8 Octobre 2022

UN SIÈCLE D'HISTOIRE DU CALVADOS

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LANGRUNE s/ MER

Canton de Douvres-La Délivrande

Les habitants de la commune sont des Langrunais, Langrunaises

Janvier 1881  -  Les prières publiques.  -  Dimanche les prières publiques ordonnées par la constitution à l'occasion de la rentrée des chambres ont eu lieu dans toutes les communes du Calvados, sauf dans deux ou trois que nous pourrions citer, où les curés, par pure insouciance, et non par esprit politique, ont oublié de les annoncer.

 

Février 1881  -  Les archives dans une marmite.  -  Dans une petite commune du littoral, un délégué de l'autorité supérieure se présente chez le maire et lui demande communication de certains papiers administratifs. Le maire se rend au fond de sa cuisine, découvre une énorme marmite, en retire les documents demandés et les offre magistralement à l'agent ébahi, en lui disant : « N'vo z'épatez pas ! chest por que les souris n’les mangent point, que j’les mets dans c'te marmite qu'est en potin... »  

 

Avril 1881  -  Attention.  -  La population de notre département continue à décroître. D'après le tableau du mouvement de la population en 1879, qui vient d’être publié, il y a eu, dans le Calvados, 8 987 naissances et 10 234 décès. L'excédant des décès sur les naissances a donc été de 1 247. C'est le contraire qui  devrait se produire.  

 

 Juin 1881  -  Sinistres maritimes.  -  Plusieurs sinistres sont signalés sur nos côtes de Normandie. Pendant deux jours, les vents ont soufflé de l'ouest avec une grande violence, beaucoup de pêcheurs, surpris au large par des grains d'orage, ont fait des avaries, quelques-uns n'ont pu regagner leur port et se sont trouvés en perdition.

 

Juin 1881  -  Comptez avant de crier.  -  En ce moment, trente ou quarante communes du département ont à reconstruire leurs maisons d'école. Dans quelques unes, les contribuables murmurent fort contre les conseils municipaux qui ont voté cette reconstruction. Ils oublient que c'est là, une dépense obligatoire. Si le conseil la refuse, le préfet passe outre, impose la commune d'office et celle-ci a à payer la totalité des vingt ou vingt-cinq mille francs que coûte la construction. Si au contraire le conseil vote la dépense, l'État donne un secours, et au lieu de payer vingt mille francs, les contribuables en sont quittes pour sept ou huit mille. Murmurer quand on ne paie que le tiers de la dépense au lieu de tout payer, ce n'est pas faire preuve d'esprit d'à-propos.

 

Juin 1881  -  La comète.  -  Une comète est en ce moment visible. Les superstitieux voient à tort dans l'apparition de cet astre un présage de calamité publique. Les comètes sont un monde en feu, comme l'a été autrefois la terre. La queue de la comète actuelle est de plusieurs millions de lieus. Elle est très éloignée de la terre, et sa marche est vertigineuse.

 

Août 1881  -  Petit calcul.  -  Le nombre des étrangers qui viennent passer la belle saison sur nos côtes, a quintuplé depuis l'installation du chemin de fer de Caen à la mer. 

De Courseulles à Lion, la statistique évalue le nombre des baigneurs à 8 000 pendant le mois d'août seulement. A 10 fr. par jour et par personne, savez-vous que ça produit une somme  de deux millions et demi dépensée sur la côte ?... 

Aussi, toutes les communes balnéaires demandent, elle à être dotées de voies ferrées. Patience, cela viendra, et si la chose, n'est pas encore faite, il faut s'en prendre à des lenteurs administratives auxquelles les entrepreneurs sont complètement étrangers.  

 

 Août 1881  -  Question.  - Dans la commune de Langrune, rue de l'Église à la Mer, il y a plusieurs maisons frappées d'alignement. Le conseil municipal a acheté au propriétaire de  l'une  d'elles, la portion de son terrain faisant saillie sur la voie publique, à condition que la maison serait reconstruite à l'alignement. Est-il vrai que d'après les conventions, et en vue de la  saison des bains de mer, les travaux devaient être finis pour le 1er juillet ? Et si cela est vrai, pourquoi la municipalité de Langrune a-t-elle, si bien oublié cette affaire que les travaux de démolition ne sont même pas encore commencés ?

   

Octobre 1881  -  Les victimes de la mer.  -  Le 14 octobre, une épouvantable tempête engloutissait, en vue de Boulogne, plusieurs bateaux de pêche dont les équipages avaient été en partie recrutés sur nos côtes. Voici les noms des victimes connus jusqu'à ce jour, appartenant au Calvados : Jean Jaillard, 40 ans, laisse sa veuve chargée de quatre petites filles, dont l'aînée n'a que 12 ans, il soutenait également sa mère qui, bien que travaillant encore, ne pourrait cependant gagner assez pour vivre. Gustave Aubey, 30 ans, soutien de sa mère.  Alphonse Levillain, 55 ans, laisse un fils de 18 ans qui gagner sa vie, mais il était le soutien de trois sœurs infirmes qui vont, par cette perte, se trouver réduites à la plus complète indigence. Paul Patey, célibataire, 39 ans, l’appui d’une vieille tante qui l’avait élevé comme un fils. Tous les quatre sont de Saint-Aubin-sur-Mer, où un service mortuaire, à été célébré.

Pierre Aubert, 55 ans, une veuve, huit enfants. Stanislas Marie, 55 ans, veuf, deux enfants.  Eugène Desaunais, 52 ans, une veuve, un enfant. Jules Tessel, 40 ans, une veuve, quatre enfants. Pierre-Louis Marie, 54 ans, une veuve, un enfant. Tous sont de Langrune. Luc compte également des victimes. 

En présence de ces malheurs et des misères qui vont s'ensuivre, nous espérons que M. Mauger, député ; M. le sénateur Bertauld, un habitué de nos côtes ; M. Hettier, conseiller  général ; M. Vérel, conseiller d'arrondissement, vont s'entendre pour obtenir un secours de l'État, et provoquer une souscription que nous eussions ouverte dans nos colonnes, si notre publicité l'eût permis. 

 

Novembre 1881  -  L’hiver.  -  D'après de récents avis des diverses, agences météorologique les plus dignes de foi, l'hiver de cette année sera l'un des plus rigoureux du siècle, du commencement de décembre à la mi-février, le froid serait très vif, la neige est déjà apparue dans l’Est de la France. Elle est tombée dimanche à Lisieux.

 

Novembre 1881  -  Instruction primaire.  -   Un décret porte que chaque commune va recevoir une subvention extraordinaire destinée à lui rembourser la somme qu'elle doit prélever  sur ses revenus ordinaires pour la gratitude de l'instruction.

 

Novembre 1881  -  Les victimes de la mer.  -  Nous avons fait connaître les noms des malheureux marins de Saint-Aubin et de Langrune, qui ont péri dans le terrible naufrage de Boulogne. A cette triste liste, il faut ajouter, Jean Leboucher, 42 ans, une veuve, trois enfants ; Ernest Hamelin, 35 ans, une veuve, un enfant, tous les deux de Luc, et Jacques Michel, de Ver, une veuve. 

Au total, onze victimes laissant, trente-neuf orphelins, veuves ou parents sans ressources. Nous n'avons pas encore appris que nos sénateurs, députés, conseillers généraux et d'arrondissement, se soient mis à la tête d'une souscription publique. Les seuls secours reçus à ce jour, sont 25 fr. par orphelin, envoyés du ministère de la marine. On a fait le calcul que depuis vingt ans, la mer avait englouti 240 marins, appartenant aux communes de Courseulles, Bernières, Saint-Aubin, Langrune, Luc et Lion. Dans un seul naufrage, 27 ont disparu sans que la mer ait rendu un cadavre, ni rejeté une épave.

 

Décembre 1881  -  Les naufragés du 14 octobre.  -  Le préfet vient d'instituer une commission chargée de centraliser et répartir les souscriptions pour les familles des naufragés du 14 octobre. Elle est présidée par M. Mauger, député, et se compose des maires de Langrune, Luc, Ver, St-Aubin, du sous-commissaire de l’inscription maritime à Courseulles, du chef du cabinet du préfet et des représentants des trois journaux quotidiens de Caen.  

 

Mai 1882  -  Un sacristain qui pleure, un qui rit .  -  L'autre jour, un nouveau-né était pour être baptisé dans une église du bord de la mer. On demande au curé l'heure à laquelle il faut présenter l'enfant : l'heure est indiquée, mais les parents sont prévenus que le baptême se fera à la sourdine, et que, contrairement aux usages, les cloches seront muettes, l'enfant étant venu trop tôt. 

Que fait le père ? Il s'adresse au curé de Langrune, plus tolérant, qui administre le sacrement à l'enfant, et les cloches sonnent à toute volée. Ce petit être légitime a donc été salué, comme les autres, à son entrée dans le monde. Et voilà pourquoi le sacristain de Langrune riait, en empochant les pièces provenant de la générosité des parents, pendant que son collègue pleurait.

 

Mai 1882  -  La poste.  -  Une recette postale de 4e classe est créée à Langrune (Calvados).  

 

Juillet 1882  -  Les vendeurs du temple.  -  Certaines églises du littoral ont une très mauvaise habitude, c'est de porter quelquefois jusqu'à vingt centimes le prix de leurs chaises pendant la saison des bains. 

Dernièrement, une jeune servante assistait à la messe d'une de ces paroisses, lorsque le custos vint lui réclamer le prix de sa place, elle lui remit un sou. « C est dix centimes! » dit-il, et comme la fillette n'avait pas d'autre monnaie, il s'empara de son parapluie et le porta à la sacristie au vu et au su du curé.

Mais ce n'est pas un prêtre selon l'Évangile que ce curé, c'est un marchand de parapluies, semblable à ces vendeurs que Jésus-Christ a chassé du Temple.            

 

Décembre 1882  -  Les suites de la tempête. -  Les ruines faites sur notre littoral par les dernières tempêtes sont incalculables, les communes et les particuliers auront de grands travaux de réparation et d'endiguement à faire. Parmi nos marins la consternation est grande, plusieurs bateaux ont sombré, d'autres ont été drossés à la côte et brisés en menus morceaux.  

 

Mars 1883  -  Mauvais temps, grande marée. –  La grande marée de cette semaine a occasionné des dégâts matériels sur nos côtes : entre Lion et Courseulles, des parties de dunes ont été enlevées et les chemins du littoral rendus impraticables.

De l'autre côté de Courseulles, les dégâts sont plus considérables encore : à Asnelles, une maison a été détruite par les vagues, une autre a été endommagée.

Pendant la dernière tempête, le navire allemand le « Hambourg », à destination de Zanzibar, s'est perdu corps et biens sur les bancs pendant la nuit, il y avait 30 hommes abord.

Le navire français « Fernande », allant de Marseille à Cuba, s'est perdu à la hauteur du cap Maysi, huit marins seulement sont sauvés.

La chaloupe de pêche la « Couronne », de Bordeaux, a sombré sur les brisants. L'équipage a péri.

 

Avril 1883  -  Proclamation. –   Cette semaine, le manifeste du prince Napoléon à été placardé sur affiches rouges,  dans plusieurs communes du canton de Douvres.  

 

Septembre 1884  -  Ouragans et sinistres.    Mercredi et jeudi. un violent ouragan a causé de grands ravages sur plusieurs points de notre région. A Bayeux, une trombe a abattu des peupliers et enlevé des toitures. Dans les campagnes environnantes, beaucoup de pommiers ont été dépouillés, ce qui est un véritable désastre à cette  époque de l'année.

Sur nos côtes, on a eu à signaler plusieurs sinistres. Une barque montée par le patron Veziel, de Ver, et trois hommes d'équipage, a chaviré. Les trois marins ont pu se sauver, mais Veziel  a péri.

A Saint-Aubin, deux bateaux de pêche ont échoué. Les services de bateaux à vapeur entre le Havre et Trouville, le Havre et Caen ont dû interrompre leur service. A Trouville, plusieurs barques de pêche ont été jetées à la côte.

Le yacht français « l'Iris », mouillé en rade de Cherbourg, a fait côte et un sloop du Havre a sombré en mer.

 

Septembre 1884  -  Une famille de bourreaux.    La semaine dernière, on pouvait voir, entre Luc et Langrune, une famille composée du papa, de la maman, de cinq ou six mioches et d'une bonne, former le carré sur le sable, à mer basse, et repousser du pied, pour l'empêcher de passer, un pauvre oiseau appelé petite de mer, auquel on avait, par précaution. brisé  une aile.

Vous dire si les enfants riaient, si le papa avait l'air content et la mère heureuse da ce jeu aussi niais que barbare, non, on n'a pas idée de cela.

 

Novembre 1884  -  Sauvetage.  -  Jeudi, les petites filles de l'école de Langrune jouaient au bord de la mer. Une d'elles, âgée de 10 ans, prise d'un étourdissement, fut emportée par une vague !... 

Elle se débattait depuis cinq minutes et allait infailliblement périr, quand un brave marin, la sieur Émile Cauvin, qui sortait de table, est entré dans la mer jusqu'aux épaules et a retiré l'enfant à demi asphyxiée. Des soins énergiques ont ranimé la pauvre petite, qui est en ce moment hors de danger. Le sieur Émile Cauvin est digne de tous éloges, car il est vieux, infirme, et très souffrant depuis un mois.

 

Février 1885  -  La baleine de Langrune.  -  Très prochainement, aura lieu au théâtre de Caen une conférence sur la baleine échouée à Langrune. Le produit en sera  affecté aux frais  nécessités par le montage du squelette et celui de la peau. Ce dernier travail, qui est fort délicat, doit être fait avant six semaines, sinon il ne sera plus possible, mais, s'il réussit, Caen possédera une pièce unique en Europe. A Paris même, on n'a pu arriver à monter une baleine en peau. La dissection de la baleine a montré qu'elle avait éprouvé un accident. On lui a trouvé trois côtes cassées et une démise. Les côtes s'étaient ressoudées au moyen d'un cal osseux gros comme la tête d'un jeune enfant.

 

Mai 1885  -  La tempête.  -  Une tempête épouvantable a passé sur notre région. Les dégâts matériels sont considérables. Les pommiers ont beaucoup souffert. 

La mer était épouvantable. Dans les bassins du Havre, les navires avaient doublé ou triplé leurs amarres. Au large, plusieurs bateaux ont sombré, mais les équipages ont pu être sauvés.

 

Juillet 1885  -  Les voleurs d’église.  -  Des voleurs se sont introduits la nuit dans la sacristie de l'église, de Langrune. ils se sont emparés d'une somme de 400 fr., qui était le produit des quêtes faites pendant les exercices du culte depuis novembre dernier. 

— La semaine dernière, des malfaiteurs se sont introduits dans l'église d'Etreville, ils ont brisé les troncs et volé 80 francs environ. 

— Pendant la nuit, on s'est introduit dans l'église de Bernières d'Ailly et on y a enlevé 60 francs déposés dans un tronc.            

 

Août 1885  -  Sauvetage.  -  Jeudi, à Langrune, le baigneur Levillain baignait une des petites filles de Mme Loisel, de Bernay. La mer était fort rude. Plusieurs vagues les culbutèrent et, malgré les efforts de Levillain, un malheur était à craindre, quand un autre baigneur, nommé Desaunais, s'élança à leur secours et fut assez heureux pour les sauver.    

 

Août 1885  -  Le drame de Langrune.  -  Dimanche, à Langrune, cinq jeunes gens de la maison Potin, dirigée par MM. Beaudoin et Dupuy, prenaient un bain à marée basse, ils  s'aventurèrent jusqu'à un rocher éloigné et s'y laissèrent surprendre par le flot montant. Ils avaient plus de 200 mètres à faire pour gagner le rivage. L'un d'eux, Émile Deschamps, disparut dans un trou et ne put être retrouvé. Un autre, Paul Parice, allait périr aussi, quand il fut sauvé par le sieur Ernest Desloges, 19 ans, ouvrier cordonnier, place de la Mare, à Caen, qui put le ramener au rivage. Le cadavre d'Émile Deschamps a été retrouvé lundi matin. Quant à son camarade, qui est resté à Langrune, son état est grave, par suite d'une jaunisse qui s'est déclarée après l'accident. Les obsèques de l'infortuné Émile Deschamps ont eu lieu mardi. Il y a seize ans, au  mois de septembre 1809, un cousin germain de Deschamps se noyait dans une partie de barque sur l'Orne.  

 

Septembre 1885  -  L’ouragan.  -  La tempête qui a sévi cette semaine sur notre contrée a causé d'immenses ravages.

A Caen et dans les campagnes voisines, les dégâts sont purement matériels : arbres arrachés, pommiers brisés et dépouillés de leur récolte, couvertures endommagées. Le train de 8 heures, de Courseulles à Caen, est demeuré en détresse pendant 3/4 d'heure à la sortie de Douvres. Quatre grands arbres, arrachés par le vent, obstruaient la voie, ayant brisé les fils télégraphiques. Il a fallu scier les troncs d'arbres qu'il aurait été impossible de déplacer, s'ils étaient restés entiers.

A Lisieux, Pont-l'Evèque, Vire, Bayeux, grands dégâts, mais pas d'accidents. A Condé, où se tenait la foire, des tentes de forains ont été renversées. Des peupliers sont tombés sur un bâtiment de la tannerie de M. Maillard, et l'ont effondré. Un ouvrier a failli être tué.

Sur nos côtes, cet ouragan coïncidait avec la grande marée, ce qui en a augmenté la violence. A Langrune, la mer a enlevé sur plus de cent mètres les talus en terre bordant la rue de la Plage, démoli des murs en pierre sèche, coupé les pentes qui conduisent à la mer et brisé les escaliers en bois. A Cabourg, les cabines des bains culbutées. Les branches des arbres jonchaient toutes les avenues.

Une barque d'Arromanches dont l'équipage se composait de 13 hommes a échoué à Asnelles, après avoir lutté 10 heures contre l'ouragan. A Deauville, la mer a enlevé le pavillon en bois placé au bout de l'estacade. A Trouville, la jetée Est a été endommagée. Un homme a été jeté à la mer par le vent et n'a pu être sauvé qu'avec grandes difficultés. Un pêcheur montant une barque du Havre, Auguste Fouriel, 35 ans, né à Honfleur, enlevé par une lame, n'a pu être retrouvé. De mémoire de marin, la mer n'avait jamais été plus furieuse. A Honfleur, le musoir de l'estacade a été assez fortement avarié par les vagues, de même que le côté nord de la digue construite à l'entrée du port. A Villerville, la tempête a eu des effets désastreux. Les falaises hautes de 20 mètres ont été escaladées par les lames, le village a été envahi, les cours remplies d'eau, des maisons démolies, le casino est littéralement emporté. Les peintres Duez, Pinel, Ravaud, le romancier Montaigut, qui ont voulu voir ce spectacle effrayant, ont manqué d'être enlevés par la mer. On est sans aucune nouvelle de plusieurs barques de pêcheurs.

Au Havre, une barque de Trouville, poussée par le vent, a heurté le steamer « l’Éclair » et brisé ses tambours. La barque a eu son beaupré cassé. Le trois-mâts italien « Nipoli-Accume » a été jeté contre le mur du quai et a éprouvé de fortes avaries. Au poste des Transatlantiques, les pieux d'amarrage s'arrachaient, et il a fallu mouiller les ancres des paquebots pour parer à tout événement.

Le cotre de Cherbourg, « l'Avenir » a fait côte sur les rochers de Mielle, l'équipage a été sauvé.

 

Mars 1886  -  Blessures accidentelles.  -  Les nommés Gustave Thomas, maçon à Langrune, et Auguste Bouet, maçon à Mathieu, travaillaient la semaine dernière à une digue de soutènement le long de la mer, entre Langrune et Luc, lorsque, par suite du dégel, un éboulement assez considérable les a ensevelis. Quand on les a dégagés, ils  étaient grièvement blessés. Thomas est père de deux enfants ; Bouet en a cinq en bas âge.            

 

Mars 1886  -  Laïcisation.  -  Le Sénat a voté l'instruction; primaire obligatoire et laïque, c'est-à-dire que dans un délai déterminé, les frères et les religieuses qui dirigent encore des écoles primaire seront remplacés par des instituteurs et des institutrices n'appartenant à aucune congrégation.

 

Avril 1886  -  Accident.  -  Samedi, le sieur Quiquemelle, cultivateur à Langrune, se rendait au marché de Bayeux, monté sur sa voiture chargée de carottes, lorsqu'à la suite d'un faux mouvement il fut précipité à terre et les roues du véhicule lui passèrent sur les jambes sans les fracturer.    

 

Mai 1886  -  Banquet.  -  Dimanche, à la mairie de Langrune, un banquet a été offert au préfet du Calvados par une centaine de républicains du canton de Douvres. Le préfet charmé de l'accueil qui lui a été fait, a accordé un jour de congé aux enfants des écoles.

 

Novembre 1886  -  Les baleines dans la Manche.  -  Lundi, un bateau de pêche anglais a manqué d'être coulé par une bande d'une demi-douzaine de baleines, mesurant de 15 à 20 mètres, qui prenaient leurs ébats dans la Manche.

 

Avril 1887  -  A lire par les jeunes soldats.  -  La loi de 1872 dit que les jeunes gens, après avoir été examinés et entendus par le conseil de révision, peuvent faire connaître l'arme dans laquelle ils désirent être placés. Les commandants de recrutement ont reçu l’ordre de déposer dans les mairies les registres destinés à recevoir les demandes non formulées  verbalement en séance.            

 

Juin 1887  -  Les fortes chaleurs.  -  Les fortes chaleurs que nous subissons ne sont rien auprès de celles que nos pères eurent à supporter. Ainsi, en 1803, la Normandie  vit s'écouler une période de quatre-vingt-quinze jours sans pluie. En 1811, année de la fameuse comète, les rivières tarirent dans plusieurs départements. En 1844, nouvelles chaleurs, le thermomètre resta stationnaire entre 50 et 60 degrés. Dans quelques départements, les bestiaux périrent faute d'eau. En 1859, 1860, 1869 et 1874, le thermomètre monta à 38 degrés. L'année dernière, il y eut 20 degrés au mois d'octobre, température  exceptionnelle pour la saison.  

 

Septembre 1887  -  La grande marée.  -  Dimanche, grande affluence sur nos côtes pour voir la grande marée. L'attente des curieux n'a pas été déçue. Les vagues se précipitaient avec une grande violence le long des falaises qui séparent Luc de Langrune et Lion, souvent même elles se jetaient sur la route. Aussi nombre de promeneurs ont-ils été inondés, notamment un magistrat du tribunal de Caen qui a reçu un superbe coup de mer. 

 

Octobre 1887  -  Orages et accidents.  -  Lundi soir, un violent orage, accompagné d'éclairs et de tonnerre, a éclaté sur notre région. A la gare de Caen, vers 10 heures et demi, la foudre est tombée sur la plaque tournante, située dans la cour du dépôt de la gare de l'Ouest. Trois hommes qui travaillaient à cet endroit les nommés Hébert, chauffeur ; Perrette et Pichon,  aiguilleurs, ont été enveloppés par le fluide et ont éprouvé des commotions tellement fortes qu'on a dû immédiatement mander un médecin. L'accident n'aura pas de suites fâcheuses. La foudre a également! cassé tous les fils se reliant  à la guérite de l'aiguilleur.

La foudre est aussi tombée à Caen près, du Jardin des Plantes, sur une voiture qui à été en partie brisée. Le cheval n’a rien eu. Le conducteur était au moment de l'accident, dans le  bureau d'octroi. A Démouville, la foudre est tombée sur le clocher de l'église. La hampe de la girouette a été tordue.

Un sieur Cardine, de Colleville-sur-Mer, messager des beurres pour le roulage Paisant, de Bayeux, a été atteint par la foudre qui l'a projeté hors de sa voiture et lancé au loin à terre. Sans être blessé gravement, le sieur Cardine a reçu dans sa chute de fortes contusions, qui le forcent à garder le lit.

— A Langrune, le tonnerre est tombé sur la propriété de Mme Delangle et a fait beaucoup de dégâts.

—A Saint-Aubin-sur-Mer, le clocheton nord de l'église est lézardé et la toiture défoncée.

— A deux reprises, la foudre est tombée sur l'église Saint-Pierre de Lisieux, frappant la tour nord et pénétrant dans l'église par une petite porte pour aller atteindre les orgues qui ont été sérieusement endommagés. Plusieurs maisons ont été atteintes et un grand nombre de carreaux ont été brisés.

Une pierre pesant 100 kil. a été détachée et est tombée au milieu de l'orgue. On ne sait par où la foudre s'est perdue.

— Une tempête a aussi eu lieu sur la Méditerranée, le « Spahis » s'est échoué. 22 passagers sont noyés, dont trois matelots de l'équipage. On raconte qu'une femme enceinte avait pu sauver son enfant de 5 ans, qu'une lame furieuse lui arracha une seconde fois des bras et qui fut englouti sans retour. Après avoir atterri, la malheureuse mère avorta sur la plage.

 

Février 1888  -  Tempête et neige.  -  Pendant plusieurs jours, la neige est tombée en abondance un peu partout. Sur plusieurs points de notre région, la circulation a été  interrompue et les trains, bien que allégés, ont subi de sérieux retards. Dans certains endroits, on mesure 80 et 90 cent. de neige, un train parti de Falaise pour Berjou est resté en détresse près de Martigny. Des escouades de soldats ont été envoyées de Falaise pour déblayer les neiges que le vent avait poussées dans la tranchée et qui atteignaient une grande hauteur.

Sur la ligne de Paris à Granville, plusieurs trains sont également restés en détresse. Les soldats de Chartres et de Rambouillet ont été réquisitionnés pour aider au déblaiement des voies encombrées.

Dans la Seine-Inférieure, la tempête  de neige a causé de sérieux dégâts sur les chemins de fer. Entre Alvimare et Yvetot, la voie a été obstruée par cinq poteaux télégraphiques renversés par le vent. Plusieurs trains ont subi un retard de plus de deux heures.

Même abondance de neige dans le midi de la France. Plusieurs personnes surprises par des tourmentes de neiges ont été ensevelies.

L'Angleterre, l'Autriche, la Suisse et surtout la Russie sont couvertes de neige. Dans beaucoup d'endroits, les habitants sont bloqués.

Cette tourmente de neige a été accompagnée d'un coup de vent qui a fait de grands dégâts sur nos côtes. De mémoire de marins, on n'en avait ressenti un aussi violent. La grève est  couverte de poissons et de coquillages roulés sur le galet par la mer en furie. Sur certains points, on les ramasse à pellées. Un trois-mâts norvégien, de 800 tonneaux, à destination de New-York, sortant du Havre, où il avait relâché, surpris par la tempête, a eu son gouvernail brisé et est venu échouer devant Asnelles. L'équipage, après être resté plusieurs heures sur le pont, couvert à chaque instant par des vagues énormes, a pu gagner la terre à marée basse. Quant au navire, qui était chargé de fûts vides et de lest, on espère le renflouer à la prochaine  marée. Le voilier « Pierre Marie », d'Isigny, a été aussi mis à la côte, sous les Falaise de Quineville (Manche).

 

Février 1888  -  A la côte.  -   La directrice d'un bureau de poste du littoral va être mise à la côte, non pour malversation, mais pour négligence et indiscrétion dans le service. La directrice proteste énergiquement. Un plaignant affirme, au contraire, qu'une de ses lettres a été décachetée. L'enquête qui se poursuit parviendra, espérons le, à faire la lumière.    

 

 Mai 1888  -  La pêche aux huîtres.  -  Par suite d'une entente entre le gouvernement français et anglais la pêche des huîtres est autorisée dans la mer commune jusqu’au 13 juin.  

 

Juin 1888  -  Exercices de nuit.  -  A Des exercices de nuit auront lieu incessamment, comme l’année dernière, sur le territoire des communes des environs de Caen, dans  un rayon de 8 à 40 kilomètres

 

Juillet 1888  -  Les Bains de Mer.  -  Mauvaise semaine pour le littoral. Jamais on n'avait vu aussi peu de locations de faites à pareille époque. On espère après le 14 Juillet. 

 

Juillet 1888  -  La plaie des plages.  -   Le littoral est infesté de vagabonds et de mendiants de tout genre. Les gendarmes et les gardes champêtres demandent bien, pour la forme, les papiers de ces écumeurs de la grève, mais ils se gardent bien de les arrêter quand ils ne sont pas en règle. Ajoutez à cela une ribambelle de religieuses de tout  âge et de tout ordre, qu'on laisse mendier à leur aise, tantôt pour la construction d'une chapelle, tantôt pour une oeuvre plus ou moins charitable, et vous aurez une idée de ce que nous appelons la plaie des plages.            

 

Juillet 1888  -  Une réponse, s.v.p.  -  Est-il vrai que le maire de Langrune a concédé de gré à gré la pierre à poisson au sieur Lebrethon, charron, moyennant 350 fr.., alors que l'ancien  adjudicataire, le sieur N. Thomas, lui en offrait 600.  Une réponse, s. v. p.

 

Septembre 1888  -  Tapageurs.  -  Une demi-douzaine de vauriens font du tapage, cassent et brisent tout à Langrune. Dimanche soir, le garde champêtre est intervenu, mais l'un de ces vauriens a mordu le malheureux garde à la joue gauche et lui a fait une blessure de trois centimètres. Il est temps que la gendarmerie intervienne sérieusement.

 

Octobre 1888  -   Noces d’or.  -  Les époux Quesnel, âgés l'un de 78 ans, l'autre de 79, ont célébré leurs noces d'or la semaine dernière, à Langrune.  

 

Décembre 1888  -  Voleurs et maraudeurs.  Jamais, à aucune époque, on n'avait vu autant de voleurs et de maraudeurs par les chemins. Les campagnes en sont infestées. Une bande vient de visiter la commune de Langrune. Dans la propriété de M. Knell et dans celle de M. Le Marchand, on a pris un peu de tout : traversins, linge, batterie de cuisine, vêtements et  jusqu'à une pendule.  Chez M. Le Marchand, les voleurs avaient tant bu de vin qu'ils n'ont pas pu tout emporter et ont rejeté le trop plein sur le parquet.    

 

Août 1889   -  La pierre à poisson.   -    A Lion comme à Luc, à Luc comme à Langrune et à  Saint-Aubin, la pierre à poisson est un monument, un temple qui, tous les matins, voit groupés autour de lui ses fidèles.  Ce n'est rien, et s'est tout, un microscopique dolmen en pierre de taille recouvert, par un anachronisme impardonnable, d'une  toiture de zinc. Son grand prêtre, le crieur, est presque un dieu : son carnet d'une main, son crayon de l'autre, il préside au sacrifice. Les victimes  défilent, se succèdent, les soles remplacent les homards, brèmes, les turbots. Fiévreusement, il interroge de son regard perçant, non pas leurs entrailles.... mais les yeux des acquéreurs.

La pierre à poissons vie, c'est l'agora, c'est le forum où, tous les matins dès huit heures, à l'appel de la cloche, se réunissent les Athéniens et les Romains du XIXe siècle. La foule s'y presse nombreuse, elle suit attentivement, les moindres paroles de son orateur qui, du haut de la Pnyx, des rostres, déclame d'une voix tonnante les mises à prix et les surenchères.

La pierre à poisson, mesdames, c'est un prétexte aux gracieux déshabillés du matin,  c'est un prétexte au pied finement cambré pour se montrer dans une mule découverte, aux  cheveux noués à la hâte pour dérouler les mèches rebelles d'or ou de jais.

Que n'est-ce pas encore ? C'est une institution, c'est un comptoir de libre-échange, c'est...... Je n'en finirait plus.

La pierre à poisson, baigneurs, c'est mieux que tout cela, c'est la vie des pêcheurs. C'est là que pendant trois mois, la vente du poisson subvient à leurs besoins de toute l'année.  Acheteurs, ne craignez pas d'ouvrir la main un peu grande, surenchérissez, ne voyez-vous pas le pauvre pêcheur, son panier à la main, qui attend impatiemment le produit de la vente.  

Août 1889   -  Tentative de vol.   -    La semaine dernière, une tentative de vol a eu lieu dans une maison rue du Moulin, 80. Les malfaiteurs qui avait réussi à pénétrer avec effraction dans la cour, se sont empressés de prendre la fuite dés qu'ils ont entendu du bruit à l'intérieur de la maison. (source : Caen la Mer)

 

Août 1889   -  Une plainte.   -   Les habitants de Langrune se plaignent à juste titre que la municipalité n'établisse pas, à l'instar des localités voisines, une fête qui puisse jeter quelque jour sur leur plage. Les étrangers délieraient volontiers les cordons de leur bourse pour amuser leurs familles, tout en faisant du bien aux pauvres. Une pareille fête permettrait peut-être aussi au commerce de Langrune de réaliser le bénéfice accoutumé, auquel la rigueur de la saison de 1889 met obstacle.

Nous faisons des vœux pour avoir bientôt à annoncer a nos lecteurs la fête de Langrune-sur-mer.  

 

Août 1889  -  Chemin de fer d'intérêt local.  -  La ligne de Caen à Courseulles-sur-Mer, les terrassements et ouvrages d’art de la ligne sont en assez bon état.

Les garde-corps métalliques ont tous été repeints.

Les épis construits pas la compagnie pour défendre la plate-forme de la ligne entre Bernières et Courseulles n'étant pas d'une grande efficacité, la Compagnie à essayer avec succès des fascinages longitudinaux qui retiennent le sable et empêche la dune d’être rongées. Les haies vives formant clôture entre Caen et la mer et la station de Luc sont à peu près continues, entre Luc et Courseulles la haie qui limite la ligne du côté gauche et peu fournie et présente de nombreuses interruptions.

Les rail en fer ont été remplacées par des rails en acier sur une longueur de 2 km 122 depuis le mois de juillet de l'année dernière. Actuellement la voie est en acier sur une longueur totale de 13 km 172.

Le garnissage des traverses laisse généralement à désirer, il a été fait une rectification de courbe au piquet 84 à Mathieu, les devers des courbes ont, en certains points, été augmenté et calculer pour une vitesse de 45 km à heure, tandis qu'à l'origine ils avaient été prévus pour une vitesse de 30 km.

Les aiguilles sont maintenant numérotées et fonctionnent bien. A Mathieu, l’aiguille ouvrant la voie de ballast, récemment allongé dérivée, est cadenassée, à Douvres l’aiguille numéro 3 de la voie des marchandises, l’est également, partout ailleurs l’aiguilles ouvrant la voie de marchandise sur la voie principale ne sont pas cadenassés.

Les signaux du type employé sur la ligne fonctionne bien.

Les poteaux kilométriques et les poteaux de déclivités, ont été mis en place à la fin de l'année 1888. Les bâtiments sont en médiocre état.

Le plafond de la station de Langrune a été imparfaitement refait, les bordures en bois des quais de Luc, Mathieu et Cambes ont été réparées. (source R. du C.G.)            

 

Février 1890  -  Inconséquences.  -  Un pauvre fou qui réside entre Luc et Courseulles menaçait, il y a quelques mois, de tuer des parents auxquels il en voulait. Le maire de l'endroit fit enlever les armes que possédait chez lui cet aliéné. C'était sage. Mais le fou est en possession d'un permis de chasse, et n'a pu l'obtenir que sur l'avis favorable du maire, qui encourra une grave responsabilité si un malheur arrive.....  

 

Mars 1890  -  Voleurs de gouttières.  -  Il parait qu'entre Luc et Courseulles, des maraudeurs enlèvent les gouttières et tuyaux de descente. Cela c'a rien d'étonnant, on le fait bien en pleine ville. Mais ce qu'il y a de plus curieux, c'est qu'un couvreur de la côte va, chaque matin, se promener sur la plage pour constater les vols, et écrit aux propriétaires volés, habitant le dehors, qu'il replacera les tuyaux, sauf contre ordre, dans les 24 heures.  

 

Juillet 1890  -  Un jour de congé.  -  Le préfet, en raison de sa nomination dans le Calvados, a accordé le 15 juillet, comme jour de congé supplémentaire, aux écoles primaires. 

 

Juillet 1890  -  Tempête.  -  Samedi dans la matinée, un coup de vent que rien ne faisait prévoir s'est fait sentir sur nos côtes. Presque toutes les petites barques sorties pour la pêche ont été jetées à la côte sur des points éloignés de leur lieu d'attache. C'est un miracle qu'aucun pêcheur n'ait trouvé la mort dans cette tempête.

 

Août 1890  -  Bains de Mer.  -  Pendant que les chasseurs s'en vont en chasse, le mauvais temps chasse les baigneurs. Heureusement que le baromètre remonte. Il y a donc lieu d'espérer que le mois de septembre sera relativement aussi bon que le mois d’août.            

 

Septembre 1890  -  La grande marée de 1890.  -  La plus forte marée de 1890 sera celle du 29 septembre, qui suit la pleine lune du 28 — Des soi-disant savants nous avaient prédit un temps épouvantable pour le 23 et le 28 septembre. Le 23 est passé, et il fait beau. Espérons qu'il en sera de même le 28.           

 

Octobre 1890  -  Le baiser.  -  Pendant La saison balnéaire, on a célébré, dans une petite commune de notre littoral, le mariage d'une jeune baigneuse. Le maire, bon vivant quoique  vrai... chrétien, est à cheval sur ses droits, surtout sur celui d'embrasser les mariées. 

Le mari et ses invités avaient comploté de couper le bécot à Monsieur le maire et de lui laisser le bec dans le vide. Le maire, ayant eu vent de la conspiration, joua au plus fin et profita que le mari avait le dos tourné pour embrasser la mariée. Le mari voulut se rattraper et dit au maire : « Môsieur le Maire, vous venez de donner à ma femme ce qu'elle ne peut pas vous rendre... J'vas l'faire à sa place ». Le maire, pas bête, ne s'est pas laissé faire et a répondu : « Merci ! m'sieu .. J'sis assez riche pour donner un baiser à vot'femm... Et cor plusieurs d'aveuque..., si vos l'permettez. Le mari n'a pas permis .

 

Novembre 1890  -  Police des plages.  -  Le préfet du Calvados vient de prendre un arrêté par lequel il est interdit de faire usage d'armes à feu sur les plages du Calvados, à moins de cent mètres des habitations et de la limite des bains déterminée par la laisse des hautes mers de vives eaux.  

 

Décembre 1890  -  Froid et neige.  -  Vendredi, samedi et dimanche, le froid a été excessif à Caen. Voici quelques renseignements relevés à Vaucelles, rue de l'Arquette. Vendredi, à 7 heures 1/2 du matin, 17° au dessous de zéro ; samedi, à 6 heures, 15° ; à huit heures,19° ; dimanche, à 6 heures, 16°. Depuis longues années, on n’avait  constaté de si basses températures. 

— A propos du froid et de la neige, on rappelle que le 24 novembre 1788, commence une forte gelée qui dura jusqu'au 29 janvier suivant. Le passager de Honfleur fut six semaines sans pouvoir venir au Havre par suite des glaces. La misère fut grande. La pain continua à augmenter jusqu'en fin février, ce qui causa des troubles. Le 4 mars, une émeute, causée par la  cherté du pain, éclata à Caen.  

 

Décembre 1890  -  Le froid en chemin de fer.  -  A la suite d'une réclamation du Petit Journal, les grandes compagnies doivent chauffer tous leurs wagons. Espérons que M. Mauger,  se rappelant qu'il a été député du Calvados, les devancera, et fera chauffer les secondes et les troisièmes sur le chemin de Caen à la Mer.  

 

Avril 1891  -  Les plages du Calvados.  -  Lundi, a eu lieu, à Caen, l'adjudication des plages du Calvados. Beuzeval, sur une mise à prix de 500 fr. ; Arromanches, à 150 fr. et Tourgéville, à 100 fr., n'ont pas trouvé preneurs. Partie de Trouville (Roches Noires), 500 fr. ; Deauville, 200 fr. ; Honfleur, 50 fr., ont été adjugés à des particuliers avec des surenchères relativement insignifiantes.

Les plages de Saint-Aubin, 1 000 fr. ; Courseulles, 250 fr., et Langrune, 200 fr., ont été adjugées aux communes.

Mais à Villers-sur-Mer le pompon ! La mise à prix de la plage était fixée à 2 025 fr., la commune s'en est rendue adjudicataire pour 4 050 francs

Or, écoutez ceci : il y a six ans, la commune s'était aussi rendue adjudicataire du même terrain, mais pour 1 000 fr. seulement, et elle a trouvé moyen d'y manger 2 à 3 000 fr.

Comment fera-t-elle pour s'en tirer en payant 4 050, plus les frais d'adjudication et les constructions en planches ? Est-ce que quelque conseiller municipal généreux y mettra du sien ?  Nous en doutons. Certains entrepreneurs trouveront plutôt le moyen d'y faire leur beurre.

 

Juin 1891  -  Tous les sacrements.  -  Mon Seigneur l’évêque de Bayeux vient de visiter plusieurs communes du littoral. Il a donné, à Lion, tous les sacrements : baptême, confirmation et communion, à un personnage de la commune. Puis il est allé dans plusieurs communes confirmer les enfants de la première communion. A cette occasion, il y a eu une fausse alerte. A Langrune, on a voulu annoncer la fête par un carillon, les pompiers de Luc ont cru qu'on sonnait au feu et sont accourus.            

 

Juin 1891  -  Que de mal pour avoir justice.  -  En 1888, un sieur Hamel, demeurant à Langrune, était grièvement blessé derrière la tête, en travaillant pour la compagnie du chemin de fer de Caen à la Mer. Peu de temps après, il reprit son travail, mais, six mois plus tard, la compagnie, voulant faire des économies ou se débarrasser d'un ouvrier affaibli depuis son accident, congédia Hamel. Celui-ci demanda l'assistance judiciaire pour attaquer MM. Mauger et Cie. Elle lui fut refusée en première instance. En appel, on la lui accorda. 

Un procès s'engagea. On traita Hamel d'alcoolique, les médecins de la compagnie, portés pour elle, soutinrent que l'accident n'était pour rien dans l'état de Hamel. Trois ou quatre autres médecins affirmèrent le contraire. 

Enquêtes sur enquêtes furent favorables à Hamel, malgré les témoignages hésitants de certaines personnes appartenant à la compagnie. Enfin, Hamel a obtenu une rente annuelle de 800 fr., avec 100 fr. réversibles à sa femme en cas de décès. L'accident remonte à 1888, nous sommes en 1891. Il faut reconnaître que MM. Manger et Cie ont fait tout pour que ce malheureux ouvrier mourût de ses blessures ou crevât de faim avant d'avoir obtenu satisfaction.

 

Août 1891  -  Nécrologie.  -  Nous apprenons la mort de M. Charles Leroux, maire de Langrune et conseiller d'arrondissement du canton de Douvres.            

 

Août 1891  - Sur nos plages.  -  Depuis longtemps, le mauvais temps sévit sur les plages normandes. Les malheureux baigneurs sont obligé de se confiner dans leurs cabines on regardant la pluie tomber. Le beau temps semble revenir maintenant, mais les malheureux baigneurs n'en sont pas plus heureux, le soleil active la décomposition du varech accumulé sur certains points jusqu'aux abords des cabines par la grande marée du 20 août. 

Quand on se plaint aux habitants que cette odeur est très désagréable, ils disent en souriant que cette odeur est très saine. Ils sont dans une erreur profonde, le varech frais émet une odeur saine, du moins on l'admet jusqu'à présent, mais, quand le varech entre en putréfaction comme c'est le cas actuel, cela devient dangereux.

 

Août 1891  - Vélocipédie.  -  Le préfet du Calvados est encore plus exigeant que le maire de Caen. A l'avenir, dans le Calvados, les vélocipèdes devront être munis d'une plaque portant le nom de leur propriétaire, et de grelots d'un son assez clair pour être perçu à une distance de 100 mètres au moins. Les vélocipédistes tiendront toujours la droite. Ils devront sonner de la trompe, ou faire vibrer un timbre, jusqu'à ce que les piétons se soient écartés, et, si ces derniers ne se rangent pas, ils seront tenus d'arrêter  leur vélocipède. Aussitôt après le coucher du soleil et au plus tard à partir de 4 heures en hiver et de 8 heures en été, les vélocipèdes devront être munis d'un falot.

 

Août 1891  - Sur nos plages.  -  Depuis longtemps, le mauvais temps sévit sur les plages normandes. Les malheureux baigneurs sont obligé de se confiner dans leurs cabines on regardant la pluie tomber. Le beau temps semble revenir maintenant, mais les malheureux baigneurs n'en sont pas plus heureux, le soleil active la décomposition du varech accumulé sur certains  points jusqu'aux abords des cabines par la grande marée du 20 août.

Quand on se plaint aux habitants que cette odeur est très désagréable, ils disent en souriant que cette odeur est très saine. Ils sont dans une erreur profonde, le varech frais émet une  odeur saine, du moins on l'admet jusqu'à présent, mais, quand le varech entre en putréfaction comme c'est le cas actuel, cela devient dangereux.   (Source B-N)

 

Septembre 1891  -  Taquineries.  -   Un voyageur, porteur d'un billet d'une série délivrée par le chemin de Fer de la Mer et valable pour toute l'année 1891, faisait enregistrer, à Langrune, un colis avec son billet. Par une circonstance imprévue, il ne partit pas ce jour-là. Le lendemain, on lui refusait de le laisser monter avec le billet qui lui avait servi la veille à faire enregistrer son colis. Pourquoi cette taquinerie ? La compagnie ne pouvait pas être lésée. Le billet, portant au dos le mot : bagages, ne pouvait servir à l'enregistrement d'un autre colis. Lorsque le voyageur réclama , le chef de gare de Caen lui prit le billet en disant qu'il était acquis à la compagnie. De quel droit ? (Source B-N)

 

Octobre 1891  -  Incendie.  -  Samedi dernier, à Langrune, le feu s'est déclaré dans le grenier à foin du sieur Paul Lepoëtre, propriétaire, et malgré la promptitude des secours, la charpente, la couverture et tout le corps de bâtiments ont été consumés. Perte, 4 000 fr. (Source B-N)  

 

Mars 1892  -  Grand marée.  -  Une grande marée aura lieu le 28 mars. Elle atteindra 118, c'est-à-dire une hauteur à laquelle la mer ne monte que: quatre à cinq fois par siècle.  (Source B.N.)  

 

Juin 1892  -  La pluie.  -  La pluie, que les cultivateurs demandaient à grands cris, a fini par tomber. Sur plusieurs points de notre département, notamment sur Caen et les environs, ç'a été, mardi, pendant une heure, un vrai déluge. (Source B.N.)  

 

Juillet 1892  -  Les vélocipèdes ont du bon.  -  Si cette légère machine cause quelques ennuis aux promeneurs, il faut dire qu'elle rend parfois service. Nous en avons eu la preuve ces jours-ci. Les paquets de journaux de nos dépositaires. ligne de Courseulles, avaient été laissés dans un coin. La poste les a fait transporter en vélocipèdes aux  destinataires. Retard : quelques heures seulement. (Source B.N.)   

 

Juillet 1892  -  La foudre.  -  Mardi l'après-midi, nous avons eu un orage de tonnerre. Il faisait une chaleur torride. La foudre est tombée sur divers points. Cet orage s'est étendu sur presque toute la France et à l'étranger. (Source B.N.)            

 

Juillet 1892  -  Bains de mer.  -  Les chaleurs font fuir Paris et rechercher les bords de la mer. Aussi les baigneurs commencent-ils à arriver. Le casino de Trouville, toujours dirigé par M. de Maraine, vient de publier son tableau de troupe. Il est très complet. La jetée en fer a été essayée. Tout porte à croire que vers le 10 juillet le public pourra bénéficier des inestimables avantages d'un nouveau service régulier, sans souci des bases-mer. Les régates de Trouville auront lieu les 30 et 31 juillet et le 1er août. 

 - Ouverture du casino de Luc le 10 juillet, Jeux, orchestre choisi, petite troupe d'opéra et de comédie recrutée parmi les meilleurs artistes. 

 - Mme Messeline qui a joué 80 fois miss Helyette, à Bruxelles, est descendue à l'hôtel Belle-Plage. 

 - Caen Bains de Mer a fait sa réapparition. Toujours frais, toujours soigné, notre confrère. Il fera bien de surveiller son correspondant d'Arromanches qui lui fait dire que le maire ne fait pas réparer l'effondrement des digues : d'abord, parce que les digues ne sont pas défoncées, ensuite, parce que cela ne regarde pas le maire. 

 - Autre éclosion : « l'Écho des Plages », bi-hebdomadaire, journal des stations de Beuzeval-Houlgate, Dives. Cabourg, le Home, Ouistreham, Lion, Luc, Langrune, St-Aubin, Bernières et Courseulles. — Bureaux et rédaction, 102, rue Saint-Pierre, Caen.  (Source B.N.)

 

Octobre 1892  -  Enfin !  -  Depuis de longues années, MM. Lefortier et Cie réclamaient un service de poste de Caen à Courseulles, par Thaon, et de Courseulles à Douvres. Un coup d'épaule de M. Charles Benoist, publiciste, originaire de Courseulles, a fait aboutir l'affaire. Ce sont les habitants du littoral qui sont contents.   (Source B.N.)            

 

Décembre 1892  -  Tirage au sort.  -  Les jeunes gens faisant partie de la classe 1892 doivent se présenter au bureau militaire de la mairie de Caen, pour fournir tous les renseignements nécessaires, à l'effet d'être inscrits sur les tableaux de recensement. Sont compris dans ce recrutement pour l'année 1892 les jeunes gens nés du 1er janvier 1872 au 31 décembre suivant, tous les omis des classes antérieures. En cas d'absence, les père, mère, tuteur ou curateur des jeunes gens doivent se présenter. (Source B.N.)            

 

Décembre 1892  -  Recensement.  -  Le recensement des voitures attelées, susceptibles d'être utilisées pour les besoins de l'armée au moment d'une mobilisation, aura lieu du 1er au 15 janvier. (Source B.N.) 

 

Janvier 1893  -  Le froid.  -  Le froid a fait son apparition cette semaine. A Langrune, le thermomètre est descendu à 10 degrés au-dessous de zéro.  (Source B.N.)            

 

Mars 1893  -  Incendie.  -  A Langrune, un incendie a détruit une maison d'habitation appartenant, à la veuve Chatelet, propriétaire à St-Aubin-sur-Mer, et occupée par le sieur Clovis Chrétien, entrepreneur de maçonnerie. La toiture d'un bâtiment appartenant au sieur Blet, propriétaire à Montabard (Orne), a été endommagée. Pertes : pour les propriétaires, 5 000 fr. ; pour le locataire, 200 fr. (Source B.N.)  

 

Avril 1893  -  Bouilleurs, bouillez en paix.  -   Les bouilleurs de cru peuvent se rassurer, il n'y aura rien de changé à leur situation cette année. (Source B.N.)

 

Avril 1893  -  Les chenilles de M. Mauger et Cie.  -  Quand on arrive à la gare de Langrune, du côté droit de la voie, les haies servant de clôture à la ligne ferrée sont couvertes de nids de chenilles dans un espace de 25 à 30 mètres. L'an dernier, ce quartier a été dévoré par les chenilles. Il y a eu, notamment un champ de choux dont il n'est pas resté une feuille. Les riverains se demandent avec anxiété si cela va recommencer cette année. 

Espérons que non, à moins que la compagnie de Caen à la Mer ne soit au-dessus des arrêtés préfectoraux. (Source B.N.)            

 

Mai 1893  -  La sécheresse.  -  Dimanche, dans toutes les églises du diocèse, on a donné lecture d’une lettre de l’évêque de Bayeux, prescrivant des prière pour obtenir la Cessation de la sécheresse. (Source B.N.)

 

Mai 1893  -  Mandats-Poste.  -  Sous peu, le paiement des mandats-poste pourra être fait à domicile par les facteurs. (Source B.N.)            

 

Juin 1893  -  A propos de sécheresse.  -  La plus grande que nous avions eue en Normandie est celle de 1559. De Pâques à la Toussaint la chaleur fut fort grande, dit M. de Bras. Le temps était toujours à l'orage et, pendant plus de six mois, il ne tomba pas, ou très peu d'eau. L'hiver qui suivit fut très doux et les violettes de mars parurent en janvier. Les arbres, trop avancés,  donnèrent peu de fruits. (Source B.N.)            

 

Juillet 1893  -  Fête du 14 juillet.  -  Les pâtissiers et boulangers, sont prévenus que le type à fournir pour la distribution de gâteaux à faire aux enfants, a été arrêté ainsi qu'il suit : Un ou plusieurs gâteaux secs ou biscuits renfermés dans une enveloppe telle que boite, panier, sac, etc……, avec les couleurs nationales et ornementations diverses.  (Source B.N.)

 

Juillet 1893  -  Les guêpes.  -  Il y a beaucoup de guêpes cette année par suite des chaleurs. Nos campagnes et nos plages en sont couvertes. Dans le Cher, ces insectes sont si nombreux qu'on ne peut pas cueillir les fruits. (Source B.N.)

 

Juillet 1893  -  Avis aux baigneurs.  -  Annuaire des marées pour Caen-Ouistreham et ses environs, indiquant l'heure des pleines et basses mers ; les hauteurs d'eau des pleines mers en mètres et en centimètres, pieds et pouces anglais ; le lever et le coucher du soleil et de la lune conformés â l'Annuaire des marées des côtes de France et divers renseignements utiles,  est en vente sur nos côtes, et à Caen, chez M. Brulfert, libraire. (Source B.N.)  

 

Août 1893  -  La rougeole.  -  Une épidémie de rougeole règne en ce moment dans notre région sur les enfants, et fait des victimes trop nombreuses. Ceci tient à ce que cette maladie est mal comprise. Les parents regardent la rougeole comme terminée quand l'éruption a disparu, ce qui est une grave erreur, car la convalescence surtout est à surveiller et à soigner. Les petits malades doivent garder scrupuleusement la chambre pendant un temps assez long après l’éruption. (Source B.N.)

 

Août 1893  -  L’Hirondelle de la mer.  -  Concours de pigeons à Mont-de-Marsan (Landes), le 23 juillet. Arrivées, MM. de Chazot, Tailleville ; 2e H. Cussy ; 4e , Desaunais, 4e et Prempain, de Langrune. 

Concours de Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord), le 6 août. — Arrivées, MM. L. Saillard, à Langrune ; de Chazot, à Tailleville. H. Cussy, à Langrune. (Source B.N.)

 

Août 1893  -  La saison.  -  Nos côtes se sont garnies, mais tout n'est pas loué. L'année sera assurément bonne comme nombre, mais on se plaint que les baigneurs font bien moins de dépenses qu'autrefois, on sent la gêne. (Source B.N.)    

 

Août 1893  -  Les fabriques d’églises.   -  Le nouveau règlement sur la comptabilité des fabriques d'églises vient d'être promulgué. Désormais, les comptes des fabriques seront vérifiés et jugés par les conseils de préfecture, et soumis à la vérification des inspecteurs des finances. 

Tous leurs fonds disponibles devront être versés au Trésor. Dans le cas où le trésorier n'accepterait pas d'être comptable des deniers publics, il serait nommé, par les marguilliers, un receveur spécial, et, sinon, les fonds seraient encaissés par le percepteur de la commune, qui seuL pourrait lever les troncs de l'église, ses jours de tournée dans la commune. (Source B.N.)

 

Août 1893  -  Les retards des trains.   -  Le ministre des travaux publics, ému des retards signalés dans la marche des trains, a prescrit aux commissaires de surveillance des principales gares de dresser des procès-verbaux. Un projet de loi punissant les retards par des amendes prélevées sur les dividendes va être présenté. (Source B.N.)

 

Août 1893  -  La chaleur.   -   La chaleur a été très grande dans le Calvados, mais pas encore comme dans le Midi et dans le centre de la France. Rien que dans l'arrondissement de  Bordeaux, on a constaté douze morts par insolation. Dans la Loire-Inférieure, il y a eu aussi une dizaine de morts par suite d'insolation. (Source B.N.)

 

Novembre 1893  -  La tempête.  -  Samedi et dimanche, une tempête s'est déchaînée sur la Manche et a fait d'incalculables dégâts dans notre région.

— Plusieurs navires se s'ont échoués sur le littoral. Deux cadavres de marins ont été trouvés au milieu de monceaux de débris de toute sorte. La force du vent a renversé plusieurs wagons du Decauville, pas un des 14 voyageurs qui s'y trouvaient n'a été blessé.

— Le « Chanzy », M. Allainguillaume, s'est échoué à Ouistreham, le navire n'est pas en danger.

— L' « Elisabeth-Kelly », bateau anglais, allant en Islande, était en vue des côtes d'Angleterre, lorsqu'il a été pris par un coup de vent qui lui a brisé ses mâts et déchiré ses voiles. Il s'est échoué en face de Langrune. Huit marins, dont six sont mariés, sont montés dans deux canots, au risque d'être engloutis, et ont sauvé les six hommes d'équipage. On espère sauver, le  bateau.

— Trois hommes de l'équipage d'un bateau de Port-en-Bessin, enlevés par une lame, auraient été considérés comme perdus pendant quelques instants, lorsqu'une autre vague les aurait rejetés miraculeusement sur le pont.

— Au Havre, le pilote Mauger a été enlevé par une vague.

— A Dieppe, quatre hommes, qui portaient des amarres au paquebot « Paris », ont été jetés sous les roues : deux ont été tués.

— A Calais, on compte déjà 14 morts et plus de 50 orphelins.

— Un mur s'est écroulé sur la voiture du docteur Renaud, de Harfleur. Le domestique a été tué, M. Renaud est très grièvement blessé.

— A Châteaudun, éboulement d'un bloc de rocher qui a écrasé des maisons de la rue, des Fouleries. Huit personnes sont ensevelies et sûrement mortes.

— 16 cadavres de marins anglais ont été trouvés sur les côtes de la rade de Morlaix. C'était l'équipage du trois-mâts anglais « Aboukir-Bay », de 1,117 tonneaux.

— Le vapeur « Orientos », de Hambourg allant à Lisbonne, s'est brisé sous Barfleur : 9 hommes sauvés, 5 noyés.

— Un vapeur grec le « Parastevi », allant à Cardif, naufragé sous St-Germain-de-Vaux, le pilote hollandais noyé ainsi que le second du bord.

— Le voilier « Surprise », perdu corps et biens en face de Biarritz : morts, 1 capitaine et 4 matelots.

— Devant Douvres, un steamer à sombré : 21 personnes ont péri.

— On estime à 134 le nombre de personnes qui ont péri, en Angleterre, dans les accidents provoqués, par la tempête et en dehors de celles mortes avec les navires naufragés restés inconnus qui ont sombré.

— De Copenhague, on écrit qu'il y a eu une violente tempête. Un grand nombre de bateaux de pêche ont fait naufrage. 37 pêcheurs se sont noyés.

— Le vent a brisé des arbres d'une grosseur énorme. Beaucoup de pommiers ont été renversés. Il y a eu des trombes de neige à Alençon et au Mans. Il y a même eu, dimanche, dix centimètres de neige à Caumont-l'Eventé, et la voiture de Villers est restée en détresse sur la route. A Limoges et à Lyon, à Caen, il a encore neigé mercredi la nuit. (Source B.N.)            

 

Décembre 1893  -  Encore un naufrage.  -  Dans la nuit de vendredi à samedi, le steamer « Jane Clark », de Glascow (Écosse), chargé de charbon à destination de Caen, pour M. Allainguillaume, a touché au nord des Essarts de Langrune, où il est resté. 13 hommes la montaient. A deux heures du matin, les hommes de l'équipage ont dû abandonner le navire et se jeter dans la baleinière. Mais la mer était trop forte et l'obscurité trop complète pour qu'ils aient pu se risquer à vouloir gagner immédiatement le rivage. Ce n'est qu'au point du jour qu'ils ont été sauvés par un picoteux monté par Arthur Paysant, Paul Cauvin, Jules Aubert et Pierre Mériel. (Source B.N.)  

 

Décembre 1893  -  La Normandie et les îles Anglo-normandes.  -  Les liens si étroits qui, unissent la Normandie et l'archipel normand vont se resserrer encore. A la suite d'une  enquête et après s'être concerté avec des personnages influents des îles, le comité caennais de l'Alliance française a résolu de subventionner les écoles françaises et l'étude du français à Jersey et Guernesey, où les empiétements de l'anglais ont mis la langue française en péril. (Source B.N.)  

 

Janvier 1894  -  Récompense pour sauvetage.  -  Amédée Paysant, patron de picoteux, médaille d'argent ; Charles Paysant, Paul Jean et Eugène Lemarchand, matelots, témoignages de satisfaction : sauvetage de l'équipage d'une goélette anglaise, naufragée devant Langrune, le 20 novembre. 

— Arthur Paysant, patron de picoteux, médaille d'argent ; Pierre Mériel, Paul Cauvin et Jules Aubert, matelots, témoignages de satisfaction : sauvetage des équipages de deux navires  anglais naufragés devant Langrune, les 20 novembre et 2 décembre. (Source B.N.)            

 

Février 1894  -  Le froid.  -   L'hiver nous est revenu brusquement cette semaine. Mardi matin le thermomètre marquait 4 degrés au-dessous de zéro et mercredi 6 degrés.  (Source B.N.)

 

Mai 1894  -  Température.   -  Après une journée de forte chaleur, le temps s'est mis au vent et au froid. Cela a été dur. Pendant quelques jours, la mer a été démontée. Plusieurs bateaux se sont échoués sur nos côtes. Samedi, le canot de plaisance l’ « indépendance », appartenant à M. Baudrier, rue d'Auge, a été trouvé abandonné et désemparé sur la plage de Lion. M. Baudrier, qui le montait, a dû être enlevé par un paquet de mer. Pendant la nuit de lundi, de gros grêlons sont tombés sur Caen et les  environs. A Condé et à Flers, on a ressenti comme une légère secousse de tremblement de terre. 

En Touraine et dans le Midi, de véritables désastres ont été occasionnés par des orages effroyables de grêle. Dans le Puy-de-Dôme, inondations. Une usine a été en partie détruite. Une vieille dame de 80 ans a été noyée dans l'appartement qu'elle occupait au rez-de-chaussée. Un homme, âgé de 52 ans, a été entraîné par le torrent. A Rive-de-Giers, une femme, qui s'était réfugiée pendant l'orage dans un café, est morte subitement de frayeur causée par les éclats de la foudre. Près de Murcie, dans une maison de campagne, la foudre a tué une femme, dont elle a grièvement blessé le mari. Temps épouvantable aussi à l'étranger. En Écosse, il est tombé de la neige. (Source B.N.)

 

Mai 1894  -  Récompenses.   -  Pour actes de dévouement des prix ont été accordés à des marins du quartier de Caen, sur le legs Henri Durand, de Blois. 

1 000 fr. avec médaille d'argent et diplôme, Amédée Paysant, de Langrune ; 600 fr. avec médaille de bronze et diplôme, Arthur Paysant, de Langrune, et Charles Josse, de Beuzeval ;  410 fr. avec médaille et diplôme, à Paul Jean, Charles Paysant, Eugène Lemarchand, Pierre Mériel, Paul Cauvin et Jules Aubert, de Langrune ; 400 fr. avec diplôme, Auguste Déloge, baigneur à Houlgate. (Source B.N.)            

 

Juin 1894  -  Avis.   -  Lundi matin, la France entière a appris avec stupeur une épouvantable nouvelle. Dimanche soir, M.Carnot, président de la République, avait été assassiné à Lyon. 

On n'osait croire à la réalité de telle affreuse catastrophe, car M. Carnot était aimé de tous les partis. Il n'avait pas un seul ennemi. 

Le président de la République était allé visiter l'exposition de Lyon. Samedi, à son arrivée dans la seconde ville de France, il avait été accueilli avec un chaleureux enthousiasme. 

M. Carnot était, dans sa 57e année. Il appartenait à une vieille famille républicaine de Limoges. Son grand-père, membre du Comité de Salut public sous la Révolution française, organisa les vaillantes armées qui repoussèrent l'étranger et mérita le titre d' « organisateur de la victoire ». Son père, Hippolyte Carnot, fut ministre de la République en 1848. (Source B.N.)            

 

Juillet 1894  -  Le Calvados !   -  Notre département est au nombre de ceux qui ont le plus manifesté à l'occasion de la mort de M. Carnot. De toutes parts, adresses, fleurs, délégations et  services, des prières ont même été dites au Temple.

 — A St-Etienne de Caen, c'est l'évêque qui présidait. S'il est vrai qu'un douanier a été sévèrement puni pour être arrivé en retard, une grâce s'impose en raison de la circonstance. (Source B.N.)

 

Juillet 1894  -  Trop de zèle.   -  L'arrêté sur les jeux jette la perturbation dans tout le département. Des maires le prennent à la lettre et interdisent même le jeu de bouchon, d'autres repoussent les loteries, et les vaisseliers désertent notre pays pour des contrées moins tracassières. Nous comprenons très bien que l'on fasse la chasse aux bonneteurs et autres écumeurs de champ de foire, mais interdire la galoche, le jeu de quilles et les loteries, c'est assurément dépasser les intentions préfectorales. (Source B.N.)            

 

Septembre 1894  -  Les orages.   -   Notre région est toujours sous le coup de gros orages. Dimanche soir, à Caen, on aurait cru que la foudre tombait à chaque coup sur la ville.  Mercredi la nuit, nouvel orage, moins fort, cependant. (source B. N.)

 

Septembre 1894  -  Trop de vacances.   -  Pour l'année scolaire 1893-1894, on arrive, dans les lycées et collèges, au total inouï de 201 jours de congé contre 164 de travail. (source B.  N.)

 

Septembre 1894  -  Le vélo.   -  L'Académie a parlé. Tout compte fait, sauf de très rares exceptions, hommes et femmes peuvent, sans danger pour leur santé, monter en vélocipède, cet exercice n'est interdit qu'aux personnes atteintes d'une maladie de cœur. (source B. N.)   

 

Octobre 1894  -  Tempêtes sur terre et sur mer.   -  Vendredi, samedi et dimanche, il y a eu des tempêtes sur la Manche, plusieurs bâtiments ont été jetés à la côte. Lundi, pluie toute la journée, inondations sur divers points du Calvados. Mercredi, orage et tonnerre. (source B. N.)

 

Novembre 1894  -  Une compagnie qui n’est pas dans le mouvement.   -  Cette compagnie est celle de Caen à la Mer. Elle élève ses prix au maximum, pour les voyageurs et pour les marchandises Elle ne fait rien pour faciliter les déplacements, jamais un train de plaisir. Enfin, c'est à grand peine que nos cultivateurs obtenir qu'on enlève leurs betteraves et qu'ont ne les laisse pas geler, comme cela est arrivé précédemment. 

Elle émet des obligations, et plus elle en émet, plus elle restreint le nombre de ses trains. Les heures sont fixées sans qu'on ait le moindre égard aux convenances de la population. Plus de train dans la soirée. Si, le dimanche ou le jeudi, vous vous, attardez pour une raison quelconque dans l'une des localités desservies par cette ligne, si vous restez à dîner chez l'un de vos amis, il vous faudra avancer l'heure du repas, car à partir de 4 h. 50, de Courseulles, vous n'avez plus de train pour revenir à Caen. Si, au contraire, quelque habitant du  littoral s'avise de rester à Caen après 6 h.10 du soir, il devra coucher ou revenir à pied. Bref, le public en est à demander un nouveau Louard, c'est-à-dire un service d'omnibus partant de Courseulles les jeudis et dimanches; à 8 ou 9 heures du soir. 

Aux tramways, maintenant. Le public n'est pas content. Pas d'abris et trop d'air. Aux stations de Calix, Hérouville et Blainville, il n'y a pas même un banc pour s'asseoir en  attendant les trains souvent en retard. Trop de voitures ouvertes aussi en cette saison venteuse et pluvieuse. (source B. N.)            

 

Novembre 1894  -  La tempête.  -  Elle a commencé dans notre région dès dimanche la nuit puis s'est étendue un peu partout en passant sur Paris qui était, lundi soir, tout sens dessus dessous.   

A Caen, les tuiles et les ardoises pleuvaient dans les rues, des cheminées ont été renversées, des arbres abattus sur nos promenades. Un peuplier du parc de la préfecture a, en tombant, démoli la toiture du presbytère Notre-Dame. Un clocheton des bas côtés de l'église Saint-Jean est tombé sur la toiture de l'ancienne école des Sœurs en brisant quelques chevrons et, de là, a roulé dans la rue des Carmes. Une gargouille de l'église Saint-Sauveur est tombée dans la rue Froide et a failli blesser une jeune fille. Rue Saint-Pierre, M. Royer photographiait une enfant quand une partie de l'atelier (murs et vitrage), a été emportée. L'enfant n'a eu aucun mal. Le sieur Maurice Labarie, propriétaire d'un bateau de plaisance, a été enlevé de son bord et jeté dans le canal. Il a pu se sauver à la nage. Près du pont de Vaucelles, le jeune Leclerc, 17 ans, est tombé dans l'Orne en voulant rattraper le chapeau  de son père emporté par le vent. Il a été retiré sain et sauf par le sieur Isambart, conducteur de scierie. Il y a eu de grands dégâts à la toiture des Facultés.

Les trains des tramways ne sont partis, lundi soir, ni de Langrune, ni de Dives, à cause de la tempête. Le dernier train du soir n'est pas parti de Caen.

Dans les autres villes du département, on ne signale que des dégâts matériels. Sur nos côtes la tempête a eu une violence inouïe.

Grands dégâts à Lisieux. La couverture de la nouvelle halle des marchandises à la gare a été enlevée. Un homme a été blessé. A Mézidon; la chute d'une cheminée a blessé cinq  personnes, dont quelques unes grièvement. Une partie de la couverture de la gare de Pont-l'Evêque a été enlevée. 

A Paris, le nombre des personnes atteintes par les ardoisés ou les tuyaux de cheminées dépasse deux cents. Une victime est morte, plusieurs sont dans un très grave état. (source B. N.)

 

Décembre 1894  -  Le froid.   -  Il fait un froid glacial depuis quelques jours. Le temps est à la neige. A Paris, il en est tombé et le froid a déjà fait des victimes. (source B. N.)

 

Décembre 1894  -  Année pluvieuse.   -  Sur 340 jours l'Observatoire de Paris a compté 204 jours de pluie ; 100 jours brumeux, créant de la boue, mais sans pluie, et enfin une quarantaine de jours beaux. Les derniers jours de l'année seront plutôt pluvieux que froids. 

-  Mercredi, sur notre région, éclairs, tonnerre, vent, pluie et grêle. (source B. N.)

 

Décembre 1894  -  Accident de voiture.   -  Le sieur Petitau, voiturier chez M.Houel, quai des Abattoirs, à Caen, a rencontré, sur le territoire de Mathieu, une carriole chargée de fumier, attelée d'un cheval allant à toute vitesse et n'ayant pas de conducteur. Un peu plus loin, il aperçut, étendu sur la route, un homme sans connaissance, qui fut transporté dans une maison voisine et reconnu pour être le sieur Désaunais, demeurant à Langrune, mais il était incapable de prononcer une parole et n'a pu donner aucun renseignement sur son  accident. (source B. N.)

LANGRUNE-sur-MER -  La Digue et les Cabines

50     LANGRUNE  -  Promenade de la Plage

1.  -  LANGRUNE  -  La Gare
LANGRUNE-sur-MER (Calvados  -  La Place du 6 Juin
Langrune  -  La plage et les Villas
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