15 Octobre 2024 

UN SIÈCLE D'HISTOIRE DU CALVADOS

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HONFLEUR

Canton de Honfleur

Les habitants de la commune sont des Honfleurais, Honfleuraises

Janvier 1871   -  Fait divers.   -  Un sloop « Jeune-Emmanuel », chargé de 700 boites de foin et 47 stères de bois a brûler, s'est échoué samedi soir, vers 9 heures, sur un banc, entre Honfleur et Orcher. Quelques instants après l'échouement, on s'aperçut que le feu était à bord.

Après de grandes difficultés, l'équipage parvint à se rendre maître de ce commencement d'incendie. Une partie de la voilure, du gréement, ainsi que certaine quantité de foin et de bois ont été la proie des flammés. Le chargement et le sloop  ne sont pas assurés.

 

Mars 1871   -   Les soldats allemands.   -   Le Journal du Havre assure qu'un certain nombre de soldats de l'armée allemande, qui te trouvaient à Honfleur depuis quelques jours, auraient reçu l'ordre de quitter cette ville.

La cavalerie serait même partie hier matin, et le reste des corps qui s'y trouvent davraient la quitter prochainement. (Ordre et la Liberté)

 

Mai 1871   -  Fait divers.   -  Le 29 novembre dernier, on constatait à Honfleur la disparition du nommé Auguste Omdinion, né à Neuilly, canton d'Isigny (Calvados), employé comme jardinier, à Moulineaux, commune d'Equemeuville, chez M. Houssaye, cultivateur. Ce jeune homme qui avait reçu, comme garde mobile, l'ordre de se rendre à Pont-l'Evêque, se dirigeait ce jour, vers 11 heures du soir à la gare du chemin de fer. Trompé probablement par un mirage occasionné par l'abondance de neige qui couvrait le sol, coïncidant avec la blancheur des navires de la Compagnie Barbey, du Havre, à cette époque placés à quai du bassin de l'Est, il tomba a l'eau et se noya. C'est seulement jeudi dernier que son cadavre a été retrouvé flottant. Ce sont les pièces écrites, conservées sur lui, qui ont fait connaître son identité, tant il était défiguré.

 

Mai 1871   -  Fait divers.   -  Le sloop « Marie-Anne », jaugeant 48 tonneaux, armé à Rouen et se rendant à Caen, chargé de craie, s'est perdu samedi dernier vers une heure du matin, sur le banc du Ratier, côte d'Honfleur. Les quatre hommes composant l'équipage sont parvenus à se sauver. Le chargement est perdu.  

 

Juin 1871   -  Fait divers.   -   Jeudi, à la marée, vers 1 heure de l'après-midi, le brick anglais « John », capitaine Clarke, de Scarborough, s'est échoué sur un banc mobile, situé au large de Honfleur, le vapeur « Notre-Dame-des-Flots », capitaine Pottier, a fait tout son possible pour le renflouer, mais n'y a pu réussir. A la marée descendante, ce navire a cavé, par suite du grand courant de la Seine, et son avant s'étant enfoncé dans le sable, ses bordages du fond qui avaient beaucoup souffert, ont largué à la marée montante, il est resté coulé. 

L'administration de la marine s'occupe activement d'en faire le sauvetage, déjà une grande partie de ses agrès et apparaux sont à terre, et l’on transborde son chargement de charbon. La coque de ce brick est considérée comme totalement perdue.

 

Août 1871   -  Fait divers.   -   Le 11 de ce mois, vers trois heures et demie du matin, à Honfleur, le feu s'est déclaré à bord d'un sloop appartenant aux frères Vivien, négociants. Les pompes de la ville et de la marine étant arrivées sur les lieux ont pu concentrer l'incendie dans sont foyer. La perte s'élève à 200 fr., non assurée.

 

Août 1871   -  Les impôts  -  Seigneur ! Seigneur ! Que va devenir le pauvre monde ? On met des impôts sur tout.

Sur les chats, sur les serins, sur le tabac, sur le boire et sur le manger.

Mais ce n'est pas tout encore, figurez-vous qu'un député de la droite, qui en aura sans doute mangé comme .. un satisfait, vient de proposer qu'on mette un impôt sur la teurgoule.

La teurgoule ! qu'est-ce que c'est que cela, vont se demander les petites maîtresses et les muscadins.

Mes petits agneaux, c'est le riz cuit au four, c'est la terrinée, que les gens comme il faut de la campagne appellent de la teurgoule….,..

Et cela, parce que les jours de fête, ces nobles goulifards se fourrent de telles cuillerées de ce mets délectable, que la.... bouche leur en teurd !

 

Septembre 1871   -  Le temps.   -  On nous signale le départ prématuré des hirondelles, malgré la température élevée à cette époque de la saison. Il en reste cependant encore, mais peu dans nos contrées. On peut voir dans ce phénomène un indice certain d'un hiver précoce et rigoureux.  

 

Septembre 1871   -  Raffinerie de Honfleur.  -   Il a existé pendant quarante ans à Honfleur une industrie qui faisait vivre des centaines de familles : La raffinerie du sucre de canne et du sucre indigène. L' établissement où s'exerçait cette industrie était un des plus vaste et des plus imposants d'Europe et ses produits renommés pénétraient dans le Midi jusqu’à Avignon, et après avoir alimenté le consommation des départements de l’Ouest jusqu’au Mans et St-Brieuc, s’exportaient dans le Nord jusqu’en Suède et à Riga.

Quand les créateurs de la raffinerie eurent tous gagné des fortunes assez énormes pour ne plus  se soucier de nouveaux bénéfices, ils renoncèrent à leur fabrication, et les ouvriers se dispersèrent un peu partout : au Havre, à Rouen, à Évreux, à Elbeuf, regrettant bien le travail qu'ils avaient trouvé sans interruption pendant de si longues années auprès de leurs familles.

Mais si les ateliers avaient été fermés, l'établissement n'avait pas disparu, il restait toujours au centre de la ville, avec ses magnifiques constructions, avec son gigantesque matériel, accusant par son chômage l'indifférence de ceux qui laissaient dormir improductif un pareil instrument de richesse.

Une nouvelle société vient de l'acquérir et s'apprête à lui rendre la vie et l'activité. C'est le travail qui renaît, c'est une couche de nouvelles fortunes qui se prépare sur le même lit où les premières avaient poussé et grossi jusqu'à rassasier l'appétit du gain chez les heureux privilégiés qui avaient été appelés à les recueillir.

Cette fois les capitaux du public, petits ou grands, seront appelés, par voie d'émission, à prendre part à la récolte.

il n'est pas douteux qu'ils ne se pressent à la souscription qui est annoncée pour la fin du mois.  

 

Septembre 1871   -  Fait divers.   -  On a fait cette semaine la pose d'un câble sous-marin entre Honfleur et le Hoc. destiné à établir une communication entre Honfleur et le Havre. 

 

Octobre 1871   -  Fait divers.   -  Un abordage assez grave a eu lieu au Havre lundi soir, vers 5 heures. 1/2, entre le steamer « Éclair » de la ligne de Honfleur, et la barque de pêche « Hortense » de Trouville, amarrée près de l'anse des pilotes.

L'« Éclair », qui arrivait de Honfleur, a rencontré, en face de la rue de Paris, un grand vapeur anglais qui sortait. En gouvernant pour éviter sa rencontre, il est venu donner sur la barque, qui a eu son couronnement endommagé. Mais les avaries qu'il a éprouvées lui-même sont de beaucoup plus graves, son tambour de bâbord a été défoncé, et son port-roue du même côté brisé.

 

Décembre 1871   -  Fait divers.   -  M. le Préfet du Calvados, sur la proposition de M. l'inspecteur d'académie, a accordé aux écoles primaires un congé du samedi 30 décembre au jeudi 4 janvier inclusivement.

 

Janvier 1872   -  Mort de froid.   -   Mercredi, trois lamaneurs du port d'Honfleur revenaient du Havre où ils avaient été conduire, dans un pirogue, plusieurs voyageurs, qui avaient manqué le bateau. Dans leur retour pour Honfleur, le mauvais temps et le froid qu'ils éprouvèrent, causa la mort de l’un d’eux, le sieur Denize.

 

Janvier 1872   -  Fait divers.   -  Le mois dernier, « Anne-Virginie », capitaine Allain, allant d'Honfleur à Hennebon avec un chargement de bouteilles, a sombré au large de la pointe de Réville. L'équipage s'est noyé à l'exception du mousse qui a pu se sauver dans un canot. 

 

Janvier 1872   -  Nouvelles du Calvados.   -   Le mouvement de la population de Caen, pendant l'année 1871, se résume ainsi :

Naissances..... 702

Mariages…… 268

Décès………. 2138

Falaise : naissances, 136 ; mariages, 48 ; décès, 298.  Lisieux : naissances, 272 ; mariages, 97 ; décès, 721. Vire : naissances, 116 ; mariages, 52 ; décès, 381. Honfleur : naissances, 129 ; mariages, 72 ; décès, 380 ; Troarn : naissances, 16 ; mariages, 5 ;  décès, 26.  

 

Février 1872   -  Fait divers.   -  Le ministre de la marine et des colonies a décerné des récompenses pour faits de sauvetage. Sur cette liste nous relevons les noms suivants :

Guillaume Lemarchand, matelot, témoignage officiel de satisfaction. Sauvetage de deux hommes à Honfleur le 28 juillet 1871.

Pierre Marie, matelot ; médaille de 2e classe, argent. Sauvetage d'un enfant le Port-en-Bessin, le 9 juillet 1871.

Pierre Colleville matelot ; médaille de 2e  classe, argent. Sauvetage d'un enfant à  Port-en-Bessin, le 16 septembre 1871.

François Leboucher, sous-patron des douanes ; médaille de 2e classe, argent. Sauvetage d'un enfant à Caen, le 20 septembre 1871.

Florentin-Auguste Gilles, apprenti marin, témoignage officiel de satisfaction ; Pierre-Edmond Genivière, témoignage officiel de satisfaction. Secours à un noyé à Villers-sur-Mer, le 18 juillet 1871.

 

Mai 1872   -  Mort accidentelle.   -  Samedi, entre onze heures et minuit, au moment un navire allait faire sont entrée dans le bassin du Centre, à Honfleur, le préposé des Douanes Leproux se trouvait en service de surveillance près du pont, côté nord de ce bassin. Cet homme, dans sa promenade, probablement trompé par quelque mirage, est tombé à l'eau. A ses cris de détresse, quelques personnes accourues pour lui porter secours n'ont retiré de l'eau qu'un cadavre, le malheureux ayant coulé presque aussitôt après sa chute. Leproux était âgé de 27 ans.  

Juin 1872   -  Recensement.   -  D'après les documents relatifs au recensement recueillis jusqu a ce jour, on, estime et que la population du Calvados a diminué de 25.000 habitants, depuis le recensement de 1866.

 

Juillet 1872   -  Chasse et récolte.   -  L’ouverture de la chasse aura lieu, dans notre département, vers les premiers jours de septembre, car la rentrée des récoltes ne pourra être terminée que tardivement cette année, en raison des nombreux blés couchés par les orages.

 

Juillet 1872   -  Décoration.   -  Par décret du président de la République, en date du 25 juillet 1872, rendu sur le rapport du vice-amiral ministre de la marine et des colonies, M. Victor-Auguste Leconte, matelot de 1er  classe, inscrit à Honfleur, a été nommé chevalier de  la Légion d'honneur.

 

Décembre 1872   -  Café chantant.  -  Le ministre de l'intérieur vient d'engager les, fonctionnaires et agents auxquels incombent particulièrement la surveillance des cafés concerts, de veiller avec un redoublement  de zèle et d'attention, à ce que les chansons obscènes, les saynètes graveleuses et tous les divertissements enfin pouvant porter atteinte à la morale ou à l’ordre public, soient éliminés des programmes.

 

Décembre 1872   -  Échouage.  -  Mercredi, le steamer « Fingal », capitaine Vinant, après être heureusement sorti du bassin du Centre et de l’avant-port, Honfleur, s'est échoué sur un banc mobile situé à environ 4 000 mètres à l'est du port. Dans la nuit, le « Fingal » s'est brisé en deux, à peu près par le milieu, près le tuyau de la machine. Le chargement se compose de diverses  marchandises, et principalement d’orge.  

 

Février 1873   -   Sinistres en mer.   -  Le ministre de la marine a reçu les plus tristes nouvelles. Il parait qu'un grand nombre de sinistres ont été constatés depuis trois jours dans la Manche, et que d'importants bâtiments ont péri. En vue de nos côtes, un navire a été signalé en détresse, le bateau à vapeur de Caen au Havre n'a pu effectuer son service.

 

Mars 1873   -   Naufrage.   -  L'équipage de la « Louise-Hortense » s'est perdu près de Cherbourg, il se composait du capitaine, Monfrey de Honfleur, des sieurs François Moulin et Jean Marie, de Pontrieux, matelots, et du mousse Abrard, de Honfleur. Deux cadavres ont été retrouvés. La goélette venait de Dunkerque chargée de noir animal et d'alcool, Ce navire appartenait à M. Gibon, de Honfleur.

 

Mars 1873   -   Tirage au sort.   -  On procède en ce moment au Tirage au sort. Malgré l’établissement du, service militaire obligatoire, ce tirage à été maintenu. Il a, du reste, une certaine importance, les jeunes gens qui tireront les numéros les plus élevés ne feront qu'une année de service, où même six mois, s'ils passent avec succès, au corps leurs examens. Les jeunes gens qui tireront les numéros les plus bas, 1, 2, 3, etc……, jusqu'à un chiffre que le ministre à la guerre fixera suivant le nombre de soldats dont il aura besoin chaque année, feront cinq ans de service.

 

Avril 1873   -   Pêche miraculeuse.   -   La pêche du maquereau est miraculeuse en ce moment sur nos côtés de Normandie. Cinq bateaux sont entrés, rapportent 105 800 Maquereaux, 9 700 avaient été salés en route.

 

Mai 1873   -  Les Événements.   -   Samedi soir, M. THIERS a donné sa démission, de Président de la République française. Il a été remplacé par le maréchal DE MAC-MAHON, duc DE  MAGENTA. Le maréchal-Président est âgé de 65 ans.

 

Mai 1873   -   Accouchement impromptu.   -   Lundi dans l'après-midi, une femme L..., habitant Honfleur, se présentait à l'hospice de cette ville et demandait à y faire ses couches. L'hospice n'ayant pas cette destination, elle reçut un refus. Mais les douleurs de l'enfantement vivement ressenties l'obligèrent à aller s'asseoir au pied du phare d'où ses cris de douleur furent entendus des lavandières qui lui portèrent secours. La femme L.…… qui avait mis au monde, une grasse fille, fut relevée et transportée au domicile d'une de ses amies.

 

Août 1873   -   Fête religieuse.   -   Une intéressante fête religieuse a eu lieu à Honfleur : un cortège de marins, escorté par les pompiers de Honfleur, portait la statue du Christ, destinée à orner le calvaire de la côte de Grâce. En tête marchait le clergé, présidé par Mg. l'évêque de Bayeux. Les autorités d'Honfleur et la population suivaient la procession.  

 

Septembre 1873   -   Travaux.   -   Le 19 septembre a eu lieu l'adjudication des travaux de construction d'une jetée en charpente dans le prolongement de la jetée de l'ouest du port d'Honfleur, travail faisant partie d'un projet montant à quatre millions d'ouvrages à exécuter à ce port. M. Rengnet aîné, entrepreneur à Trouville, a été déclaré adjudicataire moyennant un rabais de un pour cent.  

 

Novembre 1873   -   Contrebande.   -  Un des jours de cette semaine, le vapeur « Ida », venant d'Angleterre avec un chargement de diverses marchandises, entrait dans le port de Honfleur. Ce paquebot débarquait, entre autres marchandises, une vingtaine de balles de coton. Le peu de volume qu'elles présentaient sembla peu en rapport avec leur poids aux employés de la douane, chargés de la vérification. Soupçonnant que ces ballots pouvaient renfermer quelque corps étranger à leur nature, ils les sondèrent et découvrirent bientôt que l'intérieur de chacun de ces ballots recelait une grande quantité de poivre et de café.  

 

Décembre 1873   -   Visites du premier janvier.   -  C’est le moment, ou jamais, de s’occuper des cartes qu’il est dans l’usage d’échanger à l’occasion du premier de l’an. C’est seulement à l’époque du 1er  janvier qu’on peut envoyer des cartes par la poste, c’est-à-dire sous enveloppe. Les cartes envoyées sous enveloppe doivent être affranchies à 5 cent, pour le rayon du  bureau de distribution, en dehors du bureau de distribution, l’affranchissement est de 10 cent. Les cartes ne doivent porter que le nom, la profession et  l’adresse. On peut en mettre deux sous la même enveloppe. Une dame ne peut envoyer sa carte à un homme non marié, une demoiselle, quel que soit son âge, n’envoie jamais de carte.

 

Janvier 1874   -   Une bonne mesure. -  Aux termes d'une décision de M. le Préfet, les fournitures scolaires, telles que globes, cartes géographiques, tableaux d'histoire sainte, livres, etc……, seront mises, à l'avenir, en adjudication au chef-lieu de chaque arrondissement, pour être ensuite livrées aux communes qui en feront l'acquisition, soit sur leurs propres ressources, soit au moyen d'allocations.

 

Janvier 1874   -   Accident.  -   M. Gouget, ancien directeur de la fanfare du collège de Honfleur, vient d'être victime d'un affreux accident.  En travaillant, la nuit, à la copie de quelques manuscrits de musique, sa lampe à pétrole est tombée, renversant sur ses mains l'huile qu'elle contenait, laquelle, en s'enflammant, l'a tellement brûlé, que l'amputation des deux bras, a été opérée.  Cet affreux malheur enlève pour toujours à cet artiste les moyens d'existence. Une souscription, dans le but de lui venir en aide, est ouverte à Honfleur, chez M. A. Aubert fils, 13, rue Brûlée.  

 

Avril 1874   -   Acte de courage.  -  Dimanche, vers 11 h. un quart du soir, le nommé Lepallier, matelot de la patache des douanes de Honfleur, se trouvait de faction près du parapet du quai de la Planchette, quand il entendit des cris « Au secours ! au secours ! » De son point de surveillance ayant aperçu un individu qui se débattait dans l'eau non loin d'un canot, Lepallier accourut et sautant dans cette embarcation, il put, aidé d'un nommé Lampérière, sauver un jeune matelot du nom de Boatry qui, pour repêcher la casquette de son camarade, eût infailliblement péri sans le secours de ce préposé et de l'intervenant.  

 

Février 1875   -   La Cour.  -  La Cour de Cassation a décidé : 1° que, seuls les propriétaires ou les fermiers avaient le droit exceptionnel de tirer sur les poules des voisins ; 2° qu'ils ne pouvaient les tuer qu'au moment où elles commettaient un dégât actuel et effectif ; 3° et sur les lieux mêmes où le dommage était causé. Ceci s'applique aussi aux pigeons.

 

Février 1875   -   Suicide d’une femme.  -  La police vient de constater le décès de la veuve Adam, domiciliée rue Bucaille, à Honfleur. En ouvrant la porte, le cadavre de la malheureuse fut trouvé gisant la face contre terre. 

Le médecin appelé a constaté que la mort était le résultat, d'abord d'un empoisonnement par une décoction phosphorique et ensuite par strangulation à l'aide d'une corde tressée par elle-même, et qui s'était rompue. La veuve Adam était âgée de 41 ans environ.  

 

Avril 1875   -   Accident.  -  Le 18 du courant, vers sept heures du soir, le nommé Louis Desseaux, âgé de 60 ans, pêcheur à Honfleur, est tombé à la mer, à 700 mètres environ des jetées d'Honfleur. Retiré aussitôt par son fils, qui était avec lui dans le bateau, ce dernier s'est aperçu que son père avait cessé de vivre.

 

Mai 1875   -   Contrebande.  -  Vendredi, il a été trouvé, échouée entre le Havre et Honfleur, une embarcation qu'on suppose avec raison appartenir à des fraudeurs. Cette embarcation, découverte par des douaniers, recelait dans ses flancs 14 ballots de tabac de contrebande, pesant chacun 50 kilog. Les ballots étaient munis de sangles, afin de pouvoir les emporter facilement. 

 

Mai 1875   -   Sauvetage.  -  Dimanche, plusieurs jeunes gens, montés dans une embarcation, s'amusaient à faire de la navigation dans le Vieux-Bassin, à Honfleur, lorsque l'un d'eux, le nommé Boudin, âgé de 13 ans, perdit l’équilibre et tomba à l'eau où il se serait infailliblement noyé, si le sieur Auguste Loisel, préposé des douanes, ne se fut aussitôt jeté dans un canot et n'eût été assez heureux pour le sauver, au moment ou il allait couler.  

 

Juin 1875   -   Accident.  -  Dans la soirée de dimanche, le sloop « Marie-Amélie », capitaine Pouètre, de Honfleur, se trouvait à l'embouchure de la Seine, faisant route pour son port. Le nommé Marais, matelot du bord, au moment où il allait exécuter une manœuvre, fut atteint par la bôme et lancé à la mer. Ce malheureux disparut sans qu'on pût lui porter secours. La mort de cet homme est d'autant plus regrettable qu’il laisse dans une position très précaire une veuve et trois enfants.  

 

Juin 1875   -   Fait divers.  -  A Honfleur, on a débarqué 150 émigrants revenant de la Nouvelle-Orléans, où ils n’ont pas rencontré la fortune qu'ils rêvaient.  

 

Décembre 1875   -  Scandale.  -  Le nommé Charles Rémond, ouvrier cordonnier, âgé de 22 ans, né à Caen et demeurant à Honfleur depuis environ un mois, a causé dimanche soir, un bien triste scandale en l'église Ste-Catherine. A 7 heures et 1/2, après être resté environ dix minutes dans le chœur, cet individu s'est levé tout à coup, a mis son chapeau sur sa tête et a traversé ainsi la grande nef, puis, arrivé à environ 15 mètres de la porte de sortie, il s'est retourné, et élevant les bras, il s'est mis à crier : « A bas la calotte ! Vive la République ! A bas les prêtres ». Il est impossible de décrire l'émotion causée par ce fait, les uns croyaient que le feu. venait d'éclater, les autres,  peu confiants dans la solidité de l'édifice, redoutaient un écroulement; d'autres encore supposaient qu'un assassinat venait d'être commis, etc., etc., et beaucoup de personnes effrayées se précipitaient vers les  portes, au risque, de s'y étouffer. Plusieurs se sont trouvées mal et ce n'a été qu'avec les plus grandes difficultés que l'on a pu rassurer tous les assistants. Pendant ce temps, l'auteur de cette perturbation s'était trompé de porte pour sortir et avait pris celle des tribunes. Rémond a été condamné à 10 jours de prison et 16 fr. d'amende.  

 

Décembre 1875   -  Le commerce du Calvados.  -  Dans le rapport présenté à la Chambre de commerce par M. Paulmier, président, nous trouvons les renseignements suivants :

Il est entré, en 1874, dans les sept ports du Calvados, Caen, Ouistreham, Honfleur, Trouville, Isigny, Courseulles, Port-en-Bessin et Dives, 2 263 bâtiments à voiles et 2 835 bâtiments à vapeur. Les sorties étant à peu près égales aux entrées, c'est un mouvement maritime de 10 196 navires.

Le plus fort navire est entré à Honfleur, c'est le trois-mâts allemand « Jocking », jaugeant 498 tonneaux seulement, mais du port effectif de 590 tonneaux, tirant d'eau, 5 mètres 06.

Le trois-mâts français « Dupuy-de-Lôme », jaugeant 451 tonneaux, chargé de 450 tonneaux seulement d'arachides, avec plus de 100 tonneaux de lest à bord, tirant d'eau 4 mètres 70, est entré à Caen

Le mouvement commercial du port de Caen a donné lieu à une somme totale d'opérations de 27 millions dont 18 millions à l'entrée et 9 à la sortie. Les principaux articles d'importation sont : la houille, fournissant 109 737 tonneaux, d'une valeur de plus de 4 millions ; Les cotons qui ont donné 5 148 000 fr, avec 2 574 tonnes, viennent ensuite le blé, les graines oléagineuses, le savon, le poisson salé, la fonte, etc…… Comme article d'exportation, on doit mettre en première ligne l'orge pour 7 612 800 fr., en second rang les tourteaux pour 766 080 fr. et les farines pour 639 450 fr.

Les produits de la pêche atteignent 3 500 715 fr. tant pour la pêche en bateaux que pour la pêche à pied. Les ports où la pêche a été la plus fructueuse, en 1873, sont ceux de Trouville, Villerville, Grandcamp, Port-en-Bessin, Honfleur et Courseulles. Il a été péché à pied, à l'embouchure de l'Orne, pour 182 200 fr. de poisson. La commerce des huîtres qui constituait une des richesses de Courseulles, en l824, où ses parcs contenaient 58 millions d'huîtres, apportées par 335 navires, est tombé, en 1874, à 10 millions d'huîtres, dont 170 400 seulement pêchées dans la mer littorale. Cette décroissance est due à l'appauvrissement des bancs de Cancale et de Granville, à l'établissement du réseau des voies ferrées, qui permet aux autres ports de la Manche et de la Bretagne d'expédier directement leurs produits vers les centres de consommation et enfin à la concurrence d'Arcachon et de Marennes.  

78     HONFLEUR.   -   Quai de la Quarantaine et le Tribunal de Commerce.  -  LL.

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