UN SIÈCLE D'HISTOIRE DU CALVADOS

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COURTONNE - la - MEURDRAC

Canton de Lisieux

Les habitants de la commune sont des Courtonnais, Courtonnaises

Mai 1833    -   Cour d’Assises du Calvados.   -   Séance du 8 Mai.

- Les nommés Bouteiller ( Pierre ), journalier, âgé de 18 ans, et Droulin ( Pierre ), âgé de 35 ans, demeurant, le premier à L'hôtellerie, et le second à Courtonne-la-Ville, arrondissement de Lisieux, comparaissaient ensuite comme accusés de deux vols d'argent et d'effets, commis, le 1er juillet 1832, à l'aide d'escalade et d'effraction, au préjudice d'un sieur Lerondel et d'une demoiselle Delaunay, de la commune de Courtonne-la-Ville.

Déclarés non coupables par le jury, ces deux individus ont été acquittés. (Mémorial du Calvados)

 

Mai 1842  -   Cour d’Assises du Calvados.   -  La dernière audience de la session amenait sur la sellette le mardi 17, la nommée Hyacinthe-Félicité Marie, âgée de 38 ans, mendiante, née à Méry-Corbon, sous l'accusation d'infanticide.

Le débat de cette horrible affaire ont révélé chez cette femme une affreuse perversité et un odieux sang-froid à commettre le crime.

Le jury n'a pas usé cette fois de la faculté des circonstances atténuantes, et son verdict a été rendu dans toute sa sévérité. Cette malheureuse qui était déjà mère de deux enfants, accoucha dans la nuit du 16 au 17 mars dernier, d'un enfant né vivant et viable. L'autopsie et l'instruction ont démontré de la manière la plus évidente qu'il était mort par suite de pressions violentes et de l'introduction d'un corps étranger dans la gorge, les débats ont prouvé que ce corps étranger était la main de l'accusée.

Convaincue de ce crime, la fille Marie a été condamnée à la peine de mort.

  -  Enfin, la condamnation en sept années de réclusion avec exposition, prononcée contre le nommé Jacques-Victor Buffard, né à Courtonne-la-Ville, est venue clore la triste série des affaires de cette longue session.

Cet individu se livrait habituellement à la fabrication, et à l'émission de fausses pièces d'un franc, avec lesquelles il soldait sa consommation dans les auberges et les cabarets. (Source  : L’indicateur de Bayeux)

 

Juin 1852   -  Nous lisons dans le Lexovien.   -  Jeudi, vers trois heures après midi, un violent orage, accompagné d'une pluie torrentielle, est venu s'abattre sur notre contrée ; en quelques minutes, les ruisseaux de la ville ont débordé et rendu les rues impraticables ; les rivières se sont élevées de plus d'un mètre en peu de temps, et l'on commençait à craindre pour les roues des usines.

La violence de l'orage a commencé à se faire sentir à l'Hôtellerie, puis il a suivi les vallons de Courtonne-la-Meurdrac, Mesnil-Guillaume, Glos et St-Martin-de-la-Lieue ; une véritable trombe d'eau et de grêle est tombée sur ces pays et les a dévastés ; les chemins étaient convertis en torrents, entraînant tout ce qui s'opposait à leur passage, et laissant à chaque carrefour des monceaux, de cailloux et de terre entraînés des champs de blé et de melons. A St-Martin, l'eau couvrait la route à une hauteur, d'environ un mètre ; à Beuvillers, le tonnerre est tombé sur un arbre et l'a entièrement dépouillé de ses branches et de son écorce. Enfin, le malheureux pays que ce cataclysme a parcouru, est entièrement dévasté.

Nous apprenons, ce matin, que le moulin de Cordebugle a été entièrement enlevé par les eaux. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Avril 1853  -  Nouvelles locales.   -  On lit dans « Le Normand », de Lisieux  : Des personnes que nous croyons bien informées annoncent que le tracé de la ligue de Paris à Cherbourg est définitivement arrêté jusqu'à Lisieux. Cette ligne arriverait dans notre département par un endroit dit la « Croix-de-Pierre », à distance égale à peu près d'Orbec et de Thiberville, elle entrerait ensuite dans la vallée de St-Paul-de-Courtonne, suivrait celle de Courtonne-la-Ville, de Courtonne-la-Meurdrac, de Villers-sur-Glos et déboucherait dans les prairies de Beuvillers, près le pont de Glos, pour arriver à la station de Lisieux, dont l'embarcadère serait placé entre les routes de Livarot  et Orbec et aussi rapproché que possible de la ville.

— Aussitôt que l'on aura mis la main à l'œuvre, les travaux seront poussés avec la plus grande activité. (Source :  Le Journal de Honfleur)

 

Novembre 1866   -   Un incendie.   -   Lundi dernier, le feu a réduit en cendres la toiture d'un bâtiment à usage de boulangerie appartenant au nommé Roussel Joseph, boulanger à Courtonne-la-Meurdrac, canton de Lisieux. Grâce au concours empressé de la plus grande partie de la population de la commune, qui au premier signal s'est empressée d'accourir sur les lieux, l'incendie a pu être concentré dans son foyer, ce qui a permis de préserver de la destruction un corps de bâtiment considérable attenant à la boulangerie.

Cet incendie est purement accidentel. Le feu a pris naissance dans le plancher du bâtiment incendié, auquel il avait été communiqué par une lézarde pratiquée sur la voûte du four. La perte évaluée approximativement à la somme de de 1430 francs, est couverte par une assurance.  

 

Mai 1871   -  Fait divers.   -  Le 24 de ce mois, vers une heure du soir, un commencement d'incendie a éclaté dans un bois taillis situé à Courtonne-la-Ville, et en a détérioré environ deux hectares appartenant aux sieur Auguste Cassey et veuve Alabarbe, propriétaires. Perte 150 fr., assuré. Cet incendie est attribué à l'imprudence du nommé  Potier, journalier à  Thiberville.  

 

Août 1872   -  Loi sur les boissons.   -  Tout détenteur d'appareils propres à la distillation d'eaux-de-vie ou d'esprits est ténu d'en faire, au bureau de la régie, une déclaration énonçant le nombre et la capacité de ses appareils.

 

Août 1872   -  La fin du monde.   -  On sait que la fin du monde avait été prévue pour le 5 de ce mois, elle n'a pas eu lieu, parce qu'elle a été, paraît-il, remise au 12 août, selon les uns, et selon les autres, au 15 août, fête de l'ex-empereur.

 

Août 1872   -  Fait divers.   -  Dernièrement, cinq ou six garnements de seize à dix-huit ans, prenaient leurs ébats dans un cours d'eau de Courtonne-la-Ville, qui coule à l'extrémité de la propriété de maître Pierre X... et de Mlle Désirée, sa sœur, âgée de trente-six ans, et peu commode.

Mlle Désirée aperçut de loin les baigneurs, qui n'avaient pour tout vêtement que leurs cheveux, et en fille curieuse, voulut les voir de plus près.

Elle appela donc son frère, et tous les deux se dirigèrent vers la bande, qui se mit à déguerpir, à l'exception d'un seul, le nommé Gustave, qui cherchait en vain à enjamber un  microscopique caleçon.

Non content d'enlever les effets du pauvre gars, qu'ils portèrent à la mairie, maître Pierre lui flanqua des coups de sabot et mademoiselle sa sœur des coups de râteau.

Cette affaire a fait beaucoup de bruit, à cause surtout du costume par trop primitif dans lequel l'infortuné Gustave fut obligé de se présenter devant la municipalité de Courtonne, pour réclamer sa chemise, ses chaussettes, son gilet de peau, etc…….

La justice s'en est emparée et le tribunal correctionnel de Lisieux a condamné le frère et la sœur à chacun 25 fr. d'amende, pour coups et blessures à un individu court vêtu.

 

Juillet 1875   -   Inondations du Calvados.  -  A l'annonce du désastre qui vient de frapper Lisieux, nous nous sommes rendu sur les lieux.

Pendant, une partie de la journée de mercredi, la pluie était tombée abondamment et la foudre n'avait cessé de gronder.

Vers sept heures du soir, une trombe épouvantable s'est déchaînée sur Courtonne, Glos et Lisieux.

L'avalanche d'eau a été si rapide que devant elle il était impossible de se sauver. En essayant de fermer ses volets, le sieur Prisse a été emporté et noyé. En quelques instants l'eau a atteint dans certains endroits jusqu'à trois mètres de profondeur.

Jusqu'à présent, on ne compte que six morts : Deux à Lisieux. Quatre à Glos.

Trois des personnes noyées ont été entraînées par le courant au moment où elles essayaient de quitter leur maison qui s'écroulait en même temps que le pont de Glos.

Une femme a été emportée par la trombe et noyée au moment où elle appelait ses enfants qu'elle croyait en danger.

Des maisons et des hangars sont effondrés, des murs et des ponts sont renversés, plusieurs fabriques sont endommagées.

Les pertes sont considérables. On parle d'un million pour les fabriques. Il y aura chômage. Encore des misères à soulager.

Jeudi matin, Pont-l'Evêque a été envahi par les eaux, qui ont atteint, dans certaines rues, une hauteur de 1 m. 50.

Partout les eaux sont en décroissance, et tout fait espérer que là s'arrêtera le mal.

 

Juillet 1875   -   Orages et tonnerre.  -  Les orages annoncés par le prophète Nick pour le mois de juillet ont éclaté à leur heure. Paris et ses environs la Seine-lnferieure et l’Eure en ont ressenti les effets.

Notre pays n'a pas non plus été épargné, il y a même eu morts d'hommes. Le sieur Lefort, boulanger à Bernières, a été tué par la foudre au moment où il sortait de son jardin avec une brouette, et 1e sieur Ferdinand Séron, propriétaire à Tournay-sur-Dives, arrondissement d'Argentan, a été frappé par la foudre, vendredi dernier, dans un pré où il était à faucher. L'arrondissement da Lisieux a eu beaucoup à souffrir : le vent, l'eau et la grêle, dont certains grêlons atteignaient la grosseur d'un marron, ont fauché les colzas, les blés et les pommiers.

Une grande consternation règne dans les communes de Moyaux, Fumichon, etc….., où en quelques heures, les cultivateurs ont vu anéantir l'espoir de toute une année.

— La comète n'est pas étrangère aux grandes chaleurs que nous subissons. En 1811, une comète fut visible, et les chaleurs et la sécheresse furent telles qu'un grand nombre de rivière tarirent, en 1846, nouvelle comète, nouvelle sécheresse, l'eau devint tellement rare dans certains endroits que des bestiaux périrent de soif. En 1811 comme en 1846, le vin fut abondant et d'une qualité supérieure, on espère qu'il en sera de même en 1874, aussi les cours des vins sont-ils en baisse de 10 fr. par hectolitre. A Marseille, le thermomètre a marqué, à l'ombre, 40 degrés, à Paris, au soleil, 44 degrés. De nombreux cas d'insolation sont signalés.

 

Juillet 1875   -   Les inondations.  -  Notre département gardera un triste souvenir du mois de juillet 1875. Ce mois, ordinairement le plus beau de l'année, est froid et pluvieux, de  fréquents orages ravagent et détruisent tout. Comme on le verra plus loin, à dix jours de date un nouvel orage s'est abattu sur la malheureuse ville de Lisieux.

Voici quelques détails complémentaires sur les inondations du Calvados :

On compte quinze communes de l'arrondissement de Lisieux qui ont eu à souffrir de l'inondation. Toutes les routes sont ravinées, quelques-unes complètement défoncées. Il y a dix ponts à refaire entièrement. Partout, le foin coupé a été entraîné par les eaux.

—  La voie du chemin de fer a été creusée de plus d'un mètre au-dessous des rails, sur une longueur de 80 mètres environ.

—  On peut juger de la quantité d'eau tombée à St-Mards-Orbec, en sachant qu'aux abords des écuries de la Compagnie du chemin de fer, elle a atteint quatre mètres de hauteur. A Courtonne-la-Meurdrac, la foudre est tombée à dix ou douze endroits différents, sans qu'il en soit, toutefois, résulté d'accidents notables.

C'est à St-Paul-de-Courtonne que l'infortuné Lebourgeois a trouvé la mort. Cet homme, qui avait construit lui-même son humble habitation, n'avait pas voulu s'en éloigner. Il ne voulait même pas que sa femme et ses enfants la quittassent, et pour les en empêcher, il avait amené devant la porte un vieux bahut qui la barricadait. Mais sa femme, affolée, lui  arracha la plus jeune des enfants qu'il tenait dans ses bras, repoussa violemment le bahut et s'élança dehors, suivie de deux autres enfants. Quelques minutes après, la maison s'écroulait, étouffant l'obstiné propriétaire sous les débris que le torrent emportait au loin, ne laissant à la plaça de la maisonnette qu'un trou profond rempli de pierres et de limon.

Un nommé Rabot, qui se trouvait sur la rive gauche de la rivière et qui ne pouvait franchir le torrent, a dû passer la nuit entière monté sur un arbre, tandis que sa femme, restée dans sa maison inondée, a dû, pour n'être pas noyée, monter sur l'appui de la fenêtre et se tenir au dormant supérieur du châssis.  

COURTONNE-LA-MEUDRAC (Calvados). -  Poste et Télégraphe.

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