15 Octobre 2024 UN SIÈCLE D'HISTOIRE DU CALVADOS Page 2

LISIEUX

Canton de Lisieux

Les habitants de la commune sont des Lexoviens, Lexoviennes

Février 1856   -   La foire des Cendres.  -  Un temps magnifique a favorisé notre foire des Cendres, aussi jamais affluence plus considérable ne s’était trouvée à Lisieux. Les halles et les marchés étaient encombrés de denrées qui se sont vendues très facilement, plutôt en baisse qu’en hausse. Les chevaux et bestiaux étaient très nombreux et se sont vendus avantageusement. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Mai 1856   -   Chemin de fer.  -  Les travaux pour la construction du chemin de fer de Lisieux à Pont l’Evêque ont commencé lundi 21 avril, dans la partie du tracé qui longe l’herbage du Grand-Jardin. Les études de la section de pont-l’Évêque à Honfleur se poursuivent avec activité. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Mai 1856   -   Chemin de fer.  -  Les travaux du chemin de fer de Lisieux à Honfleur viennent de commencer, et une question d’une certaine importance préoccupe les esprits de notre ville. Ne pourrait-on obtenir de la Compagnie l’établissement d’une gare supplémentaire pour les voyageurs, dans les terrains du Grand-Jardin ?

A Rouen il existe une gare de ce genre, pour l’embranchement du Havre à Caen, si nous sommes bien informés, la ville se préoccupe sérieusement d’une deuxième station du coté de Bayeux.

L'établissement d’une gare supplémentaire dans le Grand-Jardin remédierait à l’inconvénient qu’il pourrait y avoir pour la ville à centraliser à un seul et même point et en dehors de ses limites, tout le mouvement et la circulation des chemins de fer réunis ; elle servirait à maintenir l’égalité que l’on doit s’efforcer de conserver entre les différents quartiers de la ville, et serait fort utile à ceux qui, voyageant sur !a ligne de Honfleur, partiraient du centre de Lisieux ou y auraient affaire.

L’établissement de cette petite gare, sans entraîner de dépenses sérieuses pour la Compagnie, ne pourrait qu’augmenter le nombre des voyageurs. Les frais de construction d’une salle d’attente seraient peu importants ; l’augmentation du personnel n’est pas à considérer, puisqu’il faudrait sans aucun doute, augmenter le nombre des employés de la station des gares réunies, et la chance de confusion entre deux services seraient de beaucoup diminués. Dans le cas où on se contenterait d’une gare unique, la Compagnie ne devrait-elle pas craindre qu’un assez grand nombre de voyageurs ne préférassent, lorsqu’il, s’agirait d’un petit parcours, la voie de terre au chemin de fer, s’il fallait aller chercher la station à plus d’un kilomètre au Midi du centre de la ville, en s’exposant aux retards qu’entraîne nécessairement un changement de ligne. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Août 1856   -   On lit dans « Le Lexovien » du 16 courant.  -   Lundi soir, après une journée d’une chaleur étouffante, un violent orage a éclaté sur notre ville et sur toute la contrée. Pendant plusieurs heures, le tonnerre n’a cessé de gronder avec un fracas épouvantable ; vers cinq heures, un coup plus violent que les autres a jeté l’effroi dans toutes les maisons en donnant la certitude que la foudre avait éclaté sur la ville ; en effet, le tonnerre était tombé deux fois successivement à la gare du chemin de fer, sur l’extrémité du bâtiment sous lequel on remise les machines ; il avait pulvérisé un piquet en chêne, coupé un fil de fer qui attachait un tuyau de poêle, puis suivi les

rails sur une longueur de quelques mètres et avait disparu n’ayant occasionné que ces quelques dégâts insignifiants, mais ayant causé une frayeur très grande à plus de deux cents personnes qui se trouvaient à la gare pour l’arrivée du train de Paris.

Pendant toute la durée de l’orage, les fils du télégraphe ont été constamment en agitation. La foudre est aussi tombée dans le même moment sur un peuplier dans le jardin de M. Macé, sur la route de Pont-l’Évêque.

Cet orage a été accompagné d’une pluie torrentielle ; en un instant les rues ont été transformées en torrents ; la violence de l’orage était particulièrement dirigée sur les vallées de Livarot et d’Orbec ; la pluie y a été accompagnée de grêlons énormes qui ont causé quelques dégâts aux bâtiments et aux arbres ces grélons étaient de la grosseur d’un œuf ; et quelques uns, rapportés en ville et pesés à 8 heures du soir, 5 heures après leur chute, donnaient encore un poids de 40 grammes.

L’orage a été aussi très violent dans le canton de Saint-Pierre-sur-Dives ; la grêle y est tombée avec abondance et a abîmé beaucoup de pommiers. A Écots, on a ramassé et pesé plusieurs grêlons : il y en avait du poids de 400 et 420 grammes, un entr’autres, véritable morceau de glace atteignait le poids énorme de 875 grammes. Dans les herbages les bestiaux effrayés par l'orage et atteint par ces grêlons, poussaient des beuglements effrayants.

Cet orage dont heureusement nous avons peu d’exemples dans notre contrée, s’est étendu au loin à Thiberville, on dit qu'il a occasionné beaucoup de dégâts à l’église, dont la couverture a été endommagée et les vitraux brisés.

Les journaux de l’Eure et de la Seine-Inférieure en signalent les mêmes effets. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Septembre 1856   -   On lit dans le Journal.  -   Mercredi dernier, dans l'après-midi, dit le Lexovien, le nommé Heudet (Louis-Pierre), basestamier, demeurant à Lisieux, rue Pont-Martin, quitta la ville pour se rendre à Falaise où il avait, disait-il, des intérêts à régler.

Jeudi, dès le matin, la justice était avertie qu'un homme, portant au front une blessure très grave, avait été trouvé, pendant la nuit, presqu'au milieu du tunnel de la Motte, couché en travers des rails, que cet homme, qui n'était autre que Heudet, après avoir été porté dans la cabane du gardien où il avait été soigné pendant la nuit, avait été placé le matin dans un wagon, puis transporté à l'hospice.

M. le procureur impérial commença de suite sur cet événement une information qui se poursuit avec activité, et à la suite de laquelle une arrestation a eu lieu hier. On a aussi saisi une pioche avec laquelle la blessure de Heudet parait avoir été faite.

Lorsque Heudet fut apporté à l'hospice, il était sans connaissance et paraissait prêt à rendre le dernier soupir. Les soins intelligents dont il a été entouré l'ont rappelé à la vie, et on a maintenant l'espoir de le sauver ; la connaissance lui est revenue, mais il a complètement perdu la mémoire, ne se rappelle rien de ce qui lui est arrivé, et ne peut, quant à présent, aider la justice dans ses recherches. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Septembre 1856   -   Nous lisons dans le Lexovien du 15 septembre.  -  

Ce matin un des ouvriers du chemin de fer de Lisieux à Honfleur a été gravement blessé par les éclats de la mine sous le tunnel qui passe sous le boulevard de Pont-l’Évêque. Cet ouvrier nommé Cholet (Denis), a eu la figure et la poitrine cruellement brûlées, il a été de suite transporté à l’hospice. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Janvier 1857   -   On lit dans le Normand, de Lisieux.  -   Dans la nuit du 1er au 2 de ce mois, un vol à l'aide d'escalade et d'effraction, a été commis dans la sacristie de l'église Saint-Pierre : une somme de 319 fr. en or et en argent a été prise dans les tiroirs d'une des armoires, dont on a forcé la porte avec un ciseau. Lorsque le commissaire de police constata ce vol, il soupçonna, d'après l'examen des lieu et la route qu'avaient suivie les malfaiteurs pour pénétrer dans l'intérieur de la sacristie, quels pouvaient être les auteurs de ce crime ; immédiatement il a commencé ses recherches et ses investigations.

Un individu, sur lequel planent des soupçons, à cause des dépenses qu'il a faites dans des maisons suspectes, a disparu, il a, dit-on, pris le train de Paris, en compagnie d'une fille publique. La justice continue d'informer. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mars 1857   -   Un déraillement d'une écurie.  -  Le train partant ordinairement de Lisieux, à midi 55 m., n'est parti, jeudi dernier, qu'à une heure 4 minutes, par suite du déraillement d'une écurie placée à l'arrière du train arrivant de Paris à Lisieux, à midi 22 minutes. Ce déraillement a eu lieu au poteau n° 180, entre Saint-Mards et Lisieux.

Cette écurie ayant subi de notables avaries, par suite de ce déraillement dont la cause demeure inexpliquée, n'a pu continuer avec le train, elle a été ramenée à bras d'hommes jusqu'à Lisieux, de là vient le retard. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Avril 1857   -  Ligne de Lisieux à Honfleur.  -   1er Section. — de Lisieux à Pont-l’Évêque (42 kilomètres).

Les projets ont été approuvés le 16 juin 1856. Aux termes du cahier des charges, elle devrait être terminée pour le premier juillet 1857 ; mais les sommes que M. le ministre des travaux publics nous a autorisés à y consacrer sont insuffisantes pour l’achever cette année. Nous avons dû, en conséquence nous borner jusqu'ici aux ouvrages d’art principaux, et aux acquisitions de terrains, partout où ne l’ont pas empêché les difficultés rencontrées chez les propriétaires.

Le souterrain de Lisieux doit avoir 980 mètres, il est attaqué dans la partie située sur le boulevard de la ville, il est voûté sur une longueur de 600 mètres. Ce travail serait aujourd’hui plus avancé si l’opposition des propriétaires du sol n’avait empêché de l’entamer sur d’autres points.

Un second souterrain de 2 950 mètres de longueur est nécessaire pour franchir, avec le maximum des inclinaisons indiquées au cahier des charges, le faîte qui sépare le bassin de la Touques de celui de la Seine.

Ce souterrain est ouvert dans des bancs de craie ; on y a déjà percé dix puits et 500 mètres de galeries ; ces premiers travaux ont confirmé les prévisions des études géologiques du pays, et font présumer que l’on ne rencontrera de difficultés sérieuses dans aucun des souterrains de la ligne.

Ces deux tunnels seront exécutés à forfait.

2e Section, — Pont-l’Évêque à Honfleur. L’Administration supérieure a approuvé, le 8 novembre 1856, les projets de la section de Pont-Évêque à Honfleur.

Les enquêtes du titre II de la loi du 5 mai 1841 ont eu lieu pour la ligne entière, et n’ont soulevé aucune objection ; nous pouvons donc obtenir bientôt les décisions du jury d’expropriation dans les arrondissements traversés. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Avril 1857   -  La fin du monde.  -   Voici une nouvelle qui va rassurer les personnes qui croient à la fin du monde pour le 15 juin prochain.

Suivant une prédiction d’un moine allemand, qui vivait il y a cinq cent ans, et dont les mémoires du temps parlent comme d’un homme extraordinaire, l'Ante-Christ serait né en 1856, et devrait vivre trente-trois ans. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Avril 1857   -  Les inhumations.  -   Le dernier Recueil des actes administratifs du Calvados, contient un arrêté de M. le Préfet destiné à empêcher que dans les cimetières communaux, les inhumations n’aient lieu au pied des églises.

En vertu de cet arrêté, il est interdit aux administrations municipales de faire, dans les cimetières, aucune concession ou de permettre aucune inhumation à une distance moindre de deux mètres du mur des églises. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Avril 1857   -  Un arrêté de M. le Préfet.  -   Un arrêté de M. le Préfet, en date du 31 mars dernier, interdit l’usage des vases de cuivre pour la salaison des poissons, dans toute l’étendue du département du Calvados, à partir du 1er juillet 1857. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Avril 1857   -  Paques.  -   Les fêtes de Pâques ont été célébrées, dans notre ville, avec la plus grande pompe. Nos églises avaient peine à contenir la foule qui se pressait dans leurs enceintes pour assister aux cérémonies religieuses. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Avril 1857   -   Avis essentiel.  -   D'après les ordres de M. le ministre de la guerre, le général commandant le département passera, le jour même des opérations du conseil de révision pour chaque canton et à l'issue de chaque séance, la revue de tous les militaires en congé renouvelable et des jeunes soldats maintenus dans leurs foyers comme soutiens de famille, qui forment aujourd'hui la réserve.

La revue sera passée sur le lieu le plus rapproché de la salle des séances, et les hommes seront réunis par les soins de la gendarmerie, qui prêtera son concours à l'opération.

Tous les hommes présents dans les communes, même ceux appartenant à d'autres départements, seront tenus de se rendre à la convocation faite par MM. les maires, qui seront invités à fournir au général, sur la moralité et la conduite des hommes présents et sur les motifs d'absence de ceux qui ne se présenteraient pas, des renseignements aussi positifs que possible. Les militaires eu congé et les jeunes soldats qui se dispenseraient de venir répondre à l'appel, pourront être passibles de peines disciplinaires prononcées par le général. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Avril 1857   -   Suicide.  -   Un sieur Houel, âgé de 44 ans, né à Bayeux , jardinier chez M. Dutreville, propriétaire à Lisieux, s'est pendu dans la nuit du 21 au 22 courant. On croit qu'il y avait chez ce malheureux un dérangement de cerveau. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mai 1857   -   Le recensement de la population.  -   Le dernier numéro du Recueil des actes administratifs contient le recensement de la population de toutes les communes du département. Les tableaux seront considérés comme officiels pendant 5 ans, du 1er janvier 1857 au 1er janvier 1861.

La population totale du département est de 478 397 habitants, répartie entre 37 cantons et 784 communes.

La population des arrondissements est ainsi répartie :

Caen. 9 Cantons ; 189, Communes ; 135 126 habitants.

Bayeux. 6 Cant. ; 143 Com. : 78 735 habit.

Falaise. 5 Cant. ; 119 Com. ; 58 634 habit.

Lisieux.   :  6. Cant. ; 124 Com. ; 66 742 habit.

Pont-l’Évêque. 5 Cant. ; 113 Com. ; 54 864 habit.

Vire. 6 Cant. ; 96 Com. ; 84 299 habit.

Voici maintenant comment se divise la population de notre arrondissement :

Cantons de Balleroy. 26 communes 15 429 habitants.

Cantons de Bayeux. 16 communes 14 531 habitants.

Cantons de Caumont. 19 communes 11 062 habitants.

Cantons de Isigny. 28 communes 14 791 habitants.

Cantons de Ryes. 27 communes 11 101 habitants.

Cantons de Trévières. 27 communes 11 821 habitants.

Pour Bayeux, la population flottante est de 9 667 ; population fixe, 9 087.

Pour Isigny, population flottante, 2 186 ; population fixe , 2 186.  (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mai 1857   -  Un incendie.  -   Un violent incendie s’est déclaré à Lisieux, dimanche dernier, vers une heure du matin, dans une filature de laine appartenant à M. Daumesnil, boulevard des Bains, et occupée par MM. Levasseur et Carpentier. Malgré la promptitude et l’énergie des secours, ce magnifique établissement est devenu la proie des flammes.

La perte est évaluée à 57 000 fr. pour les bâtiments, et à 165 000 fr. pour le matériel et les marchandises.

Les maisons voisines ont été fortement atteintes. Celle qu’occupe madame Delaunay a éprouvé un dégât de 3 000 fr., celle de M. Gât, médecin, n'a pas été moins endommagée, et de même de toutes celles qui avoisinent la filature. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Juin 1857   -  Cour d'assises du Calvados.  -  Présidence de Monsieur le conseiller Adeline. Audience du 15 Mai.  

infanticide.  — Jeanne-Stéphanie Delarue, née le 14 août 1819, demeurant à Lisieux, est accusée des faits suivants : Dans le courant de juin 1856, Stéphanie Delarue, alors au service de M. Rocques-Desvallées, quitta sa place et vint résider à Lisieux, chez sa sœur. Célina Delarue, qui vit en concubinage avec un nommé Lefévre, dont elle a un enfant âgé de 8 ans. — Le lit commun aux deux amants fut partagé par l’accusée, et Célina ne tarda pas à remarquer, entre sa sœur et Lefêvre des familiarités qui devinrent plus d’une fois, entre les deux femmes des motifs de querelles.

Cet état de choses s’étant prolongé, le bruit se répandit que Stéphanie était enceinte. Son embonpoint excessif ne laissa bientôt plus de doutes à cet égard.

Indépendamment des symptômes particuliers qui durent lui révéler son état, les plaisanteries dont elle devint l’objet et les interpellations réitérées de sa sœur furent pour elle un continuel avertissement. Néanmoins elle refusa constamment d’avouer sa grossesse.

Mais le 15 avril elle accoucha d'un enfant du sexe masculin. Surprise de cet événement, Célina s’empressa d'aller chercher du secours. Elle revint quelques instants après, accompagnée d’une sage-femme et d’une voisine ; mais la porte de l’appartement avait été fermée en dedans, et ce ne fut qu’après un certain intervalle de temps que l'accusée se décida à ouvrir. Au lieu de rester alitée, elle s’était levée, et s’étant emparée d’un balai, elle essayait de faire disparaître des traces de sang qui se trouvaient répandues sur le plancher et qu’elle avait recouvertes de cendres.

Comme on n’apercevait plus l’enfant, la sage-femme ayant demandé à l’accusée ce qu’elle en avait fait, elle indiqua d’un geste un coin de l’appartement. C’était là, en effet, que gisait, sous une masse de linge et de vêtements, le cadavre de cet enfant. A cette vue, la sage-femme n’hésita pas à reprocher à l’accusée le crime quelle avait commis, « Vous êtes une malheureuse, lui dit-elle, vous avez tué votre enfant. » Elle répondit qu’elle ne lui avait fait aucun mal, et qu’il était mort en tombant du lit.

L’autopsie à laquelle il a été procédé démontre la fausseté, de cette allégation, car il en résulte que l’enfant bien conformé, venu à terme, né viable, a succombé, après avoir complètement respiré, à un hémorragie déterminée par le défaut de ligature du cordon ombilical et à l’impossibilité où il a été mis de respirer par les obstacles amoncelés sur son visage.

L’existence du crime résulte non seulement du rapport de l’homme de l’art, mais encore de l’information. Lorsque Célina sortit pour aller chercher du secours, son fils Eugène Delarue resta dans l’appartement. Qu'ensuite, elle vint prendre l’enfant, l’enveloppa dans des vêtements et l’emporta dans un cabinet voisin, qu’à ce moment, il proférait encore des cris, mais qu’ils cessèrent bientôt. Qu'enfin elle reparut, le tenant toujours enveloppé, le mit dans un coin de l'appartement et essaya de faire disparaître les traces de sang qui couvraient le plancher.

La fille Delarue a été déclarée non coupable du crime d’infanticide, mais le jury ayant répondu affirmativement sur la question subsidiaire d’homicide par imprudence, posée par M. le président comme résultant des débats elle a été condamnée à une année d’emprisonnement. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Juin 1857   -  Le chemin de fer.  -   Mercredi, vers midi, une partie de la voûte du tunnel du chemin de fer de Lisieux à Pont-l’Évêque s’est affaissée dans une longueur d’environ 400 m. sur 9 à 40 de profondeur. Plusieurs grands arbres ont été entraînés et renversés, heureusement personne n’a été blessé.

Les ouvriers venaient de quitter leur travail, et une voiture qui avait séjourné assez longtemps sur la partie éboulée, s’était éloignée deux minutes à peine avant l’accident. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Septembre 1857   -   Un incendie considérable .   -   Dans la nuit de samedi à dimanche, un incendie considérable s’est déclaré à Lisieux. Voici les renseignements qui nous sont parvenus à ce sujet :

Le feu a éclaté à 5 heures du matin dans une chambre au second étage sur le derrière de la maison de MM. Colombe frères, épiciers, dans la partie de la Grand’Rue qui se trouve entre la rue du Paradis et la place Matignon. Cette chambre était remplie de matières combustibles, il s’y trouvait en outre beaucoup d’allumettes chimiques, de sorte que le jeune homme employé chez MM. Colombe qui s’est aperçu le premier du feu, avait à peine jeté les premiers cris, que les flammes dépassaient déjà la toiture de la maison. La famille de MM. Colombe, les domestiques et les employés ont pu se sauver ; une vieille bonne, âgée de 80 ans, qui était couchée au troisième étage sur la rue, a été descendue à l’aide d’échelles.

Pendant ce temps, les secours furent complètement organisés, les chaînes furent formées et on fit fonctionner les pompes : à 6 heures, on était entièrement maître du feu, ce succès dépassait toute attente, car à voir son intensité au début, on devait craindre que la plus grande partie des maisons voisines fussent atteintes. Le feu n’a pas gagné du côté de la rue, il s’est propagé dans les constructions sur les cours voisines, ainsi il a attaqué une partie des magasins de Mme Ve Renault, libraire, une partie de la maison de M. Salomon, quincaillier et celle de M. Pannier, pour ne s’arrêter qu'à un contrefort de la cathédrale. Ce monument n’a pas reçu le plus léger dégât.

Le chiffre des pertes est évalué à près de 100 000 fr. La maison de MM. CoIombe, le mobilier et les marchandises étaient assurés, il en est ainsi pour M. Salomon. Mme Ve  Renault et M. Pannier n’avaient d'assuré que leur maison.

Tout le monde a fait son devoir, les autorités étaient présentes. M. le Maire de Lisieux a failli être victime de son zèle, il a reçu à la tête une blessure heureusement sans gravité, occasionnée par des tuiles qui sont tombées sur lui.  (Source : Le journal de Honfleur)

 

Septembre 1857   -   La pollution de l’air.  -  Le conseil général du Calvados vient de délibérer sur une question qui préoccupe, depuis longtemps, les départements industriels ; il a approuvé une délibération du conseil d'arrondissement de Lisieux signalant les résultats fâcheux de la fumée des usines pour les propriétaires qui les avoisinent, et a invité le préfet à faire examiner quel serait le moyen de parer à cet inconvénient.

Il y a longtemps qu'on le cherche, jusqu'ici on n'en connaît pas d'autre que de brûler la fumée, mais on n'a pas pu parvenir à le réaliser complètement. Les machines a ce destinées sont encore très imparfaites.

Les usiniers sont les premiers intéressés à ne pas perdre les masses de charbon qui s'envolent de leurs hautes cheminées, au détriment de leur caisse et de l'hygiène publique. Le jour où la science aura résolu le problème des grilles entièrement fumivores, la question sera tranchée, et M. le préfet du Calvados, comme tous les préfets de France, n'aura plus qu'à prendre un arrêté qui ordonnera l'usage de ces grilles. Jusque-là, il faut subir ce que l'on ne peut empêcher. Mais le génie des inventeurs doit tendre à un résultat qui récompenserait magnifiquement leurs efforts. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Octobre 1857   -   Établissements industriels.   -   Le conseil d’arrondissement de Lisieux signalant les résultats fâcheux de la fumée des établissements industriels pour les propriétaires qui les avoisinent, M. le Préfet est invité à faire examiner quels seraient les moyens de parer à ces inconvénients. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Octobre 1857   -   Livrets de domestiques.   -   Persistant dans ses précédentes déclarations, le conseil renouvelle le vœu qu’une loi oblige les domestiques des deux sexes à se munir de livrets, et les maîtres à ne prendre à leur service que des personnes ayant rempli cette formalité. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Octobre 1857   -   Trottoirs sur les routes.   -   Le conseil invite M. le Préfet à faire examiner la question de l’établissement des trottoirs sur les routes impériales et départementales, pour qu’une solution puisse y être donnée à la session prochaine. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Octobre 1857   -   Tarif de la journée de travail.   -   1° La journée d’homme, pour les arrondissements de Caen, Lisieux, Pont-l’Évêque et Bayeux moins le canton de Caumont, est fixée à 1 fr.

  La journée d’homme dans le canton de Caumont et les arrondissements de Falaise et Vire, est fixée à 75 c.

  La journée d’un cheval ou mulet pour tous les cantons du département, à 1 fr. 25 c.

  La journée d’un bœuf, 1 fr.

  La journée d’un âne, 50 c.

  La journée d’une voiture, 1 fr. 50 c.  (Source : Le journal de Honfleur)

 

Novembre 1857   -   On lit dans la chronique, calvadosienne du Lexovien.   -    On se rappelle qu’en 1850, au mois de novembre, un événement douloureux mettait notre ville en émoi. Un cabriolet entrait à Lisieux, par la route de Pont-l’Évêque, amenant le cadavre de M. Lebourg, herbager à Hébertot.

La justice se hâta d'informer. Les médecins consultés affirmèrent dans leur rapport que cette mort était le résultat[1]d’un crime ; ils attestaient que M. Lebourg avaient été assassiné, mais quelques personnes attribuèrent sa mort à un suicide.

Depuis jeudi donc on se dit partout que parmi les condamnés déportés à Cayenne, il en est un qui aurait confié à un de ses compagnons qu’il était l’auteur de l’assassinat de M. Lebourg. Le confident de l’assassin aurait parlé et donné des renseignements qui, rapprochés de certaines circonstances, ne laisseraient plus aucun doute sur la nature de la mort de M. Lebourg et sur l’auteur de l’assassinat de ce cultivateur. On affirme aussi que le parquet est saisi de cette affaire. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Décembre 1857   -   Une querelle.   -   Dimanche soir, à Lisieux, est survenue entre deux individus du nom de Diacre et Grandval, à la suite d’une querelle, une rixe dont le résultat a été la mort de l’un d’eux.

Grandval, après avoir terrassé Diacre et l’avoir accablé de coups, il le saisit par les jambes et le précipita, la tête la première, de la chambre où la lutte se passait, au bas de l’escalier.

Diacre resta étendu sans connaissance, et quand on le releva il avait la colonne vertébrale rompue. Transporté à l’hospice, il y est mort mardi soir sans avoir recouvré connaissance. Grandval a été immédiatement arrêté. (Source : Le journal de Honfleur)  

 

Décembre 1857   -   Le recensement de 1856.   -   Lors du dernier recensement (1856), la population de la France a pu être classée de la manière suivante : agriculteurs, 20 354 628 ; fabricants et leurs ouvriers, 2 094 371 ; artisans et petits Industriels, 7 810 144 ; rentiers, fonctionnaires, médecins, avocats, artistes et autres appartenant à des professions libérales, 3 991 026 ; domestiques, 753 405 ; personnes non classées 782 496.  (Source : Le journal de Honfleur)

 

Décembre 1857   -   Le temps des sorciers et des sorcières est passé.   -   Le temps des sorciers et des sorcières est passé, dit-on : on n’y croit plus. — Je vous demande bien pardon ; s’il n’y a plus de sorciers, il y a encore par ci, par là, quelques bonnes gens qui ont une foi robuste en la puissance de certaines devineresses. C’est à elles qu’ils s’adressent, de préférence aux médecins, pour obtenir la guérison de leurs maladies, plus la préparation des remèdes est ridicule, plus ils sont empressés de se soumettre aux exigences des nécromanciennes assez savantes pour lire dans les cartes, non seulement l’avenir, mais encore la cause des maladies, et le nom de ceux qui ont jeté un sort sur leur client.

La femme M.......... qui a habité Lisieux, viendra prochainement, devant le tribunal de police correctionnelle, expliquer comment et pourquoi sa science lui a fait défaut, quoiqu’elle se soit bien fait payer d’avance, quand il s’est agi de guérir une brave femme de Livarot, sur laquelle, d’après la révélation des cartes, on avait jeté un sort.

Nos lecteurs seront probablement bien aises d’apprendre la mystérieuse recette qu'employait cette femme pour connaître quelle maladie de saint affligeait les malades qui la consultaient. Le moyen est tout simple et peu coûteux, le voici : elle prenait une pincée de feuilles de lierre, attachait à chacune d’elles un billet sur lequel était écrit le nom d’un saint et plongeait ensuite le tout dans un verre d’eau. La première feuille qui venait à noircir indiquait à ne pas s’y tromper, la maladie du saint qui tourmente le pauvre patient.

En attendant le jour de l’audience la femme M.......... va méditer, dans la maison d’arrêt, ses moyens de défense et sûrement préparer son grand-jeu. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Janvier 1858   -   Tribunal de Police Correctionnelle de Lisieux.   -   Une sorcière. — Curieux détails. — Élisabeth Gouley, femme Marguerin, qui comparait devant le tribunal correctionnel de Lisieux, est âgée de 41 ans ; elle est grande et forte ; des sourcils épais couvrent ses yeux ; l’ensemble de ses traits annoncent une rare énergie, et on comprend jusqu’à un certain point, en la voyant, l’espèce d’ascendant qu’elle a su prendre sur les malheureux dont elle a exploité la crédulité.

Il est vraiment désespérant de voir que, malgré tous les efforts qui sont tentés, soit pour détruire les superstitions, soit pour faire arriver la lumière dans toutes les intelligences, il se trouve des personnes qui, en 1858, ont encore une foi vivace dans les pratiques les plus absurdes et les plus ridicules pour arriver à se guérir de diverses maladies. On ne saurait donc donner trop de publicité à de pareils débats.

Une foule nombreuse se presse dans l’enceinte du tribunal. M. le procureur impérial est assis au fauteuil du ministère public.

M. Tavigny de Longprey est au banc de la défense.

Un grand nombre d’escroqueries sont imputées à la prévenue. Les dépositions des témoins les feront connaître.

Théodore Boutron. —  Ma femme étant malade, on m’indiqua la prévenue comme pouvant la guérir ; elle vint chez moi, un soir, et elle se mit aussitôt à tirer les cartes et m’annonça que la maladie de ma femme provenait d’un mal fait. Le lendemain matin, elle me dit « Votre femme n’a plus que vingt-un jours à vivre ; j’ai des moyens de la guérir ; mais avant de me mettre à travailler, il me faut 100 fr. » Je consultai ma femme ; je remis cette somme et lui dis « Guérissez ma femme, je vous en donnerai bien d’autres. »

Alors elle se mit à travailler, elle m’envoya chercher une livre de clous à ferrer. Quand je revins, elle fit un grand feu, plaça les clous dans un couvert de marmite, et fit rougir le tout. Elle se fit apporter de l’urine de ma femme, versa cette urine dans le couvercle, sur les clous rougis. L’urine, en bouillonnant, faisait des bulles ; elle arma ma femme d’une fourchette, en lui disant : « Piquez ces bulles, piquez fort ;  ceux qui vous ont fait le mal vont bien s’en apercevoir. », Comme ce premier remède n’avait pas réussi, elle fit apporter une bouteille et prépara un breuvage ; ma femme en prenait deux cuillerées par jour, et elle n’allait pas mieux. Alors elle eut recours à des emplâtres ; mais, ma femme se trouvant plus mal avec ces remèdes, la prévenue, nous disait, pour nous inspirer de la confiance, que c’était notre beau-frère, qui nous avait jeté un sort et avait fait, mourir sa mère. Enfin la femme Marguerin nous a tous brodillés dans notre famille.

Elle a fait bien d’autres dupes, et un sieur Lafaye, aujourd’hui décédé m'a dit et répété bien des fois, qu’il lui avait donné 100 fr. pour le travail qu’elle avait fait pour lui.

La dame Boutron confirme la déposition de son mari et ajoute avoir, de son côté, et sur ses instances, donné 15 fr. à la femme Marguerin.

Un jour que mon mari était absent, continue le témoin, que j’étais seule avec ma servante, la femme Thomas, la prévenue, nous dit qu’elle allait bien connaître le mal que j'avais ; que pour cela il lui fallait des feuilles de lierre, et qu’après son expérience, elle verrait bien qu’elle était le saint qui m’avait envoyé du mal. Une fois qu’elle eut ces feuilles, elle écrivit sur de petits morceaux de papier le nom de différents saints ; ces morceaux de papier furent fixés à chacune des feuilles, et on les mit dans l’eau ; la femme Marguerin disait un Pater et un Ave Maria sur chacune de ces feuilles.

Au bout, d’un certain temps, elle releva les feuilles, trois étaient tachées de noir ; c’étaient celles qui portaient les inscriptions de Notre-Dame-de-la-Délivrande, de Notre-Dame-deGràce et de saint Eloy. Il fallait aller en pèlerinage aux chapelles des deux premières, et quant au saint, il indiquait que je devais avoir mal au côté ; ce qui n'était pas.

Mon mari étant tombé malade et ayant été saigné, la femme Marguerin fit rougir des clous qu’elle jeta dans son sang, en disant que ceux qui avaient fait le mal allaient s’en ressentir ; elle me défendait d’aller chercher un médecin ou un prêtre, disant que, si ces Messieurs venaient, mon mari allait mourir à l’instant ; j’y fus néanmoins, et mon  mari n’est point mort.

Elle nous disait que c’était mon frère qui causait tous nos maux, qu’il nous avait envoyé du mal fait, que d’autres personnes nous en avaient aussi envoyé, mais que ces personnes, elle les avait fait mourir, parce qu’elle avait été la plus forte, et elle me citait des gens décédés tout récemment.

M. le président précède à l’interrogatoire de la prévenue. Aujourd’hui son audace et son assurance l’ont abandonnée : elle avoue les escroqueries qui lui sont reprochées, et dit que c'est la misère qui l’a poussée à commettre ces délits.

M. le procureur impérial, retrace les principaux faits de cette cause et fait connaître au tribunal que les renseignements sur la moralité de la prévenue sont très mauvais, quelle a toujours mené une conduite scandaleuse, et il requiert une application sévère la loi.

Me Travigny de Longpré se borne à demander pour sa cliente l’application de l’art. 465 du Code pénal.

Le tribunal condamne la femme Marguerin en treize mois d’emprisonnement et 50 fr. d’amende. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Février 1858   -   On nous écrit de Lisieux.   -  Un nouvel accident vient encore de démontrer combien il est dangereux d’abandonner sans surveillance les enfants, dans une chambre où il y a du feu.

Il y a deux jours, la dame Albout, demeurant à Lisieux, sortit de chez elle, laissant seule sa petite fille âgée de trois ans et demi. L’enfant s’approcha de la cheminée pour tisonner, mais le feu se communiqua à ses vêlements, et quand sa mère rentra elle était couverte de flammes.

On s’empressa de la déshabiller, son corps n’était plus qu’une plaie carbonisée, et malgré tous es secours qui lui furent prodigués, elle est morte dans la soirée. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Février 1858   -   On lit dans « Le Lexovien » du 6 février.   -   M. Sement, filateur à Brionne, avait conçu quelques soupçons sur la conduite de sa femme, qui habile, depuis deux ans, à Lisieux, une chambre située place du Marché-aux-Boeufs. Lundi dans la nuit, M. Sement se rendit à Lisieux, et vint, à six heures et demie du matin, frapper à la porte de la chambre de sa femme en se nommant, n'obtenant point de réponse, quoique bien convaincu de la présence de sa femme dans son appartement, il redescendit l'escalier et vint se placer en observation au coin de la rue ; il y était à peine qu'un individu, dans le plus simple appareil, ouvrait la fenêtre de la chambre, s'élançait dans la rue, et prenait la fuite à toutes jambes, emportant ses vêtements sous son bras.

Aussitôt M. Sement lâche sur lui deux coups de pistolet qui, dit-on, l'on atteint dans la première catégorie, mais n'ont pas ralenti sa course. Il fut se vêtir sous le hangar d'une auberge du quartier et prit le train de 8 heures se dirigeant sur Paris.

M. Sement rentra au domicile de sa femme et ne la trouvant point, il fut faire sa déposition à la police. La justice se transporta dans la maison ; la femme Sement que l'on trouva cachée dans Ie grenier, fut arrêtée sous l'inculpation d'adultère, elle refuse de nommer l'individu qui est sorti de sa chambre d'une façon si inusitée. Quant à M. Sement, il a d'abord été arrêté, puis provisoirement rendu à la liberté. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Février 1858   -   Cinq individus arrêtés.   -   Dimanche soir, un habitant de Lisieux qui rentrait en ville, fut arrêté sur la route de Dives par cinq individus, en état d'ivresse, qui se jetèrent sur lui, le maltraitèrent et voulurent le forcer à crier « Vive la République ».

Ces cinq individus ont été arrêtés lundi et déposés à la maison d'arrêt sous la prévention de coups et de cris séditieux pendant la nuit.

Ce sont les nommés : Marquand (Ambroise ) ; Froment (Louis) ; Guesmin (Jules) ; Adrien (Alfred) ; et Adrien (Victor), tous les cinq ouvriers blanchisseurs de toiles à St-Désir-de-Lisieux. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mars 1858   -   Le Télégraphe.   -   Par suite de l'ouverture des stations télégraphiques de Bayeux et Coutances, les stations de la ligne de l'Ouest. (Basse-Normandie), sont ainsi fixées : Paris, Mantes, Evreux, Lisieux, Caen, Bayeux, Saint-Lô, Cherbourg.

Coutances, Granville et Saint-Malo qui se relient en même temps aux lignes de Bretagne.

Nous donnerons, aussitôt qu'il sera fixé, le prix des dépêches pour ces diverses villes. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Avril 1858   -   Le journal le Pays-d’Auge publie quelques détails sur les travaux du chemin de fer.   -   L'intérêt que nous attachons tout naturellement, à cet important sujet, nous engage à les reproduire :

Les travaux de la section du chemin de fer comprise entre Lisieux et Pont-Évêque avancent rapidement et seront terminés, selon toute vraisemblance, dans la première quinzaine du mois de juin.

Les ponts et les travaux d’art de la ligne sont achevés ainsi que les déblais.

Les deux coteaux d’Ouillie-le-Vicomte et de Manneville-la-Pipard sont les seuls points du parcours où les déblais aient présenté de l’importance. La tranchée pratiquée à Ouillie a nécessité l'enlèvement de vingt mille mètres cubes de terrain, et celle ouverte à Manneville, de quinze mille mètres.

Les remblais touchent aussi à leur terme. Ils augmentent d’élévation à mesure qu’ils approchent de Pont-l’Évêque, qu’ils doivent traverser avec une hauteur de 7 mètres. Ce travail, auquel 120 ouvriers sont journellement employés, va être terminé dans peu de jours, ainsi qu’un chemin d’accès, qui part en ligne directe de la gare et qui, traversant perpendiculairement la rue neuve du Long-Clos, débouche dans la route de Caen à Rouen.

Pour subvenir aux exigences du remblai et des terrassements aux approches de Pont-l’Évêque, la compagnie est obligée de prendre la terre sur l’emplacement même qu’occupera la seconde voie, et ce, dans une longueur d’environ 2 kilomètres à partir de Pont-l’Evêque. Les hauteurs de Saint-Melaine, qui vont être bientôt attaquées, fourniront amplement ce qui sera nécessaire, non seulement pour combler le vide occasionné par ces travaux, mais encore pour achever les terrassements qui resteront à faire.

Le ballastage et la pose des rails sont maintenant un fait accompli de chaque côté du Breuil, sur une étendue de 12 kilomètres (7 en amont et 5 en aval), que parcourent journellement deux machines portant le ballast et les rails pour la continuation des travaux dans la direction de Pont l’Evêque.

Avec le secours de ces machines, l’empierrement et la pose des rails avancent chaque jour de quatre à cinq cents mètres.

A un kilomètre environ du Bras-d’Or, sur un carré de terrain pris à l’herbage Grieu, on voit déjà s’élever la charpente de notre gare, qui n’est là qu’à titre provisoire et qui fera place ultérieurement à une construction plus vaste.

Ainsi notre ville est appelée à jouir tout prochainement des bienfaits d’une ligne ferrée. Nous faisons des vœux pour qu’elle mette à profit tous les avantages de cette position exceptionnelle.

La section de Honfleur, à cause des difficultés de terrain qu’elle présente dans son parcours, est moins favorisée que celle de Lisieux à Pont-l’Évêque. On estime que son exécution demandera deux années encore. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Avril 1858   -   Les fumeurs.   -   Plusieurs procès-verbaux ont été dressés à la charge de fumeurs obstinés qui, dans les wagons du chemin de fer, incommodaient leurs voisines ou leurs voisins de la fumée échappée de leur cigare.

Nous engageons nos lecteurs à observer strictement les règlements de la police sur les chemins de fer, s'ils ne veulent encourir les désagréments d'un procès-verbal.

On nous assure que, sur plusieurs lignes, des compartiments spéciaux sont réservés aux personnes qui, ayant un certain parcours à faire, désirent fumer. L'administration du chemin de fer aurait des droits certains à la reconnaissance des fumeurs si elle voulait prendre les mêmes dispositions sur la ligne de l'Ouest. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Avril 1858   -   Nous lisons dans le Moniteur du Calvados.   -  

De tous côtés, on entend dire que cette année la récolte des pommes à cidre sera abondante, Les connaisseurs assurent que si le mois de mai n'amène pas de blanches gelées pour, détruire les apparences, il n'y aura pas assez de tonneaux pour loger le cidre, et cette fois du cidre, car depuis quelques années, on le sait, les puits et les fontaines ont été d'un grand secours à nos brasseurs des campagnes. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mai 1858   -   Voiture incendiée.   -   Une voiture de coquetier, appartenant à M. Noël du Havre, et partie le samedi 8 mai au matin de Lisieux pour Honfleur, avec un chargement de marchandises pour le marché qui se tient en cette ville, a été incendiée sur la route et entièrement consumée, ainsi que la plus grande partie des denrées quelle portait.

Le sieur Noël, qui conduisait la voiture, a eu les cheveux brûlés en voulant sauver les marchandises. Une femme Hébert, qui l’accompagnait, a également éprouvé des brûlures.

Cet incendie est attribué à l’imprudence d’un fumeur qui se trouvait sur la voiture. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Mai 1858   -   Établissement de la ligne télégraphique de Lisieux à Pont-l’Évêque.   -   Par arrêté préfectoral, en date du 22 mai, le directeur du télégraphe et les agents sous ses ordres sont autorisés à procéder à toutes les opérations nécessaires à l’établissement de la ligne de Lisieux à Pont-l’Évêque, à pénétrer dans les propriétés closes ou non closes, selon que l’exigeront leurs études ou leurs travaux, à faire le long des fossés ou talus des routes les dépôts du matériel nécessaire pour l’établissement ou l’entretien de la ligne.

Les propriétaires riverains des routes impériales et départementales ou du chemin de fer de Lisieux à Honfleur dans les parties où la ligne doit être établie, sont mis en demeure de couper ou d’élaguer les plantations qui présenteraient des branches en saillie pouvant toucher aux fils.

Dix jours après la notification du présent arrêté, il sera procédé d'office à l’élagage et à la coupe des plantations mentionnées à l’article précédent.

Dans les villes de Lisieux et de Pont-l’Évêque, et dans les villages traversés, il pourra être établi sûr les maisons et constructions particulières, partout où cela sera jugé nécessaire, des supports ou tous autres points d'appui destinés à soutenir les fils, sauf à réparer les dégradations, et sans préjudice de tous droits et indemnités à faire valoir et à réclamer par les propriétaires ou les tiers intéressés.

Le minimum de hauteur des fils, dans les villes et villages ou dans les passages de voies transversales, devra être de 6 m. 50 au-dessus de la chaussée.

Les fils électriques et tout le matériel de la ligue sont mis sous la protection de MM. les maires, de la gendarmerie, des cantonniers et tous autres agents de l’administration publique. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Novembre 1858   -  Le prix de la viande.   -   Nous apprenons de source certaine que l'honorable M. Fauque, maire de Lisieux, doit réunir demain les bouchers de Lisieux, afin d'obtenir d'eux qu'ils mettent le prix de la viande d'étal en harmonie avec le prix de la viande sur pied. S'ils refusent d'y consentir, l'administration municipale est décidée à établir immédiatement des viandes à la criée. On ne peut qu'applaudir à cette mesure. ( Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Novembre 1858   -  Les pluies.   -   Après une période de sécheresse beaucoup trop prolongée, nous avons eu des pluies en abondance, et les usines ont pu fonctionner sur tous nos cours d'eau. Ainsi se sont calmées des craintes très vives.

Nos marchés sont bien approvisionnés.

Les ensemencements d'automne se sont faits généralement dans de bonnes conditions. Les prairies artificielles ont peu souffert, elles se présentent bien. Les colzas sont en bonne situation, les repiquages ont généralement réussi. Quant aux betteraves, elles sont malheureusement très compromises par les gelées. C'est une cause de plus à ajouter à celles qui contribuent à la dépréciation de la viande sur pied, car on sait que les betteraves sont un précieux élément d'alimentation pour les bestiaux pendant la saison d'hiver. Ne pouvant nourrir, les cultivateurs vendront. ( Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Novembre 1858   -  Instruction primaire.   -   Nous croyons devoir rappeler aux familles intéressées que c'est le 1er janvier prochain que doivent s'ouvrir, à Lisieux et Blon, près Vire, les cours normaux établis en faveur des jeunes personnes qui désireraient se vouer à la carrière de l’enseignement, et que dans sa session du mois d'août dernier, le conseil général a créé quinze bourses en faveur de celles qui seraient admises à suivre ces cours.

C'est à M. l'inspecteur d'académie, à Caen, ou à M. l'inspecteur primaire de l'arrondissement, à Bayeux, que toute aspirante doit, avant le 15 décembre, adresser sa demande, à l'appui de laquelle elle devra produire :

1° Son acte de naissance constatant qu'elle a plus, de 17 ans et moins de 22 ;

2° L'engagement légalisé de servir pendant dix ans au moins dans l'instruction publique ;

3° Dans le cas où elle serait mineure, la déclaration légalisée de son père ou de son tuteur, l'autorisant à contracter cet engagement ;

4° Une note signée de l'aspirante indiquant le lieu ou les lieux qu'elle a habités depuis l'age de 15 ans, et les professions qu'elle y a exercées ;

5° Enfin, des certificats de moralité délivrés tant par les chefs des écoles auxquelles elle aura appartenu, soit comme élève soit comme sous-maîtresse, que par les autorités locales préposées à la surveillance de l'enseignement. ( Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juin 1859   -   L'accident du chemin de fer.   -   Nous empruntons au « Moniteur du Calvados » quelques détails sur les causes du retard qui a eu lieu vendredi dans les parcours sur notre ligne du train-poste venant de Paris :

Voici les renseignements, dit notre confrère que nous nous sommes procurés auprès de M. le chef de service à Caen :

Le train n° 51, train de poste descendant, a éprouvé un déraillement au poteau k. 185, entre Lisieux et Saint-Mards, par suite de la rupture d'un essieu d'un des wagons de marchandises.

Cet accident n'a donné lieu qu'à un retard considérable, et aucun des voyageurs ni des agents de la Compagnie n'a éprouvé ni blessures ni contusions. Le train de poste arrivé à Caen à dix heures trente minutes, a continué sa marche sur Cherbourg,

Le service sur la voie est complètement rétabli.

Un voyageur qui se trouvait dans le train nous a ainsi raconté cet événement :

Ni blessés, ni contusionnés. Voilà l'essentiel. L'accident est arrivé au pont de Glos, dans la tranchée. Le convoi se composait de marchandises et de voyageurs, c'était un train mixte. Les wagons de voyageurs étaient séparés de la locomotive par des wagons chargés de marchandises. L'essieu de l'un de ces wagons s'est rompu, ce qui en a fait dérailler quelques autres, qui se sont séparés du train et que la locomotive a emportés en les laissant en pièces sur la voie. Le chef du train a été lancé de sa lanterne, mais il ne s'est pas blessé dans sa chute.

Les voyageurs étaient très nombreux, il y avait parmi eux deux détachements de jeunes soldats de la classe 1858. Ils ont éprouvé une secousse violente, ils ont mis la tête aux portières et ont été rassurés en voyant que la locomotive filait sans eux. Au bout de quelques instants, les voitures se sont arrêtées d'elles[1]mêmes, et les voyageurs se sont répandus sur la voie. Quelques poteaux du télégraphe ont été abattus, ce qui a momentanément interrompu les communications. Ils ont été, à ce qu'il parait, promptement relevés.

Des rails qui été brisés par les wagons de marchandises hors la voie.

Ce qui ne s'explique pas, c'est le long retard qu'ont éprouvé tes voyageurs, et surtout les deux heures qu'ils ont passées dans la salle d'attente de la gare de Lisieux. Nécessairement la Compagnie aura à s'expliquer sur ce point.

On dit qu'un fourgon aux bagages a été mis en pièces, et que l'employé qui y stationnait n'a éprouvé aucun mal. Quant au bagages, ils auraient beaucoup souffert. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juin 1859   -  Le concours musical.  -   Les fêtes qui ont eu lieu, dimanche dernier, à Lisieux, à l'occasion du concours musical, ont entièrement tenu ce que promettait le programme, et l'annonce faite, dans la soirée, par M. le Préfet, de notre brillante victoire de Magenta est venue surexciter encore l'enthousiasme des Lexoviens.

Il nous est impossible d'entrer dans tous les détails de cette fête magnifique.

Le concours musical a commencé vers 1 heure et a fini à 6 heures environ ; 55 sociétés d'orphéons et 48 corps d'harmonie étaient présents. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Juin 1859   -  Le temps qu’il fait.  -   La température orageuse sous laquelle nous vivons depuis trois semaines fait beaucoup de mal aux récoltes et se traduit en pertes déjà très considérables.

De tous les côtés on n'entend parler que d'orages violents qui inondent les récoltes sous des masses d'eau, ou les ravagent plus cruellement encore par la grêle. Les avalanches entraînent la terre, les blés se versent, les petits cours d'eau débordent et chaque jour, tantôt sur un point, tantôt sur un autre, les journaux des départements ont à déplorer de nouveaux désastres causés par ces orages quotidiens.

Les pays de vignobles ont surtout beaucoup à souffrir, et, aujourd'hui encore, on annonce que dans la Marne plusieurs communes ont perdu une grande partie de leurs précieuses récoltes ravagées par la grêlé. Si cela continue, ce ne seront plus seulement des pertes locales, comme on en a chaque année à regretter, la récolte générale en sera gravement affectée. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Décembre 1859   -   Les médailles d'honneur.   -   S. M. l'Empereur vient d'accorder, sur la proposition de S. Exe. le ministre d'agriculture, du commerce et des travaux publics, des médailles d'honneur aux membres des commissions de statistique cantonale du département, pour les soins éclairés avec lesquels ils ont contribué à réunir les éléments de la statistique agricole.

Pour le Calvados, les membres désignés sont :

MM. Morière, professeur à la Faculté, des sciences, professeur d'agriculture du département.

Langlois, employé à la préfecture du Calvados.

Le vicomte de Blangy, maire de Juvigny.

Elie, secrétaire de la sous-préfecture de Bayeux.

Ledonné, juge de paix à Falaise.

Lebaillif, membre du conseil général à Falaise.

Simon, juge de paix à Lisieux.

Letorey, préposé en chef de l'octroi de Pont-l’Évêque.

Lefevre, agent-voyer d'arrondissement à Pont-l’Évêque.

Windesheim, alors agent-voyer à Honfleur.

Thouroude, docteur-médecin à la Graverie. ( L’Indicateur de Bayeux)

 

Décembre 1859   -  Un accident.   -   Mercredi, à 4 heures 45 minutes du soir, un accident est arrivé sur la ligne de Caen à Paris près le poteau kilométrique 197 à l'entrée du tunnel de La Motte.

Le train facultatif de marchandises n°253, venait à Caen, lorsque deux tubes se sont brisés. Par suite de cette rupture, une partie de la machine a fait explosion. Heureusement personne n'a été blessé. La machine pilote de Lisieux immédiatement avertie est venue remorquer ce train jusqu'à Caen où il est parvenu avec un retard de trente minutes. ( Le journal de Honfleur )

 

Décembre 1859   -  La neige.   -   La neige est tombée en abondance cette semaine et surtout vendredi dans la journée et pendant la nuit : en différents endroits il y en avait jusqu'à 40 centimètres.

Vendredi toutes les diligences ont éprouvé des retards considérables. Aucun malheur, jusqu'à présent, n'est parvenu à notre connaissance. ( Le journal de Honfleur )

 

Janvier 1860   -   Les inondations dans le Calvados.   -   Après trois jours de pluies continuelles et abondantes, nos deux rivières, dit « Le Normand » ( de Lisieux ), ont débordé sur plusieurs points. Vendredi, le boulevard des Bains a été submergé sur une étendue d'une vingtaine de mètres. La rivière d'Orbec couvrait les prairies de Beuvillers ; la gare du chemin de fer et les deux routes d'accès n'ont pas été atteintes par les eaux.

A Vire, les rues aux Teintures et du Pont ont été submergées, il y avait un mètre d'eau dans les maisons. Les fabriques de Maisoncelles, Saint-Germain-de-TalIevende et Saint-Marlin-de-Tallevende ont beaucoup souffert. Les perles et dégâts sont évalués à 80 000 fr.

La crue avait commencé le 29, vers sept heures du soir, et la rivière la Vire et le Noireau ne sont rentrées dans leur lit que le lendemain matin, à sept heures.

A Condé-sur-Noireau, l'alarme était donnée le 30 décembre, à deux heures du matin. Aussitôt toute la gendarmerie avec l'empressement et le dévouement que ce corps d'élite apporte toujours quand il s'agit de conjurer un péril, un danger, montait à cheval et se rendait en toute hâte dans le quartier Saint-Martin, entièrement inondé, et dont les habitants imploraient des secours.

Les eaux avaient envahi depuis la rue de la Roque jusqu'à la filature de M. Louis Calais, située à 1 kilomètre de là. Toutes les rues, tous les chemins aboutissant, à la rivière de Noireau, étaient submergés. Il y avait , dans certains endroits, près de 2 mètres d'eau.

Les habitants, ayant placé des lumières sur toutes les fenêtres, permirent ainsi aux gendarmes de se transporter à cheval partout où leur présence était réclamée. Aidés des autorités, du commissaire de police et d'autres personnes dévouées, ces braves soldats purent retirer des rez-de-chaussée, un grand nombre de personnes qui y étaient en danger. Ce pénible travail était enfin achevé, lorsque tout-à-coup on apprit que les époux Beaumont, âgés d'environ 70 ans, et un jeune enfant de 5 ans, étaient restés dans leur domicile, envahi par l'inondation. Aussitôt le maréchal-des-logis de gendarmerie, le commissaire de police, assistés de deux courageux citoyens, les sieurs Prébois et Loreille, que nous sommes heureux de signaler, coururent au secours de ces malheureux, qui étaient en proie au plus violent désespoir. En effet, réfugiés sur leur lit, les époux Beaumont voyaient déjà l'eau dépasser la paillasse ; quelques instants plus tard, et peut-être ils, allaient trouver la mort, lorsque leurs sauveurs sont arrivés. Ces pauvres vieillards ont été recueillis par le sieur Prébois.

49 familles ont eu a souffrir de cette inondation. On cite comme ayant essuyé de plus grandes pertes : MM. Rivière, Bazin, Vardon-Duguet, Duret-Robillard, Duguet, Delhan, Anne frères, Froger, Delier, etc... On estime à 30 000 fr. environ le montant des perles. ( L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1860   -   Avis de recherche.   -   M. le préfet vient d'adresser la circulaire suivante à MM. les sous-préfets, les maires, les commissaires de police et les commandants de gendarmerie : Caen, le 26 décembre 1859.

Messieurs, Le jeune Desmousseaux (Charles), âgé de 12 ans, placé dans l'établissement des orphelins, de Caen, s'est évadé à la fin du mois de juin dernier, et on n'a pu encore découvrir le lieu où cet enfant est retiré.

Je vous prie de me communiquer les renseignements que vous pourriez obtenir sur le fugitif, assez grand pour son âge, dont le visage ovale est ordinairement pâle et qui a les cheveux bruns.

Son air et son langage ne révèlent pas l'intelligence.

Agréez, etc…                 Le préfet du Calvados, TONNET.      ( L’Indicateur de Bayeux)

 

Février 1860   -   Au feu !   -   Dans la nuit de samedi à dimanche, vers 4 heures du matin, le feu se déclara avec une grande violence dans une cheminée du couvent de l'Abbaye à Lisieux.

En quelques instants les flammes s'élevèrent à une grande hauteur, menaçant de communiquer l'incendie au bâtiment du cloître. L'alarme se répandit aussitôt dans le quartier, les cris : « Au feu ! » et l'appel des tambours ne tardèrent pas à réunir, malgré l'heure matinale, les autorités, les pompiers, la gendarmerie, le commissaire de police et ses agents, et une foule d'habitants venant apporter leur concours.

Grâce à la promptitude des secours, à l'intelligente direction donnée au travail des pompes, le feu ne tarda pas à être éteint et, à 5 heures et demie, toute crainte de danger avait disparu.

Nous sommes heureux de dire que, partout, au milieu de cette foule d'hommes envahissant les corridors, les bonnes religieuses ont toujours retrouvé sur leur passage les témoignages d'un profond respect et tous les égards dus à leur habit. ( Le Pays d'Auge )

 

Avril 1860   -   Les processions.   -   « Le Normand » nous annonce que les processions des deux paroisses Saint-Pierre et Saint-Jacques de Lisieux, se rendre tous les ans, le jour du Vendredi-Saint, au calvaire placé sur la route de Rouen, ont été favorisées par une des plus belles journées que nous ayons encore vues cette année. Aussi la foule des fidèles qui assistait à ces pieuses cérémonies était-elle plus considérable que jamais. (Le Ordre et la Liberté)

 

Avril 1860   -   Tentative de vol.   -   Mardi dernier M. le commissaire de police de Lisieux fut appelé dans l'établissement de M. Lambert, maire de la commune de Saint-Jacques, pour constater une audacieuse tentative de vol commise avec escalade et effraction pendant la nuit précédente. Les malfaiteurs, venus, on le présume, pas la rivière, ont pénétré, après avoir cassé un carreau de la fenêtre, dans le bureau des employés, où ils ont essayé d'ouvrir le coffre-fort, n'ayant pu en venir à bout, ils sont entrés dans le bureau particulier de M. Lambert.

Là, ils ont forcé le tiroir d'un comptoir dont on avait heureusement retiré l'argent qui s'y trouvait. Déçus dans leur espoir de trouver quelque bonne somme à emporter, les auteurs de cette criminelle entreprise se sont retirés probablement par la même voie qu'ils étaient venus. La justice informe activement.  ( Le Normand )

 

Mai 1860   -   Un accident de la route.  -   Hier matin, au moment où une voiture chargée de barriques passait sur le pont Saint-Jacques, les deux roues, dont les écrous étaient sans doute dévissés, se détachèrent instantanément de l'essieu. Le mouvement imprimé à la voiture par le choc qui en est résulté fit rouler des barriques, dont l'une d'elles, remplie d'eau-de-vie, fut défoncée. Dans cette circonstance, personne n'a été blessé. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1860   -   Réunion de communes.  -  Une enquête aura lieu à Lisieux, le 25 de ce mois, sur le projet de réunion à cette ville des communes de Saint-Jacques et de Saint-Désir. ( Le Pays-d’Auge)

 

Mai 1860   -   L’abus d’alcool.  -  Le cas de mort accidentelle, dûs à l'abus des boissons deviennent de plus en plus fréquents. En voici un nouvel exemple.

Le sieur Duval Théodore, âgé de 62 ans, demeurant à Lisieux, était allé mercredi dernier à Montreuil, canton de Cambremer, en compagnie du sieur Tesson, boulanger, qui voulait acheter du bois. Le soir, Duval était ivre, et son compagnon eut beaucoup de peine à le ramener jusqu'à Saint-Désir. Là, Tesson l'assit sur la berge de la route, et vint à Lisieux chercher la fille de Duval, afin qu'elle lui aidât à conduire son père. Ce dernier, resté seul, n'attendit pas leur retour, et lorsque Tesson et la fille Duval arrivèrent à l'endroit où ils auraient dû le trouver, ils ne virent personne.

Après de longues et infructueuses recherches, pensant qu'il avait bien pu s'endormir dans un coin, Ils se retirèrent. Le lendemain dès 6 heures du matin, le cadavre de ce malheureux fut trouvé dans la rivière, arrêté au râtelier de la fabrique de M. Boislaurent. ( Le Pays-d’Auge)

 

Mai 1860   -   Un accident du travail.   -   Le 5 courant, le nommé Trouard Paul-Ernest, âgé de 13 ans 1/2, demeurant à Lisieux, travaillant à casser des cailloux sur la ligne de chemin de fer de Lisieux à Caen, est tombé sur la voie à Saint-Désir, et a eu le pied droit presque entièrement coupé par la roue d'un wagon de ballast.

La blessure était tellement grave qu'on a dû pratiquer l'amputation de la jambe au-dessous du genou. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1860   -   Accident de la route.  -   Le 1er de ce mois, vers 3 heures 1/2, un omnibus de Lisieux, qui conduisait des voyageurs au train express se dirigeant sur Caen, à rencontré dans la rue de la Gare, un individu qui, dans un état d'ivresse assez prononcé, occupait le milieu de la chaussée.

Malgré les cris réitérés du conducteur, il ne crut pas devoir se déranger, bientôt le conducteur, le voyant se précipiter sur sa voiture fit de grands efforts pour l'éviter. Malheureusement il ne put y parvenir, et, atteint par le brancard, l’ivrogne fut jeté par terre, et les deux roues lui passèrent sur le corps.

Transporté à l'hospice, cet homme, qui a été reconnu pour être un sieur L........, âgé de 48 ans, officier de santé, demeurant dans le département de l'Eure, à succombé pendant la nuit. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   Des arrestation pour grève.   -   Une tentative de coalition entre les ouvriers charpentier, dit le Normand, aurait eu lieu à Lisieux, la semaine dernière, pour demander une augmentation du prix des heures de travail. Les gendarmes ont arrêté, samedi 26 mai, en vertu d'un mandat d'amener, les nommés Pierre Garnier et Alexandre-François Desvaux, tous deux ouvriers charpentiers, prévenus d'être les provocateurs ou les meneurs de cette tentative. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   Un éboulement.   -   Vendredi soir, vers 6 heures, quatre ouvriers maçons faisaient des réparations au deuxième étage d'une vieille maison, rue Petite-Couture à Lisieux, appartenant au sieur Jouenne, demeurant campagne de Saint-Jacques, au village de Grez. Le plancher sur lequel se trouvaient ces quatre ouvriers a cédé tout-à-coup en entraînant avec lui les planchers du grenier et du premier étage.

Deux maçons furent ensevelis sous les décombres, mais ils ne tardèrent pas à être retirés. Un seul avait quelques conditions, l'autre n'avait absolument rien. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   Pour les élèves des lycées et collèges.   -   A l'occasion de l'annexion de la Savoie et de l'arrondissement de Nice à la France, le ministre de l'instruction publique a décidé qu'il y aurait congé avec sortie demain dimanche 17, pour les élèves des lycées et collèges des départements. Deux jours seront ajoutés aux grandes vacances pour tous les lycées et collèges de l'Empire. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   Un délit de coalition.   -   Un délit de coalition à amené, le 19 de ce mois, devant le Tribunal de police correctionnelle de Lisieux, 22 ouvriers charpentiers et 14 couvreurs. Les condamnations suivantes ont été prononcées :

Ouvriers charpentiers :

Deux à 15 jours de prison, deux à 8 jours, deux à 6 jours, neuf à 3 jours et tous solidairement aux dépens, les sept autres acquittés.

Ouvriers couvreurs :

Deux à 6 jours, dix à 3 jours de prison et solidairement aux dépens. Les deux derniers ont été renvoyés de l'action du ministère public, sans dépens. ( Le Pays d’Auge ) 

 

Juin 1860   -   Un ivrogne.   -   Le 2 au soir, un individu, qui avait bu plus que de raison, dit le Normand de Lisieux, s'était introduit, avant la fermeture des portes du jardin public, pour cuver son vin, dans une baraque adossée au mur de la prison, et dans laquelle le jardinier resserre des cloches pour ses fleurs et d'autres objets.

Vers dix heures, cet homme fut pris d'exaltation, il classa, brisa ce qui lui tomba sous la main, et en jeta les débris dans la rue Condorcet. Quelques voisins, ne sachant à qui attribuer ce tapage, allèrent prévenir les gendarmes.

Le maréchal-des-logis et un de ses hommes se rendirent sur les lieux avec le gardien du jardin, et ce ne fut qu'après une lutte des plus vives que les gendarmes parvinrent à se rendre maître de cette ivrogne, devenu furieux, et à le conduire au violon.

Cette individu, conducteur de bestiaux de son état, est de Château-Gontier. Comme, en résultat, il y a eu plus de bruit que de mal, il a été rendu à la liberté. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   Violences conjugales.   -   Pendant deux nuits consécutives, un nommé Coupeau, âgé de 46 ans, terrassier au chemin de fer, demeurant campagne de Saint-Jacques village du nouveau-Monde, à accablé sa femme de coups et de mauvais traitements, pour la forcer, dit-on, à reprendre une somme de 400 fr. qu'elle avait déposée à la Caisse d'Épargnes avant son mariage. C'est malheureuse victime, arrachée par les voisins aux brutalités sauvages de son mari, a été portée, mercredi, toute couverte de contusions et avec une côte enfoncée, à l'hôpital, où tous les soins nécessaires lui ont été donnés. Quand au mari, il a été arrêté et déposé à la maison d'arrêt. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Inauguration de la manufacture.   -   Les journaux de Lisieux rendent compte d'une imposante cérémonie qui a eu lieu le 1er juillet dans l'immense manufacture d'Orival, appartenant à M. Fournet, et dont on célébrait l'inauguration. Nous extrayons du « Normand » les détails suivants :

Un autel avait été construit sur la porte principale de l'établissement : des fleurs, de brillants candélabres, de riches tapis ornaient cet autel. Un arc de triomphe encadrait la porte d'entrée, et des mâts avec des oriflammes s'élevaient de distance en distance. Dans la cour de l'usine, plus de quatre cents ouvriers, placés avec ordre, et un nombreux public, attendaient en silence les bénédictions du prêtre autour de l'autel, on remarquait M. Fournet avec un cortège de personnes d’honorables qu'il avait appelé à cette fête.

A cinq heures, M. l'abbé Michel, vicaire-général du diocèse, délégué par Monseigneur, est venu processionnellement avec M. le curé de Saint-Jacques, son clergé et M. le curé de Saint-Désir, présider à cette cérémonie. A genoux au pied de l'autel, il a entonné le Veni Creator. Après le chant de cette hymne et les oraisons convenables, il a commencé la bénédiction de l'édifice. Il a béni ces ateliers immenses, où l'œil se promène au milieu de plus de 300  métiers, il a béni cette puissante machine avec ses redoutables chaudières, il a béni cette cheminée qui s'élance à 56 mètres au-dessus du sol. Il a demandé à Dieu que ces instruments terribles ne soient pas des instruments de mort pour les sept cents ouvriers qui doivent les faire fonctionner, mais qu'ils contribuent autant à la prospérité du commerce qu'au bien-être du peuple, il a demandé à Dieu que le vice  s'éloigne de cette fabrique, et que l'honnêteté, la moralité, le travail et la sanctification du dimanche s'y établissent au premier rang pour le bien de la religion, de la société et de la famille.

Cette cérémonie religieuse, qui fera époque dans les annales de notre ville, a été suivie d'un banquet que M. Fournet a généreusement offert aux ouvriers qui concourent ou qui ont concouru à la formation de l'établissement. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Une chute.   -  Mercredi, le nommé Fouquet, dit Tom-Pouce, ouvrier attaché à l'atelier de charité, âgé d'une quarantaine d'années, était monté dans un des Tilleuls du boulevard de Pont-l'Évêque, à Lisieux, pour cueillir des fleurs, lorsqu'il s'est laissé tomber d'une hauteur assez considérable. M. le docteur de Labordette a été appelé pour donner les premiers soins à cet individu, qui s'est fait plusieurs blessures graves. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Encore une chute.   -   Jeudi, dans l'après-midi, le nommé Lhermitte, peintre vitrier, était monté sur le toit de la fabrique de M. Poret, boulevard Sainte-Anne, à Lisieux, pour remettre un carreau de vitre à une tabatière, le pied lui manqua et il tomba de cette hauteur sur le sol. Lhermitte a été relevé sans connaissance, il avait une profonde blessure à la tête et le corps tout contusionné. Son état est très grave. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Un train en retard.   -   Vendredi matin, le train de Pont-l'Évêque avait, à son arrivée à Lisieux, un retard de 1 heure 25 minutes.

Au moment du départ du train, la chaudière de la locomotive à éprouvé une avarie, l'on a été obligé de demander un pilote à Lisieux pour amener le train. Les voyageurs n’ont éprouvé aucun accident, un des mécaniciens a eu quelques brûlures aux mains. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Une arrestation.   -   La police a procédé jeudi à l'arrestation du nommé Flageul François, ouvrier terrassier au chemin de fer, demeurant à Lisieux, rue du Hommet, prévenu de menaces de mort envers sa femme. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860  -  Réunion de Saint-Jacques et Saint-Désir à Lisieux..  -  Les  délibérations des Conseils municipaux de Saint-Jacques et de Saint-Désir, contraires au projet, de l'avis de Mgr l'Évêque de Bayeux et Lisieux, favorable au projet, sous la réserve de la conservation des divisions actuelles du culte, et des différents mémoires publiés par les communes intéressées,  le territoire de Lisieux, entièrement bâti, est tellement restreint et circonscrit par les communes de Saint-Désir et de Saint-Jacques.

Cette ville a été contrainte d'exécuter, à son compte et à grands frais, des travaux considérables sur un territoire étranger, en même temps que de grands établissements industriels cherchent, au dehors, des emplacements que l'enceinte de la ville ne leur offre plus.

Les agglomérations de Saint-Jacques et de Saint-Désir, placées aux portes mêmes de la ville, composent en réalité avec elle un ensemble homogène, que ce voisinage immédiat a pour conséquence de faire profiter la population suburbaine des avantages de la ville, sans participation à ses charges, de sorte que cette population s'est progressivement augmentée de près d'un cinquième, depuis 20 années, alors que la population urbaine est restée à peu près stationnaire.

Les deux communes de St-Jacques et de St-Désir sont, dès à présent et depuis longtemps, réunies à Lisieux pour le culte, que le principal cimetière est commun, que les églises et les presbytères sont situés dans l'enceinte de la ville, que Lisieux a même contribué pour une part importante à l'acquisition de ces mêmes presbytères, que les écoles de la ville sont fréquentées par un grand nombre des enfants de Saint-Jacques et Saint-Désir, à tel point que ces établissements ont dû recevoir des extensions considérables. Il en est de même des  établissements de bienfaisance, où les communes de Saint-Jacques et Saint-Désir trouvent des secours dont l'usage paraît ne leur avoir jamais été refusé.

L’absence de toute démarcation entre les trois communes juxtaposées énerve l'action municipale de la ville de Lisieux, qu'en étendant cette action à des populations parfaitement unies  par leurs habitudes, par leurs occupations et par leurs mœurs, elle tirera de sa concentration dans une seule main, et de l'ensemble de sa direction, plus de force et d'efficacité.

D'autre part, les intérêts bien compris des communes de Saint-Jacques et Saint-Désir demandent leur réunion à une ville riche, dont les ressources rayonneront sur les parties rurales de son territoire, plutôt qu'à des communes d'une moindre importance et dont les ressources sont beaucoup plus restreintes, par ces différents motifs, les communes de Saint-Désir et de  Saint-Jacques soient réunies à celle de Lisieux, en conservant leurs anciennes divisions pour le culte.

 

Août 1860   -   Maltraitance.   -   M. le commissaire de police, prévenu par la rumeur publique qu'une femme Dassonville, demeurant rue de Livarot, maltraitait horriblement sa petite fille, âgée de sept ans, et la nourrissait à peine, fit venir, jeudi, la mère et l'enfant à son bureau. L'aspect chétif et souffreteux de cette dernière décida M. Billon à la faire visiter de suite, malgré les dénégations de la mère, par M. le docteur Notta.

Le corps de la pauvre petite offrait les traces nombreuses et récentes de son continuel martyre. Sur les ordres de M. le procureur impérial, on a conduit l'enfant à l'hospice, et la femme Dassonville à la maison d'arrêt.

Cette mère dénaturée, qui, au rapport des voisins, laissait son enfant presque mourir de faim, est née à Dunkerque, elle a deux autres enfants : une fille de 18 à 20 ans et un petit garçon de 8 ans. Délaissée par son mari, qui faisait, dit-on, un commerce de grains assez étendu, elle habite Lisieux depuis environ trois ans.  ( Le Normand )

 

Août 1860   -   On lit dans « Le Normand », journal de Lisieux, 11 août.   -   Samedi dernier, vers cinq heures de l'après-midi, plusieurs rues de la ville ont été mises un instant en rumeur par les cris de rage que poussait un homme couché dans un banneau et garrotté par tous les membres ; trois agents marchaient de chaque côté de la voiture et veillaient à ce qu'il ne se brisat pas la tête contre les ridelles. C'était un malheureux fou que l'on reconduisait à l'hospice, d'où il s'était échappé en brisant la porte de son cabanon.

Cet homme, nommé Legrand, est doué d'une force prodigieuse, et animé, dans ses crises, des plus mauvais instincts, il avait fallu toute l'énergie des agents pour le dompter. Déposé dans un nouveau cabanon, sa fureur ne s'est pas apaisée, dans une de ses dernières tentatives d'évasion, il a démoli la croisée de sa cellule et descellé un des barreaux extérieurs. Ainsi armé, il inspirait une profonde terreur à toute la maison, lorsque l'agent François arriva au moment où Legrand allait s'ouvrir un passage par la muraille. Malgré les recommandations qu'on lui faisait de ne pas s'exposer seul à la fureur d'un fou, l'agent, profitant d'un moment où ce dernier agrandissait encore le trou avec sa barre de fer, tourna doucement la clef de la porte, puis s'élança à l'improviste sur Legrand et le saisit corps-á-corps. Tous deux tombèrent à la fois et se roulèrent par terre, mais l'aliéné fut enfin vaincu par la force supérieure de François, auquel on put venir en aide.

Cette scène, dans laquelle l'agent de police risqua sa vie en luttant contre un fou dont la rage était portée au dernier paroxysme, ému au dernier point les assistants. Toutes les mesures ont été prises depuis pour prévenir un nouvel accident jusqu'au départ de Legrand pour la maison de Beaulieu, à Caen, ce qui a eu lieu avant-hier.  ( Le Normand )

 

Septembre 1860   -  Un accident.   -   Vendredi dernier, dans l'après-midi, un ouvrier est tombé de la hauteur d'un second étage, en travaillant à la couverture d'une maison située à 2 kilomètres de Lisieux, sur l'ancienne route de Rouen, et appartenant à M. Allain-Heudiard. L'état du blessé n'a pas permis de le rapporter en ville. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1860   -  Baptême de cloche à Lisieux.   -   Dimanche 30 septembre, après les vêpres, a eu lieu, dans l'église Saint-Pierre, le baptême d'une nouvelle cloche à laquelle le parrain, M. Jules Delarue, et la marraine, Mme Alfred Fleuriot, née Méry-Samson, ont donné le nom de Saint-Paul.

Mg. l'évêque de Bayeux et Lisieux n'ayant pu venir lui-même présider à cette cérémonie, ainsi qu'il avait été annoncé, les bénédictions ont été données par M. l'abbé Durand, chanoine honoraire et chapelain de la communauté de la Providence. Un grand nombre de personnes notables avaient été invitées et remplissaient le chœur, toutes les autres parties de l'église étaient occupées par la foule des fidèles.

Après le baptême, il y a eu bénédiction solennelle du Très Saint-Sacrement, pendant laquelle l'Harmonie lexovienne a chanté plusieurs morceaux avec un ensemble et une précision qui ont obtenu les éloges des connaisseurs. ( Le Normand )

 

Octobre 1860   -  Accident de chemin de fer.   -   On nous adresse les détails suivants sur l'accident qui a eu lieu, dimanche dernier, sur la ligne du chemin de fer de l'Ouest :

Douze véhicules entrant dans la composition du train mixte nº 7, qui part d'Évreux à 5 heures 30 du matin, pour arriver à Bayeux à 11 heures, ont déraillé, vers 8 heures 30 sous le tunnel de la Motte, entre Lisieux et Mesnil, par suite de la rupture d'un rail en six morceaux.

Le train n'a continué sa marche que l'espace de 30 mètres après le déraillement, les mécaniciens s'étant aperçus tout de suite de l'accident.

Les wagons qui se trouvaient en tête du train n'ayant pas quitté la voie, on y a fait monter tous les voyageurs, et on les a amenés ainsi à Mézidon, où de nouvelles voitures ont été mises à leur disposition.

Le relevage s'est effectué très rapidement, et l'express qui part de Caen à 11 heures 30 n'a éprouvé, dans sa marche, qu'un retard de 1 heure 10 ; il a pu passer sur le lieu du déraillement à 1 heure 30.

Il n'y a pas eu à déplorer la moindre blessure ; les avaries du matériel sont très minimes. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1860   -  Une invention.   -   Un industriel américain vient d'arriver à Paris,  afin de vendre en France un appareil des plus ingénieux pour traire les vaches. Cet appareil, employé avec succès aux États-Unis, dans les exploitations agricoles où il existe un grand nombre de vaches, permet de traire à la fois, et dans l'espace de quelques minutes, un troupeau entier de ces animaux.

L'appareil consiste en une pompe aspirante en caoutchouc munie de plusieurs tuyaux, lesquels s'adaptent a autant de pis que l'on veut. En un tour de manivelle la succion s'opère, et les mamelles de la vache sont complètement vidées. Ce qu'il y a de curieux, c'est qu'une fois qu'elles ont été traites par ce procédé, les vaches ne reviennent que difficilement à l'ancienne méthode. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1860   -  On lit dans le « Normand », du 15 décembre.   -   Une nouvelle, qui s'est répandue en ville hier dans l'après-midi et qui a étrangement surpris, c'est celle de la mise en arrestation de l'agent de police nommé François, sous la prévention de vol.

Cet homme avait été chargé, dit-on, en raison de ses fonctions, du dépôt momentané d'une petite cassette fermée à clé, contenant une somme d'argent appartenant à une servante qu'il arrêtait alors pour vol domestique, celle-ci a subi, depuis, quinze jours de prison.

Lorsque François voulut remettre cette cassette au gardien-chef, la serrure ne tenait plus, et il manquerait, d'après le dire de la fille, quinze à dix-huit francs à la somme déposée et comptée devant témoins. Ces derniers ont été entendus. L'affaire s'instruit.

Il paraîtrait que cet individu a eu antérieurement des démêlés personnels avec la justice. Il ne faudrait pas cependant induire de là que l'administration municipale a agi avec légèreté dans le choix de cet agent, c'est appuyé sur des certificats de cinq années de bons services dans la police du Havre, c'est encore muni d'excellents certificats émanés de personnes honorables et haut placés, que François se présentait à Lisieux. On ne pouvait, dès lors, avoir aucun soupçon sur ses antécédents.

Aussitôt que M. le maire a été informé de cette affaire, il a pris un arrêté, en date d'hier, par lequel le nommé François est révoqué de ses fonctions d'agent de police. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1860   -  Une noyade.   -   Un enfant de huit ans, nommé Louis-Elie Tiberghien, appartenant à une famille d'ouvriers étrangers employés chez MM. Lambert, filateurs, et qui habitent la maison dite le « Petit-Malheur », s'est noyé, jeudi matin, sous les yeux de sa mère. Il s'amusait avec son petit frère à balayer la cour, lorsque l'idée le prit d'aller laver son balai à la rivière, ses pieds glissèrent sur le talus glacé et il tomba à l'eau. Aux cris du plus jeune enfant, la mère sortit et vit l'aîné entraîné par le courant.

Le pauvre enfant a été retiré de l'eau dans un herbage voisin, mais, saisi par le froid, il avait déjà cessé de vivre. ( Lexovien )

 

Mars 1861   -   Un incendie.   -   Le 27 du même mois, vers 2 heures du matin, un incendie s'est déclaré Grande-Rue, nº 46, à Lisieux, dans une cave servant de magasin au sieur Deschamps, faïencier. Grace à l'intervention des pompiers, le feu a été promptement éteint.

Le dommage est évalué à 1 500 fr. environ. Tout était assuré.

Le même jour, un autre incendie a éclaté dans la même ville, au domicile de M. Oger, teinturier, boulevard Sainte-Anne.

107 kilog. de laine, qui se trouvaient dans l'étuve, théâtre du sinistre, ont été entièrement consumés. Le dommage est évalué à 960 fr. L'immeuble et les marchandises étaient assurés. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1861   -   Par arrêté de M. le préfet.   -   Par arrêté de M. le préfet, en date du 16 avril :

-  Mme Pringault, religieuse, est nommée directrice de la salle d'asile de Lisieux, en remplacement de Mme Letourneur.

-  Mme Mary, religieuse, est nommée institutrice communale Laize-la-Ville, en remplacement de Mme Pichard.

- M. Lévrier, qui dirige actuellement une école libre à Caen, est nommé instituteur public sans changer de résidence.  ( L’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1861   -   Le résultat d’une imprudence.   -  Vendredi dernier, vers midi, an accident épouvantable est venu jeter l'effroi parmi les ouvriers de l'usine d'Orival, appartenant à M. Fournet, de Lisieux. Le nommé Germain (Alexandre-Hippolyte), ouvrier dans cet établissement, en voulant rattacher une courroie pendant que son métier était en marche, a été pris dans les engrenages et littéralement broyé. Nous épargnons aux lecteurs la description de l'horrible spectacle que présentaient les restes de cet infortuné, qui ont été portés à l'hospice.

Comme tous les accidents semblables, celui-ci est le résultat de l'imprudence de celui qui en a été victime. Germain était Agé de 27 ans, né à Vimoutiers. Sa jeune femme travaillait dans la même usine, elle a un tout petit enfant et est enceinte. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1861   -   Les gendarmes.   -   On est trop habitué à trouver dans la conduite de la gendarmerie des actes de générosité et de désintéressement pour qu'il soit nécessaire de faire suivre d'aucun commentaire le fait suivant que nous signale encore « Le Lexovien » :

Le nommé Rose (Alphonse-Aimé), âgé de 38 ans, journalier, né et demeurant à Lisieux, avait été condamné, le 31 juillet 1860, par le tribunal correctionnel à 16 fr. d'amende et aux dépens ; le tout formait une somme de 20 fr. 45 c. et entraînait la contrainte par corps.

Comme Rose n'avait pas acquitté cette somme, le brigadier de gendarmerie à pied Pagny fut chargé de procéder à son arrestation. Rose est père de cinq enfants, cependant il était parvenu à réaliser une somme de 18 fr et il exprimait tout son désespoir de ne pouvoir compléter la somme.

Le brigadier Pagny, touché de la position de cet homme, lui offrit les 2 fr. 45 c. qui lui manquaient, et en outre lui fit la remise des 3 fr. qu'il devait percevoir pour l'arrestation.

Ces actes de générosité, très fréquents dans la gendarmerie, doivent être signalés par la presse, et nous sommes heureux de remplir ce devoir. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Mai 1861   -   Un incendie.   -   Jeudi, 16 courant, un commencement d'incendie a éclaté au domicile d'un sieur Bonière, demeurant à Saint-Jacques de Lisieux. La perte est évaluée, pour les effets mobiliers, à 1 000 fr., et, pour le bâtiment, à 150 fr. Le bâtiment seul était assuré. On ne sait à quoi attribuer ce sinistre. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1861   -   Un vol.   -   Dans la nuit de jeudi à vendredi, un voleur, qui probablement s'était caché la veille dans l'église de Saint-Jacques, pendant la fermeture des portes, a forcé avec un ciseau deux troncs de cette église et s'est empré de l'argent qui s’y trouvait. Il a ouvert toutes les chapelles, fureté partout, dans un confessionnal, il a trouvé la clé de la sacristie, où il a laissé des traces de son passage. Il parait qu'il ne voulait que de l'argent, car il n'a rien pris des autres objets qui se trouvaient sous sa main.

L'auteur de ce vol est sorti par la cour de la sacristie, en escaladant le mur du côté du boulevard. ( Le Normand )

 

Juin 1861   -   Le dérèglement climatique.   -   Il semble depuis quelques années, que les perturbations atmosphériques marchent de pair avec les commotions politiques que ébranlent le sol de la vieille Europe. Nous avons eu un mois de mai moins pluvieux que l'année dernière, mais, il était réservé au mois de juin de déchaîner sur nous de terribles orages, et des pluies intermittentes mais très fortes.

Paris à présenté à différentes reprises, un phénomène singulier, tandis que plusieurs quartiers étaient inondés par des torrents de pluies, il ne tombait pas une goutte d'eau sur d'autres points de la capitale.

Déjà ces ondées bienfaisantes ont modifié l'aspect des campagnes, qui commençaient à souffrir de la sécheresse. L'état des récoltes laisse d'ailleurs beaucoup à désirer. Les blés sont également maigres et les prairies claires.

Presque partout il a fallu réensemencer les betteraves. Par compensation les vignes sont partout admirables, à quelques exceptions près.

Depuis trois jours la chaleur a été très grande, les thermomètres se sont élevés à 41 degrés au soleil, vendredi. ( L'Écho Honfleurais)

 

Juin 1861   -   Lisieux et les grands Arbres.   -    Le Journal de Lisieux, le Lexovien, dans son dernier numéro, appelle l'attention de l'administration locale sur le transport des grands arbres (arbres en grume) à travers la ville.

Il voudrait qu'on empêchât ces arbres de traverser Lisieux et surtout de suivre la rue Pont-Mortain.  Il dit qu'un arrêté municipal fait défense de conduire des bestiaux à travers la ville et qu'on pourrait également interdire d'y transporter des arbres.

Nous trouvons qu'il y a là une question plus importante qu'on ne pense et que notre confrère n'a pas aperçue.

Honfleur reçoit beaucoup de grands arbres qui servent à la construction des navires et qui lui viennent par Lisieux. Pour ne pas passer par Lisieux, il faudrait faire prendre à ces arbres des chemins détournés et quelquefois fort longs qui ne feraient qu'augmenter le prix de revient.

Il faut qu'Honfleur reçoive de grands arbres pour la construction de ses grands navires ; il n'y a pas moyen de les scier en plusieurs parties pour plaire aux habitants de Lisieux.

Si quelques marchandes de galettes se trouvent en étalage sur la voie parcourue par ces arbres, que l'administration les fassent retirer pour éviter quelque malheur et leur trouve un endroit plus à l'abri des dangers de la circulation des arbres ; mais interdire le passage des grands arbres à travers la ville de Lisieux, nous paraît une prétention en opposition avec le commerce, le trafic journalier et nous paraît aussi porter une atteinte et un préjudice à l'industrie.

Les voies publiques ont été faites pour la traction et la circulation des marchandises et du public et non pour y installer des marchandes de galettes. Si ces marchandes sont exposées, c'est à la police à les faire retirer préférablement à lancer un interdit sur le passage des bois par Lisieux.

En commerce, c'est l'économie qu'il faut chercher, et, ce que propose notre confrère serait une surcharge de frais qui incomberait dans bien des circonstances à la charge de la construction maritime Honfleuraise. ( L'Écho Honfleurais)

 

Juin 1861   -   La foire St-Ursin.   -   Un temps magnifique a favorisé la foire Saint- Ursin, à Lisieux, le chemin de fer a amené, le matin, une affluence considérable de personnes venant des localités voisines. La place Impériale, qui sert de champ de foire, est loin, cette année, de compter le nombre de marchands forains qui venaient ordinairement s'y établir. Heureusement, et en compensation, les affaires chez les marchands de la ville ont été nombreuses et faciles. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juin 1861   -   Le temps qu’il fait.   -   Aujourd'hui, à midi et demi, le thermomètre de M. de Raveton marquait 28° 5 centièmes de chaleur. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juillet 1861   -   Un accident.   -   Samedi matin, parmi les faneuses que tous à la place M. Dorléans, propriétaire à Saint-Jacques-de-Lisieux, se trouvait la femme Duclos, demeurant à Saint-Désir-de-Lisieux. Cette femme, après être convenue du prix de la journée, s'achemina vers la ferme de M. Dorléans avec les autres faneuses et le domestique, qui conduisait un banneau chargé de fumier.

La femme Duclos, pour s'épargner la fatigue de la marche, monta, malgré la défense du domestique, sur le banneau de fumier, mais, lorsque le banneau fut engagé dans le chemin du Sap, un cahot la jeta par terre devant la voiture, la roue lui passe sur le corps et la mort fut instantanée.

La femme Duclos était âgée de 38 ans et mère de deux enfants. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juillet 1861   -   Chronique religieuse.   -   Mgr l'évêque de Bayeux et Lisieux vient d'adresser à MM. les curés la lettre suivante prescrivant des prières publiques pour demander à Dieu la cessation des pluies, qui donnent les plus sérieuses inquiétudes pour les récoltes :

 

Monsieur le curé,                   Bayeux, le 18 juillet 1861.

 

La persévérance des pluies inspire aux campagnes de sérieuses inquiétudes, et je sais que les religieuses populations de ce diocèse désirent vivement que des prières publiques soient ordonnées pour écarter le fléau qui nous afflige.

C'est pour obéir à ce vœu trop légitime qu'en terminant la dernière retraite sacerdotale, j'ai autorisé MM. les curés qui en faisaient partie à célébrer dans leur paroisse une neuvaine à cette intention. Depuis dimanche, ces prières ont lieu dans l'église cathédrale et dans la plupart des églises du diocèse.

C'est l'union, Monsieur le curé qui donna la force à la prière publique. Vous inviterez donc vos paroissiens à s'associer à nos supplications pour obtenir du ciel la cessation de ces pluies désastreuses.

Notre intention est que, pendant neuf jours, il soit donné, dans chaque paroisse et dans la chapelle du grand séminaire, où s'accomplissent avec édification les exercices de la seconde retraite, un Salut de pénitence. On y chantera les antiennes au Saint Sacrement, à la Sainte Vierge, le psaume Deus noster, refugium et virtus, et le trait Domine, non secundum, qu'on terminera par les versets et oraisons accoutumés, auxquels on ajoutera l'oraison Ad postulandem aeris serenitatem.

Recevez, Monsieur le curé, l'assurance de mon sincère et affectueux dévouement.    

Charles

« Évêque de Bayeux et Lisieux. »       ( L’Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   Un arrêté.   -   Un arrêté de M. le préfet du Calvados, en date du 2 courant, porte qu'il sera procédé, du 15 septembre au 15 octobre prochain, au curage de tous les cours d'eau du département qui ne sont ni navigables ni flottables, ni enfin soumis à un régime d'association syndicale. Les dispositions de cet arrêté sont les mêmes que celles de l'année dernière. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   Grosses réparations aux bâtiments communaux.   -   Vu le rapport de M. le préfet concernant les grosses réparations d'églises, presbytères et maisons d'école.

Considérant que la plupart des communes sont dans l'impossibilité de faire face aux dépenses qu'exige la reconstruction de leurs édifices communaux.

Le Conseil s'associe au projet de M. le préfet et l'invite à faire, en 1862, les propositions qu'il croira nécessaires pour sa réalisation, jusqu'à concurrence de deux centimes extraordinaires. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   Le chemin de fer.   -   Hier, le train de marchandises, nº 117, allant de Mantes à Lisieux, a déraillé vers le poteau kilométrique, nº 180, entre St-Mards et Lisieux. La cause de ce déraillement est attribuée, dit-on, à un wagon à haute ridelle, appartenant à la ligne du Nord. Ce qui semblerait d'ailleurs confirmer cette supposition, c'est que, sur cinq wagons qui ont détaillé, il était le premier.

Nous n'avons heureusement a signaler aucun accident, les marchandises elles-mêmes n'ont eu à supporter aucune avarie. Mais cet événement a occasionné un retard de 2 heures 5 minutes au train-poste partant de Paris à 7 heures 55, et un retard de 40 minutes à l'express arrivant à Caen à 4 heures 55. Ces deux trains ont dû être réunis à partir de St-Mards. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   les prairies.   -   Les prairies, desséchées par la sécheresse qui les frappai de stérilité, ne fournissaient plus une nourriture suffisante aux bestiaux. L'eau, qui est venue si à propos, a changé entièrement cet état de choses. La terre, humectée et rafraîchie, a retrouvé les conditions nécessaires pour produire, nos vallées ont reverdi comme par enchantement, et présentent une herbe épaisse et vigoureuse qui fournit une nourriture abondante aux bestiaux mis au pâturage. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Octobre 1861   -   Accident de train.   -   On nous adresse les détails suivants sur l'accident qui a eu lieu, dimanche dernier, sur la ligne du chemin de fer de l'Ouest :

Douze véhicules entrant dans la composition du train mixte n° 7, qui part d'Évreux à 5 heures 30 de matin, pour arriver à Bayeux à 11 heures, ont déraillé, vers 8 heures 30, sous le tunnel de la Mothe, entre Lisieux et Mesnil, par suite de la rupture d'un rail en six morceaux.

Le train n'a continué sa marche que l'espace de 30 mètres après le déraillement, les mécaniciens s'étant aperçus tout de suite de l'accident. Les wagons qui se trouvaient en tête du train n'ayant pas quitté la voie, on y a fait monter tous les voyageurs, et on les a amenés ainsi à Mézidon, où de nouvelles voitures ont été mises à leur disposition.

Le relevage s'est effectué très rapidement, et l'express qui part de Caen à 11 heures 30 n'a éprouvé, dans sa marche, qu'un retard de 1 heure 10 ; il a pu passer sur le lieu du déraillement à 1 heure 30. Il n'y a pas eu à déplorer la moindre blessure ; les avaries du matériel sont très minimes. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Octobre 1861   -   On lit dans le Moniteur de l'Armée.   -   Pour faciliter le service, comme aussi pour éviter aux gendarmes qui escortent des prisonniers par les voies rapides une perte notable de temps et un surcroît de dépense, M. le maréchal ministre de la guerre a décidé, le 27 septembre, que l'intendant qui délivrera un ordre d'escorte sera autorisé à délivrer en même temps l'ordre de retour.

En outre, dans la pensée d'épargner des fatigues aux gendarmes et des dépenses à l'État, le ministre a recommandé de ne mettre, autant que possible, les détenus en route que lorsqu'ils seront en nombre suffisant pour remplir, avec les gendarmes d'escorte, un compartiment de dix places. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Octobre 1861   -   Les aides.   -   M. le ministre de l'instruction publique et des cultes, par décision du 11 octobre, a accordé :

1° A la ville de Falaise, une somme de 355 fr. pour l'entretien temporaire d'une chaire de mathématiques simples dans son collège communal, pendant le 4º trimestre de l'année 1861.

2° A la ville de Lisieux, une somme de 430 fr. pour l'entretien temporaire d'une chaire de logique dans son collège communal, pendant le même intervalle. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Octobre 1861   -   Un incendie.   -   Dimanche 20, dit le Lexovien, vers huit heures du soir, une épaisse fumée et une forte odeur de matière grasse brûlée avertirent les habitants de la rue Pont-Mortain que le feu était dans quelque maison du quartier. Bientôt, en effet, on aperçut des flammes sortir d'une petite chambre dépendant de la maison du sieur Mandagot, corroyeur.

Les époux Mandagot étaient absents à ce moment, et la porte de la maison était fermée. M. le commissaire de police qui était arrivé un des premiers avec un agent de police, fit enfoncer la porte, et les voisins portèrent les premiers secours.

M. le sous-préſet, M. le maire, le capitaine de gendarmerie et les gendarmes se trouvèrent des premiers sur le lieu du sinistre. Les pompiers amenèrent immédiatement une pompe, on forma la chaîne par le jardin de M. Bloch, qui est propriétaire de la maison occuper par le sieur Mandagot, et, en moins d'une demi heure le feu fut éteint.

Les dégâts paraissaient peu importants. Cependant, lorsque, lundi matin, M. le commissaire de police se présenta au domicile des époux Mandagot pour dresser procès-verbal du sinistre, ceux-ci accusèrent un chiffre qui parut exorbitant à ce magistrat, et il soupçonna que, par suite d'un coupable calcul, la malveillance n'était pas étrangère à cet incendie, il fit part de ses soupçons à M. le procureur impérial. Ce magistrat, ainsi que M. le juge d'instruction, se transportèrent chez les époux Mandagot, et, à la suite de l'interrogatoire auquel ceux-ci eurent à répondre, ils furent déposés à la maison d'arrêt. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Novembre 1861   -   Une arrestation.   -   Le Normand annonce que, mardi dernier dans la soirée, les gendarmes de Lisieux ont arrêté, à l'arrivée du train de Paris, le nommé Bayeux (Louis-Eugène-Germain), condamné par contumace par le tribunal de Lisieux à cinq années de prison, pour complicité de vols et d'escroqueries avec le fameux Bailleul.

Cet individu, venant de Louviers, où il se dérobait aux recherches de la justice, avait trouvé moyen de s'introduire sans carte dans la gare de Mantes et de monter dans un wagon du train qui venait à Lisieux. Pendant le temps d'arrêt du convoi dans cette dernière gare, il descendit de son wagon et voulut s'esquiver en escaladant une palissade, mais un employé du chemin de fer l'en empêcha et le fit entrer au bureau, pour qu'il donnât les motifs de sa tentative de fuite.

Le gendarme de planton, que l'on fit appeler, reconnut aussitôt Bayeux, et s'empara de sa personne pour la déposer à la maison d'arrêt. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Novembre 1861   -   Cour d’Assises du Calvados.   -   Présidence de M. le Conseiller Yvert.

Audience du 19 novembre.

Banchard (Jacques-Eugène), 35 ans, blanchisseur, et Brière (Onésime-Gustave), 15 ans, perruquier, demeurant l'un et l'autre à St-Jacques-de-Lisieux.

Attentats à la pudeur et tentative de viol par deux hommes, dont l'un, le nommé Blanchard, était le père de la victime.

Cette hideuse, cette monstrueuse affaire, dont les débats ont eu lieu à huis-clos, s'est terminée par une déclaration de culpabilité, par suite de laquelle Blanchard et Brière ont été condamnés : le premier, aux travaux forcés à perpétuité ; le second, vu son age, à être détenu dans une maison de correction jusqu'à sa vingtième année.

Défenseurs, Mes  Fauvel et Guernier. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Novembre 1861   -   Un incendie.   -   Le Normand rend compte en ces termes d'un incendie qui a éclaté jeudi dernier a Lisieux :

Vers trois heures de l'après-midı, le feu s'est déclaré dans le séchoir de l'usine de M. Fournet, prés de la gare. On présume que des paquets de fil ont tombé sur les tuyaux du calorifère et, s'étant embrasés, ont ainsi communiqué l'incendie dans les deux étages de ce bâtiment rempli de marchandises. En peu de temps, tout l'intérieur n'était plus qu'une fournaise où il était impossible de pénétrer. La couverture a été détruite, les murs et les traverses en fonte qui séparaient les deux étages ont seuls résisté à l'action du feu.

Les secours, à cette heure de la journée, ont été prompts et habilement dirigés pour préserver la grande usine de tout accident. Les directeurs et les ouvriers de l'établissement ont montré le plus grand dévouement, M. le chef de gare, ses principaux employés et un fort détachement d'hommes d'équipe, amenant avec eux leur pompe à incendie, sont arrivés instantanément et ont rendu d'immenses services. Les pompiers de Lisieux, sous les ordres de leur lieutenant, M. Candavoine, sont accourus au premier cri «  au feu ! » et ont travaillé avec ardeur à arrêter le progrès des flammes. Les pompes des usines de MM. Méry-Samson, Bordeaux et de Mme veuve Poret ont été aussi amenées pour prêter leur utile concours.

Toutes les autorités de la ville, M. le sous-préfet, M. le président du tribunal, M. le maire et ses adjoints, M. le procureur impérial, M. le substitut et M. le capitaine de gendarmerie se sont rendus sur les lieux et ont encouragé par leur présence et par leurs conseils les nombreux travailleurs. M. le commissaire de police et ses agents, ainsi que les gendarmes, ont puissamment contribué à maintenir l'ordre dans la foule. Le chef de cet immense établissement, M. Fournet, au milieu des travailleurs, ne cessait de recommander que personne ne s'exposât.

La perte en bâtiments et en marchandises est évaluée à 10 ou 12 000 fr. Rien n'était assuré. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Décembre 1861   -   Un peu de statistique à propos du dernier recensement.   -   Nous avons fait connaître déjà le résultat sommaire du recensement auquel, cette année, il a été procédé dans notre ville. Le tableau de la population du département, que nous avons sous les yeux, nous permet de communiquer aux lecteurs de l'Ordre et la Liberté les renseignements suivants, qu'on lira peut-être avec intérêt :

Le département du Calvados, qui compte 6 arrondissements et 37 cantons, comprend 767 communes, divisées de la manière suivante, sous le rapport de la population : au-dessous de 100 habitants, 12 ; de 100 à 200 h., 100 ; de 201 à 300 h., 164 ; de 301 à 400 h., 131 ; de 401 à 500 h., 90 ; de 501 à 1 000 h., 198 ; de 1 001 à 1 500 h., 42 ; de 1 501 à 2 000 h., 12 ; de 2 001 à 3 000 h., 6 ; de 3 001 à 4 000 h., 4 ; (il n'existe pas de communes de 4 001 à 5 000 h.); de 5 001 à 10 000 h., 6 ; de 10 001 à 20 000 h., 1 ; enfin de 20 001 habitants et au dessus, 1.

La commune de Malloué, dans le canton de Bény-Bocage, est celle du département qui à la population la plus faible, elle ne compte que 75 habitants.

Les dix-huit communes dont le dénombrement est le plus élevé sont, en suivant l'ordre progressif : Aunay, 2 005 h. ; Douvres, 2 131 h. ; Isigny, 2 305 h. ; Saint-Désir, 2 347 h. ; Littry, 2 351 h. ; Saint-Germain-de-Tallevende, 2 940 h. ; Vassy, 3 080 h. ; Pont-l'Evêque, 3 114 h. ; Saint-Jacques, 3 234 h. ; Orbec, 3 266 h. ; Trouville, 5 200 h. ; Vire, 7 036 h. ; Condé-sur-Noireau, 7 234 h. ; Falaise, 8 561 h. ; Bayeux, 9 483 h. ; Honfleur, 9 553 h. ; Lisieux, 13 121 h. , et Caen, 43 740 h.

Parmi les cantons, neuf n'atteignent pas le chiffre de 10 000 habitants. Ce sont : Cambremer, 6 997 h. ; Saint-Pierre-sur-Dives, 7 790 h. ; Mézidon, 8 172 h. ; Livarot, 8 474 h. ; Morteaux-Coulibœuf, 8 522 h. ; Blangy, 8 666 h. ; Dozulé, 8 761 h. ; Falaise (Sud), 8 906 h. ; Bourguébus, 9 019 h.

Vingt-un ont une population de 10 000 à 15 000 habitants : Villers-Bocage, 10 631 h. ; Caumont, 11 062 h. ; Ryes, 11 310 h. ; Trévières, 11 666 h. ; Aunay, 11 875 h. ; Vassy, 12 092 h. ; Evrecy, 12 145 h. ; Orbec, 12 293 h. ; Bény-Bocage, 12 674 h. ; Troarn, 12 834 h. ; Creully, 12 880 h. ; Falaise (Nord), 13 394 h. ; Tilly-sur-Seulles, 13 455 h. ; Bretteville-sur-Laize, 13 724 h. ; Thury-Harcourt, 13 734 h. ; Condé-sur-Noireau, 14 174 h. ; Lisieux, (1re  section), 14 368 h. ; Bayeux, 14 531 h. ; Saint-Sever, 14 585 h. ; Douvres, 14 892 h. ; Isigny, 14 947 h.

Cinq cantons présentent une population qui varie de 15 000 à 18 000 environ : Balleroy, 15,571 h. ; Pont-l'Evêque, 15 755 h. ; Honfleur, 16 423 h. ; Lisieux (2e section), 17 044 h., et Vire, 17 710 h.

Enfin les deux cantons de Caen offrent les chiffres suivants : canton ouest, 22,343 h. ; canton est, 28 225.

Le total général de la population pour le département est de 480 992. Il est réparti ainsi qu'il suit dans les six arrondissements: Pont-l'Evêque, 56 701 h. ; Falaise, 58 026 h. ; Lisieux, 67 667 h. ; Bayeux, 79 064 h. ; Vire, 83 110 h., et Caen, 136 424 h.

D'après le dénombrement fait en 1856, deux arrondissements présentent une différence en moins : Falaise, de 690 individus, et Vire, de 1 189. La population des quatre autres arrondissements s'est accrue ainsi : Bayeux, 329 h. ; Lisieux, 957 h. ; Caen, 1 369 h. ; Pont-l'Evêque, 1 839 h. Le total de la différence en plus, pour le département, est donc de 2 595 individus.

Du rapprochement de ces chiffres, on voit que, si le Calvados était livré à ses propres ressources, et en admettant même le mariage de tous les garçons indigènes, 4 071 filles seraient encore nécessairement condamnées au célibat. On voit également que la femme semble supporter plus stoïquement les douleurs du veuvage, puisque le nombre des veuves dépasse de 18 888 celui des veufs.

L'arrondissement qui a le plus de veuves à consoler est Caen, qui en compte 8 802 ; vient ensuite Bayeux, 5 185 ; puis Vire, 5 138, et Lisieux, 4 493. Falaise et Pont-l'Evêque sont ceux qui en ont le moins.

Après Caen, c'est dans l'arrondissement de Vire où l'on trouve le plus de veufs, 2 074. viennent ensuite ceux de Lisieux, 1 896 ; de Bayeux, 1 890 ; de Falaise, 1 574, et Pont-l'Evêque, 1 406. Seule, la ville de Caen compte 1 000 veufs et 2 651 veuves.

Il nous reste maintenant à faire connaître le dénombrement de la population caennaise, par professions. Ce sera l'objet d'un prochain article. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Décembre 1861   -   Janvier 1862   -   Découverte macabre.   -   Un ouvrier fileur de la fabrique de Mme veυνe Ροret, à Lisieux, le nommé Victor Bunont, âgé de 35 ans 11 mois, disparu de son domicile le 5 de ce mois, a été trouvé noyé, lundi 23, dans la rivière la Touques, près le pont du gaz.

L'état du cadavre attestait un long séjour dans l'eau. Ce malheureux, qui laisse une femme et des enfants, avait déjà donné des marques d'aliénation mentale. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Janvier 1862   -   Une découverte.   -   Une découverte intéressante a été faite, le 28 décembre dernier, dans la cour de l'usine de Mme veuve Poret, boulevard Sainte-Anne. Des ouvriers, occupés à creuser un fossé destiné à amener les eaux d'un canal de décharge, qui joint les deux rivières d'Orbec et de Touques, dans un réservoir placé près de la pompe à feu de l'établissement, ont trouvé, à environ deux mètres de profondeur, une belle statuette en cuivre ou en airain, qui a conservé en grande partie sa patine antique. Cette statuette, dont la hauteur est de seize centimètres, représente un homme entièrement nu, ayant un genou à terre. Les deux bras élevés au-dessus de la tête, qui est fort belle, paraissaient supporter un globe ou un cadran solaire (hemisphoerium), placé sur ses épaules. Cette statuette, qui malheureusement est mutilée, remonte à l'époque gallo-romaine. Elle était probablement destinée à orner l'intérieur d'une villa ou appliquée contre une des colonnes de l'atrium, cour carrée, entourée de galeries couvertes, qui précédait les habitations gallo-romaines. (Le Normand.)

 

Janvier 1862   -   Un coup de vent.   -   Le 11 courant, à 9 heures du matin, un violent coup de vent s'est fait sentir, dit le Normand de Lisieux. Une femme a été renversée du haut du perron de Saint-Pierre, et, en roulant sur les marches, elle a été grièvement blessée à la tête.

Quelques-unes des baraques établies sur la place, à l'occasion du jour de l'an, ont failli être emportées par la tempête. A peu près à la même heure, dans la commune de Moyaux, l'ouragan, soufflant avec fureur, a enlevé la toiture en zinc d'un bâtiment nouvellement construit et appartenant à M. Vautier, propriétaire. Cette toiture, malgré sa longueur d'environ huit mètres, a été emportée par le vent et n'a été arrêtée qu'à une certaine distance par une haute cheminée, qui, en lui faisant obstacle, a éprouvé des dégâts. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1862   -   Cour d’Assises du Calvados.   -   Présidence de M. le conseiller Adeline. L'accusation est soutenue par M. d'Englesqueville, substitut de M. le procureur général.     Audience du 17 février.

Affaire Sandret (Ferdinand), 40 ans, cafetier à Lisieux.

Cet homme, qui tenait, à Lisieux, un petit café auprès du théâtre, fut poursuivi avec sa femme il y a quelques mois, et condamné par le tribunal correctionnel pour excitation à la débauche.

L'instruction qui eut lieu à l'occasion de ce délit amena la constatation de faits beaucoup plus graves. Il a été établi, en effet, que ce misérable se livrait depuis longtemps aux actes les plus révoltants sur des enfants de son voisinage qu'il réunissait chez lui, et jusque sur sa propre fille et son fils.

Une peine de vingt ans de travaux forcés lui a été infligée pour ces faits.

Défenseur: M e  Potel. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1862   -   Le tirage au sort.   -   Hier a commencé simultanément, dans tous les chefs-lieux de canton, la grande opération du tirage au sort des jeunes gens de la classe de 1861 nés en 1841, pour la formation du contingent annuel. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1862   -   Un vol à l’hospice.   -   Dans la nuit du 15 au 16, un vol a été commis, avec escalade et effraction, dans le bureau de l'économe de l'hospice de Lisieux. Les moyens dont s'est servi l'auteur de ce crime audacieux pour l'accomplir semblent indiquer qu'il avait la connaissance des lieux.

D'après quelques traces trouvées dans le jardin de M. Nadereau, qui borne celui de l'hospice, on pense que le voleur a passé par-dessus le mur de séparation à l'aide d'une échelle, puis, après s'être emparé d'un drap déposé dans un cabanon voisin, il est allé chercher une autre échelle près d'une remise et est venu l'appliquer contre la fenêtre du bureau, dont l'imposte très élevée reste ordinairement ouverte. C'est par cette étroite ouverture qu'il s'est introduit, en se servant du drap qu'il avait attaché au gond d'une persienne pour descendre dans l'intérieur.

Parvenu dans l'appartement, le voleur, après avoir allumé une bougie, a forcé le secrétaire avec les pincettes du foyer et a pris dans les tiroirs tout l'argent qu'ils contenaient (795 fr. 90 c.), et quelques menus objets. Personne dans la maison n'a entendu le plus léger bruit, ce n'est que le matin qu'on s'est aperçu du vol. La justice informe. ( Le Normand )

 

Avril 1862   -   Découverte macabre.   -  Mardi matin, dit le Normand de Lisieux, les ouvrières de l'usine de M. Méry Samson ont aperçu, dans la rivière de l'Orbiquet, le corps d'un homme noyé qui était arrêté aux vannes de l'établissement.

Ce cadavre, quoiqu'il fût défiguré par son séjour prolongé dans l'eau, a été reconnu pour être celui du sieur Boulon, mercier à Saint-Désir, dont l'absence constatée remontait à une vingtaine de jours.

Ce malheureux avait donné précédemment des signes d'aliénation mentale. ( l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1862   -   Distribution aux églises du département .  -   A l'occasion de la fête de l'Empereur, le ministre d'État a distribué à diverses églises des départements un certain nombre des tableaux provenant des commandes ou acquisitions faites sur les fonds des beaux arts.

Parmi les départements compris dans cette distribution, nous trouvons, pour la Normandie, le Calvados et l'Orne. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1862   -   La foudre.   -   Lundi dernier, dit le Pays d'Auge, vers 8 heures du soir, un violent orage, mêlé de pluie et de grêle, a éclaté sur notre ville. Les éclairs se succédaient presque sans interruption, le tonnerre grondait d'une manière effrayante. Il est tombé sur notre gare, a brisé un carreau du bureau télégraphique, et, suivant les fils dont plusieurs ont été rompus, il a endommagé quelques poteaux.

Heureusement, on n'a pas eu d'autres malheurs à déplorer. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1862   -   Usage des armes à feu.  -   A MM. les maires du département.

 

Messieurs,

 

Je suis informé, par des rapports parvenus de différents points du département, que l'usage des armes à feu dans les réjouissances publiques, assemblées ou fêtes patronales, continue à donner lieu à de fréquents et graves accidents.

Je crois devoir, en conséquence, appeler à ce sujet toute votre attention, et vous recommander de ne tolérer que très exceptionnellement l'usage des armes à feu dans les fêtes ou réunions publiques. Vous me trouverez tout disposé à approuver les arrêtes de police que vous prendrez pour réprimer un abus dont les conséquences sont si regrettables. Agréez, etc…

Le Préfet du Calvados, LE PROVOST DE LAUNAY. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1862   -   Une importante capture.   -   La police de Lisieux, dit le Normand du 27, vient de faire une capture assez importante : mercredi soir, elle fut avertie du prochain passage par notre ville d'une famille voyageant à pied, traînant une petite voiture à bras, chargée de paquets provenant en partie de vols commis dans les environs de Vassy (arrondissement de Vire). En effet, jeudi matin, l'agent Kuhn fut de bonne heure sur la trace de la bande signalée, et, grâce à son activité, la voiture ne tarda pas à être saisie et les conducteurs arrêtés.

La troupe se composait d'abord de neuf personnes, après interrogatoire, on relâcha immédiatement un homme et une femme que l'on reconnut être étrangers aux prévenus, le hasard seul les avait réunis sur la route, et ils étaient arrivés de compagnie à Lisieux.

Les sept autres ne forment qu'une seule famille ainsi composée le père, Jean-Baptiste Lejal, ouvrier fileur, né à Vienville (Vosges), demeurant à Condé-sur-Noireau, âgé de 44 ans, veuf, et six enfants, dont l'aîné a dix-neuf ans et le plus jeune douze ans.

Plusieurs des objets contenus dans leur voiture ont été reconnus par eux pour avoir été volés.

Hier matin, par le train de huit heures, ils ont été dirigés sur Caen, d'où leur signalement était parti. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1862   -   Contre le charançon.   -   Le charançon, cet insecte si nuisible au blé, et qui infeste les greniers de nos cultivateurs, a résisté jusqu'à présent à toutes les recettes pharmaceutiques employées pour le détruire. Un fermier vient de trouver, assure-t-on, un excellent moyen de chasser les charançons de son grenier.

Voici comment il opère : il prend de la graine de chanvre, des feuilles de sureau et de l'ail, il broie le tout ensemble et le répand par petites fractions sur les planches du grenier. Assurément cet expédient est des plus économiques et n'exige pas de difficile préparation. Aussi croyons-nous devoir le faire connaître dans l'intérêt des cultivateurs et des autres parties intéressées. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1862   -   Cour d’Assises du Calvados.   -   Présidence de M. le conseiller Piquet.

Audience du 22 novembre.

Attentats à la pudeur et tentative de viol. Un ouvrier tisserand, le nommé Perand (Vincent-Marie), agé de trente-deux ans, né à Saint-Thelo, demeurant à Saint-Jacques-de-Lisieux, est accusé d'avoir, à Lisieux depuis moins de trois ans, commis 1° divers attentats à la pudeur, consommés ou tentés avec violence, sur une jeune fille de moins de quinze ans; 2° une ou plusieurs tentatives de viol sur la même jeune fille, lesquelles tentatives, manifestées par un commencement d'exécution, n'ont manqué leur effet que par des circonstances indépendantes de la volonté dudit Perand.

Le huis-clos a été ordonné dans cette affaire.

Déclaré coupable sur toutes les questions. Perand, en faveur duquel le jury a accordé des circonstances atténuantes, n'est condamné qu'à cinq années d'emprisonnement.

M. Dupray de Lamahérie, substitut du procureur général, a soutenu l'accusation. Défenseur. Me  Potel, avocat. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1863   -   Le mouvement de la population.   -   Voici quel a été le mouvement de la population des villes de Caen, Falaise et Lisieux, pendant l'année 1862 :

-        Caen. -  Naissances, 943 ; mariages, 258 ; décès, 1 235.

-        Falaise. -  Naissances, 171 ; mariages, 49 ; décès, 207.

-        Lisieux.  -  Naissances, 325 ; mariages, 104 ; décès, 369. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1863   -   Un incident de chemin de fer.   Mercredi dernier, le train venant de Caen, et qui arrive à six heures du soir à Lisieux, éprouva, à la sortie du tunnel de la Motte, une secousse assez forte pour faire craindre un déraillement.

L'examen immédiat des lieux a fait reconnaître que du ballast, nouvellement réparti sur la voie et pas assez tassé, avait été rejeté sur les rails par le chasse-pierre, et que telle était la cause de cet incident, qui heureusement n'a pas eu de suite. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1863   -   Une noyade.   -   Lundi dernier, dit le Lexovien, journal de Lisieux, plusieurs enfants jouaient ensemble dans le Grand-Jardin, près le Petit-Malheur, le jeu les échauffa, et la soif s'étant fait sentir, trois d'entre eux se précipitèrent vers la rivière pour se désaltérer.

L'emplacement était étroit et ne donnait place qu'à un seul enfant, ce fut à qui le premier aurait cette place. Le jeune Lafosse y parvint, mais lorsque, couché à plat-ventre, ses lèvres allaient toucher l'eau, un de ses camarades, nommé Pétion, continuant le jeu, lui donna sur la tête un coup qui le fit glisser dans la rivière. Effrayé, il le rattrapa par ses vêtements; mais, voyant Pétion sur le point d'être entraîné aussi, le troisième enfant le tira par derrière et lui fit lâcher Lafosse. Lorsque tous les deux ils virent le malheur qu'ils venaient d'occasionner, ils se mirent à courir tout effarés, en criant : « Sauvons-nous ! » Un jardinier, qui travaillait de l'autre côté de la rivière, accourut pour porter secours au pauvre petit Lafosse, mais, à cet endroit, la rivière est très profonde. Il ne savait pas nager et n'avait aucun moyen de sauvetage, il ne put le sauver.

Lorsqu'on retira Gustave Lafosse de la rivière, il avait cessé de vivre. Cet enfant était âgé de 9 ans 4 mois. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1863   -   L’ivresse.   -   Un événement qui, une fois de plus, prouve tous les malheurs que peut occasionner l'ivresse, est arrivé, vendredi, à Lisieux, dans le quartier appelé Prairie-Fleuriot.

Accablé par la chaleur, le nommé Hervieu, sabotier, s'était couché vers le milieu du jour, lorsqu'il est appelé par une de ses connaissances, le nommé Mariel (Julien), scieur de long, qui était ivre et se promenait dans le quartier. Mariel demande à boire à Hervieu. Celui-ci, sans quitter son lit, lui répond de le laisser tranquille et de passer son chemin. Peu satisfait de la réception, Mariel se met à culbuter et à jeter à terre les outils du sabotier, celui-ci quitte son lit, ramasse une pelle en bois et en assène, sur la tête de Mariel, un coup si violent qu'il lui ouvre le crane et l'étend mort à ses pieds.

Mariel exerçait l'état de scieur de long, il était âgé de 58 ans, et père de deux enfants en bas âge.

Hervieu, qui est âgé de 60 ans, a été immédiatement écroué. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1863   -   Avis.   -   On annonce que l'administration des tabacs vient de prendre une mesure qui sera approuvée par les consommateurs. Les débits de tabac pourront dorénavant livrer au public des paquets de tabac à fumer de 100 grammes (1 fr.) Jusqu'à présent, les moindres paquets étaient de 200 grammes (2 fr.) (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1863   -   Les récoltes.   -   Les avis que nous recevons sur les récoltes de l'arrondissement de Lisieux, pour la première quinzaine de juin, sont loin d'être défavorables. Les blés n'ont rien perdu de leur beauté. Ils ont, sur quelques points, un peu souffert et de la pluie et du vent, surtout sur les hauteurs, mais, en revanche, la pluie les a beaucoup favorisés dans les petites terres, où la sécheresse se faisait surtout sentir.

Les avoines et autres céréales ont bonne apparence. Il n'en est pas tout-à-fait de même, pour le moment, des arbres à cidre. Le froid continu leur a fait quelque mal. On espère cependant que la récolte ne sera pas mauvaise, car, dans les vallées, ils promettent encore beaucoup.

Quant aux prairies, les jours de pluie que nous venons de traverser leur ont fait le plus grand bien. (Le Normand.)

 

Juillet 1863   -   Par décret en date du 5 juillet 1863.   -   Sur la proposition du ministre de la marine et des colonies, M. Jules Perier, lieutenant de vaisseau, commandant la 1re  compagnie de fusiliers-marins à Puebla, a été promu au grade de capitaine de frégate pour sa conduite courageuse et dévouée dans l'expédition du Mexique.

M. J. Perier, fils de l'ancien receveur particulier des finances de Lisieux, tient à plusieurs familles des plus honorables de notre ville, déjà, au mois de juillet 1862, la noble conduite de ce vaillant officier lui avait valu la croix d'officier de la Légion d'Honneur.

Aujourd'hui, d'autres actes de courage lui ont mérité une nouvelle distinction et l'ont fait élever au grade supérieur. C'est avec une véritable satisfaction que nous annonçons la nomination dont M. J. Perier vient d'être l'objet. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1863   -   Au feu !   -    Un affreux accident est arrivé à Lisieux, dans la nuit du 12, chez le sieur Grelbin, quincaillier, rue Pont-Mortain, nº 66.

Vers une heure du matin, cet habitant a été averti par un voisin que le feu était chez lui, dans une chambre située dans les combles, au troisième étage, sur les derrières, occupée par le sieur Langlois (Amand-Constant), âgé de 27 ans, né à Prêtreville, employé chez lui depuis deux ans environ.

M. Grelbin s'est immédiatement précipité dans la chambre de son malheureux commis, qu'il a trouvé gisant dans un coin, encore tout habillé et entouré de flammes qu'il s'est empressé d'éteindre le plus vite qu'il lui a été possible.

Un médecin a été de suite appelé, mais il n'a trouvé à son arrivée qu'un cadavre défiguré et entièrement carbonisé. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1863   -   Nous lisons dans le Lexovien de samedi.   -   Ce matin, à 7 heures, un grave accident est arrivé à deux personnes qui se rendaient au marché.

M. David, propriétaire à Saint-Crespin, et Mme Dauvergne, de la même commune, arrivaient à Lisieux, montés sur une voiture chargée de bourrées. A l'entrée de la ville, leur voiture a été accrochée par une autre voiture chargée de fagots, le choc a fait perdre l'équilibre à M. David, qui a été précipité du haut de la voiture sur le trottoir, s'est fait une blessure grave à la tête et a eu deux côtes cassées. En voyant tomber M. David, Mme Dauvergne s'est élancée pour le retenir, mais, entraînée elle-même, elle est tombée devant la voiture, dont la roue lui a passé sur le cou, son état est des plus graves.

A la vue de cet accident, les voisins se sont empressés de porter secours aux deux blessés, qui ont immédiatement reçu les soins de M. le docteur Levillain. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1863   -   La mort qui rode.     -   Jeudi dernier, dit le Normand de Lisieux, un voyageur, venant de Rouen et se rendant à Cherbourg par le train qui passe à Lisieux à 8 heures 55 du soir, se trouva tellement indisposé qu'il dut suspendre son voyage et descendre à notre gare.

Parvenu dans la cour, il sentit ses forces l'abandonner et fut obligé de s'asseoir sur le bord du trottoir, près de lui se trouvait par hasard un appariteur de Trouville, qui venait de manquer le train de 9 heures 5. L'étranger s'adressa à lui et le pria instamment de ne pas l'abandonner, de le conduire à un hôtel, et lui confia qu'il était porteur d'une somme assez importante (un peu plus de 2 000 fr.).

L'honnête appariteur s'empressa de le conduire à l'hôtel d'Alençon, où on lui prépara vite un lit. A peine fut-il couché que, son état s'aggravant de plus en plus, la maîtresse de l'hôtel envoya chercher un médecin, M. Vauquelin, lorsque celui-ci arriva, le malade n'existait plus.

Malgré la rapidité du mal, cet homme a conservé sa connaissance jusqu'à la fin, il a déclaré que son indisposition avait commencé vers la station de Serquigny, et qu'elle avait toujours été en augmentant. Il a donné l'adresse de sa famille à Cherbourg. Celle-ci, prévenue par le télégraphe, est arrivée vendredi, et l'inhumation du défunt a eu lieu le lendemain. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1863   -   Un incendie.     -   Le Normand rend compte en ces termes d'un incendie qui a éclaté la semaine dernière à Lisieux :

Dans la nuit de dimanche à lundi, vers deux heures trois quarts du matin, un incendie a éclaté avec une grande violence dans l'étuve de l'établissement de M. Émile Fleury, fabricant de draperies, boulevard Sainte-Anne. Le bâtiment où se trouvait l'étuve mesurait 30 mètres de longueur sur 10 de largeur, il a été entièrement brûlé, il ne reste que les murs.

Aux premiers cris d'alarme, la pompe de l'usine de M veuve Poret et celle de M. Méry-Samson (deux établissements voisins) ont été amenées les premières pour combattre le fléau dévastateur, et peu d'instants après sont arrivées les pompes de la ville.

Les autorités se sont immédiatement rendues sur le lieu du sinistre, ainsi que la police et les gendarmes.                  

Après deux heures d'un travail actif et dirigé avec intelligence, le feu, qui menaçait d'étendre ses ravages, a été maîtrisé et concentré dans son foyer, à cinq heures et demie, il était éteint, et, à six heures, les sapeurs-pompiers rentraient leur matériel au magasin.

Le rappel des tambours au milieu de la nuit avait amené sur le boulevard de nombreux travailleurs qui, à la vue du danger menaçant le reste de l'établissement et les propriétés voisines, se sont empressés d'apporter leur concours pour le service des pompes et la formation des chaînes.

La cause de cet événement est, dit-on, tout à fait accidentelle on présume que le feu, qui s'est déclaré au premier étage d'un atelier donnant sur la rivière, a pris dans des déchets de laine échauffée.

Au premier moment, les pertes ont été évaluées ainsi :  Le bâtiment et les machines qu'il renfermait, 22 000 fr. ; 250 pièces de draps perdues, 50 000 fr. ; outils et accessoires, 28 000 fr. Total, 100 000 fr.

M. Fleury était assuré à deux compagnies pour 91 000 fr.

Cet établissement occupait une vingtaine de personnes. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1863   -   Un accident.     -   Samedi dernier, dit le Normand de Lisieux du 24, un ouvrier terrassier, le nommé Croiset, âgé de 41 ans, était employé dernièrement à déblayer des terres pour la construction d'une cave dans la propriété de M. Michel, brasseur, village du Nouveau-Monde.

Le travail était très avancé, et son patron ainsi que ses camarades lui observèrent à plusieurs reprises qu'il y avait beaucoup de précautions à prendre afin d'éviter un éboulement dans la mine qu'il creusait. A tous les avis, Croiset répondait que ce n'était rien et qu'il en avait vu bien d'autres à Paris.

Cette confiance excessive lui a été fatale. Un éboulement s'est, en effet, produit tout à coup, qui a enseveli le malheureux ouvrier sous une masse de terre dont le poids a été évalué à 4 000 kilos.

Ses camarades ont aussitôt couru à son secours et commencé le sauvetage. Au bout de quelques minutes, ils entendirent Croiset qui poussait un soupir. Quand ils arrivèrent à lui, ils lui soulevèrent la tête pour faciliter la respiration, mais il avait déjà cessé de vivre. On appela néanmoins un médecin, qui ne put que constater le décès. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1863   -   Les journaux de Paris publient la note suivante.     -   On sait qu'un décret du 4 septembre dernier affecte une partie des fonds destinés aux constructions de maisons d'école à l'ameublement du logement personnel des instituteurs et des institutrices, sous la condition que les communes contribueront pour une moitié à l'acquisition de ce mobilier, qui sera leur propriété.

Le ministre de l'instruction publique a décidé, en conséquence, que tout projet de construction soumis à son approbation devra, à dater du 1er janvier prochain, comprendre cette dépense évaluée à 600 fr., et au moyen de laquelle les objets suivants seront achetés :

-       2 lits, 2 tables de nuit, 8 chaises, 2 tables rondes, une commode, une armoire, le tout en noyer ciré.

-       2 toiles à paillasse, 4 matelas, 2 traversins, 2 oreillers,

2 couvertures en laine, 2 couvertures en coton.

-       1 table de cuisine et 4 chaises de cuisine en bois blanc,

1 marmite en fonte, 3 casseroles, un seau.

Toutefois, l'acquisition d'un mobilier devra être faite, dès à présent, dans les communes où la direction de l'école serait confiée à un instituteur ou à une institutrice qui débuterait dans son emploi.

Les localités où il n'y a pas de mutation d'instituteur ou d'institutrice recevront également la subvention de 300 fr., dès qu'elles se décideront à acquérir le mobilier à l'usage personnel du maître ou de la maîtresse. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1863   -   A l’honneur.     -   Sur la liste des récompenses accordées par le ministre de l'intérieur pour des actes de dévouement, publiée par le Moniteur universel de dimanche, nous remarqnons les noms de deux courageux citoyens, appartenant au Calvados, qui ont obtenu chacun une médaille d'argent de 2e classe, ce sont :

-       M. Guiot (Jean-Louis-Frédéric), sergent-fourrier des sapeurs-pompiers à Lisieux, blessé dans un incendie, à Lisieux, le 30 août 1857.

-       M. Duval (Louis-Charles-Adolphe), sapeur-pompier à Saint-Pierre-sur-Dives : 23 ans de services utiles et dévoués. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1863   -   L’hiver arrive.   -   Une violente bourrasque, qui s'est élevée dans la nuit de dimanche à lundi, est venue pour ainsi dire marquer à Caen un changement notable dans la température. Après les pluies abondantes qui sont tombées depuis quelques jours dans notre pays, hier le temps s'est subitement mis au froid, et tout annonce que nous sommes décidément entrés dans la saison d'hiver. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1863   -   La mort qui rode.     -   Lundi 2 du courant, vers sept heures du soir, un individu étranger à la localité, dit le Normand de Lisieux, se présenta à l'hôtel du Bras-d'Or, tenu par Mme veuve Percot, et se fit servir à manger. En prenant son repas, cet homme fut tout-à-coup asphyxié par un gros morceau de viande resté dans l'œsophage et qu'il ne put avaler, malgré les soins empressés qu'on lui donna, le malheureux est mort étouffé en quelques instants.

Par les soins de M. Barré, commissaire de police, on a transporté à l'hospice le cadavre de cet inconnu, dont voici le signalement :

Taille, 1 mètre 60 ; cheveux châtains grisonnants, barbe rousse, collier et sourcils légèrement roux, front couvert, visage ovale, teint pâle.

Vêtements : Blouse bleue presque neuve, une seconde, bleue déteinte, pantalon en toile bleue, rapiécé de deux morceaux sur le devant, chemise de couleur en indienne à petits carreaux, chaussettes en coton de couleur, chaussé en caoutchouc.

Il paraissait âgé de 40 à 45 ans et portait au bras gauche l'empreinte d'un vésicatoire, il était coiffé d'une casquette en drap bleu-clair, avec un tour en velours noir.

On a trouvé sur lui une somme de 14 fr. 63 c., un mètre, deux crayons à l'usage des menuisiers et des charpentiers, et un cabas. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1863   -   Un pendu.     -   Le 16 de ce mois, le cadavre d'un individu, qui s'était pendu à un pommier dans un champ situé sur la route de Dives, près de Lisieux, a été aperçu par le sieur Amour, boulanger, qui se rendait à Manerbe.

Prévenu de cet événement, M. Barré, commissaire de police, s'est aussitôt rendu sur les lieux, assisté de M. le docteur Delabordette, lequel, après examen, n'a pu que constater la mort de ce malheureux.

Transporté à l'hospice par les soins de M. le commissaire de police, il a été reconnu pour être le nommé Jonniaux (Adolphe), ouvrier chaudronnier, âgé de 54 ans, né au Mans (Sarthe), et travaillant chez le sieur Molliet.

Les renseignements recueillis ont appris que Jonniaux s'adonnait aux boissons alcooliques, ce qui le privai souvent de ses facultés mentales. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1864   -   On lit dans la Gazette des Campagnes.   -    D'après une statistique, l'effectif des chevaux et du bétail en France s'élève, en chiffres ronds, comme suit :

chevaux , 3 000 000 ; ânes, 400 000 ; mules et mulets,

330 000 ; bêtes à cornes, 10 200 000, dont 300 000 taureaux ; 2 000 000 de bœufs ; 5 800 000 vaches ; 2 100 000 élèves ; veaux nés dans l'année, 4 000 000 ; bêtes à laine, moutons et agneaux, 35 000000, dont 26 000 000 de mérinos ou métis, et seulement 7 000 000 de bêtes communes ; chèvres et chevreaux, 1 400 000 ; porcs au-dessus d'un an, 1 400 000 ; cochons de lait et marcassins, 4 millions.

La France actuelle possède 5 100 000 hectares en prairies naturelles ; 2 600 000 en prairies artificielles ; 6 600 000 en pâturages et landes.

Un journal de Paris s'étonne, à la vue de ces chiffres, que la viande soit encore aussi chère.

L'étonnement du journaliste cesserait immédiatement s'il se donnait la peine de calculer le poids de viande nette livrée annuellement à la boucherie par ces animaux, réparti entre les 39 millions de bouches qui composent notre population française.

Il est certain que nous consommons trois fois plus de viande que nos pères, il y a cinquante ans, mais aujourd'hui même il y a encore plus de vingt millions d'individus qui ne mangent pas de la viande dix fois par an ! Il est certain que la production animale, d'un autre côté, ne s'accroît pas aussi vite que les demandes de la consommation. L'agriculteur qui s'ingénie à multiplier cette production est donc dans la voie la plus sûre et la plus fructueuse pour lui-même et la mieux adaptée aux intérêts de son pays.  (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1864   -   Nous lisons dans le Lexovien du 2 juillet.   -   Dimanche, vers 11 heures du soir, une attaque nocturne a eu lieu sur deux employés du chemin de fer, et a eu, pour l'un d'eux, de funestes suites.

Les sieurs Rodière et Papon, employés au chemin de fer, se rendaient au domicile de ce dernier, rue de Livarot, avec Mme Papon, qui est institutrice à la Houblonnière, et qui était arrivée par le train de 10 h. 55 m.

Quatre individus se trouvèrent sur leur passage, les insultèrent de paroles, mais Rodière et Papon, peu soucieux d'avoir des querelles, passèrent leur chemin et arrivèrent au domicile de ce dernier, ils y déposèrent un carton que Mme Papon avait apporté, et se disposaient à retourner à la gare, où Papon était de service de nuit.

A peine eurent-ils mis le pied dans la rue que les quatre individus qui les avaient déjà insultés se jetèrent sur Rodière, qui sortait le premier, l'entraînèrent à quelques pas, l'accablèrent de coups de pied et de coups de poing, le renversèrent, et l'un d'eux lui asséna un coup de pierre à la tête qui lui fit une grave blessure à l'œil ; à ses cris : « ils m'ont crevé un œil », les quatre agresseurs s'enfuirent chacun de son côté, et Papon put approcher de son camarade, l'aider à se relever et à se transporter chez lui.

Rodière est gravement blessé et on craint qu'il perde l'œil.

Mardi, le nommé Lavache, ouvrier relieur, fortement soupçonné d'être un des auteurs de cette attaque, a été arrêté, et, hier, trois autres individus, sur lesquels pèsent également de graves soupçons, ont été mis en prison après l'enquête faite par M. le commissaire de police. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1864   -   Une tentative d'empoisonnement.   -    Une tentative d'empoisonnement a eu lieu mercredi à Lisieux, dans les circonstances suivantes :

Les époux Fougeray, demeurant rue Petite-Couture, vivaient depuis longtemps en mauvaise intelligence, mercredi, la femme Fougeray, ainsi qu'elle en avait l'habitude, prit un petit flacon en verre et alla chez un cafetier voisin acheter du café, elle rentra chez elle, versa le café dans une tasse, le sucra et le but. Aussitôt elle fut prise d'un violent sentiment de brûlure à l'estomac et de tous les symptômes d'empoisonnement, convaincue qu'elle a avalé du phosphore, elle court chez une voisine qui lui fait prendre de suite quelques tasses de lait qui calment ses douleurs. Elle va chez un pharmacien qui confirme ses appréhensions, elle se décide alors à porter plainte contre son mari que, seul, elle soupçonne être l'auteur de cette  criminelle tentative.

La justice a immédiatement commencé une enquête.

Les réponses de Fougeray et son attitude ayant paru confirmer les soupçons qui planent sur lui, il a été mis en état d'arrestation et déposé à la maison d'arrêt. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1864   -   Un suicide.  -   Dimanche matin, dit le Lexovien du 24, le propriétaire d'une maison située rue de Caen, vint avertir M. le commissaire de police qu'une de ses locataires, la fille Désirée Trottet, qui depuis quelque temps donnait des signes évidents d'aliénation mentale, n'avait pas été aperçue depuis le jeudi précédent.

On procéda immédiatement à une recherche. La porte de sa chambre était fermée intérieurement, mais, à l'aide d'une échelle et par une petite fenêtre restée ouverte, on la vit affaissée sur le parquet. Lorsqu'on arriva près d'elle, on s'aperçut que cette fille s'était pendue à la targette d'une fenêtre, et que le poids de son corps avait fait casser la mince ficelle qui lui avait servi à accomplir son suicide.

Cette fille, qui avait été longtemps en service, avait fait des économies, ses dernières volontés étaient écrites sur un papier déposé sur la table. Elle était âgée de 60 ans. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1864   -   Incendie à Lisieux.  -   Dans la nuit de dimanche à lundi dernier, la ville de Lisieux a été le théâtre d'un incendie considérable. Vers minuit, le feu se manifestait tout-à-coup dans une fabrique de frocs, appartenant à MM. Mery-Samson et Fleuriot, et les flammes, alimentées par des matières combustibles, ne tardèrent pas à envelopper et dévorer tout le bâtiment.

L'alarme se répandit promptement dans la ville, mais, avant qu'on ait pu organiser les secours, le feu avait déjà fait d'immenses progrès. Cependant treize pompes, dont sept appartenant à la ville et les autres à divers fabricants et à l'administration des chemins de fer, furent promptement mises en mouvement. Malheureusement, telle était l'intensité de l'incendie que, malgré l'activité et le zèle déployés par les hommes de la compagnie de pompiers de Lisieux, admirablement dirigés par leurs officiers, MM. Condamine, père et fils, et Léger, on ne tarda pas à reconnaître que tous les secours devaient être dirigés de façon à faire, comme on dit, la part du feu et à préserver les maisons voisines.

La fabrique étant située dans un quartier populeux, il était à craindre, en effet, que le feu ne se communiquât aux habitations, car alors le fléau eût été une cause de pertes incalculables, et peut-être aussi d'irréparables malheurs. L'action des pompes fut donc dirigée dans ce but, le feu fut enveloppé de toutes parts, et les flammes, qui sont allées jusqu'à lécher les murs de la caserne de gendarmerie, qui se trouve en face de la fabrique, furent constamment refoulées dans l'immense foyer d'où elles cherchaient à s'échapper.

A 4 heures 1/2 du matin, on était à peu près maître du feu. Cependant, il n'a pu être complètement éteint que vers sept heures.

La perte est considérable. Cette fabrique, l'une des plus belles de la cité lexovienne, possédait plus de deux cents métiers, aujourd'hui, l'immeuble, les métiers, les marchandises, le tout estimé à une somme d'au moins un million cinq cent mille francs, tout est détruit, il ne reste qu'un amas de décombres. Près de cinq cents ouvriers, qui étaient employés dans l'établissement, vont donc se trouver momentanément sans ouvrage. Le tableau de cette ruine est lamentable.

En présence de ce sinistre effrayant, que les ressources dont disposait Lisieux pouvaient être insuffisantes à arrêter, les autorités locales demandèrent des secours à Caen, où des ordres furent promptement donnés, soit par M. le secrétaire général de la préfecture, en l'absence de M, le préfet, soit par M. le général de brigade, commandant la subdivision, et tandis que M. Tallot, chef de mouvement de la 4e division du chemin de fer de l'Ouest, faisait organiser un train spécial, un détachement de 70 hommes du 33e de ligne, commandé par un capitaine, prenait les armes, et 24 pompiers de la compagnie de Caen, sous les ordres de leur capitaine, M. Paisant, quittaient l'Hôtel-de-Ville avec quatre pompes et se dirigeaient en toute hâte vers la gare.

A 5 heures 5 minutes, le train spécial, conduit par M. Tallot lui-même, quittait Caen, emportant à toute vapeur vers Lisieux les troupes et le matériel des pompes. Ce train arrivait à destination à 6 heures 1/4. Mais, comme nous l'avons dit, à ce moment les pompiers de Lisieux étaient entièrement maîtres du feu, le secours envoyé de Caen fut donc inutile, et, à 10 heures du matin, les pompiers et le détachement d'infanterie étaient de retour à Caen.

On nous signale, comme ayant fait preuve de dévouement, M. le sous-préfet, M. le maire, M. le capitaine de gendarmerie, M. le commissaire de surveillance administrative de Lisieux, etc...

Plusieurs habitants se sont fait remarquer par leur courage, entr'autres un jeune vicaire de St-Jacques-de-Lisieux, qui, pendant trois heures entières, a été vu à la chaîne, au bord de la rivière, donnant aux habitants l'exemple de l'abnégation et du dévouement.

Nous espérons pouvoir publier les noms des courageux citoyens qui se sont particulièrement distingués dans cette triste et douloureuse circonstance. En attendant, nous devons dire encore que la conduite de la compagnie de pompiers de Lisieux est digne des plus grands éloges, son élan et la bonne direction de ses manœuvres ont préservé tout un quartier de la ville du fléau dévastateur. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1864   -   L’incendie de Lisieux.  -   Aux détails que nous avons publiés sur le terrible incendie de la fabrique de MM. Mery-Samson et Fleuriot, nous devons ajouter que l'immeuble et les marchandises qui ont été consumés étaient assurés.

Il y avait pour 1 200 000 fr. de laine en magasin. C'était l'approvisionnement de l'hiver. Il y avait aussi de grandes quantités de draps prêts à être livrés au commerce.

On pense que le feu a pris par l'échauffement des laines.

Rien n'est plus fréquent, écrit-on de Lisieux, que ces ruines complètes des manufactures de laine, car des planchers en sapin sont constamment arrosés d'huile, et, une fois le feu allumé, rien ne peut plus l'éteindre.

Les établissements industriels sont soumis à des dispositions réglementaires, ne serait-il pas temps de leur imposer des planchers en fer ou tout au moins en bois rendu incombustible ? Dans les filatures de coton, les lumières ne doivent point brûler à l'air libre, dans les filatures et tissages de laine, ces sages précautions ne sont point prescrites. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1864   -   Terrible accident à Lisieux.  -   Avant-hier, au moment où nous mettions sous presse, un épouvantable événement s'accomplissait à Lisieux sur le terrain même où, le dimanche précédent, avait eu lieu l'incendie de la filature de MM. Méry-Samson et Fleuriot. On sait que ce sinistre n'avait occasionné aucun accident parmi les travailleurs, et, quoiqu'on se trouvât en présence d'un grand désastre, on se félicitait que ce dernier n'ait été assombri par aucun deuil, mais la mort n'avait pas dit son dernier mot.

Jeudi, vers midi et demi, une quinzaine de femmes, quelques hommes et des enfants travaillaient à retirer des décombres les débris de laine et de drap que le feu avait épargnés dimanche, lorsque tout-à-coup un craquement se fit entendre et fut aussitôt suivi de la chute d'un grand mur de l'usine qui était resté debout et qui est tombé avec fracas, ensevelissant pour ainsi dire une partie des travailleurs. On accourut pour porter secours aux victimes de cet événement, dont la plupart poussaient de lamentables gémissements.

Cette fois, on retira des nouveaux décombres les cadavres de six femmes tuées sur le coup, puis deux autres femmes grièvement blessées, qui ont été transportées à l'hôpital, enfin, un homme qui avait reçu une blessure tellement grave qu'on a dû l'amputer de la jambe droite. Parmi les enfants, trois seulement ont été contusionnés légèrement.

On se ferait difficilement une idée de la consternation que cet affreux accident a produite au sein de la population lexovienne, à peine remise de l'émotion que lui avait causée si subitement, au milieu de la nuit, l'incendie de dimanche dernier. Nous renonçons à dépeindre cette scène de désolation.

On nous assure qu'après l'incendie de la filature, des ingénieurs avaient visité les bâtiments encore debout et avaient reconnu qu'ils présentaient assez de solidité pour ne pas être abattus. S'il en est ainsi comment expliquer la chute du mur qui vient de répandre la mort et la désolation au milieu de tant de familles ? (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1864   -   Catastrophe à Lisieux.  -   Les journaux de Lisieux nous ont apporté dimanche de nouveaux détails sur le terrible événement qui, jeudi dernier, a répandu la consternation dans cette ville, et dont nous avons entretenu nos lecteurs dans notre précédent numéro.

Les six cadavres des infortunées qui ont été tuées sur le coup par suite de l'éboulement du mur de l'usine de MM. Méry-Samson et Fleuriot, après avoir été retirés de dessous les décombres, furent déposés dans la cour de la caserne de gendarmerie. Des sœurs de l'hospice furent placées auprès, et ces religieuses commencèrent la veillée des morts.

Voici les noms des victimes : Aglaé Cassé, 25 ans ; femme Adélaïde Porte, 52 ans ; femme Boulet, 58 ans ; femme Baron, 61 ans ; femme Mérantier, 72 ans ; femme Poplu, 75 ans.

Des deux autres femmes blessées, l'une la veuve Jouen, née Harel, âgée de 70 ans, fut portée à l'hospice, où elle est morte le surlendemain dans la nuit, cette femme avait une fracture du sternum et une grave blessure à la tête. L'autre femme, nommée Marabout, quoique ayant de sérieuses blessures à la tête, est aujourd'hui hors de danger. L'ouvrier auquel on a dû pratiquer l'amputation de la jambe droite se nomme Quesnel dit Lavallée, âgé de 62 ans ; il a encore le pied gauche fortement contusionné.

Les trois enfants qui, comme nous l'avons dit, n'ont été que contusionnés sans gravité, sont les nommés Louis Tassilly, Alexandre Fleury, âgés de 11 ans, et François Bourd, âgé de 14 ans, ce dernier est à l'hôpital.

Aussitôt après avoir été informé de ce triste événement, M. du Margat, secrétaire général, envoya l'ordre de former une commission chargée d'examiner tous les murs et de faire abattre ceux qui présenteraient le moindre danger. Cette commission est composée de MM. Géraldy, ingénieur des ponts et chaussées ; Nicolas, architecte de la ville, et Lacroix, capitaine des pompiers. Il parait que le funeste accident a eu pour cause la rupture d'un des sommiers relié au mur resté debout par des crampons en fer. La chute de cette pièce aurait entraîné celle de la maçonnerie à laquelle elle était attachée.

Aucune fissure, aucun tassement ne s'étaient manifestés depuis les quatre jours qui séparaient les deux sinistres, et rien n'avait éveillé les craintes. Au moment où le mur a commencé à s'ébranler, un gendarme, qui était présent, s'est écrié : « Sauvez vous, le mur s'écroule ! » Et ce sont les malheureux qui n'ont pas eu le temps de fuir qui ont été ensevelis sous les débris du mur. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1864   -   L’examen de grammaire.  -   L'examen de grammaire imposé aux aspirants en médecine et en pharmacie aura lieu, à Caen, le 10 novembre, à 8 heures moins 1/4 du matin.

Le jury se réunira dans les bureaux de l'inspection académique, hôtel des anciens bureaux de la préfecture, rue de la Préfecture. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1864   -   On écrit de Lisieux.  -   Deux nouveaux malheurs viennent encore d'affliger notre ville. Un ouvrier mécanicien, occupé à travailler au bord de la rivière, est tombé à l'eau. Un de ses camarades s'est précipité à son secours, mais, sa tête ayant porté sur un piquet, il s'est fait une grave blessure, qui lui a fait perdre connaissance. Pendant ce temps, le malheureux mécanicien a été noyé. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1864   -   Brûlé vif.  -    Jeudi, la dame de Wailly, demeurant commune Saint-Jacques, quartier du Petit-Malheur, laissa assis dans une petite chaise à bras son enfant, âgé de 15 mois, pour aller laver quelques pièces de linge à la rivière, située à bien peu de distance de son logement.

On présume que quelques étincelles sautèrent sur les vêtements du pauvre enfant et les enflammèrent, car, lorsque la mère rentra, elle le trouva entouré de flammes et couvert de brûlures. Malgré les soins qui lui ont été donnés, le pauvre enfant a succombé vers deux heures du matin. ( Le Lexovien. )

 

Janvier 1865   -   La population.   -   Mouvement de la population en 1864 dans les trois communes ci-après  :

Ville de Lisieux. Naissances, 337  -  Mariages, 72  -  Décès, 508.

Commune de Saint-Désir-de-Lisieur.  Naissances, 78  -  Mariages, 20  -  Décès, 108.

Commune de Saint-Jacques-de-Lisieux.

Naissances, 118  -  Mariages, 31  -  Décès, 152.  (l’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1865   -   A l’honneur.   -   M. Mazurier (Louis-André), caporal de sapeurs-pompiers à Lisieux, a obtenu du ministre de l'intérieur une médaille d'honneur en argent (2e classe) pour s'être particulièrement distingué dans un incendie considérable qui a éclaté à Lisieux, le 9 octobre 1864. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1865   -   Le temps qu’il fait.   -   Le temps continue d'être pluvieux et humide. Les travaux des champs sont forcément ajournés, au moins dans les terres fortes et mouillantes, et dans les contrées affligées de mauvais chemins, ce ne sont pas seulement les travaux de la terre qui sont suspendus, les transports de tout genre sont également ajournés par force majeure.

Déjà, sur quelques marchés, l'on a cherché à exploiter cette prolongation de la saison froide et humide pour donner une faible opinion sur le rendement de la prochaine récolte et obtenir un peu de hausse sur les grains.

Il n'y a rien de fondé jusqu'ici dans ces rumeurs, qui n'ont qu'un caractère local. A la première reprise du beau temps, on verra la végétation se ranimer et prendre un essor d'autant plus actif qu'elle aura subi plus de retard. Néanmoins, comme les semailles de printemps sont plus productives, en général, lorsqu'elles sont faites de bonne heure, il est à craindre que le retard forcé de celles de 1865 n'en atténue un peu le rendement.

En somme, jusqu'ici c'est le seul préjudice qu'on soit fondé à appréhender comme résultat de la température actuelle. (Gazette des Campagnes.)

 

Mars 1865   -   Nous lisons ce qui suit dans le Normand de Lisieux.   -   Les travaux de terrassement que nécessitait la construction des canaux en maçonnerie destinés à conduire l'air chaud dans toutes les parties de notre vaste cathédrale, sont entièrement terminés. On s'occupe en ce moment de la pose des deux calorifères.

En ouvrant une tranchée dans la première chapelle du collatéral nord, placée près de l'un de ces calorifères, on a mis à découvert deux caveaux superposés. L'une des pierres qui recouvraient le caveau supérieur offre les fragments d'une inscription et un écusson qui remontent au XIIIe ou XIIe siècle. Le caveau inférieur était fortement scellé et recouvert d'une large pierre.

Dans les terres qu'on a retirées de cette chapelle, dont le sol a été exhaussé de 30 centimètres, on a trouvé de nombreux fragments de pavés émaillés dont quelques-uns présentent un riche dessin et de vives couleurs, ainsi qu'une belle pièce de monnaie (argent et cuivre) de grand module, qui date du XIVe siècle. Sur le côté principal de cette pièce est représenté un quatre-feuilles dont les lobes sont occupés par quatre lions rampants. Au centre sont placées deux LL accolées. La légende porte :

 

LVDOVICVS : DEI : GRA : COMES : ET : DNS (DOMINVS) : FLANDRIE.

 

Le revers offre une croix fleuronnée à branches égales coupant les deux légendes qui entourent la pièce.

Cette belle pièce que nous attribuons à Louis 1er (1322) ou à Louis II (1346), comte de Flandre, se rapporte parfaitement à l'époque de la construction des chapelles qui bordent les bas-côtés de la nef, lesquelles datent, comme on sait, du XIVe siècle. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1865   -   La luciline.   -   Un journal de Lisieux, le Lexovien, publie les détails suivants sur un événement qui a failli avoir de tristes conséquences, et qui a été causé par l'huile de pétrole, dont l'usage est entouré de tant de dangers :

Dimanche (16 avril), vers 8 heures du soir, une violente détonation, que suivit bientôt l'explosion d'un jet de flammes, mit en émoi tout le quartier de la Mairie et de la rue au Char. Un enfant de 14 ans, nommé Gustave Fourquemin, garçon de magasin chez M. Lemaître, épicier, Grande-Rue, avait été envoyé par son patron emplir une tourille, contenant 12 litres, à même une barrique de luciline. Impatient de voir si la tourille s'emplissait, Gustave Fourquemin approcha de la chantepleure la lumière qu'il tenait à la main, le feu se communiqua instantanément et occasionna l'explosion, en même temps que la tourille volait en éclats, ainsi que le robinet qui était soudé à la barrique.

Les secours furent immédiatement portés, on jeta du plâtre sur le liquide enflammé, et on étouffa le feu sans qu'il occasionnât d'autre dégât matériel que la perte de la luciline et de la porte de la cour, que les flammes avaient commencé à atteindre.

Le feu entourait le jeune Fourquemin, qui s'était sauvé dans la rue, on s'empressa autour de lui, on le transporta au café de France, où on lui prodigua les soins les mieux entendus, mais il a les jambes cruellement brûlées, et sa famille l'a emmené à Bernay, où elle habite.

On doit se féliciter que cet événement n'ait pas eu de suites plus graves, et il n'est pas douteux que dans un temps peu éloigné, des arrêtés viendront réglementer le débit de l'huile de pétrole et de la luciline, et en interdire la vente à la lumière. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1865   -   Une curiosité bien puni.   -   Lundi dernier, dit le Normand de Lisieux, du 10, un jeune domestique attaché à une honorable maison de notre ville a été bien puni de son indiscrétion, en furetant dans l'appartement de son maître, il avisa une boîte fermée à clé, dont il voulut connaître le contenu, pour cela il essaya avec une autre clé et parvint à ouvrir cette caisse ou cassette. Dedans se trouvait un pistolet, l'imprudent s'en saisit et essaya l'arme qu'il ne savait pas chargée, le coup partit et traversa la main gauche du trop curieux domestique. Le blessé est allé se faire panser à l'hôpital.  (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1865   -   Le temps.   -   Jeudi dernier, 8 juin, fête de saint Médard le temps a été magnifique, la chaleur a été tempérée par une brise assez fraîche de N.-E. Le baromètre est au beau fixe, ce qui fait espérer que nous allons avoir une longue série de beaux jours à moins que saint Gervais ou saint Protais ne viennent tout déranger. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1865   -   L’éducation des filles.   -   M. le ministre de l'instruction publique vient d'adresser une circulaire aux préfets, relative à la création d'écoles spéciales de filles et à la fixation du traitement des instituteurs adjoints, institutrices et institutrices adjointes.

Cette circulaire nous apprend qu'un projet de loi qui va être très prochainement soumis aux délibérations du Conseil d'Etat et des chambres contient, entre autres dispositions :

  la création d'écoles spéciales de filles dans les communes de cinq cents âmes et au dessus qui en sont encore dépourvues.

  la fixation à 500 fr. du minimum de traitement des instituteurs adjoints, et elle a pour objet d'ouvrir une enquête destinée à faire connaître la situation actuelle du service, la situation de ce même service après l'application de la loi nouvelle, et par suite les charges qui incombent aux départements et l'État dans la dépense future. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1865   -   Accident de chemin de fer.   -   Le Normand, de Lisieux, publie les détails suivants sur l'accident de chemin de fer que nous avons signalé :

Dans la nuit de mardi à mercredi, le train nº 49 qui part de la gare de Lisieux à 1 heure 40 minutes du matin, pour se diriger sur Honfleur et Trouville, a quitté la voie, par la faute d'un aiguilleur, et est allé se heurter contre un train arrêté dans la gare des marchandises. Sur les deux conducteurs attachés au train 49, celui de Honfleur, seul, a été blessé assez gravement au front, celui de Trouville en a été quitte pour quelques contusions.

Aucun voyageur, nous assure-t-on, n'a été blessé. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1865   -   nouvelles diverses.   -   La fête agricole qui a eu lieu dimanche dernier à Lisieux, avait attiré dans la ville une foule considérable de promeneurs.

Rien, on doit le dire, n'avait été négligé par l'administration locale et par les habitants, pour donner à cette fête tout l'éclat possible.

La vieille cité lexovienne avait un aspect on ne peut plus imposant. Les rues étaient garnies d'une double rangée d'arbustes, les maisons étaient ornées de guirlandes et d'écussons, et se trouvaient pour la plupart cachées sous des fleurs. Des arcs de triomphe, avec des emblèmes et des inscriptions, ayant trait à la fête du jour, se voyaient dans chaque quartier à l'entrée de toutes les rues et celles-ci ressemblaient à d'immenses boulevards, tous plus élégants les uns que les autres,

L'illumination était splendide. Le jardin public présentait un coup d'œil féerique et la foule qui s'y pressait le soir était tellement compacte, qu'elle pouvait à peine circuler dans les allées qui lui étaient réservées.

Le feu d'artifice était merveilleux et produisait dans l'obscurité un excellent effet.

Dix compagnies de pompiers, au nombre desquelles se trouvaient celles de Honfleur, de Pont-l’Évêque et de Blangy avaient accepté l'invitation de la ville de Lisieux. L'excellente musique du 70e de ligne, en garnison à Caen, était venue pour donner plus de charme à la fête et se faisait entendre plusieurs fois dans la journée. Les membres des fanfares d'Orbec et de Pont-l’Évêque étaient là aussi, jouant tour à tour avec leurs collègues de Lisieux, de nombreux morceaux choisis dans leurs répertoires.

La revue, qui avait lieu dans le jardin public et qui était passée par M. le marquis de Colbert Chabannais, notre député au Corps législatif, par M. le sous-préfet, le maire de Lisieux et ses adjoints, présentait un coup d'œil charmant. Pendant cette revue la croix de la Légion d'honneur était officiellement remise à M. Larcher, vieux soldat de l'Empire, et commandant des sapeurs-pompiers d'Orbec depuis près de 40 ans.

Pendant ce temps, les musiques jouaient, et des ballons de formes et de couleurs variées s'élevaient majestueusement dans l'espace aux applaudissements de la nombreuse assistance qui se pressait sous les tilleuls du square lexovien.

Après la revue et la promenade militaire avait lieu vers deux heures. A ce moment les rues étaient pleines de promeneurs et toutes les fenêtres des maisons étaient garnies de curieux. Le cortège avait beaucoup de peine à fendre la foule et à se frayer un passage à travers le torrent d'étrangers qui avaient envahi la ville.

La réception faite aux compagnies de sapeurs pompiers et aux musiques, a été on ne peut plus flatteuse, on les acclamait partout et on leur jetait des fleurs.

La place impériale était le matin couvertes de bestiaux de toutes sortes. Les chevaux, nous assure-t-on, s'y trouvaient en petit nombre et l'espèce chevaline n'y était représentée par aucun type remarquable. En revanche les vaches laitières, les génisses et les bêtes amouillantes y étaient en très grande quantité et se faisaient admirer par leur poids exceptionnel, la beauté de leurs formes et les qualités diverses qui caractérisent les sujets d'élite. (Le Pays d’Auge)

 

Octobre 1865   -   Un incendie.  -   Le mercredi 18, vers 7 heures 1/2 du soir, un incendie s'est déclaré à Saint-Jacques, route de Pont-l'Evêque, chez M. Frémont, entrepreneur du roulage, dans une remise contenant diverses marchandises pour une valeur d'environ 20 000 fr.

Le tout était assuré aux Compagnies mutuelles mobilière et immobilière pour une somme de 8 400 fr.

Une pompe aspirante et deux pompes foulantes ont été de suite envoyées sur le lieu du sinistre, on a pu seulement préserver la maison d'habitation, quant au magasin qui renfermait du bois, des balles d'étoupes et autres matières inflammables, il a été la proie des flammes.

A 10 heures du soir on était maître du feu, on a continué à manœuvrer les pompes jusqu'à 1 heure du matin. A cette heure tout danger était disparu.

Les pompiers de l'usine Lemaignon, Bazin Peulevey et Duchesne ont apporté aux sapeurs-pompiers de Lisieux leur concours, qui a été très utile. Personne n'a été blessé. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1865   -  Un infanticide.   -   Le 3 courant, on a trouvé dans un ruisseau près la gare de Lisieux, le corps d'un enfant nouveau-né, enveloppé dans un mouchoir de poche.

D'après l'état du corps, on présume qu'il a séjourné environ vingt-quatre heures dans l'eau, et que l'enfant n'était venu ni à terme ni viable. (L’Ordre et la Liberté )

 

Décembre 1865   -  A l’honneur.   -    Le Moniteur universel publie la liste des personnes auxquelles, sur le rapport du ministre de l'intérieur, approuvé par l'Empereur, des médailles d'honneur ont été décernées pour des actes de dévouement. Nous trouvons dans cette liste les noms suivants qui intéressent notre département : MM. Desainjors (Louis), domestique, et Bachelier (Eugène-Adolphe), syndic des gens de mer, tous deux à Ouistreham, ont obtenu une médaille en argent de 2e classe, pour s'être rendus maîtres, le 20 mai dernier, d'un cheval emporté, attelé à une voiture dans laquelle était une femme.

Une médaille en argent de 2e classe a également été accordée à M. Candavoine (Jean-Archade-Isidore), sous-lieutenant au 1er  des sapeurs-pompiers de Lisieux, pour 21 ans de services utiles et dévoués. (L’Ordre et la Liberté )

 

Février 1866   -  Un vol.   -   Un vol d'un rouleau en or, contenant une somme de 700 fr., a été commis la semaine dernière au domicile et au préjudice de M. Fromage-Pannier, rue d'Orbec, à Lisieux, par la nommée Léontine Guillaux, qui était chez lui servante.

Quelques soupçons se portaient bien sur fille Guillaux, mais comme rien ne les confirmait, ses maîtres lui donnèrent néanmoins permission d'aller à une noce à Mézidon, et d'y passer quelques jours. Pendant son absence on fit des recherches, et on trouva une partie de la somme cachée par elle. Samedi à son arrivée à Lisieux, la fille Gaillaux a été arrêtée et mise à la disposition de la justice. ( Le Lexovien )

 

Juin 1866   -   Découvert d'un cadavre.   -   les habitants d'une des maisons de la rue de la boucherie, à Lisieux, incommodés depuis plusieurs jours, par l'odeur putride qui s'exhalait  d'une chambre occupée par le nommé Chennevarin, prévinrent, lundi, M. le commissaire, qui se rendit dans la maison et fit procéder à l'ouverture de la porte de la chambre. On trouva le corps de Chennevarin sur le plancher et dans un état de décomposition très avancé, cependant on a pu reconnaître que ce malheureux avait succombé à une apoplexie foudroyante.

On s'est empressé de désinfecter l'appartement, son corps a été porté à l'hospice et on a procédé immédiatement à son inhumation.

 

Décembre 1866   -   le feu.  -   Dimanche dernier, à trois heures du soir, le feu s'est déclaré dans les combles de l'église Saint-Pierre, à Lisieux, au dessus de la sacristie et tout près de la cheminée ducale aurifères du calorifère. Les sapeurs-pompiers sont aussitôt accourus. Il leur a fallu deux heures de travail pour arrêter l'incendie. Un énorme sommier et cinq ou six chevrons ont été brûlés. La perte est estimée approximativement à 400 francs.

On attribue cet incendie au défaut de ramonage de la cheminée du calorifère et à sa mauvaise construction. En effet, elle passe au milieu des nombreuses pièces de bois qui forment la charpente, et les précautions usitées en pareil cas n'ont été prises qu'imparfaitement.

 

Février 1867   -   Le conseil municipal.   -  Le conseil municipal de Lisieux vient de voter, à l'unanimité, la somme de 100 000 francs ou la réparation de sa vieille cathédrale.

On pense que le gouvernement accordera la même somme.

Le bruit court en outre que M. le curé de Saint-Pierre a reçu 80 000 francs pour l'achat d'un grand orgue.

 

Mars 1867   -   Un grand orgue.    -   C'est la maison Barker, de Paris, qui est chargée de la construction d'un grand orgue pour l'église Saint-Pierre de Lisieux. Parmi le nombre considérable d'œuvres sorties des ateliers Barker, nous pouvons citer les belles et grandes orgues des églises Notre-Dame et Saint-Jean de Caen.  

 

Juillet 1867   -    Un drame.   -   Lundi matin, vers 8 heures, une femme Ledogar, née Marie Bonbon, demeurant à Lisieux, a jeté à la rivière sa petite-fille, âgée de 2 ans, le père de l'enfant l'a retirée de l'eau immédiatement, et a fait arrêter sa femme, qui a été conduite au bureau de police, près duquel un rassemblement nombreux s'est formé, manifestant son indignation contre cette mère dénaturée, qui avait, disait-elle, été poussée à cet acte barbare par les mauvais traitements que lui faisait subir son mari.

La femme Ledogar est âgée de 26 ans, elle est née à Valh (Bas-Rhin). Ce ménage, où la bonne harmonie est loin de régner, n'habite Lisieux que depuis six semaines environ.

 

Novembre 1867   -   L'état civil.   -   L'état civil de la ville de Lisieux présente cette curieuse particularité, que la semaine dernière  il y a pas eu de naissance déclarée, et que depuis le 7 novembre jusqu'au 22 un seul enfant a été déclaré à la mairie.

 

Novembre 1867   -   Incendie.   -   Vendredi dernier, vers une heure après-midi, le feu s'est déclaré à la sous-préfecture de Lisieux, dans une ancienne cheminée dont le tuyau a été bouché depuis l'établissement des bureaux, mais dans lequel passent deux tuyaux de poele. Plusieurs pompiers de notre ville, accourus immédiatement avec une petite pompe a main, ont pu, en peu de temps, se rendre maîtres de ce commencement d'incendie. ( Le Normand )

 

Décembre 1867   -    Un ouragan.   -   L'ouragan qui, dimanche, a exercé des ravages dans plusieurs villes, a occasionné un accident bien déplorable à Lisieux. Vers six heures et demie du soir, le sieur Amand Héroult, âgé de 67 ans, marchant boucher, rue de Caen, à Lisieux, obligé de traverser la rivière sur la passerelle, est tombé à l'eau et s'est noyé. Le vent avait éteint à plusieurs reprises le réverbère qui éclaire cette partie du quartier, on suppose que trompé par l'obscurité qui était très profonde à cette heure, il a pris à côté de la passerelle, ou  peut-être a-t-il été renversé par la violence du vent.

En tombant dans l'eau, le malheureux Héroult, poussa quelques cris désespérés, les voisins accoururent, un individu qui passait par là dans une voiture découverte, décrocha la lanterne et éclairera cette scène lugubre, mais la rivière était très forte et d'autant plus rapide que les vannes des usines étaient élevées. On ne put porté aucun secours.

La casquette de Héroult retenue au râtelier a été retrouvée. Malgré les recherches les plus actives, les sondages sur un long parcours, on n'a pu retrouver son cadavre.  

 

Janvier 1868   -   Une centenaire.   -   La doyenne de la ville de Lisieux est décédée, le 21 janvier, dans sa centième année.

Cette vénérable femme demeurait dans le faubourg Saint-Désir, chez sa fille, la veuve Morin, qui avait pour elle les soins les plus attentifs, elle se nommait Catherine-Marie Aumont,  veuve Lefrançois. Elle avait conservé son intelligence, mais elle n'avait pas quitté le lit depuis deux ans environ.  

 

Janvier 1868  -  Incendie.  -  Lundi, vers dix heures trois quarts du soir, le feu se déclara dans l'usine de MM. Lambert, au Grand-Jardin, dans le bâtiment occupé par les séchoirs.

Le rappel des tambours et des clairons de la compagnie de sapeurs-pompiers eut bientôt mis la population sur pied.

Le capitaine des pompiers,  arrivé l'un des premiers sur le lieu du sinistre, organisa le service des pompes de la ville et celles de MM. Gilotin, Bazin-Poulvey, Lemaignen, Méry-Samson et Mme Duchesne, qui avaient été envoyées avec les hommes pour les servir. Au bout d'une heure, malgré les matières combustibles dont les séchoirs étaient remplis, on était maître du feu et les pompes purent être rentrées à deux heures trois quarts.

Le feu a pris par le calorifère. Le bâtiment était occupé au rez-de-chaussée par des remises, écuries, et par le logement du concierge. Les séchoirs occupaient le premier étage. On n'a pu sauver qu'une partie du mobilier du concierge, le sieur Glorand, dit Portier.

La perte est estimée à 16 000 fr. environ, 8 000 fr. pour les marchandises, et 8 000 fr. pour le bâtiment qui avait été reconstruit après l'incendie arrivé l'an dernier, à peu près à la même date.

 

Janvier 1868  -  Incendie.  -  Une nouvelle alerte était réservée à la population dans la nuit qui vient de s'écouler. A minuit et demi, la générale battue dans les rues de la ville annonçait qu'un nouveau sinistre menaçait un des plus importants établissements industriels de Lisieux. 

Le feu venait de se déclarer dans une des dépendances de la manufacture de toiles de M. Paul Marie, construite sur l'emplacement même de l'usine de M. Méry-Samson détruite par un incendie au mois d'octobre 1865. 

Les flammes qui dépassaient les toits des maisons et les éclairaient de leurs sinistres lueurs, les débris enflammés retombant dans les rues, guidaient les habitants et leur indiquaient de quel côté leurs secours et leur aide étaient utiles. 

A une heure les pompiers de la ville avec leur matériel, les pompes de tous les établissements industriels avec les hommes qui les manœuvrent, tous sous le commandement du capitaine Lacroix, attaquèrent le feu avec une vigueur qui en arrêta immédiatement les progrès et le circonscrivit dans les limites qu'il avait conquises et qu'il n'a pu dépasser. A deux heures on en était maître, à quatre heures et demie il était éteint. 

Ce résultat inespéré mérite être signalé. En effet, a l'arrivée des pompiers de la ville et des usines, l'incendie était développé, avec une effrayante furie, sur une longueur de trente mètres, dans un bâtiment à un étage rempli de marchandises et contigu à l'usine qui commençait elle-même à brûler, le bout de la toiture, un métier ont été attaqués. 

Nous ne sommes donc que juste en attribuant à la sûreté du coup d’œil, à la précision des ordres, à la promptitude et à l'ensemble de leur exécution les proportions relativement restreintes de ce sinistre.

Honneur donc à nos pompiers, à leur capitaine et aux pompiers des établissements de la ville. L'événement de cette nuit donne la mesure des ressources que l'on peut tirer de cette mutualité.

On ne peut préciser la cause de ce sinistre. C'est Mme Langevin, concierge de l'établissement, qui a donné l'alarme. Réveillée par un bruit extraordinaire qu'elle attribua à une forte ondée de grêle, et qui n'était autre que le pétillement des ardoises se brisant à l'action du feu, elle avertit son mari qui s'empressa de demander du secours. 

L'estimation ne peut être aujourd'hui que très approximative, on donne comme chiffres des pertes : 30 000 fr. pour le bâtiment ; 30 000 fr. pour les marchandises ; 20 000 f. pour les  dégâts à l'usine et autres.

L'immeuble et les marchandises étaient assurés aux Compagnies : la Générale, l’Union, l'Urbaine, la France et le Phénix. 

A cet incendie, ainsi qu'à celui de MM. Lambert, nos magistrats et nos administrateurs ont donné l'exemple du dévouement et du travail, on les voyait mêlés aux travailleurs, les dirigeant et les encourageant par leur exemple.

 

Janvier 1868  -  Nécrologie.  -  La doyenne de la ville est décédé, le 21 de ce mois, dans sa centième année. Cette vénérable femme demeurait dans le faubourg Saint-Désir, chez sa  fille, la veuve Morin, qui avait pour elle les soins les plus attentifs, elle se nommait Catherine-Marie Aumont, veuve Lefrançois. Elle avait conservé son intelligence, mais elle n'avait pas quitté le lit depuis deux ans environ.

 

Août 1868   -   Un accident.   -   Un accident déplorable est arrivé à une famille du Nouveau-Monde, à Lisieux, les nommés Hommais. Le père, la mère et le fils ont été mordus par leur chien, qui a été reconnu atteint d'hydrophobie. L'un d'eux a eu la figure horriblement déchirée. L'animal a été abattu et les soins les plus propres à conjurer le danger ont été donnés aux blessés.  

 

Août 1868   -   Décision du Conseil général.   -   La session du Conseil général, commencée le lundi 24 août, a été terminée lundi dernier, à trois heures.

Parmi des décisions prises par le Conseil, nous devons une mention toute particulière à l'approbation qu'il a donné, samedi, à la construction des chemins de fer départementaux :

  Chemin de fer de Caen à Courseulles, passant par Cambes, Mathieu, Douvres, Luc, Langrune, Saint-Aubin, Bernières.

  D'Orbec à Lisieux, sur une longueur de 16 kilomètres.

  De Falaise à Pont-d'Ouilly, à un point de raccordement sur la ligne de Caen à Flers.

 

Novembre 1868   -   La poissonnerie.   -   La marée, qui depuis une quinzaine de jours faisait complètement défaut à Lisieux, est revenue avec une abondance telle, qu'elle ne trouve pour ainsi dire plus d'acheteurs.

Vendredi, et en dehors d'un gros approvisionnement de diverses espèces de poissons, il a été apporté à la halle 30 000 harengs frais.  

 

Janvier 1869   -   Mouvement de la population.   -  Mouvement de la population de la ville de Lisieux en 1868 : Naissances : 292.   -   Garçons, 145 ; filles, 147.   -   Mariage : 78.   -   Décès : 472.   -  Hommes, 234 ; femmes, 238.  

 

Juin 1869   -   Fait divers.   -  Un bien triste spectacle a vivement émotionné les habitants du boulevard de Pont-l'Ëvêque et de la rue de Paris, à Lisieux. 

Un pauvre fou furieux parcourait ce quartier, et s'arrêtent devant une des maisons du boulevard, il voulût y pénétrer, et en faisait le siège avec une longue pique dont il s'était armé.  Grande était la frayeur des personnes occupant la maison, mais M. le commissaire de police, ayant été prévenu, accourut suivi de ses agents qui, aidés des voisins parvinrent avec beaucoup de peine à s'emparer de cet homme  et à l'attacher sur une brouette. C'était un spectacle pénible et hideux de ce malheureux, dont les forces étaient quintuplées par la lutte,  essayer de rompre ses liens en vociférant, M, Piel, peintre, a eu le pouce démis en aidant les agents à le maintenir. 

On parvint enfin à le porter à l'hospice où les bons soins dont il à été entouré ont fini par calmer sa fureur. Cet homme se nomme Boulet il est âgé de 33 ans, et est né à Saint-Pierre-des-Ifs. Pendant quelque temps il a été employé, comme journalier, chez M. Chalopin à Glos et depuis trois semaines environ, il logeait dans un garni de la rue aux Fêvres.

 

Août 1869   -   Fait divers.   -  Le nommé Victor-Julien Mahérault, âgé de 38 ans, chef de chantier au chemin de fer, domicilié à Lisieux, a été condamné à 50 fr. d'amende et aux dépens, pour outrages par paroles envers un fonctionnaire public, à raison de ses fonctions et de sa qualité.  

 

Août 1869   -   Pour les Beaux-Arts.   -  M. le ministre de la Maison de l'Empereur et des Beaux-Arts vient d'accorder :

Au musée de Caen, un tableau ayant pour sujet  « l'Huître et les Plaideurs ».

Au musée de Lisieux, un tableau représentant  « Un jeune taureau de la vallée d'Auge ».

Au musée de Vire, un tableau représentant « la Marne à Tancrou ».

Au musée de Honfleur, un tableau ayant pour sujet « Vente de poissons sur la plage de Grandcamp ».

Pour l'Hôtel-de-Ville de Falaise, « le Portrait de Sa Majesté l'Impératrice ».

Pour l'Hôtel-de-Ville de Honfleur, « le Portrait de Sa Majesté l'Empereur ».  

 

Janvier 1870   -   La population.   -  Mouvement de la population :

VILLE de FALAISE.  -  Naissances, 153 ; Mariages, 67 ; décès, 205.

VILLE de LISIEUX. - Naissances, 306 (enfants légitimes, 242 ; enfants naturels, 64) ; mariages, 104 ; décès, 480.

VILLE de VIRE. - Naissances, 112 ; Mariages, 61 ; décès, 101.

VILLE de TROARN. - Naissances, 13, dont 8 garçons et 7 filles ; mariages, 8 ; décès, 21, dont 9 du sexe Masculin et 12 de sexe féminin. La population du bourg est  1.000 habitants environ.  

 

Février 1870   -   Fait divers.   -   Nous disions dans notre dernier numéro que M. Lys, meunier à Saint-Jacques de Lisieux, s'était noyé en voulant casser la glace qui obstruait les vannes de son moulin. Le corps du noyé vient d'être retrouvé. Le domestique et les voisins du malheureux meunier ne se sont donné aucun repos avant d'obtenir ce triste résultat. Après avoir levé les vannes du moulin et abaissé ainsi le niveau dé la rivière, ils ont cassé les glaces qui la couvraient en partie et ont aperçu le corps, mais dans quel état. Le malheureux en passant sous la roue avait été littéralement écrasé et un de ses pieds était arraché.   -   Nous disions dans notre dernier numéro que M. Lys, meunier à Saint-Jacques de Lisieux, s'était  noyé en voulant casser la glace qui obstruait les vannes de son moulin. Le corps du noyé vient d'être retrouvé. Le domestique et les voisins du malheureux meunier ne se sont donné aucun repos avant d'obtenir ce triste résultat. Après avoir levé les vannes du moulin et abaissé ainsi le niveau dé la rivière, ils ont cassé les glaces qui la couvraient en partie et ont aperçu le corps, mais dans quel état. Le malheureux en passant sous la roue avait été littéralement écrasé et un de ses pieds était arraché.  

 

Février 1870   -   Fait divers.   -   Cette semaine, quelques particularités sont à noter dans les états civils de Lisieux.

Deux fiancés se sont présentés pour la quatrième fois par devant M. le maire : la nouvelle mariée est âgée de 77 ans 4 mois, le marié de 65 ans 9 mois.

Ceci n'est que risible, mais voilà qui est plus triste, les époux Fauquet sont décédés à 24 heures de distance, le mari, le 19 février, l'épouse le 20, puis la sœur de cette dernière, la veuve Marquant, le 21.  

 

Mars 1870   -   Fait divers.   -   Dimanche au soir, la dame Verdrel, journalière, en rentrant dans le cabinet garni, qu'elle occupait Grande-Rue, à Lisieux, demanda à madame Ridel,  épicière, sa propriétaire, de lui prêter un réchaud et un peu de; charbon pour se réchauffer; parce qu'elle avait très froid.

Depuis ce jour la dame Verdrel n'avait plus été aperçue, inquiète de cette disparition prolongée, madame Ridel essaya, jeudi, de voir ce qui se passait dans le cabinet, elle aperçut la dame Verdrel, entièrement déshabillée, dans la position d'une personne qui veut monter sur son lit pour se coucher, mais ne faisant aucun mouvement. On fit prévenir M. le commissaire, la porte du cabinet fut  ouverte et on reconnut que la pauvre femme avait depuis longtemps cessé de vivre, le corps était déjà dans un état de décomposition très avancé.  

 

Juillet 1870   -  Les draperies.   -   Les négociants en draperie de Lisieux viennent de prendre une résolution à laquelle nous applaudissons dans l'intérêt des nombreux employés qu'ils occupent. Ils ont résolu de fermer leurs magasins les dimanches et jours fériés. Trois maisons seulement n'ont pas adhéré à cette convention.  

 

Août 1870   -  Mobilisation.   -    La garde mobile du Calvados, formant un effectif de plus de 6,000 hommes, est définitivement constituée, elle comprend quatre bataillons, divisés en huit compagnies chacun.

Le premier bataillon, composé des cantons de Balleroy, Bayeux, Isigny, Ryes, Trévières, Creully, Douvres et Tilly-sur-Seulles, et le quatrième bataillon, composé des cantons de; Caumont, Villers-Bocage, Aunay, Bény-Bocage, Condé-sur-Noireau, St-Sever, Vassy et Vire tiennent provisoirement garnison à Caen.

Le deuxième bataillon, composé des cantons de Bourguébus, Caen (Est et Ouest), Évrecy, Troarn, Bretteville-sur-Laize, Falaise, Coulibœuf et Thury-Harcourt, tient garnison Lisieux.

Le troisième bataillon composé des cantons de Lisieux, Livarot, Orbec, Mézidon, St-Pierre-sur-Dives, Blangy, Cambremer, Dozulév  Honfleur et Pont-l'Evêque, tient garnison à Bayeux.

 

Août 1870   -  Nouvelles du front.   -    M. Émile Greslebin, de Lisieux, officier au 8e  cuirassiers, a été blessé à la bataille de Reichshoffen. Notre compatriote a eu deux chevaux tués sous lui, et une balle lui a traversé le bras gauche, il a ensuite été frappé, de 29 balles, une a coupé sa botte de la jambe gauche, une autre a enlevé la moitié de son épaulette. 22 ont frappé sa cuirasse et 6 son casque. On peut juger par là de l'ouragan de fer au milieu duquel le 8e  a dû charger.

 

Septembre 1870   -  Démission.   -   M. Fauque, maire de Lisieux, a donné sa démission.  

 LISIEUX (Calvados)

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