21 avril 2019

UN SIÈCLE D'HISTOIRE DU CALVADOS Page 5

LISIEUX

Canton de Lisieux

Les habitants de la commune sont des Lexoviens, Lexoviennes

Janvier 1891  -  Les victimes du froid.  -  Le froid a été de plus en plus intense. De tous les côtés, on signale la mort de malheureux ayant succombé à des congestions déterminées par le froid. 

Dimanche matin, on a trouvé sur la place Thiers, à Lisieux, le cadavre de la nommée Ursule Bégin, veuve Roussel, âgée de 44 ans. Cette femme avait été vue dans la soirée de samedi dans un état complet d'ivresse. Elle est probablement tombée sur la voie, n'a pu se relever et est morte d'une congestion occasionnée parle froid et l'alcool. 

Le sieur René Pottier, maçon, originaire de la Mayenne, est mort après avoir eu les pieds gelés. Ce malheureux, qui habitait Dozulé, avait été admis une première fois à l'hospice de Pont-l'Evèque ; il en était sorti rétabli. Tombé de nouveau malade, il a vainement essayé de rentrer à l'hospice, et est venu mourant demander l'hospitalité à M. Sébire, cultivateur à Saint-Jouin, chez lequel il avait travaillé, et qui l'a recueilli. Il est mort après de cruelles souffrances. 

Il n'est pas de point en France, en Algérie, en Europe, même dans les pays chauds, où le froid ne se soit fait sentir. Les morts sont nombreux. Un soldat a été trouvé mort de froid dans sa guérite. Trois enfants, trois frères, sont morts de froid dans la forêt de Saint-Dié, en revenant du marché. 

Les désastres sont grands partout. Dans le Midi, on craint pour la récolte des oliviers. Dans notre région, tout est perdu : légumes, rosiers, arbres verts, tout est pourri ou brûlé. Dans certaines contrées, les bouts à fruit des poiriers sont gelés et tombent. Les pépiniéristes et les fleuristes ont fait des pertes inestimables. Même désolation pour les blés et surtout les colzas. 

A la suite de ces désastres, la société d'Horticulture du Calvados a décidé que l'exposition annoncée pour le mois d'avril n'aurait pas lieu. 

 

Janvier 1891  -  Accident de voiture.  -  Vendredi, à Lisieux, une voiture appartenant à une marchande de beurre du Havre, la demoiselle Desvarieux, passait dans la Grande Rue, quand le cheval qui y était attelé prit peur et fit un écart. Le derrière de la voiture s'enfonça dans la devanture du magasin de pâtisserie de la dame veuve Dubois. 

Les glaces et même les montants qui les enchâssaient furent brisés, ainsi que les coupes et tout ce qui se trouvait dans l'étalage.  

 

Février 1891  -  Bruits exagérés.  -  On parle en ce moment d'une épidémie de fièvre typhoïde qui sévit sur les jeunes soldats de la caserne du Grand-Jardin, à Lisieux. Il ne s'y est produit qu'une vingtaine de cas de fièvre et une seule mortalité. En ville, on ne signale que cinq ou six cas.

 

Février 1891  -  Le froid et les récoltes .  -  Les dégâts causés aux récoltes par les grands froids de cet hiver ne peuvent pas encore être appréciés d'une manière certaine. Les contrées les plus éprouvées seraient la Beauce et le Nord. Le total des surfaces à réensemencer en blé serait de 8 à 10 %. Dans ce cas, la situation ne serait pas si mauvaise qu'on le craignait, surtout si le printemps était favorable a la culture.          

 

Février 1891  -  Gare aux poches.  -  A Lisieux, le jour de la foire du Mercredi des Cendres, les voleurs à la tire ont exercé leur industrie. La veuve Marianne, de Blangy, a constaté la disparition de son porte-monnaie contenant 38 francs, et le sieur Campion, propriétaire à St-André-d'Hébertot, tout occupé à regarder les étalons qui passaient rue Pont-Mortain, ne s'est aperçu que trop tard de la disparition de son porte-monnaie contenant 300 francs.  

 

Mars 1891  -  La fièvre typhoïde.  -  La fièvre typhoïde sévit parmi les militaires de la garnison de Lisieux. L'administration a fait examiner l'eau. Ce n'est pas de là d'où proviendrait le mal.  

 

Avril 1891  -  Dévouement.  -  Samedi, à Lisieux, rue du Hommet, un enfant de 12 ans s'étant trop approché d'un poêle le feu a pris à ses vêtements. L'enfant s'est sauvé dans la rue les vêtements en flammes. Des voisins, les époux Dubois, restaurateurs, lui ont porté secours et sont parvenus à éteindre le feu en enveloppant l'enfant dans des vêtements. Mme Dubois s'est grièvement brûlé les mains en accomplissant cet acte de courage. Les blessures de l'enfant sont peu graves.

 

Avril 1891  -  Les épidémies.  -  La fièvre typhoïde sévit assez sérieusement à Lisieux pour que l'appel des réservistes soit retardé. 

— A Brest, c'est terrible. On dit que, depuis l'arrivée des recrues, 120 jeunes soldats auraient été emportés par la fièvre, ainsi que 2 officiers. 

— A Trouville, le maire à publié une lettre pour annoncer que toutes les mesures de salubrité seront prises. Mieux vaut tard que jamais.  

 

Avril 1891  -  Le nombre treize.  -  La femme Hélène Aubert,47 ans, blanchisseuse à Lisieux, est une buveuse incorrigible. Trouvée pour la quatorzième fois en état d'ivresse sur la voie publique, des agents l'ont ramassée, et comme elle ne pouvait pas marcher, ils l'ont conduite au poste en camion. Le lendemain , comme on lui demandait pourquoi elle buvait de la sorte, Hélène a répondu : « J'vas vos dire... J'ai z'été déjà condamnée treize fois por cha... C'hest un nombre qui porte malheu, v’là por qui que je m'sieux co soûlée un coup... » 

Le tribunal, pour la quatorzième fois, a condamné Hélène à deux mois de prison et 16 fr. d'amende.  

 

Mai 1891  -  Sauvetages.  -  Une fillette de 8 ans, jouant au bord de l'Orbiquet, à Lisieux est tombée dans la rivière. Une dame Brunet se porta à son secours et lui tendit une perche qu'elle saisit au moment où elle allait disparaître. 

— A Troarn, le fils de M. Bourienne, médecin, a sauvé le jardinier de Mme Riom, qui était tombé dans une douve.          

 

Mai 1891  -  Le drame de Lisieux.  -  Mardi de la semaine dernière, le nommé Louis Morin, 40 ans, facteur auxiliaire au bureau de Lisieux , avait bu une partie de l'après-midi au café Hameau, rue des Boucheries. Le soir, il prit deux absinthes. Surexcité par ces libations, il chercha querelle à un autre facteur, le nommé Vivier. Ennuyé, celui-ci lui dit : « Si tu avais tes deux bras, je te donnerais un soufflet. » 

Morin sortit, gagna sa chambre, changea de vêtements et revint au bout d'un quart d'heure. Il recommença à provoquer Vivier, lui disant que celui-ci lui devait vingt sous et qu'il ne pourrait les lui payer. Immédiatement, Vivier solda cette dette. Morin jeta la pièce à terre en disant : « Je n'ai pas besoin de tes vingt sous. Si tu n'es pas un lâche, sors donc. » 

Cette fois, Vivier sortit, mais il n'avait pas fait deux pas sur le seuil de la porte que Morin déchargeait sur le malheureux Vivier cinq coups de revolver à bout portant. Une balle s'enfonça à hauteur de la première côte, une seconde contourna le genou et une troisième alla atteindre une brave femme qui passait dans la rue et qui était, bien entendu, absolument étrangère au débat. C'est une femme Rauline, âgée de 61 ans, elle porte un bas élastique, ce bas est entré dans les chairs sans être forcé, et en se redressant il a chassé la balle. 

Morin, aussitôt son meurtre accompli, courut à sa chambre et se tira trois coups de revolver dans la poitrine. Il est mort, jeudi matin, à l'hospice de Lisieux, après une affreuse agonie. Il a demandé pardon à Vivier, qui se trouvait dans un lit voisin. Ses dernières paroles ont été : « Je vais passer à la chaudière ! » L'état de Vivier est assez satisfaisant, une balle a été extraite. Quant à la dame Rauline, elle pourra vaquer à ses affaires après quelques jours de repos.  (Source B-N)

 

Août 1891  -  Cavalcade.  -  L'administration municipale de Lisieux organise une cavalcade de bienfaisance pour le dimanche 30 août. Cette cavalcade sera de 10 chars et de 400 personnages.    (Source B-N)

 

Septembre 1891  -  Cancans lexoviens.  -  Les souscriptions et les quêtes pour la cavalcade de Lisieux se sont élevées à 9 000 fr. dit-on. Quelques personnes s'étonnent qu'il ne reste que 17 à 1 800 fr. pour les pauvres. 

Une cavalcade ça coûte cher, surtout quand elle est organisée par un étranger. Il faut bien qu'il y trouve son compte, car toute peine mérite salaire. On se plaint aussi des rafraîchissements, peut-être ont-ils été pris par ceux auxquels ils n'étaient pas destinés. 

Qu'y a-t-il aussi de vrai dans des primes promises et non distribuées ? Autant de bruits qui circulent et que nos confrères lexoviens feront bien d'arrêter s'ils ne sont pas fondés.  (Source B-N)

 

Octobre 1891  -  Le drame de Lisieux.  -  Lundi, rue aux Fèves, à Lisieux, le nommé David, cordonnier, 37 ans, a été trouvé pendu dans son domicile. Un vieux poêlon rempli de charbon était à côté de lui. La mort semblait remonter à 48 heures. Sur un lit était le cadavre en putréfaction de la nommée Marie Grandière, femme Maréchal, 32 ans, qui vivait avec David. 

Sa mort semblait remonter à une quinzaine de jours. On suppose que David, qu'elle voulait quitter, l'avait tuée et ne sachant comment se débarrasser du cadavre l'avait gardé, puis  s'était donné la mort.   (Source B-N)

 

Novembre 1891  -  Un sans-culotte sans le vouloir.  -  Un sieur L…….., ouvrier ferblantier, était de passage à Lisieux avec 40 fr. dans son porte-monnaie. Il fit la rencontre de deux individus auxquels il demanda l'adresse d'une demoiselle qui voulût bien le recevoir pendant la nuit. Ils le conduisirent rue Petite-Couture, chez une gaillarde qui reçut le ferblantier amoureux à bras ouverts. Après boire, on se coucha. L…….... s'endormit, mais, le lendemain matin, il ne trouva plus son pantalon. Il ne pouvait sortir vêtu de sa blouse seulement, L……...., devenu sans culotte, sans le vouloir, allait rester prisonnier, lorsqu'il découvrit dans un coin une vieille culotte de toile qu'il enfila pour aller porter plainte. 

Le vol avait été commis la nuit par un des amis de la fille, mais le voleur a été lui-même volé, car L……... avait eu la précaution de dissimuler son porte-monnaie sous l'oreiller.  (Source B-N)

 

Novembre 1891  -  Est-ce la fin du monde ?  -  Inondations dans le midi de la France ; neige en Espagne et à Madrid ; choléra à Damas ; influenza à Londres et en Australie, et même en France, dans Maine-et-Loire ; tremblement de terre au japon, 3 000 victimes ; disette dans le nord de la Suède, sans compter les accidents des chemins de fer.   (Source B-N)       

 

Novembre 1891  -  Injures aux magistrats.  -  Les nommés Jean Laurent, cordonnier, 28 ans, et Gabriel Camatte, 24 ans, cuisinier, ont été arrêtés en état de vagabondage. Tous les deux sont nés à Paris et tous les deux ont déjà subi chacun trois condamnations. Le tribunal de Lisieux les a condamnés à chacun un mois pour le délit de vagabondage. Mais, au cours de leur interrogatoire, ils ont traité les juges de fainéants et de canailles. 

Par suite, Laurent et Camatte sont condamnés chacun à deux ans de prison pour injures aux magistrats. (Source B-N) 

 

Décembre 1891  -  Pas heureuses les filles.  -  Dans la nuit de dimanche, les nommés Constant Gauthier, Octave Fouques et Lebrun fracturèrent la porte d'une des maisons de tolérance de Lisieux, et favorisèrent l'évasion de deux femmes qu'ils emmenèrent au Petit-Bon-Dieu où ils firent la rencontre de deux autres camarades. Après avoir enivré ces femmes, ils les dévalisèrent complètement, leur prirent leur linge et leur argent et les abandonnèrent sur la route. Leur dernière ressource a été de rentrer d'où elles sortaient.   (Source B-N)  

 

Décembre 1891  -  Attentat à la pudeur.  -  Pierre Mallais, 66 ans, né à Fervaques, marchand de poisson à Saint-Cyr-du-Ronceray, avait loué, à Lisieux, une chambre dans laquelle il couchait lorsque son commerce l'appelait, dans cette ville. C'est là qu'il se livrait sur la jeune Jeanne Cautray, âgée de 11 ans, sur Amélie Chaintron, âgée de 9 ans, et sur Augustine dite Emine, âgée de 12 ans, à des actes de lubricité. Ces faits sont si nombreux que la cour a condamné Mallais à 6 ans de réclusion.  (Source B-N) 

 

Décembre 1891  -  Incendie.  -   Un incendie a éclaté à la manufacture de draperie de MM. Mommers, fabricants à Lisieux. Les flammes, activées par un vent très violent, montaient à une hauteur prodigieuse. La filature, vaste bâtiment de trois étages, a été entièrement détruite. On ignore les causes de ce sinistre. Les pertes sont évaluées à 430 000 francs. (Source B-N)  

 

Janvier 1892  -  L’influenza.  -  Cette grippe, pour l'appeler par son nom, fait de grands ravages à Caen, parmi les personnes âgées.

— Dans plusieurs communes des environs, c'est une véritable épidémie. 

— Du reste, partout on France, on nous signale de nombreux cas. En Belgique c'est pire encore. En Italie, il y a de nombreux cas, à Milan, la mortalité a monté de 30 à 100 par jour. (Source B-N)

 

Janvier 1892  -  Crime et suicide.  -  Dimanche matin, au petit jour, un nommé Jacques Beaugeix, sans profession, a tué sa femme, Florentine Rivet, qui tenait à Lisieux le café de la Poissonnerie. 

Beaugeix avait prémédité son crime, Il en voulait à sa femme à cause de sa demande de divorce et de son expulsion du domicile conjugal. Dans la nuit de samedi, il s'était introduit dans la cave en brisant l'imposte, avait ouvert tous les robinets des tonneaux de liquide, puis, armé d'un revolver, il s'était caché auprès de la cuisine, guettant sa femme Quand celle-ci parut, vers 1 h. 1/2 du matin, Beaugeix tira un premier coup de revolver qui atteignit la victime à la tète, du côté gauche, près de la tempe, après, s'être enfuie dans la salle du café, elle était atteinte une seconde fois à quelques centimètres au-dessus de la première blessure. Voyant sa femme tomber, Beaugeix tourna l'arme contre lui-même et se tira trois coups dans la tête. 

La femme Beaugeix est morte dans l'après-midi, son meurtrier est dans un état désespéré. Beaugeix est un repris de justice, il n'a que 38 ans. Sa femme en avait 55 et avait épousé Jacques Beaugeix en quatrièmes noces et elle avait enlevé Beaugeix à sa sœur, qui l'avait, pour amant à Paris. Il était jaloux. Ça ne lui a pas porté bonheur. Preuve qu'il ne faut jamais abuser des meilleures choses.  (Source B-N)  

 

Mai 1892  -  Duel à coup de dent. -  Les journaux de Lisieux racontent que deux marchands de marée, Papillon et Bompain, s'étaient pris de querelle à propos d'une partie de dominos. Bompain venait de renverser Papillon d'un croc-en-jambe, quand Papillon, usant de la seule arme qui lui restait, saisit entre ses dents un doigt de son adversaire. Bompain vit tout de suite que l'arme était bonne et, acceptant cette lutte dentaire, prit entre ses mâchoires le nez du pauvre Papillon et faillit le réduite en compote. Papillon a déposé une plainte. Il porte les traces des terribles dents de Bompain, mais celui-ci peut montrer aussi visibles les cruelles morsures de Papillon. La justice appréciera. (Source B.N.)

 

Mai 1892  -  Mort accidentelle. -  Dimanche matin à 5 heures 1/2, le sieur Henri Legrain, 40 ans, garçon de salle à Gacé (Orne), a été trouvé noyé à Lisieux. On a trouvé sur lui un livret de caisse d'épargne indiquant un remboursement de 100 francs, une montre en argent et plusieurs cartes au nom de Lemenu, restaurateur à Deauville-sur-Mer. Le porte-monnaie n'a pas été retrouvé, on suppose qu'il se sera échappé de la poche, en raison de la position du cadavre. (Source B.N.)  

 

Juin 1892  -  Mauvaise mère.  -  La femme Sohier, 41 ans, née à Glos, demeurant à Lisieux, est de mœurs déplorables, presque toujours ivre, elle recevait chez elle toute sorte de monde. Sa porte n'était jamais fermée la nuit, y entrait qui voulait. La femme Sohier a une petite fille de 9 ans qu'elle envoyait mendier et qu'elle frappait avec un bâton carré lorsqu'elle ne rapportait rien. D'autres fois, elle la chassait, et, à plusieurs reprises, on a trouvé l'hiver la pauvre enfant blottie contre un mur, mourant de froid et de faim, pendant que sa mère faisait bombance avec des hommes. 

La femme Sohier a été condamnée à 13 mois de prison.  (Source B.N.)   

 

Juillet 1892  -  Nos récoltes.  -  La récolte du foin est réduite aux deux tiers d'une récolte ordinaire par la sécheresse. On parle de 100 fr. le cent : mais ce prix ne se maintiendra pas. Blé, orge, avoine, sarrasin, assez bons. Pommes peu nombreuses en général. Quelques contrées en ont cependant.  (Source B.N.)

 

Juillet 1892  -  L’avortement de Lisieux.  -  Dans notre dernier numéro, nous avons annoncé l'arrestation de la veuve Lasseyrie, débitante à Lisieux, de son amant, un nommé Martin, et de la femme Nicolas, pour avortement et complicité d'avortement. Nous disions qu'un médecin des environs avait trempé dans cette affaire. 

C'est l'officier de santé Albert Jacquot, exerçant à Notre-Dame-de-Livaye, il a été arrêté jeudi. Il est originaire de Caen et âgé de 47 ans. La veuve Lasseyrie a 36 ans, elle a un fils de 17 ans, son amant a 20 ans.

On dit que les accusés ont passé des aveux. Cette affaire a été découverte d'une singulière façon. La veuve Lasseyrie avait porté plainte contre des voisines. Un agent de police procéda à une enquête. Mais les témoins, croyant qu'il s'agissait de l'avortement de la veuve Lasseyrie, connu de tous, répondirent tout de travers et voilà comment, en voulant faire pincer les autres, cette femme s'est fait pincer. On est sur la trace de plusieurs autres avortements dans lesquels M. Jacquot serait compromis. (Source B.N.)  

 

Juillet 1892  -  Pas plus de tête que de jambes.  -  Un sieur F….., cordonnier à Mesnil-Germain, ayant perdu sa jambe (de bois) à Lisieux, a écrit la lettre suivante au commissaire : « Monsieur le chef de bureau de police, je vous récris sur la question dont je vous ai parlé samedi pour la jambe de bois que j'ai égarée à Lisieux, dont que je ne me rappelle pas où, je vous prie de bien vouloir la faire battre, à seule fin que si elle se retrouve, vous soyez assez bon de bien vouloir la faire déposer au bureau de police, je vous dirai qu'il y aura, samedi quinze jours qu'elle est perdue. Je vous paierai ce qu'il faudra et je vous salue. » 

Décidément pour perdre sa jambe, il fallait que ce gniaf ait perdu la tête.  (Source B.N.)

 

Août 1892  -  Terrible mort.  -  Jeudi, la femme Bellet, née Dubreuil, 36 ans et demi domestique à Lisieux, était à fané chez le sieur Lavigne, propriétaire à la Ferme du-Lieu-de-Sée. Vers six heures et demie du soir, elle finissait de monter un meulon de foin et s'apprêtait à descendre. Le sieur Lavigne lui offrit son aide qu'elle accepta en disant qu'on la reçoive seulement par les pieds pour être libre, elle jeta la fourche américaine dont elle se servait, mais, perdant l'équilibre, elle tourna en même temps si malheureusement qu'elle s'enfonça les dents de la fourche dans la poitrine. L'une d'elles perfora l'artère pulmonaire, la seconde se brisa un peu au-dessous dans la plaie, et l'autres enfonça dans la partie abdominale. La femme Bellet s'est débattue quelques minutes dans des souffrances atroces. Elle avait, 36 ans, elle laisse sept enfants dont le dernier a 3 mois et qu'elle allaitait. Son mari est journalier.  (Source B.N.)  

 

Août 1892  -  A propos d’influenza.  -  Sous ce titre : « l'Influenza à Caen et en Normandie au siècle dernier (1767-1775-1776) », le docteur Catois vient de publier une intéressante notice qui prouve qu'on a, ces temps derniers, donné un nouveau nom à une vieille maladie et que ce qu'on appelle aujourd'hui « influenza » n'est autre chose que la grippe qui malmena si fort nos aïeux il y a cent vingt ans. (Source B.N.)

 

Septembre 1892  -  Un nouvel homme à la fourchette.  -  La semaine dernière, Eugène Chenion, réserviste en ce moment à Lisieux, eut la pensée de donner un échantillon de son savoir-faire. Après s'être introduit dans la gorge, avec un plein succès, le sabre du sergent-major, il essaya de répéter l'expérience avec une fourchette en fer. Mal lui en prit, car la fourchette lui échappa des doigts et il lui fut impossible de la retirer. Chenion fut bientôt suffoqué et dans un état indescriptible. Le docteur de la Croix, mandé en toute hâte, eut beaucoup de peine à extraire la fourchette, opération qui réussit non sans un douloureux déchirement de l’œsophage. Le malheureux réserviste, la face tuméfiée et les yeux injectés, put enfin respirer à l'aise, mais son étal a nécessité son transport à l'hôpital. (Source B.N.)  

 

Octobre 1892  -  Accidents de travail.  -  Mercredi soir, à l'usine Janson, à Lisieux, le jeune Degouet, 14 ans, de Saint-Désir, travaillait depuis huit jours dans l'établissement. Malgré la défense qui lui en était faite, il s'approcha d'une essoreuse et se fit prendre la main droits dans la machine. On a dû lui faire l'amputation de deux doigts. On espère en sauver un troisième qui a été sérieusement atteint. (Source B.N.)  

 

Octobre 1892  -  Dangereux vagabond.  -  Vendredi soir, à St-Jacques de Lisieux, le nommé Henri Roger, 27 ans, sans domicile, rencontrant une fillette de 8 ans, s'est jeté sur elle et a cherché à étouffer ses cris. Dans quel but ?... 

Le père est survenu par bonheur et l'homme s'est sauvé. Le lendemain, en venant faire sa déclaration à Lisieux, l'enfant a reconnu le vagabond qui a été aussitôt arrêté.  (Source B.N.)

 

Novembre 1892  -  Coups à son homme.  -  Dimanche soir, à Lisieux, la femme Halbout lança à son mari de la cendre dans les yeux et la bouche, puis, comme il était tombé, elle s'acharna dessus à coups de chaise et le laissa pour mort sur le carreau. Elle a été arrêtée. (Source B.N.)

 

Novembre 1892  -  Longévité extraordinaire.  -  L'un de nos abonnés nous écrit qu'il y a l'école vétérinaire de Bruxelles, (Belgique), une jument âgée de 41 ans et ayant eu 18 produits, dont le dernier est né en 1891 (la mère âgée alors de 40 ans). Cette jument n'a aucune tare, jouit d'une bonne santé, mais ne possède plus une seule dent. (Source B.N.)

 

Novembre 1892  -  Les bouilleurs de cru.  -  Nous avons annoncé que la Chambre avait voté la suppression du privilège des bouilleurs de cru auxquels il ne serait plus accordé que 10 litres d'alcool comme consommation personnelle. 

Il se pourrait que la Chambre revienne sur cette décision. Mais ce qui paraît bien acquis, c'est l'élévation du droit sur l'alcool de 156 à 235 fr. l'hectolitre et l'élévation des licences des débitants. Par contre, l'Etat abandonne ses droits sûr les boissons. (Source B.N.)

 

Janvier 1893  -  Une incendiée mécontente d’être sauvée.  -  Vendredi, à Lisieux, la fille Rose Aubry, 51 ans, place de la Halle-au-Beurre, était ivre. En se chauffant, elle mit le feu à ses vêtements. Un voisin éteignit le feu en arrosant l'incendiée avec un seau d'eau. Pour remerciement, il reçut des injures. Un agent de police eut le même accueil, mais il dressa procès-verbal pour outrages. (Source B.N.)  

 

Janvier 1893  -  Quelle famille !  -  Arsène Dalibert, 38 ans, est journalier à Lisieux. C'est un alcoolique de la plus belle eau...-de-vie. Le 1er janvier, il était à dîner en famille, chez ses beaux-parents. 

Une dispute éclate et, dans la bagarre, Dalibert a failli couper d'un coup de dent le pouce gauche de sa femme. A l'audience, il est encore aussi ahuri que le 1er janvier. 

Voilà comment il raconte les faits : «  Nous étions chez les parents de ma femme, qui sont mes beaux-parents. Le père de ma femme, qui est mon beau-père, était saoul, le frère de ma femme, qui est mon beau-frère, était saoul aussi, et moi j'étais comme eux. Dame! ça peut bien arriver un jour de l'an ! On arrive à s'échauffer, on se bouscule et voilà que j'attrape le pouce de ma femme sans savoir que c'était le sien. » Dalibert a été condamné à quinze jours de prison, il se retire d'un air de dire : « Mais pourquoi? » (Source B.N.)

 

Janvier 1893  -  Mort de froid.  -  Mardi dernier, on a trouvé, morte dans son logement, allée de l'Image, à Lisieux, une nommée Quiluard, veuve Anglement, âgée de 71 ans. La pauvre vieille femme, qui était dans une situation des plus précaires, est morte de faim et de froid.  

 

Février 1893  - Accident de voiture.  -  Mercredi, à Lisieux, à l'intersection du boulevard Sainte-Anne et de la rue Gustave-David, le jeune Emile Feraud, 11 ans, dont les parents habitent rue Petite-Couture, en voulant éviter une voiture, a été renversé par une autre que conduisait le sieur Huvé, entrepreneur. Une des roues lui a passé sur l'épaule et le bout du pied droit. Ses blessures n'ont rien d'inquiétant. Quoiqu'il n'y ait eu aucune imprudence de la part du sieur Huvé. Il a pris à sa charge les frais de la maladie. (Source B.N.)  

 

Février 1893  -  Blessures accidentelles.  -  Mercredi à Lisieux, le sieur Lecourt, ouvrier plâtrier, est tombé du premier étage d'une maison en construction, à l'angle du boulevard St-Anne et de la rue Pont-Mortain. Il a dû poser le pied sur une corniche fraîchement établie et qui s'est détachée sous son poids. Malgré des lésions assez sérieuses, Lecourt a pu regagner à pied son domicile. 

— Lundi, le sieur Adolphe Jumel, 60 ans, restaurateur, rue du Marché-aux-Chevaux, à Lisieux, a été renversé par un cheval attelé à une voiture arrêtée à sa porte. Une des roues de la voilure lui a broyé une épaule et brisé les deux jambes.  (Source B.N.)  

 

Février 1893  -  Un mari mal reçu.  -  Un sieur Halbout, maçon, habitait avec sa femme et son fils âgé de 26 ans, dans une maison de la rue du Point-de-Vue, à Lisieux. Un soir, en rentrant, Halbout trouva sa maison fermée. Sa femme et son garçon étaient partis en emportant tout le mobilier. 

Quelques jours plus tard, Halbout découvrait la retraite des fugitifs qui étaient venus s'installer au n° 163 de la Grande-Rue. Il s'y rendit. Sa femme et son fils le reçurent fort bien. Charmé de cet accueil, Halbout demanda à rester. Aussitôt sa femme et son fils l'accablèrent de coups et lui brisèrent deux côtes. Ils ont été condamnés chacun à 1 mois de prison par le tribunal de Lisieux. (Source B.N.)

 

Février 1893  -  Quitte pour la peur.  -  Dimanche soif, vers 7 heures, la dame Dudouet, presque septuagénaire, demeurant rue de la Touques, à Lisieux, venait de se mettre au lit, quand elle s'est vue tout à coup environnée de flammes. Le feu avait pris aux rideaux du lit, sans doute par une flammèche venant de la cheminée, et s'était communiqué à la paillasse. Sautant  bas lestement, Mme Dudouet appela au secours.  Les voisins eurent raison, avec un peu d'eau, du feu qui commençait à attaquer le bois du lit. (Source B.N.)  

 

Mars 1893  -  Entrepôt en feu.  -  Un incendie s'est déclaré mardi dans le magasin de M. Parisse, entrepositaire, rue Petite-Couture, à Lisieux. Le nommé Roussel, 15 ans, en montant sur une barrique a voulu allumer le gaz. Le jeune Roussel renversé est tombé sur le robinet d'un fût d'alcool qui s'est ouvert et a laissé échapper le liquide lequel s'est enflammé. Roussel s'est sauvé dans la rue entouré de flammes, des passants lui ont porté secours et ont éteint ses vêtements. Les mains et les avant-bras sont fortement brûlés, la figure légèrement. Dégâts considérables. (Source B.N.)  

 

Mai 1893  -  Attentat à la pudeur.  -  Octave Carré, journalier à Lisieux, 21 ans, accusé d'attentats à la pudeur sur les jeunes Caroline, Juliette et Hélène Liot, âgées de 4, 9 et 12 ans, a été condamné à 3 ans. (Source B.N.)  

 

Mai 1893  -  Attentat à la pudeur.  -  Joseph Venard, 29 ans, ouvrier gazier, et Charles Mallet, 35 ans, tailleur d'habits à Lisieux, avaient l'un et l'autre à répondre d'attentats à la pudeur, commis au cours de l'année 1892, sur la jeune Adrienne Chauchon, alors âgée de 11 ans. Venard, qui a une mauvaise réputation et a déjà subi une peine de 15 jours de prison pour vol par recel, a été condamné à trois ans de prison, Mallet, à deux ans de la même peine. (Source B.N.)

 

Juin 1893  -  Récoltes dans le Calvados.  -  Blé d'hiver, bon ; seigle, bon ; avoine de printemps, assez bonne ; orge de printemps, passable ; foin, peu abondant par suite de la sécheresse, pommes, récolte moyenne sur certains points, presque nulle sur d'autre.  (Source B.N.)

 

Juin 1893  -  Récompenses.  -  Médailles décernées pour dévouement pendant l'épidémie cholérique de Lisieux, en 1892 : médaille de vermeil, à M. Marie, sous-préfet de Lisieux ; médailles de bronze, à Mme Zélie Aubert, en religion Sœur Saint-Ambroise, et à Mme veuve Elisa Désolées, infirmières à l'hospice de Lisieux. (Source B.N.)  

 

Août 1893  -  Un père qui abuse de sa fille.  -  La gendarmerie de Lisieux a arrêté le nommé Armand Jehanne, chapelier ambulant, pour avoir abusé de sa fille, aujourd'hui âgée de 16 ans. Ces faits, d'après la jeune fille, remonteraient à trois ans. La pauvre enfant a déjà eu plus d'une révolte, mais son père lui avait jusqu'ici fermé la bouche en lui persuadant qu'il ne faisait qu'user de son droit et la menaçant de la tuer si elle parlait. A deux reprises, ce père indigne a été arrêté pour ces faits et relaxé sur les dénégations de la jeune fille. Décidée à secouer ce joug honteux, elle s'est présentée à la gendarmerie et a fait sa déclaration. (Source B.N.)  

 

Septembre 1893  -  Asphyxiée avec sa couronne de mariée.  -  La dame Blanchet, 27 ans, s'est asphyxiée dans sa chambre pendant l'absence de son mari, journalier à Lisieux. La pauvre femme avait sur sa tête sa couronne de mariée, et près d'elle, sur le pavé, était tombé son bouquet de noces. Sur la table en a trouvé un bout de papier sur lequel étaient écrits ces mots : « C'est mon châtiment, je veux l'emporter, bonjour à ma mère ». Depuis quelque temps la femme Blanchet était infirme et ne pouvait plus travailler. On suppose que c'est pour mettre un terme à ses souffrances qu'elle s'est donné la mort, elle était mariée depuis 11 mois. (Source B.N.)  

 

Octobre 1893  -  Légion d’honneur.  -  M. Guckert, capitaine de gendarmerie à Lisieux, a été nommé chevalier de la Légion d'honneur. (Source B.N.)

 

Octobre 1893  -  Émouvant suicide.  -  Jean Chaillou, dit Désiré, 57 ans, était employé comme charretier à l'hospice de Lisieux depuis plusieurs années. Jeudi, il était rentré à l'hospice en état d'ivresse et s'était battu avec un nommé Tassilly, également employé à l'hospice. 

Vendredi matin, à huit heures, plusieurs employés du chemin de fer le trouvèrent dans l'Orbiquet, chaussée de Beuvillers, et le retirèrent immédiatement. Chaillou leur raconta qu'il était tombé accidentellement dans la rivière. Il les remercia et ajouta qu'il allait courir chez lui sur-le-champ , pour changer de vêtements. Là-dessus, les employés retournèrent à leur besogne. 

A peine avait-il fait cinquante pas dans la direction de la ville, que le malheureux se jetait à nouveau dans la rivière. Une personne, l'ayant aperçu se débattre dans l'eau, appela au secours et il fut, une seconde fois retiré de la rivière encore vivant, mais il expira en arrivant à l'hospice. 

Chaillou avait l'habitude de boire. Plusieurs fois, étant ivre, il avait déclaré à sa femme qu'il se jetterait à l'eau quand il ne pourrait plus travailler. On suppose qu'à la suite de la scène de jeudi il a eu peur de perdre sa place. (Source B.N.)

 

Octobre 1893  -  La résurrection d’Emma.  -  Au mois d'avril de l'année dernière, la famille Céré, demeurant à Lisieux, impasse des Mathurins, était plongée dans le deuil, par un événement tragique. Le cadavre d'une femme avait été trouvé dans une mare à Mesnil-Germain, et les constatations établissaient d'une façon certaine l'identité de la noyée, reconnue par tous pour la femme du sieur Géré. 

La jeune fille de la prétendue morte n'hésitait pas elle même à reconnaître sa mère. La femme Emma Céré, 45 ans, vivait depuis plusieurs années séparée de son mari, on la croyait en condition à Livarot, bien portante, il n'y eut qu'une voix pour dire qu'elle était venue se noyer volontairement à Mesnil-Germain. 

L'inhumation eut donc lieu, et l'acte de décès fut dressé, à la mairie de l'endroit, en bonne et due forme. Mais, voilà que dernièrement une lettre arrivait de Meulan (Seine-et-Oise), signée de la défunte. 

On crut d'abord à une farce, mais il a bien fallu se rendre à l'évidence, car ces jours-ci Emma Céré est arrivée à Lisieux juste à temps pour empêcher son mari de se remarier. L'histoire ne dit pas si elle a été bien reçue. Quant au brave homme de Céré, quand on lui demande des explications, il répond : « Ma fé, quand j'sieux arrivé, la bière était fermée, je n'l'ai pas fait rouvrir, j'ai suivi l'cercueil et j'ai pleuré comme un vieau…… ». (Source B.N.)  

 

Novembre 1893  -  Les suites d’un accident.  -  Le sieur Auguste Coulant, âgé de 80 ans, ouvrier de fabrique chez MM. Longeon, Mutel et Cie, rue Saint-Dominique, à Lisieux, avait eu le pouce de la main droite pris dans une carde et arraché, ce qui nécessita son transport à l'hôpital. Des complications étant survenues, le malheureux ouvrier est mort mercredi. (Source B.N.)  

 

Décembre 1893  -  Morts subites.  -  Jeudi l'après-midi, le sieur Stezlé, 68 ans, ancien capitaine des mobiles du Calvados, décoré de la médaille militaire, commis expéditionnaire au greffe civil de Lisieux, s'est affaissé subitement, dans une pièce attenante au bureau des employés du greffe, succombant à la rupture d'un anévrisme. 

— La veuve Picot, 73 ans, couturière à Port-en-Bessin, a été trouvée morte dans une maison isolée qu'elle habitait. Sa mort remontait à 48 heures environ. L'autopsie a démontré que cette mort était naturelle. (Source B.N.)  

 

Décembre 1893  -  Les suites d’un saut.  -  Nous avons raconté la mésaventure du sieur Cautru, tisserand à Lisieux, qui, surpris chez la dame Peulvey par le mari de celle-ci, sauta par une fenêtre et reçut en outre une raclée du mari. Transporté à l'hospice, il paraissait aller mieux, quand il est mort subitement. On supposait que Cautru avait succombé aux coups que lui avait donnés Peulvey. Mais l'autopsie a démontré que sa mort est due à une fracture du bassin résultant de la terrible chute qu'il a faite en sautant par la fenêtre. (Source B.N.)

 

Décembre 1893  -  Statistique.  -  Le nombre des déclarations de vélocipèdes pour le Calvados est de 1 822 : arrondissement de Caen, 723, dont 456 pour Caen ; Bayeux, 177 ; Falaise, 208 ; Lisieux, 284 ; Pont-l'Evéque, 309 ; Vire, 121. (Source B.N.)   

 

Janvier 1894  -  Tristes accident.  -   Samedi, Georges Saint-Denis, 18 ans, clerc d'huissier à Lisieux, qui se trouvait sur la voie, on ne sait pourquoi, a été tamponné par un train se dirigeant sur Paris, à 900 mètres de la gare de Lisieux. Il a été renversé entre les rails. Le train tout entier lui a passé sur le corps. Relevé immédiatement après, le passage du train, Saint-Denis, qui n'a pu prononcer aucune parole, a été transporté à l'hospice de  Lisieux. Il portait des blessures graves à la tête dont un des os a dû être extrait par morceaux. Il était allé en recouvrement et sa sacoche était intacte. (Source B. N.)  

 

Février 1894  -  Sauvage agression.  -  Dans la nuit de vendredi à samedi, vers une heure et demie du matin, le sieur Florentin Bucaille, 27 ans, garçon boulanger, passant dans la rue aux Fèvres à Lisieux, fut tout à coup frappé d'un violent coup de canne plombée à la tète par un individu sortant d'une allée. Il tomba et, cria « au secours ! à l'assassin ! » Le sieur Constant Leveau, qui passait par là, accourut et reçut également un coup de canne plombée qui l'étendit à terre. Bucaille et Leveau, étourdis par les coups qu'ils avaient reçus, purent se relever au bout de quelques instants et demandèrent du secours. 

Bucaille rentra chez son patron qui était descendu pour lui ouvrir et Leveau regagna péniblement son domicile, la tête ensanglantée. Le lendemain matin, ils déposèrent une plainte. L'un des agresseurs a été arrêté et écroué. C'est un nommé Eugène Lebigre, mauvais sujet de la pire espèce. Il donne pour excuse qu'il a pris Bucaille pour un autre. (Source B.N.)  

 

Février 1894  -  Coups de couteau.  -  Samedi soir, le sieur Jean Robidas, 34 ans, chiffonnier à Lisieux rue St-Dominique, étant ivre, voulait revoir une femme avec laquelle il avait vécu et qui, disait-il, possédait une montre qui lui appartenait. Il alla donc au café Barilier dans l'intention de la ravoir, mais il fit tant de tapage qu'on le mit à la porte. Il y revint par deux reprises. 

La dernière fois, en entrant, il vit un abonné de la maison, Eugène Hallot, 20 ans, qui dormait sur la table et le reconnaissant pour celui qui avait quelques heures avant, au moment de sa première visite, été chercher la police, il lui envoya un violent coup de poing sous l’œil. Hallot étourdi par ce coup et réveillé en sursaut, saisit un couteau qui se trouvait sous sa main et  en porta trois coups à Robidas. 

Les blessures ne sont pas graves, l'instrument dont s'est servi Hallot était un mauvais couteau sans aucune valeur et dont la lame n'était pas aiguisée. Hallot a été arrêté. (Source B.N.)

 

Février 1894  -  Coups de couteau.  -  Le 17 décembre, Louis Miannet, soldat au 119e,  à Lisieux, se disposait à entrer au café Danneaux, quand un individu vint lui planter son couteau entre les épaules et prit la fuite. L'arme avait rencontré l'omoplate, la blessure était peu profonde. 

Le coupable, Albert Boucher, 18 ans, vint le lendemain au bureau de police pour se disculper. Voici quelles furent ses explications : «  Mon camarade Halbout m'a dit qu'il avait été battu l'après-midi par des soldats et m'a fait : Veux-tu me donner un coup de main ? 

Au même moment, j'ai vu ce soldat qui allait entrer au café, j'ai pris mon couteau et j'ai couru après lui pour lui en porter un coup. Le tribunal de Lisieux l'a condamné à 6 mois. (Source B.N.)  

 

Février 1894  -  Attaque nocturne.  -  La nuit du mardi gras, Paul Bouvé, garçon boulanger à Lisieux, qui revenait en voiture de porter du pain a été attaqué près de la Croix-Rocher, par deux individus. II renversa d'un coup de pied l'un d'eux qui montait sur le marchepied et l’autre s'enfuit. (Source B.N.)  

 

Mars 1894  -  Les possédées de Lisieux.  - La mère Pavard, ouvrière de fabrique, demeure à Lisieux, rue du Campfranc : Elle a deux filles. L'année dernière, elle en mariait une à un sieur Hamard, également ouvrier de fabrique. Et, peu de temps après, la mère Pavard et la fille, qui lui reste pour compte, se sentirent tout choses : la mère brûlait en dedans et « c'était, dit elle, comme si on l'y avait arraché des grillades dans le ventre », la fille, qui a cependant déjà vu trente-sept fois fleurir et défleurir les crocus, brûlait en dehors, elle avait des envies de toutes sortes et « c'est comme si on lui avait arraché la pieau du ventre ». Les deux femmes, on ne sait pourquoi, accusèrent Hamard de leur avoir jeté un sort.

Des commères leur, conseillèrent d’aller trouver la mère Mathieu, une vieille cartomancienne de 60 ans qui a déjà eu  maille à partir deux fois avec la justice pour avoir tiré les cartes, dévoilé l'avenir et conjuré les sorts.

Un soir, à minuit, la mère Mathieu fit venir chez elle la mère et la fille, elle leur lut des prières dans un livre, les aspergea d'eau bénite, jeta quelque chose dans le feu et bientôt des cris épouvantables se firent entendre dans l'appartement. « C'étaient, disait-elle, les esprits qui avaient torturé leurs corps qui souffraient à leur tour par suite de la conjuration qu'elle venait de faire ». Puis, comme une seule opération ne pouvait suffire pour apaiser tant de maux, la femme Mathieu fut, le lendemain soir, chez la fille Pavard et lui tira les cartes. Naturellement celle-ci prit le grand jeu : cela lui coûta 3 fr., en plus, les deux femmes remirent 5 fr. à la mère Mathieu. 

Au début, les deux femmes se crurent mieux, puis le mal reprit comme de plus belle. C'est alors que le parquet eut connaissance des faits et a poursuivi la mère Mathieu. 

A l'audience elle déclare que si les femmes Pavard « n'avaient pas été aussi bavardes, elle les aurait continuées, qu'elle les aurait recommandées à N.-D. de Lourdes et qu'elles auraient guéri, comme elle a guéri Gambetta et sauvé M. Thiers par l'intermédiaire de quatre messieurs venus la consulter en son nom ».  

Le tribunal a condamné la femme Mathieu à six mois de  prison. Elle proteste et ne sort que traînée par les gendarmes, auxquels elle a bien sur jeté un sort. En attendant, la police en a fait un au mari de la condamnée, en le coffrant au violon pour abus de consolation avec des petits verres. (Source B.N.)  

 

Avril 1894  -  Un legs généreux.  -  Mme Duchesne-Fournet, qui vient de mourir, a légué par testament à la ville de Lisieux la somme nécessaire pour constituer à perpétuité une rente annuelle de 12 000 fr. destinée à être répartie entre 40 familles pauvres qui seront désignées par une commission spéciale dont la testatrice a indiqué la composition, et qui recevront chacune une somme de 300 fr. Mme Duchesne-Fournet était la mère du sénateur du Calvados. (Source B.N.)  

 

Mai 1894  -  Les victimes du travail.  -  Le sieur Amédée Bertheaume, 69, ans, directeur de l'usine Boislaurent, à Lisieux, depuis 35 ans, a voulu retirer un rouleau de laine dit Moque d'une des cardes;, quand son bras s’est trouvé  si malheureusement engagé qu'il a été horriblement mutilé jusqu'à la hauteur du coude. Cette blessure, étant donné surtout l'âge du sieur Bertheaume, inspire de sérieuses inquiétudes.

— Le sieur Julien Richard, 45 ans, maçon à Notre-Dame-d'Estrées, et son camarade Danneaux étaient au travail lorsque leur échafaudage se rompit. Danneaux se releva avec quelques contusions sans gravité, et le sieur Richard s'en fût tiré avec le même bonheur si, à ce moment, un seau contenant du mortier ne lui eut tombé sur la jambe, dont on a dû faire vendredi l'amputation. (Source B.N.)  

 

Mai 1894  -  Un plaignant qui la trouve mauvaise.  -  Auguste Poussier, 52 ans, est chaud comme braise, au point que sa femme ne lui suffit pas. Une nuit qu'il courait les rues de Lisieux, notre Poussier fit la rencontre de la fille Marie Renault et de sa fidèle amie Marie Morance, toutes les deux âgées de 22 ans. Comme il venait de leur en dire deux mots dans une allée, ou fit la rencontre d'un ami des deux filles, un nommé Arthur Lair, 20 ans, qui proposa une promenade à là campagne. Malgré l'heure, on se dirigea vers la Croix-Saint-Ursin. Là encore, l'enflammable Poussier voulut encore en dire deux mots aux demoiselles. Mais peu après, quand il fouilla dans sa poche, il s'aperçut que, pendant qu'il leur disait des douceurs, elles lui avaient enlevé son mouchoir dans le coin duquel 18 fr. étaient noués. Le lendemain, Poussier porta plainte. Tout ce monde-là a été poursuivi pour vol et Poussier pour outrage public à la pudeur par-dessus le marché. Il s'en est tiré avec 1 mois de prison et la loi Bérenger ; la fille Morance, 6 mois ; sa compagne, 4 mois, et l'ami Lair, prévenu en outre d'un vol à Bellou, 13 mois. 

Bien sûr que si Poussier avait pu se douter de ce qui l'attendait, il aurait préféré perdre ses 18 francs, d'autant plus qu'au dire des filles il en avait bien pris pour son argent. (Source B.N.)  

 

Mai 1894  -  Trois doigts coupés.  -  Vendredi, le sieur Victor Chappey, ouvrier chez le sieur Aumont, menuisier, boulevard Sainte-Anne, à Lisieux, a eu la main droite prise à la scie circulaire. Trois doigts ont été coupés. Le malheureux est déjà estropié de la main gauche qui ne compte plus, elle aussi, que le pouce et l'auriculaire. (Source B.N.)  

 

Mai 1894  -  Pigeons voyageurs.  -  Par décision du ministre de la guerre, les sociétés colombophiles du Calvados désignées pour prendre part aux concours militaires en 1894 sont : l'Espérance de Caen, la Conquérante de Falaise, la Falaisienne de Falaise, la Colombe de Lisieux, le Ramier normand de Mathieu, l'Hirondelle-de-la-Mer de la Délivrande.  (Source B.N.)  

 

Juin 1894  -  Adultère.   -  Vendredi, sur les trois heures du matin, à Lisieux, à la requête du sieur Félix Brochard, 52 ans, la femme de ce dernier, âgée de 31 ans, qui ne vit plus avec lui, a été prise en flagrant délit d'adultère avec le sieur Alfred Gaillard, 24 ans, employé de commerce. Les deux amoureux étaient vêtus avec une légèreté, qui a permis la constatation du flagrant délit, sans avoir besoin de poursuivre plus loin les investigations. (Source B.N.)  

 

Juin 1894  -  Une vitrioleuse.   -  Le nommé Chapron, 61 ans, cordonnier, rue Tour-des-Halles,, à Lisieux, vit depuis treize ans avec une veuve Woiste, 48 ans, originaire de Hollande. Tout le temps ils se disputaient, heureux encore lorsqu'ils n'en venaient pas aux coups. Mercredi la femme Woiste se procura chez un pharmacien-droguiste une certaine quantité d'acide sulfurique, « destiné, dit-elle, à faire du cirage ». Elle mit cet acide dans un bol et lundi, à la suite d'une discussion, la femme Woiste lança à la tête de son compagnon le contenu du bol. Le liquide corrosif n'atteignit, par bonheur, que les vêtements, quelques gouttes seulement touchèrent le visage et les mains, occasionnant des brûlures sans gravité. La femme Woiste va être poursuivie. (Source B.N.)

 

Juin 1894  -  Suicide en prison.   -  La nommée Léonie Woiste, 53 ans, qui avait lancé à la figure du nommé Chapron, son amant, le contenu d'un bol rempli d'acide sulfurique, avait été écrouée à la prison de Lisieux. La vitrioleuse s'est rendu justice elle-même en se pendant. Elle a déchiré sa chemise en morceaux, en les réunissant, elle s'en fit une sorte de courroie qu'elle noua solidement au verrou de sa cellule, puis, ayant fait avec l'un des bouts un nœud coulant, elle y passa la tête et se trouva ainsi pendue. Peu d'instants après, on la trouvait encore chaude, mais sans vie. (Source B.N.)

 

Juin 1894  -  La pudibonderie de Maître Pierre.   -  Ce maître Pierre est le sieur Hurel, couvreur à Lisieux. En sortant du cabaret, il passait, vers les minuit, devant l'ancien cercle du Commerce. On riait, on chantait et on criait à l'intérieur... « C'hest ignoble ! queu scandale ! Cha ne devrait pas rête permis. J'vas me plaind'e ». Et, tout en grommelant, maître Pierre se dirigea vers le commissaire de police, auquel il raconta qu'il venait de voir et d'entendre des choses à faire rougir le sonneur de Saint-Pierre. Le commissaire se rendit sur les lieux et constata que ce que l'ivrogne avait pris pour une orgie était tout bêtement une noce où on n'engendrait pas du tout la mélancolie. Et dire que la pudibonderie de maître Pierre lui a valu un procès-verbal pour ivresse.  (Source B.N.)  

 

Juin 1894  -  Adultères.   -  Le sieur Gosselin, journalier à Pont-l’Evêque, était parti à son travail, à six heures du matin. Ayant des motifs pour douter de la vertu de son épouse, il revint quelque temps après et trouva l'infidèle couchée arec un nommé Eugène Isabel, 26 ans, domestique à Pont-l'Evêque. Procès-verbal a été dressé par le commissaire. Poursuivis pour  adultère, la femme Gosselin, 31 ans, a été condamnée à 40 jours de prison, et Isabel à 30 jours. La femme Gosselin, comme excuse, a prétendu que son mari faisait pis qu'elle. A la  sortie, les femmes surtout ont hué le mari, la femme et l'amant. 

— Pauline Desportes, femme Brochard, 38 ans, ouvrière de fabrique à Lisieux, vivait, depuis trois ans, séparée de son mari, un ancien boucher, lorsque celui-ci l'a fait pincer en flagrant délit d'adultère avec Alfred Gaillard, 24 ans, employé de commerce à Lisieux. La femme a attrapé deux mois de prison, et son amoureux six jours avec loi Bérenger. 

— La femme Saint Jean, 38 ans, journalière à Cully, a été condamnée à deux mois de prison pour avoir été surprise en flagrant délit d'adultère avec Émile Dudouet, 25 ans, domestique, qui s'en est tiré avec 60 fr. (Source B.N.)  

 

Juillet 1894  -  Médaille.   -  M. Lucien Reynaud, chef de gare à Lisieux, qui a failli être broyé en portant secours, le 16 mai, à une personne sur le point d'être écrasée par un train, vient d'obtenir une médaille pour cet acte de dévouement. (Source B.N.)  

 

Juillet 1894  -  Les orages.   -   Lundi midi, un violent orage a éclaté sur Lisieux. En quelques minutes, une véritable trombe d'eau a envahi les rues. Dans certaines, il y en avait une hauteur de 50 centimètres. Des maisons ont été inondées. A la gare du Grand-Jardin, un mur en briques s'est écroulé au moment, où l'express allait arriver, mais il n'y a eu aucun accident. La foudre est tombée sur la maison du sieur Crison, en face la gare, et a endommagé une cheminée. Il y a eu de grands dégâts dans la campagne.. (Source B.N.)  

 

Août 1894  -  Mort accidentelle.   -   Dans la nuit de dimanche à lundi, le sieur Gautier, conducteur du train de Trouville à Paris, a été victime d'un accident au tunnel du Grand-Jardin, près Lisieux. On ignore encore dans quelles circonstances, son cadavre a été retrouvé affreusement mutilé. Gautier, qui habitait Deauville, laisse plusieurs enfants et une femme enceinte. Il avait 37 ans. (source B. N.)  

 

Août 1894  -  Onze démissions.   -   Bravant l'opinion publique, le conseil municipal de Lisieux, par 12 voix contre 11, a voté la construction d'un lycée dans la propriété Chambry. 

L'affaire n'est pas finie, car les 11 conseillers de la minorité ont donné leur démission, et comme il y en a trois à nommer, par suite de décès et démissions, ils pourraient bien se trouver à quatorze pour refuser les fonds nécessaires à l'exécution de cette folle entreprise. (source B. N.)  

 

Septembre 1894  -  Incendie.   -   En Amérique, des forêts ont pris feu. Six villes sont devenues la proie des flammes. 400 personnes ont été brûlées. Des 400 maisons de la ville de Hinckley, une trentaine sont seulement restées intactes. (source B. N.)

 

Septembre 1894  -  Un cycliste tué.   -   Le sieur Pierre Bourgogne, 29 ans, garçon boulanger à Lisieux, après avoir reçu son compte chez son patron, M. Leroux, boulanger, place du Marché-aux-Bestiaux, avait loué une bicyclette et s'en était allé à Thiberville. Comme il revenait, Bourgogne est tombé de sa machine. En le voyant sans mouvement, des passants se sont empressés autour de lui. On l'a relevé, et on l'a entendu prononcer ces mots : « Je suis tué ! » En effet, dix minutes après il rendait le dernier soupir. Ce malheureux, marié depuis  six mois, laisse sa jeune femme enceinte. (source B. N.)  

 

Octobre 1894  -  Mort de besoin.   -  Un homme, paraissant âgé de 40 à 50 ans, a été trouvé territoire de Saint-Jacques de Lisieux, dans un champ, sur le bord de la route. Le pauvre diable paraissait beaucoup souffrir et incapable de répondre aux questions qui lui étaient adressées. Reçu à l'hospice de Lisieux, il y est mort d'une affection au cœur. On a cru comprendre qu'il se nommé Louis Dubois, natif de Fervacques.  (source B. N.)  

 

Octobre 1894  -  Les voleurs de chevaux et de voitures.   -  Un nommé Désiré Septvents, 20 ans, s'était engagé comme domestique chez la dame Malvina Catel, demeurant à Mesnil-Auzouf. Il emprunta à sa maîtresse son cheval et sa voiture pour aller chercher ses effets à St-Jean-des-Essartiers. Mais c'était pour vendre le cheval et la voiture s'il le pouvait. Le cheval a été vendu 220 fr. à un marchand de chevaux, mais payable seulement dans quarante jours. La dame Catel a donc pu rentrer en possession de son cheval et de sa voiture. 

— Moins heureux est le sieur Georges Boscher, loueur de voitures à Lisieux, auquel un individu, se disant voyageur de commerce, à loué pour la journée, une charrette anglaise attelée d'un poney noir, pour faire la tournée de Beuvillers, Glos et la Chapelle-Yvon. Le soi-disant voyageur n'a pas reparu, il a filé, avec l'attelage, par la route de Paris. (source B. N.)

 

Octobre 1894  -  Appel des conscrits.   -  Le bruit s'accrédite de plus en plus que l'appel de la classe de 1893 aurait lieu, par anticipation du 12 au 15 novembre. (source B. N.)

 

Octobre 1894  -  Affaires municipales.   -  Les 13 membres de la minorité du conseil municipal de Lisieux ont donné leur démission. La nomination du maire et des adjoints n'a pas pu  avoir lieu. 

 

Octobre 1894  -  Élections.   -  M. Demagny a été élu conseiller général du canton d'Isigny en remplacement de M. Pilet des Jardins, décédé, par 2 214 votants sur 3 653 inscrits.

—A Lisieux, les opposants à la construction d'un nouveau collège ont été élus. Le maire, M. Peulevey, manufacturier à Lisieux, conseiller général, ainsi que ses deux adjoints, ont donné leur démission. M. Michel, arrivé en tête de la liste opposante, est le maire tout indiqué. (source B. N.)  

 

Novembre 1894  -  Accident.  -  Mardi, à l'usine à gaz de Lisieux, Jules Chasles, 15 ans, entassait du coke avec une fourche en fer, son camarade, Auguste Peltier, 32 ans, à côté de lui triait les débris. Peltier se tourna brusquement à l'instant où Chasles lançait sa fourche chargée de coke et fut atteint au-dessous de l’œil gauche. Une des dents de fer de la fourche a pénétré dans la tête. Son état est grave. (source B. N.)  

 

Novembre 1894  -  Le départ de la classe.  -  Le départ des conscrits aura lieu les 15 et 16 novembre. Certaines catégories d'appelés seront cependant mises en route quelques jours plus tard. Les conscrits affectés aux troupes stationnées en Algérie et en Tunisie partiront par petits détachements, du 18 au 26 novembre, de façon à ne pas encombrer les paquebots. Le recrutement de la Seine n'enverra pas, cette année, d'hommes aux zouaves, aux tirailleurs algériens et aux chasseurs d'Afrique. (source B. N.)

 

Novembre 1894  -  La tempête.  -  Elle a commencé dans notre région dès dimanche la nuit puis s'est étendue un peu partout en passant sur Paris qui était, lundi soir, tout sens dessus dessous. 

A Caen, les tuiles et les ardoises pleuvaient dans les rues, des cheminées ont été renversées, des arbres abattus sur nos promenades. Un peuplier du parc de la préfecture a, en  tombant, démoli la toiture du presbytère Notre-Dame. Un clocheton des bas côtés de l'église Saint-Jean est tombé sur la toiture de l'ancienne école des Sœurs en brisant quelques chevrons et, de là, a roulé dans la rue des Carmes. Une gargouille de l'église Saint-Sauveur est tombée dans la rue Froide et a failli blesser une jeune fille. Rue Saint-Pierre, M. Royer photographiait une enfant quand une partie de l'atelier (murs et vitrage), a été emportée. L'enfant n'a eu aucun mal. Le sieur Maurice Labarie, propriétaire d'un bateau de plaisance, a été enlevé de son bord et jeté dans le canal. Il a pu se sauver à la nage. Près du pont de Vaucelles, le jeune Leclerc, 17 ans, est tombé dans l'Orne en voulant rattraper le chapeau de  son père emporté par le vent. Il a été retiré sain et sauf par le sieur Isambart, conducteur de scierie. Il y a eu de grands dégâts à la toiture des Facultés.

Les trains des tramways ne sont partis, lundi soir, ni de Luc, ni de Dives, à cause de la tempête. Le dernier train du soir n'est pas parti de Caen.

Dans les autres villes du département, on ne signale que des dégâts matériels. Sur nos côtes la tempête a eu une violence inouïe.

Grands dégâts à Lisieux. La couverture de la nouvelle halle des marchandises à la gare a été enlevée. Un homme a été blessé. A Mézidon; la chute d'une cheminée a blessé cinq personnes, dont quelques unes grièvement. Une partie de la couverture de la gare de Pont-l'Evêque a été enlevée. 

A Paris, le nombre des personnes atteintes par les ardoisés ou les tuyaux de cheminées dépasse deux cents. Une victime est morte, plusieurs sont dans un très grave état. (source B. N.)

 

Novembre 1894  -  Pari imprudent.   -  M. Leseigneur, limonadier à Lisieux, avait fait le pari, avec un voyageur, d'arriver le premier, en voiture, à Ouilly-le-Vicomte. Samedi soir, M. Leseigneur, après avoir traversé Lisieux, parcourait la rue du Grand-Jardin à toute bride, suivi par la voiture de son ami. 

En face le bureau de l'octroi, il se croisa avec une lourde voiture de foulonnier et la heurta. 

Le cheval de M. Leseigneur roula sur le dos, sa voiture fut culbutée et démolie, quant au conducteur, il fut projeté durement sur le sol et relevé sans connaissance dans un état des plus graves. M. Leseigneur, avec son imprudent pari, pouvait écraser les passants, c'est lui qui a été blessé. Faut-il le plaindre ? (source B. N.)  

 

Décembre 1894  -  Information.   -  M. Henri Chéron, 27 ans, avocat et journaliste, a été nommé maire de Lisieux par 22 voix sur 25 votants ; MM. Doisnard et Grison ont été nommés adjoints avec 22 et 23 voix. (source B. N.)  

 

Décembre 1894  -  Le froid.   -  Il fait un froid glacial depuis quelques jours. Le temps est à la neige. A Paris, il en est tombé et le froid a déjà fait des victimes. (source B. N.)

 

Décembre 1894  -  Année pluvieuse.   -  Sur 340 jours l'Observatoire de Paris a compté 204 jours de pluie ; 100 jours brumeux, créant de la boue, mais sans pluie, et enfin une quarantaine de jours beaux. Les derniers jours de l'année seront plutôt pluvieux que froids. Mercredi, sur notre région, éclairs, tonnerre, vent, pluie et grêle. (source B. N.)

 

Décembre 1894  -  Condamnation méritée.   -  On se souvient que le 17 novembre, aux abords de la gare du Grand-Jardin, à Lisieux, un jeune soldat fut dépouillé de son porte-monnaie et de divers objets par deux de ses camarades : Nogret, originaire de Lisieux, et Vinatier, natif de Honfleur. Ces deux gredins ont été condamnés par le conseil de guerre du 3e corps : Vinatier, à dix ans de travaux forcés, et Nogret à six ans de la même peine. (source B. N.)

LISIEUX.   -   La Halle au Beurre

LISIEUX.   -   Le Marché

11.  -  LISIEUX  -  La Rue aux Fèves n°35

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