Mars
1901 - La rosière
de Louvigny, 23 ans, avait un fiancé. Ses parents en préféraient un
autre. Pour la faire céder, ils l'ont battue et traînée par les
cheveux. Enquête du Parquet sur la vertu de la demoiselle.
Louvigny s'enflamme pour et contre. Deux mannequins représentant les
parents sont brûlés publiquement le soir du Carnaval. Mais le curé
prend parti pour eux en chair : Le père de la rosière est conseiller
municipal et marguillier (trésorier de la paroisse).
En
correctionnelle, la mère prétend que sa fille, en fait de rosière est
une dévergondée. Mais la rosière produit un certificat médical de
virginité : 100 francs d'amende pour maman, 50 francs d'amende pour
papa, 25 francs pour une tante qui avait participé à la rossée.
Les gendarmes devront patrouiller toute la nuit à Louvigny.
Mars
1901 - La rosière de Louvigny.
- Une affaire qui
passionne en ce moment Louvigny a pour point de départ une question de
sentiment. La demoiselle Marie Guillot, 23 ans, qui a droit au titre de
rosière, avait un préféré. Ses parents voulaient lui en imposer un
autre. La jeune fille résista. Les parents usèrent à son égard de
violences telles que le parquet ordonna une enquête.
La
mère, pour s'excuser, prétendit que sa fille se conduisait mal. Une
visite médicale réduisit à néant cette accusation, qu'une mère
devrait être la dernière à porter contre sa fille.
Le
soir du mercredi des Cendres, au lieu du traditionnel mardi-gras, on
brûla deux mannequins qui étaient censés représenter les époux
Guillot. Plus de deux cents personnes y assistaient en chantant une
chanson de circonstance. Le dimanche suivant, le curé eut le tort de s'en
occuper au prône, car au lieu d'apaiser les esprits, cette intervention
les a excités.
A
propos de cette affaire, une pluie de lettres anonymes s'est abattue sur
Louvigny. Toutes sont de la même main et, malgré les grossièretés
qu'elles renferment, il est facile de voir qu'elles émanent de quelqu'un
qui a reçu une, certaine éducation. C'est évidemment un mauvais farceur
ou un déséquilibré qui se livre à ces fumisteries.
C'est
aujourd'hui que les époux Jules Guillot comparaissent devant le tribunal
correctionnel de Caen. Seront-ils acquittés, comme l'a prédit le curé
?... (Source
: Le Bonhomme Normand)
Mars
1901 -
Hier et aujourd’hui. -
« Mardi-Gras
n' t'en va pas, Nous ferons des crêpes, T'en mangeras, Et tu r'viendras...
» Ainsi chantaient nos pères, qui fêtaient joyeusement le Mardi-Gras et
la Mi-Carême et mangeaient volontiers des crêpes.
Mardi-Gras
revient depuis, chaque année, et, plus tard, la Mi-Carême, mais on
chante moins. On boit plutôt qu’on ne mange. Aussi voit-on beaucoup
plus de femmes se crêper le
chignon et moins de gens avaler des crêpes. L'esprit court toujours les
rues sous des formes diverses, mais ces blocs enfarinés n'ont pas
toujours la verve endiablée des « pézoux » et la gaieté
capricieuse des arlequins d'autrefois. Le temps change, les masques aussi.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Mars
1901 -
Affaire Guillot. - Jeudi,
est venue, devant la police correctionnelle de Caen, l'affaire des époux
Jules Guillot, cultivateurs à Louvigny, inculpés de mauvais traitements
envers Ieur fille, Marie Guillot, qu'ils voulaient contraindre à rompre
avec un jeune homme qu'elle aime depuis l'enfance.
Tout
Louvigny était là. La femme Guillot, dans son interrogatoire, a reconnu
qu'elle avait battu sa fille, qu'elle l'avait même un jour renversée et
traînée par les cheveux. Mais, pour s'excuser, elle a de nouveau soutenu
que c'était parce que sa fille se conduisait mal et qu'un soir on l'avait
surprise près du calvaire de la commune. Le président a relevé
énergiquement cette mensongère accusation, car, au cours de
l'instruction, Marie Guillot, pour mettre un terme à ces calomnies, a
demandé à être visitée par un médecin qui l'a reconnue digne d'être
rosière. Après cette déclaration, tout ce que pouvaient dire les
témoins était sans importance. Les époux Guillot en avaient cité
quatorze à décharge. La plupart ne savaient rien, quelques-uns se sont
contredits. Un autre, au contraire, a déclaré que les époux Guillot
maltraitaient leur fille.
Dans
son réquisitoire, le ministère public a demandé une peine sévère
contre la femme Guillot, « cette dernière des marâtres », a-t-il dit,
et des peines moindres contre Guillot et la veuve Bieuron, tante de la
jeune fille, comprise dans la poursuite.
—
Me Burnouf, le
défenseur, visiblement ennuyé par l'attitude de la femme Guillot, a
essayé d'un dérivatif et de faire rire en lisant une chanson où les
époux Guillot et le curé de la paroisse aussi sont assez malmenés.
Le
tribunal a condamné la femme Guillot à 100 fr. d'amende ; Jules Guillot,
à 50 fr., et la femme Bieuron, à 25 f.
Jeudi
soir, comme on craignait un charivari, des gendarmes sont venus à
Louvigny. Mais tout le monde a été sage, et la force publique en a été
quitte pour une promenade hygiénique. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Mars
1901 -
Réduction de la durée du service militaire.
- Il
est sérieusement question de réduire la durée du service militaire à
deux ans. Cette loi serait précédée d'une autre sur les engagements et
les réengagements des sous-officiers et soldats, afin de former des
cadres avec des soldats ayant cinq ans de service. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Mars
1901 - Tous mécontents.
- Le jugement condamnant la femme Guillot à 100 fr. d'amende ;
son mari à 50 fr. et la veuve Bieuron à 25 fr. pour mauvais traitements
envers leur fille et nièce, parce qu'elle veut se marier à son gré, n'a
satisfait ni les condamnés, ni le ministère public.
Confiants
dans la prédiction du curé de Louvigny, qui avait dit au prône qu'ils
seraient acquittés, les époux Guillot espéraient s'en tirer les bragues
nettes. Quant au ministère public, comme il réclamait de la prison
contre la femme Guillot, il se pourrait qu'il portât l'appel, surtout en
raison de l'attitude de cette mère incroyable, car, à l'audience et
malgré le certificat de médecin attestant la pureté de sa fille, elle a
continué à prétendre qu'elle avait une mauvaise conduite, qu'elle
découchait même, et que le maire de Louvigny l'avait surprise avec un
jeune homme. Le maire, entendu comme témoin, a déclaré n'avoir jamais
vu rien de semblable.
En
présence des affirmations mensongères et des procédés de la femme
Guillot, qui a tenu vingt minutes sa fille par les cheveux devant témoins
sous prétexte de l'humilier, il est permis de supposer qu'elle n'a pas
toujours sa raison. Le mari, lui, est sourd et frappe comme tel, le plus
joli, c'est qu'il est conseiller municipal et marguillier. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Avril
1901 - Maître brutal et chiens méchants. - L'importante
ferme d'Athis, située sur Louvigny, près Caen, est tenue par les frères
Thouroude. Un de leurs domestiques, Eugène Leroy, 26 ans, né à Maizet,
refusa de travailler l'après-midi du lundi de Pâques sous prétexte que
c'était jour férié et il alla se promener. Lorsqu'il rentra le soir,
vers sept heures, un des frères Thouroude lui fit des reproches et le
frappa. Leroy se défendit. C'est alors que les chiens de la ferme,
excités par leur maître, se jetèrent sur le malheureux domestique et le
mordirent si profondément qu'il fallut le transporter à l'hospice.
Voilà ce que raconte Leroy.
D'un
autre côté, on dit que le domestique se serait mis dans son tort en
voulant forcer une porte pour entrer dans la maison. Ces faits n'ont été
connus que jeudi dernier, lorsque les gendarmes sont venus pour faire une
enquête, qui sera délicate, car, quoi qu'on dise, personne d'étranger
à la ferme n'a assisté à la scène. Ajoutons que les chiens de la ferme
d'Athis sont fort dangereux. Le facteur-receveur de Louvigny a été
assailli plusieurs fois par eux et l'administration des postes a dû
intervenir. (Source : Le Bonhomme Normand)
Mai
1901 -
Profanation ignoble. -
Par
deux fois, un ignoble personnage a souillé une tombe dans le cimetière
de Louvigny. Nous espérons qu'une enquête sérieuse va être faite afin
de découvrir le misérable qui s’est rendu coupable de cette sale
profanation. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Juin
1901 -
Mines. - Le
comte de Bourmont demande une concession de mines de fer sur le territoire
des communes de Louvigny, Éterville, Maltot et Feuguerolles.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Juillet
1901 - Un noyé qui se porte bien.
- Dimanche,
plusieurs jeunes gens de Louvigny se baignaient dans l'Orne. L'un d'eux,
Jules Berteaux, pris de fatigue, coula tout à coup.
Ses
camarades se portèrent à son secours et, peu après, il rentrait chez
lui. C'est donc à tort que l'on a dit qu'il s'était noyé.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Août
1901 - Sus aux nomades. -
Dernièrement, aux portes de
Bayeux, des nomades dévalisaient les fleurs d'un jardin. Le
propriétaire, M. Le Privey, ayant protesté, fut frappé violemment. Il
porta plainte, mais, pour obtenir justice, il devra supporter les frais de
procédure, sans compter les 10 francs versés au médecin chargé de
constater la trace des coups reçus.
—
C'est sans doute la même bande de nomades, la plupart Allemands, qui
s'est abattue dimanche sur Louvigny, où ils se sont installés comme chez
eux, barrant même l'Orne avec une corde pour y établir un tir. Un brave
ouvrier, ayant été uriner derrière l'une de leurs voitures, plusieurs
hommes de la bande se sont rués sur lui et l'ont frappé et renversé en
lui abîmant la mâchoire d'un coup de talon de soulier. La population
s'est ameutée, et si l'autorité n'avait pas protégé ces misérables,
il leur en eût cuit.
Puisque
certains maires, par peur, laissent leurs communes à la discrétion de
ces nomades, puisqu'il faut avoir l'argent à la main pour obtenir
justice, que les habitants de la campagne se la fassent eux-mêmes et
secouent ces malandrins de façon à leur enlever l'envie de revenir.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Novembre
1901 - Récompenses honorifiques.
- Un
témoignage officiel de satisfaction vient d'être accordé à Eugène
Marie, 18 ans, demeurant à Louvigny, qui a sauvé, la 21 juillet un jeune
homme qui se noyait dans l'Orne.
—
Au banquet de l'Union des Présidents des Sociétés de Secours mutuels de
France, le Ministre de l'Intérieur a remis à M. Alphonse Chatel,
président de la Prévoyance, des ouvriers des chemins de fer de l'Ouest,
le ruban de la mutualité avec la médaille d'argent. M. Chatel, officier
d'académie, est originaire de Parfouru-l'Eclin, arrondissement de Bayeux.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Septembre
1902 - Fête. -
Dimanche 21 septembre, fête St Côme. Régates sur l'Orne, mât de
cocagne, jeux divers, illuminations. Bal gratuit.
Mars
1903 - Fraudeurs pincés.
- Vendredi
matin, vers 3 heures, des employés de la régie de Caen, en observation
au bout des chasses de Louvigny, virent passer, allant vers
Caen, deux voitures qui leur parurent contenir de l'eau-de-vie de fraude.
Ils les suivirent et, quand elles arrivèrent près du passage à niveau
de la prairie, ils tirèrent des coups de revolver en l'air.
Là
conducteur de la seconde voiture nommé Prével, 30 ans, déjà condamné
d'eux fois pour fraude en 1901, fût effrayé, il s’arrêta et laissa
les employés saisir son chargement. Les Carrières du passage à niveau
étant ouvertes le conducteur de la première voiture fit prendre le galop
à son cheval, mais il le dirigea mal et la voiture tomba sur le côté.
Le conducteur ainsi qu'un homme qui était avec lui s'enfuirent.
Prével,
arrêté, refusa de donner le nom de son maître, mais on sait qu'il
travaille pour un fraudeur bien, connu, le nommé Gastebled, dont nous
nous sommes occupés à plusieurs reprises, et qui transporte de
l'eau-de-vie en fraude pour un marchand de l’arrondissement de Lisieux.
Les deux voitures saisies contenaient sept fûts de trois-six à 96° et
un petit baril d'eau-de-vie de cidre de trois litres, en tout 873 litres,
passibles, d'un droit de; 2 469 fr.
La
femme Gastebled précédait les fraudeurs pour s'assurer qu'aucun danger
n'était à redouter. C'était elle qui avait fait ouvrir les barrières.
Elle était allée jusqu'à l'octroi du Grand-Cours, mais y ayant aperçu
des employés en observation elle revenait pour faire rebrousser chemin
aux fraudeurs quand les fuyards lui apprirent que leur chargement était
pris. Les voitures avaient de fausses plaques, mais on croit connaître le
nom de leur propriétaire.
—
Près de la gare de Jort, les employés de la régie aperçurent deux
individus dans une voiture qui filait bon train. Ils la perdirent de vue.
Des gendarmes en tournée les accompagnèrent et bientôt, dans une côte,
ils trouvèrent la voiture arrêtée. Le cheval était fourbu.
Les
individus s'enfuirent et abandonnèrent la voiture qui portait une plaque
au nom de Pierre et contenait 400 litres d'eau-de-vie. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Juillet
1903 - Maman ! les petits bateaux… -
Il y avait une fois, sur notre rivière, un petit bateau qui allait
sur l'eau. Or, ce bateau portait à Louvigny des voyageurs, le dimanche,
et quelquefois sous semaine, quand il faisait beau.
Mais
il paraît que, pour canoter les gens moyennant rétribution, il faut en
payer une assez forte aux contributions. Le propriétaire du petit bateau
ignorait ce détail (on ne peut pas tout savoir), et il avait négligé de
faire la déclaration obligatoire. Il allait donc écoper d'un bel et bon
procès, lorsqu'il eut vent de la chose et joua aux employés, venus pour
le prendre en flagrant délit, le bon tour de les embarquer à son bord et
de les promener gratis, alors qu'ils espéraient bien qu'on allait leur
demander un droit de passage. Le capitaine avait donc, ainsi paré
adroitement le procès. (Source : Le Bonhomme Normand)
Juin
1903 - Malveillances stupides.
-
Un individu a coupé, la nuit, les crins de la queue à six
poulains au piquet dans les champs, appartenant au sieur Alfred Thouroude,
à Louvigny, c'est un préjudice, de 1 000 fr.
—
Même commune, le sieur Jean Guillot a constaté que l'on avait coupé les
crins de la queue de sa
jument. (Source : Le Bonhomme Normand)
Février
1904 - La crue de l’Orne.
- Les
pluies de ces derniers jours ont amené une forte crue de l'Orne. La
prairie de Caen, les prés de Venoix et d'Allemagne sont envahis par les
eaux.
Une
partie de la commune de Louvigny est inondée. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Février
1904 - Politique et alcool.
- Dans la nuit de dimanche, vers 2 heures, le sieur Alphonse
Lecornu, 32 ans, journalier à Louvigny, près Caen, marié et père de
cinq enfants, était à boire avec des camarades chez le sieur Faucon,
propriétaire, qui leur annonça son intention de se porter au conseil
municipal. On se mit à parler politique et bientôt la discussion
s'envenima. Lequest, Othon et Bertheaume père et fils se jetèrent tous
ensemble sur Lecornu, qu'ils rouèrent de coups. Puis, l'entraînant sur
la route, ils l'y laissèrent presque assommé.
Entendant
crier « au secours ! » le garde champêtre et le curé
accoururent, relevèrent Lecornu évanoui et on le transporta chez lui.
Son état actuel est très grave, il a trois trous à la tête, un autre,
très profond, au front, et une grave blessure au bas-ventre. Il a pu
déclarer qu'il n'était pas ivre.
Quant
à ses agresseurs, ils paraissent ne se rappeler de rien. Dans la bagarre,
ils se sont frappés entre eux. Un nommé Letavernier, qui assistait à la
scène ; mais n'y a pas pris part, a reçu un coup sur l'œil gauche, et,
Lequest dit que Faucon l'a frappé.
Au
cours de l'enquête, Faucon aurait outragé le garde champêtre. Lecornu
est bien connu des canotiers de l'Orne, il a été maître nageur dans une
école de natation. (Source : Le Bonhomme Normand)
Février
1904 - La tempête.
- Depuis
bientôt dix jours une tempête épouvantable désole notre région. Le
veut souffle en bourrasque, la pluie, la grêle et la neige tombent en
cataractes. Partout les rivières débordent.
—
L'Orne et l'Odon sortent de
leur lit et inondent les prairies. Celles de Caen, Mondeville, Hérouville
et Ranville sont sous l'eau. Les habitants de Louvigny et du bas Venoix
sont bloqués chez eux.
—
A Pont-l’Évêque on aurait
pu aller en bateau dans certaines rues et la municipalité a dû organiser
un service de voitures. Une voie de garage s'est affaissée et devra être
refaite.
La
crue de la Touques et de l'Orbiquet a été une des plus fortes qu'on ait
vues.
Pourtant
Lisieux a été épargne, grâce à ses récents travaux de protection.
—
A Orbois, canton de Caumont,
un champ de pommiers a été dévasté, quarante-trois ont été arrachés
par le vent.
—
A Feuguerol!es, un gros sapin, rompu, a été transporté dix mètres plus
loin.
—
A Mesnil-Mauger, la Viette a inondé les chemins sur plus d'un kilomètre
et arrêté complètement la circulation.
—
A Saint-Pierre-sur-Dives, il
y a eu 0,50 centimètres d'eau dans les prés ; on n'avait pas vu pareille
crue depuis celle de 1881.
—
Sur la cote, la mer charrie
des épaves nombreuses. En outre du naufrage de l’
« Etienne-Maurice » dont nous parlons plus haut, de nombreux
navires ont été on perdition.
—
L'Espérance, de Trouville a été sauvée par le canot de sauvetage de
Honfleur.
—
La « Rose-Marguerite »
de Grandcamp, montée par sept hommes, a été rasée comme un ponton et
l'équipage, enfermé dans la chambre et attendant la mort, a été sauvé
par un autre bateau, le « Noël », qui, avec une peine
inouïe, l'a ramené au port.
—
La tempête dure encore et ne
paraît pas devoir cesser de sitôt. (Source : Le Bonhomme
Normand)
Mars
1904 -
Une noyée. - La
veuve Durville, née Rose Cauvet, 67 ans, demeurant à Louvigny, donnait,
depuis longtemps, des signes d'affaiblissement
d'esprit,
et sa famille la surveillait étroitement, mais à plusieurs reprises elle
avait pu échapper à cette surveillance.
Lundi
dernier elle y échappa encore et mardi matin on trouvait son cadavre à
Venoix, dans le bras de l'Odon qui longe le chemin conduisant au
Pont-Créon, sous le pont du chemin de fer de la Mer. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Mars
1904 -
Coup malheureux. - L'autre
soir, Octave Hue, domestique à Louvigny, près Caen, était gris et tomba
en voulant sortir. Son maître, le sieur Thouroude, pour le faire se
relever, le poussa du pied. Malheureusement, il blessa assez sérieusement
le pochard à l'œil. Hue a été envoyé à l'hôtel-Dieu. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Septembre
1904 -
Accident du travail.
-
Jeudi soir, à Louvigny,
en aidant au déménagement de l'abbé Lemullois, ancien curé de cette
commune, nommé à Bretteville-sur-Laize, le sieur Baugé, camionneur chez
M. Blochon, à Caen, est tombé du haut d'une voiture en mettant une
bâche et s'est cassé les deux poignets. Baugé est veuf et père de deux
enfants. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Octobre
1904 -
L’alcool. -
La femme Aumont,
garde-barrière près de la gare, à Harcourt, à la suite d'une
discussion avec son mari qui lui reprochait de boire, est partie avec ses
deux enfants, l'un de cinq mois, l'autre de deux ans et demi.
Elle
a pris le train de Caen et s'est rendue dans la prairie. On croit qu'elle
s'est jetée dans l'Orne avec ses enfants, du haut du pont de Louvigny,
car on a retrouvé à cet endroit le biberon du bébé, et les recherches
faites dans la rivière on amené la découverte, en aval du pont, les
trois cadavres étroitement enlacés. Les époux Aumont avaient été
gardes barrière à
Louvigny. (Source :
Le Bonhomme Normand)
Novembre
1904 -
Les crimes de l’absinthe. -
Émile
Blanquette, 27 ans, ouvrier menuisier, demeurant à Louvigny avec sa
mère, 65 ans, est un bon ouvrier, mais il a le tort d'abuser de
l'absinthe, qui lui donne une ivresse furieuse. Alors, il frappe sa mère
avec la dernière violence et brise tout chez lui. Les voisins, indignés,
l'ont signalé au Parquet.
A
l'audience, sa mère a essayé d'atténuer la gravité des faits. Émile
Planquette a été condamné à un an de prison avec la loi Bérenger.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Novembre
1904 -
Un petit trésor. -
En
travaillant chez Mlle Poitevin, propriétaires à Louvigny, près Caen, le
sieur Cauchard a trouvée enfoui, dans l'étable de la maison, un pot
contenant 280 écus de 3 fr. et de 6 fr. en argent, datant de la fin du
XVIIIem, siècle.
Ces
pièces avaient dû être cachées par une dame Delaunay. Elles ont été
partagés par moitié entre les demoiselles Poitevin, et le sieur Cauchard.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Décembre
1904 -
Exploits imbéciles. -
Il
y a quelques années, on avait planté d'arbres la route passant dans la
prairie de Louvigny. C'était une bonne idée, car cette longue traversée
n'a pas un abri contre la pluie ou le soleil. Seulement, l'essence
choisie, une sorte de tilleul, ne s'est pas plue dans ce terrain
marécageux et les arbres n'y croissent pas. Mais, pour comble, des
passants imbéciles s’amusent à les mutiler, un grand nombre ont des
branches brisées, d'autres ont été rompus à hauteur d'homme. C'est une
plantation à refaire.
—
L'autre nuit, de malfaisants farceurs ont déraciné de jeunes
arbres fraîchement plantés sur les promenades Saint-Julien et démoli un
bec de gaz. Un peu de surveillance s'impose dans ce coin toujours désert.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Janvier
1907 - Mérite
agricole. - L'Officiel
d'hier publie les décrets de nominations dans l'ordre du Mérite agricole
rendus dans le courant du mois de décembre. Voici les noms des
nouveaux promus qui appartiennent à notre région et dont nous avons
annoncé à son temps les nominations.
Et
nommé commandeur : M. du Pontavice de Heussey, directeur du Haras du Pin.
Sont
nommés officiers : MM.
Godefroy, marchand de beurre et de fromage à Caen ; Guesdon,
agriculteur à Louvigny.
Sont
nommés chevaliers : MM. Cautru, négociant à Caen ; Burin, éleveur à
St-Germain-de-Clairefeuille (Orne) ; Cadiou, brigadier retraité des haras
à La Cochère (Orne) ; Cassigneul, cultivateur à Démouville ; Cavoy,
éleveur à La Cochère (Orne) ; Delaunay, brigadier au dépôt d'étalons
du Pin (Orne) ; Forcinal, éleveur à Nonant-le-Pin.
MM.
Le More, professeur à l'école des Haras du Pin (Orne) ; Mauger,
agriculteur, de St-Jacques de Lisieux ; Morice,
agriculteur,
d'Ouilly-le-Vicomte ; Renault, agriculteur, de Livarot ; Robert, brigadier
retraité des haras, au Merlerault ; Tribout, éleveur, de Château d'Almenèches
(Orne) ; Vieillot, palefrenier
de première classe au dépôt du Pin. (Source :
Le Moniteur du Calvados)
Avril
1907 - Mort du maire.
- On annonce la mort de Pierre Ozanne, maire de Louvigny, décès
dans sa 62e année, après une courte maladie. Ses obsèques ont eu lieu
lundi.
Juin
1913 - Une brute
- François Aline, 28 ans, maçon, est marié depuis 11 mois
seulement à Marie Hélène, 21 ans, ménagère. Il a rendu
presqu'aussitot la vie impossible, à sa femme. Chaque fois qu'il
était ivre. La dernière fois, alors que la malheureuse, qui est bien
considérée, était enceinte de 8 mois, il l'a jeté trois fois a terre
et l'a traînée par les cheveux. Il est revenu ensuite faire du
scandale chez sa belle-mère, dont le mari venait de mourir, puis a
quitté Louvigny pour aller habiter à Rennes, en emportant le mobilier,
et en laissant sa femme sans ressources avec l'enfant. Par défaut, Aline
est condamné à 15 jours de prison.
Octobre
1913 - Un Noyé
- On a trouvé lundi matin dans l'Orne, en face le débarcadère de
Louvigny, a six mètres de la rive, un noyé qui a été reconnu pour
être le nommé Eugène Faliard, 45 ans, marchand de peaux de
lapins, connu dans la région. Alcoolique invétéré, il a dû tomber
accidentellement dans la rivière.
Août
1915
- Attention aux
chiens ! -
L'épidémie
de rage, déchaînée cet été, n'est pas encore terminés. Ces jours ci
un chien, qu'on croit enragé a parcouru la banlieue de Caen. il a
dû passer à Louvigny et, à Bretteville-sur-Odon, il a
mordu une fillette de 14 ans qui a été envoyée à l'Institut Pasteur.
Cette bête dangereuse a été abattue ainsi que plusieurs chiens mordus
par elle. A Venoix, le chien de M. Tostain, propriétaire, a dû être
tué aussi. A Bricqueville, près de Trévières, on a abattu le chien de
Mme Basley, épicière. Cet
animal a été autopsié. Il était bien
hydrophobe et il a mordu d'autres animaux, chiens et chats qu'il a fallu
occire de même.
Septembre
1917 -
Sauvages déprédations. - Plusieurs
lecteurs nous avertissent que des individus, parmi lesquels des
mobilisés, ravagent presque chaque jour la rivière au-dessus de
Louvigny. Ils y prennent un bateau et jettent au fond des cartouches de
dynamite, prenant quelques poissons et en détruisant des quantités.
Même ils risquent de blesser des passants. Les gardes-Champêtres ?
il n’y en a pas. Les gardes-Champêtres ? Ils sont occupés à
demander leurs papiers aux permissionnaires.
Janvier
1920 -
Le temps qu’il fait. -
Les
pluies ont cessé. Il était temps ! Partout, dans la région, les
rivières étaient débordées. L'Orne avait envahi les deux prairies et
bloqué les bonnes gens de Louvigny.
Pourtant,
des bestiaux sont restés au pâturage jusqu'à la fin, cherchant leur vie
sur les rares îlots de verdure qui émergeaient encore. Il y a tout de
même des propriétaires bien Insouciants ! Leurs bêtes étaient
assurées, sans doute.
—
Chose singulière, il a fait, le Jour de l'An, un temps
épouvantable et, le lendemain, une journée superbe. Des malins
prétendent que le bon Dieu a fait erreur dans sa distribution de
contingences terrestres et qu'il a interverti les deux atmosphères.
C'est
le jour supplémentaire de l'année bissextile qu’il aurait ainsi
emberlificoté, et comme l'almanach du Bonhomme Normand n'est pas encore
paru, il n'a pas pu se renseigner.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Avril
1920 -
Une manie dangereuse. - Trois condamnations déjà encourues par la femme Viel,
née Marguerite Salvé, 33 ans, cultivatrice à Louvigny, ne l'ont pas
encore corrigée de sa manie de la fraude.
Elle
vient encore de comparaître devant le Tribunal correctionnel de Caen pour
mouillage de lait dans la proportion de 20 %. Les juges se sont montrés
sévères et ont condamné l'incorrigible fraudeuse à trois mois de
prison, sans sursis, 2 000 fr. d'amende, l'insertion dans les journaux et
l'affichage. Espérons que, cette fois, la leçon lui profitera.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Septembre
1921 -
Procédé brutal.
-
M. de Samie, propriétaire à Louvigny, a porté plainte contre un
individu de 25 ans environ, qui l'a frappé d'un coup de tête dans la
figure, parce qu'il voulait l'empêcher de passer dans son pré.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Avril
1922 -
Les pompiers de Louvigny.
- Ils
deviendront bientôt plus célèbres que ceux de Nanterre.
Au
concours de Lisieux le 23 avril, ces braves sauveteurs ont eu les plus
beaux succès qu'on en juge :
Manœuvres,
1er prix, avec
félicitation du Jury. —
Tenue, 1er prix. — Stratégie, officiers, 1er prix avec
félicitations, lieutenant Hervieu. Théorie sous-officier sergent
Cauchard. Il n'est pas jusqu'à l'habile tambour de la Cie, Libois qui,
lui aussi, n'ait eu son premier prix.
En
présence de ces succès, le dévoué maire, M. Lesaunier, nage dans la
joie, et certains caennais ont déjà l'intention, quand ils auront le
feu, d'aller le porter à Louvigny, pour l'y faire éteindre.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Juillet
1922 -
Absurdes destructions.
- On
sait comment, pendant la guerre, et quelque temps encore après, nos
pauvres rivières ont été ravagées par les pirates qui y faisaient
exploser à chaque instant des cartouches de dynamite.
Une
énergique répression avait amené la fin de cette absurde campagne de
destruction. Mais voici qu'elle recommence.
Ces
jours derniers, près du pont de Louvigny, des cartouches étaient
lancées en plein midi, devant les pêcheurs des rives, stupéfaits et
indignés. Et d'autres méfaits de ce genre sont commis un peu partout,
car il n'est pas rare de voir passer à fleur d'eau des poissons que les
commotions ont tués, sans aucun profil pour personne. (Source : Le
Bonhomme Normand)
Janvier
1923
-
Le temps qu’il fait.
-
Nous
avons, cette année encore, un de ces hivers pourris auxquels, depuis le
temps, nous devrions être accoutumés. Les tempêtes, survenues, aux
derniers jours de l'année, avaient amené de tels « abats d'eau »,
que partout, les rivières ont commencé à déborder. La prairie de
Louvigny était inondée déjà et celle de Caen blanchissait à vue d'œil.
Depuis, il est revenu un peu de sec, mais les inondations restent,
toujours à redouter.
Heureusement,
la végétation n'a pas eu à souffrir de cet état de choses, car la
température demeure assez égale. Pourvu que la fin de l'hiver ne nous
réserve pas de trop désagréables surprises ! (Source : Le
Bonhomme Normand)
Mars
1923 - Crue
de l’Orne.
- Par
suite des
pluies
persistantes
des jours
derniers, l'Orne
a envahi
les prairies
de Louvigny,
et une
grande partie
de la prairie
des courses
est inondée.
Juillet
1923 -
Pour
sauver son enfant une femme tue son mari.
- Le
24 juin
dernier, un
jeune ménage
s'installait dans
la coquette
et paisible
bourgade de
Louvigny, cette
fraîche oasis
aux forêts
de peupliers
et aux vertes prairies,
promenade bien
connue de nos
pêcheurs à
la ligne
qui le
dimanche vont
planter leurs
gaules
sur les
berges de
l'Orne. C'est
paysage reposant,
éloigné du
bruit de
la ville
et bien
fait pour
les petits
retraités ou
rentiers d'âge
mûr, qui
vont là
fixer leur
demeure.
Le
jeune ménage
dont nous
parlons avait
élu domicile
dans la rue
principale et
occupait
depuis la
Saint-Jean une
modeste habitation
de trois
pièces pour
quatre personnes :
le mari,
29 ans, chauffeur
d'auto, la
femme, âgée
de 22 ans,
la mère
de celle-ci
et un ravissant
petit garçon
aux boucles
blondes
et aux
yeux bleus,
dont le
sourire fut accueilli
avec tendresse
par les
bonnes vieilles
du quartier.
Cependant, dès
le premier
Jour, on
s'aperçut dans
le voisinage
que le
bonheur ne
hantait pas
le nouveau foyer.
Les époux
Viel avaient des
discussions fréquentes.
Depuis une
quinzaine, le
mari, employé
précédemment
aux établissements
Salle, route
de Falaise
à Caen, était
sans travail,
les ressources
communes s'épuisaient,
les scènes
devinrent
plus violentes,
une vie
d'enfer commença.
Douce
et résignée,
Mme Viel,
par peur du
scandale, et
par affection
pour son
enfant, supporta
sans proférer
une plainte,
les brutalités
dont elle
était victime.
Seuls, les
proches
voisins connaissaient
le secret
douloureux
de son
martyre.
La jeune
femme avait
été occupée
pendant quelques
semaines à l'hôtel
de Falaise,
mais les
incartades du
chauffeur parurent
intolérables
au propriétaire.
C'est qu'en
plus de
ses nombreux
défauts. Marcel
Viel était
animé d'une
jalousie féroce.
Ses agissements
dans l'hôtel
et la surveillance
qu'il exerçait
auprès de
la clientèle,
avaient rendu
impossible le
séjour de
sa compagne
dans la
maison. La malheureuse
rentrée à Louvigny,
continua à subvenir
aux besoins
du ménage
par des
travaux
de couture,
pendant que
le mari
dévoyé errait
à travers les
rues de
la ville,
en quête
d'un emploi,
mais surtout
pour satisfaire
son intempérance.
Le
prélude du
drame.
- Jeudi
matin, avant
de partir
pour Caen,
l'ex.chauffeur eut
une vive
altercation avec
sa femme.
Cependant, comme
elle en
avait l'habitude,
Mme Viel
lui porta
vers midi, son
déjeuner, sur
le Grand
Cour. Le
couple
se rencontra
en face
de l'école
de natation.
-
«
Sais-tu que
j'en ai
soupé de
cette vie,
s'écria le
chauffeur en
abordant, sa
compagne.
Il faut
en finir une
bonne fois.
Je retourne
avec toi
à Louvigny.».
M.
Viel reprocha
à sa femme
ses prétendues
relations avec
des amis
dont il
citait les
noms. L'homme,
à peu près
ivre, eut
même un
geste de
violence. Frappée
au visage,
sa femme
trébucha. Cependant
elle s'efforça
de rappeler
a plus
de raison,
le chauffeur,
qui menaçait
d'assouvir sa
rage sur
elle. Lorsqu'ils
eurent franchi
le seuil
de leur
humble logement,
la scène
recommença plus
tragique.
En chemin,
Marcel Viel
avait bu
un litre de
vin rouge
rapporté de
la ville.
Devenu fou
furieux, il
ferma la
porte à
clé. se dirigea
vers une
commode et
sortit d'un
tiroir un
revolver.
« Au revoir,
la vieille
».
- Mme
Viel comprit
à se geste que
ses jours
étaient en
danger. En
poussant un
cri, la malheureuse sortit
précipitamment par
la porte
de la cuisine
et courut
se réfugier
à l'extrémité du
village, chez
Mme Mauban.
- « Cachez-moi,
cachez-moi, je
vous supplie,
dit-elle à cette
dernière mon
mari veut
me tuer ».
Déconcerté un
instant par
le départ
de celle
qu'il venait de
terroriser, le
chauffeur, toujours
armé, pénétra
dans la
cour pour menacer
sa belle-mère,
Mme Onfroy.
- « Où
est-elle, ou
est-elle, dites-le-moi, ou
je vous
« zigouille
» vous
et le petit,
hurlait le
misérable ».
Mme Onfroy
rappela au
calme l’énergumène.
Elle réussit à,
lui enlever
des mains le
revolver qu'elle
dissimula quelques
instants
après sur
une planchette
du poulailler.
Cependant le
chauffeur, au
comble de
la surexcitation
réclamait toujours la
fugitive. S'imaginant
que, de
désespoir, l'infortunée
était allée
se jeter
dans l'Orne,
il prit par
la main son
enfant, Robert,
âgé de
3 ans
« Suis-moi,
lui dit-il,
c'est le
jour de la
baignade. Au
revoir la
vieille et
bonne chance.
Comme cela
tout le
monde y
passera ».̃
L'enfant
accompagna en
sanglotant le
père dénaturé.
On les
vit s'éloigner
dans la
direction
de la rivière.
Mme Viel,
avertie par
une voisine,
rejoignit la
maison. Elle
eut une crise
de larmes
en apprenant
que son
pauvre
petit Robert
avait été
entraîné par
le chauffeur.
Au moment
où elle
se disposait à
sortir pour
arracher l'enfant
à une mort
qu'elle croyait
certaine, Marcel
Viel reparut
ses yeux
exorbités.
Comme la
malheureuse mère
couvrant de
baisers, en
l'attirant vers
elle, l’enfant,
sa seule
consolation dans
une telle
détresse, le
chauffeur ouvrit
de nouveau
le tiroir
de la commode,
mais le
revolver n'était
plus là.
Une inspiration
criminelle lui
monta alors
au cerveau.
Une seconde
après, il
brandit un rasoir.
Le dénouement
tragique.
- Effrayée,
affolée en
présence de
cette nouvelle
menace, Mme Viel, dans un mouvement instinctif,
s'empara du
revolver revint
vers le
monstre qui
s'était assis
à boire un
verre de cidre.
Avant
que le
chauffeur ait
deviné la
terrible
menace, elle
s'approcha et
tira à bout
portant
à trois
reprises. Blessé
mortellement, à la
tempe droite.
Marcel Viel
s'écroula sans
un cri.
Une
mare de
sang inondait
le plancher.
L’épouse
justicière déposa l’arme sur une table, annonça
le tragique
événement à sa
mère, s'habilla
rapidement et,
après avoir
recommandé de
veiller sur
son fils,
elle alla
se constituer
prisonnière à la
gendarmerie de
Caen. Là,
elle relata
avec des
sanglots toutes
les circonstances
du meurtre,
en déclarant
qu'elle avait
tiré pour
sauver l'enfant.
Dans la
soirée même,
le gendarme
Druoton
procédait à une
rapide enquête
sur les lieux,
en recueillant
les témoignages
des habitants
du quartier.
Le Parquet
s'est transporté
à Louvigny,
hier; à 11 heures,
assisté de
M. le docteur
Aumont, médecin
légiste, et
de M. le
capitaine
Wiart. La
meurtrière fut
conduite en
auto à la
maison où
s'était déroulé
le drame.
Une scène
extrêmement poignante
se produisit
lorsqu'elle fut
mise en
présence du cadavre.
L'Instruction a
établi que
la victime
de cette
émouvante tragédie
avait déjà
plusieurs
fois eu
maille à partir
avec la Justice,
notamment dans
une affaire
de coups
et blessures.
Les
époux
Viel étaient
mariés depuis
quatre
ans. C'est
à Juvigny-sur-Orne
que le chauffeur connut
celle qui
devait être
l'héroïne
de ce drame.
La meurtrière qui
a passée
la nuit
au Commissariat
central, a
refusé
toute nourriture.
Septembre
1923 -
Un désespéré. - On
a retiré de l'Orne, à Louvigny, le cadavre de M. Albert Lequest, 61 ans,
journalier dans la commune. Sorti de l’hôpital, il y a quelques
semaines, il, avait déjà manifesté des intentions de suicide.
(Source : Le Bonhomme Normand)
Octobre
1923 - Acquittée -
La femme
Viel qui comparait
devant la
cour, jouissait
d'une excellents
réputation.
Elle n'a
jamais été
condamnée. Après
plaidoirie de
Me Bourlier,
le jury
est revenu
avec un
verdict négatif
et la Cour
a acquitté
la femme
Viel.
Novembre
1923 -
Vol sacrilège. -
La gentille
commune de Louvigny a un modeste monument aux Morts, placé à l'angle de
deux chemins et entretenu avec le plus grand soin. Pour la Toussaint, des
mains pieuses avaient placé, dans chacune des quatre urnes métalliques
qui l'entourent, un joli pot de chrysanthèmes. Ces fleurs ont été
enlevées dans la nuit de samedi à dimanche.
Par
qui ? On ne suppose pas que ce soit par des habitants de la commune mais
plutôt par quelque ambulant qui n'a pas eu conscience de l'abjection de
son apte. (Source : Le Bonhomme Normand)
Juillet
1924
- Incendiaire pour se venger de sa Belle-mère.
- René
Vermont,
ouvrier
télégraphiste,
âgé
de
42 ans,
habitait
depuis
quelque
temps
à
Louvigny,
un
immeuble
appartenant
à
sa
belle-mère,
Mme
Trelly.
Les discussions
étaient fréquentes
dans le
ménage. Vermont
avait des
habitudes d'intempérance
qui firent
regretter à
la belle-mère
sa généreuse
hospitalité. Elle
s'efforça, vainement
avec sa
fille de
ramener dans
le droit
chemin l'alcoolique
incorrigible dont
les appointements
étaient en
majeure partie
dépensés dans
les auberges.
Sous l'empire
de la boisson,
l'ouvrier télégraphiste
menaça plusieurs
fois de
mettre le
feu à
la maison
de Mme
Trelly.
Le 20 avril
dernier, il
rentra chez
lui complètement
ivre. Pendant
que sa
femme, était
occupée
à certains
travaux dans
le jardin,
Vermont entassa
des fagots
dans la
cheminée et
y mit le
feu. Lorsqu'ils
aperçurent les
flammes, deux
de ses
enfants, âgés
de 13 et
15 ans, s'écrièrent
effrayés :
- « Maman, viens
vite, papa
vient de
mettre
le feu ».
Un voisin,
M. Lesaulnier,
accourut et
réussit,
à éteindre
le brasier,
mais au
même moment
le télégraphiste
escaladait, une échelle
conduisant au
grenier. Bientôt,
après une
fumée, épaisse
traversait la
toiture de
l'immeuble.
Vermont, pour
empêcher les
secours, s'était
empressé d'enlever
l'échelle.
Son attentat
accompli, et
tandis que
les habitants
du quartier
combattaient l'incendie,
l'ivrogne vite
redescendit s'enfermer
dans la
cave.
Après avoir
bu deux
bouteilles de
vin, il
avait ouvert
les robinets
de toutes
les futailles.
- « Tu
ne profiteras
toujours pas
du jus, dit-il
à sa femme…
»
L'incendie
avait pris
de rapides
proportions.
La toiture
fut détruite
et tous
les objets
mobiliers contenus
dans le
grenier avaient
été la,
proie des
flammes.
Vermont, arrêté
dans la
soirée par
les gendarmes,
était dans
un tel
état d'ivresse
qu'il ne
put être
interrogé que
le lendemain.
A
l'instruction,
il se défendit
d'avoir voulu
provoquer un
sinistre, prétendant
que l'incendie
qui s'était
déclaré avait
été occasionné
par un
feu de
cheminée.
Les divers
témoins entendus
protestent contre
cette allégation.
Vermont appartenait
depuis longtemps
au service
des P.
T. T. et
il s'y
était fait
apprécier
par son
travail, on
lui reprochait
seulement
de s'adonner
à la boisson.
L'accusé a
été examiné
au point
de vue
mental par
le docteur
Tissot, mais
il a été
reconnu entièrement
responsable de
ses actes.
Après interrogatoire
et plaidoirie,
l'accusé a
été acquitté.
Juillet
1924
- Mort
atroce d'une
cultivatrice.
- Un
accident cruel
s'est produit
mardi soir,
dans une
ferme de
Louvigny. Mme
Anne, cultivatrice,
s'était rendue
vers 19
heures dans
un herbage,
pour rentrer
une vache
à l'étable. Elle
commit l'imprudence
d'enrouler
autour de
son poignet,
la corde
du licol.
Mme Anne
se trouvait
depuis un
moment sur
la route
qui borde
l'herbage,
lorsque la
vache devenue
furieuse, la
renversa et
la traîna
sur une
certaine distance.
Des
passants
se portèrent
au secours
de la malheureuse
fermière qui
fut trouver
inanimée à
l'entrée
d'un champ
de blé.
Elle avait
toujours
autour du
poignet, la
corde fatale.
La vache,
à bout
de souffle,
s'était arrêtée
et se laissa
docilement reconduire
à l'étable. Tous
les soins
prodigués
à Mme Anne,
furent
inutiles, la
mort avait
fait son
œuvre.
Janvier
1925 -
La crue de l’Orne.
- Nous
avons signalé
la situation
particulièrement
critique des
habitants de
Louvigny. Cernée
par la
rivière dont
le courant
impétueux
a transformé
en canaux
navigables ses
rues étroites
et ses
jardins, la
petite agglomération
flottante présentait
hier, sous
le soleil,
un paysage
pittoresque. Grimpés
dans les
étages avec
ce qu'ils
ont pu
sauver de
mobilier, les
sinistrés qui
ont connu
semblables
avaries en
1910 et
en 1916,
semblent avoir
bon moral
et attendent
patiemment la
fin de
la crue.
Nous
étant
rendu sur
les lieux
pour constater
les progrès
de la crue
qui sévit
dans ses
parages, le
sympathique et
dévoué maire
de la commune,
M. Lesaulnier,
nous propose
de l'accompagner
en barque
à travers
les voies
submergées de
la petite localité.
M. Lesaulnier
n'a voulu
céder à
personne la
tâche parfois
périlleuse du
ravitaillement à
domicile, et
le service
de distribution
postale s'effectue
régulièrement par
ses soins
deux fois
par jour.
Le plus
adroit rameur
du pays,
M. Lesaulnier,
accède partout
avec son
embarcation,
il prend
et repasse paniers
et filets
à provisions
l'aide d'une
perche qui
arrive jusqu'aux
lucarnes des
greniers.
Malgré
la
soudaineté du
débordement de
l'Orne dans
la nuit
de samedi,
les dommages
éprouvés par
la population
de Louvigny
sont relativement
peu élevés
en raison
de la rapidité
avec laquelle
furent organisés
les secours.
Janvier
1925 -
Inondations. - Nous
avons voulu nous rendre compte par nous-mêmes de l'action des eaux à
Louvigny dont on nous avait dépeint l'aspect lamentable. Par la rue
de Maltot, le Bas-Venoix et le Mesnil, à travers un paysage désolé,
recouvert, lui aussi, par l'inondation et au-dessus duquel tournoient des
vols de mouettes blanches, nous gagnons le petit village.
Un
grand silence étend ses ailes de plomb sur les maisons qui semblent
abandonnées. A la mairie, une secrétaire nous donne aimablement tous les
détails que nous lui demandons.
Les habitants n'ont pas été terrifiés par la crue subite de
l'Orne, comme il a été dit.
Dès
samedi matin, alors que la rivière débordait déjà, les villageois,
gens habitués aux inconvénients de la proximité des eaux, montaient à
l'étage supérieur les objets les plus précieux disposés au
rez-de-chaussée, et groupaient leurs barques. Les maisonnettes étaient
désertées et leurs locataires recueillis par les voisins.
L'inondation
se développait rapidement, vers le soir le flot battait le socle du
Monument aux Morts. De 6 h. 1/2 à 11 h. 1/2, on constatait une
progression de dix centimètres à l'heure.
Au matin, vers une heure, M. Lesaunier, maire de Louvigny, organise les
secours.
Depuis
hier, avec un dévouement et une activité auxquels il faut rendre
hommage, il assure le ravitaillement de la population. Une de ces
concitoyennes, Mme veuve Leboulanger, devant subir à l'hôpital de Caen
une grave opération, il la transporta dans son canot, enveloppée de
couvertures, jusqu'à l'automobile de place, attendant à trois cents
mètres de là.
Y
a-t-il beaucoup de dégâts ? demandons-nous, à une brave femme, qui
tient sur le pas de sa porte une conversation animée, avec, plusieurs
commères.
-
Des dégâts ! Mais mon bon Monsieur, regardez donc mon
jardin. Tous les légumes dont perdues ! C'est une ruine pour moi !
Et que faire maintenant ? Je ne peux pourtant pas pousser la rivière
avec un bâton !
Par
un chemin détourné — car, il y a certaines voies plus d'un mètre
vingt d'eau — nous atteignons la demeure du magistrat municipal. Alors
que nous heurtions l'huis, botté à mi-jambe,
il se préparait à sortir pour porter le courrier aux habitants isolés.
Avec la meilleure grâce, il nous invite à visiter avec lui Louvigny sous
les eaux.
Sa
barque — un joli petit bachot à faire rêver le canotier le moins
impénitent — est amarrée sur la grand place. Nous nous installons à
l'avant, un vigoureux coup de rames et nous voilà partis pour une
promenade qui serait charmante en toute autre occasion.
Les
maisons les plus proches de l'Orne — guinguettes si joyeuses dès le
printemps, propriétés de Caennais en villégiature, habitations
proprettes de bons artisans — se sont vues hâtivement bouleversées.
Par les fenêtres ouvertes, on aperçoit échafaudés en un relatif
équilibre sur les tables, les fourneaux, tous les objets usuels parmi les
chaises, les fauteuils, les tabourets. Dans une cour, un pressoir attendra
longtemps les pommes qui lui étaient promises : elles ont été, au loin,
emportées par le flot. Perché sur un toit, un coq surpris par les eaux,
la tête rentrée en son plumage « hubbi », contemple de ses yeux ronds
le poulailler tout proche.
Au
seuil d'une jolie villa toute neuve, formant îlot, deux enfants jouent,
amusés par le coup d'œil inattendu. Il n'est pas de petite tragédie
sans note comique : du premier étage d'une chaumière, un habitant de
Louvigny, s'emporte en de grands gestes contre l'inondation qui l'empêche
d'aller travailler. Il a oublié « en bas », dit-il, ses sabots et ses
chaussures que recouvrent maintenant une vingtaine de centimètres d'eau !
M.
Lesaunier s'est rendu dans les demeures estivales dont il possède les
clefs, il a pu de cette façon sauver leurs objets de prix. C'est ainsi
que les meubles de valeur contenus dans la propriété de notre confrère
Arthur Marye ont été préservés.
Avant
de quitter M. Lesaunier inlassable, nous lui avons adressé nos vives
félicitations, il nous est agréable de les lui renouveler ici-même, en
terminant cet article. (Source : Le Moniteur du Calvados)
Janvier
1925 -
Après l'inondation. -
A mesure que les eaux se retirent, on constate que partout
cette crue subite a causé beaucoup de dégâts. C'est ce qui est arrivé
à Caen, où de nombreuses maisons et ateliers ont été envahi. « L’Odon
» déversa ses eaux dans les caves, les dépendances du Bon Sauveur
furent inondée. On eut recours aux pompiers pour épuiser l'eau des caves
de la Banque de France.
A
Louvigny, une femme fut apportée en barque à Caen pour y subir
une opération.
Un
affaissement s'est produit sur la voie de la ligne traversant le marais de
Basseneville, que l'inondation a complètement immergée.
Le
train quittant Trouville-Deauville a 6 h. 38 se dirigeant sur Caen, a
déraillé entre les stations de Brucourt Varaville et de Dozulé. La
machine et cinq wagons sortirent des rails, causant des dégâts
importants. Les voyageurs ont dû être transbordés. Il n'y a pas eu
d'accident de personnes. (source : L’Indicateur de Bayeux)
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