UN SIÈCLE D’HISTOIRE DU CALVADOS

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LOUVIGNY

Canton de Caen

Les habitants de la commune sont des Loupiaciens et Loupaciennes


Mars 1901  -  La rosière de Louvigny, 23 ans, avait un fiancé. Ses parents en préféraient un autre. Pour la faire céder, ils l'ont battue et traînée par les cheveux. Enquête du Parquet sur la  vertu de la demoiselle.  Louvigny s'enflamme pour et contre. Deux mannequins représentant les parents sont brûlés publiquement le soir du Carnaval. Mais le curé prend parti pour eux en chair : Le père de la rosière est conseiller municipal et marguillier (trésorier de la paroisse). 

 En correctionnelle, la mère prétend que sa fille, en fait de rosière est une dévergondée. Mais la rosière produit un certificat médical de virginité : 100 francs d'amende pour maman, 50  francs d'amende pour papa, 25  francs pour une tante qui avait participé à la rossée. Les gendarmes devront patrouiller toute la nuit à Louvigny.

 

Mars 1901   -   La rosière de Louvigny.  -  Une affaire qui passionne en ce moment Louvigny a pour point de départ une question de sentiment. La demoiselle Marie Guillot, 23 ans, qui a droit au titre de rosière, avait un préféré. Ses parents voulaient lui en imposer un autre. La jeune fille résista. Les parents usèrent à son égard de violences telles que le parquet ordonna une enquête.

La mère, pour s'excuser, prétendit que sa fille se conduisait mal. Une visite médicale réduisit à néant cette accusation, qu'une mère devrait être la dernière à porter contre sa fille.

Le soir du mercredi des Cendres, au lieu du traditionnel mardi-gras, on brûla deux mannequins qui étaient censés représenter les époux Guillot. Plus de deux cents personnes y assistaient en chantant une chanson de circonstance. Le dimanche suivant, le curé eut le tort de s'en occuper au prône, car au lieu d'apaiser les esprits, cette intervention les a excités.

A propos de cette affaire, une pluie de lettres anonymes s'est abattue sur Louvigny. Toutes sont de la même main et, malgré les grossièretés qu'elles renferment, il est facile de voir qu'elles émanent de quelqu'un qui a reçu une, certaine éducation. C'est évidemment un mauvais farceur ou un déséquilibré qui se livre à ces fumisteries.

C'est aujourd'hui que les époux Jules Guillot comparaissent devant le tribunal correctionnel de Caen. Seront-ils acquittés, comme l'a prédit le curé ?...  (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Mars 1901   -   Hier et aujourd’hui.  -   « Mardi-Gras n' t'en va pas, Nous ferons des crêpes, T'en mangeras, Et tu r'viendras... » Ainsi chantaient nos pères, qui fêtaient joyeusement le Mardi-Gras et la Mi-Carême et mangeaient volontiers des crêpes.

Mardi-Gras revient depuis, chaque année, et, plus tard, la Mi-Carême, mais on chante moins. On boit plutôt qu’on ne mange. Aussi voit-on beaucoup plus de  femmes se crêper le chignon et moins de gens avaler des crêpes. L'esprit court toujours les rues sous des formes diverses, mais ces blocs enfarinés n'ont pas toujours la verve endiablée des « pézoux » et la gaieté capricieuse des arlequins d'autrefois. Le temps change, les masques aussi. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1901   -   Affaire Guillot.  -   Jeudi, est venue, devant la police correctionnelle de Caen, l'affaire des époux Jules Guillot, cultivateurs à Louvigny, inculpés de mauvais traitements envers Ieur fille, Marie Guillot, qu'ils voulaient contraindre à rompre avec un jeune homme qu'elle aime depuis l'enfance.

Tout Louvigny était là. La femme Guillot, dans son interrogatoire, a reconnu qu'elle avait battu sa fille, qu'elle l'avait même un jour renversée et traînée par les cheveux. Mais, pour s'excuser, elle a de nouveau soutenu que c'était parce que sa fille se conduisait mal et qu'un soir on l'avait surprise près du calvaire de la commune. Le président a relevé énergiquement cette mensongère accusation, car, au cours de l'instruction, Marie Guillot, pour mettre un terme à ces calomnies, a demandé à être visitée par un médecin qui l'a reconnue digne d'être rosière. Après cette déclaration, tout ce que pouvaient dire les témoins était sans importance. Les époux Guillot en avaient cité quatorze à décharge. La plupart ne savaient rien, quelques-uns se sont contredits. Un autre, au contraire, a déclaré que les époux Guillot maltraitaient leur fille.

Dans son réquisitoire, le ministère public a demandé une peine sévère contre la femme Guillot, « cette dernière des marâtres », a-t-il dit, et des peines moindres contre Guillot et la veuve Bieuron, tante de la jeune fille, comprise dans la poursuite.

— Me  Burnouf, le défenseur, visiblement ennuyé par l'attitude de la femme Guillot, a essayé d'un dérivatif et de faire rire en lisant une chanson où les époux Guillot et le curé de la paroisse aussi sont assez malmenés.

Le tribunal a condamné la femme Guillot à 100 fr. d'amende ; Jules Guillot, à 50 fr., et la femme Bieuron, à 25 f.

Jeudi soir, comme on craignait un charivari, des gendarmes sont venus à Louvigny. Mais tout le monde a été sage, et la force publique en a été quitte pour une promenade hygiénique. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Mars 1901   -   Réduction de la durée du service militaire.  -   Il est sérieusement question de réduire la durée du service militaire à deux ans. Cette loi serait précédée d'une autre sur les engagements et les réengagements des sous-officiers et soldats, afin de former des cadres avec des soldats ayant cinq ans de service. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1901   -   Tous mécontents.  -   Le jugement condamnant la femme Guillot à 100 fr. d'amende ; son mari à 50 fr. et la veuve Bieuron à 25 fr. pour mauvais traitements envers leur fille et nièce, parce qu'elle veut se marier à son gré, n'a satisfait ni les condamnés, ni le ministère public.

Confiants dans la prédiction du curé de Louvigny, qui avait dit au prône qu'ils seraient acquittés, les époux Guillot espéraient s'en tirer les bragues nettes. Quant au ministère public, comme il réclamait de la prison contre la femme Guillot, il se pourrait qu'il portât l'appel, surtout en raison de l'attitude de cette mère incroyable, car, à l'audience et malgré le certificat de médecin attestant la pureté de sa fille, elle a continué à prétendre qu'elle avait une mauvaise conduite, qu'elle découchait même, et que le maire de Louvigny l'avait surprise avec un jeune homme. Le maire, entendu comme témoin, a déclaré n'avoir jamais vu rien de semblable.

En présence des affirmations mensongères et des procédés de la femme Guillot, qui a tenu vingt minutes sa fille par les cheveux devant témoins sous prétexte de l'humilier, il est permis de supposer qu'elle n'a pas toujours sa raison. Le mari, lui, est sourd et frappe comme tel, le plus joli, c'est qu'il est conseiller municipal et marguillier. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Avril 1901   -   Maître brutal et chiens méchants.  -   L'importante ferme d'Athis, située sur Louvigny, près Caen, est tenue par les frères Thouroude. Un de leurs domestiques, Eugène Leroy, 26 ans, né à Maizet, refusa de travailler l'après-midi du lundi de Pâques sous prétexte que c'était jour férié et il alla se promener. Lorsqu'il rentra le soir, vers sept heures, un des frères Thouroude lui fit des reproches et le frappa. Leroy se défendit. C'est alors que les chiens de la ferme, excités par leur maître, se jetèrent sur le malheureux domestique et le mordirent si profondément qu'il fallut le transporter à l'hospice. Voilà ce que raconte Leroy.

D'un autre côté, on dit que le domestique se serait mis dans son tort en voulant forcer une porte pour entrer dans la maison. Ces faits n'ont été connus que jeudi dernier, lorsque les gendarmes sont venus pour faire une enquête, qui sera délicate, car, quoi qu'on dise, personne d'étranger à la ferme n'a assisté à la scène. Ajoutons que les chiens de la ferme d'Athis sont fort dangereux. Le facteur-receveur de Louvigny a été assailli plusieurs fois par eux et l'administration des postes a dû intervenir. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1901   -   Profanation ignoble.   -  Par deux fois, un ignoble personnage a souillé une tombe dans le cimetière de Louvigny. Nous espérons qu'une enquête sérieuse va être faite afin de  découvrir le misérable qui s’est rendu coupable de cette sale profanation. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Juin 1901   -   Mines.   -   Le comte de Bourmont demande une concession de mines de fer sur le territoire des communes de Louvigny, Éterville, Maltot et Feuguerolles. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Juillet 1901   -   Un noyé qui se porte bien.  -   Dimanche, plusieurs jeunes gens de Louvigny se baignaient dans l'Orne. L'un d'eux, Jules Berteaux, pris de fatigue, coula tout à coup.

Ses camarades se portèrent à son secours et, peu après, il rentrait chez lui. C'est donc à tort que l'on a dit qu'il s'était noyé. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Août 1901   -   Sus aux nomades.  -  Dernièrement, aux portes de Bayeux, des nomades dévalisaient les fleurs d'un jardin. Le propriétaire, M. Le Privey, ayant protesté, fut frappé violemment. Il porta plainte, mais, pour obtenir justice, il devra supporter les frais de procédure, sans compter les 10 francs versés au médecin chargé de constater la trace des coups reçus.

— C'est sans doute la même bande de nomades, la plupart Allemands, qui s'est abattue dimanche sur Louvigny, où ils se sont installés comme chez eux, barrant même l'Orne avec une corde pour y établir un tir. Un brave ouvrier, ayant été uriner derrière l'une de leurs voitures, plusieurs hommes de la bande se sont rués sur lui et l'ont frappé et renversé en lui abîmant la mâchoire d'un coup de talon de soulier. La population s'est ameutée, et si l'autorité n'avait pas protégé ces misérables, il leur en eût cuit.

Puisque certains maires, par peur, laissent leurs communes à la discrétion de ces nomades, puisqu'il faut avoir l'argent à la main pour obtenir justice, que les habitants de la campagne se la fassent eux-mêmes et secouent ces malandrins de façon à leur enlever l'envie de revenir. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1901    -   Récompenses honorifiques.  -   Un témoignage officiel de satisfaction vient d'être accordé à Eugène Marie, 18 ans, demeurant à Louvigny, qui a sauvé, la 21 juillet un jeune homme qui se noyait dans l'Orne.

— Au banquet de l'Union des Présidents des Sociétés de Secours mutuels de France, le Ministre de l'Intérieur a remis à M. Alphonse Chatel, président de la Prévoyance, des ouvriers des chemins de fer de l'Ouest, le ruban de la mutualité avec la médaille d'argent. M. Chatel, officier d'académie, est originaire de Parfouru-l'Eclin, arrondissement de Bayeux. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1902  -  Fête.  -  Dimanche 21 septembre, fête St Côme. Régates sur l'Orne, mât de cocagne, jeux divers, illuminations. Bal gratuit.

 

Mars 1903   -   Fraudeurs pincés.  -  Vendredi matin, vers 3 heures, des employés de la régie de Caen, en observation au bout des chasses de Louvigny, virent passer, allant vers Caen, deux voitures qui leur parurent contenir de l'eau-de-vie de fraude. Ils les suivirent et, quand elles arrivèrent près du passage à niveau de la prairie, ils tirèrent des coups de revolver en l'air.

Là conducteur de la seconde voiture nommé Prével, 30 ans, déjà condamné d'eux fois pour fraude en 1901, fût effrayé, il s’arrêta et laissa les employés saisir son chargement. Les Carrières du passage à niveau étant ouvertes le conducteur de la première voiture fit prendre le galop à son cheval, mais il le dirigea mal et la voiture tomba sur le côté. Le conducteur ainsi qu'un homme qui était avec lui s'enfuirent.

Prével, arrêté, refusa de donner le nom de son maître, mais on sait qu'il travaille pour un fraudeur bien, connu, le nommé Gastebled, dont nous nous sommes occupés à plusieurs reprises, et qui transporte de l'eau-de-vie en fraude pour un marchand de l’arrondissement de Lisieux. Les deux voitures saisies contenaient sept fûts de trois-six à 96° et un petit baril d'eau-de-vie de cidre de trois litres, en tout 873 litres, passibles, d'un droit de; 2 469 fr.

La femme Gastebled précédait les fraudeurs pour s'assurer qu'aucun danger n'était à redouter. C'était elle qui avait fait ouvrir les barrières. Elle était allée jusqu'à l'octroi du Grand-Cours, mais y ayant aperçu des employés en observation elle revenait pour faire rebrousser chemin aux fraudeurs quand les fuyards lui apprirent que leur chargement était pris. Les voitures avaient de fausses plaques, mais on croit connaître le nom de leur propriétaire.

— Près de la gare de Jort, les employés de la régie aperçurent deux individus dans une voiture qui filait bon train. Ils la perdirent de vue. Des gendarmes en tournée les accompagnèrent et bientôt, dans une côte, ils trouvèrent la voiture arrêtée. Le cheval était fourbu.

Les individus s'enfuirent et abandonnèrent la voiture qui portait une plaque au nom de Pierre et contenait 400 litres d'eau-de-vie. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1903    -   Maman ! les petits bateaux…  -  Il y avait une fois, sur notre rivière, un petit bateau qui allait sur l'eau. Or, ce bateau portait à Louvigny des voyageurs, le dimanche, et quelquefois sous semaine, quand il faisait beau.

Mais il paraît que, pour canoter les gens moyennant rétribution, il faut en payer une assez forte aux contributions. Le propriétaire du petit bateau ignorait ce détail (on ne peut pas tout savoir), et il avait négligé de faire la déclaration obligatoire. Il allait donc écoper d'un bel et bon procès, lorsqu'il eut vent de la chose et joua aux employés, venus pour le prendre en flagrant délit, le bon tour de les embarquer à son bord et de les promener gratis, alors qu'ils espéraient bien qu'on allait leur demander un droit de passage. Le capitaine avait donc, ainsi paré adroitement le procès. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1903   -   Malveillances stupides.   -   Un individu a coupé, la nuit, les crins de la queue à six poulains au piquet dans les champs, appartenant au sieur Alfred Thouroude, à Louvigny, c'est un préjudice, de 1 000 fr.

— Même commune, le sieur Jean Guillot a constaté que l'on avait coupé les crins de la queue de sa jument. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1904  -   La crue de l’Orne.   -   Les pluies de ces derniers jours ont amené une forte crue de l'Orne. La prairie de Caen, les prés de Venoix et d'Allemagne sont envahis par les eaux.

Une partie de la commune de Louvigny est inondée. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Février 1904  -   Politique et alcool.   -   Dans la nuit de dimanche, vers 2 heures, le sieur Alphonse Lecornu, 32 ans, journalier à Louvigny, près Caen, marié et père de cinq enfants, était à boire avec des camarades chez le sieur Faucon, propriétaire, qui leur annonça son intention de se porter au conseil municipal. On se mit à parler politique et bientôt la discussion s'envenima. Lequest, Othon et Bertheaume père et fils se jetèrent tous ensemble sur Lecornu, qu'ils rouèrent de coups. Puis, l'entraînant sur la route, ils l'y laissèrent presque assommé.

Entendant crier « au secours ! » le garde champêtre et le curé accoururent, relevèrent Lecornu évanoui et on le transporta chez lui. Son état actuel est très grave, il a trois trous à la tête, un autre, très profond, au front, et une grave blessure au bas-ventre. Il a pu déclarer qu'il n'était pas ivre.

Quant à ses agresseurs, ils paraissent ne se rappeler de rien. Dans la bagarre, ils se sont frappés entre eux. Un nommé Letavernier, qui assistait à la scène ; mais n'y a pas pris part, a reçu un coup sur l'œil gauche, et, Lequest dit que Faucon l'a frappé.

Au cours de l'enquête, Faucon aurait outragé le garde champêtre. Lecornu est bien connu des canotiers de l'Orne, il a été maître nageur dans une école de natation. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Février 1904  -   La tempête.   -   Depuis bientôt dix jours une tempête épouvantable désole notre région. Le veut souffle en bourrasque, la pluie, la grêle et la neige tombent en cataractes. Partout les rivières débordent.

 L'Orne et l'Odon sortent de leur lit et inondent les prairies. Celles de Caen, Mondeville, Hérouville et Ranville sont sous l'eau. Les habitants de Louvigny et du bas Venoix sont bloqués  chez eux.

 A Pont-l’Évêque on aurait pu aller en bateau dans certaines rues et la municipalité a dû organiser un service de voitures. Une voie de garage s'est affaissée et devra être refaite.

La crue de la Touques et de l'Orbiquet a été une des plus fortes qu'on ait vues.

Pourtant Lisieux a été épargne, grâce à ses récents travaux de protection.

 A Orbois, canton de Caumont, un champ de pommiers a été dévasté, quarante-trois ont été arrachés par le vent.

— A Feuguerol!es, un gros sapin, rompu, a été transporté dix mètres plus loin.

— A Mesnil-Mauger, la Viette a inondé les chemins sur plus d'un kilomètre et arrêté complètement la circulation.

 A Saint-Pierre-sur-Dives, il y a eu 0,50 centimètres d'eau dans les prés ; on n'avait pas vu pareille crue depuis celle de 1881.

 Sur la cote, la mer charrie des épaves nombreuses. En outre du naufrage de l’ « Etienne-Maurice » dont nous parlons plus haut, de nombreux navires ont été on perdition.

— L'Espérance, de Trouville a été sauvée par le canot de sauvetage de Honfleur.

 La « Rose-Marguerite » de Grandcamp, montée par sept hommes, a été rasée comme un ponton et l'équipage, enfermé dans la chambre et attendant la mort, a été sauvé par un autre bateau, le « Noël », qui, avec une peine inouïe, l'a ramené au port.

 La tempête dure encore et ne paraît pas devoir cesser de sitôt. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1904  -   Une noyée.   -   La veuve Durville, née Rose Cauvet, 67 ans, demeurant à Louvigny, donnait, depuis longtemps, des signes d'affaiblissement

d'esprit, et sa famille la surveillait étroitement, mais à plusieurs reprises elle avait pu échapper à cette surveillance.

Lundi dernier elle y échappa encore et mardi matin on trouvait son cadavre à Venoix, dans le bras de l'Odon qui longe le chemin conduisant au Pont-Créon, sous le pont du chemin de fer de la Mer.  (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1904  -   Coup malheureux.   -   L'autre soir, Octave Hue, domestique à Louvigny, près Caen, était gris et tomba en voulant sortir. Son maître, le sieur Thouroude, pour le faire se relever, le poussa du pied. Malheureusement, il blessa assez sérieusement le pochard à l'œil. Hue a été envoyé à l'hôtel-Dieu. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Septembre 1904  -   Accident du travail.    -    Jeudi soir, à Louvigny, en aidant au déménagement de l'abbé Lemullois, ancien curé de cette commune, nommé à Bretteville-sur-Laize, le sieur Baugé, camionneur chez M. Blochon, à Caen, est tombé du haut d'une voiture en mettant une bâche et s'est cassé les deux poignets. Baugé est veuf et père de deux enfants. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

Octobre 1904  -   L’alcool.    -   La femme Aumont, garde-barrière près de la gare, à Harcourt, à la suite d'une discussion avec son mari qui lui reprochait de boire, est partie avec ses deux enfants, l'un de cinq mois, l'autre de deux ans et demi. 

Elle a pris le train de Caen et s'est rendue dans la prairie. On croit qu'elle s'est jetée dans l'Orne avec ses enfants, du haut du pont de Louvigny, car on a retrouvé à cet endroit le biberon du bébé, et les recherches faites dans la rivière on amené la découverte, en aval du pont, les trois cadavres étroitement enlacés. Les époux Aumont avaient été gardes barrière à Louvigny. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Novembre 1904  -   Les crimes de l’absinthe.    -    Émile Blanquette, 27 ans, ouvrier menuisier, demeurant à Louvigny avec sa mère, 65 ans, est un bon ouvrier, mais il a le tort d'abuser de l'absinthe, qui lui donne une ivresse furieuse. Alors, il frappe sa mère avec la dernière violence et brise tout chez lui. Les voisins, indignés, l'ont signalé au Parquet. 

A l'audience, sa mère a essayé d'atténuer la gravité des faits. Émile Planquette a été condamné à un an de prison avec la loi Bérenger. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1904  -   Un petit trésor.    -   En travaillant chez Mlle Poitevin, propriétaires à Louvigny, près Caen, le sieur Cauchard a trouvée enfoui, dans l'étable de la maison, un pot contenant 280 écus de 3 fr. et de 6 fr. en argent, datant de la fin du XVIIIem,  siècle.

Ces pièces avaient dû être cachées par une dame Delaunay. Elles ont été partagés par moitié entre les demoiselles Poitevin, et le sieur Cauchard. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1904  -  Exploits imbéciles.  -   Il y a quelques années, on avait planté d'arbres la route passant dans la prairie de Louvigny. C'était une bonne idée, car cette longue traversée n'a pas un abri contre la pluie ou le soleil. Seulement, l'essence choisie, une sorte de tilleul, ne s'est pas plue dans ce terrain marécageux et les arbres n'y croissent pas. Mais, pour comble, des passants imbéciles s’amusent à les mutiler, un grand nombre ont des branches brisées, d'autres ont été rompus à hauteur d'homme. C'est une plantation à refaire. 

   L'autre nuit, de malfaisants farceurs ont déraciné de jeunes arbres fraîchement plantés sur les promenades Saint-Julien et démoli un bec de gaz. Un peu de surveillance s'impose dans ce coin toujours désert. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1907  -  Mérite agricole.   -  L'Officiel d'hier publie les décrets de nominations dans l'ordre du Mérite agricole rendus dans le courant du mois de décembre. Voici les noms des  nouveaux promus qui appartiennent à notre région et dont nous avons annoncé à son temps les nominations.

Et nommé commandeur : M. du Pontavice de Heussey, directeur du Haras du Pin.

Sont nommés officiers :  MM. Godefroy, marchand de beurre et de fromage à Caen ; Guesdon, agriculteur à Louvigny.

Sont nommés chevaliers : MM. Cautru, négociant à Caen ; Burin, éleveur à St-Germain-de-Clairefeuille (Orne) ; Cadiou, brigadier retraité des haras à La Cochère (Orne) ; Cassigneul, cultivateur à Démouville ; Cavoy, éleveur à La Cochère (Orne) ; Delaunay, brigadier au dépôt d'étalons du Pin (Orne) ; Forcinal, éleveur à Nonant-le-Pin.

MM. Le More, professeur à l'école des Haras du Pin (Orne) ; Mauger, agriculteur, de St-Jacques de Lisieux ; Morice,

 agriculteur, d'Ouilly-le-Vicomte ; Renault, agriculteur, de Livarot ; Robert, brigadier retraité des haras, au Merlerault ; Tribout, éleveur, de Château d'Almenèches (Orne) ; Vieillot, palefrenier  de première classe au dépôt du Pin. (Source : Le Moniteur du Calvados)

 

Avril 1907  -  Mort du maire.  -  On annonce la mort de Pierre Ozanne, maire de Louvigny, décès dans sa 62e année, après une courte maladie. Ses obsèques ont eu lieu lundi.

 

Juin 1913  -  Une brute  -  François Aline, 28 ans, maçon,  est marié depuis 11 mois seulement à Marie Hélène, 21 ans, ménagère. Il a rendu presqu'aussitot la vie impossible, à sa femme.  Chaque fois qu'il était ivre. La dernière fois, alors que la malheureuse, qui est bien considérée, était enceinte de 8 mois, il l'a jeté trois fois a terre et l'a traînée par les cheveux. Il est revenu  ensuite faire du scandale chez sa belle-mère,  dont le mari venait de mourir, puis a quitté Louvigny pour aller habiter à Rennes, en emportant le mobilier, et en laissant sa femme sans ressources avec l'enfant. Par défaut, Aline est condamné à 15 jours de  prison.

 

Octobre 1913  Un Noyé  -  On a trouvé lundi matin dans l'Orne, en face le débarcadère de Louvigny, a six mètres de la rive, un noyé qui a été reconnu pour être le nommé Eugène Faliard,  45 ans, marchand de peaux de lapins, connu dans la région. Alcoolique invétéré, il a dû tomber accidentellement dans la rivière. 

 

Août 1915  -  Attention aux chiens !  -  L'épidémie de rage, déchaînée cet été, n'est pas encore terminés. Ces jours ci un chien, qu'on croit enragé a parcouru la banlieue de Caen. il a dû  passer à Louvigny et, à Bretteville-sur-Odon, il a mordu une fillette de 14 ans qui a été envoyée à l'Institut Pasteur. Cette bête dangereuse a été abattue ainsi que plusieurs chiens mordus par elle. A Venoix, le chien de M. Tostain, propriétaire, a dû être tué aussi. A Bricqueville, près de Trévières, on a abattu le chien de Mme Basley, épicière. Cet animal a été autopsié. Il était bien hydrophobe et il a mordu d'autres animaux, chiens et chats qu'il a fallu occire de même.

  

Septembre 1917  -  Sauvages déprédations. -  Plusieurs lecteurs nous avertissent que des individus, parmi lesquels des mobilisés, ravagent presque chaque jour la rivière au-dessus de  Louvigny. Ils y prennent un bateau et jettent au fond des cartouches de dynamite, prenant quelques poissons et en détruisant des quantités. Même ils risquent de blesser des passants. Les gardes-Champêtres ? il n’y en a pas. Les gardes-Champêtres ? Ils sont occupés à demander leurs papiers aux permissionnaires.  

 

Janvier 1920  -  Le temps qu’il fait.   -   Les pluies ont cessé. Il était temps ! Partout, dans la région, les rivières étaient débordées. L'Orne avait envahi les deux prairies et bloqué les bonnes gens de Louvigny.

Pourtant, des bestiaux sont restés au pâturage jusqu'à la fin, cherchant leur vie sur les rares îlots de verdure qui émergeaient encore. Il y a tout de même des propriétaires bien Insouciants ! Leurs bêtes étaient assurées, sans doute. 

   Chose singulière, il a fait, le Jour de l'An, un temps épouvantable et, le lendemain, une journée superbe. Des malins prétendent que le bon Dieu a fait erreur dans sa distribution de contingences terrestres et qu'il a interverti les deux atmosphères. 

C'est le jour supplémentaire de l'année bissextile qu’il aurait ainsi emberlificoté, et comme l'almanach du Bonhomme Normand n'est pas encore paru, il n'a pas pu se renseigner. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Avril 1920  -  Une manie dangereuse.   -   Trois condamnations déjà encourues par la femme Viel, née Marguerite Salvé, 33 ans, cultivatrice à Louvigny, ne l'ont pas encore corrigée de sa manie de la fraude. 

Elle vient encore de comparaître devant le Tribunal correctionnel de Caen pour mouillage de lait dans la proportion de 20 %. Les juges se sont montrés sévères et ont condamné l'incorrigible fraudeuse à trois mois de prison, sans sursis, 2 000 fr. d'amende, l'insertion dans les journaux et l'affichage. Espérons que, cette fois, la leçon lui profitera. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1921  -   Procédé brutal.   -  M. de Samie, propriétaire à Louvigny, a porté plainte contre un individu de 25 ans environ, qui l'a frappé d'un coup de tête dans la figure, parce qu'il voulait l'empêcher de passer dans son pré. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1922  -   Les pompiers de Louvigny.    -   Ils deviendront bientôt plus célèbres que ceux de Nanterre.

Au concours de Lisieux le 23 avril, ces braves sauveteurs ont eu les plus beaux succès qu'on en juge :

Manœuvres, 1er  prix, avec félicitation du Jury.    Tenue, 1er prix.    Stratégie, officiers, 1er prix avec félicitations, lieutenant Hervieu. Théorie sous-officier sergent Cauchard. Il n'est pas jusqu'à l'habile tambour de la Cie, Libois qui, lui aussi, n'ait eu son premier prix.

En présence de ces succès, le dévoué maire, M. Lesaunier, nage dans la joie, et certains caennais ont déjà l'intention, quand ils auront le feu, d'aller le porter à Louvigny, pour l'y faire éteindre. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1922  -  Absurdes destructions.    -    On sait comment, pendant la guerre, et quelque temps encore après, nos pauvres rivières ont été ravagées par les pirates qui y faisaient exploser à chaque instant des cartouches de dynamite.

Une énergique répression avait amené la fin de cette absurde campagne de destruction. Mais voici qu'elle recommence.

Ces jours derniers, près du pont de Louvigny, des cartouches étaient lancées en plein midi, devant les pêcheurs des rives, stupéfaits et indignés. Et d'autres méfaits de ce genre sont commis un peu partout, car il n'est pas rare de voir passer à fleur d'eau des poissons que les commotions ont tués, sans aucun profil pour personne. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1923   -  Le temps qu’il fait.   -   Nous avons, cette année encore, un de ces hivers pourris auxquels, depuis le temps, nous devrions être accoutumés. Les tempêtes, survenues, aux derniers jours de l'année, avaient amené de tels « abats d'eau », que partout, les rivières ont commencé à déborder. La prairie de Louvigny était inondée déjà et celle de Caen blanchissait à vue d'œil. Depuis, il est revenu un peu de sec, mais les inondations restent, toujours à redouter.

Heureusement, la végétation n'a pas eu à souffrir de cet état de choses, car la température demeure assez égale. Pourvu que la fin de l'hiver ne nous réserve pas de trop désagréables surprises ! (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1923  -  Crue de l’Orne.  -  Par suite des pluies  persistantes des jours derniers, l'Orne a envahi les prairies de Louvigny, et une grande partie de la prairie des courses est inondée.  

 

Juillet 1923  -  Pour sauver son enfant une femme tue son mari.  -  Le 24 juin dernier, un jeune ménage s'installait dans la coquette et paisible bourgade de Louvigny, cette fraîche oasis aux forêts de peupliers et aux vertes prairies, promenade bien connue de nos pêcheurs à la ligne qui le dimanche vont planter leurs gaules sur les berges de l'Orne. C'est  paysage reposant,  éloigné du bruit de la ville et bien fait pour les petits retraités ou rentiers d'âge mûr, qui vont fixer leur demeure.  

Le jeune ménage dont nous parlons avait élu domicile dans la rue principale et occupait depuis la Saint-Jean une modeste habitation de trois pièces pour quatre personnes : le mari, 29 ans, chauffeur d'auto, la femme, âgée de 22 ans, la mère de celle-ci et un ravissant petit garçon aux boucles blondes et aux yeux bleus, dont le sourire fut accueilli avec tendresse par les bonnes vieilles du quartier.
Cependant, dès le premier Jour, on s'aperçut dans le voisinage que le bonheur ne hantait pas le nouveau foyer. Les époux Viel avaient des discussions fréquentes.
Depuis une quinzaine, le mari, employé précédemment aux établissements Salle, route de Falaise à Caen, était sans travail, les ressources communes s'épuisaient, les scènes devinrent plus violentes, une vie d'enfer commença.  

Douce et résignée, Mme Viel, par peur du scandale, et par affection pour son enfant, supporta sans proférer une plainte, les brutalités dont elle était victime. Seuls, les proches voisins connaissaient le secret douloureux de son martyre.
La jeune femme avait été occupée pendant quelques semaines à l'hôtel de Falaise, mais les incartades du chauffeur parurent intolérables au propriétaire. C'est qu'en plus de ses nombreux défauts. Marcel Viel était animé d'une jalousie féroce. Ses agissements dans l'hôtel et la surveillance qu'il exerçait auprès de la clientèle, avaient rendu impossible le séjour de sa compagne dans la maison. La malheureuse rentrée à Louvigny, continua à subvenir aux besoins du ménage par des travaux de couture, pendant que le mari dévoyé errait à travers les rues  de la ville, en quête d'un emploi, mais surtout pour satisfaire son intempérance.
Le prélude du drame.  -  Jeudi matin, avant de partir pour Caen, l'ex.chauffeur eut une vive altercation avec sa femme. Cependant, comme elle en avait l'habitude, Mme Viel lui porta vers midi, son déjeuner, sur le Grand Cour. Le couple se rencontra en face de l'école de natation.

 - « Sais-tu que j'en ai soupé de cette vie, s'écria le chauffeur en abordant, sa compagne. Il faut en finir une bonne fois. Je retourne avec toi à Louvigny.».

M. Viel reprocha à sa femme ses prétendues relations avec des amis dont il citait les noms. L'homme, à peu près ivre, eut même un geste de violence. Frappée au visage, sa femme trébucha. Cependant elle s'efforça de rappeler a plus de raison, le chauffeur, qui menaçait d'assouvir sa rage sur elle. Lorsqu'ils eurent franchi le seuil de leur humble logement, la scène recommença plus tragique.
En chemin, Marcel Viel avait bu un litre de vin rouge rapporté de la ville. Devenu fou furieux, il ferma la porte à clé. se dirigea vers une commode et sortit d'un tiroir un revolver.
« Au revoir, la vieille ».  -  Mme Viel comprit à se geste que ses jours étaient en danger. En poussant un cri, la malheureuse sortit précipitamment par la porte de la cuisine et courut se réfugier à l'extrémité du village, chez Mme Mauban.
     - « Cachez-moi, cachez-moi, je vous supplie, dit-elle à cette dernière mon mari veut me tuer ».
Déconcerté un instant par le départ de celle qu'il venait de terroriser, le chauffeur, toujours armé, pénétra dans la cour pour menacer sa belle-mère, Mme Onfroy.
 - «  est-elle, ou est-elle,  dites-le-moi, ou je vous « zigouille » vous et le petit, hurlait le misérable ».
Mme Onfroy rappela au calme l’énergumène. Elle réussit à, lui enlever des mains le revolver qu'elle dissimula quelques instants après sur une planchette du poulailler.
Cependant le chauffeur, au comble de la surexcitation réclamait toujours la fugitive. S'imaginant que, de désespoir, l'infortunée était allée se jeter dans l'Orne, il prit par la main son enfant, Robert, âgé de 3 ans  « Suis-moi, lui dit-il, c'est le jour de la baignade. Au revoir la vieille et bonne chance. Comme cela tout le monde y passera ».̃

L'enfant accompagna en sanglotant le père dénaturé. On les vit s'éloigner dans la direction de la rivière. Mme Viel, avertie par une voisine, rejoignit la maison. Elle eut une crise de larmes en apprenant que son pauvre petit Robert avait été entraîné par le chauffeur. Au moment elle se disposait à sortir pour arracher l'enfant à une mort qu'elle croyait certaine, Marcel Viel reparut ses yeux exorbités.
Comme la malheureuse mère couvrant de baisers, en l'attirant vers elle, l’enfant, sa seule consolation dans une telle détresse, le chauffeur ouvrit de nouveau le tiroir de la commode, mais le revolver n'était plus là.
Une inspiration criminelle lui monta alors au cerveau. Une seconde après, il brandit un rasoir.
Le dénouement tragique.  -  Effrayée, affolée en présence de cette nouvelle menace, Mme Viel, dans un mouvement instinctif, s'empara du revolver revint vers le monstre qui s'était assis à boire un verre de cidre.

Avant que le chauffeur ait deviné la terrible menace, elle s'approcha et tira à bout portant à trois reprises. Blessé mortellement, à la tempe droite. Marcel Viel s'écroula sans un cri. Une mare de sang inondait le plancher.

L’épouse justicière déposa l’arme sur une table, annonça le tragique événement à sa mère, s'habilla rapidement et, après avoir recommandé de veiller sur son fils, elle alla se constituer prisonnière à la gendarmerie de Caen. Là, elle relata avec des sanglots toutes les circonstances du meurtre, en clarant qu'elle avait tiré pour sauver l'enfant.
Dans la soirée même, le gendarme Druoton procédait à une rapide enquête sur les lieux, en recueillant les témoignages des habitants du quartier.
Le Parquet s'est transporté à Louvigny, hier; à 11 heures, assisté de M. le docteur Aumont, médecin légiste, et de M. le capitaine Wiart. La meurtrière fut conduite en auto à la maison s'était déroulé le drame.
Une scène extrêmement poignante se produisit lorsqu'elle fut mise en présence du cadavre.
L'Instruction a établi que la victime de cette émouvante tragédie avait déjà plusieurs fois eu maille à partir avec la Justice, notamment dans une affaire de coups et blessures.

Les époux Viel étaient mariés depuis quatre ans. C'est à Juvigny-sur-Orne que le chauffeur connut celle qui devait être l'héroïne de ce drame. La meurtrière qui a passée la nuit au Commissariat central, a refusé toute nourriture.

 

Septembre 1923   -   Un désespéré.   -   On a retiré de l'Orne, à Louvigny, le cadavre de M. Albert Lequest, 61 ans, journalier dans la commune. Sorti de l’hôpital, il y a quelques semaines, il, avait déjà manifesté des intentions de suicide. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1923  -  Acquittée  -  La femme Viel qui comparait devant la cour, jouissait d'une excellents réputation. Elle n'a jamais été condamnée. Après plaidoirie de Me Bourlier, le jury est revenu avec un verdict négatif et la Cour a acquitté la femme Viel.

 

Novembre 1923   -   Vol sacrilège.   -   La gentille commune de Louvigny a un modeste monument aux Morts, placé à l'angle de deux chemins et entretenu avec le plus grand soin. Pour la Toussaint, des mains pieuses avaient placé, dans chacune des quatre urnes métalliques qui l'entourent, un joli pot de chrysanthèmes. Ces fleurs ont été enlevées dans la nuit de samedi à dimanche.

Par qui ? On ne suppose pas que ce soit par des habitants de la commune mais plutôt par quelque ambulant qui n'a pas eu conscience de l'abjection de son apte. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1924 -  Incendiaire pour se venger de sa Belle-mère.  -  René Vermont, ouvrier télégraphiste, âgé de 42 ans, habitait depuis quelque temps à Louvigny, un immeuble appartenant à sa belle-mère, Mme Trelly. Les discussions étaient fréquentes dans le ménage. Vermont avait des habitudes d'intempérance qui firent regretter à la belle-mère sa généreuse hospitalité. Elle s'efforça, vainement avec sa fille de ramener dans le droit chemin l'alcoolique incorrigible dont les appointements étaient en majeure partie dépensés dans les auberges. Sous l'empire de la boisson, l'ouvrier télégraphiste menaça plusieurs fois de mettre le feu à la maison de Mme Trelly. Le 20 avril dernier, il rentra chez lui complètement ivre. Pendant que sa femme, était occupée à certains travaux dans le jardin, Vermont entassa des fagots dans la cheminée et y mit le feu. Lorsqu'ils aperçurent les flammes, deux de ses enfants, âgés de 13 et 15 ans, s'écrièrent effrayés : - « Maman, viens vite, papa vient de mettre le feu ».
Un voisin, M. Lesaulnier, accourut et réussit, à éteindre le brasier, mais au même moment le télégraphiste escaladait, une échelle conduisant au grenier. Bientôt, après une fumée,
épaisse traversait la toiture de l'immeuble. Vermont, pour empêcher les secours, s'était empressé d'enlever l'échelle. Son attentat accompli, et tandis que les habitants du quartier combattaient l'incendie, l'ivrogne vite redescendit s'enfermer dans la cave. Après avoir bu deux bouteilles de vin, il avait ouvert les robinets de toutes les futailles. - « Tu ne profiteras toujours pas du jus, dit-il à sa femme… »
L'incendie avait pris de rapides proportions. La toiture fut détruite et tous les objets mobiliers contenus dans le grenier avaient été la, proie des flammes. Vermont, arrêté dans la soirée par les gendarmes, était dans un tel état d'ivresse qu'il ne put être interrogé que le lendemain.

A l'instruction, il se défendit d'avoir voulu provoquer un sinistre, prétendant que l'incendie qui s'était déclaré avait été occasionné par un feu de cheminée. Les divers témoins entendus protestent contre cette allégation.
Vermont appartenait depuis longtemps au service des P. T. T. et il s'y était fait apprécier par son travail, on lui reprochait seulement de s'adonner à la boisson.
 L'accusé a été examiné au point de vue mental par le docteur Tissot, mais il a été reconnu entièrement responsable de ses actes.
Après interrogatoire et plaidoirie, l'accusé a été acquitté.

 

Juillet 1924  -  Mort atroce d'une cultivatrice.  -  Un accident cruel s'est produit mardi soir, dans une ferme de Louvigny. Mme Anne, cultivatrice, s'était rendue vers 19 heures dans un herbage, pour rentrer une vache à l'étable. Elle commit l'imprudence d'enrouler autour de son poignet, la corde du licol. Mme Anne se trouvait depuis un moment sur la route qui borde l'herbage, lorsque la vache devenue furieuse, la renversa et la traîna sur une certaine distance. Des passants se portèrent au secours de la malheureuse fermière qui fut trouver inanimée à l'entrée d'un champ de blé. Elle avait toujours autour du poignet, la corde fatale. La vache, à bout de souffle, s'était arrêtée et se laissa docilement reconduire à l'étable. Tous les soins prodigués à Mme Anne, furent inutiles, la mort avait fait son œuvre.

 

Janvier 1925  -  La crue de l’Orne.  -  Nous avons signalé la situation particulièrement critique des habitants de Louvigny. Cernée par la rivière dont le courant impétueux a transformé en canaux navigables ses rues étroites et ses jardins, la petite agglomération  flottante présentait hier, sous le soleil, un paysage pittoresque. Grimpés dans les étages avec ce qu'ils ont pu sauver de mobilier, les sinistrés qui ont connu semblables avaries en 1910 et en 1916, semblent avoir bon moral et attendent patiemment la fin de la crue.

Nous étant rendu sur les lieux pour constater les progrès de la crue qui sévit dans ses parages, le sympathique et dévoué maire de la commune, M. Lesaulnier, nous propose de l'accompagner en barque à travers les voies submergées de la petite localité. M. Lesaulnier n'a voulu céder à personne la tâche parfois périlleuse du ravitaillement à domicile, et le service de distribution postale s'effectue régulièrement par ses soins deux fois par jour. Le plus adroit rameur du pays, M. Lesaulnier, accède partout avec son embarcation, il prend et repasse paniers et filets à provisions l'aide d'une perche qui arrive jusqu'aux lucarnes des greniers.

Malgré la soudaineté du débordement de l'Orne dans la nuit de samedi, les dommages éprouvés par la population de Louvigny sont relativement peu élevés en raison de la rapidité avec laquelle furent organisés les secours.

 

Janvier 1925   -  Inondations.   -   Nous avons voulu nous rendre compte par nous-mêmes de l'action des eaux à Louvigny dont on nous avait dépeint l'aspect lamentable. Par la rue de Maltot, le Bas-Venoix et le Mesnil, à travers un paysage désolé, recouvert, lui aussi, par l'inondation et au-dessus duquel tournoient des vols de mouettes blanches, nous gagnons le petit village.

Un grand silence étend ses ailes de plomb sur les maisons qui semblent abandonnées. A la mairie, une secrétaire nous donne aimablement tous les détails que nous lui demandons. Les habitants n'ont pas été terrifiés par la crue subite de l'Orne, comme il a été dit.

Dès samedi matin, alors que la rivière débordait déjà, les villageois, gens habitués aux inconvénients de la proximité des eaux, montaient à l'étage supérieur les objets les plus précieux disposés au rez-de-chaussée, et groupaient leurs barques. Les maisonnettes étaient désertées et leurs locataires recueillis par les voisins.

L'inondation se développait rapidement, vers le soir le flot battait le socle du Monument aux Morts. De 6 h. 1/2 à 11 h. 1/2, on constatait une progression de dix centimètres à l'heure. Au matin, vers une heure, M. Lesaunier, maire de Louvigny, organise les secours.

Depuis hier, avec un dévouement et une activité auxquels il faut rendre hommage, il assure le ravitaillement de la population. Une de ces concitoyennes, Mme veuve Leboulanger, devant subir à l'hôpital de Caen une grave opération, il la transporta dans son canot, enveloppée de couvertures, jusqu'à l'automobile de place, attendant à trois cents mètres de là.

Y a-t-il beaucoup de dégâts ? demandons-nous, à une brave femme, qui tient sur le pas de sa porte une conversation animée, avec, plusieurs commères.

-   Des dégâts ! Mais mon bon Monsieur, regardez donc mon jardin. Tous les légumes dont perdues ! C'est une ruine pour moi ! Et que faire maintenant ? Je ne peux pourtant pas pousser la rivière avec un bâton !

Par un chemin détourné — car, il y a certaines voies plus d'un mètre vingt d'eau — nous atteignons la demeure du magistrat municipal. Alors que nous heurtions l'huis, botté à mi-jambe, il se préparait à sortir pour porter le courrier aux habitants isolés. Avec la meilleure grâce, il nous invite à visiter avec lui Louvigny sous les eaux.

Sa barque — un joli petit bachot à faire rêver le canotier le moins impénitent — est amarrée sur la grand place. Nous nous installons à l'avant, un vigoureux coup de rames et nous voilà partis pour une promenade qui serait charmante en toute autre occasion.

Les maisons les plus proches de l'Orne — guinguettes si joyeuses dès le printemps, propriétés de Caennais en villégiature, habitations proprettes de bons artisans — se sont vues hâtivement bouleversées. Par les fenêtres ouvertes, on aperçoit échafaudés en un relatif équilibre sur les tables, les fourneaux, tous les objets usuels parmi les chaises, les fauteuils, les tabourets. Dans une cour, un pressoir attendra longtemps les pommes qui lui étaient promises : elles ont été, au loin, emportées par le flot. Perché sur un toit, un coq surpris par les eaux, la tête rentrée en son plumage « hubbi », contemple de ses yeux ronds le poulailler tout proche.

Au seuil d'une jolie villa toute neuve, formant îlot, deux enfants jouent, amusés par le coup d'œil inattendu. Il n'est pas de petite tragédie sans note comique : du premier étage d'une chaumière, un habitant de Louvigny, s'emporte en de grands gestes contre l'inondation qui l'empêche d'aller travailler. Il a oublié « en bas », dit-il, ses sabots et ses chaussures que recouvrent maintenant une vingtaine de centimètres d'eau !

M. Lesaunier s'est rendu dans les demeures estivales dont il possède les clefs, il a pu de cette façon sauver leurs objets de prix. C'est ainsi que les meubles de valeur contenus dans la propriété de notre confrère Arthur Marye ont été préservés.

Avant de quitter M. Lesaunier inlassable, nous lui avons adressé nos vives félicitations, il nous est agréable de les lui renouveler ici-même, en terminant cet article. (Source  : Le Moniteur du Calvados)

 

Janvier 1925  -  Après l'inondation.  -  A mesure que les eaux se retirent, on constate que partout cette crue subite a causé beaucoup de dégâts. C'est ce qui est arrivé à Caen, où de nombreuses maisons et ateliers ont été envahi. « L’Odon » déversa ses eaux dans les caves, les dépendances du Bon Sauveur furent inondée. On eut recours aux pompiers pour épuiser l'eau des caves de la Banque de France. 

A Louvigny, une femme fut apportée en barque à Caen pour y subir une opération. 

Un affaissement s'est produit sur la voie de la ligne traversant le marais de Basseneville, que l'inondation a complètement immergée.

Le train quittant Trouville-Deauville a 6 h. 38 se dirigeant sur Caen, a déraillé entre les stations de Brucourt Varaville et de Dozulé. La machine et cinq wagons sortirent des rails, causant des dégâts importants. Les voyageurs ont dû être transbordés. Il n'y a pas eu d'accident de personnes. (source : L’Indicateur de Bayeux)

  138   Environs de CAEN (Calvados)   -  L'Orne à Louvigny

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