1er Octobre 2024

UN SIÈCLE D'HISTOIRE DU CALVADOS Page 2
COURSEULLES s/ MER

Canton de Creully

Les habitants de la commune sont des Courseullais, Courseullaises

Mars 1860   -   Composition du Corps législatif.  -   Lundi, le Corps législatif a procédé, dans ses bureaux, à la nomination de sept membres pour l'examen du projet de loi relatif à la distraction d'une portion de territoire de la commune de Graye ( canton de Ryes ), et sa réunion à la commune de Courseulles ( canton de Creully ).
Cette commission est composée de MM. Douesnel, de Corneille, de Saint-Germain, le comte de Colbert-Chabannais, le marquis de Blosseville, Henon, Fouché-Lepelletier.
Son bureau est ainsi constitué : président, M. de Corneille ; secrétaire, M. le comte Colbert-Chabanais ; rapporteur, Douesnel. (L’Écho Bayeusain)
 
Mars
1860   -   La pêche.  -   On sait quel importante ressource forme la pêche pour tous les habitants du littoral normand. A Dieppe, au Havre, à Fécamp, à Saint-Valéry, au Tréport, à Trouville, à Dives, à Ouistreham, à Courseulles, et à Port et sur plusieurs autres parties de la côte, la pêche fraîche et pour ainsi dire unique moyen d'existence de toute une partie intéressante de notre population maritime. Au moment où nos relations commerciales avec une puissante nation sont profondément modifiées, il serait à désirer que le règlement international de la pêche fraîche entre la France et l'Angleterre fut examiné et révisé.
Ce règlement, dit-on, dans l'état actuel, n'établit pas à nos pêcheurs une situation aussi favorable qu'ils le désireraient, et il aurait entre autres, ce défaut, dans la délimitation des droits de pêche, de ne pas établir une balance parfaitement égale entre nos pêcheurs et leurs concurrents d'outre-Manche.
L'attention du gouvernement est trop minutieusement appliquée à toutes les réformes indispensables pour qu'on n'ait pas à espérer que ce point sera sérieusement étudié, au plus grand avantage possible de nos pêcheurs normands, dont le sort se trouverait ainsi notablement amélioré. (L’Écho Bayeusain)

 

Mai 1860   -   Un Naufrage.   -  Le bateau pilote « Ariel », du port de Courseulles, vient de faire naufrage à 200 mètres du phare de ce port.

Ce sloop était monté par les nommés Conin Jean-Baptiste, pilote, patron ; Barthélémy Jean-Baptiste, aspirant pilote ; Barthélemy Eugène, mousse, fils du précédent ; Roquet Pierre-Gilles, matelot ; Aumont Pierre-Désiré, matelot, et Agneau Allain, mousse : ces deux derniers faisant partie de l'équipage de la bisquine « Armandine ».

Voici les tristes circonstances de ce sinistre, dans lesquels de courageux citoyens ont fait preuve d'un noble dévouement.

Le 26, vers une heure et demie, l' « Ariel » rapportait à terre les voiles de rechange de l' « Armandine », mouillée sur rade, et déjà il était parvenu à 200 mètres du phare lorsque tout à coup, il a sombré en virant de bord pour donner dans le port.

A l'appel de M. Lemoigne, receveur des douanes de Courseulles qui, le premier, avait été témoin du naufrage, plusieurs personnes dévouées, à la tête desquelles nous signalons avec bonheur M. Lebreton, vicaire de la paroisse de Courseulles, se précipitèrent à bord de la bisquine « Victorine », dont le patron était M. Cagniard Jean-Baptiste-Ambroise, qui, appareillant immédiatement, se dirigea en toute hâte vers le lieu du sinistre. D'un autre côté, les sieurs Letellier François-Félix, maître voilier, et Legourdier Ernest-Augustin, novice, s'étaient jetés dans un canot et faisaient force de rames pour gagner le bâtiment naufragé.

Après une lutte de près de cinquante minutes, que ces braves gens eurent à supporter contre un vent furieux et une mer devenue de plus en plus grosse, ils purent recueillir, à environ 500 mètres de la côte, le matelot Roquet, pendant qu’un peu plus loin une chaloupe, montée par le capitaine Thomas et Ledard, pilote, sauvait l'aspirant pilote Barthélémy et le mousse Agneau.

Mais il fallait des victimes à la mer en fureur, et trois malheureux marins n’ont pu lui être arrachés, ce sont les sieurs : Conin, pilote ; Aumont, matelot et de mousse Barthélémy. Les autres naufragés, grâce aux soins dont ils ont été entourés, sont aujourd'hui hors de danger.

On ne saurait dire trop haut le nom des braves et courageuses personnes, qui, pour voler au secours de leurs semblables, luttant contre la mort, ont affronté tant de périls. Nos côtes ont déjà été le théâtre de sublime actes de dévouement ; c'est une page de plus à ajouter à leurs glorieuses anales.

On nous signale comme s’étant le plus particulièrement distingués dans cette triste occasion : Letellier François-Félix, maître voilier, et Legourdier Ernest-Augustin, novice, qui ont réellement exposé leur vie ; Cagniard Jean-Baptiste-Ambroise ; Lebreton, vicaire de la paroisse de Courseulles ; Lemoigne, receveur des douanes, Thomas, capitaine de l' « Armandine », et Ledard Paul, pilote. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   Des incendies.   -   Le 23 de ce mois, à huit heures du matin, un commencement d'incendie s'est manifesté chez le sieur Carbey Armand, peintre, domicilié à Courseulles, rue de l'Église. Le feu avait pris dans de l'huile, qu'on faisait bouillir et qu'on s'est empressé d'éteindre.

-   Le même jour, à deux heures, et dans la même commune, le feu s'est déclaré chez M. Louard, maître de poste. Dans cette circonstance, cent quarante gerbes de blé et quatre draps de lit ont été brûlés, une batteuse a été gravement endommagé. Nous ignorons la cause de cet incendie, qui, dit-on, aurait été occasionné par des fumeurs. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860  -  Établissement d'un courtier maritime à Courseulles.  -  Le Conseil général, considérant que les travaux d'amélioration au port de Courseulles ont développé un grand mouvement d'affaires commerciales et maritimes, que chaque année plus de 500 navires entrent dans ce port, et qu'un grand nombre s'y arment pour la grande pêche, que les constructions et les ventes de navires y sont fréquentés. Que depuis Honfleur jusqu'à Saint-Vaast, il n'existe sur la côte aucun courtier de commerce, ni de marine. Que dans les sinistres ou avaries graves, il faut avoir recours à des courtiers éloignés, dont le déplacement occasionné des pertes de temps et des frais considérables, M. le Préfet, prenant en considération le vœu émis par les communes voisines, émet le vœu qu'un office de courtier de commerce et de marine soit créé à Courseulles.  

 

Août 1860  -  Création de bancs d'huîtres sur les côtes du Calvados.  -  Le Conseil Général demande que des tentatives soient faites pour peupler de bancs d'huîtres les côtes du Calvados. Considérant que les expériences tentées sur les côtes de Bretagne et de Gascogne, pour y créer des bancs d'huîtres, ont parfaitement réussi, que les côtes du Calvados présentent toutes les conditions désirables à cet effet, que l'industrie des parcs à huîtres a reçu une extension considérable sur les côtes du département. Emet le vœu que  l'administration supérieure ouvre un crédit pour le repeuplement des côtes du Calvados de bancs d'huîtres.

 

Août 1860   -   Rapport de M. le Préfet.   -   Les ports : De notables améliorations se sont déjà réalisées et vont s'exécuter dans nos ports.

Depuis que le port de Courseulles a été acquis par l'État, des travaux importants y ont été exécutés, d'autres sont en cours d'exécution. Pour Iui assurer les avantages qu'il en devra recueillir, il faudra prolonger ses estacades, afin d'approfondir son chenal. Des propositions vous seront faites à ce sujet. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1860  -  Dunes.  -  Les dunes du Calvados ont une importance très secondaire et peut-être à cause de leur faible largeur, serait-il difficile d'y faire utilement des plantations d'arbres verts. Ce serait une chose à essayer. En attendant, des ordres ont été donnés pour planter en tamaris les dunes de Courseulles, si nécessaires à la défense des marais.

 

Septembre 1860  -  Dessèchement des marais.  -  Nous ne rentrerons pas dans les détails fournis l'année dernière sur le dessèchement des marais. Les dispositions prises continuent à bien fonctionner et la plus-value des terrains à augmenter. Les travaux des marais de Morières sont retardés par l'opposition du propriétaire du moulin de Carel. C'est une chose fâcheuse, puisque, pour une dépense de 2 400 fr., on obtiendra une plus-value que l'on peut fixer, sans exagération, à 110 000 fr.

 

Septembre 1860   -   Conseil Général du Calvados.   -   Séance du 29 août.  A 3 heures, les président, secrétaire, ainsi que M. le préfet, sont au bureau.

Voici le résumé des principales délibérations admises sans discussion par le Conseil général, sur la proposition de ses diverses commissions :

-   Création d'un office de courtier maritime et de commerce à Courseulles. Le Conseil émet le vœu qu'un office de courtier maritime soit créé à Courseulles.

-   Allumelles dites amorphes. Le Conseil renouvelle le vœu que l'administration prohibe l'emploi des allumettes chimiques ordinaires.

-   Échardonnage. Le Conseil prie M. le préfet de renouveler ses instructions relatives à l'échardonnage, en invitant les maires et les gardes-champêtres de veiller à la stricte exécution de ses arrêtés.                    ( L’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1860   -   Le Moniteur universel d'hier publie le tableau des récompenses pour faits de sauvetage décernés par M. le ministre de la marine. Voici, pour le Calvados, les noms des courageux citoyens qui ont été jugés dignes de ces récompenses :

M. Baron (Pierre), patron de bateau à Villerville (témoignage de satisfaction), pour avoir à Honfleur, le 26 mai 1860, recueilli à bord de son bateau quatorze personnes dont l'embarcation venait de chavirer.

MM. Cagniard (Jean-Baptiste), quartier-maître de manœuvre à Caen, patron de bateau (médaille d'argent de 2e classe) ; Letellier (Pierre-Clément), maitre voilier à Caen (médaille d'argent de 2e classe) ; Legourdier (Ernest-Augustin), novice à Caen (médaille d'argent de 2e classe ) ; Thomas (Jules-Alfred), maître au cabotage à Caen ; Le Dard (Paul), pilote à Courseulles ; Jeanne (Augustin), matelot à Caen ; Cagniard (Théodore-Auguste), novice à Caen ; Broult (Jules-Camille), ouvrier charpentier à Courseulles ; Roger (Pierre-Constant), journalier à Courseulles ; Lemoigne, receveur des douanes à Courseulles ; Lebreton, vicaire de la paroisse de Courseulles (ces huit derniers, chacun un témoignage de satisfaction), pour s'être, à Courseulles, le 26 mai 1860, portés avec des embarcations au secours du bateau-pilote « Ariel ». ( L’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1860   -  Circonscriptions territoriales. Réunions de communes.   -   Quatre lois ont opéré récemment diverses modifications dans les circonscriptions communales du département :

La première, en date du 9 mai dernier, a distrait les hameaux de Célery et du Gable-Blanc de la commune de Fresnay-le-Puceux, et les a réunis à la commune de Boulon.

La deuxième, en date du 21 du même mois, a distrait des portions de territoire des communes de Méry-Corbon, Cléville et Ouézy, et les a réunies à la commune de Croissanville.

La troisième, en date du 26 dudit mois de mai, a supprimé les communes de Saint-Mélaine et de Launay-sur-Calonne, et a réuni Saint-Mélaine à la ville de Pont-l'Évêque, et Launay, partie à cette ville et partie à Saint-Julien-sur-Calonne.

Enfin, la quatrième, en date du 14 juillet, a distrait des terrains dépendant de la commune de Graye, qui formaient prolongement entre Courseulles et la mer, et les a réunis à cette dernière commune.

Il a été reconnu que ces nouvelles dispositions ne déplacent pas le centre des divisions territoriales qu'elles concernent, de manière à devoir apporter aucune modification au tableau des distances des diverses communes à leurs chefs-lieux de canton, d'arrondissement et de département, arrêté le 21 septembre 1856, et, en conséquence, il a été décidé que ces distances devront continuer à être comptées, pour les communes désignées dans les lois précitées, aux chiffres pour lesquels elles sont inscrites à ce tableau.

Mais il n'en est pas de même de la population officielle des communes, qui demeure désormais ainsi fixée :

Fresnay-le-Puceux, 1 015 habitants ; Boulon, 719 ; Croissanville, 522 ;  Méry-Corbon, 723 ; Ouézy, 220 ; Cléville, 433 ; Pont-l'Évêque, 2 717 Idem (population municipale) 2 654 ; Saint-Julien-sur-Calonne, 283 ; Graye, 514 ; Courseulles, 1 666. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1860   -  Un remède.   -   Il s'est déterminé cette année, par suite de la température anormale du printemps et de l'été, une mortalité extraordinaire parmi les mouches à miel. Pour obvier à ce mal, M. Cauchard, apiculteur à Ville-en-Tardennois, recommande une composition alimentaire qu'il formule ainsi : Sucre, 5 kilog. ; glucose, 5 kilog. ; suc de groseilles, 1 litre ; son, 1 litre. Faire cuire en consistance de sirop.

Il convient de présenter cet aliment en couches assez minces sur des assiettes, afin d'en rendre la préhension plus facile aux abeilles, qui, d'ailleurs, sont friandes de tout ce qui est sucré et légèrement acidulé. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1860   -  Un incendie.   -   Lundi dernier, un incendie a réduit en cendres un corps de bâtiment composé d'une maison et d'une grange renfermant 500 gerbes de blé le tout au préjudice du sieur Boistard (Hippolyte), couvreur à Courseulles. La perte est estimée à 2 500 fr.

La cause de ce sinistre est attribuée à l'enfant de la victime de l'incendie, âgé de 2 ans et demi, qui a déclaré aux gendarmes que c'est en s'amusant à frotter des allumettes contre une brouette qui se trouvait dans la grange que le feu a pris à la paille. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1861   -   Port de Courseulles.   -   Il est entré au port de Courseulles, pendant le mois de mai :

Trois goëlettes et un brick, venant de Norwège, chargés de bois.

Une goëlette, venant de Nantes, chargée d'ardoises.

Deux goëlettes et un houry, venant d'Angleterre, chargés de houille.

Deux bisquines, venant du Havre, chargées de bois et guano.

Six bisquines, chargées d'huîtres, venant de Saint-Vaast.

Ces navires sont tous sortis sur lest, allant en Angleterre, en Norwège et au Havre. ( Le Moniteur du Calvados )

 

Août 1861   -   Extraits du rapport de M. le Préfet.   -   Port de Courseulles. -  A mesure que l'on prolonge les jetées du port de Courseulles, la profondeur du chenal s'accroît, et la situation devient très bonne.

La dépense totale autorisée pour le prolongement de ces jetées était de 144 403 francs. Pour achever le travail, il ne reste plus à obtenir qu'une somme de 41 403 francs.

La rive gauche du port de Courseulles aurait intérêt à être revêtue de pierres et d'embarcadères, comme la rive droite. Ce travail coûterait environ 12 000 francs ; il permettrait de transformer en parcs à huîtres de vastes terrains domaniaux qui restent improductifs, et soutiendrait la rive contre l'effet des chasses et l'action du flot. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Novembre 1861   -   On nous écrit de Courseulles.   -   Jeudi dernier, on avait annoncé à son de caisse que M. le vice-amiral Penaud devait arriver dans la journée de samedi, et qu'il recevrait les réclamations des marins, de leurs veuves ou orphelins. Un assez grand nombre d'intéressés s'étaient dirigés à cet effet sur Courseulles, mais la journée s'est écoulée sans qu'on vit paraître M. le vice-amiral, qui s'était dirigé, a-t-on dit, sur Port-en-Bessin, où il n'était pas attendu. On demande qui a été le plus penaud dans cette affaire ? ( L’Ordre et la Liberté )

 

Décembre 1861   -   On lit dans « La Vigie de Dieppe ».   -   Jeudi, vers midi, le bateau à vapeur « Rival » sortait du port de Dieppe donnant la remorque à deux bateaux de pêche, « Gustave », de Dieppe, et « Victoire », de Courseulles. Ces deux bateaux étaient placés l'un à côté de l'autre, « Victoire » un peu sur l'avant de « Gustave » et du bord du vent. La mer était assez grosse, le vent soufflait du nord-ouest grand vent. La jetée de l'Est dépassée, les trois bateaux ne cheminaient plus que très lentement, et les deux bateaux de pêche, dit-on, ne gouvernaient plus. « Victoire » avait sa remorque sur l'avant à tribord, et « Gustave" aussi, ils ne pouvaient donc s'écarter l'un de l'autre. A la hauteur du bout de la jetée de l'Ouest, un abordage eut lieu, le bateau de Courseulles eut tout son côté de tribord à l'arrière défoncé, et sur le coup il tomba par le travers du « Gustave ». C'est sans doute à ce moment que le vapeur, pour éviter un nouvel abordage, largua une des deux remorques.

Le bateau de Courseulles, abandonné à lui-même, ne fut pas plus tôt séparé de celui qui l'avait abordé, qu'on le vit s'incliner complètement sur tribord et son arrière s'enfoncer sous l'eau. Tout l'équipage se réfugia précipitamment sur l’avant du bateau, la seule partie qui surnageait. Ce fut une indicible angoisse parmi les témoins de cet affreux événement, on crut tout l'équipage perdu.

Par un hasard providentiel, le bateau tourna un peu sur lui-même, l'avant dirigé vers la côte, il se redressa et alla s'échouer à 300 mètres environ. de la jetée de l'Est, sous la Femme Grosse.

Aussitôt des moyens de secours furent organisés, on établit un va-et-vient qui permit de sauver 15 hommes de l'équipage restés à bord, car, au moment de l'abordage deux hommes de ce bateau avaient sauté à bord du « Gustave ». ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juillet 1863   -   Des militaire aux champs.   -    Le ministre de la guerre a décidé que cette année, comme les années précédentes, des militaires seraient mis à la disposition des cultivateurs qui en auraient besoin pour les travaux des champs, à défaut d'un nombre suffisant d'ouvriers civils. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1863   -   Le temps.   -    Le beau temps qui nous favorise d'une façon si exceptionnelle cette année attire sur nos côtes une affluence considérable de baigneurs. De tous côtés les plages offrent l'aspect le plus riant et le plus animé.

A Trouville, le nombre des étrangers est immense, il en est de même à Cabourg, à Beuzeval, à Houlgate. D'un autre côté, les voitures de M. Luard, qui ne désemplissent pas, déversent à toute heure des flots de voyageurs à Lion, à Luc, à Langrune, à Saint-Aubin, à Bernières à Courseulles, etc... Arromanches n'est pas resté étranger à ce mouvement, un assez grand nombre de baigneurs s'y sont donné rendez-vous.

En ce moment, deux hôtes illustres y sont attendus : le célèbre historien, M. Thiers ; puis Mme la maréchale Mac-Mahon, duchesse de Magenta.

On annonce pour dimanche prochain, une brillante fête de bienfaisance qui sera donnée dans le vaste Casino de Cabourg. MM. les administrateurs de cet établissement ont eu la bonne pensée d'organiser un bal au profit des pauvres, parmi les souscripteurs on cite le prince et la princesse de Metternich.  (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1863   -   Conseil général du Calvados.  -   Ponts de Graye et de Courseulles.  -  Le Conseil est d'avis qu'il n'y a pas lieu, quant a présent, de s'occuper de l'élargissement de la route départementale, nº 12, entre les ponts de Graye et de Courseulles.

Alloue un crédit de 4 497 fr. pour complément des travaux de construction des ponts dont il s'agit, qui seront placés sur la direction actuelle de la route, sans déviation par le village de Graye et le bassin du port de Courseulles. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1863   -   Conseil général du Calvados.  -   Prestations en nature.

     La journée d'homme pour les arrondissements de Caen, Falaise, Lisieux, Pont-l'Evêque et Bayeux, moins le canton de Caumont, est fixée à 1 fr. 25 c.

     Pour l'arrondissement de Vire et le canton de Caumont, à 1 fr.

     La journée de cheval, à 1 fr. 25 c.

     Celle de bœuf, à 1 fr.

     Celle d'âne, à 50 c.

     Celle de voiture, à 1 fr. 50 c.

Le Conseil prie M. le préfet de vouloir bien prendre toutes les mesures qu'il jugera nécessaires pour parvenir dans le département, à la conversion en tache de la prestation en nature. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1863   -   Par arrêté.     -   M. le préfet du Calvados, en date du 25 septembre : Mlle Honoré, directrice des postes à Courseulles est nommée aux mêmes fonctions à Cambremer, en remplacement de Mme veuve Leterrier, décédée.

Mme Tramaux est nommée directrice des postes à Courseulles, en remplacement de Mlle Honoré. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1863   -   Tribunal correctionnel de Caen.   -   Présidence de  M. Lentaigne, vice-président, M. O. Lanfran de Panthou, substitut de M. le procureur impérial, occupant le siége du ministère public.

Audience du samedi 19 décembre 1863.

-        Aubel, depuis le 1er juillet 1845, a subi quatre condamnations pour vagabondage, et six pour rupture de ban. Sur vingt ans de surveillance qu'il pouvait avoir, il lui en reste encore neuf à peu près à subir. Sa résidence est fixée à Courseulles, mais il ne s'y trouve jamais, et il faut que M. le maire le fasse rechercher pour qu'il se présente devant lui. Aujourd'hui, c'est encore pour rupture de ban qu'il parait devant le Tribunal.

Le 1er décembre dernier, il a été trouvé à la Délivrande, allant, disait-il pour s'excuser, chercher de l'ouvrage à Merville. chez M. Lepetit, qui lui en avait promis. Il est inutile de dire que M. Lepetit n'existe pas. Aubel se présente dans l'attitude d'un idiot et veut se faire passer pour tel, ce qui n'empêche pas le Tribunal, qu'on prend rarement à ce piége, de le condamner à trois mois de prison et à 16 fr. d'amende.

Il était sans défenseur. (l’Ordre et la Liberté)   

 

Avril 1864   -   Chemin de fer en projet de Caen à la mer.   -   M. le préfet du Calvados, à la date du 14 avril, a pris l'arrêté suivant :

Nous, préfet du département du Calvados, officier de l'ordre impérial de la Légion-d'Honneur, commandeur de l'ordre de Saint-Grégoire-le-Grand.

-       Vu la décision, en date du 7 de ce mois, par laquelle M. le ministre des travaux publics a autorisé M. Mauger (Anthime), demeurant à Douvres, à faire les études d'un chemin de fer entre Caen et la mer.

-       Vu l'art. 1382 du Code Napoléon, les lois des 16 septembre 1807 et 3 mai 1841.

Avons arrêté :

Art. 1er.        M. Mauger et les agents par lui préposés sont autorisés, en exécution de la décision ministérielle indiquée ci-dessus, à pénétrer sur les propriétés privées pour étudier le meilleur tracé de la ligne en projet de Caen à la mer.

Ces études s'appliqueront aux terrains situés dans les communes de Caen Venoix, Saint-Contest, Épron, Cambes, Mathieu. Anisy, Anguerny, Douvres, Luc, Langrune, Saint-Aubin-sur-Mer, Bernières et Courseulles.

Art. 2.        Une expédition du présent sera adressée à MM. les maires, pour être affichée aux lieux accoutumés.

Une expédition sera également transmise à M. Mauger, qui devra, lui et ses agents, en justifier aux propriétaires, sur leur réquisition, en prenant envers eux, s'il est besoin, l'obligation écrite de leur payer les dommages occasionnés. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1864   -   Chemin de Caen à la Mer.   -   Il y a à peine deux mois qu'il est question d'un chemin de fer de Caen à la mer, que déjà, tant est vive l'impatience du public, on voudrait voir cette nouvelle ligne livrée à la circulation. Mais les choses ne vont pas si vite, et, avant que le sifflet d'une locomotive ne se fasse entendre sur les côtes si riantes de Luc ou de Courseulles, il faut rédiger le projet, étudier le meilleur tracé, le soumettre à l'approbation, puis faire les travaux, etc..., etc…, ce qui ne veut pourtant pas dire que nous sommes condamnés à attendre longtemps encore l'inauguration du chemin. Non l'entreprise est confiée à des mains trop habiles et surtout trop actives pour avoir à redouter ce désagrément. Nous pourrions presque prédire que, le 1er juillet de l'année prochaine, la population caennaise pourra déjà se rendre à Luc.

La ligne projetée, qui s'étend de Caen à Courseulles, aura un parcours total de 24 kilomètres, plus une ligne de raccordement, de 4 à 5 kilomètres, avec le réseau de l'Ouest, elle desservira les stations suivantes : Caen, Cambes, Mathieu, Douvres, la Délivrande, Luc, Langrune, St-Aubin, Bernières et Courseulles.

La gare de Caen sera construite en grande partie sur le terrain occupé par la propriété de M. de Lalonde, place St-Martin. Cette gare sera monumentale, et l'idée générale qui a présidé à la composition de sa façade offre une grande analogie avec les dessins de la magnifique gare de Strasbourg, à Paris. Une colossale statue de Notre-Dame de la Délivrande ornera son fronton, et, bénissant l'entreprise, elle semblera la présider.

L'étude des 24 kilomètres est terminée, mais le projet ne sera complètement rédigé que dans un mois environ, époque à laquelle il sera soumis à l'approbation de l'administration. Les travaux ne pourront donc être commencés qu'au mois de septembre prochain, c'est-à-dire après les récoltes.

Il n'y aura de travaux importants, dans toute l'étendue de la ligne, que pour monter de Caen sur les hauteurs de Couvrechef, et pour descendre des hauteurs de Mathieu jusqu'au niveau du rivage de Luc, et encore l'importance de ces travaux n'est-elle que secondaire.

Dans tout le parcours, les plus fortes pentes n'excèderont pas un centimètre par mètre, et les rayons des courbes ne seront nulle part inférieurs à 500 mètres. Ce renseignement démontre péremptoirement que l'exploitation sera plus facile que sur beaucoup de lignes de premier ordre. Aussi la dépense totale n'excèdera-t-elle pas quatre millions.

La ligne de Courseulles se raccordera avec le chemin de fer de Paris à Cherbourg, dans la prairie, derrière l'établissement du Bon-Sauveur, au moyen de l'embranchement de 4 à 5 kilomètres dont nous avons déjà parlé. Certains trains, et notamment l'express venant de Paris, seront en correspondance immédiate avec le service de Courseulles, à cet effet, une machine légère opérera le transport d'une gare à l'autre.

Le trajet de Caen à Courseulles s'effectuera en 55 ou 60 minutes. Le dimanche matin, le mouvement des voyageurs étant plus considérable, des départs auront lieu d'heure en heure de Caen pour Luc, où on arrivera une demi-heure après.

Il y aura, bien entendu, une très grande amélioration dans le prix du transport, on parle de billets d'aller et retour, de Caen à Luc, moyennant 1 fr..

Ainsi qu'il était facile de le concevoir, l'administration n'a rencontré aucun obstacle de la part des cinq ou six cents propriétaires auxquels elle a dú s'adresser pour obtenir des renseignements, aux termes de l'arrêté de M. le préfet du Calvados, en date du 14 avril dernier, tous ont montré une grande obligeance envers les agents de la nouvelle entreprise. L'aplanissement de toutes les difficultés matérielles laisse donc espérer que la ligne de Caen à Luc sera livrée à la circulation le 1er juillet 1865.

On dira peut-être qu'il sera difficile de réaliser un projet aussi important dans l'espace de dix mois. Nous n'aurons qu'une réponse à opposer à cette objection, c'est que l'activité si connue de M. Mauger et de M. l'ingénieur chargé du projet saura bien suppléer à la brièveté du temps qui existe entre le mois de septembre et le mois de juillet. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1864   -   La situation maritime du Calvados.   -   Dans son rapport sur la situation du service des travaux maritimes du Calvados, M. Harduin, ingénieur en chef des ports maritimes, passe successivement en revue tous les ports du département.

Notre littoral présente un développement de 120 kilomètres environ entre ses points extrêmes : Fiquefleur à l'est, et Isigny à l'ouest. On y trouve deux ports très importants : Honfleur et Caen ; six ports d'une importance moindre : Trouville . Dives, Ouistreham, Courseulles, Port-en-Bessin et Isigny ; et, enfin, trois stations de pêche : Villerville, Arromanches et Grandcamp. Il convient encore de signaler le petit port de St-Sauveur, dans la baie de la Seine, non loin de Honfleur, et le port de Touques, en amont de Trouville.

Par suite de l'ouverture du chemin de fer, le port de Honfleur a repris la première place qu'il avait perdue en 1861, et Caen se retrouve à la seconde. Toutefois, les mouvements de ce dernier port en 1862 ont encore dépassé de beaucoup la moyenne des sept années précédentes.

L'activité des ports de Trouville, Courseulles, Isigny et Port-en-Bessin a augmenté ; celle de Dives a encore diminué. D'après le tableau comparatif du mouvement commercial de 1855 à 1862 inclusivement, les sept ports principaux du Calvados peuvent être classés ainsi : 1º Honfleur, 284 265 tonneaux ; 2º Caen, 242 316 tonneaux ; 3º Trouville, 28 110 tonneaux ; 4º Courseulles, 24 932 ; 5º Isigny, 21 021; 6° Port-en-Bessin,

13 858 ; et 7º Dives, 5 452 tonneaux.

M. Harduin termine son rapport par une récapitulation et une évaluation sommaire des travaux recommandés par le Conseil général dont les projets sont présentés ou à l'étude, et en faveur desquels il y aura lieu de demander des subventions sur les fonds du département en 1865 et années suivantes.

La dépense totale des projets recommandés, dont l'exécution est à prévoir dans une période de cinq années, est de 4 142 700 francs. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1864   -   Postes.  -   Entreprise du transport des dépêches en voiture de Caen à Courseulles, nº 1, par la Délivrande et Luc-sur-Mer : distance de 25 kilomètres environ à exécuter à un ordinaire.

Les personnes qui désireraient concourir à l'adjudication de l'entreprise du service des dépêches sur la route ci-dessus désignée sont invitées à se présenter tous les jours, de dix heures du matin à quatre heures du soir, jusques et compris le 28 du mois d'octobre, aux bureaux des postes de Caen ou de Courseulles, pour prendre connaissance des charges de l'entreprise et y déposer leurs soumissions. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1865   -  Le port.   -   On travaille avec une certaine activité au bassin à flot du port de Courseulles. Si les crédits accordés par le département et l'Etat étaient suffisants, ce beau bassin, qui dépasse en largeur celui de Caen, pourrait être terminé dans deux ans. Il n'est encore que faiblement question du chemin de fer du littoral, auquel le commerce de Courseulles préférerait sans contredit, si faire se pouvait, un embranchement sur Bretteville.

En attendant, la population de Courseulles augmente (elle dépasse 2 000 âmes), et les affaires commerciales y prennent une importance toujours croissante. Les grandes fournitures d'huîtres vont commencer, la chaleur exceptionnelle du temps les a un peu retardées, et il est possible que la cherté croissante de ces mollusques s'oppose à ce qu'elles prennent cet hiver une grande extension.

Les huîtrières des côtes de France étant à peu près dépeuplées, il faut aller chercher les huîtres jusqu'en Angleterre, ainsi s'explique le prix de 65 c. la douzaine que coûtent les huîtres prises aux parcs de Courseulles. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1866   -   Naufrage.   -   On est sans nouvelles du brick « Charles-Émile » de Caen, capitaine Mutel, armateur M. Charles Debaupte. Ce navire a quitté le 28 octobre dernier le  port de Swansea, où avait existé la fièvre jaune, pour se rendre à Séville, avec un chargement de houille. À son arrivée à Séville, il fut envoyé à Cadix, puis à Vigo, pour y faire quarantaine, il a quitté Cadix le 17 novembre, voyageant avec la goélette « Désirée » de Dunkerque, qui est arrivée seule à Vigo, après avoir perdu de vue le « Charles-Émile », par  suite du mauvais temps.

Des renseignements demandés récemment aux consuls de France à Séville, à Cadix, à Vigo, et même à Mahon, n'ont pu donner aucun éclaircissement sur le sort de ce navire, qu'on a  malheureusement lieu de croire perdu.

Le « Charles-Émile » jaugeant 147 tonneaux, et construit à Courseulles en 1857, portait environ 275 tonneaux de houille. Il devait avoir à bord six hommes, non compris le capitaine.

 

Avril 1866   -   La pêche.   -   Le navire « Marie-Amélie », armé à Courseulles, patron Marie, est rentré dimanche, à Fécamp, avec 7000 maquereaux. Ce navire, qui a eu, sur les lieux de la pêche, une série continuelle de mauvais temps, a perdu une vingtaine de filets.  

 

1866  -  Port Maritime.  -   Le commerce du port de Courseulles est représenté par 54,652 tonneaux, dont 34,997 t. pour la pêche. La situation de ce port reste toujours bonne, sa profondeur moyenne est, pour les vives eaux ordinaires, de 3m 80, et de 2m 25 pour les plus faibles mortes-eaux.

A l'époque où l'avant-projet des travaux fut dressé, il semblait que les chasses suffiraient à déblayer les vases du bassin, mais celles-ci se sont durcies avec le temps, et une dépense de 14,554 fr. sera nécessaire pour les détruire.

 

Juin 1866   -   Un drame.   -    Jeudi dernier vers une heure de l'après-midi, trois enfants de Courseulles, (les nommés Bellin, Canane et Hue) dont le plus âgé a neuf ans à peine, eurent l'imprudence de descendre dans un canot appartenant au capitaine Thomas de Courseulles, c’était sur la rive droite de la Seulles.

L'amarre du canot étant brisée les trois jeunes imprudents ne tardèrent pas à se voir aller à la dérive.

Le vent soufflait avec  une certaine force à ce moment, et l'on ne sait ce qui serait advenu de la barque et de ses habitants, si les nommés Foucher, Lebon et Eugène Palfresne, tous travaillant à la fabrique  de tuiles, n'eussent entendu les cris de détresse des enfants et ne fussent accourus à leurs secours.

Le sauvetage a été opéré non sans difficulté au moyen d'un grappin que le nommé Foucher est parvenu après nombre de tentatives infructueuses a jeté par dessus de la barque.

Les héros de cette équipée en ont donc comme leurs parents été quitte pour la peur.  

 

Juin 1866   -   Un sauvetage.   -   Mardi de la semaine dernière, vers les neuf heures du soir à Fécamp la bisquine « Mouette », de Courseulles, est venue s'échouer près e la contre-jetée ouest du port.

MM. Vieillot et Saubant, maîtres de port, appelés par la cloche de la jetée, se sont immédiatement rendus sur les lieux de l'accident, où ils ont trouvé le pilote Guérard, qui aidé de plusieurs personnes, se disposait à porter secours au bateau en péril.

Par leurs soins, une aussière et une drome furent apportées sur le musoir de la jetée, et lancées à bord, elles ont permis à la « Mouette » de rentrer au port sans avaries.

 

Juillet 1866   -   Le trafic du port.   -   Pendant le mois de juillet, il est entré dans le port de Courseulles :

2 bricks, (l'un de 260 tonneaux, l'autre de 300 tonneaux), 1 goélette, et 1 sloop, venant de Norvège, avec un changement de bois.

4 bisquines, venant d'Angleterre, chargées de charbons.

2 bisquines, venant du Havre, chargées de guano.  

 

Juillet 1866   -   Un accident.   -   Un accident est arrivé lundi dernier à Courseulles. Le mousse de la bisquine la « Suzanne », capitaine Lefevre, est tombé de la chaloupe à la mer, et s'est noyé. Malgré toutes les recherches, le cadavre de ce malheureux enfant n'a pu être retiré qu'à la mer basse.  

 

Mars 1867   -   Un délit de chasse.    -   M. Alexandre Clément Abel Mériel, âgé de 40 ans, marin à Courseulles, et Joseph Aimable Saillard, âgé de 41 ans, marin à Courseulles, ont été condamnés pour délit de chasse, chacun par défaut à 50 fr. D'amende.

 

Avril 1867   -   Un vol.   -   Un vol d'huîtres assez considérable a été commis à Courseulles, dans la nuit de vendredi à samedi dernier, au préjudice de la maison Albert Michel.

Le fruit du larcin nocturne avait été mis dans cinq poches que des larrons avaient provisoirement déposées dans un fossé de la commune de Graye, assez voisin du parc où s'était accompli le vol. Une voiture devait sans doute venir là, suivante, faire disparaître les cinq colis.

La gendarmerie de Creully, prévenue à temps, a pu non seulement déjouer les calculs des voleurs en rendant à la maison Michel les marchandises qui lui avaient été volées, mais  encore mettre la main sur les auteurs présumés de cette  soustraction.

 

Mai 1867   -   Sans nouvelles.   -   On est sans nouvelles d'un bateau monté par 23 hommes d'équipage, sorti le 4 mars dernier du port de Courseulles pour faire la pêche du maquereaux.  

 

Novembre 1867   -   Le chemin de fer.   -   Les travaux nécessaires au tracé du chemin de fer départemental de Courseulles à Vire commenceront la semaine prochaine.

Voici le nom des communes qui seront traversées par la ligue projetée : Courseulles, Bernières, Saint-Aubin, Langrune, Luc, La Délivrande, Anguerny, Anisy, Mathieu, Cambes, Épron, Couvrechef, La Folie, Caen, Villers-Bocage, Aunay, Beny-Bocage et Vire.  

 

Novembre 1867   -   Le trafic du port.   -   Pendant le mois de novembre, il est entré dans le port de Courseulles : 10 Bisquines chargées d'huîtres, venant de Saint-Vaast.

Six Bisquines chargées d'huîtres, venant d'Angleterre. 2 navires anglais chargés de harengs salés.

 

Mars 1868   -   Une désignation.   -   S.M. L'Empereur vient de désigner M. le docteur A. Martin, de Courseulles, pour continuer à l'Observatoire impérial de Paris, les travaux de l'illustre physicien Léon Foucault, dont il était depuis longtemps l'ami et le collaborateur.

 

Août 1868   -   Les récoltes.   -   A cause de la chaleur exceptionnelle et persistante de cette année, les moissons sont avancées de quinze jours au moins, les vendanges le seront, dit-on, de trois semaines, la maturité des fruits de toutes espèces est extraordinairement précoce.

Il n'est pas jusqu'aux huîtres qui se ressentent de cette prodigalité de chaleur, ces mollusques qui, d'ordinaire, ne sont mangeables que dans la seconde quinzaine d'août et dont les gourmets s'abstiennent généralement avant cette époque à cause du frai, qui rend les sucs de l'huître visqueux et troubles, sont dès à présent limpides, frais et savoureux comme en  automne.

 

Août 1868   -   Décision du Conseil général.   -   La session du Conseil général, commencée le lundi 24 août, a été terminée lundi dernier, à trois heures.

Parmi des décisions prises par le Conseil, nous devons une mention toute particulière à l'approbation qu'il a donné, samedi, à la construction des chemins de fer départementaux   Chemin de fer de Caen à Courseulles, passant par Cambes, Mathieu, Douvres, Luc, Langrune, Saint-Aubin, Bernières.

  D'Orbec à Lisieux, sur une longueur de 16 kilomètres.

  De Falaise à Pont-d'Ouilly, à un point de raccordement sur la ligne de Caen à Flers.  

 

Septembre 1868   -   Un incendie.   -   Un incendie a complètement détruit, mercredi dernier, le bois taillis de M. Aubert, capitaine au long-cours de, situé sur le territoire de la  commune de Courseulles. On évalue la perte à 1 000 francs environ. La cause de l'incendie est inconnue, une enquête est commencé.

 

Septembre 1868   -   Le chemin de fer.   -   La question du chemin de fer de Caen à Courseulles va avoir prochainement une solution. Trois compagnies se présentent pour entreprendre la construction de cette nouvelle ligne, qui pourra être terminée pour l'été 1870.  

 

Octobre 1868   -   Les chasseurs.    -   D'après une statistique récente, il y aurait en France un million de chasseurs, parmi lesquels près de six cents mille sans ports d'armes. Le nombre des procès de chasse, dans le dernier exercice, s'est élevé à 30 000. Il faudra bientôt des tribunaux spéciaux.

 

Octobre 1868   -   Les archives.    -    D'après une circulaire de M. le ministre de l'intérieur, la garde et la conservation des archives doivent être confiées désormais, dans les communes rurales dépourvues de mairie, à l'instituteur secrétaire de mairie. On déposerait à la maison d'école les archives communales, qui n'en resteraient pas moins sous l'autorité et la surveillance directe du maire.

 

Octobre 1868   -   La garde nationale.    -   Les maires de toutes les communes de France viennent de recevoir du ministre de la guerre la liste des hommes inscrits pour faire partie  de la garde nationale mobile.

 

Octobre 1868   -   Une décoration.    -   L'amiral ministre de la marine et des colonies a décerné, par décision rendue dans le courant du mois de septembre dernier, une médaille de  1ère classe en argent au sieur Cudeberge Jean-François, matelot, inscrit à Courseulles, pour avoir, à Arromanches, le 24 juillet, opéré le sauvetage d'un homme.  

 

Décembre 1868   -   Un décès.   -   Un jeune matelot de Courseulles, nommé Paul Mériel, vient de mourir subitement à bord du bateau de pêche le "Fantôme", amarré près du quai Henri IV.

Ce jeune homme, âgé de 17 ans, était depuis quelque temps atteint d'un mal de gorge qui l'empêchait parfois de travailler, et aux suites duquel il a succombé.

 

Janvier 1869   -   La pêche du hareng.   -   La pêche du hareng est terminée. Les bateaux de Courseulles, qui avaient fait de Dieppe leur quartier général, ont quitté ce port.

La harengaison de 1868 a donné en général des résultats assez satisfaisants, relativement surtout aux dernières années.  

 

Mars 1869   -   La mer et les naufrages.   -   Les sept bateaux de pêche qui ont fait côte à Courseulles dans le coup de vent du 20 mars, sont tous rentrés au port sans avaries.

 

Avril 1869   -   Un naufrage.   -   Pendant la nuit de samedi à dimanche, un brick norvégien, capitaine Baastad, venant de Frédérickshald avec un changement de bois à destination de Caen, pour MM. Frappard et Ménard, a fait côte sous Bernières, à deux kilomètres dans l'est du port de Courseulles, l'équipage est sauvé, mais le navire a éprouvé beaucoup de de graves avaries : le grand mât est rompu au niveau du pont, le gouvernail enlevé, la fausse étrave et le brion brisés.

L'équipage est à l'auberge. Nous avons vu ces malheureux épuisés par la lutte qu'ils avaient soutenue contre la bourrasque, ils s'étaient couchés ça et là, et prenaient quelques repos. Seul, le capitaine ne pouvait clore les yeux. Navré de la perte de son navire, dans l'armement duquel il est intéressé pour une somme considérable, il était abîmé dans une profonde douleur.

D'après ce qu'il a dit lui-même à l'un de nos amis, Frédérickshald, petit port assez pauvre de l'extrême frontière de Norvège, au sud-est de Christiana, est plongé dans la consternation par suite de la perte consécutive de quatre grands navires, coulés cette année.  

 

Avril 1869   -   La mer et les naufrages.   -   Dans la matinée du 4 avril, la barque de pêche « Marie-Joseph », de Courseulles, a été jetée à la côte. Elle s'est échouée non loin du brick norvégien. Elle n'a que peu d'avaries. L'équipage, composé de 4 hommes, y compris le patron Lesage, a mis pied à terre sans accident.

 

Avril 1869   -   Un accident.   -   Mardi, vers 2 heures de l'après-midi, en travaillant dans le port de Courseulles, le sieur Jean-Jacques Leroy, âgé de 48 ans, charpentier en cette commune, est tombé à la mer et s'est noyé. Son cadavre n'a pu être retrouvé que vers dix heures du soir.  

 

Avril 1869   -  La tempête.   -   On sait les malheurs et les désastres occasionnés sur nos côtes par l'ouragan du 19 mars et des jours suivants. On sait que le rivage a été jonché de  débris, que la mer, en furie, a rejeté un certain nombre de cadavres, et que, l'on aperçoit en plusieurs endroits là mâture de navires enfoncés dans le sable,

A la suite des nombreux naufrages qu'il faut déplorer, la religion a recueilli, de la part des survivants de nombreux témoignages de foi et de reconnaissance.

On a vu des compagnies de marins partis de Ver, de Courseulles. et de; Bernières venir à la Délivrande pour s'acquitter du vœu qu'ils avaient fait, à Notre-Dame pendant la tempête. Souvent, dans; ce pieux voyage, les femmes accompagnaient leurs maris sauvés, comme, par miracle du plus affreux péril. Quelle impression forte, et salutaire, fusait dans les  villages le passage de ces hommes nos pêcheurs, aux traits fatigués, marchand tête nue et pieds nus , le chapelet en main ou chantant les litanies de la douce et bonne Protectrice qu’ils avaient invoquée avec confiance dans l'horreur de la tempête ! Quelques-uns avaient déjà les pieds en sang.

Pendant la tourmente, un marin de Langrune se trouvait près de Dives sur son bateau. Il rapporte que dans la nuit, ils se sont vus sombrer trois fois et que, confiant dans la divine Providence, il renouvelait son vœu. La mer, à la fin, les a jetés, ses compagnons et lui, sur la côté et tous en vie. Les autres, n'ont pas manqué de venir aussitôt à La Délivrande ; pour lui, retenu d'abord par une douleur de côté, il a fait quelques jours après son pèlerinage, pieds nus à l'aller comme, au retour.

Les hommes du bateau échoué, aussitôt qu'ils ont pu toucher la terre, se sont rendus à la chapelle pour y témoigner leur reconnaissance à la très sainte Vierge.

Le lundi de Pâques, dit la Semaine religieuse, à laquelle nous empruntons ces lignes, neuf marins échappés au naufrage de leur navire, venaient nu-pieds en pèlerinage dans la chapelle de la Vierge, en l'église de Dives.

 

Avril 1869   -  La pêche.   -   Le « Saint-François », de Courseulles, patron Letellier, venant de la pêche du maquereau, est entrée à Fécamp le 21 avril, avec son beaupré et son mât d'artimon cassés et le flanc à tribord démoli par un coup de mer éprouvé sur les lieux de pêche. 

 

Septembre 1869   -   Fait divers.   -   Les pilotes et les pêcheurs signalent depuis quelques jours la présence dans la Manche d'une énorme baleine, dont la dimension serait de 30 mètres environ. Le gigantesque poisson a été vu entre le feu de Barfleur et le feu de Ver. Il ne serait pas impossible qu'on apprît qu'il a été trouvé échoué sur quelque plage, car la  Manche n'est pas un abri suffisant pour de pareils hôtes.  

 

Septembre 1869   -   Fait divers.   -   Un pêcheur de nos côtes, le sieur Romain Benoît, de Courseulles, a fait, il y a quelques jours, la capture d'un poisson appelé marsouin, ou petit souffleur. Cet animal, qui ne mesure pas moins de 2 mètres de longueur, a été placé dans un des bassins du parc de M. Marc, marchand d'huîtres à Courseulles, où toutes les personnes qui désireraient le voir pourront se présenter. Il semble en très bon état de santé, et paraît satisfait des poissons qu'on lui jette comme nourriture.  

 

Octobre 1869   -   Le chemin de fer de Caen à Courseulles.   -   On s'occupe activement des formalités à remplir pour commencer le chemin de fer de Caen à Courseulles. Les entrepreneurs traitent à l'amiable avec les propriétaires des terrains nécessaires à la construction de la voie, et, en cas de contestation, le jury va être tout prochainement appelé à statuer.

S'il ne surgit aucune difficulté sérieuse, si l'hiver ne vient pas par sa rigueur, interrompre, les travaux, tout porte à croire que la partie comprise entre Caen et Luc-sur-Mer sera terminée et livrée à la circulation pour le mois de juillet prochain.

Beaucoup de personnes se demandent quel sera le prix des places ? Si les entrepreneurs s'en tiennent aux conditions stipulées dans le Cahier des charges, le prix du voyage devra être, en 3e classe, à peu près le même que par les voitures publiques.

 

Octobre 1869   -   Incendie.   -   Jeudi dernier, vers cinq heures et demie du soir, le feu s'est déclaré à Courseulles, dans une maison occupée par M. Castel, boulanger. Les secours,  immédiatement organisés par M. le maire de Courseulles, ont permis d'arrêter cet incendie avant qu'il n'ait pris de trop larges proportions.

Les perles sont évaluées de 5 à 600 fr. M. de Baurepaire, commandant de la douane, a fait garder par ses hommes le mobilier et les sacs de farine qu'on avait dû, par précaution, enlever du bâtiment incendié.

Le feu s'est déclaré dans un tas de braise mal éteinte déposé dans un grenier. Un des voisins, le sieur Jacques Bacon, qui le premier a donné l'alarme, a été grièvement brûlé, au moment où ce malheureux ouvrait une trappe voisine de l'appartement incendié, il a été couvert de braise enflammée et brûlé si grièvement que ses jours sont en danger.

 

Février 1870   -   Fait divers.   -   Le froid de ces derniers jours a été tel, que sur notre littoral, entre Courseulles et Ouistreham, les congres, étrilles, crabes et autres coquillages saisis par le froid, venaient échouer sur la grève. Des cultivateurs des environs ont enlevé ces animaux, qui seront utilisés à l'engraissement des terres.  

 

Mars 1870   -   La tempête.   -   Le mauvais temps de la semaine dernière a porté ses fruits. La côte de Courseulles à Ouistreham se couvre de débris et d'épaves. Dimanche dernier, on apercevait entre Saint-Aubin et Langrune, à peu de distance du rivage, une portion considérable d'un grand navire, dont la nationalité n'a pu être reconnue, les pêcheurs rentrant au port ont rencontré en mer des planches, des madriers, dont l'abord n'était pas sans danger, des balles de coton et de tabac qui indiquaient un naufrage dans nos parages. Un bateau de Courseulles employé à la pêche des huîtres a ramené dans sa drague une botte neuve, dans laquelle se trouvait la jambe du propriétaire, paraissant récemment détachée du tronc. Aucun cadavre n'a été signalé. 

 

Mars 1870   -   La tempête.   -   Le 21 de ce mois, vers 5 heures 1/2 du soir, sur la plage de Saint-Aubin-sur-Mer, on a trouvé le cadavre du nommé Édouard-François-Julien Saunier, âgé de 53 ans, marin à Courseulles, qui, étant à la pêche du coquillage, avait été surpris par la marée montante.

 

Juillet 1870   -  Fait divers.   -   M. Louis-Dominique Roger Lantheuil, 50 ans, journalier à Courseulles, pour avoir chassé avec engins prohibés, et en outre avoir outragé un agent de la force publique, a été condamné à deux mois de prison.  

 

Septembre 1870   -  Les quêtes.   -   Deux jeunes gens de notre ville ont eu la bonne pensée de profiter de la journée de dimanche pour faire une quête dans les communes de  Bény-sur-Mer et de Courseulles, au profit des blessés militaires de Seine-et-Oise. Ils ont été parfaitement accueillis par les populations et ils ont rapporté ici une somme de 840 fr. qui a été déposée immédiatement à la mairie. Bény-sur-Mer, a fourni 56 fr. 50 ; Courseulles 783 fr. 50. 

Dans cette dernière commune, les quêteurs, MM. Yon et Liais, ont eu beaucoup à se louer du concours dévoué que leur ont prêté, MM. Robert frères.

 

Avril 1871   -  Fait divers.   -  Dans la nuit du 20 au 21 de ce mois, les nommés Loisel, âgé de 16 ans, Maria, et Gaudin, voilier, âgé de 15 ans, demeurant à Ver, sont tombés accidentellement dans la rivière la Seulles, à Courseulles et, s'y sont noyés. Leurs cadavres ont été retrouvés le même jour, vers 7 heures du matin.  

 

Mai 1871   -  Fait divers.   -   Mercredi dans l'après-midi, le nommé Marest (Charles-Bazire), âgé de 53 ans, cantonnier, s'est suicidé dans un champ de colza, situé commune de Courseulles, en se coupant la gorge à l'aide d'un rasoir et en se faisant, avec le même instrument, une incision à la saignée du bras. Il n'a été retrouvé que le lendemain matin, ne donnant plus signe de vie. Ce suicide est attribué à une attaque d'aliénation mentale.  

 

Janvier 1872   -  La pêche.   -   Depuis longtemps on n'avait vu, sur nos côtes, le poisson aussi rare, par suite du mauvais temps continuel que nous avons éprouvé pendant près de six semaines. Cet état de choses rend, on le comprend, la vie difficile dans les localités riveraines de la mer.

 

Février 1872   -  Le Chemin de fer.   -  La construction du chemin de fer de Caen à Courseulles va être poursuivie avec activité.

La première section, de Caen à Luc, sera terminée le 1er mars 1874, et la seconde, de Luc à Courseulles, le 1er  mars 1875.  

 

Mai 1872   -  Le temps qu’il fait.  -  La température insolite qui règne depuis quelques semaines, est cause d'une aggravation de la mortalité dans certaines contrées.

A Paris le chiffre des décès a été de plus 1000 dans la dernière semaine, total considérable en raison du nombre actuel des habitants.

 

Mai 1872   -  Fait divers.   -  La récolte du blé sera abondante cette année et le pain bon marché. Qui dit cela ? La caille, d'après le dicton ancien : « Autant de fois chante la caille, autant de pistoles vaut le sac de blé. » Or, cette année, la caille fait entendre son chant criard quatre fois consécutives : signe d'abondance et le blé à 40 fr. le sac. L'année dernière,  elle le répétait six et sept fois ; présage de cherté. En effet, le blé n'a-t-il pas, en ces derniers jours, monté à plus de 60 fr.

 

Mai 1872   -  Fait divers.   -  Un bureau télégraphique vient dêtre établi à Courseulles. Il sera ouvert tous les jours de 9 heures du matin à midi, et de deux heures à 7 heures du soir ; les dimanches et  jours fériés, de 8 heures 1/2 à 9 heures 1/2 du matin et de 5 heures à 6 heures du soir.

 

Juin 1872   -  Fait divers.   -  D'après les documents relatifs au recensement recueillis jusqu a ce jour, on, estime et que la population du Calvados a diminué de 25.000 habitants, depuis le recensement de 1866.

 

Juin 1872   -  Fait divers.   -  Le lougre « Aimable-Marie », de Courseulles, chargé de foin, est entré dans le port du Havre, avec son mât de misaine cassé au ras du pont. Cette avarie est le résultat d'un coup de ressac que ce navire a éprouvé à l'ouvert du port en voulant éviter un abordage avec un autre ravire. En virant  de bord brusquement, le mât de « l’Aimable-Marie » craqué et il est tout à fait tombé au moment où le lougre entrait au port.

 

Novembre 1872   -  Chemin de fer.  -  Une lettre de Paris nous annonce que le décret autorisant la construction immédiate du chemin de fer de Caen à Courseulles va être publié par le Journal officiel. A ce sujet, on nous fait remarquer que ce décret coïncidera avec le labour et l'ensemencement des terres. Espérons que l'adjudicataire n'arguera pas de cet état de choses pour demander un retard dans l'exécution de son entreprise, dans ce cas, il serait du devoir de l'administration de rechercher quelle a été la cause dure tard apporté dans la publication d'un décret si impatiemment attendu.

 

Novembre 1872   -  Événements de mer.  -  « Amicle », de Courseulles, capitaine Cagniard, parti de Shields pour Caen, y est revenu en relâche le 24 novembre, faisant eau et avec ses voiles emportées.  

 

Février 1873   -   Sinistres en mer.   -  Le ministre de la marine a reçu les plus tristes nouvelles. Il parait qu'un grand nombre de sinistres ont été constatés depuis trois jours dans la Manche, et que d'importants bâtiments ont péri. En vue de nos côtes, un navire a été signalé en détresse, le bateau à vapeur de Caen au Havre n'a pu effectuer son service.

 

Mars 1873   -   Les huîtres.   -  Les huîtres qui depuis un certain temps n'ont pas été vendues au-dessous de 1 fr. 50 dans notre contrée, vont être bientôt à la portée de tous les palais. On attend à Courseulles des arrivages considérables de ces mollusques, pêchés sur les côtes portugaises. Le mois prochain, les marchands espèrent pouvoir livrer ces huîtres à 65 centimes la douzaine.  

 

Mars 1873   -   Tirage au sort.   - On procède en ce moment au Tirage au sort. Malgré l’établissement du, service militaire obligatoire, ce tirage à été maintenu. Il a, du reste, une certaine importance, les jeunes gens qui tireront les numéros les plus élevés ne feront qu'une année de service, où même six mois, s'ils passent avec succès, au corps leurs examens. Les jeunes gens qui tireront les numéros les plus bas, 1, 2, 3, etc……, jusqu'à un chiffre que le ministre à la guerre fixera suivant le nombre de soldats dont il aura besoin chaque année, feront cinq ans de service.

 

Avril 1873   -   Pêche miraculeuse.   -   La pêche du maquereau est miraculeuse en ce moment sur nos côtés de Normandie. Cinq bateaux sont entrés, rapportent 105 800 Maquereaux, 9 700 avaient été salés en route.

 

Mai 1873   -  Les Événements.   -   Samedi soir, M. THIERS a donné sa démission, de Président de la République française. Il a été remplacé par le maréchal DE MAC-MAHON, duc DE MAGENTA. Le maréchal-Président est âgé de 65 ans.

 

Mai 1873   -   Nouvelle maritime.   -   Samedi matin, à la pointe du jour, la bisquine « Adrienne-Victorine », capitaine Lemarchand, de Courseulles, venant de Luc avec un chargement de légumes et de foin, en donnant dans le port du Havre avec une petite brise de la partie du Nord, a rangé de trop près la jetée N.-O., et s'est échouée en dedans de l'extrémité. Vers neuf heures, l' « Adrienne-Victorine » a pu heureusement être renflouée.

 

Septembre 1873   -   Naufrage.   -   On a recueilli, mardi matin, vers 2 heures, non loin de la jetée du N.-O., au Havre, un canot parti en dérive, et que le courant avait fait échouer sur   la grève. Cette embarcation mesure environ 5 mètres, elle est peinte blanc et rouge, avec de petits filets bleus. A l'arrière de son tableau sont inscrits les noms : « Sainte-Marie  -  Courseulles ».

 

Décembre 1873   -   Un homme à la mer.   -  Dans la nuit de mercredi à jeudi, un accident est arrivé dans les parages de l'AilIy. Un matelot de 60 ans faisant partie de l'équipage d'une bisquine de Courseulles, commandée par le patron Cudeberge, s'est trouvé pris par les pieds dans le halin et a été entraîné dans les flots. L'homme de quart, témoin de cet accident, a crié aussitôt « Un homme à la mer ».  La victime de cet accident savait nager et se maintenait à la surface de l'eau. On lui jeta une drôme que le noyé put saisir et il fut ramené à bord.

 

Décembre 1873   -   Visites du premier janvier.   -  C’est le moment, ou jamais, de s’occuper des cartes qu’il est dans l’usage d’échanger à l’occasion du premier de l’an. C’est seulement à l’époque du 1er  janvier qu’on peut envoyer des cartes par la poste, c’est-à-dire sous enveloppe. Les cartes envoyées sous enveloppe doivent être affranchies à 5 cent, pour le rayon du bureau de distribution, en dehors du bureau de distribution, l’affranchissement est de 10 cent. Les cartes ne doivent porter que le nom, la profession et l’adresse. On peut en mettre deux sous la même enveloppe. Une dame ne peut envoyer sa carte à un homme non marié, une demoiselle, quel que soit son âge, n’envoie jamais de carte.

 

Décembre 1873   -   Encore un martyr.   -  La justice a dernièrement découvert relégué dans un grenier sans ouverture, à Courseulles-sur-Mer, un malheureux petit garçon de 9 ans, que le manque de nourriture et les mauvais traitements de ses parents avaient réduit à un tel état de maigreur et de faiblesse, qu’il ne portait pas plus de 5 ans. Cet enfant appartient aux époux  Parfouru qui ont successivement habité Sully, Ranchy et Saint-Lô. Ce malheureux enfant a une sœur que ses parents comblaient de soins, tandis que lui, sans aucun motif avouable,  était continuellement frappé. Il couchait sur la paille, et par les temps de gelée, était exposé à la porte n’ayant que des haillons pour le préserver du froid, un jour la femme Parfouru poussa la cruauté jusqu’à couper avec des ciseaux la lèvre de son enfant. Lorsqu’il fut enfermé dans le grenier où il a été trouvé, les cris plaintifs du pauvre enfant attirèrent  l’attention des voisins, qui pour ne pas le laisser mourir de faim lui passèrent par un trou quelques aliments. Les époux Parfouru s’aperçurent bientôt de cet acte de charité, ils bouchèrent l’ouverture et leur victime fut de nouveau réduite à manger quelques croûtes de pain qu’on lui jetait comme à un chien. Quand sur la plainte des voisins, on est venu pour  arrêter les coupables, ils avaient pris la fuite. Le Tribunal de Caen vient de les condamner, par défaut, à chacun deux années de prison, quand au pauvre enfant, il a été déposé à l’hospice de Bayeux.  

 

Mai 1874   -   Vol.  -  Des malfaiteurs se sont introduits, la nuit, dans la succursale des Chantiers du Nord, située à Courseulles, appartenant à MM. Luard et Ménard, ont pénétré dans le bureau en fracturant un carreau, et soustrait dans la caisse une somme de 30 fr. 

— Dans la même commune, des malfaiteurs se sont introduits dans la barque du patron Jules Mériel, en désarmement dans le port, ils ont fracturé le cadenas qui fermait la cabine de l'arrière et soustrait des provisions estimées à 60 fr., ils ont eu la précaution de retirer d'un sac les pavillons et s'en sont servis pour emporter le produit du vol.  

 

Juillet 1874   -   Le réchauffement climatique.   -  La comète n'est pas étrangère aux grandes chaleurs que nous subissons. En 1811, une comète fut visible, et les chaleurs et la sécheresse furent telles qu'un grand nombre de rivière tarirent, en 1846, nouvelle comète, nouvelle sécheresse, l'eau devint tellement rare dans certains endroits que des bestiaux périrent de soif. En 1811 comme en 1846, le vin fut abondant et d'une qualité supérieure, on espère qu'il en sera de même en 1874, aussi les cours des vins sont-ils en baisse de 10 fr. par hectolitre. A Marseille, le thermomètre a marqué, à l'ombre, 40 degrés, à Paris, au soleil, 44 degrés. De nombreux cas d'insolation sont signalés.

 

Juillet 1874   -   La comète.   -  Selon les prévisions des astronomes, la comète découverte par M. Coggia, de Marseille, le 17 avril dernier, n'aura tout son éclat que vers le 15 juillet, mais actuellement, grâce à la pureté momentanée de l'atmosphère, elle brille merveilleusement chaque soir, au-dessous de l'étoile polaire, comme une étoile de troisième grandeur. Sa traînée est très apparente à l’œil nu.

 

Juillet 1874   -   Faite divers.  -  Pour enlèvement de sable sans autorisation, ont été condamnés, à 50 fr. d'amende chacun, les prévenus ci-après : 1° Jéhanne, domestique, faisant défaut ; 2° Auguste-Ferdinand Villeroy, 20 ans, domestique ; 3° Gauthier, journalier, demeurant tous les trois à Luc-sur-Mer ; 4° Adolphe-Eugène Lecouturier, 17 ans, né à Bellengreville ; 5° François-Joseph Lecouturier, 22 ans, né au Fresne-Camilly ; 6° les frères François-Valentin Marie, 38 ans, et 7° Prudent-Alexandre, 25 ans, tous les quatre domestiques ou journaliers à Courseulles-sur-Mer.

 

Novembre 1874   -   Drames de la Mer.  -  Saint-Aubin-sur-Mer est en deuil. Huit ou dix de ses enfants viennent d'être engloutis par les flots. Que d'affections brisées, que de familles dans la douleur, que de veuves, que d'enfants sans pain.

Chaque année, à l'arrière-saison, la plupart des marins de notre littoral s'enrôlent à Courseulles sur des bateaux équipés pour la pêche du hareng. Dernièrement 18 matelots, de Saint-Aubin, de Bernières, de Langrune, de Luc et de La Délivrande, s'embarquaient sur la « Jeune-Mèlina », armateur M. Legallier, patron Eugène, un jeune homme de Saint-Aubin, marié depuis quelques mois.

Au début de la campagne, tout sembla marcher à souhait, mais dimanche l'après-midi, surprise par l'imprévu et terrible ouragan du nord-ouest qui s'est déchaîné sur nos côtes, la « Jeune-Mélina » s'est perdue corps et biens à 200 mètres du Tréport.

Pendant, vingt minutes on a aperçu au haut du mât l'un des marins faisant des signaux de détresse. Le Tréport est une petite ville maritime de;3 500 habitants, située sur la Manche, entre Dieppe et St-Valery, sa principale industrie est la pêche.

Au déclin du jour, on voyait encore, torturés par les lames, des débris du navire auxquels se cramponnaient de malheureux marins, mais la tempête régnait avec tant de violence qu'il était même impossible de se tenir debout sur la grève... Peu à peu les débris devinrent plus rares, puis, avec la derrière épave, disparut le dernier matelot de la « Jeune-Mélina ».  La mer n'a encore rendu que quinze cadavres.

Presque toutes les victimes de ce sinistre épouvantable sont mariées et laissent de nombreux enfants. Par une fatalité étrange, trois frères, un père et un fils se trouvaient réunis sur ce bateau.

Quatre autres bateaux de pêche ont également manqué l'entrée des ports du Tréport et de Dieppe et se sont échoués. Deux autres ont sombré, mais les trente hommes qui les montaient ont été sauvés.

 

Février 1875   -   Chemin de fer.  -  Une enquête aura lieu dans les communes de Langrune, St-Aubin-sur-Mer, Bernières-sur-Mer et Courseulles, sur le projet présenté pour l'établissement des stations et arrêts de ce chemin projetés sur le territoire des communes sus-indiquées. Cette enquête a commencé le 11 février et sera close le 21 du même mois.  

 

Mars 1875   -   Le printemps.  -  Si cela continue, le printemps sera inauguré par la gelée ou la neige. En Angleterre, des vents violents ont causé beaucoup de malheurs. Des maisons en construction ont été renversées et des ouvriers ont péri.

 

Mars 1875   -   Condamnation.  -  Le brave homme qui n'est pas fier aujourd'hui, c'est le sieur Pinchon, âgé de 70 ans, boucher à Courseulles. Dans un moment où il n'y voyait sans doute pas trop clair, Pinchon a pris la nuque de Dumont, boucher à Lion, pour la tête de sa jument, et lui a flanqué un coup de fouet qui l'a quasiment étourdi. Pinchon a été condamné à 24 heures de prison et 30 fr. de dommages-intérêts. 

 

Août 1875   -   Caen à la mer.  -  Le chemin de fer de Caen à Courseulles sera-t-il une bonne affaire ?

Oui, si tous les étés l'affluence des voyageurs est égale à celle de cette année, comme tout le fait présager. L'hiver, l'entrepreneur compte beaucoup sur les marchandises qu'il transportera de Courseulles à la gare de l'Ouest, lorsque le raccordement sera fait. Dans ces conditions, il se pourrait que M. Mauger, qui a eu un instant l'intention de mettre l'entreprise en actions, renonce à cette idée. Les dépenses du concessionnaire dépassent, à ce jour, deux millions, non compris les frais de personnel.

Le rapport au Conseil général dit que le délai, pour l'exécution de la section de Luc à Courseulles, expire le 1er  janvier 1876, c'est une erreur, car, à l'heure qu'il est, l'expropriation des terrains n'est pas commencée. Si rien ne vient déranger les plans du concessionnaire, la section de Luc à Courseulles sera inaugurée en juin prochain.

 

Août 1875   -   La chaleur.  -  Il a fait un temps splendide, une chaleur tropicale : aujourd'hui il pleut, nous avons eu 30 degrés jusqu'à dimanche dernier, à Paris, on a constaté dix-sept cas d'insolation, quatre individus subitement frappé d'aliénation mentale sur la voie publique ont été ramassés, trente-neuf chevaux, affolés par la chaleur, se sont emportés. Enfin, Paris était tellement altéré, que plus de six cent individus ont été conduits au violon pour avoir trop bu.

 

Août 1875   -   Sauvetage.  -  Dimanche dernier, vers les dix heures du matin, deux personnes étant en train de se baigner à la mer descendante, à Courseulles, l'une d'elles est tombée dans un bas fond et allait inévitablement se noyer, lorsque M. Pierre Guillaume, pilote du port, entendant les cris poussés par le compagnon de l'homme qui se noyait, n'a pas hésité à se jeter à l'eau et a été assez heureux pour le sauver. Le noyé avait entièrement perdu connaissance, et pendant plus d'une demi-heure, l'on a craint de ne pouvoir le   rappeler à la vie, maintenant, quoique bien faible, il est hors de danger. Ce pilote en est à son cinquième sauvetage.

 

Décembre 1875   -  Le commerce du Calvados.  -  Dans le rapport présenté à la Chambre de commerce par M. Paulmier, président, nous trouvons les renseignements suivants :

Il est entré, en 1874, dans les sept ports du Calvados, Caen, Ouistreham, Honfleur, Trouville, Isigny, Courseulles, Port-en-Bessin et Dives, 2 263 bâtiments à voiles et 2 835 bâtiments à vapeur. Les sorties étant à peu près égales aux entrées, c'est un mouvement maritime de 10 196 navires.

Le plus fort navire est entré à Honfleur, c'est le trois-mâts allemand « Jocking », jaugeant 498 tonneaux seulement, mais du port effectif de 590 tonneaux, tirant d'eau, 5 mètres 06.

Le trois-mâts français « Dupuy-de-Lôme », jaugeant 451 tonneaux, chargé de 450 tonneaux seulement d'arachides, avec plus de 100 tonneaux de lest à bord, tirant d'eau 4 mètres 70, est entré à Caen

Le mouvement commercial du port de Caen a donné lieu à une somme totale d'opérations de 27 millions dont 18 millions à l'entrée et 9 à la sortie. Les principaux articles d'importation sont : la houille, fournissant 109 737 tonneaux, d'une valeur de plus de 4 millions ; Les cotons qui ont donné 5 148 000 fr, avec 2 574 tonnes, viennent ensuite le blé, les graines oléagineuses, le savon, le poisson salé, la fonte, etc…… Comme article d'exportation, on doit mettre en première ligne l'orge pour 7 612 800 fr., en second rang les tourteaux pour 766 080 fr. et les farines pour 639 450 fr.

Les produits de la pêche atteignent 3 500 715 fr. tant pour la pêche en bateaux que pour la pêche à pied. Les ports où la pêche a été la plus fructueuse, en 1873, sont ceux de Trouville, Villerville, Grandcamp, Port-en-Bessin, Honfleur et Courseulles. Il a été péché à pied, à l'embouchure de l'Orne, pour 182 200 fr. de poisson. La commerce des huîtres qui constituait une des richesses de Courseulles, en l824, où ses parcs contenaient 58 millions d'huîtres, apportées par 335 navires, est tombé, en 1874, à 10 millions d'huîtres, dont 170 400 seulement pêchées dans la mer littorale. Cette décroissance est due à l'appauvrissement des bancs de Cancale et de Granville, à l'établissement du réseau des voies ferrées, qui permet aux autres ports de la Manche et de la Bretagne d'expédier directement leurs produits vers les centres de consommation et enfin à la concurrence d'Arcachon et de Marennes.  

Courseulles-sur-Mer  -  Le Bazar Parisien.

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