion-d'Or, dont il referma la porte. Quelques instants après, le sieur Le Monnier sortait de l'hôtel et, apercevant l'un des commis, il l'aurait insulté et battu. Le sieur Le Monnier nie les faits. Mais il parait que suite sera quand même donnée à cette vilaine affaire. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Juillet 1896  -  Employé voleur.  -  Henri Bocage, 33 ans, né à Thury-Harcourt, avait été employé comme comptable chez M. Martin, fabricant de fromages à Berjou. 

Le 3 mars, il se présentait chez M. F. Guilet, à Condé-sur-Noireau, et escomptait pour le compte de M. Martin deux traites s'élevant ensemble à 157 fr. 50. M. Martin, ayant été avisé de ce fait par le banquier, remboursa ce dernier. 

Bocage reconnut s'être approprié cette somme, s'engageant à en dédommager Martin, lui signant une reconnaissance de dette qu'il n'est pas près d'acquitter. Bocage un individu peu recommandable, il est divorcé et a pris la fuite lorsqu'il a vu qu'il allait être inquiété par la justice, de plus, il a déjà subi treize mois de prison. Cette fois, il a été condamné, par défaut, à quatre mois de prison.  (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Juillet 1896  -  Vols de drapeaux.  -   La nuit de la fête de St-Pierre-du-Regard, des jeunes gens de Condé, en goguette, ont dérobé six drapeaux tricolores et russes qui ornaient l'estrade qu'on avait aménagée pour la musique de Condé. L'enquête a fait découvrir les voleurs, ce sont les nommés Martial, Brière, Devère, Robillard et autres. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1896  -  Accident de voiture.  -   La, semaine dernière à Condé-sur-Noireau, la voiture du sieur Bonaventure, épicier à Flers, s'est renversée rue de la Bataille. Le sieur Albert Cachet, qui la conduisait, a été grièvement blessé. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1897  -  Disparu.  -   Malgré toutes les recherches, on n'a pas retrouvé Almire Favry, apprenti ébéniste, qui a quitté, le 23 décembre, le domicile de ses parents, à Condé-sur-Noireau. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1897  -  Noyés.  -  Le cadavre, du sieur Bazile Gâches, 63 ans, ouvrier maréchal ferrant, à Condé-sur-Noireau, depuis une trentaine d'années, a été trouvé dans le bief du Moulin-Bien, où il se serait jeté volontairement, d'après l'enquête. 

— On a trouvé sur le rivage, à Merville, le cadavre du sieur Jean Perrette, ancien marin, demeurant à Saint-Aubin-sur-Mer. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1897  -  Cheval tué.  -  Un cheval de 500 francs, que le sieur Romain-Lepage, loueur de voitures à Condé-sur-Noireau, venait d'acheter, a eu le flanc traversé par le brancard de la voiture du sieur Alfred Brisollier, cultivateur. La gangrène s'étant mise à la blessure, le cheval est mort quelques jours après. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1897  -  Les suites d’une opération.  -  Le sieur Jules C…...., 40 ans, tisserand aux Vaux-de-Vère, près Condé-sur-Noireau, avait été obligé de se faire enlever du nez un polype. L'état mental du tisserand sembla s'en ressentir. Le médecin conseilla à Mme C…….. de ne pas rester seule avec son mari, et celle-ci fit venir sa mère. Une nuit, le sieur C……... dormait tranquillement, ce que voyant, sa femme, vers minuit, envoya sa mère se coucher. A cinq heures, C….... se réveilla. Il se rua sur sa femme et, n'ayant plus sa raison, la frappa au visage, avec une telle violence, qu'il lui brisa le cartilage du nez. La mère de la malheureuse, ayant voulu lui porter secours, fut aussi frappée. 

Par bonheur, les voisins accoururent. Mme C…….. a été transportée dans sa famille, qui habite Pont-d'Ouilly, dans un état très inquiétant. Quant à C……..., il semble revenu à la raison et a déclaré regretter son action. C'est un homme très estimé. Il est marié depuis quatorze ans, et jusqu'ici ce ménage était on ne peut plus uni. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1897  -  Drôle d’accident.  -  Jeudi soir, le sieur Alexis Davout, meunier à Caligny, quittait Condé-sur-Noireau, en voiture. Vingt minutes après, il se trouvait, sans savoir comment, étendu sur la route à demi étourdi et n'ayant plus qu'une oreille. Il revint sur Condé et entra dans le débit Quesnée où dans un accès de fureur il brisa tout. Cet accès de rage ferait supposer que Davout se serait arraché lui-même l'oreille, croyant, sans doute, tirer sur celle de son cochon.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1897  -  En grève.  -  Deux cents ouvriers tisserands de l'usine Lehugeur, à Condé-sur-Noireau, se sont mis en grève. 

Ils protestent contre la diminution sur les anciens produits et réclament un tarif pour la nouvelle fabrication. M. Baranger, maire, a été nommé arbitre. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1897  -  Mort à la messe.  -  La dame Mesnil, journalière à Condé-sur-Noireau, est morte subitement dimanche, dans l'église St-Sauveur, à la messe de huit heures. (Source : Le Bonhomme Normand) 

 

Juillet 1897  -  Affaire de chien.  -  M. Lehujeur, manufacturier à Condé-sur-Noireau, n'a pas seulement ses 500 ouvriers en grève sur les bras, il réclame aussi 500 fr. à un sieur Renouf qui lui a, avec sa voiture, écrasé son épagneul à la descente de la côte du pont du Coudray. 

L'affaire est déjà venue devant le juge de paix d'Évrecy, puis portée devant la cour de cassation qui l'a renvoyée devant la justice de paix de Caen. Deux avocats et plusieurs témoins ont été déjà entendus, on en entendra encore. Tout cela ne serait pas arrivé si cette bête de chien avait été aussi rangée des voitures que son maître. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1897  -  Les incidents de Condé.  -  La grève des ouvriers de la fabrique des frères Lehugeur a pris vendredi une mauvaise tournure. Mal conseillés, les grévistes ont parcouru les rues en chantant la « Carmagnole » et ont brisé des vitres au domicile de M. Lehugeur. Vendredi soir, M. Lehugeur arrivait à Caen. Le préfet étant à Cabourg, il conféra avec le chef de cabinet. Samedi, le préfet arrivait à Condé et prenait un arrêté interdisant les rassemblements. 400 soldats du 5e et plusieurs brigades de gendarmerie parcouraient les rues et gardaient  les entrées de la ville. Samedi soir, les grévistes se retiraient au delà du Noireau, sur le territoire de l'Orne. Profilant de l'obscurité, des hommes et des femmes ont jeté des pierres sur la troupe, plusieurs soldats ainsi qu'un gendarme ont été atteints. Dimanche, Condé était agité, mais calme, depuis, la tranquillité n'a pas été troublée. Plusieurs arrestations ont été opérées. Ces manifestations regrettables ne sont pas de nature à servir la cause des grévistes, si respectable qu'elle soit. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1897  -  Deux forcenés.  -  Pendant que la fille Brune, 20 ans, domestique à Condé-sur-Noireau, gardait les moutons de son maître, le sieur Desrues, deux individus, Aquitain, 30 ans, et Lemonnier, 17 ans, ont frappé bêtement les animaux et ont tenté de violenter la jeune lille. A ses cris, le sieur Barbot accourut, mais il fut aussi frappé par Aquilain. Ils ont été arrêtés. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1897  -  La grève de Condé.  -  La semaine s'est passée en entrevues et en pourparlers entre le préfet, les patrons et les délégués des grévistes. Quelques enragés ont encore cassé des carreaux, notamment au cercle du Commerce, considéré par les grévistes comme le foyer de la résistance faite aux demandes des ouvriers. De nombreuses arrestations ont été opérées. De la troupe et des gendarmes sont toujours sur les lieux. La rentrée des ouvriers chez MM. Lehugeur a eu lieu mercredi, 30 ouvriers dont 5  grévistes ont repris le travail. 

A la suite des troubles de Condé. Les condamnations suivantes ont été prononcées par le tribunal correctionnel de Vire : Pierre Radiguet, 46 ans, rémouleur, 4 mois ; Armand Bazin, 23 ans, imprimeur à Sourdeval-la-Barre, 55 fr. ; Louis Peltier, 27 ans, Auguste Jobard, 37 ans, et Georges Collin, 18 ans, 3 mois chacun : Adolphe Got, 21 ans, 2 mois ; Georges Gérard, dit Mastoc, 40 ans, 6 semaines ; Jules Moussette 16 ans, et Jean Hommeril, 39 ans, 1 mois chacun ; Victor Marie, Cyprien Remondin, 18 ans, et Léon Boudray, 21 ans, 20 jours chacun ; Eugénie Leharivel, femme Bondray, 55 ans ; Félix Boudray, 18 ans ; Ferdinand Onfroy, 38 ans, et Victor Marie, 40 ans, 15 jours chacun ; Maurice Moussay, 18 ans ; Jules Guillaume, 21 ans ; Albert Burel, et Victor Laumonier, 17 ans, 10 jours chacun ; Victor Boudray, 23 ans ; Eugène Gautier, 31 ans ; Jules Boudray, 51 ans ; Jules Viel, 17 ans, et Félix Brisset, 56 ans, 6 jours chacun ; François Desaunay, 37 ans, et Emile Boyard, 46 ans, 3 jours chacun. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1897  -  La Grève de Condé.  -  Dimanche, on a cru à de nouvelles manifestations. Le préfet avait même été mandé télégraphiquement. Il allait partir lorsqu'une dépêche plus rassurante lui a permis de rester jusqu'à la fin du banquet. Il est parti lundi matin. Plusieurs arrestations importantes ont été opérées, elles ont produit un salutaire effet, et le calme paraît revenu. De nombreux ouvriers ont repris le travail. (Néanmoins, la troupe est toujours campée à Condé. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1897  -  La Grève de Condé.  -  Cette grève peut être considérée comme terminée. La troupe est rentrée à Caen. C'est le 27 août que seront jugés les prisonniers amenés à Vire, menottes aux poignets. Parmi eux se trouvent les citoyens Madeline, président du comité de défense, et Lemire, président de la chambre syndicale de l'industrie cotonnière de Condé. Leur arrestation a été ordonnée par le procureur général. A la réunion organisée par le député Chauvin, on comptait 143 femmes et 40 hommes seulement. Le jeune socialiste Jean Longuet, dont le père a longtemps habité Caen, est venu aussi à Condé pour engager les grévistes à continuer la résistance. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1897  -  Tentative de vol d’un cheval.  -  On a volé, à Condé-sur-Noireau, au sieur Leroquais, propriétaire à Vaudry, un cheval de 1 100 francs, qu'il avait amené à la foire. Le voleur conduisit l'animal à la foire de Saint-Lô du 2 septembre, mais là, se voyant découvert, il prit la fuite, abandonnant la bête. volée à l'hôtel où il l'avait déposée. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1897  -  Parents, veillez.  -  Plusieurs enfants se balançaient l'un après l'autre sous une grande porte, au Pont-Cel, à Condé-sur-Noireau, lorsque, soudain, une des ficelles attachées aux montants se rompit.

Le jeune Charles Colin, dont c'était le tour, est tombé, se blessant si gravement à la tête qu'il mourait quelques heures après. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1897  -  Un forcené.  -  Isidore Lautour, 31 ans, domestique à St-Georges-des-Groseillers (Orne), entrait, l'autre jour, sous la tente du sieur Demorieux, à Condé-sur-Noireau, se servait lui-même, brisait ensuite vaisselle et flacons, et pour tout paiement portait un coup de poing au débitant qui lui réclamait son dû. A ce moment, passe le commissaire de police, il veut intervenir, mais lui aussi est injurié et frappé d'un coup de poing dans l'estomac. Il a fallu requérir un agent et deux gendarmes pour emmenotter le forcené qui écumait de rage et frappait avec plus de violence encore les agents, dont l'un a dû s'aliter. On put enfin traîner Lautour au violon, d'où il a été conduit à la prison de Vire. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1898  -  Tombé de voiture.  -  Le sieur Georges Leboucher descendait la petite rue du Chêne, à Condé-sur-Noireau, quand il rencontra une charrette chargée de paille qui l'obstruait. Voulant passer le premier, il fit monter sa voiture sur le trottoir. Malheureusement, celle-ci versa, et Leboucher, en tombant, eut la cheville brisée. (Source : Le Bonhomme  Normand)

 

Janvier 1898  -  Conseiller municipal boxeur.  -  Le 11 octobre dernier, à Condé, au cours de la discussion, au conseil municipal, sur les dommages occasionnés par les troubles survenus pendant la grève, M. Corre, conseiller municipal, avait donné un coup de poing à son collègue M. Jourdaine, qui porta plainte et réclame 150 fr. de dommages-intérêts. 

Après enquête, l'affaire, appelée jeudi devant le tribunal de simple police, a été renvoyée à quinzaine par le juge suppléant qui faisait les fonctions de juge. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1898  -  Les femmes témoins dans les Postes.  -  La nouvelle loi sur les femmes témoins, vient de recevoir une utile application dans les postes. Les femmes pourront  être témoins dans les opérations de la caisse d'épargne postale, pour les remboursements ne dépassant pas 150 fr., ainsi que pour les mandats postaux. Toutefois, le mari et la femme ne pourront être  témoins pour la même quittance. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1898  -  Pauvre vieillard.  -  On a trouvé sur la voie ferrée, à 650 mètres de la station de Pont-Errembourg, le sieur Victor Désert, 65 ans, habitant chez son neveu, à Condé-sur-Noireau. Le malheureux, qui était tombé d'un rocher de 7 mètres de hauteur, avait plusieurs blessures à la tête et la figure couverte de sang. Depuis quelque temps, le sieur Désert était tombé en enfance. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1898  -  Conseiller municipal boxeur.  -  Nous avons mentionné, dans notre numéro du 14 au 20 janvier, que, au cours d'une discussion, au conseil municipal de Condé-sur-Noireau, sur les dommages occasionnés par les troubles survenus pendant, 12 la grève, M. Corre, conseiller municipal, avait donné un coup de poing à son collègue, M. Jourdaine. 

Celui-ci, on se le rappelle, porta plainte et réclamait 150 fr. de dommages-intérêts. Le juge de paix a rendu, jeudi, son jugement. Il a condamné M. Corre à la valeur de deux journées de travail (soit 3 fr. 50 d'amende) et aux dépens. C'est vraiment pour rien.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1898  -  Trop de toupet.  -  Il y a vingt ans, en octobre 1878, Florentine Levatois, alors âgée de 26 ans, accoucha, chez la veuve Marie dite « la Baronne », logeuse à Condé-sur-Noireau, d’une fille qui ne vécut que quelques jours. Peu de temps après, la fille Levatois quitta Condé avec son amant, Alfred Dupuich, sans payer l'hôtesse à qui il était dû 35  fr. Celle-ci en avait fait son deuil lorsque, ces jours derniers, elle vit entrer chez elle la fille Levatois qui lui dit : « Vous avez attendu bien longtemps après mes 35 fr., mais vous les aurez bientôt, je vais hériter de 1 655 fr. et c'est M. Tesnières, avocat à Caen, qui s'occupe de mes intérêts » et elle exhiba une feuille timbrée relatant l'héritage et signée Tesnières. 

La veuve Marie logea alors la fille Levatois et lui prêta même quinze francs. Mais, s'étant informée, elle apprit que la signature Tesnières était fausse, elle était donc roulée une seconde fois. Plainte a été portée. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1898  -  Accidents de travail.  -  La demoiselle Marthe Hue, 16 ans, ouvrière de filature à Condé-sur-Noireau, a eu un doigt de la main gauche écrasé dans un engrenage. 

— Un ouvrier pareur, de Condé, nommé Florent Dubosc, âgé de 26 ans, travaillait à l'usine de la Remaizière, chez M. Lehugeur, quand une chaîne pesant 120 kilos et insuffisamment suspendue aux crochets qui la soutenaient glissa et l'atteignit à la tête. Renversé sur le coup et couvert du sang qui s'échappait à flots de sa blessure, Dubosc a été transporté chez lui dans un état grave, mais qui ne met pas ses jours en danger. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1898  -  Destruction des hannetons.  -  L'essaimage triennal des hannetons devant avoir lieu en 1898, un crédit de 1 500 fr. a été inscrit à cet effet au budget départemental. Le montant des primes sera de 0 fr. 10 par kilogramme de hannetons ramassés et détruits en présence des maires ou de leurs délégués, et le paiement en sera fait sur la production d'un certificat adressé à la préfecture. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1898  -  Pour un accordéon.  -  Le jeune Auguste Burel, 15 ans, demeurant avec sa mère, à St-Pierre-du-Regard, auquel un dépôt de pain avait été confié à Condé-sur-Noireau par un boulanger de Frênes, a pris la fuite en emportant 32 francs, montant des pains manquants. Il s'est offert avec le produit de son vol un accordéon de 24 fr. et un harmonica de 0 fr. 75. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1898  -  Broyé par un train.  -  Le sieur Polidor Lainé, chiffonnier à Condé-sur-Noireau, qui s'était engagé sur la voie, a été tamponné par un train un peu en avant de la halte de Caligny-Cerisy. Le corps avait été complètement broyé et ses débris dispersés sur une longueur de 20 m. Ses effets mêlés aux chairs formaient une horrible bouillie. (Source : Le Bonhomme  Normand)

 

Avril 1898  -  Les chevaux américains.  -  Le Sénat a ratifié le vote de la Chambre relatif aux droits de douane dont seront frappés les chevaux étrangers. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1898  -  Les voleurs de grand chemin.  -  Le sieur Dupont, 70 ans, avait vendu bon prix une vache à la foire Mi-Carême, à Condé-sur-Noireau. Comme, le soir, il s'en revenait chez lui, plus que gai, répétant à tous les échos qu'il avait vendu sa « belle vache », Henri Livolan, marchand de poisson, Albert Burel, 18 ans, et Deverre, 19 ans,  bondirent tout à coup sur lui. Pendant que l'un d'eux le tenait bâillonné sur le sol, les deux autres le fouillaient et le dévalisaient des 350 fr. qu'il avait dans son gilet. 

Ce n'est que ces jours derniers que le sieur Dupont a informé la gendarmerie de cette agression. Ce long silence est inexplicable. Deux des malfaiteurs sont arrêtés, on n'a pu encore retrouver le troisième, Livolan, qui seul a profité du vol. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1898  -  A propos de Saints.  -   Les saints de glace, la terreur des horticulteurs, figurant au calendrier les 11, 12 et 13 mars, ne paraissent vouloir faire parler d'eux. Fin de la lune rousse, le 20 mai. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1898  -  Quel toupet !  -  Il y a vingt ans, en octobre 1878, Valentine Levatois, alors âgée de 26 ans, née au Tronquay, près Bayeux, accoucha chez la veuve Marie dite « la Baronne », logeuse à Condé-sur-Noireau, d'une fille qui ne vécut que quelques jours. Cette fille était accompagnée de son amant. Alfred Dupuich. Tous les deux étaient sans ressources. La veuve Marie fut la marraine de l'enfant et paya les frais du baptême et de l'inhumation de sa filleule. 

Peu de jours après, la fille Levatois et son amant disparaissaient en devant 35 fr. à leur logeuse. 

Cette femme n'avait plus entendu parler de ses débiteurs lorsque, le 14 février dernier, elle vit entrer chez elle la fille Levatois qui lui dit : « Vous ne me reconnaissez pas. Je suis votre débitrice. Vous avez attendu bien longtemps après vos 35 fr.. mais vous les aurez bientôt, car je vais hériter de 1 655 fr. et c'est M. Tesnière, avocat à Caen, qui s'occupe de mes intérêts », et elle, exhiba une feuille timbrée relatant l'héritage et signée de M. Tesnière. La veuve Marie logea alors la fille Levatois, elle lui avança même 12 fr. et lui prêta un jersey et un tablier, puis, un beau jour, elle disparut comme la première fois. Le fameux héritage était une blague qui a valu six mois de prison à cette coquine. En ce moment, elle purge à Caen trois mois de  prison qui lui ont été infligés pour un autre délit. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1898  -  Coups de poing mortel.  -  Les époux Jules Champion et leurs parents Albert Lepeltier, demeurant tous à Condé-sur-Noireau, étaient allés, le dimanche 8 mai dernier, passer l'après-midi à Pont-Errembourg. Le soir, au retour, à propos d'une affaire de famille, une querelle éclata, entre Champion et Lepeltier. 

Celui-ci frappa son beau-frère d'un violent coup de poing à la figure. Champion a dû s'aliter, bien que la blessure parût d'abord peu grave. Mais, un abcès s'étant formé à l'intérieur de la  bouche, il succombait quelques jours après. 

L'autopsie a révélé que contrairement à ce que l'on présumait, Champion n'avait aucune fracture ni au crâne ni à la mâchoire. Le pus de l'abcès était monté au cerveau et avait  déterminé la mort. Lepeltier est arrêté. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1898  -  Erreur n’est pas compte.  - Les sieurs Héroult et Esnault père, négociants en grains à Condé-sur-Noireau, ne sont pas cousins. Jalousie de métier, naturellement. Le 17 février, le sieur Hérault achetait 325 kilos de blé qu'il renferma dans quatre sacs à sa marque. Quand il voulut les faire enlever, le 24 février, les quatre sacs avaient disparu. On les retrouva parmi les sacs vides de Esnault père. 

Le sieur Hérault porta plainte. Esnault déclara que c'était par erreur que les quatre sacs avaient été enlevés et proposa d'en rembourser le prix. Hérault refusa et Esnault fut traduit en police correctionnelle. Mais le tribunal de Vire, estimant qu'il y avait doute en ce qui concerne l'intention frauduleuse, a acquitté Esnault, un vieillard de 75 ans, très honorablement connu. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1898  -  Incendie.    Un incendie a éclaté au Moulin-Biot, à Condé-sur-Noireau, dans les magasins de M. Jules Germain, manufacturier. Une assez grande quantité de cotons d'indigo, de savons pour teinture ont été consumés. 

Les pertes, évaluées à près de 150 000 francs, sont couvertes par une assurance. Il n'en résultera heureusement aucun chômage pour les ouvriers. La cause présumée de cet incendie est la fermentation des matières grasses qui se sont enflammées. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1898  -  Réservistes et territoriaux.    Les réservistes et territoriaux d'infanterie, convoqués pour accomplir une période d'instruction en 1898, sont invités à retirer dans la première  quinzaine de juin leurs ordres d'appel qui sont déposés à la gendarmerie de leur résidence. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1898  -  Argent chipé ne profite pas.     Les époux Leriche, qui le sont, habitent Condé-sur-Noireau. Le mari est malade, la femme, pour mettre à l'abri des voleurs les économies du ménage, les cachait dans un trou qu'elle avait fait dans sa cave et qu'elle recouvrait ensuite. Son fils, âgé de 16 ans, surprit la cachette, y puisa à pleines mains et en retira 370 francs avec lesquels il alla se promener à Flers en compagnie d'un nommé Fernand Robillard, 19 ans. Là ils firent la rencontre d'Albert Villy, dit Loulou, qui se rendait à Vire pour y faire quinze jours de  prison. 

Le jeune Leriche, paya à boire et des vêtements à ses compagnons. Puis Loulou s'empara de ce qui restait dans le porte-monnaie, sous prétexte qu'il n'était pas convenable qu'un jeune homme ait autant d'argent en sa possession. 

Finalement, Arthur Leriche a dû emprunter le prix de son billet pour rentrer à Condé, chez ses parents. 

Robillard, qui n'a pas encore été condamné, s'en tire avec quinze jours de prison, quant à Villy, dit Loulou, déjà condamné vingt fois, il attrape six mois de prison. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1898  -  Souvenir … touchant    Eugène Lemaure, 25 ans, était domestique chez le sieur Fournet, demeurant à Condé-sur-Noireau. Lemaure était au mieux avec la servante de la maison, Léontine Messou, 24 ans. Ils devaient, dit-on, se marier. A la suite d'une discussion avec son patron, Lemaure fut renvoyé.

Avant de partir, il alla trouver sa bonne amie dans le jardin, où elle se trouvait, pour lui dire adieu. Mais, exigeant autre chose qu'un baiser, la fille refusa. Lemaure se fâcha et, comme souvenir... touchant, il lui donna deux coups de poing dans la figure. 

Léontine Messou a porté plainte et Lemaure a été condamné à quinze jours de prison. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1898  -  Vol qualifié.   -   Eugène Rattier, 60 ans, chiffonnier à Flers, et Joseph Duplaud, 21 ans, sans domicile, ont commis plusieurs vols de poules, de lapins, etc…., du coté de Flers et de Domfront. Les produits de ces vols ont été vendus à Condé-sur-Noireau. Rattier a été condamné à 10 ans de réclusion parce qu'il ne pouvait être condamné aux travaux forcés, à cause de son âge, et à l'interdiction de séjour. Josepf Duplaud a été condamné à 5 ans de travaux forcés. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1898  -  Réclamations.   -   A Condé-sur-Noireau. lorsqu'il s'agit d'une adjudication, ça marche comme sur des roulettes, tout le monde est admis, mais après, c'est différent. Quand, on ne fait pas au goût de certains personnages ou quand on leur dit leurs vérités, on vous balance. C'est ce qui serait arrivé à la suite d'une adjudication du 19 août. Mais tous les balancés ne sont pas d'humeur à-se laisser envoyer ainsi à la balançoire sans protester : ils réclament et ils font bien.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1898  -  Coup de hachette.  -  Albert Brière, dit la Sauce, 18 ans, et Adolphe Martial, 20 ans, logent à l'auberge de la Bonne-Cuisine, à Conde-sur-Noireau. Ils avaient de fréquentes altercations avec un autre pensionnaire, Jules Leconte, 50 ans, marchand de balais. Dernièrement, rentrant le soir, ayant bu plus que de raison, l'idée leur vint d'aller réveiller Leconte, à coups de trique. Mais celui-ci sauta de son lit et, s'armant d'une hachette, s'embusqua à une petite lucarne. Brière. étant venu à passer, en reçut en pleine figure un coup qui lui fendit le nez, déterminant une hémorragie abondante. Leconte a été arrêté.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1899  -  Un gaillard incorrigible.  -  Cet été, un gamin de 16 ans, Arthur Leriche, enlevait à ses parents Condè, 370 fr., avec lesquels il se rendit à Flers en compagnie d'un autre polisson de 19 ans. En route, ils firent la rencontre d'Albert Villy, dit Loulou, qui se rendait en prison pour faire quinze jours. Il rebroussa chemin et s'empara de ce que le jeune Leriche avait dans son porte-monnaie en lui disant qu'il n'était pas convenable qu'un enfant de son âge ait tant d'argent entre les mains.

Villy fut condamné à six mois de prison. A peine en liberté, il a fait de nouveau des siennes. Il s'est rendu coupable de bris de clôture et de voies de fait envers plusieurs personnes de Condé, et finalement, il s’est introduit la nuit chez la veuve Perrin, 52 ans, avec laquelle il voulait à toute force se coucher, ce qui ne parut pas faire le bonheur de la pauvre femme, car elle se mit à crier. Des voisins accoururent et plainte fut portée. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1899  -  Concession de mines.  -  Par une pétition en date du 18 décembre, M. Louis Raoul Barin, propriétaire, sollicite une concession de mines d'or, argent, cuivre, étain, plomb, et autres métaux connexes, sur le territoire de Saint-Marc-d'Ouilly, arrondissement de Domfront. Les préfectures du Calvados et de l'Orne procèdent  en ce moment aux formalités nécessaires.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

 Février 1899  -  Grave accident.  -  Mercredi, vers 3 heures du soir, un grave accident est survenu à une jeune fille de  16 à 17 ans, Marie-louise Malherbe, servante chez M. Auguste Prieur, fabriquant, rue Vieille-rue à Condé. Louise Malherbe était occupée à repasser  du linge dans une place  donnant sur l'impasse Poissonnerie. Cette pièce, située au première étage sur une cave, à seulement 2 mètres 50 au dessus du sol, est éclairée par une fenêtre munie extérieurement d'une barre d'appui en bois.

On suppose que, pour parler à un voisin de la maison contiguë, M. Louis Fournet, tailleur, qui travaille au second étage, la jeune servante monta debout sur le granit qui forme le rebord de la fenêtre, et, en enjambant le barreau, se tint au mur par un gond de volet ; elle avait, dit-on, cette mauvaise habitude. Elle fut relevée dans une mare de sang, portant au front une forte entaille. Son état est grave mais non désespéré.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1899  -  Chute d’une fenêtre.   -   La demoiselle Marie Malherbe, 16 ans, servante chez le sieur Prieur, fabricant à Condé-sur-Noireau, était occupée à repasser du linge lorsque, pour lier conversation avec un voisin, elle monta debout sur la fenêtre et, enjambant le barreau, se tint au mur par un gond de volet. Mais, prise sans doute d'un  étourdissement, la jeune fille tomba dans la rue, se faisant de très graves blessures à la tête. On ne craint cependant pas pour ses jours. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1899  -  Accident.   -   Le sieur Paul Aupois, hôtelier à Condé-sur-Noireau, déchargeait du charbon prés de l'église St-Martin, quand tout à coup son cheval s'emballant alla défoncer les vitres du sieur Bain, marchand de fleurs, et se jeter sur le banneau du ramasseur des boues de la ville. 

Le conducteur du banneau, le sieur Félix Oger, 50 ans, fut renversé. Comme il était blessé, on le transporta à l'hospice. Le sieur Aupois a été lui-même légèrement contusionné à un orteil. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1899  -  La neige.  -  Lundi la neige a tombé partout dans le département et le froid a été très vif. Les arbres à fruits ont souffert. (Source : Le Moniteur du Calvados)

 

Avril 1899  -  Morts subites.  -  Le sieur Charles Legrand, 47 ans, régisseur des fermes de M. le comte de Saint-Quentin, à Garcelles-Secqueville, est mort subitement dans un champ.

— On a trouvé dans un vieux chemin, à Beuvron-en-Auge, le cadavre du sieur Jéhanne, 46 ans, tonnelier à St-Aubin-Lebizay, près Cambremer. Jéhanne était disparu de son domicile depuis  plusieurs jours. Comme il était adonné à la boisson, il a succombé à une congestion cérébrale.

— Le sieur Victor Marie, 37 ans, épicier et débitant à Condé-sur-Noireau, souffrant depuis quelques jours, se sentant pris de faiblesse, monta à sa chambre pour s'y reposer. Il y était à peine arrivé qu'il expirait. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1899  -  Les débits de boissons.  -   Une loi est proposée au Sénat pour que les débits de boissons à consommer sur place soient réduits à un par 300 habitants. En ce moment, il y a en France un débit par 85 habitants. L'écart est grand. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1899  -  Médailles d’honneur du travail.  -   Des médailles d'honneur ont été décernées à Mmes Hardy et Harivat à Mlles Hodeyer, Houdan et Mongodin, et à M. Studer, tous appartenant à l'établissement industriel de MM. Lehujeur frères, à Condé-sur-Noireau.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1899  -  Noyé.   -   Le sieur Auguste Hébert, 71 ans, journalier chez le sieur Oblin, à Condé-sur-Noireau, est tombé dans la rivière en allant puiser de l'eau pour les bestiaux qu'il soignait. Retiré respirant encore, le malheureux ne tarda pas à expirer. Hébert, qui était depuis dix ans au service de son maître, avait été frappé d'une congestion. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1899  -  Découverte de cadavre.   -   La demoiselle Lucile Vaubaillon, 79 ans, demeurant à Condé-sur-Noireau, qui n'avait pas été vue depuis plusieurs jours, a été trouvée morte dans sa maison, étendue sur le plancher, presque nue, au milieu d'une mare de sang. 

La pauvre fille a succombé à une hémorragie cérébrale. Elle était, depuis quelque temps, sujette à de fréquents étourdissements. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1899  -  Ennemis du chant.   -   Le « beau dimanche » de la foire de Condé, le sieur Alexandre Hue, 41 ans, maçon, était attablé sous une tente avec le sieur Chantepie, maçon, qui, entre deux verres, se mit à pousser une romance.

Cela déplut à cinq ou six jeunes gens se trouvant à une autre table, une discussion éclata et on en vin aux coups.

Hue et son compagnon se retirèrent prudemment, mais ils furent bientôt rejoints par les jeunes gens qui se jetèrent sur eux, les frappant à coups de bâton.

Chantepie put s'enfuir. Quant à Hue, il s'était affaissé, le crâne ouvert sur une longueur de cinq centimètres. Son corps, était tout meurtri. Deux de ses agresseurs sont connus, ce sont les frères Prével, de Caligny. Par eux, les autres ne tarderont pas à être découverts. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1899  -  A jeune femme, il faut jeune mari   -   Voilà, un proverbe qu'aurait dù méditer le nommé George, 62 ans, avant d'épouser Émilienne Oger, aujourd'hui âgée de 23 ans.

Édouard Gosselin, cantonnier à Condé-sur-Noireau, ayant perdu sa femme, vint pleurer dans le gilet de flanelle de la jeune Émilienne, et, comme elle a le cœur aussi tendre qu'une petite cocotte, elle prit à tâche de consoler notre veuf, qui ne demanda pas mieux.

Malheureusement, la femme George eut le tort d'aller lui prodiguer ses consolations à son domicile, où le vieux mari les a fait pincer en flagrant délit d'adultère après plusieurs semaines  d'hésitation. (source le Bonhomme Normand)  

 

Octobre 1899   -   Morts accidentelles.   -  Le sieur Alphonse Péret, 24 ans, marin à Honfleur, en voulant hisser à bord le réservoir à crevettes, au large du phare de l'Hôpital, a été atteint dans le dos par la bôme de son bateau. Le malheureux est tombé à la mer et s'est noyé.

— Le sieur Jouenne, fort de la halle à Condé-sur-Noireau, qui sortait, le soir, de chez la dame Martin, sa blanchisseuse, s'est noyé accidentellement dans le Noireau. On suppose qu'en rentrant chez lui, trompé par I’obscurité, il sera tombé dans la rivière où, saisi d'une congestion, il n'a pas tardé à expirer.

— On a trouvé sur la voie du chemin de fer, à la sortie de Falaise, le cadavre de M. Bisson, marchand de bois et fabricant de caisses à fromages à Carel, près de Saint-Pierre-sur-Dives.

M. Bisson, en passant la nuit sur la voie, n'avait pas entendu un train de nuit qui lui a écrasé la tête. (source le Bonhomme Normand) 

 

Octobre 1899   -   Recensement des chevaux.   -   Le recensement des chevaux, juments, mulets et mules de tout âge aura lieu avant le 16 janvier 1900.

Les propriétaires devront déclarer à la mairie, avant le 1er janvier 1900, tous les chevaux et mulets qui sont en leur possession. Il ne sera pas fait, en 1900, de recensement des voitures attelées. (source le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1899   -   Tombé de cheval.   -   Le commandant de gendarmerie Xaillé, de Caen venait d'inspecter, à Condè-sur-Noireau, les brigades de gendarmerie, lorsque, regagnant à la  hâte, à cheval, la gare pour y prendre le train, sa monture s’abattit sur le pavé.

Le commandant se releva et remonta à cheval, disant qu'il ne se sentait pas blessé, mais, arrivé à Caen, il dut s'aliter, par suite d'une luxation de la rotule d'un des genoux.  (source le Bonhomme Normand)  

 

Janvier 1900   -   Accident de travail.  -  Le sieur Lechevrel, âgé d'une trentaine d'années, employé chez le sieur Marie, camionneur à Condé-sur-Noireau, sortait de la gare de la petite vitesse avec un banneau chargé de 3 000 kilogrammes de charbon, tout à coup, il fit un faux pas et vint tomber sous l'une des roues du véhicule qui lui fit, à la jambe gauche, une grave blessure.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1900   -   Mort des suites de sa blessure.  -  Nous avons mentionné dans notre numéro du 5 au 11 janvier que le sieur Lechevrel, âgé de 30 ans, camionneur à Condé-sur-Noireau, qui sortait de la gare de la petite vitesse avec un banneau chargé de 3 000 kilos de charbon, était tombé sous une des roues et avait été gravement blessé à une jambe. Le malheureux a succombé aux suites de sa blessure. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Mars 1900   -   Broyés.  -  Le sieur Léon Brichard, 35 ans, ouvrier apprêteur chez le sieur Paris, à Condé-sur-Noireau, chargeait une pièce de tissu sur son dos, l'étoffe s'étant accrochée au volant actionnant la roue sur laquelle se trouve la courroie de transmission, le malheureux a eu la tête projetée contre le volant qui a une vitesse de 1 000 tours à la minute.

Le crâne fut fendu jusqu'à la racine du nez et Brichard expira sous les yeux de son jeune frère, seul témoin de l'accident.

Brichard était un ouvrier modèle, au service du sieur Paris depuis 23 ans. Il était marié et n'avait pas d'enfants.

  —  Dimanche soir, le sieur Victor Pellerin, 36 ans, journalier à Bayeux, employé à la minoterie Chaumard, s'approcha trop près de l'arbre de couche en mouvement, une courroie le saisit et il fut emporté avec une vitesse vertigineuse. Son corps en passant sur le cylindre, qui a été brisé, a fait arrêter la machine et a produit un violent choc.

Au bruit, le surveillant descendit précipitamment dans le moulin, Pellerin était broyé et son corps comme ficelé par les courroies. La mort a été instantanée.

On ne sait comment l'accident s'est produit. Pellerin, paraît-il, n'avait nullement besoin dans le moulin. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1900  -  Deux jeunes amoureux qui tentent de se suicider.  -  Claire Prestavoine, 17 ans, dévideuse, et Victor Champin, 18 ans, ouvrier vernisseur, à Condé-sur-Noireau, s'aimaient  passionnément.

La mère de la jeune fille ayant interdit l'entrée de sa maison à Champin, les deux jeunes gens résolurent de rester fidèles à leur amour jusque dans la mort. Ils se rendirent sur le  bord de la rivière et là, après se lièrent l'un à l'autre avec un mouchoir et un tablier, et se jetèrent dans l'eau.

Heureusement qu'ils avaient été aperçus par le sieur Chantepie, ouvrier à l'usine au gaz, qui accourut et retira de l'eau les deux amoureux, malgré les protestations de la jeune fille. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1900 - Pour noyer son chagrin. - Le sieur Rouiller, 37 ans, ouvrier tisserand à Condé, ayant bu accidentellement plus que de raison, s'est jeté dans le Noireau. Mais, au  contact de l'eau, il appela au secours et put être aidé à monter sur la berge. Boullier est mélancolique depuis la mort successive de sa femme et de ses cinq enfants. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1900  -  Suicide.  -  Le sieur Pierre Bouvet, 62 ans, sonneur de cloches à Condé-sur-Noireau, s'est pendu à son domicile, au-dessus de son lit, à l'aide d'une corde attachée à une forte pointe fixée à une poutre. Une saisie avait été opérée l'avant-veille au domicile de Bouzet et il en avait éprouvé un tel chagrin qu'il s'est donné la mort. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1900   -   Voisin pas commode.   -   Comme il passait devant la porte du sieur Villeroy, 66 ans, cultivateur à Condé-sur-Noireau, Pierre Roquet, journalier, injuria d'abord la femme de celui-ci, puis, s'approchant ensuite du mari, il lui lança à la tête un coup de poing qui le fit tomber sans connaissance. Dans sa çhut, le malheureux Villeroy s'est fracturé une cuisse. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Juillet 1900  -  Pauvres enfants.  -  Armand Foutelaies, 39 ans, vit, à Condé-sur-Noireau, avec la fille Joséphine Granderie, 27 ans. Tous les deux travaillent et sont de bons ouvriers.

Foutelaies a trois jeunes enfants qu'il n'aime pas, sa compagne encore moins. Souvent, Foutelaies et la fille Granderie s'enfermaient avec les enfants, et le père, armé d'un nerf de bœuf, les frappait surtout l'aîné.

Lors de l'enquête, celui-ci a tout raconté, mais à l'audience, par peur de son père, il a rétracté ce qu'il avait dit. Le tribunal a quand même condamné Foutelaies à deux mois de prison et la fille Granderie à un mois.

Que vont devenir les petits ? Et, dans deux mois, les rendra-t-on à leur père que la prison aura rendu plus cruel encore envers eux ? (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1900   -   Un saint homme.  -  La police de Caen a arrêté Louis Alliet, 25 ans, valet de chambre, rue de Bras, pour vol aux époux Goislard, restaurateurs à Condé-sur-Noireau, chez lesquels il était domestique. Alliet faisait le dévot et déclarait vouloir entrer dans un couvent de Capucins. Ce saint homme avait volé des bijoux aux époux Goislard, 300 fr. à un pensionnaire et 85 fr. à un garçon d'hôtel. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1900   -   Outrage public à la pudeur.  -  Procès-verbal pour outrage public à la pudeur a été dressé contre Baptiste Fargeot, 56 ans, et Marcelline Groult, 44 ans, journaliers à Condé-sur-Noireau. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Octobre 1900   -   Tombé de bicyclette.  -  Le sieur Regnault, demeurant à Condé-sur-Noireau, en revenant de Fiers à bicyclette, a été projeté sur la route et s'est sérieusement blessé. 

Cause : un chien qui, poursuivant un lièvre, s'est jeté dans la bécane.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1900   -   Rêves de jeunes filles.  -  Jusqu'à ce jour, les officiers ne pouvaient se marier qu'avec des femmes leur apportant 25 000 francs de dot. Maintenant, il leur est loisible d'épouser des jeunes filles n'ayant que leur vertu pour apanage. 

Depuis, les jeunesses pauvres ne rêvent que pantalons rouges, comme si nous étions encore au temps où les rois épousaient des bergères. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1900   -   Une ouvrière scalpée.  -  Contrairement aux règlements, la demoiselle Gabrielle Merrie, 17 ans, bobineuse à la fabrique Germain-Dulorestel, à Condé-sur-Noireau, était occupée à nettoyer un métier qui était en mouvement, lorsque sa chevelure fut prise par une vis de pression d'un cône. Les cheveux s'enroulèrent autour de l'engrenage et arrachèrent le cuir chevelu, qui fut détaché du crâne et mis en morceaux. Le cuir chevelu a été recollé, mais on craint que cet accident n'ait de suites fatales pour l'imprudente, jeune fille. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Novembre 1900   -   Accident du travail  -  Le sieur J. Denis, cardeur à Condé-sur-Noireau, pris par une courroie en travaillant dans une filature, a eu une jambe rompue et un bras contusionnée. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Décembre 1900   -   Menace de mort.  -  Des menaces de mort ont été proférées par le nommé Courant, journalier à Saint-Germain-de-Livet, contre le sieur Gervais Delaunay, propriétaire au Mesnil-Durand, parce que celui-ci l'aurait fait condamner pour délit de chasse. 

— Le nommé Philippe, 25 ans, cultivateur à Condé-sur-Noireau, étant ivre, a également menacé de mort le sieur Fouquet, débitant, même ville. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1900   -   Morts accidentelles.  -  A Condé-sur-Noireau, on a retiré de la rivière le cadavre de la veuve Dumouchel, 75 ans. On suppose qu'elle est tombée à l'eau pendant qu'elle était en train de laver du linge.

— La gendarmerie a été appelée à constater la mort accidentelle de la dame Feuillet, propriétaire à Dozulé.

— Il y a quelques jours, le sieur Augustin Lequesne, 64 ans, journalier, à Courseulles, étant allé ramasser du bois sur le bord de « La Seulles », n'avait pas reparu. Son cadavre vient d'être découvert en décomposition. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Décembre 1900   -   Furetage.  -  Que faites-vous là ? demandaient les gendarmes de Condé à une femme couchée ivre-morte dans un ruisseau.

— Le.., Le... Le... mort...

— Comment, vous laites le mort.. C'est une plaisanterie... Ouste ! relevez-vous, et au poste.

Quand elle lut dégrisée, la bonne femme raconta qu'elle allait à l'enterrement de son oncle, et qu'ayant pris trop de sous de consolation, la douleur lui était tombée dans les jambes.

— Mais pourquoi nous avoir dit que vous faisiez le mort ? reprit sévèrement le brigadier.

— Mé ! J'vos ai pas dit que j'faisais l'mort... J'vos ai criyi que j'm'appelais Lemort... Eugénie Lemort, vos savez... la femme à défunt Lemort, que j'pleure enco quand j'pense à ly.

Sans respect pour la douleur de madame Lemort, les gendarmes lui ont dressé procès-verbal pour ivresse. (Source  : Le Bonhomme Normand)

CONDÉ-SUR-NOIREAU  -  Les ruines du Château 

Commentaires et informations : Facebook - @