24 Septembre 2022

UN SIÈCLE D'HISTOIRE DU CALVADOS Page 3

LISIEUX

Canton de Lisieux

Les habitants de la commune sont des Lexoviens, Lexoviennes

Janvier 1871   -  Épidémie.   -  Les ravages que cause à Lisieux l'épidémie variolique qui y sévit sont loin de diminuer. Le fléau s'attaque à tout : riches et pauvres, en sont atteints. On  ne peut s'en prendre au défaut d'hygiène, ou à la débilité du tempérament, les personnes dont la santé présente le plus de garantie, auxquelles la fortune permet les meilleurs soins,  sont atteintes et succombent en quelques jours.

 

Janvier 1871   -  Épidémie.   -  L'épidémie variolique continue à sévir dans le département du Calvados : à Lisieux et à Bayeux, le nombre des malades est très considérable. A Caen, quelques cas de variole noire sont constatés.  

 

Mars 1871   -  Fait divers.   -  Dans la nuit de jeudi à vendredi un immense incendie a détruit un des établissements industriels de Lisieux. Vers minuit la population fut éveillée par les  tambours parcourant les rues en battant la générale, et les clairons sonnant au feu, on apprit bientôt qu'un incendie dévorait l'usine et la fabrique de draperies de M. Prével, et les lueurs sinistres du fléau indiquaient assez le chemin à ceux trop peu nombreux qui voulaient porter des secours. Les pompiers, ayant à leur tête M. Danel, leur capitaine, ont résolument attaqué l'incendie, et s'ils n'ont pu sauver l’établissement industriel, ils ont préservé la maison d'habitation et le quartier tout entier d'une destruction complète. Quatorze pompes, ont fonctionné sans relâche.

La cause de l'incendie n'a pu être déterminée. Le chiffre des pertes est considérable il a atteint : pour les immeubles, 80.000 fr. environ ; marchandise, 45.000 fr. ; matériel industriel, 5.000 fr. Une seule compagnie couvre ces risques.

 

Août 1871   -  Fait divers.   -   Vendredi, à sept heures du soir, un bien malheureux événement est arrivé dans 1a cour de la gare de Lisieux : le cocher de M. le comte de Montgomery, au château de Fervaques, tenait d'apporter un chargement qu'il avait déposé au chemin de fer, au départ et alors qu'il montait sur le marchepied de sa voiture, il est tombé mort, frappé d'apoplexie. Cet homme, nommé Adolphe Moisan, était âgé de 57 ans.  

 

Août 1871   -  L’Orage du 14 août.  -   Lundi dernier, un orage d'une violence inouïe a éclaté sur notre contrée.

A Lisieux, en même temps que la pluie tombaient, des grêlons de la grosseur d'une noix, l'irruption des eaux a causé des dégâts considérables. Descendant avec une force terrible des hauteurs qui dominent Lisieux, elle à ravagé les chaussées, bouleversé les plantes et les arbustes, renversé ponceaux et clôtures, quatre murs ont été culbutés, dont l'un sur une  longueur de plus de trente mètres. Le jardin de l'hôtel de France a été couvert de plus d'un mètre d'eau, les caves ont été submergées, et une masse d'eau énorme s'échappant avec  fureur par la porte cochère, allait déposer les cailloux et les bouteilles qu'elle entraînait jusque sur le boulevard compris entre la place des Victoires et le théâtre. La foudre est tombée à  diverses reprises et sur plusieurs points. Elle est tombée sur la chaussée, en face le bureau des hypothèques de Lisieux, et à quelques pas seulement de l'omnibus du chemin de fer,  qui passait en ce moment, elle n'a fait que déplacer quelques cailloux du macadam, à l'hospice, elle a renversé un pan de mur, enfin, sur le boulevard Pont-1'Evêque, elle a pénétré dans une maison par une fenêtre ouverte à laquelle se tenait une jeune servante qu'elle a renversée, après quoi elle a brisé quelques vases en verre et en porcelaine, dérangé les chaises et les meubles, sans causer de plus graves accidents. La jeune domestique en a été quitte pour un évanouissement qui a duré quelques minutes.

A Saint-Jean-de-Livet, le nommé Briant a été frappé par la foudre sur le chemin, alors qu'il se rendait à Lisieux. Son état inspire, paraît-il, de sérieuses inquiétudes.

Sur le chemin de fer, au-dessus du tunnel de la Motte, avant le Mesnil-Mauger, l'abondance des eaux a fait écrouler une partie de tranchée, qui est tombée sur la voie montante, il en est résulté un court retard aux premiers trains qui se sont présentés.

A Cursy, canton d'Harcourt, le tonnerre et les éclairs ont été accompagnés d'une formidable averse de grêle. On aurait pu ramasser les grêlons à pelletée.

Dans l'arrondissement de Caen, l'orage a été moins violent. Cependant la foudre est tombée plusieurs fois, des arbres ont été déracinés et une femme, qui revenait en voiture, a été légèrement brûlée, sans que l'enfant qu'elle tenait dans ses bras ait été atteint. 

 

Août 1871   -  Condamnations.   -   Guillaume Picard, 61 ans, Teinturier à Lisieux, et la veuve Joslais, 38 ans, demeurant à St-Julien-de-Mailloc, ont été condamnés chacun à six jours de prison et 25 fr. d'amende, pour avoir ouvert, l'un à Lisieux, l'autre à St-JuIien-de-Mailloc, sans autorisation, un débit de boissons à consommer sur place.

 

Octobre 1871   -  Fait divers.   -  Le nommé Edmond-Antoine Bance, fabricant de draperies, à Lisieux, condamné le 14 août 1867, par la cour d'assises du Calvados, à 8 ans de travaux forcés pour vols qualifiés, est mort le 19 mai 1870, au pénitencier de Ile-Nu, à la Nouvelle-Calédonie, où il avait été transporté pour subir sa peine.

 

Janvier 1872   -  Nouvelles du Calvados.   -   Le mouvement de la population de Caen, pendant l'année 1871, se résume ainsi :

Naissances..... 702

Mariages…… 268

Décès………. 2138

Falaise : naissances, 136 ; mariages, 48 ; décès, 298.  Lisieux : naissances, 272 ; mariages, 97 ; décès, 721. Vire : naissances, 116 ; mariages, 52 ; décès, 381. Honfleur : naissances, 129 ; mariages, 72 ; décès, 380 ; Troarn : naissances, 16 ; mariages, 5 ; décès, 26.  

 

Octobre 1872   -  Incendie.  -  Le feu s'est déclaré dans le four de la boulangerie de M. Jean, situé dans une cour rue aux Ferres, à Lisieux.

La cause de l'incendie ne doit être attribuée qu'au mauvais état de réparation du four, sur la masse duquel existaient plusieurs crevasses, des étincelles ont passé par ces crevasses et ont mis le feu à des sacs qui étaient étendus pour sécher. Le bâtiment et ce qu'il contenait a été consumé, il appartient à M. Frémont, demeurant route de Pont-l'Evêque, M. Jean perd une quantité importante de farine, la fournée de pain qui se trouvait en cuisson et une autre préparée pour remplacer celle-ci, mais l'immeuble et les marchandises sont couverts par des assurances. Les pertes sont évaluées approximativement à 2.200 fr. pour les marchandises et 800 fr. pour l'immeuble.  

 

Octobre 1872   -  Avis aux cultivateurs.  -  Prière présente est faite aux cultivateurs qui auraient à se plaindre des ravages des campagnols, de ne pas employer l'acide arsénieux pour détruire ces rongeurs. Quelques cultivateurs s'étant servis de cette matière vénéneuse pour chauler du grain qu'ils introduisaient ensuite dans des trous à souris, il en est advenu ceci : des perdrix ont becqueté ce grain et sont mortes empoisonnées. En une seule journée, plus de trente perdrix ont ainsi succombé, et l'autopsie n'a laissé aucun doute sur les causes de l'empoisonnement.

 

Décembre 1872   -  Café chantant.  -  Le ministre de l'intérieur vient d'engager les, fonctionnaires et agents auxquels incombent particulièrement la surveillance des cafés concerts, de veiller avec un redoublement de zèle et d'attention, à ce que les chansons obscènes, les saynètes graveleuses et tous les divertissements enfin pouvant porter atteinte à la morale ou à l’ordre public, soient éliminés des programmes.

 

Novembre 1872   -  Plus de malheureux.  -  Nous recevons de M. Th. Grassin, manufacturier à Lisieux, le plan d'une assurance générale contre la misère par la création d'un immense  capital donnant à chaque assuré la garantie d'une rente de 1.200 fr. par année, à partir de l'âge de 60 ans. La somme à verser serait de cinq centimes par jour et par habitant des deux  sexes, à partir de l'âge de 15 ans. Les enfants au-dessous de quinze ans ne sachant ni lire, ni écrire, employé à un travail rémunéré, seront taxés à vingt-cinq centimes par journée de travail, les travailleurs des deux sexes, recevant un salaire, seront exonérés de l’impôt, qui sera payé, à leur lieu et place par les personnes qui les occuperont.

 

Janvier 1873   -   L'Ouragan de dimanche.   -   Les prédictions de nos astronomes qui nous ont annoncé les tempêtes pour la dernière dizaine de janvier s'accomplissent.

Un véritable ouragan s'est déchaîné dimanche au soir sur nôtre pays.

Accompagné d'une pluie torrentielle, il a duré près de trente-six heures, torturant les arbres, faisant voler les ardoises, ébranlant les cheminées et retournant avec une prestesse de prestidigitateur les parapluies qui s'aventuraient dans les rues.

Dans la soirée de dimanche, il a pris des proportions inquiétantes. Le vent mugissait d'une manière effroyable et menaçait d'enfoncer les fenêtres sous sa violence. Ces rafales étaient accompagnées de grêle, d'éclairs et de tonnerre.

Cet orage nous est également Signalé de Bayeux, de Lisieux, de Rouen, de Paris, etc...... A Paris surtout, sa violence a été extrême, la foudre a frappé plusieurs personnes, des passants et jusqu'à des voitures ont été renversés, des toitures enlevées, les spectacles interrompus même à l'Odéon, il y a eu un moment de panique indescriptible.

Aux portes de Caen, la force de l'ouragan a brisé le calvaire de St-Pierre à un mètre du sol,  sur la route de Bayeux, un cabriolet a été enlevé et les voyageurs jetés sur le sol, la foudre est tombée sur divers points.

A Tilly-sur-Seulles, l'ouragan à enlevé la toiture de l'église, renversé les murs, bouleversé les étables, déraciné les pommiers, une pierre énorme a été enlevée par le vent et transportée à plus de cinquante mètres. L'ou

 -  Les Événements.   -   Samedi soir, M. THIERS a donné sa démission, de Président de la République française. Il a été remplacé par le maréchal DE MAC-MAHON, duc DE MAGENTA. Le maréchal-Président est âgé de 65 ans.

 

Mai 1873   -   Les orages.   -   Depuis quelques jours, les orages se succèdent dans notre région, du côté de Lisieux et de Vimoutiers les abats d'eau ont déterminé une véritable  inondation : deux personnes de l'Orne se seraient noyées. Sur divers points des arrondissements de Caen et de Bayeux, il est tombé des glaçons de la grosseur d'une noisette. Les colzas  et les arbres à fruits ont beaucoup souffert. Mercredi, les caves des bas quartiers de la Ville de Caen ont été inondés.

 

Juillet 1873   -   Troubles de Lisieux.   -  Les troubles qui se sont manifestés à Lisieux la semaine dernière, et qui ont motivé le départ, sur cette cité industrielle, du bataillon de  chasseurs de Caen, n'ont pas eu heureusement de suites graves. 

Comme nous l'avons dit, c'est en apprenant l'arrestation faite jeudi au petit jour de plusieurs des leurs, que les ouvriers en se rendant à leur travail, rebroussèrent chemin et se dirigèrent vers la prison demandant la mise en liberté de leurs compagnons. Cette satisfaction n'ayant pas été donnée, des attroupements se formèrent, et jusqu'à midi des scènes de violence eurent lieu, des cris et des vociférations se firent entendre, les carreaux de la prison, de la justice de paix et même de la chambre d'instruction furent brisés à coup de pierres, les panneaux d'une petite porte donnant directement dans le cabinet du juge de paix furent enfoncés. 

Vers midi, les brigades de l'arrondissement commencèrent à arriver. Lorsque celle de Livarot s'avança pour entrer dans la cour du tribunal, elle fut huée par la foule. A ce moment, les brigades d’0rbec et de Livarot opérèrent une charge qui instantanément dégagea toute la place et ses abords. Presque aussitôt la brigade à cheval de Lisieux parut à son tour, capitaine en tète, et toute la rue Pont-Mortain fut rapidement évacuée et dégagée. Ordre fut donné de fermer les magasins de la place et des rues voisines. 

Un peu avant une heure, les gendarmes, qui avaient continué à parcourir les rues, revenaient précédant deux compagnies du 20e bataillon de chasseurs envoyées de Caen. A partir de ce moment l'ordre a été rétabli et n'a plus été troublé. A quatre heures, M. le Préfet, M. le général, M. le commandant de gendarmerie arrivaient à Lisieux. 

Des patrouilles ont été organisées, et la soirée et la nuit se: sont passées dans le plus grand calme. Vendredi matin, les ouvriers de MM. Samson et Fleuriot, les seuls, à part quelques individualités isolées, qui aient pris part au mouvement, sont rentrés dans leurs ateliers, qu'ils n'ont plus quittés. La troupe et les brigades de gendarmerie étrangères à la localité sont rentrées dans leurs casernes. Dix des perturbateurs ont été arrêtés. 

Le sieur Thomas, le contremaître, contre lequel avaient été dirigées les menaces des ouvriers, a été invité à quitter Lisieux. 

S'il faut s'en rapporter à la version du Moniteur, la cause de la sédition n'a pas été précisément une réduction sur les heures de travail, elle a eu surtout pour motif les mauvais traitements et les injures dont le nommé Thomas, contremaître d'un des ateliers de l'usine, accablait ses ouvriers. Il paraîtrait que cet homme était rentré à l'usine seulement depuis  quelque temps, et que sa présence avait causé une vive irritation. 

 

Août 1873   -   Incendie.   -  Vendredi, vers les 7 heures du soir, au moment où le lampiste allumait le réverbères sous une des halles de la petite vitesse, à la gare de Lisieux, le feu s'est manifesté dans  des balles de lin destinées à M. Duchesne-Fournet. Aussitôt l'alarme a été donnée, tous les employés du chemin de fer avec la pompe de la gare sont arrivés, les secours habilement dirigés par M. le chef de gare, ont permis de faire la part du feu. Le travail de sauvetage a duré environ une heure. Les pertes consistent en balles de lin et d'étoupes, l'estimation n'a pas encore eu lieu, mais on parle d'une perte d'environ 7 à 8.000 fr. Le bâtiment n'a aucun mal.

 

Janvier 1874   -   Une bonne mesure. -  Aux termes d'une décision de M. le Préfet, les fournitures scolaires, telles que globes, cartes géographiques, tableaux d'histoire sainte, livres, etc……, seront mises, à l'avenir, en adjudication au chef-lieu de chaque arrondissement, pour être ensuite livrées aux communes qui en feront l'acquisition, soit sur leurs propres  ressources, soit au moyen d'allocations.

 

Janvier 1874   -   Le banquet de Lisieux.  -  Samedi, comme nous l'avions annoncé, a eu lieu à Lisieux le banquet offert par M. Duchesne-Fournet aux seize cents ouvriers de ses usines. Les deux musiques et la compagnie de sapeurs-pompiers de l'usine relevaient encore l'éclat de l'assistance. Cent serveurs venus de Paris, du Havre, etc…..., circulaient autour des tables, où les vins succédaient à des plats formidables. On évalue les frais à près de 30,000 fr.

 

Janvier 1874   -   Le banquet de Lisieux.  -  Voici le menu du banquet offert à Lisieux, par M. Paul Duchesne, filateur, à ses 1 600 ouvriers, à l'occasion de son mariage, dont nous avons déjà parlé. Il se composait de sept plats, et l'entrepreneur, M. Leboucher, de Honfleur, recevait 5 fr. 50 par tête, non compris les liquides. 

Il a été employé, pour le repas. 8 000 assiettes et 3 750 verres.  Il a été consommé : 60 dindons, 250 kil. de gigot, 700 kil. de pain, 4 250 brioches et 1 600 oranges. Il a été bu 2 000 litres de cidre, 650 bouteilles de bordeaux, 170 bouteilles de sauterne, 250 bouteilles de Champagne, 40 litres d'eau-de-vie de cidre et 60 litres d'eau-de-vie de vin.  

 

Avril 1874   -   Démence.  -  Dans la nuit de dimanche, des inscriptions injurieuses pour certains magistrats de la localité, ont été tracées sur les murs de quelques maisons de la ville de Lisieux. L'auteur de ce méfait, ainsi qu'il l'indiquait lui-même dans ces inscriptions, est un nommé Daufresne, demeurant rue de la Paix. Ce malheureux, atteint d'aliénation mentale,  avait déjà, il y a quelques années, été conduit à l'asile d'aliénés du Bon-Sauveur d’où il était parvenu à s'évader. Il a de nouveau été arrêté et déposé à l'hospice en attendant son envoi  à la maison d'aliénés.  

 

Juillet 1874   -   Orages et tonnerres   -  Les orages annoncés par le prophète Nick pour le mois de juillet ont éclaté à leur heure. Paris et ses environs, la Seine-Inférieure et l'Eure en ont ressenti les effets.

— Notre pays n'a pas non plus été épargné, il y a même eu morts de hommes. Le sieur Lefort, boulanger à Bernières, a été tué par la foudre au moment où il sortait de son jardin avec  une brouette, et le sieur Ferdinand Séron, propriétaire à Tournay-sur-Dives, arrondissement d'Argentan, a été frappé par la foudre, vendredi dernier,;dans un pré où il était à faucher.

— L'arrondissement de Lisieux a eu beaucoup à souffrir, le vent, l'eau, et la grêle, dont certains, grêlons atteignaient la grosseur d'un marron, ont fauché les colzas, les blés et les pommiers. Une grande consternation règne dans les communes de Moyaux, Fumichon, etc…...où en quelques heures, les cultivateurs ont vu anéantir l'espoir de toute une année. 

— La comète n'est pas étrangère aux grandes chaleurs que nous subissons. En 1811, une comète fut visible, et les chaleurs et la sécheresse furent telles qu'un grand nombre de rivière tarirent, en 1846, nouvelle comète, nouvelle sécheresse, l'eau devint tellement rare dans certains endroits que des bestiaux périrent de soif. En 1811 comme en 1846, le vin fut abondant  et d'une qualité supérieure, on espère qu'il en sera de même en 1874,  aussi les cours des vins sont-ils en baisse de 10 fr. par hectolitre. A Marseille, le thermomètre a marqué, à l'ombre, 40 degrés, à Paris, au soleil, 44 degrés. De nombreux cas d'insolation sont signalés.  

 

Juillet 1874   -   La comète.   -  Selon les prévisions des astronomes, la comète découverte par M. Coggia, de Marseille, le 17 avril dernier, n'aura tout son éclat que vers le 15 juillet, mais actuellement, grâce à la pureté momentanée de l'atmosphère, elle brille merveilleusement chaque soir, au-dessous de l'étoile polaire, comme une étoile de troisième grandeur. Sa traînée est très apparente à l’œil nu.

 

Juillet 1874   -   Le réchauffement climatique.   -  La comète n'est pas étrangère aux grandes chaleurs que nous subissons. En 1811, une comète fut visible, et les chaleurs et la sécheresse furent telles qu'un grand nombre de rivière tarirent, en 1846, nouvelle comète, nouvelle sécheresse, l'eau devint tellement rare dans certains endroits que des bestiaux  périrent de soif. En 1811 comme en 1846, le vin fut abondant et d'une qualité supérieure, on espère qu'il en sera de même en 1874, aussi les cours des vins sont-ils en baisse de 10 fr.   par hectolitre. A Marseille, le thermomètre a marqué, à l'ombre, 40 degrés, à Paris, au soleil, 44 degrés. De nombreux cas d'insolation sont signalés.

 

Septembre 1874   -   C’était prévu.   -  Le Conseil municipal de Lisieux, assisté des plus imposés de la ville, s'est réuni pour émettre son avis sur le projet d'annexion à la ville de Lisieux des sections des communes. St-Jacques et St-Désir, projet qui avait été soumis aux enquêtes dans les trois communes. 24 conseillers municipaux et 13 des plus imposés étaient présents. Pour l'adoption du projet tel qu'il est soumis, 32, contre, 3. 2 membres ont déclaré s'abstenir.  

 

Novembre 1874   -   L’hiver.  -  Les astrologues annoncent, comme chaque année du reste, que l'hiver sera des plus rigoureux. 

— La semaine dernière, il est tombé un peu de neige à Paris et dans, quelques-uns des départements voisins. Les oies sauvages et autres passent par bandes se rendant à leurs  quartiers d'hiver.

 

Novembre 1874   -   Sauvetage.  -  La nommée Augustine Fouquet, domestique chez M. Aubert, rue du Camp-Franc, à Lisieux, était à laver du linge, lorsqu'elle fut entraînée dans l’eau sans avoir pu jeter un cri. 

Une dame Carpentier, vit en se retournant la jeune fille disparaître, elle appela au secours. Le factionnaire du poste de la caserne des Abattoirs se jeta à l'eau et fut assez heureux pour retirer saine et sauve la victime de l'accident. La pauvre enfant, tombée la tête en avant dans un amas de vase, était dans un état voisin de l'asphyxie, et quelques secondes plus tard, tout dévouement eût été inutile.  

 

Décembre 1874   -   Orages et tempêtes.  -  Nous sommes en pleine période d'orages. La neige, peu abondante, a fait son apparition dans notre région. 

— Sur notre littoral, de grands dégâts, à Luc et à Villerville, digues et pieux enlevés.

— A Lisieux, de grosses pierres sont tombées de la tour sud de l'église St-Pierre, et ont été réduites en poussière par leur chute sur le granit du parvis. A Ouilly, à 3 kilomètres de Lisieux,  un arbre plus que centenaire a été déraciné et s'est abattu en travers de l’ancienne route de Pont-l'Evêque qu'il a par conséquent interceptée et dans laquelle il s'est creusé un profond sillon.

 

Janvier 1875   -   Un homme broyé.  -  Jeudi, un accident qui a eu les conséquences les plus tristes est arrivé à la gare de Lisieux. Le train, qui arrive à Lisieux à 5 heures du matin, s'étant arrêté pour dégager le croisement et laisser passer celui se dirigeant sur Paris, un voyageur, qui se trouvait dans le premier train, trompé par l'obscurité et se croyant en gare, descendit de wagon. Mais, contrairement à  tous les règlements qui défendent de descendre d'un train autrement que du côté du quai, il descendit à contre-voie. À ce moment même, la locomotive du train montant se trouvait près de lui, le tampon le frappa si violemment qu'il fut renversé et les roues de la machine lui broyèrent les deux jambes. Il fut relevé dans un état affreux. 

Transporté à l'hospice, il a survécu une heure à ses horribles blessures. Ce malheureux avait sur lui une carte d'électeur qui a servi à établir son identité. Il se nommé Asse, est âgé de 35 ans, et habite Familly, canton d'Orbec. Il est marié et père de cinq enfants. Il se rendait à Caen avec son père pour accomplir un pèlerinage à la Delivrande. Asse père a continué son voyage sans se douter de ce qui était arrivé, ce n'est qu'au retour qu'il l'a appris en recevant la montre et la bourse de son malheureux fils. Puisse ce nouveau malheur servir de leçon aux voyageurs.

 

Mars 1875   -   Le printemps.  -  Si cela continue, le printemps sera inauguré par la gelée ou la neige. En Angleterre, des vents violents ont causé beaucoup de malheurs. Des maisons en construction ont été renversées et des ouvriers ont péri.

 

Mars 1875   -   Annexion.  -  L'annexion à la ville de Lisieux de diverses portions de St-Jacques et de St-Désir, a été décidée parle Conseil d'État.  

 

Juin 1875   -   Fait divers.  -  Mardi, pendant que le corps d'une pauvre femme était à l'église Saint-Jacques de Lisieux et qu'on disait les prières dernières, les croque-morts, altérés sans doute par l'émotion, avisèrent un cabaret où ils firent autre chose que de regarder boire. En compagnie de la dive bouteille, le temps passe vite, si vite même que nos croque-morts ne s'aperçurent pas que la cérémonie était terminée !…...  

Personne pour mettre la bière dans le char, ce furent les deux beaux-fils de la défunte, avec le concours d'un autre assistant, qui se chargèrent de ce triste soin, personne pour conduire  le corbillard, un chantre fut obligé de monter sur le siège. Les psalmodies funèbres, le roulement du char rappelèrent nos buveurs à la réalité, ils soldèrent vivement leur dépense et coururent après le cortège, qu'ils rattrapèrent au bas de la butte du cimetière.  

 

Juin 1875   -   Grève.  -  Après une lettre de sise en demeure, demandant une notable augmentation de salaire et une diminution d'une heure de travail, la plupart des ouvriers maçons de la ville de Lisieux se sont mis en grève.  

 

Juin 1875   -   Les orages.  -  L'orage qui a éclaté avec tant de violence sur notre ville jeudi soir, s'est également fait sentir sur différents points du département. Rappelons qu'à Caen, venelle Buquet, le fluide, après avoir en partie détruit un petit pavillon, a suivi la toiture et a descendu dans la cour voisins le long de la gouttière de la maison occupée par M. Gall, restaurateur, en face de la poissonnerie, à trois mètres de hauteur, il a percé le mur en broyant une pierre, dont on a pas retrouvé de traces, et est entré dans la cuisine de M. Gall, où il a tordu et fondu les conduits à gaz et blessé légèrement M. Gall au cou. Dans la quartier, plusieurs enfants sont tombés au même moment par la force de la commotion, mais sans avoir aucun mal.

La foudre est également tombée sur la seuil de la porte d'entrée de la salle d'asile, située place des Petites Boucheries. Les enfants étaient encore à l'école, la femme Perdrieu, marchande de volailles, rue Bicoquet, qui entrait en ce moment dans la cour, pour aller chercher son enfant, a été renversée, et est restée environ 20 minutes sans connaissance.

Sur la ligne télégraphique de Caen à Creully (territoire de Caen), la foudre a brisé les fils et endommagé trois poteaux.

A Lisieux, place du Marché-aux-Chevaux, la foudre a crevé le toit d'une maison, réduit en morceaux du linge étendu dans le grenier, puis elle est descendue par la tuyau de la gouttière, qu'elle a crevé à un mètre vingt environ du sol. La commotion électrique a été si violente qu'une personne réfugiée sous une porte cochère a été renversée.

A Ouilly-le-Vicomte, elle est tombée dans la ferme de M. Requier, sur un poirier qu’elle a partagé en deux, comme l’eut fait une scie.

A l'Abbaye, elle a pénétré dans la pièce où les jeunes pensionnaires externes déposent les petits paniers contenant leurs provisions pour le goûter et la collation, elle a bouleversé les pitances et détérioré les paniers.

Route de Lisieux à Caen, vers la milieu de la côte, la foudre a creusé un trou de soixante à quatre-vingts centimètres de diamètre, projetant au loin les cailloux et la terre.

A Mondrainville, un incendie causé par la foudre a consumé la toiture en chaume d'une maison d'habitation un pressoir, des objets mobiliers et pour 200 fr. de bois de travail appartenant au sieur Victor Bidel, menuisier.

A Escure-sur-Favières, vers quatre heures du soir, on a trouvé le cadavre de la femme Séraphin Porat, veuve Vincent, âgée de 61 ans, journalière en cette commune, Elle avait été tuée par la foudre.  

 

Juillet 1875   -   Inondations du Calvados.  -  A l'annonce du désastre qui vient de frapper Lisieux, nous nous sommes rendu sur les lieux.

Pendant, une partie de la journée de mercredi, la pluie était tombée abondamment et la foudre n'avait cessé de gronder.

Vers sept heures du soir, une trombe épouvantable s'est déchaînée sur Courtonne, Glos et Lisieux.

L'avalanche d'eau a été si rapide que devant elle il était impossible de se sauver. En essayant de fermer ses volets, le sieur Prisse a été emporté et noyé. En quelques instants l'eau a atteint dans certains endroits jusqu'à trois mètres de profondeur.

Jusqu'à présent, on ne compte que six morts : Deux à Lisieux. Quatre à Glos.

Trois des personnes noyées ont été entraînées par le courant au moment où elles essayaient de quitter leur maison qui s'écroulait en même temps que le pont de Glos.

Une femme a été emportée par la trombe et noyée au moment où elle appelait ses enfants qu'elle croyait en danger.

Des maisons et des hangars sont effondrés, des murs et des ponts sont renversés, plusieurs fabriques sont endommagées.

Les pertes sont considérables. On parle d'un million pour les fabriques. Il y aura chômage. Encore des misères à soulager.

Jeudi matin, Pont-l'Evêque a été envahi par les eaux, qui ont atteint, dans certaines rues, une hauteur de 1 m. 50.

Partout les eaux sont en décroissance, et tout fait espérer que là s'arrêtera le mal.

 

Juillet 1875   -   Orages et tonnerre.  -  Les orages annoncés par le prophète Nick pour le mois de juillet ont éclaté à leur heure. Paris et ses environs la Seine-lnferieure et l’Eure en ont ressenti les effets.

Notre pays n'a pas non plus été épargné, il y a même eu morts d'hommes. Le sieur Lefort, boulanger à Bernières, a été tué par la foudre au moment où il sortait de son jardin avec une brouette, et 1e sieur Ferdinand Séron, propriétaire à Tournay-sur-Dives, arrondissement d'Argentan, a été frappé par la foudre, vendredi dernier, dans un pré où il était à faucher. L'arrondissement de Lisieux a eu beaucoup à souffrir : le vent, l'eau et la grêle, dont certains grêlons atteignaient la grosseur d'un marron, ont fauché les colzas, les blés et les pommiers.

Une grande consternation règne dans les communes de Moyaux, Fumichon, etc….., où en quelques heures, les cultivateurs ont vu anéantir l'espoir de toute une année.

— La comète n'est pas étrangère aux grandes chaleurs que nous subissons. En 1811, une comète fut visible, et les chaleurs et la sécheresse furent telles qu'un grand nombre de rivière  tarirent, en 1846, nouvelle comète, nouvelle sécheresse, l'eau devint tellement rare dans certains endroits que des bestiaux périrent de soif. En 1811 comme en 1846, le vin fut abondant et d'une qualité supérieure, on espère qu'il en sera de même en 1874, aussi les cours des vins sont-ils en baisse de 10 fr. par hectolitre. A Marseille, le thermomètre a marqué, à l'ombre, 40 degrés, à Paris, au soleil, 44 degrés. De nombreux cas d'insolation sont signalés.

 

Juillet 1875   -   Les inondations.  -  Notre département gardera un triste souvenir du mois de juillet 1875. Ce mois, ordinairement le plus beau de l'année, est froid et pluvieux, de fréquents orages ravagent et détruisent tout. Comme on le verra plus loin, à dix jours de date un nouvel orage s'est abattu sur la malheureuse ville de Lisieux.

Partout on ouvre des souscriptions, on fait des quêtes, on donne des concerts et des représentations théâtrales en faveur des inondés du Calvados, mais le total ne grossit guère...

La maréchale de Mac-Manon a envoyé 30 000 fr. pour les inondés de Lisieux.

Il est bon qu'on le sache, les inondés du Midi recevront des secours de l'Europe tout entière, ceux du Calvados ne doivent, quoi qu'on en dise, compter que sur les souscriptions recueillies dans nôtre région.

La misère est grande parmi la population ouvrière de Lisieux, et c'est nous, que le fléau a épargnés, qui devons leur venir en aide.

L’une de nos lectrices de Caen, nous envoie 20 fr. qu'elle nous charge de distribuer aux inondés. Nous adressons cette petit somme à notre confrère le Lexovien, il est sur les lieux et saura utilement l'employer. Nous ajoutons 4 fr. que nous avons reçus de M. A. de L…….., se disant négociant à Lisieux.

Le détachement du 129e en garnison à Lisieux, et la gendarmerie, viennent d'être portés à l'ordre du jour du 3e corps pour leur courageuse conduite lors de l'inondation.

Voici quelques détails complémentaires sur les inondations du Calvados :

On compte quinze communes de l'arrondissement de Lisieux qui ont eu à souffrir de l'inondation. Toutes les routes sont ravinées, quelques-unes complètement défoncées. Il y a dix ponts à refaire entièrement. Partout, le foin coupé a été entraîné par les eaux.

— La voie du chemin de fer a été creusée de plus d'un mètre au-dessous des rails, sur une longueur de 80 mètres environ.

— On peut juger de la quantité d'eau tombée à St-Mards-Orbec, en sachant qu'aux abords des écuries de la Compagnie du chemin de fer, elle a atteint quatre mètres de hauteur. A Courtonne-la-Meurdrac, la foudre est tombée à dix ou douze endroits différents, sans qu'il en soit, toutefois, résulté d'accidents notables.

On sait que les époux Viel, de Glos, ont été entraînés par la courant avec la fille Angérard, leur domestique, au moment où ils voulaient s'éloigner de leur maison. Un craquement qu'ils entendirent dans la maison leur fit comprendre le danger qu'ils couraient et les détermina à fuir. Le mari descendit le premier, recommandant à sa femme et à sa domestique de ne venir que lorsqu'il les appellerait. Il s'avança prudemment sur la première marche qu'il trouva solide, puis il mit le pied sur la seconde qui résistait encore, mais à ce moment, un second craquement, plus fort encore que le premières se fit entendre, les deux femmes affolées accoururent à la porte et descendirent sur les marches qui, maintenant descellées, cédèrent sous leur poids, et les trois pauvres gens roulèrent dans l'abîme. Détail touchant ! Tandis que M. Viel avait songé à mettre dans sa poche une somme de 400 fr. pour subvenir à ses besoins en quittant sa demeura pour quelques jours, la pensée de la pauvre mère s'était reportée uniquement sur son fils absent, et elle avait détaché la photographie de son fils pour la mettre dans la poche de son tablier.

Plusieurs autres habitants de Glos ont, dans cette cruelle soirée couru, de sérieux dangers. Il en est deux autres, M. Thomas, beau-frère de M.Lenormand, adjoint, et son jeune enfant, âgé de quatre ans et demi, qui ont failli périr et qui ne doivent leur salut qu'au dévouement de leurs voisins. M. Thomas revenait du bourg de Glos, tenant dans ses bras son enfant,  lorsqu'en passant devant le chemin de Colandon, un torrent, auquel le chemin servait de lit, le renversa et le fit rouler à quelques mètres, il se releva, fût de nouveau culbuté, se releva encore pour retomber une troisième fois, laissant échapper le pauvre petit qu'il avait tenu jusqu'alors étroitement serré. Le père et l'enfant furent entraînés chacun de leur côté : le  hasard fit que le père rencontra un cèdre et put s'y retenir, quant à l'enfant, que le courant entraînait, il fut aperçu par un brave ouvrier qui se jeta résolument à l'eau et parvint, après des efforts inouïs, à le saisir et à le ramener en lieu sûr.

C'est à St-Paul-de-Courtonne que l'infortuné Lebourgeois a trouvé la mort. Cet homme, qui avait construit lui-même son humble habitation, n'avait pas voulu s'en éloigner. Il ne voulait même pas que sa femme et ses enfants la quittassent, et pour les en empêcher, il avait amené devant la porte un vieux bahut qui la barricadait. Mais sa femme, affolée, lui arracha la plus jeune des enfants qu'il tenait dans ses bras, repoussa violemment le bahut et s'élança dehors, suivie de deux autres enfants. Quelques minutes après, la maison s'écroulait, étouffant l'obstiné propriétaire sous les débris que le torrent emportait au loin, ne laissant à la plaça de la maisonnette qu'un trou profond rempli de pierres et de limon.

Un nommé Rabot, qui se trouvait sur la rive gauche de la rivière et qui ne pouvait franchir le torrent, a dû passer la nuit entière monté sur un arbre, tandis que sa femme, restée dans sa maison inondée, a dû, pour n'être pas noyée, monter sur l'appui de la fenêtre et se tenir au dormant supérieur du châssis.

 

Juillet 1875   -   Les orages.  -  Un violent orage, moins terrible cependant que celui du 7, est encore venu s'abattre vendredi sur Lisieux. En quelques minutes, plusieurs rues ont été remplies d'eau et transformées en autant de torrents. Bon nombre d'habitants, redoutant une nouvelle inondation, ont passé debout une partie de la nuit, suivant attentivement le cours de nos rivières et la progression de l'eau, Dieu merci, leur vigilance a été superflue, les rivières se sont bien sensiblement gonflées, mais n'ont pas débordé, du moins dans l'intérieur de la ville. Si ce nouvel orage n'a causé aucun désastre dans Lisieux, il n'en a pas été de même dans les plaines à l'est de la ville, à L'Hôtellerie, Firfol, etc…., etc. Là, les récoltes ont été fort endommagées, les blés ont été renversés, roulés, et l'on cite entre autres une pièce de blé de 14 hectares complètement perdue. L'ouragan du 7 avait respecté les récoltes des plaines, l'orage du 16, les a compromises.

 

Juillet 1875   -   Les inondations.  -  L'état des pertes éprouvées dans le Calvados par suite de l'inondation n'ont pas encore était dressé.

Voici, relativement aux inondations du Midi, des chiffres officiels : 600 personnes environ ont péri ; 6 900 maisons ont été détruites ; les pertes s'élèvent à presque 100 millions de francs.

— Elles sont ainsi réparties : Haute-Garonne, 29 000 000 de francs ; Lot-et-Garonne, 24 300 000 fr. ; Tarn-et-Garonne, 13 690 000 fr. ; Ariège, 7 739 408 francs ; Aude, 9 319 900 fr, ; Gironde, 3 000 000 fr. ; Landes, 2 900 000 fr. ; Gers, 2 100 000 fr. ; Hautes-Pyrénées, 1 000 000 f.

La France n'est pas seule éprouvée. On écrit de plusieurs points de l'Angleterre que les pluies sont les plus fortes qu'on ait subies depuis dix ans. Les récoltes sont menacées.

— Une correspondance annonce que la ville de Calcutta (Amérique du Sud), a entièrement disparu par un tremblement de terre, ainsi que les riches village qui l'entouraient. Le nombre des morts s'élève de 10 à 15.000.  

 

Juillet 1875   -   Récoltes.  -  Le temps s'est enfin mis au beau. Les travaux des champs sont poussés avec une très grande activité. Sur la place de Caen, les hommes se cotaient à un prix élevé. Le colza rend bien, le seigle est bon. Le blé chicot rendra au moins autant que l'année dernière.

Il en est de même dans les environs de Paris. Les pommiers ont toujours très belle apparence, la plaine de Caen est, sous ce rapport, bien partagée. On est inquiet au sujet de la récolte des blés dans certaines régions du nord et du centre de la France. Les mauvaises nouvelles de Russie, d'Angleterre, de Belgique et de Hollande font augmenter les blés et les farines, et par suite, le prix du pain.

 

Juillet 1875   -   Inondations.  -  A la suite des inondations, de nombreux vols ont été commis à Lisieux : des objets que le torrent avait d'abord entraînés, puis laissés ça et là, n'ont pu être retrouvés. Des maraudeurs que la justice recherche, ont dû les mettre en lieu sûr. Des pièces de drap, des ustensiles de ménage, des barriques de vin ont été soustraites aussi.

Pareils faits se sont produits dans les communes voisines, et le sacristain de l'église d'Ouilly-le-Vicomte, le jeune Aubert, aidé de plusieurs individus de cette localité, s'est emparé d'une feuillette de vin provenant des épaves de l'inondation de Lisieux. Pour la dissimuler aux regards des indiscrets et aux recherches de la police, nos fripons n'ont rien trouvé de mieux à faire que de la hisser dans le grenier du sacristain, et celui-ci, en récompense, leur a généreusement octroyé quelques litres de vin. Mais, hélas ! tout finit par se découvrir et la justice fit opérer une perquisition qui amena la découverte du vol. Aubert s'est fait justice, ainsi que nous l'avons rapporté, il s'est pendu dans son grenier, juste au-dessus de la pièce de vin volés.

 

Juillet 1875   -   Écroulement.  -  Mercredi soir et jeudi matin, la maison du directeur de l'usine à gaz de Lisieux, qui avait été endommagée par l'inondation, s'est en partie écroulée dans  la rivière. Le résultat était heureusement prévu et le directeur avait pu opérer son déménagement et quitter sa demeure dans les jours qui suivirent la nuit du désastre.

 

Juillet 1875   -   L’eau, la foudre.  -  En plus des dégâts connus, occasionnés par l'inondation de Lisieux, tous les propriétaires de jardins couverts par les eaux éprouveront une perte qui n'avait pas été prévue. On s'aperçoit, en effet, que les légumes restés en terre, comme les carottes, les pommes de terre, l'oignon, etc….., sont comme s'ils eussent été passés à l'eau bouillante. Les fruits touchés par l'eau n'atteindront pas leur maturité, ils noircissent aux arbres et tombent bientôt en pourriture. On attribue ces désastreux effets à la quantité de produits chimiques, destinés aux apprêts et à la teinture de la draperie et des toiles, enlevés par les eaux, mêlés avec elles et déposés ensuite dans la vase et le limon dont les jardins ont été couverts.

 

Août 1875   -   Fait divers.  -  Un mari qui bat sa femme, cela n'est pas rare, et nous n'en parlerions certes pas si cette petite scène d'intérieur, arrivée à Lisieux la semaine dernière, n'avait été occasionnée par un fait qui prouve une fois de plus que le vin et la jalousie sont deux mauvais conseillers.

M. G…….. est jaloux, mais jaloux à prendre son chat pour l'amant de sa femme et à croire que lorsqu'il est près de sa charmante moitié, un esprit malin est caché dans l'appartement et lui fait les doux yeux. C'est ce qui est encore arrivé lundi dernier. M. G.….. rentrait chez lui assez gris pour voir tout en double. Croyant apercevoir, aux côtés de sa moitié, un intrus, M. C…….. se mit à taper si dur, qu'il aurait peut-être assommé la pauvre femme, si les voisins ne s'étaient interposés. La femme va demander sa séparation.

 

Août 1875   -   Fait divers.  -  Vendredi, un très malheureux accident est arrivé à un charretier de la scierie mécanique de M. Vattier, rue de Livarot, à Lisieux. Cet homme était sur la route et faisait un transport. A un moment donné, il s'approcha de la tête de son cheval, celui-ci le saisit par le bras droit, le mordit cruellement et le secoua violemment à plusieurs reprises en l'enlevant de terre. Lorsque le charretier, dont le nom est Desamaison, fut débarrassé de cette terrible étreinte, la peau de son bras se rabattait sur le poignet, où elle n'adhérait plus que par un petit lambeau de quelques centimètres.

Un premier pansement ayant pour but de replacer la peau sur les parties dénudées eut lieu, et l'homme entra samedi à l'hospice dans des conditions relativement bonnes, il était venu à  pied à la consultation du matin. Mais, dans la nuit, d'épouvantables accidents de gangrène se déclarèrent, et on dut procéder à l'amputation. La situation de Desamaison est aussi bonne que possible.

On s'explique difficilement cet accident. Le cheval, paraît-il, est d'un caractère doux et tranquille, et le charretier affirme qu'il ne l'avait pas frappé. 

 

Octobre 1875   -  Fait divers.  -  Dimanche, le nommé Xavier Grass, tourneur en bois rue du Marché-aux-Chevaux, à Lisieux, était réuni avec sa femme et ses deux enfants dans la chambre qu'ils habitent et dans laquelle il n'existe pas de cheminée. Ces pauvres gens faisaient cuire des pommes de terre sur un réchaud dans lequel brûlait de la grosse braise, les émanations de ce foyer, produisirent un commencement d'asphyxie. Une personne entrant dans leur chambre aperçut Grass et sa femme à moitié évanouis et les enfants en proie à de violentes douleurs de tête et à des maux de cœur. Ils sont hors de danger.  

 

Octobre 1875   -  Bœuf furieux.  -  Le sieur Legot, boucher, conduisait à la gare de Lisieux, pour le marché de la Villette, trois bœufs qu'il venait de retirer d'un herbage. En descendant la route de Dives, un de ces animaux, habituellement doux, excité par une cause inconnue se mit à fournir une course effrénée. Il se précipita sur le sieur Houllet, chaufournier, et le blessa grièvement. Cet animal furieux a été tué de deux coups de fusil dans l'herbage où il s'était réfugié.

 

Décembre 1875   -  Tunnel sous la Manche.  -  M. Lavalley, président actuel de la Société des ingénieurs civils et le créateur des puissants appareils qui ont permis de pousser si rapidement les travaux de l'isthme de Suez, annonce que quinze coups de sonde ont été donnés dans le canal de la Manche, aucun n'a démontré l'impossibilité d'établir le tunnel qui doit relier l'Angleterre à la France, tous les ingénieurs sont d'accord sur ce point. Il n'y a plus qu'une question de temps et de millions. M. Lavalley habite le Calvados et est propriétaire dans l'arrondissement de Lisieux.  

           24.  -  LISIEUX  -  Rue aux Fèves (partie haute)

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