1er Novembre 2024

UN SIECLE D'HISTOIRE DU CALVADOS

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LANGRUNE s/ MER

Canton de Douvres-La Délivrande

Les habitants de la commune sont des Langrunais, Langrunaises

Janvier 1875   -   Le froid.  -  L'année débute mal, le verglas du premier janvier 1875 restera légendaire.  A Paris, le nombre des individus entrés dans les hôpitaux pour blessures à la suite de chutes sur le verglas est de 2 000 au moins. Quant aux chevaux tués et aux voitures versées, le chiffre en est inconnu.

Dans notre région, les conséquences n'ont pas été aussi graves, mais les accidents ont été assez nombreux pour que deux jours durant, nos médecins n'aient été occupés qu'à remettre des jambes brisées et des poignets foulés.

En Normandie, dans la nuit du 29 au 30 décembre le thermomètre est descendu à - 12 degrés. A Orléans, le thermomètre est descendu à - 15 degrés. A Pontarlier, - 20 degrés.

En France, à St-Goussaud (Creuse), le sieur Bergeron, âgé de 32 ans, facteur rural, s'est perdu dans les neiges et a péri de froid.

La ville de Paris vient d'acheter un fond-neige d'un modèle assez curieux. C'est un cylindre roulant, ayant un foyer central qui dégage assez de calorique pour fondre la neige qu'il écrase et pour sécher le sol.

 

Janvier 1875   -   Éclipses.  -  Si, en 1875, il n'y a pas d'éclipse de lune, le soleil, en revanche, sera éclipsé deux fois : le 6 avril et le 29 septembre. La deuxième seule sera visible, en partie, à Paris.

 

Janvier 1875   -   Condamnation.  -  Les nommés Eugène Buhour, 18 ans, et Etienne Buhour, 43 ans, journaliers à Langrune, 25 fr. d'amende, pour bris de clôture, tapage et outrage à la gendarmerie.  

 

Février 1875   -   Condamnation.  -  Le tribunal a prononcé une amende de 50 francs contre les sieurs Mériel, de Saint-Aubin-sur-Mer ; Coutances, d'Hérouville ; Alcide Caron, de Lantheuil ; et une amende de 60 fr. contre le sieur Lissot, de Langrune, pour infractions à la loi sur le classement des chevaux.

 

Février 1875   -   Conseil municipal.  -  Le 21 février 1875, le conseil municipal s'est réuni et, est unanimement d'avis, de prier M. le Préfet de faire auprès de l'administration des Postes, les demandes nécessaires pour qu'il soit fait droit aux vœux exprimés par le conseil, d'une demande de transfert du bureau de Poste de Luc à Langrune qui avait reçu de M. le  Directeur des Postes une réponse favorable en date du 22 octobre 1862. 

 

Février 1875   -   Chemin de fer.  -  Une enquête aura lieu dans les communes de Langrune, St-Aubin-sur-Mer, Bernières-sur-Mer et Courseulles, sur le projet présenté pour l'établissement des stations et arrêts de ce chemin projetés sur le territoire des communes sus-indiquées. Cette enquête a commencé le 11 février et sera close le 21 du même mois.

 

Mars 1875   -   Le printemps.  -  Si cela continue, le printemps sera inauguré par la gelée ou la neige. En Angleterre, des vents violents ont causé beaucoup de malheurs. Des maisons en construction ont été renversées et des ouvriers ont péri.

 

Mars 1875   -   Condamnation.  -  Pour avoir enlevé du sable et des pierres hors les limites prescrites : Alfred-Joseph Hodierne, 37 ans, de la Délivrande ; Victor-Prosper, 24 ans, et Alfred-Exupère Hodierne, 17 ans, de Langrune ; Jean-Pierre François, de Luc, et Jean-Baptiste Lissot, 48 ans, de Langrune, chacun 25 francs d'amende.  

 

Mai 1875   -   Saison des bains.  -  Notre littoral a été déjà visité par quelques baigneurs. Les locations ne se font que difficilement, car à Lion, à Luc, Langrune et Saint-Aubin, les propriétaires demandent des prix trop élevés. 

De l'autre côté de l'Orne, les locations se font plus facilement, les propriétaires craignant de rester sans louer, comme l'année dernière, préfèrent faire des concessions. A Trouville seulement, la semaine dernière, il a été fait pour près de 30 000 fr. de locations. 

 

Juin 1875   -   Acte de malveillance.  -  Un fait inqualifiable a été commis à Langrune dans la nuit de vendredi à samedi. On s'est introduit dans les cabines de la dame Laroute, directrice des bains, puis on a volé et lacéré un grand nombre de costumes et de linge de bain.

Une singulière méprise a mis sur les traces du coupable. Un habitant aperçut une fille de mauvaise réputation, la nommée B…....,  qui enfouissait dans son jardin un paquet  volumineux. Croyant à un infanticide, il fit sa déclaration à la justice. Une perquisition eut lieu, elle amena à la découverte, dans la terre, des débris des vêtements volés. La fille B……. a été mise en état d'arrestation.  

 

Juillet 1875   -   Fait divers.  -  Pour pêche de moules n'ayant pas la dimension exigée par la loi, et en employant des engins prohibés, ont été condamnés à 250 fr. d'amende chacun, les nommés : 1° Eugène Lemazurier, dit Preudhomme, faisant défaut, demeurant à Saint-Aubin-sur-Mer ; 2° Pierre-Louis Planchon, 43 ans, demeurant à Langrune.

 

Août 1875   -   Les bains de mer.  -  Lion, Luc, Langrune, Saint-Aubin d'autrefois, plages modestes, de famille et d'enfants, qu'êtes-vous devenues ?....

La mode, de son pied coquet, vous a envahies : les hommes ont jeté à la mer la veste de toile pour endosser la vareuse, les femmes changent trois fois de toilette par jour, et vont au bain avec des costumes faits sur mesure et garnis de fournitures en caoutchouc destinées à indiquer la place des absents.

Que de mécontents ! à Langrune ? Mais les réclamants n'ont pas toujours tort, ce qui vient de se passer à propos de la vente à la criée du poisson le prouve.

La commune avait, fait placer une pierre à poisson et acheté une cloche pour y appeler les acheteurs. On n'a pas trouvé d'adjudicataire, ce qui n'est pas la faute des pêcheurs assurément, aussi avait-on tort de leur empêcher d'y vendre.

Cette interdiction, qui a été levée mercredi (mieux vaut tard que jamais), avait un double inconvénient: elle lésait les intérêts des pêcheurs et forçait les baigneurs à aller faire leur provision à Luc et à Saint-Aubin, et parfois ils y restaient.  

 

Août 1875   -   Mendicité.  -  Les baigneurs de notre littoral se plaignent d'être, comme les années précédentes, assaillis par des mendiants de tout âge et des acrobates de tout genre. Il est au moins étrange que dans un département où il existe un arrêté préfectoral prohibant les saltimbanques et des arrêtés municipaux interdisant la mendicité, on donne asile à ces vagabonds, que l'on chasse des autres départements.

 

Août 1875   -   Comète et prédictions.  -  S'il faut en croire les astrologues de l'Observatoire de Paris, nous avons été, cette semaine, visités par une comète. Autrefois, l'apparition d'une comète était considérée comme un présage de malheur, aujourd'hui, ces astres passent presqu'inaperçus.

 

Août 1875   -   Glanage.  -  Il peut être utile, à l'époque des moissons, de rappeler un arrêt de la Cour de cassation présentant un grand intérêt : 1° Que le propriétaire n'a puissance d'introduire ses moutons que deux jours après l'enlèvement des récoltes, afin de donner aux glaneurs le temps d'user de leur droit. 2° Que si le propriétaire ou le fermier a le droit, tant que son champ n'est pas entièrement moissonné, de ramasser à son profit les épis échappés au moissonneur, il ne lui appartient pas de concéder ce droit à un tiers, même à titre généreux.

Tout règlement municipal qui viendrait à l'encontre de ce droit « ne serait pas légal ».

 

Août 1875   -   Caen à la mer.  -  Le chemin de fer de Caen à Courseulles sera-t-il une bonne affaire ?

Oui, si tous les étés l'affluence des voyageurs est égale à celle de cette année, comme tout le fait présager. L'hiver, l'entrepreneur compte beaucoup sur les marchandises qu'il transportera de Courseulles à la gare de l'Ouest, lorsque le raccordement sera fait. Dans ces conditions, il se pourrait que M. Mauger, qui a eu un instant l'intention de mettre l'entreprise en actions, renonce à cette idée. Les dépenses du concessionnaire dépassent, à ce jour, deux millions, non compris les frais de personnel.

Le rapport au Conseil général dit que le délai, pour l'exécution de la section de Luc à Courseulles, expire le 1er  janvier 1876, c'est une erreur, car, à l'heure qu'il est, l'expropriation des terrains n'est pas commencée. Si rien ne vient déranger les plans du concessionnaire, la section de Luc à Courseulles sera inaugurée en juin prochain.

 

Août 1875   -   La chaleur.  -  Il a fait un temps splendide, une chaleur tropicale : aujourd'hui il pleut, nous avons eu 30 degrés jusqu'à dimanche dernier, à Paris, on a constaté dix-sept cas d'insolation, quatre individus subitement frappé d'aliénation mentale sur  la voie publique ont été ramassés, trente-neuf chevaux, affolés par la chaleur, se sont emportés. Enfin,  Paris était tellement altéré, que plus de six cent individus ont été conduits au violon pour avoir trop bu.

 

Août 1875   -   L’orage de samedi.  -  Samedi soir, vers 2 heures, un violent orage, dont nous n'avons eu à Caen qu'un écho affaibli, s'est abattu sur tout le littoral. Des torrents de pluie n'ont pas tardé à faire monter l'inondation dans la plupart des maisons et dans les bas-fonds des vallées. Des grêlons, d'une grosseur énorme, sont tombés en plusieurs endroits et ont tué une si grande quantité de gibier qu'on le vendait à bas prix sur la côte.

— De Douvres, les eaux se sont précipitées dans la tranchée du chemin de fer et ont couvert la voie de détritus. La circulation n'a pas d'ailleurs été interrompue. Les dégâts ont été promptement réparés.

— A Condé, une pluie diluvienne a transformé en quelques instants les rues de la ville en de véritables torrents.

—Vers quatre heures du soir, à Tracy-Bocage, la foudre est tombée sur une maison, non habitée, appartenant à M. Jules Greley, la couverture seule a été la proie des flammes, les pompes de Villers-Bocage sont immédiatement arrivées et les travailleurs ont pu rapidement concentrer le feu dans son foyer. M. Édouard Marie, garde particulier à Villers-Bocage, que son dévouement avait conduit sur les murs de la maison incendiée pour y travailler, est tombé d'une hauteur d'environ six mètres. Dans sa chute, il s'est cassé l'épaule et fait des blessures intérieures. Marie est âgé de 44 ans et père de cinq enfants en bas âge, et sans fortune, La perte s'élève à 875 fr.

— A la même heure, le même jour, un incendie occasionné par la foudre a éclaté en la commune de Secqueville-en-Bessin et a brûlé complètement la toiture en chaume d'une maison d'habitation faisant partie d'une ferme appartenant à M. Jules Lecomte, maire, qui est exploitée par M. Léon Leboulanger. La perte approximative de M. Lecomte est de 3 000 fr, assurée, celle de M. Leboulanger est évaluée à 700 fr., également assurée. Il y avait quatre personnes dans la maison au moment où la foudre est tombée, aucun accident à déplorer.

—La foudre est tombée aussi à Langrune et à Douvres, où elle a déraciné un arbre. A Caen elle a laissé des traces de son passage sur un mur dans la cour de M. Bourrienne, médecin.

— Cet orage a également éclaté sur le Havre à 4 heures de l'après-midi, il a duré une heurs et demie. Les coups de tonnerre se succédaient avec une terrifiante rapidité, en même temps qu'une pluie des plus abondantes transformait les ruisseaux de la ville en vraies rivières, et les rues descendant la côte en petits torrents. La foudre est tombée en divers endroits, deux fois, notamment, dans le bassin de la citadelle sur le trois-mâts français « Sainte-Adresse » et à l'angle nord-ouest du bassin.

 

Novembre 1875   -  Conseil municipal.  -  L’an 1875, le 7 novembre, le conseil municipal s’est réuni dans le lieu ordinaire de ses séances, sous la présidence de Monsieur Leroux, Maire, en vertu de l’arrêté préfectoral en date du 14 octobre 1875.

Sur la proposition d’un membre, le conseil à l’unanimité, considérant que les communes voisines et riveraines de la mer sont autorisées à enlever du galet sur le rivage pour l’entretien de leurs chemins.

Considérant que la commune de Langrune n’est pas pourvue d’une autorisation semblable, et qu’il en résulte un préjudice grave pour la commune.

Pour ces motifs : Décide que Monsieur le Maire devra adresser immédiatement une demande à Monsieur le Préfet à l’effet que la commune de Langrune soit autorisée à enlever sur le rivage de la mer, la quantité de galet nécessaire pour la réparation et l’entretien de ses chemins.

 

Novembre 1875   -  Suites de l’ouragan.  -   Horrible temps que celui de novembre. Que de tempêtes ! que de désastres ! que de sinistres. De mémoire d'homme, on n'avait vu plus long et plus effroyable ouragan. Tels étaient la force du vent et la fureur des vagues que sur le littoral les maisons tremblaient sur leur base et faisaient redouter des éboulements.

Les différents cours d'eau de notre région sont rentrés dans leurs lits, de leur côté, la Seine, la Loire, le Rhône et la Garonne ne donnent plus d'inquiétudes.

Sur nos côtes, la mer rejette des débris de toute nature, des agrès, des marchandises, des vêtements, sur les côtes de Bretagne, on a recueilli plusieurs cadavres.

A Villerville, dans les roches moulières, on a retrouvé le cadavre du nommé Arsène-Désîré Duchemin, perdu en mer alors qu'il rentrait à Trouville de la pêche à la crevette, la mer n'a pas encore rendu le corps du jeune Lezin, qui montait, avec Duchemin, l'  « Oiseau bleu ».

Dans les villes et dans les campagnes, des toitures ont été enlevées, des cheminées ont été renversées, des arbres déracinés. Le parapet de la jetée de Trouville a été brisé, à  Deauville, la digue a été endommagée. A Lisieux, le vent a renversé un échafaudage établi pour les travaux du séminaire, et deux ouvriers ont été jetés sur le sol, l'un d'eux a eu deux côtes enfoncées. Une ouvrière qui traversait le petit pont provisoire du Moulin-Biot, à Condé, est tombée à l'eau, poussée par le vent, et se serait noyée sans l'aide de plusieurs hommes qui accoururent à ses cris.

Dimanche dernier, le Havre a été inondé. Plusieurs familles ont cru devoir abandonner leurs demeures, qu'elles avaient peur de voir détruites a chaque instant. Rouen, Étretat et Fécamp ont beaucoup souffert.

Voici le relevé aussi exact que possible des dégâts causés, à Paris, par l'ouragan : 10 000 cheminées ont été abattues, 160 toitures ont été endommagées, 30 000 carreaux ont été brisés, 1 000 palissades renversées, 200 arbres cassés ou déracinés.

 

Décembre 1875   -  La neige.  -  Le froid est rigoureux partout, en France c'est la région du Midi qui est la plus éprouvée. Marseille, Agen, Nimes, Montpellier, Limoges sont sous la neige.

Dans le Calvados, du côté de Bayeux, la neige a atteint dimanche, une épaisseur de 55 centimètres, région de Caen, 20 centimètres ; de Lisieux, 8 centimètres. Plus on avance vers Paris, plus la couche  diminue, à partir de Serquigny, elle couvre à peine le sol.  

Mars 1876   -  Tempêtes sur mer et naufrages.  -  Nous avons depuis quelques semaines, sur les côtes de la Manche, un temps abominable. Il vente presque continuellement en tempête.

La mer est affreuse. La navigation n'est pas plus praticable qu'en plein mois de décembre. Les pécheurs sont a l'ancre depuis douze jours.

  Un picoteux de Luc ayant cassé ses amarres, a été poussé vers Trouville, il est inscrit au port de Courseulles sous le n° 179.

  Une goélette ou bisquine se serait naufragée sur le ratier de Villerville. Le bateau est perdu, on dit que l'équipage aurait péri. Nous n'avons pu avoir de renseignements à cet égard.

  Dimanche, à la suite de la tempête, les communications avec l'Angleterre, la Belgique, Lille, le Havre, Rouen, Amiens, Arras, Beauvais , etc……., ont été momentanément interrompues.

  Des pêcheurs assurent avoir vu engloutir, par la mer démontée, le vapeur anglais « Thittle ». Ce navire, qui était attendu à Dieppe avec un chargement de charbon  devait être monté par onze hommes d'équipage.

  Mardi, vers sept heures du matins le brick-goélette anglais « Juliette », capitaine Roberts, venant de Llanelly avec un chargement de 250 tonneaux de charbon à destination de Caen, est tombé sur les rochers situés vis-à-vis de Bernières, à trois milles environ du rivage. A 8 heures l'équipage, composé de sept hommes, embarquait dans le canot du bord et atteignait la côte de Langrune. A 9 h., après deux heures de mer démontée, la « Juliette »  était entre deux eaux, ballottée par la houle qui était très forte, elle perdait ses mâts de perroquet et de flèche. On n'aperçoit actuellement que les bas mâts de ce navire. Les matelots sont arrivés à Caen par le chemin de fer de Luc.  

 

Avril 1876   -  Chemin de fer de la mer.  -  Les travaux du chemin de fer de Caen à la mer vient être poussés avec une très grande activité. La section entre Luc et Courseulles sera  certainement livrée au public pour la fin juin au plus tard. 

La ligne de raccordement entre l’Ouest et la gare Saint-Martin ne pourra pas être terminée pour la saison des bains, en raison des nombreux travaux d'art qu'il y a à exécuter, dans le parcours de trois kilomètres, on compte cinq ponts et voûtes. En attendant, la compagnie vient de réduire le prix des places dans les omnibus qui font le service entre Luc, Langrune, Saint-Aubin, Bernières et Courseulles.

 

Avril 1876   -  Température.  -  Les fêtes de Pâques se préparent mal : il grêle, il neige et il gèle, les colzas pendent le nez, les fleurs des arbres paraissent  brûlées. Nick avait raison, en indiquant de la neige et de la gelée du 12 au 16.

— A partir du 19, il nous prédit un temps doux, mais orageux.

 

Mai 1876   -  Nos récoltes.  -  La longue période de sécheresse que nous avons subie pendant près d'un mois avec grands vents d'amont continuels et très-froids, inspirait des craintes sérieuses à l'agriculture : plantes légumineuses et fourragères, prairies naturelles et artificielles, tout semblait dépérir sur pied faute d'humidité. Le temps vient heureusement de  changer, il est à l'eau. Dans le Midi, il pleut beaucoup, les orages sont à redouter.

 

Mai 1876   -  De Caen à la Mer.  -  Se rendant au désir si souvent exprimé, la compagnie du chemin de fer de Caen à la mer va recevoir des voitures de deuxième classe pourvues d'impériales, auxquelles auront droit les voyageurs de 1e et 2e classe, dans chaque train, il y aura deux de ces voitures. 

— La compagnie vient également de traiter avec M. Amédée Louard, pour faire le service entre la gare de Luc et Lion-sur-Mer, M. Amédée Louard a cessé, depuis lundi son service   journalier de Caen à Lion-sur-Mer et de La Délivrande à Lion. Prix du trajet (aller et retour) : 2 fr. 25 cent. 

— La section de Luc à St- Aubin sera terminée vers le 1er juillet. Les travaux de Saint-Aubin à Courseulles marchent lentement, cependant on espère pouvoir livrer cette dernière section au public pour le mois d'août. Vendredi, la commission s'est réunie à la préfecture pour délibérer au sujet de certaines concessions de terrain dépendant de la commune de Courseulles.  

 

Août 1876   -  Les bains de mer.  -  Beaucoup de monde sur notre littoral, en ces derniers jours, les trains de Paris à Trouville ont dû être doublés.

De l'autre cote de l'Orne, quelques célébrités : A Saint-Aubin, un sénateur inamovible, M. Béranger, beau-frère de M, DeTourbet, substitut du procureur général de Caen, un député de la Loire, M. Raymond, la veuve de Michalet, l'auteur de la Mer, la charmante madame Prelly, ex-pensionnaire de l'Opéra-Comique, le futur Méphisto du Petit Faust, dans lequel elle débute le 1er septembre au Théatre-Historique, Madame Donvé, des Variétés, et une autre célébrité parisienne qu'on peut, à l'heure du bain, contempler, sans jumelles, sans fard et sans maillot.  Autour de ces étoiles de première grandeur, gravitent quelques satellites du monde des lettres, des journalistes, des compositeurs et des faiseurs de rondeaux.

Partout, les baigneurs paraissent enchantés de leur séjour sur nos côtes. A Langrune, cependant, il y a encore des mécontents, cette malheureuse commune est toujours affectée de la maladie de la pierre (de la pierre à poisson, bien entendu). L'autorité a acheté une cloche, mais elle ne veut la livrer que contre versement de dix francs par tête de pêcheur. Pourquoi n'imite-t-elle pas St-Aubin ?…. Saint-Aubin n'a pas trouvé d'adjudicataire pour sa pierre à poisson, elle la fait exploiter par le crieur Jamet, et il en résultera pour la commune un boni de 300 francs au moins. 

Je sais bien que Langrune n'a pas de Jamet,  car après une année d'absence, le célèbre crieur nous ait revenu, à la grande joie des baigneurs et des pécheurs. Seulement il a contracté une déplorable habitude, il pérore et prononce des discours et des sermons, tout comme un Victor Hugo ou un Dupanloup. Du reste: ses harangues sont fort goûtées des cuisinières, et je ne serais pas étonné qu'un jour on lui érigeât, sur la plage, une statue avec cette inscription : « A Jamet le Désiré, les cuisinières reconnaissantes ! »

 

Août 1876   -  Chemin de fer de la mer.  -  La section de Courseulles ne sera pas livrée au public avant la fin du mois, M. le préfet du Calvados et l'ingénieur en chef doivent visiter la voie vers la fin de la semaine prochaine, les recettes journalières ont sensiblement augmenté depuis l'ouverture de la section de Saint Aubin, le dimanche, les recettes atteignent 4 000 fr., et il n'y a pas de jour au-dessous de 600 francs.

 

Août 1876   -  La sécheresse.  -  Les herbagers sont dans la désolation, l'herbe brûle sur pied, ils sont obligés de vendre leurs bestiaux. Chose qui ne s'était jamais vue, huit bouchers parisiens étaient à Caen, sur le marché, pour profiler de l'occasion.

 

Août 1876   -  Un accouchement en plein champ.  -   Une femme Bacon, originaire de Luc, demeurant à Etreham, près Bayeux, parcourant depuis plusieurs jours les communes du littoral, suivie de ses quatre enfants, qui allaient mendier de porte en porte, ou marauder par les champs, est accouchée de deux garçons, à la sortie de Langrune, sur le territoire de la commune de Saint-Aubin-sur-Mer. La femme Bacon était ivre. On suppose que l'état dans lequel elle se trouvait, et la crainte de se voir inquiétée à propos des faits de rapines reprochés a ses enfants, n'ont pas été étrangers à son accouchement précipité, qui a eu lieu avec l'aide de la sage-femme de Langrune, et en présence de plusieurs enfants.

Singuliers spectateurs ! ... On a demandé des secours à  la mairie de Langrune, qui en a refusé, prétextant que la femme Bacon n'était pas accouchée sur son territoire, considération qui n'a pas empêché Mme Deshoulières de donner asile à l'accouchée et a ses deux nouveaux-nés, et de leur faire prodiguer les soins dont ils avaient besoin.

 

Août 1876   -  Bains de mer.  -  Rarement, on a vu une telle affluence de voyageurs pour les bains de mer. Tous les jours, on délivre à la gare St-Lazare, des milliers de billets pour la Normandie seulement.

Samedi dernier, le train des maris, qui part de Paris vers 6 heures du soir, a dû être quadruplé, il en est résulté une confusion et un désarroi qui a occasionné un retard de deux heures. Aussi le train de correspondance avec Luc, Lion, Langrune, etc…., était parti depuis une heure un quart lorsque les omnibus ont amené trente à quarante voyageurs. A Caen, le livre des réclamations est surchargé de plaintes, nous en avons remarqué une, signée de M Béranger, sénateur. L'honorable inamovible, qui est appelé à faire les lois, devrait savoir que la compagnie coupable n'est pas celle de la mer. qui a attendu une heure, mais bien la Compagnie de l'Ouest, qui est arrivée en retard de deux heures.  

 

Août 1876   -  Piqûre de poisson.  -  Une dame da Paris, en ce moment descendue à l'hôtel Desaunay, à Langrune, ayant eu l'imprudence de ramasser, sur le rivage de Saint-Aubin, une vive (petit poisson assez commun du côté de Courseulles et de Port), s'est piquée le petit doigt avec les trois dards que cet animal porte comme défense un peu en arrière de la tête. Cette dame en éprouve une douleur si vive qu'elle ne put regagner Langrune. En quelques instants, son bras atteignit le double de sa grosseur naturelle, et aujourd'hui encore il est très enflé. Les marins disent que la douleur dure de trois à quatre mois, et que la partie piquée enfle à la marée montante pour diminuer lorsque le flot se retire. Ceci n'est peut-être qu'une légende, mais ce qui est certain, c'est que les piqûres de la vive sont très douloureuses.

 

Octobre 1876   -  Élections des Maires.  -  Les renseignements sur les élections des maires et adjoints qui ont eu lieu dimanche dernier ne nous arrivent que lentement. D'après les données que nous avons, on peut cependant conclure qu'une centaine tout au plus de maires seront remplacés dans le Calvados, et, encore, ces changements ne doivent pas tous être attribués à la politique, les questions locales, ou les rancunes personnelles ont fortement pesé dans certaines balances.  

Sur notre littoral, quelques changements : à Langrune, M. Leroux, maire, a été remplacé par l'adjoint ; à Saint-Aubin-sur-Mer, c'est M. Daligault qui a été nommé maire.  

 

Novembre 1876  -  Conseil municipale.  -  Sur proposition du Maire, le Conseil demande à M. le Préfet l’autorisation de démolir un vieux bâtiment appelé Corps de garde situé sur la place communale, et ou ce trouve actuellement le groupe à incendie, pour les motifs que cette vieille masure gêne la vue des habitation d’en face sur la mer, à quelle est un embarras  de la place communale, seul lieu de réunion agréable pour les étrangers et que les alentours sont un réceptacle d’ordures et d’immondices.

Les démolissions de ce bâtiment serviraient à endiguer la place communale, et la pompe serait remisée dans un appartement appartenant à M. Seigneurie, qui s’y oblige, jusqu'au  moment ou la construction de la nouvelle et qui permettra de la placer dans la cour actuelle de cette habitation à cet effet.

Le conseil donne au Maire l’autorisation d’employer pendant le nombre d’années voulu du revenu de la plage pour couvrir les frais d’engagement projeté. Délibéré en séance et signé après lecture.

 

Novembre 1876   -  Condamnation.  - Stanislas-Jean Jeannou, 46 ans, cordonnier à Langrune, ivresse, vol de bois au sieur Paysant, outrages au garde champêtre, coups et blessures envers les sieurs Flambard et Moulin, 3 mois, 5 fr. d'amende.  

 

Février 1877   -  Grande marée.  -  Le 27 février, nous aurons une grande marée. Les personnes qui habitent le bord de la mer et à l'embouchure des rivières feront bien de prendre les précautions  nécessaires pour que cette marée ne leur cause pas de dommages.

On annonce aussi, pour le 27 de ce mois, une éclipse totale de lune.

 

Mars 1877   -  Trop de Zéle.  -  Dans la commune de Langrune, un électeur avait été rayé illégalement de la liste électorale par le  secrétaire de la mairie. Afin d'obtenir une réinscription qu'il était en droit d'exiger, l'électeur a été obligé de s'adresser au juge de paix. 

Sept ou huit électeurs de la même commune sont, nous assure-t-on, dans un cas identique, ils ont été rayés sans avis préalable.

Le secrétaire de la mairie agit-il de son initiative privée, ou est-il poussé par le maire ou par toute autre personne influente à transgresser ainsi les règlements administratifs. Nous  serions aise de le savoir.  

 

Juin 1877   -  Bains de mer.  -  Les plages du littoral font leur toilette, elles se préparent à dignement recevoir les étrangers qui viennent leur demander asile pendant la belle saison. Dans l'intérêt des voyageurs, la Compagnie du chemin de fer de l'Ouest a modifié son service. Les locations se font à des prix encore supérieurs à ceux de l'an dernier.

Le maréchal Canrobert a loué à Villerville ; M. le Préfet du Calvados doit louer, à Langrune, la propriété Hallais. A Trouville, Pasdeloup et son orchestre sont annoncés.

Partout on a construit : auprès du casino de St-Aubin, un hôtel avec bains chauds a été établi par M. Niard, l'ouverture est annoncée pour le 1er  juillet, à Saint-Aubin, sur la plage, M. Vermont a placé une tente café ; à Langrune, la masure qui se trouvait devant l'hôtel Delaunay a été démolie ; à Luc, on parle d'éclairer la grande rue de la mer avec des candélabres.

Alors qu'il était communal, le chemin qui conduit de la gare de Luc, à la propriété Larivière, était quasi praticable, aujourd'hui qu'il est classé départemental il n'est pas sans danger de s'y aventurer les jours de pluie. Ce n'était pas la peine assurément... d'en changer le classement (air connu).

Ouistreham, presque désert depuis l'installation du chemin de fer de la mer, reprend vie, grâce à la gondole le « Chevreuil » et au steamer « l'Utile » qui font, chaque dimanche, le  trajet de Caen par le canal. Départs de Caen à 9 heures du matin, de Ouistreham à 6 heures 30 du soir. Parcours en 1 heure et demie. Prix : 1 fr. 50 aller et retour, et moitié place pour les enfants.

 

Juin 1877   -  Récoltes.  -  Nos récoltes ont les plus belles apparences, la vigne promet, tout annonce une année d'abondance.  Dans la nuit de dimanche à lundi, il a cependant gelé blanc sur divers points du département du Calvados. 

 

Août 1877   -  Sauvetage.  -  Jeudi, vers 9 heures du matin, Jules Le Marchand, marin à Luc. était occupé à baigner deux personnes entre Luc et Langrune, lorsqu'une jeune fille, accourant de son côté, réclama son secours pour sauver sa compagne que le courant entraînait et qui était sur  le point de disparaître. La mer était assez forte, et sans l'assistance de Le Marchand elle allait infailliblement périr. Il fut assez heureux pour arriver à temps et rapporta au rivage la jeune imprudente, qui avait perdu connaissance et la transporta dans la maison que sa famille occupe à Langrune pendant la saison des bains.  

 

Septembre 1877   -  Fait divers.  -  Peuples du Calvados et de Saint-Aubin-sur-Mer aussi, écoutez l'histoire ci-après qui s'est passée sur la ligne ferrée de Caen à la mer.

M. et Mme Croquignole habitent les environs de Mathieu. Jamais ils n'étaient allés en chemin de fer, dimanche matin, ils se dirent :

 - « Si j'alliommes à Langrune mangi eune goulée cheux not' tante Astasie ? »

Les époux se dirigent vers la gare de Mathieu, prennent des billets pour Langrune, en ayant bien soin de demander si « no les arrêtera quand y s'ront arrivés... »

 - « Soyez sans crainte, leur fut-il répondu, on vous avertira ».

Les époux Croquignole montent en wagon, on s'arrête à Douvres et à Luc, à Langrune, le conducteur crie : « Langrune » ! les Croquignole ne bougent point, attendant toujours qu'on vienne les inviter à descendre. C'est ainsi qu'ils arrivent, à Saint-Aubin, où ils mettent pied à terre, furieux.

Le chef de gare leur réclame un supplément de place, nouveau courroux suivi d'explications inaboutissables.

Croquignole n'en pouvant mais, finit par s'écrier en s'adressant au chef de gare :

 - « Attendez un brin, j'vas vo coller.... M. Demolombe est à Saint-Aubin, j'connais sa cuisinière, j'vas l'consutler ».

 - « Payez le supplément d'abord ».

 - « Non! t'nez, gardez ma femme en gage ».

Une heure et demie après la pauvre femme était encore en dépôt dans le bureau du chef de gare, lorsque Croquignole, adouci, reparut et solda le supplément réclamé.

Mais pourquoi avait-il donc été une heure et demie parti ?

C'est qu'au lieu d'aller demander une consultation à M. Demolombe. le scélérat était allé prendre une consolation au cabaret.

 

Octobre 1877   -  -  Abjuration.  -  Lundi, un jeune protestant, âgé de 25 ans, domestique chez une propriétaire de Langrune, a fait dans l'église de cette paroisse son abjuration d'hérésie. Les premières années de son enfance s'étant écoulées loin de toute étude profane et religieuse, il n'avait pas l'idée de ce que peut être la religion. Il était jeune encore quand il devint orphelin.

Après quelques années passées au service de sa patrie, il s'est placé chez un propriétaire de Langrune, et c'est là que, pendant trois mois seulement, il a reçu les leçons du curé de la paroisse. Après le baptême, il a communié.  

 

Décembre 1877   -  L’hiver.  -  Nous sommes dans l'hiver depuis le 21, aujourd’hui 28, les jours sont dans leur plus grande décroissance, c'est le moment de rappeler sommairement quelques-uns des grands hivers restés fameux dans la mémoire des peuples : En 822 les plus lourdes charrettes ont traversé les fleuves et les rivières pendant un mois.

1408, des ponts sont emportés par les glaces. Plusieurs greffiers de justice déclarent qu'ils ne peuvent tenir leur plume, pour enregistrer les arrêts, l'encre gelant dans l'encrier.

— 1484, trois mois de gelée continue.

— 1544, on coupe le vin et le cidre avec des haches.

— 1709, le terrible grand hiver. Le froid dépasse 20 degrés, le vin gèle dans les tonneaux. Les cloches cassent en sonnant.

— 1783, le froid atteint 19 degré. Soixante neuf jours consécutifs de gelée.

— 1786, 22 degrés de froid, la Manche est couverte de glaces.

— 1795, quarante-deux jours de gelée continue. C'est l'année où Pichegru prit la flotte hollandaise avec de la cavalerie, au Texel.

— 1840, froid mémorable du 15 décembre, jour de la rentrée des cendres de Napoléon 1er   à Paris, 17 degrés de froid.

— 1870 - 1871, l'année terrible, clôt cette série dont la nomenclature donne froid dans le dos.

Espérons que l'hiver qui commence sera plus clément.

 

Janvier 1878   -  Morts de froid et de misère.  -  Le 1er janvier, on a trouve, sur le territoire de la commune de Langrune, le cadavre de la dame veuve Aubrée, âgée de 77 ans,  domiciliée à Luc-sur-Mer. On a reconnu qu'elle avait succombé a une congestion cérébrale, déterminée par le froid et la misère.  ( Bonhomme Normand)

 

Mars 1878.   -   Respect aux lois  -   Il y a beaucoup de maires qui ne se conforment aux prescriptions de la loi. Dans la plupart des communes et des villes, on n'affiche à la porte des mairies ni l'ordre du jour des séances, ni le compte rendu des délibérations.

A Cabourg, le maire ou son secrétaire refuse la communication des procès-verbaux des séances aux électeurs.

Dans une autre localité, lorsqu'il y a trop de monde dans la salle des séances le conseil se constitue en comité secret.

Une fois pour toutes, il serait bon que la préfecture rappelât au respect de la loi les maires qui l'oublient soit par ignorance, soit de parti pris. ( Bonhomme Normand )

 

Avril 1878   -  Les drame de la mer.  -  La semaine dernière, un ouragan épouvantable s'est déchaîné sur les cotes et a fait chavirer un grand nombre de barques : le chiffre des victimes connu dépasse déjà 300.

 

Août 1878   -  Les bains de mer.  -  C'était fête à Courseulles dimanche. Jamais il n'y avait eu foule pareille. Dans le train de 9 heures 20, qui n'est parti qu'à 10 heures, plus de 1 000 promeneurs ont pris place. Dans la gare et aux abords, c'était un tohu-bohu indescriptible, il y a même eu des vitres de brisées. Pendant que les uns maugréaient et se lamentaient, les autres chantaient et criaient, au grand mécontentement des gendarmes, qui nous ont paru, dans la circonstance, un peu trop irascibles et enclins à verbaliser.

— On se plaint toujours et partout de la malpropreté des dunes. A Luc, la descente à la mer n'est plus seulement un cloaque, c'est aussi un casse-cou.

  A Villerville, c'est au nez et à la barbe du garde champêtre qu'on dépose, en face de l'hôtel, les détritus des cuisines.

  A Lion, c'est avec les saletés de la commune qu'on élargit les dunes.

— A Langrune, on a dernièrement planté un calvaire. Par suite d'autorisations un peuu trop légèrement données, le lieu où s'est tenue la cérémonie religieuse extérieure était entouré de femmes colosses et de veaux à deux tètes. Au banquet, des invités se sont plaint de n'avoir qu'un verre et une tasse à café pour deux. Passe, pour le verre, mais pour le café, impossible d'accorder celui qui ne met dedans qu'un larmo d'eau-de-vie et celui qui s'en fourre douze demoiselles comme, un chantre que nous connaissons.

— Que les temps sont changés !.. Aujourd'hui, à Saint-Aubin, on se plaint de trop entendre retentir la cloche de la vente au poisson. Jadis, c'était différent. Au premier coup, tout le pays était sous cloche. C'est là qu'on apprenait les nouvelles du jour et de la nuit, c'est là qu'un petit groupe, aujourd'hui en partie disparu, passait en revue le bataillon féminin, c'est là qu'on recherchait, pourquoi Mme X……. avait les yeux gros de larmes et sa voisine les traits un peu fatigué, et toujours on en trouvait la cause dans le départ subit d'un ami intime, ou l'arrivée d'un mari anxieusement attendu. C'est là aussi que Jamet annonçait qu'à la grand'messe maître Rossignol chanterait en musique, et qu'à vêpres son curé prêcherait, en faux-bourdon.  

 

Janvier 1879   -  Neige et tempête.  -  La neige et l'ouragan que nous subissons depuis mardi nous étaient annoncés par le bureau météorologique du New-York-Hérald. Sur certains points de notre département il y a tant de neige que la circulation en a été interrompue, sur la ligne de Courseulles, les trains ont été arrêtes par les neiges, ceux de la ligne de l'Ouest ont éprouvé de long retards. Avec la fonte des neiges, les inondations sont à redouter.

 

Janvier 1879   -  Récompenses.  -  A M. Jules Malon, témoignage de satisfaction : sauvetage de deux personnes à Bernières-sur-Mer, le 3 août 1878. 

A M. Jean-Jacques Lamy, matelot, médaille de deuxième classe argent : sauvetage d'une jeune fille à Arromanches, le 12 août 1878 

A M. Gustave Niard, maître d'hôtel à Saint-Aubin, témoignage officiel de satisfaction : sauvetage d'un homme à Langrune, le 28 septembre 1878.  

 

Avril 1879   -  Pêche des moules.  -  L'exploitation des moulières ci-après désignées est autorisée, savoir : Quartier de Caen : Moulières de Gonneville, d'Auberville, de Villers,  d'Hermanville, de Lion, de l'Aiguillon, de Tracy, de Port, de Longues, de Huppain, de Ste-Honorine. Sous-quartier de Courseulles : Moulières de Figar, de Lombay, de Creuhot, de Lihan, de la Folie, de la Home, de l'Escorbat, de  l'Anguille, de Langrune, de Saint-Martin, de Valet, de Haut-Rocher, des Grouins, de la Vieille-Pouque, de la Roquette, des Essarts, de Bernières, de Maragnan, de Germain, de la Roquette, de la Tunelle: de Saint-Gerbaut, de l'Epecque. 

Les moules pêchées en contravention seront reportées par les délinquants sur les bancs d'où elles proviendront. Il est défendu d'arracher les moules à poignée et de les cueillir avec d'autres instruments qu'un couteau, et de circuler sur les moulières avec des voitures ou des bêtes de somme. Il est défendu de pêcher et d'employer à un usage quelconque, notamment à l'engrais, les moules n'ayant pas la dimension minimum de trois centimètres.  

 

Avril 1879  -  Maison d’école et mobiliers scolaires.  -  Est approuvé l'état de répartition du crédit de 25 000 fr. inscrit au budget pour secours aux communes en vue des dépenses d'acquisition, de construction, de réparation des maisons d'école et d'achat ou renouvellement des mobiliers scolaires, conformément aux propositions contenues dans le rapport de M. le Préfet.  Secours sur les fonds départementaux à la commune de Langrune, pour Construction d'école.  800 fr.  Avril 1879  -  Répartition de secours pour les bâtiments communaux.  -  Le Conseil répartit entre les communes inscrites ci-après une somme de 13 130 fr. à prélever sur le crédit de- 15 000 fr. porté au budget de 1879 sous le titre : Subvention pour acquisitions, travaux et réparations d'églises, mairies et autres édifices communaux. Langrune, construction d'un local pour la pompe à incendie 250 fr.

 

Avril 1879  -  Répartition de secours pour les bâtiments communaux.  -  Le Conseil répartit entre les communes inscrites ci-après une somme de 13 130 fr. à prélever sur le crédit de- 15 000 fr. porté au budget de 1879 sous le titre : Subvention pour acquisitions, travaux et réparations d'églises, mairies et autres édifices communaux. Langrune, construction d'un local pour la pompe à incendie 250 fr.  

 

Juillet 1879   -  La saison.  -  Quel temps épouvantable ! L'utile et l'agréable en souffrent. Impossible de botteler et de rentrer les foins. 

Sur le littoral, les baigneurs, assez nombreux, maugréent en grelottant sous leurs pardessus d'hiver. Nous voici en plein juillet, les jours décroissent de 31 minutes le matin et de 26 minutes le soir, et nous n'avons pas eu un beau jour. Les uns espèrent un changement avec le dernier quartier, les autres prétendent que nous en avons jusqu'au 18, veille de la  nouvelle lune. Quoi qu'il en soit, sauf les grandes maisons, tout est loué pour le mois d'août, mais, sur nos côtes, un bon mois sur trois, ce n'est pas assez.

 

Juillet 1879   -  Les pluies d’aujourd’hui et les pluies d’autrefois.  -  Dimanche dernier, on a lu dans toutes les églises une circulaire de Mgr  l'évêque de Bayeux ordonnant des prières publiques pour la cessation de la pluie. Il faut remonter à plus d'un siècle et demi, à 1725, pour trouver une année aussi pluvieuse que 1879. 

En 1725, la pluie ne cessa de tomber trois mois durant, on fit également des prières publiques et on promena dans Paris la châsse de sainte Geneviève. La pluie cessa deux jours après. Nous, sommes moins heureux en 1879, car depuis que les prières publiques sont commencées, la pluie tombe de plus belle, sans aucun égard pour les circulaires et les prières épiscopales.

 

Août 1879  -  Chemin n° 55 de Courseulles à Ouistreham (Longueur, 12 k. 152 m).  -  La chaussée, améliorée entre Luc et le Haut-Lion, est aujourd'hui partout dans un état assez satisfaisant.

Trottoirs et caniveaux pavés.  -  Les parties de trottoirs construites par les propriétaires dans les traverses de Langrune et du Petit-Enfer, à Luc, sont convenablement entretenues.

Accotements, fossés, etc.  -  En assez bon état. Des trottoirs non bordés existent entre Langrune et la gare de Luc.

Ouvrages d'art.  -  En bon état. La digue de Langrune, fortement battue par les lames qui l'ont déchaussée tout en emportant une partie du chemin lors des tempêtes du mois d'octobre dernier, a bien résisté aux coups de mer.

Plantations.  -  Les jeunes ormes plantés entre la gare et le carrefour du moulin de Luc viennent bien.

Travaux neufs et de restauration.  -  Les travaux de prolongement de la digue de Langrune et de réparation du chemin, en partie détruit par la mer à la suite de cette digue, sont poussés activement.

Projets.  -  Rectification de tracé sur Saint-Aubin.  -  Grosses réparations à la chaussée et gazonnement des talus entre Saint-Aubin et Langrune.

Élargissements à Langrune, Luc et Lion-sur-Mer.

Construction de trottoirs et de caniveaux pavés dans les traverses de Langrune, Luc et Lion-sur-Mer.

Construction d'un mur de soutènement le long de la mare du Point-du-Jour, à la sortie du village du Vieux-Luc.

Une subvention départementale de 1 095 fr., applicable aux travaux de construction d'une digue de défense contre la mer, à la limite du territoire des communes de Langrune et de Luc, est demandée sur l'exercice 1880.

 

Janvier 1880  -  Du danger d’aller à la pêche.  -  Il y a deux mois environ, le sieur Jules-Clément Lanne, âgé de 38 ans, père de famille à Langrune, s'en fut vers la fin de i'après midi pour pêcher des coquillages, surpris par la mer, il disparut dans un trou sans que personne pût, par suite de la nuit, aller lui porter secours. Son cadavre n'a été retrouvé que cette  semaine.

 

Mai 1880  -  La grande marée de la semaine dernière.  -  La grande marée du 26 avril a pris des proportions effrayantes : le vent du nord soufflait sur elle avec une violence peu  ordinaire. Sur certains points du littoral, les digues ont été endommagées. Le vent était si violent, qu'il fallait des efforts inouïs pour se maintenir debout sur la plage. Un bateau de pêche a été brisé à Port-en-Bessin, un autre l'a été à Arromanches, mais il n'y a que des pertes matérielles à déplorer, et nos braves marins ont pu rentrer sains et saufs au port.

 

Juillet 1880  -  Bains de mer.  -  L'affluence des baigneurs est grande sur nos côtes. A Saint-Aubin, presque tout est loué pour juillet.

Dans cette localité, les baigneurs et leurs cuisinières sont dans la jubilation, car c'est toujours Jamet qui tient la pierre à poisson.

Entre Langrune et Saint-Aubin, M. Niard a établi un grand parc pour conserver les huîtres et le poisson.

 

Août 1880  -  Les bains de mer.  -  Le soir, lorsque la mer est calme, on voit, à peu de distance de la grève, jouer de jeunes marsouins. Lundi, à mer basse un petit phoque a été pris par un baigneur, il est mort dans la nuit.  

82   LANGRUNE                                   Le Calvaire   

71      LANGRUNE  -  Vue générale   -   LL. 

87   LANGRUNE                                           L'intérieur de l'Église.

33   LANGRUNE                                           Les Tennis

3     LANGRUNE-SUR-MER   -   Les Hôtels.   -   LL.

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