Mars
1876
-
Tempêtes et inondations.
- Depuis
quelques jours tous les éléments sont déchaînés sur notre pauvre
pays, il pleut constamment, la vent ne cesse de souffler en tempête,
tous les cours d'eau sont débordés, la plupart des usines ont dû
arrêter, de nombreux ouvriers sont sans travail. Sur la mer aucun
navire n'ose se risquer, toutes les barques de pèche sont à l'ancre
depuis de longs jours. Sur nos côtes, d'énormes blocs de rochers se
sont détachés des falaises.
Au
moment où nous mettons sous presse, les dépêches qu'on nous
communique indiquent partout progression dans les crues et font
craindre de nouvelles tempêtes.
Dimanche,
la bourrasque a fait des ravages incalculables. A Caen, au détour des
rues, il était impossible de se tenir debout, beaucoup de personnes
ont été renversées.
Dans
la campagne, les dégâts sont très sérieux, les pommiers sont, en
majeure partie, renversés sur les coteaux exposés au sud-ouest et
dans les terres humides. Sur les routes et les lignes de chemins de
fer, des centaines de poteaux télégraphiques sont brisés. La
quantité de toits et de cheminées enlevées est innombrable.
Lisieux,
on ne compte plus les cheminées abattues et les toits ravagés. Une
dame âgée a été renversée par le vent et a eu le bras fracturé,
un passant a eu le visage coupé par la chute d'une tuile.
De
magnifiques arbres exotiques sont renversés dans le jardin de
l'Étoile. Beaucoup de pommiers du Pays-d'Auge ont été brisés ou
arrachés. Des rangs entiers d'arbres exposés à l'ouest ont été
couchés.
Courlonne-la-Ville,
cette commune déjà si cruellement éprouvée par les inondations du
mois de juillet dernier, a subi d'importants dommages. Pour une
seconde fois, M. Leprovost, grillageur, a vu son atelier rasé du sol,
les vitres brisées, ses marchandises avariées.
Dans
un petit vallon qui se trouve entre St-Germain-la-Campagne et Orbec,
un bâtiment neuf appartenant à M. Ozanne, d'Orbec, a été
littéralement coupé en deux et mis en pièces.
Mai
1876
-
Armée. -
Le
fusil Gras ou chassepot modifié vient d'être distribué à toutes
les troupes du 3e corps. Contrairement à l'ancien fusil,
celui-ci a le canon et les capucines bleu foncé. La batterie est en
métal poli. Quant au fonctionnement, il est, à peu de chose près,
le même que pour le chassepot, mais le fusil Gras est bien moins
sujet à s'encrasser, et on sait que c'était là le défaut principal
de l'arme dont se servaient depuis quelques années les troupes
français.
Juin
1876
-
Incendie d’une fabrique.
- Lundi
dernier, à une heure et demie du matin, un incendie qui a pris tout
à coup des proportions effrayantes, a éclaté dans l'établissement
de filature à laine de Mme veuve Saint-Denis et fils, situé
boulevard Sainte-Anne, à Lisieux. Comme toujours, dans ces sortes de
cas, on s'aperçut immédiatement que la filature était absolument
perdue et qu'il n'y avait qu'à circonscrire le foyer dans le grand
quadrilatère qu'elle occupait. Disons de suite que ce résultats
été admirablement atteint, et qu'à trois heures tout danger
ultérieur avait disparu. Le tissage mécanique de toiles de MM.
Samson et Fleuriot est le seul qui ait été sérieusement atteint.
De
ce chef, 200 ouvriers vont être momentanément sans travail, mais
cette suspension sera courte. L'interruption de marche ne doit pas
dépasser une vingtaine de jours. Pour Mme St-Denis et fils et les 60
ouvriers qu'occupait leur établissement, il n'en sera malheureusement
pas ainsi, tout est détruit, et le feu a consumé une filature qu'on
citait comme un modèle d'outillage perfectionné. Les autres dégâts
sont insignifiants.
La
cause du sinistre est toujours la même, un échauffement, une
combustion spontanée sous l'influence d'une température donnée et
de matières animales et végétales mises en contact avec une
certaine quantité d'huile, ces mélanges sont la première opération
de la filature. Les pertes, couvertes par des assurances, doivent se
chiffrer par une somme ronde d'environ 300 000 francs.
Janvier
1877
-
Population. -
Le dénombrement
de la population a donné les résultats suivants : Lisieux.
- Garçons. 5 139. - Hommes mariés,
3 565. - Veufs, 428. - Filles, 4
342 - Femmes
mariées, 3 600. -
Veuves, 1 212. - Total général 18 398 habitants.
Janvier
1877
-
Températures. -
La Température ne
varie pas, et le temps reste humide, au grand déplaisir des
cultivateurs qui voudraient voir succéder un peu de froid à la
température anormale que nous subissons depuis trop longtemps.
Hâtons-nous de le dire, cependant, il n'y a quant à présent, aucun
dégât et tout serait pour le mieux s'il survenait sous peu du froid
et de la sécheresse.
Dans
la nuit de dimanche, un ouragan terrible s'est fait sentir sur notre
contrée, les dégâts sont presque insignifiants.
Janvier
1877
-
Population. -
La population de
la ville de Lisieux est de 18 396 habitants, se décomposant ainsi :
agriculteurs, 195 ; industriels, 9 736 ; commerce, 3
197 ; professions libérales 1 184 ; rentiers, 1 762 ;
mendiants, vagabonds et filles publiques 115. Il y a 108 rues, 2 131
maisons et 5 633 ménages.
Janvier
1877
-
Permis de chasse. -
Voici le nombre
des permis de chasse qui ont été délivrés par la préfecture du
Calvados, pendant l'année 1876 : Arrondissement de Caen, 1 887 ; id.
de Bayeux, 933 ; id. de Falaise, 902 ; id. de Lisieux, 1 430 ;
id. de Pont-l’Évêque, 1 137 ; id. de Vire, 683 ;
Total, 6 072.
Février
1877
-
Carte du Calvados. -
La carte routière
du département du Calvados, dressée par M. l'Agent voyer en chef,
vient d'être mise en vente aux prix suivants : un exemplaire non
colorié, 2 fr. 50 ; un exemplaire colorié, 3 fr.
Cette
carte étant une propriété départementale, sera livrée à MM. les
libraires et marchands d'estampes, qui en feront la demande à M. le
Préfet, au prix de revient du tirage et par quantité de 25
exemplaires au moins.
Mars
1877
-
Acte de courage. -
Mme
Dupont, de Notre-Dame-de-Livaye,
se promenant avec sa mère et ses enfants, sur le boulevard des Bains,
à Lisieux, tomba à l'eau, et le courant entraîna rapidement cette
malheureuse femme. Sa mère et ses enfants, restés sur la berge,
poussaient des cris de désespoir, lorsque des soldats du, 119e
accoururent. L'un d'eux, Pierre Moisy, de Trouville, n'écoutant que
son courage, s'élança résolument dans la rivière et nagea avec
vigueur vers Mme Dupont, qui allait disparaître. Ses forces
s'épuisèrent avant qu'il ne pût l'atteindre, alors un de ses
camarades,
engagé volontaire, se jeta à l'eau du haut du pont de la rue de la
Sous-Préfecture. Ce courageux militaire fut assez heureux pour saisir
Mme Dupont à cinquante mètres de là, et aidé d'un cocher et d'un
agent de police, il sortit de l'eau cette pauvre femme, qui fut
transportée chez M. de Boislaurent, où elle reçut les soins que
réclamait son état.
Mai
1877
-
La pluie. -
Il
résulte d'observations faites que, dans l'espace de huit mois (du 28
septembre 1870 au 28 mai 1877), il y a eu dans nos contrées 131 jours
de pluie.
Juin
1877
-
Incendie. -
Dans
la nuit de samedi à dimanche, une usine appartenant à M.
Lecarpentier , manufacturier à Lisieux, a été complètement
détruite par l'incendie. Le feu s'est déclaré, vers une heure du
matin, au rez-de-chaussée de l'établissement, et moins d'une heure
après, les planchers supérieurs et la toiture s'effondraient au
milieu des flammes. L'immeuble incendié était d'une construction
récente, il avait été rebâti entièrement, il y a environ 18 à 20
ans, après avoir été détruit complètement par le feu. Pertes,
assurées, 170 000 fr. - 30 ouvriers se trouvent sans travail.
Juin
1877
-
Récoltes. -
Nos
récoltes ont les plus belles apparences, la vigne promet, tout
annonce une année d'abondance. Dans
la nuit de dimanche à lundi, il a cependant gelé blanc sur divers
points du département du Calvados.
Juin
1877
-
Machine à faucher. - On
fauche les herbes
excrues sur l'hippodrome de Caen. Ce fauchage et le fanage se font
avec la faucheuse et la faneuse mécanique la Française, dont le
dépôt est chez M. Le Blanc, place d'Armes.
Juin
1877
-
Récompenses. - Des
médailles d'honneur de deuxième
classe ont été décernées à :
Pierre-Théophile
Langrée, membre du conseil municipal du Tourneur : sauvetage
d'un homme tombé dans un puits le 7 février 1877.
Pierre
Moisy et Benjamin Vendenberghe, soldats au 119e de ligne,
en garnison à Lisieux, pour avoir sauvé, le 8 mars 1877, une
femme qui se noyait dans la Touques grossie par les pluies.
Boulet,
gardien à Beaulieu, qui a été blessé en désarmant un condamné
qui muni d'un
tranchet, proférait des menaces de mort contre un de ses codétenus
et qui en avait déjà frappé et blessé plusieurs autres.
Avril
1878
-
Un exemple à suivre. -
Jeudi
dernier, la municipalité de Lisieux a fait placer sur l'un des
piliers de l'hôtel-de-ville, une boite renfermant un baromètre. Tous
les jours, une dépêche télégraphique, envoyée par l'Observatoire
de Paris, et donnant les renseignements sur la prévision du temps,
est affichée au-dessous du baromètre.
Avril
1878. -
Tué d’un coup de pied de cheval.
- Le
nommé Eugène Dilais, âgé de dix-neuf ans, fils de M. Dilais,
marchand de charbons, rue Petite-Couture, à Lisieux, a reçu, dans le
ventre, un coup de pied de cheval pendant qu'il le harnachait dans son
écurie. Le malheureux jeune homme a succombé. ( Bonhomme
Normand)
Avril
1878. -
Mort accidentelle. -
Lundi, le
sieur Jouen, âgé de 62 ans, demeurant rue Ste-Marie, à Lisieux, en
voulant probablement puiser de l'eau, pour l'arrosage de son jardin,
dans une petite citerne profonde d'un mètre et située non loin de sa
demeure, a été pris d'un étourdissement et est tombé dans l'eau la
tête la première.
C'est
dans cette position que sa femme l'a trouvé plus tard, alors qu'elle
l'appelait pour déjeuner. (
Bonhomme Normand)
Mai
1878
-
Mairie de Lisieux. -
Par
suite du refus de M.
Duchesne-Fournet d'accepter la mairie de Lisieux, le conseil municipal
a désigné à l'administration préfectorale, M. Michel, avoué, par
12 voix, contre 11 données à M. Letellier.
Dire
que sur vingt-six conseillers municipaux, pas un n'a voulu accepter de
bonne volonté le titre de maire ! C'eût été bien différent s'il
se fût agi d'être député, sénateur ou ministre.
Janvier
1879
-
La neige et les inondations.
- Une
partie de la France a
été pendant plusieurs jours enfouie sous les neiges. Sur beaucoup de
points, la circulation a été interrompue.
Dans
le Calvados, la ligne de la mer a dû suspendre son service. La neige
a atteint dans certains endroits plus de trois mètres de hauteur.
Dans un grand nombre de localités, on se plaint que les cantonniers
n'aient pas été, dès les premiers jours, envoyés sur les routes
pour déblayer. Sur la route de Pont-l'Evêque à Bonnebosq, on nous
signale des excavations
produites
par les eaux, ayant pour cause des puits creusés il y a longtemps
pour extraire de la marne ou des moellons, à l'administration des
ponts et chaussées de veiller.
Au
dire des anciens, il faudrait remonter à cinquante ans pour trouver
l'exemple d'une semblable avalanche de neige. Pendant l'hiver
1829-1830, on avait été obligé d'employer des soldats de la
garnison de Caen pour tracer des voies sur les routes aboutissant à
Caen, les neiges relevées sur les côtés du chemin formaient un
talus de 4 à 5 mètres de hauteur. De distance en distance on avait
réservé des espaces pour le croisement de deux voitures. C'est le
mardi 7 janvier que la neige a commencé à tomber, il y a cent
soixante-dix ans, jour pour jour (le 7 janvier 1709), entre 8 et 9
heures du soir, le vent qui était au midi et à la pluie, tourna
subitement au nord et à la neige. Le froid fut tellement intense que
le pain et l'eau gelaient auprès du feu, les prêtres à l'autel
étaient obligés de faire mettre un réchaud plein de feu à côté
du calice qui gelait encore, malgré cette précaution.
Le
dégel qui s'est produit va amener des inondations, tous nos cours
d'eau débordent. Sur les rives de la Loire, la consternation est
grande, des villages entiers sont sous l'eau, à Nantes, plusieurs
quartiers sont submergés. Les dégâts sont incalculables. L'évêque
de Nantes fait un appel à la charité des fidèles en faveur des
victimes des inondations. L'une des plus grandes inondations
occasionnées en Normandie par les neiges est celle du 2 février
1508. Tous les cours d'eau débordèrent, la Seine s'éleva à trois
pieds au-dessus des rives.
Janvier
1879 -
Appropriations et réparations en 1878.
-
85 locaux,
appartenant à
73 communes,
ont été appropriés ou
réparés dans le
Calvados -
Arrondissement
de Lisieux :
Lisieux, école
de garçons ; Saint-Jacques,
école de
garçons ; Mézidon,
les deux écoles ;
Mesnil-Mauger, école
mixte ; Orbec,
école de garçons.
Mai
1879
-
Récompense.
- Des
médailles d'honneur ont été décernées à MM. Jacques-Elie Buzaux
et Joseph Thirion, gendarmes à cheval à la compagnie du Calvados,
pour s'être particulièrement distingués lors des dernières
inondations de Lisieux en allant à la nage porter des secours et des
vivres aux habitants dont les maisons étaient envahies.
Mai
1879
-
Les suites d’un déplorable usage.
- Auguste
Charpentier, âgé de 25 ans, sergent au 119e de ligne, en
garnison à Lisieux, cédant aux sollicitations de troupiers, dont les
familles demeurent dans les environs, alla avec eux passer quelques
moments. On mangea beaucoup et on but plus encore, on fit des trous,
c'est-à-dire qu'on absorba plusieurs gouttes d'eau-de-vie entre
chaque plat. Le malheureux sergent, qui n'était pas habitué à cet
usage, s'est trouvé vite pris. Rentré dans la nuit à la caserne, il
s'est couché sur le lit de camp, sans doute
pour éviter les réprimandes et la punition, le lendemain matin, il
était mort. Sa famille, qui habite au-delà de Paris, a été
immédiatement prévenue, elle est venue chercher les restes de ce
pauvre jeune homme pour les reporter au pays natal, c'est là une bien
triste conclusion. Quand donc nos paysans renonceront ils à cet usage
qui peut avoir, comme on le voit, de tristes conséquences.
Juin
1879
-
Histoire. -
Maître
Sèduitout, des environs de Lisieux, est un pigeon qui aime à
roucouler ailleurs qu'au colombier conjugal, et spécialement chez les
couturières.
L'autre
jour, un ami le surprit chez l'une d'elles.
—
Qui qu'tu fais ileu ? lui dit-il.
—
J'fais faire eune r'prise à ma brague, répondit Sèduitout.
Et
l'ami malin d'ajouter en souriant :
—
Tant mieux ! m' n'ami, tant mieux !
—
Et pourqui cha donc ?
—
Dam ! chest que ça s'ra moins long que si fallait que tu
fisses r'priser tous les coups de canif que t'as bailli dans ton
contrat d'mariage.
Juillet
1879
-
Une femme qui ne craint pas le danger……..pour les autres.
- Il
y a quelque temps, à
Lisieux, une femme s'est lait enterrer civilement. Son convoi s'est
même, par une coïncidence bizarre, rencontré avec la procession de
la Fête-Dieu.
Ces
jours derniers, le mari de la défunte s'est trouvé malade dans un
hôtel. La maîtresse lui a intimé l'ordre de s'en aller sur le
champ, au risque d'aggraver sa maladie. Cette bonne dame avait si
grand'peur d'un enterrement civil que, pour n'en pas voir un, elle ne
reculait pas devant un danger de mort... pour son prochain.
Juillet
1879
-
Les pluies d’aujourd’hui et les pluies d’autrefois.
- Dimanche
dernier,
on a lu dans toutes les églises une circulaire de Mgr l'évêque
de Bayeux ordonnant des prières publiques pour la cessation de la
pluie. Il faut remonter à plus d'un siècle et demi, à 1725, pour
trouver une année aussi pluvieuse que 1879.
En
1725, la pluie ne cessa de tomber trois mois
durant,
on fit également des prières publiques et on promena dans Paris la
châsse de sainte Geneviève. La pluie cessa deux jours après. Nous,
sommes moins heureux en 1879, car depuis que les prières publiques
sont commencées, la pluie tombe de plus belle, sans aucun égard pour
les circulaires et les prières épiscopales.
Août
1879 -
Année scolaire 1878-1879.
- Le
département du Calvados,
d'une population
de 450
220 habitants, compte
764 communes
possédant 1
019 écoles primaires,
publiques ou libres,
et 25
salles d'asile.
5 écoles
enfantine sont été
créées en 1878. La
rentrée prochaine
en verra sans
doute ouvrir de
nouvelles.
Écoles
primaires : 598
communes possèdent
au moins une école
publique ; 152,
sont réunies
légalement pour l'entretien d'une école
publique ; 6
ont une
école libre
tenant lieu d'école publique ;
6 ont
une école
spéciale libre
tenant lieu d'école
spéciale publique ;
2 sont
dépourvues d'écoles.
Ces
2
communes sont
: Le
Manoir (205
hab.), et
Vienne (214 hab.).
Des
projets
de construction
sont à l'étude.
Si l'on
jette un
coup d’œil
à ce rapport, on
voit que 15 communes
réunies présentent
un effectif de 5
à 700
habitants et que
leurs classes
reçoivent de 50
à 80
élèves des
deux sexes.
Le dédoublement
de l'école mixte serait
nécessaire.
88
communes
du département, tout
en ayant une population
quelquefois inférieure
à 500
habitants, ont
été soucieuses des intérêts
de leurs
enfants pour
établir 2 écoles
spéciales, dans 66
chefs lieux
scolaires.
Sur
1
019 écoles primaires,
901 sont
publiques et 118
sont libres.
Si on les
considère au
point de
vue de
leur nature on
a :
Écoles publiques. 314
spéciales aux
garçons ; 287 spéciales
aux filles ; 300
mixtes Écoles
libres ; 12 spéciales
aux garçons ; 96
spéciales aux
filles ; 10 mixtes.
130
écoles
mixtes sont confiées
à des
instituteurs et 180
à des
institutrices.
On
peut
encore classer ces
écoles en
: 697
écoles laïques
publiques ; 40 écoles
laïques libres ;
204 écoles
congréganistes publiques ;
78 écoles
congréganistes libres.
Août
1879 -
Année scolaire 1878-1879.
- Cours
d’adultes - 431
cours d'adultes,
332 pour
les hommes
et 99 pour
les femmes, ont
reçu 4 576 élèves,
ou 3 635 jeunes
gens et 941
Jeunes filles.
Les résultats obtenus
ont été assez bons.
Certificats
d’études primaires. -
390
écoles ont
présenté 1 049 élèves
; 801
certificats ont
été délivrés.
MM.
les
Inspecteurs primaires classent
ainsi les 1
019, écoles publiques
et libres du département
: 595
bonnes ;
280 assez
bonnes ;
114 passables
; 30
médiocres.
Sur
6
132 élèves qui ont
quitté l'école, 2 p.
100 ne
savaient ni lire ni
écrire ;
3,14 p. 100
savaient lire
seulement ;
8,20
p. 100
savaient lire
et écrire ;
30,67 p. 100
savaient lire,
écrire et compter ;
57,15 p. 100
connaissaient l'orthographe
et des
matières facultatives.
Août
1879 -
Travaux pour mettre la villes à l’abri des inondation.
- La
ville de
Lisieux est
située, pour
la plus
grande partie, à
l'aval du
confluent des rivières
d'Orbec et de Gacé
qui se joignent, on
peut le
dire, à l'origine
même de la
partie urbaine
de la commune. En
crues, le
lit des
rivières est insuffisant
pour contenir le
volume d'eau qui
leur arrive.
L'Orbiquet,
dont le cours a peu
de développement,
déborde généralement
le premier,
puis vient ce
qu'on appelle dans
le pays
le « flot
de Gacé »,
c'est-à-dire les
grosses eaux
de la
rivière principale,
dont la source est fort
éloignée, dans le
département de
l'Orne. Il en
résulte une recrudescence
de l'inondation qui atteint
alors sa plus
grande hauteur.
Le
seul remède efficace
à apporter
à cette
situation, consisterait
à jeter
l'Orbiquet à
l'aval de la
ville, en relevant
d'ailleurs et
renforçant autant que
de besoin sa digue
gauche dans
sa région amont, où
il longe
le chemin
de fer.
Mais
l'application de
ce programme
conduit à des
chiffres véritablement
décourageants. La
dérivation de l'Orbiquet
ne peut
être, en effet,
établie à
ciel ouvert que
sur une faible
partie de
son développant.
Elle comporterait,
d'après nos
premières études, un
tunnel de 1,675
mètres de longueur
dans le
contrefort que l'embranchement
de Lisieux
à Pont-l'Evêque a dû
traverser aussi
en souterrain. Dans
ces conditions, M.
l'ingénieur Boreux
a estimé
que la dépense totale ressortirait
à 2 800 000 francs.
Octobre
1879
-
Pêche. -
La
pêche du saumon, de la truite et de l'ombre-chevalier est interdite
dans tous les cours d'eau du département, depuis le 19 octobre, au
coucher du soleil, jusqu'au premier février 1880, au lever du soleil.
Cette interdiction s'applique à tous les procédés de pêche, même
à la ligne flottante à la main.
Octobre
1879
-
La situation dans le département.
- Les
pluies dernières sont venues à propos mettre un terme à la
sécheresse qui retardait la semaine sur beaucoup de points. On sème
partout dans des conditions excellentes. C'est là un avantage
considérable au point de vue de la prochaine moisson. L'année
dernière on a semé dans de la boue, et beaucoup trop tard, il était
impossible qu'il en résultât une bonne récolte. Si l'année avait
été favorable, elle aurait amoindri la perte prévue, mais elle
n'aurait pas fait disparaître complètement le mauvais effet de ces
pitoyables semailles. L'automne actuel est, au contraire, très
favorable, et sur les diverses chances dont il faut tenir compte,
celle-ci est acquise dans le sens d'un bon résultat. Espérons que le
cours des céréales ressentira les heureux effets des prévissions
qu'autorisent ces bonnes semailles. En outre, les arrivages abondants
qui sont annoncés d'Amérique, de Russie et de Turquie où la
récolte a été excellente, produiront une amélioration désirable
dans les prix. Enfin, tout le monde sait que dans les années où le
pain est un peu plus cher, chaque consommateur évite le gaspillage,
et il résulte de cette précaution répétée chaque jour par 38
millions d'habitants, l'économie d'une quantité considérable qui
n'est pas à dédaigner.
Octobre
1879
-
Un cercueil. -
Les
travaux de réfection des
piliers du chœur de l'église St-Pierre de Lisieux ont mis lundi à
découvert un cercueil en plomb qu'on croit être celui d'un des
anciens évêques de Lisieux.
Novembre
1879 -
Ou l'on verra qu'a Lisieux les autorités n'aident pas le
poisson. -
Manger de bon poisson deviendra bientôt pour les Lexoviens un
de ces rêves qu'on croit irréalisables. Quand il est frais, il est
hors de prix, quand il est bon marché, il est tellement gâté qu'on
ne peut le manger. Lisieux a cependant des autorités municipales et
un inspecteur de la salubrité. Mais sans doute qu'il n'aiment pas le
poisson, car, autrement, éclairés par leur propre expérience, ils
aviseraient.
Décembre
1879
- La défense
de Lisieux contre les inondations.
- Dimanche
a eu lieu à la mairie de Lisieux une réunion de propriétaires
riverains des cours d'eau de la ville, en vue de s'occuper de la
formation d'un syndicat pour procéder au curage des rivières. M. le
maire a exposé le but de la réunion, et il a proposé la nomination
d'une commission de sept membres, chargée d'examiner les
conditions dans lesquelles serait constitué, en vertu de la loi
du 21 juin 1865, le syndicat projeté. Il a été procédé à la
nomination de cette commission qui est composée
de MM. P. de Boislaurent, Fleuriot, Jules Porte, Mesnier-Germain,
Rasse, Proux et Lecarpentier.
Décembre
1879
- L'hiver, la
neige, le froid. - Voici
l'hiver dans toute sa rigueur. Le froid a sévi sur toute la France,
et sur bien des points la neige a intercepté les communications.
Cette tempête a duré plusieurs jours. Le manteau de neige dans
lequel la France paraissait enveloppée avait dans les endroits les
moins atteints de 50 à 60 centimètres d'épaisseur.
En
divers endroits, la neige, poussée et amassée par le vent,
s'élevait à plus d'un mètre. Beaucoup d'habitants se trouvaient
bloqués chez eux et ont été obligés de faire une tranchée pour
communiquer avec leurs voisins. Depuis bien des années on n'avait vu
en décembre, en si peu de temps, la neige tomber aussi abondamment.
En
1831 l'hiver fut des plus rigoureux. Le 6 décembre, de cette année,
une trombe de neige s'abattit sur la ville de Caen et fit les plus
grands ravages. Un café de la rue Venelle-aux-chevaux s'effondra.
En
1709, le froid fut tel qu'à l'autel les prêtres étaient obligés de
mettre un réchaud à côté du calice, qui gelait, malgré cette
indispensable précaution.
En
1480, le froid dura du milieu de décembre au commencement de mars, et
fit beaucoup de victimes. La terre était gelée à quatre pieds de
profondeur, l'eau gelait auprès d'un feu très bien alimenté.
Pendant
plusieurs jours, les voitures n'ont pu circuler sur les routes.
Le
service des chemins de fer a été momentanément interrompu, les
trains de Paris étaient restés à Mantes. Les facteurs de la poste
n'ont pu faire leur service dans les campagnes qu'en surmontant les
pics grandes difficultés. De nombreux accidents se sont produits. Des
voilures sont restées en détresse sur les routes.
Le
froid qui est excessif a causé de nombreuses morts par suite de
congestion.
Sur
nos côtes, on ramassait à pleins paniers les crabes et les
étrilles, engourdis par le froid. Partout le poisson abonde, on le
pêche pour ainsi dire à fleur d'eau, où il demeure comme
paralysé.
Janvier
1880
- Fait divers. - Jeudi dernier,
à Lisieux, un vieillard, assis devant un grand feu, tombait frappé
par une attaque d'apoplexie, son fils, un simple d'esprit, l'a vu
littéralement rôtir en lui disant « Tu es heureux, papa,
tu te chaudes bien. »
Janvier
1880
- Encore l’hiver.
- Un
vieux proverbe prétend qu'à la fin de janvier, l'hiver s'en
va ou redouble de rigueur. Si ce proverbe est vrai, nous n'avons pas
tout lieu de nous réjouir, car à la température relativement douce
de la semaine dernière a succédé une vive reprise du froid. La
saison a été bien dure pour les malheureux. Un retour de l'hiver
serait presque un désastre pour tout le monde.
Janvier
1880 - Échenillage. - C'est
dans 18 courant de février, que tout propriétaire, fermier ou
locataire est tenu d'écheniller les arbres, haies ou buissons, sur
les propriétés qu'il exploite où qu'il occupe.
Avril
1880
- Parents, veillez. -
Dans l'après-midi de mardi, rue de Livarot, à Lisieux, non
loin du pont Bouillon, une petite fille de 5 ans, Louise Voisin, est
tombée dans la rivière d'Orbec en voulant puiser de l'eau avec un
vase d'enfant, elle reparut deux fois et avait disparu lorsque le
jeune Alexis Raux, ouvrier maréchal chez M. Picot, se jeta à la
rivière pour la secourir : il la retrouva entre deux eaux à la
hauteur du vannage de décharge. Louise Voisin fut portée sans
connaissance dans la cuisine de l'hôtel du Maure où elle reçut tous
les soins, réclamés contre l'asphyxie par submersion : ce ne fut
qu'au bout de trois quarts d'heure que cette enfant put être
rappelée à la vie.
Mai
1880
- Les
voleuse d’enfants.
-
A Lisieux, samedi dernier, dans la halle au beurre, une petite
fille de 4 à 5 ans accompagnait sa grand'mère, pendant que celle-ci
payait une acquisition qu'elle venait de faire, deux femmes assez bien
mises ont pris la petite fille par la main et s'en allaient en
courant. Aux cris de
l'enfant, un voisin la reconnut et la délivra,
les voleuses prirent la fuite et n'ont pas été retrouvées.
La grand'mère de cette enfant est la veuve Legof, qui demeure à
Lisieux, chemin des Rouges-Fontaines.
Mai
1880
- Courageux dévouement.
- Un acte de
courageux dévouement a été accompli à Lisieux, il y a eu dimanche
huit jours. Un cheval emporté parcourait à fond de train la rue de
Caen remplie de monde à ce moment, lorsqu'un employé de M. Durand,
épicier, rue de Caen, M. Alfred Lecour, s'élança résolument à la
tête de l'animal et parvint à l'arrêter après avoir été traîné
pendant une cinquantaine de mètres. De grands malheurs ont été
ainsi évités par le courage et le sang-froid de ce jeune homme qui a
été vivement félicité.
Juillet
1880
- Assainissez. - A
Lisieux, l'état du petit bras de la Touques qui longe les maisons du
côté ouest de la rue Saint-Dominique est déplorable. Cette rivière
est obstruée de longues herbes qui ralentissent le cours de l'eau et
retiennent à la surface les détritus et les immondices de toute
sorte, exhalant une odeur infecte qui incommode les riverains. Est-ce
qu'on prendra les mesures nécessaires, pour faire disparaître ce
foyer d'infection si dangereux par ce temps de chaleurs ?
Juillet
1880
- Profanations. - Depuis
quelque temps des vols se commettent dans le cimetière de Lisieux.
Vases et couronnes de prix, objets d'art et pieux souvenirs
disparaissent à chaque instant, sans qu'on puisse découvrir les
voleurs et les profanateurs. Puisque la clôture du cimetière est
insuffisante, ne devrait-on pas organiser une surveillance pour
empêcher ces profanations.
Août
1880
- Les fêtes de
Lisieux. -
Lisieux
vient de traverser toute une série de fêtes organisées à
l'occasion du concours de la Société d'Emulation. La réussite eût
été complète sans l'orage de dimanche soir qui a interrompu le
concert et la fête de nuit. Les divers concours ont tenu plus qu'ils
ne promettaient, notamment le concours musical qui a été très
brillant. Parmi les musiques de notre région qui ont été
couronnées, nous remarquons les orphéons de Bayeux, d'Argences, de
Villers-sur-Mer, d'Orival, de la Boissière, l'Union des
Travailleurs d'Honneur, la Persévérance de Vire, les fanfares
d'Argences, de Courtonne-la-Ville, de la Chapelle-Yvon, de l'usine de
Beuvillers, les musiques de Livarot, de Saint-Pierre-sur-Dives et de
Saint-Julien-le-Faucon.
Dimanche
soir et lundi matin, grand encombrement à la gare lors du départ des
orphéonistes, d’ailleurs, presque pas de désordre. Les
orphéonistes exécutent des chœurs improvisés en attendant
l'ouverture des portes. Deux bons gendarmes sont là qui les écoutent
en souriant, et font d'héroïques efforts pour ne pas chanter aussi,
ce qui prouve une, fois de plus que la musique adoucit les mœurs.
Lundi
soir, à cinq heures, ascension de l'aérostat La
« Comète », emportant Godard et six voyageurs, dont deux
Lexoviens. A 6 heures, le ballon descendait sans secousses, sans
effort, à Bretteville-sur-Dives, après avoir parcouru en une heure
un espace qu'on peut évaluer à 6 lieues.
Août
1880
- Une mauvaise mère. -
La femme Hodiesne, 36 ans, journalière à Lisieux, martyrisait
sa fille Jeanne, âgée de 11 ans. Parmi les mauvais traitements que
cette marâtre a fait subir à sa fille on a relevé les trois faits
suivants : deux fois, en plein hiver, elle l'a déshabillée sur le
bord de la rivière et l'a lavée à grande eau en la frottant avec un
balai, sans permettre qu'elle s'approchât du feu après cet atroce
bain ! En temps ordinaire, la jeune Jeanne était chargée de bercer
la nuit une petite sœur, et pour l'empêcher de dormir, sa mère lui
avait attaché au cou une corde dont elle tenait le bout dans son lit
et qu'elle tirait violemment à elle quand le mouvement de la
barcelonnette s'arrêtait. Plusieurs fois l'enfant a failli être
étouffée. La femme Hodiesne a été condamnée à 2 mois de prison
par le tribunal de Lisieux.
Octobre
1880
- Inondation.
- Qu'a
donc fait notre pauvre France ? Toutes les calamités semblent
accumulées sur elle. Presque toute;notre
région est sous l'eau, plus loin, nos lecteurs trouveront les
désastreux détails de cette crue que nous n'avions pas vue aussi
forte depuis vingt ans. L'été a été déplorable. Il n'y a pas de
pommes, les récoltes ont été faites dans les conditions
déplorables, et si le temps continue, on se demande comment on
arrivera à faire, le blé. Les pluies qui ont tombé pendant
toute la semaine
dernière ont considérablement grossi les cours d'eau de notre
département.
A
Lisieux, la Touques et l'Orbiquet se sont répandus dans plusieurs
rues de la ville. Le douet de Cirieux était également gonflé, et un
accident a failli arriver à l'endroit où ce cours d'eau traverse le
chemin d'Assemont, derrière le couvent des Bénédictines.
Novembre
1880
- Du danger de
se mettre en colère. -
Ayant
été accusé d'avoir commis un gros, un très gros péché, un curé
de l'arrondissement de Lisieux provoqua une protestation que la
plupart de ses paroissiens signèrent. L'un des caritons (société
chargée du transport des morts) refusa. Le curé mécontent voulut
interdire au cariton récalcitrant l'entrée de l'église avec ses
insignes. Celui-ci en appela à ses collègues, qui lui donnèrent
raison. De rage, le curé sauta sur le cariton, et, en pleine église,
lui arracha ses insignes. Notre homme ne dit mot, mais il a fait
assigner le curé en justice de paix, il lui demande 200 fr. de
dommages-intérêts. L'affaire va être prochainement appelée, c'est
Me Caret, du barreau de Caen, qui doit plaider pour le curé.
Décembre
1880
- Tirage
au sort.
- Les opérations
du tirage au sort des conscrits de la classe 1880 commenceront le 24
janvier.
Décembre
1880
- Recensement
de la population.
- Le recensement
quinquennal de la population commencera le 15 janvier prochain.
Décembre
1880
- Les cartons
de la Mairie de Lisieux. -
Lundi dernier, M. le préfet du Calvados est allé à Lisieux
pour se rendre compte des mesures à prendre pour combattre les inondations.
Il a promis de faire rapporter tous les arrêtés autorisant les
constructions qui peuvent nuire au libre cours des eaux, et de faire
exécuter avec la dernière rigueur les arrêtés concernant le curage
des rivières. Jeudi dernier, M. le sous-préfet de Lisieux s'était
rendu à la préfecture avec plusieurs délégués des propriétaires
inondés. C'est à la suite de cette démarche que M. Monod a pris la
résolution d'hier à Lisieux. Détail curieux et qui a été signalé
dans cette entrevue : il y a deux ans, l'ingénieur en chef adressa,
à la municipalité de Lisieux, un rapport sur les mesures à prendre
pour défendre cette ville contre les inondations. Il n'en a plus
entendu parler depuis. Un rapport de cette importance ne devrait
cependant pas rester oublié dans les cartons.
Janvier
1881
- L’eau,
la neige, le froid. -
Pour la troisième fois depuis cinq mois, la commune de
Louvigny a été inondée. Jamais la crue ne s'était élevée si
haut.
A
Lisieux l'inondation, plus partielle, plus circonscrite que les
précédentes, envahissait cependant des vendredi le quartier des
Blanches-Portes, la route de Livarot sur une longueur de 100 à 150
mètres, une partie de la prairie Fleuriot, rues Bocage, des Deux-Sœurs,
etc…. et 60 à 80 mètres du boulevard des Bains, où les rivières
se confondaient. La Pasquine, débordée sur la route de Cormeilles,
interrompait à Hermival la circulation.
Février
1881
- Avis
aux réservistes. -
Le ministre de la guerre vient d'infliger la peine de la prison
aux nommés Sabine, Legrand et Quétel, de Lisieux ; Valsemé,
de Manerbe. et Lerable, de Mesnil-Guillaume, pour n'avoir pas déposé
leurs livrets en temps utile dans leurs mairies respectives. Nous
n'avons pas d'autre but que de donner un nouvel avertissement aux
intéressés.
Avril
1881
- Une réforme.
- Il
paraît que le nouveau maire de Lisieux a ordonné à la police de se
montrer désormais polie et convenable envers les habitants. Si ces
instructions sont suivies,
La
police à poigne, inaugurée par le commissaire Saussier, toucherait
à sa fin.
Avril
1881
- Attention.
- La population de
notre département continue à décroître. D'après le tableau du
mouvement de la population en 1879, qui vient d’être publié, il y
a eu, dans le Calvados, 8 987 naissances et 10 234 décès.
L'excédant des décès sur les naissances a donc été de 1 247.
C'est le contraire qui devrait
se produire.
Mai
1881
- Les orages.
- Lundi, un
violent orage a éclaté sur la ville de Lisieux. La foudre est
tombée, mais aucun dégât sérieux n'a été constaté. La grande
cheminée d'appel de la teinturerie de M. Dubost a été atteinte à
la partie intérieure de son chapiteau, un assez grand nombre de
briques ont été violemment poussées de dedans en dehors, et
projetées dans l'établissement de teinture où personne n'a été
blessé.
Samedi,
à Lisieux, une brusque saute de vent a produit place St-Pierre et rue
Olivier deux véritables trombes qui ont culbuté plusieurs personnes
Juin
1881
- Instruction
et service militaire.
- La Chambre des
députés vient de repousser le projet de loi qui avait pour but de
réduire à 3 ans la durée du service militaire. La loi établissant
l'enseignement primaire gratuit dans toutes les écoles publiques
vient d'être promulguée et sera mise en vigueur à la rentrée
prochaine.
Juin
1881
- Trop de
sans-gêne.
- Quelques-uns des
utiles industriels préposés à la vidange des fosses d'aisances dans
la bonne ville de Lisieux, déposent, paraît-il, le contenu de leurs
tonneaux dans les fossés des routes. Espérons qu'on leur apprendra
ce qu'il en coûte pour montrer tant de sans-façon.
Juillet
1881
- Elle a soif.
- Dernièrement,
le tribunal de Lisieux condamnait à 15 jours, pour ivresse, la femme
Aubert, blanchisseuse, âgée de 44 ans. Cette condamnation sévère
causa un tel chagrin à la femme Aubert, que pour se consoler, elle se
grisa de nouveau le jour même. Cette
fois le tribunal lui en a donné pour un mois de prisons.
Juillet
1881
- Une
brebis enragée.
- Le brave et
digne curé d'une des paroisses de la ville épiscopale rentrait
tranquillement à son presbytère, lorsqu'il se trouva nez à nez avec
sa servante qui, sous l'empire d'une étrange émotion, le traita
assez irreligieusement. Le pauvre prêtre essaya de la mettre à la
porte, il y réussit, mais l'entreprenante gaillarde se mit à briser
un carreau et rentra par la fenêtre, et pour la faire partir, il
fallut l'intervention de la police. Mais ce ne fut pas chose, facile,
car cette brebis enragée tenait le malheureux curé par la
queue de son habit et essayait de l'entraîner.
Juillet
1881
- Une bonne
fortune qui a mal tourné. -
Un sieur Zaccharie, journalier à Lisieux. avait déposé une
plainte en adultère contre sa femme, qu'il avait fait arrêter en
même temps que le nommé François-Aimé Jouen, 33 ans, également
journalier à Lisieux. En quittant le domicile conjugal, la femme
avait emporté une blouse qu'elle, avait donnée à Jouen, celui-ci
avait en outre emprunté, sans le rendre, un outil à un tiers. Tout
cela constituait les délits de vol et de complicité de vol par
recel, qui ont valu à Jouen, 3 mois de prison. Quant à la femme, le
mari, lui ayant pardonné, elle a été remise en liberté. Jouen ne
cherchera plus à séduire l'épouse du voisin. Il en connaît
maintenant les inconvénients.
Juillet
1881
- Bonne
mesure.
- Le
ministre de l'instruction publique vient de prendre une mesure depuis
longtemps attendue. Par une circulaire, du 30 juillet, il édicte la
peine de révocation
contre tout professeur ou instituteur qui frapperait un enfant.
Août
1881
- Utile
invention.
- Jeudi, à
Lisieux, ont eu lieu des expériences fort intéressantes avec de
nouvelles ceintures de sauvetage, en caoutchouc et toile, inventées
par M Harivel. Quelques seconds ont suffi pour en opérer le
gonflement et le passage autour du corps. Des expériences auront lieu
prochainement à Caen.
Août
1881
- Élections.
- A Bayeux, il y a ballottage. Ce résultat, qui est un échec
pour le baron Gérard, doit donner à réfléchir à ce candidat
richard, dont cependant les largesses ne se font sentir qu'à
l'approche des, périodes électorales.
M.
Colbert triomphe à Lisieux avec 665 voix. Ce succès de la
réaction est dû à la maladresse du comité républicain, qui
n'avait pas besoin de crier par dessus les cheminées d'usine qu'une
souscription était ouverte pour payer les frais de l'élection
Banaston.
A
Vire, la réussite de M. Delafosse est attribuée au peu de surface de
son adversaire, et aussi au bruit répandu qu'il pourrait bien sous
peu tourner casaque, tout comme M. Dugué de La Fauconnerie. Hébert,
le candidat radical et ridicule, doit être satisfait, il a obtenu 112
voix, 25 de plus qu'en 1877.
Novembre
1881
- L’hiver.
- D'après de
récents avis des diverses, agences météorologique les plus dignes
de foi, l'hiver de cette année sera l'un des plus rigoureux du
siècle, du commencement de décembre à la mi-février, le froid
serait très vif, la neige est déjà apparue dans l’Est de la
France. Elle est tombée dimanche à Lisieux.
Novembre
1881
- Instruction
primaire.
- Un décret
porte que chaque commune va recevoir une subvention extraordinaire
destinée à lui rembourser la somme qu'elle doit prélever sur ses
revenus ordinaires pour la gratitude de l'instruction.
Novembre
1881 - Centenaires.
- Il existe à
Trouville un ancien matelot, nommé Letellier, dit Josai Gustin, qui,
dans quelques semaines, sera centenaire. II est très dispos, tous les
matins, il fait une petite promenade, de la Grande-Rue, qu'il habite,
à la Poissonnerie. Ce bon vieillard est fort estimé de la
population.
Dimanche,
à Lisieux, les enfants et les petits enfants de la dame
Cécile Anfry, veuve Davoust, fêtaient son centième anniversaire.
Elle est née le 19 novembre 1781 et a conservé intacte la
plénitude de ses facultés physiques.
Décembre
1881
- La
tempête.
- La tempête qui
s'est produite ces jours derniers dans notre région, y a causé de
grands dégâts, principalement durant la nuit de samedi à dimanche.
Des toitures, des cheminées ont été endommagées. Près de Lisieux,
des arbres ont été déracinés et transportés à des distances
relativement grandes. A Caumont, l'ouragan à détruit des hangars et
des marchandises appartenant à M. Jaberg, marchand de bois. La perte,
tant en bâtiments qu'en marchandises est évalué à 12 000 fr.
On
ne dit pas qu'il y ait eu de sinistres en mer à Trouville ou à
Honfleur, mais une barque montée par quatre hommes, qui était sortie
du port du Havre pour aller chercher un pilote à bord du vapeur, a
chavira et deux des matelots ont péri. Dans la Manche, plusieurs
naufrages ont eu lieu, on cite celui de « l'Oncle-Félix »,
un grand navire de commerce du Havre, dont l'équipage, composé de 18
matelots, a été sauvé par le vaisseaux « Mikado », de
la marine prussienne.
Un
accident assez bizarre s'est produit au Mans, pendant cette tempête.
Une femme, qui se trouvait devant le café de l’Univers, a été
enlevée par un coup de vent, et, après avoir traversé, sans toucher
le sol toute la rue Dumas, est venue tomber évanouie devant l'hôtel
de la Boule-d'Or.
Février
1882
- Triste,
triste !
-
L'autre samedi, mourait à Lisieux un tout jeune enfant,
appartenant à une famille pauvre. Le cercueil de la charité devait
être livré le lundi matin, il ne fut apporté que dans
l'après-midi. Aussitôt on mit le petit corps dans le cercueil, on
l'exposa à la porte et on fit prévenir le clergé. Il répondit
qu'il était trop tard. Il fallut remonter la bière dans l'unique
pièce qui sert d'asile à la famille, et ce ne fut que le lendemain
que le pauvre petit fut enterré. Triste, triste !
Mai
1882
- A supprimer. -
La municipalité de
Lisieux ferait bien de veiller à l'état des fontaines. L'eau de
celle de « l'impasse du Paradis », est devenue nauséabonde et tout
à fait impotable. Il se produit sans doute des infiltrations d'eaux
d'égouts qu'il faudrait empêcher.
Juin
1882
- Ou
on va voir comment un sou de café, fait marcher le clergé.
- Un
nommé Lebrun, jardinier, rue aux Fêvres, à Lisieux, avait avec lui
sa sœur Toinette, âgée de plus de 80 ans. Cette vieille fille est
morte dimanche, et l'inhumation devait avoir lieu mardi matin. Notre
homme fit le cercueil de sa sœur, et aidé d'une voisine, il la
coucha dans la bière qu'il referma convenablement, il plaça le
tout sur deux chaises au rez-de-chaussée, avec de l'eau bénite d'un
côté et un cierge allumé de l'autre, puis il ferma la porte, mit la
clef en poche et s'en alla.
A
l'heure convenue, le clergé arrive, et ne pouvant entrer s'en
retourne, il revient une seconde fois, et trouvant encore porte close,
s'en retourne pour ne plus revenir. Ce n'est que mercredi matin que
l'inhumation a pu a voir lieu. Notre jardinier était tout simplement
en face l'église St-Jacques, où il se consolait au café avec une
demi-tasse, pendant qu'on croyait qu'il était a se noyer de
chagrin.
Octobre
1882 -
Apprentis et petits domestiques.
- Dans
notre dernier numéro, nous avons annoncé qu'un certain nombre
d'enfants assistés, filles et garçons, ayant, atteint l'âge de
treize ans, et sachant lire et écrire, sont à la disposition des
personnes qui voudraient les prendre, comme petits domestiques ou
apprentis. Il faut s'adresser à la préfecture, service des enfants
assistés. Ajoutons que durant l'année dernière, aucune poursuite
judiciaire n'a été dirigée contre les 443 enfants assistés, âgés
de 14 à 20 ans,
placés dans le Calvados. Au 18juillet, 333 de ces enfants avaient
déposé 20 040 fr. à la caisse d'épargne.
Octobre
1882 -
Accidents de voitures.
- Lundi,
à Lisieux, sur la route d'Orbec, à peu de distance du passage à
niveau de la voie ferrée, une vieille femme infirmé, la veuve
Samaison, demeurant rue des Terres-Noires, est venue se jeter, malgré
des appels et des avertissements réitérés, sous la voiture de M.
Paul Target, lequel venait derrière elle. Les deux roues lui ont
passé sur la jambe gauche, qui a été fracturée au-dessous du
genou. M. Target l'a fait transporter à l'hospice, où elle reçoit,
pour son compte, tous les soins nécessaires.
La
veille, sur la même route, le nommé Eugène Macé, 50 ans,
journalier, rue Petite-Couture, a été renversé par une voiture qui
lui a broyé la jambe gauche. Cet homme ne se rappelle rien et ne peu
raconter comment l'accident est arrivé. Il a été porté à
l'hospice. Son état est des plus graves.
Octobre
1882 -
Statistique.
- La
statistique vient de découvrir que la Calvados est un des
départements dans lesquels il y a le plus de vieilles filles, et où
les vieillards se trouvent en plus grand nombre.
Novembre
1882 -
Infiltrations inquiétantes.
- La
ville de Lisieux vient de s'entendre avec une société de Paris pour
l'installation d'un service des eaux sérieux et complet. Il était
temps, car l'installation précédente n'était pas sans
inconvénients. Il y a quelque temps, en effet, on s'aperçut que
l'eau avait un goût et une odeur de souffre très accentués. On en
chercha la cause, et on découvrit qu'il se faisait dans les tuyaux de
conduite, des infiltrations dont la source se trouvait dans les lieux
de l'hôpital.
Décembre
1882 -
Une
sorcière devant la Cour. -
Mercredi, la femme Mathieu, condamnée par le tribunal de
Lisieux, s'est présentée devant la Cour de Caen. La femme Mathieu
prétend délivrer les bêtes et les gens sur lesquels, toujours
d'après elle, on a jeté un sort. Les moyens employés varient selon
les cas, le plus souvent, c'est en faisant cuir un cœur de mouton
piqué de 13 clous, 13 épingles, 13 aiguilles et 13 épines blanches,
qu'elle indiquait à ses nombreux clients ceux ou celles qui leur en
voulaient. Quelquefois, ces moyens étaient plus intimes, c'est ainsi
qu'un jour, elle a guéri un boucher de Livarot, en se couchant
pendant deux heures près de lui dans son lit.
Ces
pratiques, réprouvées par la religion, n'empêchaient pas la femme
Mathieu de se rendre en pèlerinage tantôt à la Délivrande, tantôt
à Saint-Evroult, et de s'y faire dire des messes. On dit même
qu'un jour, à Saint-Evroult, son émotion était si grande, que le cœur
lui craqua, et qu'elle inonda la sainte chapelle. Il est vrai qu'il y
en a qui prétendent que la femme
Mathieu « a un trou sous le nez qui lui coûte cher. »
La
Gour, après avoir entendu Me Guernier, a maintenu la peine prononcée
contre la femme Mathieu, c'est-à-dire
6 mois de prison.
Décembre
1882 -
Inondations.
- A
Lisieux, les rivières ont commencé à déborder par suite des pluies
de ces derniers jours.
Janvier
1883 -
La peur d’être soldat.
- Un
fait assez rare
aujourd'hui, mais qui l'était beaucoup moins sous le premier Empire,
alors que les guerres faisaient tant de deuils dans les familles,
s'est produit au tirage de Lisieux.
Le
nommé Pierre Brunet, âgé de 21 ans, s'est présenté la main droite
dans sa poche, et tirant son numéro de la main gauche. Le numéro
tiré, le sous-préfet lui demanda s'il avait à faire valoir quelques
motifs de réforme. Il répondit affirmativement en disant qu'il avait
perdu la première phalange de l'indicateur de la main droite. Sur la
demande qui lui fut faite s'il y avait longtemps, il répondit que
l'accident ne datait que de quelques jours, accident causé par un
pistolet, qui lui avait éclaté dans la main. Mais, pressé de
questions, il finit par avouer que, sur le conseil de son père,
il s'était fait sauter la phalange du doigt en la plaçant au-dessus
du canon d'un fusil dont il avait fait partir la détente.
La
mutilation volontaire étant ainsi constatée, Brunet a été mis en
état d'arrestation, ainsi que son père, dont la complicité est
établie. La pénalité encourue dans ce cas peut aller jusqu'à une
année d'emprisonnement.
Septembre
1883 -
Les pommes. –
Les pommes sont partout en abondance, la récolte dépassera
les meilleures années. Partout, en présence de cette abondance, on
recherche des fûts vides.
Septembre
1883 -
La tempête. –
L'ouragan de samedi
et dimanche à causé de grands dégâts dans les jardins et dans les
herbages. On cite une petite ferme des environs de Lisieux, louée 2
000 francs, où il y a eu près de 100 hect. de pommes de gaulées par
le vent.
La
mer était très forte, mais heureusement que le vent soufflait de
terre, néanmoins, le service des bateaux à vapeur a été
interrompu.
Novembre
1883 -
Vélocipèdes. –
Deux Lexoviens, MM. Marius Henry et Rocher, ont fait, montés
sur leurs vélocipèdes, le trajet de Lisieux à Rouen (88 kil.), en 5
heures 15 minutes. Ce qui représente une vitesse de 16 kil. 760 m.
par heure, ou 4 kil. 190 m. par quinze minutes.
Août
1884
-
Un mauvais coup. –
Mardi
matin, M. David, ouvrier peintre, quittait sa maison, rue Lecouturier,
à Lisieux, y laissant sa femme, âgée de 43 ans. Bientôt, les
voisins aperçurent du feu dans l'appartement du rez-de-chaussée, ils
y pénétrèrent et trouvèrent un réchaud plein de charbon encore
incandescent et la femme David tombée par terre et asphyxiée. On
attribue ce suicide à un dérangement des facultés mentales
occasionnées par une blessure à la tête qui lui avait été faite
par la famille Trécu, fait pour lequel les membres de cette famille
ont été condamnés à la prison par le tribunal de Lisieux. Le mari
de cette malheureuse femme était à travailler lorsqu'on et venu le
prévenir, Elle laisse un petit garçon de 8 ans qu'elle avait envoyé
lui acheter le charbon.
Septembre
1884 -
Lisieux n’est pas content. –
Les habitants de Lisieux se plaignant : 1° de ne pas avoir
d'eau depuis que, sur les plans de M. Verrine, on a installé un
service pour leur en donner ; 2° de voir les ordures rester dans les
rues sans être enlevées, quoiqu'il y ait un entrepreneur chargé de
cet enlèvement ; 3° de la mauvaise qualité du gaz et de l'absence
de lumière. Il y a beaucoup de becs, mais on en allume le moins
possible. La compagnie devrait pourtant se souvenir qu'elle n'est que
tolérée, puisque le concessionnaire légal n'a pu faire reconnaître
et admettre son successeur par la municipalité. Cette dernière
devrait aussi s'en souvenir pour agir avec plus d'énergie vis-à-vis
de la compagnie.
Mai
1885 -
Nouvelles
militaires.
- L'appel
des réservistes de 1876 et 1878 est toujours fixé du 25 août au 21
sept.
—
En raison des travaux de l'inspection générale, il ne sera pas
accordé de permissions aux militaires pendant le mois de juin.
—
Le ministre de la guerre a porté de 15 a 30 jours le temps que les
militaires prêtés à l'agriculture pourront passer aux champs.
Juin
1885 -
Périlleux
sauvetage.
- Mercredi
soir, à Lisieux, les enfants Léon Ruel, rue de Falaise, et Léon
Haranger, rue de Caen, âgés l'un et l'autre de 11 ans, se baignaient
dans le ruisseau de Curieux, à l'endroit où il traverse le chemin d'Assemont.
Ils voulurent traverser sous une voûte en suivant le ruisseau et
furent entraînés par le courant. A leurs cris le sieur Perrigot,
cordonnier, rue de Caen, arriva, et put saisir le jeune Ruel avant
qu'il ne tombât dans le bief, puis il plongea plusieurs fois, mais en
vain, pour rechercher le jeune Haranger. La sieur Isidore Carré,
journalier, rue Petite Couture, plongea à son tour, et put ramener
l'enfant, qu'il a été impossible de ramener à la vie. Les deux
sauveteurs n'en sont pas à leur premier acte
de courage.
Septembre
1885 -
Acte de courage. - Samedi
matin, à Lisieux, un
jeune cheval, attelé à une voiture, s'est emballé à la hauteur de
l'usine Bertre, et a parcouru à fond de train les rues Fournet,
d'Alençon et Pont-Mortain, jusqu'à la place Thiers. Le gendarme
Noël, de la brigade à pied, s'est résolument jeté à la tête du
cheval et est parvenu à l'arrêter au moment où l'animal affolé
allait se précipiter dans la vitrine de la pharmacie Lambert.
Septembre
1885 -
La population. - On
vient de publier le tableau officiel du mouvement de la population en
1884. Dans les cinq départements de Normandie, il y a eu excédent
des décès sur les naissances. Cet excédent a été, pour l'Orne, de
1 713 décès ; Eure, 1 474 ; Seine-inférieure, 1 424 ; Manche, 1 123
; Calvados, 1 013. Pour toute la France, l'augmentation de la
population a été de 2 pour mille. Sur 11 naissances, il y en a une
d'illégitime.
Mars
1886 -
Centenaire des pompiers de Lisieux.
- Le
22 juin prochain, la compagnie de sapeurs-pompiers de Lisieux comptera
cent ans d'existence. Elle fêtera cet anniversaire le 18 juillet,
notamment par un concours de manœuvres de pompes à incendie.
Juin
1886 -
Vitesse. -
Le
coureur Gilbert a fait le trajet de Paris à Lisieux en moins de 26
heures (24 heures de marche, 2 heures de repos). Des paris, sur
lesquels 1 200 fr, étaient prélevés, pour le courant, avaient été
faits dans deux cercles de Paris.
Janvier
1887
-
Un obus poids d’horloge.
-
Le
sieur Jules Galet, brocanteur et marchand d'antiquités, rue des
Boucheries, à Lisieux, était occupé à fondre un poids d'horloge
provenant d'une vente, lorsque tout à coup une explosion se
produisit, faisant voler en éclats les vitres du magasin. Le premier
émoi passé, on constata que le poids qui avait été enveloppé dans
une couche de plomb n'était autre qu'un obus dont la charge n'avait
pas été en levée. Dégâts assez sérieux.
Février
1887 -
Un phénomène. - La
semaine dernière, à Lisieux. une ouvrière de fabrique, âgée de 25
ans, est accouchée d'un enfant n'ayant qu'un oeil démesurément
grand, un véritable cyclope.
Avril
1887 -
Recensement des chevaux. -
Il
sera procédé, du 15 mai au 13 juin 1887, à l'inspection et au
classement : 1° de tous les chevaux et juments âgés de 6 ans et
au-dessus,
de tous les mulets et mules de 4 ans et au-dessus (l'âge se compte à
partir du 1er janvier de l'année de la naissance) ; 2°
des voitures attelées susceptibles d'être requises.
Mai
1887 -
Incendie. -
Dans
la nuit de mercredi à jeudi, un immense incendie a détruit à
Lisieux, les remises, écuries, magasins de carrosserie , forges ,
charronnages de M. Papillon, le loueur de voitures bien connu des
étrangers amis des plages normandes.
En
moins d'une heure, le matériel, les chevaux, foin, paille, etc, ont
été la proie des flammes. Il ne reste plus rien de cet
établissement, fondé il y a une trentaine d'années.
On
suppose que le feu a été mis par un rouleur, qui lui-même n'aurait
pu parvenir à s'échapper à temps. On suppose qu'il est sous les
décombres.
Juin
1887 -
Carte
postale.
-
A
l'avenir seront punis
d'un emprisonnement de 5 jours à 6 mois et de 16 à 3 000 fr.,
d'amende, ceux qui auront injurié ou diffamé par carte
postale.
Juin
1887 -
Cavalcade.
-
Le
dimanche 3 juillet, grande cavalcade historique : entrée du roi Louis
XIII à Lisieux le 14 juillet 1620.
Juin
1887 -
Les
fortes chaleurs.
- Les
fortes chaleurs que nous subissons ne sont rien auprès de celles que
nos pères eurent à supporter. Ainsi, en 1803, la Normandie vit
s'écouler une période de quatre-vingt-quinze jours sans pluie. En
1811, année de la fameuse comète, les rivières tarirent dans
plusieurs départements. En 1844, nouvelles chaleurs, le thermomètre
resta stationnaire entre 50 et 60 degrés. Dans quelques
départements, les bestiaux périrent faute d'eau. En 1859, 1860, 1869
et 1874, le thermomètre monta à 38 degrés. L'année dernière, il y
eut 20 degrés au mois d'octobre, température
exceptionnelle pour la saison.
Juillet
1887 -
La
sécheresse.
-
Si
le temps devenu si chaud, si serein, n'est pas défavorable aux
céréales, la maraicherie se plaint vivement de la sécheresse
prolongée, les légumes et les fruits ont soif. D'autre part, les
vers rongeurs, qui font, sous terre, la guerre à nos récoltes, se
développent à l'aise, la pluie ne venant plus les noyer. On demande
un peu d'eau.
Octobre
1887 -
Grève.
-
30
ouvriers : 26 femmes et 4 hommes de la fabrique de draperie Passerel
à Lisieux, se sont mis en grève, parce que l'on voulait leur donner
par jour 1 fr, 25 au
lieu, de 1 fr. 50 qu'ils touchaient.
Octobre
1887 -
Le mauvais temps.
-
Dans le Jura
la neige vient de faire
son apparition. En Tunisie, une trombe effroyable à détruit 3 000
oliviers. Des torrent
ont emporté des hommes et des animaux. Un Européen a été noyé et
un soldat français
foudroyé.
Octobre
1887 -
Orages et accidents.
-
Lundi
soir, un violent orage, accompagné d'éclairs et de tonnerre, a
éclaté sur notre région. A la gare de Caen, vers 10 heures et demi,
la foudre est tombée sur la plaque tournante, située dans la cour du
dépôt de la gare de l'Ouest. Trois hommes qui travaillaient à cet
endroit les nommés Hébert, chauffeur ; Perrette et Pichon,
aiguilleurs, ont été enveloppés par le fluide et ont éprouvé des
commotions tellement fortes qu'on a dû immédiatement mander un
médecin. L'accident n'aura pas de suites fâcheuses. La foudre a
également! cassé tous les fils se reliant
à la guérite de l'aiguilleur.
La
foudre est aussi tombée à Caen près, du Jardin des Plantes, sur une
voiture qui à été en partie brisée. Le cheval n’a rien eu. Le
conducteur était au moment de l'accident, dans le bureau d'octroi. A
Démouville, la foudre est tombée sur le clocher de l'église. La
hampe de la girouette a été tordue.
Un
sieur Cardine, de Colleville-sur-Mer, messager des beurres pour le
roulage Paisant, de Bayeux, a été atteint par la foudre qui l'a
projeté hors de sa voiture et lancé au loin à terre. Sans être
blessé gravement, le sieur Cardine a reçu dans sa chute de fortes
contusions, qui le forcent à garder le lit.
—
A Langrune, le tonnerre est tombé sur la propriété de Mme Delangle
et a fait beaucoup de dégâts.
—A
Saint-Aubin-sur-Mer, le clocheton nord de l'église est lézardé et
la toiture défoncée.
—
A deux reprises, la foudre est tombée sur l'église Saint-Pierre de Lisieux,
frappant la tour nord et pénétrant dans l'église par une petite
porte pour aller atteindre les orgues qui ont été
sérieusement endommagés. Plusieurs maisons ont été atteintes et un
grand nombre de carreaux ont été brisés.
Une
pierre pesant 100 kil. a été détachée et est tombée au milieu de
l'orgue. On ne sait par où la foudre s'est perdue.
—
Une tempête a aussi eu lieu sur la Méditerranée, le
« Spahis » s'est échoué. 22 passagers sont noyés, dont
trois matelots de l'équipage. On raconte qu'une femme enceinte avait
pu sauver son enfant de 5 ans, qu'une lame furieuse lui arracha une
seconde fois des bras et qui fut englouti sans retour. Après avoir
atterri, la malheureuse mère avorta sur la plage.
Avril
1888 -
Épizootie.
-
En présence des cas de
fièvre aphteuse, dite cocotte, qui se sont produits sur divers points
du département, le préfet rappelle aux Maires, propriétaires,
éleveurs et cultivateurs, les dispositions de la loi du 21 juillet
1881, qui oblige de faire au maire la déclaration de tout animal
malade afin qu'il le fasse visiter, interdit la vente et le
transport des animaux atteints le tout sous peine d'amende et de
prison.
Avril
1888 -
Cheval
emporté. -
Mardi
l'après-midi, un cheval, attelé à une toiture contenant quelques
barils vides, était près l'hôtel de la Levrette, rue de Paris, à
Lisieux. Tout à coup, le cheval rompit les liens qui le
retenaient et descendit la Grande-Rue à fond de train. Arrivé en
face l'hôtel-de-Ville, le sieur David, 26 ans, cordonnier rue du
Point-de-Vue, se jeta à la tête de l'animal et put enfin l'arrêter
près la place Thiers. Nos félicitations pour le courage qu'il a
déployé en cette circonstance.
Mai
1888
-
Une
singulière envie.
-
Le
nommé
Albert Toutain, 26 ans, journalier à Lisieux, rue aux Fèves,
rencontrant un canard sur la route, l'assomma d'un coup de bâton et
se sauva avec. Malheureusement pour lui, il avait été vu, on se mit
à sa poursuite, il fut rejoint et arrêté par la gendarmerie qui le
conduisit à la maison d'arrêt. Toutain, pour sa défense, a soutenu
que sa femme, étant dans une position intéressante, avait eu envie
d'un canard…. volé, et qu'en bon époux il avait cru de son devoir
de satisfaire cette singulière envie.
Mai
1888 -
Les rigueurs de la régie.
- Sur
la plainte des contributions indirectes, le sieur François Labigne,
débitant à St-Jacques de Lisieux, aura à payer 150 fr.
d'amende plus les frais, pour avoir reçu sans expédition un
demi-litre d'eau-de-vie de cidre.
Mais
voilà qui est plus fort encore, les gendarmes rencontraient sur la
route de Mézidon à Monteille le sieur Jean Suzanne, charpentier, qui
portait quelque chose sous sa blouse. Les gendarmes crurent que
c'était un revolver, ils se trompaient, c'était tout simplement une
bouteille contenant deux petits pots d'eau-de-vie, mais, comme Suzanne
n'avait pas d'expédition, il a été condamné à 25 fr. et aux
frais !
Mai
1888 - Ce coûte une
envie.
- Le
nommé Albert Toutain,
28 ans, journalier à Lisieux, qui avait volé un canard pour
satisfaire une envie que sa femme, dans une position intéressante,
avait eue de manger du canard volé, a été condamné à 3 jours de
prison et 50 fr.
Juillet
1888 -
Ne touchez pas aux ivrognes.
- Samedi,
après le feu d'artifice de Lisieux, le nommé Eugène Beauclaire, 23
ans, ouvrier de filature et membre de la société de Gymnastique,
rentrait chez ses parents, route du Sap. II était accompagné de deux
jeunes membres de ladite société, légèrement échauffés. En
route, Beauclaire trouva un ivrogne qui
dormait sur le bord du chemin et le réveilla à coups de pieds dans
le derrière en le traitant de c... Le dormeur, un peu dégrisé, se
réveilla mécontent. Une lutte s'engagea et Beauclaire reçut quatre
coups de couteau dans le dos et un à la joue gauche. Il a été admis
à l'hospice, ses blessures ne sont pas mortelles. L'ivrogne est un
nommé Tesson, domestique de Beuvillers.
Août
1888 -
Férocité.
- Jeudi soir, à
Lisieux, la femme Coronel, échevelée, ensanglantée et affreusement
contusionnée sur diverses parties du corps, s'est présentée à la
gendarmerie, portant un enfant de trois mois sur un bras et en
conduisant un autre de six ans à la main. Elle venait d'être
horriblement battue par son mari, dont les colères atteignent parfois
le dernier degré de la férocité.
Août
1888 -
Accroché par le nez. -
Mardi,
rue d'Orbec à Lisieux, des ouvriers de la tannerie Bernard montaient
avec une poulie des bottes de tan au grenier. Celui qui était en bas
venait d'en accrocher une, lorsque les ouvriers d'en haut tirèrent
sur la corde. Le crochet se prit alors dans le nez du malheureux
travailleur qu'il déchira jusqu'à la base. Cet homme a été conduit
à l'hospice où on lui a raccommodé le nez tant bien que mal.
Septembre
1888 -
Le mauvais oeil. -
Auguste
Mugues, étant gris,
fit, dans l'une des rues de Lisieux, la rencontre d'un garçon
boulanger, louche de naissance, qui le regarda de travers. Mugues se
mit à crier que le mitron avait le mauvais oeil et lui avait jeté un
sort. Apercevant deux agents de police, il voulut faire arrêter le
boulanger. Les agents essayèrent de se débarrasser de l'ivrogne,
mais, ne pouvant y parvenir, ils se décidèrent à l'empoigner pour
le conduire au violon cuver son vin. L'ivrogne résista et les agents
furent obligés de demander aide au garçon boulanger.
Aujourd'hui
encore, Mugues prétend que le boulanger a le mauvais oeil et, comme
preuve, il dit, ce qui est vrai au fond, que sans lui il n'eût pas
couché au violon.
Août
1888 -
Distinctions. -
Une
médaille d'or de 2e classe vient d'être décernée
à M. Lubineau, capitaine des pompiers de Caen. « S'est
exceptionnellement distingué en combattant de nombreux incendies : 3
blessures. »
-
Une médaille d'argent de 2e classe est accordée à M.
Octave Buhot, sergent à la compagnie des sapeurs-pompiers de Lisieux
; 31 ans de services : belle conduite dans divers sinistres.
Septembre
1888 -
Les crimes de la jalousie.
- Félix
Chrétien, 34 ans, et la femme Augustine Trouvé, vivaient ensemble
depuis un an. Ils travaillaient aux récoltes chez les époux Marie, cultivateurs
à Lisieux, chemin du Petit-Malheur. Depuis quelque temps, Chrétien
et sa
concubine étaient en désaccord à propos d'un jeune homme qui
logeait près d'eux. Lundi au petit jour, la discussion devint plus
vive, et Chrétien se rua sur la porte de la chambre occupée par le
jeune homme en disant : « Faut que je l’depièce ! »
Le
jeune homme se sauva, en caleçon, en sautant parla fenêtre.
Chrétien revint vers sa maîtresse, l'arracha de son lit, la prit par
les cheveux, la traîna dans l'escalier jusque dans le jardin. La
malheureuse criait : « Grâce ! pardon ! » Le misérable ne cessait
de la frapper. Enfin, il la jeta dans la cuisine, l'étreignit à la
gorge et lui porta un coup de couteau sous l'aisselle gauche. Son
crime accompli, Félix Chrétien sortit tranquillement et s'en fut sur
le marché aux beurres où il a été arrêté. Sa victime fut
relevés sans connaissance, aujourd'hui, elle paraît hors de
danger.
Chrétien
est marié vit séparé de sa femme, dont il a eu cinq enfants. C'est
un braconnier et un maraudeur de la pire espèce, il a déjà subi
dix-sept condamnations pour des délits divers. La femme Trouvé, dont
le mari est originaire de Livarot, purge une condamnation à huit ans
de
travaux forcés
pour faux et escroqueries commis dans l'arrondissement de Lisieux.
Depuis que son mari est en prison, elle a eu un enfant. La prison de
Lisieux a donc le triste honneur, dit notre confrère « Le
Normand », de posséder aujourd'hui quatre individus inculpés
de meurtre ou de tentative d’assassinat.
Septembre
1888 -
Enfant abandonné. -
Une
demoiselle Fleury, qui
se trouvait dans l'église Saint-Pierre, à Lisieux, a vu un
nouveau-né qui avait été déposé près la chapelle de l'Enfant-Jésus.
La police prévenue a fait transporter l'enfant à l'hospice. C'est un
garçon bien constitué et disposé à vivre, il paraît âgé de 7 à
8 jours. La femme qui l'a abandonné était vêtue comme à la
campagne.
Septembre
1888 -
Danger des armes à feu. -
Samedi,
dans la caserne du Grand-Jardin, à Lisieux, un réserviste, croyant
avoir vidé une cartouche de la poudre qu'elle contenait et
voulant jouer avec un camarade, l'ajusta. Le coup partit, il restait
probablement encore une certaine quantité de poudre, et la balle,
entrant à la base et à la partie antérieure du cou, sortit à
droite, au dessous de l'oreille. L'état du blessé, le sieur Gustave
Carpentier, du recrutement de Paris, est sans danger.
Septembre
1888 -
Il faut veiller à cela. -
Les habitants de la
bonne ville de Lisieux se plaignent vivement du service
de
l'enlèvement des immondices qui, dans certaines rues, ne sont pas
enlevées tous les jours. Ils seraient reconnaissants à la police si
elle voulait bien y veiller. Ils regrettent également d'avoir à
constater que, malgré les dépenses faites pour la captation de
sources, l'eau coule dans beaucoup de ruisseaux seulement quand il
pleut.
Octobre
1888 -
Suicide d’une ouvrière.
- On
a dit que la femme
Retont, ouvrière à la fabrique d'Orival, à Saint-Jacques-de-Lisieux,
s'était noyée par crainte de tomber dans la misère à la suite de
la fermeture de l'établissement où elle travaillait. En
fouillant, on a trouvé chez la femme Retont une somme de 6 000 fr. Ce
n'est donc pas à la crainte de la misère mais à un dérangement
cérébral que son suicide doit être attribué.
Octobre
1888 -
Orages et neige. -
Les
orages et les inondations ont causé
de grands dégâts dans le Midi. La circulation des trains a été
interrompue sur certains points. En Normandie, il fait froid et il
tombe beaucoup d'eau. Dans le Doubs et le Gard, il est tombé de la
neige, en Écosse aussi.
Novembre
1888 -
Victimes du travail. -
Un ouvrier fileur, Bettemer père, employé dans la manufacture
Longeon, à Lisieux, a été atteint par la manivelle d'un métier. La
blessure reçue par ce malheureux ne met pas ses jours en danger, mais
nécessitera un repos de quelque temps. Chez le sieur Guéret,
fabricant de cidre, à Lisieux, un ouvrier, nommé Auguste, a perdu
l'équilibre et est tombé dans un foudre. De sa chute, il résultera
une incapacité de travail d'une quinzaine de jours.
Novembre
1888 -
Pas de veine ! -
Deux gendarmes de Lisieux revenaient d'explorer les environs,
lorsque, arrivés au bas de la route de Dives, ils aperçurent une
voiture attelée de deux chevaux, sans conducteur. Après de vaines
tentatives pour trouver celui-ci, ils jugèrent à propos de conduire
l'attelage en fourrière à l'hôtel du Cheval-Blanc. Au moment où
ils se disposaient à mettre leur projet à exécution, l'un des
gendarmes, qui était à la tête des chevaux, reçut un formidable
coup de poing en pleine figure. L'individu, qui venait de le gratifier
de ce horion, n'était autre que le propriétaire de l'équipage, le
sieur Eugène Pasquier, cultivateur à Formentin.
Mis
immédiatement en arrestation, Pasquier fut condamné le lendemain à
quatre mois d'emprisonnement. Quant au gendarme, en plus du coup de
poing, il a été mordu au bras par un des chevaux.
Décembre
1888 -
Outrages à la gendarmerie.
-
Jeudi, à Lisieux, un brigadier de gendarmerie et un de ses
hommes s'étaient rendus chez le nommé David, journalier, rue de
Livarot, pour l'interroger sur un délit de voies de fait commis le
jour de Noël. Une femme Marchal, 30 ans, née à Livarot, qui était
présente, voulut se mêler de l'affaire et, le brigadier lui disant
de se taire, elle s'écria : « Je n'ai pas peur, je me f... de vous !
etc…. » Ce qui lui valut d'être arrêtée.
Janvier
1889 -
Buveur qui n’aime pas l’eau.
-
L'autre soir, un nommé L…...., journalier à Lisieux,
suivait la rue du Moulin-à-Tan, lorsqu'il tomba dans la rivière.
Est-ce le résultat d'un accident dû au peu de solidité que
l'ivresse donne aux jambes, ou bien voulait-il prendre un simple bain
? la question est controversée. Quoi qu'il en soit, à peine nôtre
homme était-il dans l'eau qu'il poussait des cris désespérés. Un
agent de police accourut, aida notre gaillard à sortir de l'onde et
le reconduisit à son domicile, où il reçut tous les soins
nécessaires.
Janvier
1889 -
Coups de bouteille. -
Albert Bellière
habite, à Lisieux, dans l'auberge Leperchey. Un soir, le nommé Louis
Deschamps, un journalier, de passage à Lisieux, s'arrêta dans
l'auberge et fit la rencontre de Bellière. Ils passèrent la soirée
ensemble. Tout alla pour le mieux jusqu'à dix heures. A ce moment,
Bellière se mit à injurier Deschamps,
qui lui répondit. Finalement, Bellière, de plus en plus furieux,
envoya au voyageur un coup de bouteille sur la tête. Ce coup a
produit une hémorragie assez abondante pour motiver l'entrée du
blessé à l'hospice de Lisieux.
Juin
1889. -
La débauche. -
Paul
Aventin, 34 ans, demeure rue aux Fèvres, à Lisieux, avec une veuve
Vallée, 30 ans, mère de deux enfants.
Dernièrement,
rentrant chez lui, vers deux
heures du matin, Aventin trouva sa maîtresse couchée avec un sieur
Élie Renault, 48 ans, fabricant de chaises, Renault se sauva dans une
chambre voisine où sa femme, dont il était séparé depuis
longtemps, reposait avec un des enfants de la veuve Vallée,
une petite fille de six ans, et malgré la présence de
l'enfant se glissa à côté d'elle, de même, il n'avait pas été
arrêté par la présence d'un petit garçon de quatre ans qui était
couché avec la veuve Vallée.
Aventin,
après la fuite de Renault, corrigea si bien sa maîtresse, qu'il lui
cassa trois cotes. Renault ct Aventin furent arrêtés : le premier,
sous la prévention d'outrages à la pudeur ; le second, sous
celle de coups et blessures. (Bonhomme Normand)
Juin
1889. -
Un incendies. - Jeudi,
à Lisieux, à trois heures du matin, le feu s'est déclaré chez le
sieur Crevel, charcutier, rue d'Alençon. Tout a été détruit. Les
habitants couchés au premier étage ont été obligés de sauter par
la fenêtre.
L'enfant
du sieur Crevel a été reçu par l'employé du gaz, Mme Crevel a
descendu à l'aide d'une échelle.
Pertes,
20 000 fr. - Assuré.
-
Incendie à Vaubadon, dans la ferme occupée par le sieur Saillenlest.
Perte, 18 000 fr. C'est un petit valet qui a mis le feu par vengeance.
( Bonhomme Normand)
Août
1889. -
Férocité. -
Jeudi soir,
à Lisieux, la femme Coronel, échevelée, ensanglantée et
affreusement contusionnée sur diverses parties du corps, s'est présentée
à la gendarmerie,
portant un enfant de trois mois sur un bras et en conduisant un autre
de six ans à la main.
Elle
venait d'être horriblement battue par son mari, dont les colères
atteignent parfois le dernier degré de la férocité. ( Bonhomme
Normand)
Août
1889. -
Les suites de l’ivresse.
- Samedi,
à Lisieux, rue de Falaise, on a trouvé pendu, dans sa chambre, le
nommé Michel Richard, 60 ans.
Cause
de cette mort : l'abus des boissons. ( Bonhomme Normand)
Novembre
1889. -
Écroulement de Planchers.
-
Dans
la nuit de mercredi à jeudi, un plancher s'est effondré dans une
maison de la rue Lecouturier, à Lisieux. Un enfant de sept mois, le
jeune Rousseau, a été écrasé dans son berceau. Sa mère, la veuve
Rousseau, et un autre enfant de deux ans ont pu être sauvés, grâce
au dévouement de plusieurs voisins.
La
maison où cet accident s'est produit appartient à une dame Chapy, de
Paris, qui avait été prévenue depuis longtemps du mauvais état de
son immeuble, mais elle persistait à ne pas faire de réparations.
Une
femme qui demeurait au-dessus de la chambre de la dame Rousseau avait
quitté la maison depuis trois jours.
Une
enquête est ouverte, afin de rechercher à qui incomberaient les
responsabilités. ( Bonhomme Normand)
Février1890
- Les
curés-marchands. -
Nous
avons parlé de plusieurs curés ne voulant accepter, comme
luminaires, que les cierges achetés chez leurs marchands attitrés,
chaque semaine, on nous en signale de nouveaux.
Celui
d'une paroisse importante de l’arrondissement de Lisieux a fait plus
fort, il a voulu exiger 5 fr. de plus que le tarif pour une
inhumation, sous prétexte que les cierges n'avaient pas été fournis
par son custos. Et, pour forcer ce curé-marchand à recevoir le prix
dû, on a été obligé de le menacer d'aller le consigner à la
mairie.
Février
1890 -
Brutalités. -
Samedi
soir, le sieur Prosper Jillard, marchand de chaussures, rue du
Grand-Jardin, à Lisieux, est venu déclarer à la police que deux
individus montés
dans une
voiture avaient, en passant, culbuté la sienne, qui se trouvait
devant sa porte, que son épouse avait même manqué d'être
écrasée. Aux cris de Mme Jillard, un des
individus est
descendu de voiture, et est revenu vers les époux Jillard qu'il a
frappés et s'est ensuite sauvé. L'autre individu a été arrêté
rue du Bouteiller. Conduit au commissariat de police, Il a déclaré
se nommer Victor Martin, 43 ans, demeurant à Cambremer. Il a dit ne
pas connaître son compagnon.
Février
1890 -
Suites d’une partie de campagne.
- Vendredi
matin, à Lisieux, la police a fait transporter à l'hospice le nommé
Daniel Védille, journalier, sans domicile, qui était assis près
d'une des portes de la halle au poisson et se plaignait fortement
d'une brûlure qu'il avait à la jambe droite. Voici comment cet
accident lui est arrivé : La veille, Védille était allé en
compagnie de plusieurs compagnons faire la fête à la campagne. Comme
il faisait froid, Védille, un peu gris, s'est approché de la
cheminée et est tombé dans le feu, où il serait encore si une
personne étrangère n'était venue à son secours. Ses compagnons
dormaient à poings fermés sous
la table.
Mars
1890 -
Un vilain saut.
- Le nommé
Georges Viel, 17 ans, né à St-Désir de Lisieux, était détenu à
la maison d'arrêt de Lisieux, où il purgeait une condamnation à un
mois de prison pour vol de gouttières. Jeudi, dans la soirée,
les prisonniers étaient réunis dans l'atelier. Pendant une absence
du gardien, Viel a voulu faire un saut périlleux en franchissant
comme obstacle un de ses compagnons qui s'était couché.
Malheureusement pour lui, il n'a pas réussi et en tombant il s'est
fracturé la colonne vertébrale. Il est mort le lendemain.
Mars
1890 -
La misère.
- Le garde
champêtre de Saint-Jacques de Lisieux a conduit à l'hospice un
nommé Anselme Dubuisson-Duplessis, 61 ans, ouvrier en laine, né à
Pont-Audemer, qui était tombé inanimé rue de Paris. Cette,
défaillance est attribuée
à la misère.
Avril
1890 -
Enfant abandonné.
- Jeudi soir, à
Lisieux, des passants ont trouvé, devant la halle au beurre, un petit
garçon abandonné, paraissant âgé de deux à trois ans. Il a été
admis à l'hospice. Une enquête est ouverte pour retrouver ses
parents.
Avril
1890 -
Une nouvelle épidémie.
- Une maladie
appelée la « Nona » a été signalée d'abord en Italie,
plusieurs cas viennent de se produire en Suisse, on craint qu'elle ne
gagne la France. Les personnes atteintes restent comme mortes, cette
léthargie dure quatre jours, puis on revient. Les cas de mort sont
rares.
Avril
1890 -
Pêche fluviale.
- La pêche de tous les poissons autres que le saumon, la
truite, l'ombre chevalier et le lavaret est interdite du 15 avril
jusqu'au 15 juin compris. La pêche de l'écrevisse demeure interdite
jusqu'au 1er août.
Avril
1890 -
L’immoralité à Lisieux.
- La
semaine dernière, une femme de Lisieux voyant sa petite fille, âgée
de sept ans à peine, malade, lui demanda ce qu'elle avait. L'enfant
raconta à sa mère qu'elle avait été attirée par le nommé A.…..,
âgé de 17 ans, et qu'il s'était livré sur elle aux actes les plus
honteux. La mère porta plainte. L'enquête a démontré
l'exactitude des faits et, de plus, en a dévoilé d'autres. Cet
individu aurait eu pour victimes deux autres enfants de six ans et six
ans et demi.
Il
attirait les petites filles dans une cave et, après leur avoir donné
des bonbons et des sous, se livrait sur elles à des actes d'une
révoltante bestialité. Au cours de l'instruction, ce triste
personnage a fait des aveux complet.
Mai
1890 -
Vols au cimetière de Lisieux.
- De nombreux
vols se commettent au cimetière de Lisieux. On enlève les couronnes
et les fleurs déposées sur les tombes. Une surveillance plus
active ferait, nous n'en doutons pas, découvrir les voleurs.
Mai
1890 -
Évasion. -
Albert Grente. ancien
cultivateur à Mesnil-Guillaume, et Aimable Vaudin, ancien cultivateur
à Livarot, détenus à Lisieux pour vol de bestiaux, se sont évadés.
Vers deux heures de l'après-midi, ces deux individus profitant d'un
instant pendant lequel un des gardiens était occupé avec d'autres
prévenus, se sont approchés d'une porte conduisant aux appartements
du gardien Delasalle et en ont fait sauter la serrure en se servant
d'un fort morceau de bois taillé à cet effet. Une fois chez le
gardien, ils se sont précipités vers l'une des deux fenêtres
donnant sur la place St-Pierre. Mme Delasalle et une autre dame qui se
trouvaient là se sont mises à crier, mais il était trop tard, les
deux prisonniers enjambaient l'appui de
cette fenêtre et sautaient dehors. Grente, après avoir lutté avec
plusieurs personnes, a été maintenu par le commissaire de police.
Vaudin a pu fuir.
Mai
1890 -
Adultère. -
Marie Roger, femme Hury, 27
ans, née à Caligny (Orne), vivait maritalement, rue Lecouturier, 15,
à Lisieux, avec un sieur B..., tisserand, 36 ans, né à
Saint-Georges-des-Groseillers (Orne). Vendredi matin, sur la plainte
du mari, employé de commerce à St-Georges-des-Groseillers, le
commissaire de police a constaté le flagrant délit d'adultère. La
femme Hury a été arrêtée. B... a été laissé en liberté.
Juillet
1890 -
Un Louis en
carton. -
Un individu se présentait, vendredi soir, chez M. Vaugeois,
charcutier, Grand'rue à Lisieux, pour demander 50 centimes de
saucisson, i! donna en paiement un louis de 20 fr., en carton. Comme
M. Vaugeois lui faisait observer que sa pièce ne valait rien,
l'individu eut l'audace de soutenir le contraire. Alors le charcutier
vint immédiatement au bureau de police, sous prétexte d'aller
chercher de la monnaie, l'escroc fut arrêté.
Il
déclara avoir reçu la pièce d'un individu qui logeait avec lui dans
une auberge de la rue Condorcet. Deux agents se rendirent aussitôt à
l'endroit indiqué et arrêtèrent le compagnon de l'escroc. Ces deux
individus, originaires du Finistère, complètement illettrés, ont,
déclaré se nommer François Daoulas, 19 ans, et François Leroux, 45
ans, et n'avoir jamais été condamnés. Ils ont, en outre,
allégué pour leur défense, qu'ils croyaient à la valeur de la
pièce remise par leur aubergiste. Tous les deux ont été condamnés
à chacun huit jours de
prison.
Juillet
1890 -
Orages. -
Jeudi, un orage épouvantables s’est fait sentir presque par
toute la France. A Caen, il n'a pas éclaté dans toute sa force mais
dans les arrondissements de Lisieux, de Bayeux et sur tout le
littoral, le cyclone a fait d'immenses ravages. Les cours d'eau ont
débordé emportant les récoltes coupées, les outils, des poules,
des lapins et jusqu'à de jeunes bestiaux.
Dans
la Seine-Inférieure, la foudre est tombée en plusieurs endroits. Une
femme couchée a vu la foudre passer sur son lit, tomber sur une
horloge, qui est toute démolie, presque
fondue, et ensuite sortir par un trou pour aller carboniser deux
malheureuses poules qui étaient devant la porte. A Paris, l'orage
s'est déchaîné avec uns violence inouïe, la foudre est tombée rue
Popincourt, sur le groupe scolaire de garçons. Aucun enfant n'a été
atteint. Dans l'Est et dans le Nord, la grêle est tombée
accompagnés de torrents d'eau. A. Troyes, la foudre a incendié une
maison, elle a tué un cultivateur. A St-Quentin, une famille de
sarcleurs de betteraves, qui s'était réfugiée contre une gerbe de
blé, a été surprise par la foudre, trois de ses membres ont été
carbonisés.
Dans
la Sarthe, les récoltes sont complètement perdues. Au Lude, un
domestique de ferme a été tué par la foudre, au moment où il se
réfugiait sous un ormeau du chemin. Un fermier, chez
qui la foudre est tombés, a eu le bras instantanément paralysé.
Dans la commune de Nouans, 300 arbres ont été arrachés, notamment
un chêne mesurant 3 mètres de tour.
A
Bruxelles, on signale de nombreux accidents. A Gand, au champ de
courses, une panique s'est emparée de la foule, des chevaux se sont
emportés, les bookmakers en ont profité pour filer avec la caisse.
Un cyclone a détruit une rue de Slonim (Pologne), il y a 19 morts.
Septembre
1890 -
Vache effrayée. -
Lundi, rue du Bouteiller, à Lisieux, le sieur Pierre Bellœuvre,
59 ans, passais conduisant une vache à la longe. L'animal, effrayé
par une bûche qu'on jetait d'un grenier sur le pavé,
prit peur et chercha à s'enfuir. Son conducteur voulut la
retenir La vache le renversa d'une violente secousse
imprimée à la longe qu'il avait enroulée autour de son poignet et
le traîna sur le sol. Quand on releva Bellœuvre, il ne pouvait
marcher. On le fit transporter à l'hospice où on constata une désarticulation
de la cuisse.
Septembre
1890 -
Dévouement. -
Mercredi, plusieurs enfants de quatre à sept ans jouaient
autour du bassin du jardin public à Lisieux, quand l'un d'eux, en se
penchant sur le bassin, tomba à l'eau. L'enfant eût infailliblement
péri sans le dévouement d'un brave réserviste du 119e,
le sieur des Rotours, qui, sans savoir si le bassin était profond ou
non, se jeta a l'eau et retira le petit imprudent.
Septembre
1890 -
Vol sur les tombes. -
La nommée Marie Dubois, 28 ans, journalière à Lisieux,
dérobait dans les cimetières les objets déposés par les familles
sur les tombes de leurs parents ou amis, puis les revendait. Elle a
été condamnée à quatre
mois.
Octobre
1890 -
Un voleur qui n’a pas de change.
-
Le sieur Julien Maiche, 55 ans, jardinier à Lisieux, venait de
voler un sac de poires dans le jardin de M. Duchesne, armurier,
lorsqu'il fut pincé par les gendarmes qui ne le surveillaient pas,
mais qui recherchaient les voleurs de dépêches. Maiche, qui a déjà
subi six condamnations, a été condamné à quatre mois de prison et
sera relégué à l'expiration de sa peine.
Octobre
1890 -
Les pommes. -
Dans le Calvados, le pays-d'Auge surtout, n'a pas de pommes, on
parle de 4 et 5 fr. la barretée. Dans la Manche, il y en a davantage,
les prix varient entre 3 et 3 fr. 50. La Bretagne est plus favorisée,
on en trouva en gare à 2 fr. 25 et 2 fr. 50. Sur certains points on
les vend au poids.
Octobre
1890 -
Ils vont bien à Lisieux.
-
L'un de ces jours, en plein midi, deux terrassiers et une femme
facile entraient dans les lieux publics réservés aux dames, situés
boulevard Ste-Anne. Mais, on le comprend, ce n'était pas pour... mais
pour... Bref, une dame, prise d'un vrai besoin qu'en ces lieux on
dépose, veut pénétrer dans le compartiment.
Impossible, l'un des amoureux montait la garde en attendant son tour.
Le mari de la dame voulut, néanmoins, forcer l'entrée, mais il fut
reçu à coups de poings par le gardien de ces lieux, un nommé
Fortuné Ferry, 20 ans, qui
a été arrêté pour coups et outrage public à la pudeur.
Octobre
1890 -
Mort accidentelle. -
Le mécanicien Rivière, du dépôt de Lisieux, faisant la manœuvre,
aperçut quelque chose sur la voie et le signala. On trouva le corps
d'un employé presque complètement broyé. Sa casquette portait le
n° 184. Ayant pensé que cet employé faisait partie du train de
marchandises qui se dirige sur Cherbourg, on a télégraphié à Mesnil-Mauger,
et il a été répondu que le serre-frein Tison manquait au train. II
y a lieu de supposer qu'engourdi par le froid, ou ayant voulu
descendre du train, cet employé est tombé entre deux wagons.
Alphonse Tison, était célibataire et âgé de 24 ans.
Octobre
1890 -
Récompenses. -
M. Henri Le Doré, 16 ans, ouvrier mécanicien à Lisieux, a
reçu une médaille pour avoir, le 26 juillet, exposé sa vie en
sauvant un homme qui s'était jeté dans la Touques avec l'intention
de se détruire.
—
Même distinction à M. Alphonse-Guillaume Therin, employé d'octroi
à Caen, pour avoir, le 2 juillet, couru les plus grands dangers en
voulant maîtriser une vache furieuse.
—
Mention honorable à !a dame Deslandes, garde-barrière à Falaise,
pour avoir porté secours à une jeune fille qui se trouvait dans une
voiture dont le cheval s'était emporté.
Octobre
1890 -
victimes du travail. -
Le sieur Pierre Duval, ouvrier chez M. Longeon, à Lisieux,
ayant failli tomber, a posé la main dans un brisoir de cardes et a eu
quatre doigts broyés.
—
Le sieur O'Reilly, 60 ans, chauffeur de la même usine, est tombé
entre les pignons d'une pompe aspirante. Il a eu le bras gauche
emporté et les chairs du côté et de la poitrine presque
entièrement arrachées. Le cœur était à découvert. Le malheureux
n'a survécu que quelques heures à ses blessures. Sa veuve est
concierge de l'usine Longeon.
Octobre
1890 -
Statistique. -
En 1889, il y a eu, dans le Calvados, 2 936 mariages ; 72
divorces ; 9 007 naissances légitimes, 3 996 garçons et 3 948
filles ; illégitimes, 503
garçons et 560 filles ; Mort-nés, 402.
9535 décès dont 4 878 du sexe masculin. Excédent de décès
sur les naissances, 578
Novembre
1890 -
Un violent. - Jules Leprêtre et Boucher,
dit la Violette, se battaient à Lisieux. Près du lieu de la scène,
stationnait une voiture de camionnage. Au cours de la lutte, les deux
adversaires roulèrent sous les pieds du cheval, qui, pris de peur, se
mit en marche. La voiture passa sur le dos des deux hommes, qui
continuèrent à se battre. A l'arrivée des agents, Boucher se sauva,
et Leprêtre fut arrêté, mais il a fait une telle résistance qu'on
a été obligé de requérir des soldats de la caserne pour s'en
rendre maître.
Décembre
1890 -
Voleurs orduriers. -
Dimanche
avant les vêpres, des malfaiteurs ont fracturé le tronc placé, à
gauche, dans le bas de l'église St Pierre de Lisieux, et destiné à
recevoir les offrandes pour la construction du maître-autel. On
ignore ce que ces malfaiteurs ont pu dérober. Le même jour, un des
piliers de la grande nef a été attaqué à coups de marteau, et une
pierre en a été brisée et détachée. Les auteurs de ces actes ont
laissé des ordures dans certains endroits de l'église.
Décembre
1890 -
Tentative de suicide. - Jeudi soir, à Lisieux, une fille Marie R..., ouvrière de
fabrique, 25 ans, demeurant impasse des Mathurins, a tenté de
s'asphyxier : elle avait allumé trois réchauds dans sa chambre et
s'était couchée au milieu de l'appartement, sur un lit. Un passant,
ayant entendu des cris, prit une échelle, vit par la fenêtre cette
femme étendue inanimée, brisa un carreau et pénétra dans la
chambre. On donna aussitôt à Marie R…….. les soins que
nécessitait son état, et l'on fut assez heureux pour la rappeler à
la vie. Elle avait écrit une lettre d'adieu à sa mère et, à
moitié asphyxiée, elle avait eu la force de se relever pour ajouter
quelques mots qui, à la fin, devenaient illisibles. On attribue cette
tentative de suicide à des chagrins d'amour.
Décembre
1890 -
Victime du froid. -
Samedi soir, vers six heures,
un homme est tombé inanimé dans la rue aux Fèves, à Lisieux. Des
voisins et des passants, accourus à son secours, l'ont transporté à
son domicile, où il est mort de froid. Cette victime de la saison
rigoureuse est un sieur Arsène Dodmand, 42 ans, ancien employé de
bureau à Lisieux. Depuis longtemps, Dodmand vivait de la charité
publique.
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