1er Mai 2025

EUN SYIELLE D'HISTOUÈRE D'CALVADOS   

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LUC s/MER

Canton de Douvres-La Délivrande

Les habitants de la commune sont des Lutins, Lutines

Avril 1828   -   Pêche du hareng.   -   Depuis des siècles la pêche du hareng a été l'objet des spéculations des marins des côtes du Calvados, elle est une source féconde d'aisance pour toute la population du pays où l'on s'en occupe, et plus d'un commerçant notable a trouvé une des causes principales de ses richesses dans ses armements pour la pêche des harengs, ou dans les établissements par lui formés pour leur salaison.

Les Dieppois, si avantageusement placés sous beaucoup de rapports, ont été jaloux des succès de nos Bas-Normands, et ils ont saisi toutes les occasions possibles de leur nuire. Placés à l'entrée de la Manche, le hareng leur arrivait plutôt qu'à nous, ils pensèrent que ce serait pour eux un avantage inappréciable de faire fixer l'époque à laquelle devrait se terminer une pêche qui cependant ne semble pas pouvoir être l'objet d'un privilège local.

Ils commençaient ordinairement à pêcher à la fin d'août le hareng, qui n'arrivait sur les côtes du Calvados que vers la fin de décembre. Les armateurs de Dieppe crurent avec raison qu'ils forceraient les marins du Calvados à abandonner ce genre d'industrie, en faisant fixer la fin de la pêche au premier janvier de chaque année.

Après avoir présenté leur projet sous toutes les formes possibles, à tous les gouvernements et dans toutes les circonstances qu'ils crurent favorables à leurs desseins, ils obtinrent en 1816 à peu près ce qu'ils demandaient.

Le 14 août, sur le rapport du ministre de l'Intérieur qui ne put résister aux exigences du ministère des finances et de la direction des douanes, parut l'ordonnance du Roi qui, dans son art. 2 statua que la pêche du hareng serait fermée le 15 janvier dans tous les ports du royaume.

Cette décision, qui n'admettait aucune distinction, était évidemment basée sur une erreur de fait, car fixer une seule et même époque pour la pêche d'un poisson voyageur qui paraît pour les uns quand il disparaît pour les autres, c'est à peu près comme si l'on eût ordonné que la récolte des bleds fût faite simultanément dans les campagnes de Dieppe et dans celles de Marseille.

Au surplus, cette ordonnance, dont les principales dispositions furent puisées dans l'arrêt du conseil du 24 mars 1687, dans l'arrêt du parlement de Rouen du 23 mai 1765, et dans le décret du 8 octobre 1810, s'occupa de régler ce qui concerne généralement cette pêche.

Ainsi, dans son art. 3, elle défend d'acheter du hareng de pêche étrangère à peine de 500 fr. d'amende et de la confiscation du poisson, des barques, bateaux et ustensiles de pêche. Par d'autres dispositions, elle défend aussi de livrer à la salaison les harengs qui auraient plus de 2 nuits de capture, et indique les conditions auxquelles la douane doit délivrer en franchise le sel nécessaire, etc…

Le résultat de la limitation de la pêche fut de faire cesser tout à coup cette branche de commerce sur les côtes du Calvados. Beaucoup de spéculateurs furent ruinés, des établissements importants créés à grands frais à Trouville, Touques et Dives, furent fermés pour ne plus se rouvrir, seulement quelques armateurs de Honfleur et de Luc essayèrent de lutter contre les entraves que l'on mettait à leur industrie.

Des réclamations s'élevèrent de toutes parts, le ministère de la marine, qui depuis longtemps avait recueilli sur cette question importante des documents qui promettaient un tout autre résultat, se plaignit de n'avoir point été consulté. M. Lacoudrais, alors commissaire au quartier d'Honfleur, et que son mérite si distingué sous tous les rapports, a appelé à remplir auprès du ministre de la marine des fonctions éminentes, s'occupa avec activité de cette affaire, et rédigea à ce sujet plusieurs mémoires forts de faits et de raisonnement que les Dieppois combattirent en vain.

Le Conseil général du Calvados, le Préfet, les membres de la députation. et particulièrement feu M. Brochet de Vérigny, l'un d'eux, réunirent leurs efforts et firent enfin triompher la vérité et la justice. Le 4 janvier 1822 parut l'ordonnance du Roi qui abrogea la disposition limitative de l'ordonnance du 14 août 1816, et proclama la liberté absolue de la pêche du hareng.

Alors de nouvelles spéculations commerciales prirent naissance sur les côtes du Calvados, et l'on vit renaître les établissements de salaisons de Luc.

Mais par une fatalité nouvelle, ce poisson que l'on prenait autrefois le long des côtes de France, semble avoir fui nos parages, depuis quelques années il n'entre plus dans la Manche et se trouve vis-à-vis le nord de l'Angleterre dans le voisinage d'Yarmouth et des bancs appelés Doggers bancks et Galloper.

Cette circonstance a forcé nos navires à aller chercher le hareng, qu'ils eussent attendu en vain, au surplus les Diéppois et les Boulonnais leur avaient montré l'exemple, et il est vrai de dire que leur pêche et la nôtre s'exécutent en tout de la même manière.

Mais il a fallu chez eux et chez nous faire des armements plus considérables, et substituer aux petites barques dont on se servait pour pêcher à la vue des côtes, de grands bateaux du port de 40 à 100 tonneaux, et montés par 20 ou 30 hommes, cette extension a nécessairement fixé beaucoup de spéculateurs qui ont dirigé leur industrie vers cette branche de commerce , et on a vu s'accroître rapidement les établissements de Luc et de Langrune.

Ces succès ont facilement réveillé la jalousie des Diéppois et de leurs voisins auxquels tout ce que nous disons ici s'applique aussi. Ils ont renouvelé leurs réclamations et ont suggéré à la douane que les harengs de nos pêcheurs provenaient de pêche

étrangère et que nos saleurs ne devaient plus dès lors profiter de la franchise du sel qui est délivré par la douane, seulement pour les salaisons du poisson Français, si nous pouvons nous exprimer ainsi. On conçoit que la douane adopta vivement cette idée qui lui promettait de fréquentes saisies, et des confiscations progressives.

L'ordonnance de 1816 avait déjà prévu l'achat de poisson à l'étranger et avait créé des syndics pour le maintien des conditions auxquelles la franchise du sel était concédée.

Une nouvelle ordonnance du 27 septembre 1826, et une autre toute récente du 3 janvier 1828, ont déterminé les fonctions respectives des syndics et des douaniers, qui ensemble ou séparément usent de tous les moyens possibles pour vérifier à l'arrivée des bateaux l'origine du poisson.

Mais il faut le dire, la manière dont les douaniers se conduisent à Dieppe est bien différente des procédés dont ils usent à Luc. A Dieppe, les pêcheurs, les nôtres même qui souvent vont y vendre leur poisson, sont toujours bien reçus, à Luc, au contraire, aucuns ne débarquent qu'après des visites serpuleuses, et ne jouissent de la liberté qu'après avoir subi de longs et sévères interrogatoires, formalité que l'ordonnance de 1826 n'autorise cependant que dans les cas douteux.

Cette année plusieurs bateaux ont été saisis à Luc. Leurs patrons ont été traduits devant les tribunaux.

Le 15 mars dernier, le tribunal de police correctionnelle de Caen avait renvoyé de l'action 4 de ces navires prévenus d'avoir introduit en France des harengs de pêche étrangère. La douane avait fondé sa saisie sur les prétendues contradictions qu'elle disait exister dans les interrogatoires des équipages. Le tribunal reconnut que les capitaines représentaient à la justice le document légal qui devait éloigner l'idée de la fraude, c'est-à-dire, le certificat des syndics constatant l'origine du poisson, et que d'ailleurs il n'existait aucune preuve de l'achat de ce poisson à des pêcheurs étrangers.

Dans ces entrefaites le gouvernement, voulant connaître la vérité sur ces prétendus achats à l'étranger, a demandé des renseignements précis. Le ministère de l'Intérieur et celui de la Marine se sont adressés à leurs agents locaux, des enquêtes ont eu lieu, on a consulté des fonctionnaires publics qui pouvaient avoir des connaissances exactes, les documents recueillis de toutes parts ont à l'unanimité repoussé des inculpations qui ne reposaient que sur des suppositions suggérées par des rivalités et par l'intérêt personnel.

La douane seule a persisté dans son système, et elle a si bien fait que l'appel des quatre jugements du 15 mars a été porté.

Mais par quatre arrêts rendus jeudi dernier par la Cour royale de Caen, Chambre des appels de police correctionnelle, la décision des premiers juges a été confirmée.

Les bateaux saisis étaient :

Le « « Saint-Jean-Baptiste », capitaine Constant Aubey.

Le « Généreux » , capitaine François Mériel.

Le « Saint-Louis », capitaine Pierre Aubey.

La « Victoire », capitaine Pierre-Louis Meriel. (Le Journal de Caen et de la Normandie)

 

Septembre 1829   -   Un accident.   -    Plusieurs accidents sont encore arrivés depuis peu à Caen et dans les environs. La semaine dernière, à Luc, un enfant a été écrasé par une voiture, et à cette occasion nous ne pouvons nous empêcher de nous récrier contre la cruelle insouciance avec laquelle les parents abandonnent les enfants au milieu des chemins les plus passagers, chaque jour on en rencontre jouant dans les ornières et ne faisant aucune attention aux avertissements et aux cris des conducteurs de voitures, le plus souvent ce ne serait pas ces derniers qu'on devrait rendre responsables d'évènements qu'ils n'ont pu prévoir et éviter, la loi ne devrait-elle pas plutôt punir les parents qui, chargés de veiller à la conservation de leur enfants, se rendent coupables d'une négligence inconcevable en les voyant d'un œil indifférent s'exposer ainsi au danger, et cherchent quelquefois même après à spéculer sur les accidents dont ces enfants ont été victimes. (Le Journal de Caen et de la Normandie)

 

Mars 1830   -   Épave mystérieuse sur la côte de Luc et Lion.   -   Depuis quelque temps plusieurs débris de bâtiment ont été jetés sur la côte de Luc et de Lion. Un canot ayant 20 pieds de quille et 4 pieds et demi de baux, et un mât de goélette, ayant 22 pieds de long et provenant d'un navire d'environ 90 tonneaux, ont été recueillis par la douane de cette côte. (Le Pilote du Calvados)

 

Août 1830    -    Un incendie.   -   La semaine dernière, un incendie a eu lieu dans la commune de Luc, et a dévoré 2 maisons, celle des sieurs Lemarchand et Letellier.

L'incendie a eu lieu par des copeaux placés auprès de la cheminée du sieur Letellier, et auxquels le feu s'est communiqué pendant que sa femme était sortie pour quelques instants. (Le Pilote du Calvados)

 

Juin 1831    -    Les deux drapeaux de la chapelle de la Délivrande, cause de guerre.   -   La chapelle de la Délivrande, si renommée dans notre pays par ses miracles, est située sur le territoire de Luc, aux confins de celui de Douvres.

Par sa position comme qui dirait je suis sur la limite de deux états, elle a failli être en petit ce que sera bientôt en grand le Luxembourg, une cause de guerre entre les peuples limitrophes, sur le point de savoir lequel des deux planterait son drapeau sur le faîte sacré.

Reprenons les choses de plus loin, et racontons comment une diplomatie officieuse a su dans un congrès prévenir par ses protocoles d'imminentes hostilités.

Plusieurs fois déjà le maire de Luc avait remplacé sur la chapelle le drapeau tricolore que le vent, le diable ou quelqu'autre puissance mystérieuse, malfaisante et anti-tricolore, déchirait sans cesse, malgré la solidité de l'étoffe dont il était fait. Témoins des efforts inutiles de Luc pour maintenir son drapeau sur le nid de nos ci-devant missionnaires, les Douvrois en firent dernièrement fabriquer un sur lequel l'ouragan même serait sans empire, car confectionné en tôle ce serait bien le diable s'il ne résistait pas. Le drapeau métallique fut placé sur la chapelle.

A cet aspect grande rumeur a Luc, qui voit dans ce fait un acte attentatoire à ses droits et à sa propriété. Le maire de cette commune substitue bientôt son drapeau à celui des Douvrois, qui s’entêtant pour ne pas perdre le bénéfice de leur bonne intention, attachent de nouveau leur étendard au pignon de la chapelle et en scellent fortement dans la muraille la lance dont la longueur le place au dessus de celui des Lucois. Nouveaux murmures de la part de ceux-ci, furieux qu'un drapeau rival, vint par sa hauteur humilier le leur. Enfin les têtes se montent et déjà on s'apprête d'un côté à renverser et de l'autre à défendre le drapeau douvrois (1).

Fort heureusement des diplomates neutres sont intervenus pour régler les affaires, un plan qui plaçait la chapelle sur le juste milieu de la ligne séparative des deux états avait réveillé les anciennes prétentions et les pensées jalouses des Douvrois, mais un plan exact, copié sur celui du cadastre, a été soumis au congrès, et le premier protocole a rejeté la prétention. Restait le grand point à juger : Douvres voulait que son drapeau fût maintenu, et offrait d'inscrire son nom dessus, conjointement avec celui de Luc ; Luc rejetait ce mezzo termine

comme une concession contraire a son droit exclusif sur la chapelle. L'intention des Douvrois mieux appréciée ( elle était surtout de voir un drapeau sur la chapelle qui n'en voulait pas souffrir ) a servi de base au protocole définitif, et il a été convenu que les deux drapeaux resteraient sur le toit, pourvu que celui de Douvres ne dépassât pas celui de Luc.

La paix a été signée à ces conditions, et maintenant les deux drapeaux flottent fraternellement sur la chapelle, d'où la main invisible qui lui a attiré ce double déboire, ne cherchera pas sans doute à les abattre, de peur que le lendemain on n'y en plaçât un plus grand nombre.

 

(1) Les choses en étaient venues au point qu'un pauvre diable de perruquier, dont la boutique est sise sur Luc, à deux pas de la chapelle, allait perdre toutes ses pratiques. Les Lucois ayant trop loin pour venir se faire raser chez leur concitoyen de la frontière, r t les Druvrais ne voulant pas qu'on put dire, dans l'état ou en étaient les affaires, qu'un habitant de Luc. leur faisait la barbe  .(Le Pilote du Calvados)

 

Juin 1831    -    Service d’une voiture publique de Caen à Luc.   -   A dater du dimanche 12 juin 1831, le sieur Quesnel, entrepreneur de voitures publiques, fera partir tous les jours de Caen pour Luc, à 7 heures du matin, et de Luc pour Caen, à 7 heures du soir, une voiture à 4 roues, montée sur ressorts et très commode.

L'exactitude que le sieur Quesnel a apportée dans le service les années précédentes, lui fait espérer que les personnes qui ont bien voulu l'honorer de leur confiance daigneront la lui continuer.

Le prix des places est fixé à 1 fr. tout payé.

Les bureaux sont toujours établis à Caen, chez M. Jeanne, cafetier au Marché au Bois ; à la Délivrande, chez M. Deliot, cafetier, et à Luc, hôtel du Grand Orient.

A dater de la même époque, il fera partir tous les jours une voiture pour Courseulles à 7 heures du matin, et de Courseulles pour Caen à 5 heures et demie du soir.

Les bureaux sont, à Caen, chez M. Jeanne ; à la Délivrande, chez M. Deliot, et à Courseulles, hôtel des Étrangers.

Le prix est fixé à 1 fr. 4o c. par place, tout payé. . (Le Pilote du Calvados)

 

Novembre 1831    -    On lit dans l' Écho de la Seine-Inférieure.   -   Un négociant de Dieppe, membre de la commission sanitaire, nous écrit ce qui suit :

Au moment où la salubrité publique excite avec tant de raison la sollicitude générale pour nous défendre contre l'invasion du choléra asiatique qui nous menace de toutes parts, nous croyons devoir signaler à la France entière un fait patent dont la gravité peut amener les conséquences les plus désastreuses.

Suivant leur habitude de tous les ans, les bateaux pêcheurs du quartier de Caen arment ouvertement dans notre port, et avec une scandaleuse audace, pour aller acheter du hareng au Helder, au Texel, et sur les rivages de la Hollande, quoique ce pays soit placé par nos lois sanitaires sous le régime de la patente suspecte.

Leurs équipages disent à qui veut l'entendre que telle est leur destination, et ils poussent l'oubli de toutes les convenances à tel point, qu'ils mettent à terre, et cela sous les yeux d'une population nombreuse qui les observe, tous leurs filets de pêche, et embarquent à la place des barils pour contenir, et du sel pour préparer le hareng qu'ils vont acheter à l'étranger, et qu'ils rapportent comme provenant de leur pêche.

Leur retour devant s'effectuer à Luc, Langrune et autres criques du Calvados, où de tout temps leur commerce frauduleux et immoral a été toléré, ils espèrent échapper cette année comme par le passé, à la surveillance de l'administration des douanes de leur pays, qu'a tort ou à raison l'opinion publique accuse depuis longtemps, sinon de connivence, au moins d'une incurie ou d'une complaisance aussi répréhensibles jusqu'à présent qu'elles peuvent devenir coupables dans les circonstances actuelles.

Dans une pareille occurrence, que va faire l'administration du département du Calvados pour dissiper la crainte que nous éprouvons tous de voir s'introduire par cette voie le funeste fléau, contre lequel tant de prescriptions sont si rigoureusement recommandées, nous l'ignorons. Nous savons cependant que la commission sanitaire de Dieppe a informé le ministre du commerce et des travaux publics de la tentative insensée que la cupidité de ces pêcheurs leur a suggérée, et nous en attendons des mesures préventives. (Le Pilote du Calvados)

 

Décembre 1831    -    On nous adresse du littoral la note suivante.   -   Nous respectons trop la sagesse des mesures adoptées par l'intendance sanitaire, dans l'intérêt du pays entier, pour ne pas nous être assurés avant de publier cette réclamation qu'elle est de nature a être prise en considération, sans porter atteinte aux précautions qu'exige la salubrité publique. Nous la soumettons aux méditations de MM. les membres de l'intendance, convaincus qu'il feront tout ce qui dépendra d'eux pour concilier les intérêts de notre population maritime avec les mesures que le pays a le droit d'attendre contre l'invasion du choléra. Quelque soit d'ailleurs la décision qui sera prise, par l'intendance, comment les pétitions qui doivent lui être adressées dans le même sens que la note ci-après, nous inviterons ceux même dont les intérêts pourraient se trouver momentanément compromis à s'y soumettre, l'intérêt général devant dominer les intérêts particuliers et en commander même quelquefois le sacrifice.

-  La commission sanitaire de Caen a arrêté, le 14 de ce mois, que tout bateau pêcheur qui resterait à la mer plus de 24 heures, ne serait plus admis à la libre pratique, Cette décision, quoique très sage pour prévenir l'introduction du choléra, peut être modifiée sans qu'il en résulte aucune absence de sécurité pour le pays.

Vingt-deux bateaux de Luc et de Langrune sont partis à la pêche du hareng, plus de 500 hommes forment l'équipage de ces bateaux. La plus grande partie de la population de ces deux communes, qui s'élève à 4 000 habitants, subsiste de l'industrie de la pêche, il serait même facile d'établir que cette branche précieuse du commerce se rattache à des intérêts bien plus étendus que ceux de la localité.

En maintenant les dispositions de cet arrêté, qui enjoignent aux bateaux pêcheurs d'aller purger leur quarantaine à l'île Tatihou, c'est occasionner le plus grand préjudice à toute la population qui vit de la pêche et à tous ceux qui y sont intéressés.

1º. Dans beaucoup de cas, le manque de sel, et le retard qui résultera de la nécessité de poursuivre le voyage jusque sous la côte de la Hougue, entraîneront la perte du poisson.

2º. Le temps nécessaire pour se rendre au lieu de la quarantaine et les délais du retour feront perdre aux pêcheurs des moments précieux, puisqu'il faut qu'ils reviennent toujours à la côte de Caen pour débarquer leur poisson, changer leurs filets et se ravitailler avant de reprendre la mer.

3º. Les réparations à faire aux bateaux pour les mettre en état de continuer leur pèche. réparations qui ont lieu habituellement au moment même de l'arrivée, ne pourront se faire qu'après qu'ils auront purgé la quarantaine. On conçoit donc quel préjudice notable tous ces retards et ces obstacles font naître au détriment du commerce, sans utilité réelle pour les garanties de salubrité qui les occasionnent.

Ces faits posés, que peut-on faire pour rendre le sort des pêcheurs moins fâcheux, sans rien enlever aux précautions sanitaires qu'il est nécessaire de prendre ? Il n'y aurait aucun inconvénient à permettre aux bateaux de la côte de faire leur quarantaine soit au mouillage de l'île de la porte ( Kiho) qui est vis-à-vis Luc et Langrune, à une demi lieue en mer, soit dans celui de la fosse de Colleville, dans lequel la tenue est également bonne, soit enfin près de la redoute de Merville, dans la « Passée-au-Drôle », où de tout temps les navire, venant de la Méditerranée ont fait quarantaine. Nous espérons que la justice de cette réclamation sera appréciée par l'intendance, qu'elle aura égard à la position de l'industrieuse population maritime, en reconnaissant que les endroits ci-dessus indiqués peuvent remplacer les lieux désignés pour la quarantaine, sans offrir moins de sécurité, puisque le plus parfait isolement pourra avoir lieu au moyen de la surveillance du cordon sanitaire établi sur le littoral. (Le Pilote du Calvados)

 

Décembre 1831    -    Mesures de prévention et d'atténuation du choléra.   -    Le conseil de salubrité publique vient de rendre publics les moyens qui lui paraissent les plus propres à se préserver des atteintes du choléra, et a en atténuer les effets, si malgré toutes les précautions et les moyens hygiéniques employés, il venait à se manifester dans nos contrées. Nous croyons utile d'emprunter au Journal du Havre la note suivante :

1°.  La propreté est de la plus grande importance, soit dans les vêtements, soit dans l'intérieur des maisons, il faut écarter des habitations les ordures, les fumiers, enfin tout ce qui produit des émanations fétides. Il est reconnu que ces exhalaisons ajoutent à la gravité des maladies en général, et accroissent notamment l'intensité du choléra.

2º.  Étendre et faire sécher dans les appartements, des linges imprégnés d'eau chlorurée, selon les proportions qui seront indiquées.

3°.  Dans un local vaste et élevé, les fumigations à la Guyton-Morveau sont d'une application plus prompte et plus étendue. Elle doivent donc être préférées dans ces cas, vu la modicité de leur prix.

4º.  Se laver souvent les mains dans une solution légère de chlorure, y tremper même les mouchoirs que l'on porte avec soi. Il est bon de mettre sous les lits une assiette remplie de quelques onces de chlorure solide de chaux, avec suffisante quantité d'eau. En ajoutant un peu de vinaigre, et en remuant ce mélange, on accélérera le dégagement du gaze désinfectant.

5º.  Avoir recours à des frictions sèches ou chaudes, à des bains de vapeurs, à des bains chauds d'eau douce et de préférence d'eau de mer.

6º.  Porter sur la peau une large ceinture de flanelle, éviter le refroidissement des pieds.

7º. Éviter les réunions nombreuses, surtout dans un local resserré et peut aéré.

8º.  Ne faire aucun changement à un genre de vie sain et régulier, continuer un exercice modéré.

9°.  Autant que possible la nourriture doit être presque toute animale, il faut user des légumes frais en petite quantité, éviter les viandes fumées, les salaisons, la pâtisserie et les fruits mal mûrs.

L'abus des liqueurs spiritueuses devient très préjudiciable dans les temps d'épidémie, ainsi que les excès de tout genre.

10º.  Enfin se mettre en garde contre ces spécifiques vantés par quelques journaux, ou colportés dans les campagnes. (Le Pilote du Calvados)

 

Janvier 1833    -    La pêche du hareng.   -   La crainte d'être retenus prisonniers par le Gouvernement hollandais avait empêché la plupart des marins de notre côte de se livrer à la pêche et au commerce du hareng sur la côte de Hollande.

Un seul propriétaire de navire, de la commune de Luc, a fait une expédition, et son bâtiment revenu hier d'un second voyage avec un chargement complet va décider, sans doute, les autres marins, qui font actuellement leurs préparatifs de départ. (Mémorial du Calvados)

 

Avril 1833    -   Tentative de suicide à Luc-sur-Mer.   -   Le 16 de ce mois, un homme âgé de cinquante cinq ans a tenté de se noyer dans la mer en face de la commune de Luc. Il s'était attaché au cou une pierre pesant vingt livres et avait essayé de se couper les veines des bras au moyen d'un rasoir.

Le garde champêtre, averti qu'un marin nommé Pesnel l'avait retiré de l'eau, est parvenu, non sans peine, à le conduire à l'hôtel de la gendarmerie de la Délivrande.

Il a déclaré se nommer Gallé (Charles Joseph) et venir de Falaise où il exerce la profession de tailleur.

Le brigadier voyant que ce malheureux, qui paraît atteint d'aliénation mentale, persistait dans la résolution d'attenter à ses jours, l'a fait conduire à Caen, où il a été visoirement déposé dans la maison d'arrêt. (Mémorial du Calvados)

 

Novembre 1840   -   Nouvelles Locales.  -   La violence de la mer a été si grande qu'une petite baleine, de celles connues sous le nom de souffleur, est venue s'échouer hier sur notre côte, on face de Luc. Ce cétacé a plus de neuf mètres de longueur. (Source  : L’indicateur de Bayeux)  

 

Août 1842    -  Nouvelles locales.   -   Le mot varech ou wrack, dans notre pays, ne désigne pas et n'a jamais désigné une plante unique de la famille des algues : il signifie une plante, une herbe quelconque que la mer jette sur ses bords, et jadis, par extension, tous les débris qui échouaient sur les côtes. — Il était synonyme d'épave.— De là les expressions tomber en wrack, jeter en wrack, encore fort usitées aujourd'hui.

C'est à tort que M. Pilet a dit que le varech avait autre fois sa législation, mais que les lois qui régissent la matière sont tombées en désuétude. Trois ou quatre condamnations ont frappé, cette année même, en 1842, dans l'arrondissement de Caen, des individus qui y avaient contrevenu.

Le droit de recueillir le varech appartient au premier occupant, le droit de récolter les algues qui croissent sur les roches et que sans doute, par analogie, on appelle aussi varech, appartient généralement aux communes sur le territoire desquelles il a poussé.

Au moyen-âge il constituait un droit féodal. Nous voyons, en effet, par une charte du XIIe  siècle, conservée aux archives de la préfecture du Calvados, que Richard-Cœur-de-Lion donne aux moines de St-Etienne de Caen le port de Dives, avec un chantier pour la construction des navires auquel il ajouta le droit de wrack. L'abbesse de Sainte-Trinité de Caen jouissait aussi de ce droit dans diverses paroisses du Cotentin, notamment dans celles de Saint-Vast, de Quettehou et de Morsalines. Beaucoup d'autres seigneurs possédaient de semblables privilèges, mais il est probable que les uns et les autres de ces privilèges étaient plus ou moins restreints et que les cultivateurs riverains en étaient quittes pour abandonner aux suzerains les épaves proprement dites.

En tout cas, si ces dîmes existèrent jamais, on ne les payait plus, bien avant le XVIIe  siècle, car la Coutume de Normandie n'appelle droit de varech que le droit de s'emparer des choses jetées par la mer à terre.

L'ordonnance de la marine de 1681 organisa par son titre X du livre 4e, la coupe du varech dans les paroisses situées sur les côtes.

Les habitants des paroisses devaient s'assembler le premier dimanche du mois de janvier de chaque année, pour régler les jours auxquels devait commencer et finir la coupe des herbes marines croissant en mer à l'endroit de leur territoire.

Les habitants des communes d'Hermanville, Lion et ses hameaux, Luc, Langrune et ses hameaux, Bernières, Courseulles, Arromanches, Tracy, Manvieux , Fontenailles, Longues, Marigny, Commes et ses hameaux, Port-en-Bessin, Huppain, Villers, Ste-Honorine-des-Pertes, Colleville et St-Laurent, pourront faire ladite coupe pendant trente jours, qui seront choisis entre le troisième jour avant la pleine lune de  mars, et le troisième jour après la pleine lune d'avril. Ceux des communes de Vierville, St-Pierre-du-Mont, Englesqueville et Grandcamp, pourront faire la coupe des dites herbes, pendant trente jours. à compter du 1er du 15 mars jusqu'au 15 avril suivant. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Février 1843   -  Nouvelles locales.   -  On avait annoncé un hiver rigoureux pour l'année 1842-43, déjà le solstice d'hiver est passé, l'année 1843 s'ouvre, le soleil commence à remonter sur l'horizon, et la température est restée jusqu'ici fort douce et fort égale, on a compté, en décembre, des journées comparables à celles de mars et d'avril.

Les cultivateurs en sont arrivés au point de désirer quelques gelées pour empêcher que les plantes semées ne s'avancent trop.

En Suisse, on récolte déjà des fraises dans les bonnes expositions, et de toutes parts on signale des phénomènes de précocité surprenants. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Février 1843   -  Nouvelles Locale.   -  La semaine dernière la neige est tombée pendant trois jours sur notre contrée avec une abondance inaccoutumée, surtout à l'époque avancée de la saison où nous nous trouvons. Un tapis blanc, d'une épaisseur très considérable en certains endroits, a couvert les champs, les routes, les rues , les toits des maisons.

L'arrivée des voitures publiques a été retardée, les malles-poste de Paris et de Cherbourg ont subi dans les heures de passage en notre ville, six à huit de retard : vendredi, celle de Granville à Bayeux a été retardée de 24 heures, il paraît que le parcours de la forêt de Neuilly était devenu impraticable.

Au reste, le dégel dure depuis plusieurs jours, la température s'est sensiblement adoucie et les circulations se rétablissent sur tous les points. Nous n'avons pas appris qu'il soit arrivé dans notre, contrée, par suite de ce mauvais temps, d'accidents graves. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Février 1843   -  Nouvelles Locale.   -  Les plus grandes marées qui en 1843, pourront occasionner des sinistres si elles sont favorisées par les vents, seront celles du 16 février, 18 mars, 16 avril, 27 août , 26 septembre et 25 octobre.

Celles du 25 septembre et du 18 mars, atteindront, sur toute notre côte, presque le maximum. (source : L’Indicateur de Bayeux)  

 

Août 1843   -  Nouvelles locales.   -   On nous communique un remède aussi sûr que prompt contre la brûlure. Nous croyons utile de le faire connaître à nos lecteurs.

On prend une pincée de pousses de jeunes buis que l'on pile avec trois blancs de poireaux, et on y ajoute une cuillerée d'huile d'olive. On renferme ensuite le tout dans un linge bien blanc et on l'applique sur la partie brûlée.

Plusieurs personnes qui ont fait l'essai de ce remède, en ont obtenu les plus prompts et les plus heureux résultats. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Octobre 1843   -  Nouvelles locales.   -   Nous lisons dans le « Pilote », les lignes suivantes sur un genre d'abus qui n'est que trop fréquent dans notre pays et contre lequel nous ne cessons nous même de réclamer :

« Il ne se passe guères de semaine sans que les personnes qui parcourent à cheval ou en cabriolet la route de Caen à Luc ne soient victimes du mauvais vouloir et de la brutalité des rouliers dont ils font rencontre. La plupart de ces tyrans de grands chemins appartiennent à la population de notre littoral, il est d'autant plus surprenant qu'ils s'acharnent à vexer les voyageurs qui se rendent à la mer, que l'intérêt bien entendu de leurs familles leur fait une obligation, plus étroite de se montrer polis vis-à-vis des personnes habituées à payer à beaux deniers comptant les quelques heures de distraction qu'elles viennent passer sur leurs grèves.

Un honorable habitant de notre ville a encore été, ces jours derniers, renversé dans un fossé, avec son cabriolet et son cheval, par la méchanceté purement gratuite d'un de ces charretiers qui, loin de lui céder passage, s'est plu au contraire à le lui intercepter, en barrant la route avec son équipage. C'est là le cas de regretter que les cantonniers ne soient point investis du droit de verbaliser contre les auteurs d'actes aussi blâmables, mais en attendant qu'il en soit ainsi, ce qui doit vraisemblablement arriver tôt ou tard, il est urgent de solliciter l'autorité compétente de mettre fin à un si déplorable état de choses par tous les moyens coercitifs dont il lui est possible de disposer. (source : L’Indicateur de Bayeux) 

 

Octobre 1843   -  Nouvelles locales.   -   En Basse-Normandie, l'existence de phénomènes de la nature, que depuis le commencement de l'automne ils se sont multipliés autour de nous. Beaucoup d'arbres d'espèces diverses se sont parés d'un second feuillage, et dans plusieurs communes du Pays-d'Auge, voire même sur la route de Caen à Lisieux, on remarque en ce moment certains pommiers tout couverts de fleurs parmi d'autres qui menacent de se rompre sous le poids des fruits maintenant à peu près murs dont, par extraordinaire, ils sont surchargés cette année jusqu'à l'extrémité des branches les plus frêles et les plus délicates en apparence. (source : L’Indicateur de Bayeux)  

 

Mai 1844   -  Nouvelles maritimes.  -     Voici, d'après des renseignements authentiques, quelle est l'étendue des sinistres maritimes arrivés sur notre littoral depuis le commencement de la tempête de ces jours derniers :

Le brick la « Providence », capitaine Bouchon, venant de Libourne, avec un chargement de vin et eau-de-vie, à destination du Havre et de Caen, a été jeté à la côte, le  17, à neuf heures du soir, à l'entrée de la rivière d'Orne. L'équipage a été sauvé.

Le houry la « Prudence », venant de Bordeaux, avec un chargement de vin et d'eau-de-vie, à destination de Rouen, a été également jeté à la côte près de Deauville.

La goélette norvégienne « Annette-Dorothée » , capitaine Holer, venant de Mandal, chargée de bois, est aussi échouée sous Cabourg, à peu de distance de la rivière de Trouville. On ignore si les équipages de ces deux navires ont été sauvés.

Le sloop anglais « Actif », capitaine Morgon, venant de Swansea, avec un chargement de cuivre, à destination de Rouen, a fait côte à Saint-Aubin-de-Langrune. L'équipage a été sauvé, on espère renflouer le navire après déchargement.

Deux houris, la « Victoire » et le « Jeune-Conquérant », ont été également jetés sur la côte près de Luc-sur-Mer.

Le navire la « Jeune-Adèle », capitaine Laborde, allant d'Abbeville à bordeaux, sur lest, a relâché à Courseulles. Ce navire a éprouvé quelques avaries. Le capitaine Laborde a rapporté qu'il a trouvé en mer, entre deux eaux et toute désemparée, une goélette norvégienne , la « Caroline-Mathilde », capitaine Bioness, venant de Moss avec un chargement de planches à destination de Caen, et à la consignation de Mme veuve Verel.

Ce navire est venu à la côte sous Asnelles, on a trouvé dans le roufle un chat et un chien encore vivants, il y a malheureusement lieu de penser que le capitaine qui a dû s'embarquer dans son canot avec son équipage composé de 7 hommes, aura péri en même temps que lui en voulant se rendre à terre.

Ce qui tendrait à accréditer cette opinion, c'est qu'on a retrouvé depuis l'échouement du navire qui est totalement brisé, les débris d'un canot épars sur la côte ainsi qu'une grande quantité de planches.

Depuis ce sinistre, il est entré à Courseulles une autre goélette norvégienne, à destination aussi du port de Moss, qui a touché en entrant et qui a fait de graves avaries. Elle est battue à chaque marée par la violence des lames qui viennent du large et qui déferlent sur elle avec une grande impétuosité.

Toute la côte, depuis Courseulles jusqu'à Lion-sur-Mer, est couverte de planches et de débris. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juillet 1844   -  Nouvelles locales.   -    La saison des bains de mer amène cette année comme les précédentes sur notre littoral, outre les habitants de Caen et de divers points de notre département, un grand nombre d'étrangers de distinction, Luc et Lion surtout, ne cessent d'être fréquentés par les baigneurs de tous les pays.

Parmi les notabilités françaises qui doivent y venir passer une partie de la belle saison, on cite particulièrement M. Arago, député et membre de l'Académie des Sciences, pour toute la famille duquel des appartements sont déjà retenus à Luc chez M. Jacquot, propriétaire de l'hôtel de la Belle-Plage. M. Arago y est attendu immédiatement après la clôture de la session parlementaire. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juin 1846   -  Nouvelles locales.   -   On annonce à Caen, la mort de M. Jacquot, maître de l'hôtel Belle-Plage, à Luc, qui s'est brûlé la cervelle la semaine dernière. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juillet 1851   -   Un incendie.   -   Voici quelques détails sur l'incendie qui a éclaté, le 12 juillet, en la commune de Luc.

L'incendie s'est d'abord déclaré chez le sieur Roger, maréchal-forgeron. Le feu a dû prendre au faîte de la maison communiquant avec la cheminée de la forge. Il a ensuite envahi un grenier, où se trouvait un amas considérable de chauffe de colza.

Cette maison, couverte en chaume, est au centre d'un grand nombre d'autres maisons également recouvertes en paille.

C'est vers 7 heures et demie du matin qu'un voisin vit fumer la couverture et donna l'éveil. Le vent d'ouest, qui soufflait avec violence, porta bientôt de nombreuses flammèches sur la maison voisine, qui en était cependant séparée par un chemin de près de trois mètres. La couverture prit feu aussitôt. Tout le monde était dans la consternation. Trente maisons au moins étaient sous le vent, menacées d'être envahies, sans compter l'autre côté de la rue, qu'une étincelle pouvait embraser.

Le maire prit la prompte et sage résolution de faire découvrir immédiatement la troisième maison. Le vent ne tarda pas non plus à se calmer. C'est à cette double circonstance, au dévouement et à l'activité des pompiers de Luc, qu'est due la conservation de tant de maisons.

Une heure après cette grande alerte, on était maître du feu.

Deux maisons sont brûlées et une a perdu sa toiture. Une des maisons incendiées était assurée, l'autre ne l'était pas.

Tout le monde a fait son devoir, les pompiers de Luc, les habitants de la commune et ceux des communes voisines.

Les pompes de la Délivrande et de Bernières sont venues au secours du Luc, avec le plus louable et le plus généreux empressement, mais on était déjà maître du feu, lorsqu'elles sont arrivées. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juillet 1851   -   Nouvelles locales.   -   La récolte du colza est terminée, celle des blés va bientôt commencer. Un grand nombre de propriétaires et de fermiers ont l'habitude d'élever des meules de paille dans l'intérieur des cours de ferme, et même le long des bâtiments d'exploitation et d'habitation. Cette habitude présente des dangers d'incendie, sur lesquels nous appelons toute l'attention des autorités locales. C'est leur droit et leur devoir de veiller à ce que les meules de paille ou les tas de bourrées, élevées à ciel ouvert, soient éloignées des bâtiments, surtout de ceux dont la couverture est en chaume. Aux termes d'un arrêté préfectoral, la distance ne pourra être moindre de 50 mètres. Les arrêtés que les maires pourront prendre à ce sujet devront être soumis à l'approbation de M. le préfet. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Décembre 1852   -  Nécrologie.   -   Un honorable négociant de la ville de Caen, dont la longue carrière a été entourée de l'estime générale, M. Duval Vautier, maire de Luc, vient de mourir dans cette commune à l'age de 84 ans. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mars 1853   -  Nouvelles divers.   -   Au nombre des personnes qui se sont signalées par leur dévouement, et qui ont mérité des médailles d'honneur, nous trouvons les noms suivants, qui appartiennent au Calvados : MM. Vidieu (Pierre-Joseph), employé à la préfecture du Calvados ; Quentin fils, domicilié à Caen, et Leboucher (Jean-François), maître au cabotage à Luc, ont reçu, les deux premiers, une médaille d'honneur de 2e classe ; le troisième, une médaille de 1re classe, pour avoir, le 12 août 1852, tous trois contribué, dans des conditions différentes, à sauver le fils Leprestre, qui se noyait en se baignant à Luc. Leboucher a assuré le sauvetage et empêché Vidieu d'être victime de son dévouement,

M. Bidot (Romain-François), charpentier de marine, a reçu une médaille de 1re classe, pour avoir accompli de nombreux actes de dévouement en diverses circonstances, notamment en sauvant deux enfants en danger, de se noyer, les 16 mai 1847 et 3 février 1851.

MM. Busnel (Charles-Hippolyte), cultivateur, et Deschamps (Eugène), menuisier, ont reçu une médaille de 2e classe, pour avoir, en novembre 1852, à Pont-Farcy, fait preuve de courage et d'abnégation lors de l'inondation de novembre dernier, en secourant des personnes en danger. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Février 1854   -   Cour d'Assises du Calvados.   -   Présidence de M. le conseiller Courtoise.  -  Audience du 8 février.

— Trois ans de prison ont été infligés à Philippe ( Nicolas-François-Désiré ) âgé de 30 ans, menuisier, né à Troarn, demeurant à Douvres, déclaré coupable d’avoir vers la fin de 1853 commis deux vols d'argent en l'Église de Luc, dans un tronc pour les pauvres et dans un autre tronc pour l'entretien de la chapelle. (source Le Journal de Honfleur)

 

Août 1856   -   On lit dans le Pilote du Calvados du 21 courant.  -   Le bruit courait, avant-Lier soir à Caen, que la veille, une violente tempête ayant tout à coup éclaté sur notre littoral, avait jeté à la côte plusieurs navires qui s'étaient perdus corps et biens.

Cette sinistre nouvelle, exagérant énormément l’étendue du mal, avait néanmoins pour base un fait trop exact, un irréparable malheur. En effet, dans la journée du 18, par un temps affreux, le sloop « Désirée-Marie-Alexandrine », capitaine Simon, et ayant trois hommes d’équipage, est allé se briser devant Luc. Le capitaine a été emporté par un coup de mer, le petit mousse, qui naviguait pour la première fois, dit-on, a été noyé dans la cabine, le matelot seul a été sauvé par les sieurs Buhour, pêcheurs à Luc, qui allaient lever leur filet.

Après avoir arraché ce malheureux à une mort certaine, ils l’ont gardé à bord pendant toute la durée de la pêche et l’ont ensuite ramené et déposé à terre.

Les premiers soins lui ont été prodigués par les employés de la douane et il a été transporté ensuite chez M. Félix Marie, où il a reçu tous les secours que nécessitait sa position.

Une collecte a été faite à Luc par des baigneurs, en faveur du matelot et de la famille du capitaine ; elle a produit 600 fr. environ.

Le cadavre du capitaine a été retrouvé en face de Bernières. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Août 1856   -   Un naufrage.  -   Le sloop « Désirée-Alexandrine » qui, ainsi que nous l’avons rapporté dans notre dernier numéro, a fait naufrage, le 18, sur les roches de Luc, où l’avait drossé une forte brise de nord est, appartenait au port de Honfleur, il jaugeait de 25 à 50 tonneaux.

La veille, il était sorti de Caen, avec un chargement de diverses marchandises pour Rouen. On se rappelle que de trois personnes qui se trouvaient à bord, deux ont péri ; le capitaine Simon et son propre fils. Le pauvre enfant était en vacance et son père l’avait emmené avec lui par partie de plaisir.

Le corps du capitaine a été retrouvé dès le 19, devant Bernières. et celui de son fils, le 25, sur la plage de Luc, à 500 mètres environ des bains. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Septembre 1856   -   On lit dans le Journal.  -  Samedi dernier, le nommé Pain (Pierre), poissonnier, demeurant à Luc-sur-Mer, et soumis à la surveillance perpétuelle, a rompu son ban. On ignore où peut-être le lieu de sa retraite. Le motif de sa disparition serait un vol. Il se serait emparé d'un cheval au préjudice d'un cultivateur des environs. Son frère, le nommé Pain (Jean), pécheur, a été arrêté mercredi, à Lion, sous l'inculpation de complicité et mis à la disposition de M. le Procureur impérial. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1859   -  Des récompenses.   -   Sur la proposition de M. le commissaire de l'inscription maritime à Caen, S. Exc. le ministre de la marine vient d'accorder, par une décision du 31 décembre dernier, deux médailles d'argent de 2e classe aux matelots Lemarchand (Alexandre-Victor-Constantin), de Luc-sur-Mer, et Duval (Pierre-Etienne), de Ver, et un témoignage officiel de satisfaction au maître au cabotage, Tessel (Jacques-Théogène), d'Ouistreham, commandant la goélette la « Louise », de Caen.

Ces récompenses ont été méritées par ces marins pour leur belle conduite dans le sauvetage de l'équipage du sloop « Espérance », d'Isigny, qui, le 10 octobre dernier, était sur le point de sombrer dans la baie de Caen, lorsque la « Louise », revenant de Sunderland, aperçut ses signaux et fut assez heureuse pour arracher à une mort imminente les trois marins de Courseulles qui formaient l'équipage en détresse.

A peine le sauvetage fut-il effectué, que l’ « Espérance » coulait sous les yeux des deux équipages.

Dans cette circonstance, les matelots Lemarchand et Duval, qui montaient le canot sauveteur, coururent les dangers les plus sérieux, la mer étant très houleuse et menaçant à chaque instant de les submerger. ( Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1859   -  Il n’y a plus d’hiver.   -   Le crédit de M. Babinet commence à baisser, depuis que l'atmosphère a eu le mauvais goût de donner le plus complet démenti à ses prédictions. M. Babinet avait prédit que l'hiver de 1858 à 1859 serait un des plus rigoureux que nous ayons eus, et que cette rigueur, excessive commencerait à se faire sentir surtout à partir du 15 décembre jusqu'au 1er janvier. Or, le 1er janvier est passé, et l'on peut dire, sans crainte d'être démenti par personne, que nous n'avons pas encore eu d'hiver, il est vrai que M. Babinet explique qu'il a pu se tromper de quelques jours dans ses calculs, mais il ajoute qu'il maintient sa prédiction qui commencera très certainement à se réaliser à partir du 15 du présent mois. ( Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1859   -  Avis.   -   La Société impériale et centrale de médecine vétérinaire, consultée par S. Exc. le ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics sur la loi des vices rédhibitoires, vient de décider que la méchanceté et la rétivité seraient comprises désormais dans la nomenclature des vices qui peuvent donner lieu à la résiliation des marchés. ( Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Août 1860   -   Cour d’Assises du Calvados.   -   Présidence de M. le conseiller Reboul.  Audience du 4 août.

L'accusation est soutenue par M. d'Englesqueville, substitut de M. le procureur-général.

Lemarchand (Désiré-Constantin), 36 ans, marin, domicilié à Luc-sur-Mer.

Cet homme avait à rendre compte devant le jury du Calvados d'un acte de brutalité inouïe.

Embarqué comme matelot à bord du navire « Augustine-Amélie », se rendant à la pèche aux huîtres, il avait sous ses ordres un jeune mousse de la Délivrande, nommé Lebourgeois, à peine âgé de 11 ans.

Vers la fin d'avril 1859, au moment où le navire quittait le port de Saint-Valery, trouvant que cet enfant n'exécutait pas assez promptement un ordre qu'il venait de lui donner, Lemarchand lui porta un violent coup de pied qui l'atteignit dans la région du bas-ventre. L'enfant se plaignit d'une très vive douleur, fut souffrant tout le reste de la traversée, qui dura encore quinze jours, et put à peine continuer son service.

Arrivé à la Délivrande, il fut visité par un médecin, qui trouva son état fort grave, et le fit entrer à l'Hôtel-Dieu de Caen, le 18 juin 1859. Ce pauvre enfant y est depuis cette époque, et, malgré les bons soins dont il a été l'objet et sa robuste constitution, son état n'a fait qu'empirer, ses os ont été atteints par la carie, et tout fait redouter une fin prochaine.

Lemarchand niait l'acte de brutalité inqualifiable qui lui était reproché, mais, indépendamment du témoignage de l'enfant, précis et persistant, il était accusé par deux autres matelots, témoins de son action, et d'ailleurs par les médecins qui déclarent que les accidents éprouvés par l'enfant ne peuvent s'expliquer que par un coup reçu de la manière qu'il indique.

Le jury, écartant la circonstance aggravante d'incapacité de travail pendant plus de trente jours, Lemarchand n'a plus été coupable que d'un simple délit, pour lequel la Cour lui a infligé quatre mois d'emprisonnement.

Défenseur, Me  Carel.   ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1862   -   Une messe de charité.  -   Jeudi prochain, 21 août, à trois heures de l'après-midi, un sermon de charité sera prêché, dans la chapelle du nouveau Luc, par le Révérend père J. Jelewicki, supérieur de la mission polonaise, à Paris. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1863   -   Le bureau de poste.   -   Nous apprenons que le bureau de poste de Luc, qui était situé, comme on sait, à l'extrémité de cette commune, c'est-à-dire à l'embranchement de la route qui conduit au Vieux-Luc, distant de plus d'un kilomètre, vient d'être installé sur un point plus central par rapport aux localités qui en dépendent.

Placé aujourd'hui près de l'hôtel de la Belle-Plage, à la limite même de Luc et de Langrune, ce bureau va évidemment, par sa nouvelle situation, donner une impulsion plus active au service, et les habitants comme les nombreux baigneurs qui visitent cette partie de nos côtes pendant la belle saison auront à se féliciter de cette amélioration qui depuis longtemps était nécessaire. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1863   -   Un naufrage.   -   Un épouvantable malheur est venu jeter jeudi dernier, la consternation parmi les baigneurs et les pêcheurs de Luc-sur-Mer.

Vers trois heures et demie de l'après-midi, à mer basse et pendant que la plage était couverte de promeneurs, une embarcation, la « Mouette », portant trois pêcheurs, les nommés Victor Flambard ; Alexandre Hue, dit Romain, et Émile Flambard, qui venaient de placer leurs filets, a sombré à 2 kilomètres à peine du rivage, contre les brisants qui avoisinent le rocher Guillot.

Le canot monté par ces trois malheureux portait beaucoup de toile, et renversé par un violent coup de vent, il s'est immédiatement trouvé rempli par les vagues très creuses en cet endroit, et n'a pu se relever.

L'un des trois hommes, Victor Fambard, était très infirme et ne marchait qu'à l'aide de béquilles, cependant on l'a vu quelques instants, cramponné à un aviron et faisant des efforts désespérés pour se sauver.

Aussitôt que cet accident a été aperçu de la côte, un assez grand nombre de voyageurs, parmi lesquels nous avons remarqué M. Jouen, avocat à Caen, se sont jetés à la mer et ont pu atteindre le rocher Guillot, mais leurs recherches ont été vaines et leur courage inutile. Les trois infortunés pêcheurs avaient été engloutis et emportés par le flot.

Nous renonçons à peindre les scènes de désolation qui se passaient sur le rivage où étaient accourus les parents des naufragés.

Victor Flambard était âge de 38 ans et marié depuis fort peu de temps ; Émile Flambard était âgé de 14 ans à peine.

Une autre embarcation, le « Prince-Impérial », commandée par Paul Lemarchand et montée par quatre hommes, se trouvait au même moment sur le lieu du sinistre. Elle a fait plusieurs tentatives pour sauver ces malheureux, mais la mer était si houleuse et le vent qui soufflait du nord-est si actif, que tous ses efforts ont été infructueux.  (Moniteur du Calvados.)

 

Juillet 1863   -   Des militaire aux champs.   -    Le ministre de la guerre a décidé que cette année, comme les années précédentes, des militaires seraient mis à la disposition des cultivateurs qui en auraient besoin pour les travaux des champs, à défaut d'un nombre suffisant d'ouvriers civils. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1863   -   Le temps.   -    Le beau temps qui nous favorise d'une façon si exceptionnelle cette année attire sur nos côtes une affluence considérable de baigneurs. De tous côtés les plages offrent l'aspect le plus riant et le plus animé.

A Trouville, le nombre des étrangers est immense, il en est de même à Cabourg, à Beuzeval, à Houlgate. D'un autre côté, les voitures de M. Luard, qui ne désemplissent pas, déversent à toute heure des flots de voyageurs à Lion, à Luc, à Langrune, à Saint-Aubin, à Bernières à Courseulles, etc... Arromanches n'est pas resté étranger à ce mouvement, un assez grand nombre de baigneurs s'y sont donné rendez-vous.

En ce moment, deux hôtes illustres y sont attendus : le célèbre historien, M. Thiers ; puis Mme la maréchale Mac-Mahon, duchesse de Magenta.

On annonce pour dimanche prochain, une brillante fête de bienfaisance qui sera donnée dans le vaste Casino de Cabourg. MM. les administrateurs de cet établissement ont eu la bonne pensée d'organiser un bal au profit des pauvres, parmi les souscripteurs on cite le prince et la princesse de Metternich.  (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1864   -   Chemin de fer en projet de Caen à la mer.   -   M. le préfet du Calvados, à la date du 14 avril, a pris l'arrêté suivant :

Nous, préfet du département du Calvados, officier de l'ordre impérial de la Légion-d'Honneur, commandeur de l'ordre de Saint-Grégoire-le-Grand.

-       Vu la décision, en date du 7 de ce mois, par laquelle M. le ministre des travaux publics a autorisé M. Mauger (Anthime), demeurant à Douvres, à faire les études d'un chemin de fer entre Caen et la mer.

-       Vu l'art. 1382 du Code Napoléon, les lois des 16 septembre 1807 et 3 mai 1841.

Avons arrêté :

Art. 1er.        M. Mauger et les agents par lui préposés sont autorisés, en exécution de la décision ministérielle indiquée ci-dessus, à pénétrer sur les propriétés privées pour étudier le meilleur tracé de la ligne en projet de Caen à la mer.

Ces études s'appliqueront aux terrains situés dans les communes de Caen Venoix, Saint-Contest, Épron, Cambes, Mathieu. Anisy, Anguerny, Douvres, Luc, Langrune, Saint-Aubin-sur-Mer, Bernières et Courseulles.

Art. 2.        Une expédition du présent sera adressée à MM. les maires, pour être affichée aux lieux accoutumés.

Une expédition sera également transmise à M. Mauger, qui devra, lui et ses agents, en justifier aux propriétaires, sur leur réquisition, en prenant envers eux, s'il est besoin, l'obligation écrite de leur payer les dommages occasionnés. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1864   -   Chemin de Caen à la Mer.   -   Il y a à peine deux mois qu'il est question d'un chemin de fer de Caen à la mer, que déjà, tant est vive l'impatience du public, on voudrait voir cette nouvelle ligne livrée à la circulation. Mais les choses ne vont pas si vite, et, avant que le sifflet d'une locomotive ne se fasse entendre sur les côtes si riantes de Luc ou de Courseulles, il faut rédiger le projet, étudier le meilleur tracé, le soumettre à l'approbation, puis faire les travaux, etc..., etc…, ce qui ne veut pourtant pas dire que nous sommes condamnés à attendre longtemps encore l'inauguration du chemin. Non l'entreprise est confiée à des mains trop habiles et surtout trop actives pour avoir à redouter ce désagrément. Nous pourrions presque prédire que, le 1er juillet de l'année prochaine, la population caennaise pourra déjà se rendre à Luc.

La ligne projetée, qui s'étend de Caen à Courseulles, aura un parcours total de 24 kilomètres, plus une ligne de raccordement, de 4 à 5 kilomètres, avec le réseau de l'Ouest, elle desservira les stations suivantes : Caen, Cambes, Mathieu, Douvres, la Délivrande, Luc, Langrune, St-Aubin, Bernières et Courseulles.

La gare de Caen sera construite en grande partie sur le terrain occupé par la propriété de M. de Lalonde, place St-Martin. Cette gare sera monumentale, et l'idée générale qui a présidé à la composition de sa façade offre une grande analogie avec les dessins de la magnifique gare de Strasbourg, à Paris. Une colossale statue de Notre-Dame de la Délivrande ornera son fronton, et, bénissant l'entreprise, elle semblera la présider.

L'étude des 24 kilomètres est terminée, mais le projet ne sera complètement rédigé que dans un mois environ, époque à laquelle il sera soumis à l'approbation de l'administration. Les travaux ne pourront donc être commencés qu'au mois de septembre prochain, c'est-à-dire après les récoltes.

Il n'y aura de travaux importants, dans toute l'étendue de la ligne, que pour monter de Caen sur les hauteurs de Couvrechef, et pour descendre des hauteurs de Mathieu jusqu'au niveau du rivage de Luc, et encore l'importance de ces travaux n'est-elle que secondaire.

Dans tout le parcours, les plus fortes pentes n'excèderont pas un centimètre par mètre, et les rayons des courbes ne seront nulle part inférieurs à 500 mètres. Ce renseignement démontre péremptoirement que l'exploitation sera plus facile que sur beaucoup de lignes de premier ordre. Aussi la dépense totale n'excèdera-t-elle pas quatre millions.

La ligne de Courseulles se raccordera avec le chemin de fer de Paris à Cherbourg, dans la prairie, derrière l'établissement du Bon-Sauveur, au moyen de l'embranchement de 4 à 5 kilomètres dont nous avons déjà parlé. Certains trains, et notamment l'express venant de Paris, seront en correspondance immédiate avec le service de Courseulles, à cet effet, une machine légère opérera le transport d'une gare à l'autre.

Le trajet de Caen à Courseulles s'effectuera en 55 ou 60 minutes. Le dimanche matin, le mouvement des voyageurs étant plus considérable, des départs auront lieu d'heure en heure de Caen pour Luc, où on arrivera une demi-heure après.

Il y aura, bien entendu, une très grande amélioration dans le prix du transport, on parle de billets d'aller et retour, de Caen à Luc, moyennant 1 fr..

Ainsi qu'il était facile de le concevoir, l'administration n'a rencontré aucun obstacle de la part des cinq ou six cents propriétaires auxquels elle a dú s'adresser pour obtenir des renseignements, aux termes de l'arrêté de M. le préfet du Calvados, en date du 14 avril dernier, tous ont montré une grande obligeance envers les agents de la nouvelle entreprise. L'aplanissement de toutes les difficultés matérielles laisse donc espérer que la ligne de Caen à Luc sera livrée à la circulation le 1er juillet 1865.

On dira peut-être qu'il sera difficile de réaliser un projet aussi important dans l'espace de dix mois. Nous n'aurons qu'une réponse à opposer à cette objection, c'est que l'activité si connue de M. Mauger et de M. l'ingénieur chargé du projet saura bien suppléer à la brièveté du temps qui existe entre le mois de septembre et le mois de juillet. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1864   -   Postes.  -   Entreprise du transport des dépêches en voiture de Caen à Courseulles, nº 1, par la Délivrande et Luc-sur-Mer : distance de 25 kilomètres environ à exécuter à un ordinaire.

Les personnes qui désireraient concourir à l'adjudication de l'entreprise du service des dépêches sur la route ci-dessus désignée sont invitées à se présenter tous les jours, de dix heures du matin à quatre heures du soir, jusques et compris le 28 du mois d'octobre, aux bureaux des postes de Caen ou de Courseulles, pour prendre connaissance des charges de l'entreprise et y déposer leurs soumissions. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1864   -   Par décision.   -   de M. le directeur général des postes, en date du 13 décembre, les bureaux de distribution établis dans les communes de Beaumont-en-Auge, Luc-sur-Mer, Saint-Sylvain et Ussy ont été convertis en direction de poste de plein exercice. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1864   -   Tribunal correctionnel de Caen.   -   Présidence de  M. Lentaigne, vice-président.   M. Bailleul, substitut de M. le procureur impérial, occupant le siége du ministère public.

Audience du 3 Décembre1864.

-        Jacques-Théophile-Henri Blanc, baigneur à Luc, est prévenu d'avoir, à Luc-sur-Mer, le 3 septembre 1864, outragé par paroles et menaces l'adjoint au maire de ladite commune, à l'occasion de l'exercice de ses fonctions, en le traitant de canaille, de vaurien, etc…

M. Félicien Lemarchand, adjoint au maire de Luc, faisait une quête, parmi ses concitoyens, au profit d'une parente du prévenu, qui est infirme et incapable de travailler.

Celui-ci se permit, le 3 septembre dernier, d'aller chez lui, lui demander compte de l'emploi des deniers de cette quète, et s'emporta envers lui en injures et menaces, le traitant de canaille, de vaurien, etc..., etc..., et lui disant que, s'il méritait une calotte, il la lui donnerait.

A l'audience, Blanc avoue les faits délictueux qu'on lui reproche, mais il déclare qu'il considérait M. Lemarchand, quand il l'insultait, comme un homme privé et non comme adjoint, magistrat de l'ordre administratif, que c'était comme homme privé, en effet, et non en sa qualité d'adjoint, que M. Lemarchand faisait la quête dont il est question.

Le Tribunal, adoptant ce système de défense, condamne le sieur Blanc, avec admission de circonstances atténuantes, à 16 fr. d'amende.

Il n'avait pas de défenseur. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1865   -   Par arrêté du 26 de ce mois.   -   M. Guérard-Delaville a été nommé maire de Luc-sur-Mer, en remplacement de M. Pichon, démissionnaire, pour cause de mauvaise santé.

Espérons que, grâce à l'intelligence et à l'activité du nouveau maire, Luc pourra sortir de l'état d'abandon dans lequel il était plongé depuis plusieurs années.

Le projet de chemin de fer, vers le littoral, voté en principe par le Conseil général, le 27 août dernier, a déjà donné de l'impulsion, et une dizaine de constructions ont été faites à Luc, depuis la saison dernière.

La petite brochure que nous avons publiée dans le numéro de notre journal du 11 juin, sur l'efficacité de l'eau de mer à Luc, par M. le docteur Alfred Liégard, a aussi considérablement aidé le directeur des bains. En effet, de vastes cabinets, où sont établis des appareils par l'hydrothérapie marine, ne laissent plus rien à désirer aux malades.

Les bains chauds qui se donnent en très grand nombre, sont très fréquentés par les baigneurs et les personnes convalescentes.

Entr'autres améliorations, on voudrait voir M. Aubergeon, le directeur des bains et du buffet, faire faire un petit casino sur l'emplacement existant entre la salle de billard et les cabanes des bains froids.

Les dunes si belles et si verdoyantes, plantées de tamaris, et entourées de petites palissades, feraient assurément d'agréables squares.

Laissons à M. Guérard-Delaville l'initiative d'autres améliorations dont la réalisation peut être immédiate. (Journal de Valognes )

 

Mars 1866   -   Les bains de mer.   -   Les habitants du littoral font déjà de grands préparatifs pour la saison des bains de mer. Cette saison est l'une de leurs principales ressources, grâce à la vogue actuelle de la villégiature maritime. Il n'est donc pas étonnant si chaque localité cherche à se surpasser pour offrir aux étrangers toutes les séductions d'agrément et de confortable.

A Luc-sur-Mer, la masure qui offensait la vue, vis-à-vis de l'hôtel de M. Francis, a été démolie et le chemin qui conduit à la mer a été réparé et élargi de plusieurs mètres. On y construit en ce moment des maisonnettes destinées au petit commerce, ce qui ajoutera encore à l'animation de la plage.

Lion-sur-Mer, Langrune, Saint-Aubin ne restent pas non plus inactifs. Dans cette dernière localité, un hôtel-restaurant va être installé pour la belle saison, et la municipalité de cette commune prend toutes les mesures nécessaires pour en rendre le séjour plus agréable que jamais aux étrangers.

Comme on le voit, nos populations maritimes ne restent pas en arrière du progrès, et elles comprennent enfin que les bonnes récoltes ne se font qu'avec de bonnes semailles. 

 

Septembre 1866   -   Un accident.   -   Le 26 septembre, le sieur Aubey, capitaine au cabotage, à Luc, préparait des filets qu'il avait mis dans une chaudière. Il les retira au moyen d'un croc, lorsqu'au même moment sa casquette tomba dans la chaudière. Il voulut la reprendre, mais il se pencha trop et tomba à son tour. La chaudière, profonde de trois mètres environ, était à moitié remplie d'eau en ébullition.

On s'empressa de le retirer, mais le lendemain il a succombé après d'horribles souffrances.                                          

 

Mai 1867   -   Découverte d'un cadavre.   -    Le 21 mai courant, vers les six heures du matin, le cadavre d'un inconnu a été trouvé à Luc-sur-Mer sur la plage par un préposé de la douane.

D'après les renseignements obtenus, tout porte à croire que ce cadavre et celui d'un sieur Chauvin Jean, âgé d'environ 55 ans, originaire des environs de Blois (Loir-et-Cher).

La levée et la constatation du cadavre ont fait connaître que ce malheureux est mort des suites d'une congestion cérébrale.

 

Juin 1867   -   Le service télégraphique.   -   D'après nos derniers renseignements, que nous avons tout lieu de croire puisés à la bonne source, Luc serait appelé à jouir l'un des premiers, pour la saison de bain, d'un service télégraphique.

L'initiative en serait due à son maire, qui fait en ce moment circuler dans la commune une liste de souscription dont le produit serait destiné à faire face aux frais d'installation.

Nous faisons des vœux sincères pour la plus prochaine réalisation de ce projet, et pour la complète réussite de l'entreprise qui en sera la conséquence.

 

Juin 1867   -   Un acte de courage.   -   Le maire de Luc, M. Guérard-Delaville, nous communique le récit émouvant d'un acte de courage et de sang-froid, qui vient d'être accompli par un jeune mousse de 13 ans, originaire de cette commune.

Cet enfant, qui a nom Polycarpe Salent, était parti vers trois heures d'après-midi et par un temps magnifique, sur le petit bateau le « Nain » de Luc, qui était armé en petite pêche. L'équipage se composait du capitaine, d'un matelot et du jeune mousse.

Ils avaient à peine de gagné le large, lorsqu'une violente bourrasque vint assaillir la légère embarcation. Soudain le capitaine et le matelot sont précipités à la mer.

Le jeune mousse reste seul sur le pont du bateau, mais loin de céder au vertige dans son isolement, son sang-froid et son énergie ne font au contraire que grandir avec le danger.

Vite, il déroule un fort grelin, et au milieu des éléments en fureur, il parvient à les jeter aux deux naufragés dont une lutte opiniâtre contre les flots a déjà brisé les forces.

Le capitaine s'entoure le bras avec le cordage et en passe l'extrémité à son compagnon d'infortune, qui se l'attache tant bien que mal autour du corps.

L'enfant alors se sentant incapable de hisser un pareil poids à bord de l'embarcation, obéit à la meilleure des inspirations. Il attache le bout du grelin qu'il tient entre ses mains au cabestan, et mettant vigoureusement la manivelle en mouvement, il procède au sauvetage des naufragés avec toutes chances de succès.

Dix minutes après, le capitaine était sauvé. Quant au malheureux matelot, qui se nommait Paulo, il avait disparu, soit que ses forces l'aient complètement trahi au dernier moment, soit qu'un commencement d'asphyxie lui eut fait lâcher trop tôt la corde, il était devenu la proie des flots. Son cadavre n'a pas encore été retrouvé.

M. le maire de Luc termine en manifestant l'espoir de voir bientôt la médaille des sauveteurs orner la poitrine du jeune mousse. Nous ne saurions que nous associer aux voeux de notre honorable correspondant.

De tels actes sont trop rares dans un âge si tendre, pour ne pas attirer sur leur auteur de hautes bienveillances.

 

Juin 1867   -   Une rectification.   -   Une double inexactitude, que nous nous empressons de rectifier, s'est glissée vendredi dernier dans notre compte-rendu du sauvetage de Luc.

Le cadavre de la victime, qui se nomme Jean-François Paul Lemarchand (et non Paulo, comme nous le disions), a pu être presque immédiatement retiré de l'eau.

Nous apprenons que M. le maire de Luc, a adressé à M. le Préfet du Calvados un rapport circonstancié sur la belle conduite du jeune Salent, et que ce rapport a été immédiatement transmis au vice-amiral commandant la division maritime.

 

Août 1867   -   Le bureau télégraphique.   -    Grâce à l'initiative de M. Grard-Delaville, maire, un bureau télégraphique est ouvert à Luc-sur-Mer. Le public y sera admis à présenter ses dépêches tous les jours, de 9 heures du matin à midi, et de 2 heures à 7 heures du soir, les dimanches et jours fériés, de 8 heures et demie à 9 heures et demie du matin et de 5 heures à 6 heures du soir.

 

Mai 1868   -   Le climat.   -   L'élévation de la température qui n'a cessé de régner pendant la majeure partie du mois qui se termine, est un événement assez rare dans nos climats, où la chaleur n'atteint son maximum que vers le mois de juillet.

Voici à cette occasion la nomenclature des plus fortes chaleurs observées depuis un siècle et demi :

En 1702, le thermomètre monta à 39 degrés centigrades au dessus de zéro.

En 1753 et 1793, à 38 degrés.

En 1825, à 37 degrés.

En 1800 et en 1830, à 36 degrés.

La moyenne de la chaleur des étés et de 30 degrés. Cette moyenne à presque été atteinte dans la dernière quinzaine de mai 1868.

 

Juin 1868   -   Le service télégraphique.   -   Lundi dernier le service télégraphique de Luc-sur-Mer a été ouvert.

En ce moment, on construit dans cette commune un Casino, qui sera édifié sur la plage, à l'alignement des bains chauds. La salle principale aura onze mètres de long sur sept de largeur.

L'ouverture aura lieu du 10 au 15 juillet.                                          

 

Juillet 1868   -   Inauguration.    -   Mardi prochain, 21 juillet, à deux heures et demie aura lieu, dans la chapelle du Nouveau-Luc, l'inauguration d'un orgue.

Il y aura sermon par M. l'abbé Lepretre, aumônier de Beaulieu, et Salut solennel pendant lequel des solos seront chantés par M. Patriosi, baryton soliste de Saint-Pierre de Rome.  

 

Août 1868   -   Un rappel.   -   Nous croyons le moment opportun pour appeler que le 23 juillet, la Cour impériale d'Aix a décidé que le fait de se baigner sans vêtement constitue non pas seulement une contravention de police, mais bel et bien un outrage public à la pudeur prévue par l'art. 330 du Code pénal et puni, sauf l'admission de circonstances atténuantes, d'un emprisonnement de trois mois à deux ans et d'une amende de 16 à 200 fr.  

 

Août 1868   -   Décision du Conseil général.   -   La session du Conseil général, commencée le lundi 24 août, a été terminée lundi dernier, à trois heures.

Parmi des décisions prises par le Conseil, nous devons une mention toute particulière à l'approbation qu'il a donné, samedi, à la construction des chemins de fer départementaux :

  Chemin de fer de Caen à Courseulles, passant par Cambes, Mathieu, Douvres, Luc, Langrune, Saint-Aubin, Bernières.

  D'Orbec à Lisieux, sur une longueur de 16 kilomètres.

  De Falaise à Pont-d'Ouilly, à un point de raccordement sur la ligne de Caen à Flers.  

 

Septembre 1868   -   Un incendie.   -   Un incendie qui pouvait avoir des suites plus graves, s'est déclaré jeudi la nuit à Luc, sur le bord de la mer, dans l'écurie du sieur Baudouin, maître d'hôtel.

Heureusement qu'un marchand de fagots, qui avait ses deux chevaux dans l'écurie s'en est aperçu. Vite il a coupé les longes de ses chevaux, et les a fait sortir de l'écurie qui s'écroulait un instant après.  

 

Septembre 1868   -   Une belle fête.   -   Dimanche matin, à l'occasion de la fête de Luc-sur-Mer, il a été distribué environ 220 kilog. de pain aux pauvres de la commune.

Le soir au bal, qui avait réuni une société d'élite, une quête au profit des indigents a été faite par Mme Lapierre, accompagnée de M. Guerard-Delaville, maire de Luc.  

 

Octobre 1868   -   Découverte d'un cadavre.    -   Mercredi, vers huit heures du matin, le sieur Langrais, cantonnier à Démouville, a trouvé sur la route qui traverse la commune de Banneville, le cadavre du nommé Honoré Quesnel, âgé de 50 ans, cultivateur à Luc-sur-Mer.

La mort de cet homme est attribuée à une asphyxie déterminée par l'ivresse.

 

Mars 1869   -  Un ouragan.   -  L'ouragan du 2 mars a occasionné des dégâts assez importants sur divers points de notre département.

A Luc, le clocheton de la chapelle du Nouveau-Luc a été renversé dans la matinée par une violente rafale. En tombant, l'une des pierres de ce clocheton après avoir défoncé la toiture, le plafond et brisé la balustrade, a pénétré dans la chapelle, où elle a creusé dans le pavé un trou d'une profondeur de 20 centimètres environ. Il n'y avait personne dans la chapelle en ce moment. Les autres pierres sont tombées ça et là sur le mur d'enceinte du monument et en ont démoli une vingtaine de mètres. La couverture en ardoises et les enduits en plâtre ont éprouvé des détériorations importantes. L'orgue a également souffert. On évalue la perte totale a près de 3000 francs.

A Lion, la mer, poussée par le vent, à défoncé le mur de soutènement situé en face du Casino. Dans la direction de Luc, elle a submergé une certaine quantité de terrains, et amené des éboulements de la dune.

A Langrune, la mer a également envahi le jardin de M. de Franquenet sur une longueur de plus de 20 mètres.

Aux environs de Bayeux et de Pont-l'Evêque, bon nombre des pommiers ont été arrachés par le vent.

A Bayeux même, l'ouragan a renversé la partie supérieure de pinacle sur le côté méridional du portail de la cathédrale.

A Trouville, la mer était tellement grosse qu'elle a submergé les quais à l'heure de la marée, et que ses larmes ont déferlé jusque par-dessus le pont qui traverse la Touques.

Près de Honfleur, la tempête a fait éprouver quelques dégâts aux propriétés longeant la mer, mais sans pertes considérable.

A Cabourg, la tempête s'est élevée avec une telle  impétuosité, que la mer a remporté la digne des bains de Cabourg, passé par-dessus la route et envahi des maisons qui se trouvent à la descente de Caumont, au pied de la falaise, le long du chemin du Mauvais-Pas.

La mer a également fait sentir ses ravages à Houlgate, où elle a démoli la digue de Mlle Dupont de l'Eure.  

 

Mars 1869   -   La tempête du 20 mars.   -    Samedi dernier, on a relevé sur le rivage de Port-en-Bessin que la mer venait d'y porter, un cadavre d'homme.

Il a été trouvé à Luc une planche de poulaine en chêne, peinte en noir et portant en lettres fouillées au ciseau le nom de « Tobina ».

Depuis dimanche, on a recueilli sur la plage entre Langrune et Ouistreham, une assez grande quantité de madriers et de planches en bois blanc, marqués SS. G. d'un bout et X R de l'autre. Parmi ces épaves, on a trouvé un bout-dehors de foc mesurant 7 mètres 40 de long. Toutes ces épaves semble être à la mer depuis peu de temps. Ont fait naturellement sur leur provenances des tristes conjonctures.  

 

Mai 1869   -  Un bateau à la côte.   -   Le brick français « Anne et Marie », capitaine Even, qui se trouvait à la côte à Luc depuis les dernières tempêtes, en a été retiré et conduit à Ouistreham par le remorqueur "Commerce" se rendant à Caen, pour suivre ses réparations.  

 

Mai 1869   -  Un bateau à la côte.   -   Le brick français « Anne et Marie », capitaine Even, qui se trouvait à la côte à Luc depuis les dernières tempêtes, en a été retiré et conduit à Ouistreham par le remorqueur "Commerce" se rendant à Caen, pour suivre ses réparations.  

 

Août 1869   -   Fait divers.   -   Samedi dernier, à Luc-sur-Mer, un cheval attelé à la voiture d'un marchand de moules, est tombé mort en gravissant la montée qui réunit la plage et les dunes.

Les baigneurs se sont empressés de faire entre eux une collecte, dont le montant a atteint le chiffre de 70 à 80 francs.

 

Septembre 1869   -   Fait divers.   -   Nous avons dit dans notre dernier numéro qu'un cadavre avait été trouvé entre Luc et Langrune. Le corps a été reconnu pour être celui du nommé Jean-Baptiste Bénouville, âgé de 70 ans, cultivateur et maçon, demeurant à Douvres, il avait au cou une pierre de 5 kilogs attachée avec une corde. On attribue ce suicide à une querelle survenue entre ce malheureux et sa femme.  

 

Octobre 1869   -   Fait divers.   -   Une certaine appréhension paraissant exister au sujet de la grande marée attendue sur les côtes de la Manche dans les premiers jours du mois prochain, le lieutenant-gouverneur de Jersey a consulté à ce sujet le « département météorologique » de Londres qui a répondu que la plus haute marée aura lieu le 6-7 octobre, d'après les calculs des tables des marées de l'Amirauté, et qu'il y a toute raison de croire qu'elle excédera seulement de quelques pouces la hauteur des marées ordinaires d'équinoxe.

 

Octobre 1869   -   Le chemin de fer de Caen à Courseulles.   -   On s'occupe activement des formalités à remplir pour commencer le chemin de fer de Caen à Courseulles. Les entrepreneurs traitent à l'amiable  avec les propriétaires des terrains nécessaires à la construction de la voie, et, en cas de contestation, le jury va être tout prochainement appelé à statuer.

S'il ne surgit aucune difficulté sérieuse, si l'hiver ne vient pas par sa rigueur, interrompre, les travaux, tout porte à croire que la partie comprise entre Caen et Luc-sur-Mer sera terminée et livrée à la circulation pour le mois de juillet prochain.

Beaucoup de personnes se demandent quel sera le prix des places ? Si les entrepreneurs s'en tiennent aux conditions stipulées dans le Cahier des charges, le prix du voyage devra être, en 3e classe, à peu près le même que par les voitures publiques.

 

Mars 1870   -   La tempête.   -   Le mauvais temps de la semaine dernière a porté ses fruits. La côte de Courseulles à Ouistreham se couvre de débris et d'épaves. Dimanche dernier, on apercevait entre Saint-Aubin et Langrune, à peu de distance du rivage, une portion considérable d'un grand navire, dont la nationalité n'a pu être reconnue, les pêcheurs rentrant au port ont rencontré en mer des planches, des madriers, dont l'abord n'était pas sans danger, des balles de coton et de tabac qui indiquaient un naufrage dans nos parages. Un bateau de Courseulles employé à la pêche des huîtres a ramené dans sa drague une botte neuve, dans laquelle se trouvait la jambe du propriétaire, paraissant récemment détachée du tronc. Aucun cadavre n'a été signalé.  

 

Juin 1870   -  Fait divers.   -   l e 16 juin, vers 2 heures du soir, un incendie dont la cause est inconnue, a détruit trois corps de bâtiments ainsi que divers instruments aratoires, situés à Luc-sur-Mer, appartenant aux nommés Charles et Achille Letellier et Constant Flambard, propriétaires. Perte : 3.750 fr.  

 

Juillet 1870   -  Fait divers.   -   Des manifestations patriotiques ont eu lieu sur notre littoral. A Lion-sur-Mer, la Marseillaise et le Chant du Départ ont été chantés. A Luc-sur-Mer, on a brûlé et bombardé en effigie M. de Bismark, aux applaudissements des personnes accourues pour assister à ce réjouissant spectacle.  

 

Septembre 1870   -  Les espions.   -   Des espions prussiens sont signalés sur notre littoral. A Langrune, une visite domiciliaire a été faite pour arrêter des marchands colporteurs dont les allures étaient suspectes.  Lundi, entre Luc et Lion, trois individus  étrangers ont été arrêtés et dirigés sur Caen.  

34  -  Luc-sur-Mer (Calvados) -  La Gare Décauville

Chemins de fer du Calvados

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