Janvier
1871 -
Épidémie.
- Les
ravages que cause à Lisieux l'épidémie variolique qui y sévit sont
loin de diminuer. Le fléau s'attaque à tout : riches et pauvres, en
sont atteints. On ne peut s'en prendre au défaut d'hygiène, ou
à la débilité du tempérament, les personnes dont la santé
présente le plus de garantie, auxquelles la fortune permet les
meilleurs soins, sont atteintes et succombent en quelques jours.
Janvier
1871 -
Épidémie.
-
L'épidémie variolique continue à sévir dans le département
du Calvados : à Lisieux et à Bayeux, le nombre des malades est
très considérable. A Caen, quelques cas de variole noire sont
constatés.
Mars
1871 -
Fait divers.
- Dans la
nuit de jeudi à vendredi un immense incendie a détruit un des
établissements industriels de Lisieux. Vers minuit la population fut
éveillée par les tambours parcourant les rues en battant la
générale, et les clairons sonnant au feu, on apprit bientôt qu'un
incendie dévorait l'usine et la fabrique de draperies de M. Prével,
et les lueurs sinistres du fléau indiquaient assez le chemin à ceux
trop peu nombreux qui voulaient porter des secours. Les pompiers,
ayant à leur tête M. Danel, leur capitaine, ont résolument attaqué
l'incendie, et s'ils n'ont pu sauver l’établissement industriel,
ils ont préservé la maison d'habitation et le quartier tout entier
d'une destruction complète. Quatorze pompes, ont fonctionné sans
relâche.
La
cause de l'incendie n'a pu être déterminée. Le chiffre des pertes
est considérable il a atteint : pour les immeubles, 80.000 fr.
environ ; marchandise, 45.000 fr. ; matériel industriel, 5.000
fr. Une seule compagnie couvre ces risques.
Août
1871 -
Fait divers.
- Vendredi, à sept heures du soir, un bien malheureux
événement est arrivé dans 1a cour de la gare de Lisieux : le cocher
de M. le comte de Montgomery, au château de Fervaques, tenait
d'apporter un chargement qu'il avait déposé au chemin de fer, au
départ et alors qu'il montait sur le marchepied de sa voiture, il est
tombé mort, frappé d'apoplexie. Cet homme, nommé Adolphe Moisan,
était âgé de 57 ans.
Août
1871 -
L’Orage du 14
août. - Lundi
dernier, un orage d'une violence inouïe a éclaté sur notre
contrée.
A
Lisieux, en même temps que la pluie tombaient, des grêlons de la
grosseur d'une noix, l'irruption des eaux a causé des dégâts
considérables. Descendant avec une force terrible des hauteurs qui
dominent Lisieux, elle à ravagé les chaussées, bouleversé les
plantes et les arbustes, renversé ponceaux et clôtures, quatre murs
ont été culbutés, dont l'un sur une longueur de plus de
trente mètres. Le jardin de l'hôtel de France a été couvert de
plus d'un mètre d'eau, les caves ont été submergées, et une masse
d'eau énorme
s'échappant avec fureur par la porte cochère, allait déposer
les cailloux et les bouteilles qu'elle entraînait jusque sur le
boulevard compris entre la place des Victoires et le théâtre. La
foudre est tombée à diverses reprises et sur plusieurs points.
Elle est tombée sur la chaussée, en face le bureau des hypothèques
de Lisieux, et à quelques pas seulement de l'omnibus du chemin de
fer, qui passait en ce moment, elle n'a fait que déplacer
quelques cailloux du macadam, à l'hospice, elle a renversé un pan de
mur, enfin, sur le boulevard Pont-1'Evêque, elle a pénétré dans
une maison par une fenêtre ouverte à laquelle se tenait une jeune
servante qu'elle a renversée, après quoi elle a brisé quelques
vases en verre et en porcelaine, dérangé les chaises et les meubles,
sans causer de plus graves accidents. La jeune domestique en a été
quitte pour un évanouissement qui a duré quelques minutes.
A
Saint-Jean-de-Livet, le nommé Briant a été frappé par la foudre
sur le chemin, alors qu'il se rendait à Lisieux. Son état inspire,
paraît-il, de sérieuses inquiétudes.
Sur
le chemin de fer, au-dessus du tunnel de la Motte, avant le
Mesnil-Mauger, l'abondance des eaux a fait écrouler une partie de
tranchée, qui est tombée sur la voie montante, il
en est résulté un court retard aux premiers trains qui se sont
présentés.
A
Cursy, canton d'Harcourt, le tonnerre et les éclairs ont été
accompagnés d'une formidable averse de grêle. On aurait pu ramasser
les grêlons à pelletée.
Dans
l'arrondissement de Caen, l'orage a été moins violent. Cependant la
foudre est tombée plusieurs fois, des arbres ont été déracinés et
une femme, qui revenait en voiture, a été légèrement brûlée,
sans que l'enfant qu'elle tenait dans ses bras ait été
atteint.
Août
1871 -
Condamnations.
- Guillaume
Picard, 61 ans, Teinturier à Lisieux, et la veuve Joslais, 38 ans,
demeurant à St-Julien-de-Mailloc, ont été condamnés chacun à six
jours de prison et 25 fr. d'amende, pour avoir ouvert, l'un à
Lisieux, l'autre à St-JuIien-de-Mailloc, sans autorisation, un débit
de boissons à consommer sur place.
Octobre
1871
-
Fait divers.
-
Le
nommé Edmond-Antoine Bance, fabricant de draperies, à Lisieux,
condamné le 14 août 1867, par la cour d'assises du Calvados, à 8
ans de travaux forcés
pour vols qualifiés, est mort le 19 mai 1870, au pénitencier de
Ile-Nu, à la Nouvelle-Calédonie, où il avait été transporté pour
subir sa peine.
Janvier
1872 -
Nouvelles du Calvados.
- Le
mouvement de la population de Caen, pendant l'année 1871, se résume
ainsi :
Naissances.....
702
Mariages……
268
Décès……….
2138
Falaise
: naissances, 136 ; mariages, 48 ; décès, 298.
Lisieux : naissances, 272 ; mariages, 97 ; décès, 721.
Vire : naissances, 116 ; mariages, 52 ; décès, 381. Honfleur :
naissances, 129 ; mariages, 72 ; décès, 380 ; Troarn :
naissances, 16 ; mariages, 5 ; décès, 26.
Octobre
1872 -
Incendie.
- Le
feu s'est déclaré dans le four de la boulangerie de M. Jean, situé
dans une cour rue aux Ferres, à Lisieux.
La
cause de l'incendie ne doit être attribuée qu'au mauvais état de
réparation du four, sur la masse duquel existaient plusieurs
crevasses, des étincelles ont passé par ces crevasses et ont mis le
feu à des sacs qui étaient étendus pour sécher. Le bâtiment et ce
qu'il contenait a été consumé, il appartient à M. Frémont,
demeurant route de Pont-l'Evêque, M. Jean perd une quantité
importante de farine, la fournée de pain qui se trouvait en cuisson
et une autre préparée pour remplacer celle-ci, mais l'immeuble et les
marchandises sont couverts par des assurances. Les pertes sont
évaluées approximativement à 2.200 fr. pour les marchandises et 800
fr. pour l'immeuble.
Octobre
1872 -
Avis aux cultivateurs.
- Prière
présente est faite aux cultivateurs qui auraient à se plaindre des
ravages des campagnols, de ne pas employer l'acide arsénieux pour
détruire ces rongeurs. Quelques cultivateurs s'étant servis de cette
matière vénéneuse pour chauler du grain qu'ils introduisaient
ensuite dans des trous à souris, il en est advenu ceci : des perdrix
ont becqueté ce grain et sont mortes empoisonnées. En une seule
journée, plus de trente perdrix ont ainsi succombé, et l'autopsie
n'a laissé aucun doute sur les causes de l'empoisonnement.
Décembre
1872 -
Café chantant.
- Le
ministre de l'intérieur vient d'engager les, fonctionnaires et agents
auxquels incombent particulièrement la surveillance des cafés
concerts, de veiller avec un redoublement de zèle et d'attention, à
ce que les chansons obscènes, les saynètes graveleuses et tous les
divertissements enfin pouvant porter atteinte à la morale ou à l’ordre
public, soient éliminés des programmes.
Novembre
1872 -
Plus de malheureux.
- Nous
recevons de M. Th. Grassin, manufacturier à Lisieux, le plan d'une
assurance générale contre la misère par la création d'un immense
capital donnant à chaque assuré la garantie d'une rente de 1.200 fr.
par année, à partir de l'âge de 60 ans. La somme à verser serait
de cinq centimes par jour et par habitant des deux sexes, à
partir de l'âge de 15 ans. Les enfants au-dessous de quinze ans ne
sachant ni lire, ni écrire, employé à un travail rémunéré,
seront taxés à vingt-cinq centimes par journée de travail, les
travailleurs des deux sexes, recevant un salaire, seront exonérés de
l’impôt, qui sera payé, à leur lieu et place par les personnes
qui les occuperont.
Janvier
1873 -
L'Ouragan
de dimanche.
- Les
prédictions de nos astronomes qui nous ont annoncé les tempêtes
pour la dernière dizaine de janvier s'accomplissent.
Un
véritable ouragan s'est déchaîné dimanche au soir sur nôtre pays.
Accompagné
d'une pluie torrentielle, il a duré près de trente-six heures,
torturant les arbres, faisant voler les ardoises, ébranlant les
cheminées et retournant avec une prestesse de prestidigitateur les
parapluies qui s'aventuraient dans les rues.
Dans
la soirée de dimanche, il a pris des proportions inquiétantes. Le
vent mugissait d'une manière effroyable et menaçait d'enfoncer les
fenêtres sous sa violence. Ces rafales
étaient accompagnées de grêle, d'éclairs et de tonnerre.
Cet
orage nous est également Signalé de Bayeux, de Lisieux, de
Rouen, de Paris, etc...... A Paris surtout, sa violence a été
extrême, la foudre a frappé plusieurs personnes, des passants et
jusqu'à des voitures ont été renversés, des toitures enlevées,
les spectacles interrompus même à l'Odéon, il y a eu un moment de
panique indescriptible.
Aux
portes de Caen, la force de l'ouragan a brisé le calvaire de
St-Pierre à un mètre du sol, sur la route de Bayeux, un cabriolet a été enlevé et les
voyageurs jetés sur le sol, la foudre est tombée sur divers points.
A
Tilly-sur-Seulles, l'ouragan à enlevé la toiture de l'église,
renversé les murs, bouleversé les étables, déraciné les pommiers,
une pierre énorme a été enlevée par le vent et transportée à
plus de cinquante mètres. L'ou
-
Les Événements.
- Samedi
soir, M. THIERS a donné sa démission, de Président de la
République française. Il a été remplacé par le maréchal DE
MAC-MAHON, duc DE MAGENTA. Le maréchal-Président est âgé de 65
ans.
Mai
1873 -
Les orages.
-
Depuis quelques jours,
les orages se succèdent dans notre région, du côté de Lisieux et
de Vimoutiers les abats d'eau ont déterminé une véritable
inondation : deux personnes de l'Orne se seraient noyées. Sur divers
points des arrondissements de Caen et de Bayeux, il est tombé des
glaçons de la grosseur d'une
noisette. Les colzas et les arbres à fruits ont beaucoup
souffert. Mercredi, les caves des bas quartiers de la Ville de Caen
ont été inondés.
Juillet
1873 -
Troubles de Lisieux.
- Les troubles qui
se sont manifestés à Lisieux la semaine dernière, et qui ont
motivé le départ, sur cette cité industrielle, du bataillon
de chasseurs de Caen, n'ont pas eu heureusement de suites
graves.
Comme
nous l'avons dit, c'est en apprenant l'arrestation faite jeudi au
petit jour de plusieurs des leurs, que les ouvriers en se rendant à
leur travail, rebroussèrent chemin et se dirigèrent vers la prison
demandant la mise en liberté de leurs compagnons. Cette satisfaction
n'ayant pas été donnée, des attroupements se formèrent, et
jusqu'à midi des scènes de violence eurent lieu, des cris et des
vociférations se firent entendre, les carreaux de la prison, de la
justice de paix et même de la chambre d'instruction furent brisés à
coup de pierres, les panneaux d'une petite porte donnant directement
dans le cabinet du juge de paix furent enfoncés.
Vers
midi, les brigades de l'arrondissement commencèrent à arriver.
Lorsque celle de Livarot s'avança pour entrer dans la cour du
tribunal, elle fut huée par la foule. A ce moment, les brigades d’0rbec
et de
Livarot
opérèrent une charge qui instantanément dégagea
toute
la place et ses abords. Presque aussitôt la brigade à cheval de
Lisieux parut à son tour,
capitaine en tète, et toute la rue Pont-Mortain fut rapidement
évacuée et dégagée. Ordre fut donné de fermer les magasins de la
place et des rues voisines.
Un
peu avant une heure, les gendarmes, qui avaient continué à parcourir
les rues, revenaient précédant deux
compagnies
du 20e
bataillon de
chasseurs envoyées de Caen. A partir de ce moment l'ordre a été
rétabli et n'a plus été troublé. A quatre heures, M. le Préfet,
M. le général, M. le commandant de gendarmerie arrivaient à
Lisieux.
Des
patrouilles ont été organisées, et la soirée et la nuit se:
sont
passées dans le plus grand calme. Vendredi matin, les ouvriers de MM.
Samson et Fleuriot, les seuls, à part quelques individualités
isolées, qui aient pris part au mouvement, sont rentrés dans leurs
ateliers, qu'ils n'ont plus quittés. La troupe et les brigades de
gendarmerie étrangères à la localité sont rentrées dans leurs
casernes. Dix des perturbateurs ont été arrêtés.
Le
sieur Thomas, le contremaître, contre lequel avaient été dirigées
les menaces des ouvriers, a été invité à quitter Lisieux.
S'il
faut s'en rapporter à la version du Moniteur, la cause de la
sédition n'a pas été précisément une réduction sur les heures de
travail, elle a eu surtout pour motif les mauvais traitements et les
injures dont le nommé Thomas, contremaître d'un des ateliers de
l'usine, accablait ses ouvriers. Il paraîtrait que cet homme était
rentré à l'usine seulement depuis quelque temps, et que sa
présence avait causé une vive irritation.
Août
1873 -
Incendie.
- Vendredi,
vers les 7 heures du soir, au moment où le lampiste allumait le
réverbères sous une des halles de la petite vitesse, à la gare de
Lisieux, le feu s'est manifesté dans des balles de lin
destinées à M. Duchesne-Fournet. Aussitôt l'alarme a été donnée,
tous les employés du chemin de fer avec la pompe de la gare sont
arrivés, les secours habilement dirigés par M. le chef de gare, ont
permis de faire la part du feu. Le travail de sauvetage a duré
environ une heure. Les pertes
consistent en balles de lin
et d'étoupes,
l'estimation n'a pas encore eu lieu, mais on parle d'une perte
d'environ 7 à 8.000 fr. Le bâtiment n'a aucun mal.
Janvier
1874
-
Une bonne mesure.
-
Aux termes
d'une décision de M. le Préfet, les fournitures scolaires, telles
que globes, cartes géographiques, tableaux d'histoire sainte, livres,
etc……, seront mises, à l'avenir, en adjudication au chef-lieu de
chaque arrondissement, pour être ensuite livrées aux communes qui en
feront l'acquisition, soit sur leurs propres ressources, soit au
moyen d'allocations.
Janvier
1874
-
Le banquet de Lisieux. -
Samedi,
comme nous l'avions annoncé, a eu lieu à Lisieux le banquet offert
par M. Duchesne-Fournet aux seize cents ouvriers de ses usines. Les
deux musiques et la compagnie de sapeurs-pompiers de l'usine
relevaient encore l'éclat de l'assistance. Cent serveurs venus de
Paris, du Havre, etc…..., circulaient autour des tables, où les
vins succédaient à des plats formidables. On évalue les frais à
près de 30,000 fr.
Janvier
1874
-
Le banquet de Lisieux. -
Voici
le menu du banquet offert à Lisieux, par M. Paul Duchesne,
filateur, à ses 1 600 ouvriers, à l'occasion de son mariage, dont
nous avons déjà parlé. Il se composait de sept plats, et
l'entrepreneur, M. Leboucher, de Honfleur, recevait 5 fr. 50 par
tête, non compris les liquides.
Il
a été employé, pour le repas. 8 000 assiettes et 3 750 verres.
Il a été consommé : 60 dindons, 250 kil. de gigot, 700 kil.
de pain, 4 250 brioches et 1 600 oranges. Il a été bu 2 000 litres
de cidre, 650 bouteilles de bordeaux, 170 bouteilles de sauterne, 250
bouteilles de Champagne, 40 litres d'eau-de-vie de cidre et 60 litres
d'eau-de-vie de vin.
Avril
1874
- Démence. -
Dans
la nuit de dimanche, des inscriptions injurieuses pour certains
magistrats de la localité, ont été tracées sur les murs de
quelques maisons de la ville de Lisieux.
L'auteur de ce méfait, ainsi qu'il l'indiquait lui-même dans ces
inscriptions, est un nommé Daufresne, demeurant rue de la Paix. Ce
malheureux, atteint d'aliénation mentale, avait déjà, il y a
quelques années, été conduit à l'asile d'aliénés du Bon-Sauveur
d’où il était parvenu à s'évader. Il a de nouveau été arrêté
et déposé à l'hospice
en attendant son envoi à la maison d'aliénés.
Juillet
1874
-
Orages et tonnerres
- Les
orages annoncés par le prophète Nick pour le mois de juillet ont
éclaté à leur heure. Paris et ses environs, la Seine-Inférieure et
l'Eure en ont ressenti les effets.
—
Notre pays n'a pas non plus été épargné, il y a même eu morts de
hommes. Le sieur Lefort, boulanger à Bernières, a été tué par la
foudre au moment où il sortait de son jardin avec
une brouette, et le sieur Ferdinand Séron, propriétaire à
Tournay-sur-Dives, arrondissement d'Argentan, a été frappé par la
foudre, vendredi dernier,;dans
un pré où il était à faucher.
—
L'arrondissement de Lisieux a eu beaucoup à souffrir, le vent, l'eau,
et la grêle, dont certains, grêlons atteignaient la grosseur d'un
marron, ont fauché les colzas, les blés et les
pommiers. Une grande consternation règne dans les communes de Moyaux,
Fumichon, etc…...où en quelques heures, les cultivateurs ont vu
anéantir l'espoir de toute une année.
—
La comète n'est pas étrangère aux grandes chaleurs que nous
subissons. En 1811, une comète fut visible, et les chaleurs et la
sécheresse furent telles qu'un grand nombre de rivière tarirent, en
1846, nouvelle comète, nouvelle sécheresse, l'eau devint tellement
rare dans certains endroits que des bestiaux périrent de soif. En
1811 comme en 1846, le vin fut abondant et d'une qualité
supérieure, on espère qu'il en sera de même en 1874, aussi
les cours des vins sont-ils en baisse de 10 fr. par hectolitre. A
Marseille, le thermomètre a marqué, à l'ombre, 40 degrés, à
Paris, au soleil, 44 degrés. De nombreux cas d'insolation sont
signalés.
Juillet
1874
-
La comète. - Selon
les prévisions des astronomes, la comète découverte par M. Coggia,
de Marseille, le 17 avril dernier, n'aura tout son éclat que vers le
15 juillet, mais actuellement, grâce à la pureté momentanée de
l'atmosphère, elle brille merveilleusement chaque soir, au-dessous de
l'étoile polaire, comme une étoile de troisième grandeur. Sa
traînée est très apparente à l’œil nu.
Juillet
1874
-
Le réchauffement climatique.
- La
comète n'est pas étrangère aux grandes chaleurs que nous subissons.
En 1811, une comète fut visible, et les chaleurs et la sécheresse
furent telles qu'un grand nombre de rivière tarirent, en 1846,
nouvelle comète, nouvelle sécheresse, l'eau devint tellement rare
dans certains endroits que des bestiaux périrent de soif. En
1811 comme en 1846, le vin fut abondant et d'une qualité supérieure,
on espère qu'il en sera de même en 1874, aussi les cours des vins
sont-ils en baisse de 10 fr. par hectolitre. A
Marseille, le thermomètre a marqué, à l'ombre, 40 degrés, à
Paris, au soleil, 44 degrés. De nombreux cas d'insolation sont
signalés.
Septembre
1874
- C’était prévu.
- Le
Conseil municipal de Lisieux, assisté des plus imposés de la ville,
s'est réuni pour émettre son avis sur le projet d'annexion à la
ville de Lisieux des sections des communes. St-Jacques et St-Désir,
projet qui avait été soumis aux enquêtes dans les trois communes.
24 conseillers municipaux et 13 des plus imposés étaient présents.
Pour l'adoption du projet tel qu'il est soumis, 32, contre, 3. 2
membres ont déclaré s'abstenir.
Novembre
1874
- L’hiver. -
Les
astrologues annoncent, comme chaque année du reste, que l'hiver sera
des plus rigoureux.
—
La semaine dernière, il est tombé un peu de neige à Paris et dans,
quelques-uns des départements voisins. Les oies sauvages et autres
passent par bandes se rendant
à leurs
quartiers d'hiver.
Novembre
1874
- Sauvetage.
- La
nommée Augustine Fouquet, domestique chez M. Aubert, rue du
Camp-Franc, à Lisieux, était à laver du linge, lorsqu'elle fut
entraînée dans l’eau sans avoir pu jeter un cri.
Une
dame Carpentier, vit en se retournant la jeune fille disparaître,
elle appela au secours. Le factionnaire du poste de la caserne des
Abattoirs se jeta à l'eau et fut assez heureux pour retirer saine et
sauve la victime de l'accident. La pauvre enfant, tombée la tête en
avant dans un amas de vase, était dans un état voisin de l'asphyxie,
et quelques secondes plus tard, tout dévouement eût été inutile.
Décembre
1874
-
Orages et tempêtes. -
Nous sommes
en pleine période d'orages. La neige, peu abondante, a fait son
apparition dans notre région.
—
Sur notre littoral, de grands dégâts, à Luc et à Villerville,
digues et pieux enlevés.
—
A Lisieux, de grosses pierres sont tombées de la tour sud de
l'église St-Pierre, et ont été réduites en poussière par leur
chute sur le granit du parvis. A Ouilly, à 3 kilomètres de
Lisieux,
un arbre plus que centenaire a été déraciné et s'est abattu en
travers de l’ancienne
route de
Pont-l'Evêque qu'il a par conséquent interceptée et dans laquelle
il s'est creusé un profond sillon.
Janvier
1875
-
Un homme broyé. - Jeudi,
un accident qui a eu
les conséquences les plus tristes est arrivé à la gare de Lisieux.
Le train, qui arrive à Lisieux à 5 heures du matin, s'étant
arrêté pour dégager le croisement et laisser passer celui se
dirigeant sur Paris, un voyageur, qui se trouvait dans le premier
train, trompé par l'obscurité et se croyant
en gare, descendit de wagon. Mais, contrairement à tous les
règlements qui défendent de descendre d'un train autrement que du
côté du quai, il descendit à contre-voie. À ce moment même, la
locomotive du train montant se trouvait près de lui, le tampon le
frappa si violemment
qu'il fut renversé et les roues de la machine lui broyèrent les deux
jambes. Il fut relevé dans un état affreux.
Transporté
à l'hospice, il a survécu une heure à ses horribles blessures. Ce
malheureux avait sur lui une carte d'électeur qui a servi à établir
son identité. Il se nommé Asse, est âgé de 35 ans, et habite
Familly, canton d'Orbec. Il est marié et père de cinq enfants. Il se
rendait à Caen avec son père pour accomplir un pèlerinage à la
Delivrande. Asse père a continué son voyage sans se douter de ce qui
était arrivé, ce n'est qu'au retour qu'il l'a appris en recevant la
montre et la bourse de son malheureux fils. Puisse ce nouveau malheur
servir de leçon aux voyageurs.
Mars
1875
- Le printemps. -
Si
cela continue, le printemps sera inauguré par la gelée ou la neige.
En Angleterre, des vents violents ont causé beaucoup de malheurs. Des
maisons en construction ont été renversées et des ouvriers ont
péri.
Mars
1875
- Annexion. -
L'annexion
à la ville de Lisieux de diverses portions de St-Jacques et de
St-Désir, a été décidée parle Conseil d'État.
Juin
1875
-
Fait divers. - Mardi,
pendant que le corps d'une pauvre femme était à l'église
Saint-Jacques de Lisieux et qu'on disait les prières dernières, les
croque-morts, altérés sans doute par l'émotion, avisèrent un
cabaret où ils firent autre chose que de regarder boire. En compagnie
de la dive bouteille, le temps passe vite, si vite même que nos
croque-morts ne s'aperçurent pas que la cérémonie était terminée
!…...
Personne
pour mettre la bière dans le char, ce furent les deux beaux-fils de
la défunte, avec le concours d'un autre assistant, qui se chargèrent
de ce triste soin, personne pour conduire le corbillard, un
chantre fut obligé de monter sur le siège. Les psalmodies funèbres,
le roulement du char rappelèrent nos buveurs à la réalité, ils
soldèrent vivement leur dépense et coururent après le cortège,
qu'ils rattrapèrent au bas de la butte du cimetière.
Juin
1875
- Grève. - Après
une lettre de sise en demeure, demandant une notable augmentation de
salaire et une diminution d'une heure de travail, la plupart des
ouvriers maçons de la ville de Lisieux se sont
mis en grève.
Juin
1875
- Les orages. -
L'orage
qui a éclaté avec tant de violence sur notre ville jeudi soir, s'est
également fait sentir sur différents points du
département.
Rappelons qu'à Caen, venelle
Buquet, le fluide,
après avoir en partie détruit un petit pavillon, a suivi la toiture
et a descendu dans la cour voisins le long de la gouttière de la
maison occupée par M. Gall, restaurateur, en face de la poissonnerie,
à trois mètres de hauteur, il a percé le mur en broyant une pierre,
dont on a pas retrouvé de traces, et est entré dans la cuisine de M.
Gall, où il a tordu et fondu les conduits à gaz et blessé
légèrement M. Gall au cou. Dans la quartier, plusieurs enfants sont
tombés au même moment par la force de la commotion, mais sans avoir
aucun mal.
La
foudre est également tombée sur la seuil de la porte d'entrée de la
salle d'asile, située place des Petites Boucheries. Les enfants
étaient encore à l'école, la femme Perdrieu, marchande de
volailles, rue Bicoquet, qui entrait en ce moment dans la cour, pour
aller chercher son enfant, a été renversée, et est restée environ
20 minutes sans connaissance.
Sur
la ligne télégraphique de Caen à Creully (territoire de Caen), la
foudre a brisé les fils et endommagé trois poteaux.
A
Lisieux, place du
Marché-aux-Chevaux, la foudre a crevé le toit d'une maison, réduit
en morceaux du linge étendu dans le grenier, puis elle est descendue
par la tuyau de la gouttière, qu'elle a crevé à un mètre vingt
environ du sol. La commotion électrique a été si violente qu'une
personne réfugiée sous une porte cochère a été renversée.
A
Ouilly-le-Vicomte,
elle est tombée dans la ferme de M. Requier, sur un poirier qu’elle
a partagé en deux, comme l’eut fait une scie.
A
l'Abbaye, elle a
pénétré dans la pièce où les jeunes pensionnaires externes
déposent les petits paniers contenant leurs provisions pour le
goûter et la collation, elle a bouleversé les pitances et
détérioré les paniers.
Route
de Lisieux à Caen,
vers la milieu de la
côte, la foudre a creusé un trou de soixante à quatre-vingts
centimètres de diamètre, projetant au loin les cailloux et la terre.
A
Mondrainville, un
incendie causé par la
foudre a consumé la
toiture en chaume d'une
maison d'habitation
un pressoir, des
objets mobiliers
et pour 200 fr.
de bois de travail appartenant au sieur Victor Bidel, menuisier.
A
Escure-sur-Favières,
vers quatre heures du soir, on a trouvé le cadavre de la femme
Séraphin Porat, veuve Vincent, âgée de 61 ans, journalière en
cette commune, Elle avait été tuée par la foudre.
Juillet
1875
- Inondations du Calvados.
- A
l'annonce du désastre qui vient de frapper Lisieux, nous nous sommes
rendu sur les lieux.
Pendant,
une partie de la journée de mercredi, la pluie était tombée
abondamment et la foudre n'avait cessé de gronder.
Vers
sept heures du soir, une trombe épouvantable s'est déchaînée sur
Courtonne, Glos et Lisieux.
L'avalanche
d'eau a été si rapide que devant elle il était impossible de se
sauver. En essayant de fermer ses volets, le sieur Prisse a été
emporté et noyé. En quelques instants l'eau a atteint dans certains
endroits jusqu'à trois mètres de profondeur.
Jusqu'à
présent, on ne compte que six morts : Deux à Lisieux. Quatre à Glos.
Trois
des personnes noyées ont été entraînées par le courant au moment
où elles essayaient de quitter leur maison qui s'écroulait en même
temps que le pont de Glos.
Une
femme a été emportée par la trombe et noyée au moment où elle
appelait ses enfants qu'elle croyait en danger.
Des
maisons et des hangars sont effondrés, des murs et des ponts sont
renversés, plusieurs fabriques sont endommagées.
Les
pertes sont considérables. On parle d'un million pour les fabriques.
Il y aura chômage. Encore des misères à soulager.
Jeudi
matin, Pont-l'Evêque a été envahi par les eaux, qui ont atteint,
dans certaines rues,
une hauteur de 1 m. 50.
Partout
les eaux sont en décroissance, et tout fait espérer que là
s'arrêtera le mal.
Juillet
1875
- Orages et tonnerre.
- Les
orages annoncés par le prophète Nick pour le mois de juillet ont
éclaté à leur heure. Paris et ses environs la Seine-lnferieure et l’Eure
en ont ressenti les effets.
Notre
pays n'a pas non plus été épargné, il y a même eu morts d'hommes.
Le sieur Lefort, boulanger à Bernières, a été tué par la foudre
au moment où il sortait de son jardin avec une brouette, et 1e sieur
Ferdinand Séron, propriétaire à Tournay-sur-Dives, arrondissement
d'Argentan, a été frappé par la foudre, vendredi dernier, dans un
pré où il était à faucher. L'arrondissement de Lisieux a eu
beaucoup à souffrir : le vent, l'eau et la grêle, dont certains
grêlons atteignaient la grosseur d'un marron, ont fauché les colzas,
les blés et les pommiers.
Une
grande consternation règne dans les communes de Moyaux, Fumichon, etc…..,
où en quelques heures, les cultivateurs ont vu anéantir l'espoir de
toute une année.
—
La comète n'est pas étrangère aux grandes chaleurs que nous
subissons. En 1811, une comète fut visible, et les chaleurs et la
sécheresse furent telles qu'un grand nombre de rivière
tarirent, en 1846, nouvelle comète, nouvelle sécheresse, l'eau
devint tellement rare dans certains endroits que des bestiaux
périrent de soif. En 1811 comme en 1846, le vin fut abondant et d'une
qualité supérieure, on espère qu'il en sera de même en 1874, aussi
les cours des vins sont-ils en baisse de 10 fr. par hectolitre. A
Marseille, le thermomètre a marqué, à l'ombre, 40 degrés, à
Paris, au soleil, 44 degrés. De nombreux cas d'insolation sont
signalés.
Juillet
1875
- Les inondations. -
Notre
département gardera un triste souvenir du mois de juillet 1875. Ce
mois, ordinairement le plus beau de l'année, est froid et pluvieux,
de fréquents orages ravagent et détruisent tout. Comme on le verra
plus loin, à dix jours de date un nouvel orage s'est abattu sur la
malheureuse ville de Lisieux.
Partout
on ouvre des souscriptions, on fait des quêtes, on donne des concerts
et des représentations théâtrales en faveur des inondés du
Calvados, mais le total ne grossit guère...
La
maréchale de Mac-Manon a envoyé 30 000 fr. pour les inondés de
Lisieux.
Il
est bon qu'on le sache, les inondés du Midi recevront des secours de
l'Europe tout entière, ceux du Calvados ne doivent, quoi qu'on en
dise, compter que sur les souscriptions recueillies dans nôtre
région.
La
misère est grande parmi la population ouvrière de Lisieux, et c'est
nous, que le fléau a épargnés, qui devons leur venir en aide.
L’une
de nos lectrices de Caen, nous envoie 20 fr. qu'elle nous charge de
distribuer aux inondés. Nous adressons cette petit somme à notre
confrère le Lexovien, il est sur les lieux et saura utilement
l'employer. Nous ajoutons 4 fr. que nous avons reçus de M. A. de L……..,
se disant négociant à Lisieux.
Le
détachement du 129e en garnison à Lisieux, et la
gendarmerie, viennent d'être portés à l'ordre du jour du 3e
corps pour leur courageuse conduite lors de l'inondation.
Voici
quelques détails complémentaires sur les inondations du Calvados :
On
compte quinze communes de l'arrondissement de Lisieux qui ont eu à
souffrir de l'inondation. Toutes les routes sont ravinées,
quelques-unes complètement défoncées. Il y a dix ponts à refaire
entièrement. Partout, le foin coupé a été entraîné par les eaux.
—
La voie du chemin de fer a été creusée de
plus d'un mètre au-dessous des rails, sur une longueur de 80 mètres
environ.
—
On peut juger de la quantité d'eau tombée à St-Mards-Orbec, en
sachant qu'aux abords des écuries de la Compagnie du chemin de fer,
elle a atteint quatre mètres de hauteur. A Courtonne-la-Meurdrac, la
foudre est tombée à dix ou douze endroits différents, sans qu'il en
soit, toutefois, résulté d'accidents notables.
On
sait que les époux Viel, de Glos, ont été entraînés par la
courant avec la fille Angérard, leur domestique, au moment où ils
voulaient s'éloigner de leur maison. Un craquement qu'ils entendirent
dans la maison leur fit comprendre le danger qu'ils couraient et les
détermina à fuir. Le mari descendit le premier, recommandant à sa
femme et à sa domestique de ne venir que lorsqu'il les appellerait.
Il s'avança prudemment sur la première marche qu'il trouva solide,
puis il mit le pied sur la seconde qui résistait encore, mais à ce
moment, un second craquement, plus fort encore que le premières se
fit entendre, les deux femmes affolées accoururent à la porte et
descendirent sur les marches qui, maintenant descellées, cédèrent
sous leur poids, et les trois pauvres gens roulèrent dans l'abîme.
Détail touchant ! Tandis que M. Viel avait songé à mettre dans
sa poche une somme de 400 fr. pour subvenir à ses besoins en quittant
sa demeura pour quelques jours, la pensée de la pauvre mère s'était
reportée uniquement sur son fils absent, et elle avait détaché la
photographie de son fils pour la mettre dans la poche de son tablier.
Plusieurs
autres habitants de Glos ont, dans cette cruelle soirée couru, de
sérieux dangers. Il en est deux autres, M. Thomas, beau-frère de
M.Lenormand, adjoint, et son jeune enfant, âgé de quatre ans et
demi, qui ont failli périr et qui ne doivent leur salut qu'au
dévouement de leurs voisins. M. Thomas revenait du bourg de Glos,
tenant dans ses bras son enfant, lorsqu'en passant devant le
chemin de Colandon, un torrent, auquel le chemin servait de lit, le
renversa et le fit rouler à quelques mètres, il se releva, fût de
nouveau culbuté, se releva encore pour retomber une troisième fois,
laissant échapper le pauvre petit qu'il avait tenu jusqu'alors
étroitement serré. Le père et l'enfant furent entraînés chacun de
leur côté : le hasard fit que le père rencontra un cèdre et
put s'y retenir, quant à l'enfant, que le courant entraînait, il fut
aperçu par un brave ouvrier qui se jeta résolument
à l'eau et parvint, après des efforts inouïs, à le saisir et à le
ramener en lieu sûr.
C'est
à St-Paul-de-Courtonne que l'infortuné Lebourgeois a trouvé la
mort. Cet homme, qui avait construit lui-même son humble habitation,
n'avait pas voulu s'en éloigner. Il ne voulait même pas que sa femme
et ses enfants la quittassent, et pour les en empêcher, il avait
amené devant la porte un vieux bahut qui la barricadait. Mais sa
femme, affolée, lui arracha la plus jeune des enfants qu'il tenait
dans ses bras, repoussa violemment le bahut et s'élança dehors,
suivie de deux autres enfants. Quelques minutes après, la maison
s'écroulait, étouffant l'obstiné propriétaire sous les débris que
le torrent emportait au loin, ne laissant à la plaça de la
maisonnette qu'un trou profond rempli de pierres et de limon.
Un
nommé Rabot, qui se trouvait sur la rive gauche de la rivière et qui
ne pouvait franchir le torrent, a dû passer la nuit entière monté
sur un arbre, tandis que sa femme, restée
dans sa maison
inondée, a dû, pour n'être pas noyée, monter sur l'appui de la
fenêtre et se tenir au dormant supérieur du châssis.
Juillet
1875
- Les orages. -
Un
violent orage, moins terrible cependant que celui du 7, est encore
venu s'abattre vendredi sur Lisieux. En quelques minutes, plusieurs
rues ont été remplies d'eau et transformées en autant de torrents.
Bon nombre d'habitants, redoutant
une nouvelle inondation, ont passé debout une partie de la nuit,
suivant attentivement le cours de nos rivières et la progression de
l'eau, Dieu merci, leur vigilance a été superflue, les rivières se
sont bien sensiblement gonflées, mais n'ont pas débordé, du moins
dans l'intérieur de la ville. Si ce nouvel orage n'a causé aucun
désastre dans Lisieux, il n'en a pas été de même dans les plaines
à l'est de la ville, à L'Hôtellerie, Firfol, etc…., etc. Là, les
récoltes ont été fort endommagées, les blés ont été renversés,
roulés, et l'on cite entre autres une pièce de blé de 14 hectares
complètement perdue. L'ouragan du 7 avait respecté les récoltes des
plaines, l'orage du 16, les a compromises.
Juillet
1875
- Les inondations. -
L'état
des pertes éprouvées dans le Calvados par suite de l'inondation
n'ont pas encore était dressé.
Voici,
relativement aux inondations du Midi, des chiffres officiels : 600
personnes environ ont péri ; 6 900 maisons ont été détruites ; les
pertes s'élèvent à presque 100 millions de francs.
—
Elles sont ainsi réparties : Haute-Garonne, 29 000 000 de francs ;
Lot-et-Garonne, 24 300 000 fr. ; Tarn-et-Garonne, 13 690 000 fr. ;
Ariège, 7 739 408 francs ; Aude, 9 319 900 fr, ; Gironde,
3 000 000 fr. ; Landes, 2 900 000 fr. ; Gers, 2 100 000 fr. ;
Hautes-Pyrénées, 1 000 000 f.
La
France n'est pas seule éprouvée. On écrit de plusieurs points de
l'Angleterre que les pluies sont les plus fortes qu'on ait subies
depuis dix ans. Les récoltes sont menacées.
—
Une correspondance annonce que la ville de Calcutta (Amérique du
Sud), a entièrement disparu par un tremblement de terre, ainsi que
les riches village qui l'entouraient. Le nombre des morts s'élève de
10 à 15.000.
Juillet
1875
- Récoltes. -
Le
temps s'est enfin mis au beau. Les travaux des champs sont poussés
avec une très grande activité. Sur la place de Caen, les hommes se cotaient
à un prix élevé. Le colza rend bien, le seigle est bon. Le blé
chicot rendra au moins autant que l'année dernière.
Il
en est de même dans les environs de Paris. Les pommiers ont toujours
très belle apparence, la plaine de Caen est, sous ce rapport, bien
partagée. On est inquiet au sujet de la récolte des blés dans
certaines régions du nord et du centre de la France. Les mauvaises
nouvelles de Russie, d'Angleterre, de Belgique et de Hollande font
augmenter les blés et les farines, et par suite, le prix du pain.
Juillet
1875
- Inondations. -
A
la suite des inondations, de nombreux vols ont été commis à Lisieux
: des objets que le torrent avait d'abord entraînés, puis laissés
ça et là, n'ont pu être retrouvés. Des maraudeurs que la justice
recherche, ont dû les mettre en lieu sûr. Des pièces de drap, des
ustensiles de ménage, des barriques de vin ont été soustraites
aussi.
Pareils
faits se sont produits dans les communes voisines, et le sacristain de
l'église d'Ouilly-le-Vicomte, le jeune Aubert, aidé de plusieurs
individus de cette localité, s'est emparé d'une feuillette de vin
provenant des épaves de l'inondation de Lisieux. Pour la dissimuler
aux regards des indiscrets et aux recherches de la police, nos fripons
n'ont rien trouvé de mieux à faire que de la hisser dans le grenier
du sacristain, et celui-ci, en récompense, leur a généreusement
octroyé quelques litres de vin. Mais, hélas ! tout finit par se
découvrir et la justice fit opérer une perquisition qui amena la
découverte du vol. Aubert s'est fait justice, ainsi que nous l'avons
rapporté, il s'est pendu dans son grenier, juste au-dessus de la
pièce de vin volés.
Juillet
1875
- Écroulement.
- Mercredi
soir et jeudi matin, la maison du directeur de l'usine à gaz de
Lisieux, qui avait été endommagée par l'inondation, s'est en partie
écroulée dans la rivière. Le résultat était heureusement
prévu et le directeur avait pu opérer son déménagement et quitter
sa demeure dans les jours qui suivirent la nuit du désastre.
Juillet
1875
- L’eau, la foudre.
- En
plus des dégâts connus, occasionnés par l'inondation de Lisieux,
tous les propriétaires de jardins couverts par les eaux éprouveront
une perte qui n'avait pas été prévue. On s'aperçoit, en effet, que
les légumes restés en terre, comme les carottes, les pommes de
terre, l'oignon, etc….., sont comme s'ils eussent été passés à
l'eau bouillante. Les fruits touchés par l'eau n'atteindront pas leur
maturité, ils noircissent aux arbres et tombent bientôt en
pourriture. On attribue ces désastreux effets à la quantité de
produits chimiques, destinés aux apprêts et à la teinture de la
draperie et des toiles, enlevés par les eaux, mêlés avec elles et
déposés ensuite
dans la vase et le limon dont les jardins ont été couverts.
Août
1875
- Fait divers. -
Un
mari qui bat sa femme, cela n'est pas rare, et nous n'en parlerions
certes pas si cette petite scène d'intérieur, arrivée à Lisieux la
semaine dernière, n'avait été occasionnée par un fait qui prouve
une fois de plus que le vin et la jalousie sont deux mauvais
conseillers.
M.
G…….. est jaloux, mais jaloux à prendre son chat pour l'amant de
sa femme et à croire que lorsqu'il est près de sa charmante moitié,
un esprit malin est caché dans l'appartement et lui fait les doux
yeux. C'est ce qui est encore arrivé lundi dernier. M. G.…..
rentrait chez lui assez gris pour voir tout en double. Croyant
apercevoir, aux côtés de sa moitié, un intrus, M. C…….. se mit
à taper si dur, qu'il aurait peut-être assommé la pauvre femme, si
les voisins ne s'étaient interposés. La femme va demander sa
séparation.
Août
1875
- Fait divers. -
Vendredi,
un très malheureux accident est arrivé à un charretier de la
scierie mécanique de M. Vattier, rue de Livarot, à Lisieux. Cet
homme était sur la route et faisait un transport. A un moment donné,
il s'approcha de la tête de son cheval, celui-ci le saisit par le
bras droit, le mordit cruellement et le secoua violemment à plusieurs
reprises en l'enlevant de terre. Lorsque le charretier, dont le nom
est Desamaison, fut débarrassé de cette terrible étreinte, la peau
de son bras se rabattait sur le poignet, où elle n'adhérait plus que
par un petit lambeau de quelques centimètres.
Un
premier pansement ayant pour but de replacer la peau sur les parties
dénudées eut lieu, et l'homme entra samedi à l'hospice dans des
conditions relativement bonnes, il était venu à pied à la
consultation du matin. Mais, dans la nuit, d'épouvantables accidents
de gangrène se déclarèrent, et on dut procéder à l'amputation. La
situation de Desamaison est aussi bonne que possible.
On
s'explique difficilement cet accident. Le cheval, paraît-il, est d'un
caractère doux et tranquille, et le charretier affirme qu'il ne
l'avait pas frappé.
Octobre
1875
-
Fait divers. -
Dimanche,
le nommé Xavier Grass, tourneur en bois rue du Marché-aux-Chevaux,
à Lisieux, était réuni avec sa femme et ses deux enfants dans la
chambre qu'ils habitent et dans laquelle il n'existe pas de cheminée.
Ces pauvres gens faisaient cuire des pommes de terre sur un réchaud
dans lequel brûlait de la grosse braise, les émanations de ce foyer,
produisirent un commencement d'asphyxie. Une personne entrant dans
leur chambre aperçut Grass et sa femme à moitié évanouis et les
enfants en proie à de violentes douleurs de tête et à des maux de
cœur. Ils sont hors de danger.
Octobre
1875
-
Bœuf furieux. -
Le sieur Legot, boucher, conduisait à la gare de
Lisieux, pour le marché de la Villette, trois bœufs qu'il venait de
retirer d'un herbage. En descendant la route de Dives, un de ces
animaux, habituellement doux, excité par une cause inconnue se mit à
fournir une course effrénée. Il se précipita sur le sieur Houllet,
chaufournier, et le blessa grièvement. Cet animal furieux a été
tué de deux coups de fusil dans l'herbage où il s'était réfugié.
Décembre
1875 -
Tunnel sous la Manche.
-
M. Lavalley,
président actuel de la Société des ingénieurs civils et le
créateur des puissants appareils qui ont permis de pousser si
rapidement les travaux de l'isthme de Suez, annonce que quinze coups
de sonde ont été donnés dans le canal de la Manche, aucun n'a
démontré l'impossibilité d'établir le tunnel qui doit relier
l'Angleterre à la France, tous les ingénieurs sont d'accord sur ce
point. Il n'y a plus qu'une question de temps et de millions. M.
Lavalley habite le Calvados et est propriétaire dans l'arrondissement
de Lisieux.
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