1er Novembre 2024

UN SIÈCLE D'HISTOIRE DU CALVADOS

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LION s/ MER

Canton de Douvres-la-Délivrande

Les habitants de la commune sont des Lionnais, Lionnaises


Mars 1876   -  La foudre.  -  Jeudi, vers 4 heures du soir, la foudre est tombée à Lion-sur-Mer et a causé des dégâts assez sérieux à diverses maisons d'habitation, occupées par MM. Théodore Opois, boulanger ; Victor Grenier, maréchal ferrant ; Stanislas Delcot, Maurice Hue, Théodore Douelle, Pierre Fanet, Eugène Picard, Joseph Fouache, cultivateurs ; Paul-Victor Lamy; marin ; Pierre Boulanger, propriétaire ; Mme Félicité Fouache, épicière. La perte causée par ce sinistre est évaluée à 4 880 fr., dont une partie est couverte par les assurances. On n'a heureusement aucun accident de personne à déplorer.

 

Avril 1876   -  L’ouragan du 12 mars.  -  Voici les pertes officielles pour le département du Nord, occasionnées par l'ouragan du 12 mars : 22 morts 25 blesses et plus de 22 millions de pertes. 

— Pendant que le temps est au beau fixe dans notre région, il tombe de la neige dans le Midi et de l'eau au centre de la France. La Garonne et la Loire coulent à pleins bords, à Nice, le Paillon a débordé.

 

Avril 1876   -  Température.  -  Les fêtes de Pâques se préparent mal : il grêle, il neige et il gèle, les colzas pendent le nez, les fleurs des arbres paraissent  brûlées. Nick avait raison, en indiquant de la neige et de la gelée du 12 au 16. 

— A partir du 19, il nous prédit un temps doux, mais orageux.

 

Avril 1876   -  L’événement de Lion.  -  Le bruit se rependait jeudi, à Caen, que la veille un meurtre avait été commis à Lion. Il y a bien eu, en effet, mort d'homme, mais cet événement doit être bien plutôt attribué à un accident qu'à un crime. Le sieur Turpin, âgé de 50 ans environ, ouvrier forgeron chez le sieur Verdant, à Lion-sur-Mer, après avoir passé une partie de la journée et de la soirée à boire, rentrait à son domicile en état d'ivresse avec deux de ses compagnons de cabaret. Une querelle s'éleva entre eux, une lutte s'ensuivit, Turpin fut frappé et renversé, puis ses adversaires se retirèrent, il pouvait être onze heures 1/2 du soir, la scène se passait au centre même de la commune, près de la porte du cimetière. 

Turpin essaya de se relever, il ne put y parvenir. Pendant cinq heures durant, il poussa des cris et des gémissements, implorant la pitié de tous et demandant qu'on le recueillît dans une  grange où il pût rendre le dernier soupir à l'abri.

Les voisins restèrent sourds à ses supplications, pas une main ne fut tendue à ce malheureux, que quelques secours auraient certainement arraché à la mort. Ce n'est que vers cinq heures du matin qu'on se décida à le ramasser, trois heures après, il rendait le dernier soupir. Tarpin est mort de froid et des suites des lésions constatées sur diverses parties de son corps, et notamment sur le crâne. Ces blessures sont-elles l’œuvre des adversaires de Turpin, ou ont-elles été occasionnées par les nombreuses chutes que ce malheureux a faites en essayant de se relever ? C'est ce que M. le docteur Denis-Dumont, chargé de faire l'autopsie du cadavre, saura découvrir. 

La justice s'est transporté mercredi, dans la nuit, à Lion-sur-Mer, quel que soit le résultat de l'enquête, il parait certain que les deux compagnons de Turpin seront au moins poursuivis pour coups et blessures ayant occasionné la mort sans intention de la donner. Turpin était un ivrogne endurci, il laisse une veuve et cinq enfants.

 

Avril 1876   -  L’homicide de Lion.  -  Après avoir passé une partie de la nuit de mercredi à Lion-sur-mer, M. le juge d'instruction Turbout s'y est de nouveau transporté jeudi, à midi, afin de compléter l'instruction sur les causes de la mort de Turpin.

François-Isidore Turpin, âgé de 48 ans, forgeron à Douvres, travaillant à Lion, chez le sieur Constant Verdant, est bien mort d'une congestion, produite par l'ivresse et par le froid, mais les coups qu'il a reçus, durant la lutte qu'il a soutenue contre l'un des fils Verdant, n'ont pas été sans avoir quelque influence sur cette fin fatale. C'est sans doute sous l'empire de cette opinion que M. Turbout a maintenu Émile Verdant, âgé de 20 ans, en état d'arrestation, sous la prévention d'homicide.  

 

Novembre 1876   -  Les Pommes.  -  On calcule qu'il se fabrique annuellement 12 millions d'hectolitres de cidre en Normandie, représentant une valeur de plus de 100 millions de francs. Il n'en sera pas brassé autant cette année, car presque partout la récolte est mauvaise.

Dans les parties du Pays d'Auge et de la Manche, où la pomme a un peu donné, le prix varie entre 4fr. 50 et 5 fr. l'hectolitre.

 

Novembre 1876   -  Condamnation.  -  Alexandre Gallier, 40 ans, batteur en grange à Lion, outrages envers le garde champêtre, et ivresse, six jours de prison et 5 fr. d'amende.

 

Mars 1877   -  Un homme à la mer.  -  Mardi, à Lion-sur-Mer, M. Rousseau, entraîneur de trotteurs, et son jockey, jeune homme de 27 ans, promenaient chacun un cheval sur la plage. En ce moment, la mer faisait rage et lançait au loin son écume. Le cheval monté par le jockey fut pris de peur, se précipita dans la mer avec son cavalier et s'y noya. Le jockey abandonna son cheval et essaya, mais vainement, de regagner la terre, le sable détrempé se dérobait sous ses pas et, après une lutte terrible, il fut entraîné par les vagues. Un certain nombre de personnes terrifiées par la violence de la mer n’osèrent essayer  de lui porter secours. Un homme qui n'en est pas a son premier acte de dévouement, M. Alexandre Lebaudy, revenait de la chasse en longeant la plage, à l'instant même où le jockey, abasourdi par les vagues, se laissait entraîner. Se lancer a l'eau fut pour lui  l'affaire d'un instant, et au prix de beaucoup d'efforts, et non sans de grands dangers, il ramena le pauvre jeune homme. Tant de dévouement ne devait pas, malheureusement, donner de résultats, vingt minutes après avoir été rapporté à terre, le pauvre jockey rendait le dernier soupir.  

 

Novembre 1877   -  Récompenses.  -  Le ministre de la marine a décerné des médailles d'argent pour faits de sauvetage aux personnes ci-après dénommées : Eugène-Alfred-Constant Pernel, matelot ; Louis-Dominique Vasnier, matelot ; Gustave-Constant Hypholite, sauvetage d'un baigneur à Lion-sur-Mer, le 17 juin 1877. 

Auge-Auguste Rapilly, préposé des douanes ; Ernest Flaust, instituteur, sauvetage d'un homme, à Vierville, le 23 août 1877.  

 

Avril 1878   -  Les suites de la tempête.  -  Vendredi, une tempête s'est déchaînée sur nos côtes. Le vent soufflait avec une violence extrême et les petites barques et les canots assez nombreux qui étaient à la pèche de la crevette et du petit poisson, se sont empressés, aussitôt qu'ils ont eu assez d'eau, de rentrer dans leurs port, non toutefois sans avoir couru de grands dangers, car plusieurs ont été près de chavirer, d'autres sont entrés démâtés, avec un lambeau de toile pour se diriger.

Le sloop français « Dieu-nous-Protége », parti du Havre vendredi, à destination de Caen avec un chargement d'orge, de maïs et de diverses marchandises, s'est échoué vers cinq heures de l'après-midi, sur la côte du Calvados, près de Lion-sur-Mer. L'équipage a été sauvé et une partie de la marchandise a été mise à terre. La barque de pèche aux huîtres, « Glory », de Caen, appartenant à M. Marc, de Ouistreham, étant en pèche vendredi matin, a été surprise par la bourrasque, au Havre, en essayant d'entrer dans le port, son étai de grand mât a cassé et a occasionné la chute du mât, avec tout son gréement. Par un heureux hasard, aucun des six hommes n'a été atteint.

La « Cécile-Adèle », n° 397, de Caen, montée par six hommes d'équipage, ayant eu son mât cassé et ne pouvant plus tenir sa voile, est partie en dérive et a mouillé son ancre entre Trouville-sur-Mer et Honfleur.

Samedi matin, la goélette française « Nouvelle Société », capitaine Jacques, venant Swansea, avec un chargement de charbon, s'est mise à la cote, sous Trouville. L’équipage a été sauvé.

Un bateau, honfleurais monté par le patron Abrard, a été jeté à la côte près Criquebeuf. L'équipage a pu se sauver.

Une autre embarcation, « l'Amélie », n° 80, patron Adolphe Baudry, a éprouvé des avaries et a perdu son appareil de pèche.

On écrit de Calais que rarement on avait vu un temps aussi épouvantable. La côte est parsemée de débris provenant de la rupture de la jetée. Un navire, la « Sirène », est échouée au ruisseau des Anguilles, et le remorqueur n'a pu sortir pour aller à son secours. Un vapeur anglais, venant de Calais a sombré en face de Douvres. L'équipage a été sauvé.

Il se confirme que sur les trois cents passagers de « l'Eurydice », naufragés en vue des côtes anglaises, deux seulement ont été sauvés. Sur notre littoral, on recueille chaque jour des épaves provenant de ce sinistre.  

 

Août 1878   -  Les bains de mer.  -  C'était fête à Courseulles dimanche. Jamais il n'y avait eu foule pareille. Dans le train de 9 heures 20, qui n'est parti qu'à 10 heures, plus de 1 000 promeneurs ont pris place. Dans la gare et aux abords, c'était un tohu-bohu indescriptible, il y a même eu des vitres de brisées. Pendant que les uns maugréaient et se lamentaient, les autres chantaient et criaient, au grand mécontentement des gendarmes, qui nous ont paru, dans la circonstance, un peu trop irascibles et enclins à verbaliser.

— On se plaint toujours et partout de la malpropreté des dunes. A Luc, la descente à la mer n'est plus seulement un cloaque, c'est aussi un casse-cou.

  A Villerville, c'est au nez et à la barbe du garde champêtre qu'on dépose, en face de l'hôtel, les détritus des cuisines.

  A Lion, c'est avec les saletés de la commune qu'on élargit les dunes.

— A Langrune, on a dernièrement planté un calvaire. Par suite d'autorisations un peuu trop légèrement données, le lieu où s'est tenue la cérémonie religieuse extérieure était entouré de femmes colosses et de veaux à deux tètes. Au banquet, des invités se sont plaint de n'avoir qu'un verre et une tasse à café pour deux. Passe, pour le verre, mais pour le café, impossible d'accorder celui qui ne met dedans qu'un larmo d'eau-de-vie et celui qui s'en fourre douze demoiselles comme, un chantre que nous connaissons.

— Que les temps sont changés !.. Aujourd'hui, à Saint-Aubin, on se plaint de trop entendre retentir la cloche de la vente au poisson. Jadis, c'était différent. Au premier coup, tout le pays était sous cloche. C'est là qu'on apprenait les nouvelles du jour et de la nuit, c'est là qu'un petit groupe, aujourd'hui en partie disparu, passait en revue le bataillon féminin, c'est là qu'on recherchait, pourquoi Mme X……. avait les yeux gros de larmes et sa voisine les traits un peu fatigué, et toujours on en trouvait la cause dans le départ subit d'un ami intime, ou l'arrivée  d'un mari anxieusement attendu. C'est là aussi que Jamet annonçait qu'à la grand'messe maître Rossignol chanterait en musique, et qu'à vêpres son curé prêcherait, en faux-bourdon.  

 

Avril 1879   -  Pêche des moules.  -  L'exploitation des moulières ci-après désignées est autorisée, savoir : Quartier de Caen : Moulières de Gonneville, d'Auberville, de Villers, d'Hermanville, de Lion, de l'Aiguillon, de Tracy, de Port, de Longues, de Huppain, de Ste-Honorine. Sous-quartier de Courseulles : Moulières de Figar, de Lombay, de Creuhot, de Lihan, de la Folie, de la Home, de l'Escorbat, de l'Anguille, de Langrune, de Saint-Martin, de Valet, de Haut-Rocher, des Grouins, de la Vieille-Pouque, de la Roquette, des Essarts, de Bernières, de Maragnan, de Germain, de la Roquette, de la Tunelle: de Saint-Gerbaut, de l'Epecque.

Les moules pêchées en contravention seront reportées par les délinquants sur les bancs d'où elles proviendront. Il est défendu d'arracher les moules à poignée et de les cueillir avec d'autres instruments qu'un couteau, et de circuler sur les moulières avec des voitures ou des bêtes de somme. Il est défendu de pêcher et d'employer à un usage quelconque, notamment à l'engrais, les moules n'ayant pas la dimension minimum de trois centimètres.  

 

Septembre 1879   -  Par vaux et par chemins.  -  Chaque année, lorsque arrivent les mois d'août et de septembre, on donne, sans leur demander leur consentement, congé aux cantonniers. Cette Vacance laisse ses routes privées de tout entretien, idée peu heureuse surtout en ce qui concerne les voies conduisant à nos cités balnéaires. 

Aussi nous signale-t-on la route de Caen à Lion, dans la partie aboutissant à cette commune, qui est, sur certains points, dans un état déplorable. 

Pendant que nous y sommes, disons que l’administration municipale persiste à laisser déposer librement sur les dunes les détritus de toute espèce. M. l'agent voyer en chef qui a dit-on pour certaines voies du littoral de tendres sollicitudes ferait bien de jeter un coup d’œil sur ladite route. 

Le port de Courseulles est en train de faire des frais pour devenir une cité balnéaire. Aussi l'administration supérieure a-t-elle tort de lui jeter des cailloux dans les jambes en déposant des tas de pierres sur le seul point où la plage est d'un accès facile. Et cela en si grande quantité qu'on les croirait destinées à conduire une nouvelle tour de Babel, où viendraient se réunir tous les fonctionnaires galonnés et décorés du département pour essayer, de s'entendre sur nos intérêts.  

 

Juin 1881  -  Sinistres maritimes.  -  Plusieurs sinistres sont signalés sur nos côtes de Normandie. Pendant deux jours, les vents ont soufflé de l'ouest avec une grande violence, beaucoup de pêcheurs, surpris au large par des grains d'orage, ont fait des avaries, quelques-uns n'ont pu regagner leur port et se sont trouvés en perdition.

 

Juin 1881  -  Bains de mer.  -  Presque tous les hôtels de notre littoral ont ouvert le 15 juin. Celui de la Belle-Plage, à Luc, appartenant à M. Ernest Pagny, a été augmenté d'une construction immense, avec salle à manger pouvant contenir 200 couverts.

A Cabourg et à Saint-Aubin, on a tellement construit, que ces deux pays ne sont plus désignés que sous les noms de Saint-Aubin les moellons et de Cabourg la brique.

A Lion, on reconstruit le théâtre de M. Hugot ; on en construit un à Saint-Aubin, qui sera également desservi par M. Hugot, dont la troupe desservira le Casino de Cabourg.  

 

Août 1883  -  Bains de mer.    Décidément, l'année est mauvaise. Toutes les cités balnéaires, sans exception, se plaignent. Il en est pourtant qui font tout ce qu'elles peuvent pour attirer les baigneurs. Lion, sous se rapport, est en retard. Cependant, un syndicat, à la tète duquel se trouve M, Gravier, est en voie de formation. Son but est l’endiguement et l'entretien des dunes, et aussi l'établissement d'un tramway à vapeur. 

Une singulière affaire vient de se passer dans ce pays. Le maire avait autorisé une loterie à s'installer sur la dune. Le propriétaire riverain, que cela pouvait gêner, ne se plaignait pas, mais voilà qu'un propriétaire du second plan se met à réclamer et à pétitionner, si bien que le préfet donna l'ordre au maire de faire déguerpir le petit industriel. 

On prétend même que, depuis, on n'en autorisé plus du tout dans la commune, et que c'est à cause de cela qu'il n'y aura pas de fête. M. le maire de Lion eût mieux fait de résister, en faisant remarquer au préfet que bien des gros bonnets ne seraient pas aussi fiers aujourd'hui si, au début de leur fortune, on avait mis des entraves à leur négoce.  

 

Septembre 1883  -  Les dangers du bain.    Dimanche, est morte, à Lion-sur-Mer, une jeune fille de 14 ans, qui, sans en soupçonner les conséquences, avait pris un bain dans un moment critique. A peine sortie de l'eau, la pauvre enfant gémit au lit, et n'a pas recouvré sa connaissance pendant plusieurs jours. Son corps a été transporté à Paris, où il sera, inhumé dans le caveau de sa famille.  

 

Janvier 1884  -  L’ouragan.    L'ouragan de vendredi et de samedi a causé de sérieux ravages dans notre région. 

A Caen, les tuiles et les tuyaux de cheminées pleuvaient dans les rues. Samedi soir, un passant, qui se trouvait petite place du Lycée, a été enlevé par un tourbillon de vent et jeté dans la devanture de la boutique de M. Lubin, pâtissier, dont une glace a été brisée. Plusieurs vitraux de l'église Saint-Pierre ont été brisés. La violence de l'ouragan a renversé une des petites colonnettes de l’abside, dont la chute a causé de sérieuses avaries à la voûte d'une chapelle. Une toiture a été enlevée rue Sainte-Paix. 

Dans les campagnes, des arbres ont été brisés. Les toitures en chaume ont été enlevées dans beaucoup d'endroits. Nombre de pommiers ont été déracinés dans le pays d'Auge. 

A Luc, le casino a résisté, à Lion, le théâtre Hugot a été rasé. Le mauvais temps a retardé l'arrivée des trains. 

La voiture de Balleroy a été poussée par le vent jusqu'au bord d'un fossé, au grand effroi des voyageurs qui, fort heureusement, en ont été quittes pour la peur. 

A Beuvron-en-Auge, la tempête a déraciné plusieurs arbres et, découvert une partie de la filature de M. Gallet. Les travaux ont dû être suspendus pendant quelques jours. Cette filature occupe 50 ouvriers.

 

Septembre 1884  -  Les cadavres de Lion.    Dimanche soir, à Lion sur-Mer, on a trouvé sur la grève deux cadavres L'un, était celui de M. Harant, 60 ans, ancien président du conseil municipal de Paris, habitant Bernières. Il avait sur lui 1 franc et sa montre. Il était blessé à la tête. Le second était celui d'un ouvrier nommé Pierre, il était blessé aussi à la tète. Le parquet a commencé une enquête et M. le docteur Denis-Dumont a été chargé de faire les constatations médicales. On ne peut préciser encore s'il y a eu crime ou accident.

 

Septembre 1884  -  Les cadavres de Lion.    Le parquet de Caen, qui persiste a croire, avec raison, à un crime, continue son instruction au sujet des deux cadavres découverts, la semaine dernière, au pied des falaises de Lion.

L'une des victimes est bien, comme nous l'avons dit, M. Harant, ancien chef d'institution à Paris, ancien conseiller du 4e arrondissement. Il était âgé de 60 ans, l'été, il habitait avec sa femme une petite propriété à Bernières et faisait chaque jour de longues courses. Il n'en est pas moins étrange qu'il se soit trouvé, à huit heures du soir, entre Lion et Luc, dans un sentier dangereux même pour les gens de la côte. La canne de M. Harant a été trouvée en possession d'une personne du pays, qui prétend l'avoir ramassée sur le haut de la falaise, M. Harant ne la tenait donc pas à sa main lorsqu'il est tomba. D'un autre côté, deux témoins croient avoir vu, un peu avant huit heures, M. Harant cheminant sur la falaise et suivi à peu de distance par deux individus qui parlaient haut, et, paraissaient en état d'ivresse. Deux jeunes filles déclarent aussi avoir entendu du bruit vers la même heure, mais, saisies d'effroi, elles se seraient enfuies.

L'identité de l'autre cadavre n'a pu encore être complètement établie. Sa photographie a été envoyée dans plusieurs directions. On sait que c'est un nommé Pierre, jouissant d'une bonne réputation. Batteur en grange, il se rendait à Lion pour trouver de l'ouvrage.

L'autopsie a constaté : que les deux cadavres portent les mêmes contusions ou fractures au crâne, faites pendant la vie, détail important, car le corps de M, Harant a dû être jeté à la mer après la mort. Le corps de Pierre a été jeté à la mer pendant la vie, de l'eau ayant été retrouvée dans les poumons.

On suppose que M. Harant a été attaqué, et que, ayant crié au secours, Pierre sera accouru. Les assassins, après s'être débarrassés de M. Harant, se seraient alors jetés sur Pierre et  l'auraient tué pour faire disparaître un témoin de leur crime, qui devait avoir le vol pour mobile, car on a bien retrouvé sur M. Harant sa montre et un franc,  mais sa femme pense qu'il devait avoir sur lui d'autres valeurs, soit en espèces, soit en billets.

Ces détails semblent établir d'une façon indéniable qu'il y a eu crime. Mais quel en est l'auteur ou les auteurs ? Il sera bien difficile de le découvrir, le crime n'ayant pas eu de témoins.  

 

Août 1885  -  Sauvetage.  -  Jeudi, à Langrune, le baigneur Levillain baignait une des petites filles de Mme Loisel, de Bernay. La mer était fort rude. Plusieurs vagues les culbutèrent et, malgré les efforts de Levillain, un malheur était à craindre, quand un autre baigneur, nommé Desaunais, s'élança à leur secours et fut assez heureux pour les sauver. 

— L'avant-veille, à Lion, un fait semblable s'est produit. Une jeune fille de 17 ans se baignait comme la mer commençait à se retirer. Elle fut entraînée et allait périr sans le sieur Very, garde champêtre, qui se jeta à l'eau avec deux jeunes gens. Ils purent maintenir la jeune fille jusqu'à l'arrivée d'une barque qui vint à leur secours.  

 

Novembre 1886  -  Les baleines dans la Manche.  -  Lundi, un bateau de pêche anglais a manqué d'être coulé par une bande d'une demi-douzaine de baleines, mesurant de 15 à 20 mètres, qui prenaient leurs ébats dans la Manche.

 

Janvier 1887  -  Mauvais temps.  -  Après le vent, la pluie et la tempête, nous voilà envahis par la neige. C'est général. En Angleterre et en Allemagne, les communications ont été interrompues. Plusieurs personnes ont été englouties sous la neige, notamment un canonnier détaché d'un fort, qui était venu à Epinal chercher le prêt des hommes. S’il faut en croire les prévisions météorologiques, de nouvelles tempêtes ne tarderont pas à se faire sentir encore sur nos côtes.

Parmi les accidents de ces, derniers temps, citons l'effondrement d'une construction de trois étages presque achevée, bâtie à Lion-sur-Mer pour M, Pasquier, propriétaire a Paris.

 

Mai 1887  -  Victimes de la mer.  -  Dimanche l'après-midi, à Lion-sur-Mer, à 200 mètres de la plage, une barque de pêche a chaviré, précipitant à la mer le sieur Groult, 56 ans, ses deux fils et un matelot. Une embarcation est venue à leur secours, mais Groult qui avait èté pris dans ses filets était mort quand on l'a retiré.  

 

Septembre 1887  -  Endroit dangereux.  -  Sur la route de Luc à Lion, à droite, on nous signale une ancienne carrière à chaux, très voisine de la route et non comblée. Cette carrière est très dangereuse, surtout la nuit, il serait indispensable que la municipalité de Luc avisât au plus tôt aux moyens de prévenir les accidents qui ne manqueront certainement pas de se produire. Cette carrière est proche de l'endroit où l'infortuné conseiller municipal parisien, Harant, a été trouvé inanimé.  

 

Septembre 1887  -  La grande marée.  -  Dimanche, grande affluence sur nos côtes pour voir la grande marée. L'attente des curieux n'a pas été déçue. Les vagues se précipitaient avec une grande violence le long des falaises qui séparent Luc de Langrune et Lion, souvent même elles se jetaient sur la route. Aussi nombre de promeneurs ont-ils été inondés, notamment un magistrat du tribunal de Caen qui a reçu un superbe coup de mer.  

 

Janvier 1888  -  Un marchand de navets.  -  Mercredi matin, un marchand de navets de Lion-sur-Mer vendait, avec sa voiture, aux abords du Marché-Couvert. Un agent de l'adjudicataire lui a fait payer un franc, sous prétexte qu'il n'avait le droit de vendre qu'à cent mètres du Marché. Nous savons que le marchand était dans son tort, mais nous nous demandons qui a autorisé Vernaison à encaisser un franc pour une contravention que le juge de paix a seul le droit d'apprécier et de punir d'une amende dont le produit doit être intégralement versé dans la caisse de la ville.  

 

Août 1888  -  Mort accidentelle.  -  La semaine derniers, la sieur Eugène Pesnel, 60 ans, baigneur à Lion-sur-Mer, étant ivre, voulut aller à Luc en périssoire. Celle-ci chavira. Gustave Hippolyte, 30 ans, baigneur également à Lion, se porta au secours de Pesnel et le ramena sur le sable, mais l'imprudent baigneur ne put être rappelé à la vie. Il avait été frappé d'une congestion.  

 

Septembre 1888  -  Nouvelle exagérée.  -  Le bruit a couru à Caen qu'une femme avait été assassinée à Lion-sur-Mer. Le fait est inexact Une pêcheuse a bien été attaquée par des rôdeurs qui lui ont porté des coups et lui ont volé 5 francs. Elle a été conduite chez le médecin qui a constaté des blessures légères. 

 

Septembre 1888  -  Le crime de Lion-sur-Mer.  -  Nous avons parlé d'une femme de Lion-sur-Mer, maltraitée et volée la semaine dernière par des vauriens. C'est une femme Sure, 20 ans, pêcheuse, habitant la falaise avec son mari. II était huit heures du soir, elle revenait de Lion, faire ses provisions et regagnait sa demeure, lorsque, deux individus se jetèrent sur elle, lui portèrent des coups et lui firent des blessures heureusement sans gravité, puis ils la dévalisèrent de ses provisions, de son argent, 5 à 6 fr., et d'un fichu qu'elle avait sur les épaules. La femme Sure n'a pas pu donner le signalement exact de ses agresseurs. On soupçonne deux mauvais sujets du pays, mais il n'y a aucune preuve et leur mise en état d'arrestation n'a pas pu avoir lieu. La femme Sure est revenue à Caen, cette semaine, faire son petit commerce.  

 

Octobre 1888  -  Lâche vengeance.  -  Vendredi soir, un incendie a consumé, à Lion-sur-Mer, une meule de 1 000 gerbes de blé, appartenant au sieur Adolphe Lebon Patey, propriétaire. Des empreintes de pas, fraîches relevées, sur le chemin et près de la meule incendiée, font supposer que le feu a été mis par vengeance. La perte est estimée à 1 300 francs.  

 

Décembre 1888  -  C’est un accident.  -  Lundi au matin, le cadavre du sieur Meurdrac, 49 ans, douanier, était trouvé au pied des falaises de Lion, un peu en avant des premières maisons de cette commune. Au coté gauche de la tête, Meurdrac avait deux blessures et, sur le derrière du crâne, une autre assez profonde pour avoir pu occasionner la mort. Meurdrac n'était pas de service régulier, se sentant pris de coliques et ne pouvant dormir, il avait offert à son collègue de Luc, de prendre son service de nuit. 

L'enquête le suit jusqu'à dix heures du soir. Au premier moment, on a cru à un accident, et c'est l'opinion de tous. Mais, en raison de la nature des blessures, le parquet a cru devoir rechercher s'il n'y avait pas eu crime. Il s'est rendu mercredi sur les lieux, et l'autopsie a démontré que Meurdrac est tombé frappé d'une congestion. Il donnait encore signe de vie quand on l'a transporté à son domicile, où un docteur du pays n'a pas voulu lui donner de soins, sous prétexte qu'il n'est pas médecin des douanes. Meurdrac laisse une veuve et deux enfants.  

 

Juin 1889.   -   Sauvetage.   -   Un médecin de la région, voulant se baigner à Lion, a été pris d'une congestion pulmonaire, il allait infailliblement périr, lorsque M. Vivier s'est jeté à l'eau, et, quoique ne sachant nullement nager, il a été assez heureux de le saisir et de le ramener à terre.

A la suite, le baigneur a été pris d'une fluxion de poitrine. ( Bonhomme Normand)

 

Août 1889.   -   Les dangers du bain.   -   Mardi, M. Autin, instituteur à Paris, prenait son bain à Lion-sur-Mer. S'étant avancé trop loin en mer il a perdu pied. Malgré l'intervention des baigneurs Pesnel et Pouchon, appelés par les cris désespérés de Mme Autin et de ses enfants, M. Autin n'a pu être retiré de l'eau qu'au bout d'une demi-heure de recherches ; il avait cessé de vivre.

La famille Autin est dans une profonde détresse. Venu à Lion pour la santé d'un enfant malade, le pauvre instituteur dépensait ses dernières économies.

Une quête qui a été fructueuse a été faite sur la plage pour les enfants et la femme d'Autin. ( Bonhomme Normand)

 

Septembre 1889.   -   La lâcheté d’un maître-nageur.   -   Nous avons raconté le triste accident dans lequel M. Autin, instituteur à Paris, a trouvé la mort en se baignant à Lion-sur-Mer.

Plusieurs baigneurs qui se trouvaient sur la plage appelèrent le maître-nageur Vannier. Celui-ci accourut, mais déclare « qu'il n'était pas en costume pour se jeter à l'eau et qu'il ne voulait pas s'exposer pour des gens qui ne lui faisaient pas gagner d'argent »

Un autre maître-baigneur, Pesnel, arriva quelques instants après, et s'empressa d'aller au secours du malheureux Autin, mais, mal renseigné sur l'endroit exact où il avait perdu pied, il fit longtemps des recherches inutiles et ce n'est qu'au bout d'une demi-heure qu'il parvint à retirer de l'eau le cadavre du noyé, aidé de son camarade Pouchon.

Une lettre couverte de deux cents signatures a signalé à l'autorité judiciaire l'indigne lâcheté de Vannier, moralement responsable de la mort de ce pauvre instituteur qui laisse dans la misère une veuve et deux orphelins. ( Bonhomme Normand)

 

Juin 1891  -  Les orages.  -  Les derniers orages ont occasionné de grands ravages dans notre contrée. Ces orages se sont fait sentir dans toute la France. A Limoges, les recolles ont été détruites par la grêle. 

— Près de Château-Thierry, une femme a été tuée par les grêlons. 

— C'était lundi la Saint-Médard, il a plu. En aurons-nous pour 40 jours ?

 

Juin 1891  -  Le tramway.  -  Les travaux du tramway Decauville, sont poussés avec activité. Dans les premiers jours de juillet Lion-sur-Mer sera desservi.

 

Juin 1891  -  Tous les sacrements.  -  Mon Seigneur l’évêque de Bayeux vient de visiter plusieurs communes du littoral. Il a donné, à Lion, tous les sacrements : baptême, confirmation et communion, à un personnage de la commune. Puis il est allé dans plusieurs communes confirmer les enfants de la première communion. A cette occasion, il y a eu une fausse alerte. A Langrune, on a voulu annoncer la fête par un carillon, les pompiers de Luc ont cru qu'on sonnait au feu et sont accourus.

 

Août 1889   -   Une belle pêche.  -   Il a été pris mardi à Lion-sur-Mer, par deux pêcheurs, un monstre marin du poids de 150 kilogrammes et d’une longueur de 2 mètres.

M. Pesnel, directeur de l’établissement des bains chauds, a fait une tente à l’instar des Buffalo-Bill’s pour abriter le monstre, et, pendant toute la journée, les baigneurs et promeneurs n’ont cessé de faire  queue pour contempler ce bizarre animale.

 

Août 1889   -  La pierre à poisson.   -    A Lion comme à Luc, à Luc comme à Langrune et à Saint-Aubin, la pierre à poisson est un monument, un temple qui, tous les matins, voit groupés autour de lui ses  fidèles. Ce n'est rien, et s'est tout, un microscopique dolmen en pierre de taille recouvert, par un anachronisme impardonnable, d'une toiture de zinc. Son grand prêtre, le crieur, est presque un dieu : son carnet d'une main, son crayon de l'autre, il préside au sacrifice. Les victimes défilent, se succèdent, les soles remplacent les homards, brèmes, les turbots. Fiévreusement, il interroge de son regard perçant, non pas leurs entrailles.... mais les yeux des acquéreurs.

La pierre à poissons vie, c'est l'agora, c'est le forum où, tous les matins dès huit heures, à l'appel de la cloche, se réunissent les Athéniens et les  Romains du XIXe siècle. La foule s'y presse nombreuse, elle  suit attentivement, les moindres paroles de son orateur qui, du haut de la pnyx, des rostres, déclame d'une voix tonnante les mises à prix et les surenchères.

La pierre à poisson, mesdames, c'est un prétexte aux gracieux déshabillés du matin, c'est un prétexte au pied finement cambré pour se montrer dans une mule découverte, aux cheveux  noués à la hâte pour dérouler les mèches rebelles d'or ou de jais.

Que n'est-ce pas encore ? C'est une institution, c'est un comptoir de libre-échange, c'est...... Je n'en finirait plus.

La pierre à poisson, baigneurs, c'est mieux que tout cela, c'est la vie des pêcheurs. C'est là que pendant trois mois, la vente du poisson subvient à leurs besoins de toute l'année.  Acheteurs, ne craignez pas d'ouvrir la main un peu grande, surenchérissez, ne voyez-vous pas le pauvre pêcheur, son panier à la main, qui attend impatiemment le produit de la vente.  

 

Janvier 1891  -  Singulière application de la loi.  -  Le sieur Placide Letellier, 44 ans, couvreur à Lion, avait tendu des pièges pour prendre des martres qui faisaient la guerre à ses volailles. Mais, comme ces pièges sont des engins de chasse prohibés, il a eu 50 fr. d'amende. C'est la loi, nous le savons, mais n'est-il pas singulier de la voir protéger martres et putois ?

 

Août 1891  - Vélocipédie.  -  Le préfet du Calvados est encore plus exigeant que le maire de Caen. A l'avenir, dans le Calvados, les vélocipèdes devront être munis d'une plaque portant le nom de leur propriétaire, et de grelots d'un son assez clair pour être perçu à une distance de 100 mètres au moins. Les vélocipédistes tiendront toujours la droite. Ils devront sonner de la trompe, ou faire vibrer un timbre, jusqu'à ce que les piétons se soient écartés, et, si ces derniers ne se rangent pas, ils seront tenus d'arrêter leur vélocipède. Aussitôt après le coucher du soleil et au plus tard à partir de 4 heures en hiver et de 8 heures en été, les vélocipèdes devront être munis d'un falot.

 

Août 1891  - La pluie.  -  Une tempête épouvantable, accompagnée et suivie de pluie, a désolé notre région. On a fait un compte désolant. Depuis le 1er janvier 1891, il a plu 150 jours.

 

Septembre 1891  - Charretiers et vélocipèdes.  -  L'arrêté du préfet du Calvados contre les vélocipèdes porte ses fruits. Un commerçant de Caen, qui se rend chaque jour à Lion où est sa famille, a rencontré, l'autre soir, 14 voitures non munies de lanternes alors que son véloce en était orné. De plus, il a dû effleurer le fossé de la route, afin d'éviter une altercation avec un charretier qui lui barrait le chemin en montrant un mauvais vouloir, inspiré à la fois par les sous de café et l'arrêté préfectoral.  

 

Juillet 1892  -  Suicide.  - Dimanche, à Lion-sur-Mer, on a trouvé pendu dans le bois Marie, le nommé Honoré Leboucher, 51 ans, né à Périers (Calvados). Leboucher était cité cette semaine, pour coups et blessures, devant le tribunal correctionnel de Caen. En outre, il était constamment ivre. (Source B.N.)  

 

Octobre 1892  -  Toujours la même chose.  -  On nous signale, de Lion-sur-Mer, un garnement qui roue de coups et piétine sur sa mère quand il est ivre. Par peur, personne n'ose le dénoncer.  (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Avril 1893  -  Mort accidentelle d’un vélocipédiste.  -  M. de Cuverville, 28 ans, accompagné de deux de ses parents, MM. Paul Charpentier, 24 ans, et Henry Martin, 13 ans, tous demeurant à Paris, quittaient cette capitale pour venir en Normandie. 

Mardi, ils descendirent à Caen, hôtel de France, où ils passèrent la nuit. Mercredi matin, ils partirent en bicyclette pour Luc, en passant par Ouistreham, ils déjeunèrent à Riva-Bella, puis continuèrent leur route en longeant la mer. Arrivés sur les falaises du Haut-Lion, M. Charpentier, qui était d'environ 50 mètres plus avancé que ses compagnons de route, commit l'imprudence de rester en selle, quoique marchant à une allure très modérée, et tomba au bas des falaises avec sa machine, d'une hauteur de 6 à 7 mètres. Dans sa chute, il se fit de graves blessures au nez, au-dessus de l’œil droit et se cassa le bras droit au-dessous de l'épaule, on s'empressa de lui porter secours et on le transporta à l'hôtel Belle-Vue. Le malheureux jeune homme est mort le lendemain des suites d'une hémorragie interne. Le corps a été transporté à Lorient, lieu de sa naissance. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1893  -  Tramway Decauville.  -  La ligne de Caen à Bénouville fonctionne. Ce tramway dessert, d'un côté : Caen, Calix, Hérouville, Blainville et Bénouville ; de l'autre : Ouistreham, Riva-Bella, Colleville, Bréche-d'Hermanville, Lion et le Haut-Lion

Enfin, de l'autre côté du Canal : Ranville, Amfréville, Sallenelles, Merville, Le Home et Cabourg, avec correspondances avec les lignes de l'Ouest et de la Mer. Dimanche, il y a eu foule de voyageurs. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1893  -  Ou conduit l’amour des détours.  -  Vous êtes à Courseulles et vous vous dites : « Je vais envoyer une bourriche d'huîtres à mon conseiller général, M. Gravier, afin qu'il puisse apprécier les beautés du Decauville, dont il a doté le littoral ». (On dit même qu'il est en pourparlers pour l'acheter). 

Vous mettez votre bourriche en gare de Courseulles, à 7 heures 35, en vous disant : « Elle arrivera sûrement à Lion à 11 heures pour le déjeuner ».  

Ah bien oui ! faudrait pour cela que la compagnie Mauger connût la ligne droite. 

Suivez bien votre bourriche : elle part de Courseulles et passe à Luc (tête de ligne Decauville), s'arrête gare St-Martin, se dirige vers la gare de l'Ouest, là, on la transwagonne pour Dozulé-Putot, puis pour Dives, où on la retranswagonné sur le Decauville qui la dépose enfin à Lion, mais le surlendemain seulement.

Nous savons bien que tout chemin mène à Rome, mais, pour aller de Courseulles à Lion, faire passer une petite bourriche d'huîtres par Caen, Dozulé, Dives, etc…., c'est pousser un peu trop loin l'amour des détours. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1893  -  Chronique judiciaire.  -   Théodore Deliot, 47 ans, cultivateur à Lion-sur-Mer, chasse,16 f. 

— Pierre Gillette, 68 ans, journalier, à Allemagne, coups et blessures à sa femme, 15 jours de prison, 

— Albert Barbe, 15 ans, journalier à Bernières-sur-Mer, vol d'une somme d'argent au sieur Magniez, jusqu'à 20 ans dans une maison de correction. 

— Auguste Lelièvre, 53 ans, domestique à la Délivrande, outrages à la gendarmerie, ivresse, tapage, 1 mois. 

— Albertine Hepiegne, femme Beuron, 42 ans, journalière à Colombelles, vol de choux dans les champs au préjudice du sieur Cliquet, 1 mois et 16 fr. (source : le Bonhomme Normand)

 

Mai 1895  -   Guerre aux corbeaux.  -  Les corbeaux pullulent dans les parcs de certains châteaux et dévastent les récoltes. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de prendre des mesures pour forcer les propriétaires de ces parcs à les détruire eux-mêmes ou à les laisser détruire ? Renvoyé à qui de droit.  (source : le Bonhomme Normand)

 

Mai 1895  -   Escroquerie à la douleur.  -  Une femme, disant se nommer Quiquemelle et habiter Lion-sur-Mer, se présente dans les familles qui ne la connaissent pas et leur annonce la mort subite d'un proche. Grande douleur de la famille. On fait asseoir la messagère, on lui demande des renseignements. 

Elle répond à tout. Finalement, on fait un voyage plus ou moins long pour vérifier la nouvelle et assister à l'inhumation, et il se trouve que la femme Quiquemelle raconte de tout point son histoire pour se procurer son repas et quelques sous qu'elle va dépenser au cabaret. Cette femme sortait de prison et va y rentrer, car elle vient d'être condamnée à deux mois. (source : le Bonhomme Normand)

 

Août 1895  -  Les fantaisies du tramway de Caen la Mer.  -   Dimanche soir, le tramway de Caen à la Mer a encore fait des siennes. Les voyageurs d'un train revenant sur Caen ont dû descendre à peu de distance de Sallenelles et gravir à pied jusqu'à Amfréville, comme au vieux temps des diligences, la rampe que le train ne pouvait monter. Réinstallés à Amfréville, ils ont eu une nouvelle aventure à la Tour-des-Gendarmes, où ils ont vu arriver sur eux, suivant la même voie, un train allant à Ouistreham. Les deux trains se sont arrêtés à quelques-mètres l'un de l'autre. Dans les deux, la panique des voyageurs a été incroyable. Beaucoup sont descendus et n'ont pas voulu remonter dans ce tramway où un homme prudent n'osera bientôt plus se risquer sans avoir fait son testament.

  Lundi soir, nouveau déraillement entre Riva-Bella et Lion. Les voyageurs, peu satisfaits, sont rentrés chez eux à pied, avec un retard considérable. (source : le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1895  -  Vol dans une église.  -   Une nuit de la semaine derrière, des malfaiteurs se sont introduits dans l'église de Lion-sur-Mer, brisant les vitres et fracturant les troncs, qu'ils ont explorés les uns après les autres, mais ils n'ont réussi qu'à dérober une somme de 15 fr. Un côté de ridelle, qui a servi d'échelle aux voleurs pour pénétrer dans l'église, a été reconnu par M. Robert, à Lion-sur-Mer, comme, lui appartenant. (source : le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1896  -  Chute mortelle.  -  Le sieur Albert Deliot, 42 ans, demeurant à Lion-sur-Mer, revenait avec sa voiture de vendre du blé à Caen. Son fils Auguste, âgé de 15 ans, dormait couché sur de la paille, lorsque, arrivé à Mathieu, il fut réveillé par le bruit d'une chute. Il arrêta le cheval et descendant de voiture, il trouva son père étendu sur la route et ne donnant plus signe de vie. 

On transporta le malheureux Deliot chez M. Piéplu, aubergiste à Mathieu, mais tous les soins furent inutiles, car Deliot, qui portait une blessure au crâne, près l'oreille droite, est mort peu de temps après. On ignore comment cet accident a pu ce produire. (source : le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1896  -  Le premier de l’an.  -  Triste, comme le temps. Pas de réceptions officielles et très peu d'intimes. Au lieu de recevoir, magistrature et fonctionnaires se donnent le mot pour ne pas « recevoir ». 

— Le commerce se plaint que l'on n'achète pas comme autrefois. Le jour de l'An, comme tant d’autres usages  s’en irait-il aussi ? (source : le Bonhomme Normand)

 

Avril 1896  -  Les victimes de la Mer.  -  Vendredi dernier, à dix heures du soir, une barque de pêche de Lion-sur-Mer, patron Grou, matelots Grou fils et Paillard, a, par suite d'un accident produit par la chute du mât qui a défoncé un des bordages, sombré à environ deux milles en mer. Les marins ont ramé vers la terre, mais, à un mille du rivage, la barque a complètement sombré. Leurs cris d'alarme ont été enfin entendus, mais au bout, d'une heure seulement, et ils ont été sauvés par plusieurs personnes courageuses au moment où, n'en pouvant plus, ils allaient périr. (source : le Bonhomme Normand)

 

Avril 1896  -  Conseil Général.  -   Comme il était facile de le prévoir, l'impôt sur le revenu n'a pas été bien accueilli par la presque totalité des conseils généraux. Celui du Calvados, à l'unanimité moins deux abstentions, celles de MM. Knell et Bunel, a émis le vœu que le projet du gouvernement soit repoussé. (source : le Bonhomme Normand)

 

Avril 1897  -  Ou la statistique va-t-elle se fourrer ?  -  On dit que la population diminue en Calvados. Les femmes de certaines communes font cependant ce qu'elles peuvent, car un statisticien, fort dangereux pour les ménages, vient de découvrir qu'en la commune de Langrune-sur-Mer, 870 habitants, il y a, en ce moment, trente-cinq femmes dans un état des plus intéressants. A Lion, 1 060 habitants, trente-cinq femmes sont aussi dans le même cas. A Hermanville, 740 habitants, il n'y en a que vingt-huit, c'est déjà coquet. 

Les uns attribuent cet état de choses à l'affluence des baigneurs au cours de l'été dernier, d'autres, au concours entre les enfants ayant moins d'un an révolu et élevés au sein par leur mère, dans les communes d'Hermanville et Lion, organisé, l'été dernier, par Mme Béquet de Vienne, fondatrice de la société de l'Allaitement maternel, à Paris.

A Cabourg, M. Legentil vient de faire baptiser son douzième enfant. Comme on le voit, ce n'est pas du côté de « la mé » que le monde faillira ! (source : le Bonhomme Normand) 

 

Juin 1897  -  Un coup de balai.  -  On nous signale l'état de malpropreté de la plage de Lion-sur-Mer. Il serait à désirer que l'administration s'inspirât un peu du bon exemple que lui a donné l'ancien maire pour assurer l'hygiène et conserver à la plage sa bonne renommée. (source : le Bonhomme Normand)

 

Juin 1897  -  A propos de propreté.  -  Le maire de Lion-sur-Mer nous écrit que notre bonne foi a été surprise, car les rues, ainsi que la plage, sont parfaitement propres et mieux entretenues qu'au temps de l'ancienne administration, ceci à la connaissance de tous les habitants et étrangers. (source : le Bonhomme Normand)

 

Août 1897  -  Respect aux arrêtés.  -  Il y a un arrêté préfectoral qui prescrit aux cyclistes d’être munis d'un appareil sonore, d'un autre côté, la prudence leur ordonne de modérer leur allure dans les endroits passagers. Arrêté préfectoral et prudence sont lettres mortes pour la plupart des cyclistes, aussi, chaque jour amène-t-il son accident. La semaine dernière, à Lion-sur-Mer, Hericy Poulain, un pauvre vieux de 70 ans, a été renversé et grièvement blessé par un tandem conduit à grande allure par MM. Querrière et Hamelin, en villégiature à Saint-Aubin. L'un des cyclistes a même été projeté durement sur le sol. Ces jeunes gens sont riches : ils dédommageront le pauvre vieux et les arrêtés n'en seront pas plus respectés. 

— Ces jours-ci, Mme Mâche, la mère du chef d'orchestre du casino de Luc, avait été renversée par un cycliste allant également à grande vitesse. Plainte a été portée à qui de droit, mais cette plainte parait être restée sans effet. (source : le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1897  -  Singulière trouvaille.  -  La semaine dernière, on a trouvé sur le bord de la mer, à Lion, un serpent boa mesurant 2 mètres 50 de long. Il portait au cou une ficelle à laquelle avait dû être attachée une étiquette. On se perd en conjectures sur la provenance de cet animal. (source : le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1897  -  Sauvetage.  -  Le sieur Lambert, marchand de moules à Lion-sur-Mer, péchant le matin, à la marée montante, aperçut un homme ayant de l'eau jusqu'au cou et sur le point de se noyer. Il se porta aussitôt à son secours et put le sauver. C'était le sieur Désiré Vigoux, 60 ans, retraité de la commune. (source : le Bonhomme Normand)  

 

Juillet 1898  -  Vols de vaches.     On a volé, dans un herbage, une vache de 400 fr. au sieur Octave Dumont, loueur de voitures à Lion-sur-Mer. 

— Un nommé Bèrard, de Capelle-les-Grands. a été arrêté par la police à Bernay, où il cherchait à vendre une vache volée par lui dans un herbage à Orbec. Cet individu a déjà, subi une condamnation à 2 ans de prison pour un fait de même nature. 

— On a volé, dans un herbage, une vache de 320 francs à la dame Bessin, cultivatrice à Trungy, près Bayeux. (source : le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1898  -  Trouvé dans le sable.    L e cadavre d'un homme, dont l'identité n'a pu être établie, a été trouvé dimanche à moitié ensablé sur la plage de Lion-sur-Mer. Le noyé, âgé de 60 ans environ, était atteint d'une hernie à l'aine et portait bandage. Autre signe particulier, il avait la jambe gauche sensiblement raccourcie. Le corps ne portait aucune trace de violences. La mort remontait à quelques heures.  (source : le Bonhomme Normand)

 

 Septembre 1898  -  Renversé par une bicyclette.   -   Une jeune fille de Soissons (Aisne), en villégiature à Lion-sur-Mer, a été renversée par un cycliste qui prenait part à une course de vitesse. Dans sa chute, elle a eu une jambe brisée. L'auteur de l'accident ne s'est pas arrêté pour porter secours à la jeune fille. (source : le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1898  -  Prison-Morgue.   -   A Lion-sur-Mer, on a fait bâtir une prison. Rien à dire, si le même réduit ne servait pas également de morgue. Au mois de juillet, le corps d'un noyé en putréfaction était déposé, pendant vingt-quatre heures, sur le lit de camp. 

Huit jours après, on y enfermait une femme et un homme qui avaient bu un coup de trop, sans avoir seulement fait nettoyer le lit de camp. Ces jours-ci, on a encore déposé sur le même lit le cadavre en décomposition du jeune Lair, qui s'était noyé à Ouistreham. Pas plus de nettoyage que la première fois. Et demain on peut encore enfermer dans cette prison-morgue un malheureux ivrogne, qu'on déposera à la même place où était un cadavre en décomposition. Pour être ivrogne, on n'en est pas moins homme, plus d'un habitant de Lion, ou d'ailleurs, le sait mieux que par oui-dire.  (source : le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1898  -  Prison-morgue.   -   M. le maire de Lion-sur-Mer, en réponse à notre article du dernier numéro « Prison-Morgue », nous fait savoir que le même bâtiment sert bien, comme nous l'avons dit, de morgue et de violon, mais après l'enlèvement des cadavres il est fait un nettoyage complet au phénol, ce qui enlève tout danger. D'ailleurs, les cadavres sont déposés sur le parquet et non sur le lit de camp. (source : le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1898  -  Renversée par une bicyclette.  -   En août, la demoiselle Couture, 21 ans, de Soissons (Aisne), en villégiature à Lion-sur-Mer, fut renversée par un cycliste qui prenait part à une course de vitesse. Dans sa chute, elle eut une jambe brisée. L'auteur de l'accident ne s'arrêta pas pour porter secours à la jeune fille et continua sa course. Le sieur Charles Jue, 26 ans, voyageur de commerce à Falaise, auteur de l'accident, vient de comparaître en police correctionnelle et condamné à 25 francs d'amende pour blessures par imprudence, et à 5 fr. pour contravention à l'arrêté préfectoral prescrivant que toute bicyclette doit être munie d'un appareil avertisseur.  (source : le Bonhomme Normand)

 

Février 1899  -  Nécrologie.  -  Le conseil municipal de Lion-sur-mer réuni le 20 février 1899, dans la salle des séances de la mairie. Profondément ému de la perte douloureuse que vient  de faire le canton de Douvres en la personne de son éminent conseiller général,  l'honorable M. Gravier, auquel le littoral est redevable du réseau de voies ferrées qui relient les stations balnéaires de la côte au chef-lieu et autres plages du département etc, etc...

S'associe à la légitime douleur de la famille de M. Gravier et la prie d'agréer l'expression de ses sincères et sympathiques condoléances. Charge son président d'être auprès de Mme  Gravier l'interprète de ses respectueux sentiments.  

Dans la même séance, la municipalité a décidé que la fête patronale Saint-Pierre, aura lieu le 2 juillet, et la grande fête de bienfaisance avec courses de chevaux, régates etc..., Le 20  août prochain.  (source : le Bonhomme Normand)

 

Juin 1899  -  Les locations.  -  Des locations marchent bon train. La Farandole vient d'être louée à Mme Eugène Lami, veuve du peintre si renommé. La villa La Brèche est louée non pas au Grand Turc ou à un ambassadeur de Perse, comme le bruit en a couru, mais à M. Schneider, l'ex-président du sénat. Voilà une bonne et belle fortune pour la plage. On annonce aussi l'arrivée prochaine de M. le baron Legouix, etc, etc...

Fête patronale Saint-Pierre. Le dimanche 2 juillet, à 2 heures, jeu de la Galetière ; à 3 heures, courses en sacs, courses en patins ; à 4 heures, mât de cocagne ; à 5 heures, courses aux ânes, courses diverses à pied ; à 6 heures courses à la nage en mer, sauvetage d'épaves (simulées).

Une quête sera faite pour les pauvres par les membres du bureau de bienfaisance. Jeux divers et variés.

À 9 heures, feu d'artifice sur la plage, fournie par la maison Mériel de Lion-sur-mer. Bal champêtre jusqu'à minuit sur la place de l'église, au son du violon.

Un train pour Caen et la ligne partira de Lion à 8 heures 35 du soir. Une grande fête de bienfaisance, avec régates, courses, etc..., aura lieu le dimanche 20 août prochain. Des affiches en indiqueront les détails.  (source : le Bonhomme Normand)

 

Juin 1899  -  Bains de mer.   -   Sur nos côtes, les locations commencent à se faire. Tout fait présager une bonne saison.

  La belle villa que le regretté M. Gravier a fait construire à Lion, brèche d'Hermanville, est louée pour trois mois à M. Schneider, directeur des mines du Creusot.

   A la suite des tracasseries et des exigences de la commune et du casino de Luc, le grand hôtel Belle-Plage ne doit pas ouvrir cette année. L'administration municipale avait déjà chassé les processions : elle est la cause de la fermeture du plus important hôtel. C'est complet. (source : le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1899  -  L’école des Sœurs.   -  L'école des Sœurs de Lion-sur-Mer vient d'être fermée officiellement, faute de ressources, dit-on. La distribution des prix n'a pas eu lieu. Grâce aux libéralités d'un riche propriétaire, il a été convenu que chacune des enfants aurait droit à un voyage de plaisir gratuit à Cabourg. (source : le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1899   -   Bains de mer.   -   En général, peu de monde sur nos côtes. Seules sont animées les plages où les propriétaires habitent leurs villas. Ce n'est plus le temps où les loueurs et les marchands écorchaient les baigneurs. 

Les voleurs et les maraudeurs continuent leurs exploits. S'ils étaient reçus comme ils l'ont été certaine nuit dans une propriété de Lion, où ils s'étaient introduits avec escalade, peut-être ces malandrins y regarderaient ils à deux fois avant de s'aventurer sur le terrain d'autrui. (source : le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1899  -   Un accident. -  Mardi dernier, un charretier au service de  M. Lepetit, le riche propriétaire du château de Tilly-sur-Seulles, en passant par la route qui va de  Lion-sur-mer à Ouistreham ne  trouvant sans doute pas le chemin assez large, heurta son lourd véhicule aux murs servant de  clôture au jardin de M. Le docteur Guiot. Un peu plus loin, cet individu, qui avait sacrifié plus que de raison à Bacchus, ne put réprimer l'élan de ses chevaux, qui venaient de franchir la voie au passage du train de Caen à Luc, près de la gare de Colleville.

Un choc épouvantable se produisit et de graves accidents en auraient été les conséquences si le mécanicien, M. Foucher, n'avait pu serré le frein à temps. Le chauffeur Benichon, âgé de  23 ans, a été contusionné à la hanche et aux jambes.  La locomotive a été fortement endommagée. Les dégâts matériels sont estimés à 500 francs environ. Procès-verbal a été dressé  par M. Leroux, agent de surveillance, qui se trouvait dans le train au moment où l'accident se produisit.  (source : le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1899  -  Vendredi soir.  -  Nous apprenons à l'instant, de source autorisée, que des pierres auraient été jetées, il y a quelques jours dans les vitres du presbytère. Une enquête est ouverte pour  découvrir l'auteur de cet acte inqualifiable. Nous tiendrons nos lecteurs au courant.

Le conseil municipal doit se réunir, le 29 courant, pour délibérer sur les premiers comptes, et notamment sur celui de la création de la pouponnière.  (source : le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1899   -   Nouvelle guerre de sept ans.   -   Il y avait autrefois, à Lion-sur-Mer, une école de Sœurs qui était très suivie et une école laïque qui ne l'était pas du tout.

Survient un nouveau curé. Les Sœurs veulent commander à l'église et même fixer l'heure de la messe. Le curé se rebiffe. Rupture. Deux camps se forment : l'un demande le départ du curé, l’autre signe des pétitions pour qu'il reste, et il est resté.

La lutte recommence. On surveille les Sœurs. On fait suivre le curé dans les tramways, on compte les instants passés au presbytère par sa blanchisseuse, on affiche des placards odieux et la poste apporte des écrits infâmes.

Après sept ans de luttes, interrompues par quelques armistices, les Sœurs quittent la place.

Le curé, encouragé par l'évêché, projette la construction d'une école. En un jour, il recueille 15 000 fr. L'ouverture est fixée au mois de mars.

N'ayant plus d'école de Sœurs, toutes les petites filles sont allées à l'école laïque, seuls, les tout petits enfants sont restée chez leurs parents.

Des âmes généreuses ont alors offert de l'argent et le matériel nécessaire pour créer une « pouponnière » dans les bâtiments de l'école communale. L'administration se fait tirer l'oreille. Le conseil se réunit dimanche prochain. Prendra-t-il une décision ? Nous en doutons, car les prochaines élections municipales se feront sur cette question, et les conseillers voudraient bien contenter tout le monde : les amis du curé et les partisans de la « pouponnière ». C'est difficile.

En attendant, les mères de famille ont leurs marmots dans les bras et ne peuvent aller travailler avec. (source : le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1899   -   Voleur de grand chemin.   -   Nous avons dit qu'Émile Dumont, 30 ans, né à Authie, avait été condamné à deux ans de prison seulement pour avoir, sur les routes de Lion et d'Authie, dévalisé les sieurs Dyvrande, Suard et Lefèvre, en les menaçant de mort. 

A cette peine, peu sévère en raison du crime, la cour a ajouté la relégation, Dumont ayant été plusieurs fois condamné. Voilà le pays débarrassé de ce malfaiteur redouté. Reste son frère, qui a pris la fuite après le coup fait. Émilien Lecornu, qui les accompagnait, a été acquitté. (source, le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1899  -  Incendie. -  Un incendie, qui aurait pu avoir les plus graves conséquences, si le vent avait soufflé, dans la nuit de samedi à dimanche, au domicile de Mlle Villeroy. Grâce à la promptitude des secours très bien organisés par les compagnies de pompiers de Lion-sur-mer et d'Hermanville, les maisons voisines ont pu être préservées. A minuit, tout  était terminé.

Presque toute la population de Lion-sur-mer était sur pied. On remarquait, accourus au premier son des cloches, M. le Maire de Lion, M. le Curé, M. le comte de Piseux, etc, etc... On ignore les causes du sinistre. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1899   -   La pouponnière de Lion.    -    La création d'une école maternelle à Lion-sur-Mer a été votée par le conseil municipal. Ça n'a pas été d'emblée, car, sur six votants, trois étaient pour et trois contre. Mais, la voix du maire étant prépondérante, le projet a été adopté.

Les conseillers de Lion n'ont oublié qu'une chose : remercier Mme Béquet de Vienne, l'auteur de ce projet, qu'elle a cependant arrosé de quelques billets de banque.

Les femmes des ouvriers et marins de Lion sont heureuses de la création de cette pouponnière qui va les débarrasser de leurs enfants en bas âge et leur permettre d'aller au travail. Une fille, déjà mère d'un enfant, s'est même écriée : « Chouette ! j'vas pouvoir m'en offrir un second ». (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Juin 1900   -   Au pays des phénomènes.  -  L'an dernier, sur la plage, à Hermanville-sur-Mer, on trouvait un énorme boa, qui, paraissant ne pas y voir clair, se traîna comme il put, sachant qu'il y serait traité à l'œil, chez un excellent spécialiste, propriétaire d'un superbe jardin, où les lilas fleurissent parfois, en hiver comme à Nice. 

Cette année, on nous signale un autre phénomène de végétation surnaturelle, occasionnée sans doute par toute autre chose que l'éclipse de soleil. Il s'agit d'un poirier que tout le monde a pu voir dans la cour attenant à la pharmacie de Lion-sur-Mer. Cet arbrisseau, mort depuis deux ans, a produit, l'an dernier 300 poires, et, ces jours-ci, était encore en fleurs. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1900  -  Le mystère de Lion-sur-mer. -  Le mystère, ainsi que nous l'avons dit, n'est pas éclaircie, puisque l'autopsie du corps trouvé sur la plage de Lion-sur-mer n'a pas été faite. Mais on sait le nom  de cette malheureuse femme, puisque le mari, paraît-il, a pu la reconnaître d'après les vêtements qu'elle portait. C'est l'épouse du maire de Saint-Jean-de-Baisants, commune d'un département voisin du Calvados, ainsi que nous l'avons indiqué tout d'abord. Son nom est Croquevieille. Il paraît que cette infortunée, depuis un certain temps n'aurait pas joui de ses facultés mentales. Détail particulier : elle ne pouvait, nous dit-on supporter qu'on fit la lessive dans sa maison et menaçait aussitôt son mari de  prendre la fuite.

Ces signes plus ou moins caractéristiques de déséquilibrent ne suffisent pas à déterminer la cause de la mort. Aussi bien, il est permis de regretter que l'exhumation n'ait pas été faite. Tout le monde ici s'attendait à ce résultat en apprenant que le cadavre venait d'être reconnu. Mais il était écrit, sans aucun doute, que le mystère ne serait jamais éclairci.

 

Septembre 1900   -   Ce n’est pas un assassinat.  -  Le cadavre d'une femme ayant été découvert sur la grève, commune de Lion-sur-Mer, le bruit se répandit que cette malheureuse avait été assassinée. Des gens, toujours bien informés, assuraient qu'ils avaient vu sur le corps, les traces de plusieurs coups de couteau. Or, il s'agit tout simplement d'une mort subite due au froid brumeux.

Le cadavre de l'inconnue ne portait aucune trace de violence. Cette femme, âgée d'environ 35 ans, était misérablement vêtue, sur elle, on n'a trouvé ni argent, ni papiers. La veille, elle avait pris un léger repas chez un restaurateur de Lion. On croit que c'est une veuve Pottier, de la rue de Lisieux, à Caen. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1900   -   Cadavre reconnu.  -  Nous avons signalé dans notre numéro du 14 au 20 septembre la découverte sur la grève, à Lion-sur-Mer, d'un cadavre de femme inconnue, d'environ 35 ans.

Son identité est aujourd'hui, établie. C'est celui de la dame Croquevieille, femme du maire de St-Jean-des-Baisants, commune du canton de Torigni (Manche), voisine du Calvados. La malheureuse ne jouissait pas, paraît-il de toutes ses facultés. Elle s'était rendue à un enterrement dans les premiers jours de septembre et n'avait pas reparu depuis. Mme Croquevieille était, dit-on, sœur d'un ancien pharmacien de Caen. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1900   -   Outrages.   -   Léon Boitard, 37 ans, cultivateur à Lion-sur-Mer, pour outrages au garde champêtre de Trun (Orne), a été condamné à 25 francs d'amende.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

13  -  Lion-sur-Mer.   -   Hôtel du Calvados
26       LION-sur-MER.   -   Le Tramway à son départ.   -   LL.

LION-sur-MER.  -  Rue de Paris.  -  La Poste

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