1er Octobre 2024

 UN SIÈCLE D’HISTOIRE DU CALVADOS

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FALAISE

Canton de Falaise 

Les habitants de la commune sont des Falaisiens, Falaisiennes

Janvier 1860   -   Les inondations dans le Calvados.   -   Voici les nouvelles qui nous parviennent du département : Dans la soirée du 29 décembre, l'eau est tombée, à Falaise, en si grande abondance que plusieurs quartiers de cette ville ont été inondés, c'était un véritable déluge.

Le Grand-Cours était entièrement couvert d'eau. De plus, dans la rue des Boulangers et à la Porte-de-Guibray, l'eau a envahi les caves et le rez-de-chaussée des habitations et causé de grands dommages au mobilier.

Les dégâts ont été plus sérieux encore dans d'autres endroits. Au faubourg de la Roche, l'eau a dépassé les lavoirs et s'est élevée de 1 mètre 30 centimètres au-dessus du sol, entraînant avec elle une certaine quantité de linges déposés là pour être blanchis.

Au Moulin-Bigot, les vannes de ce moulin ont été brisées et plusieurs sacs de farine entièrement submergés dans l'intérieur de l'usine, où l'eau avait pénétré.

Au Moulin-Hélie, des murs de clôture ont été renversés, et, dans divers autres endroits, des digues entraînées le long des bords de l'Ante ou des biefs d'usine.

Dans les moulins qui se trouvent en aval de St-Laurent, il y a eu aussi des farines de compromises par les eaux. On n'a pas encore le détail exact de toutes les pertes éprouvées par les habitants. (Journal de Falaise.)

 

Janvier 1860   -   Avis de recherche.   -   M. le préfet vient d'adresser la circulaire suivante à MM. les sous-préfets, les maires, les commissaires de police et les commandants de gendarmerie : Caen, le 26 décembre 1859.

Messieurs, Le jeune Desmousseaux (Charles), âgé de 12 ans, placé dans l'établissement des orphelins, de Caen, s'est évadé à la fin du mois de juin dernier, et on n'a pu encore découvrir le lieu où cet enfant est retiré.

Je vous prie de me communiquer les renseignements que vous pourriez obtenir sur le fugitif, assez grand pour son âge, dont le visage ovale est ordinairement pâle et qui a les cheveux bruns.

Son air et son langage ne révèlent pas l'intelligence.

Agréez, etc…                 Le préfet du Calvados, TONNET.

 

Avril 1860   -   Les Rameaux.   -   L'usage de porter des rameaux le dimanche qui précède le jour de Pâques, est comme on sait universellement répandu. À Paris une immense consommation de verdure et faite cette journée, non seulement dans les églises, mais encore dans les rues ou pas un cheval ne circule sans être orné d'un rameau sur la tête.
Dans l'arrondissement de Bayeux, les rameaux bénits ne figure pas seulement à l'adoration du signe sacré de la Rédemption, ils sont employés à honorer la mémoire des morts et à fleurir les tombes, d'où la dénomination de Pâques -Fleuries.
Avant hier, notre population s'est conformée comme les années précédentes à cette antique tradition, et toute la journée une longue file de parents et d'amis est allée accomplir un pieux pèlerinage dans le cimetière de la ville. ( l’Écho Bayeusain )

 

Avril 1860   -   On écrit de Falaise, le 6 avril.   -   Malgré le temps assez froid que nous subissons encore, hier soir et pendant une partie de la nuit les éclairs se succédaient assez fréquemment et le tonnerre à éclaté à plusieurs reprises.

Hier soir, vers six heures, un orage très violent à éclaté sur Falaise. En peu de temps, tous les ruisseaux ont débordé, par suite, les caves d'un très grand nombre de maisons ont été remplies d'eau, à une hauteur de 40 centimètres à 1 mètre.

Les dégâts qui ont été causés sont aussi minimes que nombreux, et on peut dire que les habitants en ont été quittes pour la peur. ( L'Ordre et la Liberté )

 

Avril 1860   -   La Poste.   -   L'administration des postes s'occupe activement d'une amélioration qui sera bien avantageuse pour les campagnes. Il s'agit d'organiser le service rural de façon à ce que, dans les plus petites communes de France, il y ait régulièrement un service quotidien. ( Le Pays d'Auge )

 

Mai 1860   -   Passage de troupes.   -   Le 3e bataillon et le dépôt du 5e de ligne, fort d'environ 30 officiers, 260 hommes et de chevaux, quitteront Argentan le 25 mai et iront loger le même jour et le lendemain à Falaise ; le 27, à Caen ; le 28, à Bayeux ; et le 29, 30, à Isigny d'où ils partiront le 31 pour Montebourg. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   La foire St-Gervais.   -   Contrariée par le mauvais temps, la foire Saint-Gervais s’est tenue, le 20 de ce mois, à Falaise, à cependant quoique moins bonne que les années précédentes donné des résultats meilleurs que ceux que la pluie faisait redouter.

On y comptait 175 voitures de laine blanche et en suint. Cette laine s'est aisément vendue, la première à 2 fr. 20 c. le demi kilogramme, et la seconde 1 fr. 05 c.

Des chevaux, au nombre de 540, y ont trouvé un écoulement avantageux et facile, mais les transactions portant sur les bœufs, les vaches et les veaux n'ont pas obtenu le même succès. Quoique les bœufs, en effet, y fussent plus abondants que de coutume, puisque 125 ont été exposés en vente, leur prix a subi une diminution de 60 à 70 fr. par tête d'animal. Une diminution analogue, c'est-à-dire une diminution de 40 à 50 fr. Par tête, à signalé la vente des vaches, dont le total amené sur le champ de foire s'élevait à 480.

Une baisse, moins marquée il est vrai, s'est également fait sentir sur le marché des veaux et des porcs, au nombre, les premiers, de 190, et, les seconds, 477.

Enfin, les moutons, dont on comptait 134 têtes, ont eux-mêmes subi une dépréciation de 6 à 7 fr. Par tête.

Quant au commerce de détail, qui ordinairement est très actif à la foire Saint-Gervais, l'état de l'atmosphère en a sensiblement affecté les conditions. ( Le journal de Falaise )

 

Juillet 1860   -   Une arrestation mouvementé.   -   Dans la nuit du 6 au 7 juillet, un vol de 30 fr. avait été commis avec effraction et escalade au domicile d'une dame Bellet , épicière à Nécy. Le lendemain, au marché de Falaise, cette dame crut reconnaître l'auteur de ce vol dans la personne du nommé François Aubert, né à Rosnay (Orne). Elle le signala au gendarme Jouan, alors de service sur la place Saint-Gervais. Ce gendarme l'arrêta et le conduisit devant M. le procureur impérial, qui, après un premier interrogatoire, prescrivit son dépôt dans la maison d'arrêt de notre ville.

Le gendarme Jouan se mit aussitôt en mesure d'exécuter cet ordre mais à peine arrivé sur la place Trinité, Aubert, qui paraît doué d'une force herculéenne et n'a que vingt-sept ans, le poussa violemment, se débarrassa de lui et s'échappa.

A quinze pas environ du lieu de cette scène, le gendarme le rejoignit, mais une lutte des plus vives s'engagea alors entre eux, et Aubert ne parvint à se tirer de nouveau des mains de l'agent de la force publique qu'en y  laissant les lambeaux de sa blouse déchirée. Aubert, une seconde fois s'enfuit à toutes jambes dans la direction du Val-d'Ante. Le gendarme, sans perdre courage et quoiqu'il fût seul, le poursuivit sans relâche et finit par l'atteindre dans les prairies qui avoisinent saint-Adrien, vers la bruyère de Noron. De cette fois, il l’arrêta définitivement, aidé par le sieur Duhamel, ouvrier tanneur au Val-d'Ante, et le ramena à la maison d'arrêt, où il est en ce moment à la disposition de la justice.

Cette arrestation fait le plus grand honneur au gendarme Jouan, qui, dans les luttes qu'il a eues à soutenir contre Aubert, a reçu plusieurs coups de points au visage, elle fait honneur aussi au généreux citoyen qui lui a prêté main-forte. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Une éclipse.   -   Un temps couvert de nuages n'a pas permis, dans notre contrée, d'observer les phases de l'éclipse de soleil qui a eu lieu mercredi.

Ce phénomène n'a eu d'autres effets pour nous que de rendre le temps encore plus obscur, surtout vers trois heures. ( Le Pays-d’Auge )

 

Juillet 1860   -   Le grand recensement quinquennal.   -   C'est l'année prochaine, en 1861, que le grand recensement quinquennal de l'Empire français et de ses nouvelles annexes aura lieu, le dernier ayant eu lieu en 1856.

Au recensement de cette année 1856, la population de la France fut trouvée être de 36 millions 39 634 individus. On suppose, d'après les données, que la France a grandi sera peuplé de 40 millions d'individus en 1861.

Au recensement de 1856, Paris, avec ses 12 arrondissements, était peuplé de 1 million 174 346 individus, et le département de la Seine de 1 million 727 419 personnes. ( Le Pays-d’Auge )

 

Juillet 1860   -   On lit dans le Journal de Falaise.   -   Le nommé François Aubert, dans notre dernier numéro, dit le journal de Falaise, rapporte l'arrestation et la résistance au gendarme qui le poursuivait, a tenté de s'évader de la prison de Falaise dans la nuit du 16 au 17 de ce mois, en enlevant seize dalles de la pièce dans laquelle il était renfermé. La vigilance des gardiens la empêché d'accomplir son projet, dont l’exécution a été promptement paralysée par eux.

On croit que le nom d'Aubert que se donne ce malfaiteur n'est qu'un nom d'emprunt, et qu'il cache, sans doute parce qu'il a quelque intérêt à le dissimuler, le véritable nom qui lui appartient. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Les congés scolaires.   -  Par décision du 16 juillet, M. le ministre de l'Instruction publique, conformément à la proposition de M. le recteur et à l’avis du Conseil académique, a fixé l'ouverture des vacances  au mercredi 8 août prochain, et la rentrée des classes au jeudi 4 octobre suivant, pour des lycées et des collèges du ressort académique de Caen.

Dans cette fixation sont compris les deux jours supplémentaires accordés à l'occasion de l'annexion de la Savoie et du Comté de Nice à la France. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860  -  Donjon de Falaise.  -  Le Conseil d'arrondissement de Falaise signale l'état déplorable dans lequel se trouve le donjon de Falaise. Considérant que ce monument se rattache aux souvenirs les plus vifs de l'histoire de Normandie, et qu'en outre, l'élégance et la situation pittoresque de la tour Talbot la signalent à la fois à  l'attention de l'artiste et du savant, émet le vœu que le gouvernement accorde une somme assez forte pour qu'un travail d'ensemble assure définitivement la conservation de cet antique monument.

 

Août 1860  -  Échardonnage.  -  Le Conseil général demande que les arrêtés relatifs à l'échardonnage soient exécutés le plus strictement possible. Considérant que beaucoup de maires  et de gardes-champêtres ne semblent pas pénétrés de  l'importance des arrêtés relatifs à l'échardonnage. Prie M. le Préfet de renouveler ses instructions relatives à l'échardonnage, en invitant les maires et les gardes-champêtres à veiller à la stricte exécution de ses arrêtés.

 

Août 1860   -   Un vol.   -   La nuit dernière, dit le Journal de Falaise de samedi, un vol d'environ 20 litres d'eau-de-vie de cidre a été commis, à l'aide d'effraction et d'escalade, au préjudice de M. Isidore Lefebvre, aubergiste, porte du Château. L'auteur présumé de ce vol est en état d'arrestation. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860   -   Un Suicide.   -   Le 18 du courant, le nommé Deschamps (Pierre), âgé de 68 ans, domestique chez M. Defalconnex, à Falaise, s'est suicidé par strangulation.

La cause de ce suicide est inconnue. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1860   -  La mort qui rode.   -   Le 15 du courant, des gendarmes de service sur la place Saint-Gervais, à Falaise, aperçurent un homme s'affaisser tout-à-coup sur lui-même. Ils s'empressèrent auprès de lui et firent appeler en toute hâte un médecin de la localité. A l'arrivée de ce dernier, il a été constaté que ce malheureux, frappé d'une attaque d'apoplexie foudroyante, avait cessé de vivre.

On ne tarda pas à apprendre que cet homme était le sieur Esnault (Vincent), propriétaire, âgé de 53 ans, né et demeurant à Rosney (Orne). ( L’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1861   -   Deux suicides.   -   Deux suicides ont été constatés dans la journée du 27. Le premier est celui du nommé Onfroy, bonnetier, âgé de 36 ans, demeurant à Falaise, qui s'est noyé à la suite d'excès de boisson. Le second est celui du nommé Lefort (Victor-Autoine), âgé de 64 ans, ancien boulanger, demeurant à Ryes, dont le mauvais état de ses affaires avait dérangé les facultés intellectuelles, et qui s'est pendu dans son grenier. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1861   -   Par décret impérial.   -  Par décret impérial du 24 avril dernier, M. Leguay (Gustave) est nommé maire de la ville de Falaise, en remplacement de M. Lefebvre, démissionnaire. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1861   -   Un incendie.   -   Le 1er mai, dit le Journal de Falaise, vers une heure du matin, la population de Falaise a été surprise, dans son sommeil, par le son lugubre du tocsin. Le feu venait d'éclater, par suite d'un accident dont la cause et l'origine sont jusqu'ici restées inconnues, dans le quartier du marché Saint-Gervais et de la rue d'Argentan, et un incendie des plus intenses, des plus violents, dévorait une boulangerie, pleine de bois et de farine, appartenant au sieur Ledain, et des chambres et magasins remplis de marchandises, appartenant au sieur Peschet, épicier.

De prompts secours ont été organisés avec un ensemble admirable, et le premier soin de notre compagnie de sapeurs-pompiers, accourue sur les lieux avec son empressement habituel, a été d'isoler le feu, afin de préserver les habitations voisines. Elle l'a fait avec une intelligence, un bonheur et une activité tels, que le succès de ses manœuvres a été complet. On frémit à la pensée du désastre que l'on aurait à regretter si les flammes avaient atteint les maisons entourant le siége du sinistre, car elles appartiennent toutes à des commerçants et renferment en abondance des objets plus ou moins précieux, parmi lesquels beaucoup de matières inflammables. Nos sapeurs-pompiers l'ont compris, et sans cesse on les a vus, aux endroits les plus périlleux, rivalisant de zèle et d'efforts pour concentrer et éteindre l'incendie.

Les pertes produites par le sinistre sont sérieuses assurément, mais, malgré leur gravité, qu'il nous est impossible encore de traduire par un chiffre certain, nous devons nous estimer fort heureux de n'avoir pas de plus grands malheurs a déplorer. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1861   -   Cour d'Assises du Calvados.   -   Présidence de M. le  conseiller Géraldy.  L'accusation est soutenue par M. l'avocat général Février.

Audience du 14 mai.

-   Printemps (Joseph), 40 ans, charron, demeurant à Falaise.

Le 25 février dernier, la veuve Clouaire, marchande de poisson à Falaise, s'était rendue à Caen. A son retour, elle s'aperçut qu'en vol avait été commis à son préjudice. On avait pénétré dans sa chambre, dont la porte était restée ouverte, puis on avait ouvert, à l'aide de fausses clés, une armoire et un buffet, et on lui avait pris 150 fr. Cette somme se composait, en majeure partie, de pièces de billon fortement oxydées et de pièces d'argent, dont une, quoique d'un millésime ancien, paraissait presque neuve.

Le 27 février, Printemps avait payé au sieur Delange, boulanger, une somme de 72 fr., formée de billon et de pièces de 5 fr. parmi lesquelles on remarquait la pièce signalée par Ia veuve Clouaire.

Interrogé, Printemps d'abord prétendu que l'argent versé au sieur Delange lui avait été prêté Convaincu de mensonge, il prétendit que, voyant fuir le voleur, il l'avait poursuivi, que celui-ci avait laissé tomber l'argent volé et qu'il l'avait ramassé. Enfin il s'est décidé à faire des aveux.

Une perquisition opérée à son domicile y fit découvrir un paquet de fausses Clés. Printemps est un homme dangereux au moment de son arrestation, il se rendit coupable d'un acte de rébellion envers les gendarmes.

Déclaré coupable de vol simple, il a été condamné à deux années d'emprisonnement. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1861   -   Nécrologie.   -    Le Journal de Falaise annonce la mort de Mme la vicomtesse de Labbey, décédée jeudi dernier, à l'âge de 84 ans.

Née, en octobre 1777, d'une famille appartenant à l'ancienne noblesse de Normandie, Eugénie-Gabrielle-Charlotte-Henriette Doynel de Montécot était arrière-petite-fille du maréchal de La Ferté (Sennectère), qui prit une part glorieuse aux dernières campagnes de la guerre de Trente-Ans, et commandait l'aile gauche à la bataille de Rocroy, où il fit des prodiges de valeur. Longtemps elle fut appelée à entourer de ses caresses et de ses soins sa grand'mère, fille de l'illustre maréchal.

En 1808, Mlle Doynel de Montécot avait épousé M. le vicomte Frédéric de Labbey, cet homme de bien que, durant de longues années, la ville de Falaise a vu à la tête de l'administration municipale, et qui est mort entouré d'estime et de vénération. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Août 1861   -   Cours d’Assises du Calvados.   -   Présidence de M. le Conseiller Coqueret.  Audience du 5 août. 

2e affaire. - Guiilin (Charles-Guillaume), 39 ans, fabricant de bonneterie à Falaise.

Le nommé Guillin est un des êtres les plus immoraux qui aient jamais comparu devant un jury. Marié et père de deux filles, âgées actuellement, l'une de seize, l'autre de douze ans, il s'est appliqué, dès le jeune âge, à pervertir leur moral par des lectures et des conversations obscènes.

- Sa femme, témoin des turpitudes dont il se rendait journellement coupable, en butte elle-même à des brutalités et des mauvais traitements de toute sorte, a formé une demande en séparation de corps, et c'est l'enquête, ordonnée par le tribunal pour établir les griefs de la femme, qui a révélé les actes dont l'affligeant tableau est venu se dérouler devant la Cour d'assises.

L'accusation reprochait à Guillin un attentat à la pudeur commis, sans violence, sur l'une de ses filles, trois semaines avant sa première communion.

Les débats de cette hideuse affaire ont eu lieu à huis clos.

Guillin a été condamné à douze ans de travaux forcés.

Défenseur , Me  Postel. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   Réparations au donjon de Falaise.   -   Vu le rapport de M. le préfet. 

Considérant que le donjon de Falaise, berceau de Guillaume le Conquérant et théâtre de grands événements politiques et militaires, est compris au nombre des monuments historiques dont la conservation intéresse a un haut degré la Normandie et le pays tout entier.

Considérant que l'existence de ce monument se trouve gravement compromise, si des travaux ne sont promptement entrepris.

Le Conseil renouvelle le vœu que des instances soient faites près de S. Exc. M. le ministre d'État pour qu'une subvention spéciale, suffisamment large, soit accordée pour la restauration du donjon historique de Falaise. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Octobre 1861   -   On lit dans le Moniteur de l'Armée.   -   Pour faciliter le service, comme aussi pour éviter aux gendarmes qui escortent des prisonniers par les voies rapides une perte notable de temps et un surcroît de dépense, M. le maréchal ministre de la guerre a décidé, le 27 septembre, que l'intendant qui délivrera un ordre d'escorte sera autorisé à délivrer en même temps l'ordre de retour.

En outre, dans la pensée d'épargner des fatigues aux gendarmes et des dépenses à l'État, le ministre a recommandé de ne mettre, autant que possible, les détenus en route que lorsqu'ils seront en nombre suffisant pour remplir, avec les gendarmes d'escorte, un compartiment de dix places. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Octobre 1861   -   Les aides.   -   M. le ministre de l'instruction publique et des cultes, par décision du 11 octobre, a accordé :

1° A la ville de Falaise, une somme de 355 fr. pour l'entretien temporaire d'une chaire de mathématiques simples dans son collège communal, pendant le 4º trimestre de l'année 1861.

2° A la ville de Lisieux, une somme de 430 fr. pour l'entretien temporaire d'une chaire de logique dans son collège communal, pendant le même intervalle. ( Ordre et la Liberté )

 

Décembre 1861   -   Une récompense.   -   Sur la liste des récompenses accordées par le ministre de l'intérieur pour des actes de dévouement, nous trouvons le nom du sieur Dulac (Michel), gendarme à Falaise, qui a obtenu une médaille d'argent de 2e classe.

Il avait pénétré, à Falaise, le 1er mai dernier, dans une maison incendiée, pour sauver une personne en danger de périr. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Janvier 1862   -   Un accident de la route.   -   Un bien regrettable accident est arrivé, le 6 de ce mois, sur la route d'Harcourt à Falaise. Le sieur Jérôme Langevin, aubergiste à Noron, en revenant de chercher du blé en gerbes à Espins, était monté sur le devant de sa voiture, lorsque tout-à-coup il perdit l'équilibre et tomba sous la roue, qui lui a écrasé la poitrine. La mort a été instantanée. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Mars 1862   -   Une aide.   -   M. le préfet du Calvados a accordé un secours de 1 200 fr. à la ville de Falaise. Ce secours est destiné à venir en aide à l'administration municipale dans les dépenses que lui occasionnent les ateliers ouverts pour donner du travail aux ouvriers qui en sont privés. ( l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1862   -   La Foire.   -   La foire du 15 septembre, à Falaise, dite foire Sainte-Croix ou petite foire de Guibray, a été favorisée par un très beau temps et s'est heureusement passée, quoique moins importante que celles qui la précèdent et la suivent.

230 chevaux y avaient été amenés et se sont vendus de 450 à 800 fr.

On y remarquait aussi 43 bœufs, 611 vaches et veaux, 1 506 moutons et 209 porcs.

Le prix des vaches et des veaux a augmenté de 20 à 30 centimes par kilogramme, celui des porcs et des moutons, de 15 centimes. Le bœuf, au contraire, a subi une diminution de valeur de 20 centimes par kilogramme.

Toutes les marchandises exposées en foire, y compris quelques voitures de laine, se sont, du reste, vendues facilement. (Journal de Falaise)

 

Octobre 1862   -   On lit dans le Journal de Falaise.   -   L'administration municipale, qui depuis longtemps songeait à l'établissement d'un fourneau économique, va, nous assure-t-on, réaliser ce projet dans les bâtiments de l'ancien Hôtel-Dieu, en utilisant le fourneau qui servait anciennement aux usages de cette maison.

L'institution dont il s'agit existe dans un grand nombre de villes, elle a pour but de procurer des aliments sains et bien préparés aux ouvriers et aux autres personnes qui ne peuvent, soit à cause de leur travail, soit à cause de la dépense, faire chez eux, d'une manière suffisamment économique, une cuisine appropriée à leurs besoins et à ceux de leur famille. Moyennant la plus faible somme, puisque les portions seront de 5 et de 10 centimes, on pourra se procurer, pour emporter chez soi ou pour consommer sur place, du bouillon, de la viande, des légumes, du riz, etc…

Dans les circonstances pénibles où nous a placés la crise industrielle, ce sera un véritable bienfait pour notre cité que la fondation d'un tel établissement. Nous ne pouvons donc qu'applaudir à la pensée de l'administration municipale, et comme sa sollicitude pour tout ce qui touche aux intérêts de la classe nécessiteuse nous est bien connue, nous sommes certain que rien ne sera négligé afin d'arriver à réaliser au plus tôt le projet qu'elle a conçu. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1862   -  On lit dans le Journal de Falaise.   -    Par décret impérial du 10 mai 1862, notre compatriote, M. Dumont (Ernest-Augustin), vient d'être promu, au choix, au grade de lieutenant de vaisseau, en récompense de ses services de guerre en Cochinchine.

Tout le monde applaudira à cet avancement du jeune et brave officier qui, en décembre dernier, avec trente-quatre marins seulement, fit tête à un corps de douze à quinze cents Annamites armés, dont il extermina une grande partie, et qui, malgré une assez grave blessure qu'il venait de recevoir, ne quitta le champ de bataille qu'après avoir mis le reste en complète déroute. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1862   -   Le marché hebdomadaire.   -   Nous rappelons au public que le marché hebdomadaire pour la vente des bœufs, vaches, veaux, moutons et porcs gras, établi à Falaise, le mercredi de chaque semaine, en vertu d'un arrêté de M. le ministre de l'agriculture et du commerce, en date du 26 avril dernier, sera réouvert demain mercredi 25 juin.

Ce marché se tiendra, comme précédemment, sur la place des Barcagnes. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1862   -   La foire.   -   La foire Saint-Gervais, qui se tenait vendredi à Falaise, ne nous a pas donné des résultats aussi avantageux que les années précédentes, il y avait moins de monde et moins d'empressement. Ce n'est pas cependant que les marchandises y aient été moins abondantes. On y comptait, en effet, 240 voitures de laine blanche et en suint, laine qui s'est difficilement vendue, tout en rencontrant une dépréciation de vingt pour cent sur les prix antérieurs.

On y remarquait encore 490 vaches, 40 bœufs, 107 moutons, 235 porcs et 319 chevaux.

Les bœufs ont subi une diminution de 40 à 50 fr. par tête, et les vaches une baisse de 30 à 40 fr. Les moutons et les porcs se sont seuls écoulés avec faveur, et leurs prix ont plutôt marqué une augmentation qu'un déficit.

Quant aux chevaux, ceux de 6 à 700 fr. ont éprouvé une diminution de 100 fr., et la baisse a varié de 50 a 60 fr. pour ceux des prix inférieurs. (Journal de Falaise.)

 

Janvier 1863   -   Le mouvement de la population.   -   Voici quel a été le mouvement de la population des villes de Caen, Falaise et Lisieux, pendant l'année 1862 :

-        Caen. -  Naissances, 943 ; mariages, 258 ; décès, 1 235.

-        Falaise. -  Naissances, 171 ; mariages, 49 ; décès, 207.

-        Lisieux.  -  Naissances, 325 ; mariages, 104 ; décès, 369. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1863   -   Par arrêté.   -   M. le préfet du Calvados a pris, à la date d'hier 23, l'arrêté suivant :

Art. 1er. La somme de 16 872 fr. 90 c., déposée à la Recette générale du Calvados et provenant, jusqu'à concurrence de 6 872 fr. 70 c.. des souscriptions volontaires consenties en faveur des localités du Calvados où l'industrie est particulièrement en souffrance, et, pour le surplus, de la munificence de S. M. l'Empereur, est répartie comme il suit :

-        Falaise, 5 600 fr. La moitié de cette somme sera versée dans la caisse de la ville pour être employée en distribution de secours ou en travaux d’utilité communale, l'autre moitié profitera à la ligne de moyenne communication de Cesny-Bois-Halbout à Falaise et sera versée dans la caisse de M. le receveur général.

-        Condé-sur-Noireau. Distribution de secours aux indigents et travaux d'utilité communale, 5 600 fr. ; Clécy. id. 420 fr. ; Crocy, id. 370 fr ; St-Denis-de-Méré, id., 800 fr. ; St-Marc-d'Ouilly, id., 420 f. ; Mesnil-Villement, id., 880 f. ; Pierrefitte-en-Cinglais, id., 90 fr. ; St Rémy, id., 100 fr. ; Thury-Harcourt, id., 180 fr. ; Croissanville, id., 1 000 fr. ; Ouilly-le-Vicomte, id., 300 fr. ; Mesnil-Guillaume. id., 250 fr. ; Thiéville, id., 62 fr. 90 ; La Chapelle-Yvon, id., 170 fr. ; Aunay, id., 400 fr. ; Saint-Germain-du-Crioult. id., 180 fr. ;  Maisoncelles-la-Jourdan. id., 50 fr.

Art. 2. La présente répartition sera notifiée à MM. les sous-préfets de Falaise, de Lisieux et de Vire. 1862. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1863   -   A l’Honneur.   -    « Le Moniteur universel » d'hier publie la liste des récompenses accordées pour des actes de dévouement signalés au ministère de l'intérieur pendant le mois de février dernier.

Cette liste comprend 78 médailles : 2 en or de 1re classe, 8 en argent de 1re classe, et 68 en argent de 2e classe.

Deux courageux citoyens de notre département ont obtenu chacun une médaille en argent de 2e classe, ce sont :

MM. Lepontois (Jean-Félix), sous-lieutenant des sapeurs-pompiers de Falaise, et Chapsal (Pierre-David-Théodore), sapeur-pompier à la même compagnie. (35 ans de services utiles et dévoués : 1860-1863 ) (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1863   -   Un accident.   -   Le 1er juillet, à la gare de Falaise, un cadre rempli de laine, du poids de 2 680 kilogrammes, est tombé, pendant son déchargement et par suite de la rupture du crochet de la grue qui le soutenait, sur le sieur Armand Lepère, journalier en cette ville, et lui a brisé la jambe gauche en plusieurs endroits.

Ce malheureux a été immédiatement transporté à l'hospice, où les premiers soins lui ont été donnés par M. le docteur Delange. Son état, en ce moment, est des plus graves et inspire de sérieuses inquiétudes. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1863   -   Nous lisons dans le Journal de Falaise.   -    Le 6 de ce mois, vers une heure du matin, dit le Journal de Falaise, le sieur Désiré Daniel, domestique de M. Eugène Gautier, fabricant à Falaise, faubourg Guibray, est sorti endormi par la croisée de la chambre qu'il habitait et est monté sur le toit de la maison de son maître.

Ce malheureux était atteint de somnambulisme. Après s'être promené sur ce toit, il s'est cramponné au haut d'une cheminée. La pierre qu'il avait saisie s'étant détachée, il est tombé dans la rue grièvement blessé. Son état paraissant exiger l'amputation d'un de ses membres, on l'a transporté à l'hospice pour subir cette opération, mais il est mort en y arrivant et environ trois heures après le terrible accident dont il avait été victime. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1863   -   Un accident.   -   Lundi, 30 novembre, dit le Journal de Falaise, vers cinq heures du matin, l'explosion d'une arme à feu dans la Grand'rue Saint-Gervais, à Falaise, a répandu un certain émoi dans le quartier. La balle sortie de cette arme avait pénétré, à travers la cloison, dans la boutique du sieur Harant, relieur, et s'était arrêtée sur le comptoir de celui-ci.

Au premier abord, on avait mis ce fait au compte de la malveillance, mais bientôt on a pu se convaincre qu'il n'était que le résultat d'un accident, qui heureusement n'a eu aucunes suites fâcheuses.

Un voyageur, qui se rendait au chemin de fer, était porteur d'un pistolet de poche. Ayant fait un faux pas, il était tombé sur ce pistolet, dont la détente avait cédé sous le choc à elle imprimé par la chute de ce voyageur, qui pouvait être la première victime de cet événement.

Tel est le mystère qui avait un moment surexcité les imaginations à Falaise, et qui, comme on le voit, se réduit à un de ces hasards qui se produisent si souvent dans la vie. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1864   -   Restauration du château.   -   On vient de commencer au vieux château et au donjon de Falaise des travaux dedéblaiement, destinés à conduire à la restauration de cet antique monument historique, souvenir précieux des siècles passés.

On nous affirme que le gouvernement doit contribuer pour une large part dans la dépense qu'entraîneront ces travaux, auxquels on espère voir concourir aussi le département du Calvados.

Si nous sommes bien informés, le devis de cette dépense totale s'élèverait à 159 386 fr. 96 c., et, dès cette année, il serait fait emploi d'une somme de 58 475 fr. 36 c. aux travaux dont il s'agit. (Journal de Falaise.)

 

Août 1864   -   Pour les écoles.   -  Le ministre de l'instruction publique vient de charger les préfets de demander aux Conseils généraux une allocation pour acheter à l'usage des écoles normales primaires départementales :

Un baromètre de Fortin.

Un thermomètre à minima de Rutherford.

Un thermomètre à maxima de Negretti.

Un psychromètre.

Un pluviomètre.

Une girouette.

L'achat de tous ces objets ne doit pas dépasser 250 fr., et permettra, dit M. le ministre, aux écoles normales de rassembler les matériaux d'une statistique des orages qui sévissent sur la France. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1864   -   Le mauvais temps.   -   Les bourrasques qui se sont fait sentir, mardi dernier, ont été si violentes qu'elles ont occasionné des dégâts dans beaucoup de communes. Des pommiers ont été couchés sur le sol ; beaucoup d'autres ont eu leurs branches rompues.

Les pommiers et les poiriers ont été tellement secoués par la tempête, qu'une grande quantité de fruits jonchent le sol. Ce fait est d'autant plus regrettable que ces fruits sont loin de leur maturité, ce qui constitue une perte évidente pour les propriétaires. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1864   -   Par un arrêté en date du 10 septembre.   -   Sur la proposition de M. l'agent-voyer en chef, M. le préfet du Calvados a classé au nombre des lignes vicinales d'intérêt commun, sous le nº 31, le chemin tendant de Clécy à Falaise.

Ce chemin commence à Clécy, sur la route impériale nº 162 d'Angers à Caen, traverse le bourg de Clécy, la rivière d'Orne au gué du Vey, passe près de l'église du Vey, arrive à l'extrémité et à la limite des communes du Bo et de Saint-Clair-la-Pommeraye, et s'arrête à la moyenne communication nº 56 de Falaise au Pont-à-la-Mousse.

Ce qui ajoute à l'importance de ce classement, c'est qu'il comprend la construction d'un pont sur l'Orne, et que, par suite de sacrifices considérables de la part des communes traversées et des particuliers, ce pont va pouvoir être entrepris immédiatement. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1865   -   Un incendie.   -   Au milieu de la nuit de lundi à mardi, vers 2 heures 1/2 du matin, la ville de Falaise a été réveillée subitement par de sinistres bruits, le tocsin sonnait avec rapidité, le tambour des pompiers battait le rappel et tout annonçait à notre population qu'un incendie avait éclaté dans ses murs.

En effet sur la grande route de Caen à Tours, en face le beau château du Mesnil-Riant, les flammes s'échappaient de la maison appartenant à M. Ménager, marchand de volailles.

L'incendie, alimenté par des matières inflammables tels que des bois de sapin, des bois blancs, de la paille, etc..., a pris, en très peu de temps, des proportions telles que, dès le début, il n'y eut même pas lieu de songer à sauver cette maison, dont il était impossible d'approcher, tant le brasier était ardent, on dut songer aux maisons voisines qui, quoique bouleversées, saccagées, comme cela arrive toujours dans les moments de presse et de foule imprudente et irréfléchie, ont été préservées.

Tout le monde a fait son devoir, en peu de temps une foule immense de citoyens, les magistrats de l'ordre civil et judiciaire, le clergé, les employés, ont rivalisé de zèle pour aider notre brave compagnie de sapeurs-pompiers, qui, en ce moment comme toujours, a montré une grande prudence et une grande habileté.

L'incendie, commencé vers 2 heures, fut concentré dans la seule maison où il avait pris naissance, il était éteint à 6 heures du matin, heure à laquelle les pompiers rentrèrent chez eux bien fatigués, bien mouillés.

La perte, dont nous ne connaissons pas le chiffre, paraît assez importante, elle est grave pour les incendiés, mais par bonheur ils étaient assurés.

On croit que cet incendie est accidentel ou le résultat d'une imprudence. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1864   -   On lit dans le Journal de Falaise.   -   M. le commissaire de police de notre ville vient de saisir provisoirement plusieurs montres neuves en argent d'une fabrication très défectueuse, que des colporteurs vendaient illicitement et en employant des manœuvres contre lesquelles il convient de mettre le public en garde.

Le plus souvent ces individus, qui ne sont porteurs d'aucunes marchandises apparentes, pénètrent dans les maisons sous différents prétextes, ou ils épient le passage dans la rue des personnes qu'ils doivent exploiter, c'est ainsi qu'à Falaise ils sont parvenus à vendre plusieurs montres sans autre valeur pour ainsi dire que celle de l'argent qu'elles comportent, en alléguant faussement tour à tour qu'un malheur de famille les rappelait dans leur pays, qu'ils venaient de recevoir l'ordre de rejoindre leur régiment, qu'ils allaient s'embarquer, qu'ils  venaient de perdre leurs marchandises, ou qu'on les avait  volés, etc…, enfin, qu'ils étaient sans ressources et n'avaient aucun moyen de sortir de cette triste situation s'ils ne parvenaient pas à vendre leurs montres, seuls objets de quelque valeur qui leur restassent et dont ils ne se séparaient qu'à regret. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1866   -   Un météore.   -   Mardi dernier, vers neuf heures et demie du soir, un espèce de météore, semblable à une boule de feu, de la grosseur de la tête, a été observé aux  environs de Falaise, dans la direction du sud.  Ce météore a duré environ 4 ou 5 secondes et s'est éteint à l'horizon en faisant une traînée lumineuse à la manière des étoiles filantes et en projetant des lueurs de différentes couleurs, comme celles qui terminent la plupart des fusées.  

 

Juin 1866   -   Un incendie.   -    Mercredi soir, vers cinq heures, un violent incendie s'est déclaré dans la filature du moulin Élie, appartenant à M. Leguay, maire de Falaise.

Les progrès du fléau destructeur ont été tels, qu'une heure lui a suffi pour réduire tout en cendres.

De ce vaste et bel établissement, il ne reste aujourd'hui que des débris encore fumant. La maison du contremaître et le local affecté à la machine à vapeur ont pu seuls être préservés.

L'incendie paraît avoir pris naissance dans la cage du batteur.

Au moment où nous mettons sous presse, la cause du sinistre n'est pas encore bien établie. Tout était assuré, nous affirme-t-on.

 

Juin 1866   -   Détails de l'incendie.   -    Voici de nouveaux détails sur l'incendie qui a éclaté dans la filature de coton de M. Legay, maire de Falaise, et dont nous parlions dans notre  dernier numéro.

Le feu s'est manifesté dans le batteur, par une cause purement accidentelle, et il s'est étendu avec une telle rapidité à toutes les parties de la filature, qu'en un clin d'oeil il a  envahi tous les étages de la filature, depuis le rez-de-chaussée jusqu'aux combles.

Les ouvriers n'ont eu que le temps de se sauver, sans pouvoir même emporter leurs vêtements, qui ont été la proie des flammes. Un d'eux, un enfant, le jeune Bertaux, étant monté au troisième étage pour prendre sa blouse, n'a pas eu d'autre moyen de sortir de l'établissement  et d'échapper une mort certaine qu'en se suspendant pour se laisser glisser à terre, à la corde de la cloche de l'usine, corde qui s'est rompue au milieu de ce trajet aérien. L'enfant est tombé d'une assez grande hauteur sur le sol, mais heureusement sur une balle de coton, de sorte qu'il n'a eu aucun mal.

Le tocsin à ce moment sonnait à toutes les paroisses  et, avec le son sinistre du tambour, il a amené sur les lieux la population presque entière, accourue pour prêter secours. Malheureusement, sa bonne volonté est restée sans résultat, le feu qui sévissait avec une véritable fureur au milieu de matières inflammables, ne pouvant être maîtrisé qu'après avoir accompli son oeuvre.

De la filature incendiée, il ne reste plus que des décombres, les arbres même et toute la végétation qui l'entourent ont été littéralement calcinés.

On estime à environ 200 000 francs la perte provenant de la ruine de l'usine de M. Legay, qui pour venir au secours des ouvriers qui y étaient employés et ne pas les laisser sans travail et  sans pain, n'a pas hésité, dit-on, à établir un service de nuit dans une autre usine qui lui appartient au faubourg Saint-Laurent.  

 

Décembre 1866   -   Le tabac.   -   L'un de nos correspondants de Falaise nous signale le récent accident, dont a été victime un chanteur comique attaché au Café-Concert de cette localité.

Suffoqué par l'épaisse fumée tabagique qui emplissait la salle, il aurait été obligé de s'interrompre et de descendre de l'estrade.

Certes nous comprenons fort, en cette circonstance, l'indignation de notre correspondant, contre ces fanatiques de la pipe qui ne savent pas fumer sans produire de fumée.

Mais, de là à interdire dans les estaminets l'usage du tabac, il y a un abîme, et il faudra plus d'une catastrophe dans le genre de celle qu'on nous signale pour le combler.  

 

Septembre 1867   -   Une visite.   -   M. le comte de Quast, inspecteur général des monuments du royaume de Prusse, a passé près d'une semaine dans le Calvados.

Il a visité successivement Falaise, Saint-Pierre-sur-Dives et plusieurs églises rurales de la contrée. À Caen, il a vu avec le plus grand intérêt nos églises de l'Abbaye, de la Trinité et de Saint-Pierre, et dans l'arrondissement celles de Bernières, Langrune, Thaon, etc..., les châteaux de Lasson et de Fontaine-Henry. Enfin, à Bayeux, M. Lambert lui a  fait voir la cloche de Fontenailles, la Tapisserie et la cathédrale.  

 

Juin 1868   -   Les travaux.   -   Nous apprenons que la ligne de Falaise à Pont-d'Ouilly vient être soumissionnée. Les travaux vont commencer immédiatement et seront poussés avec une grande activité, de sorte qu'ils puissent être terminés dans un délai assez rapproché. Cette section, suivant toute probabilité, sera ouverte bien avant celle de Condé à Caen, laquelle, comme on sait, est retardée par les énormes travaux du tunnel des « Gouttes ».  -   Nous apprenons que la ligne de Falaise à Pont-d'Ouilly vient être soumissionnée. Les travaux vont  commencer immédiatement et seront poussés avec une grande activité, de sorte qu'ils puissent être terminés dans un délai assez rapproché. Cette section, suivant toute probabilité, sera ouverte bien avant celle de Condé à Caen, laquelle, comme on sait, est retardée par les énormes travaux du tunnel des « Gouttes ».

En attendant la ligne directe, nous gagnerons, par le tronçon de Pont-d'Ouilly à Falaise, une quarantaine de kilomètres sur notre chemin actuel de Condé à Caen par Flers, Argentan et Mezidon.  

 

Juin 1868   -   Une statue.    -   Dans sa dernière réunion, le Conseil municipal de Falaise, acceptant définitivement une offre généreuse de M. L. Rocher, auteur de la statue équestre de Guillaume-le-Conquérant, a décidé que ce beau monument serait complété par l'adjonction des statues en pied, sur le modèle restreint, de six autres ducs de Normandie.  

 

Juillet 1868   -   Les sapeurs-pompiers.    -   La compagnie des sapeurs-pompiers de Falaise s'est rendue mardi au château de Caen, où elle a fait l'échange de ses anciens fusils contre les fusils à percussion.

 

Juillet 1868   -   L'orage.    -   Dimanche, à deux heures et demie du soir, l'orage a éclaté sur la ville de Falaise.

La foudre est tombée dans deux endroits. D'abord sur une maison, rue de la Porte-du-Château. Le fluide est entré par une fenêtre en perforant deux vitres sur un diamètre de  deux  centimètres environ, et est ressorti par la cheminée en renversant sa partie supérieure. La toiture a été légèrement endommagée.

La foudre a fait ensuite quelques dégâts de peu d'importance sur une maison du faubourg Guibray, dont la muraille et la toiture ont été quelque peu lézardées.  

 

Août 1868   -   Un incendie.   -   Le 7 de ce mois, un commencement d'incendie dû à l'imprudence d'un fumeur, nommé Jardin, journalier, s'est manifesté dans un herbage appartenant à M. Desvaux, propriétaire à Falaise, et a consumé environ 80 ares d'herbe.

L'auteur de ce commencement d'incendie a été atteint par le feu en voulant l'éteindre, et s'est fait aux jambes quelques brûlures ne présentant aucune gravité.  

 

Août 1868   -   La foire.   -   La foire de Guibray, cette année, s'est ouverte sous les meilleurs auspices. Depuis bien longtemps on avait vu sur le marché un si grand nombre de chevaux,  5000 environ y ont été amenés. La vente s'est opérée très facilement, mais avec une baisse sensible. Les acheteurs sont nombreux.

Une grande animation règne sur le champ de foire, des baraques de toutes sortes et en nombreuse quantité le garnissent et le peuplent. Les spectacles les plus variés, des curiosités de tous genres attirent  la foule. Indépendamment du grand cirque italien, dirigé par M. Pierrantoni, nous possédons deux autres cirques important qui, à cause de l'insuffisance  d'emplacement, ont été contraints de se réunir. Ces cirques son feu de MM. Bazola et Bureau frères.  

 

Août 1868   -   Décision du Conseil général.   -   La session du Conseil général, commencée le lundi 24 août, a été terminée lundi dernier, à trois heures.

Parmi des décisions prises par le Conseil, nous devons une mention toute particulière à l'approbation qu'il a donné, samedi, à la construction des chemins de fer départementaux :

  Chemin de fer de Caen à Courseulles, passant par Cambes, Mathieu, Douvres, Luc, Langrune, Saint-Aubin, Bernières.

  D'Orbec à Lisieux, sur une longueur de 16 kilomètres.

  De Falaise à Pont-d'Ouilly, à un point de raccordement sur la ligne de Caen à Flers.  

 

Mars 1869   -   Un accident.   -   Mardi, un accident qui fort heureusement n'a pas eu de suites graves, est arrivé à Falaise. Sept des ouvriers occupés en ce moment au  percement de la  nouvelle rue  qui doit communiquer de la Grand'rue Sainte-Trinité à la rue du Campferme, s'étaient installés au deuxième étage d'une des maisons en voie de démolition, pour prendre ensemble leur repas du matin, lorsque, tout à coup, le plancher sur lequel ils étaient placés, s'est effondré en les entraînant tous dans sa chute. Un seul d'entre eux a reçu de légères contusions, les autres en ont été quittes pour des égratignures.  

 

Mai 1869   -  L'orage.   -   Vendredi, vers cinq heures et demie, au milieu d'un orage qui s'était formé au dessus de la ville de Falaise, un coup foudroyant à un instant jeté l'effroi parmi les habitants du quartier voisin de la porte du Château. Aux grondements sourds et lointain qui s'étaient fait entendre jusqu'à ce moment, a succédé une violente explosion qui a éclaté avec ce bruit sec et strident dont la chute de la foudre s'accompagne ordinairement.

Le tonnerre venait, en effet, de s'abattre sur la cime d'un des plus beaux ormes de nos promenades, y laissant des marques non équivoques de son passage.  

 

Juin 1869   -   Fait divers.   -  Le jeudi 24 juin, un incendie, que l'on attribue au vice de construction d'une cheminée, a éclaté entre huit et neuf heures du matin, dans les dépendances de l’Hospice-Hôpital de Falaise. De prompts secours ayant été organisés, le feu a été bien vite comprimé et n'a détruit que le toit et une partie de la charpente d'une buanderie, dont le bas était rempli de linge qui, heureusement, n'a pas souffert.

On évalue à 1.400 fr. la perte produite par ce sinistre. Le bâtiment dans lequel il s'est manifesté était du reste assuré.

Le pompier Drost, pendant le sauvetage, a été blessé par une tuile qui lui est tombée sur la tête, mais cette blessure, aussitôt pansée, n'inspire aucune inquiétude.  

 

Août 1869   -   Pour les Beaux-Arts.   -  M. le ministre de la Maison de l'Empereur et des Beaux-Arts vient d'accorder :

Au musée de Caen, un tableau ayant pour sujet  « l'Huître et les Plaideurs ».

Au musée de Lisieux, un tableau représentant  « Un jeune taureau de la vallée d'Auge ».

Au musée de Vire, un tableau représentant « la Marne à Tancrou ».

Au musée de Honfleur, un tableau ayant pour sujet « Vente de poissons sur la plage de Grandcamp ».

Pour l'Hôtel-de-Ville de Falaise, « le Portrait de Sa Majesté l'Impératrice ».

Pour l'Hôtel-de-Ville de Honfleur, « le Portrait de Sa Majesté l'Empereur ». 

 

Janvier 1870   -   La population.   -  Mouvement de la population : La population.   -  Mouvement de la population :

VILLE de FALAISE.  -  Naissances, 153 ; Mariages, 67 ; décès, 205.

VILLE de LISIEUX. - Naissances, 306 (enfants légitimes, 242 ; enfants naturels, 64) ; mariages, 104 ; décès, 480.

VILLE de VIRE. - Naissances, 112 ; Mariages, 61 ; décès, 101.

VILLE de TROARN. - Naissances, 13, dont 8 garçons et 7 filles ; mariages, 8 ; décès, 21, dont 9 du sexe Masculin et 12 de sexe féminin. La population du bourg est  1.000 habitants  environ.  

 

Mars 1870   -   Fait divers.   -   Un acte de courage inscrit dans les annales historiques de la ville de Falaise, vient de faire donner, par le conseil municipal de cette ville, le nom de l'héroïne, la GRANDE EPEROMIÈRE, à la rue nouvelle qui relie la rue Champ-Ferme à la Grand'Rue. Ce fait est ainsi consigné dans la statistique de l'arrondissement de Falaise, par Galeron :

On raconte un acte de courage d'une femme que le peuple surnommait la GRANDE EPEROMIÈRE. Cette femme avait combattu à l'une des portes, et s'était fait remarquer par son obstination à soutenir l'assaut. Le roi (Henri IV) l'avait distinguée, et quand la ville fut prise, il la fit appeler. Elle parut devant lui avec assurance, et lui demanda instamment de pardonner aux femmes et aux vieillards. Le roi fut touché de sa demande, il lui permit de se renfermer dans une rue, avec les effets précieux et les personnes, qu'elle voudrait sauver. Il  lui promit que le soldat ne pénétrerait point dans cette enceinte. Cette femme fit choisir la rue qu'elle habitait, et elle y appel ses compagnes et ses amis, plusieurs bourgeois, lui  confièrent aussi leurs richesses qu’elle réunit autour d'elle, et le roi défendit que l'on pillât ce quartier qui fut clos aux deux extrémités, C'est, à ce qu'il parait, celui qui a conservé  depuis ce temps le nom de Champ-Fermant ou Campferme, en mémoire de cet événement.

 

Juillet 1870   -  Le chemin de fer.   -   Les travaux de la ligne de Falaise à Condé ont été commencés cette semaine. D'après le matériel (rails, traverses, wagons), qui arrive chaque jour  à  la station de Falaise, on peut juger de l'activité que les entrepreneurs, MM. Lebon et Otlet, vont mettre dans la construction des 28 kilomètres qui doivent relier la ligne de Falaise à  Condé et de Flers à Caen.  

 

Juillet 1870   -  Fait divers.   -   Vendredi au soir, vers 10 heures et demie, la ville de Falaise a été mise en émoi par les cris « au feu ! » Un incendie, en effet, venait de se manifester tout  à coup sur la  bruyère de Vanembras. De loin, la vivacité et la direction des flammes faisaient supposer que le feu était dans les bâtiments de la ferme, mais, fort heureusement, on n'a à regretter que la perte de plusieurs tas de vignons, de peu de valeur, récemment coupés et déposés sur le bord du chemin. Au premier signal, les voisins et les habitants de la rue Brette sont accourus et, à l'aide de branchages, ont empêché le feu de se communiquer aux récoltes des champs voisins. L'intervention des sapeurs-pompiers, qui s'étaient portés sur le lieu du sinistre, a été inutile.  

 

Juillet 1870   -  Fait divers.   -   Mercredi, à Falaise, vers deux heures du soir au lieu dit « Sous-les-Rochers », un incendie attribué à l'imprudence d'un fumeur, à éclaté dans une meule de foin, pouvant produire 140 bottes de 7 kilog. Malgré les prompts secours apportés par les voisins et nos sapeurs-pompiers, cette meule a été entièrement détruite, ainsi qu'une superficie d'environ 31 ares d'herbe du pré ou elle reposait. Le dommage est estimé à 160 fr,, au préjudice du sieur Paul Debons, cultivateur, et du sieur François Thouroude, propriétaire, Rien malheureusement n'était assure.  

 

Août 1870   -  Mobilisation.   -    La garde mobile du Calvados, formant un effectif de plus de 6,000 hommes, est définitivement constituée, elle comprend quatre bataillons, divisés en huit compagnies chacun.

Le premier bataillon, composé des cantons de Balleroy, Bayeux, Isigny, Ryes, Trévières, Creully, Douvres et Tilly-sur-Seulles, et le quatrième bataillon, composé des cantons de; Caumont, Villers-Bocage, Aunay, Bény-bocage, Condé-sur-Noireau, St-Sever, Vassy et Vire tiennent provisoirement garnison à Caen.

Le deuxième bataillon, composé des cantons de Bourguébus, Caen (Est et Ouest), Évrecy, Troarn, Bretteville-sur-Laize, Falaise, Coulibœuf et Thury-Harcourt, tient garnison Lisieux.

Le troisième bataillon composé des cantons de Lisieux, Livarot, Orbec, Mézidon, St-Pierre-sur-Dives, Blangy, Cambremer, Dozulév  Honfleur et Pont-l'Evêque, tient garnison à Bayeux.

 

Septembre 1870   -  Fait divers.   -   Un convoi de 62 blessés est arrivé à Falaise. Ils ont été répartis dans les lits préparés à cet effet à l'Hospice-Hôpilal et dans les bâtiments  de l'ancien Asile. Presque tous ces soldats (infanterie et artillerie), assistaient aux combats de Borny et de Gravelottes. En général, leurs blessures, plus ou moins graves sont à la tête ou aux bras. Espérons que les bons soins qu'ils vont recevoir contribueront à hâter leur guérison.

 

Avril 1871   -  Nécrologie.   -  Le département du Calvados vient de faire une perte qui sera particulièrement ressentie par la ville et l'arrondissement de Falaise, M. Gustave Leguay, manufacturier, maire de Falaise, membre du Conseil général du Calvados, président de la Chambre consultative des arts et manufactures de Falaise, ancien président du tribunal de Commerce, chevalier de la Légion d’honneur, est décédé le 22 avril, à l'âge de 50 ans.

 

Juillet 1871   -  Fait divers.   -   La police de Falaise a opéré l'arrestation du nommé Heurt Daunou, âgé de 29 ans, né à Falaise, soldat au 106e de marche. Au commencement des  événements de Paris, cet homme déserta son régiment et fut prendre du service dans l'armée des fédérés. Rentré à Falaise, depuis la cessation de ces événements, la police ne l'ayant pas trouvé en position suffisamment régulière, la remis entre les mains de la gendarmerie qui l'a dirigé sur Caen, pour y être entendu par M. le général commandant la subdivision.  

 

Août 1871   -  Les impôts  -  Seigneur ! Seigneur ! Que va devenir le pauvre monde ? On met des impôts sur tout.

Sur les chats, sur les serins, sur le tabac, sur le boire et sur le manger.

Mais ce n'est pas tout encore, figurez-vous qu'un député de la droite, qui en aura sans doute mangé comme .. un satisfait, vient de proposer qu'on mette un impôt sur la teurgoule.

La teurgoule ! qu'est-ce que c'est que cela, vont se demander les petites maîtresses et les muscadins.

Mes petits agneaux, c'est le riz cuit au four, c'est la terrinée, que les gens comme il faut de la campagne appellent de la teurgoule…..

Et cela, parce que les jours de fête, ces nobles goulifards se fourrent de telles cuillerées de ce mets délectable, que la.... bouche leur en teurd !

 

Octobre 1871   -  Fait divers.   -  Par décision du 14 octobre 1871, M. le ministre de l'instruction publique, des cultes et des Beaux-Arts a bien voulu mettre à là disposition de  M. le préfet du Calvados, sur le crédit des monuments historiques de l'exercice 1870, une somme de 6,800 fr. formant la 3e et dernière annuité de la subvention de 18,000 fr. affectée à la restauration du château de Falaise.

 

Décembre 1871   -  Fait divers.   -  M. le Préfet du Calvados, sur la proposition de M. l'inspecteur d'académie, a accordé aux écoles primaires un congé du samedi 30 décembre au jeudi 4 janvier inclusivement.

 

Janvier 1872   -  Nouvelles du Calvados.   -   Le mouvement de la population de Caen, pendant l'année 1871, se résume ainsi :

Naissances..... 702

Mariages…… 268

Décès………. 2138

Falaise : naissances, 136 ; mariages, 48 ; décès, 298.  Lisieux : naissances, 272 ; mariages, 97 ; décès, 721. Vire : naissances, 116 ; mariages, 52 ; décès, 381. Honfleur : naissances, 129 ; mariages, 72 ; décès, 380 ; Troarn : naissances, 16 ; mariages, 5 ; décès, 26.

 

Mars 1872   -  Incendie.   -  Le 11 de ce mois, vers huit heures et demie du soir, un commencement d'incendie, attribué à la malveillance, s'est déclaré dans un bâtiment couvert en chaume, appartenant au sieur Denis, propriétaire à Trépied, canton de Falaise. La perte est insignifiante, elle consiste en quelques poignées de paille arrachées de la couverture, le feu avait été mis avec des chiffons allumés déposés sous le toit, et ils étaient à moitié brûlés quand on s'est aperçu de l'incendie.

 

Mai 1872   -  Le temps qu’il fait.  -  Depuis quinze jours, il pleut, il vente, il grêle, il neige, il gèle.

Dans le Calvados, gelée et inondation. Dans l'Orne, neige et gelée. Aux environs de Paris, les légumes et les fruits sont en partie détruits. Dans les pays vignobles, tout semble anéanti.

Le blé augmente sur tous les marchés, cependant, il ne faut pas trop s'effrayer de cette hausse, car les récoltes ne sont pas en détresse, et ceux-là qui prétendent que le blé va pourrir en terre sont des imbéciles ou des spéculateurs.

 

Mai 1872   -  Pluie.  -  Les pluies abondantes qui sont tombées pendant ce mois, ont produit une crétine très préjudiciable dans la vallée de la Dives. En effet, l'eau couvre tout à  fait un grand nombre d'herbages dans plusieurs communes, surtout dans les partis les plus basses, où elle atteint 50 à 60 centimètres.

 

Mai 1872   -  Le temps qu’il fait.  -  La température insolite qui règne depuis quelques semaines, est cause d'une aggravation de la mortalité dans certaines contrées.

A Paris le chiffre des décès a été de plus 1000 dans la dernière semaine, total considérable en raison du nombre actuel des habitants.

 

Mai 1872   -  Fait divers.   -  De la terre au ciel et du ciel à la terre, ce ne sont que contestations et querelles. Pendant que les hommes se disputent à propos des marchés contractés par l'Empire et la République,

Saint-Gérvais et Sainte-Trinité se querellent au sujet du marché à légumes de la bonne ville de Falaise.

Sainte-Trinité, qui s'embête d'être toujours en tête à tête avec la prison, la mairie, la statue de Guillaume, le Journal de Falaise, et autres voisins peu amusants, voudrait qu'on lui envoyât quelques-unes des marchandes qui égaient la place Saint-Gervais.

Le bienheureux de ce nom s'est fâché, il refuse de céder ses voisines, en soutenant que les oreilles de la Sainte-Trinité ne pourraient entendre, sans rougir, le langage parfois épicé des susdites marchandes.

Ne pouvant s'entendre, Saint-Gervais et Sainte-Trinité se sont adressés à dame autorité, qui les a envoyés d'abord au diable, puis devant l'opinion publique.

Et voilà pourquoi une enquête commodo et incommodo va décider si la place Saint-Gervais de Falaise, cédera quelques-unes de ses harengères à la place Trinité,

 

Octobre 1872   -  Colporteurs.  -  M. le maire de Falaise vient de prendre un arrêté qui « interdit à tous colporteurs et marchands ambulants de sonner ou frapper aux portes des habitants, ni même de s'introduire dans les maisons trouvées ouvertes, pour y offrir leurs marchandises, quelles qu'en soient l'espèce, à moins d'y être appelés par les occupants ». Empêcher les marchands de sonner ou de frapper  aux portes pour offrir leurs marchandises, c'est peut-être un peu... radical, mais les colporteurs sont parfois si importuns, si insolents, que nous ne nous sentons pas le courage de chercher querelle à M. le  maire de Falaise sur son radicalisme.  

 

Mai 1873   -   Est-ce possible ?   -  Nous lisons dans le Journal de Caen le fait suivant, auquel nous ne pouvons croire, malgré l'affirmation de notre confrère qui le certifie  authentique :

Dernièrement, l'honorable docteur T…..., de Falaise, fut appelé auprès d'un malade. Après avoir attentivement examiné son sujet, le docteur demanda au maître de céans de l'encre et du papier afin de rédiger une ordonnance. Encre et papier étaient choses complètement inconnues au logis, et le docteur était fort embarrassé lorsqu'il aperçut auprès du lit une armoire. Aussitôt, il se mit à écrire à la craie, sur ce meuble, l'ordonnance qu'on devait faire ensuite recopier et remplir, après quoi il partit. Mais tout n'était pas fini et les personnes chargées  d'aller chercher les remèdes étaient dans un grand embarras. Aucune d'elles ne savait ni lire ni écrire, et tous les habitants du hameau qu'on alla successivement quérir se trouvaient exactement dans le même cas. Or, voici l’ingénieux moyen dont on se servit. On enleva la porte de l'armoire, on la transporta jusqu'à la ville (six kilomètres environ), et on la déposa  chez  un honorable pharmacien, M. D…..., où elle n'entra pas toutefois, sans briser les vitres.

 

Mai 1873   -  Les Événements.   -   Samedi soir, M. THIERS a donné sa démission, de Président de la République française. Il a été remplacé par le maréchal DE MAC-MAHON, duc DE  MAGENTA. Le maréchal-Président est âgé de 65 ans.

 

Août 1873   -   Glanage.   -   Au moment des récoltes, il est utile de rappeler un arrêt de la Cour de cassation qui concerne le droit de glanage. Les propriétaires et fermiers pensent faire un acte de générosité en laissant les pauvres de la commune qu'ils habitent râteler et grappiller après l'achèvement de la récolte. 

C’est une erreur, il résulte de la jurisprudence de la cour suprême que ce n'est pas un acte de philanthropie qu'ils exercent, mais un devoir qu'ils accomplissent. 

 

Août 1873   -   Fait divers.   -  Mardi dernier, sur le champ de foire de Guibray, au moment où un marché venait d'être terminé, dans les environs de la foire aux chevaux, et où le marchand venait d'en toucher le montant, l'acquéreur pria ce dernier d'enfourcher la monture, et de faire quelques pas au trot. L'animal, pris d'une peur subite à la vue de poteaux du télégraphe, s'emporta. Il fut impossible de l'arrêter, et il alla se casser la tête sur un arbre voisin. Il tomba alors pour ne plus se relever. Il s'était tué raide, le sang sortait par la bouche et les oreilles, quant au marchand, il n'a eu aucun mal. Mais qui doit subir la perte ? le vendeur ou l'acquéreur ?  

 

Mars 1874   -   Incendie.  -   Jeudi, un incendie se manifestait dans la partie de la forêt de Saint-André, située sur la droite de la route de Falaise à Argentan, et détruisait environ six hectares de bois taillis et de bruyères. De prompts secours, apportés par les bûcherons et les habitants voisins, éteignirent le feu et l'empêchèrent de s'étendre. On supposait alors que tout danger avait disparu, mais le lendemain, le feu s'est de nouveau déclaré, mais dans la partie située sur la gauche de la route de Falaise à Argentan, à une distance de plus de 1 500 mètres du lieu où il avait pris la veille. 

On évalue de 280 à 300 hectares de bois détruits, appartenant à divers propriétaires. Les dommages se subdivisent ainsi : pour M. de Waresquiel, à Paris, 80 000 fr., assuré ; pour M.  Jules Desmoustiers, à Falaise, 15 000 francs, assuré ; pour M. Barbé, à Falaise, 2 000 francs, non assuré. Les causes de ces sinistres sont encore inconnues, mais on suppose que la malveillance pourrait bien ne pas y être étrangère. 

 

Mars 1874   -   Incendie.  -   Jeudi, à onze heures du matin, le feu s'est de nouveau déclaré dans la forêt de Saint-André, près Falaise, à 400 mètres environ de l'endroit où il s'est arrêté vendredi de la semaine dernière. Neuf hectares de bois taillis et de sapins, de 10 à 11 ans, ont été détruits. La perte est évaluée à 4,000 fr., et est supportée par M. de Waresquiel. Toutes les recherches faites jusqu'ici pour  découvrir  les causes de ces sinistres n'ont donné aucun résultat, mais à la façon violente dont le feu s'est chaque fois manifesté, l'on est de plus en plus porté à les attribuer à la malveillance.  

 

Avril 1874   -   Fait divers.  -   Nos voisins de Falaise n'y vont pas de main morte. Ils ont si bien manœuvré, que fin mai ils auront une garnison. Mais ce n'est pas tout, le conseil municipal vient de voler d'un seul coup et à l'unanimité, des projets relatifs à une nouvelle conduite d'eau, à l'installation de nouvelles fontaines, au repavage des rues, à la restauration de  l'Hospice-Hôpital, à la création de lieux d'aisances et d'urinoirs publics, à la construction d'un pont et d'un lavoir-abreuvoir au bout du Quinconce faisant suite au Grand-Cours, à l'agrandissement des cimetières de Guibray et de Saint-Gervais et à l'acquisition d'un presbytère pour cette dernière paroisse.  Un mot seulement : prière à l'édilité falaisienne de réserver quelques-uns de ces travaux pour l'hiver, saison durant laquelle de nombreux ouvriers sont sans travail.  

 

Août 1875   -   Cavalcade.  -  La cavalcade de Falaise s'organise, elle représentera l'entrée de Guillaume le Conquérant : les costumes viennent de Paris.  

 

Septembre 1875   -   Falaise est ses fontaines.  -  L'établissement des nouvelles fontaines a donné lieu à certaines réclamations : les habitants se plaignent que l'eau ne leur est pas livrée avec assez d'abondance, ça viendra avec le temps.

De son côté, l'administration municipale regrette que les abords des fontaines soient humides et boueux. Et savez-vous à quoi cela tient ?  L'édilité elle-même nous l'apprend dans un communiqué qu'elle vient de publier.….  C'est parce que « les habitants y déversent journellement le contenu de leurs vases ! ... » Polissons de Falaisiens.

 

Octobre 1875   -   La vie.  -  On a fait un curieux travail sur la longévité comparée de nos départements. Il en résulte que le nombre annuel de décès, à l'âge de 100 ans et au-dessus, est en France de 148. Les départements qui se distinguent par la durée de la vie, sont les suivants : Calvados, Orne, Eure, Eure-et-Loir, Sarthe, Lot-et-Garonne, Deux-Sèvres, lndre-et-Loire, Basses-Pyrénées, Maine-et-Loire, Ardennes, Gers, Hautes-Pyrénées et Haute-Garonne.

39  -  FALAISE  -  Rue Trinité  -  Vieille Maison

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