15 Octobre 2024

UN SIÈCLE D'HISTOIRE DU CALVADOS   

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HONFLEUR

Canton de Honfleur

Les habitants de la commune sont des Honfleurais, Honfleuraises

Février 1876   -  Raffinerie.  -  On assure que la raffinerie d'Honfleur commencera à fabriquer du sucre dans les premiers jours da mois de mars.    

 

Mars 1876   -  Sinistres et naufrages.  -  Du haut des cieux (sa demeure dernière), Mathieu de la Drôme doit être content, les prédictions de son gendre se réalisent. La neige tombe a flocons, le vent souffle sur les chemins, les fleuves coulent a pleins bords. Et il parait que ce n'est pas encore fini, car le prophète annonce que la période du 22 au 27 mars est à redouter pour la marine. Nick prédit du gros temps pour la même époque. L'un et l'autre pourraient bien se tromper, espérons-le.

Partout les crues sont en baisse : à Paris et aux environs, la Seine et ses affluents sont rentrés dans leurs lits, laissant à découvert des maisons et des murs, des arbres renversés. On sera forcé d'abattre beaucoup de maisons endommages par les eaux.

La neige tombe depuis plusieurs jours dans notre région, dans l'Orne, à Argentan, la campagne a été couverte de 50 centimètres . Il en est également tombé à Paris, au centre et au nord de  la France.

En Autriche, en Angleterre et en Belgique, la terre en est couverte.

Les pertes occasionnées par l'ouragan du 12 mars sont incalculables.

Dans le Calvados, les dommages causés aux bâtiments dépassent 100 000 fr. Les pommiers renversée sont par milliers, il y a des fermes qui subiront des pertes de plus de 500 fr de rente.

Nous avons encore à ajouter de grands sinistres aux nombreux malheurs que nous avons signalés dans notre dernier numéro.

 

Mars 1876   -  Sinistres et naufrages.  -  Une dépêche de Swansea annonce que le navire « France », allant de Swansea à Honfleur, s'est abordé au large du feu de Mumbles, avec le brick anglais « Eliza ». L'équipage a sauté à bord du brick, laissant le capitaine seul à bord de son navire, qui a coulé peu de temps, après. Ce brave capitaine, nommé Pierre, s'est réfugié dans son canot et a été sauvé par un navire norvégien, qui l'à mis à bord d'un vapeur.

— Le brick anglais « Paragon », cap. Stamp, allant de Shields à Trouville, avec charbon, a coulé au large de Great Yarmouth. L'équipage a été sauvé et débarqué à ce donner port par le steamer anglais « Bessemer ».   

 

Avril 1876   -  Température.  -  Les fêtes de Pâques se préparent mal : il grêle, il neige et il gèle, les colzas pendent le nez, les fleurs des arbres paraissent  brûlées. Nick avait raison, en indiquant de la neige et de la gelée du 12 au 16.

— A partir du 19, il nous prédit un temps doux, mais orageux.

 

Avril 1876   -  Le mauvais temps.  -  Les gelées de la semaine dernière ont causé des dégâts considérables dans les jardins et dans les potagers. Les abricotiers, les cerisiers, les pêchers, les pruniers qui sont en fleurs ont beaucoup souffert, les salades ont été maltraitées, quant aux asperges, aux pommes de terre, aux petits pois hâtifs, leur récolte sera retardée au moins de quinze jours. Dans les pays vignobles, la gelée et la neige ont fait beaucoup de mal, dans certains parages du Midi, les vignerons sont dans la consternation. Le temps est plus rigoureux encore en Angleterre : à Londres, il y a eu 11 degrés au-dessous de zéro.

— Cette température hivernale influe sur les locations du littoral, à Trouville, on compte moitié moins de maisons louées que l'année dernière à pareille époque. On espère que le temps va  se mettre enfin au beau, cependant, on nous fait craindre des gelées blanches pour la première quinzaine de mai. 

 

Avril 1876   -  Un homme broyé.  -  Dimanche, vers 11 heures du soir, le nommé Dubreuil journalier, âgé de 72 ans, qui se trouvait sur la ligne d'Honfleur, près du poteau kilométrique n° 194,318, a eu la tête séparée du tronc par le train n° 48, arrivant à Lisieux à 11 heures 9 minutes du soir. Le cadavre de ce pauvre vieillard a été trouvé sur la voie, vers une heure du matin, par un surveillant.

 

Mai 1876   -  Maçons et bains de mer.  -  Les ouvriers maçons d'Honfleur, profitant des nombreux travaux en cours d'exécution à Trouville, Deauville, Villerville, etc…., se sont mis en grève. Ils demandent que le prix de leur salaire soit porté à 45 c. au lieu de 40 c. l'heure.

— La municipalité de Villerville fait enlever au devant de l’estacade des bains, l'énorme quantité de cailloux et de rochers qui faisait le désespoir des baigneurs, cette masse de cailloux retirée de la mer n'est pas perdue et sert à construire solidement un chemin vicinal qui longe les falaises.

— Du côté de Trouville, les locations ne marchent pas du tout. On a des craintes sérieuses pour la saison. La reine d'Espagne ne viendra pas cette année, d'autres hôtes habituels sont en partance pour l'Exposition de Philadelphie.

 

Mai 1876   -  Armée.  -  Le fusil Gras ou chassepot modifié vient d'être distribué à toutes les troupes du 3e corps. Contrairement à l'ancien fusil, celui-ci a le canon et les capucines bleu foncé. La batterie est en métal poli. Quant au fonctionnement, il est, à peu de chose près, le même que pour le chassepot, mais le fusil Gras est bien moins sujet à s'encrasser, et on sait que c'était là le défaut principal de l'arme dont se servaient depuis quelques années les troupes français.

 

Juin 1876   -  Fête.  -  La ville d'Honfleur sera en fête le dimanche 11 juin, elle inaugure la monument élevé à la mémoire de Jean de Grouchy.   

 

Juillet 1876   -  Fait divers.  -  La semaine dernière, à Honfleur, rue Bourdet, une petite fille, âgée de 4 ans, prenait ses ébats chez sa grand'mère, lorsque, profitant de l'absence de cette dernière, elle s'approcha d'un fourneau et mit le feu à ses vêtements. Aux cris poussés par l’enfant, deux voisines, Mlles Zelie Epineuse et Anna Loisel, s'empressèrent de lui porter secours.

 

Juillet 1876   -  Accident en mer.  -  Lundi dernier, vers 8 heures du soir, le canot de pêche « Jeune-Esther », de Honfleur, patron Hurel, appartenant à la veuve Bellejambe, a été surpris par un coup de vent du N-O et s'est défoncé sur le Ratier. 

Les huit personnes qui étaient venues au Ratier à bord de cette embarcation ont été recueillies par les patrons de « Alfred-Émilie », et du « Saint-Joseph »  de Honfleur. Les débris du canot ont été ramenés à Honfleur par un remorqueur.   

 

Juillet 1876   -  Accident de voiture.  -  Dimanche, vers 9 heures 15 du soir, sur la route de Pont-l'évêque à Honfleur, le sieur Jules-Pierre Dubois, âgé de 50 ans, domestique chez le sieur Constant Noël, messager à Pont-l'évêque, est tombé sous l'une des roues de la voiture qu'il conduisait, sur laquelle il était monté et où il s'était endormi. 

Dubois a eu la cuisse gauche broyée, et, transporté à l'hospice de Honfleur, l'amputation de ce membre a été jugée indispensable.   

 

Septembre 1876   -  Encore les sceaux ronds.  -  La commune de Noron n'est pas la seule qui se sert des sceaux ronds de l'empire dont l'aigle a été enlevée. On nous signale Honfleur et la Rivière-Saint-Sauveur qui emploient les mêmes cachets. On en conviendra, c'est par trop tenir aux sceaux de l'Empire.   

 

Novembre 1876   -  Le Phare d’Honfleur.  -  Sur le prolongement de la jetée de l’Ouest, à Honfleur, il y a un phare planté depuis trois mois et qui n'a pas encore été allumé. On n'est pas, paraît-il, d'accord sur le mode d'éclairage : les uns veulent la lumière électrique, d'autres penchent pour le pétrole, les plus anciens soutiennent qu'on pourrait convenablement éclairer ce réverbère avec de la pétoche des 16 à la baguette. Question brûlante, car on ne sait pas encore laquelle de ces trois lumières l'emportera.

Encore Honfleur ! Dans cette ville boueuse et maritime, on tient la main à ce que les épiciers aient fini de brûler leur café à huit heures du matin. La mesure est à peu près générale, le quartier Saint-Léonard parait seul jouir de quelque privilège. Aussi les habitants des environs de la place de l'église et les passants se plaignent-ils d'être, vers midi, souvent jambonnés par l'un de messieurs les rôtisseurs de café.

 

Novembre 1876   -  Nous ne sommes qu’interprètes.  -  Les chevaux, ânes et mulets de la ville d'Honfleur, nous chargent d'être leur interprète auprès de ceux qui les gouvernent, pour les remercier d'avoir placé dans la rue Bourdet quelques becs de gaz (moins cependant que dans la rue des Buttes !) et de leur demander pourquoi dans les rues d'Orléans, Cachin et Notre-Dame, on a mis du cailloutis dont le plus petit est aussi gros que leur pied. C'est gênant pour leurs sabots et aussi pour ceux de messieurs les conseillers municipaux qui portent des sabots bocains. 

N B. — C'est l'huile qui l'a emporté !.…. A Honfleur, le phare de la jetée de l'Ouest est éclairé avec un lampion.   

 

Décembre 1876   -  Distinction.  -  Une médaille en argent de 2° classe, a été accordée à M. Jean-Baptiste Niard, ancien officier des sapeurs-pompiers de Ouistreham, 30 ans de services. Belle conduite dans un grand nombre d'incendies. Sauvetage d'un enfant en danger de périr dans le feu.

Une médaille semblable a été accordée à M. Auguste- Edmond Daubin, préposé des douanes à Honfleur pour avoir arrêté un cheval emporté attelé à une voiture.   

 

Janvier 1877   -  Températures.  -  La Température ne varie pas, et le temps reste humide, au grand déplaisir des cultivateurs qui voudraient voir succéder un peu de froid à la température anormale que nous subissons depuis trop longtemps. Hâtons-nous de le dire, cependant, il n'y a quant à présent, aucun dégât et tout serait pour le mieux s'il survenait sous peu du froid et de la sécheresse. 

Dans la nuit de dimanche, un ouragan terrible s'est fait sentir sur notre contrée, les dégâts sont presque insignifiants.

 

Janvier 1877   -  Population.  -  Le dénombrement de la population a donné les résultats suivants :  Honfleur.  -  9 525 habitants, dont 9 037 pour la population agglomérée, et 388 pour la population éparse. Les ménages sont au nombre de 2 208 et les maisons au nombre de l 677.   

 

Janvier 1877   -  Jour de l’an et lumière.  -  Le jour de l'an a été un jour d'attente pour la jeunesse honfleuraise. La tempête n'a pas permis au bateau du Havre de prendre la mer, et deux cents passagers au moins ont du rester sur le port. Malgré le bruit du vent, il semblait à cette jeunesse ardente et aimante entendre les pleurs et les soupirs que leurs fiancées poussaient  sur la rive havraise.

Les ouvriers d'Honfleur demandent pourquoi les becs de gaz sont allumés en plein midi ou à peu près, c'est-à-dire vers quatre heures, et éteints avant six heures du matin, heure à laquelle un grand nombre se rend aux huileries, scieries et raffineries ?

 

Janvier 1877   -  Températures.  -  La Température ne varie pas, et le temps reste humide, au grand déplaisir des cultivateurs qui voudraient voir succéder un peu de froid à la température anormale que nous subissons depuis trop longtemps. Hâtons-nous de le dire, cependant, il n'y a quant à présent, aucun dégât et tout serait pour le mieux s'il survenait sous peu du froid et de la sécheresse. 

Dans la nuit de dimanche, un ouragan terrible s'est fait sentir sur notre contrée, les dégâts sont presque insignifiants.   

 

Janvier 1877   -  Naufrage et naufragés.  -  Le navire « Providence-de-Dieu », capitaine Cottain, allant de Londres à Honfleur, avec un chargement de ciment, a fait naufrage vendredi soir sur la plage ouest de Boulogne-sur-Mer. Un homme a été noyé, c'est le sieur Bouteleux, beau père du capitaine.

Samedi dernier, on a trouvé sur la plage de Villerville, le cadavre du sieur Eugène Vigard-Germet, âgé de 25 ans, né à Hipport, demeurant au Havre, où il exerçait la profession de marin. Ce malheureux était monté dans un canot, qui sombra à l'entrée du chenal du port du Havre, et, malgré les secours immédiats, il avait été impossible de retrouver son corps, qui a séjourné dans l'eau pendant près de vingt jours.

Mercredi matin, vers huit heures, une petite barque du port d'Arromanches, montée par deux hommes faisant la pêche des huîtres sur le littoral, se trouvait près de Commes, en face de la dépression des falaises connue sous le nom de la Goulette, lorsqu'une saute de vent la fit tellement pencher du côté où se trouvaient les engins de pèche et les cordages quelle chavira. Les deux hommes tombèrent à la mer. Ils parvinrent heureusement à se cramponner aux voiles tendues et ensuite à la quille de leur embarcation.

Plusieurs bateaux de pêche de Port-en-Bessin rentraient au port au moment de l'accident. Le patron de l'un d'eux, Pierre Durand, se porta au secours des naufragés et les recueillit sains et  saufs. L'embarcation a été remorquée et remise à flot, mais les malheureux pêcheurs ont perdu pour environ 100 francs d’apparaux et engins de pêche de toute sorte.   

 

Février 1877   -  Grande marée.  -  Le 27 février, nous aurons une grande marée. Les personnes qui habitent le bord de la mer et à l'embouchure des rivières feront bien de prendre les précautions nécessaires pour que cette marée ne leur cause pas de dommages.

On annonce aussi, pour le 27 de ce mois, une éclipse totale de lune.

 

Février 1877   -  La tempête.  -  Des observations atmosphériques, faites ces jours derniers à New-York, annonçaient qu'une violente tempête, régnant aux Etats-Unis, se dirigeait vers l'Europe et qu'elle se ferait probablement sentir du 19 au 20 février sur les côtes de France et d'Angleterre.

Cette prédiction s'est accomplie. Le vent a fait rage sur nos côtes, il a éclairé et tonné. Nos populations côtières sont dans l'inquiétude, l'état de la mer justifie leurs craintes. L'ouragan n'a fort heureusement occasionné, jusqu'ici, aucun dégât important dans la campagne, mais il n'en a pas été de même en mer.

— De tous les points de la France, des crues sont signalées. Presque partout les cours d'eau débordent, sur plusieurs lignes, et notamment vers l'Est, les voies ferrées ont été submergées et la circulation arrêtée.

 

Février 1877  -  Naufrages.  -  Mardi matin, deux navires anglais, un brick et une goélette, ont sombré entre Honfleur et le Havre. L'équipage du brick a pu être sauvé. Quant à la goélette, cinq hommes ont été sautés et amenés à Honfleur par le canot de sauvetage n° 3 du Havre, commandé par le capitaine Voisard. Le capitaine de la goélette et un pilote de Honfleur, le sieûr Tribout, père d'une nombreuse famille, qui se trouvait à bord, ont été emportés par un coup de mer.

On se demandait à Honfleur pourquoi le canot de sauvetage de ce port n'avait pas été poussé à la mer, alors que les havrais envoyaient du secours, et qu'un grand nombre de nos braves marins Honfleurais ne demandaient qu'à se dévouer.

Un fait à peu près analogue s'est déjà produit l'année dernière, lors du naufrage d'une goélette anglaise.

— Vers une heure de l'après-midi le lougre de Honfleur « Saint-Pierre-Justine », appartenant à M. Biette, est rentré dans le port avec des avaries importantes, il avait perdu un matelot et un mousse, emportés par la mer.

— A Boulogne-sur-Mer, de nombreuses épaves ont été jetées à la côte.

— La Méditerranée a été également affreuse dans la nuit du 20 au 21. Un navire français, le « Jeune-François », a sombré.   

 

Mars 1877   -  Un cadavre à la mer.  -  Le capitaine de « l'Hirondelle », qui fait le trajet entre le Havre et Honfleur, a aperçu dans sa route un cadavre qui a suivi le steamer jusqu'à Honfleur et de la a du suivre l'enrochement. Tout porte à croire que ce cadavre est celui du capitaine de la goélette anglaise qui a été enlevé à la mer dans la dernière tempête, ou celui du sieur Tribout, pilote d'Honfleur.

 

Juin 1877   -  Un monstre marin.  -  Un des gagne-pain des femmes et filles pauvres de Honfleur est la pêche aux moules et à la crevette sur le Ravier, entre Villerville et Trouville. L'autre jour, comme elles se livraient à leur travail, les pêcheuses entendirent les hurlements d'un monstre marin qui ne peut être qu'un phoque ou un veau marin, prises de peur, elles se hâtèrent de remonter dans leur bateau et de regagner la grève. Depuis, elles ne s'aventurent sur le Ratier qu'en tremblant et en priant Notre-Dame-des-Flots d'éloigner de ce rivage le vilain animal.   

 

Août 1877   -  Arrivages de bois.  -  Les vents qui règnent depuis huit jours ont amené dans nos ports des navires chargés de bois provenant, de Russie, des Etats-Unis, de Suède et de Norvège. II était temps... plusieurs scieries du quartier d'Honfleur allaient chômer à défaut de bois. Presque tous ces navires, attendus depuis plusieurs semaines, ont été retardés par des relâches forcées.

 

Août 1877   -  Ouragan.  -  Avant de nous visiter, l'ouragan qui s'est abattu sur notre contrée samedi et dimanche, avait fait de grands ravages à Bordeaux et aux environs, partout la désolation est grande, ce ne sont qu'arbres fruitiers déracinés, haies enlevées, fruits détachés par millions, maisons démolies, étables mises à nu, bestiaux dispersés, bas-fonds inondés, embarcations chavirées, démolies et mises hors de service. Cinq jeunes gens montaient une embarcation qui a chaviré, leur matelot a disparu avec eux, deux petites filles ont également disparu. Des détails navrants nous arrivent d'Arcachon où plusieurs cadavres sont venus à la côte. Deux fils de famille ont péri.

Dans le Calvados, les dégâts paraissent se réduire à des arbres déracinés et a des toitures enlevées. Une croyance enracinée chez les marins, c'est que toute éclipse de lune est suivie d'ouragan, comme ceux de ces derniers jours. En 1870, le 23 juillet, une éclipse de lune a été suivie de trois journées terriblement venteuses pendant lesquelles une vingtaine de navires ont péri. C'est donc sur le compte de l'éclipse de jeudi que doivent être mis les derniers ouragans.

 

Septembre 1877   -  La saison balnéaire.  -  Le mois d'août a fini avec le mauvais temps, septembre a aussi mal débuté, mais tout fait espérer de prochains beaux jours. La saison balnéaire n'a pas été bonne jusque-là, et septembre ne s'annonce pas mieux. Sur toutes nos côtes, il y a en ce moment très peu de monde, et elles sont rares les grosses locations. C'est peut-être un peu de la faute des propriétaires, hôteliers et marchands, dont les exigences ne connaissent plus de bornes, on loue les maisons au poids de l'argent, et l'on vend les denrées au poids de l'or. Que de plaintes ! que de réclamations ! 

Ces prétentions pourront bien avoir de regrettables conséquences, et lorsque l'étranger, fatigué d'être ainsi écorché, cherchera des rives plus hospitalières, les rançonneurs normands lâcheront, mais trop tard, la corde avec laquelle ils auront essayés d'étrangler les baigneurs sera cassé.

 

Septembre 1877   -  Tempête et naufrage.  -  La tempête de lundi a causé dans les parages du Havre un déplorable malheur, qui a profondément attristé la population d'Honfleur. Un petit canot, dit picoteux, monté par deux hommes, de St-Sauveur et qui se trouvait, vers neuf heures du matin, un peu plus haut que le port d'Honfleur, en face de la rivière Saint-Sauveur, a coulé sous voiles au moment où les deux marins qui le montaient, prenaient un ris. Les deux malheureux ont disparu.

On nous dit que ces infortunés étaient les nommés Constant Louvet, âgé de 43 ans, père de quatre enfants, et Louedin, vieillard de 60 ans. Ils habitaient St-Sauveur.

Dans la soirée de lundi, une barque de pêche à moitié détruite, « l’Indépendance », de Caen, est venue s'échouer sur la plage du Hôme, en face le Grand-Hôtel. Peut être était-elle montée au moment de la tempête, mais il ne restait dans la barque aucune trace de son équipage.    

 

Septembre 1877   -  Le marché.  -  Au grand mécontentement des commerçants du quartier Sainte-Catherine, il est question de transporter le marché de la place Sainte Catherine, à Honfleur, sur la place des Fossés. La première place n?offre, en effet, qu'un emplacement trop restreint pour le nombreux public du samedi.

 

Octobre 1877   -  Travaux.  -  Les travaux de l'église Saint-Léonard, de Honfleur, sont terminés, il ne reste plus qu'à les payer. C'est la le hic ! La rue d'Orléans, à Honfleur, vient d'être garnie de trottoirs, c'est très-bien. On nous prie de signaler aux édiles honfleurais les trous qui déparent la rue Chaussée.    

 

Novembre 1877   -  Harengs frais ! harengs frais !  -  On n'entend que ce cri par les rues d'Honfleur, où le hareng est en telle abondance qu'il se vend 40 centimes la douzaine. 

 

Novembre 1877   -  Découverte d’un cadavre.  -  Dans un épais taillis de la forêt de Saint-Gatien, à Honfleur, on a trouvé, lundi, les ossements d'un homme de 25 à 30 ans. A côté, des souliers, des chaussettes de laine et les restes d'un vêtement de laine. On croit à un suicide d'un homme étranger au pays, aucune disparition n'ayant été signalée depuis une année, époque probable du décès.

 

Novembre 1877   -  Bœuf furieux.  -  On a abattu lundi soir, dans la cour de la gare de Honfleur, un bœuf, devenu furieux, qui venait de s'échapper d'un troupeau que l'on embarquait à destination du Havre. Dans sa course affolée des bassins à la gare, le bœuf avait renversé deux personnes qui en seront heureusement quittes pour de légères contusions.

 

Novembre 1877   -  Les suites de la tempête.  -  Le brick « Edmond » de Courseulles, allant de Sunderland à Caen, s'est échoué à Cock-Point, près Folkestone, et a été mis en pièces. Deux hommes de l'équipage ont pu se sauver, mais le capitaine et deux matelots se sont noyés. Le malheureux capitaine, nommé Dupray, avait son domicile à Courseulles.

La navire français « d'Artagnan » attaché au port d'Honfleur, allant d'Angleterre à Brest, avec un chargement de houille pour le compte de l'État, a fait naufrage en vue de Deal (Angleterre). Deux des hommes de l’équipage ont disparu. Il est possible qu’ils aient pu être recueilli par un navire. Le « d’Artagnan » appartient à M. Hallais de Honfleur.

 

Novembre 1877   -  Une centenaire.  -  Mme Benoist, la centenaire honfleuraise, est entrée dans sa 102e  année. A cette occasion, une réunion des pauvres a eu lieu à l'église St-Léonard où une distribution de pain a été faite au nom de cette dame. Mme Benoist jouit de ses facultés et porte gaillardement son âge.

 

Décembre 1877   -  Découverte d’un cadavre.  -  Le sieur Louvet, patron de la barque « l’Espérance-en-Dieu », est rentré dans le port d'Honfleur, rapportant le cadavre d'un homme d'une soixantaine d'années, qu'il avait découvert à un mille en mer. Cet homme, de petite taille, porte un bandage au coté gauche.

 

Décembre 1877   -  L’hiver.  -  Nous sommes dans l'hiver depuis le 21, aujourd’hui 28, les jours sont dans leur plus grande décroissance, c'est le moment de rappeler sommairement quelques-uns des grands hivers restés fameux dans la mémoire des peuples : En 822 les plus lourdes charrettes ont traversé les fleuves et les rivières pendant un mois.

— 1408, des ponts sont emportés par les glaces. Plusieurs greffiers de justice déclarent qu'ils ne peuvent tenir leur plume, pour enregistrer les arrêts, l'encre gelant dans l'encrier.

— 1484, trois mois de gelée continue.

— 1544, on coupe le vin et le cidre avec des haches.

— 1709, le terrible grand hiver. Le froid dépasse 20 degrés, le vin gèle dans les tonneaux. Les cloches cassent en sonnant.

— 1783, le froid atteint 19 degré. Soixante neuf jours consécutifs de gelée.

— 1786, 22 degrés de froid, la Manche est couverte de glaces.

— 1795, quarante-deux jours de gelée continue. C'est l'année où Pichegru prit la flotte hollandaise avec de la cavalerie, au Texel.

—1840, froid mémorable du 15 décembre, jour de la rentrée des cendres de Napoléon 1er   à Paris, 17 degrés de froid.

— 1870 - 1871, l'année terrible, clôt cette série dont la nomenclature donne froid dans le dos.

Espérons que l'hiver qui commence sera plus clément.

 

Janvier 1878  -  Abordage.   -   Dans la nuit de jeudi à vendredi, vers 1 heure et  demie du matin, le sloop « Émile », étant mouillé au premier feu rouge, amont du banc des meules (Est-Seine), a été coulé par le steamer anglais « Ferndale », qui avait quitté  Rouen  la veille au soir. Les deux hommes formant l'équipage de ce sloop ont été sauvés, après être restés 20 minutes sur des épaves, par le capitaine Boutard, du steamer  « Écureuil ».   

 

Janvier 1878   -  Un monstre marin.  -  Plusieurs pilotes et pêcheurs ont aperçu depuis quelques jours un monstre marin, qui se trouve à une distance environ 10 milles au large du Havre, l'animal, d'après ceux qui l'ont vu, mesure environ 45 pieds, il lance par ses évents des jets d'eau d’une hauteur de près de deux mètres. D'après les indications qui ont été données par les personnes qui l'ont vu, ce cétacé semblerait appartenir à la race des baleines.

Le pilote Monfort l'a aperçu deux fois lundi et mardi dernier. Le monstre marin paraissait être une demi fois plus long que le bateau-pilote de Montfort, qui mesure environ trente pieds de longueur.

 

Janvier 1878   -  Est-ce la fin du monde ?  -  Il vente, il tonne, il grêle, la prairie est submergée, la vallée d'Auge est inondée, certains quartiers de Pont-l’Evêque sont de nouveau transformés en une nouvelle Venise ... moins les monuments, la foudre est tombée aux environs de Vire. Mardi, vers midi, un tremblement de terre a été ressenti à Caen et sur plusieurs points du département, il n'a  duré que quelques secondes, pendant lesquelles les vitres, fenêtres, murs et maisons semblaient trembler. Cette secousse s'est également fait sentir au Havre et à Rouen.

 

Mars 1878   -  Effondrement.  -  Mardi matin, à Honfleur, le plancher du premier étage d'une maison â deux étages, appartenant à Mme veuve Manon, située dans une allée traversant de la rue des Lingots à la rue Barbel, et occupée par la femme Oufour, s'est écroulé en entier et a été précipité dans une écurie, entraînant avec lui plusieurs personnes et tous les meubles. Malgré cette terrible chute, aggravée encore par le feu qui brûlait dans les fourneaux, personne n'a été blessé.   

 

Avril 1878   -  Les suites de la tempête.  -  Vendredi, une tempête s'est déchaînée sur nos côtes. Le vent soufflait avec une violence extrême et les petites barques et les canots assez nombreux qui étaient à la pèche de la crevette et du petit poisson, se sont empressés, aussitôt qu'ils ont eu assez d'eau, de rentrer dans leurs port, non toutefois sans avoir couru de grands dangers, car plusieurs ont été près de chavirer, d'autres sont entrés démâtés, avec un lambeau de toile pour se diriger.

Le sloop français « Dieu-nous-Protége », parti du Havre vendredi, à destination de Caen avec un chargement d'orge, de maïs et de diverses marchandises, s'est échoué vers cinq heures de l'après-midi, sur la côte du Calvados, près de Lion-sur-Mer. L'équipage a été sauvé et une partie de la marchandise a été mise à terre. La barque de pèche aux huîtres, « Glory », de Caen, appartenant à M. Marc, de Ouistreham, étant en pèche vendredi matin, a été surprise par la bourrasque, au Havre, en essayant d'entrer dans le port, son étai de grand mât a cassé et a occasionné la chute du mât, avec tout son gréement. Par un heureux hasard, aucun des six hommes n'a été atteint.

La « Cécile-Adèle », n° 397, de Caen, montée par six hommes d'équipage, ayant eu son mât cassé et ne pouvant plus tenir sa voile, est partie en dérive et a mouillé son ancre entre Trouville-sur-Mer et Honfleur.

Samedi matin, la goélette française « Nouvelle Société », capitaine Jacques, venant Swansea, avec un chargement de charbon, s'est mise à la cote, sous Trouville. L’équipage a été sauvé.

Un bateau, honfleurais monté par le patron Abrard, a été jeté à la côte près Criquebeuf. L'équipage a pu se sauver.

Une autre embarcation, « l'Amélie », n° 80, patron Adolphe Baudry, a éprouvé des avaries et a perdu son appareil de pèche.

On écrit de Calais que rarement on avait vu un temps aussi épouvantable. La côte est parsemée de débris provenant de la rupture de la jetée. Un navire, la « Sirène », est échouée au ruisseau des Anguilles, et le remorqueur n'a pu sortir pour aller à son secours. Un vapeur anglais, venant de Calais a sombré en face de Douvres. L'équipage a été sauvé.

Il se confirme que sur les trois cents passagers de « l'Eurydice », naufragés en vue des côtes anglaises, deux seulement ont été sauvés. Sur notre littoral, on recueille chaque jour des épaves provenant de ce sinistre.   

 

Avril 1878.   -   Sauvetage.   -   Dimanche soir, le nommé Auguste Michel, 16 ans, mousse à bord du remorqueur « Lamartine », amarré dans l'avant-port de Honfleur, est tombé à l'eau. Il en a été retiré sauf par le préposé des douanes Daubin, aidé du sieur Diot, ouvrier gazier. ( Bonhomme Normand)

 

Juillet 1878   -  Excellente mesure.  -  Le Ministre vient d'interdire dans les écoles communales les quêtes qui s'y font habituellement sous divers prétextes religieux ou autres. Pendant qu'il y était, le Ministre aurait bien fait d'interdire aussi les souscriptions ouvertes dans certaines écoles pour offrir soit à l'instituteur, soit au curé, un cadeau à l'occasion de leur fête ou anniversaire. 

 

Août 1878   -  Subventions.  -  M. le ministre a alloué au collège de Bayeux une subvention annuelle de 1 000 fr., pour les dépenses de l'enseignement, et une subvention annuelle de 1 800 fr. au collège de Honfleur pour la création d'une chaire de physique.

 

Septembre 1878   -  Quasi échouage.  -  Dimanche matin, à Honfleur, un vapeur trois-mâts anglais chargé de charbon a été, sous l'influence du courant, placé en travers du chenal. Dans la nuit, il a pu être tiré de cette position, qui rendait inaccessible l'entrée du port. Le lendemain, une dizaine d'ouvriers armés d'ustensiles ressemblant assez à des pelles à feu, étaient employés sur ce point à enlever les vases. Une drague à vapeur ferait assurément mieux et plus vite l'affaire.

 

Septembre 1878   -  Pêche au bâton.  - La semaine dernière, un maître de natation était en train de donner des leçons à ses élèves, non loin du phare de l'hôpital, à Honfleur, lorsqu'il aperçut quelque chose se débattre à fleur d'eau. Le maître nageur se jeta à l'eau, mais la forme disparut, à peine était-il de retour sur la rive que la forme reparaissait. Le nageur s'arma d'un bâton et fut assez agile pour étourdir la bête, un poisson d'une forme bizarre, pesant de 12 à 15 livres, qu'il rapporta à terre. Ce poisson a été, donné à une pauvre femme qui l'a vendu, à son profit, 2 fr. 75. La pêche est drôle, mais l’action est bonne, c'est pourquoi nous la relatons, en regrettant de ne pas connaître le nom du maître nageur qui a droit à un brevet d'invention pour son système de pèche... à la nage et en bâton.   

 

Septembre 1878   -  Ou est l’accord parfait ?  -  Il y a eu, dimanche dernier, concours d'orphéons à Deauville. Les Sociétés chorales du Calvados qui ont été couronnées appartiennent à Bonnebosq, La Boissière et Villers-sur-Mer.

Les fanfares d'Angerville, Villers-sur-mer, Argences, Courtonne-la-Ville, Bonnebosq, la Boissière, Orival et Aunay-sur-Odon (Enfants du Bocage), ont également obtenu des récompenses.   Dans la 1er division des fanfares, Pont-l'Evêque a enlevé le 1er  prix à la Philharmonique d'Honfleur, qui a dû se contenter du second. Les philharmoniques honfleurais sont furieux, leur président veut porter un défi de 10 000 fr. aux vainqueurs. A la suite de cet échec, un journal honfleurais a écrit qu'il y avait trop de pianistes dans le jury.   

 

Décembre 1878   -  Neige et gelée.  -  La neige et la gelée qui ont fait leur apparition dans notre département retardent encore les nombreuses semailles en blé déjà retardées par les pluies. Sur certains points du département, il y a de vingt à trente centimètres de neige.

 

Décembre 1878   -  Perte d’un navire.  -  Jeudi, à la marée du matin, le steamer anglais « Nuphar », chargé de 1 500 tonneaux de lin, blé, vesce et graine de navette, s'est échoué en montant à Rouen, sur la rive droite de la Seine, par le travers du Hode. A mer baissante, ce navire s'est rompu et on peu le considérer comme perdu.

 

Décembre 1878   -  Hareng et morue.  -  Nos marins sont dans la désolation, la pèche du hareng est nulle. Celle de la morue sera faite par un nombre restreint de bateaux, la mauvaise campagne de l'an dernier d'un côté, de l'autre la non vente de la morue, en sont la cause.   

 

Janvier 1879   -  Population.  -  Voici le mouvement de a population en 1878, à Honfleur : Naissances, 245 ; mariages, 82 ; décès 261.    

 

Avril 1879  -  Demande de subvention.  -  Le Conseil général, considérant que les demandes de subvention sur les fonds de l'État, pour travaux aux églises et aux presbytères, a été établi conformément à l'article 2 de la loi du 10 août 1871, en tenant compte de l'urgence de ces travaux, ainsi que des charges et des ressources des communes. Prie M. le Ministre de vouloir bien accorder aux communes les subventions demandées pour travaux aux églises et aux presbytères, à Honfleur, travaux à l'église (monument historique). Montant de la dépense 166 942, 58 fr. déficit : 32 942, 58 fr.

 

Mai 1879   -  Découverte de cadavres.  -  Jeudi, à 9 heures du soir, le nommé Hennier, patron de barque de pêche à Honfleur, a trouvé en mer, à la tête du Ratier, un cadavre, qui était dans un état de décomposition très avancé, et l'a ramené à Honfleur. Cet individu est âgé de 58 à 66 ans. Dans les poches de son pantalon on a trouvé deux mouchoirs, dont un à carreaux rouges et blancs, marqué dans un coin des initiales L. F. 

  -  Des pêcheurs de moules ont également trouvé, sur le banc du Ratier, le cadavre d'un noyé, âgé de dix-huit à vingt ans, et paraissant avoir séjourné quelque temps dans l'eau. Le corps du  défunt, qui était vêtu d'une blouse, a été porté à la morgue de Honfleur.   

 

Mai 1879   -  Évitons l’effusion.  -  Les pêcheuses de moules d'Honfleur sont, nous assure-t-on, à la veille de se mettre en insurrection. Il paraît que le sexe fort leur fait une concurrence déloyale. Il grage les moules, c'est-à-dire les ramasse à poignées, bonnes ou mauvaises, et en remplit ses bateaux, tandis que les pêcheuses doivent les ramasser une à une, et ne prendre que les belles et les bonnes. De là, grand mécontentement et vifs murmures. Le garde-pêche pourra facilement empêcher l'effusion, sinon du sang, du moins l'effusion de propos malveillants, en allant sur le ratier, tous les jours, veiller à ce que personne ne grage. Nous ne doutons point qu'il ne s'empresse de rendre ce service au sexe faible.    

 

 Juillet 1879   -  Écoles primaires.  -  Les vacances des écoles primaires commenceront le 1er  août pour finir le 1er  septembre.

 

 Juillet 1879   -  Mairie d’Honfleur.  -  On dit que c'est M. Chasles, propriétaire de l'hôtel du Cheval-Blanc, qui serait nommé maire.

 

Juin 1879   -  Le dénichage des oiseaux.  -  A cette époque de l'année, nous ne saurions trop engager MM. les instituteurs à rappeler aux enfants qu'il y a une loi qui interdit le dénichage des oiseaux. Ils éviteront ainsi à leurs élèves les pénalités qui pourraient les atteindre et rendront un véritable service à l'agriculture. 

 

Août 1879   -  Secours aux communes.  -  Les secours suivants viennent d'être accordés sur les fonds de l'Etat aux communes ci-après : Agy, agrandissement de l'église 3 000 fr. ; Mosles, travaux à l'école mixte, 580 fr. ; St-Laurent-sur-Mer, achat de mobilier de l'église, 300 fr ; Cardonville, achat de mobilier de l'église, 250 fr. ; St-André-de-Fontenay, travaux de restauration de l'église, 2 000 fr. ; Fresne-Camilly, restauration de l'église, 800 fr.  ; Maizières travaux au presbytère, 1 500 fr. ; Honfleur, travaux à l'église Ste-Catherine, 10 000 fr. ; Annebesq, réparations  au presbytère, 1 000 fr.   

 

Octobre 1879   -  Enfin !   -  La municipalité d'Honfleur vient d'être restaurée. Ainsi que nous l'avons annoncé en juillet, c'est M. Félix-Louis-Marie Chasle, hôtelier, qui a été nommé maire de cette ville en remplacement de M. Luard, démissionnaire. M. Amand Jouen est nommé adjoint, à la place de M. Lefèvre, démissionnaire.   

 

 Octobre 1879   -  Fausse alerte.  -  Lundi soir, à Honfleur, près d'un grand magasin dans le quel une machine à vapeur a été installée pour monter des grains aux étages supérieurs, un passant s'est mis à crier : Au feu ! croyant voir l'immeuble brûler. 

C'était, le fourneau de la machine qu'il avait pris pour un foyer d'incendie. Tout le quartier de la gare, qui avait été mis en émoi, s'est rassuré en voyant que ce n'était pas la maison qui brûlait, mais un citoyen qui, ayant sans doute la tête chaude n'y voyait que du feu.   

 

Décembre 1879  -  L'hiver.  -  Les premières neiges viennent de faire leur apparition. Lundi soir, en quelques heures, la terre a été complètement couverte. Depuis lors le froid sévit avec intensité. Cependant nous n'avons pas encore trop à nous plaindre à Caen. Sur plusieurs points de notre région, la neige est tombée beaucoup plus abondante. À Honfleur notamment, il y en avait dans les rues plus de trente centimètres mardi soir. Tout semble présager un hiver long et rigoureux.

 

 Décembre 1879  -  L'hiver, la neige, le froid.  - Voici l'hiver dans toute sa rigueur. Le froid a sévi sur toute la France, et sur bien des points la neige a intercepté les communications. Cette tempête a duré plusieurs jours. Le manteau de neige dans lequel la France paraissait enveloppée avait dans les endroits les moins atteints de 50 à 60 centimètres d'épaisseur.

En divers endroits, la neige, poussée et amassée par le vent, s'élevait à plus d'un mètre. Beaucoup d'habitants se trouvaient bloqués chez eux et ont été obligés de faire une tranchée pour communiquer avec leurs voisins. Depuis bien des années on n'avait vu en décembre, en si peu de temps, la neige tomber aussi abondamment.

En 1831 l'hiver fut des plus rigoureux. Le 6 décembre, de cette année, une trombe de neige s'abattit sur la ville de Caen et fit les plus grands ravages. Un café de la rue Venelle-aux-chevaux s'effondra.

En 1709, le froid fut tel qu'à l'autel les prêtres étaient obligés de mettre un réchaud à côté du calice, qui gelait, malgré cette indispensable précaution.

En 1480, le froid dura du milieu de décembre au commencement de mars, et fit beaucoup de victimes. La terre était gelée à quatre pieds de profondeur, l'eau gelait auprès d'un feu très bien alimenté.

Pendant plusieurs jours, les voitures n'ont pu circuler sur les routes.

Le service des chemins de fer a été momentanément interrompu, les trains de Paris étaient restés à Mantes. Les facteurs de la poste n'ont pu faire leur service dans les campagnes qu'en surmontant les pics grandes difficultés. De nombreux accidents se sont produits. Des voilures sont restées en détresse sur les routes.

Le froid qui est excessif a causé de nombreuses morts par suite de congestion.

Sur nos côtes, on ramassait à pleins paniers les crabes et les étrilles, engourdis par le froid. Partout le poisson abonde, on le pêche pour ainsi dire à fleur d'eau, où il demeure comme paralysé. 

 

Mars 1880  -  Ca coulera-t-il ?  -  Honfleur a dépensé plus de 100 000 fr. pour installer des bornes fontaines qui n'ont pas encore pu donner une goutte d'eau. En ce moment, on fait une enquête et des expériences afin de savoir pourquoi elles s'obstinent ainsi à désespérer l'architecte qui les a placées. Les uns disent : Ça coulera ! les autres répondent : Ça ne coulera pas ! Quant à l'architecte, il ne dit rien, mais n'en pense pas moins, car si ça ne coule pas, c'est lui qui sera coulé. 

 

Mars 1880  -  Restaurons l’enseignement.  -  M. Chasles, maire de Honfleur, vient d'être nommé président de la délégation cantonale chargée de surveiller les écoles primaires du canton. Voilà une commission qui entend restaurer l’enseignement, puisque son président est ex-maître d'hôtel.   

 

Avril 1880  -  Explosion de gaz.  -  Lundi soir, vers huit heures, une explosion de gaz s'est produite au bureau télégraphique de Honfleur. M. Differdange, le directeur, a eu le dessus de la tête fortement brûlé, un des facteurs a eu aussi la main brûlée. Le plafond a été lézardé.

 

Avril 1880  -  Les marchands du temple.  -  On nous signale du canton de Honfleur une paroisse qui se charge de vendre les cierges aux enfants de la première communion. Ce petit commerce se fait aussi dans d'autres communes. Il est lucratif, notamment dans celles où, par crainte du feu, on n'allume pas les cierges. Les mêmes peuvent servir quatre ou cinq ans de suite et rapporter ainsi vingt ou vingt-cinq francs chacun, ce qui est assez joli. Mais puisqu'on vend des cierges dans les sacristies, pourquoi n'y vendrait-on pas aussi les vestes pour premières communions, les bonbons pour baptême et la fleur d'oranger pour mariage.

 On aurait tort de penser qu'en parlant ainsi nous voulons railler la religion. Ces petits commerces n'ont rien de commun avec elle, au contraire. Jésus chassa les vendeurs du Temple, mais il ne dit pas à ses, disciples d'y tenir boutique à leur place.

 

Juin 1880  -  L’enfant de la mer.  -  Mardi, à la marée du soir, la barque de pêche du patron Germain, revenait du banc du Ratier, à Honfleur, chargée d'une nombreuse compagnie de pêcheurs et de pêcheuses de moules. Parmi ces dernières était la dame Brecour qui se trouvait dans un état de grossesse très avancée. Arrivés à la hauteur de la plage des bains, vers sept heures du soir, la femme Brecour commença à sentir les premières douleurs de l'enfantement. On se hâta d'atteindre l'avant-port, où l'on couvrit d'une toile la barque que la patiente n'avait plus la force de quitter, et ce fut ainsi, sur les eaux de la mer, qu'elle fut délivrée par les soins de la sage-femme.    

 

Juin 1880  -  Accident de mer.  -  La goélette « Sans-Souci », entrée mercredi dans le port de Rouen, avait perdu la veille, étant par le travers de Honfleur, un des hommes de son équipage, le matelot Demola, âgé de 24 ans. Ce marin, en travaillant sur l'avant du navire, est tombé accidentellement dans la Seine. On lui a jeté immédiatement des bouées de sauvetage, mais il  n'a pas reparu à la surface, et tous les efforts faits pour le sauver sont restés sans résultat.    

 

Juillet 1880  -  Les orages.  -  Samedi soir, un orage 1épouvantable à éclaté sur Caen et une partie du Calvados. A Caen, les rues de la ville ont été transformées en torrents et l'eau a envahi beaucoup de maisons. Des arbres ont été renversés par l'ouragan, notamment près de l'école de natation, ainsi qu'à Louvigny

Dans les communes d'Hérouvillette et Ranville, les colzas, blés, sarrasins, ont été broyés par la grêle.

Le canton d'Évrecy a beaucoup souffert. Les blés, les orges sont roulés et hachés, les seigles, plus avancés, ont la paille moins altérée, mais les sarrasins sont endettés et absolument perdus. Les avoines n'ont plus d'épis, les colzas sur pied sont émondés, ceux qui étaient coupés sont aux trois quarts battus. L'écorce des jeunes pommiers est même détachée du tronc dans les endroits où les grêlons ont frappé. C'est un désastre complet. Les communes les plus frappées sont : Sainte-Honorine-du-Fay , Maizet, Avenay, Esquay, Vieux, Maltot  et Feuguerolles. A Hamars, les récoltes des quatre principales fermes sont complètement détruites et non couvertes par assurances.

Dans le canton de Ryes, on évalue à plus de trente mille francs les dégâts causés par la grêle.

A Fontaine-Etoupefour, les dégâts s'élèvent à 30 000 fr.

A Argences, la foudre a tué une jument appartenant au sieur Deschamps, maître d'hôtel.  A Billy. elle est tombée sur la maison du sieur Bisson, a dérangé un lit dans lequel étaient couchées deux personnes, mais n'a fait que de légers dégâts. A Livarot, elle a brûlé une meule de foin. A Trouville, il y a eu un véritable déluge.

A Goustranville, la foudre a tué une jument appartenant à M. Gosselin. A Dozulé, les marronniers placés de chaque côté de l'église ont été rompus.

Cet orage a aussi occasionné de grands dégâts dans le canton de Balleroy : la foudre est tombée plusieurs fois, et a renversé, à Balleroy, deux personnes qui se trouvaient dans un champ, sans leur faire néanmoins de graves blessures. A Castillon, par suite de la foudre, le feu a pris à une boulangerie dépendant de la ferme de M. Pelcerf. Perte 600 fr. Assurée.

Honfleur et les environs, notamment du côté de Gonneville, l'orage a fait des dégâts considérables. Rue Boudin, à Honfleur, une petite fille a été renversée par la masse d'eau qui, de la côte, se précipitait par cette rue en pente. Sans le prompt secours d'un habitant du quartier qui fut assez heureux pour ressaisir l'enfant qui disparaissait entraînée par le courant, il est certain qu'elle n'eût pu d'elle même échapper au danger qui la menaçait.

Le préfet rappelle aux maires dont les communes ont subi des pertes, qu'ils doivent adresser à la préfecture une demande de secours, indiquant nominativement les cultivateurs sinistrés et la perte de Chacun. Dans la même pétition, ils feront connaître les noms de deux cultivateurs d'une commune voisine les plus aptes à assister les contrôleurs dans l’estimation des pertes.   

 

Juillet 1880  -  Accident de mer.  -  Samedi, à une heure 50, une trombe, précédant de quelques  mètres un fort grain venant au Nord-Ouest, s'est formée à l'ouvert du port de Honfleur, à environ 200 mètres. Cette trombe, qui avait environ 20 mètres de hauteur, s'est fondue avec le grain à l'ouvert de la vallée d Equainville. Au moment du grain, un crevettier appartenant à M. Biette, d'Honfleur, et conduit par M. Piquet, a chaviré sur son chalut, entre Villerville et Trouville. L'équipage a été aussitôt recueilli par la plate de Villerville, Hot-203. Au moment de l'accident, le crevettier, dont la construction ne remonte qu'à un mois environ, avait cargué ses voiles. On espère le relever .

 

Août 1880  -  Sauvetage.  -   Dimanche soir un nommé Corrube, de passage à Honfleur et se rendant au Havre, cherchait à s'embarquer à bord du steamer « Notre-Dame-des-Flots », amarré quai de la Quarantaine, mais l'obscurité aidant et aussi, parait-il, l'état d'ébriété dans lequel il se trouvait, Corrube manqua l'échelle et tomba entre mur et quai. Le jeune Dumesnil, âgé d'une quinzaine d'années seulement, mousse à bord du « Notre-Dame-de-Grâce », se jeta aussitôt à la mer et fut assez heureux pour saisir l'homme, qui, sans ce secours, allait sans doute disparaître, et à le maintenir jusqu'à ce que d'autres personnes, promptement accourues, vinssent l'aider à le retirer.

 

Novembre 1880  -  L’horloge de Honfleur.  -  Il y a quelques mois, ce cadran était éclairé le jour aussi, l'employé chargé de cet éclairage étant trop fatigué pour monter éteindre le gaz. Maintenant il arrive assez souvent que ce cadran n'est plus éclairé du tout, même la nuit. L'employé en question est, à présent, trop fatigué pour monter allumer. On dit que le conseil municipal va voter un ascenseur pour hisser son employé jusqu'au cadran.

 

Décembre 1880  -  Naufrage.  -  Le steamer « Ida », capitaine Hartfield, de la ligne de Honfleur à Littlehampton, est entré jeudi à Honfleur , ayant à bord le capitaine et l'équipage du brick  « Contest », allant de Shields à Plymouth, avec une cargaison de houille. Dans la nuit de mercredi à jeudi, pendant une forte brise d'ouest et une pluie assez épaisse pour rendre tout feu  imperceptible, le brick s'est échoué sur un banc de récifs, nommé Orvers, qui se trouve à trois lieues au S. 0. de Littlehampton. Vu l'état de la mer, le navire n'a pas tardé à se briser et le personnel du bord a dû se sauver dans la chaloupe. 

Le steamer « Ida » était parti de Littlehampton et avait environ une heure de mer, lorsque le capitaine Hartfield entendit des cris de détresse, se dirigeant immédiatement du côté d'où s'élevaient les plaintes, il rencontra la frêle embarcation déjà défoncée et à moitié pleine d'eau, voguant sans avirons et sans voile au gré des flots. Il y avait quatre heures que les naufragés avaient abandonné leur navire et le canot qui les portait allait couler sous eux, lorsqu'ils furent recueillis à bord du steamer « Ida » où ils reçurent tous les soins que nécessitait leur état.   

 

Décembre 1880  -  Avis aux réservistes.  -  M. le commandant de recrutement de Lisieux a infligé deux jours de prison au nommé Amand-Désiré Royer, réserviste de la classe 1866, demeurant à Honfleur, pour avoir perdu son livret individuel. Cet homme devra se rendre le 24 décembre, à neuf heures du matin, à Lisieux, pour y subir sa punition.

 

Décembre 1880  -  Tirage au sort.  -  Les opérations du tirage au sort des conscrits de la classe 1880 commenceront le 24 janvier.

 

Décembre 1880  -  Recensement de la population.  -  Le recensement quinquennal de la population commencera le 15 janvier prochain.

HONFLEUR   -   La Place du Puits

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