15 Octobre 2024

UN SIÈCLE D'HISTOIRE DU CALVADOS   

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HONFLEUR

Canton de Honfleur

Les habitants de la commune sont des Honfleurais, Honfleuraises

Février 1881  -  Perdus en mer.  -  Le nommé Ragel, 42 ans, et son beau-fils, 17 à 18 ans, pêcheurs de Berville, près Honfleur, s'embarquaient jeudi pour se rendre à la pêche dans la baie de Seine, où ces malheureux, par un accident jusqu'ici inconnu, auront trouvé la mort, puisque ni hommes, ni embarcation ne sont rentrés au port.  

 

Avril 1881  -  Avis aux réservistes.  -  Mardi, la gendarmerie de Honfleur a arrêté pour insoumission le nommé Arthur-François Dilaye, réserviste de la classe 1873, qui n'a pas répondu à l'appel de convocation des hommes de sa classe. La gendarmerie de Troarn a arrêté le nommé lsidore-Ferdinand-Désiré Fontaine, domestique chez 1e sieur Lesueur, cultivateur à  Hérouvillette, réserviste de la classe de 1871, du canton de Tilly-sur-Seulles, déclaré insoumis pour ne s'être pas présenté pour faire sa période de 28 jours.

 

Juillet 1881  -  Phénomène bizarre.  -  Un curieux phénomène s'est produit près de Honfleur, dans un pré appartenant à M. Michelon. Des cultivateurs, occupés à travailler dans ce pré, ont vu une meule de foin qu'ils devaient transporter dans la journée, s'enlever subitement dans l’espace et retomber en s éparpillant. Le temps, très calme, n'avait pas changé, pas le plus petit accroissement de vent n'était survenu. Ce phénomène a été produit sans doute par un courant électrique. Les assistants n'ont rien ressenti.  

 

Juillet 1881  -  Les chaleurs.  -  La chaleur torride que nous avons éprouvée pendant la dernière quinzaine s'est fait ressentir partout et depuis longtemps on n'avait vu été aussi chaud. A Paris, à la revue du 14, il y a eu de nombreux cas d'insolation, une vingtaine sont fort graves. Les arbres des boulevards ont perdu leurs feuilles comme à l'automne, et dans les rues on enfonçait en marchant sur l'asphalte, amollie par la chaleur. L’eau a failli manquer.

Dans beaucoup de départements, il y a eu des morts subites causées par la chaleur. A Cincinnati, en Amérique, 414 personnes sont mortes de chaleur. Il faut remonter jusqu'en 1793 pour trouver des chaleurs semblables. 

 

Juillet 1881  -  Les fêtes de Honfleur.  -  Les fêtes d'inauguration du bassin de retenue de Honfleur auront lieu les mardi et mercredi 6 et 7 septembre. On croit que M. Gambetta y  assistera.  

 

Août 1881  -  L’imprudence.  -  Samedi, à Honfleur, le sieur Briand s'étant couché et endormi sur le parapet du quai Beaulieu, est tombé pendant son sommeil et s'est cassé une jambe et fait de fortes lésions à la tête. Ce triste accident devrait servir d'exemple aux imprudents qui s'exposent trop souvent à ce danger.  

 

Octobre 1881  -  La tempête.  -  La semaine dernière, une violente tempête s'est abattue sur notre région, un vent de sud-ouest avec accompagnement de forts grains de pluie a soufflé toute la matinée de vendredi et n'a pas cessé d'augmenter d'intensité. 

A Honfleur, les bateaux n'ont pas pu sortir et le service des vapeurs a été interrompu. Plusieurs steamers, descendant de Rouen pour prendre le large, arrivés devant Honfleur, ont été  forcés de rebrousser chemin et ont regagné la Seine. Sur la plateau de la côte de Grâce, quatre grands arbres sont tombés, et le tronc de l'un deux a porté sur la maison du chapelain, faisant de sensibles dégâts à la toiture, crevant un mur, et balayant un pal qui entourait le jardin. Le vent a continué de souffler avec furie dans la soirée et dans la nuit, enlevant des ardoises et des tuiles de plusieurs toitures et lézardant quelques cheminées. 

A Trouville, un ras de marée est arrivé tout à coup, les bateaux qui avaient pris terre dans la rivière ont flotté, l'un d'eux, soulevé par ce courant, a rompu ses amarres et est allé à la dérive. Une goélette qui était au milieu de la rivière a failli se renverser sur les barques attachées au quai. Des femmes qui lavaient n'ont eu que le temps de se retirer,  une certaine quantité de linge a été enlevée. Un brick suédois a été perdu corps et biens sous les phares de la Hève. 

Au Havre, la jetée du Nord Ouest, près du sémaphore, était couverte de galets que la mer y avait apportés. Le vent était si fort qu'il était très difficile d'avancer sur la jetés. Des tourbillons de sable y aveuglaient littéralement les curieux. Le François 1er  est sorti néanmoins pour se rendre à Honfleur, mais il a éprouvé de telles difficultés qu'aucun autre navire n'a osé l'imiter. En ville il y a eu beaucoup de dégâts. 

La barque « Zoé Alexandre », de Dieppe, patron Jacques Poulain, montée par six hommes et un mousse, s'est perdue, corps et biens, en face du Tréport. 

A Rouen, nombreux dégâts, jardins dévastés, ardoises et cheminées arrachées aux maisons. L'ouragan a malheureusement fait une victime. Vers dix heures et demie du matin, un jeune couvreur, qui travaillait sur le toit d'une maison de la rue du Chemin-Neuf, a été renversé par un furieux coup de vent et est tombé sur le pavé d'une hauteur de 8 mètres. L'infortuné jeune homme (il n'était âgé que de dix-sept ans) s'est brisé le crâne dans cette chute terrible. On la relevé et transporté à l'Hospice-Général, où, malgré les soins les plus habiles, il a expiré au bout d'une heure, sans avoir repris connaissance, il se nommait Achille Prieur.

En Seine, les voiliers qui montaient à Rouen ont été obligés de jeter l'ancre. Les communications télégraphiques entre Paris et Londres ont été interrompue. En Angleterre les pertes causées par l'ouragan sont considérables.  

 

Novembre 1881  -  L’hiver.  -  D'après de récents avis des diverses, agences météorologique les plus dignes de foi, l'hiver de cette année sera l'un des plus rigoureux du siècle, du commencement de décembre à la mi-février, le froid serait très vif, la neige est déjà apparue dans l’Est de la France. Elle est tombée dimanche à Lisieux.

 

Novembre 1881  -  Instruction primaire.  -   Un décret porte que chaque commune va recevoir une subvention extraordinaire destinée à lui rembourser la somme qu'elle doit prélever sur ses revenus ordinaires pour la gratitude de l'instruction.

 

Novembre 1881  -  Récompenses honorifiques.  -  Des récompenses pour faits de sauvetage ont été accordées aux nommés Lincel, ouvrier huilier, témoignage officiel de satisfaction, sauvetage d'un jeune homme, Honfleur, 18 juillet 1881 ; Michelon, propriétaire, médaille argent 2e classe ; Henri Jules de Courcy, propriétaire, médaille argent 2e classe ; sauvetage de deux hommes en rade de Trouville le 1er août 1881 ; Dumoulin, comptable, médaille argent 2e classe, sauvetage d'un enfant à Trouville le 20 août 1881.

 

Février 1882  -  Accident de travail.  -  Lundi dernier, le sieur Lubier, chef d'équipe au chantier des travaux du bassin, à Honfleur, a été victime d'un malheureux accident. Il a été blessé à la tête par la chute d'un contre-poids du moutonnet de sonnette. M. Lubier a reçu les premiers soins qui lui sont continués maintenant à son domicile. Son état est grave.

 

Février 1882  -  Abordage.  -  La semaine dernière, à Honfleur, le steamer de l'hospice, « Notre-Dame-de-Grâce », venant du Havre, s'est abordé à l'entrée du port, à quelque distance du bout de l’estacade, avec un des chalands de la drague qui a coulé immédiatement sur place. L'homme qui était sur le chaland a été recueilli par le vapeur.

 

Février 1882  -  La marée du 20.  -  Lundi dernier c'était une des plus grandes marées de l'année. Heureusement que le vent ne poussait pas le flot, sans cela il y aurait eu de grands ravages. La mer a fait néanmoins des dégâts sur toute la côte, notamment sur le littoral de Luc.

 

Février 1882  -  Les suites de la marée du 20.  -   La marée du 20 a produit quelques dégâts dans le 4e  bassin de Honfleur. On a commencé la construction du bâtardeau supplémentaire, rendu nécessaire par suite de ces dégâts. Aussitôt que ce travail sera terminé, (ce qui ne sera pas bien long), les pompes fonctionneront pour enlever l'eau qui à pénétré dans la forme où se trouve le caisson.

 

Février 1882  -  Belle pêche.  -  Dimanche, à Honfleur, un pêcheur à la ligne a pris dans l'avant-port, près des portes du bassin du Centre, une Barbue pesant environ 1 kilog. 

 

Mars 1882  -  Victimes de la mer.  -  La journée du dimanche 26 mars restera tristement célèbre dans nos annales maritimes. Un sloop de pêche, poussé, par la tempête, s'est perdu corps et biens en vue d'Honfleur, et l'équipage du bateau de sauvetage, parti du Havre pour secourir, les malheureux pêcheurs, a péri tout entier.

Onze lamaneurs sont morts victimes du devoir et de leur dévouement d'autres marins ont également perdu la vie pendant cette terrible tempête.

Voici du reste le récit complet des tristes événements qui ont en quelques instants fait tant de veuves et tant d'orphelins. Dès dimanche, au petit jour, des ordres avaient été donnés, sur nos côtes, d'armer les canots de sauvetage. Au Havre, comme partout, les équipages étaient là, tout prêt à se dévouer pour sauver les malheureux en détresse. Il était huit heures, lorsque le sémaphore du Havre signala un sloop de Saint-Vaast, le « Vivide » se dirigeant sur Honfleur, et qui bientôt hissa son pavillon de détresse. L'ordre fut donné au bateau de sauvetage de partir au secours du sloop.

Le bateau sortait à la voile, le vent soufflait avec violence, la mer, plus furieuse encore, brisait avec fracas tout ce qui se trouvait sur son passage. Soudain, un cri épouvantable retentit du haut du sémaphore. Une monstrueuse lame avait, fait chavirer la barque de sauvetage, et malheureusement aucun des hommes n'avait pris la précaution de s'amarrer, et la plupart n'avaient ni leur ceinture ni aucun de leurs engins de sauvetage. On put voir ces onze malheureux faire des efforts inouïs pour rejoindre leur canot qui s'en allait à la dérive. Cela dura quelques minutes qui parurent un siècle. L'alarme est donnée, le second bateau de sauvetage va à la recherche de ces infortunés. Au nombre de ceux qui le montent, se trouve Jules Leblanc, frère d'un des malheureux qu'on va, mais en vain, essayer de secourir.

L'embarcation ne flotte pas, elle vole sur les vagues, tant est grande l'impatience fébrile de ces hommes pour sauver leurs frères. Il était dix heures ! Mais, hélas ! leur dévouement est impuissant. Quand ils arrivent sur le lieu du sinistre, ils ne voient surnager aucun des marins du premier bateau de sauvetage. La mer les a tous engloutis.

Voici les noms des victimes : Lecroisey, marié, 5 enfants ; René Leprevost, marié, l enfant ; Paul Dessoyer, marié, 3 enfants ; Cardine, marié, 2 enfants ; Ménéléon, marié, 2 enfants ; Ollivier, marié, 3 enfants ; Jacquot, marié, 2 enfants ; Moncus, marié, sans enfants ; Fossey est marié, sans enfants, mais sa femme est enceinte. Leblanc aîné et Varescot sont célibataires.

Ces malheureux laissent donc neuf veuves et dix-neuf orphelins. Le sloop de Saint-Vaast, pour lequel ces onze héros, sont morts, a également fait naufrage en essayant d'entrer à Honfleur. Les six hommes qui le montaient ont été noyés. Dans la même matinée, le sieur Mariolle, lamaneur au Havre, a été enlevé du bateau-pilote qu'il montait et s'est noyé sans que ses compagnons, aient pu le sauver. A Cherbourg, le brick-goëlette « Triport-Lebal » a été jeté à la côte, et une partie de l'équipage a péri.

Devant cet épouvantable sinistre tous les autres faits perdent leur importance. D'ailleurs, sur nos côtes, il n'y a eu que des dégâts matériels. Le Casino de Luc a beaucoup souffert. A Trouville, quelques mètres de remblai ont été enlevés. Aux travaux du grand salon, un échafaudage s'est écroulé. Mais grâce au sieur Caret, contre-maître, qui s'est aperçu du danger, il n'y a pas eu d'accident de personne...

 

Avril 1882  -  Lésinerie ministérielle .  -   Il n'y a plus, malheureusement, de doute à avoir, le port du Havre et celui de Honfleur ont encore un sinistre à ajouter à la liste, déjà trop longue, de la journée du 26 mars. Le bateau-pilote N° 11, parti il y a eu samedi, huit jours, s'est perdu. Il était monté par MM. Henri Guerrier, 34 ans, né à Honfleur ; Eugène Lancelin, 34 ans, marié à Honfleur, quatre enfants ; Désiré Candon, 54 ans, du Havre, marié, trois enfants. Le jeune mousse, noyé, dont on ignore le nom disait, avant de partir, qu'il était dégoûté de la navigation, et que c'était la dernière campagne qu'il faisait. 

Le ministre de la marine vient d'accorder aux marins qui se sont dévoués dans cette malheureuse circonstance des médailles et témoignages de satisfaction. 

Cette lésinerie ministérielle a surpris les populations maritimes du Havre et de Honfleur. On avait espéré que le patron Leblanc, au moins, aurait eu cette croix d'honneur que le gouvernement marchande si peu lorsqu'il s'agit de services soi-disant exceptionnels qui, assurément, ne valent pas ceux-là. 

— La Chambre de commerce de Honfleur a accordé une gratification de 40 fr. à chacun des 14 hommes qui montaient les deux pirogues sorties du port le 26 mars, pour porter secours au bateau en détresse.

 

Avril 1882  -  Un chemin à restaurer.  -  A quelle autorité incombe le soin de tenir en bon état le chemin qui va de Honfleur à la côte de Grâce. Quelle qu'elle soit, on aurait tort de la féliciter, car il est dans un état déplorable, et bientôt on ne pourra plus le traverser sans être accompagné d'un rebouteux pour le cas d'accident.  

 

Mars 1883  -  Travaux. –  Ce sont des entrepreneurs du Havre qui ont eu les plus gros lots dans l'adjudication des travaux de construction des abattoirs de Honfleur et de la réparation de l'Hôtel-de-Ville.

 

Avril 1883  -  Une horloge qui fait oublier le temps. Le clocher de Saint-Léonard, de Honfleur, possède une horloge dont M. Dehaut a fait la moitié des frais. Le donateur est à ce point amoureux de son horloge, qu'il passe une partie de ses jours (et même de ses nuits) à la contempler. Si bien qu'un soir de la semaine dernière M. Dehaut était tellement occupé à en suivre les mouvements, qu'il oublia l'heure de la fermeture de l'église, et qu'il y resta enfermé jusqu'à l'Angélus.  

 

Avril 1883  -  Noyé en mer. –  Mercredi, la « Petite-Jeannette », canot de pêche de Honfleur, a coulé en vue de Trouville. Les nommés Louëdin, 23 ans, et Brunet, 50 ans, qui étaient à bord,  se sont noyés.

 

Mai 1883  -  De l’eau. –  Les Honfleurais sont menacés de la pépie, la source du coteau de Grâce est disparue. Est-ce qu'elle ne serait pas passée dans la propriété de M. le maire ?  

 

Juin 1883  -  Vols dans les églises. –  Des voleurs se sont introduits la nuit dans la chapelle de Notre-Dame-de-Gràce à Honfleur. Les malfaiteurs ont enlevé un barreau en fer de la fenêtre de la sacristie en exerçant une pesée avec une pièce de bois, puis après avoir brisé un carreau, ils sont entrés dans la chapelle, où ils ont brisé les troncs et saccagé les ornements. Entre autres objets volés, on cite un ciboire et 18 cœurs en or et argent, placés autour de la chapelle.  

 

Juillet 1883  -  Les suites de la tempête.    La semaine dernière, la mer a été furieuse : mercredi, vers les deux heures du matin, le sieur Édouard Roussel, âgé de 26 ans, marin à St-Aubin, était seul à la pèche, lorsqu'un coup de vent a fait chavirer son canot. Roussel a dû, sans doute, se trouver enroulé dans sa voile, car sans cela, étant excellent nageur, il eût pu regagner la grève. Lundi, le corps de Roussel a été trouvé en mer par le pêcheur Baptiste Mériel. C'était la dernière saison de pèche que faisait Roussel, il attendait sa nomination de douanier. Son père est également mort en mer.

— Devant Honfleur, le sieur Victor Angot, matelot, s'est noyé lundi soir en faisant une manœuvre. Angot était âgé de 52 ans, il laisse une veuve et un enfant.

— Mercredi soir, deux canots de pèche de Trouville ont échoué à l'ouest de la jetée de Deauville.

— Sur plusieurs points du Calvados et de l'Orne, la grêle a fait de grands ravages aux récoltes. On a ramassé des grêlons gros comme le doigt.

 

Août 1883  -  Affaire Tinetto-Electorale.    Il y avait à Honfleur un entrepreneur de vidanges, lié avec la ville par un contrat dans lequel la ville s'obligeait à forcer tous les habitants, ou plutôt toutes les maisons, à se munir de tinettes ou de fosses étanches.

Or, sur 902 maisons qui existent à Honfleur, 484 n'ont ni fosses ni tinettes, et 254 qui, voyant le laisser-faire de l'administration, se sont désabonnées. L'entrepreneur avait fait ses calculs sur 902, et fait faire un matériel en conséquence. N'y pouvant plus tenir, il a décampé avec son matériel en laissant à l'administration le soin de se débrouiller.

Dans tout ceci, c'est l'administration qui est en défaut. M. le maire est seul coupable. Voyant que 738 personnes résistaient, il n'a pas voulu les poursuivre, parce qu'il a eu peur de perdre tes 738 voix aux prochaines élections. Voilà tout le mystère !

Chacun aujourd'hui vide sa tinette au milieu de la rue, les bassins servent de dépotoir. En un mot, Honfleur est empesté, le maire est em...bèté, c'est le cas de le dire, et il se demande comment il va se tirer de là.  

 

Août 1883  -  Mystérieuse découverte.    Jeudi, aux Moulineaux, près Honfleur, en pénétrant dans une cave abandonnée depuis longtemps, on y a trouvé le squelette assez bien conservé d'un enfant nouveau-né couché sur le ventre, l'oreille droite collée à terre, le bras gauche allongé de toute sa longueur, le bras droit et la jambe du même côté complètement séparés du tronc. La peau était entièrement desséchée et quelques cheveux se voyaient encore sur le crâne. Près du squelette momifié se trouvaient un sac à plâtre portant le nom de Mme veuve Vivien, de Honfleur, et un morceau de mouchoir de toile blanche, assez grossière. Le sac et le mouchoir étaient tachés de sang. 

L'enfant a été apporté enveloppé dans le sac, mais a dû avoir la tête brisée au préalable, car du côté droit du crâne les os sont fracturés, ce qui ne peut provenir que d'un choc violent. L'auteur de ce crime passant probablement par la fenêtre de la cave après en avoir ouvert l'auvent, qui ne tient fermé qu'à l'aide d'un clou, a retiré le pauvre petit du sac dans lequel il était roulé et l'a placé sous la futaille tel qu'il a été trouvé.

Une fille Hortense Hamelin, 27 ans, de Honfleur, a été arrêtée dimanche l'après-midi.  

 

Août 1883  -  Pêche à la morue.    Les armateurs de Normandie et de Bretagne ont reçu d'excellentes nouvelles de Terre-Neuve. Certains bateaux reviennent en France avec 5 à 600 000.  

 

Octobre 1883  -  Les victime de la mer.    La barque « Fortuné-Justine », de Trouville, se trouvait jeudi, vers 9 heures du soir, au nord de la Hève, ayant son chalut bas, lorsqu'en le virant à bord il s'est trouvé accroché par le fond et, dans un coup de tangage, le jambes du moulinet cédèrent, alors le linguet dérapant de l'engrenage, celui-ci blessa grièvement trois hommes de l'équipage : le patron Halley, âgé de 55 ans, marié, père de deux enfants, qui a le bras droit cassé ; le matelot Rosier, père de quatre enfants, qui à la cuisse cassée, et le matelot Main, 24 ans, qui a eu la tète fendue. Pour dégager Rosier, qui avait la jambe brisée dans les bras du chalut, il fallut les couper, mais le manche de la hachette s'étant cassé pendant l'opération et le fer tombé à la mer, c'est avec leurs couteaux que les hommes de l'équipage purent couper et dégager leur camarade, perdant ainsi tous leurs agrès de pêche. 

— Le même jour, dans une manœuvre à peu près semblable, le sieur Olivier Baron a eu le crâne fracassé à bord du « Jeune-julien », de Honfleur. Baron est mort à l'hospice de Honfleur, le lendemain, il était âgé de 29 ans et était marié. 

— Dimanche, la mer était furieuse. Une barque de St-Aubin a été brisée devant Langrune, une autre de la même commune a été sauvée par MM. Lemarchant et Bréchet, photographe.

 

Mars 1884  -  Les voleurs d’église.    Dans, la nuit de mardi à mercredi, le sieur Desfoux, garçon d'écurie à Honfleur, s'aperçut, à un vitrail brisé, qu'un voleur était dans l'église Saint-Léonard. Il donna l'alarme. On courut prévenir la gendarmerie pendant que les sieurs Lecerf, débitant, et Plouin, sonneur, faisaient bonne garde le revolver en main. Le voleur voulut se sauver, mais un coup de revolver, qui ne l'atteignit pas, le rendit prudent. Il a été arrêté, c'est un nommé Léon Bourbus, 46 ans. Ne trouvant rien dans les troncs, il avait pris le ciboire et profané les hosties. La même nuit, tentative de vol dans l'église de Gennevillers. Les voleurs n'ont rien trouvé.  

 

Octobre 1884  -  Un canot mal gréé.  -  Vendredi, à Honfleur, jour de la tempête, un canot monté par six hommes a reçu un coup vent de qui l'a fait chavirer. Un autre canot a sauvé les six naufragés, mais en courant de réels dangers. Pendant ce temps-là, le canot de sauvetage est resté amarré tranquillement dans le port. On n'avait pu en trouver ni les avirons, ni les tolets, ni même le capitaine.

 

Octobre 1884  -  Drôle de construction.  -  Les travaux de l'Hôtel-de-Ville de Honfleur sont terminés, ou à peu près. On a surmonté ce drôle d'édifice d'un étage pour y loger les différents services de la ville. Mais, quand ça été fini, on s'est aperçu qu'il faudrait y allumer le gaz toute la journée pour y voir clair, tant l'architecte Briquemolle a ménagé le peu de jour. Le deuxième étage de la mairie servira donc comme par le passé à étendre la lessive des amis de l'administration.  

 

Décembre 1884  -  Pluie et tempêtes.  -  A Caen, la Crétine a monté, mais sans faire de sérieux dégâts. A Bayeux, la crue a été plus grande, plusieurs personnes ont été obligées d'abandonner leurs demeures. A Honfleur, le vent a renversé la baraque du Massacre des Innocents, et occasionné un incendie qui à fait 400 fr. de dégâts.  

 

Décembre 1884  -  Une victime de la tempête.  - Dans la soirée de jeudi, la barque de pêche « Espérance » se trouvait à la hauteur du banc de Seine et faisait route pour Honfleur, avec vent arrière, un coup de mer vint assaillir l'arrière du bateau, brisant une ferrure du gouvernail, et enleva du même, coup le matelot Julien-Albert Briand, âgé de 37 ans. Ce dernier n'ayant fait aucun appel, et les matelots ne s'étant aperçus de sa disparition qu'un instant après, ne purent lui porter secours. Briand laisse une veuve et une petits fille de deux ans.  

 

Décembre 1884  -  La tempête.  -  La tempête de vent, de pluie et de grêle, qui règne depuis quelques jours sur notre région, s'est étendue sur toute la France. Partout sur nos côtes, les anciens ne se souviennent pas d'avoir vu pareil coup de vent, un autre est signalé.

Tous les bâtiments sont rentrés au port. Quelques-uns ont brisé leurs ancres et sont venus s'échouer en face de Cherbourg. Le canot de sauvetage de Honfleur est sorti pour essayer de porter secours à un  bateau en détresse en vue da Trouville. Après avoir été ballottés près de deux heures, par une mer furieuse, les courageux marins honfleurais montant le canot sont rentrés au port sans avoir rien vu.

Dans le Midi, la tempête a sévi avec non moins de violence. Dans le Doubs, elle a été suivie d'une chute abondante de neige.

Pendant l'orage, le tonnerre est tombé à Blonville, près Viliers-sur-Mer, sur la maison d'habitation de M Constant Malicorne et a communiqué le feu aux boiseries. En un clin d’œil, la toiture de l'habitation était en flammes.

A Caen, comme partout du reste, les tuiles, les ardoises, et les cheminées volaient en l'air. Sur le Cours, un arbre a été déraciné et a brisé le parapet du pont de l'Hôpital.

Pendant le mauvais temps, cinq jeunes mousses de Port-en-Bessin, s'étaient embarqués sur le nouveau bassin dans un bachot carré très léger, sans doute par suite d'un faux mouvement de l'un d'eux, le bachot coula et tous les cinq furent précipités à l'eau, quatre d'entre eux furent sauvés. Mais le cinquième, le nommé Auguste Vingtrois, âgé de 14 ans, s'est noyé.  

 

Septembre 1885  -  L’ouragan.  -  La tempête qui a sévi cette semaine sur notre contrée a causé d'immenses ravages.

A Caen et dans les campagnes voisines, les dégâts sont purement matériels : arbres arrachés, pommiers brisés et dépouillés de leur récolte, couvertures endommagées. Le train de 8 heures, de Courseulles à Caen, est demeuré en détresse pendant 3/4 d'heure à la sortie de Douvres. Quatre grands arbres, arrachés par le vent, obstruaient la voie, ayant brisé les fils télégraphiques. Il a fallu scier les troncs d'arbres qu'il aurait été impossible de déplacer, s'ils étaient restés entiers.

A Lisieux, Pont-l'Evèque, Vire, Bayeux, grands dégâts, mais pas d'accidents. A Condé, où se tenait la foire, des tentes de forains ont été renversées. Des peupliers sont tombés sur un bâtiment de la tannerie de M. Maillard, et l'ont effondré. Un ouvrier a failli être tué.

Sur nos côtes, cet ouragan coïncidait avec la grande marée, ce qui en a augmenté la violence. A Langrune, la mer a enlevé sur plus de cent mètres les talus en terre bordant la rue de la Plage, démoli des murs en pierre sèche, coupé les pentes qui conduisent à la mer et brisé les escaliers en bois. A Cabourg, les cabines des bains culbutées. Les branches des arbres jonchaient toutes les avenues.

Une barque d'Arromanches dont l'équipage se composait de 13 hommes a échoué à Asnelles, après avoir lutté 10 heures contre l'ouragan. A Deauville, la mer a enlevé le pavillon en bois placé au bout de l'estacade. A Trouville, la jetée Est a été endommagée. Un homme a été jeté à la mer par le vent et n'a pu être sauvé qu'avec grandes difficultés. Un pêcheur montant une barque du Havre, Auguste Fouriel, 35 ans, né à Honfleur, enlevé par une lame, n'a pu être retrouvé. De mémoire de marin, la mer n'avait jamais été plus furieuse. A Honfleur, le musoir de  l'estacade a été assez fortement avarié par les vagues, de même que le côté nord de la digue construite à l'entrée du port. A Villerville, la tempête a eu des effets désastreux. Les falaises hautes de 20 mètres ont été escaladées par les lames, le village a été envahi, les cours remplies d'eau, des maisons démolies, le casino est littéralement emporté. Les peintres Duez, Pinel, Ravaud, le romancier Montaigut, qui ont voulu voir ce spectacle effrayant, ont manqué d'être enlevés par la mer. On est sans aucune nouvelle de plusieurs barques de pêcheurs.

Au Havre, une barque de Trouville, poussée par le vent, a heurté le steamer « l’Éclair » et brisé ses tambours. La barque a eu son beaupré cassé. Le trois-mâts italien « Nipoli-Accume » a été jeté contre le mur du quai et a éprouvé de fortes avaries. Au poste des Transatlantiques, les pieux d'amarrage s'arrachaient, et il a fallu mouiller les ancres des paquebots pour parer à tout événement.

Le cotre de Cherbourg, « l'Avenir » a fait côte sur les rochers de Mielle, l'équipage a été sauvé.

 

Octobre 1885  -  Un ivrogne enragé.  -  Vendredi soir, à Honfleur, deux gendarmes voyant un homme ivre, le nommé Auguste Chrétien, voulurent l'arrêter. Chrétien, furieux, les accabla de coups de pied et de coups de poing. Il arracha même les aiguillettes d'un des gendarmes. Il a fallu l'intervention de deux sergents de ville pour mener ce forcené au poste de police.  

 

Juin 1886  -  Noyé.  -  Jeudi à Honfleur, un cadavre a été trouvé sur la plage, entre l'endroit connu sous le nom de Grosse-Butte et l'hôpital, par le douanier de service. Le corps était tellement enfoncé dans la vase que ce n'est qu'au bout d'un assez long temps qu'on est parvenu à le retirer. C'est un nommé Victor-Auguste Tricard, domestique, 20 ans, employé à l'hôtel du Dauphin, depuis le 6 juin, en qualité d'aide de cuisine, depuis le 11, il était parti sans qu'on puisse savoir où il était allé. On croit à un suicide attribué à un dérangement des facultés intellectuelles.  

 

Août 1886  -  Démissions.  -  Le maire et adjoints de Honfleur viennent de donner leurs démissions.

 

Août 1886  -  Élections municipales.  -  Par suite de la démission de M. Luard, maire de Honfleur, et des deux adjoints, les électeurs ont dû être convoqués pour compléter le conseil municipal, préalablement à la réorganisation de la municipalité. On dit que parmi les candidats, il y en a qui ne savent ni lire, ni écrire.

 

Septembre 1886  -  Changement de vue.  -  La municipalité conservatrice de Honfleur avait démissionné à la suite des élections au conseil général. Elle n'a pas été réélue. Elle est remplacée par une municipalité républicaine à la tête de laquelle est M. Chasles.  

 

Novembre 1886  -  La vie du port. - Les arrivages de bois continuent à se faire nombreux, depuis samedi, sept vapeurs et voiliers ont pris place dans nos bassins qui présentent, en ce moment, une activité qu'ils n'avaient pas eue de toute l'année.. - Les arrivages de bois continuent à se faire nombreux, depuis samedi, sept vapeurs et voiliers ont pris place dans nos bassins qui présentent, en ce moment, une activité qu'ils n'avaient pas eue de toute l'année.

Ce matin, pour la première fois depuis très longtemps, un bateau pêcheur est entré au port avec un chargement de harengs. C'est le « Notre-Dame-de-la-Garde », de Fécamp. Son chargement était si complet que les marins du bord ne manœuvraient qu'avec difficulté, enfoncés qu’ils étaient parmi les Enfants de Dieppe. 

Beaucoup de curieux, attirés par ce spectacle nouveau pour nous, ont assisté au déchargement et à la vente qui ont eu lieu sur le quai Saint-Etienne. On nous assure que plus de trois cents mesures de harengs se trouvaient à bord du « Notre-Dame-de-la-Garde ».

 

Novembre 1886  -  Les baleines dans la Manche.  -  Lundi, un bateau de pêche anglais a manqué d'être coulé par une bande d'une demi-douzaine de baleines, mesurant de 15 à 20 mètres, qui prenaient leurs ébats dans la Manche.

 

Décembre 1886  -  L’ouragan.  -  Jeudi, une violente tempête s'est déchaînée sur notre région. A Caen, il y a eu quelques dégâts matériels et peu d'accident. Henri Gontier, 14 ans, employé chez M. Carrelet, secrétaire des facultés, passent rue des Capucins, a été blessé légèrement par la chute d'une tuile tombée de la toiture d'une maison.

Le même jour, vers 4 heures du matin, le sieur Jacques Richard, 35 ans, préposé des douanes, en faction sur le quai Vendeuvre, en face la Charité, a été enlevé par un coup de vent et  précipité dans le bassin. Il en a été retiré par les douaniers Susanne et Pichon, et l'aide de deux matelots du navire « Marie-Bertrand ».

Mardi, à Caen, la prairie était pleine d'eau. Dans les arrondissements de Lisieux et de Pont-l'Evêque, un grand nombre de pâturages sont sous les eaux.

Sur nos côtes, et surtout à Honfleur, la mer était absolument intenable. Nombre de bateaux sont entrés eu relâche dans le port ou n'ont pu partir. Au Havre, il y a eu plusieurs accidents dans le port. Le brick « Mathilde » de Cherbourg a coulé près du quai de l'Ile. La goélette française « Bretonne » sombré en face Villequier, où elle était ancrée.

Vingt-cinq sauveteurs anglais, montant deux canots de sauvetage, ont péri en voulant secourir des équipages et des navires en détresse.  

 

Décembre 1886  -  L’ouragan.  -  Dans la nuit de dimanche à lundi, un ouragan d'une violence inouïe s'est déchaîné sur notre région. A Caen, tuiles et ardoises jonchaient les rues, plusieurs cheminées ont été renversées. Dans la campagne, les dégâts sont grands. Beaucoup d'arbres ont été brisés ou arrachés. Dans la canton de Ryes plus de 1 500 superbes pommiers ont été détruits. 

On craint de nombreux sinistres maritimes. A Honfleur, beaucoup de barques sont entrées en relâche avec des avaries. La barque n° 19 de Trouville, appartenant à M. Levasseur s’est perdue en mer avec trois des hommes qui la montaient. Les nommés Lepetit, Lacaille et Marais, tous pères de famille. L’un d’eux, le patron laisse treize orphelins. Une autre barque de Trouville a eu son patron, Albert Postre, 41 ans, enlevé en face du Havre. Il laisse six enfants. Toutes les barques et navires amarrés Dans les bassins d'Honfleur étaient à la dérive, les grelins ayant cassé. La drague a coulé dans le bassin de retenue faute de surveillance.

 

Mai 1887  -  Un cas assez rare.  -  La semaine dernière, M. Chasles, maire de Honfleur, a marié sa dernière fille à M, Hormisdas Fauvel, médecin à Fécamp, né à Caen. Ceci n'a rien d'extraordinaire, mais ce qui n'est pas ordinaire, c'est que le marié n'appartient à aucune religion. Il n'a jamais été baptisé. Le mariage religieux n'a pas eu lieu avec le cérémonial accoutumé, il n'y a eu qu'une messe basse à laquelle ont assisté les mariés et les invités. Bref, il ne s'en est fallu que d'un cheveu que la noce n'ait pas lieu, faute de ce diable de baptême.  

 

Juin 1887  -  Les fortes chaleurs.  -  Les fortes chaleurs que nous subissons ne sont rien auprès de celles que nos pères eurent à supporter. Ainsi, en 1803, la Normandie vit s'écouler une période de quatre-vingt-quinze jours sans pluie. En 1811, année de la fameuse comète, les rivières tarirent dans plusieurs départements. En 1844, nouvelles chaleurs, le thermomètre resta stationnaire entre 50 et 60 degrés. Dans quelques départements, les bestiaux périrent faute d'eau. En 1859, 1860, 1869 et 1874, le thermomètre monta à 38 degrés. L'année dernière, il y eut 20 degrés au mois d'octobre, température exceptionnelle pour la saison.

 

Juillet 1887  -  La sécheresse.  -  Si le temps devenu si chaud, si serein, n'est pas défavorable aux céréales, la maraicherie se plaint vivement de la sécheresse prolongée, les légumes et les fruits ont soif. D'autre part, les vers rongeurs, qui font, sous terre, la guerre à nos récoltes, se développent à l'aise, la pluie ne venant plus les noyer. On demande un peu d'eau.

 

Octobre 1887  -  Chute mortelle.  -  Dimanche, à Honfleur, le nommé Armand Lamy, voulant embarquer, à la mer basse, à bord de son bateau, « Marie-Constance », descendit au moyen de l'échelle en fer fixée au quai lorsque, perdant pied tout à coup par suite du manque de plusieurs échelons, il tomba, d'une hauteur d'environ cinq, mètres. Il est mort.  

 

Janvier 1888  -  Le brouillard.  -  Les brouillards de la semaine dernière nous venaient de Londres. Pendant quatre jours, cette ville a été dans l'obscurité. On a essayé de ballons éclairés à  la lumière électrique. Deux vapeurs se sont échoués près de Honfleur. Le « Calvados » et son chargement évalué 80 000 francs sont perdus ; « Pairie », du port de Nantes, a pu être renfloué.

 

Janvier 1888  -  Le froid.  -  La température glaciale que nous avons eue la semaine dernière n'est rien en comparaison du froid qui fait en Autriche. Durant huit jours, le thermomètre n'a pas dépassé 30 degrés au-dessous de zéro. Soixante personnes sont mortes de froid aux environs d'Agram. — En Amérique, il y a eu des tempêtes de neige. Le chiffre des morts atteint 200. Un grand nombre de personnes ont eu des membres gelés. Beaucoup de malheureux, aveuglés par la neige, se sont laissé mourir à deux pas d'abris où ils auraient été sauvés. Des bandes entières d'enfants ont péri en revenant de l'école. Les pertes en bétail sont considérables.  

 

Février 1888  -  Le mariage des prêtres.  -  La cour de cassation vient de décider que les prêtres pouvaient se marier, après avoir quitté la soutane.

 

Février 1888  -  Récompenses.  -  M. Joseph Poret, sous-patron des douanes, médaille de 2e  classe ; M. Louis Lostibondoués, matelot des douanes, témoignage de satisfaction, sauvetage de deux hommes à Honfleur ; M Amand Halley, journalier, médaille de 3e classe en argent, sauvetage à Trouville. 

Le ministre de la marine a accordé une médaille de 2e classe en argent à M Louis Hutz, lieutenant de douane au Havre, pour différents actes de dévouement, notamment pour sauvetage d'un enfant tombé dans le bassin de la Citadelle. M. Hutz est le fils de M. Hutz, capitaine de douane en retraite, buraliste à Dives, médaillé lui-même pour de nombreux sauvetages,

 

Mars 1888  -  Les bouilleurs de cru et débitants.  -  Par 284 voix contre 228, la Chambre a supprimé les privilèges des cultivateurs-distillateurs. Par 327 voix contre 210, elle a supprimé l'exercice chez les débitants, là où il existe encore. Les droits sur les vins, cidres et poirés sont supprimés à partir du 1er décembre. L'impôt serait perçu par un droit unique chez le fabricant.

 

Mars 1888  -  Cavalcade.  -  Le lundi de Pâques, à Honfleur, grande cavalcade de bienfaisance : 300 personnes et 100 chevaux.

 

Mars 1888  -  La mer et ses victimes.  -  Au cours des dernières tempêtes, le « Dagot », croiseur français, s'est perdu devant Madagascar. L'équipage, composé de 152 hommes, a été  sauvé, sauf le mécanicien, un Breton. A bord du « Dagot » se trouvaient plusieurs matelots du port de Honfleur.

 

Avril 1888  -  Brutalité inouïe.  -  Un de ces derniers soirs, vers 10 heures, plusieurs jeunes gens, passant devant le cabaret du sieur Lefèvre, route de Pont-Audemer à Honfleur, voulurent y entrer. Le café n'était pas fermé, plusieurs consommateurs étaient à l'intérieur, cependant, la barrière qui donne entrée sur la cour située devant l'établissement était déjà barricadée. Un des jeunes gens sauta par dessus la barrière et se dirigea vers la maison. Après une discussion avec Lefèvre, celui-ci saisit un bâton et en asséna un violent coup sur la tête de son interlocuteur, qui s'affaissa. La victime est un nommé Lesauce, 26 ans, ouvrier de scierie à Honfleur. Son état est grave et il a été admis d'urgence à l’hospice.  

 

Avril 1888  -  Accident de voiture.  -  Mercredi à Honfleur, le sieur Martin, 23 ans, charretier à la ferme des Marronniers, descendait la route Neuve, conduisant une voiture contenant deux fûts de cidre. Il avait commis l'imprudence de s'asseoir sur l'avant de sa voiture. Au bas de la route, il perdit l'équilibre et tomba. La roue lui passa sur la jambe gauche qui fut fracturée. 

— Samedi dernier, à Clècy, le sieur Constant Rogue, du Bosq, s'est brisé une cuisse en revenant de conduire un tonneau de cidre avec sa voiture.  

 

Avril 1888  -  Épizootie.  -  En présence des cas de fièvre aphteuse, dite cocotte, qui se sont produits sur divers points du département, le préfet rappelle aux Maires, propriétaires, éleveurs et cultivateurs, les dispositions de la loi du 21 juillet 1881, qui oblige de faire au maire la déclaration de tout animal malade afin qu'il le fasse visiter, interdit la vente et le transport des animaux atteints le tout sous peine d'amende et de prison.

 

Avril 1888  -  Récompense méritée.  -  Le ministre de la marine a décerné à Joseph Halley, pilote lamaneur, une médaille de 2e  classe en argent. Sauvetage d'un homme à Honfleur, le 26 février 1888.  

 

Juillet 1888  -  Rixe et chute grave.  -   Dans la nuit de lundi à mardi de la semaine dernière, deux marins de Honfleur, les nommés Joseph Capard, 20 ans, et Arthur Lecesne, 19 ans, se prirent de querelle près la Lieutenance. Ils en vinrent aux coups et, en se battant, tombèrent dans le bassin. Un bateau de pêche était stationné au-dessous d'eux. Lecesne tomba sur le pont et Capard sur le bord du  bateau, puis de là dans l'avant-port, d'où il fut retiré aussitôt. Capard s'est fracturé plusieurs côtes et Lecesne a éprouvé sans doute des lésions internes, car une hémorragie s'est déclarée.

 

Juillet 1888  -  Tempête.  -   Samedi, une violente tempête a sévi sur nos cotes. A Villers-sur-Mer, le sieur Ulysse Thieuland, 18 ans, s'est noyé, son camarade a été retiré de l'eau à demi asphyxié. A Yport, un marin a été noyé aussi. A Saint-Valery-en-Caux, un bateau de pêche a chaviré, cinq hommes sur six ont péri. Les bateaux de Caen et de Trouville n’ont pas pu sortir du Havre. la « Normandie », qui devait partir à une heure, n'a pu quitter le Havre que pendant la nuit.

Les orages continuent. A Honfleur, la foudre est tombée sur un steamer, amarré dans le bassin, et a fendillé le mât.  

 

Septembre 1888  -  Jalousie et coup de couteau.  -  Le nommé Amand Chrétien, 37 ans, ouvrier de scierie, demeurant rue Bourdet, à Honfleur, a donné par jalousie deux coups de couteau d'ans la poitrine de sa femme et, un dans le dos à un nommé Vasseur dit Cocotte. Ils ont été tous deux transportés à l'hospice. Les blessures n'auront pas de conséquences graves.  Chrétien a été arrêté.

 

Octobre 1888  -  Empoisonnement.  -  Le sieur Georges Thillais, 28 ans, garçon épicier chez M. Desseaux, rue Chaussée, à Honfleur, s'est donné la mort en absorbant un verre d'acide sulfurique et une certaine quantité de pâte phosphorée. Dès qu'on s'est aperçu de l'acte désespéré de Thillais, on est allé chercher un médecin. Mais il était trop tard, les toxiques faisaient leur œuvre et, quelques instants après, le malheureux jeune homme expirait, malgré les soins qui lui avaient été prodigués. Ce suicide est attribué à la menace que son patron lui avait faite de le renvoyer. Et, comme Thillais devait se marier dans quelques jours avec une jeune fille de Villers-sur-Mer, il a craint que son renvoi n'amenât la rupture de son mariage.  

 

Octobre 1888  -  Grand incendie.  -  Un incendie a éclaté au domicile du sieur Jules Chesneau, maître couvreur à Honfleur, et a consumé la maison d'habitation avec le mobilier, ainsi qu'un hangar contenant un matériel complet de couvreur et une grande quantité de bois du Nord, dans un chantier appartenant au sieur Alexandre Ullern, négociant au même lieu. La perte est évaluée à 60 000 fr. dont 25 000 fr. au sieur Chesneau et 35 000 fr. au sieur Ullern, le tout assuré. Le feu s'est déclaré dans un grenier rempli de foin et près d'une cheminée contre laquelle il était tassé.  

 

Novembre 1888  -  Outrage à la pudeur.  -  Jeudi matin, à Honfleur, un individu ivre et à moitié nu gesticulait sur le cours de la République. Un agent de police le menaça de le mettre au violon. L'individu se rebella et il fallut l'intervention de la gendarmerie pour pouvoir s'en rendre maître. C'est un nommé Désiré-Louis Barbier, 20 ans, chauffeur.

 

Novembre 1888  -  Électricité. - Un quartier de Honfleur va être éclairé à l'électricité. Une société se propose d'en faire autant a Caen.  

 

Décembre 1888  -  Mort par asphyxie.  -  Le sieur Hallot, patron du crevettier « Bonne-Mère », de Honfleur, en rentrant à son bord, a trouvé mort, dans la chambre du bateau, son matelot, le sieur Charles Simon, 45 ans. Il paraît que Simon, surpris par le froid, aura allumé du charbon dans sa chambre, et que les gaz qui se sont dégagés auront déterminé l'asphyxie.  

 

Décembre 1888  -  Incendie.  -  A Honfleur, cours de la République, le feu s'est déclaré chez le sieur Legay. Surprises par les flammes, plusieurs personnes ont été obligées de sauter par les fenêtres. Deux femmes se sont cassé chacune une jambe.  

 

Décembre 1888  -  Découverte de cadavre.  -  Mardi matin, on a retrouvé dans le bassin de la République, à Honfleur, le cadavre de François Cressant, 65 ans. ouvrier de scierie, disparu depuis cinq semaines. On suppose qu'il est tombé à l'eau étant pris de boisson.

 

Décembre 1888  -  Le noël anglais.  -  A l'occasion des fêtes de Noël, il a été expédié en Angleterre, par le port de Honfleur, 224 785 oies et 9 233 dindes, soit un total de 234 018 volailles. En 1888, ce chiffre ne s'était élevé qu'à 192 199, dont 178 530 oies et 15 663 dindes.  

 

Janvier 1889  -  Une victime de la mer.  -  Un cadavre, dont la tête et les bras ont disparu, a été recueilli en mer par le sieur Delaunay, marin-pêcheur à Honfleur. Ce cadavre, qui a été déposé à la morgue, ne porte aucune trace de violence et paraît être celui d'un jeune homme de 14 à 15 ans. C'est, on suppose, celui de Pierre Lehaut, marin à Saint-Vaast, dont la barque a fait naufrage il y a environ six semaines.  

 

Juin 1889.   -   L’incendie de Honfleur.   -   Samedi soir, à Honfleur, un incendie attribué à l'imprudence a détruit complètement la caserne de gendarmerie et les remises, chantiers et magasins à fourrages contigus.

La perte est évaluée à 80 000 fr. Presque tout le mobilier personnel des gendarmes, des voitures, des équipages de chevaux, appartenant à un loueur, une grande quantité de foin, des bois de charronnage, etc…, ont été détruits.

Par suite de la transformation récente de la première brigade de gendarmerie à pied, les gendarmes nouvellement arrivés n'avaient pas eu le temps de faire modifier leur police d'assurance et le maréchal des logis seul est assuré. Le commissaire de police et un ouvrier serrurier ont été brûlés sans gravité. (Bonhomme Normand)

 

Juin 1889.   -   Mort accidentelle.   -    Un enfant de sept ans et demi, le jeune Achille-Pierre Colas, est tombé dans le bassin de l'Ouest, à Honfleur. Son cadavre a été retrouvé après une demi-heure de recherches sous la coque d'un bateau. ( Bonhomme Normand)

 

Juin 1889.   -   Tentative de meurtre.   -    Dimanche soir, quai de la Quarantaine, à Honfleur, en sortant du café tenu par le sieur Lemasson, les nommés Mathière, jourpalier à Honfleur, et Bourchu, chaudronnier au Havre, se sont battus.

Voyant que Mathière allait avoir le dessous, ses amis voulurent s'interposer. A ce moment, Bourchu prit un revolver dans sa poche et en tira un coup dans la direction de son adversaire. Un des témoins de la scène, le nommé Lamy, marin, avait vu le mouvement et, se jetant sur Bourchu, put détourner l'arme.

La balle passa entre les jambes de Mathière qui, sans cette intervention, eût pu être tué. ( Bonhomme Normand)

 

Juillet 1889.   -   Singulier procès.   -   Lors du dernier incendie de Honfleur, les pompiers, croyant mettre dans une citerne un tuyau de prise d'eau, l'ont mis dans une fosse d'aisances.

L'erreur a été vite reconnue. Alors, on a mis le tuyau dans un puits. Malheureusement, on ne l'avait pas nettoyé et le puits est aujourd'hui à peu près perdu.

Le propriétaire demande une indemnité aux compagnies d'assurances, et celles-ci la refusent, alléguant qu'elles n'ont jamais entendu assurer un puits contre les risques du feu.   ( Bonhomme Normand)

 

Février 1890  -  Cheval emporté.  -  Dernièrement, rue de la République, à Honfleur, une voiture attelée d'un cheval, et dans laquelle se tenait un enfant d'une douzaine d'années, stationnait sous la voûte de l'hôtel de l'Espérance. Le cheval, auquel, pour le faire boire, on avait enlevé la bride, était maintenu à l'aide d'un licol par une demoiselle Vauquelin, de Fourneville. 

A un moment, l'animal effrayé s'emballa et se précipita vers la rue. La demoiselle Vauquelin cherchant a le retenir fut bientôt renversée et une des roues de la voiture lui passa sur la tête. Mais la blessure était moins grave qu'on ne le supposait d'abord, et aujourd'hui la demoiselle Vauquelin est dans un état satisfaisant. Le cheval fut arrêté rue Cachin.  

 

Mars 1890  -  Les suites d’une faute.  -  La fille Victorine-Alphonsine Giret, âgée de 23 ans, de St-Gatien-des-Bois, en service chez le sieur Macé, boulanger à Honfleur, s'est asphyxiée mercredi soir, à l'aide du charbon. Elle s'était enfermée dans une chambre inoccupée, avait calfeutré le bas de la porte et allumé du charbon dans un vase en terre. En tombant aux premières atteintes de l'asphyxie, elle renversa le charbon et le feu prit au parquet. Le sieur Macé aperçut une lueur dans cette chambre dont la porte était vitrée, brisa un des carreaux, entra et éteignit, avec un seau d'eau, le commencement d'incendie. Un médecin appelé ne put que constater la mort de la servante. Ce suicide est attribué à l'état de grossesse de la fille Giret et à l'abandon de son amant. Elle avait laissé un billet à ses patrons. Il contenait simplement ces mots : « Remettez mon argent à ma pauvre mère, je vous prie. A. G. »  

 

Mars 1890  -  Démission.  -  Le maire de Honfleur s'est pris aux cheveux avec deux conseillers municipaux. A la suite de cette séance tapageuse, le maire et ses adjoints ont donné en chœur leurs démissions.  

 

Mars 1890  -  Mort de froid.  -   Le sieur Louis Foutel, cultivateur à Sainte-Opportune, se rendait, avec sa mère, au marché de Honfleur. Ils conduisaient chacun une voiture de fourrage, lorsque, tout à coup, la dame Foutel, 52 ans, tomba à terre. Son fils s'empressa de la relever et entra dans une maison voisine dont il rapporta un cordial qu'il essaya de faire prendre à la pauvre femme, mais déjà elle avait rendu le dernier soupir. Son décès est attribué au froid.

 

Avril 1890  -  Honfleur.  -  A la suite de la retraite de la municipalité, la moitié du conseil municipal a démissionné. Il va falloir de nouvelles élections.  

 

Avril 1890  -  Grève d’électeurs.  -  Dimanche, les 2 360 électeurs de Honfleur étaient convoqués pour élire 15 conseillers. 186 électeurs ne pouvant faire autrement se sont présentés au scrutin. Les voix se sont réparties sur les 15 conseillers démissionnaires. Celui qui arrive en tête a eu 84 voix, le dernier, 49. Il y aura ballottage pour la forme.  

 

Mai 1890  -  Grève d’électeurs.  -  Au deuxième tour de scrutin, pour l'élection de 15 conseillers municipaux à Honfleur, 360 volants se sont présentés sur 2 300. Les conseillers s élus auront-ils le toupet d'accepter.  

 

Mai 1890  -  Silence coupable.  -  Dernièrement, le feu éclatait dans un bois des environs de Honfleur. Les auteurs de cet incendie seraient, parait-il, des braconniers qui avaient mis le feu à des terriers pour prendre des lapins. On a fait le silence autour de cette affaire. Pourquoi ce silence?

 

Mai 1890  -  Un drame en mer.  -  L’« Arica », entré dernièrement dans le port de Honfleur avec un chargement pour la Société générale de dynamite, a été le théâtre, pendant la traversée,  d'un drame mortel. Un matin, le capitaine Nelherthon s'étant aperçu que la barre avait été mal dirigée par le matelot Henry, lui en fit l'observation. Ce dernier ayant répondu avec arrogance,  une rixe s'engagea entre les deux hommes. A un moment, le capitaine se trouva acculé contre la lisse du navire, le dos penché en dehors, le matelot le saisit par les deux  jambes et le jeta à la mer. Tous les efforts tentés pour sauver le malheureux capitaine furent inutiles. Son fils James, qui était second, prit le commandement du navire. En abordant au premier port, le  coupable fut livré à la justice anglaise.  

 

Mai 1890  -  Incendie.  -  Jeudi la nuit, à Honfleur, le feu a éclaté rue St-Léonard, dans les dépendances de la propriété de Mme Manchon, et a détruit plusieurs bâtiments ainsi qu'un tas de fagots et d'objets mobiliers. Pertes, 15 000 fr. et 1 200 fr. pour le sieur Martin, cafetier.

 

Mai 1890  -  Un noyé.  -  Le corps du sieur Pierre Germain, 33 ans, demeurant à Villerville, marin à bord du bateau de pêche 2.839, du port du Havre, a été trouvé dans la vase, à Honfleur, entre le bateau et le quai. Germain était célibataire. Tout fait supposer que, peut-être légèrement pris de boisson et voulant prendre l'échelle pour embarquer, Germain aura mis le pied dans le vide et sera tombé à l'eau.  

 

Juin 1890  -  Une ville sans conseil.  -  Les tentatives faites en vue de reconstituer le conseil municipal de Honfleur n'ayant pu aboutir, un décret présidentiel l'a dissous. 

 

Juin 1890  -  Chenilles, criquets et grenouilles.  -  Dans notre région, les chenilles ont dévasté une grande partie des pommiers. — En Algérie, les criquets ont fait leur réapparition. Les dégâts sont considérables. — A Yvetot (Seine-Inférieure), une pluie de grenouilles s'est abattue sur une partis de la ville. C'est par milliers que l'on comptait ces batraciens sur les chemins.

 

Juin 1890  -  Un noyé.  -  Le sieur Édouard Malandiu, 40 ans, travaillait au chargement d'un vapeur, à Honfleur. Se sentant subitement indisposé, il monta sur le pont et voulut descendre à terre. Malheureusement, au moment où il allait sauter le quai, il fut frappé d'une attaque d'épilepsie et tomba entre bord et quai, et s'est noyé.  

 

Juillet 1890  -  Les électeurs de la Petite Chine boudent.  -  Dimanche, les électeurs de Honfleur étaient convoqués pour nommer le conseil municipal tout entier. Sur 2 341 électeurs inscrits, il s'est présenté seulement 136 votants, et, dans l'urne, on a trouvé 46 bulletins blancs. Il n'y a donc eu que 140 suffrages exprimés se répartissant entre quatre-vingts noms. Un second tour de scrutin aura lieu dimanche, mais sans plus de succès sans doute.

 

Août 1890  -  Mort accidentelle.  -  Le jeune Joseph Delormel, mousse a bord du bateau « Auguste-Moutine », se trouvait dans le bassin ,du Centre, à Honfleur, monté dans une petite barque qu'il faisait godiller, lorsque l'aviron lui ayant échappé des mains il est tombé à la renverse dans l'eau. Ce n'est que 25 minutes après qu'il a pu être retiré, mais il avait cessé de vivre.

 

Octobre 1890  -  Tentative de suicide.  -  Dimanche, le nommé Saffrey, journalier à Honfleur, se trouvant en état d'ivresse, avait pris la résolution d'en finir avec la vie. Par trois fois successives, il sa jeta dans le bassin de l'Ouest, d'où on le retira sain et sauf. Après la dernière tentative, il fut reconduit à son domicile, et où on supposait qu'il allait cuver son vin tranquillement, mais là, ses idées de suicide le reprirent de plus belle, et il tenta de se jeter par la fenêtre. Vain effort encore, car il resta accroché à l'appui de cette fenêtre. Retiré de cette position aussi drolatique que périlleuse, il consentit cette fois à se tenir tranquille. Il semble avoir abandonné aujourd'hui toute idée de suicide. 

 

Octobre 1890  -  Les pommes.  -  Dans le Calvados, le pays-d'Auge surtout, n'a pas de pommes, on parle de 4 et 5 fr. la barretée. Dans la Manche, il y en a davantage, les prix varient entre 3 et 3 fr. 50. La Bretagne est plus favorisée, on en trouva en gare à 2 fr. 25 et 2 fr. 50. Sur certains points on les vend au poids.  

 

Novembre 1890  -  Les receveuses peuvent aimer.  -  Par arrêté ministériel, les receveuses sont autorisées à contracter mariage avec le fiancé de leur choix. Une seule exception subsiste : elle concerne les personnes du sexe masculin, remplissant une fonction de police, comme les gendarmes, commissaires et les gardes champêtres. 

 

Décembre 1890  -  Garçon changé en fille.  -  Une sage-femme de Honfleur après avoir procédé à un accouchement enveloppa l'enfant et dit au père que c'était un garçon, et était déclaré comme tel. 

Deux jours après, l'enfant venu avant terme succombait, quelle ne fut pas la surprise du médecin chargé de constater le décès en découvrant que le garçon qu'on a présentait était... une fille parfaitement constituée, bien que née non-viable. Le mieux c'est que, l'erreur reconnue, la sage-femme persista à soutenir que c'était bien un garçon qu'elle avait aidé à mettre au monde l'avant-veille, et qu'aucune des personnes présentes à l’accouchement ne put affirmer le contraire.  

 

Décembre 1890  -  Froid et neige.  -  Vendredi, samedi et dimanche, le froid a été excessif à Caen. Voici quelques renseignements relevés à Vaucelles, rue de l'Arquette. Vendredi, à 7  heures 1/2 du matin, 17° au dessous de zéro ; samedi, à 6 heures, 15° ; à huit heures,19° ; dimanche, à 6 heures, 16°. De puit longues années, on n’avait constaté de si basses températures. 

— A propos du froid et de la neige, on rappelle que le 24 novembre 1788, commence une forte gelée qui dura jusqu'au 29 janvier suivant. Le passager de Honfleur fut six semaines sans pouvoir venir au Havre par suite des glaces. La misère fut grande. La pain continua à augmenter jusqu'en fin février, ce qui causa des troubles. Le 4 mars, une émeute, causée par la cherté du pain, éclata à Caen.  

 

Décembre 1890  -  Froid et neige.  -  Vendredi, samedi et dimanche, le froid a été excessif à Caen. Voici quelques renseignements relevés à Vaucelles, rue de l'Arquette. Vendredi, à 7 heures 1/2 du matin, 17° au dessous de zéro ; samedi, à 6 heures, 15° ; à huit heures,19° ; dimanche, à 6 heures, 16°. Depuit longues années, on n’avait constaté de si basses températures. 

— A propos du froid et de la neige, on rappelle que le 24 novembre 1788, commence une forte gelée qui dura jusqu'au 29 janvier suivant. Le passager de Honfleur fut six semaines sans pouvoir venir au Havre par suite des glaces. La misère fut grande. La pain continua à augmenter jusqu'en fin février, ce qui causa des troubles. Le 4 mars, une émeute, causée par la cherté  du pain, éclata à Caen.  

HONFLEUR  (Calvados)

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