15 Octobre 2024

UN SIÈCLE D'HISTOIRE DU CALVADOS Page 5

HONFLEUR

Canton de Honfleur

Les habitants de la commune sont des Honfleurais, Honfleuraises

Février 1860   -   Le temps !!!!.   -   Le mauvais temps que nous signalions dans notre dernier numéro, n'a pas encore subi de changements favorables cette semaine, chaque jour, et surtout chaque nuit, nous avons des rafales très violentes et très dangereuses pour les navigateurs.

Jeudi dans la nuit la température s'est sensiblement refroidie, et il est tombé de la neige ; vendredi le temps a été assez beau et hier la neige a recommencé à tomber avec beaucoup d'intensité.

Avec le bouleversement qui existe aujourd'hui dans les éléments, on serait tenté de croire que le ciel se dispose à nous envoyer les quarante jours et les quarante nuits de pluies qui occasionnèrent jadis le déluge universel. Il sera bientôt temps qu'il se présente un second Noé pour la construction d'une nouvelle arche de salut !.. ( Le journal de Honfleur )

 

Janvier 1860   -   Le mauvais temps.   -    L'année nouvelle a été inaugurée par un bien mauvais temps. Les vents soufflaient en foudre de la partie du O.N.O., et la mer était furieuse. Il y a plus de 10 ans que nous n'avions vu la mer aussi grosse dans notre avant-port. Il y avait un ressac très violent et tous les petits bateaux qui étaient dans le petit avant port de la planchette ont été obligé d'aller chercher refuge ailleurs.
Toutes les lames déferlaient sur les jetés de l'Est et de l'ouest et balayer tous les dallage point les curieux trop téméraire s'y emplissaient leurs chaussures.
Le vapeur l' « Éclair » qui fait ordinairement le passage entre Le Havre et Honfleur n'est pas venu et à causé bien des déceptions à cause des souhaits de bonne année.
La goélette est entrée presque à sec de toile, il n'y avait que les deux petits focs de haut et la misaine à mi mât. Les barques de pêche étaient tous ris.
La baraque des saltimbanques établie sur la terre pleine de la jetée a été très endommagée. Toutes les toiles ont été déchirées et enlevées par la bourrasque.
Nous avons entendu parler de la perte d'un vapeur à Quillebœuf. Nous n'avons aucun renseignement sur ce sinistre et nous ne livrons le fait que sous toute réserve, et comme un : on dit.  (Journal de Honfleur)

 

Février 1860   -   Un accident.   -   Dimanche matin, un éboulement de terrain a eu lieu sur les travaux de notre chemin de fer, à un kilomètre de la ville, et un ouvrier, le nommé Mounier, s'est trouvé enseveli sous la masse de terres. Malgré toute l'activité et le zèle de ses camarades il n'a été possible de le dégager qu'au bout de vingt minutes, ce n'était déjà plus qu'un cadavre. ( Le journal de Honfleur )

 

Février 1860   -   Les délires de l’alcool.   -   Dimanche soir, vers 4 heures, un agent de police conduisait au dépôt de sûreté un individu que de fréquentes libations paraissaient avoir privé de sa raison. Sur le pont du Vieux-Bassin cet homme a enjambé le parapet et a voulu se jeter à l'eau, quelques personnes ont aidé son conducteur à s'en rendre maître et on a pu le conduire enfin en lieu sûr, Arrivé dans la cour, cet individu, malgré la rigueur du froid, s'est débarrassé de ses vêtements, et après s'être roulé dans la neige a fini par se coucher.

Le sommeil lui a rendu la raison mais non le souvenir, car le lendemain il assurait qu'il ne se rappelait d'aucune de ces circonstances. ( Le journal de Honfleur )

 

Février 1860   -   le temps qu’il fait.   -   Le premier mois de l'année 1860 a été aussi mauvais que les derniers de 1859 qui ont été si féconds en tempêtes et si désastreux pour la navigation.

Les pluies que nous avons eues se sont fait généralement sentir sur tous les points de la France. Partout les rivières et les fleuves sont débordés et sur certains points les eaux ont atteints la hauteur des grandes inondations de la néfaste année 1856.

Depuis quelques jours cependant le temps a changé un peu ; les vents ont sauté au nord, en nous donnant un peu de neige et il faut espérer qu'ils y resteront quelque, temps afin de sécher les terres qui sont imprégnées d'eau. ( Le journal de Honfleur )

 

Février 1860   -   La mort qui rode.   -   Dimanche dernier, le sieur Lerat, capitaine au cabotage, assistait à la messe à Notre-Dame de Grâce, lorsqu'une congestion cérébrale est venue le frapper ; la mort a été instantanée.

— Le même jour Mme Louer, venait du Havre pour se rendre chez des parents qui habitent la campagne, lorsqu'étant montée en voiture le cheval s'est emporté et a versé le véhicule. Dans sa chute cette dame s'est fracturé le bras. (Le journal de Honfleur )

 

Février 1860   -   Les récompenses.   -   Parmi les noms des personnes auxquelles l'Empereur a accordé des médailles d'honneur, nous avons vu avec satisfaction figurer celui d'un de nos concitoyens, le nommé Levillain (Louis-Joseph), sapeur-pompier de notre localité. Nous rappellerons que M. Levillain a sauvé, le 10 décembre 1858, une femme au milieu d'un incendie qui avait éclaté dans notre ville.

Ce n'est pas le 1er acte de ce genre de ce brave sapeur-pompier car il est déjà porteur d'une médaille d'argent de 2e  classe. M. Levillain a obtenu cette fois ci une médaille d'argent de 1re classe. ( Le journal de Honfleur )

 

Février 1860   -   Un accident.   -   Mercredi soir, vers 9 heures, le nommé Morin (Auguste), demeurant rue Charrière, passant sur le quai de la Tour, s'est accroché le pied dans une amarre et est tombé à l'eau. Au bruit de sa chute le préposé Prey s'est hâté d'accourir à son secours et, aidé d'un autre préposé, le sieur Barette, et du sieur Mioque, débitant, il est parvenu à le ramener à terre sain et sauf.

A cette occasion nous rappellerons combien il serait désirable d'avoir en nombre plus considérable de bouées de sauvetage, afin d'être à chaque instant et sur l'heure plus à même d'apporter des secours en cas d'accident. ( Le journal de Honfleur )

 

Février 1860   -   Le froid.   -   Au froid glacial des jours derniers, a succédé une température un peu moins rigoureuse. Mais le temps n'en est pas plus beau, bien au contraire ; jeudi, dans l'après-midi, une bourrasque de vents de nord-est, accompagnée de grains de neige et de grésil, est venue avec une furie extraordinaire fondre sur notre localité et a endommagé beaucoup de cheminées et de toitures. ( Le journal de Honfleur )

 

Février 1860   -   Un éboulement.   -   Le 12 février, un bien triste accident est arrivé sur la ligne du chemin de fer en construction de Pont-l'Évêque à Honfleur, à l'entrée de cette dernière ville. Le nommé Monnier Isidore, âgé de 30 ans, travaillait à extraire de la terre, quand tout à coup un énorme éboulement est venu subitement l'ensevelir.

Tous les autres ouvriers sont immédiatement accourus à son secours, mais ce n'est qu'après un travail de plus de vingt minutes qu'il a pu être dégagé et depuis longtemps déjà il avait cessé d'exister. ( Le Pays d'Auge )

 

Mars 1860   -   Un incendie.  -   Dans la nuit de mardi à mercredi un incendie considérable s'est déclaré à Honfleur, dans la scierie mécanique de bois du Nord, mue par la vapeur, de M. Goulley.
En peu d'instants les bâtiments construits en planche renfermant la machine et les chariots ont été détruits, et le feu s'est communiqué de proche en proche aux nombreuses piles de planches et de madriers rangés en plein air dans le chantier, d'une grande étendue qui longe toute la rue Dupont, et qui est borné à l'Est par le cours d'Orléans et à l'Ouest par la rue St-Nicol. Le foyer est devenu alors immense, et à 25 mètres, dans certaines parties, on ne pouvait affronter ce feu, qui portait une chaleur insupportable. Du chantier, le feu s'est communiqué au faubourg Desgarceaux, et, avant six heures du matin, tout un côté de la rue, au Sud, avait été la proie des flammes.
Six chaînes ont été organisées, mais elles ne pouvaient fournir assez d'eau pour alimenter une dizaine de pompes, appartenant tant à la ville qu'à plusieurs établissements, et qui fonctionnaient partout à la fois. Et puis le foyer avait une si grande étendue que tous les soins du capitaine des pompiers ont eu pour but de faire la part du feu, c'est-à-dire de préserver le plus de bois possible.
Le lieutenant Vivien et le pompier Motte ont eu un côté de la figure brûlé, un candidat de marine a eu un pied contusionné, c'est heureusement les seules blessures qu'il y ait eu.
On a aucune donnée sur la cause du sinistre, la plus grande partie des constructions et marchandises était assurée, on parle de 300 000 francs de perte.
Aujourd'hui, à une heure, au départ du bateau, on travaillait encore a éteindre les décombres.
On assure que les lueurs de l'incendie ont été aperçues de dix lieues dans les campagnes des environs d'Honfleur. Le capitaine du steamer « Morlaisien », entré hier au matin au Havre à la fin de la marée, rapporte avoir distingué en mer, à une distance de plus de douze lieues, les clartés rougeâtres de cet incendie qui, à ses yeux, avait l'aspect d'une aurore boréale. (L’Écho Bayeusain)

 

Avril 1860   -   La Poste.   -   L'administration des postes s'occupe activement d'une amélioration qui sera bien avantageuse pour les campagnes. Il s'agit d'organiser le service rural de façon à ce que, dans les plus petites communes de France, il y ait régulièrement un service quotidien. ( Le Pays d'Auge )

 

Avril 1860   -   Un deuxième incendie.   -   Mercredi 14 mars, un deuxième incendie est venu jeter la consternation dans la ville de Honfleur, encore sous le coup du sinistre dont l'établissement de M. Gouley a été le théâtre.
Ce nouvel incendie s'annonçait comme devant prendre des proportions aussi formidables que le premier. Il s'est déclaré vers six heures du soir, alors que les habitants étaient encore occupés à éteindre le feu de la scierie, et cette fois dans les magasins de saurisserie de M. Dessaux, négociant, situé dans le quartier Saint-Léonard. On s'est porté rapidement à cet endroit et grâce à la promptitude avec laquelle les secours ont été organisés et les pompes mises en mouvement, on est parvenu à comprimer le feu. À sept heures et demie , on s'en est rendu maître, et à neuf heures, il était complètement éteint.
La perte s'est bornée à la toiture du bâtiment et aux objets renfermés dans le grenier, tels que copeaux, barils vide et étoupes. Elle est évaluée approximativement à 2 760 fr. Quoique le lieu de ce nouvel incendie soit assez éloigné de la scierie Goulet, on suppose qu'un des brandons lancés à une grande hauteur dans les airs et poussés par le vent, s'est introduit par une des croisés du grenier, restée ouverte, et que le feu y a couve toute la journée jusqu'au moment de l'explosion. ( Le Pays d'Auge )

 

Avril 1860   -   Le printemps arrive.   -   Mardi dernier à 9 heures 14 minutes du matin, nous avons quitté d'hiver pour entrer dans le printemps. Nous amènera t-il de la chaleur ? Il faut l'espérer, car nous avons ressenti assez cruellement les atteintes de l'hiver pour espérer que le printemps nous ramènera le soleil et des beaux jours. ( Le Pays d'Auge )

 

Avril 1860   -   Un accident.   -   Le 3 avril, vers 5 heures 1/2 du soir, un accident, qui aurait pu avoir des suites beaucoup plus funestes, est arrivé sieur Gautier Victor, âgé de 48 ans, maître couvreur, demeurant rue d'Orléans à Honfleur.

Au moment où il se trouvait sur le toit de la maison portant le numéro 11, place Saint-Léonard, occupé à retirer quelques faîtières en mauvais état pour les remplacer par d'autres, le sieur Gautier se retourna avec tant de précipitation pour arrêter quelques tuiles qui allaient tomber, que, perdant l'équilibre, il tomba sur le sol d'une hauteur de près de neuf mètres. Dans cette chute le sieur Gautier s'est brisé le bras gauche, et fait d'assez graves contusions à la tête et à la face.

M. le docteur appelé à le visiter a déclaré que la position de cet ouvrier ne présentait aucun danger.

-   Le 2, un accident à peu près semblable était déjà arrivé, à Honfleur, à un ouvrier, le sieur Canu Louis, employé à la scierie de marbre exploitée par M. de Couchie. (Le Ordre et la Liberté)

 

Mai 1860   -   On lit dans « Le journal de Honfleur ».   -  Mardi dernier, une partie de la population a été mise en émoi. On racontait qu'une religieuse, enterrée l'après-midi dans le cimetière Sainte-Catherine, n'était pas morte. Des plaintes avaient été entendues sur sa tombe par une jeune fille qui se trouvait dans le cimetière.

La police s'est rendue sur les lieux, et on a pu faire comprendre à la foule que cette religieuse, morte de la poitrine, avait bien cessé d'exister quand on l'a inhumée.

Nous ne notons ça fait que pour démontrer l'absurdité de certains bruits qui s'accréditent d'autant mieux qu'ils sont plus dénués de fondement. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   Un naufrage.   -   On écrit de Jersey que la goélette « Marie », allant de Saint-Malo à Honfleur, avec un chargement de grains, à touché sur une roche située dans l'Est de l'île d'Aurigny.

Après être restée quelques temps échouée sur cette roche, la « Marie » a sombré. L'équipage composé de cinq hommes, le capitaine compris, s'est sauvé dans l'embarcation du bord, et est arrivé à terre sain et sauf. Pendant que l'épave était encore échouée sur la roche, on avait réussi à sauver quelques apparaux dont la valeur est d'environ 500 francs. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   L’ouragan.   -   Nous annoncions hier, dit le journal du Havre du 4 juin, sous notre Partie Maritime, que quatre picoteux avaient été drossés par l'ouragan de samedi sous les côtes de Bléville, et que les hommes qui étaient à bord avaient pu gagner terre, mais qu'un cinquième picoteux donnait de graves inquiétudes, attendu que les douaniers rapportaient avoir vu chaviré, en dérive, sous Octeville, un bateau qui semblait être celui-là.

Cette supposition s'est trouvé exacte, il se confirme, aujourd'hui, que le picoteux « Notre-Dame-des-Flots » est perdu, sans cependant qu'il y ait à déplorer, comme on le craignait, la mort du marin Charles Varesco, qui se trouvait à bord. Voici comment les faits se sont passés :

Le « Notre-Dame-des-Flots », surpris par le mauvais temps, avait reçu la remorque d'une plate de Villerville qui faisait route pour Honfleur. Varesco était passé de son bateau sur la plate, avec tout le produit de sa pêche. Mais, la bourrasque ayant redoublé de violence, la remorque a été larguée et le picoteux s'en est allé en dérive. Varesco a débarqué sain et sauf à Honfleur, avec ses poissons, quant aux filets, ils sont restés à bord du picoteux. Peut-être les vents du large le pousseront-ils à la côte sans qu'il ait de trop graves avaries. Ce serait un grand bonheur pour Varesco, dont cette embarcation est le gagne-pain. Elle ne lui appartenait même pas, un de ses amis, Louis Letourneur, en avait fait l'acquisition et attendait généreusement que la valeur lui en fut remboursée par les produits de la pêche de Varesco. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   Pour les élèves des lycées et collèges.   -   A l'occasion de l'annexion de la Savoie et de l'arrondissement de Nice à la France, le ministre de l'instruction publique a décidé qu'il y aurait congé avec sortie demain dimanche 17, pour les élèves des lycées et collèges des départements. Deux jours seront ajoutés aux grandes vacances pour tous les lycées et collèges de l'Empire. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   La vie du port.   -   Un nouveau mat de signaux a été établi au bout de la jetée de l'Est, à Honfleur. Il indique, lorsque le pavillon national est hissé, que les portes des trois bassins sont ouvertes. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   Un accident.   -   Un accident grave a failli arriver, samedi dernier, à Honfleur. Deux enfants, de 10 ans environ jouaient dans la rue de Saint-Léonard, lorsque l'un d'eux, poussé par l'autre, et, sans le sang-froid du conducteur qui a pu arrêter le cheval assez à temps, un malheur était à regretter. Cet enfant n'a eu que quelques conclusions. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   On lit dans le journal de Honfleur du 8 juillet.   -   Lundi dernier, un ouvrier, employé au chemin de fer, est tombé, à mer basse, dans le 3e bassin. Le sieur Dufour, préposé des douanes, s'étant aperçu de l'accident, s'est empressé de se porter au secours de cet homme, et, aidé de plusieurs de ses camarades, il a pu le ramener à terre.

Une noble émulation anime nos préposés, et c'est à qui se distinguera le plus dans des circonstances souvent difficiles. Le sieur Dufour, nous a-t-on dit, et déjà porteur d'une médaille de sauvetage.

-   Mardi, un mousse du sloop « Édouard-et-Fanny », amarré quai Est du Vieux-Bassin, est tombé à l’eau et on a été promptement retiré, grâce au secours qu'un homme du bord, dont on n'a pu nous dire le nom, s'est empressé de lui porter secours.

-   Jeudi dernier, dans l'après-midi, un enfant de 9 à 10 ans est tombé à l'eau dans la rivière de Saint-Sauveur, près des chantiers de construction, et se serait infailliblement noyé sans le secours que lui a porté un pêcheur du Poudreux, le nommé Louédin, dit Louis XVIII.

Cet enfant jouait au bord de l'eau, et c'est en voulant passer dans une embarcation que l'accident est arrivé. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Le « Honfleurais ».   -   Dans la nuit de lundi à mardi, le bateau à vapeur le « Honfleurais », appartenant à la maison Lecoudrais et Cie, était amarré à la jetée de bois, vis-à-vis des portes du Vieux-Bassin, son avant a porté sur une roche cachée sous la vase et s'est trouvé crevé.

À la marée montante, tout l'avant du navire s'est rempli d'eau, il a été hâlé immédiatement sur le gril pour être déchargé et recevoir les réparations nécessaires. La perte éprouvée dans cette circonstance est évaluée à la Somme de 30 000 fr. que l'on dit être couverte par une assurance. ( Le journal de Honfleur )

 

Juillet 1860   -   Le feu !   -   Vendredi soir, vers 5 heures 1/2, toute la ville de Honfleur a été mise en émoi par une fumée qui s'élevait sur la côte de Grâce. Tout le monde croyait à un incendie, les pompiers étaient déjà rassemblés, en attendant des ordres pour marcher.

Heureusement, ce n'était qu'une fausse alerte, et on a su plus tard que cette apparence d'incendie avait été produite par la fumée provenant de mauvaises herbes que l'on faisait brûler dans une ferme. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   le Prince Napoléon.   -   Le prince Napoléon est arrivé à Honfleur le 24, vers 10 heures 1/2, venant de Pont-l'Évêque, dans une voiture qu'il a loué dans cette dernière ville. Après être descendu à l'Hôtel du Cheval-Blanc, le prince est allé se promener sur la jetée de l'Ouest, puis il a visité le bassin. Il s'est ensuite embarqué à bord du steamer l' « Éclair » pour Le Havre. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860  -  Kilométrage des lignes, poteaux indicateurs.  -  Les opérations ayant pour but le kilométrage complet des lignes et la pose des poteaux indicateurs au croisement en rase campagne des lignes vicinales, ainsi que des tableaux indicateurs dans les traverses bâties, sont à l'étude, inséparables les unes des autres, elles ne pourront être terminées que simultanément. 

Les plans généraux de chaque ligne demandés aux agents-voyers me sont indispensables pour contrôler ce travail d'une manière efficace, ces plans vont être livrés dans un très-bref délai, ce travail si important, si utile en même temps, recevra avant la fin de l'année une exécution presque complète.

 

Août 1860   -   Un éboulement.   -    Le 30 juillet dernier, vers 8 heures 1/2 du matin, un ouvrier mineur employé aux travaux du chemin de fer de la section de Honfleur, le nommé Bourguignon, âgé de 40 ans, s'est trouvé, au moment de son travail, surpris par un éboulement de terre qui lui a fracturé la cuisse droite.

Aussitôt on a dégagé ce malheureux ouvrier, que l'on a transporté à l'hôpital, et où les soins les plus empressés lui ont été prodigués. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860   -   Contre la fièvre.   -   La graine de persil est un puissant spécifique contre la fièvre intermittente. Des soldats revenus malades d'Afrique, des fièvres habitant le voisinage des marais, ont été guéris par ce moyen . On la prend en fusion, comme du thé, le matin et le soir. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860   -   Rapport de M. le Préfet.   -   Les ports : De notables améliorations se sont déjà réalisées et vont s'exécuter dans nos ports.

Honfleur a vu le courant de la Seine s'infléchir de son côté, passer à l'extrémité de ses jetées et lui offrir une entrée sure et facile. Faut-il attribuer ce changement si important pour nous dans la direction des eaux, à ce phénomène naturel qui se reproduit presque périodiquement de dix en dix années, ou bien faut-il en faire remonter la cause aux digues construites dans le lit trop incertain du fleuve, et qui auraient fixé désormais son cours normal ?

L'avenir seul peut nous édifier à ce sujet, mais cette expérience est précieuse, car elle aura pour résultat, il faut l'espérer, de dissiper les inquiétudes qui s'étaient élevées sur la possibilité de concilier cet état avec la conservation de la libre entrée du port du Havre, et de permettre peut-être la continuation prochaine des digues qu'on n'a développées jusqu'ici qu'avec une extrême prudence.

Un crédit de 715 000 fr. a été accordé, cette année, par M. le ministre des travaux publics, pour faire dans le port des réparations devenues indispensables.

Enfin, la construction du chemin de fer s'avance rapidement, au travers de difficultés considérables, et bientôt le port d'Honfleur pourra jouir de tous les avantages qu'il a depuis si longtemps attendus. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860   -   Curage des cours d'eau.   -   Le n° 16 du Recueil des Actes administratifs contient la circulaire et l'arrêté suivants, relatifs au curage de tous les cours d'eau du département du Calvados :

A MM. les sous-préfets, maires et ingénieurs du département.          

Caen, le 10 août 1860.

 

Messieurs,

 

Le Calvados a eu sa trop large part dans les inondations depuis le mois d'octobre dernier, et, même encore aujourd'hui, dans des bassins très importants, les eaux submergent les terrains et occasionnent à l'agriculture des pertes énormes.

Le curage de tous les cours d'eau du département devient donc plus que jamais une nécessité, et j'ai cru devoir le fixer à une époque où les beaux jours seront probablement revenus et les eaux descendues à leur plus petite profondeur.

Ce n'est pas une demi-mesure qu'il faut prendre, l'agriculture et l'industrie la veulent complète et efficace. Je fais donc appel au zèle de tous les fonctionnaires qui doivent concourir à l'exécution de la mesure, et je suis persuadé qu'aucun d'eux, par égard pour certains intérêts privés, d'ailleurs fort mal entendus, ne faiblira dans l'exercice des devoirs que réclame en cette circonstance l'utilité publique.

Vous trouverez ci-après l'arrêté qui prescrit le curage, et, pour donner à la mesure toute la publicité possible, je ne me borne pas à la faire connaître par le Recueil des Actes administratifs, je fais encore imprimer des affiches dont chaque commune recevra deux exemplaires qui devront être apposés à la mairie et à l'église, le 26 de ce mois au plus tard.

Agréez, etc...,

Le préfet du Calvados,   TONNET. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860   -   Un incendie.   -   Le 22, vers sept heures du soir, un commencement d'incendie s'est manifesté dans un magasin du carrefour Notre-Dame, à Honfleur, appartenant à M. Lambert, filateur à Lisieux, et dont M. Lallier est l'entreposeur.

Plus de deux cents balles de lin se trouvaient dans le magasin au moment où l'on s'est aperçu du feu. Grâce au secours empressé des voisins qui, en forçant la porte de l'entrepôt, ont pu retirer les balles déjà enflammées, on a pu promptement comprimer l'incendie.

La perte résultant de ce sinistre est d'environ 1 500 fr. Le tout était assuré.

Il parait que le feu a été communiqué par des pétards qu'un jeune enfant avait imprudemment fait partir dans des trous pratiqués dans la porte du magasin. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1860   -  L’ouragan.   -    L'ouragan qui, dans la nuit de lundi à mardi, a soufflé avec tant de furie dans nos environs, a causé bon nombre d'accidents sur nos côtes.

Le port du Havre a été cruellement éprouvé : deux barques de pêche trouvillaises y étaient échouées en-dedans de l'Épi-à-Pin, l'une d'elles, la « Notre-Dame-des-Victoires », patron Sosthène Lebaillif, avait sa bôme cassée, son gouvernail démonté, et faisait eau de toutes parts ; l'autre, l' « Auguste-Henry », nº 12, patron Remanier, était moins endommagée.

Un sloop, L' « Avenir », était en quelque sorte grimpé sur les degrés de Frascati ; un autre, « Emmanuel », était fortement endommagé.

Deux goëlettes, « Active » et « Héro », de Caen, étaient assez prés de terre pour redouter un prochain échouement.

Un brick anglais était démâté.

Par une fatalité déplorable, aucun remorqueur ne se trouvait en état de marcher.

Le vapeur « Éclair » s'est porté, à tour de rôle, au secours de ces malheureux.

Deux hommes, dont l'intrépidité est bien connue au Havre, le brave Durécu et le maître haleur Leclerc, ont donné à tous des secours intelligents et dévoués. Ils ont été assez heureux pour sauver les hommes de la « Notre-Dame-des-Victoires » et conduire à terre l'équipage du sloop « Avenir ». Tous les bateaux de pêche sortis du même port lundi sont revenus en relâche avec plus ou moins d'avaries.

Trois barques de Honfleur sont rentrées au port avec leurs agrès perdus, leurs voiles déchirées, etc…

Enfin, grâce à Dieu, si on a de grandes pertes matérielles à déplorer, du moins personne n'a péri, partout le dévouement a dominé le péril. (Pays-d'Auge.)

 

Octobre 1860   -  Un accident.   -    Mardi dernier, un banneau, attelé d'un cheval, est tombé du quai Sainte-Catherine dans le Vieux-Bassin, à Honfleur.

Grâce au concours des personnes obligeantes qui se trouvaient là au moment de l'accident, le cheval et la voiture ont été remis sur le quai. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1860   -  Un accident de la route.   -   Lundi 19, un accident, dit le Journal d'Honfleur, est arrivé dans la rue Saint-Léonard, vers cinq heures du soir. Un cheval attelé à une voiture descendait cette rue au trot allongé ; le cocher de M. Ullern, qui la conduisait, voulant éviter une autre voiture qui montait la rue, s'est heurté contre une charrette qui stationnait seule devant la maison du sieur Motte, débitant.

Le choc a été violent et le cocher a été lancé sur le pavé, on l'a relevé sans connaissance. Pendant le désordre causé par cet accident, le conducteur de la charrette s'est empressé de s'esquiver. ( Le Journal de Honfleur )

 

Décembre 1860   -  Un sauvetage.   -   Samedi, vers dix heures et demie du matin, le sieur Estlingot (Charles), charpentier de navires, étranger à notre ville, dit le Journal d'Honfleur, est tombé dans l'avant-port, près de la jetée de l'Ouest.

Le sieur Alphonse-Auguste Lecomte fils s'est jeté de suite à l'eau pour lui porter secours, et, à l'aide de deux bouées de sauvetage, a pu le maintenir sur l'eau jusqu'au moment où une embarcation, dirigée par M. Leroy (Léon), capitaine du « Léon-Désirée », est venu le recueillir.

Alphonse Lecomte est membre de cette famille qui s'est signalée déjà tant de fois par ses sauvetages. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1860   -  Les récompenses.   -   Le Moniteur universel d'hier publie une longue liste de récompenses pour faits de sauvetage.

Voici, pour le Calvados, les noms des courageux citoyens qui ont mérité cette faveur :

Médailles d'argent de 1re  classe.

-   Dubourg (Louis-Etienne), maître au cabotage, inscrit à Honfleur : Sauvetage du sloop le « Saint-Esprit », à Honfleur, le 22 décembre 1858 ; sauvetage d'une femme en danger de se noyer à Honfleur, le 27 mai 1860 ; auteur d'autres faits de sauvetages anciens,

Médailles d'argent de 2e classe.

-   Brée (Toussaint-Adolphe), marin, inscrit a Honfleur : sauvetage de deux personnes, à Caen, le 19 août 1860, en 1843.

-   Leroux (Dominique-Anthème), préposé des douanes à Trouville : sauvetage de trois personnes en danger de se noyer, à Trouville, le 2 juillet 1860, en 1859 et 1855.

-   Croix (Dominique), marin, inscrit à Honfleur : sauvetage d'un enfant à Trouville, le 28 juillet 1860.

Témoignages de satisfaction.

-   Pinel (Jules-Félix), ancien chef du service des bains de Trouville : sauvetage de quatre personnes, à Trouville, de 1857 à 1858.

-   Roney (Charles Pierre), marin, inscrit à Honfleur : sauvetage d'un bateau en perdition, à Honfleur, le 2 juin 1860.

M. le ministre de l'intérieur vient d'adresser à M. le préfet une médaille d'honneur de 2e classe, décernée au sieur Fossey, sapeur-pompier à Beuvron, pour le courage et le dévouement dont il a fait preuve dans mainte circonstance. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1861   -   Un accident.   -   Le 1er Janvier, le sieur Lasalle, ouvrier à la fabrique de produits chimiques de MM. Chapman & Ullern, en voulant changer de place un vase contenant de l'acide concentré, a glissé et est tombé à la renverse dans de l'eau acidulée puis le contenu du vase s'est répandu sur lui et lui a fait de graves brûlures aux jambes, aux cuises et au bras droit. M. Lamare fils, docteur-médecin, lui a donné des soins. ( L’Écho Honfleurais)

 

Janvier 1861   -   Le temps qu’il fait.   -   Aujourd'hui, le temps est vif et sec, le baromètre est à beau fixe, le soleil est resplendissant. La Seine charrie des glaçons et des bandes d'oiseaux sauvages sont posées dessus. Les canards se donnent le plaisir de descendre la Seine sur les glaces qui leur servent de bateaux. ( L’Écho Honfleurais)

 

Janvier 1861   -   Le temps.   -    La Seine charrie toujours beaucoup de glaces devant Honfleur. A mer baissante celles qui passent devant le port, semblent ne pas avoir de solution de continuité, c'est comme une banquise sans fin qui descend la Seine.

Le froid est toujours très vif et le temps beau. Hier. au mouvement de la lune, le dégel s'est fait sentir un instant, mais cette nuit, il a gelé de plus bel. ( L’Écho Honfleurais)

 

Janvier 1861   -   La mort qui rode.   -    Dimanche dernier, vers trois heures après-midi, le sieur Clotu allait, comme d'habitude le dimanche, rendrə visite à son voisin Campion, pour prendre le café avec lui. Grand fut son étonnement quand il trouva son ami tombé au près de l'âtre et sans aucun signe de vie.

Le père Campion était un vieillard de 81 ans qui a été frappé d’apoplexie au près de son feu en faisant cuire des pommes. Il avait encore un morceau de pain dans la bouche et une bouteille d'eau-de-vie sur la table. Sa mort devait remonter à 18 ou 20 heures.

Le bout de son sabot était brûlé et par suite Campion  a eu l'orteil et trois doigts carbonisés. ( L’Écho Honfleurais)

 

Février 1861   -   Le Carnaval est fini à Honfleur.   -   Le Mercredi des Cendres est venu y mettre un terme.

Pour beaucoup de nos habitants, c'est comme si le Carnaval n'eût pas commencé. Plusieurs n'ont pas changé leur mamère de vivre.

Pas une seule mascarade n'est venue égayer le calme de nos rues, et nous pourrions dire que, décidément, les masques sont passés de mode. Sauf deux bals, dans la haute société, et un bal de jeunes gens et de jeunes et belles demoiselles de la petite classe bourgeoise, on n'eût pas entendu le moindre crin- crin, ni le moindre bruit d'équipages, en revanche il y a eu de nombreux diners ou maitre Galimafré a pleinement satisfait son ventre. ( L’Écho Honfleurais)

 

Février 1861   -   Un accident.   -   Hier, vers cinq heures du soir, un matelot de la goélette « Petit-Auguste », amarré à la grande jetée de bois, fut aperçu par le préposé Dionis de faction sur ce point, se dirigeant d'un pas mal assuré vers son navire et se disposant à franchir le parapet de cette jetée pour descendre l'échelle de fer et gagner avec un canot son bateau qui était un peu écarté.

Le factionnaire, croyant reconnaître dans cet homme un état d'indisposition joint à un âge un peu avancé, crut devoir lui conseiller de ne pas tenter de s'embarquer à ce moment; mais ce matelot reçut fort mal l'avis qui lui était donné, et enjamba le parapet de la jetée. Le factionnaire n'avait pas plutôt quitté ce lieu, qu'il entendit la chute de ce malheureux dont la tête aurait frappé sur la traverse de la jetée et de là sur l'embarcation qui était au pied de l'échelle, puis rejeté à la mer qui en un instant s'est trouvée teinte de sang.

Le Préposé revient, s'empresse de descendre l'échelle, et aidé de quelques marins des navires voisins, atteignent ce malheureux matelot, le mettent dans l'embarcation et vont le déposer, dans cet état, sur le quai de la Planchette. De là il a été transporté à l'hospice où on a reconnu que sur le coup il avait cesse de vivre.

Son nom est Coman (Jean-Pierre), de St-Nogat, âgé de 58 ans il laisse, dit-on, une veuve avec sept enfants. ( L’Écho Honfleurais)

 

Février 1861   -   Un infanticide.   -   Nous apprenons aussi qu'un crime d'infanticide aurait été commis sur un nouveau-né, et dont l'auteur serait une femme de chambre venue d'Angleterre, il y a environ cinq mois au service des époux X..., habitants de la route St-Clair. Nous nous abstenons de tout commentaire sur cet événement, la justice étant en cours d'information. ( L’Écho Honfleurais)

 

Février 1861   -   Le garde-pêche.   -   Le bateau à vapeur garde-pêche le « Pélican », est entré à Honfleur jeudi matin et en est reparti samedi matin pour Trouville.

Vendredi, les patrons de barque de pêche, se sont rendus à bord remercier le commandant à cause de la permission qui leur a été accordée de pêcher avec les anciens filets qui avaient été prohibés pendant quelque temps. ( L’Écho Honfleurais)

 

Février 1861   -   Toujours le temps.   -   Depuis Mercredi la température a changé du tout au tout et a atteint plusieurs degrés au-dessus de O. Aujour d'hui, à l'exposition du midi et au soleil le thermomètre a atteint 15 degrés ; c'était comme un beau jour de printemps.

Mercredi la brume était tellement intense le soir, que le bateau à vapeur du Havre ici, n’a pas pu effectuer son voyage. ( L’Écho Honfleurais)

 

Février 1861   -   Infanticide.   -   Nous disions dans notre dernier numéro que la justice informait sur un crime d'infanticide, la véracité du fait a été reconnue. La malheureuse qui s'en est rendue coupable et dont la position est loin d'être satisfaisante, est gardée à vue jusqu'à ce qu'on reconnaisse que ses forces lui permettent de la transporter en lieu de sûreté où elle devra subir la peine due à son forfait. ( L’Écho Honfleurais)

 

Février 1861   -   Un lancement raté.   -   La lancée du trois mâts n'a pas réussi à la marée de ce matin, le navire est resté, par une cause inconnue, à moitié de sa course.

A la mer basse on va reconnaître l’obstacle et la mise à l'eau va probablement s'achever. ( L’Écho Honfleurais)

 

Février 1861   -   Infanticide.   -   La fille Marie-Jeanne Hendy, qui a détruit son enfant après son accouchement clandestin, a été transférée, samedi dernier, à l'hôpital de Pont-l’Évêque, par les soins de la gendarmerie de Honfleur. ( L’Écho Honfleurais)

 

Février 1861   -   Le temps qu’il fait.   -   Mars n'a pas manqué de nous envoyer ses giboulées et avec elles la tempête et les vents de Nord-Ouest.

La mer a été affreuse depuis trois jours, les lames déferlaient sur nos jetées et le niveau de l'eau à dépassé de 80 centimètres celui auquel il devait atteindre.

Une partie de la digue des terrains de la gare du chemin de fer a été défoncée, c'est le seul dommage, par mer, que nous ayons à signaler à Honfleur.

Sur la côte de Grâce, la moitié du toit du chalet de M. Satie, a été enlevée par la bourrasque et portée à 60 mètres de là. Quelques arbres ont été abattus. ( L’Écho Honfleurais)

 

Février 1861   -   Les compagnies de marins-canonniers.   -   On s'occupe activement dans les commissariats de marine, dit le Pays de Caux, de créer des compagnies de marins canonniers le long de littoral. On fait choix de vieux marins qui n'ont point passé sous voiles le temps nécessaire pour avoir droit à la retraite, droit qu'ils acquerront de cette sorte.

On dit, toutefois, qu'il leur serait permis de faire le petit cabotage et la pêche côtière. Cette mobilisation ferait cependant partie des garnisons de la réserve dans les chefs-lieux d'arrondissement. ( L’Écho Honfleurais)

 

Mars 1861   -   Une tempête.   -   Hier, (10 mars) après une belle journée, les vents ont sauté du Sud-Ouest à l'Ouest-Nord-Ouest, et pendant toute la nuit se sont succédé grains et bourrasques de pluie et de grêle. Ce matin encore, mêmes intempéries. Le ciel était magnifiquement pur dans toute la partie du Nord, tandis que du côté des côtes du Calvados, au Midi, de lourds nuages assombrissaient l'horizon.

Plusieurs accidents de mer ont été occasionnés par le mauvais temps, hier et ce matin.

Le flambart breton « Louis-Marie », capitaine Legof, venant de Tréguier, avec un chargement d'avoine, levait l'ancre, hier, à neuf heures du soir, pour effectuer son entrée dans le port du Havre, lorsqu'une bourrasque l'a drossé à la côte près des bains Frascati, en face de la place de Provence. Au moyen d'un va-et-vient promptement installé, l’équipage a pu se réfugier sur le galet du Perrey. Mais le bateau parait avoir considérablement souffert dans ses fonds. Les pavois sont défoncés, les voiles en lambeaux, le gréement est disloqué.

Ce matin, la goélette anglaise « Jane-Tindale », capitaine Adams, venant de Newcastle, avec un chargement de charbon à destination de Rouen, et voulant entrer en relâche dans le port du Havre, à été surprise par le coup de vent, vers huit heures, et drossée contre la jetée du Nord. Cet abordage là n'a pas eu de suites fâcheuses, mais un peu plus loin, dans l'avant port, la même goëlette est allée donner debout sur le quai, à l'avant du steamer anglais « Alliance », après avoir brisé les amarres du steamer le « Français ». Cette fois, la « Jane-Tindale » s'est fait d'assez graves avaries. Ses chaînes de sous-barbe, ses étais de beaupré ont été brisés, sa muraille de bâbord a été défoncée, et sa guibre à moitié démolie, la goëlette fait de l'eau par l'avant.

A neuf heures et demie, dans la même matinée, le navire « Panama », donnant dans le chenal au moment du grain, a vainement essayé de mouiller au milieu de l'avant-port. L'ancre n'a pas pu mordre, et le navire est allé sur le pont de la Floride, qu'il a ouvert en partie, et non sans se faire quelques avaries à lui même.

Deux navires sortis samedi, le trois-mâts « Clémentine », capitaine Bos, pour St-Pierre-Martinique, et le brick « Espoir », capitaine Vesnard, pour Rio-Grande, ont du rentrer au Havre, en relâche, ce matin, par suite du mauvais temps, ni l'un ni l'autre de ces navires n'a d'avaries. ( L’Écho Honfleurais)

 

Mars 1861   -   Un lancement difficile.   -   Le trois-mâts a été définitivement lancé jeudi à la marée du matin L'affaissement de la cale où était le navire a seul empêché le glissement du navire jusqu'au bout le premier jour.

Ce grand navire de près de 800 tonneaux construit par MM. Leviels frères, est parti pour le Havre à la remorque du Mercure. ( L’Écho Honfleurais)

 

Mars 1861   -   Des arrestations.   -   Le commissaire de Police a fait arrêter diverses personnes mendiant pour le mal de Saint-Mein, et qui étaient en état de récidive.

Sous prétexte de ce mal de saint et de quête pour la neuvaine, certaines gens en font un métier.

Déjà plusieurs femmes ont été condamnées en police correctionnelle. ( L’Écho Honfleurais)

 

Mars 1861   -   La mort qui rode.   -   Le nommé Hannier (François), âgé de 38 ans, lamaneur, domicilié à Honfleur, est mort subitement le 14 mars, vers 11 heures du matin. Ce décès a eu lieu en mer, à bord de la pirogue n° 2, dont le sieur Hannier tenait la barre. Le sieur Hannier était depuis longtemps atteint d'une maladie de cœur.

Une autre mort presque subite a eu lieu également dans la nuit du 14 au 15, à Honfleur. C'est celle du nommé Villequin (Augustin), âgé de 55 ans, bourrelier, domicilié à la Rivière-Saint-Sauveur. Cet homme a été frappé sur la voie publique d'une attaque d'apoplexie. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1861   -   Un sauvetage.   -    Dimanche 26 mai, vers huit heures du soir, un sieur Cleret (Narcisse), âgé de seize ans, novice à bord du porteur n° 30, capitaine Cléroult, était monté dans une chaloupe qu'il dirigeait au moyen d'un aviron. Arrivé devant le canal de l'usine à zinc de M. Beuzard, dont le courant est très rapide, l'embarcation fut prisé par le travers et chavira.

L'infortuné Cleret ne savait pas nager, mais, fort heureusement, M. le commissaire de police, qui était en tournée de surveillance sur le côté opposé, avait été témoin de l'accident, et, à son appel, le patron du sloop « Marie-Anne », de Honfleur, qui était couché dans son navire, sauta vivement dans sa barque et arriva assez à temps pour porter secours au noyé et le tirer de l'eau.

Le sieur Mérieult (Victor-François), auteur de ce sauvetage, a déjà, nous a-t-on dit, sauvé la vie à plusieurs personnes en danger de périr dans des circonstances pareilles à celles que nous venons de raconter. (Journal de Pont-Audemer)

 

Juin 1861   -   Une mise à l’eau.   -   On annonce la prochaine mise à l'eau, des ateliers Nillas, d'un nouveau steamer construit pour le compte de l'administration de l'hospice du Havre et de Honfleur.

Ce steamer qui portera le nom de « Notre-Dame-des-Flots », mesure, en longueur, 1 mètre de plus que le « Notre-Dame-de-Gráce », qui navigue actuellement entre Honfleur et le Havre, pour la même administration.

La machine du nouveau steamer est aussi plus forte de 10 chevaux que celle de son prédécesseur sur la ligne.

Lorsque l'administration de l'hospice fera construire un troisième bateau, elle pourra l'appeler « Notre-Dame-des-Neiges », et compléter ainsi, dans sa série de dénominations, la Trinité des madones qui veille sur nos côtes. (Journal de Honfleur.)

 

Juin 1861   -   Un enfant abandonné.   -    Dimanche soir, à 11 heures un enfant nouveau-né, a été trouvé à la porte de l'hôpital, et a été recueilli par cet établissement. ( L'Écho Honfleurais)

 

Juin 1861   -   Un accident de la route.   -    Lundi, vers deux heures après-midi, le chartier de M. Oriot, du Breuil, conduisait, quai St-Etienne, une voiture chargée de deux fûts de cidre, Arrivé devant l'auberge, « la Ville de Bordeaux », à l'encoignure des Fossés, il voulut tourner sa voiture, l'arrière du côté du bassin, mais la pente entraîna le cheval et la voiture tomba à bord de la bisquine « Constance », de St-Malo et lui fit des avaries de peu d'importance à sa lisse ; la voiture fut brisée, les fûts de cidre n'eurent aucun mal. ( L'Écho Honfleurais)

 

Juin 1861   -   Le dérèglement climatique.   -   Il semble depuis quelques années, que les perturbations atmosphériques marchent de pair avec les commotions politiques que ébranlent le sol de la vieille Europe. Nous avons eu un mois de mai moins pluvieux que l'année dernière, mais, il était réservé au mois de juin de déchaîner sur nous de terribles orages, et des pluies intermittentes mais très fortes.

Paris à présenté à différentes reprises, un phénomène singulier, tandis que plusieurs quartiers étaient inondés par des torrents de pluies, il ne tombait pas une goutte d'eau sur d'autres points de la capitale.

Déjà ces ondées bienfaisantes ont modifié l'aspect des campagnes, qui commençaient à souffrir de la sécheresse. L'état des récoltes laisse d'ailleurs beaucoup à désirer. Les blés sont également maigres et les prairies claires.

Presque partout il a fallu réensemencer les betteraves. Par compensation les vignes sont partout admirables, à quelques exceptions près.

Depuis trois jours la chaleur a été très grande, les thermomètres se sont élevés à 41 degrés au soleil, vendredi. ( L'Écho Honfleurais)

 

Juin 1861   -   Un abordage.   -   Vendredi, un brick anglais et le passager entrant en même temps se sont abordés au bout de la jetée du milieu sans se faire d'avaries le brick a donné en grand sur la jetée. ( L'Écho Honfleurais)

 

Juin 1861   -   Un accident.   -   Vendredi, un nommé Guerrier, employé à la savonnerie chez MM. Sorel a été saisi par un engrenage et a eu le dos très avarié. ( L'Écho Honfleurais)

 

Juin 1861   -   Le tribunal correctionnel de Pont-l’Évêque.   -   Dans son audience du 12 juin, à condamné :

Colin (Louis-Oscar), 24 ans, marin, né et demeurant à Honfleur, à 6 mois de prison, pour violence envers un agent de police et un citoyen chargé d'un ministère de service public, pendant qu'ils exerçaient leur ministère. ( L'Écho Honfleurais)

 

Juillet 1861   -   Un accident.   -   Un accident déplorable est arrivé, mercredi dans l'après-midi, à côté du phare de l'Hospice. Une jeune fille appartenant à l'Hospice était au bain avec deux de ses compagnes, lorsque, venant à perdre pied, elle a été entraînée par le courant qui est très fort en cet endroit.

Cette malheureuse s'est noyée, malgré le dévouement du gardien du phare qui, ne sachant pas nager, s'est mis à l'eau et a risqué sa vie pour la sauver.

Le cadavre a été retrouvé, le soir, à peu de distance, engagé dans des pieux qui se trouvent sur la grève.   (J. d'Honfleur.)

 

Juillet 1861   -   Chronique religieuse.   -   Mgr l'évêque de Bayeux et Lisieux vient d'adresser à MM. les curés la lettre suivante prescrivant des prières publiques pour demander à Dieu la cessation des pluies, qui donnent les plus sérieuses inquiétudes pour les récoltes :

 

Monsieur le curé,                   Bayeux, le 18 juillet 1861.

 

La persévérance des pluies inspire aux campagnes de sérieuses inquiétudes, et je sais que les religieuses populations de ce diocèse désirent vivement que des prières publiques soient ordonnées pour écarter le fléau qui nous afflige.

C'est pour obéir à ce vœu trop légitime qu'en terminant la dernière retraite sacerdotale, j'ai autorisé MM. les curés qui en faisaient partie à célébrer dans leur paroisse une neuvaine à cette intention. Depuis dimanche, ces prières ont lieu dans l'église cathédrale et dans la plupart des églises du diocèse.

C'est l'union, Monsieur le curé qui donna la force à la prière publique. Vous inviterez donc vos paroissiens à s'associer à nos supplications pour obtenir du ciel la cessation de ces pluies désastreuses.

Notre intention est que, pendant neuf jours, il soit donné, dans chaque paroisse et dans la chapelle du grand séminaire, où s'accomplissent avec édification les exercices de la seconde retraite, un Salut de pénitence. On y chantera les antiennes au Saint Sacrement, à la Sainte Vierge, le psaume Deus noster, refugium et virtus, et le trait Domine, non secundum, qu'on terminera par les versets et oraisons accoutumés, auxquels on ajoutera l'oraison Ad postulandem aeris serenitatem.

Recevez, Monsieur le curé, l'assurance de mon sincère et affectueux dévouement.    

Charles

« Évêque de Bayeux et Lisieux. »    ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1861   -   Cours d’Assises du Calvados.   -   Présidence de M. le Conseiller Coqueret.  Audience du 3 août.

Infanticide.

On se demande, à la vue de l'accusée qui est jeune et jolie, dont les traits ont l'expression de la plus grande douceur, si elle est réellement l'auteur du crime qui, il y a six mois, jetait l'effroi dans toute la population de Honfleur ; on se demande par quelle aberration cette femme, sourde au cri de la nature, a impitoyablement donné la mort à un pauvre petit être, en l'enfermant d'abord dans un coffre, et, comme la vie ne s'échappait pas assez vite de l'innocente victime, en lui coupant la gorge avec des ciseaux.

L'accusée est née en Angleterre. Cinq mois avant son crime, elle avait quitté son pays pour entrer, en qualité de demoiselle de compagnie, au service d'une riche famille anglaise qui habite Honfleur ; les recommandations les plus honorables l'ont accompagnée en France, où sa douceur ordinaire lui avait promptement concilié de nombreuses sympathies, et, aujourd'hui, la présence, au banc de la défense, du vice-consul britannique à Caen et celle du ministre protestant anglais dans cette ville témoignent de tout l'intérêt qu'on attache à cette affaire.

M. Dupray, substitut du procureur général, occupe le siége du

ministère public, et Me  Villey, avocat, est chargé de la défense. M. Wheatcroft, professeur de langue anglaise, assiste l'accusée on qualité d'interprète.

M. le président fait le résumé de l'affaire.

Après vingt minutes de délibération, le jury rapporte un verdict de culpabilité, tempéré, toutefois, par l'admission de circonstances atténuantes.

L'accusée, qui avait été reconduite en prison, est ramenée à l'audience. Elle paraît accablée.

M. le greffier fait connaître la décision du jury, et la Cour condamne la fille Hendy à la peine de six ans de travaux forcés.

Aussitôt après le prononcé de la peine, Me  Villey dépose des  conclusions tendant à ce qu'il lui soit donné acte de ce que les notifications ordinaires ont été faites en français à l'accusée.

La Cour fait droit aux conclusions du défenseur.

La fille Hendy se retire ensuite péniblement à la prison. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Août 1861   -   Incendies.   -    Le 3 de ce mois, vers onze heures et demie du soir, un incendie, qu'on croit accidentel, a réduit en cendres un bâtiment à usage de forge, situé dans le chantier des constructions navales, à Honfleur. Ce bâtiment appartenait au sieur Cardon, constructeur. Il était assuré, ainsi que le matériel, à la Compagnie du Phénix.

La perte est évaluée à 15 ou 14 000 fr.

-   Le 7, un commencement d'incendie a éclaté au domicile du sieur Détourneur, douanier à Honfleur ; mais de prompts secours ont permis de s'en rendre maitre presque instantanément. La perte est évaluée à 180 fr. Rien n'était assuré. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   Cours d'eau.   -   Vœu que M. le préfet veuille bien prendre des mesures définitives avec les commissions syndicales pour la direction et l'exécution du curage de chaque cours d'eau. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   Dévasement du port de Honfleur.   -   Vœu qu'un crédit spécial de 25 000 fr., pour dévasements extraordinaires, continus d'être alloué, en 1862, au port de Honfleur, ainsi qu'il l'a été pendant les années 1859, 1860 et 1861. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Octobre 1861   -   Un accident.   -   Mardi dernier, un banneau, attelé d'un cheval, est tombé du quai Sainte-Catherine dans le Vieux-Bassin, à Honfleur.

Grâce au concours des personnes obligeantes qui se trouvaient là au moment de l'accident, le cheval et la voiture ont été remis sur le quai. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Octobre 1861   -   Une découverte.   -   Le 5, des ouvriers, en creusant une fosse dans la cour du sieur Fremont, à Honfleur, mirent à jour un squelette en assez bon état de conversation, aussi l'autorité fit-elle appeler un médecin qui constate qu'il devait être là depuis quarante ans environ. Les débris en furent réunis et transportés à l'hospice. On se perd en conjectures sur cette découverte. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Octobre 1861   -   Les récompenses.   -   Sur la liste des récompenses accordées par le ministre de la marine et des colonies, publiée dans le « Moniteur universel » d'hier, nous trouvons les noms de courageux citoyens appartenant à notre département. :

Témoignage de satisfaction : Françoise (Jules-Lucien). mousse inscrit à Caen, et Colleville (Pierre Jean-François). marin inscrit à Caen, pour sauvetage d'un enfant, à Port-en- Bessin, le 4 mai 1861.

Témoignage de satisfaction :  Durand (Grégoire-Amand), marin inscrit à Honfleur, pour sauvetage d'un matelot anglais, à Honfleur, le 12 juin 1861.

Médaille d'argent de 2e classe.

Témoignage de satisfaction : Le Bellois (Victor), charpentier inscrit à Honfleur, et Bauquin (Désiré-François), débitant de boissons à Honfleur, pour sauvetage d'un enfant, à Honfleur, le 15 juin 1861.

Le Menu (Édouard-Pascal-Frédéric), maître au cabotage inscrit à Honfleur, pour sauvetage d'un homme ; belle conduite à l'occasion d'une inondation ; sauvetage d'un homme, à la Douille, juillet 1840 ; Granville, 8 juin 1859 ; île de Jersey, 3 décembre 1860. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Novembre 1861   -   Un drame de la mer.   -   Samedi soir, vers 8 heures, un malheur est arrivé dans le port d'Honfleur.

La plupart des relâcheurs étaient le long de la jetée de bois, l'un d'eux ayant rompu son amarre et s'en allant en dérive, le novice de la goëlette l' « Amélie » de Caen voulut sauter du bord sur le quai, ( la mer était très haute ), mais, ayant manqué son élan, il tomba sur le couronnement de la jetée et rebondit à la mer. Le mousse qui était présent cria au secours; mais, avant que ce recours n'arrivât, le novice avait disparu, et ce n'est que quelques instants après qu'on l'a repêché avec une gaffe. Il était noyé.

Ce jeune homme n'avait que 17 ans, il est né à Plœmeur (Morbihan), et se nomme Joseph-Marie Raisin. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Novembre 1861   -   Un naufrage.   -   Samedi 2 novembre, vers une heure après-midi, dit le Journal de Honfleur, la pirogue « Camille », qui se trouvait près les bains de Vasouy, a chaviré, et deux des marins qui la montaient ont pu gagner le rivage à la nage. Deux autres, les pilotes Hallot et Abrard, étaient restés accrochés à la quille de l'embarcation. Un d'eux, âgé de 70 ans, le nommé Abrard, a pu être sauvé, grâce à l'énergie de son camarade, car, les forces venant à lui manquer, il avait, à plusieurs reprises, lâché la quille de la pirogue sur laquelle il se soutenait, et, chaque fois, le pilote Hallot l'a retiré des flots et l'a soutenu ainsi jusqu'à ce qu'une autre pirogue vint les recueillir tous les deux.

Le pilote Hallot est chevalier de la Légion d'Honneur, il a mérité cette distinction par plusieurs sauvetages qu'il a opérés. Sa conduite, dans cette circonstance difficile, mérite tous les éloges.

La pirogue qui les a sauvés est celle montée par le nommé Jules Mariole, pilote. M. Trotin, constructeur, avait mis également une embarcation à la mer pour se porter à leur secours. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Décembre 1861   -   Un peu de statistique à propos du dernier recensement.   -   Nous avons fait connaître déjà le résultat sommaire du recensement auquel, cette année, il a été procédé dans notre ville. Le tableau de la population du département, que nous avons sous les yeux, nous permet de communiquer aux lecteurs de l'Ordre et la Liberté les renseignements suivants, qu'on lira peut-être avec intérêt :

Le département du Calvados, qui compte 6 arrondissements et 37 cantons, comprend 767 communes, divisées de la manière suivante, sous le rapport de la population : au-dessous de 100 habitants, 12 ; de 100 à 200 h., 100 ; de 201 à 300 h., 164 ; de 301 à 400 h., 131 ; de 401 à 500 h., 90 ; de 501 à 1 000 h., 198 ; de 1 001 à 1 500 h., 42 ; de 1 501 à 2 000 h., 12 ; de 2 001 à 3 000 h., 6 ; de 3 001 à 4 000 h., 4 ; (il n'existe pas de communes de 4 001 à 5 000 h.); de 5 001 à 10 000 h., 6 ; de 10 001 à 20 000 h., 1 ; enfin de 20 001 habitants et au dessus, 1.

La commune de Malloué, dans le canton de Bény-Bocage, est celle du département qui à la population la plus faible, elle ne compte que 75 habitants.

Les dix-huit communes dont le dénombrement est le plus élevé sont, en suivant l'ordre progressif : Aunay, 2 005 h. ; Douvres, 2 131 h. ; Isigny, 2 305 h. ; Saint-Désir, 2 347 h. ; Littry, 2 351 h. ; Saint-Germain-de-Tallevende, 2 940 h. ; Vassy, 3 080 h. ; Pont-l'Evêque, 3 114 h. ; Saint-Jacques, 3 234 h. ; Orbec, 3 266 h. ; Trouville, 5 200 h. ; Vire, 7 036 h. ; Condé-sur-Noireau, 7 234 h. ; Falaise, 8 561 h. ; Bayeux, 9 483 h. ; Honfleur, 9 553 h. ; Lisieux, 13 121 h. , et Caen, 43 740 h.

Parmi les cantons, neuf n'atteignent pas le chiffre de 10 000 habitants. Ce sont : Cambremer, 6 997 h. ; Saint-Pierre-sur-Dives, 7 790 h. ; Mézidon, 8 172 h. ; Livarot, 8 474 h. ; Morteaux-Coulibœuf, 8 522 h. ; Blangy, 8 666 h. ; Dozulé, 8 761 h. ; Falaise (Sud), 8 906 h. ; Bourguébus, 9 019 h.

Vingt-un ont une population de 10 000 à 15 000 habitants : Villers-Bocage, 10 631 h. ; Caumont, 11 062 h. ; Ryes, 11 310 h. ; Trévières, 11 666 h. ; Aunay, 11 875 h. ; Vassy, 12 092 h. ; Évrecy, 12 145 h. ; Orbec, 12 293 h. ; Bény-Bocage, 12 674 h. ; Troarn, 12 834 h. ; Creully, 12 880 h. ; Falaise (Nord), 13 394 h. ; Tilly-sur-Seulles, 13 455 h. ; Bretteville-sur-Laize, 13 724 h. ; Thury-Harcourt, 13 734 h. ; Condé-sur-Noireau, 14 174 h. ; Lisieux, (1re  section), 14 368 h. ; Bayeux, 14 531 h. ; Saint-Sever, 14 585 h. ; Douvres, 14 892 h. ; Isigny, 14 947 h.

Cinq cantons présentent une population qui varie de 15 000 à 18 000 environ : Balleroy, 15,571 h. ; Pont-l'Evêque, 15 755 h. ; Honfleur, 16 423 h. ; Lisieux (2e section), 17 044 h., et Vire, 17 710 h.

Enfin les deux cantons de Caen offrent les chiffres suivants : canton ouest, 22,343 h. ; canton est, 28 225.

Le total général de la population pour le département est de 480 992. Il est réparti ainsi qu'il suit dans les six arrondissements: Pont-l'Evêque, 56 701 h. ; Falaise, 58 026 h. ; Lisieux, 67 667 h. ; Bayeux, 79 064 h. ; Vire, 83 110 h., et Caen, 136 424 h.

D'après le dénombrement fait en 1856, deux arrondissements présentent une différence en moins : Falaise, de 690 individus, et Vire, de 1 189. La population des quatre autres arrondissements s'est accrue ainsi : Bayeux, 329 h. ; Lisieux, 957 h. ; Caen, 1 369 h. ; Pont-l'Evêque, 1 839 h. Le total de la différence en plus, pour le département, est donc de 2 595 individus.

Du rapprochement de ces chiffres, on voit que, si le Calvados était livré à ses propres ressources, et en admettant même le mariage de tous les garçons indigènes, 4 071 filles seraient encore nécessairement condamnées au célibat. On voit également que la femme semble supporter plus stoïquement les douleurs du veuvage, puisque le nombre des veuves dépasse de 18 888 celui des veufs.

L'arrondissement qui a le plus de veuves à consoler est Caen, qui en compte 8 802 ; vient ensuite Bayeux, 5 185 ; puis Vire, 5 138, et Lisieux, 4 493. Falaise et Pont-l'Evêque sont ceux qui en ont le moins.

Après Caen, c'est dans l'arrondissement de Vire où l'on trouve le plus de veufs, 2 074. viennent ensuite ceux de Lisieux, 1 896 ; de Bayeux, 1 890 ; de Falaise, 1 574, et Pont-l'Evêque, 1 406. Seule, la ville de Caen compte 1 000 veufs et 2 651 veuves.

Il nous reste maintenant à faire connaître le dénombrement de la population caennaise, par professions. Ce sera l'objet d'un prochain article. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Décembre 1861   -   Excès de vitesse.   -   Samedi dernier, un paysan partait de la ville monté dans sa voiture et son cheval était lancé à fonds de train.

Un gendarme lui fit observer qu'il y avait imprudence à aller aussi vite et le pria de modérer son allure. Le paysan n'en fit rien et force fut au gendarme d'arrêter cet homme qui était échauffé par la boisson.

Qui fut penaud ? Ce fut le paysan en voyant son cheval et sa voiture conduits en fourrière. Il pria le gendarme de le laisser partir, et promettait de payer six cents francs, s'il tuait quelqu'un. On a envoyé l'homme cuver son vin. ( Le Journal de Honfleur )

 

Décembre 1861   -   Rendez donc à César ce qui appartient à César.   -   Le Journal du Havre de samedi dernier rend compte de l'échouage en Basse-Seine du steamer à hélice français « Stéphanie », qui a eu lieu vendredi, en face de Honfleur, à cinq kilomètres au large, (Nord).

Dans cet article, le journal dit qu'il s'est échoué sur le haut du banc Sud de Honfleur. Il aurait du dire Nord de Honfleur, car, Sud de Honfleur, ce serait dans les terres labourées. C'est une fausse indication donnée au journal. Mais ce qui nous surprend, c'est qu'on ne parle en rien des secours venus d'Honfleur, envoyés par le Lieutenant de port, et consistants en deux bateaux d'aide, montés de trois pilotes et neuf lamaneurs, qui ont travaillé toute la journée et une partie de la nuit au sauvetage du navire en danger.

Après avoir retiré du navire « Stéphanie » une partie de son chargement, ce steamer a été remorqué au Havre, par le « Vaillant » et y est entré à minuit, ayant 8 pieds d'eau dans sa cale. ( Le Journal de Honfleur )

 

Décembre 1861   -   Liste des récompenses.   -   Le Moniteur universel a publié une liste de récompenses accordées par décision de M. le ministre de la marine et des colonies pour faits de sauvetage.

Voici les noms des courageux citoyens appartenant à notre département :

Médaille d'or de 2e classe : M. Degroux (Michel-Joseph-Fleurus), quartier-maître de voilerie, inscrit à Honfleur. Le 25 février 1841, à Saint-Marc-de-Blacarville, est allé recueillir une famille dont la maison était menacée par les débordements de la Risle ; le 27 juillet 1861, à Honfleur, a sauvé un mousse en danger de se noyer.

Médailles d'argent de 2e classe : MM. Toutain (Jean-Baptiste-Louis), Toutain (Pierre-Robert-Édouard), Barrey (Pierre-Victorin), tous trois maîtres au cabotage et inscrits à Honfleur ; Dutheil (Louis-Auguste), menuisier à Trouville, et Godreuil (Émile-Constant), ébéniste à Trouville. Le 26 juillet, à Trouville, sauvetage de plusieurs personnes en danger de se noyer.

Témoignage de satisfaction : M. Duroy, directeur d'un établissement de bains de mer de Trouville. Le 26 juillet 1861, à Trouville, s'est porté au secours de personnes en danger de se noyer.

M. Dur (Jean-Baptiste), ouvrier charpentier, inscrit à Honfleur. Le 5 août 1856, à Honfleur, sauvetage d'un homme en danger de se noyer.

Médaille d'argent de 2e classe : M. Dur (Jean-Victor), ouvrier charpentier, inscrit à Honfleur. Le 16 juillet 1846 et le 29 mai 1859, à Honfleur, sauvetage de deux hommes en danger de se noyer. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Janvier 1862   -   Le sauvetage en mer.   -   On écrit de Paris qu'on s'occupe au ministère de la marine de l'organisation de moyens de sauvetage sur le littoral français.

Ce projet ne saurait trop tôt être mis à exécution et avec trop de zèle. Les naufrages sont fréquents, ils se multiplient en raison de l'activité croissante de la navigation, et chaque année voit périr bien des victimes que des secours plus efficaces pourraient arracher à la mort.

Dans la Grande-Bretagne, on travaille avec persévérance à accroître le nombre des stations de sauvetage, il y en avait 124 à la fin de 1856 et 173 à la fin de 1860. L'institution nationale de sauvetage a créé de nombreuses stations que dirigent des comités locaux. Des bateaux de sauvetage sont placés sur bien des points du littoral avec des voitures de transport et des abris convenables pour leur conservation.

Depuis son origine, cette société a sauvé plus de 12 000 personnes. Elle distribue des médailles, des diplômes honorifiques et des récompenses en argent. Dans une période de 55 ans (c'est en 1824 qu'elle a été créée), elle a décerne 82 médailles en or, 666 médailles en argent et une somme de 350 400 fr. en récompenses pour faits de sauvetage, elle a, en outre, dépensé 1 158 760 fr. pour organiser des stations.

Nous croyons qu'il est utile de signaler ces faits, parce qu'il y a encore beaucoup à faire en France sous ce rapport. (Journal de Honfleur)

 

Janvier 1862   -   Un abordage.   -   Mercredi soir, vers 8 heures, un abordage malheureux a eu lieu entre le vapeur « Notre-Dame-de-Grace », cap. Alf. Dubourg, et la barque de pêche de Honfleur « Véronique », patron Hamon.

Le vapeur venant du Havre, par un temps de pluie et de brouillards, n'aperçut que tardivement la barque qui était mouillée à l'ouvert du port, bout à flot, sans aucun feu ni signal apparent. Le capitaine fit stopper et marcher, arrière, mais le grand flot l'eut bientôt porté sur la barque qui reçut le vapeur par le travers du mât du côté de tribord. Une voie d'eau se déclara et les hommes hélèrent qu'ils coulaient.

Le capitaine Dubourg revient vers la barque et recueillit l'équipage compose de six hommes dont deux pilotes, quant au mousse, il se trouvait à la mer, soutenu par un aviron. Il a été recueilli un peu plus tard, travers des chantiers de l'Est, par une pirogue du port, commandée par le maître haleur Leconte.

La barque a coulé presque immédiatement à environ 300 mètres du bout de la jetée de l'Ouest de Honfleur.

Le matin même, l'équipage de la barque avait vendu son poisson au Havre et avait fait route ensuite pour Honfleur, elle avait son beaupré cassé.

Les neuf cents et quelques francs provenant de la vente du poisson, sont restés à bord ainsi que trois montres et les effets de l'équipage.

Jeudi, plusieurs bateaux sont sortis pour essayer de renflouer cette barque, mais le mauvais temps a paralysé le travail. On a cependant cintré le bateau coulé avec une chaîne et si le temps s'améliore on continuera le sauvetage.

A mer basse, on a à peine vu les lisses et on n'a pu descendre dans la cabane pour prendre l'argent, les montres et les effets.

Samedi. - Le temps n'a pas permis de travailler efficacement, jusqu'à présent au sauvetage, et l'espoir que l'on avait, disparaît petit à petit. (Journal de Honfleur)

 

Janvier 1862   -   Par décision du 30 Décembre 1861.   -   S. E. le Ministre de la Marine et des colonies a accordé, pour faits de sauvetage. 

   Une médaille de première classe, en argent, au nommé His, matelot de deuxième classe, du quartier de Honfleur.

   Une médaille de deuxième classe en argent à la dame Hurel, Lucie Désirée, née Halley demeurant, à Pont-Audemer. (Eure.)

   Une gratification de 50 fr. à l'aspirant pilote Hallot, Alphonse-Victor, de la station de Honfleur. (Journal de Honfleur)

 

Janvier 1862   -   Une noyade.   -   Hier matin, un jeune homme de 15 ans, nommé Miocque, que son père avait envoyé lui faire une commission, a voulu s'embarquer dans une chaloupe placée dans le bassin de l'Ouest, du côté du quai Ste-Catherine et est tombé à l'eau.

Les personnes témoin de cet événement se sont empressées de porter secours à l'enfant, mais celui-ci avait coulé et ce n'est qu'après 20 minutes de recherches, qu'on l'a repêché donnant encore quelques signes de vie qui n'ont pas tardé à disparaître, malgré les soins que lui a prodigués M. le docteur Lamare, dans la pharmacie de M. Delarue-oncle.

Une personne dont nous n'avons pu savoir le nom, a plongé deux fois infructueusement. (Journal de Honfleur)

 

Février 1862   -   Une mort subite.   -   Le 5 de ce mois, vers 8 heures du matin, le sieur Lerat (Amand), âgé de 70 ans, né et domicilié à Honfleur, ancien capitaine au cabotage, venait de monter très rapidement la Côte-de-Grâce, afin d'arriver pour l'heure de la messe de la chapelle de Notre-Dame-de-Grâce. Parvenu sous le vestibule de la chapelle, il est tombé en défaillance

Relevé et placé sur une chaise par plusieurs personnes présentes, il fut aussitôt l'objet des soins les plus empressés. Malheureusement ils furent impuissants, et, au bout d'un quart d'heure, le sieur Lerat rendit le dernier soupir. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1862   -   Mise en chantier.   -   Un vapeur de l'État vient d'être mis sur les chantiers de M. Cardon, constructeur à Honfleur. Ce navire s'appellera le « Curieux », et sera armé à Cherbourg. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1862   -   On écrit d'Honfleur.   -   Dimanche dernier, 29 janvier, vers 6 heures 1/2 du soir, un accident, qui pouvait avoir les suites les plus graves, est arrivé à un nommé Vacanant, ouvrier briquetier, ágé de 44 ans, employé chez la dame Pastout, à Ablon. Cet homme, se trouvant en état d'ivresse, est tombé dans le bassin du Centre, où il eût été infailliblement noyé, si les sieurs Bosselier, débitant de boissons et Lecouvé, employé des douanes, ne fussent promptement venus à son secours. Il en a été quitte pour la peur et un bain froid.

Trop heureux, si le danger qu'il a couru lui sert de leçon. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1862   -   Macabre découverte.   -   On a trouvé dimanche matin, 2 de ce mois, dans l'avant-port d'Honfleur, le cadavre d'un homme paraissant âgé de 60 ans environ et dont la mort semblait être le résultat d'un crime. Ses vêtements étaient déchirés et le corps portait la trace de plusieurs blessures.

M. le commissaire de police commença une enquête avec М. le maréchal-des-logis de la gendarmerie, et ils informaient de ce fait M. le procureur impérial de Pont-l'Evêque, qui se rendit à Honfleur avec M. le juge d'instruction et M. le docteur De Lamotte.

On ignorait quel était cet homme, lorsqu'une circonstance imprévue permit de constater son identité. M. Chevalier, marchand d'antiquités à la Côte-de-Grâce, ayant su que cet individu était allé samedi chez le sieur Chemitte, restaurateur, et qu'on l'avait vu ensuite près d'un taillis qui se trouve le long de la falaise, en descendant au chemin de Vasouy, eut la curiosité de voir s'il ne serait pas entré dans le taillis et si on n'y trouverait pas quelques indices pouvant éclairer la justice. Il trouva, à une certaine distance de l'entrée du taillis, au milieu de broussailles, un portefeuille déchiré, à moitié brûlé, et plusieurs papiers auxquels on avait mis le feu.

Pensant que ces papiers pouvaient contenir quelques renseignements utiles, M. Chevalier s'empressa, après avoir préposé une femme à leur garde, de venir lui même informer les magistrats de sa découverte. On se rendit immédiatement à l'endroit où se trouvaient ces objets. Bien que les papiers fussent presque entièrement brûlés, on put reconnaître cependant qu'ils appartenaient, en effet, à l'individu dont la mort était l'objet d'une information judiciaire. Ces premiers indices, et les renseignements obtenus plus tard à la suite d'une enquête minutieuse, ont démontré que la justice n'avait à constater qu'un suicide et non pas un assassinat, comme on l'avait pensé tout d'abord.

L'individu dont le corps a été retrouvé est un sieur M…….., commerçant à Paris, qui parait s'être suicidé par suite du mauvais état de ses affaires, et qui avait voulu, en détruisant ses papiers, empêcher qu'on ne puisse constater son identité. Tout en déplorant cet acte de folie, malheureusement trop fréquent à notre époque, nous sommes heureux que la justice ait pu parvenir presque immédiatement à connaître le véritable caractère d'un événement qui était de nature à causer une vive émotion dans le pays. (Pays-d'Auge.)

 

Avril 1862   -   Chemin de fer de l’Ouest.   -  Ligne de Lisieux à Honfleur.

Il résulte du rapport du conseil d'administration de la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest, à l'assemblée générale des actionnaires du 29 mars 1862, que la section de Pont-l'Evêque à Honfleur pourra être ouverte au public le 1er juillet prochain.

La première section de Lisieux à Pont-l'Evêque étant déjà en exploitation (depuis le 1er juillet 1858), la ligne entière se trouvera ainsi complètement ouverte. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1862   -   Le temps qu’il fait.   -   Depuis quelques jours, la température a subi chez nous de singulières variations.

Après une période de belles journées de printemps, dimanche dernier, nous avons vu tomber la neige, qui, dans certains moments, chassée par un vent violent, s'abattait à gros flocons sur notre ville. Le froid était sensible, et le thermomètre, qui, pendant la nuit, avait marqué deux degrés au-dessous de zéro, ne s'est pas élevé, dans la journée, au-dessus de 3 degrés.

Hier lundi, on constatait, dans la nuit, 1 degré au-dessous de zéro, et, à 2 heures 15 minutes du soir, il marquait 8 degrés au dessus ; ce matin, à 7 heures, il était ramené à 2 degrés.

Les jardins, dont tous les arbres étaient en fleurs, ont eu beaucoup à souffrir de cet abaissement de la température.

On dit qu'il a gelé dans la campagne, espérons néanmoins que cette gelée ne portera aucun préjudice à l'état des récoltes, qui s'annonçaient sous un brillant aspect. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1862   -  On écrit au Journal de Honfleur.   -    Le mauvais temps qui a sévi depuis quelques jours a été préjudiciable à tous les biens de la terre, néanmoins, sous l'influence d'un peu de soleil vendredi, les seigles qui étaient versés se sont relevés, et le mai sera bien moindre que l'on aurait pu le penser.

Les pommiers, si le beau temps continue, pourront achever leur floraison dans de bonnes conditions. Il est vrai qu'il y a beaucoup de clous de girofles, mais à côté, heureusement, il y a aussi beaucoup de pommes déjà nouées. Les blés et les colzas sont aussi bons que possible.

Il serait à désirer que l'on s'occupât sérieusement de détruire les quantités de hannetons qui existent, et qui ont mangé les parties supérieures de la plupart des chênes de nos bois. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1862   -  Un naufrage.   -   Mercredi, à midi, la bisquine « Marie-Louise », de Granville, capitaine Guesnon, maître au cabotage, partie la veille du Havre à destination d'Isigny, avec un chargement de farine et divers, a chaviré et coulé, dans un grain de vent d'ouest, à 15 milles environ de Ver dans le N.-N.-E.

Ce sinistre a été heureusement aperçu par les hommes qui montaient la barque de pêche « Eugénie-Mélanie », n° 9, de Trouville, patron Eugène Ollivier, qui se trouvait à environ deux milles du lieu de l'événement, traînant son chalut.

Le patron Ollivier a mis immédiatement son canot à l'eau, et, malgré le mauvais état de la mer, s'est porté avec plusieurs de ses hommes, dont nous regrettons de ne pouvoir signaler les noms, au secours des naufragés, qui s'étaient accrochés à la coque du navire, et ils ont été assez heureux pour les sauver.

Après des peines inouïes, une remorque a pu être frappée sur l'épave, et ils sont venus jusqu'en face de Vasouy, et, à la marée suivante de jeudi, le flot les a emmenés vis-à-vis de Honfleur, d'où le bateau à vapeur « Notre-Dame-de-Grâce », capitaine Dubourg, a été chercher le navire naufragé et a réussi à l'entrer dans l'avant-port.

La bisquine, mise sur le gril, a été relevée et ensuite déchargée. Sa coque parait avoir peu souffert, mais deux de ses mats sont cassés et une partie de son gréement est très avarié.  (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1862   -   L'inauguration de notre chemin de fer.   -   Si nous sommes bien informe, dit le Journal de Honfleur, l'inauguration de notre chemin de fer aurait décidément lieu le dimanche 6 juillet.

La population a généralement bien répondu à l'invitation qui lui était faite de souscrire pour le banquet et le bal ; la souscription s'élève à un chiffre assez rond.

Pour ce qui est du programme définitif des fêtes qui auront lieu ce jour, la commission travaille sans relâche à les organiser, et nous ne doutons pas qu'il ne réponde aux vœux de nos concitoyens. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1862   -   Un naufrage.   -   L'année semble fatale à notre population maritime, dit le Journal de Honfleur du 6, et, aux deux naufrages que nous avons signalés, nous avons un deuil à ajouter : lundi soir, une pirogue, montée par deux hommes, les sieurs Vas et Manoury, a chaviré en face de Honfleur, au moment où elle revenait de la pêche des moules. On s'est porté avec le plus d'empressement possible à leur secours, mais hommes et pirogue avaient déjà disparu.

Mardi soir, le corps du sieur Manoury a été trouvé et recueilli par une embarcation, celui de Vas n'a pas encore été retrouvé. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1862   -   Les bibliothèques.   -    Le Journal général de l'Instruction publique contient un arrêté de M. Rouland, en date du 1er juin, portant qu'il sera établi dans chaque école primaire publique une bibliothèque scolaire. A cet arrêté sont jointes une circulaire aux préfets et une autre aux recteurs, relatives à l'organisation de ces bibliothèques. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1862   -   Une tempête.   -   Mercredi, dit le Journal de l'Arrondissement, le vent soufflait en tempête et la mer était très houleuse. On nous signale plusieurs avaries. Le steamer « Orne », entr'autres, est entré au port, vers trois heures après midi, venant de Caen, avec trois pelles de moins dans son tambour, au milieu de la traversée, un seul coup de lame, mais d'une violence irrésistible, les lui avait enlevés en tordant toutes les ferrures de la roue, de telle sorte que le steamer, quand il est entré, ne battait plus que d'une aile, il avait eu recours à la voile.

De son côté, le steamer « Courrier », qui fait le service du Havre à Honfleur, avait eu son tambour de bâbord endommagé, dans la traversée de retour. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1862   -   Le Journal de Honfleur annonce.  -   Le 11, vers 11 heures du matin, la cuve du gazomètre de l'usine à gaz a éclaté et à failli noyer un des ouvriers qui travaillaient dans une fosse à côté, pour la construction d'un autre gazomètre.

Cet accident est arrivé par un défaut de coulage dans les plaques de fonte qui forment cette cuve. L'ouvrier le plus maltraité va aussi bien que possible, et on espère qu'il n'éprouvera aucune suite fâcheuse de cet accident.

La Compagnie du gaz s'occupe activement à faire réparer les dégâts et fait tout son possible pour nous donner un peu d'éclairage dans nos rues. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1862   -   Nous lisons dans le Journal de Honfleur.  -   La réception des travaux de la dernière lacune du chemin de moyenne communication nº 69 de Trouville à Honfleur par Villerville, a eu lieu le 12 août dernier.

Cette ligne se trouve donc désormais entièrement livrée à la circulation, et les communications avec Trouville peuvent avoir lieu directement par ce chemin dont l'achèvement était depuis si longtemps désiré. Aussi une foule de promeneurs l'ont-ils déjà parcouru dans tous les sens et en ont-ils admiré les points de vue remarquables.

Il faut, en effet, avoir fréquenté ce chemin pour apprécier tout le charme que l'on éprouve en présence des magnifiques perspectives qui s'offrent aux yeux de tous côtés.

La vue de la mer dont on jouit dans presque toute la longueur du parcours, celle de l'embouchure de la Seine avec son mouvement continuel de navires de toute espèce, les coteaux boisés, les champs cultivés qui bordent le chemin, font éprouver des sensations tellement variées que la distance disparaît et se trouve franchie sans ennui et sans fatigue.

Les nombreux étrangers qui se trouvent en ce moment à Villerville ont vu avec plaisir l'ouverture de ce chemin qui facilite leurs relations avec Trouville, et qui leur permet, sans avoir à souffrir continuellement du bruit et du mouvement inhérents à une grande ville, de jouir, quand il leur plait, des distractions qu'offre cette reine des bains.

En effet, Villerville offre à la fois le plaisir des bains de mer et le repos de la campagne, car, à quelques pas du rivage, on est au milieu d'une verdure luxuriante, et là, loin du bruit, on se délasse du séjour des villes et on répare en peu de temps les désordres causés à la santé par l'air corrompu des cités.

Les bains de Villerville ne pourront donc que gagner à l'ouverture du chemin de Trouville à Honfleur, et les relations de cette localité avec ces deux villes ne manqueront pas de s'accroître, surtout si, comme on le désire, un service régulier de voitures publiques dessert cette ligne appelée à une importance remarquable. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1862   -   La route du littoral.   -   Le prolongement de la route de moyenne communication n° 69, dite de Honfleur à Trouville, a dù être reçu le 11 dans l'après-midi.

On peut donc désormais se rendre de Honfleur à Trouville, en suivant tout le littoral. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1862   -   Récompense.   -   Le Moniteur universel de samedi publie une liste de récompenses décernées par le ministre de la marine et des colonies pour faits de sauvetage.

Nous voyons figurer sur cette liste le nom du sieur Ollivier (Pierre-Louis-Eugène), marin inscrit à Honfleur, qui a obtenu une médaille d'honneur en argent de deuxième classe, pour avoir, en mer, le 21 mai dernier, opéré le sauvetage de deux hommes en danger de se noyer. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1862   -   Liste des récompenses.   -   Le Moniteur universel de jeudi publie une liste de récompenses honorifiques accordées à 97 marins, pour faits de sauvetage, par le ministre de la marine et des colonies, suivant sa décision en date du 20 octobre dernier.

Les récompenses se répartissent ainsi : 1 médaille en or de 1re  classe, 4 médailles en or de 2e classe, 5 médailles en argent de 1re classe, 54 médailles en argent de 2e classe, et 32 témoignages officiels de satisfaction.

Nous publions avec plaisir les noms des courageux citoyens qui appartiennent à notre département :

Médaille en or de 2e classe au sieur Le Marchand (Pierre-Eugène), maître au cabotage ; médailles en argent de 2e classe aux sieurs Mériel (Victorin-Adolphe), et Rivière (Jules-Alexandre), marin, tous trois inscrits à Caen, pour avoir, à Salé (Maroc), le 31 mai 1862, opéré le sauvetage du navire la « Jeune-Thérèse ».

Médaille en argent de 1re classe au sieur Guénaut (Emile), quartier-maître de manœuvre inscrit à Honfleur, pour avoir, à Aden (Arabie), le 25 avril 1862, et à Woosong et à Saïgon, opéré trois sauvetages.

Médaille en argent de 2e classe au sieur Mariolle (Jean-Pierre), marin inscrit à Honfleur, pour avoir, à Honfleur, les 15 août 1859 et 25 mai 1862, opéré le sauvetage de deux enfants.

Témoignages de satisfaction aux sieurs Desseaux (Louis- Honoré), et Vincent (Robert-Ferdinand), marins inscrits à Honfleur, pour avoir, à Honfleur, le 11 juin 1861, opéré le sauvetage de deux hommes.

Témoignage de satisfaction au sieur Hennier (Paul), marin à Honfleur, pour avoir, à Honfleur, le 18 juin 1862, opéré le sauvetage de deux hommes. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1862   -   La tempête.   -   La tempête qui a sévi sur nos côtes, dit le Journal de Honfleur a fait de graves dommages tout le long du littoral.

A Honfleur, la digue en bois qui protégeait les chantiers de construction et la pointe de l'hôpital est presque totalement enlevée et il n'en reste plus que les pieux ; le chemin que ces travaux protégeaient s'est trouvé miné, et plus de la moitié a été emportée. Il est donc urgent que de nouveaux travaux soient entrepris de suite pour réparer ces avaries et obvier à de plus grands malheurs, si une pareille tempête venait à éclater de nouveau. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1863   -   A  l’Honneur.   -   Le Moniteur universel vient de publier une liste de récompenses accordées par le ministre de la marine et des colonies pour faits de sauvetage. Sur cette liste nous trouvons, pour le Calvados, les noms qui suivent :

Médaille d'argent de 2e classe au sieur Giffard (Désiré), baigneur à l'établissement de Houlgate, pour sauvetage d'un homme à Beuzeval, le 6 septembre 1862.

Témoignage de satisfaction au sieur Delamarre (Louis-Jean-Baptiste), marin inscrit à Honfleur, pour sauvetage d'un enfant à Trouville, le 11 septembre 1862.

Témoignages de satisfaction aux sieurs Baude (Jean- François), marin inscrit à Cherbourg, et Thepaut (Joseph- Marie), marin inscrit à Brest, pour sauvetage d'un homme à Port-en-Bessin, le 9 octobre 1862. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1863   -   On lit dans le Journal de Honfleur du 25 janvier.   -   Depuis huit jours environ, une bourrasque épouvantable sévit sur nos côtes ; mardi surtout, la mer était terrible. Tout le littoral a eu beaucoup à souffrir de la tempête, la digue qui protège le chemin de fer, les chantiers de constructions, les dépôts de bois, et qui s'étend depuis le village du Poudreux jusqu'au phare de la jetée de l'Est, n'a pu en maint endroit résister à la violence des vagues et a été détruite sur une longueur de plus de dix mètres en face de la gare aux marchandises, nos chantiers de construction ont été inondés et les clôtures renversées.

A l'Hôpital, ce que nous avions prédit est arrivé. Aucune précaution n'ayant été prise à la suite des dégâts occasionnés par les dernières tempêtes, de nouveaux accidents sont malheureusement survenus, un mur en planches, qui protégeait la fontaine, a été brisé et enlevé, la route, qui permettait aux constructeurs de navires de cet endroit d'amener les bois nécessaires à leurs travaux, est entièrement détruite quelques pieux, seuls, indiquent encore la place des anciennes digues.

Vers onze heures, un ras de marée s'est fait sentir, la mer, après avoir commencé à descendre, est subitement remontée d'un mètre environ.

Les eaux ont aussi envahi en différents endroits la route impériale de Honfleur à Pont-Audemer. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1863   -   La tempête.   -    Il a venté fort toute la nuit, de la partie du Sud-Ouest à l'Ouest. La mer était très grosse. La pleine mer était à Honfleur à 9 heures 39 minutes et à 11 heures et demie, après deux heures de mer baissée, la mer à remonté de plus de 60 centimètres pendant une saute de vent au Nord Ouest, et a maintenu ce plein jusqu'à midi, où elle a recommencé à baisser de nouveau. L'eau a atteint jusqu'à 7 mètres 60 de hauteur sur le radier de l'écluse du bassin de l'Est.

Au moment ou la mer a remonté les bassins étaient fermées, l'élévation subite a fait effort sur les chaînes du bassin du Centre, les a rompues et les portes se sont réouvertes avec fracas. Les autres portes des bassins de l'Est et de l'Ouest se sont aussi réouvertes et la mer a dépassé leur hauteur.

Cette mer qui était cotée 105 a dépassé de beaucoup la hauteur prévue.

Le restant des digues de l'Hôpital ont été enlevées ainsi qu'une partie du chemin qui longeait l'édifice, il n'y a plus passage pour les voitures.

La mer a défoncé le pal du lavoir, enlevé le pavage ainsi qu'une des planches où on lave, et un bout de mur de la batterie près le phare.

Beaucoup d'éboulements ont eu lieu du côté des falaises de St-Siméon. Les lames sautaient à la hauteur d'un troisième étage, le long des quais de la rue Haute. ( Le Journal de Honfleur )

 

Janvier 1863   -   La tempête.   -    Hier, vers trois heures après midi, on a aperçu des jetée d'Honfleur, un trois-mats qui se perdait sur la côte du Havre, on a su ce matin, mercredi, que c'était le navire français « Bonne Mère » de Bordeaux, chargé d'huile de palme, venant de la côte d'Afrique.

La « Bonne-Mère » a été démolie par la mer, à la marée d'hier au soir, et les épaves et les barriques passaient devant le port de Honfleur, ce matin, au moment de la marée, ce qui prouve une fois de plus aux havrais, qui n'en veulent pas convenir, que les courants nous apportent ce qui se perd dans les environs du Havre et qu'ils n'ont rien de la Seine descendante.

Plusieurs bateaux d'Honfleur, sont, en ce moment où nous écrivons, à la pêche des barriques, dans la baie de Saint-Sauveur.

Nous apprenons par le capitaine de l' « Éclair », que l'équipage a été sauvé par le bateau de sauvetage, patron Durecu. ( Le Journal de Honfleur )

 

Avril 1863   -   Une disparition.   -   Encore un antique monument honfleurais de disparu. La passerelle de l'écluse du bassin de l'Ouest et tout son échafaudage de charpente viennent d'être démontées pour faire place à un pont à voitures.

Il est vrai qu'une semblable passerelle a été installée au côté opposé; mais c'est du provisoire. ( Le Journal de Honfleur )

 

1863  -  Le port.  -   Port d'Honfleur. De 1855 à 1862, la moyenne annuelle du mouvement du port d'Honfleur est représentée par 265,726 tonneaux, Il y a accroissement successif, l'année 1861 a produit 278,114 tonneaux, et 1862 en a produit 284,265.

Cependant, l'accès du port est souvent rendu difficile par le changement du chenal de la Seine, et l'intérieur de ce port a lui-même beaucoup à souffrir des envasements.

Le seul remède efficace pour faire disparaître les bancs de sable qui gênent la navigation, consistera dans le prolongement des digues de la Seine, depuis la Roque jusqu'à Berville, c'est-à-dire sur une longueur d'environ 4,000 mètres.

L'entretien du port est difficile, il coûte par an 45,000 fr., mais il faudrait y opérer des dragages qui exigeraient une dépense de 75,000 fr. Pour l'année 1864, si la chambre de commerce donne les 20,000 fr. qu'elle a fait espérer, si le partement contribue pour 10,000 fr., l'État n'aurait plus à ajouter que 35,000 fr., c'est-à-dire que sa part d'entretien serait de 80,000 fr.

Dès maintenant, il faudrait entreprendre le rétablissement d'une des jetées, la construction d'une maison éclusière et de magasins nécessaires au service du port, la reconstruction des portes d'un bassin en mauvais état. Ces projets sont à l'étude.

Quand la Seine aura été endiguée depuis la Roque jusqu'à Berville, un bassin de chasse sur les bancs de ce fleuve compléterait les moyens de préservation contre l'envasement du port.

 

Avril 1863   -   A l’Honneur.   -   Le Moniteur universel publie une liste de récompenses décernées par le ministre de la marine et des colonies, en vertu d'une décision du 30 mars dernier, pour faits de sauvetage.

Nous voyons avec plaisir figurer sur cette liste les noms de deux courageux citoyens de notre département, ce sont :

M. Bourdel, sous-patron des douanes, qui a opéré, à Honfleur, le 30 novembre 1862, le sauvetage d'une femme. (Médaille en argent de 2° classe.)

M. Lelargue (Charles-Gustave), marin inscrit à Honfleur, qui, en mer, 1er décembre 1862, et en compagnie de deux autres marins, a fait preuve d'énergie pour ramener le navire le « Phidias », surpris par un ouragan. (Témoignage de satisfaction.) (l’Ordre et la Liberté) 

 

Juin 1863   -   On lit dans le Journal de Honfleur.   -   Le steamer « Alpha », qui doit inaugurer la ligne de transports réguliers entre Honfleur, Rouen, Londres, et vice versa, effectuera son premier départ de Londres dans la seconde quinzaine de ce mois.

Les avantages de notre port, sa proximité du grand marché anglais, aussi bien que les nombreux débouchés que lui offre la ligne du chemin de fer nouvellement ouverte, avaient rendu ce service en quelque sorte indispensable.

Aussi ne doutons-nous pas que la Compagnie du chemin de fer de l'Ouest, en présence des avantages énormes qui en résulteraient pour elle, n'accorde, si ce n'est déjà fait, des tarifs qui permettent de ramener par Honfleur toutes les marchandises de la Normandie, de la Bretagne, du Maine, de l'Anjou et de tous les pays desservis par son réseau, marchandises qui sont actuellement expédiées en Angleterre par tous les ports de mer échelonnés sur nos côtes. De leur côté, les expéditionnaires de Londres, favorisés par ces tarifs directs et avec délais, n'hésiteraient point, pour leurs expéditions dans les mêmes provinces, à se servir de cette voie, dont l'un des principaux avantages est d'éviter tous ces transbordements qui occasionnent tant de retards et d'avaries.

Les avantages qui en résulteraient pour notre localité n'ont point besoin de commentaires, aussi sommes-nous heureux de constater que cette idée, au développement de laquelle a bien voulu contribuer l'un des inspecteurs du service commercial de la ligne de l'Ouest, vient d'être mise à exécution par une nouvelle maison que viennent de fonder deux de nos concitoyens, dont chacun connaît l'activité. Henry-Lavaux. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1863   -   On lit dans un journal de Honfleur.   -    Il y a quelques jours, deux étrangères, venant de Lisieux par le chemin de fer, se présentaient chez le sieur Foucault, cafetier, place du Terre-Plein. Après avoir fait une légère consommation, ces dames demandèrent au débitant s'il pouvait disposer d'un lit pour y prendre un peu de repos.

Un lit seul était vacant, c'était celui de la dame Foucault, qui était partie la veille pour Trouville. Son mari, ne trouvant probablement pas d'inconvénient pour refuser, le leur offrit, et les deux voyageuses se couchèrent. Quelques minutes s'étaient à peine écoulées, que l'une d'elles se levait et se dirigea vers une armoire où la clef était restée, l'ouvrit et put mettre la main sur un porte-monnaie qui contenait 580 fr. pour en distraire 59 fr.

Mais, comme dit l'axiôme, derrière les cloisons les yeux et les oreilles y sont. La fille du logis, couchée dans un appartement contigu, ayant entendu un certain bruit, se leva et vint, pour s'assurer de ce qui se passait, mettre l'œil à un certain judas qui lui permit de voir le manége de la commère. Son père, aussitôt averti, monta donner un tour de clef à la porte de la chambre et courut prévenir ses bons voisins les gendarmes, qui ne tardèrent pas à se trouver en présence de ces voleuses au coucher.

Après interrogatoire, une a été rendue à la liberté, l'autre, escortée de la gendarmerie, conduite et écrouée à la prison de Pont-l'Evêque. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1863   -   A l'honneur.   -   Le journal officiel publie un état de récompenses accordées par le ministre de la marine pour faits de sauvetage. Nous sommes heureux de trouver encore sur ce tableau les noms suivants de deux courageux citoyens qui ont reçu l'un et l'autre une médaille d'honneur en argent de 2e classe :

M. Dorange (Jean-Louis), marin à Honfleur. Sauvetage d'un homme à Trouville, 24 mars 1863.

M. Le Seigneur (Pierre-François), préposé des douanes à Honfleur. - Sauvetage d'un enfant à Honfleur, 19 mars 1863.  (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1863   -   Nous lisons dans l'Écho Honfleurais.   -   Samedi dernier (8 août), à la marée du soir, beaucoup de personnes se trouvaient à prendre un bain de mer, en face du lieu nommé la butte de Saint-Siméon.

Un jeune homme, âgé d'environ 18 ans, nommé Valette, était du nombre de ces baigneurs. Sur cette plage, il y a çà et là des trous de sable mouvant, qui présentent du danger, surtout pour ceux qui ne connaissent pas l'art de la natation, Valette est du nombre de ceux-ci. S'étant trop avancé en mer, il perdit pied tout à coup et disparut dans un de ces trous. Quelques personnes qui se trouvaient sur la grève s'aperçurent de la disparition subite de ce jeune homme, et le sieur Bustelli, qui venait de se baigner et qui était presque habillé, n'hésita pas à se porter au secours de l'individu, il arriva à temps pour le saisir entre deux eaux et le ramener au rivage.

Cet acte de dévouement lui mérita les félicitations des personnes présentes et les remerciements sincères du jeune Valette qui venait de l'échapper belle. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1863   -   Une mise à l’eau.     -   Lundi a eu lieu à Honfleur, dans les chantiers de M. E. Cardon, la mise à l'eau du navire « Chandernagor », de 1 000 tonneaux, construit pour le compte de la compagnie d'armements maritimes I.- T. Barbey et Cie, de Paris. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1863   -   Une remise en liberté.     -    Les époux Flambard, aubergistes à Honfleur, qui avaient été arrêtés et conduits à la prison de Pont-l'Evêque, à cause de l'incendie qui avait éclaté dans leur établissement pendant la nuit du 27 au 28 septembre dernier, ont été mis en liberté. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1863   -   Un fou.     -    Jeudi dernier, dit le Journal de Honfleur, vers midi, un individu très bien mis, arrivé par le bateau du Havre, a été suivi par la foule surprise de le voir distribuer des pièces de monnaie aux passants et lancer à d'autres des coups d'une couverture de voyage dans laquelle il se drapait, cet homme haranguait le public, se disait prophète et fils de Dieu.

L'agent de police de service sur le quai se mit à surveiller les actions de cet aliéné et fit prévenir M. le commissaire de police, ce fonctionnaire intervint et invita le pauvre insensé à se rendre à son bureau. Interrogé avec douceur, il fit connaître ses nom et domicile, et comme il était nanti d'une somme importante, représentée par des actions au porteur, le commissaire de police jugea nécessaire, tant dans l'intérêt de cet individu que dans celui de sa famille, de le conduire aussitôt à Pont-l'Evêque, devant M. le procureur impérial, qui le confia à la garde de quelqu'un et fit de suite prévenir sa famille. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1863   -   A  l’honneur.     -    Le Moniteur universel de mardi publie une liste de récompenses décernées par le ministre de la marine et des colonies pour faits de sauvetage. Nous y remarquons les noms suivants :

Médailles en argent de 2e classe.

-        Bustelli (Paul-Dominique), peintre en bâtiments : sauvetage d'un jeune homme à Honfleur, le 8 août 1863.

-        Margenest (Jean-Charles-Antoine), marin inscrit à la Hougue : sauvetage d'un enfant à Isigny, le 14 août 1863.

Témoignages de satisfaction.

-        Marie (Pierre), marin inscrit à Caen : sauvetage d'un enfant à Port-en-Bessin, le 12 juillet 1863.

-        Mousset (Armand), tailleur, a prêté assistance à deux baigneurs fatigués à Honfleur, le 6 juillet 1863.

-        Lesieurre (Julien), marin inscrit à Honfleur, a pris part au sauvetage du navire anglais « Sea Mew », en mer, le 25 août 1863. Témoignages de satisfaction.

Marie (Pierre), marin inscrit à Caen: sauvetage d'un enfant à Port-en-Bessin, le 12 juillet 1863.

Mousset (Armand), tailleur, a prêté assistance à deux baigneurs fatigués à Honfleur, le 6 juillet 1863.

Lesieurre (Julien), marin inscrit à Honfleur, a pris part au sauvetage du navire anglais « Sea Mew », en mer, le 25 août 1863. (l’Ordre et la Liberté)  

 

Novembre 1863   -   On lit dans le Journal de Honfleur, du 15 novembre.     -    Lundi, pendant la bourrasque que nous avons eue, notre avant-port a donné asile à bon nombre de navires en relâche. Tous sont heureusement entrés, seul, le chaland en fer « Saint-Ouen », remorqué par le Courrier nº 4, drossé par le vent et le courant, a manqué l'entrée du port et est allé donner par le travers contre la jetée de l'Ouest.

Le choc a été si violent qu'une voie s'est déclarée à bord, peu de temps après il coulait sur un banc de vase où il avait été conduit, mais sans toutefois être submergé complètement. L'arrière a été endommagé par la fureur des lames qui venaient y déferler.

A mer basse, on s'est empressé de vider le navire et d'aveugler la voie d'eau. A la marée du soir, ce navire ayant flotté, il a été amené sur le gril. (l’Ordre et la Liberté) 

 

Janvier 1864   -   Adoption d’un marché .   -   Le Conseil municipal d'Honfleur a, dans une de ses dernières séances, adopté à l'unanimité la création d'un marché pour les veaux, porcs et moutons.

Ce marché se tiendrait le mercredi de chaque semaine, sur la place des Fossés, côté Est. (l’Ordre et la Liberté)       

 

Février 1864   -   L’hiver est là.   -    L'hiver ne nous laisse absolument plus rien à désirer, après les gelées assez fortes que nous avons endurées, puisqu'elles ont dépassé dix degrés, la neige est survenue, et aujourd'hui toutes nos rues en sont couvertes, depuis plusieurs jours. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1864   -   Un sauvetage.   -    Mardi, vers midi moins un quart, le sieur T …....., âgé de 74 ans, a voulu, malgré le froid qu'il faisait alors, prendre un bain de mer, près le phare de l'hospice. Un matelot de la patache des douanes, le sieur Coron, qui fort heureusement se trouvait en cet endroit, jugeant que cet homme avait dans la tête un mauvais dessein, s'est jeté à l'eau, a fini par rattraper le bonhomme qui, malgré son grand âge, nageait encore vigoureusement, et l'a, bon gré mal gré, ramené à terre, l'empêchant ainsi d'accomplir sa funeste résolution, qui était  ( le sieur T ..... en a lui-même fait l'aveu ) d'aller plus loin pour boire un coup. (Journal de Honfleur.)

 

Février 1864   -   Un vol.   -   Dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, un voleur s'est introduit dans l'établissement des Frères des Écoles chrétiennes, situé quartier Sainte-Catherine à Honfleur, et, après avoir fracturé, à l'aide d'un crochet en fer qu'il a trouvé sur les lieux, le pupitre et les tiroirs d'une table-bureau placée dans la classe, il s'est retiré emportant une serviette damassée, seul objet qu'il ait trouvé à sa convenance.

La police, prévenue de ce fait, s'est immédiatement livrée à des recherches qui ont prouvé que le nommé Barbeau est l'auteur du vol commis.

Une perquisition faite sur la personne de ce individu a amené ta découverte de la serviette soustraite. Cet homme a donc été arrêté et conduit devant M. le procureur impérial. (Journal de Honfleur.)

 

Février 1864   -   Le Carême.   -   Voici le temps du Carême arrivé, et les grandes solennités de l'Église catholique qui approchent. Nous croyons devoir rappeler à nos lecteurs que toutes les demandes d'ornements d'église peuvent se faire directement à l'ancienne maison Biais aîné et Cie, rue Bonaparte, 74 et 76.

- Une fabrication importante et une vente considérable lui permettent de fournir dans toute la France, à des prix très réduits, des ornements d'église riches et d'un bon usage. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1864   -   Un accident.   -   Jeudi, à une heure de l'après-midi, la femme Dubois, née Rosalie Dubrulle, âgée de 64 ans, originaire de Belgique et domiciliée à Honfleur, rue Haute, a été horriblement mutilée par un wagon chargé de charbon et traîné par deux chevaux, sur le quai sud du bassin de l'Est ; cette femme, complètement sourde, ramassait de menus morceaux de charbon sur la voie ferrée, lorsque cet accident lui est arrivé.

Elle a été aussitôt transportée à l'hospice, où le docteur Lamare fils a constaté qu'elle avait un pied et les deux cuisses broyés. La femme Dubois a expiré quelques heures après son entrée à l'hospice. ( Journal de Honfleur)

 

Mars 1864   -   Une instruction, en date du 9 février.   -   Adressée par l'administration supérieure aux maires des communes de départements dans lesquelles sont placés des enfants assistés, appelle leur attention sur la négligence que mettent, depuis quelque temps, les gardiens à envoyer les enfants assistés aux écoles primaires, négligence d'autant plus coupable que l'administration a assuré l'instruction de ces enfants en les admettant gratuitement, non seulement dans les écoles publiques, mais encore dans les écoles privées, lorsqu'il n'y a pas dans la commune d'école communale.

Aux termes de cette circulaire, les maires doivent se faire représenter la liste des enfants des hospices assistés de leurs communes respectives, et signaler aux préfets les gardiens ou nourriciers qui négligeraient d'envoyer ces enfants à l'école, afin qu'il soit pris contre eux telle mesure répressive que MM. les préfets jugeront convenable. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1864   -   La mer monte.   -   Depuis quelques jours, la mer est très forte au Havre et à Honfleur. Dans cette première ville, l'échelle du pont Notre-Dame a marqué jusqu'à 7 mètres 40 centimètres, et les eaux ont fait irruption dans divers quartiers. A Honfleur, elle a couvert de 5 centimètres les quais de Saint-Étienne et de la Quarantaine. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1864   -   Un vol.   -   Un vol de 703 fr., appartenant à des malades et déposés entre les mains de Mme la supérieure de l'hospice de Honfleur, a été commis dans cet établissement dimanche dernier. La justice informe. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1864   -   La visite du prince Napoléon.   -   Vendredi dernier, le prince Napoléon, qui avait quitté le Havre dans la matinée, est venu sur un canot à vapeur, l' « Abeille », mouiller sur la rade de Trouville, où il a débarqué. Le prince a déjeuné à l'hôtel de Paris ; puis, après avoir fait une longue visite à M. Cordier, dont la somptueuse demeure fait l'admiration des étrangers, il s'est embarqué et s'est dirigé sur Honfleur.

Immédiatement après son arrivée dans cette ville, le prince est monté en voiture et s'est fait conduire sur le coteau de Grâce, il s'est rendu ensuite à l'hôtel du Cheval-Blanc, où il a dîné, puis il s'est embarqué vers huit heures.

Le prince Napoléon est arrivé à Caen, à 3 heures du matin, et est descendu à l'hôtel d'Angleterre. Dans la matinée, il est monté en voiture, et, accompagné d'un officier de marine et de deux autres personnes, en modeste tenue de voyage, il a visité plusieurs de nos monuments.

A 11 heures 1/2, l' « Abeille » quittait Caen, ramenant au Havre le prince et les personnes qui l'accompagnaient. Un assez grand nombre de curieux assistaient à ce départ. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1864   -   Pour les écoles.   -  Le ministre de l'instruction publique vient de charger les préfets de demander aux Conseils généraux une allocation pour acheter à l'usage des écoles normales primaires départementales :

Un baromètre de Fortin.

Un thermomètre à minima de Rutherford.

Un thermomètre à maxima de Negretti.

Un psychromètre.

Un pluviomètre.

Une girouette.

L'achat de tous ces objets ne doit pas dépasser 250 fr., et permettra, dit M. le ministre, aux écoles normales de rassembler les matériaux d'une statistique des orages qui sévissent sur la France. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1864   -   Le mauvais temps.   -   Les bourrasques qui se sont fait sentir, mardi dernier, ont été si violentes qu'elles ont occasionné des dégâts dans beaucoup de communes. Des pommiers ont été couchés sur le sol ; beaucoup d'autres ont eu leurs branches rompues.

Les pommiers et les poiriers ont été tellement secoués par la tempête, qu'une grande quantité de fruits jonchent le sol. Ce fait est d'autant plus regrettable que ces fruits sont loin de leur maturité, ce qui constitue une perte évidente pour les propriétaires. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1864   -   La grande marée.   -   La grande marée du 18 n'a produit sur tout notre littoral aucun phénomène digne de remarque. M. Babinet et les curieux attirés par ce spectacle toujours imposant en ont été cette fois pour leurs frais d'annonce et de curiosité. C'est à peine si, à Langrune, la mer, en se retirant, a laissé apercevoir les rochers du Calvados.

De Honfleur, on écrit que la marée, cotée 1-16, s'est élevée dans les bassins à une hauteur moindre que celle du mois de mars, qui n'était cotée que 1-14, et pendant laquelle la mer avait pourtant envahi une partie des quais de ce port. Il faut dire aussi que le vent qui soufflait S. S.- O. a puissamment contrarié l'attente des amateurs.

A Caen, un assez grand nombre de personnes s'étaient rendues dimanche matin sur le cours Caffarelli, et attendaient sur les bords de l'Orne l'arrivée d'une barre quelconque, mais la barre capricieuse s'est vainement fait attendre, et, les choses s'étant passées avec le calme ordinaire, chacun s'est retiré avec plus ou moins de désappointement. On nous assure qu'à Caudebec et à Villequier, points maximum du mascaret, la déception a été tout aussi grande que partout ailleurs.

C'est jeudi prochain, 22 septembre, à 7 heures 25 minutes du soir, que l'été finit et que commence l'automne.  (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1864   -   Un sauvetage.   -   Mercredi, au dernier départ du steamer l' « Orne », dit le Journal de Honfleur, un passager, légèrement pris de de vin, est tombé à l'eau, en se jouant avec ses camarades, au moment où le paquebot se trouvait près de la jetée de l'Est.

Le capitaine du steamer, s'étant aperçu de cet accident, fit immédiatement stopper la machine, sans cette précaution, l'individu tombé à la mer eût inévitablement passé sous les roues du navire, qui commençait à prendre de l'aire. Une ligne fût aussitôt jetée au naufragé, qui la saisit, mais la quitta bientôt après pour nager vers une bouée de sauvetage qu'on lui avait également lancée de la jetée de l'Est, et grâce à laquelle il se trouva bientôt hors de danger. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1864   -   A l’honneur.  -   Sur la liste des récompenses décernées par le ministre de la marine, publiée dans le Moniteur universel d'hier, nous lisons le nom du sieur Bard (Louis-François), marin inscrit à Honfleur, qui a obtenu une médaille en argent de 2e classe pour avoir, à Honfleur, le 28 août dernier, opéré le sauvetage de deux enfants. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1864   -   On lit dans l'Écho honfleurais, de mercredi.  -   Un accident, dont les suites pouvaient entraîner mort d'homme, est arrivé à bord de l' « Éclair », dimanche soir, dans sa traversée de retour au Havre.

La mer était houleuse, et, en passant entre les bancs d'Amfard et des Neiges, l' « Éclair » eut à essuyer quelques coups de mer assez violents, dans un mouvement de tangage, un de ses passagers, le nommé Sénécal, épicier au Havre, qui se trouvait sur l'avant, voulant les éviter, se déplaça vivement, en essayant de s'aider, dans sa marche, de la bitte du moulinet, mais il ne put la saisir, et, entraîné par l'inclinaison du navire et le ressac, il fut précipité à la mer par-dessus la lisse de tribord, haute d'un mettre.

Le capitaine Dubourg, resté, comme toujours, sur la passerelle du commandement, fit immédiatement stopper, et nous vîmes le malheureux. tombé à la mer, passer le long du navire. Le timonier lui jeta la bouée de sauvetage, dont il s'empara, mais il ne put s'y maintenir, et, à notre désespoir, s'en trouva détaché, en un clin d'œil, une distance assez grande le sépara de l' « Éclair », à bord duquel les dispositions les plus promptes furent prises pour le sauver.

Le capitaine fit marcher en arrière, et, malgré la grosse houle et le vent, on vint à toucher le naufragé, alors étendu et sans mouvement, et que quelques instants plus tard nous eussions eu la douleur de voir disparaître. Un homme de l'équipage, nommé Friboulet (Frédéric), et un passager, M. Halley (Amand), attachés par des cordes, se sont alors affalés à la mer, ont pu le saisir et, avec l'aide des autres passagers, et notamment de MM. Dubos, Callange et Michel, capitaines au long-cours au Havre, dont nous avons admiré le dévoument et le sang-froid, être ramenés avec lui à bord, où les soins nécessaires lui ont été donnés.

Au bout de quelques minutes, nous avons vu avec bonheur qu'il était sauvé, il nous parut seulement souffrir beaucoup vers l'épaule gauche.

Au moment où nous écrivons, nous apprenons que le sieur Sénécal est hors de danger, et qu'effectivement il a eu l'épaule démise.

Nous sommes heureux de rendre justice à l'intelligence et à la promptitude de la manœuvre du capitaine Dubourg, sans laquelle il nous fallait assister à la dernière péripétie d'un accident affreux, dont la victime, providentiellement échappée à la mort, en ne passant pas d'abord sous les roues de l' « Éclair », a pu y échapper une seconde fois par le sauvetage habile que nous venons de rapporter.  24 octobre 1864. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1864   -   Une disparition.  -   Un malheur est arrivé mercredi, vers 11 heures du soir, à bord de la barque de pêche de Honfleur, « Justine-Meduline », nº 257, patron Bretteville.

La barque, sortie à la marée, se trouvait entre la jetée de l'Ouest et l'Hôpital, le patron, qui tenait la barre, la quitta un instant pour venir à l'écoute de foc, un des hommes de l'embarcation l'aperçut à côté de lui à ce moment-là, mais, quelques secondes après, en se retournant, il ne le vit plus. Bretteville a-t-il été enlevé à la mer par l'écoute de foc, ou bien est-ce en revenant à la barre qu'il est tombé par-dessus le bord ? Toujours est-il que le malheureux patron a disparu sans qu'aucun de ses hommes l'ait vu tomber à l'eau.

Le bateau est rentré à Honfleur, aussitôt après l'événement. (J. de Honfleur.)

 

Novembre 1864   -   Un échouement.  -    Le Journal de Honfleur annonce qu'un brick anglais, « Hélène », chargé de charbon, ayant voulu entrer à Honfleur, alors que la mer baissait, s'est échoué sur un banc, en face la jetée de l'Est. A mer basse, ce navire, qui était très vieux et qui avait déjà une voie d'eau, a beaucoup fatigué, et, à mer montante, il s'est empli d'eau et est resté ensablé.

Le capitaine en a fait l'abandon à l'administration de la marine, qui s'est occupée activement et s'occupe encore d'en sauver le chargement. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1865   -   Un sinistre maritime.   -   Le Journal de Honfleur publie le récit suivant d'un sinistre maritime qui a eu lieu vendredi dernier, et qui a été l'occasion d'un acte de dévouement de la part de courageux marins :

-        Vendredi, nous avons eu très mauvais temps, et plusieurs navires, descendant la Seine, sont venus en relâche à Honfleur, entr'autres, trois, auxquels le steamer « Impératrice » donnait la remorque.

Peu de temps après, le steamer « Grand-Empereur », donnait également la remorque à six autres navires, est passé devant notre port, mais la violence de la mer était telle en ce moment que ce remorqueur a été forcé d'abandonner ces navires, qui ont alors rebroussé chemin pour se réfugier à Honfleur. Malheureusement, soit à cause de la force du courant, soit par suite d'une fausse manœuvre, soit enfin par toute autre cause, trois de ces navires, un brick et deux goëlettes n'ont pu gagner l'entrée du port. Une goëlette anglaise est allée, après avoir touché plusieurs fois, s'échouer au-dessous de l'hôpital, en face Saint-Siméon, l'autre goëlette, portant pavillon français, après s'être échouée à la côte, a pu se dégager et gagner le milieu de la baie, où elle a trouvé assez d'eau et est restée à l'ancre, enfin le brick norwégien s'est échoué sur un banc très élevé qui touche au Ratier.

Dans la soirée, le vent, loin de diminuer, a augmenté de violence, et l'on eut dès lors des appréhensions sérieuses sur ces trois navires. La goëlette anglaise « Mount Bay », échouée près de l'hôpital, put seule être surveillée, l'obscurité empêchant d'apercevoir les deux autres navires. Vers 8 heures 1/2, cette goëlette se trouvait à peu près vis-à-vis de la Poudrière, lorsque le feu du bord s'éteignit subitement, et le bruit se répandit aussitôt qu'elle venait de couler bas et que les hommes de son équipage s'étaient réfugiés dans la mâture.

L'émotion gagna tout le monde, et de courageux marins, MM. Paul Vivien, Alphonse Duchemin, capitaines ; Hannier, matelot, et peut-être d'autres dont nous ignorons les noms, s'offrirent pour aller au secours des naufragés, avec la patache des douanes, mais cette embarcation avait été rentrée dans un bassın par mesure de précaution, et ils ne purent mettre leur généreux projet à exécution.

On entendait alors distinctement les cris déchirants des pauvres naufragés qui imploraient des secours !

L'émotion était à son comble parmi les personnes qui se trouvaient à terre, et malheureusement il était était impossible de porter aucun secours à ces infortunés, les embarcations du port n'offrant aucune sécurité. La foule se portait du terre-plein de la jetée de l'Ouest à celui de l'hôpital, et vice versa, s'informant avec anxiété de la position des malheureux naufragés dont on entendait toujours les cris déchirants !

Pendant ce temps, la chaloupe du bord vint à terre portant le capitaine et le pilote, qui, se trouvant à la barre, lors de la submersion du navire, ne purent gagner la mature du navire pour s'y réfugier.

Enfin, à la pleine mer, vers 10 heures, les flots s'étant un peu calmés, il fut permis à de braves cœurs de tenter l'entreprise. Le patron Hic et les sieurs Catala, Alaire, Lemoine et Aupert (Pierre-Victor) montèrent donc résolument dans une pirogue, et leur généreuse entreprise, accompagnée des vœux de tous les spectateurs, eut un plein succès, car, au bout de deux voyages, tout l'équipage de la goëlette était sauvė.

Cette noble action ne passera certainement pas inaperçue, et nous savons déjà que l'on s'occupe de faire récompenser comme ils le méritent ces braves concitoyens.

Pendant le drame émouvant que nous venons de raconter, la goëlette française qui se trouvait au milieu de la baie, et le brick norwegien « Clolia », capitaine Tunnesen, d'Arendal, échoué près du Ratier, avaient pu vaincre la tempête et entrer à  Honfleur, la goëlette sans avarie, et le brick désemparé de son gouvernail. Plusieurs barques de pêche sont également rentrées. Quant à la goëlette qui a sombré près de l'hôpital, on nous affirme que l'abandon en a été fait à l'administration de la marine. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1865   -   Le « Mounts-Bay ».   -   La goélette anglaise « Mounts-Bay » , qui avait sombré près de la Poudrière de Honfleur, a pu être renflouée et est en ce moment en réparation. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1865   -   A l’honneur.   -   M. le ministre de la marine et des colonies vient de décerner au sieur His (Ferdinand) une médaille d'or, et aux sieurs Catala (Louis Désiré), Allaire (Henri), Lemoine (Ferdinand) et Salin (Pierre Victor), chacun une médaille d'argent, en récompense du courageux dévouement qu'ils ont montré dans la soirée du 27 janvier dernier, en se portant au secours des naufragés du « Mount's Bay », à Honfleur. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1865   -   La marée.   -   La plus haute marée de l'année et l'une des plus hautes qu'on verra dans ce siècle a lieu aujourd'hui mardi. Elle atteindra 4 mètres 73 centimètres. (l’Ordre et la Liberté)

Avril 1865   -   On lit dans l'Écho honfleurais.   -   Dimanche dernier, entre dix et onze heures du soir, un jeune homme nommé Fabre, ouvrier huilier, sortait, en compagnie d'un camarade, de la cour du sieur Brize, où il avait regardé danser, et n'y était restait qu'un instant.

Sur le Cours, il vit un homme caché derrière un arbre, tenant sa blouse sur son épaule et qui avait les manches retroussées.

En approchant de l'arbre, l'homme caché derrière s'avança sur les deux jeunes gens et dit à Favre : « C'est toi que j'attends », et il lui porta un coup de couteau au corps, mais Fabre ayant paré avec sa main, ce fut la main droite qui fut blessée assez grièvement. Fabre fut renversé et reçut encore un coup de couteau à la jambe. Aux cris du camarade de Fabre, une autre personne sortie de chez M. Brize, arriva et on débarrassa le blessé des mains de l'assassin qui prit la fuite.

Fabre fut conduit chez M. Brize, où il reçut des soins et où l'on pansa ses blessures.

La gendarmerie avertie des faits procéda le lendemain à l'arrestation du coupable qui se nomme Vaudrel, âgé de 34 ans, ex-chargeur et maintenant journalier, demeurant à la Rivière-Saint-Sauveur.

Vaudrel ne connaît pas Fabre, ils n'ont jamais eu de rapports ensemble.

Le prévenu a été conduit, hier, à Pont-l'Evêque, à la disposition de M. le procureur impérial.  (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1865   -   Les travaux.   -   Le Journal de Honfleur annonce que parmi les travaux d'amélioration qui doivent s'exécuter dans cette ville, en exécution du décret impérial du 25 juin 1860, on a compris la reconstruction de la jetée de bois ou plutôt la construction d'un quai en maçonnerie sur l'emplacement de cet ancien ouvrage.

Le projet définitif de ce quai, ajoute ce journal, approuvé depuis quelque temps déjà, n'avait pu être mis à exécution faute de crédits. Le ministre des travaux publics, sur la demande de notre chambre de commerce, vient d'ordonner de mettre les travaux en adjudication et d'ouvrir, sur le budget de l'exercice 1865, un crédit de cent mille francs.

Nous espérons donc qu'avant peu l'ancien ouvrage, qui dépare l'aspect de notre avant-port et qui ne sert qu'à l'amarrage des navires, disparaîtra pour faire place à un quai large et commode, auquel pourront aborder les services de bateaux à vapeur qui prennent une si grande extension depuis quelque temps dans notre port. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1865   -   Les travaux.   -    Honfleur, relié au chemin de fer de l'Ouest, devait prendre une importance notable et devenir le passage forcé de toutes les marchandises et de tous les voyageurs qui viennent du centre de la France et se dirigent sur

l'Angleterre, aussi, dès l'année dernière, le 10 février, une compagnie anglaise fondait-elle un service régulier de Honfleur à Londres, par Littlehampton, au moyen de deux départs réguliers par semaine : de Honfleur à Littlehampton, par bateau à vapeur, et de Littlehampton à Londres, par chemin de fer.

Ce service a toujours eu lieu, et, quoique ses débuts n'aient pas été aussi brillants qu'on eût dû s'y attendre, les départs se sont toujours régulièrement effectués deux fois par semaine, et tous les sacrifices ont été faits pour mener à bien cette entreprise qui aujourd'hui est assurée du succès.

Un vaste hangar-tente a été construit sur le quai de déchargement du bateau à vapeur, et incessamment, d'ici à quelques jours, de nouveaux steamers confortablement installés pour le transport des voyageurs et des marchandises, seront affectés à cette ligne, en remplacement du « Collier », dont l'insuffisance a été reconnue. Nous ne doutons donc pas que la London, Brighton and SouthCoast railway Company ne recueille enfin le prix des sacrifices qu'elle s'est imposés.

Cette compagnie vient de changer les jours de départ de Honfleur ; ils auront lieu, jusqu'à nouvel ordre, les dimanche et mercredi de chaque semaine. (Journal de Honfleur.)

 

Juin 1865   -   Le temps.   -   Jeudi dernier, 8 juin, fête de saint Médard le temps a été magnifique, la chaleur a été tempérée par une brise assez fraîche de N.-E. Le baromètre est au beau fixe, ce qui fait espérer que nous allons avoir une longue série de beaux jours à moins que saint Gervais ou saint Protais ne viennent tout déranger. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1865   -   Nos manufactures.   -    Les journaux de Honfleur signalent l'arrivée d'une assez grande quantité de coton apportée par les bateaux à vapeur de la Compagnie anglaise London, Brighton et South-Coast Railway qui font le service de Londres et Honfleur par Littlehampton. Il faut se féliciter de cette nouvelle qui est l'indice de la reprise prochaine du travail dans nos manufactures.

Nous devons cependant nous faire l'écho d'un bruit assez fâcheux mis en circulation depuis quelques jours dans la contrée, c'est que les filateurs, que la fin de la guerre d'Amérique encourage à reprendre les travaux, ne trouvent plus autour d'eux les ouvriers qui leur sont nécessaires.

Dans un trop grand nombre de filatures, les ouvriers, il faut bien le reconnaître, ont été brusquement privés de travail, alors qu'au début de la guerre il existait encore dans les magasins des approvisionnements considérables, aujourd'hui, que le danger semble conjuré, on voudrait écouler ces approvisionnements, mais les bras manquent, les ouvriers, renvoyés des ateliers, sont allés dans toutes les directions demander à d'autres industries le travail qu'on leur refusait, et il est à craindre que beaucoup d'entre eux ne soient plus disposés à quitter leur position actuelle.

Cet état de choses serait regrettable sans doute, au point de vue de l'industrie cotonnière qui faisait la richesse d'un grand nombre de nos cités, telles que Condé, Falaise, etc.., mais MM. les filateurs qui, les premiers, auront à en souffrir, n'y ont-ils pas un peu contribué, et n'auraient-ils rien à se reprocher dans la situation qui leur est faite ? (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1865   -   Un malheureux accident.   -   Une des traversées du steamer la « Manche », du Havre à Honfleur, a été troublée, dimanche 4, par un bien fâcheux accident. Un passager, homme d'un certain âge, était assis près d'une des ouvertures par lesquelles l'intérieur de la machine prend jour sur le pont. Il avait la main gauche appuyée sur le rebord de l'hiloire. Quelqu'un s'étant malheureusement approché sur la claire-voie qu'une chaîne fixée à un piton maintenait ouverte, la claire-voie est tombée de tout son poids sur la main du voyageur, qui a eu un doigt coupé net et un autre écrasé.

La partie du doigt ainsi emportée est tombée dans la machine. C'est la première fois que ce voyageur faisait une traversée de Honfleur, dont il aura malheureusement trop lieu de se souvenir toute sa vie. (Écho honfleurais)

 

Juin 1865   -   Accident de la route.   -   Dimanche de la semaine dernière, vers 5 heures, un accident, mettait en émoi tous les habitants du quai Sainte-Catherine, à Honfleur.

Un jeune homme nommé Tihy Désir, domestique chez M. Leroy, qui tient l'hôtel du Soldat Laboureur, conduisait une voiture et en voulant se garer de la diligence qui partait en ce moment de Honfleur pour Pont-Audemer, il appuya un peu trop sur la droite, la voiture ayant alors rencontré un pieu d'amarrage, tourna vivement sur elle-même et comme le cheval était lancé, cheval, voiture et conducteur tombèrent ensemble dans le bassin.

Tous les témoins de ce triste accident s'empressèrent d'accourir au bord du quai, et lorsqu'au bout d'un instant le jeune homme submergé reparut sur l'eau, M. Lanier, consignataire à Honfleur de la Compagnie de Touage de la Seine, se jeta tout habillé dans le bassin pour se porter à son secours, et il fut assez heureux pour réussir dans sa noble entreprise.

Le jeune Tihy fut aussitôt transporté chez M. Legay, employé de l'Octroi, et, grâce aux soins intelligents dont il fut l'objet dans cette maison, il ne tarda pas à reprendre ses sens.

La conduite de M. Lanier n'a pas besoin de commentaires, du reste, il est chevalier de la Légion d’Honneur et a déjà fait ses preuves.

Après avoir sauvé l'homme, on s'occupa de l'animal, le nommé Leconte, marin, s'étant mis à l'eau, contribua puissamment au sauvetage du cheval, qui reprit possession du plancher des vaches, à la pigoulière. Enfin, la voiture elle-même fut immédiatement retirée de l'eau.  (Journal de Honfleur.)

 

Juillet 1865   -   Les températures   -   La température, qui, par suite des dernières pluies, était descendue de 22 à 26 degrés, est remontée hier, à Paris, à 30 degrés. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1865   -   L’église Ste-Catherine.   -   Dans ses recherches sur l'histoire des monuments religieux de Honfleur, M. Ch. Lefrançois, libraire-éditeur en cette ville, croit avoir découvert l'origine de l'église Sainte-Catherine.

D'après le document recueilli et dont l'authenticité ne paraît pas douteuse, ce vieil édifice était en construction le 7 septembre 1242. Il serait donc âgé de 623 ans.

Le vieux manuscrit dans lequel est relaté le fait que nous enregistrons, parle de certains chemins aboutissant près des murailles de la ville de Honnefleu, vers l'occident, et dont l'aspect, à cette époque, pouvait faire supposer qu'ils avaient vu la marche triomphale des armées romaines allant conquérir la Grande-Bretagne.

L'opinion professée au XIIIe siècle serait donc d'accord avec le dernier historien de la ville de Honfleur. (Journal de Honfleur)

 

Octobre 1865   -   La tempête.  -   Jeudi dernier, dit le Journal de Honfleur de dimanche, une violente tempête s'est déchaînée sur notre contrée. Le vent et la pluie semblaient vouloir rivaliser de furie : de temps à autre, de sourds roulements de tonnerre se faisaient entendre et de brillants éclairs sillonnaient en tous sens les énormes nimbus qui couvraient tout le ciel.

La mer, soulevée par l'ouragan, était tellement affreuse, que l' « Eclair » n'a pu effectuer son retour du Havre à Honfleur. Il est malheureusement fort à craindre que l'on ait à déplorer de nombreux accidents de mer occasionnés par ce mauvais temps, cependant, nous n'avons jusqu'à présent reçu aucune fâcheuse nouvelle. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1865   -   Un sauvetage.   -   Un nommé Guerrier, né à Honfleur, demeurant à Quillebeuf, a été rencontré en mer, dans une chaloupe à la dérive et sans aviron, mardi matin, entre le Ratier et Amfard, par la barque de pêche de Honfleur, « Alphonse », patron Édouard Brixard.

Guerrier était à la dérive depuis la veille au soir et sortait de la pointe de Tancarville. Il a été recueilli par le patron de la barque, et la chaloupe mise à la remorque jusqu'à Honfleur.

Cet homme était à tendre une ligne de pêche quand son aviron a cassé et le courant l'a entraîné.  ( L'Écho Honfleurais )

 

Décembre 1865   -  A l’honneur.   -   Sur la liste des récompenses accordées par le ministre de l'intérieur pour des actes de dévouement, nous trouvons les noms de deux citoyens appartenant à notre département, qui ont obtenu chacun une médaille en argent (2e classe), ce sont :

-  M. Godefroy fils (Désiré), à Mouen, pour s'être rendu maître, le 5 mai dernier, à Mouen, d'un cheval emporté, attelé à une voiture dans laquelle était un enfant.

-  M. Lannier (Jules), négociant à Honfleur, pour avoir sauvé une paysanne tombée avec sa voiture, dans le vieux bassin de ladite ville, 20 mai dernier. (L’Ordre et la Liberté )

 

Décembre 1865   -  Les oies normandes.   -   Jeudi dernier, on a vendu sur les marchés de Londres vingt mille oies importées de Normandie, et qui dépassent de beaucoup la qualité des oies anglaises.

Ce qui a empêché d'en vendre davantage, c'est un singulier préjugé qui, en Angleterre, déprécie les volailles, l'habitude

qu'ont les marchands français de laisser la queue des volailles après les avoir tuées. Quoiqu'il en soit, les volailles françaises ont été très goûtées, et chaque oie pesait de 10 à 13 livres. (L’Ordre et la Liberté )

 

Décembre 1865   -  Le chemin de fer.   -   Le 1er janvier prochain, il y aura en France près de 14 000 kilomètres de chemins de fer d'exploités. (L’Ordre et la Liberté )

 

Décembre 1865   -  un interdit.   -   Un ordre a été transmis aux diverses gares de chemins de fer d'avoir à refuser le transport des saumons et des truites, dont la pêche et le colportage sont interdits en ce temps du frai par les nouvelles dispositions légales sur la pêche. (L’Ordre et la Liberté )

1   -   HONFLEUR.   -   Arrivée du Bateau du Havre

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